File
stringlengths
5
8
Date
int64
1.8k
1.9k
OCR_toInput
stringlengths
272
167k
OCR_aligned
stringlengths
272
168k
GS_aligned
stringlengths
272
168k
Ground_truth_aligned
stringlengths
272
168k
Ground_truth
stringlengths
271
166k
distance
int64
1
5.63k
cer
float64
0
0.05
wer
float64
0
0.27
289.txt
1,845
-165-légère erreur sera, quand on le voudra, fa-cilement réparée M. Suny était de haute stature, M. Paquot, au contraire, d'une petite taille. Nous avons maintenant à revenir, selon notre promesse, à la tête du vénérable curé de Saint-Jean, que nous avons vue, le jour même où elle avait essuyé tant d'outrages, ressaisie par les ca-tholiques, et inhumée dans un champ près de Sainte-Anne 4 septembre 1 792 . Deux ans après, son ancien hôte, M. Jaloux, la fit enlever par un de ses ouvriers, la nettoya pour s'assurer que c'était véritablement elle, la reconnut non seu-lement aux traits du visage, mais aussi aux deux coups de sabre qu'elle avait reçus. L'ayant en-fermée dans une caisse d'un pied cube, il la ca-cha au fond d'une crayère qui lui appartenait. Bientôt la famille du saint martyr exprima le désir qu'elle fût transférée dans un lieu bénit. M. Jaloux s'y prêta volontiers. et pendant une nuit obscure, aidé de deux hommes sûrs, il l'en-terra dans le cimetière des domestiques de l'ab-baye de Saint-Remi, situé entre le chevet de l'église de ce nom et l'ancienne paroisse de Saint-Julien. Le i4 mars 1817, la caisse qui le conte-nait fut découverte par un propriétaire qui fai-sait des fouilles en ce lieu, et reconnue par M. Jaloux. D'un commun accord on en confia
-165-légère erreur sera, quand on le voudra, fa-cilement réparée M. Suny était de haute stature, M. Paquot, au contraire, d'une petite taille. Nous avons maintenant à revenir, selon notre promesse, à la tête du vénérable curé de Saint-Jean, que nous avons vue, le jour même où elle avait essuyé tant d'outrages, ressaisie par les ca-tholiques, et inhumée dans un champ près de Sainte-Anne 4 septembre 1 792 . Deux ans après, son ancien hôte, M. Jaloux, la fit enlever par un de ses ouvriers, la nettoya pour s'assurer que c'était véritablement elle, la reconnut non seu-lement aux traits du visage, mais aussi aux deux coups de sabre qu'elle avait reçus. L'ayant en-fermée dans une caisse d'un pied cube, il la ca-cha au fond d'une crayère qui lui appartenait. Bientôt la famille du saint martyr exprima le désir qu'elle fût transférée dans un lieu bénit. M. Jaloux s'y prêta volontiers. et pendant une nuit obscure, aidé de deux hommes sûrs, il l'en-terra dans le cimetière des domestiques de l'ab-baye de Saint-Remi, situé entre le chevet de l'église de ce nom et l'ancienne paroisse de Saint-Julien. Le i4 mars 1817, la caisse qui le conte-nait fut découverte par un propriétaire qui fai-sait des fouilles en ce lieu, et reconnue par M. Jaloux. D'un commun accord on en confia
########### erreur sera, quand on le voudra, fa-cilement réparée M. Suny était de haute stature, M. Paquot, au contraire, d'une petite taille. Nous avons maintenant à revenir, selon notre promesse, à la tête du vénérable curé de Saint-Jean, que nous avons vue, le jour même où elle avait essuyé tant d'outrages, ressaisie par les ca-tholiques, et inhumée dans un champ près de Sainte-Anne 4 septembre 1 792 . Deux ans après, son ancien hôte, M. Jaloux, la fit enlever par un de ses ouvriers, la nettoya pour s'assurer que c'était véritablement elle, la reconnut non seu-lement aux traits du visage, mais aussi aux deux coups de sabre qu'elle avait reçus. L'ayant en-fermée dans une caisse d'un pied cube, il la ca-cha au fond d'une crayère qui lui appartenait. Bientôt la famille du saint martyr exprima le désir qu'elle fût transférée dans un lieu bénit. M. Jaloux s'y prêta volontiers@ et pendant une nuit obscure, aidé de deux hommes sûrs, il l'en-terra dans le cimetière des domestiques de l'ab-baye de Saint-Remi, situé entre le chevet de l'église de ce nom et l'ancienne paroisse de Saint-Julien. Le 14 mars 1817, la caisse qui le conte-nait fut découverte par un propriétaire qui fai-sait des fouilles en ce lieu, et reconnue par M. Jaloux. D'un commun accord on en confia
-165-légère erreur sera, quand on le voudra, fa-cilement réparée M. Suny était de haute stature, M. Paquot, au contraire, d'une petite taille. Nous avons maintenant à revenir, selon notre promesse, à la tête du vénérable curé de Saint-Jean, que nous avons vue, le jour même où elle avait essuyé tant d'outrages, ressaisie par les ca-tholiques, et inhumée dans un champ près de Sainte-Anne 4 septembre 1 792 . Deux ans après, son ancien hôte, M. Jaloux, la fit enlever par un de ses ouvriers, la nettoya pour s'assurer que c'était véritablement elle, la reconnut non seu-lement aux traits du visage, mais aussi aux deux coups de sabre qu'elle avait reçus. L'ayant en-fermée dans une caisse d'un pied cube, il la ca-cha au fond d'une crayère qui lui appartenait. Bientôt la famille du saint martyr exprima le désir qu'elle fût transférée dans un lieu bénit. M. Jaloux s'y prêta volontiers@ et pendant une nuit obscure, aidé de deux hommes sûrs, il l'en-terra dans le cimetière des domestiques de l'ab-baye de Saint-Remi, situé entre le chevet de l'église de ce nom et l'ancienne paroisse de Saint-Julien. Le 14 mars 1817, la caisse qui le conte-nait fut découverte par un propriétaire qui fai-sait des fouilles en ce lieu, et reconnue par M. Jaloux. D'un commun accord on en confia
-165-légère erreur sera, quand on le voudra, fa-cilement réparée M. Suny était de haute stature, M. Paquot, au contraire, d'une petite taille. Nous avons maintenant à revenir, selon notre promesse, à la tête du vénérable curé de Saint-Jean, que nous avons vue, le jour même où elle avait essuyé tant d'outrages, ressaisie par les ca-tholiques, et inhumée dans un champ près de Sainte-Anne 4 septembre 1 792 . Deux ans après, son ancien hôte, M. Jaloux, la fit enlever par un de ses ouvriers, la nettoya pour s'assurer que c'était véritablement elle, la reconnut non seu-lement aux traits du visage, mais aussi aux deux coups de sabre qu'elle avait reçus. L'ayant en-fermée dans une caisse d'un pied cube, il la ca-cha au fond d'une crayère qui lui appartenait. Bientôt la famille du saint martyr exprima le désir qu'elle fût transférée dans un lieu bénit. M. Jaloux s'y prêta volontiers et pendant une nuit obscure, aidé de deux hommes sûrs, il l'en-terra dans le cimetière des domestiques de l'ab-baye de Saint-Remi, situé entre le chevet de l'église de ce nom et l'ancienne paroisse de Saint-Julien. Le 14 mars 1817, la caisse qui le conte-nait fut découverte par un propriétaire qui fai-sait des fouilles en ce lieu, et reconnue par M. Jaloux. D'un commun accord on en confia
2
0.001565
0.012
504.txt
1,871
46 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. philosophie rationaliste, je le crois, mais il n'en est pas ainsi pour le chris-tianisme. Il n'est donc point déraisonnable de dire que les habitudes vicieuses des noirs ont modifié fatalement la race, non dans sa couleur, mais ce qui est plus malheureux et ce qui constitue une modification plus profonde, dans son esprit, dans son âme. Les questions purement scientifiques ne se résolvent pas par le senti-ment, mais elles ne doivent pas l'étouffer. Quand il ne serait que douteux que l'africain etl'australien sont nos frères, ils mériteraient nos respectueuses sympathies jusqu'à conclusion du procès. Mais, grâce à Dieu, il n'y a pas d'incertitude. Un vil intérêt et une passion antireligieuse, ont pu seuls mettre en question pour un petit nombre les devoirs que nous avons envers nus sem-blables. C'est donc non-seulement au nom de la science, mais aussi au nom de l'humanité et de la religion que nous revendiquons cette confraternité. En voyant ces races descendues si bas, nous pourrions demander si ce n'est pas nous, peuples civilisés, nous peuples chrétiens, nous représentants de la science humaine, si ce n'est pas nous qui avons manqué à nos devoirs envers ces déshérités. Nous avons été trop longtemps indifférents à leur sort lamentable. Pourquoi, au lieu de les exploiter sans profit pour eux et souvent contre eux, n'avons-nous pas établi avec persévérance et courage, des rapports bienveillants, pour les disposer à nous comprendre et à profiter de notre supériorité ? Au lieu de cela, qu'avons-nous fait ? nous avons permis à l'Orient et à l'Occident des trafics honteux, sur des liqueurs enivrantes et dégra-dantes. Ils n'ont connu notre supériorité que par celle de nos armes meur-trières. Les missionnaires seuls, au nom du christianisme, ont porté avecun dévouement héroïque, la vérité et la paix au prix de leur vie. Ah 1 pour civi-liser, il faut faire autre chose que porter de l'opium pour ramener du thé. Ce n'est pas non plus en mesurant le crâne d'un singe qu'on moralise un cannibale. Les faits nous apprennent que l'homme dégradé, que le sauvage, quand sa famille est l'objet de nos soins, remonte lentement, mais infailliblement les degrés de la civilisation qu'il avait lentement descendus favorisez donc le zèle de la religion qui seule a tous les secrets de la réhabilitation, et bientôt elle vous fournira une preuve nouvelle et la plus consolante qu'il y a égalité de nature parmi nous. Ceux qui osent reprocher aux races dégé-nérées leur misérable état d'abaissement, se doutent-ils qu'ils prononcent leur propre condamnation ? Comme réponse aux épouvantables conclusions que M. Huxley a osé mettre à son livre sur la race Simienne, nous lui di-sons Vous voulez nous dépouiller de notre âme, et nous ravaler au rang des brutes. Si vos raisons étaient claires comme la lumière du soleil, vous devriez trembler de dévoiler ce secret à l'univers, car il s'agit de soustraire à la société son principal fondement et sa seule espérance qui ait une valeur durable. Mais avec une audace inconcevable, vous venez avec des raisonne-ments futiles, et qui tombent devant le sens commun, calomnier l'humanité et la ravaler au niveau d'un animal qui n'est pas même le plus aimable parmi les brutes.
46 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. philosophie rationaliste, je le crois, mais il n'en est pas ainsi pour le chris-tianisme. Il n'est donc point déraisonnable de dire que les habitudes vicieuses des noirs ont modifié fatalement la race, non dans sa couleur, mais ce qui est plus malheureux et ce qui constitue une modification plus profonde, dans son esprit, dans son âme. Les questions purement scientifiques ne se résolvent pas par le senti-ment, mais elles ne doivent pas l'étouffer. Quand il ne serait que douteux que l'africain et@l'australien sont nos frères, ils mériteraient nos respectueuses sympathies jusqu'à conclusion du procès. Mais, grâce à Dieu, il n'y a pas d'incertitude. Un vil intérêt et une passion antireligieuse, ont pu seuls mettre en question pour un petit nombre les devoirs que nous avons envers nus sem-blables. C'est donc non-seulement au nom de la science, mais aussi au nom de l'humanité et de la religion que nous revendiquons cette confraternité. En voyant ces races descendues si bas, nous pourrions demander si ce n'est pas nous, peuples civilisés, nous peuples chrétiens, nous représentants de la science humaine, si ce n'est pas nous qui avons manqué à nos devoirs envers ces déshérités. Nous avons été trop longtemps indifférents à leur sort lamentable. Pourquoi, au lieu de les exploiter sans profit pour eux et souvent contre eux, n'avons-nous pas établi avec persévérance et courage, des rapports bienveillants, pour les disposer à nous comprendre et à profiter de notre supériorité ? Au lieu de cela, qu'avons-nous fait ? nous avons permis à l'Orient et à l'Occident des trafics honteux, sur des liqueurs enivrantes et dégra-dantes. Ils n'ont connu notre supériorité que par celle de nos armes meur-trières. Les missionnaires seuls, au nom du christianisme, ont porté avec@un dévouement héroïque, la vérité et la paix au prix de leur vie. Ah 1 pour civi-liser, il faut faire autre chose que porter de l'opium pour ramener du thé. Ce n'est pas non plus en mesurant le crâne d'un singe qu'on moralise un cannibale. Les faits nous apprennent que l'homme dégradé, que le sauvage, quand sa famille est l'objet de nos soins, remonte lentement, mais infailliblement les degrés de la civilisation qu'il avait lentement descendus favorisez donc le zèle de la religion qui seule a tous les secrets de la réhabilitation, et bientôt elle vous fournira une preuve nouvelle et la plus consolante qu'il y a égalité de nature parmi nous. Ceux qui osent reprocher aux races dégé-nérées leur misérable état d'abaissement, se doutent-ils qu'ils prononcent leur propre condamnation ? Comme réponse aux épouvantables conclusions que M. Huxley a osé mettre à son livre sur la race Simienne, nous lui di-sons Vous voulez nous dépouiller de notre âme, et nous ravaler au rang des brutes. Si vos raisons étaient claires comme la lumière du soleil, vous devriez trembler de dévoiler ce secret à l'univers, car il s'agit de soustraire à la société son principal fondement et sa seule espérance qui ait une valeur durable. Mais avec une audace inconcevable, vous venez avec des raisonne-ments futiles, et qui tombent devant le sens commun, calomnier l'humanité et la ravaler au niveau d'un animal qui n'est pas même le plus aimable parmi les brutes.
46 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. philosophie rationaliste, je le crois, mais il n'en est pas ainsi pour le chris-tianisme. Il n'est donc point déraisonnable de dire que les habitudes vicieuses des noirs ont modifié fatalement la race, non dans sa couleur, mais ce qui est plus malheureux et ce qui constitue une modification plus profonde, dans son esprit, dans son âme. Les questions purement scientifiques ne se résolvent pas par le senti-ment, mais elles ne doivent pas l'étouffer. Quand il ne serait que douteux que l'africain et l'australien sont nos frères, ils mériteraient nos respectueuses sympathies jusqu'à conclusion du procès. Mais, grâce à Dieu, il n'y a pas d'incertitude. Un vil intérêt et une passion antireligieuse, ont pu seuls mettre en question pour un petit nombre les devoirs que nous avons envers nos sem-blables. C'est donc non-seulement au nom de la science, mais aussi au nom de l'humanité et de la religion que nous revendiquons cette confraternité. En voyant ces races descendues si bas, nous pourrions demander si ce n'est pas nous, peuples civilisés, nous peuples chrétiens, nous représentants de la science humaine, si ce n'est pas nous qui avons manqué à nos devoirs envers ces déshérités. Nous avons été trop longtemps indifférents à leur sort lamentable. Pourquoi, au lieu de les exploiter sans profit pour eux et souvent contre eux, n'avons-nous pas établi avec persévérance et courage, des rapports bienveillants, pour les disposer à nous comprendre et à profiter de notre supériorité@? Au lieu de cela, qu'avons-nous fait@? nous avons permis à l'Orient et à l'Occident des trafics honteux, sur des liqueurs enivrantes et dégra-dantes. Ils n'ont connu notre supériorité que par celle de nos armes meur-trières. Les missionnaires seuls, au nom du christianisme, ont porté avec un dévouement héroïque, la vérité et la paix au prix de leur vie. Ah ! pour civi-liser, il faut faire autre chose que porter de l'opium pour ramener du thé. Ce n'est pas non plus en mesurant le crâne d'un singe qu'on moralise un cannibale. Les faits nous apprennent que l'homme dégradé, que le sauvage, quand sa famille est l'objet de nos soins, remonte lentement, mais infailliblement les degrés de la civilisation qu'il avait lentement descendus favorisez donc le zèle de la religion qui seule a tous les secrets de la réhabilitation, et bientôt elle vous fournira une preuve nouvelle et la plus consolante qu'il y a égalité de nature parmi nous. Ceux qui osent reprocher aux races dégé-nérées leur misérable état d'abaissement, se doutent-ils qu'ils prononcent leur propre condamnation ? Comme réponse aux épouvantables conclusions que M. Ruxley a osé mettre à son livre sur la race Simienne, nous lui di-sons Vous voulez nous dépouiller de notre âme, et nous ravaler au rang des brutes. Si vos raisons étaient claires comme la lumière du soleil, vous devriez trembler de dévoiler ce secret à l'univers, car il s'agit de soustraire à la société son principal fondement et sa seule espérance qui ait une valeur durable. Mais avec une audace inconcevable, vous venez avec des raisonne-ments futiles, et qui tombent devant le sens commun, calomnier l'humanité et la ravaler au niveau d'un animal qui n'est pas même le plus aimable parmi les brutes.
46 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. philosophie rationaliste, je le crois, mais il n'en est pas ainsi pour le chris-tianisme. Il n'est donc point déraisonnable de dire que les habitudes vicieuses des noirs ont modifié fatalement la race, non dans sa couleur, mais ce qui est plus malheureux et ce qui constitue une modification plus profonde, dans son esprit, dans son âme. Les questions purement scientifiques ne se résolvent pas par le senti-ment, mais elles ne doivent pas l'étouffer. Quand il ne serait que douteux que l'africain et l'australien sont nos frères, ils mériteraient nos respectueuses sympathies jusqu'à conclusion du procès. Mais, grâce à Dieu, il n'y a pas d'incertitude. Un vil intérêt et une passion antireligieuse, ont pu seuls mettre en question pour un petit nombre les devoirs que nous avons envers nos sem-blables. C'est donc non-seulement au nom de la science, mais aussi au nom de l'humanité et de la religion que nous revendiquons cette confraternité. En voyant ces races descendues si bas, nous pourrions demander si ce n'est pas nous, peuples civilisés, nous peuples chrétiens, nous représentants de la science humaine, si ce n'est pas nous qui avons manqué à nos devoirs envers ces déshérités. Nous avons été trop longtemps indifférents à leur sort lamentable. Pourquoi, au lieu de les exploiter sans profit pour eux et souvent contre eux, n'avons-nous pas établi avec persévérance et courage, des rapports bienveillants, pour les disposer à nous comprendre et à profiter de notre supériorité@? Au lieu de cela, qu'avons-nous fait@? nous avons permis à l'Orient et à l'Occident des trafics honteux, sur des liqueurs enivrantes et dégra-dantes. Ils n'ont connu notre supériorité que par celle de nos armes meur-trières. Les missionnaires seuls, au nom du christianisme, ont porté avec un dévouement héroïque, la vérité et la paix au prix de leur vie. Ah ! pour civi-liser, il faut faire autre chose que porter de l'opium pour ramener du thé. Ce n'est pas non plus en mesurant le crâne d'un singe qu'on moralise un cannibale. Les faits nous apprennent que l'homme dégradé, que le sauvage, quand sa famille est l'objet de nos soins, remonte lentement, mais infailliblement les degrés de la civilisation qu'il avait lentement descendus favorisez donc le zèle de la religion qui seule a tous les secrets de la réhabilitation, et bientôt elle vous fournira une preuve nouvelle et la plus consolante qu'il y a égalité de nature parmi nous. Ceux qui osent reprocher aux races dégé-nérées leur misérable état d'abaissement, se doutent-ils qu'ils prononcent leur propre condamnation ? Comme réponse aux épouvantables conclusions que M. Ruxley a osé mettre à son livre sur la race Simienne, nous lui di-sons Vous voulez nous dépouiller de notre âme, et nous ravaler au rang des brutes. Si vos raisons étaient claires comme la lumière du soleil, vous devriez trembler de dévoiler ce secret à l'univers, car il s'agit de soustraire à la société son principal fondement et sa seule espérance qui ait une valeur durable. Mais avec une audace inconcevable, vous venez avec des raisonne-ments futiles, et qui tombent devant le sens commun, calomnier l'humanité et la ravaler au niveau d'un animal qui n'est pas même le plus aimable parmi les brutes.
46 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. philosophie rationaliste, je le crois, mais il n'en est pas ainsi pour le chris-tianisme. Il n'est donc point déraisonnable de dire que les habitudes vicieuses des noirs ont modifié fatalement la race, non dans sa couleur, mais ce qui est plus malheureux et ce qui constitue une modification plus profonde, dans son esprit, dans son âme. Les questions purement scientifiques ne se résolvent pas par le senti-ment, mais elles ne doivent pas l'étouffer. Quand il ne serait que douteux que l'africain et l'australien sont nos frères, ils mériteraient nos respectueuses sympathies jusqu'à conclusion du procès. Mais, grâce à Dieu, il n'y a pas d'incertitude. Un vil intérêt et une passion antireligieuse, ont pu seuls mettre en question pour un petit nombre les devoirs que nous avons envers nos sem-blables. C'est donc non-seulement au nom de la science, mais aussi au nom de l'humanité et de la religion que nous revendiquons cette confraternité. En voyant ces races descendues si bas, nous pourrions demander si ce n'est pas nous, peuples civilisés, nous peuples chrétiens, nous représentants de la science humaine, si ce n'est pas nous qui avons manqué à nos devoirs envers ces déshérités. Nous avons été trop longtemps indifférents à leur sort lamentable. Pourquoi, au lieu de les exploiter sans profit pour eux et souvent contre eux, n'avons-nous pas établi avec persévérance et courage, des rapports bienveillants, pour les disposer à nous comprendre et à profiter de notre supériorité? Au lieu de cela, qu'avons-nous fait? nous avons permis à l'Orient et à l'Occident des trafics honteux, sur des liqueurs enivrantes et dégra-dantes. Ils n'ont connu notre supériorité que par celle de nos armes meur-trières. Les missionnaires seuls, au nom du christianisme, ont porté avec un dévouement héroïque, la vérité et la paix au prix de leur vie. Ah ! pour civi-liser, il faut faire autre chose que porter de l'opium pour ramener du thé. Ce n'est pas non plus en mesurant le crâne d'un singe qu'on moralise un cannibale. Les faits nous apprennent que l'homme dégradé, que le sauvage, quand sa famille est l'objet de nos soins, remonte lentement, mais infailliblement les degrés de la civilisation qu'il avait lentement descendus favorisez donc le zèle de la religion qui seule a tous les secrets de la réhabilitation, et bientôt elle vous fournira une preuve nouvelle et la plus consolante qu'il y a égalité de nature parmi nous. Ceux qui osent reprocher aux races dégé-nérées leur misérable état d'abaissement, se doutent-ils qu'ils prononcent leur propre condamnation ? Comme réponse aux épouvantables conclusions que M. Ruxley a osé mettre à son livre sur la race Simienne, nous lui di-sons Vous voulez nous dépouiller de notre âme, et nous ravaler au rang des brutes. Si vos raisons étaient claires comme la lumière du soleil, vous devriez trembler de dévoiler ce secret à l'univers, car il s'agit de soustraire à la société son principal fondement et sa seule espérance qui ait une valeur durable. Mais avec une audace inconcevable, vous venez avec des raisonne-ments futiles, et qui tombent devant le sens commun, calomnier l'humanité et la ravaler au niveau d'un animal qui n'est pas même le plus aimable parmi les brutes.
7
0.00215
0.008403
510.txt
1,874
AH EXPLICATION DES PLANCHES Planche VII. FIG. 1. Sternalis brutorum femme de 28 ans . a. Chef sternal du sterno-cléido-mastoïdien. b. Grand pectoral recouvert de son aponévrose. Il s'attache directement à la sixième côte et n'a pas d'insertion à l'apo-névrose abdominale. c. Sternalis brutorum ou droit thoracique. Les tendons des faisceaux sternaux des muscles sterno-cléido-mastoï-diens passent en avant du sternum et se soudent l'un à l'autre en pre-nant des adhérences au sternum à la. hauteur de la deuxième côte. Ce tendon commun se bifurque de nouveau, et chacun des tendons ainsi formés est suivi d'un ventre charnu large d'environ 0m,03 à droite, 0m,02 à gauche. Une insertion supplémentaire est prise sur le sternum par le faisceau droit. Les deux petits muscles anormaux se dirigent de haut en bas et de dedans en dehors pour aller s'insérer par un court tendon aplati au sixième cartilage costal. FIG. 2. Troisième pectoral homme de 25 ans . a. a. a. al Grand pectoral disséqué et relevé par des érignes. b. petit pectoral. c. deltoïde. d. Troisième pectoral, inséré inférieurement aux cinquième, sixième, septième et huitième côtes, supérieurement au tendon du grand pectoral. Planche VIII. FIG. 1. Continuation anormale de l'angulaire de l'omoplate et du grand dentelé homme de 50 ans . a. a. a. Angulaire de l'omoplate. b. Faisceau de ce muscle, qui va se joindre au grand dentelé et s'insérer avec lui à la première côte. c. Grand dentelé, visible sous l'omoplate relevée par des érignes. d. Splénius. FIG. 2. Anomalies multiples de l'angulaire de l'omoplate. a. Faisceau supérieur qui s'attache à l'apophyse transverse de l'atlas. b. Première portion de ce faisceau, soulevée par une érigne, qui va se jeter dans le splénius. c. Deuxième portion de ce faisceau, allant s'insérer aux apophyses épineuses des deux dernières vertèbres cervicales, en entre-croisant ses fibres tendineuses avec celles du petit dentelé supérieur. d. Troisième portion du faisceau supérieur de l'angulaire, qui s'insère au bord spinal de l'omoplate, au-dessus de l'épine, après avoir donné quelques fibres au faisceau inférieur. e. e. Faisceau inférieur du muscle angulaire, inséré en haut aux tubercules postérieurs des apophyses transverses des deuxième, troisième, quatrième et cinquième vertèbres cervicales. En bas, ce faisceau se bifurque le premier chef de bifurcatiou va se jeter dans le transversaire du cou le second chef, qui est le plus volu-mineux, va s'insérer à l'angle supérieur de l'omoplate, après avoir reçu un trousseau de fibres musculaires qui le relie au faisceau supé-rieur du muscle.
AH EXPLICATION DES PLANCHES Planche VII. FIG. 1. @Sternalis brutorum femme de 28 ans . a. Chef sternal du sterno-cléido-mastoïdien. b. Grand pectoral recouvert de son aponévrose. Il s'attache directement à la sixième côte et n'a pas d'insertion à l'apo-névrose abdominale. c. Sternalis brutorum ou droit thoracique. Les tendons des faisceaux sternaux des muscles sterno-cléido-mastoï-diens passent en avant du sternum et se soudent l'un à l'autre en pre-nant des adhérences au sternum à la. hauteur de la deuxième côte. Ce tendon commun se bifurque de nouveau, et chacun des tendons ainsi formés est suivi d'un ventre charnu large d'environ 0m,03 à droite, 0m,02 à gauche. Une insertion supplémentaire est prise sur le sternum par le faisceau droit. Les deux petits muscles anormaux se dirigent de haut en bas et de dedans en dehors pour aller s'insérer par un court tendon aplati au sixième cartilage costal. FIG. 2. @Troisième pectoral homme de 25 ans . a. a. a. al Grand pectoral disséqué et relevé par des érignes. b. petit pectoral. c. deltoïde. d. Troisième pectoral, inséré inférieurement aux cinquième, sixième, septième et huitième côtes, supérieurement au tendon du grand pectoral. Planche VIII. FIG. 1. @Continuation anormale de l'angulaire de l'omoplate et du grand dentelé homme de 50 ans . a. a. a. Angulaire de l'omoplate. b. Faisceau de ce muscle, qui va se joindre au grand dentelé et s'insérer avec lui à la première côte. c. Grand dentelé, visible sous l'omoplate relevée par des érignes. d. Splénius. FIG. 2. @Anomalies multiples de l'angulaire de l'omoplate. a. Faisceau supérieur qui s'attache à l'apophyse transverse de l'atlas. b. Première portion de ce faisceau, soulevée par une érigne, qui va se jeter dans le splénius. c. Deuxième portion de ce faisceau, allant s'insérer aux apophyses épineuses des deux dernières vertèbres cervicales, en entre-croisant ses fibres tendineuses avec celles du petit dentelé supérieur. d. Troisième portion du faisceau supérieur de l'angulaire, qui s'insère au bord spinal de l'omoplate, au-dessus de l'épine, après avoir donné quelques fibres au faisceau inférieur. e. e. Faisceau inférieur du muscle angulaire, inséré en haut aux tubercules postérieurs des apophyses transverses des deuxième, troisième, quatrième et cinquième vertèbres cervicales. En bas, ce faisceau se bifurque le premier chef de bifurcatiou va se jeter dans le transversaire du cou le second chef, qui est le plus volu-mineux, va s'insérer à l'angle supérieur de l'omoplate, après avoir reçu un trousseau de fibres musculaires qui le relie au faisceau supé-rieur du muscle.
############## DES PLANCHES Planche VII. FIG. 1. -Sternalis brutorum femme de 28 ans . a. Chef sternal du sterno-cléido-mastoïdien. b. Grand pectoral recouvert de son aponévrose. Il s'attache directement à la sixième côte et n'a pas d'insertion à l'apo-névrose abdominale. c. Sternalis brutorum ou droit thoracique. Les tendons des faisceaux sternaux des muscles sterno-cléido-mastoï-diens passent en avant du sternum et se soudent l'un à l'autre en pre-nant des adhérences au sternum à la@ hauteur de la deuxième côte. Ce tendon commun se bifurque de nouveau, et chacun des tendons ainsi formés est suivi d'un ventre charnu large d'environ 0m,03 à droite, 0m,02 à gauche. Une insertion supplémentaire est prise sur le sternum par le faisceau droit. Les deux petits muscles anormaux se dirigent de haut en bas et de dedans en dehors pour aller s'insérer par un court tendon aplati au sixième cartilage costal. FIG. 2. -Troisième pectoral homme de 25 ans . a. a. a. a' Grand pectoral disséqué et relevé par des érignes. b. petit pectoral. c.@deltoïde. d.@Troisième pectoral, inséré inférieurement aux cinquième, sixième, septième et huitième côtes, supérieurement au tendon du grand pectoral. Planche VIII. FIG. 1. -Continuation anormale de l'angulaire de l'omoplate et du grand dentelé homme de 50 ans . a. a. a. Angulaire de l'omoplate. b. Faisceau de ce muscle, qui va se joindre au grand dentelé et s'insérer avec lui à la première côte. c. Grand dentelé, visible sous l'omoplate relevée par des érignes. d. Splénius. FIG. 2. -Anomalies multiples de l'angulaire de l'omoplate. a. Faisceau supérieur qui s'attache à l'apophyse transverse de l'atlas. b. Première portion de ce faisceau, soulevée par une érigne, qui va se jeter dans le splénius. c. Deuxième portion de ce faisceau, allant s'insérer aux apophyses épineuses des deux dernières vertèbres cervicales, en entre-croisant ses fibres tendineuses avec celles du petit dentelé supérieur. d. Troisième portion du faisceau supérieur de l'angulaire, qui s'insère au bord spinal de l'omoplate, au-dessus de l'épine, après avoir donné quelques fibres au faisceau inférieur. e. e. Faisceau inférieur du muscle angulaire, inséré en haut aux tubercules postérieurs des apophyses transverses des deuxième, troisième, quatrième et cinquième vertèbres cervicales. En bas, ce faisceau se bifurque le premier chef de bifurcation va se jeter dans le transversaire du cou le second chef, qui est le plus volu-mineux, va s'insérer à l'angle supérieur de l'omoplate, après avoir reçu un trousseau de fibres musculaires qui le relie au faisceau supé-rieur du muscle.
AH EXPLICATION DES PLANCHES Planche VII. FIG. 1. -Sternalis brutorum femme de 28 ans . a. Chef sternal du sterno-cléido-mastoïdien. b. Grand pectoral recouvert de son aponévrose. Il s'attache directement à la sixième côte et n'a pas d'insertion à l'apo-névrose abdominale. c. Sternalis brutorum ou droit thoracique. Les tendons des faisceaux sternaux des muscles sterno-cléido-mastoï-diens passent en avant du sternum et se soudent l'un à l'autre en pre-nant des adhérences au sternum à la@ hauteur de la deuxième côte. Ce tendon commun se bifurque de nouveau, et chacun des tendons ainsi formés est suivi d'un ventre charnu large d'environ 0m,03 à droite, 0m,02 à gauche. Une insertion supplémentaire est prise sur le sternum par le faisceau droit. Les deux petits muscles anormaux se dirigent de haut en bas et de dedans en dehors pour aller s'insérer par un court tendon aplati au sixième cartilage costal. FIG. 2. -Troisième pectoral homme de 25 ans . a. a. a. a' Grand pectoral disséqué et relevé par des érignes. b. petit pectoral. c.@deltoïde. d.@Troisième pectoral, inséré inférieurement aux cinquième, sixième, septième et huitième côtes, supérieurement au tendon du grand pectoral. Planche VIII. FIG. 1. -Continuation anormale de l'angulaire de l'omoplate et du grand dentelé homme de 50 ans . a. a. a. Angulaire de l'omoplate. b. Faisceau de ce muscle, qui va se joindre au grand dentelé et s'insérer avec lui à la première côte. c. Grand dentelé, visible sous l'omoplate relevée par des érignes. d. Splénius. FIG. 2. -Anomalies multiples de l'angulaire de l'omoplate. a. Faisceau supérieur qui s'attache à l'apophyse transverse de l'atlas. b. Première portion de ce faisceau, soulevée par une érigne, qui va se jeter dans le splénius. c. Deuxième portion de ce faisceau, allant s'insérer aux apophyses épineuses des deux dernières vertèbres cervicales, en entre-croisant ses fibres tendineuses avec celles du petit dentelé supérieur. d. Troisième portion du faisceau supérieur de l'angulaire, qui s'insère au bord spinal de l'omoplate, au-dessus de l'épine, après avoir donné quelques fibres au faisceau inférieur. e. e. Faisceau inférieur du muscle angulaire, inséré en haut aux tubercules postérieurs des apophyses transverses des deuxième, troisième, quatrième et cinquième vertèbres cervicales. En bas, ce faisceau se bifurque le premier chef de bifurcation va se jeter dans le transversaire du cou le second chef, qui est le plus volu-mineux, va s'insérer à l'angle supérieur de l'omoplate, après avoir reçu un trousseau de fibres musculaires qui le relie au faisceau supé-rieur du muscle.
AH EXPLICATION DES PLANCHES Planche VII. FIG. 1. -Sternalis brutorum femme de 28 ans . a. Chef sternal du sterno-cléido-mastoïdien. b. Grand pectoral recouvert de son aponévrose. Il s'attache directement à la sixième côte et n'a pas d'insertion à l'apo-névrose abdominale. c. Sternalis brutorum ou droit thoracique. Les tendons des faisceaux sternaux des muscles sterno-cléido-mastoï-diens passent en avant du sternum et se soudent l'un à l'autre en pre-nant des adhérences au sternum à la hauteur de la deuxième côte. Ce tendon commun se bifurque de nouveau, et chacun des tendons ainsi formés est suivi d'un ventre charnu large d'environ 0m,03 à droite, 0m,02 à gauche. Une insertion supplémentaire est prise sur le sternum par le faisceau droit. Les deux petits muscles anormaux se dirigent de haut en bas et de dedans en dehors pour aller s'insérer par un court tendon aplati au sixième cartilage costal. FIG. 2. -Troisième pectoral homme de 25 ans . a. a. a. a' Grand pectoral disséqué et relevé par des érignes. b. petit pectoral. c.deltoïde. d.Troisième pectoral, inséré inférieurement aux cinquième, sixième, septième et huitième côtes, supérieurement au tendon du grand pectoral. Planche VIII. FIG. 1. -Continuation anormale de l'angulaire de l'omoplate et du grand dentelé homme de 50 ans . a. a. a. Angulaire de l'omoplate. b. Faisceau de ce muscle, qui va se joindre au grand dentelé et s'insérer avec lui à la première côte. c. Grand dentelé, visible sous l'omoplate relevée par des érignes. d. Splénius. FIG. 2. -Anomalies multiples de l'angulaire de l'omoplate. a. Faisceau supérieur qui s'attache à l'apophyse transverse de l'atlas. b. Première portion de ce faisceau, soulevée par une érigne, qui va se jeter dans le splénius. c. Deuxième portion de ce faisceau, allant s'insérer aux apophyses épineuses des deux dernières vertèbres cervicales, en entre-croisant ses fibres tendineuses avec celles du petit dentelé supérieur. d. Troisième portion du faisceau supérieur de l'angulaire, qui s'insère au bord spinal de l'omoplate, au-dessus de l'épine, après avoir donné quelques fibres au faisceau inférieur. e. e. Faisceau inférieur du muscle angulaire, inséré en haut aux tubercules postérieurs des apophyses transverses des deuxième, troisième, quatrième et cinquième vertèbres cervicales. En bas, ce faisceau se bifurque le premier chef de bifurcation va se jeter dans le transversaire du cou le second chef, qui est le plus volu-mineux, va s'insérer à l'angle supérieur de l'omoplate, après avoir reçu un trousseau de fibres musculaires qui le relie au faisceau supé-rieur du muscle.
9
0.003458
0.025532
538.txt
1,892
-19 -à celui de Baillarger 1700°2 , qui n'opérait, lui, que sur l'écorce grise, puisque son procédé consistait à enlever toute la substance blanche. Il est assez curieux que nous soyons arrivé au même résultat par un pro-cédé tout à l'ait différent. Ce fait confirme l'exactitude des deux méthodes. Surface réelle de l'encéphale entier Il n'est pas encore possible, dans l'état actuel de la science, d'indiquer la superficie réelle de l'encéphale dans son ensemble, superficie qui de-vrait comprendre la surface réelle des hémisphères, du bulbe, de la pro-tubérance et du cervelet. Il nous manque la surface véritable de ce dernier nous n'en avons mesuré qu'un seul, et nous avons trouvé que sa surface réelle était égale à la surface apparente du cerveau entier. Nous ne pouvons évidemment pas conclure d'après un seul cas. Cependant, en admettant ce chiffre comme exact, et à titre de simple curiosité, pour se faire une idée approximative de l'étendue de la superficie générale de l'encéphale, si nous prenons un des cerveaux dont nous avons calculé tous les éléments, le cerveau AA, par exemple, nous trou-vons en chiffres ronds Surface apparente du cerveau comprenant la surface des hémisphères, du cervelet, du bulbe et de la protubérance 1109 c2 Surface réelle du cerveau comprenant Les hémisphères déplissés., 1746 1 Le bulbe et la protubérance 43 I 8 Le cervelet déplissé dont la surface serait égale à la surface- l apparente du cerveau. 1109 Soit 2898 02. Pour l'étendue de l'écorce grise comprenant la surface réelle des hémisphères et celle du cervelet, 1661, 1109, soit 277002 voir Tableau 7 . Telle serait la superficie de la surface pensante, de la région véritablement intellectuelle, si notre mensuration du cervelet se trouvait vérifiée ulté-rieurement. Poids et surface du bulbe et de la protubérance Sur treize cerveaux d'homme, nous avons trouvé comme poids moyen 23gr,03. Sur onze cerveaux de femme, ce poids a été de 22?,',60. Le poids a donc été à peu près égal dans les deux sexes. Au point de vue des sur faces, la moyenne pour dix cerveaux d'homme a été de 45°2,39, et pour six cerveaux de femme de 44e2,38. Très peu de différence en somme entre les deux sexes. Surface de certaines circonvolutions première frontale et circonvolutions Rholandiques Nous avions d'abord essayé de calculer ces surfaces nous avons dû y renoncer momentanément par suite de la difficulté où l'on se trouve de limiter exactement les circonvolutions. Il est sans doute très facile de les reconnaître et d'indiquer approximativement jusqu'où
-19 -à celui de Baillarger 1700°2 , qui n'opérait, lui, que sur l'écorce grise, puisque son procédé consistait à enlever toute la substance blanche. Il est assez curieux que nous soyons arrivé au même résultat par un pro-cédé tout à l'ait différent. Ce fait confirme l'exactitude des deux méthodes. Surface réelle de l'encéphale entier Il n'est pas encore possible, dans l'état actuel de la science, d'indiquer la superficie réelle de l'encéphale dans son ensemble, superficie qui de-vrait comprendre la surface réelle des hémisphères, du bulbe, de la pro-tubérance et du cervelet. Il nous manque la surface véritable de ce dernier nous n'en avons mesuré qu'un seul, et nous avons trouvé que sa surface réelle était égale à la surface apparente du cerveau entier. Nous ne pouvons évidemment pas conclure d'après un seul cas. Cependant, en admettant ce chiffre comme exact, et à titre de simple curiosité, pour se faire une idée approximative de l'étendue de la superficie générale de l'encéphale, si nous prenons un des cerveaux dont nous avons calculé tous les éléments, le cerveau AA, par exemple, nous trou-vons en chiffres ronds Surface apparente du cerveau comprenant la surface des hémisphères, du cervelet, du bulbe et de la protubérance 1109 c2 Surface réelle du cerveau comprenant Les hémisphères déplissés., 1746 1 Le bulbe et la protubérance 43 I 8 Le cervelet déplissé dont la surface serait égale à la surface- l apparente du cerveau. 1109 Soit 2898 02. Pour l'étendue de l'écorce grise comprenant la surface réelle des hémisphères et celle du cervelet, 1661, 1109, soit 277002 voir Tableau 7 . Telle serait la superficie de la surface pensante, de la région véritablement intellectuelle, si notre mensuration du cervelet se trouvait vérifiée ulté-rieurement. Poids et surface du bulbe et de la protubérance Sur treize cerveaux d'homme, nous avons trouvé comme poids moyen 23gr,@03. Sur onze cerveaux de femme, ce poids a été de 22?,',60. Le poids a donc été à peu près égal dans les deux sexes. Au point de vue des sur faces, la moyenne pour dix cerveaux d'homme a été de 45°2,@39, et pour six cerveaux de femme de 44e2,@38. Très peu de différence en somme entre les deux sexes. Surface de certaines circonvolutions première frontale et circonvolutions Rholandiques Nous avions d'abord essayé de calculer ces surfaces nous avons dû y renoncer momentanément par suite de la difficulté où l'on se trouve de limiter exactement les circonvolutions. Il est sans doute très facile de les reconnaître et d'indiquer approximativement jusqu'où
-19 -à celui de Baillarger 1700c2 , qui n'opérait, lui, que sur l'écorce grise, puisque son procédé consistait à enlever toute la substance blanche. Il est assez curieux que nous soyons arrivé au même résultat par un pro-cédé tout à @fait différent. Ce fait confirme l'exactitude des deux méthodes. Surface réelle de l'encéphale entier Il n'est pas encore possible, dans l'état actuel de la science, d'indiquer la superficie réelle de l'encéphale dans son ensemble, superficie qui de-vrait comprendre la surface réelle des hémisphères, du bulbe, de la pro-tubérance et du cervelet. Il nous manque la surface véritable de ce dernier nous n'en avons mesuré qu'un seul, et nous avons trouvé que sa surface réelle était égale à la surface apparente du cerveau entier. Nous ne pouvons évidemment pas conclure d'après un seul cas. Cependant, en admettant ce chiffre comme exact, et à titre de simple curiosité, pour se faire une idée approximative de l'étendue de la superficie générale de l'encéphale, si nous prenons un des cerveaux dont nous avons calculé tous les éléments, le cerveau AA, par exemple, nous trou-vons en chiffres ronds Surface apparente du cerveau comprenant la surface des hémisphères, du cervelet, du bulbe et de la protubérance 1109@c2 Surface réelle du cerveau comprenant Les hémisphères déplissés@@ 1746 @@Le bulbe et la protubérance 43@@@@ Le cervelet déplissé dont la surface serait égale à la surface@ @@apparente du cerveau@ 1109 Soit 2898@c2. Pour l'étendue de l'écorce grise comprenant la surface réelle des hémisphères et celle du cervelet, 1661, 1109, soit 2770c2 voir Tableau 7 . Telle serait la superficie de la surface pensante, de la région véritablement intellectuelle, si notre mensuration du cervelet se trouvait vérifiée ulté-rieurement. Poids et surface du bulbe et de la protubérance Sur treize cerveaux d'homme, nous avons trouvé comme poids moyen 23gr, 03. Sur onze cerveaux de femme, ce poids a été de 22gr, 60. Le poids a donc été à peu près égal dans les deux sexes. Au point de vue des sur@faces, la moyenne pour dix cerveaux d'homme a été de 45c2, 39, et pour six cerveaux de femme de 44c2, 38. Très peu de différence en somme entre les deux sexes. Surface de certaines circonvolutions première frontale et circonvolutions Rholandiques Nous avions d'abord essayé de calculer ces surfaces nous avons dû y renoncer momentanément par suite de la difficulté où l'on se trouve de limiter exactement les circonvolutions. Il est sans doute très facile de les reconnaître et d'indiquer approximativement jusqu'où
-19 -à celui de Baillarger 1700c2 , qui n'opérait, lui, que sur l'écorce grise, puisque son procédé consistait à enlever toute la substance blanche. Il est assez curieux que nous soyons arrivé au même résultat par un pro-cédé tout à @fait différent. Ce fait confirme l'exactitude des deux méthodes. Surface réelle de l'encéphale entier Il n'est pas encore possible, dans l'état actuel de la science, d'indiquer la superficie réelle de l'encéphale dans son ensemble, superficie qui de-vrait comprendre la surface réelle des hémisphères, du bulbe, de la pro-tubérance et du cervelet. Il nous manque la surface véritable de ce dernier nous n'en avons mesuré qu'un seul, et nous avons trouvé que sa surface réelle était égale à la surface apparente du cerveau entier. Nous ne pouvons évidemment pas conclure d'après un seul cas. Cependant, en admettant ce chiffre comme exact, et à titre de simple curiosité, pour se faire une idée approximative de l'étendue de la superficie générale de l'encéphale, si nous prenons un des cerveaux dont nous avons calculé tous les éléments, le cerveau AA, par exemple, nous trou-vons en chiffres ronds Surface apparente du cerveau comprenant la surface des hémisphères, du cervelet, du bulbe et de la protubérance 1109@c2 Surface réelle du cerveau comprenant Les hémisphères déplissés@@ 1746 @@Le bulbe et la protubérance 43@@@@ Le cervelet déplissé dont la surface serait égale à la surface@ @@apparente du cerveau@ 1109 Soit 2898@c2. Pour l'étendue de l'écorce grise comprenant la surface réelle des hémisphères et celle du cervelet, 1661, 1109, soit 2770c2 voir Tableau 7 . Telle serait la superficie de la surface pensante, de la région véritablement intellectuelle, si notre mensuration du cervelet se trouvait vérifiée ulté-rieurement. Poids et surface du bulbe et de la protubérance Sur treize cerveaux d'homme, nous avons trouvé comme poids moyen 23gr, 03. Sur onze cerveaux de femme, ce poids a été de 22gr, 60. Le poids a donc été à peu près égal dans les deux sexes. Au point de vue des sur@faces, la moyenne pour dix cerveaux d'homme a été de 45c2, 39, et pour six cerveaux de femme de 44c2, 38. Très peu de différence en somme entre les deux sexes. Surface de certaines circonvolutions première frontale et circonvolutions Rholandiques Nous avions d'abord essayé de calculer ces surfaces nous avons dû y renoncer momentanément par suite de la difficulté où l'on se trouve de limiter exactement les circonvolutions. Il est sans doute très facile de les reconnaître et d'indiquer approximativement jusqu'où
-19 -à celui de Baillarger 1700c2 , qui n'opérait, lui, que sur l'écorce grise, puisque son procédé consistait à enlever toute la substance blanche. Il est assez curieux que nous soyons arrivé au même résultat par un pro-cédé tout à fait différent. Ce fait confirme l'exactitude des deux méthodes. Surface réelle de l'encéphale entier Il n'est pas encore possible, dans l'état actuel de la science, d'indiquer la superficie réelle de l'encéphale dans son ensemble, superficie qui de-vrait comprendre la surface réelle des hémisphères, du bulbe, de la pro-tubérance et du cervelet. Il nous manque la surface véritable de ce dernier nous n'en avons mesuré qu'un seul, et nous avons trouvé que sa surface réelle était égale à la surface apparente du cerveau entier. Nous ne pouvons évidemment pas conclure d'après un seul cas. Cependant, en admettant ce chiffre comme exact, et à titre de simple curiosité, pour se faire une idée approximative de l'étendue de la superficie générale de l'encéphale, si nous prenons un des cerveaux dont nous avons calculé tous les éléments, le cerveau AA, par exemple, nous trou-vons en chiffres ronds Surface apparente du cerveau comprenant la surface des hémisphères, du cervelet, du bulbe et de la protubérance 1109c2 Surface réelle du cerveau comprenant Les hémisphères déplissés 1746 Le bulbe et la protubérance 43 Le cervelet déplissé dont la surface serait égale à la surface apparente du cerveau 1109 Soit 2898c2. Pour l'étendue de l'écorce grise comprenant la surface réelle des hémisphères et celle du cervelet, 1661, 1109, soit 2770c2 voir Tableau 7 . Telle serait la superficie de la surface pensante, de la région véritablement intellectuelle, si notre mensuration du cervelet se trouvait vérifiée ulté-rieurement. Poids et surface du bulbe et de la protubérance Sur treize cerveaux d'homme, nous avons trouvé comme poids moyen 23gr, 03. Sur onze cerveaux de femme, ce poids a été de 22gr, 60. Le poids a donc été à peu près égal dans les deux sexes. Au point de vue des surfaces, la moyenne pour dix cerveaux d'homme a été de 45c2, 39, et pour six cerveaux de femme de 44c2, 38. Très peu de différence en somme entre les deux sexes. Surface de certaines circonvolutions première frontale et circonvolutions Rholandiques Nous avions d'abord essayé de calculer ces surfaces nous avons dû y renoncer momentanément par suite de la difficulté où l'on se trouve de limiter exactement les circonvolutions. Il est sans doute très facile de les reconnaître et d'indiquer approximativement jusqu'où
29
0.011453
0.074725
909.txt
1,858
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 225 un instant. Il s'agit d'un de mes locataires, et vous êtes ici dans une maison régulièrement tenue. Peste, Messieurs, comme vous y allez 1 Enfoncer une porte sans que l'autorité y soit! Pour qui me prenez-vous? On eut beau faire-observer à ce brave homme qu'il y avait urgence à agir ainsi, il n'en voulut pas démordre. - Je connais les règlements, dit-il. - Mais si elle meurt? s'écria une voix. - Elle fera ce qu'elle voudra, répliqua sentencieusement le concierge mais les règlements sont là. Allez chercher le commissaire. Ludovic frémissait d'impatience f des délais, des retards, au point où en étaient les choses et au milieu des éblouisse-ments qui l'assiégeaient, impossible. L'image de Marguerite était sous ses yeux il la voyait mourante, affaissée sur ce fauteuil d'où elle lui avait tant de fois soiyi, exhalant son dernier souffle, regrettant peut-être la vie, et il eût attendu? il l'eût laissée se débattre sans secours, sans chercher à la sauver, dût-il lui faire ensuite le sacrifice de son bonheur et lui rendre une liberté si chèrement acquise? Non, plutôt que de différer d'une minute, d'un moment, il fallait user de vio-lence. - Laissez donc le passage libre, s'écria-t-il d'une voix impérieuse. - Jamais, dit le concierge. ■- Eh bien ! nous allons voir. D'un coup d'épaule, il renversa le martyr du cordon, et d'un bond lui passa sur le corps. En vain celui-ci essaya-t-il de le poursuivre dans sa course, -Ludovic avait pour lui la jeunesse et la passion, tout ce qui donne des ailes. -D'ailleurs, les témoins de la scène avaient pris fait et cause pour le plus chevaleresque des deux champions, et la responsabilité de l'autre s'effaçait devant un cas de force majeure. Tout ce qu'il put faire, ce fut de masquer sa retraite par une der-nière protestation. - Allez du moins chercher un serrurier, dit-il. Vain conseil! protestation perdue! Ludovic était arrivé devant la porte fatale et la mesurait de l'oeil. Rien n'eût pu lui résister il se sentait des forces surnaturelles. Au premier choc, les ais volèrent en éclat au second, le passage fut
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 225 un instant. Il s'agit d'un de mes locataires, et vous êtes ici dans une maison régulièrement tenue. Peste, Messieurs, comme vous y allez 1 Enfoncer une porte sans que l'autorité y soit@! Pour qui me prenez-vous@? On eut beau faire-observer à ce brave homme qu'il y avait urgence à agir ainsi, il n'en voulut pas démordre. - Je connais les règlements, dit-il. - Mais si elle meurt? s'écria une voix. - Elle fera ce qu'elle voudra, répliqua sentencieusement le concierge mais les règlements sont là. Allez chercher le commissaire. Ludovic frémissait d'impatience f des délais, des retards, au point où en étaient les choses et au milieu des éblouisse-ments qui l'assiégeaient, impossible. L'image de Marguerite était sous ses yeux il la voyait mourante, affaissée sur ce fauteuil d'où elle lui avait tant de fois soiyi, exhalant son dernier souffle, regrettant peut-être la vie, et il eût attendu? il l'eût laissée se débattre sans secours, sans chercher à la sauver, dût-il lui faire ensuite le sacrifice de son bonheur et lui rendre une liberté si chèrement acquise@? Non, plutôt que de différer d'une minute, d'un moment, il fallait user de vio-lence. - Laissez donc le passage libre, s'écria-t-il d'une voix impérieuse. - Jamais, dit le concierge. ■- Eh bien ! nous allons voir. D'un coup d'épaule, il renversa le martyr du cordon, et d'un bond lui passa sur le corps. En vain celui-ci essaya-t-il de le poursuivre dans sa course, -Ludovic avait pour lui la jeunesse et la passion, tout ce qui donne des ailes. -D'ailleurs, les témoins de la scène avaient pris fait et cause pour le plus chevaleresque des deux champions, et la responsabilité de l'autre s'effaçait devant un cas de force majeure. Tout ce qu'il put faire, ce fut de masquer sa retraite par une der-nière protestation. - Allez du moins chercher un serrurier, dit-il. Vain conseil@! protestation perdue@! Ludovic était arrivé devant la porte fatale et la mesurait de l'oeil. Rien n'eût pu lui résister il se sentait des forces surnaturelles. Au premier choc, les ais volèrent en éclat au second, le passage fut
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 225 un instant. Il s'agit d'un de mes locataires, et vous êtes ici dans une maison réguliérement tenue. Peste, Messieurs, comme vous y allez ! Enfoncer une porte sans que l'autorité y soit ! Pour qui me prenez-vous ? On eut beau faire observer à ce brave homme qu'il y avait urgence à agir ainsi, il n'en voulut pas démordre. -@Je connais les règlements, dit-il. -@Mais si elle meurt? s'écria une voix. -@Elle fera ce qu'elle voudra, répliqua sentencieusement le concierge mais les règlements sont là. Allez chercher le commissaire. Ludovic frémissait d'impatience @@des délais, des retards, au point où en étaient les choses et au milieu des éblouisse-ments qui l'assiégeaient, impossible. L'image de Marguerite était sous ses yeux il la voyait mourante, affaissée sur ce fauteuil d'où elle lui avait tant de fois souri, exhalant son dernier souffle, regrettant peut-être la vie, et il eût attendu? il l'eût laissée se débattre sans secours, sans chercher à la sauver, dût-il lui faire ensuite le sacrifice de son bonheur et lui rendre une liberté si chèrement acquise ? Non, plutôt que de différer d'une minute, d'un moment, il fallait user de vio-lence. -@Laissez donc le passage libre, s'écria-t-il d'une voix impérieuse. -@Jamais, dit le concierge. @-@Eh bien ! nous allons voir. D'un coup d'épaule, il renversa le martyr du cordon, et d'un bond lui passa sur le corps. En vain celui-ci essaya-t-il de le poursuivre dans sa course, @Ludovic avait pour lui la jeunesse et la passion, tout ce qui donne des ailes. @D'ailleurs, les témoins de la scène avaient pris fait et cause pour le plus chevaleresque des deux champions, et la responsabilité de l'autre s'effaçait devant un cas de force majeure. Tout ce qu'il put faire, ce fut de masquer sa retraite par une der-nière protestation. -@Allez du moins chercher un serrurier, dit-il. Vain conseil ! protestation perdue ! Ludovic était arrivé devant la porte fatale et la mesurait de l'oeil. Rien n'eût pu lui résister il se sentait des forces surnaturelles. Au premier choc, les ais volèrent en éclat au second, le passage fut
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 225 un instant. Il s'agit d'un de mes locataires, et vous êtes ici dans une maison réguliérement tenue. Peste, Messieurs, comme vous y allez ! Enfoncer une porte sans que l'autorité y soit ! Pour qui me prenez-vous ? On eut beau faire observer à ce brave homme qu'il y avait urgence à agir ainsi, il n'en voulut pas démordre. -@Je connais les règlements, dit-il. -@Mais si elle meurt? s'écria une voix. -@Elle fera ce qu'elle voudra, répliqua sentencieusement le concierge mais les règlements sont là. Allez chercher le commissaire. Ludovic frémissait d'impatience @@des délais, des retards, au point où en étaient les choses et au milieu des éblouisse-ments qui l'assiégeaient, impossible. L'image de Marguerite était sous ses yeux il la voyait mourante, affaissée sur ce fauteuil d'où elle lui avait tant de fois souri, exhalant son dernier souffle, regrettant peut-être la vie, et il eût attendu? il l'eût laissée se débattre sans secours, sans chercher à la sauver, dût-il lui faire ensuite le sacrifice de son bonheur et lui rendre une liberté si chèrement acquise ? Non, plutôt que de différer d'une minute, d'un moment, il fallait user de vio-lence. -@Laissez donc le passage libre, s'écria-t-il d'une voix impérieuse. -@Jamais, dit le concierge. @-@Eh bien ! nous allons voir. D'un coup d'épaule, il renversa le martyr du cordon, et d'un bond lui passa sur le corps. En vain celui-ci essaya-t-il de le poursuivre dans sa course, @Ludovic avait pour lui la jeunesse et la passion, tout ce qui donne des ailes. @D'ailleurs, les témoins de la scène avaient pris fait et cause pour le plus chevaleresque des deux champions, et la responsabilité de l'autre s'effaçait devant un cas de force majeure. Tout ce qu'il put faire, ce fut de masquer sa retraite par une der-nière protestation. -@Allez du moins chercher un serrurier, dit-il. Vain conseil ! protestation perdue ! Ludovic était arrivé devant la porte fatale et la mesurait de l'oeil. Rien n'eût pu lui résister il se sentait des forces surnaturelles. Au premier choc, les ais volèrent en éclat au second, le passage fut
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 225 un instant. Il s'agit d'un de mes locataires, et vous êtes ici dans une maison réguliérement tenue. Peste, Messieurs, comme vous y allez ! Enfoncer une porte sans que l'autorité y soit ! Pour qui me prenez-vous ? On eut beau faire observer à ce brave homme qu'il y avait urgence à agir ainsi, il n'en voulut pas démordre. -Je connais les règlements, dit-il. -Mais si elle meurt? s'écria une voix. -Elle fera ce qu'elle voudra, répliqua sentencieusement le concierge mais les règlements sont là. Allez chercher le commissaire. Ludovic frémissait d'impatience des délais, des retards, au point où en étaient les choses et au milieu des éblouisse-ments qui l'assiégeaient, impossible. L'image de Marguerite était sous ses yeux il la voyait mourante, affaissée sur ce fauteuil d'où elle lui avait tant de fois souri, exhalant son dernier souffle, regrettant peut-être la vie, et il eût attendu? il l'eût laissée se débattre sans secours, sans chercher à la sauver, dût-il lui faire ensuite le sacrifice de son bonheur et lui rendre une liberté si chèrement acquise ? Non, plutôt que de différer d'une minute, d'un moment, il fallait user de vio-lence. -Laissez donc le passage libre, s'écria-t-il d'une voix impérieuse. -Jamais, dit le concierge. -Eh bien ! nous allons voir. D'un coup d'épaule, il renversa le martyr du cordon, et d'un bond lui passa sur le corps. En vain celui-ci essaya-t-il de le poursuivre dans sa course, Ludovic avait pour lui la jeunesse et la passion, tout ce qui donne des ailes. D'ailleurs, les témoins de la scène avaient pris fait et cause pour le plus chevaleresque des deux champions, et la responsabilité de l'autre s'effaçait devant un cas de force majeure. Tout ce qu'il put faire, ce fut de masquer sa retraite par une der-nière protestation. -Allez du moins chercher un serrurier, dit-il. Vain conseil ! protestation perdue ! Ludovic était arrivé devant la porte fatale et la mesurait de l'oeil. Rien n'eût pu lui résister il se sentait des forces surnaturelles. Au premier choc, les ais volèrent en éclat au second, le passage fut
22
0.010471
0.041975
921.txt
1,858
240 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -pable de calcul que d'élan, positive, tranchons le mot. Voilà l'opinion que vous avez dû vous former et qui a réglé votre conduite. Vous m'aimiez comment pourrais-je en douter après toutes les preuves que j'en ai eues? Je vous aimais aussi, et plus je me reporte au début de notre liaison, plus je sens que cette affection était sincère. Nous étions alors dans les meilleuresL conditions du monde pour faire ce que l'on nomme un mariage assorti. S'il avait eu lieu, j'y eusse ac-quiescé de toute mon âme, et une fois liée, j'aurais été une gardienne fidèle de votre honneur. Malheureusement, ce que le coeur jugeait si opportun, la raison le règarda comme pré-maturé le calcul s'en mêla et les empêchements survinrent. Il vous parut imprudent d'entrer en ménage à l'aventure, et sans vous être assuré des moyens de le faire marcher. Rien de plus sage, et il était naturel de croire que je m'associe-rais à ces plans. En effet, je m'y associais, et avec beaucoup de bonne foi , je vous l'assure. Malheureusement il se fit alors en moi, presque à mon insu, une révolution quLvous fut fatale, ou plutôt fatale à tous les deux. cc Parfois, Ludovic, dans- mes heures de solitude, et vous savez si elles se prolongeaient, je me prenais à réfléchir sur notre amour, sur vous, sur ce que vous m'aviez dit pendant le cours de nos entrevues. Il faut tout vous avouer, puisque j'en suis à une confession complète de loin en loin, j'avais lu quelques romans libre comme je l'étais, qui aurait pu me préserver de ces lectures ? Eh bien 1 dans aucun de ces romans je n'avais trouvé d'amour aussi calme que le vôtre, aussi patient, aussi résigné. Partout où l'on dépeignait ce sentiment, c'était avec des couleurs ardentes et un caractère fougueux. Les héros du genre brisaient les obstacles, ne te-, naient pas compte des difficultés, et, par un rapprochement involontaire, il me semblait que, comparé à eux, vous étiez bien sensé, bien avisé, bien dépourvu d'imagination. Ne m'en veuillez pas trop, j'étais petite fille alors je n'avais pas acquis à mes dépens cette expérience qui coûte si cher et -qui arrive trop tard pour le salut des gens. Ce fut ainsi, Ludovic, que vos qualités même tournèrent contre vous. Enfant que j'étais ! Je ne voyais pas alors tout ce qu'il y avait d'affection réelle sous cette prévoyance pous-
240 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -pable de calcul que d'élan, positive, tranchons le mot. Voilà l'opinion que vous avez dû vous former et qui a réglé votre conduite. Vous m'aimiez comment pourrais-je en douter après toutes les preuves que j'en ai eues@? Je vous aimais aussi, et plus je me reporte au début de notre liaison, plus je sens que cette affection était sincère. Nous étions alors dans les meilleuresL conditions du monde pour faire ce que l'on nomme un mariage assorti. S'il avait eu lieu, j'y eusse ac-quiescé de toute mon âme, et une fois liée, j'aurais été une gardienne fidèle de votre honneur. Malheureusement, ce que le coeur jugeait si opportun, la raison le règarda comme pré-maturé le calcul s'en mêla et les empêchements survinrent. Il vous parut imprudent d'entrer en ménage à l'aventure, et sans vous être assuré des moyens de le faire marcher. Rien de plus sage, et il était naturel de croire que je m'associe-rais à ces plans. En effet, je m'y associais, et avec beaucoup de bonne foi , je vous l'assure. Malheureusement il se fit alors en moi, presque à mon insu, une révolution qu@Lvous fut fatale, ou plutôt fatale à tous les deux. cc Parfois, Ludovic, dans- mes heures de solitude, et vous savez si elles se prolongeaient, je me prenais à réfléchir sur notre amour, sur vous, sur ce que vous m'aviez dit pendant le cours de nos entrevues. Il faut tout vous avouer, puisque j'en suis à une confession complète de loin en loin, j'avais lu quelques romans libre comme je l'étais, qui aurait pu me préserver de ces lectures ? Eh bien 1 dans aucun de ces romans je n'avais trouvé d'amour aussi calme que le vôtre, aussi patient, aussi résigné. Partout où l'on dépeignait ce sentiment, c'était avec des couleurs ardentes et un caractère fougueux. Les héros du genre brisaient les obstacles, ne te-, naient pas compte des difficultés, et, par un rapprochement involontaire, il me semblait que, comparé à eux, vous étiez bien sensé, bien avisé, bien dépourvu d'imagination. Ne m'en veuillez pas trop, j'étais petite fille alors je n'avais pas acquis à mes dépens cette expérience qui coûte si cher et -qui arrive trop tard pour le salut des gens. Ce fut ainsi, Ludovic, que vos qualités même tournèrent contre vous. Enfant que j'étais ! Je ne voyais pas alors tout ce qu'il y avait d'affection réelle sous cette prévoyance pous-
240 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. @pable de calcul que d'élan, positive, tranchons le mot. Voilà l'opinion que vous avez dû vous former et qui a réglé votre conduite. Vous m'aimiez comment pourrais-je en douter après toutes les preuves que j'en ai eues ? Je vous aimais aussi, et plus je me reporte au début de notre liaison, plus je sens que cette affection était sincère. Nous étions alors dans les meilleures@ conditions du monde pour faire ce que l'on nomme un mariage assorti. S'il avait eu lieu, j'y eusse ac-quiescé de toute mon âme, et une fois liée, j'aurais été une gardienne fidèle de votre honneur. Malheureusement, ce que le coeur jugeait si opportun, la raison le regarda comme pré-maturé le calcul s'en mêla et les empêchements survinrent. Il vous parut imprudent d'entrer en ménage à l'aventure, et sans vous être assuré des moyens de le faire marcher. Rien de plus sage, et il était naturel de croire que je m'associe-rais à ces plans. En effet, je m'y associais, et avec beaucoup de bonne foi@, je vous l'assure. Malheureusement il se fit alors en moi, presque à mon insu, une révolution qui vous fut fatale, ou plutôt fatale à tous les deux.@@@ Parfois, Ludovic, dans@ mes heures de solitude, et vous savez si elles se prolongeaient, je me prenais à réfléchir sur notre amour, sur vous, sur ce que vous m'aviez dit pendant le cours de nos entrevues. Il faut tout vous avouer, puisque j'en suis à une confession complète de loin en loin, j'avais lu quelques romans libre comme je l'étais, qui aurait pu me préserver de ces lectures ? Eh bien ! dans aucun de ces romans je n'avais trouvé d'amour aussi calme que le vôtre, aussi patient, aussi résigné. Partout où l'on dépeignait ce sentiment, c'était avec des couleurs ardentes et un caractère fougueux. Les héros du genre brisaient les obstacles, ne te-@@naient pas compte des difficultés, et, par un rapprochement involontaire, il me semblait que, comparé à eux, vous étiez bien sensé, bien avisé, bien dépourvu d'imagination. Ne m'en veuillez pas trop, j'étais petite fille alors je n'avais pas acquis à mes dépens cette expérience qui coûte si cher et @qui arrive trop tard pour le salut des gens. Ce fut ainsi, Ludovic, que vos qualités même tournèrent contre vous. Enfant que j'étais ! Je ne voyais pas alors tout ce qu'il y avait d'affection réelle sous cette prévoyance pous-
240 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. @pable de calcul que d'élan, positive, tranchons le mot. Voilà l'opinion que vous avez dû vous former et qui a réglé votre conduite. Vous m'aimiez comment pourrais-je en douter après toutes les preuves que j'en ai eues ? Je vous aimais aussi, et plus je me reporte au début de notre liaison, plus je sens que cette affection était sincère. Nous étions alors dans les meilleures@ conditions du monde pour faire ce que l'on nomme un mariage assorti. S'il avait eu lieu, j'y eusse ac-quiescé de toute mon âme, et une fois liée, j'aurais été une gardienne fidèle de votre honneur. Malheureusement, ce que le coeur jugeait si opportun, la raison le regarda comme pré-maturé le calcul s'en mêla et les empêchements survinrent. Il vous parut imprudent d'entrer en ménage à l'aventure, et sans vous être assuré des moyens de le faire marcher. Rien de plus sage, et il était naturel de croire que je m'associe-rais à ces plans. En effet, je m'y associais, et avec beaucoup de bonne foi@, je vous l'assure. Malheureusement il se fit alors en moi, presque à mon insu, une révolution qui vous fut fatale, ou plutôt fatale à tous les deux.@@@ Parfois, Ludovic, dans@ mes heures de solitude, et vous savez si elles se prolongeaient, je me prenais à réfléchir sur notre amour, sur vous, sur ce que vous m'aviez dit pendant le cours de nos entrevues. Il faut tout vous avouer, puisque j'en suis à une confession complète de loin en loin, j'avais lu quelques romans libre comme je l'étais, qui aurait pu me préserver de ces lectures ? Eh bien ! dans aucun de ces romans je n'avais trouvé d'amour aussi calme que le vôtre, aussi patient, aussi résigné. Partout où l'on dépeignait ce sentiment, c'était avec des couleurs ardentes et un caractère fougueux. Les héros du genre brisaient les obstacles, ne te-@@naient pas compte des difficultés, et, par un rapprochement involontaire, il me semblait que, comparé à eux, vous étiez bien sensé, bien avisé, bien dépourvu d'imagination. Ne m'en veuillez pas trop, j'étais petite fille alors je n'avais pas acquis à mes dépens cette expérience qui coûte si cher et @qui arrive trop tard pour le salut des gens. Ce fut ainsi, Ludovic, que vos qualités même tournèrent contre vous. Enfant que j'étais ! Je ne voyais pas alors tout ce qu'il y avait d'affection réelle sous cette prévoyance pous-
240 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. pable de calcul que d'élan, positive, tranchons le mot. Voilà l'opinion que vous avez dû vous former et qui a réglé votre conduite. Vous m'aimiez comment pourrais-je en douter après toutes les preuves que j'en ai eues ? Je vous aimais aussi, et plus je me reporte au début de notre liaison, plus je sens que cette affection était sincère. Nous étions alors dans les meilleures conditions du monde pour faire ce que l'on nomme un mariage assorti. S'il avait eu lieu, j'y eusse ac-quiescé de toute mon âme, et une fois liée, j'aurais été une gardienne fidèle de votre honneur. Malheureusement, ce que le coeur jugeait si opportun, la raison le regarda comme pré-maturé le calcul s'en mêla et les empêchements survinrent. Il vous parut imprudent d'entrer en ménage à l'aventure, et sans vous être assuré des moyens de le faire marcher. Rien de plus sage, et il était naturel de croire que je m'associe-rais à ces plans. En effet, je m'y associais, et avec beaucoup de bonne foi, je vous l'assure. Malheureusement il se fit alors en moi, presque à mon insu, une révolution qui vous fut fatale, ou plutôt fatale à tous les deux. Parfois, Ludovic, dans mes heures de solitude, et vous savez si elles se prolongeaient, je me prenais à réfléchir sur notre amour, sur vous, sur ce que vous m'aviez dit pendant le cours de nos entrevues. Il faut tout vous avouer, puisque j'en suis à une confession complète de loin en loin, j'avais lu quelques romans libre comme je l'étais, qui aurait pu me préserver de ces lectures ? Eh bien ! dans aucun de ces romans je n'avais trouvé d'amour aussi calme que le vôtre, aussi patient, aussi résigné. Partout où l'on dépeignait ce sentiment, c'était avec des couleurs ardentes et un caractère fougueux. Les héros du genre brisaient les obstacles, ne te-naient pas compte des difficultés, et, par un rapprochement involontaire, il me semblait que, comparé à eux, vous étiez bien sensé, bien avisé, bien dépourvu d'imagination. Ne m'en veuillez pas trop, j'étais petite fille alors je n'avais pas acquis à mes dépens cette expérience qui coûte si cher et qui arrive trop tard pour le salut des gens. Ce fut ainsi, Ludovic, que vos qualités même tournèrent contre vous. Enfant que j'étais ! Je ne voyais pas alors tout ce qu'il y avait d'affection réelle sous cette prévoyance pous-
15
0.006402
0.029915
935.txt
1,858
256 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. lui faire sentir à quel point ces libertés me répugnaient mais j'en voulais garder le secret pour moi, et ce fut le commen-cement de ma perte. XXVII De toute la nuit je ne pus fermer l'oeil. Il se passa en moi un combat qui dura jusqu'au matin sans amener de résolu-tion positive. Mon cerveau était en feu, mon imagination excitée au plus haut point. Je me rappelais les incidents de la journée et comprenais qu'ils allaient tenir une place essen-tielle dans ma vie. Moi qui jusque-là avais agi sincèrement en toute chose, pour la'première fois j'allais avoir un secret un mystère, un acte à cacher. Cette contrainte me causait un tourment que je ne saurais rendre. -Que faire pourtant? Tout vous avouer, tout vous dire, ce , fut ma première pensée, Ludovic, et plût au ciel que je l'eusse suivie peut-être eussé-je échappé alors à l'abîme où je courais. Il n'y avait encore ni mal sérieux, ni imprudence irréparable. Avec plus de sagesse, je m'en serais tenue à ce parti tout me, le conseillait l'affection que vous me portiez, la confiance mutuelle qui devait exister entre nous, le pied sur lequel nous vivions et l'engagement qui nous liait l'un à l'autre, tout, jusqu'à cette familiarité de mauvais goût que cet homme avait montrée au moment de notre séparation, et qui, en donnant la mesure de ses moeurs, indiquait qu'il ne s'ar-rêterait pas facilement dans ses entreprises. Me traiter ainsi, moi qu'il connaissait à peine 1 Se permettre de telles libertés, comme il eût pu le faire vis-à-vis de ses maîtressesI A y songer, la rougeur me montait au front et ma pudeur se ré-voltait. Je me sentais alors portée à un aveu qui m'eût mise à l'abri de pareilles insultes. Qu'est-ce qui me retint, et pourquoi n'ai-je pas persisté? C'est là une de ces énigmes dont le mot échappe. Aujour-d'hui même qu'il ne me reste plus de titre et de recours que , dans une entière sincérité, je ne saurais dire à quel sentiment
