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"content": " P2 : Je vous indique simplement qu'il vous reste vingt-sept minutes. Valéry Giscard D'Estaing : Au total, ou ? P1 : Au total. Valéry Giscard D'Estaing : Nous allons partager ces vingt-sept minutes. P1 : Est ce que vous souhaitez continuer dans ce domaine économique et social ? François Mitterrand : Je voudrais dire à monsieur giscard d'estaing que toute, l'explication, que je cherche à donner, est celle-ci. Je cherche à comprendre les raisons de la politique qu'il a faite. Je cherche à la comprendre. Je vois, et je suis d'accord avec lui, qu'il convenait de donner à la france la structure industrielle qui lui permettait de prendre rang parmi les grandes puissances, bref, d'épouser son temps. Vous êtes un peu plus jeune que moi. On pourrait dire que, depuis, euh, la fin de la dernière guerre mondiale, nous avons connu deux périodes. La première est, l'histoire de la jugera. La première a été, essentiellement, de tenter de réparer les dommages de la guerre. C'était difficile. Ce régime a fait beaucoup, c'était la quatrième république, et, puis, il a sombré. La cinquième république, sur ces bases, a cherché à donner à la France sa structure industrielle. Elle n'a pu le faire, indépendamment des qualités de chacun, que par un formidable mouvement de travail et de grands sacrifices, supportés par ceux qui ont accompli ce travail. Des salaires, euh, assez bas, une progression très lente, une hausse des prix très vive, un nombre d'heures de travail très long, des logements sociaux, en trop petit nombre. Des écoles, fournir à des enfants, paysans, ouvriers, ou de la petite bourgeoisie, de bourgs ruraux, dans des conditions très rares, je pense surtout à l'école maternelle. Bref, dans la difficulté. Cependant, on a bâti tout ça. Nous, les français, on a bâti tout ça. C'est ce que vous appelez, avec juste titre, la croissance. Encore faut-il donner un sens humain à cette notion de croissance, c'est-à-dire que la France est devenue plus riche, et la France est devenue plus riche, parce que, on peut le dire, là, c'est pas de la polémique entre nous, on s'y est tous mis. Et, quand je dis, on s’y est tous mit. Nous pensons surtout à tous ceux qui ont mis la main à la pâte, qui ont été les véritables artisans, ouvriers, travailleurs, cadres, agriculteurs, commerçants. Ils ont tous travaillé pour que la france vive mieux, beaucoup d'intelligence, la recherche, la science. Le moment est venu, monsieur Giscard d'estaing, depuis longtemps, où il aurait fallu utiliser cette richesse, créée par tous, afin que le plus grand nombre vivent. C'est ça, je, je dirais, c'est presque une question, naturellement, d'intelligence, c'est aussi une affaire de cœur. Il est pas acceptable qu'il y ait une petite catégorie de privilégiés, qui sont, qui sont servies par toute vouloir, en particulier par vouloir fiscale, qui se tirent de tout, qui reçoivent des, des jetons de présence, des tantièmes, des bénéfices dans les conseils d'administration, des sommes énormes et scandaleuse que la plupart des des, des grandes sociétés, et des bénéfices sans comparaison possible avec qui que ce soit d'autre, tandis que tant de millions de gens vivent difficilement. Alors, je crois que c'est la troisième époque de notre histoire. Je parle de l'avenir, monsieur Giscard d’Estaing. Valéry Giscard D'Estaing : Oui, mais vous parlez de l’avenir en prenant sur mon temps Monsieur Mitterrand. François Mitterrand : C’est précisément, vous aurez le temps de répondre. Valéry Giscard D'Estaing : Non, non, c’est important, j'ai beaucoup de choses à dire sur ce que vous venez de dire. François Mitterrand : C’est de répartir, plus justement, les fruits de l'effort national. C'est là que j'engage ma candidature, et on sait bien que ce sont les forces politiques et syndicales qui se sont rassemblées derrière moi, et que c'est ma candidature et mon programme d'action, qui permettront, demain, à la france, d'engager la grande aventure, l'admirable aventure, non seulement de la réussite économiques, mais aussi du progrès social. C'est là tout notre débat. Valéry Giscard D'Estaing : Monsieur mitterrand, si on vous a écouté, comme je vous ai écouté avec intérêt. On est convaincu que ce qu'il faut faire, ça n'est pas ce que vous proposez. D'abord, je dois vous dire quelque chose. Je trouve toujours choquant et blessant de s'arroger le monopole du coeur. Vous n'avez pas, monsieur mitterrand, le monopole du cœur, vous ne l'avez pas. J'ai un cœur, comme le vôtre, qui bat sa cadence, et qui est le mien. Vous n'avez pas le monopole du cœur, et ne parlez pas aux français de cette façon. Euh, si blessante