2048_FREDSUM / test /Chirac_Jospin--Partie_2_Le_Chomage.txt_2.json
VREN's picture
Upload 280 files
8dc3e4e verified
{
"content": " Alain Duhamel : M. Chirac et M. Jospin, vous avez, l'un comme l'autre, exposé les principes de vos objectifs dans ce domaine qui est évidemment au coeur du débat de ce soir. Peut-être maintenant pouvez-vous préciser les mesures auxquelles vous pensiez et ce que vous pensez de celles de votre adversaire ou de votre compétiteur ? Jacques Chirac : M. Jospin, vous articulez votre projet sous quatre rubriques et vous faites une observation sur le mien. Vous dites : \"il faut améliorer la croissance\", bravo ! C'est tout à fait mon sentiment. Seulement qu'est-ce que j'observe ? C'est que vous commencez par créer ou augmenter des impôts sur les entreprises, c'est-à-dire que, une fois de plus, vous allez les tirer vers le bas. Vous voulez augmenter l'impôt sur les sociétés, vous voulez créer une écotaxe, c'est-à-dire la taxe sur la pollution, et vous voulez créer un troisième impôt, je ne me souviens plus duquel, ce n'est pas comme cela, M. Jospin, que vous arriverez à redonner à ces 2700000 entrepreneurs qui sont les forces vives de notre pays, qui peuvent lui redonner son esprit de conquête, qui peuvent innover, investir, embaucher, ce n'est pas comme cela que vous leur permettrez de le faire. Le problème des socialistes, du Pouvoir socialiste, c'est que votre réaction spontanée consiste à dire : \"on va répartir ce qui existe. On va répartir la pénurie\". Mais, moi, ce n'est pas du tout ça que je veux faire. Ce que je veux, c'est créer une dynamique qui permette de faire davantage de richesses et donc d'emplois. Vous me dites : \"Cela permettra notamment à la consommation intérieure d'augmenter\". Ceci est une chose que j'ai bien observée et que je dénonce depuis longtemps. Que s'est-il passé depuis 10 ans ? Il s'est passé la chose suivante : La part des salaires dans la richesse nationale est tombée à 63 %, c'est-à-dire qu'elle a diminué en gros de 10 points. Vous le savez bien. Lionel Jospin : . Bien sûr ! C'est d'ailleurs ce qui justifie que je rétablisse en direction des sociétés. Je ne charge pas la barque, je rééquilibre. Jacques Chirac : Ce n'est pas le problème. Lionel Jospin : Je réponds à votre préoccupation. Jacques Chirac : Ce n'est pas le problème, M. Jospin. Que s'est-il passé ? Essentiellement, d'ailleurs, sous l'impulsion de gouvernements socialistes, les salariés ont eu moins, de moins en moins, ce qui fait que naturellement les entreprises ont eu plus. Mais comme les salariés avaient moins, la consommation n'a pas augmenté et, comme elle n'augmentait pas, les entreprises n'étaient pas incitées à investir. Le résultat, c'est qu'elles ont placé leur argent et que les placements financiers sont devenus la règle normale. C'est ainsi que vous avez créé une économie de spéculation qui s'est substituée à l'économie réelle, c'est-à-dire une économie de travail et d'investissement. Là, pour le coup, tous les experts sont d'accord. Il faut, effectivement, rétablir cette situation et, pour cela, il faut donner aux entreprises les chances d'innover, d'investir, d'embaucher. Et donc il faut les libérer d'un certain nombre de contraintes. Un petit entrepreneur aujourd'hui est incapable de constituer ses fonds propres. Il lui est impossible d'obtenir un crédit. Et quand il l'obtient de la part de banques qui sont devenues de simples prêteurs sur gages et non plus des partenaires économiques, il le paie deux points de plus que la grande entreprise. Il ne faut pas s'étonner si le seul moteur de création d'emplois que sont les petites et moyennes entreprises est aujourd'hui grippé. Si vous ajoutez à cela toute la paperasserie qu'on leur impose et que vous voulez de surcroît augmenter les impôts qui pèsent sur eux, alors, je vous le dis : \"ce n'est pas un problème de consommation, c'est l'ensemble de la paralysie, du découragement qui va continuer de se développer dans ces forces vives\". Ensuite, la durée du travail. Les 39 heures n'ont pratiquement créé aucun emploi. Lionel Jospin : 150000. Jacques Chirac : Non. Lionel Jospin : Étude de la Banque de France. Jacques Chirac : Non, c'est tout à fait contesté par la plupart des experts. Lionel Jospin : Reprise par un de vos amis. Jacques Chirac : On a dit : 30000. Je ne suis même pas sûr que ce soit vrai. Je vais vous dire une chose : les 37 heures ne créeront pas d'emplois, sauf dans la Fonction publique. Dans la Fonction publique, cela va créer des emplois, c'est vrai ! Environ 230000. Ce qui représente une charge supplémentaire, que vous aviez d'ailleurs oublié de mettre dans le chiffrage de votre programme, de 50 milliards de francs de plus au Budget de l'Etat pour payer des fonctionnaires supplémentaires. Ça, c'est vrai. Mais, dans l'économie, il y a des marges, aujourd'hui, de productivité dans toutes les entreprises, petites, moyennes et grandes, qui sont supérieures à deux heures de réduction de travail. Si bien que le travail diminuera de deux heures, c'est vrai, mais on n'embauchera pas pour autant un travailleur supplémentaire. Troisièmement, vous dites : \"On va baisser les charges sur les salaires\". Et la façon dont vous le proposez est tout à fait étonnante puisque cela consiste à supprimer, si j'ai bien compris, par le biais d'une franchise de 5000 francs, les cotisations sociales employeur sur les bas salaires, c'est-à-dire sur le Smic puisque la marge est de 5000 francs. Mais comme vous voulez que la chose soit équilibrée, cela veut dire que vous augmentez à due concurrence, et Madame Aubry a précisé que ce serait au niveau de 14000 francs bruts, c'est-à-dire en gros 11200 francs nets, les charges pesant sur le personnel d'encadrement, c'est-à-dire sur les salaires un peu plus hauts. Quelle est la conséquence de cette disposition, M. Jospin ? Là encore, de tirer tout le monde vers le bas. 11200 ou 11300 francs en net, c'est le contre-maître en milieu de carrière, c'est l'agent de maîtrise, ce sont tous ces gens qui font progresser l'économie. Vous allez rendre naturellement à la fois leur recrutement mais également leur augmentation de salaire beaucoup plus difficiles. Et les jeunes ? Nous avons un système qui crée de plus en plus de jeunes de formation, sortis des IUT ou de l'université, bac + 4, bac + 5 et, malheureusement, nous n'avons pas. SUMMARY : Il continue en expliquant qu'il souhaite diminuer le temps de travail, et abaisser les charges sur les bas salaires. Il explique ensuite qu'il souhaite créer quatres programmes volontariste, pour les emplois dégradés, les emplois de proximité, les emplois dans le domaine de l'environnement et les emplois dans le domaine de l'humanitaire. Il finit en critiquant les propositions de Jacques Chirac, qui substiturait d'anciens chômeurs pour des nouveaux. Jacques Chirac critique ensuite le programme de Lionel Jospin, qui souhaite augmenter la croissance, mais qui souhaite aussi créer et augmenter des impôts. Il explique que les entrepreneurs ne peuvent pas obtenir de crédits, et il continue en affirmant que la baisse de la durée du travail n'a pas crée d'emplois."
}