256 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. lui faire sentir à quel point ces libertés me répugnaient mais j'en voulais garder le secret pour moi, et ce fut le commen-cement de ma perte. XXVII De toute la nuit je ne pus fermer l'oeil. Il se passa en moi un combat qui dura jusqu'au matin sans amener de résolu-tion positive. Mon cerveau était en feu, mon imagination excitée au plus haut point. Je me rappelais les incidents de la journée et comprenais qu'ils allaient tenir une place essen-tielle dans ma vie. Moi qui jusque-là avais agi sincèrement en toute chose, pour la'première fois j'allais avoir un secret@ un mystère, un acte à cacher. Cette contrainte me causait un tourment que je ne saurais rendre. -Que faire pourtant@? Tout vous avouer, tout vous dire, ce , fut ma première pensée, Ludovic, et plût au ciel que je l'eusse suivie peut-être eussé-je échappé alors à l'abîme où je courais. Il n'y avait encore ni mal sérieux, ni imprudence irréparable. Avec plus de sagesse, je m'en serais tenue à ce parti tout me, le conseillait l'affection que vous me portiez, la confiance mutuelle qui devait exister entre nous, le pied sur lequel nous vivions et l'engagement qui nous liait l'un à l'autre, tout, jusqu'à cette familiarité de mauvais goût que cet homme avait montrée au moment de notre séparation, et qui, en donnant la mesure de ses moeurs, indiquait qu'il ne s'ar-rêterait pas facilement dans ses entreprises. Me traiter ainsi, moi qu'il connaissait à peine 1 Se permettre de telles libertés, comme il eût pu le faire vis-à-vis de ses maîtresses@I A y songer, la rougeur me montait au front et ma pudeur se ré-voltait. Je me sentais alors portée à un aveu qui m'eût mise à l'abri de pareilles insultes. Qu'est-ce qui me retint, et pourquoi n'ai-je pas persisté@? C'est là une de ces énigmes dont le mot échappe. Aujour-d'hui même qu'il ne me reste plus de titre et de recours que , dans une entière sincérité, je ne saurais dire à quel sentiment
256 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. lui faire sentir à quel point ces libertés me répugnaient mais j'en voulais garder le secret pour moi, et ce fut le commen-cement de ma perte. XXVII De toute la nuit je ne pus fermer l'oeil. Il se passa en moi un combat qui dura jusqu'au matin sans amener de résolu-tion positive. Mon cerveau était en feu, mon imagination excitée au plus haut point. Je me rappelais les incidents de la journée et comprenais qu'ils allaient tenir une place essen-tielle dans ma vie. Moi qui jusque-là avais agi sincèrement en toute chose, pour la première fois j'allais avoir un secret, un mystère, un acte à cacher. Cette contrainte me causait un tourment que je ne saurais rendre. @Que faire pourtant ? Tout vous avouer, tout vous dire, ce @@fut ma première pensée, Ludovic, et plût au ciel que je l'eusse suivie peut-être eussé-je échappé alors à l'abîme où je courais. Il n'y avait encore ni mal sérieux, ni imprudence irréparable. Avec plus de sagesse, je m'en serais tenue à ce parti tout me@ le conseillait l'affection que vous me portiez, la confiance mutuelle qui devait exister entre nous, le pied sur lequel nous vivions et l'engagement qui nous liait l'un à l'autre, tout, jusqu'à cette familiarité de mauvais goût que cet homme avait montrée au moment de notre séparation, et qui, en donnant la mesure de ses moeurs, indiquait qu'il ne s'ar-rêterait pas facilement dans ses entreprises. Me traiter ainsi, moi qu'il connaissait à peine ! Se permettre de telles libertés, comme il eût pu le faire vis-à-vis de ses maîtresses ! A y songer, la rougeur me montait au front et ma pudeur se ré-voltait. Je me sentais alors portée à un aveu qui m'eût mise à l'abri de pareilles insultes. Qu'est-ce qui me retint, et pourquoi n'ai-je pas persisté ? C'est là une de ces énigmes dont le mot échappe. Aujour-d'hui même qu'il ne me reste plus de titre et de recours que@@ dans une entière sincérité, je ne saurais dire à quel sentiment
256 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. lui faire sentir à quel point ces libertés me répugnaient mais j'en voulais garder le secret pour moi, et ce fut le commen-cement de ma perte. XXVII De toute la nuit je ne pus fermer l'oeil. Il se passa en moi un combat qui dura jusqu'au matin sans amener de résolu-tion positive. Mon cerveau était en feu, mon imagination excitée au plus haut point. Je me rappelais les incidents de la journée et comprenais qu'ils allaient tenir une place essen-tielle dans ma vie. Moi qui jusque-là avais agi sincèrement en toute chose, pour la première fois j'allais avoir un secret, un mystère, un acte à cacher. Cette contrainte me causait un tourment que je ne saurais rendre. @Que faire pourtant ? Tout vous avouer, tout vous dire, ce @@fut ma première pensée, Ludovic, et plût au ciel que je l'eusse suivie peut-être eussé-je échappé alors à l'abîme où je courais. Il n'y avait encore ni mal sérieux, ni imprudence irréparable. Avec plus de sagesse, je m'en serais tenue à ce parti tout me@ le conseillait l'affection que vous me portiez, la confiance mutuelle qui devait exister entre nous, le pied sur lequel nous vivions et l'engagement qui nous liait l'un à l'autre, tout, jusqu'à cette familiarité de mauvais goût que cet homme avait montrée au moment de notre séparation, et qui, en donnant la mesure de ses moeurs, indiquait qu'il ne s'ar-rêterait pas facilement dans ses entreprises. Me traiter ainsi, moi qu'il connaissait à peine ! Se permettre de telles libertés, comme il eût pu le faire vis-à-vis de ses maîtresses ! A y songer, la rougeur me montait au front et ma pudeur se ré-voltait. Je me sentais alors portée à un aveu qui m'eût mise à l'abri de pareilles insultes. Qu'est-ce qui me retint, et pourquoi n'ai-je pas persisté ? C'est là une de ces énigmes dont le mot échappe. Aujour-d'hui même qu'il ne me reste plus de titre et de recours que@@ dans une entière sincérité, je ne saurais dire à quel sentiment
256 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. lui faire sentir à quel point ces libertés me répugnaient mais j'en voulais garder le secret pour moi, et ce fut le commen-cement de ma perte. XXVII De toute la nuit je ne pus fermer l'oeil. Il se passa en moi un combat qui dura jusqu'au matin sans amener de résolu-tion positive. Mon cerveau était en feu, mon imagination excitée au plus haut point. Je me rappelais les incidents de la journée et comprenais qu'ils allaient tenir une place essen-tielle dans ma vie. Moi qui jusque-là avais agi sincèrement en toute chose, pour la première fois j'allais avoir un secret, un mystère, un acte à cacher. Cette contrainte me causait un tourment que je ne saurais rendre. Que faire pourtant ? Tout vous avouer, tout vous dire, ce fut ma première pensée, Ludovic, et plût au ciel que je l'eusse suivie peut-être eussé-je échappé alors à l'abîme où je courais. Il n'y avait encore ni mal sérieux, ni imprudence irréparable. Avec plus de sagesse, je m'en serais tenue à ce parti tout me le conseillait l'affection que vous me portiez, la confiance mutuelle qui devait exister entre nous, le pied sur lequel nous vivions et l'engagement qui nous liait l'un à l'autre, tout, jusqu'à cette familiarité de mauvais goût que cet homme avait montrée au moment de notre séparation, et qui, en donnant la mesure de ses moeurs, indiquait qu'il ne s'ar-rêterait pas facilement dans ses entreprises. Me traiter ainsi, moi qu'il connaissait à peine ! Se permettre de telles libertés, comme il eût pu le faire vis-à-vis de ses maîtresses ! A y songer, la rougeur me montait au front et ma pudeur se ré-voltait. Je me sentais alors portée à un aveu qui m'eût mise à l'abri de pareilles insultes. Qu'est-ce qui me retint, et pourquoi n'ai-je pas persisté ? C'est là une de ces énigmes dont le mot échappe. Aujour-d'hui même qu'il ne me reste plus de titre et de recours que dans une entière sincérité, je ne saurais dire à quel sentiment
13
0.006667
0.033766
712.txt
1,870
-ItJ -Mme Swelchine etduP. Lacordaire. Quelle floraison ra-vissante ces lettres d'Eugénie deGuérin ! Quelle séve ! Qui ne les préfère à celles de Maurice ou des hommes de lettres ses amis? Combien plus de prime-saut, de naturel, de grâce et de liberté! Chez la soeur, tout est don gratuit expansion généreuse chez le frère, on sent la culture par-dessus les dons, l'effort, le moi , l'ambition de l'écrivain. L'avouerai-je ? Dans ces deux volumes mélancoliques qui forment comme un seul testament fraternel, sans vouloir diviser nL choisir, malgré la grande yaleur et le puissant souffle de na-turalisme poétique de Maurice, il me. semble que l'intérêt reste surtout à la correspondance d'Eugénie. J'en dirais presqu'autant du second livre que je si-gnalais tout à l'heure. Peu d'hommes ont été mieux complétés que le P. Lacordaire par leur correspon -dance posthume. Le monde ne l'entrevoyait jusque là qu'à .travers le prestige oratoire qui restera l'un des grands souvenirs intellectuels de notre temps ses lettres , à côté de l'impérissable couronne de l'éloquence, ont montré l'auréole de la bonté, de la sainteté. Cependant, écrivant à cette grande dame russe , à laquelle on aurait mauvaise grâce à refu -ser ses lettres de naturalisation , bien que son esprit et son talent restent empreints du génie mystique de sa race , il était amené à lui dire Vous autres femmes vous avez un art de dire qui est admirable, qui est fin, délicat, enveloppé, ouvert quand il le faut, et à charmer tout l'univers. Il faut nous pardon-ner notre esprit grossier , qui va tout droit même quand il va de travers. Dans cet échange intime de confidences et de conseils, le célèbre dominicain n'a pas tort de le dire , l'avantage reste souvent à la femme , à la préoccupation féminine, désintéressée
-ItJ -Mme Swelchine et@du@P. Lacordaire. Quelle floraison ra-vissante ces lettres d'Eugénie deGuérin ! Quelle séve ! Qui ne les préfère à celles de Maurice ou des hommes de lettres ses amis? Combien plus de prime-saut, de naturel, de grâce et de liberté! Chez la soeur, tout est don gratuit@ expansion généreuse chez le frère, on sent la culture par-dessus les dons, l'effort, le moi , l'ambition de l'écrivain. L'avouerai-je ? Dans ces deux volumes mélancoliques qui forment comme un seul testament fraternel, sans vouloir diviser nL choisir, malgré la grande yaleur et le puissant souffle de na-turalisme poétique de Maurice, il me. semble que l'intérêt reste surtout à la correspondance d'Eugénie. J'en dirais presqu'autant du second livre que je si-gnalais tout à l'heure. Peu d'hommes ont été mieux complétés que le P. Lacordaire par leur correspon -dance posthume. Le monde ne l'entrevoyait jusque là qu'à .travers le prestige oratoire qui restera l'un des grands souvenirs intellectuels de notre temps ses lettres , à côté de l'impérissable couronne de l'éloquence, ont montré l'auréole de la bonté, de la sainteté. Cependant, écrivant à cette grande dame russe , à laquelle on aurait mauvaise grâce à refu -ser ses lettres de naturalisation , bien que son esprit et son talent restent empreints du génie mystique de sa race , il était amené à lui dire Vous autres femmes vous avez un art de dire qui est admirable, qui est fin, délicat, enveloppé, ouvert quand il le faut, et à charmer tout l'univers. Il faut nous pardon-ner notre esprit grossier , qui va tout droit même quand il va de travers. Dans cet échange intime de confidences et de conseils, le célèbre dominicain n'a pas tort de le dire , l'avantage reste souvent à la femme , à la préoccupation féminine, désintéressée
#### -Mme Swetchine et du P. Lacordaire. Quelle floraison ra-vissante ces lettres d'Eugénie deGuérin@! Quelle séve@! Qui ne les préfère à celles de Maurice ou des hommes de lettres ses amis? Combien plus de prime-saut, de naturel, de grâce et de liberté! Chez la soeur, tout est don gratuit, expansion généreuse chez le frère, on sent la culture par-dessus les dons, l'effort, le moi@, l'ambition de l'écrivain. L'avouerai-je@? Dans ces deux volumes mélancoliques qui forment comme un seul testament fraternel, sans vouloir diviser ni choisir, malgré la grande valeur et le puissant souffle de na-turalisme poétique de Maurice, il me@ semble que l'intérêt reste surtout à la correspondance d'Eugénie. J'en dirais presqu'autant du second livre que je si-gnalais tout à l'heure. Peu d'hommes ont été mieux complétés que le P. Lacordaire par leur correspon@-dance posthume. Le monde ne l'entrevoyait jusque là qu'à @travers le prestige oratoire qui restera l'un des grands souvenirs intellectuels de notre temps ses lettres@, à côté de l'impérissable couronne de l'éloquence, ont montré l'auréole de la bonté, de la sainteté. Cependant, écrivant à cette grande dame russe@, à laquelle on aurait mauvaise grâce à refu@-ser ses lettres de naturalisation@, bien que son esprit et son talent restent empreints du génie mystique de sa race@, il était amené à lui dire Vous autres femmes vous avez un art de dire qui est admirable, qui est fin, délicat, enveloppé, ouvert quand il le faut, et à charmer tout l'univers. Il faut nous pardon-ner notre esprit grossier@, qui va tout droit même quand il va de travers. Dans cet échange intime de confidences et de conseils, le célèbre dominicain n'a pas tort de le dire@, l'avantage reste souvent à la femme@, à la préoccupation féminine, désintéressée
-ItJ -Mme Swetchine et du P. Lacordaire. Quelle floraison ra-vissante ces lettres d'Eugénie deGuérin@! Quelle séve@! Qui ne les préfère à celles de Maurice ou des hommes de lettres ses amis? Combien plus de prime-saut, de naturel, de grâce et de liberté! Chez la soeur, tout est don gratuit, expansion généreuse chez le frère, on sent la culture par-dessus les dons, l'effort, le moi@, l'ambition de l'écrivain. L'avouerai-je@? Dans ces deux volumes mélancoliques qui forment comme un seul testament fraternel, sans vouloir diviser ni choisir, malgré la grande valeur et le puissant souffle de na-turalisme poétique de Maurice, il me@ semble que l'intérêt reste surtout à la correspondance d'Eugénie. J'en dirais presqu'autant du second livre que je si-gnalais tout à l'heure. Peu d'hommes ont été mieux complétés que le P. Lacordaire par leur correspon@-dance posthume. Le monde ne l'entrevoyait jusque là qu'à @travers le prestige oratoire qui restera l'un des grands souvenirs intellectuels de notre temps ses lettres@, à côté de l'impérissable couronne de l'éloquence, ont montré l'auréole de la bonté, de la sainteté. Cependant, écrivant à cette grande dame russe@, à laquelle on aurait mauvaise grâce à refu@-ser ses lettres de naturalisation@, bien que son esprit et son talent restent empreints du génie mystique de sa race@, il était amené à lui dire Vous autres femmes vous avez un art de dire qui est admirable, qui est fin, délicat, enveloppé, ouvert quand il le faut, et à charmer tout l'univers. Il faut nous pardon-ner notre esprit grossier@, qui va tout droit même quand il va de travers. Dans cet échange intime de confidences et de conseils, le célèbre dominicain n'a pas tort de le dire@, l'avantage reste souvent à la femme@, à la préoccupation féminine, désintéressée
-ItJ -Mme Swetchine et du P. Lacordaire. Quelle floraison ra-vissante ces lettres d'Eugénie deGuérin! Quelle séve! Qui ne les préfère à celles de Maurice ou des hommes de lettres ses amis? Combien plus de prime-saut, de naturel, de grâce et de liberté! Chez la soeur, tout est don gratuit, expansion généreuse chez le frère, on sent la culture par-dessus les dons, l'effort, le moi, l'ambition de l'écrivain. L'avouerai-je? Dans ces deux volumes mélancoliques qui forment comme un seul testament fraternel, sans vouloir diviser ni choisir, malgré la grande valeur et le puissant souffle de na-turalisme poétique de Maurice, il me semble que l'intérêt reste surtout à la correspondance d'Eugénie. J'en dirais presqu'autant du second livre que je si-gnalais tout à l'heure. Peu d'hommes ont été mieux complétés que le P. Lacordaire par leur correspon-dance posthume. Le monde ne l'entrevoyait jusque là qu'à travers le prestige oratoire qui restera l'un des grands souvenirs intellectuels de notre temps ses lettres, à côté de l'impérissable couronne de l'éloquence, ont montré l'auréole de la bonté, de la sainteté. Cependant, écrivant à cette grande dame russe, à laquelle on aurait mauvaise grâce à refu-ser ses lettres de naturalisation, bien que son esprit et son talent restent empreints du génie mystique de sa race, il était amené à lui dire Vous autres femmes vous avez un art de dire qui est admirable, qui est fin, délicat, enveloppé, ouvert quand il le faut, et à charmer tout l'univers. Il faut nous pardon-ner notre esprit grossier, qui va tout droit même quand il va de travers. Dans cet échange intime de confidences et de conseils, le célèbre dominicain n'a pas tort de le dire, l'avantage reste souvent à la femme, à la préoccupation féminine, désintéressée
21
0.011844
0.039157
29.txt
1,863
-25 -pour le temps do ses couches, on ne crut pas la lui devoir refuser pour un terme si court. Mais la Providence, qui avait ses vues , dis-posa tellement les choses, qu'Armelle ne sor-tit plus de la maison où elle était entrée. Au fond, le monde avait plus besoin de grands exemples de vertus du'une communauté qui en était elle-même un modèle accompli. Quelque admirables qu'eussent été les états par où elle avait passé jusqu'alors , Dieu la fit entrer dans des voies encore plus sublimes. Je n'entreprendrai pas de les décrire ici ils passent ma portée et celle delà jeunesse pour qui j'écris. Je me contenterai de dire qu'Ar-melle fut élevée à la plus haute contempla-tion que de l'avis de ceux qui la dirigeaient, elle fit voeu de faire toujours ce qu'elle juge-rait plus conforme à la divine volonté voeu héroïque, mais voeu dont le projet n'est per-mis qu'aux Thérèse et à ce très petit nombre d'âmes privilégiées qui , comme elle, suivent partout l'époux à l'odeur de ses parfums et que, quelques temps après, méditant un jour de Noël sur la pauvreté de Jésus-Christ nais-sant dans une étable, elle se sentit pressée intérieurement d'ajouter aux doux voeux qu'elle avait déjà faits celui de pauvreté ce qu'elle Armelle. 2
-25 -pour le temps do ses couches, on ne crut pas la lui devoir refuser pour un terme si court. Mais la Providence, qui avait ses vues , dis-posa tellement les choses, qu'Armelle ne sor-tit plus de la maison où elle était entrée. Au fond, le monde avait plus besoin de grands exemples de vertus du'une communauté qui en était elle-même un modèle accompli. Quelque admirables qu'eussent été les états par où elle avait passé jusqu'alors , Dieu la fit entrer dans des voies encore plus sublimes. Je n'entreprendrai pas de les décrire ici ils passent ma portée et celle de@là jeunesse pour qui j'écris. Je me contenterai de dire qu'Ar-melle fut élevée à la plus haute contempla-tion que de l'avis de ceux qui la dirigeaient, elle fit voeu de faire toujours ce qu'elle juge-rait plus conforme à la divine volonté voeu héroïque, mais voeu dont le projet n'est per-mis qu'aux Thérèse et à ce très petit nombre d'âmes privilégiées qui , comme elle, suivent partout l'époux à l'odeur de ses parfums et que, quelques temps après, méditant un jour de Noël sur la pauvreté de Jésus-Christ nais-sant dans une étable, elle se sentit pressée intérieurement d'ajouter aux doux voeux qu'elle avait déjà faits celui de pauvreté ce qu'elle @@@@@Armelle. 2
######### le temps de ses couches, on ne crut pas la lui devoir refuser pour un terme si court. Mais la Providence, qui avait ses vues , dis-posa tellement les choses, qu'Armelle ne sor-tit plus de la maison où elle était entrée. Au fond, le monde avait plus besoin de grands exemples de vertus du'une communauté qui en était elle-même un modèle accompli. Quelque admirables qu'eussent été les états par où elle avait passé jusqu'alors , Dieu la fit entrer dans des voies encore plus sublimes. Je n'entreprendrai pas de les décrire ici ils passent ma portée et celle de la jeunesse pour qui j'écris. Je me contenterai de dire qu'Ar-melle fut élevée à la plus haute contempla-tion que de l'avis de ceux qui la dirigeaient, elle fit voeu de faire toujours ce qu'elle juge-rait plus conforme à la divine volonté voeu héroïque, mais voeu dont le projet n'est per-mis qu'aux Thérèse et à ce très petit nombre d'âmes privilégiées qui , comme elle, suivent partout l'époux à l'odeur de ses parfums et que, quelques temps après, méditant un jour de Noël sur la pauvreté de Jésus-Christ nais-sant dans une étable, elle se sentit pressée intérieurement d'ajouter aux doux voeux qu'elle avait déjà faits celui de pauvreté ce qu'elle @@@@@Armelle. 2
-25 -pour le temps de ses couches, on ne crut pas la lui devoir refuser pour un terme si court. Mais la Providence, qui avait ses vues , dis-posa tellement les choses, qu'Armelle ne sor-tit plus de la maison où elle était entrée. Au fond, le monde avait plus besoin de grands exemples de vertus du'une communauté qui en était elle-même un modèle accompli. Quelque admirables qu'eussent été les états par où elle avait passé jusqu'alors , Dieu la fit entrer dans des voies encore plus sublimes. Je n'entreprendrai pas de les décrire ici ils passent ma portée et celle de la jeunesse pour qui j'écris. Je me contenterai de dire qu'Ar-melle fut élevée à la plus haute contempla-tion que de l'avis de ceux qui la dirigeaient, elle fit voeu de faire toujours ce qu'elle juge-rait plus conforme à la divine volonté voeu héroïque, mais voeu dont le projet n'est per-mis qu'aux Thérèse et à ce très petit nombre d'âmes privilégiées qui , comme elle, suivent partout l'époux à l'odeur de ses parfums et que, quelques temps après, méditant un jour de Noël sur la pauvreté de Jésus-Christ nais-sant dans une étable, elle se sentit pressée intérieurement d'ajouter aux doux voeux qu'elle avait déjà faits celui de pauvreté ce qu'elle @@@@@Armelle. 2
-25 -pour le temps de ses couches, on ne crut pas la lui devoir refuser pour un terme si court. Mais la Providence, qui avait ses vues , dis-posa tellement les choses, qu'Armelle ne sor-tit plus de la maison où elle était entrée. Au fond, le monde avait plus besoin de grands exemples de vertus du'une communauté qui en était elle-même un modèle accompli. Quelque admirables qu'eussent été les états par où elle avait passé jusqu'alors , Dieu la fit entrer dans des voies encore plus sublimes. Je n'entreprendrai pas de les décrire ici ils passent ma portée et celle de la jeunesse pour qui j'écris. Je me contenterai de dire qu'Ar-melle fut élevée à la plus haute contempla-tion que de l'avis de ceux qui la dirigeaient, elle fit voeu de faire toujours ce qu'elle juge-rait plus conforme à la divine volonté voeu héroïque, mais voeu dont le projet n'est per-mis qu'aux Thérèse et à ce très petit nombre d'âmes privilégiées qui , comme elle, suivent partout l'époux à l'odeur de ses parfums et que, quelques temps après, méditant un jour de Noël sur la pauvreté de Jésus-Christ nais-sant dans une étable, elle se sentit pressée intérieurement d'ajouter aux doux voeux qu'elle avait déjà faits celui de pauvreté ce qu'elle Armelle. 2
3
0.002435
0.013158
869.txt
1,858
478 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. - C'est votre faute, dit Ludovic avec l'irritation que lui donnait la conscience de son état. - Allons, vous y revenez, reprit Melchior. Il est dit qwe-vous pousserez l'ingratitude jusqu'au bout. Je me fâcherais si j'avais le caractère plus mal fait. Ma faute! -Comme si j'é-tais responsable des faiblesses de votre estomac. Ma faute ! Dites que c'est celle de votre déplorable organisation. YojiM plutôt. N'en ai-je pas pris autant et plus que vous? Pourtant ma vue est nette et mon pas ferme. Que voulez-vous, grand homme? On ne peut pas avoir tous les honneurs et cumuler toutes les gloires. De ce que la tête est pleine de science, il ne s'ensuit pas qu'elle soit à l'abri de pareils accidents. - C'est votre faute, répéta le licencié avec son idée fixe. - Encore? Vous devenez fastidieux, mon garçon. Heureu-sement que vous avez affaire au plus grand coeur qui ait jamais battu dans une poitrine humaine. Ma philosophie est au-dessus de vos égarements. Allez, j'en ai vu et essuyé bien d'autres. La vie a de ces retours. Ce matin vous étiez au pi-nacle, maintenant vous voilà légèrement déchu. Qu'est-ce que cela prouve? qu'il ne faut ici-bas ni trop s'enorgueillir, ni trop se désespérer. Demain, grand homme, pas plus tard que demain, vous rentrerez dans votre assiette, aussi intact et aussi licencié que jamais. Les effets de la boisson auront disparaît vos lauriers seront toujours verts c'est l'affaire d'un ooup d'oreiller. , Demain, non pas demain, aujourd'hui, dit Ludovic. - Ahl pour ça, je n'en saurais répondre question de tem-pérament. En-attendant, tâchez de poser un pied devant l'autre, et ne me marchez pas sur les orteils comme vous le faites si obstinément. Un peu de tenue, si c'est possible priez vos jambes d'y mettre du leur elles portent désormais un avocat. -Pendant cet entretien, mêlé de railleries, Melchior entraî-nait Ludovic vers le quartier qu'ils habitaient. Notre pauvre étudiant était, il faut le dire, fort mal accommodé il expiait en un jour plusieurs années de privations. Afin de maintenir son budget dans un équilibre satisfaisant, il s'était mis de la manière la plus stricte au régime des sociétés de tempérance. De là cette atteinte portée à son sang-froid. Dès les premiers verres, ces boissons, peu familières pour lui, avaient agi sur
478 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. - C'est votre faute, dit Ludovic avec l'irritation que lui donnait la conscience de son état. - Allons, vous y revenez, reprit Melchior. Il est dit qwe-vous pousserez l'ingratitude jusqu'au bout. Je me fâcherais si j'avais le caractère plus mal fait. Ma faute@! -Comme si j'é-tais responsable des faiblesses de votre estomac. Ma faute ! Dites que c'est celle de votre déplorable organisation. YojiM plutôt. N'en ai-je pas pris autant et plus que vous@? Pourtant ma vue est nette et mon pas ferme. Que voulez-vous, grand homme@? On ne peut pas avoir tous les honneurs et cumuler toutes les gloires. De ce que la tête est pleine de science, il ne s'ensuit pas qu'elle soit à l'abri de pareils accidents. - C'est votre faute, répéta le licencié avec son idée fixe. - Encore@? Vous devenez fastidieux, mon garçon. Heureu-sement que vous avez affaire au plus grand coeur qui ait jamais battu dans une poitrine humaine. Ma philosophie est au-dessus de vos égarements. Allez, j'en ai vu et essuyé bien d'autres. La vie a de ces retours. Ce matin vous étiez au pi-nacle, maintenant vous voilà légèrement déchu. Qu'est-ce que cela prouve@? qu'il ne faut ici-bas ni trop s'enorgueillir, ni trop se désespérer. Demain, grand homme, pas plus tard que demain, vous rentrerez dans votre assiette, aussi intact et aussi licencié que jamais. Les effets de la boisson auront dispar@aît vos lauriers seront toujours verts c'est l'affaire d'un ooup d'oreiller. , Demain, non pas demain, aujourd'hui, dit Ludovic. - Ah@l pour ça, je n'en saurais répondre question de tem-pérament. En-attendant, tâchez de poser un pied devant l'autre, et ne me marchez pas sur les orteils comme vous le faites si obstinément. Un peu de tenue, si c'est possible priez vos jambes d'y mettre du leur elles portent désormais un avocat. -Pendant cet entretien, mêlé de railleries, Melchior entraî-nait Ludovic vers le quartier qu'ils habitaient. Notre pauvre étudiant était, il faut le dire, fort mal accommodé il expiait en un jour plusieurs années de privations. Afin de maintenir son budget dans un équilibre satisfaisant, il s'était mis de la manière la plus stricte au régime des sociétés de tempérance. De là cette atteinte portée à son sang-froid. Dès les premiers verres, ces boissons, peu familières pour lui, avaient agi sur
### CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -@C'est votre faute, dit Ludovic avec l'irritation que lui donnait la conscience de son état. -@Allons, vous y revenez, reprit Melchior. Il est dit que vous pousserez l'ingratitude jusqu'au bout. Je me fâcherais si j'avais le caractère plus mal fait. Ma faute ! @Comme si j'é-tais responsable des faiblesses de votre estomac. Ma faute ! Dites que c'est celle de votre déplorable organisation. Voyez plutôt. N'en ai-je pas pris autant et plus que vous ? Pourtant ma vue est nette et mon pas ferme. Que voulez-vous, grand homme ? On ne peut pas avoir tous les honneurs et cumuler toutes les gloires. De ce que la tête est pleine de science, il ne s'ensuit pas qu'elle soit à l'abri de pareils accidents. -@C'est votre faute, répéta le licencié avec son idée fixe. -@Encore ? Vous devenez fastidieux, mon garçon. Heureu-sement que vous avez affaire au plus grand coeur qui ait jamais battu dans une poitrine humaine. Ma philosophie est au-dessus de vos égarements. Allez, j'en ai vu et essuyé bien d'autres. La vie a de ces retours. Ce matin vous étiez au pi-nacle, maintenant vous voilà légèrement déchu. Qu'est-ce que cela prouve ? qu'il ne faut ici-bas ni trop s'enorgueillir, ni trop se désespérer. Demain, grand homme, pas plus tard que demain, vous rentrerez dans votre assiette, aussi intact et aussi licencié que jamais. Les effets de la boisson auront disparu et vos lauriers seront toujours verts c'est l'affaire d'un coup d'oreiller. @-Demain, non pas demain, aujourd'hui, dit Ludovic. -@Ah ! pour ça, je n'en saurais répondre question de tem-pérament. En attendant, tâchez de poser un pied devant l'autre, et ne me marchez pas sur les orteils comme vous le faites si obstinément. Un peu de tenue, si c'est possible priez vos jambes d'y mettre du leur elles portent désormais un avocat. @Pendant cet entretien, mêlé de railleries, Melchior entraî-nait Ludovic vers le quartier qu'ils habitaient. Notre pauvre étudiant était, il faut le dire, fort mal acco@modé il expiait en un jour plusieurs années de privations. Afin de maintenir son budget dans un équilibre satisfaisant, il s'était mis de la manière la plus stricte au régime des sociétés de tempérance. De là cette atteinte portée à son sang-froid. Dès les premiers verres, ces boissons, peu familières pour lui, avaient agi sur
478 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -@C'est votre faute, dit Ludovic avec l'irritation que lui donnait la conscience de son état. -@Allons, vous y revenez, reprit Melchior. Il est dit que vous pousserez l'ingratitude jusqu'au bout. Je me fâcherais si j'avais le caractère plus mal fait. Ma faute ! @Comme si j'é-tais responsable des faiblesses de votre estomac. Ma faute ! Dites que c'est celle de votre déplorable organisation. Voyez plutôt. N'en ai-je pas pris autant et plus que vous ? Pourtant ma vue est nette et mon pas ferme. Que voulez-vous, grand homme ? On ne peut pas avoir tous les honneurs et cumuler toutes les gloires. De ce que la tête est pleine de science, il ne s'ensuit pas qu'elle soit à l'abri de pareils accidents. -@C'est votre faute, répéta le licencié avec son idée fixe. -@Encore ? Vous devenez fastidieux, mon garçon. Heureu-sement que vous avez affaire au plus grand coeur qui ait jamais battu dans une poitrine humaine. Ma philosophie est au-dessus de vos égarements. Allez, j'en ai vu et essuyé bien d'autres. La vie a de ces retours. Ce matin vous étiez au pi-nacle, maintenant vous voilà légèrement déchu. Qu'est-ce que cela prouve ? qu'il ne faut ici-bas ni trop s'enorgueillir, ni trop se désespérer. Demain, grand homme, pas plus tard que demain, vous rentrerez dans votre assiette, aussi intact et aussi licencié que jamais. Les effets de la boisson auront disparu et vos lauriers seront toujours verts c'est l'affaire d'un coup d'oreiller. @-Demain, non pas demain, aujourd'hui, dit Ludovic. -@Ah ! pour ça, je n'en saurais répondre question de tem-pérament. En attendant, tâchez de poser un pied devant l'autre, et ne me marchez pas sur les orteils comme vous le faites si obstinément. Un peu de tenue, si c'est possible priez vos jambes d'y mettre du leur elles portent désormais un avocat. @Pendant cet entretien, mêlé de railleries, Melchior entraî-nait Ludovic vers le quartier qu'ils habitaient. Notre pauvre étudiant était, il faut le dire, fort mal acco@modé il expiait en un jour plusieurs années de privations. Afin de maintenir son budget dans un équilibre satisfaisant, il s'était mis de la manière la plus stricte au régime des sociétés de tempérance. De là cette atteinte portée à son sang-froid. Dès les premiers verres, ces boissons, peu familières pour lui, avaient agi sur
478 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -C'est votre faute, dit Ludovic avec l'irritation que lui donnait la conscience de son état. -Allons, vous y revenez, reprit Melchior. Il est dit que vous pousserez l'ingratitude jusqu'au bout. Je me fâcherais si j'avais le caractère plus mal fait. Ma faute ! Comme si j'é-tais responsable des faiblesses de votre estomac. Ma faute ! Dites que c'est celle de votre déplorable organisation. Voyez plutôt. N'en ai-je pas pris autant et plus que vous ? Pourtant ma vue est nette et mon pas ferme. Que voulez-vous, grand homme ? On ne peut pas avoir tous les honneurs et cumuler toutes les gloires. De ce que la tête est pleine de science, il ne s'ensuit pas qu'elle soit à l'abri de pareils accidents. -C'est votre faute, répéta le licencié avec son idée fixe. -Encore ? Vous devenez fastidieux, mon garçon. Heureu-sement que vous avez affaire au plus grand coeur qui ait jamais battu dans une poitrine humaine. Ma philosophie est au-dessus de vos égarements. Allez, j'en ai vu et essuyé bien d'autres. La vie a de ces retours. Ce matin vous étiez au pi-nacle, maintenant vous voilà légèrement déchu. Qu'est-ce que cela prouve ? qu'il ne faut ici-bas ni trop s'enorgueillir, ni trop se désespérer. Demain, grand homme, pas plus tard que demain, vous rentrerez dans votre assiette, aussi intact et aussi licencié que jamais. Les effets de la boisson auront disparu et vos lauriers seront toujours verts c'est l'affaire d'un coup d'oreiller. -Demain, non pas demain, aujourd'hui, dit Ludovic. -Ah ! pour ça, je n'en saurais répondre question de tem-pérament. En attendant, tâchez de poser un pied devant l'autre, et ne me marchez pas sur les orteils comme vous le faites si obstinément. Un peu de tenue, si c'est possible priez vos jambes d'y mettre du leur elles portent désormais un avocat. Pendant cet entretien, mêlé de railleries, Melchior entraî-nait Ludovic vers le quartier qu'ils habitaient. Notre pauvre étudiant était, il faut le dire, fort mal accomodé il expiait en un jour plusieurs années de privations. Afin de maintenir son budget dans un équilibre satisfaisant, il s'était mis de la manière la plus stricte au régime des sociétés de tempérance. De là cette atteinte portée à son sang-froid. Dès les premiers verres, ces boissons, peu familières pour lui, avaient agi sur
28
0.012069
0.050998
855.txt
1,858
CE qu'on PEUT VOIR DANS une, RUE. 163 sin, on va s'éclipser. Point d'étiquette entre nou. point d'éti-quette. Il battait en retraite, quand Ludovic le rappel - Comme vous le prenez, lui dit-il. Mais entrez donc, voici un siège. C'était le seul qui garnit la mansarde et tînt compagnie à celui qu'occupait Ludovic. - A la bonne heure, reprit Melchior en se rendant à l'in-vitation je vous reconnais là. On cite les montagnards par la manière dont Hs exercent l'hospitalité. Vous ne dérogez point à la tradition. Aucune vertu ne vous est étrangère. Vous permettez, n'est-çe pas? H montrait en même temps sa pipe, d'où s'exhalait un nuage qui, peu à peu, envahissait le local - Faites comme chez vous, lui dit Ludovic. - De mieux en mieux, mon camarade, poursuivit Mul-chior. C'est que, voyez-vous, mon brûlot et moi, nous ne nous -quittons guère qui voit l'unvoit l'autre. Un bel instru-ment, doux et commode, et perfectionné 1 Un objet d'art, quoi! Jugez plutôt. En effet le brûlot, comme l'appelait Melchior, n'était pas indigne de l'enthousiasme qu'il inspirait à son propriétaire. C'était une pipe allemande du plus beau grain et d'une di-mension interdite à des fumeurs vulgaires. Point d'orne-ments , point d'enjolivures mais de l'harmonie dans les formes et ces gradations de couleurs, ces couches succes-sives, qui décorent la noix à la suite d'un long et intelligent exercice. Malheureusement, de tels mérites ne sont sensibles que pour les connaisseurs, et Ludovic ne l'était pas il ne répondit que par un acquiescement poli - Oui, dit-il, c'est un bon meuble 1 Vous paraissez y tenir? - Comme à mon souffle, répondit Melchior en exhalant une nouvelle bouffée. Ma vie durant ce sera ma compagne, et, après ma mort, elle ornera mon tombeau. A l'appui de cette réflexion philosophique et comme sanc-tion, Melchior dégorgea sa pipe, la chargea de nouveau et y fit flamber un morceau d'amadou en guise d'amorce. En même temps la langue allait son train. - Et Justinien, comment le traitons-nous? dit-il en repre-nant son thème ordinaire. Bon, le voici encore sur votre
CE qu'on PEUT VOIR DANS une, RUE. 163 sin, on va s'éclipser. Point d'étiquette entre nou@. point d'éti-quette. Il battait en retraite, quand Ludovic le rappel@@ - Comme vous le prenez, lui dit-il. Mais entrez donc, voici un siège. C'était le seul qui garnit la mansarde et tînt compagnie à celui qu'occupait Ludovic. - A la bonne heure, reprit Melchior en se rendant à l'in-vitation je vous reconnais là. On cite les montagnards par la manière dont @Hs exercent l'hospitalité. Vous ne dérogez point à la tradition. Aucune vertu ne vous est étrangère. Vous permettez, n'est-çe pas@? @H montrait en même temps sa pipe, d'où s'exhalait un nuage qui, peu à peu, envahissait le local - Faites comme chez vous, lui dit Ludovic. - De mieux en mieux, mon camarade, poursuivit Mul-chior. C'est que, voyez-vous, mon brûlot et moi, nous ne nous -quittons guère qui voit l'un@voit l'autre. Un bel instru-ment, doux et commode, et perfectionné 1 Un objet d'art, quoi@! Jugez plutôt. En effet le brûlot, comme l'appelait Melchior, n'était pas indigne de l'enthousiasme qu'il inspirait à son propriétaire. C'était une pipe allemande du plus beau grain et d'une di-mension interdite à des fumeurs vulgaires. Point d'orne-ments , point d'enjolivures mais de l'harmonie dans les formes et ces gradations de couleurs, ces couches succes-sives, qui décorent la noix à la suite d'un long et intelligent exercice. Malheureusement, de tels mérites ne sont sensibles que pour les connaisseurs, et Ludovic ne l'était pas il ne répondit que par un acquiescement poli - Oui, dit-il, c'est un bon meuble 1 Vous paraissez y tenir@? - Comme à mon souffle, répondit Melchior en exhalant une nouvelle bouffée. Ma vie durant ce sera ma compagne, et, après ma mort, elle ornera mon tombeau. A l'appui de cette réflexion philosophique et comme sanc-tion, Melchior dégorgea sa pipe, la chargea de nouveau et y fit flamber un morceau d'amadou en guise d'amorce. En même temps la langue allait son train. - Et Justinien, comment le traitons-nous@? dit-il en repre-nant son thème ordinaire@@. Bon, le voici encore sur votre
CE ##### PEUT VOIR DANS UNE@ RUE. 163 si@, on va s'éclipser. Point d'étiquette entre nous, point d'éti-quette. Il battait en retraite, quand Ludovic le rappela. -@Comme vous le prenez, lui dit-il. Mais entrez donc, voici un siége. C'était le seul qui garnit la mansarde et tînt compagnie à celui qu'occupait Ludovic. -@A la bonne heure, reprit Melchior en se rendant à l'in-vitation je vous reconnais là. On cite les montagnards par la manière dont ils exercent l'hospitalité. Vous ne dérogez point à la tradition. Aucune vertu ne vous est étrangère. Vous permettez, n'est-ce pas ? Il montrait en même temps sa pipe, d'où s'exhalait un nuage qui, peu à peu, envahissait le local -@Faites comme chez vous, lui dit Ludovic. -@De mieux en mieux, mon camarade, poursuivit Mel-chior. C'est que, voyez-vous, mon brûlot et moi, nous ne nous @quittons guère qui voit l'un voit l'autre. Un bel instru-ment, doux et commode, et perfectionné ! Un objet d'art, quoi ! Jugez plutôt. En effet le brûlot, comme l'appelait Melchior, n'était pas indigne de l'enthousiasme qu'il inspirait à son propriétaire. C'était une pipe allemande du plus beau grain et d'une di-mension interdite à des fumeurs vulgaires. Point d'orne-ments@, point d'enjolivures mais de l'harmonie dans les formes et ces gradations de couleurs, ces couches succes-sives, qui décorent la noix à la suite d'un long et intelligent exercice. Malheureusement, de tels mérites ne sont sensibles que pour les connaisseurs, et Ludovic ne l'était pas il ne répondit que par un acquiescement poli -@Oui, dit-il, c'est un bon meuble ! Vous paraissez y tenir ? -@Comme à mon souffle, répondit Melchoir en exhalant une nouvelle bouffée. Ma vie durant ce sera ma compagne, et, après ma mort, elle ornera mon tombeau. A l'appui de cette réflexion philosophique et comme sanc-tion, Melchior dégorgea sa pipe, la chargea de nouveau et y fit flamber un morceau d'amadou en guise d'amorce. En même temps la langue allait son train. -@Et Justinien, comment le traitons-nous ? dit-il en repre-nant son thème ordinaire... Bon, le voici encore sur votre
CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE@ RUE. 163 si@, on va s'éclipser. Point d'étiquette entre nous, point d'éti-quette. Il battait en retraite, quand Ludovic le rappela. -@Comme vous le prenez, lui dit-il. Mais entrez donc, voici un siége. C'était le seul qui garnit la mansarde et tînt compagnie à celui qu'occupait Ludovic. -@A la bonne heure, reprit Melchior en se rendant à l'in-vitation je vous reconnais là. On cite les montagnards par la manière dont ils exercent l'hospitalité. Vous ne dérogez point à la tradition. Aucune vertu ne vous est étrangère. Vous permettez, n'est-ce pas ? Il montrait en même temps sa pipe, d'où s'exhalait un nuage qui, peu à peu, envahissait le local -@Faites comme chez vous, lui dit Ludovic. -@De mieux en mieux, mon camarade, poursuivit Mel-chior. C'est que, voyez-vous, mon brûlot et moi, nous ne nous @quittons guère qui voit l'un voit l'autre. Un bel instru-ment, doux et commode, et perfectionné ! Un objet d'art, quoi ! Jugez plutôt. En effet le brûlot, comme l'appelait Melchior, n'était pas indigne de l'enthousiasme qu'il inspirait à son propriétaire. C'était une pipe allemande du plus beau grain et d'une di-mension interdite à des fumeurs vulgaires. Point d'orne-ments@, point d'enjolivures mais de l'harmonie dans les formes et ces gradations de couleurs, ces couches succes-sives, qui décorent la noix à la suite d'un long et intelligent exercice. Malheureusement, de tels mérites ne sont sensibles que pour les connaisseurs, et Ludovic ne l'était pas il ne répondit que par un acquiescement poli -@Oui, dit-il, c'est un bon meuble ! Vous paraissez y tenir ? -@Comme à mon souffle, répondit Melchoir en exhalant une nouvelle bouffée. Ma vie durant ce sera ma compagne, et, après ma mort, elle ornera mon tombeau. A l'appui de cette réflexion philosophique et comme sanc-tion, Melchior dégorgea sa pipe, la chargea de nouveau et y fit flamber un morceau d'amadou en guise d'amorce. En même temps la langue allait son train. -@Et Justinien, comment le traitons-nous ? dit-il en repre-nant son thème ordinaire... Bon, le voici encore sur votre
CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 163 si, on va s'éclipser. Point d'étiquette entre nous, point d'éti-quette. Il battait en retraite, quand Ludovic le rappela. -Comme vous le prenez, lui dit-il. Mais entrez donc, voici un siége. C'était le seul qui garnit la mansarde et tînt compagnie à celui qu'occupait Ludovic. -A la bonne heure, reprit Melchior en se rendant à l'in-vitation je vous reconnais là. On cite les montagnards par la manière dont ils exercent l'hospitalité. Vous ne dérogez point à la tradition. Aucune vertu ne vous est étrangère. Vous permettez, n'est-ce pas ? Il montrait en même temps sa pipe, d'où s'exhalait un nuage qui, peu à peu, envahissait le local -Faites comme chez vous, lui dit Ludovic. -De mieux en mieux, mon camarade, poursuivit Mel-chior. C'est que, voyez-vous, mon brûlot et moi, nous ne nous quittons guère qui voit l'un voit l'autre. Un bel instru-ment, doux et commode, et perfectionné ! Un objet d'art, quoi ! Jugez plutôt. En effet le brûlot, comme l'appelait Melchior, n'était pas indigne de l'enthousiasme qu'il inspirait à son propriétaire. C'était une pipe allemande du plus beau grain et d'une di-mension interdite à des fumeurs vulgaires. Point d'orne-ments, point d'enjolivures mais de l'harmonie dans les formes et ces gradations de couleurs, ces couches succes-sives, qui décorent la noix à la suite d'un long et intelligent exercice. Malheureusement, de tels mérites ne sont sensibles que pour les connaisseurs, et Ludovic ne l'était pas il ne répondit que par un acquiescement poli -Oui, dit-il, c'est un bon meuble ! Vous paraissez y tenir ? -Comme à mon souffle, répondit Melchoir en exhalant une nouvelle bouffée. Ma vie durant ce sera ma compagne, et, après ma mort, elle ornera mon tombeau. A l'appui de cette réflexion philosophique et comme sanc-tion, Melchior dégorgea sa pipe, la chargea de nouveau et y fit flamber un morceau d'amadou en guise d'amorce. En même temps la langue allait son train. -Et Justinien, comment le traitons-nous ? dit-il en repre-nant son thème ordinaire... Bon, le voici encore sur votre
36
0.017366
0.080201
699.txt
1,875
DE LAROCHEFOUCAULlJ. 175 avaient pris créance dans son esprit, ouvrait les avis les plus rigoureux qui étaient suivis par la cabale des frondeurs de sorte que son nom faisait bruit dans les assemblées des chambres, et il s'était rendu chef de ce parti dans le parlement, d'autant plus accrédité que son âge et sa pauvreté le mettaient hors des atteintes de l'envie. Or, comme le peuple, qui ne bougeait du palais, était informé qu'il s'intéressait puissamment pour son sou-lagement, il le prit en affection, et lui donna ce beau titre de son père. L'arrêter était un coup bien hardi, et pouvait être très-salutaire s'il eût réussi mais aussi il pouvait avoir des suites dangereuses, comme nous verrons pourtant il fut heureusement exécuté par Comminges 1 , le matin que l'on chanta le Te Deum, à Notre-Dame, de la victoire de Lens, durant que les compagnies des gardes étaient en haie dans les rues et il fut conduit en sûreté hors de la ville avec le président de Blancmesnil pour être transféré à Sedan. Deux heures après que le bruit de l'enlèvement de Broussel se fut répandu, les bourgeois du quartier 1 On lit, dans une relation manuscrite concernant la journée des Barricades, les détails suivants Le matin du 26 août 1648, M. de Comminges, lieutenant des gardes de la reine, accompagné de quinze ou seize de ses gardes, alla chercher M. de Broussel, conseiller de la grand'chambre, en sa maison au port Saint-Landry, proche Notre-Dame. Ce magistrat achevait de dîner on ne lui donna pas le temps de prendre son manteau il eut seulement celui de dire à ses enfants ces paroles remarquables lies enfants, je n'espère pas vous revoir jamais, je vous donne ma btnédiction je ne vous laisse point de bien, mais je vous laisse un peu d'honneur ayez f soin de le conserver.
DE LAROCHEFOUCAULlJ. 175 avaient pris créance dans son esprit, ouvrait les avis les plus rigoureux qui étaient suivis par la cabale des frondeurs de sorte que son nom faisait bruit dans les assemblées des chambres, et il s'était rendu chef de ce parti dans le parlement, d'autant plus accrédité que son âge et sa pauvreté le mettaient hors des atteintes de l'envie. Or, comme le peuple, qui ne bougeait du palais, était informé qu'il s'intéressait puissamment pour son sou-lagement, il le prit en affection, et lui donna ce beau titre de son père. L'arrêter était un coup bien hardi, et pouvait être très-salutaire s'il eût réussi mais aussi il pouvait avoir des suites dangereuses, comme nous verrons pourtant il fut heureusement exécuté par Comminges 1 , le matin que l'on chanta le Te Deum, à Notre-Dame, de la victoire de Lens, durant que les compagnies des gardes étaient en haie dans les rues et il fut conduit en sûreté hors de la ville avec le président de Blancmesnil pour être transféré à Sedan. Deux heures après que le bruit de l'enlèvement de Broussel se fut répandu, les bourgeois du quartier 1 On lit, dans une relation manuscrite concernant la journée des Barricades, les détails suivants Le matin du 26 août 1648, M. de Comminges, lieutenant des gardes de la reine, accompagné de quinze ou seize de ses gardes, alla chercher M. de Broussel, conseiller de la grand'chambre, en sa maison au port Saint-Landry, proche Notre-Dame. Ce magistrat achevait de dîner on ne lui donna pas le temps de prendre son manteau il eut seulement celui de dire à ses enfants ces paroles remarquables lies enfants, je n'espère pas vous revoir jamais, je vous donne ma btnédiction je ne vous laisse point de bien, mais je vous laisse un peu d'honneur ayez f soin de le conserver.
DE LAROCHEFOUCAUL@D. 175 avaient pris créance dans son esprit, ouvrait les avis les plus rigoureux qui étaient suivis par la cabale des frondeurs de sorte que son nom faisait bruit dans les assemblées des chambres, et il s'était rendu chef de ce parti dans le parlement, d'autant plus accrédité que son âge et sa pauvreté le mettaient hors des atteintes de l'envie. Or, comme le peuple, qui ne bougeait du palais, était informé qu'il s'intéressait puissamment pour son sou-lagement, il le prit en affection, et lui donna ce beau titre de son père. L'arrêter était un coup bien hardi, et pouvait être très-salutaire s'il eût réussi mais aussi il pouvait avoir des suites dangereuses, comme nous verrons pourtant il fut heureusement exécuté par Comminges 1 , le matin que l'on chanta le Te Deum, à Notre-Dame, de la victoire de Lens, durant que les compagnies des gardes étaient en haie dans les rues et il fut conduit en sûreté hors de la ville avec le président de Blancmesnil pour être transféré à Sedan. Deux heures après que le bruit de l'enlèvement de Broussel se fut répandu, les bourgeois du quartier 1 On lit, dans une relation manuscrite concernant la journée des Barricades, les détails suivants Le matin du 26 août 1648, M. de Comminges, lieutenant des gardes de la reine, accompagné de quinze ou seize de ses gardes, alla chercher M. de Broussel, conseiller de la grand'chambre, en sa maison au port Saint-Landry, proche Notre-Dame. Ce magistrat achevait de dîner on ne lui donna pas le temps de prendre son manteau il eut seulement celui de dire à ses enfants ces paroles remarquables @Mes enfants, je n'espère pas vous revoir jamais, je vous donne ma bénédiction je ne vous laisse point de bien, mais je vous laisse un peu d'honneur ayezez soin de le conserver.
DE LAROCHEFOUCAUL@D. 175 avaient pris créance dans son esprit, ouvrait les avis les plus rigoureux qui étaient suivis par la cabale des frondeurs de sorte que son nom faisait bruit dans les assemblées des chambres, et il s'était rendu chef de ce parti dans le parlement, d'autant plus accrédité que son âge et sa pauvreté le mettaient hors des atteintes de l'envie. Or, comme le peuple, qui ne bougeait du palais, était informé qu'il s'intéressait puissamment pour son sou-lagement, il le prit en affection, et lui donna ce beau titre de son père. L'arrêter était un coup bien hardi, et pouvait être très-salutaire s'il eût réussi mais aussi il pouvait avoir des suites dangereuses, comme nous verrons pourtant il fut heureusement exécuté par Comminges 1 , le matin que l'on chanta le Te Deum, à Notre-Dame, de la victoire de Lens, durant que les compagnies des gardes étaient en haie dans les rues et il fut conduit en sûreté hors de la ville avec le président de Blancmesnil pour être transféré à Sedan. Deux heures après que le bruit de l'enlèvement de Broussel se fut répandu, les bourgeois du quartier 1 On lit, dans une relation manuscrite concernant la journée des Barricades, les détails suivants Le matin du 26 août 1648, M. de Comminges, lieutenant des gardes de la reine, accompagné de quinze ou seize de ses gardes, alla chercher M. de Broussel, conseiller de la grand'chambre, en sa maison au port Saint-Landry, proche Notre-Dame. Ce magistrat achevait de dîner on ne lui donna pas le temps de prendre son manteau il eut seulement celui de dire à ses enfants ces paroles remarquables @Mes enfants, je n'espère pas vous revoir jamais, je vous donne ma bénédiction je ne vous laisse point de bien, mais je vous laisse un peu d'honneur ayezez soin de le conserver.
DE LAROCHEFOUCAULD. 175 avaient pris créance dans son esprit, ouvrait les avis les plus rigoureux qui étaient suivis par la cabale des frondeurs de sorte que son nom faisait bruit dans les assemblées des chambres, et il s'était rendu chef de ce parti dans le parlement, d'autant plus accrédité que son âge et sa pauvreté le mettaient hors des atteintes de l'envie. Or, comme le peuple, qui ne bougeait du palais, était informé qu'il s'intéressait puissamment pour son sou-lagement, il le prit en affection, et lui donna ce beau titre de son père. L'arrêter était un coup bien hardi, et pouvait être très-salutaire s'il eût réussi mais aussi il pouvait avoir des suites dangereuses, comme nous verrons pourtant il fut heureusement exécuté par Comminges 1 , le matin que l'on chanta le Te Deum, à Notre-Dame, de la victoire de Lens, durant que les compagnies des gardes étaient en haie dans les rues et il fut conduit en sûreté hors de la ville avec le président de Blancmesnil pour être transféré à Sedan. Deux heures après que le bruit de l'enlèvement de Broussel se fut répandu, les bourgeois du quartier 1 On lit, dans une relation manuscrite concernant la journée des Barricades, les détails suivants Le matin du 26 août 1648, M. de Comminges, lieutenant des gardes de la reine, accompagné de quinze ou seize de ses gardes, alla chercher M. de Broussel, conseiller de la grand'chambre, en sa maison au port Saint-Landry, proche Notre-Dame. Ce magistrat achevait de dîner on ne lui donna pas le temps de prendre son manteau il eut seulement celui de dire à ses enfants ces paroles remarquables Mes enfants, je n'espère pas vous revoir jamais, je vous donne ma bénédiction je ne vous laisse point de bien, mais je vous laisse un peu d'honneur ayezez soin de le conserver.
7
0.00395
0.020772
841.txt
1,858
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 145 9 Lilas sont passés pour ne plus revenir, et c'est tout au plus dans quelques tètes blanchies sous les boules noires que se trouve la vieille ronde du quartier Latin, avec l'accompagne-ment obligé de flicflacs et de ronds de jambes Admirons en tout lieu Bien mieux que la peinture, Ce que papa bon Dieu A fait d'après nature. Ab! que c'est beau, La puce et le chameau! Et youp! youp! youp! - Et youp! youp! youp! Notre siècle positif ne comporte plus de semblables égare-ments l'étudiant le sait et y conforme son maintien. C'est un enfant des générations nouvelles, et, comme tel, hostile aux institutions frappées de désuétude. n est mûr pour la vie, dès les premiers pas qu'il y fait il est grave, il prend son rôle au sérieux, et c'est tout profit pour lui et pour la so-ciété. Comment en serait-il autrement? Quand le souffle du calcul a passé sur toutes les classes, pourquoi l'étudiant seul resterait-il en dehors de la loi commune et à l'abri de l'épi-démie régnante? Il y cède à sa façon et s'inspire de l'esprit du temps. Comme il n'est pas suffisamment capitaliste pour spéculer sur les valeurs régulières ou irrégulières qui ali-mentent le marché des fonds publics et ne peut espérer de faire fortune dans un coup de dés, il caresse d'autres espé-rances et porte ses vues sur d'autres perspectives. Il voit au bout de son diplôme d'avocat ou de médecin les cent mille francs de revenu que se ménagent les hommes à grande clientèle, bat monnaie dans un cabinet imaginaire, et achète des châteaux avec le produit de son travail. Telle est la mé-tamorphose de l'ancien culte il n'est resté qu'un dieu de-bout, c'est le tabac, et l'étudiant y sacrifie à outrance. Cependant, au sein de cette maison même, et dans cette atmosphère de fumée, vivait un jeune homme qui n'avait ni râtelier de pipes, ni approvisionnement assorti, et c'est de lui - surtout que je vais m'occuper. On le nommait Ludovic il appartenait à l'un de ces départements dont le sol ingrat se refuse à nourrir les populations qui y naissent et qui four-
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 145 9 Lilas sont passés pour ne plus revenir, et c'est tout au plus dans quelques tètes blanchies sous les boules noires que se trouve la vieille ronde du quartier Latin, avec l'accompagne-ment obligé de flicflacs et de ronds de jambes Admirons en tout lieu Bien mieux que la peinture, Ce que papa bon Dieu A fait d'après nature. A@b! que c'est beau, La puce et le chameau@! Et youp@! youp@! youp! - Et youp@! youp@! youp@! Notre siècle positif ne comporte plus de semblables égare-ments l'étudiant le sait et y conforme son maintien. C'est un enfant des générations nouvelles, et, comme tel, hostile aux institutions frappées de désuétude. @n est mûr pour la vie, dès les premiers pas qu'il y fait il est grave, il prend son rôle au sérieux, et c'est tout profit pour lui et pour la so-ciété. Comment en serait-il autrement@? Quand le souffle du calcul a passé sur toutes les classes, pourquoi l'étudiant seul resterait-il en dehors de la loi commune et à l'abri de l'épi-démie régnante? Il y cède à sa façon et s'inspire de l'esprit du temps. Comme il n'est pas suffisamment capitaliste pour spéculer sur les valeurs régulières ou irrégulières qui ali-mentent le marché des fonds publics et ne peut espérer de faire fortune dans un coup de dés, il caresse d'autres espé-rances et porte ses vues sur d'autres perspectives. Il voit au bout de son diplôme d'avocat ou de médecin les cent mille francs de revenu que se ménagent les hommes à grande clientèle, bat monnaie dans un cabinet imaginaire, et achète des châteaux avec le produit de son travail. Telle est la mé-tamorphose de l'ancien culte il n'est resté qu'un dieu de-bout, c'est le tabac, et l'étudiant y sacrifi@e à outrance. Cependant, au sein de cette maison même, et dans cette atmosphère de fumée, vivait un jeune homme qui n'avait ni râtelier de pipes, ni approvisionnement assorti, et c'est de lui - surtout que je vais m'occuper. On le nommait Ludovic il appartenait à l'un de ces départements dont le sol ingrat se refuse à nourrir les populations qui y naissent et qui four-
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 145@@ Lilas sont passés pour ne plus revenir, et c'est tout au plus dans quelques têtes blanchies sous les boules noires que se trouve la vieille ronde du quartier Latin, avec l'accompagne-ment obligé de flicflacs et de ronds de jambes Admirons en tout lieu Bien mieux que la peinture, Ce que papa bon Dieu A fait d'après nature. Ah ! que c'est beau, La puce et le chameau ! Et youp ! youp ! youp@ ! Et youp ! youp ! youp ! Notre siècle positif ne comporte plus de semblables égare-ments l'étudiant le sait et y conforme son maintien. C'est un enfant des générations nouvelles, et, comme tel, hostile aux institutions frappées de désuétude. Il est mûr pour la vie, dès les premiers pas qu'il y fait il est grave, il prend son rôle au sérieux, et c'est tout profit pour lui et pour la so-ciété. Comment en serait-il autrement ? Quand le souffle du calcul a passé sur toutes les classes, pourquoi l'étudiant seul resterait-il en dehors de la loi commune et à l'abri de l'épi-démie régnante? Il y cède à sa façon et s'inspire de l'esprit du temps. Comme il n'est pas suffisamment capitaliste pour spéculer sur les valeurs régulières ou irrégulières qui ali-mentent le marché des fonds publics et ne peut espérer de faire fortune dans un coup de dés, il caresse d'autres espé-rances et porte ses vues sur d'autres perspectives. Il voit au bout de son diplôme d'avocat ou de médecin les cent mille francs de revenu que se ménagent les hommes à grande clientèle, bat monnaie dans un cabinet imaginaire, et achète des châteaux avec le produit de son travail. Telle est la mé-tamorphose de l'ancien culte il n'est resté qu'un dieu de-bout, c'est le tabac, et l'étudiant y sacrifice à outrance. Cependant, au sein de cette maison même, et dans cette atmosphère de fumée, vivait un jeune homme qui n'avait ni ratelier de pipes, ni approvisionnement assorti, et c'est de lui @@surtout que je vais m'occuper. On le nommait Ludovic il appartenait à l'un de ces départements dont le sol ingrat se refuse à nourrir les populations qui y naissent et qui four-
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 145@@ Lilas sont passés pour ne plus revenir, et c'est tout au plus dans quelques têtes blanchies sous les boules noires que se trouve la vieille ronde du quartier Latin, avec l'accompagne-ment obligé de flicflacs et de ronds de jambes Admirons en tout lieu Bien mieux que la peinture, Ce que papa bon Dieu A fait d'après nature. Ah ! que c'est beau, La puce et le chameau ! Et youp ! youp ! youp@ ! Et youp ! youp ! youp ! Notre siècle positif ne comporte plus de semblables égare-ments l'étudiant le sait et y conforme son maintien. C'est un enfant des générations nouvelles, et, comme tel, hostile aux institutions frappées de désuétude. Il est mûr pour la vie, dès les premiers pas qu'il y fait il est grave, il prend son rôle au sérieux, et c'est tout profit pour lui et pour la so-ciété. Comment en serait-il autrement ? Quand le souffle du calcul a passé sur toutes les classes, pourquoi l'étudiant seul resterait-il en dehors de la loi commune et à l'abri de l'épi-démie régnante? Il y cède à sa façon et s'inspire de l'esprit du temps. Comme il n'est pas suffisamment capitaliste pour spéculer sur les valeurs régulières ou irrégulières qui ali-mentent le marché des fonds publics et ne peut espérer de faire fortune dans un coup de dés, il caresse d'autres espé-rances et porte ses vues sur d'autres perspectives. Il voit au bout de son diplôme d'avocat ou de médecin les cent mille francs de revenu que se ménagent les hommes à grande clientèle, bat monnaie dans un cabinet imaginaire, et achète des châteaux avec le produit de son travail. Telle est la mé-tamorphose de l'ancien culte il n'est resté qu'un dieu de-bout, c'est le tabac, et l'étudiant y sacrifice à outrance. Cependant, au sein de cette maison même, et dans cette atmosphère de fumée, vivait un jeune homme qui n'avait ni ratelier de pipes, ni approvisionnement assorti, et c'est de lui @@surtout que je vais m'occuper. On le nommait Ludovic il appartenait à l'un de ces départements dont le sol ingrat se refuse à nourrir les populations qui y naissent et qui four-
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 145 Lilas sont passés pour ne plus revenir, et c'est tout au plus dans quelques têtes blanchies sous les boules noires que se trouve la vieille ronde du quartier Latin, avec l'accompagne-ment obligé de flicflacs et de ronds de jambes Admirons en tout lieu Bien mieux que la peinture, Ce que papa bon Dieu A fait d'après nature. Ah ! que c'est beau, La puce et le chameau ! Et youp ! youp ! youp ! Et youp ! youp ! youp ! Notre siècle positif ne comporte plus de semblables égare-ments l'étudiant le sait et y conforme son maintien. C'est un enfant des générations nouvelles, et, comme tel, hostile aux institutions frappées de désuétude. Il est mûr pour la vie, dès les premiers pas qu'il y fait il est grave, il prend son rôle au sérieux, et c'est tout profit pour lui et pour la so-ciété. Comment en serait-il autrement ? Quand le souffle du calcul a passé sur toutes les classes, pourquoi l'étudiant seul resterait-il en dehors de la loi commune et à l'abri de l'épi-démie régnante? Il y cède à sa façon et s'inspire de l'esprit du temps. Comme il n'est pas suffisamment capitaliste pour spéculer sur les valeurs régulières ou irrégulières qui ali-mentent le marché des fonds publics et ne peut espérer de faire fortune dans un coup de dés, il caresse d'autres espé-rances et porte ses vues sur d'autres perspectives. Il voit au bout de son diplôme d'avocat ou de médecin les cent mille francs de revenu que se ménagent les hommes à grande clientèle, bat monnaie dans un cabinet imaginaire, et achète des châteaux avec le produit de son travail. Telle est la mé-tamorphose de l'ancien culte il n'est resté qu'un dieu de-bout, c'est le tabac, et l'étudiant y sacrifice à outrance. Cependant, au sein de cette maison même, et dans cette atmosphère de fumée, vivait un jeune homme qui n'avait ni ratelier de pipes, ni approvisionnement assorti, et c'est de lui surtout que je vais m'occuper. On le nommait Ludovic il appartenait à l'un de ces départements dont le sol ingrat se refuse à nourrir les populations qui y naissent et qui four-
20
0.009657
0.030075
114.txt
1,821
66 laire montre autant d'angles qu'il y a de rameaux à cha-que étage et à chaque verticille dans les plantes où les feuilles sont opposées deux à deux 1 , l'aire, de l'étui est oblongue dans celles où les feuiles naissent trois à trois à la même hauteur autour de la tige 2 , l'aire est trian-gulaire dans celles où les feuilles sont alternes et en hélice, de façon qu'il faut cinq ièuilles pour faire le tour complet de la lige 3 , l'aire esl pentagone enfin, lors-que les feuilles sont en spirale , le nombre, des angles de-l'étui médullaire est égal à celui des f uilles dont se com-posent les spiralos 4 . GREW avait observé des formes très-variées dans l'étui médullaire, surtout dans celui des racines pivotantes des plantes potagères mais il n'a point saisi les rapports de ces formes avec les dispositions de rameaux et des feuilles. De son côté,, BONNET s'était at-taché à distinguer les végétaux à feuilles opposées, ver-tu illées , alternes, en spirales, mais il n'a point fait de rapprochement de ces dispositions avec la forme de l'étui médullaire. La découverte appartient donc toute entière à PALISOT DE BEAUVOIS elle montre le soin qu'il mettait à ses expériences, et l'élude approfondie qu'il avait faite de la nature. 1 Comme dans le frêne, fraxinus excelsior, les érables, les gentianées , etc. 2 Comme dans le laurier rose, nerium oleander, la verveine odorante, verbena triphylla, etc. 3 Comme dans le chêne-,, l'orme, le rosier, etc. 4 L'étui médullaire du tilleul a quatre angles celui du châta'gnier, du poirier , de presque tous les arbres fruitiers, est à cinq angles plus ou moins réguliers, selon que les spirales se multiplient et se succèdent constamment de cinq en cinq.
66 laire montre autant d'angles qu'il y a de rameaux à cha-que étage et à chaque verticille dans les plantes où les feuilles sont opposées deux à deux 1 , l'aire, de l'étui est oblongue dans celles où les feuiles naissent trois à trois à la même hauteur autour de la tige 2 , l'aire est trian-gulaire dans celles où les feuilles sont alternes et en hélice, de façon qu'il faut cinq ièuilles pour faire le tour complet de la lige 3 , l'aire esl pentagone enfin, lors-que les feuilles sont en spirale , le nombre, des angles de-l'étui médullaire est égal à celui des f uilles dont se com-posent les spiralos 4 . GREW avait observé des formes très-variées dans l'étui médullaire, surtout dans celui des racines pivotantes des plantes potagères mais il n'a point saisi les rapports de ces formes avec les dispositions de@ rameaux et des feuilles. De son côté,, BONNET s'était at-taché à distinguer les végétaux à feuilles opposées, ver-tu illées , alternes, en spirales, mais il n'a point fait de rapprochement de ces dispositions avec la forme de l'étui médullaire. La découverte appartient donc toute entière à PALISOT DE BEAUVOIS elle montre le soin qu'il mettait à ses expériences, et l'élude approfondie qu'il avait faite de la nature.@@@ 1 Comme dans le frêne, fraxinus excelsior, les érables, les gentianées , etc. 2 Comme dans le laurier rose, nerium oleander, la verveine odorante, verbena triphylla, etc. 3 Comme dans le chêne-,, l'orme, le rosier, etc. 4 L'étui médullaire du tilleul a quatre angles celui du châta'gnier, du poirier , de presque tous les arbres fruitiers, est à cinq angles plus ou moins réguliers, selon que les spirales se multiplient et se succèdent constamment de cinq en cinq.
######## montre autant d'angles qu'il y a de rameaux à cha-que étage et à chaque verticille dans les plantes où les feuilles sont opposées deux à deux 1 , l'aire, de l'étui est oblongue dans celles où les feuiles naissent trois à trois à la même hauteur autour de la tige 2 , l'aire est trian-gulaire dans celles où les feuilles sont alternes et en hélice, de façon qu'il faut cinq feuilles pour faire le tour complet de la lige 3 , l'aire est pentagone enfin, lors-que les feuilles sont en spirale , le nombre, des angles de-l'étui médullaire est égal à celui des feuilles dont se com-posent les spirales 4 . GREW avait observé des formes très-variées dans l'étui médullaire, surtout dans celui des racines pivotantes des plantes potagères mais il n'a point saisi les rapports de ces formes avec les dispositions des rameaux et des feuilles. De son côté,@ BONNET s'était at-taché à distinguer les végétaux à feuilles opposées, ver-ticillées , alternes, en spirales, mais il n'a point fait de rapprochement de ces dispositions avec la forme de l'étui médullaire. La découverte appartient donc toute entière à PALISOT DE BEAUVOIS elle montre le soin qu'il mettait à ses expériences, et l'élude approfondie qu'il avait faite de la nature. 66 1 Comme dans le frêne, fraxinus excelsior, les érables, les gentianées , etc. 2 Comme dans le laurier rose, nerium oleander, la verveine odorante, verbena triphylla, etc. 3 Comme dans le chêne@@, l'orme, le rosier, etc. 4 L'étui médullaire du tilleul a quatre angles celui du châtaignier, du poirier , de presque tous les arbres fruitiers, est à cinq angles plus ou moins réguliers, selon que les spirales se multiplient et se succèdent constamment de cinq en cinq.
66 laire montre autant d'angles qu'il y a de rameaux à cha-que étage et à chaque verticille dans les plantes où les feuilles sont opposées deux à deux 1 , l'aire, de l'étui est oblongue dans celles où les feuiles naissent trois à trois à la même hauteur autour de la tige 2 , l'aire est trian-gulaire dans celles où les feuilles sont alternes et en hélice, de façon qu'il faut cinq feuilles pour faire le tour complet de la lige 3 , l'aire est pentagone enfin, lors-que les feuilles sont en spirale , le nombre, des angles de-l'étui médullaire est égal à celui des feuilles dont se com-posent les spirales 4 . GREW avait observé des formes très-variées dans l'étui médullaire, surtout dans celui des racines pivotantes des plantes potagères mais il n'a point saisi les rapports de ces formes avec les dispositions des rameaux et des feuilles. De son côté,@ BONNET s'était at-taché à distinguer les végétaux à feuilles opposées, ver-ticillées , alternes, en spirales, mais il n'a point fait de rapprochement de ces dispositions avec la forme de l'étui médullaire. La découverte appartient donc toute entière à PALISOT DE BEAUVOIS elle montre le soin qu'il mettait à ses expériences, et l'élude approfondie qu'il avait faite de la nature. 66 1 Comme dans le frêne, fraxinus excelsior, les érables, les gentianées , etc. 2 Comme dans le laurier rose, nerium oleander, la verveine odorante, verbena triphylla, etc. 3 Comme dans le chêne@@, l'orme, le rosier, etc. 4 L'étui médullaire du tilleul a quatre angles celui du châtaignier, du poirier , de presque tous les arbres fruitiers, est à cinq angles plus ou moins réguliers, selon que les spirales se multiplient et se succèdent constamment de cinq en cinq.
66 laire montre autant d'angles qu'il y a de rameaux à cha-que étage et à chaque verticille dans les plantes où les feuilles sont opposées deux à deux 1 , l'aire, de l'étui est oblongue dans celles où les feuiles naissent trois à trois à la même hauteur autour de la tige 2 , l'aire est trian-gulaire dans celles où les feuilles sont alternes et en hélice, de façon qu'il faut cinq feuilles pour faire le tour complet de la lige 3 , l'aire est pentagone enfin, lors-que les feuilles sont en spirale , le nombre, des angles de-l'étui médullaire est égal à celui des feuilles dont se com-posent les spirales 4 . GREW avait observé des formes très-variées dans l'étui médullaire, surtout dans celui des racines pivotantes des plantes potagères mais il n'a point saisi les rapports de ces formes avec les dispositions des rameaux et des feuilles. De son côté, BONNET s'était at-taché à distinguer les végétaux à feuilles opposées, ver-ticillées , alternes, en spirales, mais il n'a point fait de rapprochement de ces dispositions avec la forme de l'étui médullaire. La découverte appartient donc toute entière à PALISOT DE BEAUVOIS elle montre le soin qu'il mettait à ses expériences, et l'élude approfondie qu'il avait faite de la nature. 66 1 Comme dans le frêne, fraxinus excelsior, les érables, les gentianées , etc. 2 Comme dans le laurier rose, nerium oleander, la verveine odorante, verbena triphylla, etc. 3 Comme dans le chêne, l'orme, le rosier, etc. 4 L'étui médullaire du tilleul a quatre angles celui du châtaignier, du poirier , de presque tous les arbres fruitiers, est à cinq angles plus ou moins réguliers, selon que les spirales se multiplient et se succèdent constamment de cinq en cinq.