pour les autres. Concernant ce qui a été fait au cours des dernières années. Nous avons, nous avons, la collectivité française a travaillé. Vous avez reconnu vous-même qu'elle avait travaillé dans la bonne direction, puisque, en quelques années, nous avons fait de notre pays un pays moderne. Vous avez dit, je crois, que, puissance industrielle moderne. Alors, le reproche que je vous fais, c'est, à l'heure actuelle, à cause de votre alliance avec le parti communiste, vous êtes si discret sur tous ces sujets, c'est de proposer aux français de briser l'instrument. Si vous disiez, l'instrument, on s'en est bien servi pour la croissance, mais on pouvait peut-être aller plus vite dans la correction des inégalités sociales, je dirais que c'est une querelle historique. Pouvait-on aller plus vite ? Fallait-il, au contraire, développer nos moyens de, de production et d'activités ? C'est une discussion qu'on pouvait avoir, mais, à l'heure actuelle, ce que je propose de faire, c’est de servir les mêmes objectifs de justice sociale que vous. Je suis convaincu que si je suis élu président de la république, les personnes âgées, les travailleurs au smic, euh, les, euh, jeunes, en ce qui concerne la formation scolaire, rurale ou citadine, monsieur mitterrand, ils connaîtront exactement les mêmes réalisations que celle que vous ambitionnez de faire, selon moi. Je ferais ces réalisations à partir d'une économie en progrès, alors que vous, vous avez l'idée, étrange, en réalité, de vouloir faire ces réalisations à partir d'une économie brisée. Il n'y a pas de progrès social en france, si nous ne continuons pas à développer une économie moderne. Et l'erreur, à mon avis, fondamentale, de la politique que vous proposez, parce que, enfin, nous sommes un peu dans l'avenir, dans ce point du débat. L'erreur fondamentale, c'est de briser l'instrument, c'est à dire de proposer aux français un programme de gestion économique dont aucun pays comparables ne veut. Parce que ils ont observé le, le, la mise en oeuvre de pareille solution, de pareilles technique, et ils savent très bien que ça arrête le progrès économique. Moi, mon ambition, parce que, en effet, vous avez dit que je suis un homme jeune. Un homme jeune, il a des ambitions de faire quelque chose, et vous dites toujours que mon ambition c’est la croissance, pas du tout. Mon ambition, c'est de servir la justice monsieur mitterrand. Et, je dirais, c'est de la servir autant que vous. Je pense souvent, ce qui se passera si je suis élu, puisque je serai peut-être élu à votre place. C'est possible, vous n'en parlez pas. Et, bien sûr, je suis élu, et que je pense à ce que je voudrais avoir fait, je voudrais avoir amélioré le sort des français. C'est ça, mon idée de base. Bah, je me dis, pour améliorer le sort des français, je ne commencerais pas par jouer avec l'instrument, pour des raisons électorales. Moi, je ferai en sorte que l'instrument productif français, celui qui a utilisé, canalisé, orienté le travail physique, manuel, effectivement pénible, des français, cet instrument, ne soit pas désorganisé dans les premières semaines de ma gestion. Donc, monsieur mitterrand, personne n'a le monopole du cœur, monsieur mitterrand, personne n'a le monopole de la justice. Nous discutons des moyens, parce que, les objectifs de justice, je crois que ce sont les mêmes, et je crois que, pour servir la justice en france, il faut poursuivre dans la direction que nous avons prises. Il faut amplifier le mouvement, il faut développer le dialogue, car je crois que la justice, ça n'est pas seulement une question de distribution de ressources, c'est une question de contacts, d'échanges, de jus, pour savoir ce que chacun aspire à faire, aspire à être, et que c’est dans cette atmosphère nouvelle, qui sera, pour moi, le changement, c'est-à-dire une démocratie sociale en france, mais bâtie sur la poursuite du progrès économiques. C'est là que réside, à mes yeux, le changement. Ça n'est pas dans un simple changement de personne. SUMMARY : François Mitterrand s'accorde sur le fait qu'il fallait donner à la France la structure industrielle lui permettant de prendre rang parmis les plus grandes puissances, et explique que le progrès économique de la France est lié au travail des Français. François Mitterrand explique que la richesse crée par les Français doit être partagées avec tous les Français, au lieu d'avantager une catégorie priviliégiée. Valéry Giscard D'Estaing explique que le travail des Français serait brisé par l'alliance avec les communistes proposée par François Mitterrand, et que les Français connaîtront les mêmes progrès sociaux si il est élu que si François Mitterrand l'est." |