{ "content": " Laurence Ferrari : Est-ce qu'il faut renégocier le traité ? Nicolas Sarkozy : Sur le traité, mais Monsieur Hollande, pardon, invente le fil à couper le beurre ! Il veut une taxe sur les transactions financières. Je l'ai fait voter ! François Hollande : Ce n'est pas vrai. Vous n'avez pas fait voter la taxe sur les transactions financières à l'échelle de l'Europe, ce n'est pas vrai ! Nicolas Sarkozy : Excusez-moi, elle a été votée en France, oui ou non ? François Hollande : Non, vous me permettez là-dessus ? Vous aviez supprimé ce que l'on appelait l'impôt de bourse au lendemain de votre élection, et vous l'avez rétabli. C'est tout. Vous aviez supprimé un impôt et vous avez rétabli cet impôt. Vous n'avez pas créé la taxe sur les transactions financières. Nicolas Sarkozy : Monsieur Hollande, j'ai créé la taxe sur les transactions financières. Pardon de vous le dire, j'ai participé à tous les sommets européens et vous n'avez participé à aucun. François Hollande : C'est bien normal ! Convenez que c'est bien normal, puisque vous êtes le président ! Nicolas Sarkozy : Vous avez été le collaborateur de François Mitterrand. François Hollande : Mais je ne siège pas au Conseil européen ! Nicolas Sarkozy : Pendant deux septennats, il aurait pu vous confier une responsabilité aussi, qui vous aurait familiarisé avec cela ! François Hollande : Pour être au Conseil européen, il faut être président de la République, point final. Nicolas Sarkozy : On peut être premier ministre en cas de cohabitation. Sur la taxe financière, nous l'avons créée en France, elle rapportera un milliard d'euros. J'ai dit : à la minute où nous obtenons la majorité en Europe pour créer cette taxe financière, nous la ferons. Donc, c'est déjà fait. L'augmentation du capital de la BEI, c'est prévu dans le traité. C'est déjà fait. La mobilisation des fonds structurels, mais vous inventez le fil à couper le beurre une nouvelle fois ! C'est déjà fait. Il n'y a qu'un seul point de désaccord entre nous, c'est les euro-bounds. Ça veut dire quoi ? Vous trouvez qu'on n'a pas assez de dettes en France, qu'il faut faire monter la dette en Europe ? Mais qui garantira la dette des autres, si ce n'est la France et l'Allemagne ? L'euro-bound ça veut dire quoi, que nous financerons, nous les Allemands et les Français, la dette des autres ? Je n'en veux pas, parce que j'estime qu'on ne réduit pas nos dépenses, nos déficits et nos dettes en envoyant en Europe des dettes qui seront garanties par qui, si ce n'est par les deux pays les plus forts de l'Europe, l'Allemagne et la France ? C'est irresponsable. Enfin dernier point, vous me faites une critique en me disant : « oh la la, qu'est-ce que vous avez tardé à résoudre la crise de l'euro ! ». Vous croyez que c'était facile, Monsieur Hollande ? Vous croyez qu'il suffit d'arriver avec son petit costume en disant : « réglez, mettez-vous tous d'accord » ? Vous savez que c'est 27 pays en Europe, que c'est une crise mondiale ? Vous pensez que ça a été facile ? Nous avons évité la disparition de la Grèce ? Ça n'a pas été si facile. Nous avons évité l'implosion de l'euro ? ça a été un travail considérable, qui a été fondé d'ailleurs sur le couple franco-allemand. Donc, il est irresponsable de vouloir le remettre en cause. Quant à la BCE je vais vous dire une chose, je trouve qu'ils ont plutôt bien travaillé, avec les traités tels qu'ils sont ? qui ont été négociés par qui ? Par ceux qui ont signé Maastricht. Et je ne suis pas sûr, Monsieur Hollande, que vous auriez fait beaucoup mieux que nous en nos lieux et places devant une succession de crises d'une violence absolument inouïe. David Pujadas : Messieurs. Nicolas Sarkozy : L'Europe s'en est sortie. C'est très heureux pour nous, et c'est très heureux pour les Européens. David Pujadas : Messieurs, je vous propose de quitter l'économie. Laurence Ferrari : Une dernière réponse peut-être ? François Hollande : D'abord, l'Europe ne s'en est pas sortie. Elle est aujourd'hui confrontée à une possible résurgence de la crise, avec une austérité généralisée ? et je ne la veux pas. Et si aujourd'hui notre élection présidentielle est à ce point regardée par l'ensemble des opinions publiques et, au-delà des opinions publiques, par les gouvernements, c'est parce qu'il y a un enjeu qui nous dépasse, qui n'est pas simplement de savoir ce que nous voulons faire en France : c'est de savoir qui va être le prochain président de la République et s'il va avoir la volonté de changer l'orientation de l'Europe, s'il va avoir la capacité de faire bouger l'Allemagne, s'il va avoir l'ampleur nécessaire pour mettre en place un plan de relance à l'échelle de l'Europe. Vous nous dites qu'on ne peut pas emprunter à l'échelle de l'Europe ? Il ne s'agit pas de mutualiser la dette des autres. Il s'agit de lever un emprunt qui serve à financer des grands travaux d'infrastructure. Nicolas Sarkozy : Garanti par qui ? François Hollande : Mais garanti par l'Union européenne elle-même. Nicolas Sarkozy : C'est qui l'Union européenne, si ce n'est l'Allemagne et la France ? François Hollande : Et là où vous êtes en contradiction, c'est que même le président du Conseil et même le président de la Commission européenne sont sur cette ligne. Et si vous, vous n'aviez été libre à tout propos pour mener cette politique, vous l'auriez menée. Et c'est Madame Merkel qui vous en a empêché. Laurence Ferrari : Messieurs, cela fait une heure et demie qu'on parle d'économie. Il faut qu'on aborde les questions de société. François Hollande : Vous avez une très grave responsabilité. Nicolas Sarkozy : Juste un mot. D'abord, Monsieur Hollande connaît mal l'Europe? François Hollande : Je la connais très bien. Nicolas Sarkozy : Et il ne sait pas qu'en Europe, on ne fait pas des oukazes. Il ne suffit pas de dire en tapant avec son poing sur la table « je ne veux pas ». Il y a des compromis à faire, parce que l'Europe c'est justement cela. L'Europe de Delors, l'Europe de Monnet, l'Europe de de Gaulle, c'est l'Europe où l'on sait se comprendre et s'entendre. Deuxièmement, l'austérité, je ne l'ai pas voulue en France, les pensions de retraite ont été actualisées, les bourses des étudiants, nous les avons passées à dix mois, les allocations chômage, nous ne les avons pas baissées. Où l'austérité a frappé, Monsieur Hollande ? Partout où vos amis étaient en pouvoir, et qu'ils n'ont pas pris les décisions. En Espagne : salaires des fonctionnaires, baisse de 5 % ; retraites, baisse de 4 %. En Grèce, Monsieur Papandréou qui vous soutient, les salaires ont baissé de 21 %. Je n'ai jamais voulu de l'austérité et de la rigueur en France. SUMMARY : Il explique qu'il a déjà mis en place un impôt sur les taxes financières, que l'augmentation du capital de la Banque européenne d'investissement est déjà prévue, tout comme les mobilisations des fonds structurels. Nicolas Sarkozy explique qu'il est contre les euro-bounds, qui finance une dette pour les autres pays qui est garanti par la France. François Hollande explique qu'il souhaite lever un emprûnt financier pour les grands travaux d'infrastructure. Nicolas Sarkozy explique aussi qu'il a combattu l'austérité." }