15
0.008813
0.05296
672.txt
1,820
38 moins de soin P Les mêmes principes doivent décider il faut donc proscrire la confusion des agens de la liste civile, comme la confusion du ministère avec la personne du Roi. Attachons-nous aux termes de la loi que punit-elle? Les o Junses envers la personne du Roi ? Par quel mystère politique la personne d'un intendant, d'un agent quel-conque, se confondrait-elle avec celle du monarque? Et voyez où vous entraînerait une semblable fiction ? De même qu'il faudrait étendre la chaîne d'inviolabilité, depuis le premier ministre jusqu'au dernier garde cham-pêtre, si en attaquant les agens de l'autorité on attaquait l'autorité du prince de même aujourd'h ui il faudrait faire descendre l'inviolabilité du directeur général jusqu'aux derniers officiers de la maison, si en attaquant les agens de la liste civile on offensait la personne du Roi. Mais ce n'est pas tout encore, il faudrait les personnifier, si l'on peut s'exprimer ainsi, avec le monarque. La loi ne saurait re-connaître une telle absurdité elle punit l'offense envers le maître , et laisse aux serviteurs le soin de venger leurs injures personnelles. Certes, s'il en était autrement, les courtisans trouve-raient , de notre temps, un privilége dont ils ne jouirent jamais. Eh quoi! lorsque les rois les plus absolus favorisèrent de leur puissance et d'une bienveillante protection les grands génies dont la France s'honore , et qui ne crai-gnirent pas de démasquer le vice et de frapper le ridicule dans quelque haut rang qu'il se réfugiât sous un gou-vernement constitutionnel, lorsqu'il s'agira d'une conspi-' ration qui mettrait en danger le trône et l'Etat, il sera défendu d'attaquer l'agent faible ou pervers parce qu'il fera partie de la liste civile! Et ne voit-on pas qu'au lien d'offenser les princes, c'est bien les servir que de les
38 moins de soin P Les mêmes principes doivent décider il faut donc proscrire la confusion des agens de la liste civile, comme la confusion du ministère avec la personne du Roi. Attachons-nous aux termes de la loi que punit-elle? Les o Junses envers la personne du Roi ? Par quel mystère politique la personne d'un intendant, d'un agent quel-conque, se confondrait-elle avec celle du monarque@? Et voyez où vous entraînerait une semblable fiction ? De même qu'il faudrait étendre la chaîne d'inviolabilité, depuis le premier ministre jusqu'au dernier garde cham-pêtre@, si en attaquant les agens de l'autorité on attaquait l'autorité du prince de même aujourd'h ui il faudrait faire descendre l'inviolabilité du directeur général jusqu'aux derniers officiers de la maison, si en attaquant les agens de la liste civile on offensait la personne du Roi. Mais ce n'est pas tout encore, il faudrait les personnifier, si l'on peut s'exprimer ainsi@, avec le monarque. La loi ne saurait re-connaître une telle absurdité elle punit l'offense envers le maître , et laisse aux serviteurs le soin de venger leurs injures personnelles. Certes, s'il en était autrement, les courtisans trouve-raient , de notre temps, un privilége dont ils ne jouirent jamais. Eh quoi! lorsque les rois les plus absolus favorisèrent de leur puissance et d'une bienveillante protection les grands génies dont la France s'honore , et qui ne crai-gnirent pas de démasquer le vice et de frapper le ridicule dans quelque haut rang qu'il se réfugiât sous un gou-vernement constitutionnel, lorsqu'il s'agira d'une conspi-' ration qui mettrait en danger le trône et l'Etat@, il sera défendu d'attaquer l'agent faible ou pervers parce qu'il fera partie de la liste civile@! Et ne voit-on pas qu'au lien d'offenser les princes, c'est bien les servir que de les
38 moins de soin ? Les mêmes principes doivent décider il faut donc proscrire la confusion des agens de la liste civile, comme la confusion du ministère avec la personne du Roi. Attachons-nous aux termes de la loi que punit-elle? Les offenses envers la personne du Roi@? Par quel mystère politique la personne d'un intendant, d'un agent quel-conque, se confondrait-elle avec celle du monarque ? Et voyez où vous entraînerait une semblable fiction ? De même qu'il faudrait étendre la chaîne d'inviolabilité, depuis le premier ministre jusqu'au dernier garde cham-pêtre , si en attaquant les agens de l'autorité on attaquait l'autorité du prince de même aujourd'h@ui il faudrait faire descendre l'inviolabilité du directeur général jusqu'aux derniers officiers de la maison, si en attaquant les agens de la liste civile on offensait la personne du Roi. Mais ce n'est pas tout encore, il faudrait les personnifier, si l'on peut s'exprimer ainsi , avec le monarque. La loi ne saurait re-connaître une telle absurdité elle punit l'offense envers le maître , et laisse aux serviteurs le soin de venger leurs injures personnelles. Certes, s'il en était autrement, les courtisans trouve-raient , de notre temps, un privilége dont ils ne jouirent jamais. Eh quoi! lorsque les rois les plus absolus favorisèrent de leur puissance et d'une bienveillante protection les grands génies dont la France s'honore@, et qui ne crai-gnirent pas de démasquer le vice et de frapper le ridicule dans quelque haut rang qu'il se réfugiât sous un gou-vernement constitutionnel, lorsqu'il s'agira d'une conspi-@@ration qui mettrait en danger le trône et l'État , il sera défendu d'attaquer l'agent faible ou pervers parce qu'il fera partie de la liste civile ! Et ne voit-on pas qu'au lieu d'offenser les princes, c'est bien les servir que de les
38 moins de soin ? Les mêmes principes doivent décider il faut donc proscrire la confusion des agens de la liste civile, comme la confusion du ministère avec la personne du Roi. Attachons-nous aux termes de la loi que punit-elle? Les offenses envers la personne du Roi@? Par quel mystère politique la personne d'un intendant, d'un agent quel-conque, se confondrait-elle avec celle du monarque ? Et voyez où vous entraînerait une semblable fiction ? De même qu'il faudrait étendre la chaîne d'inviolabilité, depuis le premier ministre jusqu'au dernier garde cham-pêtre , si en attaquant les agens de l'autorité on attaquait l'autorité du prince de même aujourd'h@ui il faudrait faire descendre l'inviolabilité du directeur général jusqu'aux derniers officiers de la maison, si en attaquant les agens de la liste civile on offensait la personne du Roi. Mais ce n'est pas tout encore, il faudrait les personnifier, si l'on peut s'exprimer ainsi , avec le monarque. La loi ne saurait re-connaître une telle absurdité elle punit l'offense envers le maître , et laisse aux serviteurs le soin de venger leurs injures personnelles. Certes, s'il en était autrement, les courtisans trouve-raient , de notre temps, un privilége dont ils ne jouirent jamais. Eh quoi! lorsque les rois les plus absolus favorisèrent de leur puissance et d'une bienveillante protection les grands génies dont la France s'honore@, et qui ne crai-gnirent pas de démasquer le vice et de frapper le ridicule dans quelque haut rang qu'il se réfugiât sous un gou-vernement constitutionnel, lorsqu'il s'agira d'une conspi-@@ration qui mettrait en danger le trône et l'État , il sera défendu d'attaquer l'agent faible ou pervers parce qu'il fera partie de la liste civile ! Et ne voit-on pas qu'au lieu d'offenser les princes, c'est bien les servir que de les
38 moins de soin ? Les mêmes principes doivent décider il faut donc proscrire la confusion des agens de la liste civile, comme la confusion du ministère avec la personne du Roi. Attachons-nous aux termes de la loi que punit-elle? Les offenses envers la personne du Roi? Par quel mystère politique la personne d'un intendant, d'un agent quel-conque, se confondrait-elle avec celle du monarque ? Et voyez où vous entraînerait une semblable fiction ? De même qu'il faudrait étendre la chaîne d'inviolabilité, depuis le premier ministre jusqu'au dernier garde cham-pêtre , si en attaquant les agens de l'autorité on attaquait l'autorité du prince de même aujourd'hui il faudrait faire descendre l'inviolabilité du directeur général jusqu'aux derniers officiers de la maison, si en attaquant les agens de la liste civile on offensait la personne du Roi. Mais ce n'est pas tout encore, il faudrait les personnifier, si l'on peut s'exprimer ainsi , avec le monarque. La loi ne saurait re-connaître une telle absurdité elle punit l'offense envers le maître , et laisse aux serviteurs le soin de venger leurs injures personnelles. Certes, s'il en était autrement, les courtisans trouve-raient , de notre temps, un privilége dont ils ne jouirent jamais. Eh quoi! lorsque les rois les plus absolus favorisèrent de leur puissance et d'une bienveillante protection les grands génies dont la France s'honore, et qui ne crai-gnirent pas de démasquer le vice et de frapper le ridicule dans quelque haut rang qu'il se réfugiât sous un gou-vernement constitutionnel, lorsqu'il s'agira d'une conspi-ration qui mettrait en danger le trône et l'État , il sera défendu d'attaquer l'agent faible ou pervers parce qu'il fera partie de la liste civile ! Et ne voit-on pas qu'au lieu d'offenser les princes, c'est bien les servir que de les
16
0.00882
0.038217
666.txt
1,886
298 L'ART DE MAGNÉTISER par conséquent, il faut en rendre compte, et que jamais l'homme n'a manqué de la connaissance de ces secrets. Je crois que tout ce que nous avons vu dans le fond des temples du paganisme, à part la supercherie qui était manifeste, je crois que la magie et tant d'autres choses étaient tout sim-plement fondées sur la force magnétique. Eh bien, oui, par une protestation divine contre les for-mules de la science, qui date d'Adam, Dieu a voulu que cette force existât, pour montrer au matérialisme qu'en dehors de la foi, il y a cependant sur la terre des restes de la puis-sance adamique, des restes du paradis terrestre qui marquent la puissance de notre àme, et prouvent qu'elle n'est pas tout à fait courbée sous le joug, qu'il y a quelque chose au-delà de la mort. Oui, je crois à cela de tout mon coeur. Mais c'est là, remarquez-le tout d'abord, un phénomène de vision et non d'opération, qui appartient à l'ordre prophétique et non à l'ordre miraculeux. C'est un phénomène par lequel on agit, on opère. Eh bien, vous qui avez cette force magnétique, je ne vous demande pas ce qui sera dans mille ans, je vous demande Demain, quJarrivera-t-il relativement aux objets qui préoccupent le plus la pensée publique, sur des points dont tous les éléments sont dans vos mains ? Vous ne me répondez pas, et je sais bien pourquoi c'est que votre force est si impuissante, que la police elle-même y a renoncé, parce qu'en s'y fiant, au lieu de mettre la main sur les cou-pables, elle l'aurait mise sur les innocents sourires . Le magnétisme n'est rien par ses résultats il constate le spiritualisme, mais ne produit rien. C'est comme à Baby-lone sur les bords de l'Euphrate, ce débris calciné qui frappe la vue. Le voyageur le ramasse, il songe au grand édifice dont il faisait partie mais ce débris ne dit rien et ne peut pas répondre. Ce n'est pas un principe de l'humanité c'est une simple tuile cassée, et qui ne sert qu'à la curiosité, Encore un mot, et je termine. Vous me direz Mais si cette puissance miraculeuse existe dans Dieu, pourquoi ne voyons-nous pas plus de mira-cles ?
298 L'ART DE MAGNÉTISER par conséquent, il faut en rendre compte, et que jamais l'homme n'a manqué de la connaissance de ces secrets. Je crois que tout ce que nous avons vu dans le fond des temples du paganisme, à part la supercherie qui était manifeste, je crois que la magie et tant d'autres choses étaient tout sim-plement fondées sur la force magnétique. Eh bien, oui, par une protestation divine contre les for-mules de la science, qui date d'Adam, Dieu a voulu que cette force existât, pour montrer au matérialisme qu'en dehors de la foi, il y a cependant sur la terre des restes de la puis-sance adamique, des restes du paradis terrestre qui marquent la puissance de notre àme, et prouvent qu'elle n'est pas tout à fait courbée sous le joug, qu'il y a quelque chose au-delà de la mort. Oui, je crois à cela de tout mon coeur. Mais c'est là, remarquez-le tout d'abord, un phénomène de vision et non d'opération, qui appartient à l'ordre prophétique et non à l'ordre miraculeux. C'est un phénomène par lequel on agit, on opère. Eh bien, vous qui avez cette force magnétique, je ne vous demande pas ce qui sera dans mille ans, je vous demande Demain, quJarrivera-t-il relativement aux objets qui préoccupent le plus la pensée publique, sur des points dont tous les éléments sont dans vos mains ? Vous ne me répondez pas, et je sais bien pourquoi c'est que votre force est si impuissante, que la police elle-même y a renoncé, parce qu'en s'y fiant, au lieu de mettre la main sur les cou-pables, elle l'aurait mise sur les innocents sourires @@@. Le magnétisme n'est rien par ses résultats il constate le spiritualisme, mais ne produit rien. C'est comme à Baby-lone sur les bords de l'Euphrate, ce débris calciné qui frappe la vue. Le voyageur le ramasse, il songe au grand édifice dont il faisait partie mais ce débris ne dit rien et ne peut pas répondre. Ce n'est pas un principe de l'humanité c'est une simple tuile cassée, et qui ne sert qu'à la curiosité, Encore un mot, et je termine. Vous me direz Mais si cette puissance miraculeuse existe dans Dieu, pourquoi ne voyons-nous pas plus de mira-cles ?
298 L'ART DE MAGNÉTISER par conséquent, il faut en rendre compte, et que jamais l'homme n'a manqué de la connaissance de ces secrets. Je crois que tout ce que nous avons vu dans le fond des temples du paganisme, à part la supercherie qui était manifeste, je crois que la magie et tant d'autres choses étaient tout sim-plement fondées sur la force magnétique. Eh bien, oui, par une protestation divine contre les for-mules de la science, qui date d'Adam, Dieu a voulu que cette force existât, pour montrer au matérialisme qu'en dehors de la foi, il y a cependant sur la terre des restes de la puis-sance adamique, des restes du paradis terrestre qui marquent la puissance de notre âme, et prouvent qu'elle n'est pas tout à fait courbée sous le joug, qu'il y a quelque chose au-delà de la mort. Oui, je crois à cela de tout mon coeur. Mais c'est là, remarquez-le tout d'abord, un phénomène de vision et non d'opération, qui appartient à l'ordre prophétique et non à l'ordre miraculeux. C'est un phénomène par lequel on agit, on opère. Eh bien, vous qui avez cette force magnétique, je ne vous demande pas ce qui sera dans mille ans, je vous demande Demain, qu'arrivera-t-il relativement aux objets qui préoccupent le plus la pensée publique, sur des points dont tous les éléments sont dans vos mains ? Vous ne me répondez pas, et je sais bien pourquoi c'est que votre force est si impuissante, que la police elle-même y a renoncé, parce qu'en s'y fiant, au lieu de mettre la main sur les cou-pables, elle l'aurait mise sur les innocents sourires .... Le magnétisme n'est rien par ses résultats il constate le spiritualisme, mais ne produit rien. C'est comme à Baby-lone sur les bords de l'Euphrate, ce débris calciné qui frappe la vue. Le voyageur le ramasse, il songe au grand édifice dont il faisait partie mais ce débris ne dit rien et ne peut pas répondre. Ce n'est pas un principe de l'humanité c'est une simple tuile cassée, et qui ne sert qu'à la curiosité. Encore un mot, et je termine. Vous me direz Mais si cette puissance miraculeuse existe dans Dieu, pourquoi ne voyons-nous pas plus de mira-cles ?
298 L'ART DE MAGNÉTISER par conséquent, il faut en rendre compte, et que jamais l'homme n'a manqué de la connaissance de ces secrets. Je crois que tout ce que nous avons vu dans le fond des temples du paganisme, à part la supercherie qui était manifeste, je crois que la magie et tant d'autres choses étaient tout sim-plement fondées sur la force magnétique. Eh bien, oui, par une protestation divine contre les for-mules de la science, qui date d'Adam, Dieu a voulu que cette force existât, pour montrer au matérialisme qu'en dehors de la foi, il y a cependant sur la terre des restes de la puis-sance adamique, des restes du paradis terrestre qui marquent la puissance de notre âme, et prouvent qu'elle n'est pas tout à fait courbée sous le joug, qu'il y a quelque chose au-delà de la mort. Oui, je crois à cela de tout mon coeur. Mais c'est là, remarquez-le tout d'abord, un phénomène de vision et non d'opération, qui appartient à l'ordre prophétique et non à l'ordre miraculeux. C'est un phénomène par lequel on agit, on opère. Eh bien, vous qui avez cette force magnétique, je ne vous demande pas ce qui sera dans mille ans, je vous demande Demain, qu'arrivera-t-il relativement aux objets qui préoccupent le plus la pensée publique, sur des points dont tous les éléments sont dans vos mains ? Vous ne me répondez pas, et je sais bien pourquoi c'est que votre force est si impuissante, que la police elle-même y a renoncé, parce qu'en s'y fiant, au lieu de mettre la main sur les cou-pables, elle l'aurait mise sur les innocents sourires .... Le magnétisme n'est rien par ses résultats il constate le spiritualisme, mais ne produit rien. C'est comme à Baby-lone sur les bords de l'Euphrate, ce débris calciné qui frappe la vue. Le voyageur le ramasse, il songe au grand édifice dont il faisait partie mais ce débris ne dit rien et ne peut pas répondre. Ce n'est pas un principe de l'humanité c'est une simple tuile cassée, et qui ne sert qu'à la curiosité. Encore un mot, et je termine. Vous me direz Mais si cette puissance miraculeuse existe dans Dieu, pourquoi ne voyons-nous pas plus de mira-cles ?
298 L'ART DE MAGNÉTISER par conséquent, il faut en rendre compte, et que jamais l'homme n'a manqué de la connaissance de ces secrets. Je crois que tout ce que nous avons vu dans le fond des temples du paganisme, à part la supercherie qui était manifeste, je crois que la magie et tant d'autres choses étaient tout sim-plement fondées sur la force magnétique. Eh bien, oui, par une protestation divine contre les for-mules de la science, qui date d'Adam, Dieu a voulu que cette force existât, pour montrer au matérialisme qu'en dehors de la foi, il y a cependant sur la terre des restes de la puis-sance adamique, des restes du paradis terrestre qui marquent la puissance de notre âme, et prouvent qu'elle n'est pas tout à fait courbée sous le joug, qu'il y a quelque chose au-delà de la mort. Oui, je crois à cela de tout mon coeur. Mais c'est là, remarquez-le tout d'abord, un phénomène de vision et non d'opération, qui appartient à l'ordre prophétique et non à l'ordre miraculeux. C'est un phénomène par lequel on agit, on opère. Eh bien, vous qui avez cette force magnétique, je ne vous demande pas ce qui sera dans mille ans, je vous demande Demain, qu'arrivera-t-il relativement aux objets qui préoccupent le plus la pensée publique, sur des points dont tous les éléments sont dans vos mains ? Vous ne me répondez pas, et je sais bien pourquoi c'est que votre force est si impuissante, que la police elle-même y a renoncé, parce qu'en s'y fiant, au lieu de mettre la main sur les cou-pables, elle l'aurait mise sur les innocents sourires .... Le magnétisme n'est rien par ses résultats il constate le spiritualisme, mais ne produit rien. C'est comme à Baby-lone sur les bords de l'Euphrate, ce débris calciné qui frappe la vue. Le voyageur le ramasse, il songe au grand édifice dont il faisait partie mais ce débris ne dit rien et ne peut pas répondre. Ce n'est pas un principe de l'humanité c'est une simple tuile cassée, et qui ne sert qu'à la curiosité. Encore un mot, et je termine. Vous me direz Mais si cette puissance miraculeuse existe dans Dieu, pourquoi ne voyons-nous pas plus de mira-cles ?
6
0.002846
0.014184
100.txt
1,821
52 Flore d'Oivare et de Benin. Elle contient une description' et une figure exactes de tous les genres nouveaux et de toutes les espèces nouvelles recueillis sur les plages afri-caines , unies à des réflexions et discussions importantes relatives à l'organisa lion particulière , aux usages que l'on fait de la plante et aux moyens à suivre pour l'acclimater en Europe, surtout dans notre patrie, quand elle peut être utile à l'homme ou bien aux animaux associés à ses cultures. Sous le rapport de la science, cet ouvrage fournit, par les découvertes qu'il renferme, des données jusqu'alors non aperçues pour compléter les familles éta-blies , pour imposer aux genres des caractères certains, des caractères fixes et pour remplir les lacunes encore existantes dans les affinités. Les Insectes, qui sont une suite nécessaire de la Flore, ne méritent pas moins d'intérêt par les détails qu'ils four-nissent aux entomologistes sur les moeurs, les habitudes et les organes de ces petits animaux, sur l'utilité ou la inalfaisance des uns, sur la beauté, la vivacité et la va-riété de couleurs dont la nature a paré toutes les parties des autres, et sur les étonnantes, les singulières méta-morphosés que tous subissent dans le court espace qui s'écoule de leur naissance à leur mort. C'est ici le moment de rappeler une méthode de clas-sification pour les insectes, que PALISOT DE BEAUVOIS soumit, en 1789, à la Société des sciences et arts du Cap-Français. Quoiqu'elle n'ait pas obtenu l'assentiment de la généralité des naturalistes , je la crois bonne, sim-ple et très-naturelle, du moins pour les caractères géné-raux des ordres qui tendent à rapprocher les analogues de leurs types 1 . Les entomologistes ont adopté le genre 1 Il adopte les trois grandes classes de GEOFFROI, qu' il
52 Flore d'Oivare et de Benin. Elle contient une description' et une figure exactes de tous les genres nouveaux et de toutes les espèces nouvelles recueillis sur les plages afri-caines , unies à des réflexions et discussions importantes relatives à l'organisa lion particulière , aux usages que l'on fait de la plante et aux moyens à suivre pour l'acclimater en Europe, surtout dans notre patrie, quand elle peut être utile à l'homme ou bien aux animaux associés à ses cultures. Sous le rapport de la science, cet ouvrage fournit, par les découvertes qu'il renferme, des données jusqu'alors non aperçues pour compléter les familles éta-blies , pour imposer aux genres des caractères certains, des caractères fixes et pour remplir les lacunes encore existantes dans les affinités. Les Insectes, qui sont une suite nécessaire de la Flore, ne méritent pas moins d'intérêt par les détails qu'ils four-nissent aux entomologistes sur les moeurs, les habitudes et les organes de ces petits animaux, sur l'utilité ou la inalfaisance des uns, sur la beauté, la vivacité et la va-riété de couleurs dont la nature a paré toutes les parties des autres, et sur les étonnantes, les singulières méta-morphosés que tous subissent dans le court espace qui s'écoule de leur naissance à leur mort. C'est ici le moment de rappeler une méthode de clas-sification pour les insectes, que PALISOT DE BEAUVOIS soumit, en 1789, à la Société des sciences et arts du Cap-Français. Quoiqu'elle n'ait pas obtenu l'assentiment de la généralité des naturalistes , je la crois bonne, sim-ple et très-naturelle, du moins pour les caractères géné-raux des ordres qui tendent à rapprocher les analogues de leurs types 1 . Les entomologistes ont adopté le genre @@@1 Il adopte les trois grandes classes de GEOFFROI, qu' il
######## d'O@ware et de Benin. Elle contient une description' et une figure exactes de tous les genres nouveaux et de toutes les espèces nouvelles recueillis sur les plages afri-caines , unies à des réflexions et discussions importantes relatives à l'organisa@tion particulière , aux usages que l'on fait de la plante et aux moyens à suivre pour l'acclimater en Europe, surtout dans notre patrie, quand elle peut être utile à l'homme ou bien aux animaux associés à ses cultures. Sous le rapport de la science, cet ouvrage fournit, par les découvertes qu'il renferme, des données jusqu'alors non aperçues pour compléter les familles éta-blies , pour imposer aux genres des caractères certains, des caractères fixes et pour remplir les lacunes encore existantes dans les affinités. Les Insectes, qui sont une suite nécessaire de la Flore, ne méritent pas moins d'intérêt par les détails qu'ils four-nissent aux entomologistes sur les moeurs, les habitudes et les organes de ces petits animaux, sur l'utilité ou la @malfaisance des uns, sur la beauté, la vivacité et la va-riété de couleurs dont la nature a paré toutes les parties des autres, et sur les étonnantes, les singulières méta-morphoses que tous subissent dans le court espace qui s'écoule de leur naissance à leur mort. C'est ici le moment de rappeler une méthode de clas-sification pour les insectes, que PALISOT DE BEAUVOIS soumit, en 1789, à la Société des sciences et arts du Cap-Français. Quoiqu'elle n'ait pas obtenu l'assentiment de la généralité des naturalistes , je la crois bonne, sim-ple et très-naturelle, du moins pour les caractères géné-raux des ordres qui tendent à rapprocher les analogues de leurs types 1 . Les entomologistes ont adopté le genre 52 1 Il adopte les trois grandes classes de GEOFFROI, qu' il
52 Flore d'O@ware et de Benin. Elle contient une description' et une figure exactes de tous les genres nouveaux et de toutes les espèces nouvelles recueillis sur les plages afri-caines , unies à des réflexions et discussions importantes relatives à l'organisa@tion particulière , aux usages que l'on fait de la plante et aux moyens à suivre pour l'acclimater en Europe, surtout dans notre patrie, quand elle peut être utile à l'homme ou bien aux animaux associés à ses cultures. Sous le rapport de la science, cet ouvrage fournit, par les découvertes qu'il renferme, des données jusqu'alors non aperçues pour compléter les familles éta-blies , pour imposer aux genres des caractères certains, des caractères fixes et pour remplir les lacunes encore existantes dans les affinités. Les Insectes, qui sont une suite nécessaire de la Flore, ne méritent pas moins d'intérêt par les détails qu'ils four-nissent aux entomologistes sur les moeurs, les habitudes et les organes de ces petits animaux, sur l'utilité ou la @malfaisance des uns, sur la beauté, la vivacité et la va-riété de couleurs dont la nature a paré toutes les parties des autres, et sur les étonnantes, les singulières méta-morphoses que tous subissent dans le court espace qui s'écoule de leur naissance à leur mort. C'est ici le moment de rappeler une méthode de clas-sification pour les insectes, que PALISOT DE BEAUVOIS soumit, en 1789, à la Société des sciences et arts du Cap-Français. Quoiqu'elle n'ait pas obtenu l'assentiment de la généralité des naturalistes , je la crois bonne, sim-ple et très-naturelle, du moins pour les caractères géné-raux des ordres qui tendent à rapprocher les analogues de leurs types 1 . Les entomologistes ont adopté le genre 52 1 Il adopte les trois grandes classes de GEOFFROI, qu' il
52 Flore d'Oware et de Benin. Elle contient une description' et une figure exactes de tous les genres nouveaux et de toutes les espèces nouvelles recueillis sur les plages afri-caines , unies à des réflexions et discussions importantes relatives à l'organisation particulière , aux usages que l'on fait de la plante et aux moyens à suivre pour l'acclimater en Europe, surtout dans notre patrie, quand elle peut être utile à l'homme ou bien aux animaux associés à ses cultures. Sous le rapport de la science, cet ouvrage fournit, par les découvertes qu'il renferme, des données jusqu'alors non aperçues pour compléter les familles éta-blies , pour imposer aux genres des caractères certains, des caractères fixes et pour remplir les lacunes encore existantes dans les affinités. Les Insectes, qui sont une suite nécessaire de la Flore, ne méritent pas moins d'intérêt par les détails qu'ils four-nissent aux entomologistes sur les moeurs, les habitudes et les organes de ces petits animaux, sur l'utilité ou la malfaisance des uns, sur la beauté, la vivacité et la va-riété de couleurs dont la nature a paré toutes les parties des autres, et sur les étonnantes, les singulières méta-morphoses que tous subissent dans le court espace qui s'écoule de leur naissance à leur mort. C'est ici le moment de rappeler une méthode de clas-sification pour les insectes, que PALISOT DE BEAUVOIS soumit, en 1789, à la Société des sciences et arts du Cap-Français. Quoiqu'elle n'ait pas obtenu l'assentiment de la généralité des naturalistes , je la crois bonne, sim-ple et très-naturelle, du moins pour les caractères géné-raux des ordres qui tendent à rapprocher les analogues de leurs types 1 . Les entomologistes ont adopté le genre 52 1 Il adopte les trois grandes classes de GEOFFROI, qu' il
10
0.005612
0.031447
128.txt
1,821
80 Journal de botanique 1 , dans la Revue encyclopédie que 2 et dans le Dictionnaire des sciences naturel-' es 3 . Parmi ses manuscrits achevés , j'ai remarqué celui de son voyage sur la côte occidentale de l'Afrique, plusieurs mémoires curieux, qui devraient être rendus publics. C'est un devoir que son épouse et ses amis ont à rem-plir et qu'ils acquitteront avec empressement. Un botaniste estimable, M. DE MIRBEL , avait établi la blétissure et sur quelques particularités dignes d'attirer les regards et les méditations des physiciens. L'Institut de France avait, en 1820, ouvert à ce sujet un concours qui a produit deux bons mémoires, celui de M. BÉRARD, de Montpellier, qui a obtenu le prix, et celui de M. COUVERS-CHEL, de Paris, auquel l'Académie des sciences a accordé l'accessit. ... 1 Outre ceux que j'ai cités, on y trouve encore dans le tom. II, pag. 231, un curieux article sur les Esquisses historiques de la botanique en Angleterre, de PUL-TENEY, et dans le tom. IV le 2e. de la IIe. série , pag. 153, un autre non moins remarquable sur la Muséologie de BRIDEL. 2 Je ne parlerai que de celui sur le premier volume du ' Systerna naiurale de M. DE CANDOLLE, inséré dans le tom. V. .page 85-97, où PALISOT DE BEAUVOIS présente un tableau abrégé et comparatif de l'état de la botanique , au temps de TOURNEFORT et de LINNÉ, et où il indique les pro-grès que cette science a faits depuis environ un demi siècle. Ce morceau mérite d'être lu et médité c'est le dernier écrit sorti de la plume de mon illustre ami. 3 Tous ses articles appartiennent à la botanique PA-LISOT DE BEAUVOIS était associé par ce travail à M. DE JUS-SIEU, et signait P. B.
80 Journal de botanique 1 , dans la Revue encyclopédie que 2 et dans le Dictionnaire des sciences naturel-' es 3 . Parmi ses manuscrits achevés , j'ai remarqué celui de son voyage sur la côte occidentale de l'Afrique, plusieurs mémoires curieux, qui devraient être rendus publics. C'est un devoir que son épouse et ses amis ont à rem-plir et qu'ils acquitteront avec empressement. Un botaniste estimable, M. DE MIRBEL , avait établi@@@ la blétissure et sur quelques particularités dignes d'attirer les regards et les méditations des physiciens. L'Institut de France avait, en 1820, ouvert à ce sujet un concours qui a produit deux bons mémoires, celui de M. BÉRARD, de Montpellier, qui a obtenu le prix, et celui de M. COUVERS-CHEL, de Paris, auquel l'Académie des sciences a accordé l'accessit. ... 1 Outre ceux que j'ai cités, on y trouve encore dans le tom. II, pag. 231, un curieux article sur les Esquisses historiques de la botanique en Angleterre, de PUL-TENEY, et dans le tom. IV le 2e. de la IIe. série , pag. 153, un autre non moins remarquable sur la Muséologie de BRIDEL. 2 Je ne parlerai que de celui sur le premier volume du ' Systerna naiurale de M. DE CANDOLLE, inséré dans le tom. V. .page 85-97, où PALISOT DE BEAUVOIS présente un tableau abrégé et comparatif de l'état de la botanique , au temps de TOURNEFORT et de LINNÉ, et où il indique les pro-grès que cette science a faits depuis environ un demi siècle. Ce morceau mérite d'être lu et médité c'est le dernier écrit sorti de la plume de mon illustre ami. 3 Tous ses articles appartiennent à la botanique PA-LISOT DE BEAUVOIS était associé par ce travail à M. DE JUS-SIEU, et signait P. B.
########## de botanique 1 , dans la Revue encyclopédie que 2 et dans le Dictionnaire des sciences naturel-@les 3 . Parmi ses manuscrits achevés , j'ai remarqué celui de son voyage sur la côte occidentale de l'Afrique, plusieurs mémoires curieux, qui devraient être rendus publics. C'est un devoir que son épouse et ses amis ont à rem-plir et qu'ils acquitteront avec empressement. Un botaniste estimable, M. DE MIRBEL , avait établi 80 la blétissure et sur quelques particularités dignes d'attirer les regards et les méditations des physiciens. L'Institut de France avait, en 1820, ouvert à ce sujet un concours qui a produit deux bons mémoires, celui de M. BÉRARD, de Montpellier, qui a obtenu le prix, et celui de M. COUVERS-CHEL, de Paris, auquel l'Académie des sciences a accordé l'accessit. ... 1 Outre ceux que j'ai cités, on y trouve encore dans le tom. II, pag. 231, un curieux article sur les Esquisses historiques de la botanique en Angleterre, de PUL-TENEY, et dans le tom. IV le 2e. de la IIe. série , pag. 153, un autre non moins remarquable sur la Muscologie de BRIDEL. 2 Je ne parlerai que de celui sur le premier volume du@@ Syste@ma naturale de M. DE CANDOLLE, inséré dans le tom. V. .page 83-97, où PALISOT DE BEAUVOIS présente un tableau abrégé et comparatif de l'état de la botanique , au temps de TOURNEFORT et de LINNÉ, et où il indique les pro-grès que cette science a faits depuis environ un demi siècle. Ce morceau mérite d'être lu et médité c'est le dernier écrit sorti de la plume de mon illustre ami. 3 Tous ses articles appartiennent à la botanique PA-LISOT DE BEAUVOIS était associé par ce travail à M. DE JUS-SIEU, et signait P. B.
80 Journal de botanique 1 , dans la Revue encyclopédie que 2 et dans le Dictionnaire des sciences naturel-@les 3 . Parmi ses manuscrits achevés , j'ai remarqué celui de son voyage sur la côte occidentale de l'Afrique, plusieurs mémoires curieux, qui devraient être rendus publics. C'est un devoir que son épouse et ses amis ont à rem-plir et qu'ils acquitteront avec empressement. Un botaniste estimable, M. DE MIRBEL , avait établi 80 la blétissure et sur quelques particularités dignes d'attirer les regards et les méditations des physiciens. L'Institut de France avait, en 1820, ouvert à ce sujet un concours qui a produit deux bons mémoires, celui de M. BÉRARD, de Montpellier, qui a obtenu le prix, et celui de M. COUVERS-CHEL, de Paris, auquel l'Académie des sciences a accordé l'accessit. ... 1 Outre ceux que j'ai cités, on y trouve encore dans le tom. II, pag. 231, un curieux article sur les Esquisses historiques de la botanique en Angleterre, de PUL-TENEY, et dans le tom. IV le 2e. de la IIe. série , pag. 153, un autre non moins remarquable sur la Muscologie de BRIDEL. 2 Je ne parlerai que de celui sur le premier volume du@@ Syste@ma naturale de M. DE CANDOLLE, inséré dans le tom. V. .page 83-97, où PALISOT DE BEAUVOIS présente un tableau abrégé et comparatif de l'état de la botanique , au temps de TOURNEFORT et de LINNÉ, et où il indique les pro-grès que cette science a faits depuis environ un demi siècle. Ce morceau mérite d'être lu et médité c'est le dernier écrit sorti de la plume de mon illustre ami. 3 Tous ses articles appartiennent à la botanique PA-LISOT DE BEAUVOIS était associé par ce travail à M. DE JUS-SIEU, et signait P. B.
80 Journal de botanique 1 , dans la Revue encyclopédie que 2 et dans le Dictionnaire des sciences naturel-les 3 . Parmi ses manuscrits achevés , j'ai remarqué celui de son voyage sur la côte occidentale de l'Afrique, plusieurs mémoires curieux, qui devraient être rendus publics. C'est un devoir que son épouse et ses amis ont à rem-plir et qu'ils acquitteront avec empressement. Un botaniste estimable, M. DE MIRBEL , avait établi 80 la blétissure et sur quelques particularités dignes d'attirer les regards et les méditations des physiciens. L'Institut de France avait, en 1820, ouvert à ce sujet un concours qui a produit deux bons mémoires, celui de M. BÉRARD, de Montpellier, qui a obtenu le prix, et celui de M. COUVERS-CHEL, de Paris, auquel l'Académie des sciences a accordé l'accessit. ... 1 Outre ceux que j'ai cités, on y trouve encore dans le tom. II, pag. 231, un curieux article sur les Esquisses historiques de la botanique en Angleterre, de PUL-TENEY, et dans le tom. IV le 2e. de la IIe. série , pag. 153, un autre non moins remarquable sur la Muscologie de BRIDEL. 2 Je ne parlerai que de celui sur le premier volume du Systema naturale de M. DE CANDOLLE, inséré dans le tom. V. .page 83-97, où PALISOT DE BEAUVOIS présente un tableau abrégé et comparatif de l'état de la botanique , au temps de TOURNEFORT et de LINNÉ, et où il indique les pro-grès que cette science a faits depuis environ un demi siècle. Ce morceau mérite d'être lu et médité c'est le dernier écrit sorti de la plume de mon illustre ami. 3 Tous ses articles appartiennent à la botanique PA-LISOT DE BEAUVOIS était associé par ce travail à M. DE JUS-SIEU, et signait P. B.
12
0.007238
0.039157
896.txt
1,858
210 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. - Bien volontiers, Monsieur. - Alors, je n'ai plus rien à désirer ma, position est la plus nette que l'on puisse voir. Adieu donc, et que personne ne se dérange pour m'accompagner. Je m'évade sans trompette ni tambour. Au revoir, Ludovic votre serviteur bien liumble, Mademoiselle. Il gagna la porte sur ces mots et disparut sans plus de cérémonie. Ludovic ne tarda pas à le suivre. Cette scène ne laissa pas de profondes traces dans son esprit il ne lui en resta qu'un soupçon vague et chaque jour affaibli. XVI Le jeune avocat ne démentit aucune des espérances que ses débuts avaient fait concevoir sur le bruit de son pte-mier succès, des affaires importahtës lui furent confiées, et il en tira tout le parti possible. Son nom franchit l'enceinte de l'étude à laquelle il était attaché, et des propositions avan-tageuses lui arrivèrent de plusieurs cdtés. Il les écouta avec la prudence et le discernement qui le caractérisaient, ne per-dant pas un pouce de terrain et ne négligeant rien pour se pousser en avant. Décidément, c'était Une intelligence à la hauteur des temps nouveaux là soif de parvenir n'importe à quel prix, et Un peu de talent uni à beaucoup de savoir-faire. Dans Une existence ainsi réglée, l'amour, si puissant qu'il soit, n'occupe pas le premier rang. Ludovic l'envisageait comme une question désormais vidée, et il s'imaginait que Marguerite le prenait avec le même sang-froid. Chaque jour, d'ailleurs, le rapprochait du moment où ils pourraient s'éta-blir et goûter les doucèurs de la vie en commun. Il s'en était ouvert à sa famille, et aucun obstacle ne devait venir de là. Sur le produit d'un travail sans cessé accru, il mettait en ré-serve là sdiftme riécessaire pour l'installation d'un ménage, l'achat du mobilier, du trousseau, de mille objets indispen-
210 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. - Bien volontiers, Monsieur. - Alors, je n'ai plus rien à désirer ma, position est la plus nette que l'on puisse voir. Adieu donc, et que personne ne se dérange pour m'accompagner. Je m'évade sans trompette ni tambour. Au revoir, Ludovic votre serviteur bien liumble, Mademoiselle. Il gagna la porte sur ces mots et disparut sans plus de cérémonie. Ludovic ne tarda pas à le suivre. Cette scène ne laissa pas de profondes traces dans son esprit il ne lui en resta qu'un soupçon vague et chaque jour affaibli. XVI Le jeune avocat ne démentit aucune des espérances que ses débuts avaient fait concevoir sur le bruit de son pte-mier succès, des affaires importahtës lui furent confiées, et il en tira tout le parti possible. Son nom franchit l'enceinte de l'étude à laquelle il était attaché, et des propositions avan-tageuses lui arrivèrent de plusieurs cdtés. Il les écouta avec la prudence et le discernement qui le caractérisaient, ne per-dant pas un pouce de terrain et ne négligeant rien pour se pousser en avant. Décidément, c'était Une intelligence à la hauteur des temps nouveaux là soif de parvenir n'importe à quel prix, et Un peu de talent uni à beaucoup de savoir-faire. Dans Une existence ainsi réglée, l'amour, si puissant qu'il soit, n'occupe pas le premier rang. Ludovic l'envisageait comme une question désormais vidée, et il s'imaginait que Marguerite le prenait avec le même sang-froid. Chaque jour, d'ailleurs, le rapprochait du moment où ils pourraient s'éta-blir et goûter les doucèurs de la vie en commun. Il s'en était ouvert à sa famille, et aucun obstacle ne devait venir de là. Sur le produit d'un travail sans cessé accru, il mettait en ré-serve là sdiftme riécessaire pour l'installation d'un ménage, l'achat du mobilier, du trousseau, de mille objets indispen-
210 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -@Bien volontiers, Monsieur. -@Alors, je n'ai plus rien à désirer ma@ position est la plus nette que l'on puisse voir. Adieu donc, et que personne ne se dérange pour m'accompagner. Je m'évade sans trompette ni tambour. Au revoir, Ludovic votre serviteur bien @humble, Mademoiselle. Il gagna la porte sur ces mots et disparut sans plus de cérémonie. Ludovic ne tarda pas à le suivre. Cette scène ne laissa pas de profondes traces dans son esprit il ne lui en resta qu'un soupçon vague et chaque jour affaibli. XVI Le jeune avocat ne démentit aucune des espérances que ses débuts avaient fait concevoir sur le bruit de son pre-mier succès, des affaires importantes lui furent confiées, et il en tira tout le parti possible. Son nom franchit l'enceinte de l'étude à laquelle il était attaché, et des propositions avan-tageuses lui arrivèrent de plusieurs côtés. Il les écouta avec la prudence et le discernement qui le caractérisaient, ne per-dant pas un pouce de terrain et ne négligeant rien pour se pousser en avant. Décidément, c'était une intelligence à la hauteur des temps nouveaux la soif de parvenir n'importe à quel prix, et un peu de talent uni à beaucoup de savoir-faire. Dans une existence ainsi réglée, l'amour, si puissant qu'il soit, n'occupe pas le premier rang. Ludovic l'envisageait comme une question désormais vidée, et il s'imaginait que Marguerite le prenait avec le même sang-froid. Chaque jour, d'ailleurs, le rapprochait du moment où ils pourraient s'éta-blir et goûter les douceurs de la vie en commun. Il s'en était ouvert à sa famille, et aucun obstacle ne devait venir de là. Sur le produit d'un travail sans cessé accru, il mettait en ré-serve la s@@omme @nécessaire pour l'installation d'un ménage, l'achat du mobilier, du trousseau, de mille objets indispen-
210 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -@Bien volontiers, Monsieur. -@Alors, je n'ai plus rien à désirer ma@ position est la plus nette que l'on puisse voir. Adieu donc, et que personne ne se dérange pour m'accompagner. Je m'évade sans trompette ni tambour. Au revoir, Ludovic votre serviteur bien @humble, Mademoiselle. Il gagna la porte sur ces mots et disparut sans plus de cérémonie. Ludovic ne tarda pas à le suivre. Cette scène ne laissa pas de profondes traces dans son esprit il ne lui en resta qu'un soupçon vague et chaque jour affaibli. XVI Le jeune avocat ne démentit aucune des espérances que ses débuts avaient fait concevoir sur le bruit de son pre-mier succès, des affaires importantes lui furent confiées, et il en tira tout le parti possible. Son nom franchit l'enceinte de l'étude à laquelle il était attaché, et des propositions avan-tageuses lui arrivèrent de plusieurs côtés. Il les écouta avec la prudence et le discernement qui le caractérisaient, ne per-dant pas un pouce de terrain et ne négligeant rien pour se pousser en avant. Décidément, c'était une intelligence à la hauteur des temps nouveaux la soif de parvenir n'importe à quel prix, et un peu de talent uni à beaucoup de savoir-faire. Dans une existence ainsi réglée, l'amour, si puissant qu'il soit, n'occupe pas le premier rang. Ludovic l'envisageait comme une question désormais vidée, et il s'imaginait que Marguerite le prenait avec le même sang-froid. Chaque jour, d'ailleurs, le rapprochait du moment où ils pourraient s'éta-blir et goûter les douceurs de la vie en commun. Il s'en était ouvert à sa famille, et aucun obstacle ne devait venir de là. Sur le produit d'un travail sans cessé accru, il mettait en ré-serve la s@@omme @nécessaire pour l'installation d'un ménage, l'achat du mobilier, du trousseau, de mille objets indispen-
210 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -Bien volontiers, Monsieur. -Alors, je n'ai plus rien à désirer ma position est la plus nette que l'on puisse voir. Adieu donc, et que personne ne se dérange pour m'accompagner. Je m'évade sans trompette ni tambour. Au revoir, Ludovic votre serviteur bien humble, Mademoiselle. Il gagna la porte sur ces mots et disparut sans plus de cérémonie. Ludovic ne tarda pas à le suivre. Cette scène ne laissa pas de profondes traces dans son esprit il ne lui en resta qu'un soupçon vague et chaque jour affaibli. XVI Le jeune avocat ne démentit aucune des espérances que ses débuts avaient fait concevoir sur le bruit de son pre-mier succès, des affaires importantes lui furent confiées, et il en tira tout le parti possible. Son nom franchit l'enceinte de l'étude à laquelle il était attaché, et des propositions avan-tageuses lui arrivèrent de plusieurs côtés. Il les écouta avec la prudence et le discernement qui le caractérisaient, ne per-dant pas un pouce de terrain et ne négligeant rien pour se pousser en avant. Décidément, c'était une intelligence à la hauteur des temps nouveaux la soif de parvenir n'importe à quel prix, et un peu de talent uni à beaucoup de savoir-faire. Dans une existence ainsi réglée, l'amour, si puissant qu'il soit, n'occupe pas le premier rang. Ludovic l'envisageait comme une question désormais vidée, et il s'imaginait que Marguerite le prenait avec le même sang-froid. Chaque jour, d'ailleurs, le rapprochait du moment où ils pourraient s'éta-blir et goûter les douceurs de la vie en commun. Il s'en était ouvert à sa famille, et aucun obstacle ne devait venir de là. Sur le produit d'un travail sans cessé accru, il mettait en ré-serve la somme nécessaire pour l'installation d'un ménage, l'achat du mobilier, du trousseau, de mille objets indispen-
21
0.011551
0.064327
882.txt
1,858
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 193 Que faire ? ouvrir un cabinet et y attendre les clients c'eût été une naïveté trop grande, bonne tout au plus pour des fils de famille qui achètent des causes au besoin. Se mettre dans les bonnes grâces des présidents des tribunaux ou des cours d'assises, et obtenir d'eux la défense de pauvres diables ou de scélérats subalternes, c'était courir après le bruit plutôt qu'après la besogne. De telles tâches, même brillamment remplies, ne sont pas des titres de recommandation auprès des hommes qui se partagent le domaine des gros honoraires et l'empire de la procédure. C'est de ce côté que se porta Ludovic. Les enfants des montagnes ont un flair exercé ils vont droit au meilleur gibier. Notre avocat se résigna donc à occuper un poste modeste dans une étude d'avoué. C'était déroger mais on ne s'élève , qu'en s'humiliant. Ludovic savait bien que lorsqu'il aurait fourni ses preuves et donné la mesure de ce qu'il valait, l'avancement ne se ferait pas attendre, et qu'après avoir subi la loi, ce serait lui qui en définitive la dicterait. Il s'en fiait au travail pour le tirer de sa position secondaire et à une circonstance heureuse pouf le mettre en relief. En attendant, il acceptait et exécutait sans sourciller les tâches les plus ingrates et les moins dignes de lui. L'étude à laquelle il était attaché avait peu de rivales pour l'importance et l'activité. C'était l'une des plus riches et des plus occupées de Paris. Le titulaire n'avait pas néanmoins blanchi sous le harnais jeune encore, il succédait à un homme qui s'était retiré dans la maturité de l'âge, après avoir fait, comme on dit, sa pelote. Celui-ci était en train de la faire aussi et n'y prenait pas grand'peine. Un office est une machine montée, où tout marche d'après des lois convenues et avec des instruments appropriés. Que le conducteur change, peu importe 1 la machine n'en reste pas moins ce qu'elle était, armée de ses ressorts et remplissant ses fonc-tions habituelles. Le mouvement se transmet ainsi d'un titu-laire à un autre sans secousses, et, à moins de grandes fautes, sans altération. Même quand les rouages changent, l'esprit se maintient, comme dans les régiments où la per-manence des cadres corrige la mobilité des contingents. A peine entré dans l'office, Ludovic en vit le fort et le faible, et sut mettre cette découverte à profit. Il n'y avait pas
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 193 Que faire ? ouvrir un cabinet et y attendre les clients c'eût été une naïveté trop grande, bonne tout au plus pour des fils de famille qui achètent des causes au besoin. Se mettre dans les bonnes grâces des présidents des tribunaux ou des cours d'assises, et obtenir d'eux la défense de pauvres diables ou de scélérats subalternes, c'était courir après le bruit plutôt qu'après la besogne. De telles tâches, même brillamment remplies, ne sont pas des titres de recommandation auprès des hommes qui se partagent le domaine des gros honoraires et l'empire de la procédure. C'est de ce côté que se porta Ludovic. Les enfants des montagnes ont un flair exercé ils vont droit au meilleur gibier. Notre avocat se résigna donc à occuper un poste modeste dans une étude d'avoué. C'était déroger mais on ne s'élève , qu'en s'humiliant. Ludovic savait bien que lorsqu'il aurait fourni ses preuves et donné la mesure de ce qu'il valait, l'avancement ne se ferait pas attendre, et qu'après avoir subi la loi, ce serait lui qui en définitive la dicterait. Il s'en fiait au travail pour le tirer de sa position secondaire et à une circonstance heureuse pouf le mettre en relief. En attendant, il acceptait et exécutait sans sourciller les tâches les plus ingrates et les moins dignes de lui. L'étude à laquelle il était attaché avait peu de rivales pour l'importance et l'activité. C'était l'une des plus riches et des plus occupées de Paris. Le titulaire n'avait pas néanmoins blanchi sous le harnais jeune encore, il succédait à un homme qui s'était retiré dans la maturité de l'âge, après avoir fait, comme on dit, sa pelote. Celui-ci était en train de la faire aussi et n'y prenait pas grand'peine. Un office est une machine montée, où tout marche d'après des lois convenues et avec des instruments appropriés. Que le conducteur change, peu importe 1 la machine n'en reste pas moins ce qu'elle était, armée de ses ressorts et remplissant ses fonc-tions habituelles. Le mouvement se transmet ainsi d'un titu-laire à un autre sans secousses, et, à moins de grandes fautes, sans altération. Même quand les rouages changent, l'esprit se maintient, comme dans les régiments où la per-manence des cadres corrige la mobilité des contingents. A peine entré dans l'office, Ludovic en vit le fort et le faible, et sut mettre cette découverte à profit. Il n'y avait pas
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 193 Que faire@? ouvrir un cabinet et y attendre les clients c'eût été une naïveté trop grande, bonne tout au plus pour des fils de famille qui achètent des causes au besoin. Se mettre dans les bonnes grâces des présidents des tribunaux ou des cours d'assises, et obtenir d'eux la défense de pauvres diables on de scélérats subalternes, c'était courir après le bruit plutôt qu'après la besogne. De telles tâches, même brillamment remplies, ne sont pas des titres de recommandation auprès des hommes qui se partagent le domaine des gros honoraires et l'empire de la procédure. C'est de ce côté que se porta Ludovic. Les enfants des montagnes ont un flair exercé ils vont droit au meilleur gibier. Notre avocat se résigna donc à occuper un poste modeste dans une étude d'avoué. C'était déroger mais on ne s'élève@@ qu'en s'humiliant. Ludovic savait bien que lorsqu'il aurait fourni ses preuves et donné la mesure de ce qu'il valait, l'avancement ne se ferait pas attendre, et qu'après avoir subi la loi, ce serait lui qui en définitive la dicterait. Il s'en fiait au travail pour le tirer de sa position secondaire et à une circonstance heureuse pour le mettre en relief. En attendant, il acceptait et exécutait sans sourciller les tâches les plus ingrates et les moins dignes de lui. L'étude à laquelle il était attaché avait peu de rivales pour l'importance et l'activité. C'était l'une des plus riches et des plus occupées de Paris. Le titulaire n'avait pas néanmoins blanchi sous le harnais jeune encore, il succédait à un homme qui s'était retiré dans la maturité de l'âge, après avoir fait, comme on dit, sa pelote. Celui-ci était en train de la faire aussi et n'y prenait pas grand'peine. Un office est une machine montée, où tout marche d'après des lois convenues et avec des instruments appropriés. Que le conducteur change, peu importe ! la machine n'en reste pas moins ce qu'elle était, armée de ses ressorts et remplissant ses fonc-tions habituelles. Le mouvement se transmet ainsi d'un titu-laire à un autre sans secousses, et, à moins de grandes fautes, sans altération. Même quand les rouages changent, l'esprit se maintient, comme dans les régiments où la per-manence des cadres corrige la mobilité des contingents. A peine entré dans l'office, Ludovic en vit le fort et le faible, et sut mettre cette découverte à profit. Il n'y avait pas
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 193 Que faire@? ouvrir un cabinet et y attendre les clients c'eût été une naïveté trop grande, bonne tout au plus pour des fils de famille qui achètent des causes au besoin. Se mettre dans les bonnes grâces des présidents des tribunaux ou des cours d'assises, et obtenir d'eux la défense de pauvres diables on de scélérats subalternes, c'était courir après le bruit plutôt qu'après la besogne. De telles tâches, même brillamment remplies, ne sont pas des titres de recommandation auprès des hommes qui se partagent le domaine des gros honoraires et l'empire de la procédure. C'est de ce côté que se porta Ludovic. Les enfants des montagnes ont un flair exercé ils vont droit au meilleur gibier. Notre avocat se résigna donc à occuper un poste modeste dans une étude d'avoué. C'était déroger mais on ne s'élève@@ qu'en s'humiliant. Ludovic savait bien que lorsqu'il aurait fourni ses preuves et donné la mesure de ce qu'il valait, l'avancement ne se ferait pas attendre, et qu'après avoir subi la loi, ce serait lui qui en définitive la dicterait. Il s'en fiait au travail pour le tirer de sa position secondaire et à une circonstance heureuse pour le mettre en relief. En attendant, il acceptait et exécutait sans sourciller les tâches les plus ingrates et les moins dignes de lui. L'étude à laquelle il était attaché avait peu de rivales pour l'importance et l'activité. C'était l'une des plus riches et des plus occupées de Paris. Le titulaire n'avait pas néanmoins blanchi sous le harnais jeune encore, il succédait à un homme qui s'était retiré dans la maturité de l'âge, après avoir fait, comme on dit, sa pelote. Celui-ci était en train de la faire aussi et n'y prenait pas grand'peine. Un office est une machine montée, où tout marche d'après des lois convenues et avec des instruments appropriés. Que le conducteur change, peu importe ! la machine n'en reste pas moins ce qu'elle était, armée de ses ressorts et remplissant ses fonc-tions habituelles. Le mouvement se transmet ainsi d'un titu-laire à un autre sans secousses, et, à moins de grandes fautes, sans altération. Même quand les rouages changent, l'esprit se maintient, comme dans les régiments où la per-manence des cadres corrige la mobilité des contingents. A peine entré dans l'office, Ludovic en vit le fort et le faible, et sut mettre cette découverte à profit. Il n'y avait pas
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 193 Que faire? ouvrir un cabinet et y attendre les clients c'eût été une naïveté trop grande, bonne tout au plus pour des fils de famille qui achètent des causes au besoin. Se mettre dans les bonnes grâces des présidents des tribunaux ou des cours d'assises, et obtenir d'eux la défense de pauvres diables on de scélérats subalternes, c'était courir après le bruit plutôt qu'après la besogne. De telles tâches, même brillamment remplies, ne sont pas des titres de recommandation auprès des hommes qui se partagent le domaine des gros honoraires et l'empire de la procédure. C'est de ce côté que se porta Ludovic. Les enfants des montagnes ont un flair exercé ils vont droit au meilleur gibier. Notre avocat se résigna donc à occuper un poste modeste dans une étude d'avoué. C'était déroger mais on ne s'élève qu'en s'humiliant. Ludovic savait bien que lorsqu'il aurait fourni ses preuves et donné la mesure de ce qu'il valait, l'avancement ne se ferait pas attendre, et qu'après avoir subi la loi, ce serait lui qui en définitive la dicterait. Il s'en fiait au travail pour le tirer de sa position secondaire et à une circonstance heureuse pour le mettre en relief. En attendant, il acceptait et exécutait sans sourciller les tâches les plus ingrates et les moins dignes de lui. L'étude à laquelle il était attaché avait peu de rivales pour l'importance et l'activité. C'était l'une des plus riches et des plus occupées de Paris. Le titulaire n'avait pas néanmoins blanchi sous le harnais jeune encore, il succédait à un homme qui s'était retiré dans la maturité de l'âge, après avoir fait, comme on dit, sa pelote. Celui-ci était en train de la faire aussi et n'y prenait pas grand'peine. Un office est une machine montée, où tout marche d'après des lois convenues et avec des instruments appropriés. Que le conducteur change, peu importe ! la machine n'en reste pas moins ce qu'elle était, armée de ses ressorts et remplissant ses fonc-tions habituelles. Le mouvement se transmet ainsi d'un titu-laire à un autre sans secousses, et, à moins de grandes fautes, sans altération. Même quand les rouages changent, l'esprit se maintient, comme dans les régiments où la per-manence des cadres corrige la mobilité des contingents. A peine entré dans l'office, Ludovic en vit le fort et le faible, et sut mettre cette découverte à profit. Il n'y avait pas
6
0.002519
0.011062
316.txt
1,820
XXIV NOTICE taire, on eut une révolution sanglante. A des conseillers prévoyans succédèrent des hommes présomptueux et des ministres ineptes. La Cour se vit placée entre le déshon-neur de la banqueroute ou le secours dangereux des états-généraux les parlemens, le clergé, la noblesse, les de-mandaient à grands cris ils s'assemblèrent au profit-du tiers-état. La Cour, en les réunissant, s'était donné des cen-seurs, des réformateurs et des maîtres. Incertaine dans sa marche, présomptueuse dans ses projets , timide dans leur exécution , elle ne put jamais établir, dans tout le cours de leur durée, l'idée de sa force ou de sa bonne foi. L'Assemblée constituante profita de la faiblesse du pouvoir et de l'appui qu'elle trouvait dans la nation, pour étendre ses entreprises. Cette assemblée , qui réu-nissait tant de lumières et de bonnes intentions, mêla de grandes erreurs à de grands bienfaits. En admirant ses travaux dans l'ordre administratif, ses réformes dans l'ordre judiciaire , on est forcé de regretter ses fautes dans l'ordre politique. Laisser le pouvoir aux prises avec la représentation nationale, sans intermédiaire et sans arbitre , c'était préparer une lutte qui devait entraîner la chute du trône ou l'asservissement de la nation. L'au-torité royale était comme un vaisseau de ligne qui, lancé en mer sans agrès et sans artillerie, ne pouvait ni résister aux orages, ni faire respecter son pavillon. Une défiance impolitique autant qu'injurieuse , sous prétexte d'ôter au pouvoir souverain tout moyen de nuire , l'avait réduit à l'impuissance d'être utile. C'était trop peu pour une mo-narchie c'était trop pour une république mais elle exis-tait déjà dans la pensée de quelques hommes. Du fond de la retraite où elle vivait aux environs de
XXIV NOTICE taire, on eut une révolution sanglante. A des conseillers prévoyans succédèrent des hommes présomptueux et des ministres ineptes. La Cour se vit placée entre le déshon-neur de la banqueroute ou le secours dangereux des états-généraux les parlemens, le clergé, la noblesse, les de-mandaient à grands cris ils s'assemblèrent au profit-du tiers-état. La Cour, en les réunissant, s'était donné des cen-seurs, des réformateurs et des maîtres. Incertaine dans sa marche, présomptueuse dans ses projets , timide dans leur exécution , elle ne put jamais établir, dans tout le cours de leur durée, l'idée de sa force ou de sa bonne foi. L'Assemblée constituante profita de la faiblesse du pouvoir et de l'appui qu'elle trouvait dans la nation, pour étendre ses entreprises. Cette assemblée , qui réu-nissait tant de lumières et de bonnes intentions, mêla de grandes erreurs à de grands bienfaits. En admirant ses travaux dans l'ordre administratif, ses réformes dans l'ordre judiciaire , on est forcé de regretter ses fautes dans l'ordre politique. Laisser le pouvoir aux prises avec la représentation nationale, sans intermédiaire et sans arbitre , c'était préparer une lutte qui devait entraîner la chute du trône ou l'asservissement de la nation. L'au-torité royale était comme un vaisseau de ligne qui, lancé en mer sans agrès et sans artillerie, ne pouvait ni résister aux orages, ni faire respecter son pavillon. Une défiance impolitique autant qu'injurieuse , sous prétexte d'ôter au pouvoir souverain tout moyen de nuire , l'avait réduit à l'impuissance d'être utile. C'était trop peu pour une mo-narchie c'était trop pour une république mais elle exis-tait déjà dans la pensée de quelques hommes. Du fond de la retraite où elle vivait aux environs de
XXIV NOTICE taire, on eut une révolution sanglante. A des conseillers prévoyans succédèrent des hommes présomptueux et des ministres ineptes. La Cour se vit placée entre le déshou-neur de la banqueroute ou le secours dangereux des états-généraux les parlemens, le clergé, la noblesse, les de-mandaient à grands cris ils s'assemblèrent au profit du tiers-état. La Cour, en les réunissant, s'était donné des cen-seurs, des réformateurs et des maîtres. Incertaine dans sa marche, présomptueuse dans ses projets@, timide dans leur exécution@, elle ne put jamais établir, dans tout le cours de leur durée, l'idée de sa force ou de sa bonne foi. L'Assemblée constituante profita de la faiblesse du pouvoir et de l'appui qu'elle trouvait dans la nation, pour étendre ses entreprises. Cette assemblée@, qui réu-nissait tant de lumières et de bonnes intentions, mêla de grandes erreurs à de grands bienfaits. En admirant ses travaux dans l'ordre administratif, ses réformes dans l'ordre judiciaire@, on est forcé de regretter ses fautes dans l'ordre politique. Laisser le pouvoir aux prises avec la représentation nationale, sans intermédiaire et sans arbitre@, c'était préparer une lutte qui devait entraîner la chute du trône ou l'asservissement de la nation. L'au-torité royale était comme un vaisseau de ligne qui, lancé en mer sans agrès et sans artillerie, ne pouvait ni résister aux orages, ni faire respecter son pavillon. Une défiance impolitique autant qu'injurieuse@, sous prétexte d'ôter au pouvoir souverain tout moyen de nuire@, l'avait réduit à l'impuissance d'être utile. C'était trop peu pour une mo-narchie c'était trop pour une république mais elle exis-tait déjà dans la pensée de quelques hommes. Du fond de la retraite où elle vivait aux environs de
XXIV NOTICE taire, on eut une révolution sanglante. A des conseillers prévoyans succédèrent des hommes présomptueux et des ministres ineptes. La Cour se vit placée entre le déshou-neur de la banqueroute ou le secours dangereux des états-généraux les parlemens, le clergé, la noblesse, les de-mandaient à grands cris ils s'assemblèrent au profit du tiers-état. La Cour, en les réunissant, s'était donné des cen-seurs, des réformateurs et des maîtres. Incertaine dans sa marche, présomptueuse dans ses projets@, timide dans leur exécution@, elle ne put jamais établir, dans tout le cours de leur durée, l'idée de sa force ou de sa bonne foi. L'Assemblée constituante profita de la faiblesse du pouvoir et de l'appui qu'elle trouvait dans la nation, pour étendre ses entreprises. Cette assemblée@, qui réu-nissait tant de lumières et de bonnes intentions, mêla de grandes erreurs à de grands bienfaits. En admirant ses travaux dans l'ordre administratif, ses réformes dans l'ordre judiciaire@, on est forcé de regretter ses fautes dans l'ordre politique. Laisser le pouvoir aux prises avec la représentation nationale, sans intermédiaire et sans arbitre@, c'était préparer une lutte qui devait entraîner la chute du trône ou l'asservissement de la nation. L'au-torité royale était comme un vaisseau de ligne qui, lancé en mer sans agrès et sans artillerie, ne pouvait ni résister aux orages, ni faire respecter son pavillon. Une défiance impolitique autant qu'injurieuse@, sous prétexte d'ôter au pouvoir souverain tout moyen de nuire@, l'avait réduit à l'impuissance d'être utile. C'était trop peu pour une mo-narchie c'était trop pour une république mais elle exis-tait déjà dans la pensée de quelques hommes. Du fond de la retraite où elle vivait aux environs de
XXIV NOTICE taire, on eut une révolution sanglante. A des conseillers prévoyans succédèrent des hommes présomptueux et des ministres ineptes. La Cour se vit placée entre le déshou-neur de la banqueroute ou le secours dangereux des états-généraux les parlemens, le clergé, la noblesse, les de-mandaient à grands cris ils s'assemblèrent au profit du tiers-état. La Cour, en les réunissant, s'était donné des cen-seurs, des réformateurs et des maîtres. Incertaine dans sa marche, présomptueuse dans ses projets, timide dans leur exécution, elle ne put jamais établir, dans tout le cours de leur durée, l'idée de sa force ou de sa bonne foi. L'Assemblée constituante profita de la faiblesse du pouvoir et de l'appui qu'elle trouvait dans la nation, pour étendre ses entreprises. Cette assemblée, qui réu-nissait tant de lumières et de bonnes intentions, mêla de grandes erreurs à de grands bienfaits. En admirant ses travaux dans l'ordre administratif, ses réformes dans l'ordre judiciaire, on est forcé de regretter ses fautes dans l'ordre politique. Laisser le pouvoir aux prises avec la représentation nationale, sans intermédiaire et sans arbitre, c'était préparer une lutte qui devait entraîner la chute du trône ou l'asservissement de la nation. L'au-torité royale était comme un vaisseau de ligne qui, lancé en mer sans agrès et sans artillerie, ne pouvait ni résister aux orages, ni faire respecter son pavillon. Une défiance impolitique autant qu'injurieuse, sous prétexte d'ôter au pouvoir souverain tout moyen de nuire, l'avait réduit à l'impuissance d'être utile. C'était trop peu pour une mo-narchie c'était trop pour une république mais elle exis-tait déjà dans la pensée de quelques hommes. Du fond de la retraite où elle vivait aux environs de
9
0.005128
0.006472
302.txt
1,845
-195 -liberté, ils ne se livreront pas à une joie immo-dérée en conservant alors leur âme en paix, ils montreront qu'ils ont porté sans murmure la croix qui leur avait été imposée. 3° Ils ne se permettront d'exprimer aucun regret de la perte soit de leurs biens, soit de leurs effets, ni aucun ressentiment contre ceux qui les possèdent. 4° Ils ne satisferont point 1rs curieux sur ce qu'ils auront eu à souffrir et dans leurs famil-les même ils n'en parleront qu'avec beaucoup de prudence et de modération. 5° Dès à présent ils ne feront qu'un coeur et qu'une âme, sans acception de personnes... Ils ne se mêleront pas de nouvelles politiques' ils se borneront à prier pour le bonheur de leur patrie, à se proposer pour eux une vie toute nouvelle si Dieu permet qu'ils retournent chez eux, afin d'y devenir des sujets d'édification et des modèles de vertu pour le peuple..,. Ces héroïques résolutions, tous les accompli-rent avec une fidélité et une constance qui ne se démentirent jamais. Les deux cent trente sur-vivants donnèrent à leur tour une preuve écla-tante de l'oubli des injures le jour même où ils s'étaient vus rendus à la liberté. Alors le rôle des opprimés et le rôle des oppresseurs changè-rent complètement. Les capitaines des deux na-vires, qui durant une année entière avaient donné
-195 -liberté, ils ne se livreront pas à une joie immo-dérée en conservant alors leur âme en paix, ils montreront qu'ils ont porté sans murmure la croix qui leur avait été imposée. 3° Ils ne se permettront d'exprimer aucun regret de la perte soit de leurs biens, soit de leurs effets, ni aucun ressentiment contre ceux qui les possèdent. 4° Ils ne satisferont point 1rs curieux sur ce qu'ils auront eu à souffrir et dans leurs famil-les même ils n'en parleront qu'avec beaucoup de prudence et de modération. 5° Dès à présent ils ne feront qu'un coeur et qu'une âme, sans acception de personnes... Ils ne se mêleront pas de nouvelles politiques' ils se borneront à prier pour le bonheur de leur patrie, à se proposer pour eux une vie toute nouvelle si Dieu permet qu'ils retournent chez eux, afin d'y devenir des sujets d'édification et des modèles de vertu pour le peuple..,. Ces héroïques résolutions, tous les accompli-rent avec une fidélité et une constance qui ne se démentirent jamais. Les deux cent trente sur-vivants donnèrent à leur tour une preuve écla-tante de l'oubli des injures le jour même où ils s'étaient vus rendus à la liberté. Alors le rôle des opprimés et le rôle des oppresseurs changè-rent complètement. Les capitaines des deux na-vires, qui durant une année entière avaient donné
############## ils ne se livreront pas à une joie immo-dérée en conservant alors leur âme en paix, ils montreront qu'ils ont porté sans murmure la croix qui leur avait été imposée. 3° Ils ne se permettront d'exprimer aucun regret de la perte soit de leurs biens, soit de leurs effets, ni aucun ressentiment contre ceux qui les possèdent. 4° Ils ne satisferont point les curieux sur ce qu'ils auront eu à souffrir et dans leurs famil-les même ils n'en parleront qu'avec beaucoup de prudence et de modération. 5° Dès à présent ils ne feront qu'un coeur et qu'une âme, sans acception de personnes... Ils ne se mêleront pas de nouvelles politiques@ ils se borneront à prier pour le bonheur de leur patrie, à se proposer pour eux une vie toute nouvelle si Dieu permet qu'ils retournent chez eux, afin d'y devenir des sujets d'édification et des modèles de vertu pour le peuple..,. Ces héroïques résolutions, tous les accompli-rent avec une fidélité et une constance qui ne se démentirent jamais. Les deux cent trente sur-vivants donnèrent à leur tour une preuve écla-tante de l'oubli des injures le jour même où ils s'étaient vus rendus à la liberté. Alors le rôle des opprimés et le rôle des oppresseurs changè-rent complètement. Les capitaines des deux na-vires, qui durant une année entière avaient donné
-195 -liberté, ils ne se livreront pas à une joie immo-dérée en conservant alors leur âme en paix, ils montreront qu'ils ont porté sans murmure la croix qui leur avait été imposée. 3° Ils ne se permettront d'exprimer aucun regret de la perte soit de leurs biens, soit de leurs effets, ni aucun ressentiment contre ceux qui les possèdent. 4° Ils ne satisferont point les curieux sur ce qu'ils auront eu à souffrir et dans leurs famil-les même ils n'en parleront qu'avec beaucoup de prudence et de modération. 5° Dès à présent ils ne feront qu'un coeur et qu'une âme, sans acception de personnes... Ils ne se mêleront pas de nouvelles politiques@ ils se borneront à prier pour le bonheur de leur patrie, à se proposer pour eux une vie toute nouvelle si Dieu permet qu'ils retournent chez eux, afin d'y devenir des sujets d'édification et des modèles de vertu pour le peuple..,. Ces héroïques résolutions, tous les accompli-rent avec une fidélité et une constance qui ne se démentirent jamais. Les deux cent trente sur-vivants donnèrent à leur tour une preuve écla-tante de l'oubli des injures le jour même où ils s'étaient vus rendus à la liberté. Alors le rôle des opprimés et le rôle des oppresseurs changè-rent complètement. Les capitaines des deux na-vires, qui durant une année entière avaient donné
-195 -liberté, ils ne se livreront pas à une joie immo-dérée en conservant alors leur âme en paix, ils montreront qu'ils ont porté sans murmure la croix qui leur avait été imposée. 3° Ils ne se permettront d'exprimer aucun regret de la perte soit de leurs biens, soit de leurs effets, ni aucun ressentiment contre ceux qui les possèdent. 4° Ils ne satisferont point les curieux sur ce qu'ils auront eu à souffrir et dans leurs famil-les même ils n'en parleront qu'avec beaucoup de prudence et de modération. 5° Dès à présent ils ne feront qu'un coeur et qu'une âme, sans acception de personnes... Ils ne se mêleront pas de nouvelles politiques ils se borneront à prier pour le bonheur de leur patrie, à se proposer pour eux une vie toute nouvelle si Dieu permet qu'ils retournent chez eux, afin d'y devenir des sujets d'édification et des modèles de vertu pour le peuple..,. Ces héroïques résolutions, tous les accompli-rent avec une fidélité et une constance qui ne se démentirent jamais. Les deux cent trente sur-vivants donnèrent à leur tour une preuve écla-tante de l'oubli des injures le jour même où ils s'étaient vus rendus à la liberté. Alors le rôle des opprimés et le rôle des oppresseurs changè-rent complètement. Les capitaines des deux na-vires, qui durant une année entière avaient donné
3
0.002306
0.016529
303.txt
1,845
-196 -à leurs équipages l'exemple trop bien suivi de la plus inique et de la plus insolente cruauté, com-mencèrent à craindre que les victimes qu'ils n'avaient pas eu le temps d'immoler, une fois libres de parler et d'agir, ne portassent des plaintes contre eux. Devenus tout à coup timi-des et rampants, ils se jettent, pour ainsi dire, aux pieds de ceux qu'ils avaient si peu ménagés, pour en obtenir des certificats constatant que les prisonniers avaient toujours été traités hu-mainement. Les confesseurs de la foi ne conser-vaient aucun ressentiment ni des spoliations, ni des outrages, ni des cruautés exercées sur leurs personnes ils donnèrent des certificats où ils déclaraient que les deux capitaines, dans les mesures de sévérité par eux suivies, n'avaient fait que céder aux dures exigences des lois ré-volutionnaires et n'ajoutèrent pas un mot qui pût les inculper. 0 vous donc, dirons-nous avec l'auteur des Martyrs de la Foi, ô vou ! tristes élèves de cette impiété qu'on appelle philosophie, et en vertu de laquelle tant de saints prêtres ont été si indi-gnement traités, apprenez à les connaître, en considérant les obligations angéliques que s'é-taient imposées et que remplirent avec une admi-rable ponctualité ces hommes vraiment célestes dont en effet le monde n'était pas digne.
-196 -à leurs équipages l'exemple trop bien suivi de la plus inique et de la plus insolente cruauté, com-mencèrent à craindre que les victimes qu'ils n'avaient pas eu le temps d'immoler, une fois libres de parler et d'agir, ne portassent des plaintes contre eux. Devenus tout à coup timi-des et rampants, ils se jettent, pour ainsi dire, aux pieds de ceux qu'ils avaient si peu ménagés, pour en obtenir des certificats constatant que les prisonniers avaient toujours été traités hu-mainement. Les confesseurs de la foi ne conser-vaient aucun ressentiment ni des spoliations, ni des outrages, ni des cruautés exercées sur leurs personnes ils donnèrent des certificats où ils déclaraient que les deux capitaines, dans les mesures de sévérité par eux suivies, n'avaient fait que céder aux dures exigences des lois ré-volutionnaires et n'ajoutèrent pas un mot qui pût les inculper. 0 vous donc, dirons-nous avec l'auteur des Martyrs de la Foi, ô vou ! tristes élèves de cette impiété qu'on appelle philosophie, et en vertu de laquelle tant de saints prêtres ont été si indi-gnement traités, apprenez à les connaître, en considérant les obligations angéliques que s'é-taient imposées et que remplirent avec une admi-rable ponctualité ces hommes vraiment célestes dont en effet le monde n'était pas digne.
############# équipages l'exemple trop bien suivi de la plus inique et de la plus insolente cruauté, com-mencèrent à craindre que les victimes qu'ils n'avaient pas eu le temps d'immoler, une fois libres de parler et d'agir, ne portassent des plaintes contre eux. Devenus tout à coup timi-des et rampants, ils se jettent, pour ainsi dire, aux pieds de ceux qu'ils avaient si peu ménagés, pour en obtenir des certificats constatant que les prisonniers avaient toujours été traités hu-mainement. Les confesseurs de la foi ne conser-vaient aucun ressentiment ni des spoliations, ni des outrages, ni des cruautés exercées sur leurs personnes ils donnèrent des certificats où ils déclaraient que les deux capitaines, dans les mesures de sévérité par eux suivies, n'avaient fait que céder aux dures exigences des lois ré-volutionnaires et n'ajoutèrent pas un mot qui pût les inculper. O vous donc, dirons-nous avec l'auteur des Martyrs de la Foi, ô vou ! tristes élèves de cette impiété qu'on appelle philosophie, et en vertu de laquelle tant de saints prêtres ont été si indi-gnement traités, apprenez à les connaître, en considérant les obligations angéliques que s'é-taient imposées et que remplirent avec une admi-rable ponctualité ces hommes vraiment célestes dont en effet le monde n'était pas digne.
-196 -à leurs équipages l'exemple trop bien suivi de la plus inique et de la plus insolente cruauté, com-mencèrent à craindre que les victimes qu'ils n'avaient pas eu le temps d'immoler, une fois libres de parler et d'agir, ne portassent des plaintes contre eux. Devenus tout à coup timi-des et rampants, ils se jettent, pour ainsi dire, aux pieds de ceux qu'ils avaient si peu ménagés, pour en obtenir des certificats constatant que les prisonniers avaient toujours été traités hu-mainement. Les confesseurs de la foi ne conser-vaient aucun ressentiment ni des spoliations, ni des outrages, ni des cruautés exercées sur leurs personnes ils donnèrent des certificats où ils déclaraient que les deux capitaines, dans les mesures de sévérité par eux suivies, n'avaient fait que céder aux dures exigences des lois ré-volutionnaires et n'ajoutèrent pas un mot qui pût les inculper. O vous donc, dirons-nous avec l'auteur des Martyrs de la Foi, ô vou ! tristes élèves de cette impiété qu'on appelle philosophie, et en vertu de laquelle tant de saints prêtres ont été si indi-gnement traités, apprenez à les connaître, en considérant les obligations angéliques que s'é-taient imposées et que remplirent avec une admi-rable ponctualité ces hommes vraiment célestes dont en effet le monde n'était pas digne.
-196 -à leurs équipages l'exemple trop bien suivi de la plus inique et de la plus insolente cruauté, com-mencèrent à craindre que les victimes qu'ils n'avaient pas eu le temps d'immoler, une fois libres de parler et d'agir, ne portassent des plaintes contre eux. Devenus tout à coup timi-des et rampants, ils se jettent, pour ainsi dire, aux pieds de ceux qu'ils avaient si peu ménagés, pour en obtenir des certificats constatant que les prisonniers avaient toujours été traités hu-mainement. Les confesseurs de la foi ne conser-vaient aucun ressentiment ni des spoliations, ni des outrages, ni des cruautés exercées sur leurs personnes ils donnèrent des certificats où ils déclaraient que les deux capitaines, dans les mesures de sévérité par eux suivies, n'avaient fait que céder aux dures exigences des lois ré-volutionnaires et n'ajoutèrent pas un mot qui pût les inculper. O vous donc, dirons-nous avec l'auteur des Martyrs de la Foi, ô vou ! tristes élèves de cette impiété qu'on appelle philosophie, et en vertu de laquelle tant de saints prêtres ont été si indi-gnement traités, apprenez à les connaître, en considérant les obligations angéliques que s'é-taient imposées et que remplirent avec une admi-rable ponctualité ces hommes vraiment célestes dont en effet le monde n'était pas digne.
1
0.00077
0.004367
465.txt
1,868
5 examiner tout à l'heure les arguments qui ont été produits à l'appui de cette thèse hardie. Les naturalistes de l'antre école, procédant à rebours des premiers, ont commencé par établir avec un soin par-ticulier, avec un véritable luxe de témoignages, et sans paraître se préoccuper des conséquences, que la série des vertébrés n'est qu'un prolongement direct de la série des invertébrés que les deux types sont fondamentalement semblables qu'ils ont, l'un comme l'autre, le zoonitisme ou polyzoïsme pour base. Cette large concession faite à la vérité scientifique, alors seulement on parut se douter du coup mortel qui devait en résulter pour le dogme du monozoïsme. On eut l'air de vou-loir se raviser mais, vu l'impossibilité de rétracter tant de preuves matérielles, tant de faits décisifs mis à découvert, on a essayé de jeter un nuage sur ces faits pour en dissi-muler la signification et la portée. Le naturaliste distingué qui occupe la chaire de zoologie au Muséum a présenté dans les termes suivants la défense de la première de ces deux doctrines, à laquelle il s'est rallié à la suite d'un autre physiologiste français des plus éminents Il n'y a pas que le système nerveux, dit-il, ou à sa place la vertèbre, qui différencie nettement les animaux verté-brés des animaux invertébrés. Sous bien des rapports, ceux-ci diffèrent totalement des premiers. Cette séparation, presque absolue, qui a soulevé les critiques si obstinées des naturalistes de l'école dite philosophique parmi lesquels nous voyons Geoffroy Saint-Hilaire, en France , Goethe et Oken, en Allemagne, demande à être établie par quelques développements. Une des premières notions à acquérir, poursuit le professeur, est relative à la distribution tout à fait diffé-rente, chez les vertébrés et les invertébrés, de cette chose
5 @examiner tout à l'heure les arguments qui ont été produits à l'appui de cette thèse hardie. Les naturalistes de l'antre école, procédant à rebours des premiers, ont commencé par établir avec un soin par-ticulier, avec un véritable luxe de témoignages, et sans paraître se préoccuper des conséquences, que la série des vertébrés n'est qu'un prolongement direct de la série des invertébrés que les deux types sont fondamentalement semblables qu'ils ont, l'un comme l'autre, le zoonitisme ou polyzoïsme pour base. Cette large concession faite à la vérité scientifique, alors seulement on parut se douter du coup mortel qui devait en résulter pour le dogme du monozoïsme. On eut l'air de vou-loir se raviser mais, vu l'impossibilité de rétracter tant de preuves matérielles, tant de faits décisifs mis à découvert, on a essayé de jeter un nuage sur ces faits pour en dissi-muler la signification et la portée. Le naturaliste distingué qui occupe la chaire de zoologie au Muséum a présenté dans les termes suivants la défense de la première de ces deux doctrines, à laquelle il s'est rallié à la suite d'un autre physiologiste français des plus éminents Il n'y a pas que le système nerveux, dit-il, ou à sa place la vertèbre, qui différencie nettement les animaux verté-brés des animaux invertébrés. Sous bien des rapports, ceux-ci diffèrent totalement des premiers. Cette séparation, presque absolue, qui a soulevé les critiques si obstinées des naturalistes de l'école dite philosophique parmi lesquels nous voyons Geoffroy Saint-Hilaire, en France , Goethe et Oken, en Allemagne, demande à être établie par quelques développements. Une des premières notions à acquérir, @poursuit le professeur, @est relative à la distribution tout à fait diffé-rente, chez les vertébrés et les invertébrés, de cette chose
5 -examiner tout à l'heure les arguments qui ont été produits à l'appui de cette thèse hardie. Les naturalistes de l'autre école, procédant à rebours des premiers, ont commencé par établir avec un soin par-ticulier, avec un véritable luxe de témoignages, et sans paraître se préoccuper des conséquences, que la série des vertébrés n'est qu'un prolongement direct de la série des invertébrés que les deux types sont fondamentalement semblables qu'ils ont, l'un comme l'autre, le zoonitisme ou polyzoïsme pour base. Cette large concession faite à la vérité scientifique, alors seulement on parut se douter du coup mortel qui devait en résulter pour le dogme du monozoïsme. On eut l'air de vou-loir se raviser mais, vu l'impossibilité de rétracter tant de preuves matérielles, tant de faits décisifs mis à découvert, on a essayé de jeter un nuage sur ces faits pour en dissi-muler la signification et la portée. Le naturaliste distingué qui occupe la chaire de zoologie au Muséum a présenté dans les termes suivants la défense de la première de ces deux doctrines, à laquelle il s'est rallié à la suite d'un autre physiologiste français des plus éminents Il n'y a pas que le système nerveux, dit-il, ou à sa place la vertèbre, qui différencie nettement les animaux verté-brés des animaux invertébrés. Sous bien des rapports, ceux-ci diffèrent totalement des premiers. Cette séparation, presque absolue, qui a soulevé les critiques si obstinées des naturalistes de l'école dite philosophique parmi lesquels nous voyons Geoffroy Saint-Hilaire, en France@, Goethe et Oken, en Allemagne, demande à être établie par quelques développements. Une des premières notions à acquérir, -poursuit le professeur, -est relative à la distribution tout à fait diffé-rente, chez les vertébrés et les invertébrés, de cette chose
5 -examiner tout à l'heure les arguments qui ont été produits à l'appui de cette thèse hardie. Les naturalistes de l'autre école, procédant à rebours des premiers, ont commencé par établir avec un soin par-ticulier, avec un véritable luxe de témoignages, et sans paraître se préoccuper des conséquences, que la série des vertébrés n'est qu'un prolongement direct de la série des invertébrés que les deux types sont fondamentalement semblables qu'ils ont, l'un comme l'autre, le zoonitisme ou polyzoïsme pour base. Cette large concession faite à la vérité scientifique, alors seulement on parut se douter du coup mortel qui devait en résulter pour le dogme du monozoïsme. On eut l'air de vou-loir se raviser mais, vu l'impossibilité de rétracter tant de preuves matérielles, tant de faits décisifs mis à découvert, on a essayé de jeter un nuage sur ces faits pour en dissi-muler la signification et la portée. Le naturaliste distingué qui occupe la chaire de zoologie au Muséum a présenté dans les termes suivants la défense de la première de ces deux doctrines, à laquelle il s'est rallié à la suite d'un autre physiologiste français des plus éminents Il n'y a pas que le système nerveux, dit-il, ou à sa place la vertèbre, qui différencie nettement les animaux verté-brés des animaux invertébrés. Sous bien des rapports, ceux-ci diffèrent totalement des premiers. Cette séparation, presque absolue, qui a soulevé les critiques si obstinées des naturalistes de l'école dite philosophique parmi lesquels nous voyons Geoffroy Saint-Hilaire, en France@, Goethe et Oken, en Allemagne, demande à être établie par quelques développements. Une des premières notions à acquérir, -poursuit le professeur, -est relative à la distribution tout à fait diffé-rente, chez les vertébrés et les invertébrés, de cette chose
5 -examiner tout à l'heure les arguments qui ont été produits à l'appui de cette thèse hardie. Les naturalistes de l'autre école, procédant à rebours des premiers, ont commencé par établir avec un soin par-ticulier, avec un véritable luxe de témoignages, et sans paraître se préoccuper des conséquences, que la série des vertébrés n'est qu'un prolongement direct de la série des invertébrés que les deux types sont fondamentalement semblables qu'ils ont, l'un comme l'autre, le zoonitisme ou polyzoïsme pour base. Cette large concession faite à la vérité scientifique, alors seulement on parut se douter du coup mortel qui devait en résulter pour le dogme du monozoïsme. On eut l'air de vou-loir se raviser mais, vu l'impossibilité de rétracter tant de preuves matérielles, tant de faits décisifs mis à découvert, on a essayé de jeter un nuage sur ces faits pour en dissi-muler la signification et la portée. Le naturaliste distingué qui occupe la chaire de zoologie au Muséum a présenté dans les termes suivants la défense de la première de ces deux doctrines, à laquelle il s'est rallié à la suite d'un autre physiologiste français des plus éminents Il n'y a pas que le système nerveux, dit-il, ou à sa place la vertèbre, qui différencie nettement les animaux verté-brés des animaux invertébrés. Sous bien des rapports, ceux-ci diffèrent totalement des premiers. Cette séparation, presque absolue, qui a soulevé les critiques si obstinées des naturalistes de l'école dite philosophique parmi lesquels nous voyons Geoffroy Saint-Hilaire, en France, Goethe et Oken, en Allemagne, demande à être établie par quelques développements. Une des premières notions à acquérir, -poursuit le professeur, -est relative à la distribution tout à fait diffé-rente, chez les vertébrés et les invertébrés, de cette chose
5
0.00277
0.0125
471.txt
1,868
-12 -proclamé ce grand fait de physiologie générale et contri-bué pour une part considérable à l'établir dans la science, en ont-ils accepté avec fermeté toutes les conséquences ? Non, ainsi que je l'ai dit plus haut. Il en est une, et c'est la principale, devant laquelle ils reculent tous mais en vain se jettent-ils dans des faux-fuyants pour l'éviter. Aux professions de foi si nettes et si fortement motivées qui précèdent, ils ont ajouté les commentaires restrictifs et atténuatifs que voici, comme un sacrifice obligé à l'idole de l'unité indivisible de l'homme. M. Gratiolet d'abord Toutefois, écrit-il à la suite du passage si remar-quable que nous avons donné plus haut, nous devons reconnaître qu'en distinguant très-nettement les actions excito-motrices d'avec celles qui ont l'intelligence pour principe qu'en suivant ainsi la loi tracée par M. Flourens, M. Marshall Hall .a rendu un grand service à la science en effet, L'automate est excité IL NE SENT POINT. L'EXCITABILITÉ appartient à la moelle la SENSIBILITÉ dépend d'un autre appareil, le cerveau. Gratiolet, Anatomie comparée du sys-tème nerveux, t. II. p. 6. Je passe à M. Carpenter Ces actions réflexes anormales de la moelle épinière de l'homme, écrit-il à propos d'une observation très-inté-ressante du docteur W. Budd, bien que puissantes par-fois, ont beaucoup moins de régularité et d'intentionalilé purposiveness apparente que n'en ont les mouvements exécutés par les vertébrés inférieurs la grenouille, par exemple après la décapitation, ou la section de la moelle, lesquels, sous ce rapport, se rapprochent des mouvements réflexes des animaux articulés. Il ne faudrait pourtant pas conclure de ce fait, continue l'auteur, qu'il existe aucune différence essentielle dans les propriétés de la moelle entre l'homme et les animaux inférieurs, ou qu'il y
-12 -proclamé ce grand fait de physiologie générale et contri-bué pour une part considérable à l'établir dans la science, en ont-ils accepté avec fermeté toutes les conséquences ? Non, ainsi que je l'ai dit plus haut. Il en est une, et c'est la principale, devant laquelle ils reculent tous mais en vain se jettent-ils dans des faux-fuyants pour l'éviter. Aux professions de foi si nettes et si fortement motivées qui précèdent, ils ont ajouté les commentaires restrictifs et atténuatifs que voici, comme un sacrifice obligé à l'idole de l'unité indivisible de l'homme. M. Gratiolet d'abord Toutefois, @écrit-il à la suite du passage si remar-quable que nous avons donné plus haut, @nous devons reconnaître qu'en distinguant très-nettement les actions excito-motrices d'avec celles qui ont l'intelligence pour principe qu'en suivant ainsi la loi tracée par M. Flourens, M. Marshall Hall .a rendu un grand service à la science en effet, L'automate est excité IL NE SENT POINT. L'EXCITABILITÉ appartient à la moelle la SENSIBILITÉ dépend d'un autre appareil, le cerveau. Gratiolet, Anatomie comparée du sys-tème nerveux, t. II. p. 6. Je passe à M. Carpenter Ces actions réflexes anormales de la moelle épinière de l'homme, @écrit-il à propos d'une observation très-inté-ressante du docteur W. Budd, @bien que puissantes par-fois, ont beaucoup moins de régularité et d'intentionalilé purposiveness apparente que n'en ont les mouvements exécutés par les vertébrés inférieurs la grenouille, par exemple après la décapitation, ou la section de la moelle, lesquels, sous ce rapport, se rapprochent des mouvements réflexes des animaux articulés. Il ne faudrait pourtant pas conclure de ce fait, @continue l'auteur, @qu'il existe aucune différence essentielle dans les propriétés de la moelle entre l'homme et les animaux inférieurs, ou qu'il y
-12 -proclamé ce grand fait de physiologie générale et contri-bué pour une part considérable à l'établir dans la science, en ont-ils accepté avec fermeté toutes les conséquences ? Non, ainsi que je l'ai dit plus haut. Il en est une, et c'est la principale, devant laquelle ils reculent tous mais en vain se jettent-ils dans des faux-fuyants pour l'éviter. Aux professions de foi si nettes et si fortement motivées qui précèdent, ils ont ajouté les commentaires restrictifs et atténuatifs que voici, comme un sacrifice obligé à l'idole de l'unité indivisible de l'homme. M. Gratiolet d'abord Toutefois, -écrit-il à la suite du passage si remar-quable que nous avons donné plus haut, -nous devons reconnaître qu'en distinguant très-nettement les actions excito-motrices d'avec celles qui ont l'intelligence pour principe qu'en suivant ainsi la loi tracée par M. Flourens, M. Marshall Hall @a rendu un grand service à la science en effet, l'automate est excité IL NE SENT POINT. L'EXCITABILITÉ appartient à la moelle la SENSIBILITÉ dépend d'un autre appareil, le cerveau. Gratiolet, Anatomie comparée du sys-tème nerveux, t. II. p. 6. Je passe à M. Carpenter Ces actions réflexes anormales de la moelle épinière de l'homme, -écrit-il à propos d'une observation très-inté-ressante du docteur W. Budd, -bien que puissantes par-fois, ont beaucoup moins de régularité et d'intentionalité purposiveness apparente que n'en ont les mouvements exécutés par les vertébrés inférieurs la grenouille, par exemple après la décapitation, ou la section de la moelle, lesquels, sous ce rapport, se rapprochent des mouvements réflexes des animaux articulés. Il ne faudrait pourtant pas conclure de ce fait, -continue l'auteur, -qu'il existe aucune différence essentielle dans les propriétés de la moelle entre l'homme et les animaux inférieurs, ou qu'il y
-12 -proclamé ce grand fait de physiologie générale et contri-bué pour une part considérable à l'établir dans la science, en ont-ils accepté avec fermeté toutes les conséquences ? Non, ainsi que je l'ai dit plus haut. Il en est une, et c'est la principale, devant laquelle ils reculent tous mais en vain se jettent-ils dans des faux-fuyants pour l'éviter. Aux professions de foi si nettes et si fortement motivées qui précèdent, ils ont ajouté les commentaires restrictifs et atténuatifs que voici, comme un sacrifice obligé à l'idole de l'unité indivisible de l'homme. M. Gratiolet d'abord Toutefois, -écrit-il à la suite du passage si remar-quable que nous avons donné plus haut, -nous devons reconnaître qu'en distinguant très-nettement les actions excito-motrices d'avec celles qui ont l'intelligence pour principe qu'en suivant ainsi la loi tracée par M. Flourens, M. Marshall Hall @a rendu un grand service à la science en effet, l'automate est excité IL NE SENT POINT. L'EXCITABILITÉ appartient à la moelle la SENSIBILITÉ dépend d'un autre appareil, le cerveau. Gratiolet, Anatomie comparée du sys-tème nerveux, t. II. p. 6. Je passe à M. Carpenter Ces actions réflexes anormales de la moelle épinière de l'homme, -écrit-il à propos d'une observation très-inté-ressante du docteur W. Budd, -bien que puissantes par-fois, ont beaucoup moins de régularité et d'intentionalité purposiveness apparente que n'en ont les mouvements exécutés par les vertébrés inférieurs la grenouille, par exemple après la décapitation, ou la section de la moelle, lesquels, sous ce rapport, se rapprochent des mouvements réflexes des animaux articulés. Il ne faudrait pourtant pas conclure de ce fait, -continue l'auteur, -qu'il existe aucune différence essentielle dans les propriétés de la moelle entre l'homme et les animaux inférieurs, ou qu'il y
-12 -proclamé ce grand fait de physiologie générale et contri-bué pour une part considérable à l'établir dans la science, en ont-ils accepté avec fermeté toutes les conséquences ? Non, ainsi que je l'ai dit plus haut. Il en est une, et c'est la principale, devant laquelle ils reculent tous mais en vain se jettent-ils dans des faux-fuyants pour l'éviter. Aux professions de foi si nettes et si fortement motivées qui précèdent, ils ont ajouté les commentaires restrictifs et atténuatifs que voici, comme un sacrifice obligé à l'idole de l'unité indivisible de l'homme. M. Gratiolet d'abord Toutefois, -écrit-il à la suite du passage si remar-quable que nous avons donné plus haut, -nous devons reconnaître qu'en distinguant très-nettement les actions excito-motrices d'avec celles qui ont l'intelligence pour principe qu'en suivant ainsi la loi tracée par M. Flourens, M. Marshall Hall a rendu un grand service à la science en effet, l'automate est excité IL NE SENT POINT. L'EXCITABILITÉ appartient à la moelle la SENSIBILITÉ dépend d'un autre appareil, le cerveau. Gratiolet, Anatomie comparée du sys-tème nerveux, t. II. p. 6. Je passe à M. Carpenter Ces actions réflexes anormales de la moelle épinière de l'homme, -écrit-il à propos d'une observation très-inté-ressante du docteur W. Budd, -bien que puissantes par-fois, ont beaucoup moins de régularité et d'intentionalité purposiveness apparente que n'en ont les mouvements exécutés par les vertébrés inférieurs la grenouille, par exemple après la décapitation, ou la section de la moelle, lesquels, sous ce rapport, se rapprochent des mouvements réflexes des animaux articulés. Il ne faudrait pourtant pas conclure de ce fait, -continue l'auteur, -qu'il existe aucune différence essentielle dans les propriétés de la moelle entre l'homme et les animaux inférieurs, ou qu'il y
9
0.004907
0.028571
317.txt
1,820
SUR MADAME ROLAN.. XXV Lyon avec son mari, madame Roland avait appelé , suivi, hâté, secondé tous ces grands mouvemens. La ville de Lyon se trouvait alors dans une situation malheureuse Roland fut chargé de porter ses sollicitations à l'Assemblée constituante sa femme le suivit à Paris Je courus aux séances , dit-elle , je vis le puissant Mirabeau, l'étonnant Cazalès, l'audacieux Maury, le froid Barnave. Je re-marquai avec dépit, du côté des noirs t , ce genre de supériorité que donnent dans les assemblées l'habitude w de la représentation, la pureté du langage, les ma-nières distinguées mais la force de la raison, le cou-rage de la probité, les lumières de la philosophie, le m savoir du cabinet, et la facilité du barreau , devaient assurer le triomphe aux patriotes du côté gauche , s'ils étaient tous purs et pouvaient rester unis. De toutes les fautes que fit l'Assemblée constituante, la plus grave, peut-être, fut d'avoir interdit à ses membres l'entrée de la première législature. Ils y auraient pu dé-fendre , réformer , ou consolider leur ouvrage. Parmi beaucoup d'adversaires dangereux, la constitution de 1791 ne compta dans l'assemblée nouvelle que peu de partisans sincères. Les départemens y envoyèrent en géné-ral des députés plus avides de célébrité que de repos, des hommes plus remarquables par leurs talens que par leur expérience, plus disposés à jouer le rôle de tribuns que celui de conciliateurs nulle députation n'y parut avec plus d éclat que celle de la Gironde. L'art du raisonnement et le pouvoir de la parole y plaçaient au premier rang Gen-1 C'est une singularité digne de remarque peut-être , que l'on don-nait alors dans un parti, le nom de noirs aux hommes qui sont désignes aujourd'hui précisément par une cipithète opposée.
SUR MADAME ROLAN.. XXV Lyon avec son mari, madame Roland avait appelé , suivi, hâté, secondé tous ces grands mouvemens. La ville de Lyon se trouvait alors dans une situation malheureuse Roland fut chargé de porter ses sollicitations à l'Assemblée constituante sa femme le suivit à Paris Je courus aux séances , dit-elle , je vis le puissant Mirabeau, l'étonnant Cazalès, l'audacieux Maury, le froid Barnave. Je re-@marquai avec dépit, du côté des noirs t , ce genre de supériorité que donnent dans les assemblées l'habitude w de la représentation, la pureté du langage, les ma-@nières distinguées mais la force de la raison, le cou-@rage de la probité, les lumières de la philosophie, le m savoir du cabinet, et la facilité du barreau , devaient assurer le triomphe aux patriotes du côté gauche , s'ils étaient tous purs et pouvaient rester unis. De toutes les fautes que fit l'Assemblée constituante, la plus grave, peut-être, fut d'avoir interdit à ses membres l'entrée de la première législature. Ils y auraient pu dé-fendre , réformer , ou consolider leur ouvrage. Parmi beaucoup d'adversaires dangereux, la constitution de 1791 ne compta dans l'assemblée nouvelle que peu de partisans sincères. Les départemens y envoyèrent en géné-ral des députés plus avides de célébrité que de repos, des hommes plus remarquables par leurs talens que par leur expérience, plus disposés à jouer le rôle de tribuns que celui de conciliateurs nulle députation n'y parut avec plus d éclat que celle de la Gironde. L'art du raisonnement et le pouvoir de la parole y plaçaient au premier rang Gen-@1 C'est une singularité digne de remarque peut-être , que l'on don-nait alors dans un parti, le nom de noirs aux hommes qui sont désignes aujourd'hui précisément par une cipithète opposée.
SUR MADAME ROLAND. XXV Lyon avec son mari, madame Roland avait appelé@, suivi, hâté, secondé tous ces grands mouvemens. La ville de Lyon se trouvait alors dans une situation malheureuse Roland fut chargé de porter ses sollicitations à l'Assemblée constituante sa femme le suivit à Paris Je courus aux séances@, dit-elle@, je vis le puissant Mirabeau, l'étonnant Cazalès, l'audacieux Maury, le froid Barnave. Je re- marquai avec dépit, du côté des noirs 1 , ce genre de supériorité que donnent dans les assemblées l'habitude@@ de la représentation, la pureté du langage, les ma- nières distinguées mais la force de la raison, le cou- rage de la probité, les lumières de la philosophie, le @@savoir du cabinet, et la facilité du barreau@, devaient assurer le triomphe aux patriotes du côté gauche@, s'ils étaient tous purs et pouvaient rester unis. De toutes les fautes que fit l'Assemblée constituante, la plus grave, peut-être, fut d'avoir interdit à ses membres l'entrée de la première législature. Ils y auraient pu dé-fendre@, réf rmer@, ou consolider leur ouvrage. Parmi beaucoup d'adversaires dangereux, la constitution de 1791 ne compta dans l'assemblée nouvelle que peu de partisans sincères. Les départemens y envoyèrent en géné-ral des députés plus avides de célébrité que de repos, des hommes plus remarquables par leurs talens que par leur expérience, plus disposés à jouer le rôle de tribuns que celui de conciliateurs nulle députation n'y parut avec plus d'éclat que celle de la Gironde. L'art du raisonnement et le pouvoir de la parole y plaçaient au premier rang Gen- 1 C'est une singularité digne de remarque peut-être@, que l'on don-nait alors dans un parti, le nom de noirs aux hommes qui sont désignés aujourd'hui précisément par une @épithète opposée.
SUR MADAME ROLAND. XXV Lyon avec son mari, madame Roland avait appelé@, suivi, hâté, secondé tous ces grands mouvemens. La ville de Lyon se trouvait alors dans une situation malheureuse Roland fut chargé de porter ses sollicitations à l'Assemblée constituante sa femme le suivit à Paris Je courus aux séances@, dit-elle@, je vis le puissant Mirabeau, l'étonnant Cazalès, l'audacieux Maury, le froid Barnave. Je re- marquai avec dépit, du côté des noirs 1 , ce genre de supériorité que donnent dans les assemblées l'habitude@@ de la représentation, la pureté du langage, les ma- nières distinguées mais la force de la raison, le cou- rage de la probité, les lumières de la philosophie, le @@savoir du cabinet, et la facilité du barreau@, devaient assurer le triomphe aux patriotes du côté gauche@, s'ils étaient tous purs et pouvaient rester unis. De toutes les fautes que fit l'Assemblée constituante, la plus grave, peut-être, fut d'avoir interdit à ses membres l'entrée de la première législature. Ils y auraient pu dé-fendre@, réf rmer@, ou consolider leur ouvrage. Parmi beaucoup d'adversaires dangereux, la constitution de 1791 ne compta dans l'assemblée nouvelle que peu de partisans sincères. Les départemens y envoyèrent en géné-ral des députés plus avides de célébrité que de repos, des hommes plus remarquables par leurs talens que par leur expérience, plus disposés à jouer le rôle de tribuns que celui de conciliateurs nulle députation n'y parut avec plus d'éclat que celle de la Gironde. L'art du raisonnement et le pouvoir de la parole y plaçaient au premier rang Gen- 1 C'est une singularité digne de remarque peut-être@, que l'on don-nait alors dans un parti, le nom de noirs aux hommes qui sont désignés aujourd'hui précisément par une @épithète opposée.
SUR MADAME ROLAND. XXV Lyon avec son mari, madame Roland avait appelé, suivi, hâté, secondé tous ces grands mouvemens. La ville de Lyon se trouvait alors dans une situation malheureuse Roland fut chargé de porter ses sollicitations à l'Assemblée constituante sa femme le suivit à Paris Je courus aux séances, dit-elle, je vis le puissant Mirabeau, l'étonnant Cazalès, l'audacieux Maury, le froid Barnave. Je re- marquai avec dépit, du côté des noirs 1 , ce genre de supériorité que donnent dans les assemblées l'habitude de la représentation, la pureté du langage, les ma- nières distinguées mais la force de la raison, le cou- rage de la probité, les lumières de la philosophie, le savoir du cabinet, et la facilité du barreau, devaient assurer le triomphe aux patriotes du côté gauche, s'ils étaient tous purs et pouvaient rester unis. De toutes les fautes que fit l'Assemblée constituante, la plus grave, peut-être, fut d'avoir interdit à ses membres l'entrée de la première législature. Ils y auraient pu dé-fendre, réf rmer, ou consolider leur ouvrage. Parmi beaucoup d'adversaires dangereux, la constitution de 1791 ne compta dans l'assemblée nouvelle que peu de partisans sincères. Les départemens y envoyèrent en géné-ral des députés plus avides de célébrité que de repos, des hommes plus remarquables par leurs talens que par leur expérience, plus disposés à jouer le rôle de tribuns que celui de conciliateurs nulle députation n'y parut avec plus d'éclat que celle de la Gironde. L'art du raisonnement et le pouvoir de la parole y plaçaient au premier rang Gen- 1 C'est une singularité digne de remarque peut-être, que l'on don-nait alors dans un parti, le nom de noirs aux hommes qui sont désignés aujourd'hui précisément par une épithète opposée.
23
0.013083
0.049383
883.txt
1,858
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 195 vers ce qui est exclusif. L'amour pour elles n'est pas un sentiment calme ni réfléchi elles en préfèrent le côté roma-nesque elles le reconnaissent, non à sa sagesse, mais à sa violence, et lui pardonnent plutôt ses égarements que ses calculs. De là entre Marguerite et 'Ludovic un malentendu qui ne pouvait que s'accroître. Peut-être s'y joignait-il, en outre, quelques motifs plus secrets et moins avoués. Quoi qu'il en soit, l'une des poursuites de Ludovic nuisait à l'autre, et- il semblait perdre dans l'esprit de la jeune fille une partie au moins du terrain qu'il gagnait dans la confiance de son patton. Les événements dans leur marche rendirent bientôt mani-feste ce conflit entre des sentiments opposés. Pour Ludovic ce fut un cruel réveil. XIII Il y eut un jour, dans la vie de notre héros, où il jouit, sur un théâtre plus positif, d'un succès au moins égal à celù qu'il avait obtenu devant la Faculté. Ce fut l'occasion atten-due et qui se rencontra dès le début. L'étude avait un procès important, depuis longtemps en-- gagé devant la juridiction supérieure. Il s'agissait d'un débat d'intérêts entre deux familles également puissantes, égale-ment influentes. La somme était forte et le droit de nature à diviser les meilleurs esprits. Le nombre des autorités se ba-lançait des deux parts, le nombre des arrêts également. Ceux-ci avaient Merlin, ceux-là Pothier. Bref, c'était une de ces causes qui font hohneur aux avocats qui les plaident et aux magistrats qui les jugent, de celles qui restent comme des monuments de jurisprudence dans la mémoire des greffiers' et des érudits. Aussi l'étude avait-elle choisi, pour faire valoir les moyens de son client, l'un des avocats les plus célèbres du barreau de Paris un habile jouteur qui savait envelopper l'injure
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 195 vers ce qui est exclusif. L'amour pour elles n'est pas un sentiment calme ni réfléchi elles en préfèrent le côté roma-nesque elles le reconnaissent, non à sa sagesse, mais à sa violence, et lui pardonnent plutôt ses égarements que ses calculs. De là entre Marguerite et 'Ludovic un malentendu qui ne pouvait que s'accroître. Peut-être s'y joignait-il, en outre, quelques motifs plus secrets et moins avoués. Quoi qu'il en soit, l'une des poursuites de Ludovic nuisait à l'autre, et- il semblait perdre dans l'esprit de la jeune fille une partie au moins du terrain qu'il gagnait dans la confiance de son patton. Les événements dans leur marche rendirent bientôt mani-feste ce conflit entre des sentiments opposés. Pour Ludovic ce fut un cruel réveil. XIII Il y eut un jour, dans la vie de notre héros, où il jouit, sur un théâtre plus positif, d'un succès au moins égal à celù qu'il avait obtenu devant la Faculté. Ce fut l'occasion atten-due et qui se rencontra dès le début. L'étude avait un procès important, depuis longtemps en-- gagé devant la juridiction supérieure. Il s'agissait d'un débat d'intérêts entre deux familles également puissantes, égale-ment influentes. La somme était forte et le droit de nature à diviser les meilleurs esprits. Le nombre des autorités se ba-lançait des deux parts, le nombre des arrêts également. Ceux-ci avaient Merlin, ceux-là Pothier. Bref, c'était une de ces causes qui font hohneur aux avocats qui les plaident et aux magistrats qui les jugent, de celles qui restent comme des monuments de jurisprudence dans la mémoire des greffiers' et des érudits. Aussi l'étude avait-elle choisi, pour faire valoir les moyens de son client, l'un des avocats les plus célèbres du barreau de Paris un habile jouteur qui savait envelopper l'injure
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 195 vers ce qui est exclusif. L'amour pour elles n'est pas un sentiment calme ni réfléchi elles en préfèrent le côté roma-nesque elles le reconnaissent, non à sa sagesse, mais à sa violence, et lui pardonnent plutôt ses égarements que ses calculs. De là entre Marguerite et @Ludovic un malentendu qui ne pouvait que s'accroître. Peut-être s'y joignait-il, en outre, quelques motifs plus secrets et moins avoués. Quoi qu'il en soit, l'une des poursuites de Ludovic nuisait à l'autre, et@ il semblait perdre dans l'esprit de la jeune fille une partie au moins du terrain qu'il gagnait dans la confiance de son patron. Les événements dans leur marche rendirent bientôt mani-feste ce conflit entre des sentiments opposés. Pour Ludovic ce fut un cruel réveil. XIII Il y eut un jour, dans la vie de notre héros, où il jouit, sur un théâtre plus positif, d'un succès au moins égal à celu qu'il avait obtenu devant la Faculté. Ce fut l'occasion atten-due et qui se rencontra dès le début. L'étude avait un procès important, depuis longtemps en@-@gagé devant la juridiction supérieure. Il s'agissait d'un débat d'intérêts entre deux familles également puissantes, égale-ment influentes. La somme était forte et le droit de nature à diviser les meilleurs esprits. Le nombre des autorités se ba-lançait des deux parts, le nombre des arrêts également. Ceux-ci avaient Merlin, ceux-là Pothier. Bref, c'était une de ces causes qui font honneur aux avocats qui les plaident et aux magistrats qui les jugent, de celles qui restent comme des monuments de jurisprudence dans la mémoire des greffiers@ et des érudits. Aussi l'étude avait-elle choisi, pour faire valoir les moyens de son client, l'un des avocats les plus célèbres du barreau de Paris un habile jou eur qui savait envelopper l'injure
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 195 vers ce qui est exclusif. L'amour pour elles n'est pas un sentiment calme ni réfléchi elles en préfèrent le côté roma-nesque elles le reconnaissent, non à sa sagesse, mais à sa violence, et lui pardonnent plutôt ses égarements que ses calculs. De là entre Marguerite et @Ludovic un malentendu qui ne pouvait que s'accroître. Peut-être s'y joignait-il, en outre, quelques motifs plus secrets et moins avoués. Quoi qu'il en soit, l'une des poursuites de Ludovic nuisait à l'autre, et@ il semblait perdre dans l'esprit de la jeune fille une partie au moins du terrain qu'il gagnait dans la confiance de son patron. Les événements dans leur marche rendirent bientôt mani-feste ce conflit entre des sentiments opposés. Pour Ludovic ce fut un cruel réveil. XIII Il y eut un jour, dans la vie de notre héros, où il jouit, sur un théâtre plus positif, d'un succès au moins égal à celu qu'il avait obtenu devant la Faculté. Ce fut l'occasion atten-due et qui se rencontra dès le début. L'étude avait un procès important, depuis longtemps en@-@gagé devant la juridiction supérieure. Il s'agissait d'un débat d'intérêts entre deux familles également puissantes, égale-ment influentes. La somme était forte et le droit de nature à diviser les meilleurs esprits. Le nombre des autorités se ba-lançait des deux parts, le nombre des arrêts également. Ceux-ci avaient Merlin, ceux-là Pothier. Bref, c'était une de ces causes qui font honneur aux avocats qui les plaident et aux magistrats qui les jugent, de celles qui restent comme des monuments de jurisprudence dans la mémoire des greffiers@ et des érudits. Aussi l'étude avait-elle choisi, pour faire valoir les moyens de son client, l'un des avocats les plus célèbres du barreau de Paris un habile jou eur qui savait envelopper l'injure
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 195 vers ce qui est exclusif. L'amour pour elles n'est pas un sentiment calme ni réfléchi elles en préfèrent le côté roma-nesque elles le reconnaissent, non à sa sagesse, mais à sa violence, et lui pardonnent plutôt ses égarements que ses calculs. De là entre Marguerite et Ludovic un malentendu qui ne pouvait que s'accroître. Peut-être s'y joignait-il, en outre, quelques motifs plus secrets et moins avoués. Quoi qu'il en soit, l'une des poursuites de Ludovic nuisait à l'autre, et il semblait perdre dans l'esprit de la jeune fille une partie au moins du terrain qu'il gagnait dans la confiance de son patron. Les événements dans leur marche rendirent bientôt mani-feste ce conflit entre des sentiments opposés. Pour Ludovic ce fut un cruel réveil. XIII Il y eut un jour, dans la vie de notre héros, où il jouit, sur un théâtre plus positif, d'un succès au moins égal à celu qu'il avait obtenu devant la Faculté. Ce fut l'occasion atten-due et qui se rencontra dès le début. L'étude avait un procès important, depuis longtemps en-gagé devant la juridiction supérieure. Il s'agissait d'un débat d'intérêts entre deux familles également puissantes, égale-ment influentes. La somme était forte et le droit de nature à diviser les meilleurs esprits. Le nombre des autorités se ba-lançait des deux parts, le nombre des arrêts également. Ceux-ci avaient Merlin, ceux-là Pothier. Bref, c'était une de ces causes qui font honneur aux avocats qui les plaident et aux magistrats qui les jugent, de celles qui restent comme des monuments de jurisprudence dans la mémoire des greffiers et des érudits. Aussi l'étude avait-elle choisi, pour faire valoir les moyens de son client, l'un des avocats les plus célèbres du barreau de Paris un habile jou eur qui savait envelopper l'injure
9
0.004981
0.032738
129.txt
1,821
81 sous le nom de Belvisia, un genre de plantes ayant le port des Pteris et celui des polypodes mais les différentes espè-ces qui le composaient étant rentrées dans les genre Lomaria et Asplenium, déjà existans, mon ami M. DES-VAUX , qui fut aussi celui de notre savant académicien, a proposé 1 de donner le nom de PALISOT DE BEAUVOIS. à la plante d'Oware, que cet infatigable voyageur avait consacrée à NAPOLEON BONAPARTE 2 , en opposition à la loi prescrite aux botanistes par leur illustre maître de ne jamais imposer aux plantes le nom d'hommes étrangers à la science, quels que fussent d'ailleurs leurs droits à l'immortalité 3 . La Belvisia ccerulca est remarquable par la beauté, par la singularité de ses fleurs bleues c'est un ordre nouveau, un ordre intermédiaire entre les pas-siflores et les cucurbitacées. La proposition de M. DES-VAUX méritait d'être adoptée, elle l'a été par les botanistes français elle lésera de même par tous ceux qui cultivent l'aimable science, par tous ceux qui se plaisent à payer un juste tribut à la mémoire de quiconque en a étendu les limites et la gloire et certes , à Ce double titre , per-sonne ne contestera la palme à PALISOT DE BEAUVOIS. 1 Journal de Botanique, tom. VI le IVe. de la nou-velle série , pag. 128-130. 2 Mémoire lu à l'Institut le 16 vendémiaire an XIII 8 octobre 1804 . Elle est décrite et figurée dans la Flore d'Oware, t. II, pag. 29 à 32, planche LXXVIIL Elle a paru séparément in-plano, avec un extrait du mémoire, en 1804. 3 Nominagenericanon aèutenda sunt ad sancto-rum, hominumve in alla arte illustrium favorcm captandam aut memoriam conservandam. LINNET. Phiiosophia botanica n°. 36
81 sous le nom de Belvisia, un genre de plantes ayant le port des Pteris et celui des polypodes mais les différentes espè-ces qui le composaient étant rentrées dans les genre@ Lomaria et Asplenium, déjà existans, mon ami M. DES-VAUX , qui fut aussi celui de notre savant académicien, a proposé 1 de donner le nom de PALISOT DE BEAUVOIS. à la plante d'Oware, que cet infatigable voyageur avait consacrée à NAPOLEON BONAPARTE 2 , en opposition à la loi prescrite aux botanistes par leur illustre maître de ne jamais imposer aux plantes le nom d'hommes étrangers à la science, quels que fussent d'ailleurs leurs droits à l'immortalité 3 . La Belvisia ccerulc@a est remarquable par la beauté, par la singularité de ses fleurs bleues c'est un ordre nouveau, un ordre intermédiaire entre les pas-siflores et les cucurbitacées. La proposition de M. DES-VAUX méritait d'être adoptée, elle l'a été par les botanistes français elle lésera de même par tous ceux qui cultivent l'aimable science, par tous ceux qui se plaisent à payer un juste tribut à la mémoire de quiconque en a étendu les limites et la gloire et certes , à Ce double titre , per-sonne ne contestera la palme à PALISOT DE BEAUVOIS. @1 @@Journal de Botanique, tom. VI le IVe. de la nou-velle série , pag. 128-130. 2 Mémoire lu à l'Institut le 16 vendémiaire an XIII 8 octobre 1804 . Elle est décrite et figurée dans la Flore d'Oware, t. II, pag. 29 à 32, planche LXXVIIL Elle a paru séparément in-plano, avec un extrait du mémoire, en 1804. 3 Nomina@generica@non aèutenda sunt ad sancto-rum, hominumve in alla arte illustrium favorcm captandam aut memoriam conservandam. LINNET. Phiiosophia botanica n°. 36
####### le nom de Belvisia, un genre de plantes ayant le port des Pteris et celui des polypodes mais les différentes espè-ces qui le composaient étant rentrées dans les genres Lomaria et Asplenium, déjà existans, mon ami M. DES-VAUX , qui fut aussi celui de notre savant académicien, a proposé 1 de donner le nom de PALISOT DE BEAUVOIS. à la plante d'Oware, que cet infatigable voyageur avait consacrée à NAPOLEON BONAPARTE 2 , en opposition à la loi prescrite aux botanistes par leur illustre maître de ne jamais imposer aux plantes le nom d'hommes étrangers à la science, quels que fussent d'ailleurs leurs droits à l'immortalité 3 . La Belvisia coerulcea est remarquable par la beauté, par la singularité de ses fleurs bleues c'est un ordre nouveau, un ordre intermédiaire entre les pas-siflores et les cucurbitacées. La proposition de M. DES-VAUX méritait d'être adoptée, elle l'a été par les botanistes français elle lésera de même par tous ceux qui cultivent l'aimable science, par tous ceux qui se plaisent à payer un juste tribut à la mémoire de quiconque en a étendu les limites et la gloire et certes , à Ce double titre , per-sonne ne contestera la palme à PALISOT DE BEAUVOIS. 81 1 Journal de Botanique, tom. VI le IVe. de la nou-velle série , pag. 128-130. 2 Mémoire lu à l'Institut le 16 vendémiaire an XIII 8 octobre 1804 . Elle est décrite et figurée dans la Flore d'Oware, t. II, pag. 29 à 32, planche LXXVIII Elle a paru séparément in-plano, avec un extrait du mémoire, en 1804. 3 Nomina generica non abutenda sunt ad sancto-rum, hominumve in alia arte illustrium favorem captandam aut memoriam conservandam. LINNET. Phiiosophia botanica n°. 36
81 sous le nom de Belvisia, un genre de plantes ayant le port des Pteris et celui des polypodes mais les différentes espè-ces qui le composaient étant rentrées dans les genres Lomaria et Asplenium, déjà existans, mon ami M. DES-VAUX , qui fut aussi celui de notre savant académicien, a proposé 1 de donner le nom de PALISOT DE BEAUVOIS. à la plante d'Oware, que cet infatigable voyageur avait consacrée à NAPOLEON BONAPARTE 2 , en opposition à la loi prescrite aux botanistes par leur illustre maître de ne jamais imposer aux plantes le nom d'hommes étrangers à la science, quels que fussent d'ailleurs leurs droits à l'immortalité 3 . La Belvisia coerulcea est remarquable par la beauté, par la singularité de ses fleurs bleues c'est un ordre nouveau, un ordre intermédiaire entre les pas-siflores et les cucurbitacées. La proposition de M. DES-VAUX méritait d'être adoptée, elle l'a été par les botanistes français elle lésera de même par tous ceux qui cultivent l'aimable science, par tous ceux qui se plaisent à payer un juste tribut à la mémoire de quiconque en a étendu les limites et la gloire et certes , à Ce double titre , per-sonne ne contestera la palme à PALISOT DE BEAUVOIS. 81 1 Journal de Botanique, tom. VI le IVe. de la nou-velle série , pag. 128-130. 2 Mémoire lu à l'Institut le 16 vendémiaire an XIII 8 octobre 1804 . Elle est décrite et figurée dans la Flore d'Oware, t. II, pag. 29 à 32, planche LXXVIII Elle a paru séparément in-plano, avec un extrait du mémoire, en 1804. 3 Nomina generica non abutenda sunt ad sancto-rum, hominumve in alia arte illustrium favorem captandam aut memoriam conservandam. LINNET. Phiiosophia botanica n°. 36
81 sous le nom de Belvisia, un genre de plantes ayant le port des Pteris et celui des polypodes mais les différentes espè-ces qui le composaient étant rentrées dans les genres Lomaria et Asplenium, déjà existans, mon ami M. DES-VAUX , qui fut aussi celui de notre savant académicien, a proposé 1 de donner le nom de PALISOT DE BEAUVOIS. à la plante d'Oware, que cet infatigable voyageur avait consacrée à NAPOLEON BONAPARTE 2 , en opposition à la loi prescrite aux botanistes par leur illustre maître de ne jamais imposer aux plantes le nom d'hommes étrangers à la science, quels que fussent d'ailleurs leurs droits à l'immortalité 3 . La Belvisia coerulcea est remarquable par la beauté, par la singularité de ses fleurs bleues c'est un ordre nouveau, un ordre intermédiaire entre les pas-siflores et les cucurbitacées. La proposition de M. DES-VAUX méritait d'être adoptée, elle l'a été par les botanistes français elle lésera de même par tous ceux qui cultivent l'aimable science, par tous ceux qui se plaisent à payer un juste tribut à la mémoire de quiconque en a étendu les limites et la gloire et certes , à Ce double titre , per-sonne ne contestera la palme à PALISOT DE BEAUVOIS. 81 1 Journal de Botanique, tom. VI le IVe. de la nou-velle série , pag. 128-130. 2 Mémoire lu à l'Institut le 16 vendémiaire an XIII 8 octobre 1804 . Elle est décrite et figurée dans la Flore d'Oware, t. II, pag. 29 à 32, planche LXXVIII Elle a paru séparément in-plano, avec un extrait du mémoire, en 1804. 3 Nomina generica non abutenda sunt ad sancto-rum, hominumve in alia arte illustrium favorem captandam aut memoriam conservandam. LINNET. Phiiosophia botanica n°. 36
12
0.00722
0.037618
897.txt
1,858
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 2H sables. Il voulait que les choses se fissent convenablement, et sinon avec luxe, du moins avec une certaine aisance. Il se plaisait à l'idée d'avoir un intérieur bien monté, bien pourvu, et où il pût reposer un regard satisfait-, une maison décente quoique modeste, et où rien ne sentit la privation. -Quand il venait voir la jeune fille, et c'était tous les jours et à des heures régulières, il ramenait l'entretien là-dessus. - Qu'il me vienne encore une affaire ou deux, Margue-rite, lui disait-il, et nous pourrons sans imprudence entrer en ménage. Hier encore, j'ai mis de côté un rouleau de louis pour la corbeille j'avais déjà plus qu'il ne faut pour le mo-bilier. Que reste-t-il à trouver? Quelques billets de mille francs comme réserve. L'excès de précaution ne nuit pas il y a tant d'accidents dans la vie contre lesquels il faut se pré-munir ! A ces confidences où la tendresse du jeune homme se montrait sous des formes si prévoyantes, Marguerite ne répondait, comme d'habitude, que par un acquiescement muet parfois même elle essayait de détourner la conver-sation - C'est bien, disait-elle nous en reparlerons quand il en sera temps. Enfin, un soir, elle eut à essuyer une ouverture plus di-recte. Ludovic avait touché, pour un procès délicat et labo-rieux, mille francs d'honoraires. Mille francs 1 ce n'était pas encore le chiffre des grands cabinets, mais c'était mieux que le gros des -avocats. De là, un peu d'orgueil et aussi un surcroît de confiance. Cette somme était un présage en-courageant, et, ajoutée aux épargnes déjà faites, elle cons-tituait un petit capital. Ludovic pensa que l'heure avait sonné. -Marguerite, lui dit-il, vous le voyez, me voici en veine tout me réussit, tout me sourit. En fait de carrière, le plus fort est fait je me sens maître de la position, et les choses vont désormais marcher toutes seules. N'est-ce pas le cas de presser les choses? Qu'en pensez-vous? Mise ainsi en demeure, Marguerite se sentit troublée et parut confuse. Devant un langage aussi net, l'hésitation n'é-tait plus permise il fallait se décider. Il semblait que la
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 2@H sables. Il voulait que les choses se fissent convenablement, et sinon avec luxe, du moins avec une certaine aisance. Il se plaisait à l'idée d'avoir un intérieur bien monté, bien pourvu, et où il pût reposer un regard satisfait-, une maison décente quoique modeste, et où rien ne sentit la privation. -Quand il venait voir la jeune fille, et c'était tous les jours et à des heures régulières, il ramenait l'entretien là-dessus. - Qu'il me vienne encore une affaire ou deux, Margue-rite, lui disait-il, et nous pourrons sans imprudence entrer en ménage. Hier encore, j'ai mis de côté un rouleau de louis pour la corbeille j'avais déjà plus qu'il ne faut pour le mo-bilier. Que reste-t-il à trouver? Quelques billets de mille francs comme réserve. L'excès de précaution ne nuit pas il y a tant d'accidents dans la vie contre lesquels il faut se pré-munir ! A ces confidences où la tendresse du jeune homme se montrait sous des formes si prévoyantes, Marguerite ne répondait, comme d'habitude, que par un acquiescement muet parfois même elle essayait de détourner la conver-sation - C'est bien, disait-elle nous en reparlerons quand il en sera temps. Enfin, un soir, elle eut à essuyer une ouverture plus di-recte. Ludovic avait touché, pour un procès délicat et labo-rieux, mille francs d'honoraires. Mille francs 1 ce n'était pas encore le chiffre des grands cabinets, mais c'était mieux que le gros des -avocats. De là, un peu d'orgueil et aussi un surcroît de confiance. Cette somme était un présage en-courageant, et, ajoutée aux épargnes déjà faites, elle cons-tituait un petit capital. Ludovic pensa que l'heure avait sonné. -Marguerite, lui dit-il, vous le voyez, me voici en veine tout me réussit, tout me sourit. En fait de carrière, le plus fort est fait je me sens maître de la position, et les choses vont désormais marcher toutes seules. N'est-ce pas le cas de presser les choses@? Qu'en pensez-vous@? Mise ainsi en demeure, Marguerite se sentit troublée et parut confuse. Devant un langage aussi net, l'hésitation n'é-tait plus permise il fallait se décider. Il semblait que la
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 211 sables. Il voulait que les choses se fissent convenablement, et sinon avec luxe, du moins avec une certaine aisance. Il se plaisait à l'idée d'avoir un intérieur bien monté, bien pourvu, et où il pût reposer un regard satisfait@@ une maison décente quoique modeste, et où rien ne sentît la privation. @Quand il venait voir la jeune fille, et c'était tous les jours et à des heures régulières, il ramenait l'entretien là-dessus. -@Qu'il me vienne encore une affaire ou deux, Margue-rite, lui disait-il, et nous pourrons sans imprudence entrer en ménage. Hier encore, j'ai mis de côté un rouleau de louis pour la corbeille j'avais déjà plus qu'il ne faut pour le mo-bilier. Que reste-t-il à trouver? Quelques billets de mille francs comme réserve. L'excès de précaution ne nuit pas il y a tant d'accidents dans la vie contre lesquels il faut se pré-munir ! A ces confidences où la tendresse du jeune homme se montrait sous des formes si prévoyantes, Marguerite ne répondait, comme d'habitude, que par un acquiescement muet parfois même elle essayait de détourner la conver-sation -@C'est bien, disait-elle nous en reparlerons quand il en sera temps. Enfin, un soir, elle eut à essuyer une ouverture plus di-recte. Ludovic avait touché, pour un procès délicat et labo-rieux, mille francs d'honoraires. Mille francs ! ce n'était pas encore le chiffre des grands cabinets, mais c'était mieux que le gros des @avocats. De là, un peu d'orgueil et aussi un surcroît de confiance. Cette somme était un présage en-courageant, et, ajoutée aux épargnes déjà faites, elle cons-tituait un petit capital. Ludovic pensa que l'heure avait sonné. -Marguerite, lui dit-il, vous le voyez, me voici en veine tout me réussit, tout me sourit. En fait de carrière, le plus fort est fait je me sens maître de la position, et les choses vont désormais marcher toutes seules. N'est-ce pas le cas de presser les choses ? Qu'en pensez-vous ? Mise ainsi en demeure, Marguerite se sentit troublée et parut confuse. Devant un langage aussi net, l'hésitation n'é-tait plus permise il fallait se décider. Il semblait que la
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 211 sables. Il voulait que les choses se fissent convenablement, et sinon avec luxe, du moins avec une certaine aisance. Il se plaisait à l'idée d'avoir un intérieur bien monté, bien pourvu, et où il pût reposer un regard satisfait@@ une maison décente quoique modeste, et où rien ne sentît la privation. @Quand il venait voir la jeune fille, et c'était tous les jours et à des heures régulières, il ramenait l'entretien là-dessus. -@Qu'il me vienne encore une affaire ou deux, Margue-rite, lui disait-il, et nous pourrons sans imprudence entrer en ménage. Hier encore, j'ai mis de côté un rouleau de louis pour la corbeille j'avais déjà plus qu'il ne faut pour le mo-bilier. Que reste-t-il à trouver? Quelques billets de mille francs comme réserve. L'excès de précaution ne nuit pas il y a tant d'accidents dans la vie contre lesquels il faut se pré-munir ! A ces confidences où la tendresse du jeune homme se montrait sous des formes si prévoyantes, Marguerite ne répondait, comme d'habitude, que par un acquiescement muet parfois même elle essayait de détourner la conver-sation -@C'est bien, disait-elle nous en reparlerons quand il en sera temps. Enfin, un soir, elle eut à essuyer une ouverture plus di-recte. Ludovic avait touché, pour un procès délicat et labo-rieux, mille francs d'honoraires. Mille francs ! ce n'était pas encore le chiffre des grands cabinets, mais c'était mieux que le gros des @avocats. De là, un peu d'orgueil et aussi un surcroît de confiance. Cette somme était un présage en-courageant, et, ajoutée aux épargnes déjà faites, elle cons-tituait un petit capital. Ludovic pensa que l'heure avait sonné. -Marguerite, lui dit-il, vous le voyez, me voici en veine tout me réussit, tout me sourit. En fait de carrière, le plus fort est fait je me sens maître de la position, et les choses vont désormais marcher toutes seules. N'est-ce pas le cas de presser les choses ? Qu'en pensez-vous ? Mise ainsi en demeure, Marguerite se sentit troublée et parut confuse. Devant un langage aussi net, l'hésitation n'é-tait plus permise il fallait se décider. Il semblait que la
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 211 sables. Il voulait que les choses se fissent convenablement, et sinon avec luxe, du moins avec une certaine aisance. Il se plaisait à l'idée d'avoir un intérieur bien monté, bien pourvu, et où il pût reposer un regard satisfait une maison décente quoique modeste, et où rien ne sentît la privation. Quand il venait voir la jeune fille, et c'était tous les jours et à des heures régulières, il ramenait l'entretien là-dessus. -Qu'il me vienne encore une affaire ou deux, Margue-rite, lui disait-il, et nous pourrons sans imprudence entrer en ménage. Hier encore, j'ai mis de côté un rouleau de louis pour la corbeille j'avais déjà plus qu'il ne faut pour le mo-bilier. Que reste-t-il à trouver? Quelques billets de mille francs comme réserve. L'excès de précaution ne nuit pas il y a tant d'accidents dans la vie contre lesquels il faut se pré-munir ! A ces confidences où la tendresse du jeune homme se montrait sous des formes si prévoyantes, Marguerite ne répondait, comme d'habitude, que par un acquiescement muet parfois même elle essayait de détourner la conver-sation -C'est bien, disait-elle nous en reparlerons quand il en sera temps. Enfin, un soir, elle eut à essuyer une ouverture plus di-recte. Ludovic avait touché, pour un procès délicat et labo-rieux, mille francs d'honoraires. Mille francs ! ce n'était pas encore le chiffre des grands cabinets, mais c'était mieux que le gros des avocats. De là, un peu d'orgueil et aussi un surcroît de confiance. Cette somme était un présage en-courageant, et, ajoutée aux épargnes déjà faites, elle cons-tituait un petit capital. Ludovic pensa que l'heure avait sonné. -Marguerite, lui dit-il, vous le voyez, me voici en veine tout me réussit, tout me sourit. En fait de carrière, le plus fort est fait je me sens maître de la position, et les choses vont désormais marcher toutes seules. N'est-ce pas le cas de presser les choses ? Qu'en pensez-vous ? Mise ainsi en demeure, Marguerite se sentit troublée et parut confuse. Devant un langage aussi net, l'hésitation n'é-tait plus permise il fallait se décider. Il semblait que la
12
0.00566
0.026895
667.txt
1,886
OPINION DU CLERGÉ ET DES SAVANTS 299 Vous ne voyez plus autant de miracles qu'au temps de Jésus-Christ, soit mais jamais l'opération miraculeuse n'a cessé dans l'Église elle y reste et produit une foule de faits. C'est une opinion bien franche et bien puissante que celle du révérend père Lacordaire il croit au magnétisme, il croit au somnambulisme mais il ne voit pas de résultat, mais, selon lui, le magnétisme ne produit rien. N'est-ce donc rien, Monsieur Lacordaire, que de rendre l'ouïe aux sours-muets et la vue aux aveugles ? N'est-ce donc rien que de faire marcher des paralytiques, et de guérir des épileptiques et des milliers de malades ? Oh ! certes, ce sont là de beaux résultats, mais M. Lacor-daire parait les ignorer il est comme la majeure partie du monde, qui ne connaît du magnétisme qu'un seul effet, le somnambulisme, et qui prend cet effet pour le magnétisme même, sans voir autre chose. Mais pour nous, magnétiseurs, le somnambulisme n'est point un effet essentiel, et je dis mieux, il n'est pas utile dans l'état de choses actuel il est plutôt nuisible car la lucidité est tellement passagère, que, loin de faire croire et de faire admettre le magnétisme, le som-nambulisme est peut-être la seule cause qui l'a fait repousser. Cependant le bill d'adhésion donné au magnétisme par M. Lacordaire doit être d'un grand poids et d'un grand secours près des corps savants peut-être s'émouvront-ils enfin lorsqu'ils verront la portion la plus éclairée du clergé fran-çais parler favorablement du magnétisme peut-être qu'ils se décideront à s'en occuper, et qu'ils cesseront de se laisser traîner à la remoique. Allons, Messieurs des académies, appelez près de vous des magnétiseurs consciencieux et expérimentés, ne leur demandez pas de somnambulisme, mais dites-leur Nous voulons en finir avec le magnétisme, l'adopter, l'employer, s'il est bon à quelque chose montrez-nous son côté utile, s'il en a un. Facilitez leur expérimen-tation en leur ouvrant les hôpitaux, mais largement, mais sans entraves 1 mettez-les dans la position de guérir cer-1 En 1814, j'ai été admis dans deux hôpitaux de Paris à la Pitié dans le service de M. Bérard, et à Beaujon dans le service de M. Robert, mais il fallait nous cacher. Il était impossible d'agir ainsi.
OPINION DU CLERGÉ ET DES SAVANTS 299 Vous ne voyez plus autant de miracles qu'au temps de Jésus-Christ, soit mais jamais l'opération miraculeuse n'a cessé dans l'Église elle y reste et produit une foule de faits@@. C'est une opinion bien franche et bien puissante que celle du révérend père Lacordaire il croit au magnétisme, il croit au somnambulisme mais il ne voit pas de résultat, mais, selon lui, le magnétisme ne produit rien. N'est-ce donc rien, Monsieur Lacordaire, que de rendre l'ouïe aux sours-muets et la vue aux aveugles ? N'est-ce donc rien que de faire marcher des paralytiques, et de guérir des épileptiques et des milliers de malades ? Oh ! certes, ce sont là de beaux résultats, mais M. Lacor-daire parait les ignorer il est comme la majeure partie du monde, qui ne connaît du magnétisme qu'un seul effet, le somnambulisme, et qui prend cet effet pour le magnétisme même, sans voir autre chose. Mais pour nous, magnétiseurs, le somnambulisme n'est point un effet essentiel, et je dis mieux, il n'est pas utile dans l'état de choses actuel il est plutôt nuisible car la lucidité est tellement passagère, que, loin de faire croire et de faire admettre le magnétisme, le som-nambulisme est peut-être la seule cause qui l'a fait repousser. Cependant le bill d'adhésion donné au magnétisme par M. Lacordaire doit être d'un grand poids et d'un grand secours près des corps savants peut-être s'émouvront-ils enfin lorsqu'ils verront la portion la plus éclairée du clergé fran-çais parler favorablement du magnétisme peut-être qu'ils se décideront à s'en occuper, et qu'ils cesseront de se laisser traîner à la remoique. Allons, Messieurs des académies, appelez près de vous des magnétiseurs consciencieux et expérimentés, ne leur demandez pas de somnambulisme, mais dites-leur Nous voulons en finir avec le magnétisme, l'adopter, l'employer, s'il est bon à quelque chose montrez-nous son côté utile, s'il en a un. Facilitez leur expérimen-tation en leur ouvrant les hôpitaux, mais largement, mais sans entraves 1 mettez-les dans la position de guérir cer-@1 En 1814, j'ai été admis dans deux hôpitaux de Paris@ à la Pitié dans le service de M. Bérard, et à Beaujon dans le service de M. Robert, mais il fallait nous cacher. Il était impossible d'agir ainsi.
OPINION DU CLERGÉ ET DES SAVANTS 299 Vous ne voyez plus autant de miracles qu'au temps de Jésus-Christ, soit mais jamais l'opération miraculeuse n'a cessé dans l'Église elle y reste et produit une foule de faits... C'est une opinion bien franche et bien puissante que celle du révérend père Lacordaire il croit au magnétisme, il croit au somnambulisme mais il ne voit pas de résultat, mais, selon lui, le magnétisme ne produit rien. N'est ce donc rien, Monsieur Lacordaire, que de rendre l'ouïe aux sours-muets et la vue aux aveugles@? N'est-ce donc rien que de faire marcher des paralytiques, et de guérir des épileptiques et des milliers de malades@? Oh@! certes, ce sont là de beaux résultats, mais M. Lacor-daire parait les ignorer il est comme la majeure partie du monde, qui ne connait du magnétisme qu'un seul effet, le somnambulisme, et qui prend cet effet pour le magnétisme même, sans voir autre chose. Mais pour nous, magnétiseurs, le somnambulisme n'est point un effet essentiel, et je dis mieux, il n'est pas utile dans l'état de choses actuel il est plutôt nuisible car la lucidité est tellement passagère, que, loin de faire croire et de faire admettre le magnétisme, le som-nambulisme est peut-être la seule cause qui l'a fait repousser. Cependant le bill d'adhésion donné au magnétisme par M. Lacordaire doit être d'un grand poids et d'un grand sécours près des corps savants peut-être s'émouvront-ils enfin lorsqu'ils verront la portion la plus éclairée du clergé fran-çais parler favorablement du magnétisme peut-être qu'ils se décideront à s'en occuper, et qu'ils cesseront de se laisser traîner à la remorque. Allons, Messieurs des académies, appelez près de vous des magnétiseurs consciencieux et expérimentés, ne leur demandez pas de somnambulisme, mais dites-leur Nous voulons en finir avec le magnétisme, l'adopter, l'employer, s'il est bon à quelque chose montrez-nous son côté utile, s'il en a un. Facilitez leur expérimen-tation en leur ouvrant les hôpitaux, mais largement, mais sans entraves 1 mettez-les dans la position de guérir cer- 1 En 1811, j'ai été admis dans deux hôpitaux de Paris, à la Pitié dans le service de M. Bérard@ et à Beaujon dans le service de M. Robert, mais il fallait nous cacher. Il était impossible d'agir ainsi.
OPINION DU CLERGÉ ET DES SAVANTS 299 Vous ne voyez plus autant de miracles qu'au temps de Jésus-Christ, soit mais jamais l'opération miraculeuse n'a cessé dans l'Église elle y reste et produit une foule de faits... C'est une opinion bien franche et bien puissante que celle du révérend père Lacordaire il croit au magnétisme, il croit au somnambulisme mais il ne voit pas de résultat, mais, selon lui, le magnétisme ne produit rien. N'est ce donc rien, Monsieur Lacordaire, que de rendre l'ouïe aux sours-muets et la vue aux aveugles@? N'est-ce donc rien que de faire marcher des paralytiques, et de guérir des épileptiques et des milliers de malades@? Oh@! certes, ce sont là de beaux résultats, mais M. Lacor-daire parait les ignorer il est comme la majeure partie du monde, qui ne connait du magnétisme qu'un seul effet, le somnambulisme, et qui prend cet effet pour le magnétisme même, sans voir autre chose. Mais pour nous, magnétiseurs, le somnambulisme n'est point un effet essentiel, et je dis mieux, il n'est pas utile dans l'état de choses actuel il est plutôt nuisible car la lucidité est tellement passagère, que, loin de faire croire et de faire admettre le magnétisme, le som-nambulisme est peut-être la seule cause qui l'a fait repousser. Cependant le bill d'adhésion donné au magnétisme par M. Lacordaire doit être d'un grand poids et d'un grand sécours près des corps savants peut-être s'émouvront-ils enfin lorsqu'ils verront la portion la plus éclairée du clergé fran-çais parler favorablement du magnétisme peut-être qu'ils se décideront à s'en occuper, et qu'ils cesseront de se laisser traîner à la remorque. Allons, Messieurs des académies, appelez près de vous des magnétiseurs consciencieux et expérimentés, ne leur demandez pas de somnambulisme, mais dites-leur Nous voulons en finir avec le magnétisme, l'adopter, l'employer, s'il est bon à quelque chose montrez-nous son côté utile, s'il en a un. Facilitez leur expérimen-tation en leur ouvrant les hôpitaux, mais largement, mais sans entraves 1 mettez-les dans la position de guérir cer- 1 En 1811, j'ai été admis dans deux hôpitaux de Paris, à la Pitié dans le service de M. Bérard@ et à Beaujon dans le service de M. Robert, mais il fallait nous cacher. Il était impossible d'agir ainsi.
OPINION DU CLERGÉ ET DES SAVANTS 299 Vous ne voyez plus autant de miracles qu'au temps de Jésus-Christ, soit mais jamais l'opération miraculeuse n'a cessé dans l'Église elle y reste et produit une foule de faits... C'est une opinion bien franche et bien puissante que celle du révérend père Lacordaire il croit au magnétisme, il croit au somnambulisme mais il ne voit pas de résultat, mais, selon lui, le magnétisme ne produit rien. N'est ce donc rien, Monsieur Lacordaire, que de rendre l'ouïe aux sours-muets et la vue aux aveugles? N'est-ce donc rien que de faire marcher des paralytiques, et de guérir des épileptiques et des milliers de malades? Oh! certes, ce sont là de beaux résultats, mais M. Lacor-daire parait les ignorer il est comme la majeure partie du monde, qui ne connait du magnétisme qu'un seul effet, le somnambulisme, et qui prend cet effet pour le magnétisme même, sans voir autre chose. Mais pour nous, magnétiseurs, le somnambulisme n'est point un effet essentiel, et je dis mieux, il n'est pas utile dans l'état de choses actuel il est plutôt nuisible car la lucidité est tellement passagère, que, loin de faire croire et de faire admettre le magnétisme, le som-nambulisme est peut-être la seule cause qui l'a fait repousser. Cependant le bill d'adhésion donné au magnétisme par M. Lacordaire doit être d'un grand poids et d'un grand sécours près des corps savants peut-être s'émouvront-ils enfin lorsqu'ils verront la portion la plus éclairée du clergé fran-çais parler favorablement du magnétisme peut-être qu'ils se décideront à s'en occuper, et qu'ils cesseront de se laisser traîner à la remorque. Allons, Messieurs des académies, appelez près de vous des magnétiseurs consciencieux et expérimentés, ne leur demandez pas de somnambulisme, mais dites-leur Nous voulons en finir avec le magnétisme, l'adopter, l'employer, s'il est bon à quelque chose montrez-nous son côté utile, s'il en a un. Facilitez leur expérimen-tation en leur ouvrant les hôpitaux, mais largement, mais sans entraves 1 mettez-les dans la position de guérir cer- 1 En 1811, j'ai été admis dans deux hôpitaux de Paris, à la Pitié dans le service de M. Bérard et à Beaujon dans le service de M. Robert, mais il fallait nous cacher. Il était impossible d'agir ainsi.
13
0.005742
0.028504
101.txt
1,821
53 atractocère qu'il a proposé, en 1801, d'établir dans l'ordre des coléoptères 1 . Ce genre est voisin des lymexylons, distinct des nycédales, et se rapproche beau-coup des staphylins 2 . divise, savoir 1°. les tétraptères sous-divisés en éiytrés, ou à aîles supérieures coriaces en hyménélytrés, à aîles supérieures membraneuses en hémétylrés , à aîles su-périeures demi-coriaces et demi-membraneuses en lépi-doptères, à aîles pulvérulentes, écailleuses en neurop-tères, à aîles nues égales, et en hyménoptères à aîles nues inégales 2°. les diptères sous-divisés en ptérigyop-tères à aîles à ailerons, et en apioptères à aîles simples sans ailerons 3°. et les aptères sous-divisés en diommatés à deux yeux, et en polyommatés à plus de deux yeux. Les deux ordres d'aptères sont ensuite sous-divisés d'après le nombre des pieds. 1 Mémoire inédit lu à l'Institut le 16 thermidor an IX le 4 août 1801 . Le mot atractocère est emprunté du grec fuseau, et xîçtcs, corne. 2 Comme l'insecte, qui a servi de texte à ce genre n'est point décrit dans la collection des insectes d'Afrique, que PALISOT DE BEAUVOIS a publies, je crois devoir en donner ici tous les caractères il a cinq articles à tous les tarses, et appartient à la première section de l'ordre des coléoptères. Sa tête est ovale, armée d'antennes en fu-seau, et insérées au-devant des yeux les palpes maxil-laires sont longs, composés de quatre articles , pectines et barbus sur les côtés les palpes postérieurs sont plus courts et composés de trois articles, dont le dernier est très-grand, ovale, arqué et velu en-dedans les mâchoires sont très-courtes et terminées par un lobe arrondi, garni de poils les yeux sont très-grands et'occupent presque toute la tête le corselet est oblong, convexe , les élytres
53 atractocère qu'il a proposé, en 1801, d'établir dans l'ordre des coléoptères 1 . Ce genre est voisin des lymexylons, distinct des nycédales, et se rapproche beau-coup des staphylins 2 . @@@divise, savoir 1°. les tétraptères sous-divisés en éiytrés, ou à aîles supérieures coriaces en hyménélytrés, à aîles supérieures membraneuses en hémétylrés , à aîles su-périeures demi-coriaces et demi-membraneuses en lépi-doptères, à aîles pulvérulentes, écailleuses en neurop-tères, à aîles nues égales, et en hyménoptères à aîles nues inégales 2°. les diptères sous-divisés en ptérigyop-tères à aîles à ailerons, et en apioptères à aîles simples sans ailerons 3°. et les aptères sous-divisés en diommatés à deux yeux, et en polyommatés à plus de deux yeux. Les deux ordres d'aptères sont ensuite sous-divisés d'après le nombre des pieds. 1 Mémoire inédit lu à l'Institut le 16 thermidor an IX le 4 août 1801 . Le mot atractocère est emprunté du grec fuseau, et xîçtcs, corne. 2 Comme l'insecte, qui a servi de texte à ce genre n'est point décrit dans la collection des insectes d'Afrique, que PALISOT DE BEAUVOIS a publies, je crois devoir en donner ici tous les caractères il a cinq articles à tous les tarses, et appartient à la première section de l'ordre des coléoptères. Sa tête est ovale, armée d'antennes en fu-seau, et insérées au-devant des yeux les palpes maxil-laires sont longs, composés de quatre articles , pectines et barbus sur les côtés les palpes postérieurs sont plus courts et composés de trois articles, dont le dernier est très-grand, ovale, arqué et velu en-dedans les mâchoires sont très-courtes et terminées par un lobe arrondi, garni de poils les yeux sont très-grands et'occupent presque toute la tête le corselet est oblong, convexe , les élytres
############## qu'il a proposé, en 1801, d'établir dans l'ordre des coléoptères 1 . Ce genre est voisin des lymexylons, distinct des nycédales, et se rapproche beau-coup des staphylins 2 . 53 divise, savoir 1°. les tétraptères sous-divisés en élytrés, ou à aîles supérieures coriaces en hyménélytrés, à aîles supérieures membraneuses en hémétytrés , à aîles su-périeures demi-coriaces et demi-membraneuses en lépi-doptères, à aîles pulvérulentes, écailleuses en neurop-tères, à aîles nues égales, et en hyménoptères à aîles nues inégales 2°. les diptères sous-divisés en ptérigyop-tères à aîles à aîlerons, et en aploptères à aîles simples sans aîlerons 3°. et les aptères sous-divisés en diommatés à deux yeux, et en polyommatés à plus de deux yeux. Les deux ordres d'aptères sont ensuite sous-divisés d'après le nombre des pieds. 1 Mémoire inédit lu à l'Institut le 16 thermidor an IX le 4 août 1801 . Le mot atractocère est emprunté du grec fuseau, et xîçtcs, corne. 2 Comme l'insecte, qui a servi de texte à ce genre n'est point décrit dans la collection des insectes d'Afrique, que PALISOT DE BEAUVOIS a publies, je crois devoir en donner ici tous les caractères il a cinq articles à tous les tarses, et appartient à la première section de l'ordre des coléoptères. Sa tête est ovale, armée d'antennes en fu-seau, et insérées au-devant des yeux les palpes maxil-laires sont longs, composés de quatre articles , pectines et barbus sur les côtés les palpes postérieurs sont plus courts et composés de trois articles, dont le dernier est très-grand, ovale, arqué et velu en-dedans les mâchoires sont très-courtes et terminées par un lobe arrondi, garni de poils les yeux sont très-grands et occupent presque toute la tête le corselet est oblong, convexe , les élytres
53 atractocère qu'il a proposé, en 1801, d'établir dans l'ordre des coléoptères 1 . Ce genre est voisin des lymexylons, distinct des nycédales, et se rapproche beau-coup des staphylins 2 . 53 divise, savoir 1°. les tétraptères sous-divisés en élytrés, ou à aîles supérieures coriaces en hyménélytrés, à aîles supérieures membraneuses en hémétytrés , à aîles su-périeures demi-coriaces et demi-membraneuses en lépi-doptères, à aîles pulvérulentes, écailleuses en neurop-tères, à aîles nues égales, et en hyménoptères à aîles nues inégales 2°. les diptères sous-divisés en ptérigyop-tères à aîles à aîlerons, et en aploptères à aîles simples sans aîlerons 3°. et les aptères sous-divisés en diommatés à deux yeux, et en polyommatés à plus de deux yeux. Les deux ordres d'aptères sont ensuite sous-divisés d'après le nombre des pieds. 1 Mémoire inédit lu à l'Institut le 16 thermidor an IX le 4 août 1801 . Le mot atractocère est emprunté du grec fuseau, et xîçtcs, corne. 2 Comme l'insecte, qui a servi de texte à ce genre n'est point décrit dans la collection des insectes d'Afrique, que PALISOT DE BEAUVOIS a publies, je crois devoir en donner ici tous les caractères il a cinq articles à tous les tarses, et appartient à la première section de l'ordre des coléoptères. Sa tête est ovale, armée d'antennes en fu-seau, et insérées au-devant des yeux les palpes maxil-laires sont longs, composés de quatre articles , pectines et barbus sur les côtés les palpes postérieurs sont plus courts et composés de trois articles, dont le dernier est très-grand, ovale, arqué et velu en-dedans les mâchoires sont très-courtes et terminées par un lobe arrondi, garni de poils les yeux sont très-grands et occupent presque toute la tête le corselet est oblong, convexe , les élytres
53 atractocère qu'il a proposé, en 1801, d'établir dans l'ordre des coléoptères 1 . Ce genre est voisin des lymexylons, distinct des nycédales, et se rapproche beau-coup des staphylins 2 . 53 divise, savoir 1°. les tétraptères sous-divisés en élytrés, ou à aîles supérieures coriaces en hyménélytrés, à aîles supérieures membraneuses en hémétytrés , à aîles su-périeures demi-coriaces et demi-membraneuses en lépi-doptères, à aîles pulvérulentes, écailleuses en neurop-tères, à aîles nues égales, et en hyménoptères à aîles nues inégales 2°. les diptères sous-divisés en ptérigyop-tères à aîles à aîlerons, et en aploptères à aîles simples sans aîlerons 3°. et les aptères sous-divisés en diommatés à deux yeux, et en polyommatés à plus de deux yeux. Les deux ordres d'aptères sont ensuite sous-divisés d'après le nombre des pieds. 1 Mémoire inédit lu à l'Institut le 16 thermidor an IX le 4 août 1801 . Le mot atractocère est emprunté du grec fuseau, et xîçtcs, corne. 2 Comme l'insecte, qui a servi de texte à ce genre n'est point décrit dans la collection des insectes d'Afrique, que PALISOT DE BEAUVOIS a publies, je crois devoir en donner ici tous les caractères il a cinq articles à tous les tarses, et appartient à la première section de l'ordre des coléoptères. Sa tête est ovale, armée d'antennes en fu-seau, et insérées au-devant des yeux les palpes maxil-laires sont longs, composés de quatre articles , pectines et barbus sur les côtés les palpes postérieurs sont plus courts et composés de trois articles, dont le dernier est très-grand, ovale, arqué et velu en-dedans les mâchoires sont très-courtes et terminées par un lobe arrondi, garni de poils les yeux sont très-grands et occupent presque toute la tête le corselet est oblong, convexe , les élytres
9
0.00509
0.02795
115.txt
1,821
67 En jetant les yeux sur les graminées, qui sont tout à-la-fois la base de l'aisance pour le propriétaire, et l'élé-ment de la vraie richesse pour les Etats, il voit avec peina la confusion, je dirai même le désordre dans lequel se trouve leur famille botanique il consulte les nombreux ouvrages publiés sur ces végétaux depuis les plus anciens jusquesaux plus modernes il s'assure que plusieurs au-teurs ont donné lieu à quelques heureux changemens , mais qu'ils n'ont pas contribué dans la même proportion à étendre les limites de la science, sous le rapport de la partie dogmatique il conçoit alors l'idée d'établir un corps de doctrines, il y travaille pendant plusieurs an-nées , et en 1812 il le lvre à l'impression 1 . Son but est de donner à la philosophie botanique une méthode nouvelle, fondée sur l'étude approfondie des organes de la fructification, sur des caractères constans déduits de l'organisation de chacune des parties de ces mêmes or-ganes. Ses bases tiennent principalement à la séparation ou à la réunion dés sexes, à la composition de la fleur, et au nombre de ses enveloppes. II divise les graminées en 213 genres, dont 195 parfaitement distincts, ont été étudiés sur la nature même. On y compte 62 genres nouveaux les autres sont ou peu connus, ou douteux, ou bien avaient été mal caractérisés par leurs.auteurs. L'ordre adopté tient à-la-fois à celui de LINNÉ et à celui de M. DE JUSSIEU. Comme PALISOT DE BEAUVOIS s'y était attendu, son 1 Essai d'une nouvelle Agrostographie, ou nou-veaux genres des graminées 1 vol. in-4°. et in-8°., de lXXIV et 182 pag. avec 25 planches, représentant les ca-ractères de tous les genres Paris, 1812. Les premières ébauches de cet ouvrage avaient été communiquées à l'Ins-titut au mois de septembre 1809.
67 En jetant les yeux sur les graminées, qui sont tout à-la-fois la base de l'aisance pour le propriétaire, et l'élé-ment de la vraie richesse pour les Etats, il voit avec peina la confusion, je dirai même le désordre dans lequel se trouve leur famille botanique il consulte les nombreux ouvrages publiés sur ces végétaux depuis les plus anciens jusques@aux plus modernes il s'assure que plusieurs au-teurs ont donné lieu à quelques heureux changemens , mais qu'ils n'ont pas contribué dans la même proportion à étendre les limites de la science, sous le rapport de la partie dogmatique il conçoit alors l'idée d'établir un corps de doctrines, il y travaille pendant plusieurs an-nées , et en 1812 il le l@vre à l'impression 1 . Son but est de donner à la philosophie botanique une méthode nouvelle, fondée sur l'étude approfondie des organes de la fructification, sur des caractères constans déduits de l'organisation de chacune des parties de ces mêmes or-ganes. Ses bases tiennent principalement à la séparation ou à la réunion dés sexes, à la composition de la fleur, et au nombre de ses enveloppes. II divise les graminées en 213 genres, dont 195 parfaitement distincts, ont été étudiés sur la nature même. On y compte 62 genres nouveaux les autres sont ou peu connus, ou douteux, ou bien avaient été mal caractérisés par leurs.auteurs. L'ordre adopté tient à-la-fois à celui de LINNÉ et à celui de M. DE JUSSIEU. Comme PALISOT DE BEAUVOIS s'y était attendu, son@@@ 1 Essai d'une nouvelle Agrostographie, ou nou-veaux genres des graminées 1 vol. in-4°. et in-8°., de lXXIV et 182 pag. avec 25 planches, représentant les ca-ractères de tous les genres Paris, 1812. Les premières ébauches de cet ouvrage avaient été communiquées à l'Ins-titut au mois de septembre 1809.
##### jetant les yeux sur les graminées, qui sont tout à-la-fois la base de l'aisance pour le propriétaire, et l'élé-ment de la vraie richesse pour les Etats, il voit avec peine la confusion, je dirai même le désordre dans lequel se trouve leur famille botanique il consulte les nombreux ouvrages publiés sur ces végétaux depuis les plus anciens jusques aux plus modernes il s'assure que plusieurs au-teurs ont donné lieu à quelques heureux changemens , mais qu'ils n'ont pas contribué dans la même proportion à étendre les limites de la science, sous le rapport de la partie dogmatique il conçoit alors l'idée d'établir un corps de doctrines, il y travaille pendant plusieurs an-nées , et en 1812 il le livre à l'impression 1 . Son but est de donner à la philosophie botanique une méthode nouvelle, fondée sur l'étude approfondie des organes de la fructification, sur des caractères constans déduits de l'organisation de chacune des parties de ces mêmes or-ganes. Ses bases tiennent principalement à la séparation ou à la réunion dés sexes, à la composition de la fleur, et au nombre de ses enveloppes. II divise les graminées en 213 genres, dont 195 parfaitement distincts, ont été étudiés sur la nature même. On y compte 62 genres nouveaux les autres sont ou peu connus, ou douteux, ou bien avaient été mal caractérisés par leurs.auteurs. L'ordre adopté tient à-la-fois à celui de LINNÉ et à celui de M. DE JUSSIEU. Comme PALISOT DE BEAUVOIS s'y était attendu, son 67 1 Essai d'une nouvelle Agrostographie, ou nou-veaux genres des graminées 1 vol. in-4°. et in-8°., de lxxiv et 182 pag. avec 25 planches, représentant les ca-ractères de tous les genres Paris, 1812. Les premières ébauches de cet ouvrage avaient été communiquées à l'Ins-titut au mois de septembre 1809.
67 En jetant les yeux sur les graminées, qui sont tout à-la-fois la base de l'aisance pour le propriétaire, et l'élé-ment de la vraie richesse pour les Etats, il voit avec peine la confusion, je dirai même le désordre dans lequel se trouve leur famille botanique il consulte les nombreux ouvrages publiés sur ces végétaux depuis les plus anciens jusques aux plus modernes il s'assure que plusieurs au-teurs ont donné lieu à quelques heureux changemens , mais qu'ils n'ont pas contribué dans la même proportion à étendre les limites de la science, sous le rapport de la partie dogmatique il conçoit alors l'idée d'établir un corps de doctrines, il y travaille pendant plusieurs an-nées , et en 1812 il le livre à l'impression 1 . Son but est de donner à la philosophie botanique une méthode nouvelle, fondée sur l'étude approfondie des organes de la fructification, sur des caractères constans déduits de l'organisation de chacune des parties de ces mêmes or-ganes. Ses bases tiennent principalement à la séparation ou à la réunion dés sexes, à la composition de la fleur, et au nombre de ses enveloppes. II divise les graminées en 213 genres, dont 195 parfaitement distincts, ont été étudiés sur la nature même. On y compte 62 genres nouveaux les autres sont ou peu connus, ou douteux, ou bien avaient été mal caractérisés par leurs.auteurs. L'ordre adopté tient à-la-fois à celui de LINNÉ et à celui de M. DE JUSSIEU. Comme PALISOT DE BEAUVOIS s'y était attendu, son 67 1 Essai d'une nouvelle Agrostographie, ou nou-veaux genres des graminées 1 vol. in-4°. et in-8°., de lxxiv et 182 pag. avec 25 planches, représentant les ca-ractères de tous les genres Paris, 1812. Les premières ébauches de cet ouvrage avaient été communiquées à l'Ins-titut au mois de septembre 1809.
67 En jetant les yeux sur les graminées, qui sont tout à-la-fois la base de l'aisance pour le propriétaire, et l'élé-ment de la vraie richesse pour les Etats, il voit avec peine la confusion, je dirai même le désordre dans lequel se trouve leur famille botanique il consulte les nombreux ouvrages publiés sur ces végétaux depuis les plus anciens jusques aux plus modernes il s'assure que plusieurs au-teurs ont donné lieu à quelques heureux changemens , mais qu'ils n'ont pas contribué dans la même proportion à étendre les limites de la science, sous le rapport de la partie dogmatique il conçoit alors l'idée d'établir un corps de doctrines, il y travaille pendant plusieurs an-nées , et en 1812 il le livre à l'impression 1 . Son but est de donner à la philosophie botanique une méthode nouvelle, fondée sur l'étude approfondie des organes de la fructification, sur des caractères constans déduits de l'organisation de chacune des parties de ces mêmes or-ganes. Ses bases tiennent principalement à la séparation ou à la réunion dés sexes, à la composition de la fleur, et au nombre de ses enveloppes. II divise les graminées en 213 genres, dont 195 parfaitement distincts, ont été étudiés sur la nature même. On y compte 62 genres nouveaux les autres sont ou peu connus, ou douteux, ou bien avaient été mal caractérisés par leurs.auteurs. L'ordre adopté tient à-la-fois à celui de LINNÉ et à celui de M. DE JUSSIEU. Comme PALISOT DE BEAUVOIS s'y était attendu, son 67 1 Essai d'une nouvelle Agrostographie, ou nou-veaux genres des graminées 1 vol. in-4°. et in-8°., de lxxiv et 182 pag. avec 25 planches, représentant les ca-ractères de tous les genres Paris, 1812. Les premières ébauches de cet ouvrage avaient été communiquées à l'Ins-titut au mois de septembre 1809.
10
0.005643
0.030303
673.txt
1,820
4° hombreux pour qu'il soit évident que le Roi les a con-nus , attaquer ces actes c'est offenser la personne du Roi ? N'est-ce pas oublier qu'en établissant l'inviolabilité du Roi et la responsabilité des ministres, la Charte a supposé que le monarque était dans l'ignorance des actes inconstitu-tionnels et illégaux commis par toute espèce d'agent ? C'est évidemment une convention légale et cette convention légale, que le Roi ne peut jamais faire mal, est la base indispensable de l'édifice constitutionnel si vous détruisez cette convention, vous rendez les ministres et les agens de la liste civile inviolables, ou vous étendez la responsabi-lité sur le monarque. Oui, tant que nous vivrons sous un gouvernement constitutionnel, le Roi ne peut pas autoriser des actes contraires à la constitution , contraires surtout à son autorité et à la tranquillité de l'Etat et il est impossible de fonder une accusation d'offenses envers sa personne sur la connaissance qu'on lui prêterait des actes attaqués, puisque la Charte ne permet pas qu'on suppose le Roi autorisant ce qui se fait de mal puisqu'elle n'admet pas qu'il puisse connaître , elle n'admettrait pas qu'il pût approuver le mal qui se fait par les agens de la liste civile comme par les ministres. Maximes vraies et utiles au pouvoir royal, tandis que le système contraire remettrait tout en question et compromettrait à la fois la constitution et la monarchie ! Maximes qui remontent à des temps plus reculés et que la Charte a dû consacrer, parce qu'elle est destinée à lier le passé au présent! Maximes scellées enfin du sang des innocentes victimes de Nîmes , qui, tombant sous les coups de leurs assassins , dont la féroce joie insultait à leurs derniers soupirs par les cris de vive le Roi! murmuraient encore ces mots sublimes AH ! SI LE Roi SAVAIT ! ! ! Je m'arrête, Messieurs. J'ai parcouru tout le cercle
4° hombreux pour qu'il soit évident que le Roi les a con-nus , attaquer ces actes c'est offenser la personne du Roi ? N'est-ce pas oublier qu'en établissant l'inviolabilité du Roi et la responsabilité des ministres, la Charte a supposé que le monarque était dans l'ignorance des actes inconstitu-tionnels et illégaux commis par toute espèce d'agent ? C'est évidemment une convention légale et cette convention légale, que le Roi ne peut jamais faire mal, est la base indispensable de l'édifice constitutionnel si vous détruisez cette convention, vous rendez les ministres et les agens de la liste civile inviolables, ou vous étendez la responsabi-lité sur le monarque. Oui, tant que nous vivrons sous un gouvernement constitutionnel, le Roi ne peut pas autoriser des actes contraires à la constitution , contraires surtout à son autorité et à la tranquillité de l'Etat@ et il est impossible de fonder une accusation d'offenses envers sa personne sur la connaissance qu'on lui prêterait des actes attaqués, puisque la Charte ne permet pas qu'on suppose le Roi autorisant ce qui se fait de mal puisqu'elle n'admet pas qu'il puisse connaître , elle n'admettrait pas qu'il pût approuver le mal qui se fait par les agens de la liste civile comme par les ministres. Maximes vraies et utiles au pouvoir royal, tandis que le système contraire remettrait tout en question et compromettrait à la fois la constitution et la monarchie ! Maximes qui remontent à des temps plus reculés et que la Charte a dû consacrer, parce qu'elle est destinée à lier le passé au présent@! Maximes scellées enfin du sang des innocentes victimes de Nîmes , qui, tombant sous les coups de leurs assassins , dont la féroce joie insultait à leurs derniers soupirs par les cris de vive le Roi@! murmuraient encore ces mots sublimes AH ! SI LE Roi SAVAIT ! ! ! Je m'arrête, Messieurs.@@@@ J'ai parcouru tout le cercle
########### pour qu'il soit évident que le Roi les a con-nus@, attaquer ces actes c'est offenser la personne du Roi ? N'est-ce pas oublier qu'en établissant l'inviolabilité du Roi et la responsabilité des ministres, la Charte a supposé que le monarque était dans l'ignorance des actes inco@stitu-tionnels et illégaux commis par toute espèce d'agent ? C'est évidemment une convention légale et cette convention légale, que le Roi ne peut jamais faire mal, est la base indispensable de l'édifice constitutionnel si vous détruisez cette convention, vous rendez les ministres et les agens de la liste civile inviolables, ou vous étendez la responsabi-lité sur le monarque. Oui, tant que nous vivrons sous un gouvernement constitutionnel, le Roi ne peut pas autoriser des actes contraires à la constitution@, contraires surtout à son autorité et à la tranquillité de l'État, et il est impossible de fonder une accusation d'offenses envers sa personne sur la connaissance qu'on lui prêterait des actes attaqués, puisque la Charte ne permet pas qu'on suppose le Roi autorisant ce qui se fait de mal puisqu'elle n'admet pas qu'il puisse connaître@, elle n'admettrait pas qu'il pût approuver le mal qui se fait par les agens de la liste civile comme par les ministres. Maximes vraies et utiles au pouvoir royal, tandis que le système contraire remettrait tout en question et compromettrait à la fois la constitution et la monarchie ! Maximes qui remontent à des temps plus reculés et que la Charte a dû consacrer, parce qu'elle est destinée à lier le passé au présent ! Maximes scellées enfin du sang des innocentes victimes de Nîmes@, qui, tombant sous les coups de leurs assassins@, dont la féroce joie insultait à leurs derniers soupris par les cris de vive le Roi ! murmuraient encore ces mots sublimes AH ! SI LE ROI SAVAIT !@!@! Je m'arrête, Messieurs..... J'ai parcouru tout le cercle
4° hombreux pour qu'il soit évident que le Roi les a con-nus@, attaquer ces actes c'est offenser la personne du Roi ? N'est-ce pas oublier qu'en établissant l'inviolabilité du Roi et la responsabilité des ministres, la Charte a supposé que le monarque était dans l'ignorance des actes inco@stitu-tionnels et illégaux commis par toute espèce d'agent ? C'est évidemment une convention légale et cette convention légale, que le Roi ne peut jamais faire mal, est la base indispensable de l'édifice constitutionnel si vous détruisez cette convention, vous rendez les ministres et les agens de la liste civile inviolables, ou vous étendez la responsabi-lité sur le monarque. Oui, tant que nous vivrons sous un gouvernement constitutionnel, le Roi ne peut pas autoriser des actes contraires à la constitution@, contraires surtout à son autorité et à la tranquillité de l'État, et il est impossible de fonder une accusation d'offenses envers sa personne sur la connaissance qu'on lui prêterait des actes attaqués, puisque la Charte ne permet pas qu'on suppose le Roi autorisant ce qui se fait de mal puisqu'elle n'admet pas qu'il puisse connaître@, elle n'admettrait pas qu'il pût approuver le mal qui se fait par les agens de la liste civile comme par les ministres. Maximes vraies et utiles au pouvoir royal, tandis que le système contraire remettrait tout en question et compromettrait à la fois la constitution et la monarchie ! Maximes qui remontent à des temps plus reculés et que la Charte a dû consacrer, parce qu'elle est destinée à lier le passé au présent ! Maximes scellées enfin du sang des innocentes victimes de Nîmes@, qui, tombant sous les coups de leurs assassins@, dont la féroce joie insultait à leurs derniers soupris par les cris de vive le Roi ! murmuraient encore ces mots sublimes AH ! SI LE ROI SAVAIT !@!@! Je m'arrête, Messieurs..... J'ai parcouru tout le cercle
4° hombreux pour qu'il soit évident que le Roi les a con-nus, attaquer ces actes c'est offenser la personne du Roi ? N'est-ce pas oublier qu'en établissant l'inviolabilité du Roi et la responsabilité des ministres, la Charte a supposé que le monarque était dans l'ignorance des actes incostitu-tionnels et illégaux commis par toute espèce d'agent ? C'est évidemment une convention légale et cette convention légale, que le Roi ne peut jamais faire mal, est la base indispensable de l'édifice constitutionnel si vous détruisez cette convention, vous rendez les ministres et les agens de la liste civile inviolables, ou vous étendez la responsabi-lité sur le monarque. Oui, tant que nous vivrons sous un gouvernement constitutionnel, le Roi ne peut pas autoriser des actes contraires à la constitution, contraires surtout à son autorité et à la tranquillité de l'État, et il est impossible de fonder une accusation d'offenses envers sa personne sur la connaissance qu'on lui prêterait des actes attaqués, puisque la Charte ne permet pas qu'on suppose le Roi autorisant ce qui se fait de mal puisqu'elle n'admet pas qu'il puisse connaître, elle n'admettrait pas qu'il pût approuver le mal qui se fait par les agens de la liste civile comme par les ministres. Maximes vraies et utiles au pouvoir royal, tandis que le système contraire remettrait tout en question et compromettrait à la fois la constitution et la monarchie ! Maximes qui remontent à des temps plus reculés et que la Charte a dû consacrer, parce qu'elle est destinée à lier le passé au présent ! Maximes scellées enfin du sang des innocentes victimes de Nîmes, qui, tombant sous les coups de leurs assassins, dont la féroce joie insultait à leurs derniers soupris par les cris de vive le Roi ! murmuraient encore ces mots sublimes AH ! SI LE ROI SAVAIT !!! Je m'arrête, Messieurs..... J'ai parcouru tout le cercle
20
0.010672
0.035928
840.txt
1,858
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 141 tions rentrées. On s'y rapproche de la nature, cette source féconde de consolation et d'apaisements. Je restai donc seul sur le théâtre de ce drame récent, et seul j'en devais comprendre le dernier acte. Pendant plu-sieurs semaines, l'hôtel Montréal resta plongé dans une pro-fonde immobilité. On eût dit qu'un crêpe de deuil envelop -pait ses murs solitaires. Quand je les longeais, c'était tou-jours avec une sorte de frisson et l'âme remplie de pensées funèbres. Il me semblait assister à ces scènes, marquées par tant de souffrances et où le sang avait coulé. Enfin, il s'y fit un jour, et à l'improviste, un mouvement inaccoutumé. Dès le matin , les croisées s'ouvrirent et les appartements se remplirent de monde. C'étaient des gens qui allaient et venaient et, dans le nombre, j'en reconnus dont la physionomie m'était familière. Que signifiait ce réveil? Que voulait dire ce bruit, après un long silence ? Bien des préparatifs tranchaient sur ce mouvement et lui donnaient un caractère encore plus singulier. Les pièces du rez-de-chaus-sée, toujours closes, même pendant le séjour du comte, étaient le siège d'un travail poursuivi avec activité. On les dégageait, on les aérait, on y ménageait un vaste espace. Tous les petits meubles d'ornement et d'ameublement étaient transportés ailleurs, comme si on. eût voulu imprimer à cette partie de la maison une physionomie plus sévère. A cela se joignaient les airs tristes des serviteurs qui, au milieu des ordres donnés et exécutés, gardaient une sorte de recueille-ment et de solennité volontaires. Cette scène me piquait et m'intéressait à la fois. Ce ne fut que le soir et à l'entrée de la nuit que j'en eus l'explication. Un domestique à cheval vint donner un avis aux gens de l'hôtel, et, à l'instant, les portes s'ouvrirent toutes grandes. La livrée, comme si elle fût sortie de dessous terre, reparut en grande tenue sur le perron et dans la cour. Tout le monde était en noir, avec des crêpes au bras et au chapeau. En même temps, une calèche de voyage parut a l'angle de la rue, allant au pas et de loin. je pouvais aper-cevoir les curieux qui se découvraient sur son passage. Plus de doute, c'était un cercueil que l'on rapportait, et pour lequel on avait fait ces préparatifs. Bientôt le bruit en fut public. La comtesse était morte en Italie ses restes
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 141 tions rentrées. On s'y rapproche de la nature, cette source féconde de consolation et d'apaisements. Je restai donc seul sur le théâtre de ce drame récent, et seul j'en devais comprendre le dernier acte. Pendant plu-sieurs semaines, l'hôtel Montréal resta plongé dans une pro-fonde immobilité. On eût dit qu'un crêpe de deuil envelop -pait ses murs solitaires. Quand je les longeais, c'était tou-jours avec une sorte de frisson et l'âme remplie de pensées funèbres. Il me semblait assister à ces scènes, marquées par tant de souffrances et où le sang avait coulé. Enfin, il s'y fit un jour, et à l'improviste, un mouvement inaccoutumé. Dès le matin , les croisées s'ouvrirent et les appartements se remplirent de monde. C'étaient des gens qui allaient et venaient@ et, dans le nombre, j'en reconnus dont la physionomie m'était familière. Que signifiait ce réveil@? Que voulait dire ce bruit, après un long silence ? Bien des préparatifs tranchaient sur ce mouvement et lui donnaient un caractère encore plus singulier. Les pièces du rez-de-chaus-sée, toujours closes, même pendant le séjour du comte, étaient le siège d'un travail poursuivi avec activité. On les dégageait, on les aérait, on y ménageait un vaste espace. Tous les petits meubles d'ornement et d'ameublement étaient transportés ailleurs, comme si on. eût voulu imprimer à cette partie de la maison une physionomie plus sévère. A cela se joignaient les airs tristes des serviteurs qui, au milieu des ordres donnés et exécutés, gardaient une sorte de recueille-ment et de solennité volontaires. Cette scène me piquait et m'intéressait à la fois. Ce ne fut que le soir et à l'entrée de la nuit que j'en eus l'explication. Un domestique à cheval vint donner un avis aux gens de l'hôtel, et, à l'instant, les portes s'ouvrirent toutes grandes. La livrée, comme si elle fût sortie de dessous terre, reparut en grande tenue sur le perron et dans la cour. Tout le monde était en noir, avec des crêpes au bras et au chapeau. En même temps, une calèche de voyage parut a l'angle de la rue, allant au pas et de loin. je pouvais aper-cevoir les curieux qui se découvraient sur son passage. Plus de doute, c'était un cercueil que l'on rapportait, et pour lequel on avait fait ces préparatifs. Bientôt le bruit en fut public. La comtesse était morte en Italie ses restes
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 141 tions rentrées. On s'y rapproche de la nature, cette source féconde de consolation et d'apaisements. Je restai donc seul sur le théâtre de ce drame récent, et seul j'en devais comprendre le dernier acte. Pendant plu-sieurs semaines, l'hôtel Montréal resta plongé dans une pro-fonde immobilité. On eût dit qu'un crèpe de deuil envelop@-pait ses murs solitaires. Quand je les longeais, c'était tou-jours avec une sorte de frisson et l'âme remplie de pensées funèbres. Il me semblait assister à ces scènes, marquées par tant de souffrances et où le sang avait coulé. Enfin, il s'y fit un jour, et à l'improviste, un mouvement inaccoutumé. Dès le matin@, les croisées s'ouvrirent et les appartements se remplirent de monde. C'étaient des gens qui allaient et venaient, et, dans le nombre, j'en reconnus dont la physionomie m'était familière. Que signifiait ce réveil ? Que voulait dire ce bruit, après un long silence ? Bien des préparatifs tranchaient sur ce mouvement et lui donnaient un caractère encore plus singulier. Les pièces du rez-de-chaus-sée, toujours closes, même pendant le séjour du comte, étaient le siége d'un travail poursuivi avec activité. On les dégageait, on les aérait, on y ménageait un vaste espace. Tous les petits meubles d'ornement et d'ameublement étaient transportés ailleurs, comme si on@ eût voulu imprimer à cette partie de la maison une physionomie plus sévère. A cela se joignaient les airs tristes des serviteurs qui, au milieu des ordres donnés et exécutés, gardaient une sorte de recueille-ment et de solennité volontaires. Cette scène me piquait et m'intéressait à la fois. Ce ne fut que le soir et à l'entrée de la nuit que j'en eus l'explication. Un domestique à cheval vint donner un avis aux gens de l'hôtel, et, à l'instant, les portes s'ouvrirent toutes grandes. La livrée, comme si elle fût sortie de dessous terre, reparut en grande tenue sur le perron et dans la cour. Tout le monde était en noir, avec des crêpes au bras et au chapeau. En même temps, une calèche de voyage parut a l'angle de la rue, allant au pas et de loin. je pouvais aper-cevoir les curieux qui se découvraient sur son passage. Plus de doute, c'était un cercueil que l'on rapportait, et pour lequel on avait fait ces préparatifs. Bientôt le bruit en fut public. La comtesse était morte en Italie ses restes
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 141 tions rentrées. On s'y rapproche de la nature, cette source féconde de consolation et d'apaisements. Je restai donc seul sur le théâtre de ce drame récent, et seul j'en devais comprendre le dernier acte. Pendant plu-sieurs semaines, l'hôtel Montréal resta plongé dans une pro-fonde immobilité. On eût dit qu'un crèpe de deuil envelop@-pait ses murs solitaires. Quand je les longeais, c'était tou-jours avec une sorte de frisson et l'âme remplie de pensées funèbres. Il me semblait assister à ces scènes, marquées par tant de souffrances et où le sang avait coulé. Enfin, il s'y fit un jour, et à l'improviste, un mouvement inaccoutumé. Dès le matin@, les croisées s'ouvrirent et les appartements se remplirent de monde. C'étaient des gens qui allaient et venaient, et, dans le nombre, j'en reconnus dont la physionomie m'était familière. Que signifiait ce réveil ? Que voulait dire ce bruit, après un long silence ? Bien des préparatifs tranchaient sur ce mouvement et lui donnaient un caractère encore plus singulier. Les pièces du rez-de-chaus-sée, toujours closes, même pendant le séjour du comte, étaient le siége d'un travail poursuivi avec activité. On les dégageait, on les aérait, on y ménageait un vaste espace. Tous les petits meubles d'ornement et d'ameublement étaient transportés ailleurs, comme si on@ eût voulu imprimer à cette partie de la maison une physionomie plus sévère. A cela se joignaient les airs tristes des serviteurs qui, au milieu des ordres donnés et exécutés, gardaient une sorte de recueille-ment et de solennité volontaires. Cette scène me piquait et m'intéressait à la fois. Ce ne fut que le soir et à l'entrée de la nuit que j'en eus l'explication. Un domestique à cheval vint donner un avis aux gens de l'hôtel, et, à l'instant, les portes s'ouvrirent toutes grandes. La livrée, comme si elle fût sortie de dessous terre, reparut en grande tenue sur le perron et dans la cour. Tout le monde était en noir, avec des crêpes au bras et au chapeau. En même temps, une calèche de voyage parut a l'angle de la rue, allant au pas et de loin. je pouvais aper-cevoir les curieux qui se découvraient sur son passage. Plus de doute, c'était un cercueil que l'on rapportait, et pour lequel on avait fait ces préparatifs. Bientôt le bruit en fut public. La comtesse était morte en Italie ses restes
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 141 tions rentrées. On s'y rapproche de la nature, cette source féconde de consolation et d'apaisements. Je restai donc seul sur le théâtre de ce drame récent, et seul j'en devais comprendre le dernier acte. Pendant plu-sieurs semaines, l'hôtel Montréal resta plongé dans une pro-fonde immobilité. On eût dit qu'un crèpe de deuil envelop-pait ses murs solitaires. Quand je les longeais, c'était tou-jours avec une sorte de frisson et l'âme remplie de pensées funèbres. Il me semblait assister à ces scènes, marquées par tant de souffrances et où le sang avait coulé. Enfin, il s'y fit un jour, et à l'improviste, un mouvement inaccoutumé. Dès le matin, les croisées s'ouvrirent et les appartements se remplirent de monde. C'étaient des gens qui allaient et venaient, et, dans le nombre, j'en reconnus dont la physionomie m'était familière. Que signifiait ce réveil ? Que voulait dire ce bruit, après un long silence ? Bien des préparatifs tranchaient sur ce mouvement et lui donnaient un caractère encore plus singulier. Les pièces du rez-de-chaus-sée, toujours closes, même pendant le séjour du comte, étaient le siége d'un travail poursuivi avec activité. On les dégageait, on les aérait, on y ménageait un vaste espace. Tous les petits meubles d'ornement et d'ameublement étaient transportés ailleurs, comme si on eût voulu imprimer à cette partie de la maison une physionomie plus sévère. A cela se joignaient les airs tristes des serviteurs qui, au milieu des ordres donnés et exécutés, gardaient une sorte de recueille-ment et de solennité volontaires. Cette scène me piquait et m'intéressait à la fois. Ce ne fut que le soir et à l'entrée de la nuit que j'en eus l'explication. Un domestique à cheval vint donner un avis aux gens de l'hôtel, et, à l'instant, les portes s'ouvrirent toutes grandes. La livrée, comme si elle fût sortie de dessous terre, reparut en grande tenue sur le perron et dans la cour. Tout le monde était en noir, avec des crêpes au bras et au chapeau. En même temps, une calèche de voyage parut a l'angle de la rue, allant au pas et de loin. je pouvais aper-cevoir les curieux qui se découvraient sur son passage. Plus de doute, c'était un cercueil que l'on rapportait, et pour lequel on avait fait ces préparatifs. Bientôt le bruit en fut public. La comtesse était morte en Italie ses restes
7
0.002972
0.015317
698.txt
1,863
-29 -pareil examen, en présentant à ces parties, sans l'y faire toucher, tout objet qui ne soit pas de nature a prévenir l'ouïe ou l'odorat, avec la précaution de le dérober com-plétement aux yeux, même fermés, du somnambule. Parmi les facultés plus communes, mais difficiles à contrôler, se trouvent l'intuition des maladies, la prévi-sion organique, l'instinct des remèdes, etc. Mais qu'il s'agisse de ces facultés ou des autres, pour éviter de leur attribuer ce qui ne serait que le résultat de la transmission des pensées, une précaution est néces-saire il faut que le magnétiseur, et même les assistants, s'abstiennent de prendre connaissance de l'objet sur le-quel on interroge le somnambule. Par exemple, s'il est question, phénomène rare! de la lecture d'un mot enfermé dans une boîte, il faut que la personne qui l'a écrit, et seule le connaît, ne soit pas présente ou mieux encore après avoir placé divers mots chacun dans une boîte, on doit prendre au hasard, parmi toutes ces boîtes semblables, celle qu'on va sou-mettre à l'expérience. Il importe de noter que les facultés les plus utiles, telles que l'intuition des maladies, la prévision des crises, l'ins-tinct des remèdes, étant sujettes non-seulement à des défaillances, mais encore à des illusions, les somnam-bules peuvent, de la meilleure foi du monde, transmettre à des auditeurs tropconfiaats, des erreurs pleines de dangers. Il faut ici de la prudence, et tout en cherchant à mettre à profit les éclairs propices de la lucidité, on doit se défier des hallucinations du sens intérieur qui s'éveille pendant le sommeil des sens ordinaires. En prenant l'avis des somnambules, un médecin doit garder la liberté de son jugement. Possédez Laïs, disait un ancien, pourvu que Laïs ne vous possède pas ! Servez-vous des somnambules, dirai-je à mon tour, pourvu que les somnambules ne vous. asservissent pas!
-29 -pareil examen, en présentant à ces parties, sans l'y faire toucher, tout objet qui ne soit pas de nature a prévenir l'ouïe ou l'odorat, avec la précaution de le dérober com-plétement aux yeux, même fermés, du somnambule. Parmi les facultés plus communes, mais difficiles à contrôler, se trouvent l'intuition des maladies, la prévi-sion organique, l'instinct des remèdes, etc. Mais qu'il s'agisse de ces facultés ou des autres, pour éviter de leur attribuer ce qui ne serait que le résultat de la transmission des pensées, une précaution est néces-saire il faut que le magnétiseur, et même les assistants, s'abstiennent de prendre connaissance de l'objet sur le-quel on interroge le somnambule. Par exemple, s'il est question, @phénomène rare! @de la lecture d'un mot enfermé dans une boîte, il faut que la personne qui l'a écrit, et seule le connaît, ne soit pas présente ou mieux encore après avoir placé divers mots chacun dans une boîte, on doit prendre au hasard, parmi toutes ces boîtes semblables, celle qu'on va sou-mettre à l'expérience. Il importe de noter que les facultés les plus utiles, telles que l'intuition des maladies, la prévision des crises, l'ins-tinct des remèdes, étant sujettes non-seulement à des défaillances, mais encore à des illusions, les somnam-bules peuvent, de la meilleure foi du monde, transmettre à des auditeurs trop@confiaats, des erreurs pleines de dangers. Il faut ici de la prudence, et tout en cherchant à mettre à profit les éclairs propices de la lucidité, on doit se défier des hallucinations du sens intérieur qui s'éveille pendant le sommeil des sens ordinaires. En prenant l'avis des somnambules, un médecin doit garder la liberté de son jugement. Possédez Laïs, disait un ancien, pourvu que Laïs ne vous possède pas ! Servez-vous des somnambules, dirai-je à mon tour, pourvu que les somnambules ne vous. asservissent pas!
-29 -pareil examen, en présentant à ces parties, sans l'y faire toucher, tout objet qui ne soit pas de nature à prévenir l'ouïe ou l'odorat, avec la précaution de le dérober com-plétement aux yeux, même fermés, du somnambule. Parmi les facultés plus communes, mais difficiles à contrôler, se trouvent l'intuition des maladies, la prévi-sion organique, l'instinct des remèdes, etc. Mais qu'il s'agisse de ces facultés ou des autres, pour éviter de leur attribuer ce qui ne serait que le résultat de la transmission des pensées, une précaution est néces-saire il faut que le magnétiseur, et même les assistants, s'abstiennent de prendre connaissance de l'objet sur le-quel on interroge le somnambule. Par exemple, s'il est question, -phénomène rare! -de la lecture d'un mot enfermé dans une boîte, il faut que la personne qui l'a écrit, et seule le connaît, ne soit pas présente ou mieux encore après avoir placé divers mots chacun dans une boîte, on doit prendre au hasard, parmi toutes ces boîtes semblables, celle qu'on va sou-mettre à l'expérience. Il importe de noter que les facultés les plus utiles, telles que l'intuition des maladies, la prévision des crises, l'ins-tinct des remèdes, étant sujettes non-seulement à des défaillances, mais encore à des illusions, les somnam-bules peuvent, de la meilleure foi du monde, transmettre à des auditeurs trop confiants, des erreurs pleines de dangers. Il faut ici de la prudence, et tout en cherchant à mettre à profit les éclairs propices de la lucidité, on doit se défier des hallucinations du sens intérieur qui s'éveille pendant le sommeil des sens ordinaires. En prenant l'avis des somnambules, un médecin doit garder la liberté de son jugement. Possédez Laïs, disait un ancien, pourvu que Laïs ne vous possède pas@! Servez-vous des somnambules, dirai-je à mon tour, pourvu que les somnambules ne vous@ asservissent pas!
-29 -pareil examen, en présentant à ces parties, sans l'y faire toucher, tout objet qui ne soit pas de nature à prévenir l'ouïe ou l'odorat, avec la précaution de le dérober com-plétement aux yeux, même fermés, du somnambule. Parmi les facultés plus communes, mais difficiles à contrôler, se trouvent l'intuition des maladies, la prévi-sion organique, l'instinct des remèdes, etc. Mais qu'il s'agisse de ces facultés ou des autres, pour éviter de leur attribuer ce qui ne serait que le résultat de la transmission des pensées, une précaution est néces-saire il faut que le magnétiseur, et même les assistants, s'abstiennent de prendre connaissance de l'objet sur le-quel on interroge le somnambule. Par exemple, s'il est question, -phénomène rare! -de la lecture d'un mot enfermé dans une boîte, il faut que la personne qui l'a écrit, et seule le connaît, ne soit pas présente ou mieux encore après avoir placé divers mots chacun dans une boîte, on doit prendre au hasard, parmi toutes ces boîtes semblables, celle qu'on va sou-mettre à l'expérience. Il importe de noter que les facultés les plus utiles, telles que l'intuition des maladies, la prévision des crises, l'ins-tinct des remèdes, étant sujettes non-seulement à des défaillances, mais encore à des illusions, les somnam-bules peuvent, de la meilleure foi du monde, transmettre à des auditeurs trop confiants, des erreurs pleines de dangers. Il faut ici de la prudence, et tout en cherchant à mettre à profit les éclairs propices de la lucidité, on doit se défier des hallucinations du sens intérieur qui s'éveille pendant le sommeil des sens ordinaires. En prenant l'avis des somnambules, un médecin doit garder la liberté de son jugement. Possédez Laïs, disait un ancien, pourvu que Laïs ne vous possède pas@! Servez-vous des somnambules, dirai-je à mon tour, pourvu que les somnambules ne vous@ asservissent pas!
-29 -pareil examen, en présentant à ces parties, sans l'y faire toucher, tout objet qui ne soit pas de nature à prévenir l'ouïe ou l'odorat, avec la précaution de le dérober com-plétement aux yeux, même fermés, du somnambule. Parmi les facultés plus communes, mais difficiles à contrôler, se trouvent l'intuition des maladies, la prévi-sion organique, l'instinct des remèdes, etc. Mais qu'il s'agisse de ces facultés ou des autres, pour éviter de leur attribuer ce qui ne serait que le résultat de la transmission des pensées, une précaution est néces-saire il faut que le magnétiseur, et même les assistants, s'abstiennent de prendre connaissance de l'objet sur le-quel on interroge le somnambule. Par exemple, s'il est question, -phénomène rare! -de la lecture d'un mot enfermé dans une boîte, il faut que la personne qui l'a écrit, et seule le connaît, ne soit pas présente ou mieux encore après avoir placé divers mots chacun dans une boîte, on doit prendre au hasard, parmi toutes ces boîtes semblables, celle qu'on va sou-mettre à l'expérience. Il importe de noter que les facultés les plus utiles, telles que l'intuition des maladies, la prévision des crises, l'ins-tinct des remèdes, étant sujettes non-seulement à des défaillances, mais encore à des illusions, les somnam-bules peuvent, de la meilleure foi du monde, transmettre à des auditeurs trop confiants, des erreurs pleines de dangers. Il faut ici de la prudence, et tout en cherchant à mettre à profit les éclairs propices de la lucidité, on doit se défier des hallucinations du sens intérieur qui s'éveille pendant le sommeil des sens ordinaires. En prenant l'avis des somnambules, un médecin doit garder la liberté de son jugement. Possédez Laïs, disait un ancien, pourvu que Laïs ne vous possède pas! Servez-vous des somnambules, dirai-je à mon tour, pourvu que les somnambules ne vous asservissent pas!
7
0.003737
0.019774
14.txt
1,804
AVIS PRÉLIMINAIRE. La plupart des auteurs qui ont traité les Passions ont eu plus en vue la phi-losophie et la physique que les Beaux-Arts les uns, pour les soumettre à la raison, les autres, pour secourir la Nature lorsqu'elle en est tourmentée. Quant aux auteurs de l'Antiquité, ils sont si inférieurs aux monumens de leurs temps, dans tout ce qu'ils en ont écrit, qu'ils ne sont que des sources très-imparfaites plus entraînés par l'i-magination que guidés par la recherche des vérités évidentes, leurs observa-tions portent presque toujours sur des idées fausses, souvent liées à leur reli-gion ou à leurs moeurs. Le langage de l'enthousiasme est ce-lui des Passions il tient toute sa force de la Nature et du Génie il est celui des poëles, des peintres et des sculpteurs et leurs productions sont des modèles où l'on en trouve les plus beaux dé-veloppemens. Les Scholastiques du i5 et 16e. siècle, en traitant les passions , en ont fait une science occulte. Descartes entre-prit d'en débrouiller l'obscurité, mais tout ce qu'en a écrit ce philosophe ne regarde que les causes intérieures les Arts n'en peuvent tirer aucun pro-fit. Il a cependant posé une base pour suivre la série des Passions d'après un principe si vrai, qu'il semble que son opinion doit prévaloir. Voici comment il s'explique. Le nombre des Pas-sions qui sont simples et primitives n'est pas fort grand, car, en faisant une revue sur toutes celles que j'ai dé-nombrées, on peut aisément remarquer qu'il n'y en a que six qui soient telles, à savoir l'Admiration, l'Amour, la Haine, le Désir, la Joie, et la Tristesse et que toutes les autres sont composées de quelques-unes de ces six, ou bien en sont des espèces. C'est d'après cette sage observation bien mûrie dans la tête du philosophe, que j'ai classé les passions. L'effet extérieur de leur expression est l'objet essentiel pour l'étude des Beaux-Arts mais les passions se multi-plient autant que la diversité des imagi-nations c'est pourquoi on ne peut ar-river à des définitions exactes sur leur expression particulière, que d'après des principes généraux. Charles Le Brun, premier peintre de Louis XIV, dont les travaux immortels sont autant de preuves irrévocables des belles connois-sances qu'il avoit de l'homme, en a fait un Traité pour les Conférences de l'A-cadémie royale de peinture. Il a suivi les opinions de Descartes sur leurs cau-ses et leurs effets internes il a même suivi sa méthode de les classer mais ses copistes n'y ont fait aucune atten-tion, ce qui jette de la confusion dans son ouvrage. Les figures en sont le principal objet elles expriment dans la plus grande perfection le caractère de chaque Passion, et elles en ont fait toute la célébrité. Les observations dont elles sont accompagnées devoient né-cessairement faire suite au Traité sur la physionomie, dont ce célèbre peintre s'occupoit quand la mort l'a surpris. Quelques fragmens assez défectueux, restés à la postérité, font cependant regretter qu'un ouvrage aussi impor-tant pour les Beaux-Arts n'ait point été fini, et que ce qui en a paru ait été aussi mal recueilli et si peu soigné dans l'exécution. Il est essentiel pour la mémoire de Le Brun, d'expli quer par quelle voie ces fragmens sont arrivés à la connois-sance du public. La plupart de ceux qui assistoient à ses conférences, pour n'en point perdre le fruit, s'empressoient d'extraire ses discours, et en faisoient des recueils pour leur usage c'est sur plusieurs de ces manuscrits, mal rédi-gés, incorrects et tronqués partout, que Bernard Picart publia pour la première fois le Traité des Passions, en 1715, vingt-un ans après la mort de Le Brun. Ce petit ouvrage, très-rare aujour-d'hui, est précieux pour les figures mais le style n'en est pas supportable, d'ailleurs très-mal imprimé et rempli de fautes typographiques. Le système général sur l'expression des passions de l'âme, que l'on retrouve dans ses figures, feroit un beau monu-ment pour l'instruction, s'il étoit pos-sible de suivre l'Artiste dans ses re-cherches et observations mais é'est un hommage à rendre à la mémoire de ce grand homme d'oser le tenter. Ma sensibilité et mon respect pour la mémoire des hommes célèbres qui ont jeté de si grandes lumières sur cet objet intéressant, sont les motifs qui m'ont déterminé à recueillir leur opinion et en composer un nouveau Traité des Passions pour l'étude des Arts. On ren-contre des difficultés sans nombre quand on veut atteindre des vérités évidentes dans une science abstruse, mais elles s'accumulent bien davantage quand on se livre à l'arbitraire c'est pourquoi j'ai adopté une méthode, comme la voie la plus sûre pour lier les idées, être clair, précis et mieux entendu. Il est encore bien difficile de ne rien hasarder sur une matière où les opi-nions se multiplient autant que les idées mais pour m'écarter le moins pos-sible de la vérité, j'ai suivi, autant qu'il a été en mon pouvoir, l'ordre naturel et primitif qu'indique la source des di-verses affections du coeur humain. INTRODUCTION. L'EXPRESSION est une naïve et naturelle ressemblance de tous les objets que l'Artiste veut représenter. Elle sert à faire distinguer la nature des corps elle en accuse les mou-vemens, en trace le caractère elle anime et peint la pensée. Elle est dans la couleur, dans le dessin, dans l'assemblage des figures. L'ex-pression est le feu et la vie des Beaux-Arts un peintre, un poète, un orateur sans expres-sion, sont des corps sans âme. La nécessité de l'expression conduit à l'étude des Passions ce qui suppose la con-noissance de l'homme. Pour les définir, il faut remonter à leur source. L'âme réside dans le cerveau elle est le centre des sens, qui rap-portent tout à son entendement. Sa communi-cation directe avec le coeur, semble s'expli-quer dans l'effet que cet organe ressent des impressions qu'elle reçoit. Cette vertu sensiti ve et intellectuelle de l'âme et du coeur, qu'on peut appeler le principe du moral, est indi-visible. Mais cette faculté de l'âme qui la porte sans cesse vers ce qui lui plaît, en sur-montant les difficultés qu'elle rencontre à la poursuite du bien comme à la fuite du mal, se divise en deux appétits, qu'on appelle, Concupiscible 3 et Irascible. De cette faculté attractive et répulsive propre et particulière à son essence, découlent toutes les passions. Le visage est comme la toile où elles viennent toutes se peindre. Le changement de couleur, le tremblement, la langueur, les ris, les lar-mes, la défaillance, les gémissemens et les soupirs, sont les signes extérieurs de leur lati-tude l'oeil surtout les déclare presque toutes les hommes les plus stupides les compren-nent au regard. Les ressorts de cet organe sont aux ordres de l'âme, il est aussi l'agent de ses impressions et de sa volonté. L'empire de l'oeil est si grand dans les passions, qu'il attire, repousse, électrise, avertit, commande et force l'attention. S'il est le miroir de l'âme, il en est aussi l'orateur. Sans l'oeil il n'y a plus d'expression. Elles sont toutes éteintes sur le visage de l'aveugle il n'en montre qu'une seule, qui est la tristesse. Les vices de conformation dans l'organe de la vue altèrent même l'ex-pression elle se montre toujours équivoque par les yeux louches, comme la plus belle pensée par les sons inarticulés du bègue. Les diverses altérations que reçoit le corps pendant que les passions agitent l'âme , se multiplient à l'infini, et la cause qui les excite, les fortifie, et même les fixe, dépend souvent de la disposition des parties nobles ou du dé-rangement d'équilibre dans les humeurs et le sang. La haine, la jalousie, la colère, la ven-geance s'enracinent souvent dans les coeurs r par des mouvemens si notables et tellement dépendans de la nature, qu'il semble n'être plus au pouvoir de ceux qui en sont dominés d'en détruire le venin. Les passions néan-moins dépendent de l'action de l'âme les organes qui les mettent en mouvement n'agis-sent qu'indirectement, et la volonté vaincue par l'empire de l'habitude, est l'effet de cette même action réitérée vers toutes celles que la nature contracte. Chaque homme a une passion dominante, dit Oxenstirn, et c'est toujours la plus difficile à corriger. Il y a peu de passions, et presque point qui ne soient composées de plusieurs autres mais il s'en trouve aussi dont l'assemblage en rend équivoque l'expression, lorsqu'elles sont dou-ces et violentes, telles que l'estime, l'ému-lation, l'amour-propre, l'amitié. Les passions se réunissent toutes dans les remords, et au-cune ne domine elles se passent en accès vio-lens ou irréguliers. Cette réunion est mons-trueuse sur le visage d'un joueur, d'un tyran, d'un homme atroce et sanguinaire. On peut encore remarquer que les fréquens accès des passions violentes décomposent les traits, et que souvent il en reste des empreintes sur la physionomie. Dans l'estime , l'émulation, l'amitié , et l'a-mour-propre, l'expression est mixte et presque insensible, si le sujet qui les cause ne fait point scène. Les passions ont un caractère propre et particulier lorsque la tête, plus que toutes les autres parties du corps, contribue à l'expres-sion des sentimens du coeur. Les membres expriment bien certaines passions , les gestes et le mouvement persuadent et les rendent plus pathétiques mais la tête doit toutes les exprimer d'abord les autres parties du corps ne font que lui obéir, et lui - servent d'armes et de secours pour remuer ou commander. Elle a ses mouvemens particuliers qui contri-buent au caractère spécial de chaque passion. Elle se baisse dans l'humilité, elle s'élève dans l'arrogance et la fierté, elle s'abat sur les épaules dans la langueur, elle se roidit et reste fixe dans l'opiniâtreté. Les sentimens moraux de la pudeur, de l'admiration, de l'indignation, du doute, du dédain, s'expli-quent sur le visage sans le secours du corps. Quintilien divise les passions en sentimens moraux et pathétiques. Le pathétique com-mande, et est fondé sur les plus violentes. Le moral persuade, et est fondé sur celles qui ins-pirent la douceur, la tendresse et l'humanité. Pour arriver à la définition des passions, sous le rapport des Beaux-Arts, nous les divi-serons en deux classes, dans l'ordre qui suit. Les Passions primitives, et les Passions com-posées. Les passions primitives sont simples, naturelles, nullement précédées du jugement, causées par les seules sensations du corps et facultés sensitives de l'âme. Les passions com-posées participent des passions primitives elles ont chacune un caractère particulier, dont la force et l'expression naissent du mé-lange de plusieurs autres. Elles réunissent les passions morales, les passions pathétiques et les plus farouches. Dans le nombre, il s'en trouve sans expression particulière, et d'au-tres qui ne sont qu'un assemblage irrégulier de plusieurs, qu'on pourroit appeler passions anomales . Les sentimens qui sont les régulateurs des passions seront ensuite rangés par nuances dans l'ordre que leur indique la nature. Le nombre des passions seroit indéfini, si on entreprenoit de les analyser toutes c'est un grand ouvrage qu'on ne finira jamais, dont les galeries, le théâtre et les bibliothèques offrent des ébauches sublimes pour la raison, les moeurs et les arts, et des modèles parfaits lorsqu'on songe aux difficultés de les égaler. M. Watelet, à la suite de son poëme sur l'art de peindre, a fait quelques réflexions sur l'expression, qui sont très-judicieuses. Il a le premier essayé de ranger les passions par nuances. Cette légère esquisse promet-toit un ouvrage aussi séduisant qu'utile, si l'auteur l'eut entrepris comme il se le proposoit. LES SIX PASSIONS PRIMITIVES. L'ADMIRATION. L'AMOUR. LA HAINE. LED E SIR. LA JOIE. LA TRISTESSE. PLANCHE I. L'ADMIRATION, d'après la famille de Darius de Le Brun. PLANCHE II. L'AMOUR, d'après l'antique, désigné l'Amour grec. PLANCHE III. La JOIE, d'après Sainte Anne, dans une Sainte Famille de Léonard de Vinci. PLANCHE IV. La HAINE, d'après un Pharisien, dans la femme adultère du Poussin. PLANCHE V. Le DÉSIR, d'après une vision de Saint Bruno du Guerchin, PLANCHE VI. La TRISTESSE, d'après Creuze, dans l'embrasement de Troie du Dominiquin. L'ADMIRATION. L'Admiration simple est une subite surprise de l'âme, qui la porte à considérer avec atten-tion tout ce qui lui semble aussi rare qu'extra-ordinaire cette passion n'ayant le bien ni le mal pour objet, mais seulement la connois-f sance des choses qui l'excitent, elle a plus de rapport avec les organes qui servent à la per-ception qu'avec le coeur. La circulation du sang n'en recevant que de foibles atteintes, -les traits de la physionomie et son coloris n'é-prouvent point les changemens qui ont assez ordinairement lieu dans la plupart des autres passions. L'Admiration simple doit donc être regar-dée comme la plus tempérée de toutes les passions, si les objets qui la causent ne produi-sent sur l'âme que des sensations amenées gra-duellement mais son expression croît si la surprise propre et particulière à cette passion est accompagnée de l'étonnement. C'est cette espèce d'admiration que le Tasse, l'Arioste, Le Brun tracent comme un état d'immobilité, haussant le front et le sourcil. 1 Admiration simple, pour être excitée, n'a besoin ni de l'ordre ni du jugement de la raison. Tous les hommes sont susceptibles d'admirer les choses d'une haute estime, tels que les grandes actions, la beauté, la générosité, la valeur, le courage, la bonté, l'esprit, les mer-veilles de la nature et celles du génie. L'oeil est spécial dans cette passion il doit être très-ouvert et fixe. Le Brun dit que le visage n'en reçoit que fort peu de changement dans toutes ses parties, et que s'il y en a, il n'est que dans l'élévation du sourci l a l ors il doit avoir les deux côtés égaux, l'oeil doit être très-ouvert, sans altération, ainsi que toutes les autres parties du visage. Cette pas-sion ne produit qu'une suspension de mou-vement , pour donner à l'âme le temps de se pénétrer de l'objet qui l'intéresse. L'Amour est un sentiment qui porte l'âme vers tout ce qui lui paroît aimable il est exclu-sif, et plus fort que le désir, qui se rapporte à l'avenir il est un consentement par lequel OIL se considère comme ne faisant qu'une partie de l'objet qu'on aime ou dont on désire la pos-session. Cette passion commande la nature entière tout cède à son empire. La résistance contre ses lois, gravées dans tous les coeurs, cause des phénomènes sur les organes et une grande variété dans son expression, qui caractérise le troublè ou la félicité qu'elle apporte dans l'âme. L'Amour est simple ou composé, et se divise en plusieurs espèces, qui émanent de quatre caractères généraux. L'Amour de bienveil-lance , l'Amour contemplatif, l'Amour de dé-vouement , et l'Amour de concupiscence. Une - constante générosité de soins et d'intérêt pour l'objet aimé, distingue le premier les bons pères de famille, les bons époux, les amans fidèles et les amis sincères, en offrent sans cesse l'expression. L'amour contemplatif est dans l'action de l'esprit il est l'effet d'une profonde méditation, qui reporte constam-ment ou élève la pensée vers l'objet qui inté-resse l'âme. Un entier abandon de soi-même, pour se consacrer aux volontés de la Divinité, de son prince et de sa patrie, est l'amour de dévouement les plus beaux développemens de son expression peuvent se rencontrer dans toutes les classes. Le motif de l'amour de concupiscence consiste uniquement dans la jouissance de soi-même, ou dans l'inclination d'une nature corrompue, qui ne désire que les plaisirs illicites telles sont par exemple les passions outrées de l'ambitieux, de l'avare, de l'intempérant et du brutal, qui ne suivent ordinairement que la doctrine de l'égoïsme. Les différens transports de l'âme agitée des passions de l'amour varient les traits de la physionomie. Dans l'amour simple les mou-vemens sont doux, le front uni, les sourcils un peu élevés du côté de la prunelle, la tête inclinée vers l'objet qui cause l'amour, les yeux médiocrement ouverts, le blanc de l'oeil vif, éclatant, la prunelle doucement tournée vers l'objet, un peu étincelante et élevée. Le nez ne reçoit aucun changement, de même que toutes les parties, du visage 1 le coloris I. Le Bruu. de l'amour est vif, particulièrement sur les joues. Les vapeurs qui s'élèvent du coeur mouillent les lèvres et les colorent. Dans les désirs, les yeux sont vifs, animés, étince-lans, la bouche entrouverte, le coloris très-ardent. Dans l'épanouissement du coeur, les yeux sont entr'ouverts et languissans, les pau-pières enflammées, les lèvres humides et ver-meilles. L'extase ou l'abattement peignent l'âme absente du corps dans les jouissances de l'imagination ou dans les regrets de l'éloigne-ment. L'amour malheureux et désespéré ré-pand la paleur sur le visage et la langueur dans les membres. Si cette passion se tourne en délire, elle offre un égarement de situation et un contraste continuel de transports, de plaintes, de larmes, quelquefois de silence, ou même d'insensibilité. Dans l'Antiquité, les amans s'emparèrent de l'Elégie, consacrée aux funérailles, pour pleurer cette privation d'eux-mêmès dans les disgrâces de l'amour. L'expression en est sublime dans ces vers. La plaintive Elégie , en longs habits de deuil, Sait, les cheveux épars , gémir sur un cercueil. Elle peint des amans la joie et la tristesse, Flatte, menace, irrite, appaise une maîtresse 1. I. Art Poétique, Chant II. LA HAINE. La Haine simple est une émotion causée par les esprits , qui incitent l'âme à vouloir être séparée des objets qui se présentent à elle comme nuisibles. Cette passion, qui est direc-tement opposée à l'amour, ne se divise point en autant d'espèces, parce que entre les maux dont on s'éloigne de volonté on ne remarque point tant de différence qu'entre les biens qui attachent et auxquels on est joint. Les antipathies naturelles, l'aversion, la répugnance n'opèrent à l'extérieur que de foi-bles changemens mais le ressentiment, l'ani-mosité, la vengeance sont les grands Inouve-mens qui nourrissent la haine. Les humeurs, le sang et toutes les parties nobles en sont troublés dans leurs fonctions l'inégalité du pouls, de la chaleur du corps, la mobilité de l'ceil , de la figure et du coloris concourent à son expression. Ces sortes de haine ne s'en-racinent ordinairement que dans les sujets dominés par un sang grossier, dont la circu-lation plus abondante par le foie, dans cette passion, entraîne au cerveau le fiel, qui en-tretient dans l'âme l'aigreur et l'amertume. Cette malheureuse passion, portée jusqu'à l'excès, trace sur la figure des marques de cruauté, surtout quand elle est discrète et réservée. Il semble que la tristesse soit inséparable de la haine les plus foibles en donnent toujours des signes. La haine se montre sous un front ridé, l'oeil vif, et la prunelle cachée sous les sourcils abattus et froncés, regardant de travers, d'un côté contraire à la situation du visage, et dans une agitation continuelle les narines pâles, ouvertes, et retirées en arrière, les dents ser-rées les lèvres pâles et livides, la supérieure excédant l'inférieure assez ordinairement la bouche fermée, les coins retirés en arrière et fort abaissés, roidissant les muscles des mâchoires. Le coloris de la figure inégal et dominé de jaune. Le Brun dit qu'on ne remarque dans cette passion rien de particulier qui diffère de la jalousie et que les rapports qui existent entre elles viennent de ce que la jalousie engendre la haine. LE DÉSIR. La Passion du Désir est une agitation de l'âme, causée par les esprits, qui la disposent à vouloir, pour l'avenir , les choses qu'elle se figure lui être convenables ce mouvement de volonté vers un bien qu'on n'a pas, tend aussi à la conservation de celui qu'on possède, ainsi qu'à l'absence du mal qu'on éprouve et de celui qu'on redoute pour l'avenir. Il résulte de cette conséquence, que le désir et la fuite sont deux émotions contraires qui suivent le même mouvement, puisque l'un est toujours excité par l'autre, et qu'ils agissent également et dans le même temps. On ne peutrechercher la gloire, les richesses et la santé, sans fuir l'oubli, la pauvreté et la maladie. Ainsi, l'âme ne pouvant s'occuper de son bonheur sans fuir les maux qui s'y opposent, tous les désirs naissent de l'agrément et de rhorreur. Descartes observe que le désir agite le coeur plus violemment qu'aucune des autres pas-sions, parce qu'il fournit au cerveau plus d'esprits, lesquels passant dans les muscles rendent tous les sens plus aigus, et toutes les parties du corps plus mobiles. Les esprits moroses, toujours disposés à mur-murer contre les plus belles institutions de la nature, en voulant châtier les moeurs, appel-lent le désir un tyran qui ne se lasse jamais de tourmenter l'homme. Mais le sage, qui n'envisage les passions modérées que comme la source de toutes les vertus, regarde le désir comme un des plus grands bienfaits du Créa-teur, le mouvement spécial qui élève l'homme à sa dignité, et le berceau des jouissances faites pour sa félicité. Son expression, selon Le Brun, s'annonce par les sourcils pressés et avancés sur les yeux, qui doivent être ouverts, sans exagé-ration la prunelle située au milieu de l'oeil et pleine de feu, les narines plus serrées du côté des yeux la bouche plus ouverte que dans l'amour simple, les coins retirés en arrière, la langue sur le bord des lèvres, le coloris aussi ardent que dans l'amour. LA JOIE. Cette passion simple est un mouvement vif et une agréable émotion de l'âme, lorsqu'elle jouit d'un bien qu'elle considère comme le sien propre, ou d'un bien qui la flatte et l'excite au plaisir. Elle est intellectuelle lors-qu'elle vient à l'âme par la seule action de l'âme, c'est-à-dire, des jouissances qu'elle se procure par son entendement. La joie tient l'âme en paix elle épanouit le coeur, elle inspire le génie , elle rend sen-sible aux agrémens de la vie et la prolonge elle est chérie des hommes, et adoucit leurs peines. Elle fut la première passion qui leur inspira les danses et les chants , pour célébrer avec un transport mesuré leur bonheur et leur reconnoissance. Elle se développe avec les mêmes attraits dans tous les âges de la vie. La disposition des organes favorise plus ou moins son expression. Les esprits égaux, la libre circulation du sang, tranquillisent l'âme et, en fortifiant les organes du cerveau, y entretiennent la gaieté. Son expression se remarque dans le front, qui est serein le sourcil sans mouvement, élevé par le milieu l'oeil médiocrement ouvert et riant la prunelle vive , éclatante les na-rines tant soit peu ouvertes les coins de la bouche doucement élevés le teint vif et les joues vermeilles. Descartes observe que la joie fait rougir, parce qu'elle fait ouvrir les écluses du coeur, et qu'alors le sang coulant avec plus de vitesse dans toutes les veines, sa chaleur et sa subti-lité enflent médiocrement toutes les parties du visage. LA TRISTESSE. La Tristesse est un malaise de l'esprit, sus-cité par l'affliction, le déplaisir, la douleur, et quelquefois par une mélancolie naturelle. L'esprit frappé de quelques impressions fâ-cheuses, présentes, passées ou à venir, est une tristesse intellectuelle, très-souvent, dit Oxenstirn, l'effet d'une imagination gâtée par l'amour-propre , qui n'apercevant plus qu'une fause représentation des objets, les re-çoit comme des accidens dignes de son afflic-tion . Cette maladie de lame interdit les fonctions ordinaires, elle ralentit la circula-tion du sang, peint la pâleur sur le visage, énerve les membres et tue le courage cette passion maligne, froide, épuise l'humeur ra-dicale, éteint la chaleur naturelle et flétrit le coeur. Les divers mouvemens dont l'âme est agi-tée dans la tristesse, sont autant de situations bien différentes dans la nature, et bien essen-tielles à observer pour l'éloquence de l'Art. La nature, livrée en proie à ses maux, pré-sente l'expression d'une affliction profonde et la plus pathétique de la tristesse. Si elle n'est point suscitée par l'action des douleurs corpo-relles ou intellectuelles, mais par la surprise inopinée d'un événement qui prive l'âme de ses affections ou la frappe d'un spectacle touchant, elle n'est point accompagnée des mêmes symptômes. Les traits du visage n'en sont que foiblement altérés la nature n'ayant point encore éprouvé les effets de sa malignité, est plus consternée qu'abattue. Si les larmes viennent à son secours, le soulagement qu'elle en reçoit entretient les forces. Lorsque l'âme est atteinte de cette passion par des événemens qui lui sont étrangers ou qui ne peuvent lui être nuisibles, souvent elle trouve une certaine jouissance à s'en laisser émouvoir. Le peuple court en foule aux supplices, aux naufrages , il entoure le mal-heur, il se rend témoin des événemens fu-nestes les belles tragédies font goûter un plaisir délicieux les maux d'autrui nous atta-chent l'esprit la pitié est un ravissement, une extase les larmes que nous versons, au sentiment d'Homère , sont une espèce de volupté 1. i. Esprit des Nations. Dans l'expression de la tristesse, dit Le Brun, les sourcils sont moins élevés du côté des joues que vers le milieu du front. Les pru-nelles sont troubles, le blanc de l'oeil jaune, les paupières abattues et gonflées, le tour des yeux livides, les narines tirant en bas, la bouche entr'ouverte la tête nonchalamment panchée sur une épaule toute la couleur du visage plombée, et les lèvres décolorées. Voici comme l'infortuné mari de Joconde montre les divers changemens de l'expression de la tristesse, sous la plume de l'Arioste. E la facia, che dianzi era si bella, Si cangia si, che piu non sembra quella. Par che gl'occhi si ascondan ne la testa , Cresciato il naso par nel viso scarno De la beltà si poca li ne resta, Che ne potrà sar paragone indarno 1. i. Chant 28. RÉFLEXIONS GÉNÉRALES SUR L'ACTION, L'EXPRESSION ET L'USAGE DES PASSIONS, DANS LES BEAUX-ARTS. I ttri VS AGE DES PASSIONS. L'Amour-propre, le Tempérament, l'Opi-nion, sont les mobiles des passions ce qui con-duit à deux sortes d analyses, la Physique et la Morale. Mais je m'écarterois de mon but en parcourant un champ si vaste c'est à la morale à faire remarquer les propriétés des passions pour les convertir en vertus, qui ne leur soient point cependant contraires, car on ne sauroit déraciner dans l'homme ce qui le fait homme, ni traiter ses passions comme des soldab tou-jours rebelles à leurs chefs, plus disposes à choquer la raison qu'a combattre pour son autorite , sans confondre les mouvemens de l'appétit sensitifavec les dereglemens de la vo-lonté. Libre de tout préjugé de secte, on ne peut considérer lhomme au-dessus de tous les evenemens et de tous les maux, insensible à for-ce de vertu surnaturelle , que comme un fan-tôme pour la politique, la morale et les arts il ne peut figurer ainsi que dans les rêveries de l'esprit humain Heureusement pour l harmo-nie de l'uni vers, l'espece en est rare dans la na-ture. Quelques reflexions, souvent indispensa-bles pour la justesse de l'expression, sufliront dans le cours de cet ouvrage pour faire con-noître l'avantage ou le danger des passions, et démontrer que quand elles fortifient le coeur et l'esprit par l'appas de l estime, de la consi-dération, ou de la gloire, elles font ressortir toutes les vertus utiles à la Société. I Voyez laRepublique de Plafon , 1 1 Doctrine des Stoïciens et le Contrat Social de J.-J. Rousseau. Admirons, dit le Père Brumoy, les talens et l'importance des passions! que seroit-on sans elles ? le laboureur oisif laisseroit le soc inutile le pilote auroit horreur des dangers le riche insensible armeroit son cceur d'un bouclier de fer le vulgaire impuissant péri-roit les mères , oui, les tendres mères oublie-roient leur tendresse et leurs enfans. Mais, grâce aux Passions, les coeurs savent être sen-sibles malgré eux. La mère s'attendrit sur ses enfans sa tendresse dévore tout sa dou-leur meme lui plait, elle est maternelle. Les noms de père, d'epoux, de frère , de femme, d'ami ne sont plus de jyains noms. Ce ne sont plus des fables, que l'humanité et la bonne foi elles sont connues des plus barbares nations, qui, sensibles aux mêmes revers que nous, temoignent ou feignent de temoigner que l'hu-manitd ne leur est point étrangère, qu'elles sont prêtes à nous secourir dans nos malheurs , et que, du moins, elles ne veulent pas nuire à ce qui ne leur nuit pas. Otez les Passions ! que dcviennent les arts ? tout l'univers retombe dans l antique chaos. Rendez-Ies à l'homme ! les villes et les temples renaissent de leurs ruines, la vertu mênlC revient. Vertu, née pour habiter avec les passions Vertu, qui sait prendre d'elles ses plus brillantes cou-leurs ! La tendresse dans les ames tendres, la vigueur dans les fortes la douceur dans les aines guerrieres l'egalite si précieuse dans tous, et cette espèce d immutabilite qui la met au-dessus des circonstances de l humeur . S. Augustin avoue meme que les passions sont les degrés pour arriver à cette haute félicité qui consiste en la possession du sou-verain bien. De la manure dont on doit considérer les Passions dans les Beaux-Arts, pour traiter le Sublime. Les Passions, dit Nicole, sont les seuls ora-teurs de la nature dont les règles sont infailli-bles et l'homme Ije plus, simple, qui a de la passion, persuade mieux que le plus éloquent qui n'en apoint. Cette pensée juste et vraie s'adresse à tousled Beaux-Arts elle s'applique à tous les systemes de langage qu'adopte l'es-prit humain, lorsqu'il veut faire entendre les accens de toutes les affections du coeur. Elle fait sentir que les transports de l'esprit étant communs au génie créateur, ainsi quO à ceux dont il captive l'attention, la pensée ou la Ina- -tière, sans l'dmotion, ne rapporte aux sens que des sons monotones ou des actions sans vie qui glacent tous les sentiment. Pour espérer de toucher et de plaire, il fajit que les actions soient les interprètes du cceur Mais il faut être touchés soi-nlêmes les pre-miers , avant d'essayer de toucher les autres et pour se sentir émus, il faut se former des vi-sions, des images des choses absentes, comme si effectivement elles etoient devant nos yeux et celui qui concevra plus fortement ces ima-ges, exprimera aussi les passions avec plus de vehemence I. Comment donc expliquer ce don d'emouvoir qui est plus dans la nature que dans l'art ce pathétique des passions d'où dépendent la force et l'energie des impres-sions de l'ame ? Ce talent sublime n'est autre chose que l'enthousiasme des passions, ou la peinture vive des divers mouvemens qui agi-tent l'âme. II est une maniere d'exprimer et de sen-tir , qui fait disparoitre l'art, qui force l'il-lusion à s'emparer des cceurs jusqu'à la persuasion , qui fait partager aux specta-teurs les mouvemens qui animent le poete, le peintre et l'orateur, et les rapprochent des scènes dont ils sont pour ainsi dire eux-mêmes acteurs. Ce talent rare, qui découle d'une ex-treme sensibilité, ne peut se transmettre par I Quintilien. aucune mdthode. II semble cependant, dit Quintilien que cette partie si belle et si gran de n'est pas inaccessible, et qu'on peut trouver un chemin qui y conduise assez faci-lement c'est de considérer la nature, et de l'imiter car les spectateurs ne sont émus par 1 art, que lorsque l'imitation leur rappelle ce qu'ils sont accoutumes de voir et de sentir. Néanmoins il est indubitable que les mouve-mens de l'âme qui sont étudiés par l'art, ne sont jamais si naturels que ceux qui se développent dans la chaleur d'une véritable passion. Les préceptes d'une science aussi précieuse ne sont pourtant point infructueux, car l'esprit pé-nétrant, toujours en communication avec les homines qui ont pensé et approfondi le cceur liumain, en recoit de fortes impulsions n'of-friroient - ils encore que des matériaux pour l'histoire de Thornine, combien doivent être chers ceux que rassemble l'artiste éclairé qui l'etudie sans cesse ! Charles Le Brun, qui figure dans le beau siècle de Louis XIV parmi les grands homines qui ont presque tout fait et tout aclieve dans les Lettres et les Arts, a laissé à la Postérité une savante dissertation sur l'expression es-sayons de renouer ses pensées sur les excel-lentes figures qu'il a tracees de sa main I. I Nous avons fait un choix des figures de Le Brun , au simple trait, telles qu'elles ont été publiées par Bernard Picart. Voyez I ordre de ces figures, page 44. On peut voir dans mon Avis préliminaire les motifs qui m'ont empêché de suivre le texte qui les accom-pagne. Les Passions s'annoncent par 1' Action. DEFINITION DE L'ACTION. Tout ce qui cause à l'âme de la passion s'exprime par Taction et comrae la plupart des passions de l'ame produisent des actions corporelles, il est nécessaire, il est indispen-sable-de bien connoître toutes les parties du corps qui les expriment. Ce qui conduit à dé-finir Faction et ses causes. L'action n'a lieu que par l'opération des agens qui causent un changement dans les muscles et dans la circulation des liqueurs et du sang et quoique les diverses préparations et fabriques de tous ces agens semblent inu-tiles pour expliquer le sentiment, ils ont néan-moins tant d influence sur le mouvement , qu'on ne peut en perdre de vue les principes gdneraux. Le cceur est le principal organe de la cir-culation, et par conséquent du mouvement. II reçoit le sang de toutes les parties du corps et le renvoie de même. Le cceur, suivant Des-cartes, contient un feu sans lumière qui raréfie et forme les esprits subtils qui s'élèvent au cerveau , où ils sont toujours abondamment entretenus et renvoyés du cerveau dans les nerfs et les muscles, pour les fortifier selon le besoin qu'exigent les fonctions auxquelles ils sont appelés par la nature ou l'empire de la volonté. Ainsi les parties qui agissent le plus, recevant aussi plus de matieres sub tiles, sont plus fortes et plus nourries de même, celles qui agissent peu, en recevant aussi moins , sont plus foibles et moins prononcées. En supposant que le mouvement s'exerce par la volonté , ou quil en soit indépendant, rien n'est cependant remue sans le secours d'une autre force agissante et cette puissance motrice peut elle-lnême se diviser en deux moteurs, dontl'un est dans le principe de vie, et l'autre dans l'intelligence ainsi toutes les parties du corps se meuvent continuellement sans que l'âme y prenne aucune part, lorsque rien exterieurement n'y apporte de change-ment. Mais faction des corps extérieurs qui excitent dans lame des sensations nouvelles, produit ce mouvement de volonté, cette ac-tion dont le moteur est dans lame, et qui de-vient le principe de toutes les passions. Quoique l'âme soit jointe à toutes les parties du corps, il y a néanmoins diverses opinions touchant le lieu où elle exerce plus particuliè-rement ses fonctions les uns la placent dans la glande pinéale, située au milieu du cerveau, parce qu'ils regardent cette partie, qui est unique, cornrae le centre où viennent se réu-nir en un même son, et en une seule image, toutes les impressions doubles, d'un meme ob-jet, que reçoivent les doubles organes. D'au-tres la placent au cceur, parce que cet organe ressent aussi vivement et aussi promptement les impressions des corps extérieurs que le cerveau. Plusieurs causes'majeures doivent faire adopter l'opinion que l'ame est placée dans le cerveau mais une des principales pour notre objet, c'est que le cceur ne prend pas une part également active dans toutes les passions. Nous avons déjà dit que , selon la Philoso-phic, toutes les passions dérivent des deux ap-pdtits qui divisent la partie sensitive de l'âme les passions simples dérivent du Concupisci-hie, et les plus farouches de VI rascible. Cette division est extrêmement essentielle , avant d'entrer en matière sur les parties du corps qui concourent le plus specialement a les exprimer. CABACTERES de Le Brun, dont l'explication fait le sujet du paragraphe suivant. PLANCHES. LaTranqnillite PL VII, fig. A. L'Admiration simple. PL VII, fig. B. L'Étonnement. Pl. VII, fig. C. L'étonnement avec Frayeur. PI. VII, fig. D. Douleur mêlée de Crainte. PI. VIII, fig. E. Douleur extrême Corporelle PL VIII, fig. F. Douleurs aiguës de Corps et d'Es-prit PI. VIII, fig. G. La Joie. PI. VIII, fig. H. L'Abattement du coeur causé par la Tristesse. PI. IX, fig. I. Mouvement de Douleur. PL I X, fig. K. Le Hire PI I X, fig. L. , , fı g L. Le Pleurer. PI. IX, fig. M. La Raine. PL X , fig. N. Le Désespoir mele de fureur. PL X, fig. O. La Fureur mêlée de Rage. PL X , fig. P. La Haine mêlée de Cruauté. PL X , fig. Q. La Jalousie. PL XI , fig. R. La Colère. PL XI, fig. S. , fı g S. L'Horreur.. PL XI, fig. T. La Crainte. PL XI, fig. V. Des Actions corporelles qui expriment les Passions de l'âme, suivant le système de Le Brun. S'il est vrai que l'arae exerce immédiatement ses fonctions dans le cerveau, on peut dire que le visage est la partie du corps où elle exprime plus particulierement ce qu'elle ressent. L'ac-tion de fuir annonce la peur les membres roidis, les points fermes annoncent lacolere beaucoup d'autres passions s'expriment encore par des actions corporelles mais le visage les exprime toutes. Le mouvement dusourcil sur-tout est tres-remarquable la prunelle par son feu y concourt aussi puissamment mais le sourcil, dans deux mouvemens principaux et qui lui sont particuliers, explique plus positi vement la nature de l'agitation. La bouche et le nez ont aussi beaucoup de part à l'expression mais on pourra voir dans la suite qu ils suivent plus généralement les mouvemens du cceur. Les Anciens ont fait du nez le siége de la co-lère et de la moquerie l'ensemble de la figure du Satyre confirme cette dernière opinion Disce, sed ira cadat naso, rugosaque sanna 1 et ailleurs Eum subdolae irrisioni dicave-runt Ce qui prouve que les mouvemens du sour-cil ont un rapport direct avec les deux appé-tits qui divisent la partie sensitive de l'ânle, c'est qu'à mesure que les passions changent de nature, les sourcils changent de forme. IIs n'ont aucun mouvement dans la tranquillité 3 on peut juger de leurs positions naturelles. IIs deviennent un peu plus convexes dans l'ad-miration simple4, et suivent un mouvement égal uniforme et doux. Mais, dans l'etonne-ment5, ils sont cOlnposés et si l'etonnement est mele de frayeur6, le mouvement est plus prononce. C est dans l'expression des passions pathé-tiques que les sourcils agissent avec plus de violence tous les mouvemens sont alors com-posés par le melange de plusieurs causes7 ils prennent une forme et un caractère aigu dans I Perse. 2 Pline. 3 Voyez PI. VII ,fig. A. 4 Voyez PL VII, fig. B. 5 Voyez PL VII, fie. C. 6 Voyez Pl. VII, fig. D. 7 Voyez Pl. VIII ,fg. E. Fextreme douleur corporelle et dans les dou-leurs aiguës de corps et d'esprít . L'abattement ou l'élévation sont les deux principaux inouvemens du sourcil, en obser-vant cependant qu'il a deux sortes d'élévation l'une qui exprime l'agrément, telle que la joie, et l'autre l'abattement du coeur ou la tristesse. Dans la joie 3 , les sourcils s'élèvent, et la bouche en relevant doucement par les côtés achève la peinture de ce mouvement. Dans la tristesse 4, ils s'elevent aussi, mais en baissant des côtés en ligne oblique, et les yeux et la la bouche semblent également suivre cette rncme inclinaison dans ses côtés mais la bouche relève du milieu ainsi que les yeux, vers le nez. Les sourcils relèvent encore dans les inouvemens de douleur 5 et dans les douleurs aiguës de corps et d'esprít 6 mais alors ils baissent du milieu et se rapprochent plus ou moins de l'aeil, en suivant les degrés de douleur ou d'affliction. i VovezPL VIII, te.F. 2 Voyez PI. VIII, fig. G. 3 Voyez PI. VIII, ftg.K. 4 Voyez PL IX, fig. I. 5 Voyez PL IX, fig. K. 6 VoyezPl. VIII, fig. G. deja citee. Toutes les parties se sui vent dans le rire1 les sourcils s'abaissent vers le milieu du front le gonflement des joues rapetisse les yeux, les relève des côtés, et baisse le nez sur la lèvre superieure la bouche et les ailes du nez re-lèvent dans la ineme direction. Les mouvemens du visage sont contraires, et tout opposés dans le pleurer 2 les sourcils se rapprochent egalement des yeux connne dans le rire , avec cette différence, que dans le rire ilest uniforme, et composé dans le pleu-rer. II ne prononce cependant pas le caractère aigu des douleurs de corps et d'esprit 3 4 mais il prend la même forme que dans les mouvemens de haine 5, du côté desyeux, et relève toujours en ondoyant jusqu'a leur extremite les yeux, les joues et la bouche inclinent dans le meme sellS mais dans cette direction, l'inclinai-son de la bouche, dans ses extremites, n'est pas si prononcée que celle des yeux et des joues , parce qu'elle est retenue par les deux lèvres qui se roidissent et se resserrent par le milieiij en se rapprochant du nez et du menton. Voyez Pi. IX,fig. L. 2 Voyez Pl. IX, jig. M. 3-4 Voyez PI. VIII, f'S- '• et fig- G-5 Voyez PI. X, fig. P. Lorsque le cceur se Toidit en raouvemens violens contre tout ce qui l'affiige, le visage exprime les passions les plus farouches, du désespoir mêlé de fureur1, de la fureur mêlée de _rage 2, et de la haine melee de cruauté 3. Dans ces mouvemens violens, lessourcils ne serap-prochent point des yeux en angle aigu, ils s'é-largissent au contraire en cédant aux muscles du front, qui les forcent à couvrir les points lacrymaux alors la prune lle ne sui vant plus sa direction ordinaire, semble s'égarer dans l'orbite. Tous les traits du visage, dans ces di-vers mouvemens, se rapprochent avec force autour des yeux dans ces passions, l'expres-sion de la bouche et du nez prononce un ca-ractère particulier d'aigreur ce qui prouve , comme il a déjà été dit, que ces parties mar-quent plus particulierement les mouvemens du cceur dans les passions oil il a plus de part, la bouche, qui en est le principal agent, les expri-me dans trois mouvemens principaux dans les accens de la douleur, elle baisse des côtés 4 I Voyez PL X,.fıg. O. 2 Voyez Pl. X, fig. P. 3 Voyez PI. X,Jig. Q. 4 Voyez PL IX,Jig.Yi-déjà eitée. dans les transports de la joie, elle relève t, et dans les mouvemens d'aversion ou de jalousie elle se pousse en avant, en relevant par le milieu. Ces principes généraux doivent s'appliquer a toutes les passions. Les sentimens qui les di-rigent et les modifient supposent un ordre de la nature , qui emane des besoins physiques, moraux ou factices, et sont les nuances qui étendent et développent les facultés exclusives de l'liomme. Mais il se présente des difficultes insurmontables lorsqu'on veut en suivre l'en-chainement dans l'ordre social souvent elles échappent aux recherches de l'observateur, et bientôt on en negligeroit l'etude si elles n'e-toient sans eesse rappelées par les productions du génie qui réunissent l'approbation des siè-cles. Et qu'est-ce que r on peut voir de plus par-fait que l'Antique ? Quelle Nation fut jamais plus favorisée que les Grecs pour tout appren-dre de la nature ? Si dans leurs jeux publics et leurs institutions libres ils trouvoient des avantages infinis pour observer les propor-I Voyez PI. VIII, Jig. H. d ja cilee. 2 Voyez PL XIfig. R. cleja citee. tions et les graces, les sensations y étoient aussi aperçues et gravées dans les esprits il ne s'a-gissoit que du choix pour achever 1 image de la beauté. La force essentielle de l'ânle, sans cesse excitée par des sentimens agréables, jetoit le germe de cette élégante et morale imitation avec laquelle ils surpassèrent la nature. Ani-mer rintelligence sur le marbre étoit la gloire qu'ambitionnoient les statuaires, mais les pas-sions farouches qui défigurent lhomme ne s accordoient point avec le système de perfec-tibilité qui caractérisoit le génie national aussi n'eurent-ils en vue que les affections les plus douces du cceur humain et les sensations les plus délicates. Ce rayon divin qui brille dans les statues grecques , éclairera toujours les nations qui se piqueront de goût. Chez tous les peuples qui ont cultivé les arts, l'expression des passions de rânlc a de tout temps été considérée comme l'époque de leur splendeur, ct la nullite dans les actions, celle de leur décadcncc mais le climat, les mceurs et les usages ont une si grande influen-ce sur la constitution physique de l'homme que ses organes en reçoi vent une altération, qui lui fait perdre insensiblcment l'expression des mouvemens naturels de son etatprimitif. Plus une Société sera nOlubreuse, dit M. l Vatelet, plus la force et la variété de l'expression doit s'affoiblir parce que l'ordre et l'unifonnité seront les principes d'où naîtra ce qu'on appelle l'harmonie de la Société. Cette harmonie si nécessaire y gagnera sans doute, tandis que les Arts d'expression y per-dront, parce quils seront affectés peu à.peu d'une monotonie qui leur ôtera les idées véri-tables de la nature. L'exemple, motif puissant qui influe sur les actions des homInes, augmente de pouvoir et d'autorité par l'augmentation du nombre et plus une ville capitale est peuplée et sociable , plus on doit ceder au penchant de s imiter les uns et les autres. Toutes ces réflexions feroient le désespoir des artistes, et nuiroient aux progrès de l'es-prit humain , si la nature pouvoit perdre ses droits et sa franchise. Le voile des conven-tions ne fait que les dérober aux regards mais les arts en conservent l'idce simple et primi-tive, et sont les plus solides fondemens sur lesquels il reposeront eternellement. DIVISIONS DE L'ADMI RATION. Ière. Di yon. LA SURPRISE. L'ETONNEMENT. IP. Divon. L'ESTIME. LE MÉPRIS. LE DÉDAIN. IIP. Divon. LA VÉNÉRATION DIVINE. LA VENERATION HUMAINE. PLANCHE XII. La SURPRISE, d'après le Martyre de Saint-Protais de Le Sueur. PLANCHE XIII. L'ETONNEMENT, d'après laMesse de Saint-Martin du même. PLANCHE XIV. L'ESTIME, d'après le Jugement de Salomon du Poussin. PLANCHE XV. Le MÉPRIS, d'après le tableau du Guide, OlÌ David est représenté tenant la tête du géant Goliath. PLANCHE XVI. Le D E D AIN j d'après l'Apollon Pythien. PLANCHE XVII. La VENERATION DIVINE, d'après l'Ange, dans le tableau de Léonard de Vinci représentant la Vierge et Sainte-Anne. , PLANCHE XVIII. La VÉNÉRATION HUMAINE, d'après la Reine, dans l'Apothéose de Henri IV de Rubens. LA SURPRISE. La Surprise est un mouvement soudain qui estproduit dans l'âme par quelque chose d'inattendu. Soneffet est de toucher vivement les parties les plus sensibles du cerveau et d'augmenter singulierement les mouvemens qu'elle y excite. Mais nous avons déjà dit dans l'Admiration, que l'dmotion de la Surprise dépend de toute la force de Taction et de son caractère de nouveauté car les objets dont l'esprit reçoit de fréquentes agitations ne cau-sent plus de surprise. Dans les jouissances du sentiment et du goût elle fortifie les organes de l'entendement car l'admiration intellectuelle n'est qu'une longue surprise melee de respect et d'amour pour tout ce qui est grand et merveilleux. Elle dif-fère du simple etonnement, qui ne détermine pas toujours l'importance de l'objet qui en excite l'élnotion. C'est ce qui a fait dire Qu'un homme d esprit voit peu de choses j dignes d'admiration, qu'un stupide n'adinire rien, et qu'un sot trouve tout admirable . La satisfaction intérieure de SOi-luêlue, ou le repentir determinent l'action de laSurprise et varient son expression, ainsi que le coloris du visage. L'ceil doit être très-ouvert et fixé sur l'objet qui cause l'éluotion la bouche en-tr'ouverte, et les sourcils légèrelnent fronces. La Surprise fait rougir ou pâlir dans tous les cas, elle est toujours moins teraperee que l'admiration simple, à laquelle elle est tou-jours jointe et si intimement unie, qu'elle n'est excitée dans toutes les autres passions que lorsqu'elle se trouve réunie avec la faculté qui lui est propre et particulière. L' TONNE MEN T. L'iitoimement est une surprise inopinée-, qui cause le trouble de l' admiration.. Elle a tant de pouvoir sur les esprits, qu'eile les ra-mène tous vers l'objet qui fait im-pression, et les retient sur les organes Les plus délicats de l'entendement, sans qu'ils puissent reprendre leur cjours ordinaire. Cette impression vio-lente affoiblit le ccrveau 3 suspend les mouve-mens du corps, et rend immobile. Cet état de stupéfaction interdit le j-ugement, et ne per-met plus à l ame d'acquérir une connoissance parfaite des objets qui l'arrêtent. Lame en suspens, dans l'etonnement in-tellectuel, produit les mêmes effets toute oc-cupée de sonobjet, elle ne voit que ce qui la frappe. Cette espèce de ddlire, qui augmente la force ou r énergie des choses dont elle est touchée , suspend également les mouvemena du corps. -En general, l'excès de cette passion nuit au moral comme au physique L'EST I ME. A 1'Admiration se joint encore rEstiIne , qui prend sa source dans un discernement et un sens exquis, pour determiner et apprécier la valeur du Inérite, et le cas qu'on doit en faire dans ceux qui le possèdent. Voilà le premier degre de TEstime et le vrai principe de la considération, qui ne consulte ni le rang ni la dignité. L Estime diffère de l'mnitié, en ce que son action est purement intellectuelle et presque toujours reciproque car il est rare de n'être pas payé de retour lorsqu'on possède ce sen-timent inappreciable. Elle differe encore de l'amitie lorsqu'on la considère pour soi-mênle, en ce que l'on ne peut pas se promettre de gagner tous les cceurs mais l'exemple nous prouve que l'on peut parvenir à commander l'estime de ses semblables. Pour exprimer l'Estime , il faut diriger toutes les parties du visage sur l'objet qui fixe l'attention alors les sourcils paroîtront légè-rement avancés sur les yeux et presses, sans effort, du côté du nez, en s'élevant vers leurs extrémités l'oeil fort ouvert, et la prunelle élevée les veines et les muscles du front, sur-tout près des yeux, doivent être lllédiocre-ment gonflés les narines un peu abaissées les joues foiblement enfoncées près des ma-choires la bouche peu entr' ouverte, les coins en arrière et inclinés. L E MEP'RIS. Si l'Estime est un sentiment qui rapporte sans cesse à l'âme l'objet de son affection, comme étant d'une haute valeur, de meme le Mépris, quoiqu'il soit une des nuances de l'aversion, n'en est pas moins une inclination de Tame à considérer avec une sorte d'atten-tion les vices ou la bassesse de l'objet qu'elle méprise. Ces deux émotions également exci-tées et entretenues par des mouvemens par-ticuliers fortifient, jusqu'à la passion , dans le cerveau, de vives impressions des objets qui les causent. Ainsi l'inclination à observer la grandeur ou la petitesse des objets ayant, dans ses effets, les niemes causes que celles qui excitent l'Admiration, l Estime et le Mépris doivent en etre regardés comme des espèces. Suivant Le Brun, l'expression du Mepris s'annonce par les sourcils froncés, baissés du côté du nez, et relevés aux extremites l'oeil très - ouvert, et la prunelle au milieu les narines retirées en haut la bouche fermée, les coins abaissés, et la lèvre inferieure excédant la supérieure. Descartes observe que le mouvement des esprits qui cause l'estime ou le mépris, est si manifeste, quand on rapporte ces deux pas-sions à soi-même, qu'il change Ia mine, les gestes, la démarche, et généralement toutes les actions de ceux qui conçoivent une meil-leure ou une plus mauvaise opinion d'eux-Inêmes qu'à l'ordinaire. LE DEDAIN. Le degré d'estime qu'on a de soi-luêlue, mis en comparaison avec le peu de cas que l'on fait du merite d'autrui, est toujours la cause du Dédain. Dans les âmes fortes qui s'élèvent au-dessus de la crainte, il est une sorte de lnépris des menaces et des tourmens mênles. Souvent ce sentiment est plus affecté que vrai mais cela ne change rien à son ex-pression. Que le Dédain soit exprimé par la bonne opinion qu'on a de soi-nlêllle, ou par la superiority qu'on se connoît sur les autres, il n'en est pasmoins une fierté sansmenagement, qui accable Tamour-propre de ceux qui en reçoivent les regards. Le front mollement froncé les sourcils lé-gereinent rapproches l'ceil mediocrement ou-vert, la prunelle de travers la bouche ferrnee, la lèvre supérieure recouvrant l'inférieure le cou redressé la tête toujours efTacee voilà l expression du Dédain. LA VÉNÉRATION DIVINE. Lorsque Taction des objets sacrés inspire la Veneration, toutes les parties du visage doivent être profondénlent abaissées. Les sens extérieurs n'ayant aucune part dans ce sen-timent d'oubli de soi-même, les yeux et la bouche doivent être presque fermes le colo-ris foible la lèvre supérieure excédant l'in-férieure, les coins de la bouche foiblement relevés. La physionomie doit exprimer la sérénité de l'ame , parce que cette contemplation inté-rieure n'inspire jamais rien de triste. LA VENERATION HUMAINE. La Veneration naît aussi de l'Estime c'est un sentiment d'admiration mele d'amour, de respect, et quelquefois, de crainte. C'est un hommage que l'on rend au rang et a la supé-riorité. Pour rendre son expression, qui in-dique la soumission de l ame envers un objet qu'elle reconnoit au-dessus d'elle, la tête doit être inclinée, et tousles traits de la physiono-mie semblent s'abaisser les prunelles doivent être élevées sous les sourcils, la bouche en-tr ouverte , et les coins plus retirés en arrière que dans l'Estime. i, -1 j1 . ■■ 't' ' JJ J7 ,., ■ -v Jty.-sS. 7J 777. J 'i, r 2 'V V J.,.. rr yy x 'a , ,vz PI X -J ■ .v XI.J. l,ı.ı., . . V , Vrt f - r 7' A i -. IÍ wAv l lı I , , '1, v.xir. ' - sjY S ,'-, xr Le ,. v ' 1, 7 - r s 7 r a v r b J'f Aim -z r ! s v Z sv S S
AVIS PRÉLIMINAIRE. La plupart des auteurs qui ont traité les Passions ont eu plus en vue la phi-losophie et la physique que les Beaux-Arts les uns, pour les soumettre à la raison, les autres, pour secourir la Nature lorsqu'elle en est tourmentée. Quant aux auteurs de l'Antiquité, ils sont si inférieurs aux monumens de leurs temps, dans tout ce qu'ils en ont écrit, qu'ils ne sont que des sources très-imparfaites plus entraînés par l'i-magination que guidés par la recherche des vérités évidentes, leurs observa-tions portent presque toujours sur des idées fausses, souvent liées à leur reli-gion ou à leurs moeurs. Le langage de l'enthousiasme est ce-lui des Passions il tient toute sa force de la Nature et du Génie il est celui des poëles, des peintres et des sculpteurs et leurs productions sont des modèles où l'on en trouve les plus beaux dé-veloppemens. Les Scholastiques du i5 et 16@e@. siècle, en traitant les passions , en ont fait une science occulte. Descartes entre-prit d'en débrouiller l'obscurité, mais tout ce qu'en a écrit ce philosophe ne regarde que les causes intérieures les Arts n'en peuvent tirer aucun pro-fit. Il a cependant posé une base pour suivre la série des Passions d'après un principe si vrai, qu'il semble que son opinion doit prévaloir. Voici comment il s'explique. Le nombre des Pas-sions qui sont simples et primitives n'est pas fort grand, car, en faisant une revue sur toutes celles que j'ai dé-nombrées, on peut aisément remarquer qu'il n'y en a que six qui soient telles, à savoir l'Admiration, l'Amour, la Haine, le Désir, la Joie, et la Tristesse et que toutes les autres sont composées de quelques-unes de ces six, ou bien en sont des espèces. C'est d'après cette sage observation bien mûrie dans la tête du philosophe, que j'ai classé les passions. L'effet extérieur de leur expression est l'objet essentiel pour l'étude des Beaux-Arts mais les passions se multi-plient autant que la diversité des imagi-nations c'est pourquoi on ne peut ar-river à des définitions exactes sur leur expression particulière, que d'après des principes généraux. Charles Le Brun, premier peintre de Louis XIV, dont les travaux immortels sont autant de preuves irrévocables des belles connois-sances qu'il avoit de l'homme, en a fait un Traité pour les Conférences de l'A-cadémie royale de peinture. Il a suivi les opinions de Descartes sur leurs cau-ses et leurs effets internes il a même suivi sa méthode de les classer mais ses copistes n'y ont fait aucune atten-tion, ce qui jette de la confusion dans son ouvrage. Les figures en sont le principal objet elles expriment dans la plus grande perfection le caractère de chaque Passion, et elles en ont fait toute la célébrité. Les observations dont elles sont accompagnées devoient né-cessairement faire suite au Traité sur la physionomie, dont ce célèbre peintre s'occupoit quand la mort l'a surpris. Quelques fragmens assez défectueux, restés à la postérité, font cependant regretter qu'un ouvrage aussi impor-tant pour les Beaux-Arts n'ait point été fini, et que ce qui en a paru ait été aussi mal recueilli et si peu soigné dans l'exécution. Il est essentiel pour la mémoire de Le Brun, d'expli quer par quelle voie ces fragmens sont arrivés à la connois-sance du public. La plupart de ceux qui assistoient à ses conférences, pour n'en point perdre le fruit, s'empressoient d'extraire ses discours, et en faisoient des recueils pour leur usage c'est sur plusieurs de ces manuscrits, mal rédi-gés, incorrects et tronqués partout, que Bernard Picart publia pour la première fois le Traité des Passions, en 1715, vingt-un ans après la mort de Le Brun. Ce petit ouvrage, très-rare aujour-d'hui, est précieux pour les figures mais le style n'en est pas supportable, d'ailleurs très-mal imprimé et rempli de fautes typographiques. Le système général sur l'expression des passions de l'âme, que l'on retrouve dans ses figures, feroit un beau monu-ment pour l'instruction, s'il étoit pos-sible de suivre l'Artiste dans ses re-cherches et observations mais é'est un hommage à rendre à la mémoire de ce grand homme d'oser le tenter. Ma sensibilité et mon respect pour la mémoire des hommes célèbres qui ont jeté de si grandes lumières sur cet objet intéressant, sont les motifs qui m'ont déterminé à recueillir leur opinion et en composer un nouveau Traité des Passions pour l'étude des Arts. On ren-contre des difficultés sans nombre quand on veut atteindre des vérités évidentes dans une science abstruse, mais elles s'accumulent bien davantage quand on se livre à l'arbitraire c'est pourquoi j'ai adopté une méthode, comme la voie la plus sûre pour lier les idées, être clair, précis et mieux entendu. Il est encore bien difficile de ne rien hasarder sur une matière où les opi-nions se multiplient autant que les idées mais pour m'écarter le moins pos-sible de la vérité, j'ai suivi, autant qu'il a été en mon pouvoir, l'ordre naturel et primitif qu'indique la source des di-verses affections du coeur humain. INTRODUCTION. L'EXPRESSION est une naïve et naturelle ressemblance de tous les objets que l'Artiste veut représenter. Elle sert à faire distinguer la nature des corps elle en accuse les mou-vemens, en trace le caractère elle anime et peint la pensée. Elle est dans la couleur, dans le dessin, dans l'assemblage des figures. L'ex-pression est le feu et la vie des Beaux-Arts un peintre, un poète, un orateur sans expres-sion, sont des corps sans âme. La nécessité de l'expression conduit à l'étude des Passions ce qui suppose la con-noissance de l'homme. Pour les définir, il faut remonter à leur source. L'âme réside dans le cerveau elle est le centre des sens, qui rap-portent tout à son entendement. Sa communi-cation directe avec le coeur, semble s'expli-quer dans l'effet que cet organe ressent des impressions qu'elle reçoit. Cette vertu sensiti ve et intellectuelle de l'âme et du coeur, qu'on peut appeler le principe du moral, est indi-visible. Mais cette faculté de l'âme qui la porte sans cesse vers ce qui lui plaît, en sur-montant les difficultés qu'elle rencontre à la poursuite du bien comme à la fuite du mal, se divise en deux appétits, qu'on appelle, Concupiscible 3 et Irascible. De cette faculté attractive et répulsive propre et particulière à son essence, découlent toutes les passions. Le visage est comme la toile où elles viennent toutes se peindre. Le changement de couleur, le tremblement, la langueur, les ris, les lar-mes, la défaillance, les gémissemens et les soupirs, sont les signes extérieurs de leur lati-tude l'oeil surtout les déclare presque toutes les hommes les plus stupides les compren-nent au regard. Les ressorts de cet organe sont aux ordres de l'âme, il est aussi l'agent de ses impressions et de sa volonté. L'empire de l'oeil est si grand dans les passions, qu'il attire, repousse, électrise, avertit, commande et force l'attention. S'il est le miroir de l'âme, il en est aussi l'orateur. Sans l'oeil il n'y a plus d'expression. Elles sont toutes éteintes sur le visage de l'aveugle il n'en montre qu'une seule, qui est la tristesse. Les vices de conformation dans l'organe de la vue altèrent même l'ex-pression elle se montre toujours équivoque par les yeux louches, comme la plus belle pensée par les sons inarticulés du bègue. Les diverses altérations que reçoit le corps pendant que les passions agitent l'âme , se multiplient à l'infini, et la cause qui les excite, les fortifie, et même les fixe, dépend souvent de la disposition des parties nobles ou du dé-rangement d'équilibre dans les humeurs et le sang. La haine, la jalousie, la colère, la ven-geance s'enracinent souvent dans les coeurs r par des mouvemens si notables et tellement dépendans de la nature, qu'il semble n'être plus au pouvoir de ceux qui en sont dominés d'en détruire le venin. Les passions néan-moins dépendent de l'action de l'âme les organes qui les mettent en mouvement n'agis-sent qu'indirectement, et la volonté vaincue par l'empire de l'habitude, est l'effet de cette même action réitérée vers toutes celles que la nature contracte. Chaque homme a une passion dominante, dit Oxenstirn, et c'est toujours la plus difficile à corriger. Il y a peu de passions, et presque point qui ne soient composées de plusieurs autres mais il s'en trouve aussi dont l'assemblage en rend équivoque l'expression, lorsqu'elles sont dou-ces et violentes, telles que l'estime, l'ému-lation, l'amour-propre, l'amitié. Les passions se réunissent toutes dans les remords, et au-cune ne domine elles se passent en accès vio-lens ou irréguliers. Cette réunion est mons-trueuse sur le visage d'un joueur, d'un tyran, d'un homme atroce et sanguinaire. On peut encore remarquer que les fréquens accès des passions violentes décomposent les traits, et que souvent il en reste des empreintes sur la physionomie. Dans l'estime , l'émulation, l'amitié , et l'a-mour-propre, l'expression est mixte et presque insensible, si le sujet qui les cause ne fait point scène. Les passions ont un caractère propre et particulier lorsque la tête, plus que toutes les autres parties du corps, contribue à l'expres-sion des sentimens du coeur. Les membres expriment bien certaines passions , les gestes et le mouvement persuadent et les rendent plus pathétiques mais la tête doit toutes les exprimer d'abord les autres parties du corps ne font que lui obéir, et lui - servent d'armes et de secours pour remuer ou commander. Elle a ses mouvemens particuliers qui contri-buent au caractère spécial de chaque passion. Elle se baisse dans l'humilité, elle s'élève dans l'arrogance et la fierté, elle s'abat sur les épaules dans la langueur, elle se roidit et reste fixe dans l'opiniâtreté. Les sentimens moraux de la pudeur, de l'admiration, de l'indignation, du doute, du dédain, s'expli-quent sur le visage sans le secours du corps. Quintilien divise les passions en sentimens moraux et pathétiques. Le pathétique com-mande, et est fondé sur les plus violentes. Le moral persuade, et est fondé sur celles qui ins-pirent la douceur, la tendresse et l'humanité. Pour arriver à la définition des passions, sous le rapport des Beaux-Arts, nous les divi-serons en deux classes, dans l'ordre qui suit. Les Passions primitives, et les Passions com-posées. Les passions primitives sont simples, naturelles, nullement précédées du jugement, causées par les seules sensations du corps et facultés sensitives de l'âme. Les passions com-posées participent des passions primitives elles ont chacune un caractère particulier, dont la force et l'expression naissent du mé-lange de plusieurs autres. Elles réunissent les passions morales, les passions pathétiques et les plus farouches. Dans le nombre, il s'en trouve sans expression particulière, et d'au-tres qui ne sont qu'un assemblage irrégulier de plusieurs, qu'on pourroit appeler passions anomales . Les sentimens qui sont les régulateurs des passions seront ensuite rangés par nuances dans l'ordre que leur indique la nature. Le nombre des passions seroit indéfini, si on entreprenoit de les analyser toutes c'est un grand ouvrage qu'on ne finira jamais, dont les galeries, le théâtre et les bibliothèques offrent des ébauches sublimes pour la raison, les moeurs et les arts, et des modèles parfaits lorsqu'on songe aux difficultés de les égaler. M. Watelet, à la suite de son poëme sur l'art de peindre, a fait quelques réflexions sur l'expression, qui sont très-judicieuses. Il a le premier essayé de ranger les passions par nuances. Cette légère esquisse promet-toit un ouvrage aussi séduisant qu'utile, si l'auteur l'eut entrepris comme il se le proposoit. LES SIX PASSIONS PRIMITIVES. L'ADMIRATION. L'AMOUR. LA HAINE. LED E SIR. LA JOIE. LA TRISTESSE. PLANCHE I. L'ADMIRATION, d'après la famille de Darius de Le Brun. PLANCHE II. L'AMOUR, d'après l'antique, désigné l'Amour grec. PLANCHE III. La JOIE, d'après Sainte Anne, dans une Sainte Famille de Léonard de Vinci. PLANCHE IV. La HAINE, d'après un Pharisien, dans la femme adultère du Poussin. PLANCHE V. Le DÉSIR, d'après une vision de Saint Bruno du Guerchin, PLANCHE VI. La TRISTESSE, d'après Creuze, dans l'embrasement de Troie du Dominiquin. L'ADMIRATION. L'Admiration simple est une subite surprise de l'âme, qui la porte à considérer avec atten-tion tout ce qui lui semble aussi rare qu'extra-ordinaire cette passion n'ayant le bien ni le mal pour objet, mais seulement la connois-f sance des choses qui l'excitent, elle a plus de rapport avec les organes qui servent à la per-ception qu'avec le coeur. La circulation du sang n'en recevant que de foibles atteintes, -les traits de la physionomie et son coloris n'é-prouvent point les changemens qui ont assez ordinairement lieu dans la plupart des autres passions. L'Admiration simple doit donc être regar-dée comme la plus tempérée de toutes les passions, si les objets qui la causent ne produi-sent sur l'âme que des sensations amenées gra-duellement mais son expression croît si la surprise propre et particulière à cette passion est accompagnée de l'étonnement. C'est cette espèce d'admiration que le Tasse, l'Arioste, Le Brun@ tracent comme un état d'immobilité, haussant le front et le sourcil. 1 Admiration simple, pour être excitée, n'a besoin ni de l'ordre ni du jugement de la raison. Tous les hommes sont susceptibles d'admirer les choses d'une haute estime, tels que les grandes actions, la beauté, la générosité, la valeur, le courage, la bonté, l'esprit, les mer-veilles de la nature et celles du génie. L'oeil est spécial dans cette passion il doit être très-ouvert et fixe. Le Brun dit que le visage n'en reçoit que fort peu de changement dans toutes ses parties, et que s'il y en a, il n'est que dans l'élévation du sourci l a l ors il doit avoir les deux côtés égaux, l'oeil doit être très-ouvert, sans altération, ainsi que toutes les autres parties du visage. Cette pas-sion ne produit qu'une suspension de mou-vement , pour donner à l'âme le temps de se pénétrer de l'objet qui l'intéresse. L'Amour est un sentiment qui porte l'âme vers tout ce qui lui paroît aimable il est exclu-sif, et plus fort que le désir, qui se rapporte à l'avenir il est un consentement par lequel OIL se considère comme ne faisant qu'une partie de l'objet qu'on aime ou dont on désire la pos-session. Cette passion commande la nature entière tout cède à son empire. La résistance contre ses lois, gravées dans tous les coeurs, cause des phénomènes sur les organes et une grande variété dans son expression, qui caractérise le troublè ou la félicité qu'elle apporte dans l'âme. L'Amour est simple ou composé, et se divise en plusieurs espèces, qui émanent de quatre caractères généraux. L'Amour de bienveil-lance , l'Amour contemplatif, l'Amour de dé-vouement , et l'Amour de concupiscence. Une - constante générosité de soins et d'intérêt pour l'objet aimé, distingue le premier les bons pères de famille, les bons époux, les amans fidèles et les amis sincères, en offrent sans cesse l'expression. L'amour contemplatif est dans l'action de l'esprit il est l'effet d'une profonde méditation, qui reporte constam-ment ou élève la pensée vers l'objet qui inté-resse l'âme. Un entier abandon de soi-même, pour se consacrer aux volontés de la Divinité, de son prince et de sa patrie, est l'amour de dévouement les plus beaux développemens de son expression peuvent se rencontrer dans toutes les classes. Le motif de l'amour de concupiscence consiste uniquement dans la jouissance de soi-même, ou dans l'inclination d'une nature corrompue, qui ne désire que les plaisirs illicites telles sont par exemple les passions outrées de l'ambitieux, de l'avare, de l'intempérant et du brutal, qui ne suivent ordinairement que la doctrine de l'égoïsme. Les différens transports de l'âme agitée des passions de l'amour varient les traits de la physionomie. Dans l'amour simple les mou-vemens sont doux, le front uni, les sourcils un peu élevés du côté de la prunelle, la tête inclinée vers l'objet qui cause l'amour, les yeux médiocrement ouverts, le blanc de l'oeil vif, éclatant, la prunelle doucement tournée vers l'objet, un peu étincelante et élevée. Le nez ne reçoit aucun changement, de même que toutes les parties, du visage 1 le coloris I. Le Bruu. de l'amour est vif, particulièrement sur les joues. Les vapeurs qui s'élèvent du coeur mouillent les lèvres et les colorent. Dans les désirs, les yeux sont vifs, animés, étince-lans, la bouche entr@ouverte, le coloris très-ardent. Dans l'épanouissement du coeur, les yeux sont entr'ouverts et languissans, les pau-pières enflammées, les lèvres humides et ver-meilles. L'extase ou l'abattement peignent l'âme absente du corps dans les jouissances de l'imagination ou dans les regrets de l'éloigne-ment. L'amour malheureux et désespéré ré-pand la paleur sur le visage et la langueur dans les membres. Si cette passion se tourne en délire, elle offre un égarement de situation et un contraste continuel de transports, de plaintes, de larmes, quelquefois de silence, ou même d'insensibilité. Dans l'Antiquité, les amans s'emparèrent de l'Elégie, consacrée aux funérailles, pour pleurer cette privation d'eux-mêmès dans les disgrâces de l'amour. L'expression en est sublime dans ces vers. La plaintive Elégie , en longs habits de deuil, Sait, les cheveux épars , gémir sur un cercueil. Elle peint des amans la joie et la tristesse, Flatte, menace, irrite, appaise une maîtresse@ 1. I. Art Poétique, Chant II. LA HAINE. La Haine simple est une émotion causée par les esprits , qui incitent l'âme à vouloir être séparée des objets qui se présentent à elle comme nuisibles. Cette passion, qui est direc-tement opposée à l'amour, ne se divise point en autant d'espèces, parce que entre les maux dont on s'éloigne de volonté on ne remarque point tant de différence qu'entre les biens qui attachent et auxquels on est joint. Les antipathies naturelles, l'aversion, la répugnance n'opèrent à l'extérieur que de foi-bles changemens mais le ressentiment, l'ani-mosité, la vengeance sont les grands Inouve-mens qui nourrissent la haine. Les humeurs, le sang et toutes les parties nobles en sont troublés dans leurs fonctions l'inégalité du pouls, de la chaleur du corps, la mobilité de l'ceil , de la figure et du coloris concourent à son expression. Ces sortes de haine ne s'en-racinent ordinairement que dans les sujets dominés par un sang grossier, dont la circu-lation plus abondante par le foie, dans cette passion, entraîne au cerveau le fiel, qui en-tretient dans l'âme l'aigreur et l'amertume. Cette malheureuse passion, portée jusqu'à l'excès, trace sur la figure des marques de cruauté, surtout quand elle est discrète et réservée. Il semble que la tristesse soit inséparable de la haine les plus foibles en donnent toujours des signes. La haine se montre sous un front ridé, l'oeil vif, et la prunelle cachée sous les sourcils abattus et froncés, regardant de travers, d'un côté contraire à la situation du visage, et dans une agitation continuelle les narines pâles, ouvertes, et retirées en arrière, les dents ser-rées les lèvres pâles et livides, la supérieure excédant l'inférieure assez ordinairement la bouche fermée, les coins retirés en arrière et fort abaissés, roidissant les muscles des mâchoires. Le coloris de la figure inégal et dominé de jaune. Le Brun dit qu'on ne remarque dans cette passion rien de particulier qui diffère de la jalousie et que les rapports qui existent entre elles viennent de ce que la jalousie engendre la haine. LE DÉSIR. La Passion du Désir est une agitation de l'âme, causée par les esprits, qui la disposent à vouloir, pour l'avenir , les choses qu'elle se figure lui être convenables ce mouvement de volonté vers un bien qu'on n'a pas, tend aussi à la conservation de celui qu'on possède, ainsi qu'à l'absence du mal qu'on éprouve et de celui qu'on redoute pour l'avenir. Il résulte de cette conséquence, que le désir et la fuite sont deux émotions contraires qui suivent le même mouvement, puisque l'un est toujours excité par l'autre, et qu'ils agissent également et dans le même temps. On ne peut@rechercher la gloire, les richesses et la santé, sans fuir l'oubli, la pauvreté et la maladie. Ainsi, l'âme ne pouvant s'occuper de son bonheur sans fuir les maux qui s'y opposent, tous les désirs naissent de l'agrément et de @rhorreur. Descartes observe que le désir agite le coeur plus violemment qu'aucune des autres pas-sions, parce qu'il fournit au cerveau plus d'esprits, lesquels passant dans les muscles rendent tous les sens plus aigus, et toutes les parties du corps plus mobiles. Les esprits moroses, toujours disposés à mur-murer contre les plus belles institutions de la nature, en voulant châtier les moeurs, appel-lent le désir un tyran qui ne se lasse jamais de tourmenter l'homme. Mais le sage, qui n'envisage les passions modérées que comme la source de toutes les vertus, regarde le désir comme un des plus grands bienfaits du Créa-teur, le mouvement spécial qui élève l'homme à sa dignité, et le berceau des jouissances faites pour sa félicité. Son expression, selon Le Brun, s'annonce par les sourcils pressés et avancés sur les yeux, qui doivent être ouverts, sans exagé-ration la prunelle située au milieu de l'oeil et pleine de feu, les narines plus serrées du côté des yeux la bouche plus ouverte que dans l'amour simple, les coins retirés en arrière, la langue sur le bord des lèvres, le coloris aussi ardent que dans l'amour. LA JOIE. Cette passion simple est un mouvement vif et une agréable émotion de l'âme, lorsqu'elle jouit d'un bien qu'elle considère comme le sien propre, ou d'un bien qui la flatte et l'excite au plaisir. Elle est intellectuelle lors-qu'elle vient à l'âme par la seule action de l'âme, c'est-à-dire, des jouissances qu'elle se procure par son entendement. La joie tient l'âme en paix elle épanouit le coeur, elle inspire le génie , elle rend sen-sible aux agrémens de la vie et la prolonge elle est chérie des hommes, et adoucit leurs peines. Elle fut la première passion qui leur inspira les danses et les chants , pour célébrer avec un transport mesuré leur bonheur et leur reconnoissance. Elle se développe avec les mêmes attraits dans tous les âges de la vie. La disposition des organes favorise plus ou moins son expression. Les esprits égaux, la libre circulation du sang, tranquillisent l'âme et, en fortifiant les organes du cerveau, y entretiennent la gaieté. Son expression se remarque dans le front, qui est serein le sourcil sans mouvement, élevé par le milieu l'oeil médiocrement ouvert et riant la prunelle vive , éclatante les na-rines tant soit peu ouvertes les coins de la bouche doucement élevés le teint vif et les joues vermeilles. Descartes observe que la joie fait rougir, parce qu'elle fait ouvrir les écluses du coeur, et qu'alors le sang coulant avec plus de vitesse dans toutes les veines, sa chaleur et sa subti-lité enflent médiocrement toutes les parties du visage. LA TRISTESSE. La Tristesse est un malaise de l'esprit, sus-cité par l'affliction, le déplaisir, la douleur, et quelquefois par une mélancolie naturelle. L'esprit frappé de quelques impressions fâ-cheuses, présentes, passées ou à venir, est une tristesse intellectuelle, très-souvent, dit Oxenstirn, l'effet d'une imagination gâtée par l'amour-propre , qui n'apercevant plus qu'une fause représentation des objets, les re-çoit comme des accidens dignes de son afflic-tion . Cette maladie de l@ame interdit les fonctions ordinaires, elle ralentit la circula-tion du sang, peint la pâleur sur le visage, énerve les membres et tue le courage cette passion maligne, froide, épuise l'humeur ra-dicale, éteint la chaleur naturelle et flétrit le coeur. Les divers mouvemens dont l'âme est agi-tée dans la tristesse, sont autant de situations bien différentes dans la nature, et bien essen-tielles à observer pour l'éloquence de l'Art. La nature, livrée en proie à ses maux, pré-sente l'expression d'une affliction profonde et la plus pathétique de la tristesse. Si elle n'est point suscitée par l'action des douleurs corpo-relles ou intellectuelles, mais par la surprise inopinée d'un événement qui prive l'âme de ses affections ou la frappe d'un spectacle touchant, elle n'est point accompagnée des mêmes symptômes. Les traits du visage n'en sont que foiblement altérés la nature n'ayant point encore éprouvé les effets de sa malignité, est plus consternée qu'abattue. Si les larmes viennent à son secours, le soulagement qu'elle en reçoit entretient les forces. Lorsque l'âme est atteinte de cette passion par des événemens qui lui sont étrangers ou qui ne peuvent lui être nuisibles, souvent elle trouve une certaine jouissance à s'en laisser émouvoir. Le peuple court en foule aux supplices, aux naufrages , il entoure le mal-heur, il se rend témoin des événemens fu-nestes les belles tragédies font goûter un plaisir délicieux les maux d'autrui nous atta-chent l'esprit la pitié est un ravissement, une extase les larmes que nous versons, au sentiment d'Homère , sont une espèce de volupté 1@. i. Esprit des Nations. Dans l'expression de la tristesse, dit Le Brun, les sourcils sont moins élevés du côté des joues que vers le milieu du front. Les pru-nelles sont troubles, le blanc de l'oeil jaune, les paupières abattues et gonflées, le tour des yeux livides, les narines tirant en bas, la bouche entr'ouverte la tête nonchalamment panchée sur une épaule toute la couleur du visage plombée, et les lèvres décolorées. Voici comme l'infortuné mari de Joconde montre les divers changemens de l'expression de la tristesse, sous la plume de l'Arioste. E la facia, che dianzi era si bella, Si cangia si, che piu non sembra quella. Par che gl'occhi si ascondan ne la testa , Cresciato il naso par nel viso scarno De la beltà si poca li ne resta, Che ne potrà sar paragone indarno 1. i. Chant 28. RÉFLEXIONS GÉNÉRALES SUR L'ACTION, L'EXPRESSION ET L'USAGE DES PASSIONS, DANS LES BEAUX-ARTS. I ttri VS AGE DES PASSIONS. L'Amour-propre, le Tempérament, l'Opi-nion, sont les mobiles des passions ce qui con-duit à deux sortes d analyses, la Physique et la Morale. Mais je m'écarterois de mon but en parcourant un champ si vaste c'est à la morale à faire remarquer les propriétés des passions pour les convertir en vertus, qui ne leur soient point cependant contraires, car on ne sauroit déraciner dans l'homme ce qui le fait homme, ni traiter ses passions comme des solda@b tou-jours rebelles à leurs chefs, plus disposes à choquer la raison qu'a combattre pour son autorite , sans confondre les mouvemens de l'appétit sensitif@avec les dereglemens de la vo-lonté. Libre de tout préjugé de secte, on ne peut considérer l@homme au-dessus de tous les evenemens et de tous les maux, insensible à for-ce de vertu surnaturelle , que comme un fan-tôme pour la politique, la morale et les arts il ne peut figurer ainsi que dans les rêveries de l'esprit humain@@@@ Heureusement pour l harmo-nie de l'uni vers, l'espece en est rare dans la na-ture. Quelques reflexions, souvent indispensa-bles pour la justesse de l'expression, sufliront dans le cours de cet ouvrage pour faire con-noître l'avantage ou le danger des passions, et démontrer que quand elles fortifient le coeur et l'esprit par l'appas de l estime, de la consi-dération, ou de la gloire, elles font ressortir toutes les vertus utiles à la Société. I Voyez la@Republique de Plafon , 1 1 Doctrine des Stoïciens et le Contrat Social de J.-J. Rousseau. Admirons, dit le Père Brumoy, les talens et l'importance des passions@! que seroit-on sans elles ? le laboureur oisif laisseroit le soc inutile le pilote auroit horreur des dangers le riche insensible armeroit son cceur d'un bouclier de fer le vulgaire impuissant péri-roit les mères , oui, les tendres mères oublie-roient leur tendresse et leurs enfans. Mais, grâce aux Passions, les coeurs savent être sen-sibles malgré eux. La mère s'attendrit sur ses enfans sa tendresse dévore tout sa dou-leur meme lui plait, elle est maternelle. Les noms de père, d'epoux, de frère , de femme, d'ami ne sont plus de jyains noms. Ce ne sont plus des fables, que l'humanité et la bonne foi elles sont connues des plus barbares nations, qui, sensibles aux mêmes revers que nous, temoignent ou feignent de temoigner que l'hu-manitd ne leur est point étrangère, qu'elles sont prêtes à nous secourir dans nos malheurs , et que, du moins, elles ne veulent pas nuire à ce qui ne leur nuit pas. Otez les Passions ! que dcviennent les arts ? tout l'univers retombe dans l antique chaos. Rendez-Ies à l'homme ! les villes et les temples renaissent de leurs ruines, la vertu mênlC revient. Vertu, née pour habiter avec les passions Vertu, qui sait prendre d'elles ses plus brillantes cou-leurs ! La tendresse dans les ames tendres, la vigueur dans les fortes la douceur dans les aines guerrieres l'egalite si précieuse dans tous, et cette espèce d immutabilite qui la met au-dessus des circonstances de l humeur . S. Augustin avoue meme que les passions sont les degrés pour arriver à cette haute félicité qui consiste en la possession du sou-verain bien. De la man@ure dont on doit considérer les Passions dans les Beaux-Arts, pour traiter le Sublime. Les Passions, dit Nicole, sont les seuls ora-teurs de la nature dont les règles sont infailli-bles et l'homme Ije plus, simple, qui a de la passion, persuade mieux que le plus éloquent qui n'en a@point. Cette pensée juste et vraie s'adresse à tousled Beaux-Arts elle s'applique à tous les systemes de langage qu'adopte l'es-prit humain, lorsqu'il veut faire entendre les accens de toutes les affections du coeur. Elle fait sentir que les transports de l'esprit étant communs au génie créateur, ainsi quO à ceux dont il captive l'attention, la pensée ou la Ina- -tière, sans l'dmotion, ne rapporte aux sens que des sons monotones ou des actions sans vie qui glacent tous les sentiment. Pour espérer de toucher et de plaire, il fajit que les actions soient les interprètes du cceur Mais il faut être touchés soi-nlêmes les pre-miers , avant d'essayer de toucher les autres et pour se sentir émus, il faut se former des vi-sions, des images des choses absentes, comme si effectivement elles etoient devant nos yeux et celui qui concevra plus fortement ces ima-ges, exprimera aussi les passions avec plus de vehemence @I. Comment donc expliquer ce don d'emouvoir qui est plus dans la nature que dans l'art ce pathétique des passions d'où dépendent la force et l'energie des impres-sions de l'ame ? Ce talent sublime n'est autre chose que l'enthousiasme des passions, ou la peinture vive des divers mouvemens qui agi-tent l'âme. II est une maniere d'exprimer et de sen-tir , qui fait disparoitre l'art, qui force l'il-lusion à s'emparer des cceurs jusqu'à la persuasion , qui fait partager aux specta-teurs les mouvemens qui animent le poete, le peintre et l'orateur, et les rapprochent des scènes dont ils sont pour ainsi dire eux-mêmes acteurs. Ce talent rare, qui découle d'une ex-treme sensibilité, ne peut se transmettre par I Quintilien. aucune mdthode. II semble cependant, dit Quintilien@ que cette partie si belle et si gran de n'est pas inaccessible, et qu'on peut trouver un chemin qui y conduise assez faci-lement c'est de considérer la nature, et de l'imiter car les spectateurs ne sont émus par 1 art, que lorsque l'imitation leur rappelle ce qu'ils sont accoutumes de voir et de sentir. Néanmoins il est indubitable que les mouve-mens de l'âme qui sont étudiés par l'art, ne sont jamais si naturels que ceux qui se développent dans la chaleur d'une véritable passion. Les préceptes d'une science aussi précieuse ne sont pourtant point infructueux, car l'esprit pé-nétrant, toujours en communication avec les homines qui ont pensé et approfondi le cceur liumain, en recoit de fortes impulsions n'of-friroient - ils encore que des matériaux pour l'histoire de @Thornine, combien doivent être chers ceux que rassemble l'artiste éclairé qui l'etudie sans cesse ! Charles Le Brun, qui figure dans le beau siècle de Louis XIV parmi les grands homines qui ont presque tout fait et tout aclieve dans les Lettres et les Arts, a laissé à la Postérité une savante dissertation sur l'expression es-sayons de renouer ses pensées sur les excel-lentes figures qu'il a tracees de sa main I. I Nous avons fait un choix des figures de Le Brun , au simple trait@, telles qu'elles ont été publiées par Bernard Picart. Voyez I ordre de ces figures, page 44. On peut voir dans mon Avis préliminaire les motifs qui m'ont empêché de suivre le texte qui les accom-pagne. Les Passions s'annoncent par 1' Action. DEFINITION DE L'ACTION. Tout ce qui cause à l'âme de la passion s'exprime par @Taction et comrae la plupart des passions de l'ame produisent des actions corporelles, il est nécessaire, il est indispen-sable-de bien connoître toutes les parties du corps qui les expriment. Ce qui conduit à dé-finir @Faction et ses causes. L'action n'a lieu que par l'opération des agens qui causent un changement dans les muscles et dans la circulation des liqueurs et du sang et quoique les diverses préparations et fabriques de tous ces agens semblent inu-tiles pour expliquer le sentiment, ils ont néan-moins tant d influence sur le mouvement , qu'on ne peut en perdre de vue les principes gdneraux. Le cceur est le principal organe de la cir-culation, et par conséquent du mouvement. II reçoit le sang de toutes les parties du corps et le renvoie de même. Le cceur, suivant Des-cartes, contient un feu sans lumière qui raréfie et forme les esprits subtils qui s'élèvent au cerveau , où ils sont toujours abondamment entretenus et renvoyés du cerveau dans les nerfs et les muscles, pour les fortifier selon le besoin qu'exigent les fonctions auxquelles ils sont appelés par la nature ou l'empire de la volonté. Ainsi les parties qui agissent le plus, recevant aussi plus de matieres sub tiles, sont plus fortes et plus nourries de même, celles qui agissent peu, en recevant aussi moins , sont plus foibles et moins prononcées. En supposant que le mouvement s'exerce par la volonté , ou qu@il en soit indépendant, rien n'est cependant remue sans le secours d'une autre force agissante et cette puissance motrice peut elle-lnême se diviser en deux moteurs, dont@l'un est dans le principe de vie, et l'autre dans l'intelligence ainsi toutes les parties du corps se meuvent continuellement sans que l'âme y prenne aucune part, lorsque rien exterieurement n'y apporte de change-ment. Mais @faction des corps extérieurs qui excitent dans l@ame des sensations nouvelles, produit ce mouvement de volonté, cette ac-tion dont le moteur est dans l@ame, et qui de-vient le principe de toutes les passions. Quoique l'âme soit jointe à toutes les parties du corps, il y a néanmoins diverses opinions touchant le lieu où elle exerce plus particuliè-rement ses fonctions les uns la placent dans la glande pinéale, située au milieu du cerveau, parce qu'ils regardent cette partie, qui est unique, cornrae le centre où viennent se réu-nir en un même son, et en une seule image, toutes les impressions doubles, d'un meme ob-jet, que reçoivent les doubles organes. D'au-tres la placent au cceur, parce que cet organe ressent aussi vivement et aussi promptement les impressions des corps extérieurs que le cerveau. Plusieurs causes'majeures doivent faire adopter l'opinion que l'ame est placée dans le cerveau mais une des principales pour notre objet, c'est que le cceur ne prend pas une part également active dans toutes les passions. Nous avons déjà dit que , selon la Philoso-phic, toutes les passions dérivent des deux ap-pdtits qui divisent la partie sensitive de l'âme les passions simples dérivent du Concupisci-hie, et les plus farouches de VI rascible. Cette division est extrêmement essentielle , avant d'entrer en matière sur les parties du corps qui concourent le plus specialement a les exprimer. CABACTERES de Le Brun, dont l'explication fait le sujet du paragraphe suivant. PLANCHES. La@Tranqnillite PL@ VII, fig. A. L'Admiration simple. PL@ VII, fig. B. L'Étonnement. Pl. VII, fig. C. L'étonnement avec Frayeur. PI. VII, fig. D. Douleur mêlée de Crainte. PI. VIII, fig. E. Douleur extrême Corporelle@ PL@ VIII, fig. F. Douleurs aiguës de Corps et d'Es-prit PI. VIII, fig. G. La Joie. PI. VIII, fig. H. L'Abattement du coeur causé par la Tristesse. PI. IX, fig. I. Mouvement de Douleur. PL@ I X, fig. K. Le Hire P@I I X, fig. L. , , fı g L. Le Pleurer. PI. IX, fig. M. La Raine. PL@ X , fig. N. Le Désespoir mele de fureur. PL@ X, fig. O. La Fureur mêlée de Rage. PL@ X , fig. P. La Haine mêlée de Cruauté. PL@ X , fig. Q. La Jalousie. PL@ XI , fig. R@@@@. La Colère. PL@ XI, fig. S. , fı g S. L'Horreur.. PL@ XI, fig. T. La Crainte. PL@ XI, fig. V. Des Actions corporelles qui expriment les Passions de l'âme, suivant le système de Le Brun. S'il est vrai que l'arae exerce immédiatement ses fonctions dans le cerveau, on peut dire que le visage est la partie du corps où elle exprime plus particulierement ce qu'elle ressent. L'ac-tion de fuir annonce la peur les membres roidis, les points fermes annoncent la@colere beaucoup d'autres passions s'expriment encore par des actions corporelles mais le visage les exprime toutes. Le mouvement du@sourcil sur-tout est tres-remarquable la prunelle par son feu y concourt aussi puissamment mais le sourcil, dans deux mouvemens principaux et qui lui sont particuliers, explique plus positi vement la nature de l'agitation. La bouche et le nez ont aussi beaucoup de part à l'expression mais on pourra voir dans la suite qu ils suivent plus généralement les mouvemens du cceur. Les Anciens ont fait du nez le siége de la co-lère et de la moquerie l'ensemble de la figure du Satyre confirme cette dernière opinion Disce, sed ira cadat naso, rugosaque sanna 1 et ailleurs Eum subdolae irrisioni dicave-runt @@@@Ce qui prouve que les mouvemens du sour-cil ont un rapport direct avec les deux appé-tits qui divisent la partie sensitive de l'ânle, c'est qu'à mesure que les passions changent de nature, les sourcils changent de forme. IIs n'ont aucun mouvement dans la tranquillité 3 on peut juger de leurs positions naturelles. IIs deviennent un peu plus convexes dans l'ad-miration simple@4@, et suivent un mouvement égal@ uniforme et doux. Mais, dans l'etonne-ment@5@, ils sont cOlnposés et si l'etonnement est mele de frayeur@6@, le mouvement est plus prononce. C est dans l'expression des passions pathé-tiques que les sourcils agissent avec plus de violence tous les mouvemens sont alors com-posés par le melange de plusieurs causes@7 ils prennent une forme et un caractère aigu dans I Perse. 2 Pline. 3 Voyez PI. VII ,fig. A. 4 Voyez PL@ VII, fig. B. 5 Voyez PL@ VII, fie. C. 6 Voyez Pl. VII, fig. D. 7 Voyez Pl. VIII@ ,fg. E. @Fextreme douleur corporelle @@et dans les dou-leurs aiguës de corps et d'esprít@@ . L'abattement ou l'élévation sont les deux principaux inouvemens du sourcil, en obser-vant cependant qu'il a deux sortes d'élévation l'une qui exprime l'agrément, telle que la joie, et l'autre l'abattement du coeur ou la tristesse. Dans la joie 3 , les sourcils s'élèvent, et la bouche en relevant doucement par les côtés achève la peinture de ce mouvement. Dans la tristesse 4@, ils s'elevent aussi, mais en baissant des côtés en ligne oblique, et les yeux et la la bouche semblent également suivre cette rncme inclinaison dans ses côtés mais la bouche relève du milieu ainsi que les yeux, vers le nez. Les sourcils relèvent encore dans les inouvemens de douleur 5 et dans les douleurs aiguës de corps et d'esprít 6 mais alors ils baissent du milieu et se rapprochent plus ou moins de l'aeil, en suivant les degrés de douleur ou d'affliction. i Vovez@PL@ VIII, @te.@F. 2 Voyez PI. VIII, fig. G. 3 Voyez PI. VIII, ftg.@K. 4 Voyez PL@ IX, fig. I. 5 Voyez PL@ IX, fig. K. 6 Voyez@Pl. VIII, fig. G. deja citee. Toutes les parties se sui vent dans le rire@1 les sourcils s'abaissent vers le milieu du front le gonflement des joues rapetisse les yeux, les relève des côtés, et baisse le nez sur la lèvre superieure la bouche et les ailes du nez re-lèvent dans la ineme direction. Les mouvemens du visage sont contraires, et tout opposés dans le pleurer 2 les sourcils se rapprochent egalement des yeux connne dans le rire , avec cette différence, que dans le rire il@est uniforme, et composé dans le pleu-rer. II ne prononce cependant pas le caractère aigu des douleurs de corps et d'esprit 3 4 mais il prend la même forme que dans les mouvemens de haine 5@, du côté des@yeux, et relève toujours en ondoyant jusqu'a leur extremite les yeux, les joues et la bouche inclinent dans le meme sellS mais dans cette direction, l'inclinai-son de la bouche, dans ses extremites, n'est pas si prononcée que celle des yeux et des joues , parce qu'elle est retenue par les deux lèvres qui se roidissent et se resserrent par le milieiij en se rapprochant du nez et du menton. @@Voyez Pi. IX,@fig. L. 2 Voyez Pl. IX, jig. M. 3-4 Voyez PI. VIII, f'S- '• et fig- G@-5 Voyez PI. X, fig. P. Lorsque le cceur se Toidit en raouvemens violens contre tout ce qui l'affiige, le visage exprime les passions les plus farouches, du désespoir mêlé de fureur@1@, de la fureur mêlée de _rage 2@, et de la haine melee de cruauté 3@. Dans ces mouvemens violens, les@sourcils ne se@rap-prochent point des yeux en angle aigu, ils s'é-largissent au contraire en cédant aux muscles du front, qui les forcent à couvrir les points lacrymaux alors la prune lle ne sui vant plus sa direction ordinaire, semble s'égarer dans l'orbite. Tous les traits du visage, dans ces di-vers mouvemens, se rapprochent avec force autour des yeux dans ces passions, l'expres-sion de la bouche et du nez prononce un ca-ractère particulier d'aigreur ce qui prouve , comme il a déjà été dit, que ces parties mar-quent plus particulierement les mouvemens du cceur dans les passions oil il a plus de part, la bouche, qui en est le principal agent, les expri-me dans trois mouvemens principaux dans les accens de la douleur, elle baisse des côtés 4 I Voyez PL@ X,.fıg. O. 2 Voyez Pl. X, fig. P. 3 Voyez PI. X,@Jig. Q. 4 Voyez PL@ IX,@Jig.@Yi-déjà eitée. dans les transports de la joie, elle relève @t, et dans les mouvemens d'aversion ou de jalousie@@ elle se pousse en avant, en relevant par le milieu. Ces principes généraux doivent s'appliquer a toutes les passions. Les sentimens qui les di-rigent et les modifient supposent un ordre de la nature , qui emane des besoins physiques, moraux ou factices, et sont les nuances qui étendent et développent les facultés exclusives de l'liomme. Mais il se présente des difficultes insurmontables lorsqu'on veut en suivre l'en-chainement dans l'ordre social souvent elles échappent aux recherches de l'observateur, et bientôt on en negligeroit l'etude si elles n'e-toient sans eesse rappelées par les productions du génie qui réunissent l'approbation des siè-cles. Et qu'est-ce que r on peut voir de plus par-fait que l'Antique ? Quelle Nation fut jamais plus favorisée que les Grecs pour tout appren-dre de la nature ? Si dans leurs jeux publics et leurs institutions libres ils trouvoient des avantages infinis pour observer les propor-I Voyez PI. VIII, Jig. H. d ja cilee. 2 Voyez PL@ XI@@fig. R. cleja citee. tions et les graces, les sensations y étoient aussi aperçues et gravées dans les esprits il ne s'a-gissoit que du choix pour achever 1 image de la beauté. La force essentielle de l'ânle, sans cesse excitée par des sentimens agréables, jetoit le germe de cette élégante et morale imitation avec laquelle ils surpassèrent la nature. Ani-mer @rintelligence sur le marbre étoit la gloire qu'ambitionnoient les statuaires, mais les pas-sions farouches qui défigurent l@homme ne s accordoient point avec le système de perfec-tibilité qui caractérisoit le génie national aussi n'eurent-ils en vue que les affections les plus douces du cceur humain et les sensations les plus délicates. Ce rayon divin qui brille dans les statues grecques , éclairera toujours les nations qui se piqueront de goût. Chez tous les peuples qui ont cultivé les arts, l'expression des passions de rânlc a de tout temps été considérée comme l'époque de leur splendeur, ct la nullite dans les actions, celle de leur décadcncc mais le climat, les mceurs et les usages ont une si grande influen-ce sur la constitution physique de l'homme que ses organes en reçoi vent une altération, qui lui fait perdre insensiblcment l'expression des mouvemens naturels de son etat@primitif. Plus une Société sera nOlubreuse, dit M. l Vatelet, plus la force et la variété de l'expression doit s'affoiblir parce que l'ordre et l'unifonnité seront les principes d'où naîtra ce qu'on appelle l'harmonie de la Société. Cette harmonie si nécessaire y gagnera sans doute, tandis que les Arts d'expression y per-dront, parce qu@ils seront affectés peu à.peu d'une monotonie qui leur ôtera les idées véri-tables de la nature. L'exemple, motif puissant qui influe sur les actions des homInes, augmente de pouvoir et d'autorité par l'augmentation du nombre et plus une ville capitale est peuplée et sociable , plus on doit ceder au penchant de s imiter les uns et les autres. Toutes ces réflexions feroient le désespoir des artistes, et nuiroient aux progrès de l'es-prit humain , si la nature pouvoit perdre ses droits et sa franchise. Le voile des conven-tions ne fait que les dérober aux regards mais les arts en conservent l'idce simple et primi-tive, et sont les plus solides fondemens sur lesquels il reposeront eternellement. DIVISIONS DE L'ADMI RATION. Ière. Di yon@. LA SURPRISE. L'ETONNEMENT. IP. Divon. L'ESTIME. LE MÉPRIS. LE DÉDAIN. IIP. Divon. LA VÉNÉRATION DIVINE. LA VENERATION HUMAINE. PLANCHE XII. La SURPRISE, d'après le Martyre de Saint-Protais de Le Sueur. PLANCHE XIII. L'ETONNEMENT, d'après la@Messe de Saint-Martin du même. PLANCHE XIV. L'ESTIME, d'après le Jugement de Salomon du Poussin. PLANCHE XV. Le MÉPRIS, d'après le tableau du Guide, OlÌ David est représenté tenant la tête du géant Goliath. PLANCHE XVI. Le D E D AIN j d'après l'Apollon Pythien. PLANCHE XVII. La VENERATION DIVINE, d'après l'Ange, dans le tableau de Léonard de Vinci représentant la Vierge et Sainte-Anne. , PLANCHE XVIII. La VÉNÉRATION HUMAINE, d'après la Reine, dans l'Apothéose de Henri IV de Rubens. LA SURPRISE. La Surprise est un mouvement soudain qui est@produit dans l'âme par quelque chose d'inattendu. Son@effet est de toucher vivement les parties les plus sensibles du cerveau et d'augmenter singulierement les mouvemens qu'elle y excite. Mais nous avons déjà dit dans l'Admiration, que l'dmotion de la Surprise dépend de toute la force de @Taction et de son caractère de nouveauté car les objets dont l'esprit reçoit de fréquentes agitations ne cau-sent plus de surprise. Dans les jouissances du sentiment et du goût elle fortifie les organes de l'entendement car l'admiration intellectuelle n'est qu'une longue surprise melee de respect et d'amour pour tout ce qui est grand et merveilleux. Elle dif-fère du simple etonnement, qui ne détermine pas toujours l'importance de l'objet qui en excite l'élnotion. C'est ce qui a fait dire Qu'un homme d esprit voit peu de choses j dignes d'admiration, qu'un stupide n'adinire rien, et qu'un sot trouve tout admirable . La satisfaction intérieure de SOi-luêlue, ou le repentir determinent l'action de la@Surprise et varient son expression, ainsi que le coloris du visage. L'ceil doit être très-ouvert et fixé sur l'objet qui cause l'éluotion la bouche en-tr'ouverte, et les sourcils légèrelnent fronces. La Surprise fait rougir ou pâlir dans tous les cas, elle est toujours moins teraperee que l'admiration simple, à laquelle elle est tou-jours jointe et si intimement unie, qu'elle n'est excitée dans toutes les autres passions que lorsqu'elle se trouve réunie avec la faculté qui lui est propre et particulière. L' TONNE MEN T. L'iitoimement est une surprise inopinée-, qui cause le trouble de l' admiration.. Elle a tant de pouvoir sur les esprits, qu'eile les ra-mène tous vers l'objet qui fait im-pression, et les retient sur les organes Les plus délicats de l'entendement, sans qu'ils puissent reprendre leur cjours ordinaire. Cette impression vio-lente affoiblit le ccrveau 3 suspend les mouve-mens du corps, et rend immobile. Cet état de stupéfaction interdit le j-ugement, et ne per-met plus à l ame d'acquérir une connoissance parfaite des objets qui l'arrêtent. L@ame en suspens, dans l'etonnement in-tellectuel, produit les mêmes effets toute oc-cupée de son@objet, elle ne voit que ce qui la frappe. Cette espèce de ddlire, qui augmente la force ou r énergie des choses dont elle est touchée , suspend également les mouvemena du corps. -En general, l'excès de cette passion nuit au moral comme au physique@ L'EST I ME. A 1'Admiration se joint encore @rEstiIne , qui prend sa source dans un discernement et un sens exquis, pour determiner et apprécier la valeur du Inérite, et le cas qu'on doit en faire dans ceux qui le possèdent. Voilà le premier degre de @TEstime et le vrai principe de la considération, qui ne consulte ni le rang ni la dignité. L Estime diffère de l'mnitié, en ce que son action est purement intellectuelle et presque toujours reciproque car il est rare de n'être pas payé de retour lorsqu'on possède ce sen-timent inappreciable. Elle differe encore de l'amitie lorsqu'on la considère pour soi-mênle, en ce que l'on ne peut pas se promettre de gagner tous les cceurs mais l'exemple nous prouve que l'on peut parvenir à commander l'estime de ses semblables. Pour exprimer l'Estime , il faut diriger toutes les parties du visage sur l'objet qui fixe l'attention alors les sourcils paroîtront légè-rement avancés sur les yeux et presses, sans effort, du côté du nez, en s'élevant vers leurs extrémités l'oeil fort ouvert, et la prunelle élevée les veines et les muscles du front, sur-tout près des yeux, doivent être lllédiocre-ment gonflés les narines un peu abaissées les joues foiblement enfoncées près des ma-choires la bouche peu entr' ouverte, les coins en arrière et inclinés. L E MEP'RIS. Si l'Estime est un sentiment qui rapporte sans cesse à l'âme l'objet de son affection, comme étant d'une haute valeur, de meme le Mépris, quoiqu'il soit une des nuances de l'aversion, n'en est pas moins une inclination de @Tame à considérer avec une sorte d'atten-tion les vices ou la bassesse de l'objet qu'elle méprise. Ces deux émotions également exci-tées et entretenues par des mouvemens par-ticuliers fortifient, jusqu'à la passion , dans le cerveau, de vives impressions des objets qui les causent. Ainsi l'inclination à observer la grandeur ou la petitesse des objets ayant, dans ses effets, les niemes causes que celles qui excitent l'Admiration, l Estime et le Mépris doivent en etre regardés comme des espèces. Suivant Le Brun, l'expression du Mepris s'annonce par les sourcils froncés, baissés du côté du nez, et relevés aux extremites l'oeil très - ouvert, et la prunelle au milieu les narines retirées en haut la bouche fermée, les coins abaissés, et la lèvre inferieure excédant la supérieure. Descartes observe que le mouvement des esprits qui cause l'estime ou le mépris, est si manifeste, quand on rapporte ces deux pas-sions à soi-même, qu'il change Ia mine, les gestes, la démarche, et généralement toutes les actions de ceux qui conçoivent une meil-leure ou une plus mauvaise opinion d'eux-Inêmes qu'à l'ordinaire. LE DEDAIN. Le degré d'estime qu'on a de soi-luêlue, mis en comparaison avec le peu de cas que l'on fait du merite d'autrui, est toujours la cause du Dédain. Dans les âmes fortes qui s'élèvent au-dessus de la crainte, il est une sorte de lnépris des menaces et des tourmens mênles. Souvent ce sentiment est plus affecté que vrai mais cela ne change rien à son ex-pression. Que le Dédain soit exprimé par la bonne opinion qu'on a de soi-nlêllle, ou par la superiority qu'on se connoît sur les autres, il n'en est pas@moins une fierté sans@menagement, qui accable @Tamour-propre de ceux qui en reçoivent les regards. Le front mollement froncé les sourcils lé-gereinent rapproches l'ceil mediocrement ou-vert, la prunelle de travers la bouche ferrnee, la lèvre supérieure recouvrant l'inférieure le cou redressé la tête toujours efTacee voilà l expression du Dédain. LA VÉNÉRATION DIVINE. Lorsque @Taction des objets sacrés inspire la Veneration, toutes les parties du visage doivent être profondénlent abaissées. Les sens extérieurs n'ayant aucune part dans ce sen-timent d'oubli de soi-même, les yeux et la bouche doivent être presque fermes le colo-ris foible la lèvre supérieure excédant l'in-férieure, les coins de la bouche foiblement relevés. La physionomie doit exprimer la sérénité de l'ame , parce que cette contemplation inté-rieure n'inspire jamais rien de triste. LA VENERATION HUMAINE. La Veneration naît aussi de l'Estime c'est un sentiment d'admiration mele d'amour, de respect, et quelquefois, de crainte. C'est un hommage que l'on rend au rang et a la supé-riorité. Pour rendre son expression, qui in-dique la soumission de l ame envers un objet qu'elle reconnoit au-dessus d'elle, la tête doit être inclinée, et tous@les traits de la physiono-mie semblent s'abaisser les prunelles doivent être élevées sous les sourcils, la bouche en-tr ouverte , et les coins plus retirés en arrière que dans l'Estime. i, -1 j1 . ■■ 't' ' JJ J7 ,., ■ -v Jty.-sS. 7J 777. J 'i, r 2 'V V J.,.. rr yy x 'a , ,vz PI X -J ■ .v XI.J. l,ı.ı., . . V , Vrt f - r 7' A i -. IÍ wAv l lı I , , '1, v.xir. ' - sjY S ,'-, xr Le ,. v ' 1, 7 - r s 7 r a v r b J'f Aim -z r ! s v Z sv S S
AVIS PRÉLIMINAIRE. LA plupart des auteurs qui ont traité les Passions ont eu plus en vue la phi@losophie et la physique que les Beaux-Arts les uns, pour les soumettre à la raison, les autres, pour secourir la Nature lorsqu'elle en est tourmentée. Quant aux auteurs de l'Antiquité, ils sont si inférieurs aux monumens de leurs temps, dans tout ce qu'ils en ont écrit, qu'ils ne sont que des sources très-imparfaites plus entraînés par l'i@magination que guidés par la recherche des vérités évidentes, leurs observa@tions portent presque toujours sur des idées fausses, souvent liées à leur reli@gion ou à leurs moeurs. Le langage de l'enthousiasme est ce@lui des Passions il tient toute sa force de la Nature et du Génie il est celui des poëtes, des peintres et des sculpteurs et leurs productions sont des modèles où l'on en trouve les plus beaux dé@veloppemens. Les Scholastiques du 15 et 16 e . siècle, en traitant les passions@, en ont fait une science occulte. Descartes entre@prit d'en débrouiller l'obscurité, mais tout ce qu'en a écrit ce philosophe ne regarde que les causes intérieures les Arts n'en peuvent tirer aucun pro@fit. Il a cependant posé une base pour suivre la série des Passions d'après un principe si vrai, qu'il semble que son opinion doit prévaloir. Voici comment il s'explique. Le nombre des Pas@sions qui sont simples et primitives n'est pas fort grand, car, en faisant une revue sur toutes celles que j'ai dé@nombrées, on peut aisément remarquer qu'il n'y en a que six qui soient telles, à savoir l'Admiration, l'Amour, la Haine, le Désir, la Joie, et la Tristesse et que toutes les autres sont composées de quelques-unes de ces six, ou bien en sont des espèces. C'est d'après cette sage observation bien mûrie dans la tête du philosophe, que j'ai classé les passions. L'effet extérieur de leur expression est l'objet essentiel pour l'étude des Beaux-Arts mais les passions se multi@plient autant que la diversité des imagi@nations c'est pourquoi on ne peut ar@river à des définitions exactes sur leur expression particulière, que d'après des principes généraux. Charles Le Brun, premier peintre de Louis XIV, dont les travaux immortels sont autant de preuves irrévocables des belles connois@sances qu'il avoit de l'homme, en a fait un Traité pour les Conférences de l'A@cadémie royale de peinture. Il a suivi les opinions de Descartes sur leurs cau@ses et leurs effets internes il a même suivi sa méthode de les classer mais ses copistes n'y ont fait aucune atten@tion, ce qui jette de la confusion dans son ouvrage. Les figures en sont le principal objet elles expriment dans la plus grande perfection le caractère de chaque Passion, et elles en ont fait toute la célébrité. Les observations dont elles sont accompagnées devoient né@cessairement faire suite au Traité sur la physionomie, dont ce célèbre peintre s'occupoit quand la mort l'a surpris. Quelques fragmens assez défectueux, restés à la postérité, font cependant regretter qu'un ouvrage aussi impor@tant pour les Beaux-Arts n'ait point été fini, et que ce qui en a paru ait été aussi mal recueilli et si peu soigné dans l'exécution. Il est essentiel pour la mémoire de Le Brun, d'expli@quer par quelle voie ces fragmens sont arrivés à la connois@sance du public. La plupart de ceux qui assistoient à ses conférences, pour n'en point perdre le fruit, s'empressoient d'extraire ses discours, et en faisoient des recueils pour leur usage c'est sur plusieurs de ces manuscrits, mal rédi@gés, incorrects et tronqués partout, que Bernard Picart publia pour la première fois le Traité des Passions, en 1713, vingt-un ans après la mort de Le Brun. Ce petit ouvrage, très-rare aujour@d'hui, est précieux pour les figures mais le style n'en est pas supportable, d'ailleurs très-mal imprimé et rempli de fautes typographiques. Le système général sur l'expression des passions de l'âme, que l'on retrouve dans ses figures, feroit un beau monu@ment pour l'instruction, s'il étoit pos@sible de suivre l'Artiste dans ses re@cherches et observations mais c'est un hommage à rendre à la mémoire de ce grand homme d'oser le tenter. Ma sensibilité et mon respect pour la mémoire des hommes célèbres qui ont jeté de si grandes lumières sur cet objet intéressant, sont les motifs qui m'ont déterminé à recueillir leur opinion et en composer un nouveau Traité des Passions pour l'étude des Arts. On ren@contre des difficultés sans nombre quand on veut atteindre des vérités évidentes dans une science abstruse, mais elles s'accumulent bien davantage quand on se livre à l'arbitraire c'est pourquoi j'ai adopté une méthode, comme la voie la plus sûre pour lier les idées, être clair, précis et mieux entendu. Il est encore bien difficile de ne rien hasarder sur une matière où les opi@nions se multiplient autant que les idées mais pour m'écarter le moins pos@sible de la vérité, j'ai suivi, autant qu'il a été en mon pouvoir, l'ordre naturel et primitif qu'indique la source des di@verses affections du coeur humain. INTRODUCTION. L'EXPRESSION est une naïve et naturelle ressemblance de tous les objets que l'Artiste veut représenter. Elle sert à faire distinguer la nature des corps elle en accuse les mou@vemens, en trace le caractère elle anime et peint la pensée. Elle est dans la couleur, dans le dessin, dans l'assemblage des figures. L'ex@pression est le feu et la vie des Beaux-Arts un peintre, un poëte, un orateur sans expres@sion, sont des corps sans âme. La nécessité de l'expression conduit à l'étude des Passions ce qui suppose la con@noissance de l'homme. Pour les définir, il faut remonter à leur source. L'âme réside dans le cerveau elle est le centre des sens, qui rap@portent tout à son entendement. Sa communi@cation directe avec le coeur, semble s'expli@quer dans l'effet que cet organe ressent des impressions qu'elle reçoit. Cette vertu sensiti@ve et intellectuelle de l'âme et du coeur, qu'on peut appeler le principe du moral, est indi@visible. Mais cette faculté de l'âme qui la porte sans cesse vers ce qui lui plaît, en sur@montant les difficultés qu'elle rencontre à la poursuite du bien comme à la fuite du mal, se divise en deux appétits, qu'on appelle, Concupiscible , et Irascible. De cette faculté attractive et répulsive propre et particulière à son essence, découlent toutes les passions. Le visage est comme la toile où elles viennent toutes se peindre. Le changement de couleur, le tremblement, la langueur, les ris, les lar@mes, la défaillance, les gémissemens et les soupirs, sont les signes extérieurs de leur lati@tude l'oeil surtout les déclare presque toutes les hommes les plus stupides les compren@nent au regard. Les ressorts de cet organe sont aux ordres de l'âme, il est aussi l'agent de ses impressions et de sa volonté. L'empire de l'oeil est si grand dans les passions, qu'il attire, repousse, électrise, avertit, commande et force l'attention. S'il est le miroir de l'âme, il en est aussi l'orateur. Sans l'oeil il n'y a plus d'expression. Elles sont toutes éteintes sur le visage de l'aveugle il n'en montre qu'une seule, qui est la tristesse. Les vices de conformation dans l'organe de la vue altèrent même l'ex@pression elle se montre toujours équivoque par les yeux louches, comme la plus belle pensée par les sons inarticulés du bègue. Les diverses altérations que reçoit le corps pendant que les passions agitent l'âme@, se multiplient à l'infini, et la cause qui les excite, les fortifie, et même les fixe, dépend souvent de la disposition des parties nobles ou du dé@rangement d'équilibre dans les humeurs et le sang. La haine, la jalousie, la colère, la ven@geance s'enracinent souvent dans les coeu@s@@ par des mouvemens si notables et tellement dépendans de la nature, qu'il semble n'être plus au pouvoir de ceux qui en sont dominés d'en détruire le venin. Les passions néan@moins dépendent de l'action de l'âme les organes qui les mettent en mouvement n'agis@sent qu'indirectement, et la volonté vaincue par l'empire de l'habitude, est l'effet de cette même action réitérée vers toutes celles que la nature contracte. Chaque homme a une passion dominante, dit Oxenstirn, et c'est toujours la plus difficile à corriger. Il y a peu de passions, et presque point qui ne soient composées de plusieurs autres mais il s'en trouve aussi dont l'assemblage en rend équivoque l'expression, lorsqu'elles sont dou@ces et violentes, telles que l'estime, l'ému@lation, l'amour-propre, l'amitié. Les passions se réunissent toutes dans les remords, et au@cune ne domine elles se passent en accès vio@lens ou irréguliers. Cette réunion est mons@trueuse sur le visage d'un joueur, d'un tyran, d'un homme atroce et sanguinaire. On peut encore remarquer que les fréquens accès des passions violentes décomposent les traits, et que souvent il en reste des empreintes sur la physionomie. Dans l'estime@, l'émulation, l'amitié@, et l'a@mour-propre, l'expression est mixte et presque insensible, si le sujet qui les cause ne fait point scène. Les passions ont un caractère propre et particulier lorsque la tête, plus que toutes les autres parties du corps, contribue à l'expres@sion des sentimens du coeur. Les membres expriment bien certaines passions@, les gestes et le mouvement persuadent et les rendent plus pathétiques mais la tête doit toutes les exprimer d'abord les autres parties du corps ne font que lui obéir, et lui @@servent d'armes et de secours pour remuer ou commander. Elle a ses mouvemens particuliers qui contri@buent au caractère spécial de chaque passion. Elle se baisse dans l'humilité, elle s'élève dans l'arrogance et la fierté, elle s'abat sur les épaules dans la langueur, elle se roidit et reste fixe dans l'opiniâtreté. Les sentimens moraux de la pudeur, de l'admiration, de l'indignation, du doute, du dédain, s'expli@quent sur le visage sans le secours du corps. Quintilien divise les passions en sentimens moraux et pathétiques. Le pathétique com@mande, et est fondé sur les plus violentes. Le moral persuade, et est fondé sur celles qui ins@pirent la douceur, la tendresse et l'humanité. Pour arriver à la définition des passions, sous le rapport des Beaux-Arts, nous les divi@serons en deux classes, dans l'ordre qui suit. Les Passions primitives, et les Passions com@posées. Les passions primitives sont simples, naturelles, nullement précédées du jugement, causées par les seules sensations du corps et facultés sensitives de l'âme. Les passions com@posées participent des passions primitives elles ont chacune un caractère particulier, dont la force et l'expression naissent du mé@lange de plusieurs autres. Elles réunissent les passions morales, les passions pathétiques et les plus farouches. Dans le nombre, il s'en trouve sans expression particulière, et d'au@tres qui ne sont qu'un assemblage irrégulier de plusieurs, qu'on pourroit appeler passions anomales . Les sentimens qui sont les régulateurs des passions seront ensuite rangés par nuances dans l'ordre que leur indique la nature. Le nombre des passions seroit indéfini, si on entreprenoit de les analyser toutes c'est un grand ouvrage qu'on ne finira jamais, dont les galeries, le théâtre et les bibliothèques offrent des ébauches sublimes pour la raison, les moeurs et les arts, et des modèles parfaits lorsqu'on songe aux difficultés de les égaler. M. Watelet, à la suite de son poëme sur l'art de peindre, a fait quelques réflexions sur l'expression, qui sont très-judicieuses. Il a le premier essayé de ranger les passions par nuances. Cette légère esquisse promet@toit un ouvrage aussi séduisant qu'utile, si l'auteur l'eut entrepris comme il se le ############################################################################################ LA TRISTESSE. PLANCHE I. L'ADMIRATION, d'après la famille de Darius de Le Brun. PLANCHE II. L'AMOUR, d'après l'antique, désigné l'Amour grec. PLANCHE III. La JOIE, d'après Sainte Anne, dans une Sainte Famille de Léonard de Vinci. PLANCHE IV. La HAINE, d'après un Pharisien, dans la femme adultère du Poussin. PLANCHE V. Le DÉSIR, d'après une vision de Saint Bruno du Guerchin. PLANCHE VI. La TRISTESSE, d'après Creuze, dans l'embrâsement de Troie du Dominiquin. L'ADMIRATION. L'Admiration simple est une subite surprise de l'âme, qui la porte à considérer avec atten@tion tout ce qui lui semble aussi rare qu'extra@ordinaire cette passion n'ayant le bien ni le mal pour objet, mais seulement la connois@@@sance des choses qui l'excitent, elle a plus de rapport avec les organes qui servent à la per@ception qu'avec le coeur. La circulation du sang n'en recevant que de foibles atteintes, @les traits de la physionomie et son coloris n'é@prouvent point les changemens qui ont assez ordinairement lieu dans la plupart des autres passions. L'Admiration simple doit donc être regar@dée comme la plus tempérée de toutes les passions, si les objets qui la causent ne produi@sent sur l'âme que des sensations amenées gra@duellement mais son expression croît si la surprise propre et particulière à cette passion est accompagnée de l'étonnement. C'est cette espèce d'admiration que le Tasse, l'Arioste, Le Brun, tracent comme un état d'immobilité, haussant le front et le sourcil. L'Admiration simple, pour être excitée, n'a besoin ni de l'ordre ni du jugement de la raison. Tous les hommes sont susceptibles d'admirer les choses d'une haute estime, tels que les grandes actions, la beauté, la générosité, la valeur, le courage, la bonté, l'esprit, les mer@veilles de la nature et celles du génie. L'oeil est spécial dans cette passion il doit être très-ouvert et fixe. Le Brun dit que le visage n'en reçoit que fort peu de changement dans toutes ses parties, et que s'il y en a, il n'est que dans l'élévation du sourci@l a@l@ors il doit avoir les deux côtés égaux, l'oeil doit être très-ouvert, sans altération, ainsi que toutes les autres parties du visage. Cette pas@sion ne produit qu'une suspension de mou@vement@, pour donner à l'âme le temps de se pénétrer de l'objet qui #################### est un sentiment qui porte l'âme vers tout ce qui lui paroît aimable il est exclu@sif, et plus fort que le désir, qui se rapporte à l'avenir il est un consentement par lequel o@n se considère comme ne faisant qu'une partie de l'objet qu'on aime ou dont on désire la pos@session. Cette passion commande la nature entière tout cède à son empire. La résistance contre ses lois, gravées dans tous les coeurs, cause des phénomènes sur les organes et une grande variété dans son expression, qui caractérise le trouble ou la félicité qu'elle apporte dans l'âme. L'Amour est simple ou composé, et se divise en plusieurs espèces, qui émanent de quatre caractères généraux. L'Amour de bienveil@lance@, l'Amour contemplatif, l'Amour de dé@vouement@, et l'Amour de concupiscence. Une @@constante générosité de soins et d'intérêt pour l'objet aimé, distingue le premier les bons pères de famille, les bons époux, les amans fidèles et les amis sincères, en offrent sans cesse l'expression. L'amour contemplatif est dans l'action de l'esprit il est l'effet d'une profonde méditation, qui reporte constam@ment ou élève la pensée vers l'objet qui inté@resse l'âme. Un entier abandon de soi-même, pour se consacrer aux volontés de la Divinité, de son prince et de sa patrie, est l'amour de dévouement les plus beaux développemens de son expression peuvent se rencontrer dans toutes les classes. Le motif de l'amour de concupiscence consiste uniquement dans la jouissance de soi-même, ou dans l'inclination d'une nature corrompue, qui ne désire que les plaisirs illicites telles sont par exemple les passions outrées de l'ambitieux, de l'avare, de l'intempérant et du brutal, qui ne suivent ordinairement que la doctrine de l'égoïsme. Les différens transports de l'âme agitée des passions de l'amour varient les traits de la physionomie. Dans l'amour simple les mou@vemens sont doux, le front uni, les sourcils un peu élevés du côté de la prunelle, la tête inclinée vers l'objet qui cause l'amour, les yeux médiocrement ouverts, le blanc de l'oeil vif, éclatant, la prunelle doucement tournée vers l'objet, un peu étincelante et élevée. Le nez ne reçoit aucun changement, de même que toutes les parties, du visage 1 le coloris 1. Le Brun. de l'amour est vif, particulièrement sur les joues. Les vapeurs qui s'élèvent du coeur mouillent les lèvres et les colorent. Dans les désirs, les yeux sont vifs, animés, étince@lans, la bouche entr'ouverte, le coloris très-ardent. Dans l'épanouissement du coeur, les yeux sont entr'ouverts et languissans, les pau@pières enflammées, les lèvres humides et ver@meilles. L'extase ou l'abattement peignent l'âme absente du corps dans les jouissances de l'imagination ou dans les regrets de l'éloigne@ment. L'amour malheureux et désespéré ré@pand la paleur sur le visage et la langueur dans les membres. Si cette passion se tourne en délire, elle offre un égarement de situation et un contraste continuel de transports, de plaintes, de larmes, quelquefois de silence, ou même d'insensibilité. Dans l'Antiquité, les amans s'emparèrent de l'Élégie, consacrée aux funérailles, pour pleurer cette privation d'eux-mêmes dans les disgrâces de l'amour. L'expression en est sublime dans ces vers. La plaintive Élégie@, en longs habits de deuil, Sait, les cheveux épars@, gémir sur un cercueil. Elle peint des amans la joie et la tristesse, Flatte, menace, irrite, appaise une maîtresse ###### Art Poétique, Chant II. LA HAINE. La Haine simple est une émotion causée par les esprits@, qui incitent l'âme à vouloir être séparée des objets qui se présentent à elle comme nuisibles. Cette passion, qui est direc@tement opposée à l'amour, ne se divise point en autant d'espèces, parce que entre les maux dont on s'éloigne de volonté on ne remarque point tant de différence qu'entre les biens qui attachent et auxquels on est joint. Les antipathies naturelles, l'aversion, la répugnance n'opèrent à l'extérieur que de foi@bles changemens mais le ressentiment, l'ani@mosité, la vengeance sont les grands @mouve@mens qui nourrissent la haine. Les humeurs, le sang et toutes les parties nobles en sont troublés dans leurs fonctions l'inégalité du pouls, de la chaleur du corps, la mobilité de l'oeil@, de la figure et du coloris concourent à son expression. Ces sortes de haine ne s'en@racinent ordinairement que dans les sujets dominés par un sang grossier, dont la circu@lation plus abondante par le foie, dans cette passion, entraîne au cerveau le fiel, qui en tretient dans l'âme l'aigreur et l'amertume. Cette malheureuse passion, portée jusqu'à l'excès, trace sur la figure des marques de cruauté, surtout quand elle est discrète et réservée. Il semble que la tristesse soit inséparable de la haine les plus foibles en donnent toujours des signes. La haine se montre sous un front ridé, l'oeil vif, et la prunelle cachée sous les sourcils abattus et froncés, regardant de travers, d'un côté contraire à la situation du visage, et dans une agitation continuelle les narines pâles, ouvertes, et retirées en arrière, les dents ser@rées les lèvres pâles et livides, la supérieure excédant l'inférieure assez ordinairement la bouche fermée, les coins retirés en arrière et fort abaissés, roidissant les muscles des mâchoires. Le coloris de la figure inégal et dominé de jaune. Le Brun dit qu'on ne remarque dans cette passion rien de particulier qui diffère de la jalousie et que les rapports qui existent entre elles viennent de ce que la jalousie engendre la haine. LE DÉSIR. La Passion du Désir est une agitation de l'âme, causée par les esprits, qui la disposent à vouloir, pour l'avenir@, les choses qu'elle se figure lui être convenables ce mouvement de volonté vers un bien qu'on n'a pas, tend aussi à la conservation de celui qu'on possède, ainsi qu'à l'absence du mal qu'on éprouve et de celui qu'on redoute pour l'avenir. Il résulte de cette conséquence, que le désir et la fuite sont deux émotions contraires qui suivent le même mouvement, puisque l'un est toujours excité par l'autre, et qu'ils agissent également et dans le même temps. On ne peut rechercher la gloire, les richesses et la santé, sans fuir l'oubli, la pauvreté et la maladie. Ainsi, l'âme ne pouvant s'occuper de son bonheur sans fuir les maux qui s'y opposent, tous les désirs naissent de l'agrément et de l'horreur. Descartes observe que le désir agite le coeur plus violemment qu'aucune des autres pas@sions, parce qu'il fournit au cerveau plus d'esprits, lesquels passant dans les muscles rendent tous les sens plus aigus, et toutes les parties du corps plus mobiles. Les esprits moroses, toujours disposés à mur@murer contre les plus belles institutions de la nature, en voulant châtier les moeurs, appel@lent le désir un tyran qui ne se lasse jamais de tourmenter l'homme. Mais le sage, qui n'envisage les passions modérées que comme la source de toutes les vertus, regarde le désir comme un des plus grands bienfaits du Créa@teur, le mouvement spécial qui élève l'homme à sa dignité, et le berceau des jouissances faites pour sa félicité. Son expression, selon Le Brun, s'annonce par les sourcils pressés et avancés sur les yeux, qui doivent être ouverts, sans exagé@ration la prunelle située au milieu de l'oeil et pleine de feu, les narines plus serrées du côté des yeux la bouche plus ouverte que dans l'amour simple, les coins retirés en arrière, la langue sur le bord des lèvres, le coloris aussi ardent que dans l'amour. LA JOIE. Cette passion simple est un mouvement vif et une agréable émotion de l'âme, lorsqu'elle jouit d'un bien qu'elle considère comme le sien propre, ou d'un bien qui la flatte et l'excite au plaisir. Elle est intellectuelle lors@qu'elle vient à l'âme par la seule action de l'âme, c'est-à-dire, des jouissances qu'elle se procure par son entendement. La joie tient l'âme en paix elle épanouit le coeur, elle inspire le génie@, elle rend sen@sible aux agrémens de la vie et la prolonge elle est chérie des hommes, et adoucit leurs peines. Elle fut la première passion qui leur inspira les danses et les chants@, pour célébrer avec un transport mesuré leur bonheur et leur reconnoissance. Elle se développe avec les mêmes attraits dans tous les âges de la vie. La disposition des organes favorise plus ou moins son expression. Les esprits égaux, la libre circulation du sang, tranquillisent l'âme et, en fortifiant les organes du cerveau, y entretiennent la gaieté. Son expression se remarque dans le front, qui est serein le sourcil sans mouvement, élevé par le milieu l'oeil médiocrement ouvert et riant la prunelle vive@, éclatante les na@rines tant soit peu ouvertes les coins de la bouche doucement élevés le teint vif et les joues vermeilles. Descartes observe que la joie fait rougir, parce qu'elle fait ouvrir les écluses du coeur, et qu'alors le sang coulant avec plus de vitesse dans toutes les veines, sa chaleur et sa subti@lité enflent médiocrement toutes les parties du visage. LA TRISTESSE. La Tristesse est un malaise de l'esprit, sus@cité par l'affliction, le déplaisir, la douleur, et quelquefois par une mélancolie naturelle. L'esprit frappé de quelques impressions fâ@cheuses, présentes, passées ou à venir, est une tristesse intellectuelle, très-souvent, dit Oxenstirn, l'effet d'une imagination gâtée par l'amour-propre@, qui n'apercevant plus qu'une fause représentation des objets, les re@çoit comme des accidens dignes de son afflic@tion . Cette maladie de l'âme interdit les fonctions ordinaires, elle ralentit la circula@tion du sang, peint la pâleur sur le visage, énerve les membres et tue le courage cette passion maligne, froide, épuise l'humeur ra@dicale, éteint la chaleur naturelle et flétrit le coeur. Les divers mouvemens dont l'âme est agi@tée dans la tristesse, sont autant de situations bien différentes dans la nature, et bien essen@tielles à observer pour l'éloquence de l'Art. La nature, livrée en proie à ses maux, pré@sente l'expression d'une affliction profonde et la plus pathétique de la tristesse. Si elle n'est point suscitée par l'action des douleurs corpo@relles ou intellectuelles, mais par la surprise inopinée d'un événement qui prive l'âme de ses affections ou la frappe d'un spectacle touchant, elle n'est point accompagnée des mêmes symptômes. Les traits du visage n'en sont que foiblement altérés la nature n'ayant point encore éprouvé les effets de sa malignité, est plus consternée qu'abattue. Si les larmes viennent à son secours, le soulagement qu'elle en reçoit entretient les forces. Lorsque l'âme est atteinte de cette passion par des événemens qui lui sont étrangers ou qui ne peuvent lui être nuisibles, souvent elle trouve une certaine jouissance à s'en laisser émouvoir. Le peuple court en foule aux supplices, aux naufrages@, il entoure le mal@heur, il se rend témoin des événemens fu@nestes les belles tragédies font goûter un plaisir délicieux les maux d'autrui nous atta@chent l'esprit la pitié est un ravissement, une extase les larmes que nous versons, au sentiment d'Homère@, sont une espèce de volupté 1 . 1. Esprit des Nations. Dans l'expression de la tristesse, dit Le Brun, les sourcils sont moins élevés du côté des joues que vers le milieu du front. Les pru@nelles sont troubles, le blanc de l'oeil jaune, les paupières abattues et gonflées, le tour des yeux livides, les narines tirant en bas, la bouche entr'ouverte la tête nonchalamment panchée sur une épaule toute la couleur du visage plombée, et les lèvres décolorées. Voici comme l'infortuné mari de Joconde montre les divers changemens de l'expression de la tristesse, sous la plume de l'Arioste. E la facia, che dianzi era si bella, Si cangia si, che più non sembra quella. Par che gl'occhi si ascondan ne la testa@, Cresciato il naso par nel viso scarno De la beltà si poca li ne resta, Che ne potrà sar paragone indarno ########### 28. RÉFLEXIONS GÉNÉRALES SUR L'ACTION, L'EXPRESSION ET L'USAGE DES PASSIONS, DANS LES ######################### DES PASSIONS. L'Amour-propre, le Tempérament, l'Opi@nion, sont les mobiles des passions ce qui con@duit à deux sortes d'analyses, la Physique et la Morale. Mais je m'écarterois de mon but en parcourant un champ si vaste c'est à la morale à faire remarquer les propriétés des passions pour les convertir en vertus, qui ne leur soient point cependant contraires, car on ne sauroit déraciner dans l'homme ce qui le fait homme, ni traiter ses passions comme des soldats tou@jours rebelles à leurs chefs, plus disposés à choquer la raison qu'à combattre pour son autorit@é, sans confondre les mouvemens de l'appétit sensitif avec les déréglemens de la vo@lonté. Libre de tout préjugé de secte, on ne peut considérer l'homme au-dessus de tous les événemens et de tous les maux, insensible à for@ce de vertu surnaturelle@, que comme un fan@tôme pour la politique, la morale et les arts il ne peut figurer ainsi que dans les rêveries de l'esprit humain 1 . Heureusement pour l'harmo@nie de l'uni@vers, l'espèce en est rare dans la na@ture. Quelques réflexions, souvent indispensa@bles pour la justesse de l'expression, suffiront dans le cours de cet ouvrage pour faire con@noître l'avantage ou le danger des passions, et démontrer que quand elles fortifient le coeur et l'esprit par l'appas de l'estime, de la consi@dération, ou de la gloire, elles font ressortir toutes les vertus utiles à la Société. 1 Voyez la République de Platon@, @la Doctrine des Stoïciens et le Contrat Social de J.-J. Rousseau. Admirons, dit le Père Brumoy, les talens et l'importance des passions ! que seroit-on sans elles ? le laboureur oisif laisseroit le soc inutile le pilote auroit horreur des dangers le riche insensible armeroit son coeur d'un bouclier de fer le vulgaire impuissant péri@roit les mères@, oui, les tendres mères oublie@roient leur tendresse et leurs enfans. Mais, grâce aux Passions, les coeurs savent être sen@sibles malgré eux. La mère s'attendrit sur ses enfans sa tendresse dévore tout sa dou@leur même lui plaît, elle est maternelle. Les noms de père, d'époux, de frère@, de femme, d'ami ne sont plus de @vains noms. Ce ne sont plus des fables, que l'humanité et la bonne foi elles sont connues des plus barbares nations, qui, sensibles aux mêmes revers que nous, témoignent ou feignent de témoigner que l'hu@manité ne leur est point étrangère, qu'elles sont prêtes à nous secourir dans nos malheurs@, et que, du moins, elles ne veulent pas nuire à ce qui ne leur nuit pas. Otez les Passions ! que deviennent les arts ? tout l'univers retombe dans l'antique chaos. Rendez-les à l'homme ! les villes et les temples renaissent de leurs ruines, la vertu mê@me revient. Vertu, née pour habiter avec les passions Vertu, qui sait prendre d'elles ses plus brillantes cou@leurs ! La tendresse dans les âmes tendres, la vigueur dans les fortes la douceur dans les @âmes guerrières l'égalité si précieuse dans tous, et cette espèce d'immutabilité qui la met au-dessus des circonstances de l'humeur . S. Augustin avoue même que les passions sont les degrés pour arriver à cette haute félicité qui consiste en la possession du sou@verain bien. De la manière dont on doit considérer les Passions dans les Beaux-Arts, pour traiter le Sublime. Les Passions, dit Nicole, sont les seuls ora@teurs de la nature dont les règles sont infailli@bles et l'homme @le plus, simple, qui a de la passion, persuade mieux que le plus éloquent qui n'en a point. Cette pensée juste et vraie s'adresse à tousles Beaux-Arts elle s'applique à tous les systèmes de langage qu'adopte l'es@prit humain, lorsqu'il veut faire entendre les accens de toutes les affections du coeur. Elle fait sentir que les transports de l'esprit étant communs au génie créateur, ainsi qu@'à ceux dont il captive l'attention, la pensée ou la @ma@ @tière, sans l'émotion, ne rapporte aux sens que des sons monotones ou des actions sans vie qui glacent tous les sentimens. Pour espérer de toucher et de plaire, il fa@ut que les actions soient les interprètes du coeur Mais il faut être touchés soi-@mêmes les pre@miers@, avant d'essayer de toucher les autres et pour se sentir émus, il faut se former des vi@sions, des images des choses absentes, comme si effectivement elles étoient devant nos yeux et celui qui concevra plus fortement ces ima@ges, exprimera aussi les passions avec plus de véhémence 1 . Comment donc expliquer ce don d'émouvoir qui est plus dans la nature que dans l'art ce pathétique des passions d'où dépendent la force et l'énergie des impres@sions de l'âme ? Ce talent sublime n'est autre chose que l'enthousiasme des passions, ou la peinture vive des divers mouvemens qui agi@tent l'âme. Il est une manière d'exprimer et de sen@tir@, qui fait disparoître l'art, qui force l'il@lusion à s'emparer des coeurs jusqu'à la persuasion@, qui fait partager aux specta@teurs les mouvemens qui animent le poëte, le peintre et l'orateur, et les rapprochent des scènes dont ils sont pour ainsi dire eux-mêmes acteurs. Ce talent rare, qui découle d'une ex@trême sensibilité, ne peut se transmettre par 1 Quintilien. aucune méthode. Il semble cependant, dit Quintilien, que cette partie si belle et si gran@de n'est pas inaccessible, et qu'on peut trouver un chemin qui y conduise assez faci@lement c'est de considérer la nature, et de l'imiter car les spectateurs ne sont émus par l'art, que lorsque l'imitation leur rappelle ce qu'ils sont accoutumés de voir et de sentir. Néanmoins il est indubitable que les mouve@mens de l'âme qui sont étudiés par l'art, ne sont jamais si naturels que ceux qui se développent dans la chaleur d'une véritable passion. Les préceptes d'une science aussi précieuse ne sont pourtant point infructueux, car l'esprit pé@nétrant, toujours en communication avec les hom@mes qui ont pensé et approfondi le coeur @humain, en reçoit de fortes impulsions n'of@friroient@-@ils encore que des matériaux pour l'histoire de l'ho@@mme, combien doivent être chers ceux que rassemble l'artiste éclairé qui l'étudie sans cesse ! Charles Le Brun, qui figure dans le beau siècle de Louis XIV parmi les grands hom@mes qui ont presque tout fait et tout ac@hevé dans les Lettres et les Arts, a laissé à la Postérité une savante dissertation sur l'expression es sayons de renouer ses pensées sur les excel@lentes figures qu'il a tracées de sa ######### Nous avons fait un choix des figures de Le Brun@, au simple trait , telles qu'elles ont été publiées par Bernard Picart. Voyez l'ordre de ces figures, page 44. On peut voir dans mon Avis préliminaire les motifs qui m'ont empêché de suivre le texte qui les #################################################################################### qui cause à l'âme de la passion s'exprime par l'action et com@me la plupart des passions de l'âme produisent des actions corporelles, il est nécessaire, il est indispen@sable-de bien connoître toutes les parties du corps qui les expriment. Ce qui conduit à dé@finir l'action et ses causes. L'action n'a lieu que par l'opération des agens qui causent un changement dans les muscles et dans la circulation des liqueurs et du sang et quoique les diverses préparations et fabriques de tous ces agens semblent inu@tiles pour expliquer le sentiment, ils ont néan@moins tant d'influence sur le mouvement@, qu'on ne peut en perdre de vue les principes généraux. Le coeur est le principal organe de la cir@culation, et par conséquent du mouvement. Il reçoit le sang de toutes les parties du corps et le renvoie de même. Le coeur, suivant Des@cartes, contient un feu sans lumière qui raréfie et forme les esprits subtils qui s'élèvent au cerveau , où ils sont toujours abondamment entretenus et renvoyés du cerveau dans les nerfs et les muscles, pour les fortifier selon le besoin qu'exigent les fonctions auxquelles ils sont appelés par la nature ou l'empire de la volonté. Ainsi les parties qui agissent le plus, recevant aussi plus de matières sub@tiles, sont plus fortes et plus nourries de même, celles qui agissent peu, en recevant aussi moins@, sont plus foibles et moins prononcées. En supposant que le mouvement s'exerce par la volonté@, ou qu'il en soit indépendant, rien n'est cependant remué sans le secours d'une autre force agissante et cette puissance motrice peut elle-@même se diviser en deux moteurs, dont l'un est dans le principe de vie, et l'autre dans l'intelligence ainsi toutes les parties du corps se meuvent continuellement sans que l'âme y prenne aucune part, lorsque rien extérieurement n'y apporte de change@ment. Mais l'action des corps extérieurs qui excitent dans l'âme des sensations nouvelles, produit ce mouvement de volonté, cette ac@tion dont le moteur est dans l'âme, et qui de@vient le principe de toutes les passions. Quoique l'âme soit jointe à toutes les parties du corps, il y a néanmoins diverses opinions touchant le lieu où elle exerce plus particuliè@rement ses fonctions les uns la placent dans la glande pinéale, située au milieu du cerveau, parce qu'ils regardent cette partie, qui est unique, co@@mme le centre où viennent se réu@nir en un même son, et en une seule image, toutes les impressions doubles, d'un même ob@jet, que reçoivent les doubles organes. D'au@tres la placent au coeur, parce que cet organe ressent aussi vivement et aussi promptement les impressions des corps extérieurs que le cerveau. Plusieurs causes majeures doivent faire adopter l'opinion que l'âme est placée dans le cerveau mais une des principales pour notre objet, c'est que le coeur ne prend pas une part également active dans toutes les passions. Nous avons déjà dit que@, selon la Philoso@phie, toutes les passions dérivent des deux ap@pétits qui divisent la partie sensitive de l'âme les passions simples dérivent du Concupisci@ble, et les plus farouches de l'Irascible. Cette division est extrêmement essentielle@, avant d'entrer en matière sur les parties du corps qui concourent le plus spécialement a les exprimer. CARACTÈRES de Le Brun, dont l'explication fait le sujet du paragraphe suivant. PLANCHES. La Tranquillité Pl. VII, fig. A. L'Admiration simple. Pl. VII, fig. B. L'Étonnement. Pl. VII, fig. C. L'étonnement avec Frayeur. Pl. VII, fig. D. Douleur mêlée de Crainte. Pl. VIII, fig. E. Douleur extrême Corporelle. Pl. VIII, fig. F. Douleurs aiguës de Corps et d'Es@prit Pl. VIII, fig. G. La Joie. Pl. VIII, fig. H. L'Abattement du coeur causé par la Tristesse. Pl. IX, fig. I. Mouvement de Douleur. Pl. I@X, fig. K. Le Rire Pl. I@X, fig. L.@@X, fig. L. Le Pleurer. Pl. IX, fig. M. La Haine. Pl. X@, fig. N. Le Désespoir mêlé de fureur. Pl. X, fig. O. La Fureur mêlée de Rage. Pl. X@, fig. P. La Haine mêlée de Cruauté. Pl. X@, fig. Q. La Jalousie. Pl. XI@, ###### g S. La Colère. Pl. XI, ################# L'Horreur.@ Pl. XI, fig. T. La Crainte. Pl. XI, fig. V. Des Actions corporelles qui expriment les Passions de l'âme, suivant le système de Le Brun. S'il est vrai que l'@âme exerce immédiatement ses fonctions dans le cerveau, on peut dire que le visage est la partie du corps où elle exprime plus particulièrement ce qu'elle ressent. L'ac@tion de fuir annonce la peur les membres roidis, les points fermés annoncent la colère beaucoup d'autres passions s'expriment encore par des actions corporelles mais le visage les exprime toutes. Le mouvement du sourcil sur@tout est très-remarquable la prunelle par son feu y concourt aussi puissamment mais le sourcil, dans deux mouvemens principaux et qui lui sont particuliers, explique plus positi@vement la nature de l'agitation. La bouche et le nez ont aussi beaucoup de part à l'expression mais on pourra voir dans la suite qu'ils suivent plus généralement les mouvemens du coeur. Les Anciens ont fait du nez le siége de la co@lère et de la moquerie l'ensemble de la figure du Satyre confirme cette dernière opinion Disce, sed@ira cadat naso, rugosaque sanna 1 et ailleurs Eum subdoloe irrisioni dicave@runt 2 . Ce qui prouve que les mouvemens du sour@cil ont un rapport direct avec les deux appé@tits qui divisent la partie sensitive de l'â@me, c'est qu'à mesure que les passions changent de nature, les sourcils changent de forme. Ils n'ont aucun mouvement dans la tranquillité 3 on peut juger de leurs positions naturelles. Ils deviennent un peu plus convexes dans l'ad@miration simple 4 , et suivent un mouvement égal, uniforme et doux. Mais, dans l'étonne@ment 5 , ils sont co@mposés et si l'étonnement est mêlé de frayeur 6 , le mouvement est plus prononcé. C'est dans l'expression des passions pathé@tiques que les sourcils agissent avec plus de violence tous les mouvemens sont alors com@posés par le mélange de plusieurs causes 7 ils prennent une forme et un caractère aigu dans 1 Perse. 2 Pline. 3 Voyez Pl. VII, fig. A. 4 Voyez Pl. VII, fig. B. 5 Voyez Pl. VII, fig. C. 6 Voyez Pl. VII, fig. D. 7 Voyez Pl. VIII, fig. E. l'extrême douleur corporelle 1 et dans les dou@leurs aiguës de corps et d'esprit 2 . L'abattement ou l'élévation sont les deux principaux @mouvemens du sourcil, en obser@vant cependant qu'il a deux sortes d'élévation l'une qui exprime l'agrément, telle que la joie, et l'autre l'abattement du coeur ou la tristesse. Dans la joie 3 , les sourcils s'élèvent, et la bouche en relevant doucement par les côtés achève la peinture de ce mouvement. Dans la tristesse 4 , ils s'élèvent aussi, mais en baissant des côtés en ligne oblique, et les yeux et la la bouche semblent également suivre cette @même inclinaison dans ses côtés mais la bouche relève du milieu ainsi que les yeux, vers le nez. Les sourcils relèvent encore dans les @mouvemens de douleur 5 et dans les douleurs aiguës de corps et d'esprit 6 mais alors ils baissent du milieu et se rapprochent plus ou moins de l'oeil, en suivant les degrés de douleur ou d'affliction. 1 Vovez Pl. VIII, fig. F. 2 Voyez Pl. VIII, fig. G. 3 Voyez Pl. VIII, fig. H. 4 Voyez Pl. IX, fig. I. 5 Voyez Pl. IX, fig. K. 6 Voyez Pl. VIII, fig. G. déjà citée. Toutes les parties se sui@vent dans le rire 1 les sourcils s'abaissent vers le milieu du front le gonflement des joues rapetisse les yeux, les relève des côtés, et baisse le nez sur la lèvre supérieure la bouche et les ailes du nez re@lèvent dans la @même direction. Les mouvemens du visage sont contraires, et tout opposés dans le pleurer 2 les sourcils se rapprochent également des yeux co@mme dans le rire@, avec cette différence, que dans le rire il est uniforme, et composé dans le pleu@rer. Il ne prononce cependant pas le caractère aigu des douleurs de corps et d'esprit 3 3 mais il prend la même forme que dans les mouvemens de haine 5 , du côté des yeux, et relève toujours en ondoyant jusqu'à leur extrémité les yeux, les joues et la bouche inclinent dans le même se@ns mais dans cette direction, l'inclinai@son de la bouche, dans ses extrémités, n'est pas si prononcée que celle des yeux et des joues@, parce qu'elle est retenue par les deux lèvres qui se roidissent et se resserrent par le milie@u, en se rapprochant du nez et du menton. 1 Voyez Pl. IX, fig. L. 2 Voyez Pl. IX, fig. M. 3-4 Voyez Pl. VIII, fig. F. et fig. G. 5 Voyez Pl. X, fig. P. Lorsque le coeur se roidit en @mouvemens violens contre tout ce qui l'afflige, le visage exprime les passions les plus farouches, du désespoir mêlé de fureur 1 , de la fureur mêlée de @rage 2 , et de la haine mêlée de cruauté 3 . Dans ces mouvemens violens, les sourcils ne se rap@prochent point des yeux en angle aigu, ils s'é@largissent au contraire en cédant aux muscles du front, qui les forcent à couvrir les points lacrymaux alors la prune@lle ne sui@vant plus sa direction ordinaire, semble s'égarer dans l'orbite. Tous les traits du visage, dans ces di@vers mouvemens, se rapprochent avec force autour des yeux dans ces passions, l'expres@sion de la bouche et du nez prononce un ca@ractère particulier d'aigreur ce qui prouve@, comme il a déjà été dit, que ces parties mar@quent plus particulièrement les mouvemens du coeur dans les passions o@ù il a plus de part, la bouche, qui en est le principal agent, les expri@me dans trois mouvemens principaux dans les accens de la douleur, elle baisse des côtés 4 1 Voyez Pl. X, fig. O. 2 Voyez Pl. X, fig. P. 3 Voyez Pl. X, fig. Q. 4 Voyez Pl. IX, fig. K. déjà citée. dans les transports de la joie, elle relève 1 , et dans les mouvemens d'aversion ou de jalousie 2 elle se pousse en avant, en relevant par le milieu. Ces principes généraux doivent s'appliquer à toutes les passions. Les sentimens qui les di@rigent et les modifient supposent un ordre de la nature@, qui émane des besoins physiques, moraux ou factices, et sont les nuances qui étendent et développent les facultés exclusives de l'@homme. Mais il se présente des difficultés insurmontables lorsqu'on veut en suivre l'en@chaînement dans l'ordre social souvent elles échappent aux recherches de l'observateur, et bientôt on en négligeroit l'étude si elles n'@étoient sans cesse rappelées par les productions du génie qui réunissent l'approbation des siè@cles. Et qu'est-ce que l'on peut voir de plus par@fait que l'Antique ? Quelle Nation fut jamais plus favorisée que les Grecs pour tout appren@dre de la nature ? Si dans leurs jeux publics et leurs institutions libres ils trouvoient des avantages infinis pour observer les propor 1 Voyez Pl. VIII, fig. H. déjà citée. 2 Voyez Pl. XI, fig. R. @déjà citée. tions et les grâces, les sensations y étoient aussi aperçues et gravées dans les esprits il ne s'a@gissoit que du choix pour achever l'image de la beauté. La force essentielle de l'â@me, sans cesse excitée par des sentimens agréables, jetoit le germe de cette élégante et morale imitation avec laquelle ils surpassèrent la nature. Ani@mer l'intelligence sur le marbre étoit la gloire qu'ambitionnoient les statuaires, mais les pas@sions farouches qui défigurent l'homme ne s'accordoient point avec le système de perfec@tibilité qui caractérisoit le génie national aussi n'eurent-ils en vue que les affections les plus douces du coeur humain et les sensations les plus délicates. Ce rayon divin qui brille dans les statues grecques@, éclairera toujours les nations qui se piqueront de goût. Chez tous les peuples qui ont cultivé les arts, l'expression des passions de l'âme a de tout temps été considérée comme l'époque de leur splendeur, et la nullité dans les actions, celle de leur décadence mais le climat, les moeurs et les usages ont une si grande influen@ce sur la constitution physique de l'homme que ses organes en reçoi@vent une altération, qui lui fait perdre insensiblement l'expression des mouvemens naturels de son état primitif. Plus une Société sera no@mbreuse, dit M. @@Watelet, plus la force et la variété de l'expression doit s'affoiblir parce que l'ordre et l'uniformité seront les principes d'où naîtra ce qu'on appelle l'harmonie de la Société. Cette harmonie si nécessaire y gagnera sans doute, tandis que les Arts d'expression y per@dront, parce qu'ils seront affectés peu à peu d'une monotonie qui leur ôtera les idées véri@tables de la nature. L'exemple, motif puissant qui influe sur les actions des hom@mes, augmente de pouvoir et d'autorité par l'augmentation du nombre et plus une ville capitale est peuplée et sociable@, plus on doit céder au penchant de s'imiter les uns et les autres. Toutes ces réflexions feroient le désespoir des artistes, et nuiroient aux progrès de l'es@prit humain@, si la nature pouvoit perdre ses droits et sa franchise. Le voile des conven@tions ne fait que les dérober aux regards mais les arts en conservent l'idée simple et primi@tive, et sont les plus solides fondemens sur lesquels il reposeront #################################################### on . LA SURPRISE. L'ÉTONNEMENT. ###################################################### LA VÉNÉRATION ############################## PLANCHE XII. La SURPRISE, d'après le Martyre de Saint-Protais de Le Sueur. PLANCHE XIII. L'ÉTONNEMENT, d'après la Messe de Saint-Martin du même. PLANCHE XIV. L'ESTIME, d'après le Jugement de Salomon du Poussin. PLANCHE XV. Le MÉPRIS, d'après le tableau du Guide, o@ù David est représenté tenant la tête du géant Goliath. PLANCHE XVI. Le D@@ÉD@AIN@, d'après l'Apollon Pythien. PLANCHE XVII. La VÉNÉRATION DIVINE, d'après l'Ange, dans le tableau de Léonard de Vinci représentant la Vierge et Sainte-Anne. @@PLANCHE XVIII. La VÉNÉRATION HUMAINE, d'après la Reine, dans l'Apothéose de Henri IV de Rubens. LA SURPRISE. La Surprise est un mouvement soudain qui est produit dans l'âme par quelque chose d'inattendu. Son effet est de toucher vivement les parties les plus sensibles du cerveau et d'augmenter singulièrement les mouvemens qu'elle y excite. Mais nous avons déjà dit dans l'Admiration, que l'émotion de la Surprise dépend de toute la force de l'action et de son caractère de nouveauté car les objets dont l'esprit reçoit de fréquentes agitations ne cau@sent plus de surprise. Dans les jouissances du sentiment et du goût elle fortifie les organes de l'entendement car l'admiration intellectuelle n'est qu'une longue surprise mêlée de respect et d'amour pour tout ce qui est grand et merveilleux. Elle dif@fère du simple étonnement, qui ne détermine pas toujours l'importance de l'objet qui en excite l'é@motion. C'est ce qui a fait dire Qu'un homme d'esprit voit peu de choses@@ dignes d'admiration, qu'un stupide n'ad@mire rien, et qu'un sot trouve tout admirable . La satisfaction intérieure de soi-@mê@me, ou le repentir déterminent l'action de la Surprise et varient son expression, ainsi que le coloris du visage. L'oeil doit être très-ouvert et fixé sur l'objet qui cause l'é@motion la bouche en@tr'ouverte, et les sourcils légère@ment froncés. La Surprise fait rougir ou pâlir dans tous les cas, elle est toujours moins te@mpérée que l'admiration simple, à laquelle elle est tou@jours jointe et si intimement unie, qu'elle n'est excitée dans toutes les autres passions que lorsqu'elle se trouve réunie avec la faculté qui lui est propre et particulière. L'ÉTONNE@MEN@T. L'@Etonnement est une surprise inopinée@, qui cause le trouble de l'@admiration@. Elle a tant de pouvoir sur les esprits, qu'elle les ra@mène tous vers l'objet qui fait im@pression, et les retient sur les organes les plus délicats de l'entendement, sans qu'ils puissent reprendre leur c@ours ordinaire. Cette impression vio@lente affoiblit le cerveau@, suspend les mouve@mens du corps, et rend immobile. Cet état de stupéfaction interdit le j@ugement, et ne per@met plus à l'âme d'acquérir une connoissance parfaite des objets qui l'arrêtent. L'âme en suspens, dans l'étonnement in@tellectuel, produit les mêmes effets toute oc@cupée de son objet, elle ne voit que ce qui la frappe. Cette espèce de délire, qui augmente la force ou l'énergie des choses dont elle est touchée@, suspend également les mouvemens du corps. @En général, l'excès de cette passion nuit au moral comme au physique. L'EST@I@ME. A l'Admiration se joint encore l'Esti@me@, qui prend sa source dans un discernement et un sens exquis, pour déterminer et apprécier la valeur du @mérite, et le cas qu'on doit en faire dans ceux qui le possèdent. Voilà le premier degré de l'Estime et le vrai principe de la considération, qui ne consulte ni le rang ni la dignité. L'Estime diffère de l'amitié, en ce que son action est purement intellectuelle et presque toujours réciproque car il est rare de n'être pas payé de retour lorsqu'on possède ce sen@timent inappréciable. Elle diffère encore de l'amitié lorsqu'on la considère pour soi-mê@me, en ce que l'on ne peut pas se promettre de gagner tous les coeurs mais l'exemple nous prouve que l'on peut parvenir à commander l'estime de ses semblables. Pour exprimer l'Estime@, il faut diriger toutes les parties du visage sur l'objet qui fixe l'attention alors les sourcils paroîtront légè@rement avancés sur les yeux et pressés, sans effort, du côté du nez, en s'élevant vers leurs extrémités l'oeil fort ouvert, et la prunelle élevée les veines et les muscles du front, sur@tout près des yeux, doivent être @@médiocre@ment gonflés les narines un peu abaissées les joues foiblement enfoncées près des m@âchoires la bouche peu entr'@ouverte, les coins en arrière et inclinés. L@E MÉP@RIS. Si l'Estime est un sentiment qui rapporte sans cesse à l'âme l'objet de son affection, comme étant d'une haute valeur, de même le Mépris, quoiqu'il soit une des nuances de l'aversion, n'en est pas moins une inclination de l'âme à considérer avec une sorte d'atten@tion les vices ou la bassesse de l'objet qu'elle méprise. Ces deux émotions également exci@tées et entretenues par des mouvemens par ticuliers fortifient, jusqu'à la passion@, dans le cerveau, de vives impressions des objets qui les causent. Ainsi l'inclination à observer la grandeur ou la petitesse des objets ayant, dans ses effets, les @mêmes causes que celles qui excitent l'Admiration, l'Estime et le Mépris doivent en être regardés comme des espèces. Suivant Le Brun, l'expression du Mépris s'annonce par les sourcils froncés, baissés du côté du nez, et relevés aux extrémités l'oeil très@-@ouvert, et la prunelle au milieu les narines retirées en haut la bouche fermée, les coins abaissés, et la lèvre inférieure excédant la supérieure. Descartes observe que le mouvement des esprits qui cause l'estime ou le mépris, est si manifeste, quand on rapporte ces deux pas sions à soi-même, qu'il change la mine, les gestes, la démarche, et généralement toutes les actions de ceux qui conçoivent une meil@leure ou une plus mauvaise opinion d'eux@ mêmes qu'à l'ordinaire. LE DÉDAIN. Le degré d'estime qu'on a de soi-@mê@me, mis en comparaison avec le peu de cas que l'on fait du mérite d'autrui, est toujours la cause du Dédain. Dans les âmes fortes qui s'élèvent au-dessus de la crainte, il est une sorte de @mépris des menaces et des tourmens mê@mes. Souvent ce sentiment est plus affecté que vrai mais cela ne change rien à son ex@pression. Que le Dédain soit exprimé par la bonne opinion qu'on a de soi-@mê@@me, ou par la supériorité qu'on se connoît sur les autres, il n'en est pas moins une fierté sans ménagement, qui accable l'amour-propre de ceux qui en reçoivent les regards. Le front mollement froncé les sourcils lé@gère@ment rapprochés l'oeil médiocrement ou@vert, la prunelle de travers la bouche fer@mée, la lèvre supérieure recouvrant l'inférieure le cou redressé la tête toujours effacée voilà l'expression du Dédain. LA VÉNÉRATION DIVINE. Lorsque l'action des objets sacrés inspire la Vénération, toutes les parties du visage doivent être profondé@ment abaissées. Les sens extérieurs n'ayant aucune part dans ce sen@timent d'oubli de soi-même, les yeux et la bouche doivent être presque fermés le colo@ris foible la lèvre supérieure excédant l'in@férieure, les coins de la bouche foiblement relevés. La physionomie doit exprimer la sérénité de l'âme@, parce que cette contemplation inté@rieure n'inspire jamais rien de triste. LA VÉNÉRATION HUMAINE. La Vénération naît aussi de l'Estime c'est un sentiment d'admiration mêlé d'amour, de respect, et quelquefois, de crainte. C'est un hommage que l'on rend au rang et à la supé@riorité. Pour rendre son expression, qui in@dique la soumission de l'âme envers un objet qu'elle reconnoît au-dessus d'elle, la tête doit être inclinée, et tous les traits de la physiono@mie semblent s'abaisser les prunelles doivent être élevées sous les sourcils, la bouche en@tr'ouverte@, et les coins plus retirés en arrière que dans ######################################################################################################################################################################################################################################################################
AVIS PRÉLIMINAIRE. LA plupart des auteurs qui ont traité les Passions ont eu plus en vue la phi@losophie et la physique que les Beaux-Arts les uns, pour les soumettre à la raison, les autres, pour secourir la Nature lorsqu'elle en est tourmentée. Quant aux auteurs de l'Antiquité, ils sont si inférieurs aux monumens de leurs temps, dans tout ce qu'ils en ont écrit, qu'ils ne sont que des sources très-imparfaites plus entraînés par l'i@magination que guidés par la recherche des vérités évidentes, leurs observa@tions portent presque toujours sur des idées fausses, souvent liées à leur reli@gion ou à leurs moeurs. Le langage de l'enthousiasme est ce@lui des Passions il tient toute sa force de la Nature et du Génie il est celui des poëtes, des peintres et des sculpteurs et leurs productions sont des modèles où l'on en trouve les plus beaux dé@veloppemens. Les Scholastiques du 15 et 16 e . siècle, en traitant les passions@, en ont fait une science occulte. Descartes entre@prit d'en débrouiller l'obscurité, mais tout ce qu'en a écrit ce philosophe ne regarde que les causes intérieures les Arts n'en peuvent tirer aucun pro@fit. Il a cependant posé une base pour suivre la série des Passions d'après un principe si vrai, qu'il semble que son opinion doit prévaloir. Voici comment il s'explique. Le nombre des Pas@sions qui sont simples et primitives n'est pas fort grand, car, en faisant une revue sur toutes celles que j'ai dé@nombrées, on peut aisément remarquer qu'il n'y en a que six qui soient telles, à savoir l'Admiration, l'Amour, la Haine, le Désir, la Joie, et la Tristesse et que toutes les autres sont composées de quelques-unes de ces six, ou bien en sont des espèces. C'est d'après cette sage observation bien mûrie dans la tête du philosophe, que j'ai classé les passions. L'effet extérieur de leur expression est l'objet essentiel pour l'étude des Beaux-Arts mais les passions se multi@plient autant que la diversité des imagi@nations c'est pourquoi on ne peut ar@river à des définitions exactes sur leur expression particulière, que d'après des principes généraux. Charles Le Brun, premier peintre de Louis XIV, dont les travaux immortels sont autant de preuves irrévocables des belles connois@sances qu'il avoit de l'homme, en a fait un Traité pour les Conférences de l'A@cadémie royale de peinture. Il a suivi les opinions de Descartes sur leurs cau@ses et leurs effets internes il a même suivi sa méthode de les classer mais ses copistes n'y ont fait aucune atten@tion, ce qui jette de la confusion dans son ouvrage. Les figures en sont le principal objet elles expriment dans la plus grande perfection le caractère de chaque Passion, et elles en ont fait toute la célébrité. Les observations dont elles sont accompagnées devoient né@cessairement faire suite au Traité sur la physionomie, dont ce célèbre peintre s'occupoit quand la mort l'a surpris. Quelques fragmens assez défectueux, restés à la postérité, font cependant regretter qu'un ouvrage aussi impor@tant pour les Beaux-Arts n'ait point été fini, et que ce qui en a paru ait été aussi mal recueilli et si peu soigné dans l'exécution. Il est essentiel pour la mémoire de Le Brun, d'expli@quer par quelle voie ces fragmens sont arrivés à la connois@sance du public. La plupart de ceux qui assistoient à ses conférences, pour n'en point perdre le fruit, s'empressoient d'extraire ses discours, et en faisoient des recueils pour leur usage c'est sur plusieurs de ces manuscrits, mal rédi@gés, incorrects et tronqués partout, que Bernard Picart publia pour la première fois le Traité des Passions, en 1713, vingt-un ans après la mort de Le Brun. Ce petit ouvrage, très-rare aujour@d'hui, est précieux pour les figures mais le style n'en est pas supportable, d'ailleurs très-mal imprimé et rempli de fautes typographiques. Le système général sur l'expression des passions de l'âme, que l'on retrouve dans ses figures, feroit un beau monu@ment pour l'instruction, s'il étoit pos@sible de suivre l'Artiste dans ses re@cherches et observations mais c'est un hommage à rendre à la mémoire de ce grand homme d'oser le tenter. Ma sensibilité et mon respect pour la mémoire des hommes célèbres qui ont jeté de si grandes lumières sur cet objet intéressant, sont les motifs qui m'ont déterminé à recueillir leur opinion et en composer un nouveau Traité des Passions pour l'étude des Arts. On ren@contre des difficultés sans nombre quand on veut atteindre des vérités évidentes dans une science abstruse, mais elles s'accumulent bien davantage quand on se livre à l'arbitraire c'est pourquoi j'ai adopté une méthode, comme la voie la plus sûre pour lier les idées, être clair, précis et mieux entendu. Il est encore bien difficile de ne rien hasarder sur une matière où les opi@nions se multiplient autant que les idées mais pour m'écarter le moins pos@sible de la vérité, j'ai suivi, autant qu'il a été en mon pouvoir, l'ordre naturel et primitif qu'indique la source des di@verses affections du coeur humain. INTRODUCTION. L'EXPRESSION est une naïve et naturelle ressemblance de tous les objets que l'Artiste veut représenter. Elle sert à faire distinguer la nature des corps elle en accuse les mou@vemens, en trace le caractère elle anime et peint la pensée. Elle est dans la couleur, dans le dessin, dans l'assemblage des figures. L'ex@pression est le feu et la vie des Beaux-Arts un peintre, un poëte, un orateur sans expres@sion, sont des corps sans âme. La nécessité de l'expression conduit à l'étude des Passions ce qui suppose la con@noissance de l'homme. Pour les définir, il faut remonter à leur source. L'âme réside dans le cerveau elle est le centre des sens, qui rap@portent tout à son entendement. Sa communi@cation directe avec le coeur, semble s'expli@quer dans l'effet que cet organe ressent des impressions qu'elle reçoit. Cette vertu sensiti@ve et intellectuelle de l'âme et du coeur, qu'on peut appeler le principe du moral, est indi@visible. Mais cette faculté de l'âme qui la porte sans cesse vers ce qui lui plaît, en sur@montant les difficultés qu'elle rencontre à la poursuite du bien comme à la fuite du mal, se divise en deux appétits, qu'on appelle, Concupiscible , et Irascible. De cette faculté attractive et répulsive propre et particulière à son essence, découlent toutes les passions. Le visage est comme la toile où elles viennent toutes se peindre. Le changement de couleur, le tremblement, la langueur, les ris, les lar@mes, la défaillance, les gémissemens et les soupirs, sont les signes extérieurs de leur lati@tude l'oeil surtout les déclare presque toutes les hommes les plus stupides les compren@nent au regard. Les ressorts de cet organe sont aux ordres de l'âme, il est aussi l'agent de ses impressions et de sa volonté. L'empire de l'oeil est si grand dans les passions, qu'il attire, repousse, électrise, avertit, commande et force l'attention. S'il est le miroir de l'âme, il en est aussi l'orateur. Sans l'oeil il n'y a plus d'expression. Elles sont toutes éteintes sur le visage de l'aveugle il n'en montre qu'une seule, qui est la tristesse. Les vices de conformation dans l'organe de la vue altèrent même l'ex@pression elle se montre toujours équivoque par les yeux louches, comme la plus belle pensée par les sons inarticulés du bègue. Les diverses altérations que reçoit le corps pendant que les passions agitent l'âme@, se multiplient à l'infini, et la cause qui les excite, les fortifie, et même les fixe, dépend souvent de la disposition des parties nobles ou du dé@rangement d'équilibre dans les humeurs et le sang. La haine, la jalousie, la colère, la ven@geance s'enracinent souvent dans les coeu@s@@ par des mouvemens si notables et tellement dépendans de la nature, qu'il semble n'être plus au pouvoir de ceux qui en sont dominés d'en détruire le venin. Les passions néan@moins dépendent de l'action de l'âme les organes qui les mettent en mouvement n'agis@sent qu'indirectement, et la volonté vaincue par l'empire de l'habitude, est l'effet de cette même action réitérée vers toutes celles que la nature contracte. Chaque homme a une passion dominante, dit Oxenstirn, et c'est toujours la plus difficile à corriger. Il y a peu de passions, et presque point qui ne soient composées de plusieurs autres mais il s'en trouve aussi dont l'assemblage en rend équivoque l'expression, lorsqu'elles sont dou@ces et violentes, telles que l'estime, l'ému@lation, l'amour-propre, l'amitié. Les passions se réunissent toutes dans les remords, et au@cune ne domine elles se passent en accès vio@lens ou irréguliers. Cette réunion est mons@trueuse sur le visage d'un joueur, d'un tyran, d'un homme atroce et sanguinaire. On peut encore remarquer que les fréquens accès des passions violentes décomposent les traits, et que souvent il en reste des empreintes sur la physionomie. Dans l'estime@, l'émulation, l'amitié@, et l'a@mour-propre, l'expression est mixte et presque insensible, si le sujet qui les cause ne fait point scène. Les passions ont un caractère propre et particulier lorsque la tête, plus que toutes les autres parties du corps, contribue à l'expres@sion des sentimens du coeur. Les membres expriment bien certaines passions@, les gestes et le mouvement persuadent et les rendent plus pathétiques mais la tête doit toutes les exprimer d'abord les autres parties du corps ne font que lui obéir, et lui @@servent d'armes et de secours pour remuer ou commander. Elle a ses mouvemens particuliers qui contri@buent au caractère spécial de chaque passion. Elle se baisse dans l'humilité, elle s'élève dans l'arrogance et la fierté, elle s'abat sur les épaules dans la langueur, elle se roidit et reste fixe dans l'opiniâtreté. Les sentimens moraux de la pudeur, de l'admiration, de l'indignation, du doute, du dédain, s'expli@quent sur le visage sans le secours du corps. Quintilien divise les passions en sentimens moraux et pathétiques. Le pathétique com@mande, et est fondé sur les plus violentes. Le moral persuade, et est fondé sur celles qui ins@pirent la douceur, la tendresse et l'humanité. Pour arriver à la définition des passions, sous le rapport des Beaux-Arts, nous les divi@serons en deux classes, dans l'ordre qui suit. Les Passions primitives, et les Passions com@posées. Les passions primitives sont simples, naturelles, nullement précédées du jugement, causées par les seules sensations du corps et facultés sensitives de l'âme. Les passions com@posées participent des passions primitives elles ont chacune un caractère particulier, dont la force et l'expression naissent du mé@lange de plusieurs autres. Elles réunissent les passions morales, les passions pathétiques et les plus farouches. Dans le nombre, il s'en trouve sans expression particulière, et d'au@tres qui ne sont qu'un assemblage irrégulier de plusieurs, qu'on pourroit appeler passions anomales . Les sentimens qui sont les régulateurs des passions seront ensuite rangés par nuances dans l'ordre que leur indique la nature. Le nombre des passions seroit indéfini, si on entreprenoit de les analyser toutes c'est un grand ouvrage qu'on ne finira jamais, dont les galeries, le théâtre et les bibliothèques offrent des ébauches sublimes pour la raison, les moeurs et les arts, et des modèles parfaits lorsqu'on songe aux difficultés de les égaler. M. Watelet, à la suite de son poëme sur l'art de peindre, a fait quelques réflexions sur l'expression, qui sont très-judicieuses. Il a le premier essayé de ranger les passions par nuances. Cette légère esquisse promet@toit un ouvrage aussi séduisant qu'utile, si l'auteur l'eut entrepris comme il se le proposoit. LES SIX PASSIONS PRIMITIVES. L'ADMIRATION. L'AMOUR. LA HAINE. LED E SIR. LA JOIE. LA TRISTESSE. PLANCHE I. L'ADMIRATION, d'après la famille de Darius de Le Brun. PLANCHE II. L'AMOUR, d'après l'antique, désigné l'Amour grec. PLANCHE III. La JOIE, d'après Sainte Anne, dans une Sainte Famille de Léonard de Vinci. PLANCHE IV. La HAINE, d'après un Pharisien, dans la femme adultère du Poussin. PLANCHE V. Le DÉSIR, d'après une vision de Saint Bruno du Guerchin. PLANCHE VI. La TRISTESSE, d'après Creuze, dans l'embrâsement de Troie du Dominiquin. L'ADMIRATION. L'Admiration simple est une subite surprise de l'âme, qui la porte à considérer avec atten@tion tout ce qui lui semble aussi rare qu'extra@ordinaire cette passion n'ayant le bien ni le mal pour objet, mais seulement la connois@@@sance des choses qui l'excitent, elle a plus de rapport avec les organes qui servent à la per@ception qu'avec le coeur. La circulation du sang n'en recevant que de foibles atteintes, @les traits de la physionomie et son coloris n'é@prouvent point les changemens qui ont assez ordinairement lieu dans la plupart des autres passions. L'Admiration simple doit donc être regar@dée comme la plus tempérée de toutes les passions, si les objets qui la causent ne produi@sent sur l'âme que des sensations amenées gra@duellement mais son expression croît si la surprise propre et particulière à cette passion est accompagnée de l'étonnement. C'est cette espèce d'admiration que le Tasse, l'Arioste, Le Brun, tracent comme un état d'immobilité, haussant le front et le sourcil. L'Admiration simple, pour être excitée, n'a besoin ni de l'ordre ni du jugement de la raison. Tous les hommes sont susceptibles d'admirer les choses d'une haute estime, tels que les grandes actions, la beauté, la générosité, la valeur, le courage, la bonté, l'esprit, les mer@veilles de la nature et celles du génie. L'oeil est spécial dans cette passion il doit être très-ouvert et fixe. Le Brun dit que le visage n'en reçoit que fort peu de changement dans toutes ses parties, et que s'il y en a, il n'est que dans l'élévation du sourci@l a@l@ors il doit avoir les deux côtés égaux, l'oeil doit être très-ouvert, sans altération, ainsi que toutes les autres parties du visage. Cette pas@sion ne produit qu'une suspension de mou@vement@, pour donner à l'âme le temps de se pénétrer de l'objet qui l'intéresse. L'Amour est un sentiment qui porte l'âme vers tout ce qui lui paroît aimable il est exclu@sif, et plus fort que le désir, qui se rapporte à l'avenir il est un consentement par lequel o@n se considère comme ne faisant qu'une partie de l'objet qu'on aime ou dont on désire la pos@session. Cette passion commande la nature entière tout cède à son empire. La résistance contre ses lois, gravées dans tous les coeurs, cause des phénomènes sur les organes et une grande variété dans son expression, qui caractérise le trouble ou la félicité qu'elle apporte dans l'âme. L'Amour est simple ou composé, et se divise en plusieurs espèces, qui émanent de quatre caractères généraux. L'Amour de bienveil@lance@, l'Amour contemplatif, l'Amour de dé@vouement@, et l'Amour de concupiscence. Une @@constante générosité de soins et d'intérêt pour l'objet aimé, distingue le premier les bons pères de famille, les bons époux, les amans fidèles et les amis sincères, en offrent sans cesse l'expression. L'amour contemplatif est dans l'action de l'esprit il est l'effet d'une profonde méditation, qui reporte constam@ment ou élève la pensée vers l'objet qui inté@resse l'âme. Un entier abandon de soi-même, pour se consacrer aux volontés de la Divinité, de son prince et de sa patrie, est l'amour de dévouement les plus beaux développemens de son expression peuvent se rencontrer dans toutes les classes. Le motif de l'amour de concupiscence consiste uniquement dans la jouissance de soi-même, ou dans l'inclination d'une nature corrompue, qui ne désire que les plaisirs illicites telles sont par exemple les passions outrées de l'ambitieux, de l'avare, de l'intempérant et du brutal, qui ne suivent ordinairement que la doctrine de l'égoïsme. Les différens transports de l'âme agitée des passions de l'amour varient les traits de la physionomie. Dans l'amour simple les mou@vemens sont doux, le front uni, les sourcils un peu élevés du côté de la prunelle, la tête inclinée vers l'objet qui cause l'amour, les yeux médiocrement ouverts, le blanc de l'oeil vif, éclatant, la prunelle doucement tournée vers l'objet, un peu étincelante et élevée. Le nez ne reçoit aucun changement, de même que toutes les parties, du visage 1 le coloris 1. Le Brun. de l'amour est vif, particulièrement sur les joues. Les vapeurs qui s'élèvent du coeur mouillent les lèvres et les colorent. Dans les désirs, les yeux sont vifs, animés, étince@lans, la bouche entr'ouverte, le coloris très-ardent. Dans l'épanouissement du coeur, les yeux sont entr'ouverts et languissans, les pau@pières enflammées, les lèvres humides et ver@meilles. L'extase ou l'abattement peignent l'âme absente du corps dans les jouissances de l'imagination ou dans les regrets de l'éloigne@ment. L'amour malheureux et désespéré ré@pand la paleur sur le visage et la langueur dans les membres. Si cette passion se tourne en délire, elle offre un égarement de situation et un contraste continuel de transports, de plaintes, de larmes, quelquefois de silence, ou même d'insensibilité. Dans l'Antiquité, les amans s'emparèrent de l'Élégie, consacrée aux funérailles, pour pleurer cette privation d'eux-mêmes dans les disgrâces de l'amour. L'expression en est sublime dans ces vers. La plaintive Élégie@, en longs habits de deuil, Sait, les cheveux épars@, gémir sur un cercueil. Elle peint des amans la joie et la tristesse, Flatte, menace, irrite, appaise une maîtresse 1. I. Art Poétique, Chant II. LA HAINE. La Haine simple est une émotion causée par les esprits@, qui incitent l'âme à vouloir être séparée des objets qui se présentent à elle comme nuisibles. Cette passion, qui est direc@tement opposée à l'amour, ne se divise point en autant d'espèces, parce que entre les maux dont on s'éloigne de volonté on ne remarque point tant de différence qu'entre les biens qui attachent et auxquels on est joint. Les antipathies naturelles, l'aversion, la répugnance n'opèrent à l'extérieur que de foi@bles changemens mais le ressentiment, l'ani@mosité, la vengeance sont les grands @mouve@mens qui nourrissent la haine. Les humeurs, le sang et toutes les parties nobles en sont troublés dans leurs fonctions l'inégalité du pouls, de la chaleur du corps, la mobilité de l'oeil@, de la figure et du coloris concourent à son expression. Ces sortes de haine ne s'en@racinent ordinairement que dans les sujets dominés par un sang grossier, dont la circu@lation plus abondante par le foie, dans cette passion, entraîne au cerveau le fiel, qui en tretient dans l'âme l'aigreur et l'amertume. Cette malheureuse passion, portée jusqu'à l'excès, trace sur la figure des marques de cruauté, surtout quand elle est discrète et réservée. Il semble que la tristesse soit inséparable de la haine les plus foibles en donnent toujours des signes. La haine se montre sous un front ridé, l'oeil vif, et la prunelle cachée sous les sourcils abattus et froncés, regardant de travers, d'un côté contraire à la situation du visage, et dans une agitation continuelle les narines pâles, ouvertes, et retirées en arrière, les dents ser@rées les lèvres pâles et livides, la supérieure excédant l'inférieure assez ordinairement la bouche fermée, les coins retirés en arrière et fort abaissés, roidissant les muscles des mâchoires. Le coloris de la figure inégal et dominé de jaune. Le Brun dit qu'on ne remarque dans cette passion rien de particulier qui diffère de la jalousie et que les rapports qui existent entre elles viennent de ce que la jalousie engendre la haine. LE DÉSIR. La Passion du Désir est une agitation de l'âme, causée par les esprits, qui la disposent à vouloir, pour l'avenir@, les choses qu'elle se figure lui être convenables ce mouvement de volonté vers un bien qu'on n'a pas, tend aussi à la conservation de celui qu'on possède, ainsi qu'à l'absence du mal qu'on éprouve et de celui qu'on redoute pour l'avenir. Il résulte de cette conséquence, que le désir et la fuite sont deux émotions contraires qui suivent le même mouvement, puisque l'un est toujours excité par l'autre, et qu'ils agissent également et dans le même temps. On ne peut rechercher la gloire, les richesses et la santé, sans fuir l'oubli, la pauvreté et la maladie. Ainsi, l'âme ne pouvant s'occuper de son bonheur sans fuir les maux qui s'y opposent, tous les désirs naissent de l'agrément et de l'horreur. Descartes observe que le désir agite le coeur plus violemment qu'aucune des autres pas@sions, parce qu'il fournit au cerveau plus d'esprits, lesquels passant dans les muscles rendent tous les sens plus aigus, et toutes les parties du corps plus mobiles. Les esprits moroses, toujours disposés à mur@murer contre les plus belles institutions de la nature, en voulant châtier les moeurs, appel@lent le désir un tyran qui ne se lasse jamais de tourmenter l'homme. Mais le sage, qui n'envisage les passions modérées que comme la source de toutes les vertus, regarde le désir comme un des plus grands bienfaits du Créa@teur, le mouvement spécial qui élève l'homme à sa dignité, et le berceau des jouissances faites pour sa félicité. Son expression, selon Le Brun, s'annonce par les sourcils pressés et avancés sur les yeux, qui doivent être ouverts, sans exagé@ration la prunelle située au milieu de l'oeil et pleine de feu, les narines plus serrées du côté des yeux la bouche plus ouverte que dans l'amour simple, les coins retirés en arrière, la langue sur le bord des lèvres, le coloris aussi ardent que dans l'amour. LA JOIE. Cette passion simple est un mouvement vif et une agréable émotion de l'âme, lorsqu'elle jouit d'un bien qu'elle considère comme le sien propre, ou d'un bien qui la flatte et l'excite au plaisir. Elle est intellectuelle lors@qu'elle vient à l'âme par la seule action de l'âme, c'est-à-dire, des jouissances qu'elle se procure par son entendement. La joie tient l'âme en paix elle épanouit le coeur, elle inspire le génie@, elle rend sen@sible aux agrémens de la vie et la prolonge elle est chérie des hommes, et adoucit leurs peines. Elle fut la première passion qui leur inspira les danses et les chants@, pour célébrer avec un transport mesuré leur bonheur et leur reconnoissance. Elle se développe avec les mêmes attraits dans tous les âges de la vie. La disposition des organes favorise plus ou moins son expression. Les esprits égaux, la libre circulation du sang, tranquillisent l'âme et, en fortifiant les organes du cerveau, y entretiennent la gaieté. Son expression se remarque dans le front, qui est serein le sourcil sans mouvement, élevé par le milieu l'oeil médiocrement ouvert et riant la prunelle vive@, éclatante les na@rines tant soit peu ouvertes les coins de la bouche doucement élevés le teint vif et les joues vermeilles. Descartes observe que la joie fait rougir, parce qu'elle fait ouvrir les écluses du coeur, et qu'alors le sang coulant avec plus de vitesse dans toutes les veines, sa chaleur et sa subti@lité enflent médiocrement toutes les parties du visage. LA TRISTESSE. La Tristesse est un malaise de l'esprit, sus@cité par l'affliction, le déplaisir, la douleur, et quelquefois par une mélancolie naturelle. L'esprit frappé de quelques impressions fâ@cheuses, présentes, passées ou à venir, est une tristesse intellectuelle, très-souvent, dit Oxenstirn, l'effet d'une imagination gâtée par l'amour-propre@, qui n'apercevant plus qu'une fause représentation des objets, les re@çoit comme des accidens dignes de son afflic@tion . Cette maladie de l'âme interdit les fonctions ordinaires, elle ralentit la circula@tion du sang, peint la pâleur sur le visage, énerve les membres et tue le courage cette passion maligne, froide, épuise l'humeur ra@dicale, éteint la chaleur naturelle et flétrit le coeur. Les divers mouvemens dont l'âme est agi@tée dans la tristesse, sont autant de situations bien différentes dans la nature, et bien essen@tielles à observer pour l'éloquence de l'Art. La nature, livrée en proie à ses maux, pré@sente l'expression d'une affliction profonde et la plus pathétique de la tristesse. Si elle n'est point suscitée par l'action des douleurs corpo@relles ou intellectuelles, mais par la surprise inopinée d'un événement qui prive l'âme de ses affections ou la frappe d'un spectacle touchant, elle n'est point accompagnée des mêmes symptômes. Les traits du visage n'en sont que foiblement altérés la nature n'ayant point encore éprouvé les effets de sa malignité, est plus consternée qu'abattue. Si les larmes viennent à son secours, le soulagement qu'elle en reçoit entretient les forces. Lorsque l'âme est atteinte de cette passion par des événemens qui lui sont étrangers ou qui ne peuvent lui être nuisibles, souvent elle trouve une certaine jouissance à s'en laisser émouvoir. Le peuple court en foule aux supplices, aux naufrages@, il entoure le mal@heur, il se rend témoin des événemens fu@nestes les belles tragédies font goûter un plaisir délicieux les maux d'autrui nous atta@chent l'esprit la pitié est un ravissement, une extase les larmes que nous versons, au sentiment d'Homère@, sont une espèce de volupté 1 . 1. Esprit des Nations. Dans l'expression de la tristesse, dit Le Brun, les sourcils sont moins élevés du côté des joues que vers le milieu du front. Les pru@nelles sont troubles, le blanc de l'oeil jaune, les paupières abattues et gonflées, le tour des yeux livides, les narines tirant en bas, la bouche entr'ouverte la tête nonchalamment panchée sur une épaule toute la couleur du visage plombée, et les lèvres décolorées. Voici comme l'infortuné mari de Joconde montre les divers changemens de l'expression de la tristesse, sous la plume de l'Arioste. E la facia, che dianzi era si bella, Si cangia si, che più non sembra quella. Par che gl'occhi si ascondan ne la testa@, Cresciato il naso par nel viso scarno De la beltà si poca li ne resta, Che ne potrà sar paragone indarno 1. i. Chant 28. RÉFLEXIONS GÉNÉRALES SUR L'ACTION, L'EXPRESSION ET L'USAGE DES PASSIONS, DANS LES BEAUX-ARTS. I ttri VS AGE DES PASSIONS. L'Amour-propre, le Tempérament, l'Opi@nion, sont les mobiles des passions ce qui con@duit à deux sortes d'analyses, la Physique et la Morale. Mais je m'écarterois de mon but en parcourant un champ si vaste c'est à la morale à faire remarquer les propriétés des passions pour les convertir en vertus, qui ne leur soient point cependant contraires, car on ne sauroit déraciner dans l'homme ce qui le fait homme, ni traiter ses passions comme des soldats tou@jours rebelles à leurs chefs, plus disposés à choquer la raison qu'à combattre pour son autorit@é, sans confondre les mouvemens de l'appétit sensitif avec les déréglemens de la vo@lonté. Libre de tout préjugé de secte, on ne peut considérer l'homme au-dessus de tous les événemens et de tous les maux, insensible à for@ce de vertu surnaturelle@, que comme un fan@tôme pour la politique, la morale et les arts il ne peut figurer ainsi que dans les rêveries de l'esprit humain 1 . Heureusement pour l'harmo@nie de l'uni@vers, l'espèce en est rare dans la na@ture. Quelques réflexions, souvent indispensa@bles pour la justesse de l'expression, suffiront dans le cours de cet ouvrage pour faire con@noître l'avantage ou le danger des passions, et démontrer que quand elles fortifient le coeur et l'esprit par l'appas de l'estime, de la consi@dération, ou de la gloire, elles font ressortir toutes les vertus utiles à la Société. 1 Voyez la République de Platon@, @la Doctrine des Stoïciens et le Contrat Social de J.-J. Rousseau. Admirons, dit le Père Brumoy, les talens et l'importance des passions ! que seroit-on sans elles ? le laboureur oisif laisseroit le soc inutile le pilote auroit horreur des dangers le riche insensible armeroit son coeur d'un bouclier de fer le vulgaire impuissant péri@roit les mères@, oui, les tendres mères oublie@roient leur tendresse et leurs enfans. Mais, grâce aux Passions, les coeurs savent être sen@sibles malgré eux. La mère s'attendrit sur ses enfans sa tendresse dévore tout sa dou@leur même lui plaît, elle est maternelle. Les noms de père, d'époux, de frère@, de femme, d'ami ne sont plus de @vains noms. Ce ne sont plus des fables, que l'humanité et la bonne foi elles sont connues des plus barbares nations, qui, sensibles aux mêmes revers que nous, témoignent ou feignent de témoigner que l'hu@manité ne leur est point étrangère, qu'elles sont prêtes à nous secourir dans nos malheurs@, et que, du moins, elles ne veulent pas nuire à ce qui ne leur nuit pas. Otez les Passions ! que deviennent les arts ? tout l'univers retombe dans l'antique chaos. Rendez-les à l'homme ! les villes et les temples renaissent de leurs ruines, la vertu mê@me revient. Vertu, née pour habiter avec les passions Vertu, qui sait prendre d'elles ses plus brillantes cou@leurs ! La tendresse dans les âmes tendres, la vigueur dans les fortes la douceur dans les @âmes guerrières l'égalité si précieuse dans tous, et cette espèce d'immutabilité qui la met au-dessus des circonstances de l'humeur . S. Augustin avoue même que les passions sont les degrés pour arriver à cette haute félicité qui consiste en la possession du sou@verain bien. De la manière dont on doit considérer les Passions dans les Beaux-Arts, pour traiter le Sublime. Les Passions, dit Nicole, sont les seuls ora@teurs de la nature dont les règles sont infailli@bles et l'homme @le plus, simple, qui a de la passion, persuade mieux que le plus éloquent qui n'en a point. Cette pensée juste et vraie s'adresse à tousles Beaux-Arts elle s'applique à tous les systèmes de langage qu'adopte l'es@prit humain, lorsqu'il veut faire entendre les accens de toutes les affections du coeur. Elle fait sentir que les transports de l'esprit étant communs au génie créateur, ainsi qu@'à ceux dont il captive l'attention, la pensée ou la @ma@ @tière, sans l'émotion, ne rapporte aux sens que des sons monotones ou des actions sans vie qui glacent tous les sentimens. Pour espérer de toucher et de plaire, il fa@ut que les actions soient les interprètes du coeur Mais il faut être touchés soi-@mêmes les pre@miers@, avant d'essayer de toucher les autres et pour se sentir émus, il faut se former des vi@sions, des images des choses absentes, comme si effectivement elles étoient devant nos yeux et celui qui concevra plus fortement ces ima@ges, exprimera aussi les passions avec plus de véhémence 1 . Comment donc expliquer ce don d'émouvoir qui est plus dans la nature que dans l'art ce pathétique des passions d'où dépendent la force et l'énergie des impres@sions de l'âme ? Ce talent sublime n'est autre chose que l'enthousiasme des passions, ou la peinture vive des divers mouvemens qui agi@tent l'âme. Il est une manière d'exprimer et de sen@tir@, qui fait disparoître l'art, qui force l'il@lusion à s'emparer des coeurs jusqu'à la persuasion@, qui fait partager aux specta@teurs les mouvemens qui animent le poëte, le peintre et l'orateur, et les rapprochent des scènes dont ils sont pour ainsi dire eux-mêmes acteurs. Ce talent rare, qui découle d'une ex@trême sensibilité, ne peut se transmettre par 1 Quintilien. aucune méthode. Il semble cependant, dit Quintilien, que cette partie si belle et si gran@de n'est pas inaccessible, et qu'on peut trouver un chemin qui y conduise assez faci@lement c'est de considérer la nature, et de l'imiter car les spectateurs ne sont émus par l'art, que lorsque l'imitation leur rappelle ce qu'ils sont accoutumés de voir et de sentir. Néanmoins il est indubitable que les mouve@mens de l'âme qui sont étudiés par l'art, ne sont jamais si naturels que ceux qui se développent dans la chaleur d'une véritable passion. Les préceptes d'une science aussi précieuse ne sont pourtant point infructueux, car l'esprit pé@nétrant, toujours en communication avec les hom@mes qui ont pensé et approfondi le coeur @humain, en reçoit de fortes impulsions n'of@friroient@-@ils encore que des matériaux pour l'histoire de l'ho@@mme, combien doivent être chers ceux que rassemble l'artiste éclairé qui l'étudie sans cesse ! Charles Le Brun, qui figure dans le beau siècle de Louis XIV parmi les grands hom@mes qui ont presque tout fait et tout ac@hevé dans les Lettres et les Arts, a laissé à la Postérité une savante dissertation sur l'expression es sayons de renouer ses pensées sur les excel@lentes figures qu'il a tracées de sa main I. I Nous avons fait un choix des figures de Le Brun@, au simple trait , telles qu'elles ont été publiées par Bernard Picart. Voyez l'ordre de ces figures, page 44. On peut voir dans mon Avis préliminaire les motifs qui m'ont empêché de suivre le texte qui les accom-pagne. Les Passions s'annoncent par 1' Action. DEFINITION DE L'ACTION. Tout ce qui cause à l'âme de la passion s'exprime par l'action et com@me la plupart des passions de l'âme produisent des actions corporelles, il est nécessaire, il est indispen@sable-de bien connoître toutes les parties du corps qui les expriment. Ce qui conduit à dé@finir l'action et ses causes. L'action n'a lieu que par l'opération des agens qui causent un changement dans les muscles et dans la circulation des liqueurs et du sang et quoique les diverses préparations et fabriques de tous ces agens semblent inu@tiles pour expliquer le sentiment, ils ont néan@moins tant d'influence sur le mouvement@, qu'on ne peut en perdre de vue les principes généraux. Le coeur est le principal organe de la cir@culation, et par conséquent du mouvement. Il reçoit le sang de toutes les parties du corps et le renvoie de même. Le coeur, suivant Des@cartes, contient un feu sans lumière qui raréfie et forme les esprits subtils qui s'élèvent au cerveau , où ils sont toujours abondamment entretenus et renvoyés du cerveau dans les nerfs et les muscles, pour les fortifier selon le besoin qu'exigent les fonctions auxquelles ils sont appelés par la nature ou l'empire de la volonté. Ainsi les parties qui agissent le plus, recevant aussi plus de matières sub@tiles, sont plus fortes et plus nourries de même, celles qui agissent peu, en recevant aussi moins@, sont plus foibles et moins prononcées. En supposant que le mouvement s'exerce par la volonté@, ou qu'il en soit indépendant, rien n'est cependant remué sans le secours d'une autre force agissante et cette puissance motrice peut elle-@même se diviser en deux moteurs, dont l'un est dans le principe de vie, et l'autre dans l'intelligence ainsi toutes les parties du corps se meuvent continuellement sans que l'âme y prenne aucune part, lorsque rien extérieurement n'y apporte de change@ment. Mais l'action des corps extérieurs qui excitent dans l'âme des sensations nouvelles, produit ce mouvement de volonté, cette ac@tion dont le moteur est dans l'âme, et qui de@vient le principe de toutes les passions. Quoique l'âme soit jointe à toutes les parties du corps, il y a néanmoins diverses opinions touchant le lieu où elle exerce plus particuliè@rement ses fonctions les uns la placent dans la glande pinéale, située au milieu du cerveau, parce qu'ils regardent cette partie, qui est unique, co@@mme le centre où viennent se réu@nir en un même son, et en une seule image, toutes les impressions doubles, d'un même ob@jet, que reçoivent les doubles organes. D'au@tres la placent au coeur, parce que cet organe ressent aussi vivement et aussi promptement les impressions des corps extérieurs que le cerveau. Plusieurs causes majeures doivent faire adopter l'opinion que l'âme est placée dans le cerveau mais une des principales pour notre objet, c'est que le coeur ne prend pas une part également active dans toutes les passions. Nous avons déjà dit que@, selon la Philoso@phie, toutes les passions dérivent des deux ap@pétits qui divisent la partie sensitive de l'âme les passions simples dérivent du Concupisci@ble, et les plus farouches de l'Irascible. Cette division est extrêmement essentielle@, avant d'entrer en matière sur les parties du corps qui concourent le plus spécialement a les exprimer. CARACTÈRES de Le Brun, dont l'explication fait le sujet du paragraphe suivant. PLANCHES. La Tranquillité Pl. VII, fig. A. L'Admiration simple. Pl. VII, fig. B. L'Étonnement. Pl. VII, fig. C. L'étonnement avec Frayeur. Pl. VII, fig. D. Douleur mêlée de Crainte. Pl. VIII, fig. E. Douleur extrême Corporelle. Pl. VIII, fig. F. Douleurs aiguës de Corps et d'Es@prit Pl. VIII, fig. G. La Joie. Pl. VIII, fig. H. L'Abattement du coeur causé par la Tristesse. Pl. IX, fig. I. Mouvement de Douleur. Pl. I@X, fig. K. Le Rire Pl. I@X, fig. L.@@X, fig. L. Le Pleurer. Pl. IX, fig. M. La Haine. Pl. X@, fig. N. Le Désespoir mêlé de fureur. Pl. X, fig. O. La Fureur mêlée de Rage. Pl. X@, fig. P. La Haine mêlée de Cruauté. Pl. X@, fig. Q. La Jalousie. Pl. XI@, fig. R g S. La Colère. Pl. XI, fig. S. , fı g S. L'Horreur.@ Pl. XI, fig. T. La Crainte. Pl. XI, fig. V. Des Actions corporelles qui expriment les Passions de l'âme, suivant le système de Le Brun. S'il est vrai que l'@âme exerce immédiatement ses fonctions dans le cerveau, on peut dire que le visage est la partie du corps où elle exprime plus particulièrement ce qu'elle ressent. L'ac@tion de fuir annonce la peur les membres roidis, les points fermés annoncent la colère beaucoup d'autres passions s'expriment encore par des actions corporelles mais le visage les exprime toutes. Le mouvement du sourcil sur@tout est très-remarquable la prunelle par son feu y concourt aussi puissamment mais le sourcil, dans deux mouvemens principaux et qui lui sont particuliers, explique plus positi@vement la nature de l'agitation. La bouche et le nez ont aussi beaucoup de part à l'expression mais on pourra voir dans la suite qu'ils suivent plus généralement les mouvemens du coeur. Les Anciens ont fait du nez le siége de la co@lère et de la moquerie l'ensemble de la figure du Satyre confirme cette dernière opinion Disce, sed@ira cadat naso, rugosaque sanna 1 et ailleurs Eum subdoloe irrisioni dicave@runt 2 . Ce qui prouve que les mouvemens du sour@cil ont un rapport direct avec les deux appé@tits qui divisent la partie sensitive de l'â@me, c'est qu'à mesure que les passions changent de nature, les sourcils changent de forme. Ils n'ont aucun mouvement dans la tranquillité 3 on peut juger de leurs positions naturelles. Ils deviennent un peu plus convexes dans l'ad@miration simple 4 , et suivent un mouvement égal, uniforme et doux. Mais, dans l'étonne@ment 5 , ils sont co@mposés et si l'étonnement est mêlé de frayeur 6 , le mouvement est plus prononcé. C'est dans l'expression des passions pathé@tiques que les sourcils agissent avec plus de violence tous les mouvemens sont alors com@posés par le mélange de plusieurs causes 7 ils prennent une forme et un caractère aigu dans 1 Perse. 2 Pline. 3 Voyez Pl. VII, fig. A. 4 Voyez Pl. VII, fig. B. 5 Voyez Pl. VII, fig. C. 6 Voyez Pl. VII, fig. D. 7 Voyez Pl. VIII, fig. E. l'extrême douleur corporelle 1 et dans les dou@leurs aiguës de corps et d'esprit 2 . L'abattement ou l'élévation sont les deux principaux @mouvemens du sourcil, en obser@vant cependant qu'il a deux sortes d'élévation l'une qui exprime l'agrément, telle que la joie, et l'autre l'abattement du coeur ou la tristesse. Dans la joie 3 , les sourcils s'élèvent, et la bouche en relevant doucement par les côtés achève la peinture de ce mouvement. Dans la tristesse 4 , ils s'élèvent aussi, mais en baissant des côtés en ligne oblique, et les yeux et la la bouche semblent également suivre cette @même inclinaison dans ses côtés mais la bouche relève du milieu ainsi que les yeux, vers le nez. Les sourcils relèvent encore dans les @mouvemens de douleur 5 et dans les douleurs aiguës de corps et d'esprit 6 mais alors ils baissent du milieu et se rapprochent plus ou moins de l'oeil, en suivant les degrés de douleur ou d'affliction. 1 Vovez Pl. VIII, fig. F. 2 Voyez Pl. VIII, fig. G. 3 Voyez Pl. VIII, fig. H. 4 Voyez Pl. IX, fig. I. 5 Voyez Pl. IX, fig. K. 6 Voyez Pl. VIII, fig. G. déjà citée. Toutes les parties se sui@vent dans le rire 1 les sourcils s'abaissent vers le milieu du front le gonflement des joues rapetisse les yeux, les relève des côtés, et baisse le nez sur la lèvre supérieure la bouche et les ailes du nez re@lèvent dans la @même direction. Les mouvemens du visage sont contraires, et tout opposés dans le pleurer 2 les sourcils se rapprochent également des yeux co@mme dans le rire@, avec cette différence, que dans le rire il est uniforme, et composé dans le pleu@rer. Il ne prononce cependant pas le caractère aigu des douleurs de corps et d'esprit 3 3 mais il prend la même forme que dans les mouvemens de haine 5 , du côté des yeux, et relève toujours en ondoyant jusqu'à leur extrémité les yeux, les joues et la bouche inclinent dans le même se@ns mais dans cette direction, l'inclinai@son de la bouche, dans ses extrémités, n'est pas si prononcée que celle des yeux et des joues@, parce qu'elle est retenue par les deux lèvres qui se roidissent et se resserrent par le milie@u, en se rapprochant du nez et du menton. 1 Voyez Pl. IX, fig. L. 2 Voyez Pl. IX, fig. M. 3-4 Voyez Pl. VIII, fig. F. et fig. G. 5 Voyez Pl. X, fig. P. Lorsque le coeur se roidit en @mouvemens violens contre tout ce qui l'afflige, le visage exprime les passions les plus farouches, du désespoir mêlé de fureur 1 , de la fureur mêlée de @rage 2 , et de la haine mêlée de cruauté 3 . Dans ces mouvemens violens, les sourcils ne se rap@prochent point des yeux en angle aigu, ils s'é@largissent au contraire en cédant aux muscles du front, qui les forcent à couvrir les points lacrymaux alors la prune@lle ne sui@vant plus sa direction ordinaire, semble s'égarer dans l'orbite. Tous les traits du visage, dans ces di@vers mouvemens, se rapprochent avec force autour des yeux dans ces passions, l'expres@sion de la bouche et du nez prononce un ca@ractère particulier d'aigreur ce qui prouve@, comme il a déjà été dit, que ces parties mar@quent plus particulièrement les mouvemens du coeur dans les passions o@ù il a plus de part, la bouche, qui en est le principal agent, les expri@me dans trois mouvemens principaux dans les accens de la douleur, elle baisse des côtés 4 1 Voyez Pl. X, fig. O. 2 Voyez Pl. X, fig. P. 3 Voyez Pl. X, fig. Q. 4 Voyez Pl. IX, fig. K. déjà citée. dans les transports de la joie, elle relève 1 , et dans les mouvemens d'aversion ou de jalousie 2 elle se pousse en avant, en relevant par le milieu. Ces principes généraux doivent s'appliquer à toutes les passions. Les sentimens qui les di@rigent et les modifient supposent un ordre de la nature@, qui émane des besoins physiques, moraux ou factices, et sont les nuances qui étendent et développent les facultés exclusives de l'@homme. Mais il se présente des difficultés insurmontables lorsqu'on veut en suivre l'en@chaînement dans l'ordre social souvent elles échappent aux recherches de l'observateur, et bientôt on en négligeroit l'étude si elles n'@étoient sans cesse rappelées par les productions du génie qui réunissent l'approbation des siè@cles. Et qu'est-ce que l'on peut voir de plus par@fait que l'Antique ? Quelle Nation fut jamais plus favorisée que les Grecs pour tout appren@dre de la nature ? Si dans leurs jeux publics et leurs institutions libres ils trouvoient des avantages infinis pour observer les propor 1 Voyez Pl. VIII, fig. H. déjà citée. 2 Voyez Pl. XI, fig. R. @déjà citée. tions et les grâces, les sensations y étoient aussi aperçues et gravées dans les esprits il ne s'a@gissoit que du choix pour achever l'image de la beauté. La force essentielle de l'â@me, sans cesse excitée par des sentimens agréables, jetoit le germe de cette élégante et morale imitation avec laquelle ils surpassèrent la nature. Ani@mer l'intelligence sur le marbre étoit la gloire qu'ambitionnoient les statuaires, mais les pas@sions farouches qui défigurent l'homme ne s'accordoient point avec le système de perfec@tibilité qui caractérisoit le génie national aussi n'eurent-ils en vue que les affections les plus douces du coeur humain et les sensations les plus délicates. Ce rayon divin qui brille dans les statues grecques@, éclairera toujours les nations qui se piqueront de goût. Chez tous les peuples qui ont cultivé les arts, l'expression des passions de l'âme a de tout temps été considérée comme l'époque de leur splendeur, et la nullité dans les actions, celle de leur décadence mais le climat, les moeurs et les usages ont une si grande influen@ce sur la constitution physique de l'homme que ses organes en reçoi@vent une altération, qui lui fait perdre insensiblement l'expression des mouvemens naturels de son état primitif. Plus une Société sera no@mbreuse, dit M. @@Watelet, plus la force et la variété de l'expression doit s'affoiblir parce que l'ordre et l'uniformité seront les principes d'où naîtra ce qu'on appelle l'harmonie de la Société. Cette harmonie si nécessaire y gagnera sans doute, tandis que les Arts d'expression y per@dront, parce qu'ils seront affectés peu à peu d'une monotonie qui leur ôtera les idées véri@tables de la nature. L'exemple, motif puissant qui influe sur les actions des hom@mes, augmente de pouvoir et d'autorité par l'augmentation du nombre et plus une ville capitale est peuplée et sociable@, plus on doit céder au penchant de s'imiter les uns et les autres. Toutes ces réflexions feroient le désespoir des artistes, et nuiroient aux progrès de l'es@prit humain@, si la nature pouvoit perdre ses droits et sa franchise. Le voile des conven@tions ne fait que les dérober aux regards mais les arts en conservent l'idée simple et primi@tive, et sont les plus solides fondemens sur lesquels il reposeront eternellement. DIVISIONS DE L'ADMI RATION. Ière. Di on . LA SURPRISE. L'ÉTONNEMENT. IP. Divon. L'ESTIME. LE MÉPRIS. LE DÉDAIN. IIP. Divon. LA VÉNÉRATION DIVINE. LA VENERATION HUMAINE. PLANCHE XII. La SURPRISE, d'après le Martyre de Saint-Protais de Le Sueur. PLANCHE XIII. L'ÉTONNEMENT, d'après la Messe de Saint-Martin du même. PLANCHE XIV. L'ESTIME, d'après le Jugement de Salomon du Poussin. PLANCHE XV. Le MÉPRIS, d'après le tableau du Guide, o@ù David est représenté tenant la tête du géant Goliath. PLANCHE XVI. Le D@@ÉD@AIN@, d'après l'Apollon Pythien. PLANCHE XVII. La VÉNÉRATION DIVINE, d'après l'Ange, dans le tableau de Léonard de Vinci représentant la Vierge et Sainte-Anne. @@PLANCHE XVIII. La VÉNÉRATION HUMAINE, d'après la Reine, dans l'Apothéose de Henri IV de Rubens. LA SURPRISE. La Surprise est un mouvement soudain qui est produit dans l'âme par quelque chose d'inattendu. Son effet est de toucher vivement les parties les plus sensibles du cerveau et d'augmenter singulièrement les mouvemens qu'elle y excite. Mais nous avons déjà dit dans l'Admiration, que l'émotion de la Surprise dépend de toute la force de l'action et de son caractère de nouveauté car les objets dont l'esprit reçoit de fréquentes agitations ne cau@sent plus de surprise. Dans les jouissances du sentiment et du goût elle fortifie les organes de l'entendement car l'admiration intellectuelle n'est qu'une longue surprise mêlée de respect et d'amour pour tout ce qui est grand et merveilleux. Elle dif@fère du simple étonnement, qui ne détermine pas toujours l'importance de l'objet qui en excite l'é@motion. C'est ce qui a fait dire Qu'un homme d'esprit voit peu de choses@@ dignes d'admiration, qu'un stupide n'ad@mire rien, et qu'un sot trouve tout admirable . La satisfaction intérieure de soi-@mê@me, ou le repentir déterminent l'action de la Surprise et varient son expression, ainsi que le coloris du visage. L'oeil doit être très-ouvert et fixé sur l'objet qui cause l'é@motion la bouche en@tr'ouverte, et les sourcils légère@ment froncés. La Surprise fait rougir ou pâlir dans tous les cas, elle est toujours moins te@mpérée que l'admiration simple, à laquelle elle est tou@jours jointe et si intimement unie, qu'elle n'est excitée dans toutes les autres passions que lorsqu'elle se trouve réunie avec la faculté qui lui est propre et particulière. L'ÉTONNE@MEN@T. L'@Etonnement est une surprise inopinée@, qui cause le trouble de l'@admiration@. Elle a tant de pouvoir sur les esprits, qu'elle les ra@mène tous vers l'objet qui fait im@pression, et les retient sur les organes les plus délicats de l'entendement, sans qu'ils puissent reprendre leur c@ours ordinaire. Cette impression vio@lente affoiblit le cerveau@, suspend les mouve@mens du corps, et rend immobile. Cet état de stupéfaction interdit le j@ugement, et ne per@met plus à l'âme d'acquérir une connoissance parfaite des objets qui l'arrêtent. L'âme en suspens, dans l'étonnement in@tellectuel, produit les mêmes effets toute oc@cupée de son objet, elle ne voit que ce qui la frappe. Cette espèce de délire, qui augmente la force ou l'énergie des choses dont elle est touchée@, suspend également les mouvemens du corps. @En général, l'excès de cette passion nuit au moral comme au physique. L'EST@I@ME. A l'Admiration se joint encore l'Esti@me@, qui prend sa source dans un discernement et un sens exquis, pour déterminer et apprécier la valeur du @mérite, et le cas qu'on doit en faire dans ceux qui le possèdent. Voilà le premier degré de l'Estime et le vrai principe de la considération, qui ne consulte ni le rang ni la dignité. L'Estime diffère de l'amitié, en ce que son action est purement intellectuelle et presque toujours réciproque car il est rare de n'être pas payé de retour lorsqu'on possède ce sen@timent inappréciable. Elle diffère encore de l'amitié lorsqu'on la considère pour soi-mê@me, en ce que l'on ne peut pas se promettre de gagner tous les coeurs mais l'exemple nous prouve que l'on peut parvenir à commander l'estime de ses semblables. Pour exprimer l'Estime@, il faut diriger toutes les parties du visage sur l'objet qui fixe l'attention alors les sourcils paroîtront légè@rement avancés sur les yeux et pressés, sans effort, du côté du nez, en s'élevant vers leurs extrémités l'oeil fort ouvert, et la prunelle élevée les veines et les muscles du front, sur@tout près des yeux, doivent être @@médiocre@ment gonflés les narines un peu abaissées les joues foiblement enfoncées près des m@âchoires la bouche peu entr'@ouverte, les coins en arrière et inclinés. L@E MÉP@RIS. Si l'Estime est un sentiment qui rapporte sans cesse à l'âme l'objet de son affection, comme étant d'une haute valeur, de même le Mépris, quoiqu'il soit une des nuances de l'aversion, n'en est pas moins une inclination de l'âme à considérer avec une sorte d'atten@tion les vices ou la bassesse de l'objet qu'elle méprise. Ces deux émotions également exci@tées et entretenues par des mouvemens par ticuliers fortifient, jusqu'à la passion@, dans le cerveau, de vives impressions des objets qui les causent. Ainsi l'inclination à observer la grandeur ou la petitesse des objets ayant, dans ses effets, les @mêmes causes que celles qui excitent l'Admiration, l'Estime et le Mépris doivent en être regardés comme des espèces. Suivant Le Brun, l'expression du Mépris s'annonce par les sourcils froncés, baissés du côté du nez, et relevés aux extrémités l'oeil très@-@ouvert, et la prunelle au milieu les narines retirées en haut la bouche fermée, les coins abaissés, et la lèvre inférieure excédant la supérieure. Descartes observe que le mouvement des esprits qui cause l'estime ou le mépris, est si manifeste, quand on rapporte ces deux pas sions à soi-même, qu'il change la mine, les gestes, la démarche, et généralement toutes les actions de ceux qui conçoivent une meil@leure ou une plus mauvaise opinion d'eux@ mêmes qu'à l'ordinaire. LE DÉDAIN. Le degré d'estime qu'on a de soi-@mê@me, mis en comparaison avec le peu de cas que l'on fait du mérite d'autrui, est toujours la cause du Dédain. Dans les âmes fortes qui s'élèvent au-dessus de la crainte, il est une sorte de @mépris des menaces et des tourmens mê@mes. Souvent ce sentiment est plus affecté que vrai mais cela ne change rien à son ex@pression. Que le Dédain soit exprimé par la bonne opinion qu'on a de soi-@mê@@me, ou par la supériorité qu'on se connoît sur les autres, il n'en est pas moins une fierté sans ménagement, qui accable l'amour-propre de ceux qui en reçoivent les regards. Le front mollement froncé les sourcils lé@gère@ment rapprochés l'oeil médiocrement ou@vert, la prunelle de travers la bouche fer@mée, la lèvre supérieure recouvrant l'inférieure le cou redressé la tête toujours effacée voilà l'expression du Dédain. LA VÉNÉRATION DIVINE. Lorsque l'action des objets sacrés inspire la Vénération, toutes les parties du visage doivent être profondé@ment abaissées. Les sens extérieurs n'ayant aucune part dans ce sen@timent d'oubli de soi-même, les yeux et la bouche doivent être presque fermés le colo@ris foible la lèvre supérieure excédant l'in@férieure, les coins de la bouche foiblement relevés. La physionomie doit exprimer la sérénité de l'âme@, parce que cette contemplation inté@rieure n'inspire jamais rien de triste. LA VÉNÉRATION HUMAINE. La Vénération naît aussi de l'Estime c'est un sentiment d'admiration mêlé d'amour, de respect, et quelquefois, de crainte. C'est un hommage que l'on rend au rang et à la supé@riorité. Pour rendre son expression, qui in@dique la soumission de l'âme envers un objet qu'elle reconnoît au-dessus d'elle, la tête doit être inclinée, et tous les traits de la physiono@mie semblent s'abaisser les prunelles doivent être élevées sous les sourcils, la bouche en@tr'ouverte@, et les coins plus retirés en arrière que dans l'Estime. i, -1 j1 . ■■ 't' ' JJ J7 ,., ■ -v Jty.-sS. 7J 777. J 'i, r 2 'V V J.,.. rr yy x 'a , ,vz PI X -J ■ .v XI.J. l,ı.ı., . . V , Vrt f - r 7' A i -. IÍ wAv l lı I , , '1, v.xir. ' - sjY S ,'-, xr Le ,. v ' 1, 7 - r s 7 r a v r b J'f Aim -z r ! s v Z sv S S
AVIS PRÉLIMINAIRE. LA plupart des auteurs qui ont traité les Passions ont eu plus en vue la philosophie et la physique que les Beaux-Arts les uns, pour les soumettre à la raison, les autres, pour secourir la Nature lorsqu'elle en est tourmentée. Quant aux auteurs de l'Antiquité, ils sont si inférieurs aux monumens de leurs temps, dans tout ce qu'ils en ont écrit, qu'ils ne sont que des sources très-imparfaites plus entraînés par l'imagination que guidés par la recherche des vérités évidentes, leurs observations portent presque toujours sur des idées fausses, souvent liées à leur religion ou à leurs moeurs. Le langage de l'enthousiasme est celui des Passions il tient toute sa force de la Nature et du Génie il est celui des poëtes, des peintres et des sculpteurs et leurs productions sont des modèles où l'on en trouve les plus beaux développemens. Les Scholastiques du 15 et 16 e . siècle, en traitant les passions, en ont fait une science occulte. Descartes entreprit d'en débrouiller l'obscurité, mais tout ce qu'en a écrit ce philosophe ne regarde que les causes intérieures les Arts n'en peuvent tirer aucun profit. Il a cependant posé une base pour suivre la série des Passions d'après un principe si vrai, qu'il semble que son opinion doit prévaloir. Voici comment il s'explique. Le nombre des Passions qui sont simples et primitives n'est pas fort grand, car, en faisant une revue sur toutes celles que j'ai dénombrées, on peut aisément remarquer qu'il n'y en a que six qui soient telles, à savoir l'Admiration, l'Amour, la Haine, le Désir, la Joie, et la Tristesse et que toutes les autres sont composées de quelques-unes de ces six, ou bien en sont des espèces. C'est d'après cette sage observation bien mûrie dans la tête du philosophe, que j'ai classé les passions. L'effet extérieur de leur expression est l'objet essentiel pour l'étude des Beaux-Arts mais les passions se multiplient autant que la diversité des imaginations c'est pourquoi on ne peut arriver à des définitions exactes sur leur expression particulière, que d'après des principes généraux. Charles Le Brun, premier peintre de Louis XIV, dont les travaux immortels sont autant de preuves irrévocables des belles connoissances qu'il avoit de l'homme, en a fait un Traité pour les Conférences de l'Académie royale de peinture. Il a suivi les opinions de Descartes sur leurs causes et leurs effets internes il a même suivi sa méthode de les classer mais ses copistes n'y ont fait aucune attention, ce qui jette de la confusion dans son ouvrage. Les figures en sont le principal objet elles expriment dans la plus grande perfection le caractère de chaque Passion, et elles en ont fait toute la célébrité. Les observations dont elles sont accompagnées devoient nécessairement faire suite au Traité sur la physionomie, dont ce célèbre peintre s'occupoit quand la mort l'a surpris. Quelques fragmens assez défectueux, restés à la postérité, font cependant regretter qu'un ouvrage aussi important pour les Beaux-Arts n'ait point été fini, et que ce qui en a paru ait été aussi mal recueilli et si peu soigné dans l'exécution. Il est essentiel pour la mémoire de Le Brun, d'expliquer par quelle voie ces fragmens sont arrivés à la connoissance du public. La plupart de ceux qui assistoient à ses conférences, pour n'en point perdre le fruit, s'empressoient d'extraire ses discours, et en faisoient des recueils pour leur usage c'est sur plusieurs de ces manuscrits, mal rédigés, incorrects et tronqués partout, que Bernard Picart publia pour la première fois le Traité des Passions, en 1713, vingt-un ans après la mort de Le Brun. Ce petit ouvrage, très-rare aujourd'hui, est précieux pour les figures mais le style n'en est pas supportable, d'ailleurs très-mal imprimé et rempli de fautes typographiques. Le système général sur l'expression des passions de l'âme, que l'on retrouve dans ses figures, feroit un beau monument pour l'instruction, s'il étoit possible de suivre l'Artiste dans ses recherches et observations mais c'est un hommage à rendre à la mémoire de ce grand homme d'oser le tenter. Ma sensibilité et mon respect pour la mémoire des hommes célèbres qui ont jeté de si grandes lumières sur cet objet intéressant, sont les motifs qui m'ont déterminé à recueillir leur opinion et en composer un nouveau Traité des Passions pour l'étude des Arts. On rencontre des difficultés sans nombre quand on veut atteindre des vérités évidentes dans une science abstruse, mais elles s'accumulent bien davantage quand on se livre à l'arbitraire c'est pourquoi j'ai adopté une méthode, comme la voie la plus sûre pour lier les idées, être clair, précis et mieux entendu. Il est encore bien difficile de ne rien hasarder sur une matière où les opinions se multiplient autant que les idées mais pour m'écarter le moins possible de la vérité, j'ai suivi, autant qu'il a été en mon pouvoir, l'ordre naturel et primitif qu'indique la source des diverses affections du coeur humain. INTRODUCTION. L'EXPRESSION est une naïve et naturelle ressemblance de tous les objets que l'Artiste veut représenter. Elle sert à faire distinguer la nature des corps elle en accuse les mouvemens, en trace le caractère elle anime et peint la pensée. Elle est dans la couleur, dans le dessin, dans l'assemblage des figures. L'expression est le feu et la vie des Beaux-Arts un peintre, un poëte, un orateur sans expression, sont des corps sans âme. La nécessité de l'expression conduit à l'étude des Passions ce qui suppose la connoissance de l'homme. Pour les définir, il faut remonter à leur source. L'âme réside dans le cerveau elle est le centre des sens, qui rapportent tout à son entendement. Sa communication directe avec le coeur, semble s'expliquer dans l'effet que cet organe ressent des impressions qu'elle reçoit. Cette vertu sensitive et intellectuelle de l'âme et du coeur, qu'on peut appeler le principe du moral, est indivisible. Mais cette faculté de l'âme qui la porte sans cesse vers ce qui lui plaît, en surmontant les difficultés qu'elle rencontre à la poursuite du bien comme à la fuite du mal, se divise en deux appétits, qu'on appelle, Concupiscible , et Irascible. De cette faculté attractive et répulsive propre et particulière à son essence, découlent toutes les passions. Le visage est comme la toile où elles viennent toutes se peindre. Le changement de couleur, le tremblement, la langueur, les ris, les larmes, la défaillance, les gémissemens et les soupirs, sont les signes extérieurs de leur latitude l'oeil surtout les déclare presque toutes les hommes les plus stupides les comprennent au regard. Les ressorts de cet organe sont aux ordres de l'âme, il est aussi l'agent de ses impressions et de sa volonté. L'empire de l'oeil est si grand dans les passions, qu'il attire, repousse, électrise, avertit, commande et force l'attention. S'il est le miroir de l'âme, il en est aussi l'orateur. Sans l'oeil il n'y a plus d'expression. Elles sont toutes éteintes sur le visage de l'aveugle il n'en montre qu'une seule, qui est la tristesse. Les vices de conformation dans l'organe de la vue altèrent même l'expression elle se montre toujours équivoque par les yeux louches, comme la plus belle pensée par les sons inarticulés du bègue. Les diverses altérations que reçoit le corps pendant que les passions agitent l'âme, se multiplient à l'infini, et la cause qui les excite, les fortifie, et même les fixe, dépend souvent de la disposition des parties nobles ou du dérangement d'équilibre dans les humeurs et le sang. La haine, la jalousie, la colère, la vengeance s'enracinent souvent dans les coeus par des mouvemens si notables et tellement dépendans de la nature, qu'il semble n'être plus au pouvoir de ceux qui en sont dominés d'en détruire le venin. Les passions néanmoins dépendent de l'action de l'âme les organes qui les mettent en mouvement n'agissent qu'indirectement, et la volonté vaincue par l'empire de l'habitude, est l'effet de cette même action réitérée vers toutes celles que la nature contracte. Chaque homme a une passion dominante, dit Oxenstirn, et c'est toujours la plus difficile à corriger. Il y a peu de passions, et presque point qui ne soient composées de plusieurs autres mais il s'en trouve aussi dont l'assemblage en rend équivoque l'expression, lorsqu'elles sont douces et violentes, telles que l'estime, l'émulation, l'amour-propre, l'amitié. Les passions se réunissent toutes dans les remords, et aucune ne domine elles se passent en accès violens ou irréguliers. Cette réunion est monstrueuse sur le visage d'un joueur, d'un tyran, d'un homme atroce et sanguinaire. On peut encore remarquer que les fréquens accès des passions violentes décomposent les traits, et que souvent il en reste des empreintes sur la physionomie. Dans l'estime, l'émulation, l'amitié, et l'amour-propre, l'expression est mixte et presque insensible, si le sujet qui les cause ne fait point scène. Les passions ont un caractère propre et particulier lorsque la tête, plus que toutes les autres parties du corps, contribue à l'expression des sentimens du coeur. Les membres expriment bien certaines passions, les gestes et le mouvement persuadent et les rendent plus pathétiques mais la tête doit toutes les exprimer d'abord les autres parties du corps ne font que lui obéir, et lui servent d'armes et de secours pour remuer ou commander. Elle a ses mouvemens particuliers qui contribuent au caractère spécial de chaque passion. Elle se baisse dans l'humilité, elle s'élève dans l'arrogance et la fierté, elle s'abat sur les épaules dans la langueur, elle se roidit et reste fixe dans l'opiniâtreté. Les sentimens moraux de la pudeur, de l'admiration, de l'indignation, du doute, du dédain, s'expliquent sur le visage sans le secours du corps. Quintilien divise les passions en sentimens moraux et pathétiques. Le pathétique commande, et est fondé sur les plus violentes. Le moral persuade, et est fondé sur celles qui inspirent la douceur, la tendresse et l'humanité. Pour arriver à la définition des passions, sous le rapport des Beaux-Arts, nous les diviserons en deux classes, dans l'ordre qui suit. Les Passions primitives, et les Passions composées. Les passions primitives sont simples, naturelles, nullement précédées du jugement, causées par les seules sensations du corps et facultés sensitives de l'âme. Les passions composées participent des passions primitives elles ont chacune un caractère particulier, dont la force et l'expression naissent du mélange de plusieurs autres. Elles réunissent les passions morales, les passions pathétiques et les plus farouches. Dans le nombre, il s'en trouve sans expression particulière, et d'autres qui ne sont qu'un assemblage irrégulier de plusieurs, qu'on pourroit appeler passions anomales . Les sentimens qui sont les régulateurs des passions seront ensuite rangés par nuances dans l'ordre que leur indique la nature. Le nombre des passions seroit indéfini, si on entreprenoit de les analyser toutes c'est un grand ouvrage qu'on ne finira jamais, dont les galeries, le théâtre et les bibliothèques offrent des ébauches sublimes pour la raison, les moeurs et les arts, et des modèles parfaits lorsqu'on songe aux difficultés de les égaler. M. Watelet, à la suite de son poëme sur l'art de peindre, a fait quelques réflexions sur l'expression, qui sont très-judicieuses. Il a le premier essayé de ranger les passions par nuances. Cette légère esquisse promettoit un ouvrage aussi séduisant qu'utile, si l'auteur l'eut entrepris comme il se le proposoit. LES SIX PASSIONS PRIMITIVES. L'ADMIRATION. L'AMOUR. LA HAINE. LED E SIR. LA JOIE. LA TRISTESSE. PLANCHE I. L'ADMIRATION, d'après la famille de Darius de Le Brun. PLANCHE II. L'AMOUR, d'après l'antique, désigné l'Amour grec. PLANCHE III. La JOIE, d'après Sainte Anne, dans une Sainte Famille de Léonard de Vinci. PLANCHE IV. La HAINE, d'après un Pharisien, dans la femme adultère du Poussin. PLANCHE V. Le DÉSIR, d'après une vision de Saint Bruno du Guerchin. PLANCHE VI. La TRISTESSE, d'après Creuze, dans l'embrâsement de Troie du Dominiquin. L'ADMIRATION. L'Admiration simple est une subite surprise de l'âme, qui la porte à considérer avec attention tout ce qui lui semble aussi rare qu'extraordinaire cette passion n'ayant le bien ni le mal pour objet, mais seulement la connoissance des choses qui l'excitent, elle a plus de rapport avec les organes qui servent à la perception qu'avec le coeur. La circulation du sang n'en recevant que de foibles atteintes, les traits de la physionomie et son coloris n'éprouvent point les changemens qui ont assez ordinairement lieu dans la plupart des autres passions. L'Admiration simple doit donc être regardée comme la plus tempérée de toutes les passions, si les objets qui la causent ne produisent sur l'âme que des sensations amenées graduellement mais son expression croît si la surprise propre et particulière à cette passion est accompagnée de l'étonnement. C'est cette espèce d'admiration que le Tasse, l'Arioste, Le Brun, tracent comme un état d'immobilité, haussant le front et le sourcil. L'Admiration simple, pour être excitée, n'a besoin ni de l'ordre ni du jugement de la raison. Tous les hommes sont susceptibles d'admirer les choses d'une haute estime, tels que les grandes actions, la beauté, la générosité, la valeur, le courage, la bonté, l'esprit, les merveilles de la nature et celles du génie. L'oeil est spécial dans cette passion il doit être très-ouvert et fixe. Le Brun dit que le visage n'en reçoit que fort peu de changement dans toutes ses parties, et que s'il y en a, il n'est que dans l'élévation du sourcil alors il doit avoir les deux côtés égaux, l'oeil doit être très-ouvert, sans altération, ainsi que toutes les autres parties du visage. Cette passion ne produit qu'une suspension de mouvement, pour donner à l'âme le temps de se pénétrer de l'objet qui l'intéresse. L'Amour est un sentiment qui porte l'âme vers tout ce qui lui paroît aimable il est exclusif, et plus fort que le désir, qui se rapporte à l'avenir il est un consentement par lequel on se considère comme ne faisant qu'une partie de l'objet qu'on aime ou dont on désire la possession. Cette passion commande la nature entière tout cède à son empire. La résistance contre ses lois, gravées dans tous les coeurs, cause des phénomènes sur les organes et une grande variété dans son expression, qui caractérise le trouble ou la félicité qu'elle apporte dans l'âme. L'Amour est simple ou composé, et se divise en plusieurs espèces, qui émanent de quatre caractères généraux. L'Amour de bienveillance, l'Amour contemplatif, l'Amour de dévouement, et l'Amour de concupiscence. Une constante générosité de soins et d'intérêt pour l'objet aimé, distingue le premier les bons pères de famille, les bons époux, les amans fidèles et les amis sincères, en offrent sans cesse l'expression. L'amour contemplatif est dans l'action de l'esprit il est l'effet d'une profonde méditation, qui reporte constamment ou élève la pensée vers l'objet qui intéresse l'âme. Un entier abandon de soi-même, pour se consacrer aux volontés de la Divinité, de son prince et de sa patrie, est l'amour de dévouement les plus beaux développemens de son expression peuvent se rencontrer dans toutes les classes. Le motif de l'amour de concupiscence consiste uniquement dans la jouissance de soi-même, ou dans l'inclination d'une nature corrompue, qui ne désire que les plaisirs illicites telles sont par exemple les passions outrées de l'ambitieux, de l'avare, de l'intempérant et du brutal, qui ne suivent ordinairement que la doctrine de l'égoïsme. Les différens transports de l'âme agitée des passions de l'amour varient les traits de la physionomie. Dans l'amour simple les mouvemens sont doux, le front uni, les sourcils un peu élevés du côté de la prunelle, la tête inclinée vers l'objet qui cause l'amour, les yeux médiocrement ouverts, le blanc de l'oeil vif, éclatant, la prunelle doucement tournée vers l'objet, un peu étincelante et élevée. Le nez ne reçoit aucun changement, de même que toutes les parties, du visage 1 le coloris 1. Le Brun. de l'amour est vif, particulièrement sur les joues. Les vapeurs qui s'élèvent du coeur mouillent les lèvres et les colorent. Dans les désirs, les yeux sont vifs, animés, étincelans, la bouche entr'ouverte, le coloris très-ardent. Dans l'épanouissement du coeur, les yeux sont entr'ouverts et languissans, les paupières enflammées, les lèvres humides et vermeilles. L'extase ou l'abattement peignent l'âme absente du corps dans les jouissances de l'imagination ou dans les regrets de l'éloignement. L'amour malheureux et désespéré répand la paleur sur le visage et la langueur dans les membres. Si cette passion se tourne en délire, elle offre un égarement de situation et un contraste continuel de transports, de plaintes, de larmes, quelquefois de silence, ou même d'insensibilité. Dans l'Antiquité, les amans s'emparèrent de l'Élégie, consacrée aux funérailles, pour pleurer cette privation d'eux-mêmes dans les disgrâces de l'amour. L'expression en est sublime dans ces vers. La plaintive Élégie, en longs habits de deuil, Sait, les cheveux épars, gémir sur un cercueil. Elle peint des amans la joie et la tristesse, Flatte, menace, irrite, appaise une maîtresse 1. I. Art Poétique, Chant II. LA HAINE. La Haine simple est une émotion causée par les esprits, qui incitent l'âme à vouloir être séparée des objets qui se présentent à elle comme nuisibles. Cette passion, qui est directement opposée à l'amour, ne se divise point en autant d'espèces, parce que entre les maux dont on s'éloigne de volonté on ne remarque point tant de différence qu'entre les biens qui attachent et auxquels on est joint. Les antipathies naturelles, l'aversion, la répugnance n'opèrent à l'extérieur que de foibles changemens mais le ressentiment, l'animosité, la vengeance sont les grands mouvemens qui nourrissent la haine. Les humeurs, le sang et toutes les parties nobles en sont troublés dans leurs fonctions l'inégalité du pouls, de la chaleur du corps, la mobilité de l'oeil, de la figure et du coloris concourent à son expression. Ces sortes de haine ne s'enracinent ordinairement que dans les sujets dominés par un sang grossier, dont la circulation plus abondante par le foie, dans cette passion, entraîne au cerveau le fiel, qui en tretient dans l'âme l'aigreur et l'amertume. Cette malheureuse passion, portée jusqu'à l'excès, trace sur la figure des marques de cruauté, surtout quand elle est discrète et réservée. Il semble que la tristesse soit inséparable de la haine les plus foibles en donnent toujours des signes. La haine se montre sous un front ridé, l'oeil vif, et la prunelle cachée sous les sourcils abattus et froncés, regardant de travers, d'un côté contraire à la situation du visage, et dans une agitation continuelle les narines pâles, ouvertes, et retirées en arrière, les dents serrées les lèvres pâles et livides, la supérieure excédant l'inférieure assez ordinairement la bouche fermée, les coins retirés en arrière et fort abaissés, roidissant les muscles des mâchoires. Le coloris de la figure inégal et dominé de jaune. Le Brun dit qu'on ne remarque dans cette passion rien de particulier qui diffère de la jalousie et que les rapports qui existent entre elles viennent de ce que la jalousie engendre la haine. LE DÉSIR. La Passion du Désir est une agitation de l'âme, causée par les esprits, qui la disposent à vouloir, pour l'avenir, les choses qu'elle se figure lui être convenables ce mouvement de volonté vers un bien qu'on n'a pas, tend aussi à la conservation de celui qu'on possède, ainsi qu'à l'absence du mal qu'on éprouve et de celui qu'on redoute pour l'avenir. Il résulte de cette conséquence, que le désir et la fuite sont deux émotions contraires qui suivent le même mouvement, puisque l'un est toujours excité par l'autre, et qu'ils agissent également et dans le même temps. On ne peut rechercher la gloire, les richesses et la santé, sans fuir l'oubli, la pauvreté et la maladie. Ainsi, l'âme ne pouvant s'occuper de son bonheur sans fuir les maux qui s'y opposent, tous les désirs naissent de l'agrément et de l'horreur. Descartes observe que le désir agite le coeur plus violemment qu'aucune des autres passions, parce qu'il fournit au cerveau plus d'esprits, lesquels passant dans les muscles rendent tous les sens plus aigus, et toutes les parties du corps plus mobiles. Les esprits moroses, toujours disposés à murmurer contre les plus belles institutions de la nature, en voulant châtier les moeurs, appellent le désir un tyran qui ne se lasse jamais de tourmenter l'homme. Mais le sage, qui n'envisage les passions modérées que comme la source de toutes les vertus, regarde le désir comme un des plus grands bienfaits du Créateur, le mouvement spécial qui élève l'homme à sa dignité, et le berceau des jouissances faites pour sa félicité. Son expression, selon Le Brun, s'annonce par les sourcils pressés et avancés sur les yeux, qui doivent être ouverts, sans exagération la prunelle située au milieu de l'oeil et pleine de feu, les narines plus serrées du côté des yeux la bouche plus ouverte que dans l'amour simple, les coins retirés en arrière, la langue sur le bord des lèvres, le coloris aussi ardent que dans l'amour. LA JOIE. Cette passion simple est un mouvement vif et une agréable émotion de l'âme, lorsqu'elle jouit d'un bien qu'elle considère comme le sien propre, ou d'un bien qui la flatte et l'excite au plaisir. Elle est intellectuelle lorsqu'elle vient à l'âme par la seule action de l'âme, c'est-à-dire, des jouissances qu'elle se procure par son entendement. La joie tient l'âme en paix elle épanouit le coeur, elle inspire le génie, elle rend sensible aux agrémens de la vie et la prolonge elle est chérie des hommes, et adoucit leurs peines. Elle fut la première passion qui leur inspira les danses et les chants, pour célébrer avec un transport mesuré leur bonheur et leur reconnoissance. Elle se développe avec les mêmes attraits dans tous les âges de la vie. La disposition des organes favorise plus ou moins son expression. Les esprits égaux, la libre circulation du sang, tranquillisent l'âme et, en fortifiant les organes du cerveau, y entretiennent la gaieté. Son expression se remarque dans le front, qui est serein le sourcil sans mouvement, élevé par le milieu l'oeil médiocrement ouvert et riant la prunelle vive, éclatante les narines tant soit peu ouvertes les coins de la bouche doucement élevés le teint vif et les joues vermeilles. Descartes observe que la joie fait rougir, parce qu'elle fait ouvrir les écluses du coeur, et qu'alors le sang coulant avec plus de vitesse dans toutes les veines, sa chaleur et sa subtilité enflent médiocrement toutes les parties du visage. LA TRISTESSE. La Tristesse est un malaise de l'esprit, suscité par l'affliction, le déplaisir, la douleur, et quelquefois par une mélancolie naturelle. L'esprit frappé de quelques impressions fâcheuses, présentes, passées ou à venir, est une tristesse intellectuelle, très-souvent, dit Oxenstirn, l'effet d'une imagination gâtée par l'amour-propre, qui n'apercevant plus qu'une fause représentation des objets, les reçoit comme des accidens dignes de son affliction . Cette maladie de l'âme interdit les fonctions ordinaires, elle ralentit la circulation du sang, peint la pâleur sur le visage, énerve les membres et tue le courage cette passion maligne, froide, épuise l'humeur radicale, éteint la chaleur naturelle et flétrit le coeur. Les divers mouvemens dont l'âme est agitée dans la tristesse, sont autant de situations bien différentes dans la nature, et bien essentielles à observer pour l'éloquence de l'Art. La nature, livrée en proie à ses maux, présente l'expression d'une affliction profonde et la plus pathétique de la tristesse. Si elle n'est point suscitée par l'action des douleurs corporelles ou intellectuelles, mais par la surprise inopinée d'un événement qui prive l'âme de ses affections ou la frappe d'un spectacle touchant, elle n'est point accompagnée des mêmes symptômes. Les traits du visage n'en sont que foiblement altérés la nature n'ayant point encore éprouvé les effets de sa malignité, est plus consternée qu'abattue. Si les larmes viennent à son secours, le soulagement qu'elle en reçoit entretient les forces. Lorsque l'âme est atteinte de cette passion par des événemens qui lui sont étrangers ou qui ne peuvent lui être nuisibles, souvent elle trouve une certaine jouissance à s'en laisser émouvoir. Le peuple court en foule aux supplices, aux naufrages, il entoure le malheur, il se rend témoin des événemens funestes les belles tragédies font goûter un plaisir délicieux les maux d'autrui nous attachent l'esprit la pitié est un ravissement, une extase les larmes que nous versons, au sentiment d'Homère, sont une espèce de volupté 1 . 1. Esprit des Nations. Dans l'expression de la tristesse, dit Le Brun, les sourcils sont moins élevés du côté des joues que vers le milieu du front. Les prunelles sont troubles, le blanc de l'oeil jaune, les paupières abattues et gonflées, le tour des yeux livides, les narines tirant en bas, la bouche entr'ouverte la tête nonchalamment panchée sur une épaule toute la couleur du visage plombée, et les lèvres décolorées. Voici comme l'infortuné mari de Joconde montre les divers changemens de l'expression de la tristesse, sous la plume de l'Arioste. E la facia, che dianzi era si bella, Si cangia si, che più non sembra quella. Par che gl'occhi si ascondan ne la testa, Cresciato il naso par nel viso scarno De la beltà si poca li ne resta, Che ne potrà sar paragone indarno 1. i. Chant 28. RÉFLEXIONS GÉNÉRALES SUR L'ACTION, L'EXPRESSION ET L'USAGE DES PASSIONS, DANS LES BEAUX-ARTS. I ttri VS AGE DES PASSIONS. L'Amour-propre, le Tempérament, l'Opinion, sont les mobiles des passions ce qui conduit à deux sortes d'analyses, la Physique et la Morale. Mais je m'écarterois de mon but en parcourant un champ si vaste c'est à la morale à faire remarquer les propriétés des passions pour les convertir en vertus, qui ne leur soient point cependant contraires, car on ne sauroit déraciner dans l'homme ce qui le fait homme, ni traiter ses passions comme des soldats toujours rebelles à leurs chefs, plus disposés à choquer la raison qu'à combattre pour son autorité, sans confondre les mouvemens de l'appétit sensitif avec les déréglemens de la volonté. Libre de tout préjugé de secte, on ne peut considérer l'homme au-dessus de tous les événemens et de tous les maux, insensible à force de vertu surnaturelle, que comme un fantôme pour la politique, la morale et les arts il ne peut figurer ainsi que dans les rêveries de l'esprit humain 1 . Heureusement pour l'harmonie de l'univers, l'espèce en est rare dans la nature. Quelques réflexions, souvent indispensables pour la justesse de l'expression, suffiront dans le cours de cet ouvrage pour faire connoître l'avantage ou le danger des passions, et démontrer que quand elles fortifient le coeur et l'esprit par l'appas de l'estime, de la considération, ou de la gloire, elles font ressortir toutes les vertus utiles à la Société. 1 Voyez la République de Platon, la Doctrine des Stoïciens et le Contrat Social de J.-J. Rousseau. Admirons, dit le Père Brumoy, les talens et l'importance des passions ! que seroit-on sans elles ? le laboureur oisif laisseroit le soc inutile le pilote auroit horreur des dangers le riche insensible armeroit son coeur d'un bouclier de fer le vulgaire impuissant périroit les mères, oui, les tendres mères oublieroient leur tendresse et leurs enfans. Mais, grâce aux Passions, les coeurs savent être sensibles malgré eux. La mère s'attendrit sur ses enfans sa tendresse dévore tout sa douleur même lui plaît, elle est maternelle. Les noms de père, d'époux, de frère, de femme, d'ami ne sont plus de vains noms. Ce ne sont plus des fables, que l'humanité et la bonne foi elles sont connues des plus barbares nations, qui, sensibles aux mêmes revers que nous, témoignent ou feignent de témoigner que l'humanité ne leur est point étrangère, qu'elles sont prêtes à nous secourir dans nos malheurs, et que, du moins, elles ne veulent pas nuire à ce qui ne leur nuit pas. Otez les Passions ! que deviennent les arts ? tout l'univers retombe dans l'antique chaos. Rendez-les à l'homme ! les villes et les temples renaissent de leurs ruines, la vertu même revient. Vertu, née pour habiter avec les passions Vertu, qui sait prendre d'elles ses plus brillantes couleurs ! La tendresse dans les âmes tendres, la vigueur dans les fortes la douceur dans les âmes guerrières l'égalité si précieuse dans tous, et cette espèce d'immutabilité qui la met au-dessus des circonstances de l'humeur . S. Augustin avoue même que les passions sont les degrés pour arriver à cette haute félicité qui consiste en la possession du souverain bien. De la manière dont on doit considérer les Passions dans les Beaux-Arts, pour traiter le Sublime. Les Passions, dit Nicole, sont les seuls orateurs de la nature dont les règles sont infaillibles et l'homme le plus, simple, qui a de la passion, persuade mieux que le plus éloquent qui n'en a point. Cette pensée juste et vraie s'adresse à tousles Beaux-Arts elle s'applique à tous les systèmes de langage qu'adopte l'esprit humain, lorsqu'il veut faire entendre les accens de toutes les affections du coeur. Elle fait sentir que les transports de l'esprit étant communs au génie créateur, ainsi qu'à ceux dont il captive l'attention, la pensée ou la ma tière, sans l'émotion, ne rapporte aux sens que des sons monotones ou des actions sans vie qui glacent tous les sentimens. Pour espérer de toucher et de plaire, il faut que les actions soient les interprètes du coeur Mais il faut être touchés soi-mêmes les premiers, avant d'essayer de toucher les autres et pour se sentir émus, il faut se former des visions, des images des choses absentes, comme si effectivement elles étoient devant nos yeux et celui qui concevra plus fortement ces images, exprimera aussi les passions avec plus de véhémence 1 . Comment donc expliquer ce don d'émouvoir qui est plus dans la nature que dans l'art ce pathétique des passions d'où dépendent la force et l'énergie des impressions de l'âme ? Ce talent sublime n'est autre chose que l'enthousiasme des passions, ou la peinture vive des divers mouvemens qui agitent l'âme. Il est une manière d'exprimer et de sentir, qui fait disparoître l'art, qui force l'illusion à s'emparer des coeurs jusqu'à la persuasion, qui fait partager aux spectateurs les mouvemens qui animent le poëte, le peintre et l'orateur, et les rapprochent des scènes dont ils sont pour ainsi dire eux-mêmes acteurs. Ce talent rare, qui découle d'une extrême sensibilité, ne peut se transmettre par 1 Quintilien. aucune méthode. Il semble cependant, dit Quintilien, que cette partie si belle et si grande n'est pas inaccessible, et qu'on peut trouver un chemin qui y conduise assez facilement c'est de considérer la nature, et de l'imiter car les spectateurs ne sont émus par l'art, que lorsque l'imitation leur rappelle ce qu'ils sont accoutumés de voir et de sentir. Néanmoins il est indubitable que les mouvemens de l'âme qui sont étudiés par l'art, ne sont jamais si naturels que ceux qui se développent dans la chaleur d'une véritable passion. Les préceptes d'une science aussi précieuse ne sont pourtant point infructueux, car l'esprit pénétrant, toujours en communication avec les hommes qui ont pensé et approfondi le coeur humain, en reçoit de fortes impulsions n'offriroient-ils encore que des matériaux pour l'histoire de l'homme, combien doivent être chers ceux que rassemble l'artiste éclairé qui l'étudie sans cesse ! Charles Le Brun, qui figure dans le beau siècle de Louis XIV parmi les grands hommes qui ont presque tout fait et tout achevé dans les Lettres et les Arts, a laissé à la Postérité une savante dissertation sur l'expression es sayons de renouer ses pensées sur les excellentes figures qu'il a tracées de sa main I. I Nous avons fait un choix des figures de Le Brun, au simple trait , telles qu'elles ont été publiées par Bernard Picart. Voyez l'ordre de ces figures, page 44. On peut voir dans mon Avis préliminaire les motifs qui m'ont empêché de suivre le texte qui les accom-pagne. Les Passions s'annoncent par 1' Action. DEFINITION DE L'ACTION. Tout ce qui cause à l'âme de la passion s'exprime par l'action et comme la plupart des passions de l'âme produisent des actions corporelles, il est nécessaire, il est indispensable-de bien connoître toutes les parties du corps qui les expriment. Ce qui conduit à définir l'action et ses causes. L'action n'a lieu que par l'opération des agens qui causent un changement dans les muscles et dans la circulation des liqueurs et du sang et quoique les diverses préparations et fabriques de tous ces agens semblent inutiles pour expliquer le sentiment, ils ont néanmoins tant d'influence sur le mouvement, qu'on ne peut en perdre de vue les principes généraux. Le coeur est le principal organe de la circulation, et par conséquent du mouvement. Il reçoit le sang de toutes les parties du corps et le renvoie de même. Le coeur, suivant Descartes, contient un feu sans lumière qui raréfie et forme les esprits subtils qui s'élèvent au cerveau , où ils sont toujours abondamment entretenus et renvoyés du cerveau dans les nerfs et les muscles, pour les fortifier selon le besoin qu'exigent les fonctions auxquelles ils sont appelés par la nature ou l'empire de la volonté. Ainsi les parties qui agissent le plus, recevant aussi plus de matières subtiles, sont plus fortes et plus nourries de même, celles qui agissent peu, en recevant aussi moins, sont plus foibles et moins prononcées. En supposant que le mouvement s'exerce par la volonté, ou qu'il en soit indépendant, rien n'est cependant remué sans le secours d'une autre force agissante et cette puissance motrice peut elle-même se diviser en deux moteurs, dont l'un est dans le principe de vie, et l'autre dans l'intelligence ainsi toutes les parties du corps se meuvent continuellement sans que l'âme y prenne aucune part, lorsque rien extérieurement n'y apporte de changement. Mais l'action des corps extérieurs qui excitent dans l'âme des sensations nouvelles, produit ce mouvement de volonté, cette action dont le moteur est dans l'âme, et qui devient le principe de toutes les passions. Quoique l'âme soit jointe à toutes les parties du corps, il y a néanmoins diverses opinions touchant le lieu où elle exerce plus particulièrement ses fonctions les uns la placent dans la glande pinéale, située au milieu du cerveau, parce qu'ils regardent cette partie, qui est unique, comme le centre où viennent se réunir en un même son, et en une seule image, toutes les impressions doubles, d'un même objet, que reçoivent les doubles organes. D'autres la placent au coeur, parce que cet organe ressent aussi vivement et aussi promptement les impressions des corps extérieurs que le cerveau. Plusieurs causes majeures doivent faire adopter l'opinion que l'âme est placée dans le cerveau mais une des principales pour notre objet, c'est que le coeur ne prend pas une part également active dans toutes les passions. Nous avons déjà dit que, selon la Philosophie, toutes les passions dérivent des deux appétits qui divisent la partie sensitive de l'âme les passions simples dérivent du Concupiscible, et les plus farouches de l'Irascible. Cette division est extrêmement essentielle, avant d'entrer en matière sur les parties du corps qui concourent le plus spécialement a les exprimer. CARACTÈRES de Le Brun, dont l'explication fait le sujet du paragraphe suivant. PLANCHES. La Tranquillité Pl. VII, fig. A. L'Admiration simple. Pl. VII, fig. B. L'Étonnement. Pl. VII, fig. C. L'étonnement avec Frayeur. Pl. VII, fig. D. Douleur mêlée de Crainte. Pl. VIII, fig. E. Douleur extrême Corporelle. Pl. VIII, fig. F. Douleurs aiguës de Corps et d'Esprit Pl. VIII, fig. G. La Joie. Pl. VIII, fig. H. L'Abattement du coeur causé par la Tristesse. Pl. IX, fig. I. Mouvement de Douleur. Pl. IX, fig. K. Le Rire Pl. IX, fig. L.X, fig. L. Le Pleurer. Pl. IX, fig. M. La Haine. Pl. X, fig. N. Le Désespoir mêlé de fureur. Pl. X, fig. O. La Fureur mêlée de Rage. Pl. X, fig. P. La Haine mêlée de Cruauté. Pl. X, fig. Q. La Jalousie. Pl. XI, fig. R g S. La Colère. Pl. XI, fig. S. , fı g S. L'Horreur. Pl. XI, fig. T. La Crainte. Pl. XI, fig. V. Des Actions corporelles qui expriment les Passions de l'âme, suivant le système de Le Brun. S'il est vrai que l'âme exerce immédiatement ses fonctions dans le cerveau, on peut dire que le visage est la partie du corps où elle exprime plus particulièrement ce qu'elle ressent. L'action de fuir annonce la peur les membres roidis, les points fermés annoncent la colère beaucoup d'autres passions s'expriment encore par des actions corporelles mais le visage les exprime toutes. Le mouvement du sourcil surtout est très-remarquable la prunelle par son feu y concourt aussi puissamment mais le sourcil, dans deux mouvemens principaux et qui lui sont particuliers, explique plus positivement la nature de l'agitation. La bouche et le nez ont aussi beaucoup de part à l'expression mais on pourra voir dans la suite qu'ils suivent plus généralement les mouvemens du coeur. Les Anciens ont fait du nez le siége de la colère et de la moquerie l'ensemble de la figure du Satyre confirme cette dernière opinion Disce, sedira cadat naso, rugosaque sanna 1 et ailleurs Eum subdoloe irrisioni dicaverunt 2 . Ce qui prouve que les mouvemens du sourcil ont un rapport direct avec les deux appétits qui divisent la partie sensitive de l'âme, c'est qu'à mesure que les passions changent de nature, les sourcils changent de forme. Ils n'ont aucun mouvement dans la tranquillité 3 on peut juger de leurs positions naturelles. Ils deviennent un peu plus convexes dans l'admiration simple 4 , et suivent un mouvement égal, uniforme et doux. Mais, dans l'étonnement 5 , ils sont composés et si l'étonnement est mêlé de frayeur 6 , le mouvement est plus prononcé. C'est dans l'expression des passions pathétiques que les sourcils agissent avec plus de violence tous les mouvemens sont alors composés par le mélange de plusieurs causes 7 ils prennent une forme et un caractère aigu dans 1 Perse. 2 Pline. 3 Voyez Pl. VII, fig. A. 4 Voyez Pl. VII, fig. B. 5 Voyez Pl. VII, fig. C. 6 Voyez Pl. VII, fig. D. 7 Voyez Pl. VIII, fig. E. l'extrême douleur corporelle 1 et dans les douleurs aiguës de corps et d'esprit 2 . L'abattement ou l'élévation sont les deux principaux mouvemens du sourcil, en observant cependant qu'il a deux sortes d'élévation l'une qui exprime l'agrément, telle que la joie, et l'autre l'abattement du coeur ou la tristesse. Dans la joie 3 , les sourcils s'élèvent, et la bouche en relevant doucement par les côtés achève la peinture de ce mouvement. Dans la tristesse 4 , ils s'élèvent aussi, mais en baissant des côtés en ligne oblique, et les yeux et la la bouche semblent également suivre cette même inclinaison dans ses côtés mais la bouche relève du milieu ainsi que les yeux, vers le nez. Les sourcils relèvent encore dans les mouvemens de douleur 5 et dans les douleurs aiguës de corps et d'esprit 6 mais alors ils baissent du milieu et se rapprochent plus ou moins de l'oeil, en suivant les degrés de douleur ou d'affliction. 1 Vovez Pl. VIII, fig. F. 2 Voyez Pl. VIII, fig. G. 3 Voyez Pl. VIII, fig. H. 4 Voyez Pl. IX, fig. I. 5 Voyez Pl. IX, fig. K. 6 Voyez Pl. VIII, fig. G. déjà citée. Toutes les parties se suivent dans le rire 1 les sourcils s'abaissent vers le milieu du front le gonflement des joues rapetisse les yeux, les relève des côtés, et baisse le nez sur la lèvre supérieure la bouche et les ailes du nez relèvent dans la même direction. Les mouvemens du visage sont contraires, et tout opposés dans le pleurer 2 les sourcils se rapprochent également des yeux comme dans le rire, avec cette différence, que dans le rire il est uniforme, et composé dans le pleurer. Il ne prononce cependant pas le caractère aigu des douleurs de corps et d'esprit 3 3 mais il prend la même forme que dans les mouvemens de haine 5 , du côté des yeux, et relève toujours en ondoyant jusqu'à leur extrémité les yeux, les joues et la bouche inclinent dans le même sens mais dans cette direction, l'inclinaison de la bouche, dans ses extrémités, n'est pas si prononcée que celle des yeux et des joues, parce qu'elle est retenue par les deux lèvres qui se roidissent et se resserrent par le milieu, en se rapprochant du nez et du menton. 1 Voyez Pl. IX, fig. L. 2 Voyez Pl. IX, fig. M. 3-4 Voyez Pl. VIII, fig. F. et fig. G. 5 Voyez Pl. X, fig. P. Lorsque le coeur se roidit en mouvemens violens contre tout ce qui l'afflige, le visage exprime les passions les plus farouches, du désespoir mêlé de fureur 1 , de la fureur mêlée de rage 2 , et de la haine mêlée de cruauté 3 . Dans ces mouvemens violens, les sourcils ne se rapprochent point des yeux en angle aigu, ils s'élargissent au contraire en cédant aux muscles du front, qui les forcent à couvrir les points lacrymaux alors la prunelle ne suivant plus sa direction ordinaire, semble s'égarer dans l'orbite. Tous les traits du visage, dans ces divers mouvemens, se rapprochent avec force autour des yeux dans ces passions, l'expression de la bouche et du nez prononce un caractère particulier d'aigreur ce qui prouve, comme il a déjà été dit, que ces parties marquent plus particulièrement les mouvemens du coeur dans les passions où il a plus de part, la bouche, qui en est le principal agent, les exprime dans trois mouvemens principaux dans les accens de la douleur, elle baisse des côtés 4 1 Voyez Pl. X, fig. O. 2 Voyez Pl. X, fig. P. 3 Voyez Pl. X, fig. Q. 4 Voyez Pl. IX, fig. K. déjà citée. dans les transports de la joie, elle relève 1 , et dans les mouvemens d'aversion ou de jalousie 2 elle se pousse en avant, en relevant par le milieu. Ces principes généraux doivent s'appliquer à toutes les passions. Les sentimens qui les dirigent et les modifient supposent un ordre de la nature, qui émane des besoins physiques, moraux ou factices, et sont les nuances qui étendent et développent les facultés exclusives de l'homme. Mais il se présente des difficultés insurmontables lorsqu'on veut en suivre l'enchaînement dans l'ordre social souvent elles échappent aux recherches de l'observateur, et bientôt on en négligeroit l'étude si elles n'étoient sans cesse rappelées par les productions du génie qui réunissent l'approbation des siècles. Et qu'est-ce que l'on peut voir de plus parfait que l'Antique ? Quelle Nation fut jamais plus favorisée que les Grecs pour tout apprendre de la nature ? Si dans leurs jeux publics et leurs institutions libres ils trouvoient des avantages infinis pour observer les propor 1 Voyez Pl. VIII, fig. H. déjà citée. 2 Voyez Pl. XI, fig. R. déjà citée. tions et les grâces, les sensations y étoient aussi aperçues et gravées dans les esprits il ne s'agissoit que du choix pour achever l'image de la beauté. La force essentielle de l'âme, sans cesse excitée par des sentimens agréables, jetoit le germe de cette élégante et morale imitation avec laquelle ils surpassèrent la nature. Animer l'intelligence sur le marbre étoit la gloire qu'ambitionnoient les statuaires, mais les passions farouches qui défigurent l'homme ne s'accordoient point avec le système de perfectibilité qui caractérisoit le génie national aussi n'eurent-ils en vue que les affections les plus douces du coeur humain et les sensations les plus délicates. Ce rayon divin qui brille dans les statues grecques, éclairera toujours les nations qui se piqueront de goût. Chez tous les peuples qui ont cultivé les arts, l'expression des passions de l'âme a de tout temps été considérée comme l'époque de leur splendeur, et la nullité dans les actions, celle de leur décadence mais le climat, les moeurs et les usages ont une si grande influence sur la constitution physique de l'homme que ses organes en reçoivent une altération, qui lui fait perdre insensiblement l'expression des mouvemens naturels de son état primitif. Plus une Société sera nombreuse, dit M. Watelet, plus la force et la variété de l'expression doit s'affoiblir parce que l'ordre et l'uniformité seront les principes d'où naîtra ce qu'on appelle l'harmonie de la Société. Cette harmonie si nécessaire y gagnera sans doute, tandis que les Arts d'expression y perdront, parce qu'ils seront affectés peu à peu d'une monotonie qui leur ôtera les idées véritables de la nature. L'exemple, motif puissant qui influe sur les actions des hommes, augmente de pouvoir et d'autorité par l'augmentation du nombre et plus une ville capitale est peuplée et sociable, plus on doit céder au penchant de s'imiter les uns et les autres. Toutes ces réflexions feroient le désespoir des artistes, et nuiroient aux progrès de l'esprit humain, si la nature pouvoit perdre ses droits et sa franchise. Le voile des conventions ne fait que les dérober aux regards mais les arts en conservent l'idée simple et primitive, et sont les plus solides fondemens sur lesquels il reposeront eternellement. DIVISIONS DE L'ADMI RATION. Ière. Di on . LA SURPRISE. L'ÉTONNEMENT. IP. Divon. L'ESTIME. LE MÉPRIS. LE DÉDAIN. IIP. Divon. LA VÉNÉRATION DIVINE. LA VENERATION HUMAINE. PLANCHE XII. La SURPRISE, d'après le Martyre de Saint-Protais de Le Sueur. PLANCHE XIII. L'ÉTONNEMENT, d'après la Messe de Saint-Martin du même. PLANCHE XIV. L'ESTIME, d'après le Jugement de Salomon du Poussin. PLANCHE XV. Le MÉPRIS, d'après le tableau du Guide, où David est représenté tenant la tête du géant Goliath. PLANCHE XVI. Le DÉDAIN, d'après l'Apollon Pythien. PLANCHE XVII. La VÉNÉRATION DIVINE, d'après l'Ange, dans le tableau de Léonard de Vinci représentant la Vierge et Sainte-Anne. PLANCHE XVIII. La VÉNÉRATION HUMAINE, d'après la Reine, dans l'Apothéose de Henri IV de Rubens. LA SURPRISE. La Surprise est un mouvement soudain qui est produit dans l'âme par quelque chose d'inattendu. Son effet est de toucher vivement les parties les plus sensibles du cerveau et d'augmenter singulièrement les mouvemens qu'elle y excite. Mais nous avons déjà dit dans l'Admiration, que l'émotion de la Surprise dépend de toute la force de l'action et de son caractère de nouveauté car les objets dont l'esprit reçoit de fréquentes agitations ne causent plus de surprise. Dans les jouissances du sentiment et du goût elle fortifie les organes de l'entendement car l'admiration intellectuelle n'est qu'une longue surprise mêlée de respect et d'amour pour tout ce qui est grand et merveilleux. Elle diffère du simple étonnement, qui ne détermine pas toujours l'importance de l'objet qui en excite l'émotion. C'est ce qui a fait dire Qu'un homme d'esprit voit peu de choses dignes d'admiration, qu'un stupide n'admire rien, et qu'un sot trouve tout admirable . La satisfaction intérieure de soi-même, ou le repentir déterminent l'action de la Surprise et varient son expression, ainsi que le coloris du visage. L'oeil doit être très-ouvert et fixé sur l'objet qui cause l'émotion la bouche entr'ouverte, et les sourcils légèrement froncés. La Surprise fait rougir ou pâlir dans tous les cas, elle est toujours moins tempérée que l'admiration simple, à laquelle elle est toujours jointe et si intimement unie, qu'elle n'est excitée dans toutes les autres passions que lorsqu'elle se trouve réunie avec la faculté qui lui est propre et particulière. L'ÉTONNEMENT. L'Etonnement est une surprise inopinée, qui cause le trouble de l'admiration. Elle a tant de pouvoir sur les esprits, qu'elle les ramène tous vers l'objet qui fait impression, et les retient sur les organes les plus délicats de l'entendement, sans qu'ils puissent reprendre leur cours ordinaire. Cette impression violente affoiblit le cerveau, suspend les mouvemens du corps, et rend immobile. Cet état de stupéfaction interdit le jugement, et ne permet plus à l'âme d'acquérir une connoissance parfaite des objets qui l'arrêtent. L'âme en suspens, dans l'étonnement intellectuel, produit les mêmes effets toute occupée de son objet, elle ne voit que ce qui la frappe. Cette espèce de délire, qui augmente la force ou l'énergie des choses dont elle est touchée, suspend également les mouvemens du corps. En général, l'excès de cette passion nuit au moral comme au physique. L'ESTIME. A l'Admiration se joint encore l'Estime, qui prend sa source dans un discernement et un sens exquis, pour déterminer et apprécier la valeur du mérite, et le cas qu'on doit en faire dans ceux qui le possèdent. Voilà le premier degré de l'Estime et le vrai principe de la considération, qui ne consulte ni le rang ni la dignité. L'Estime diffère de l'amitié, en ce que son action est purement intellectuelle et presque toujours réciproque car il est rare de n'être pas payé de retour lorsqu'on possède ce sentiment inappréciable. Elle diffère encore de l'amitié lorsqu'on la considère pour soi-même, en ce que l'on ne peut pas se promettre de gagner tous les coeurs mais l'exemple nous prouve que l'on peut parvenir à commander l'estime de ses semblables. Pour exprimer l'Estime, il faut diriger toutes les parties du visage sur l'objet qui fixe l'attention alors les sourcils paroîtront légèrement avancés sur les yeux et pressés, sans effort, du côté du nez, en s'élevant vers leurs extrémités l'oeil fort ouvert, et la prunelle élevée les veines et les muscles du front, surtout près des yeux, doivent être médiocrement gonflés les narines un peu abaissées les joues foiblement enfoncées près des mâchoires la bouche peu entr'ouverte, les coins en arrière et inclinés. LE MÉPRIS. Si l'Estime est un sentiment qui rapporte sans cesse à l'âme l'objet de son affection, comme étant d'une haute valeur, de même le Mépris, quoiqu'il soit une des nuances de l'aversion, n'en est pas moins une inclination de l'âme à considérer avec une sorte d'attention les vices ou la bassesse de l'objet qu'elle méprise. Ces deux émotions également excitées et entretenues par des mouvemens par ticuliers fortifient, jusqu'à la passion, dans le cerveau, de vives impressions des objets qui les causent. Ainsi l'inclination à observer la grandeur ou la petitesse des objets ayant, dans ses effets, les mêmes causes que celles qui excitent l'Admiration, l'Estime et le Mépris doivent en être regardés comme des espèces. Suivant Le Brun, l'expression du Mépris s'annonce par les sourcils froncés, baissés du côté du nez, et relevés aux extrémités l'oeil très-ouvert, et la prunelle au milieu les narines retirées en haut la bouche fermée, les coins abaissés, et la lèvre inférieure excédant la supérieure. Descartes observe que le mouvement des esprits qui cause l'estime ou le mépris, est si manifeste, quand on rapporte ces deux pas sions à soi-même, qu'il change la mine, les gestes, la démarche, et généralement toutes les actions de ceux qui conçoivent une meilleure ou une plus mauvaise opinion d'eux mêmes qu'à l'ordinaire. LE DÉDAIN. Le degré d'estime qu'on a de soi-même, mis en comparaison avec le peu de cas que l'on fait du mérite d'autrui, est toujours la cause du Dédain. Dans les âmes fortes qui s'élèvent au-dessus de la crainte, il est une sorte de mépris des menaces et des tourmens mêmes. Souvent ce sentiment est plus affecté que vrai mais cela ne change rien à son expression. Que le Dédain soit exprimé par la bonne opinion qu'on a de soi-même, ou par la supériorité qu'on se connoît sur les autres, il n'en est pas moins une fierté sans ménagement, qui accable l'amour-propre de ceux qui en reçoivent les regards. Le front mollement froncé les sourcils légèrement rapprochés l'oeil médiocrement ouvert, la prunelle de travers la bouche fermée, la lèvre supérieure recouvrant l'inférieure le cou redressé la tête toujours effacée voilà l'expression du Dédain. LA VÉNÉRATION DIVINE. Lorsque l'action des objets sacrés inspire la Vénération, toutes les parties du visage doivent être profondément abaissées. Les sens extérieurs n'ayant aucune part dans ce sentiment d'oubli de soi-même, les yeux et la bouche doivent être presque fermés le coloris foible la lèvre supérieure excédant l'inférieure, les coins de la bouche foiblement relevés. La physionomie doit exprimer la sérénité de l'âme, parce que cette contemplation intérieure n'inspire jamais rien de triste. LA VÉNÉRATION HUMAINE. La Vénération naît aussi de l'Estime c'est un sentiment d'admiration mêlé d'amour, de respect, et quelquefois, de crainte. C'est un hommage que l'on rend au rang et à la supériorité. Pour rendre son expression, qui indique la soumission de l'âme envers un objet qu'elle reconnoît au-dessus d'elle, la tête doit être inclinée, et tous les traits de la physionomie semblent s'abaisser les prunelles doivent être élevées sous les sourcils, la bouche entr'ouverte, et les coins plus retirés en arrière que dans l'Estime. i, -1 j1 . ■■ 't' ' JJ J7 ,., ■ -v Jty.-sS. 7J 777. J 'i, r 2 'V V J.,.. rr yy x 'a , ,vz PI X -J ■ .v XI.J. l,ı.ı., . . V , Vrt f - r 7' A i -. IÍ wAv l lı I , , '1, v.xir. ' - sjY S ,'-, xr Le ,. v ' 1, 7 - r s 7 r a v r b J'f Aim -z r ! s v Z sv S S
996
0.018786
0.097079
868.txt
1,858
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 177 - Où courez-vous donc ainsi? dit-il en rattrapant Ludovic dans une de ses évolutions pittoresques. Vous allez vous faire couper en quatre par les voitures. - Mais non, mais non, répondit celui-ci en s'obstinant et en repoussant l'appui qui lui était offert. - Pas de ça, grand homme, dit Melchior en s'emparant de lui, et ne faites pas le fier. Vous avez un diplôme, et je n'en ai point voilà ce qui nous sépare. Mais j'ai la jambe solide et vous ne l'avez guère, mon garçon. Voilà ce qui rétablit le niveau. Prenez mon bras, vous dis-je, et ne le ménagez pas. il en a supporté de plus plombés que vous. Ludovic ne résista plus d'ailleurs il n'eût pu le faire. Mel-chior le tenait sjrré comme dans un étau et lui donnait du maintien, bon gré mal gré. Ils traversèrent la rue et prirent le trottoir opposé. -- Où allons-nous de ce pas? dit alors Melchior. De nouveau Ludovic eut l'envie de se révolter et de s'af-franchir d'un joug qui lui pesait. - J'irai seul, répondit-il. Passez votre chemin, je trou-verai le mien. -- Pour qui me prenez-vous? s'écria Melchior Moi, veut abandonner? Dans les brouillards où vous êtes? Jamais. - Des brouillards? Qu'entendez-vous par là? - J'entends ce que j'entends, grand homme, ce qui est vi-sible à tous les yeux. Vous avez pris un coup de soleil, mon devoir est de vous déposer en lieu sûr. Il serait indécent da laisser battre les murs à un garçon comme vous, qui vient d'enlever son diplôme à la pointe d'un examen comme on en voit peu. J'en serais responsable aux yeux de la postérité. Voyons, soyez calme et ne bourrez pas votre bienfaiteur. La traito est longue d'ici chez vous. -Vous m'avez grisé à dessein, dit Ludovic en se raidissant. - Moi, grand homme ! Vous calomniez la vertu la plus pure que le soleil ait jamais éclairée. Je vous ai offert de la boisson, c'est vrai j'y ai mis quelque grandeur, c'est ma manière j'ai voulu que l'hommage fût à la hauteur du suc-cès. Voilà mes torts et ils sont de ceux qu'on avoue à la face de l'univers. Quant aux vôtres, c'est différent. Vous n'avez pas su prendre votre mesure et trébuchez sur un sol jonché de vos lauriers.
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 177 - Où courez-vous donc ainsi@? dit-il en rattrapant Ludovic dans une de ses évolutions pittoresques. Vous allez vous faire couper en quatre par les voitures. - Mais non, mais non, répondit celui-ci en s'obstinant et en repoussant l'appui qui lui était offert. - Pas de ça, grand homme, dit Melchior en s'emparant de lui, et ne faites pas le fier. Vous avez un diplôme, et je n'en ai point voilà ce qui nous sépare. Mais j'ai la jambe solide et vous ne l'avez guère, mon garçon. Voilà ce qui rétablit le niveau. Prenez mon bras, vous dis-je, et ne le ménagez pas. il en a supporté de plus plombés que vous. Ludovic ne résista plus d'ailleurs il n'eût pu le faire. Mel-chior le tenait sjrré comme dans un étau et lui donnait du maintien, bon gré mal gré. Ils traversèrent la rue et prirent le trottoir opposé. -- Où allons-nous de ce pas@? dit alors Melchior. De nouveau Ludovic eut l'envie de se révolter et de s'af-franchir d'un joug qui lui pesait. - J'irai seul, répondit-il. Passez votre chemin, je trou-verai le mien. -- Pour qui me prenez-vous@? s'écria Melchior@ Moi, veut abandonner@? Dans les brouillards où vous êtes@? Jamais. - Des brouillards@? Qu'entendez-vous par là@? - J'entends ce que j'entends, grand homme, ce qui est vi-sible à tous les yeux. Vous avez pris un coup de soleil, mon devoir est de vous déposer en lieu sûr. Il serait indécent da laisser battre les murs à un garçon comme vous, qui vient d'enlever son diplôme à la pointe d'un examen comme on en voit peu. J'en serais responsable aux yeux de la postérité. Voyons, soyez calme et ne bourrez pas votre bienfaiteur. La traito est longue d'ici chez vous. -Vous m'avez grisé à dessein, dit Ludovic en se raidissant. - Moi, grand homme ! Vous calomniez la vertu la plus pure que le soleil ait jamais éclairée. Je vous ai offert de la boisson, c'est vrai j'y ai mis quelque grandeur, c'est ma manière j'ai voulu que l'hommage fût à la hauteur du suc-cès. Voilà mes torts et ils sont de ceux qu'on avoue à la face de l'univers. Quant aux vôtres, c'est différent. Vous n'avez pas su prendre votre mesure et trébuchez sur un sol jonché de vos lauriers.
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 177 -@Où courez-vous donc ainsi ? dit-il en rattrapant Ludovic dans une de ses évolutions pittoresques. Vous allez vous faire couper en quatre par les voitures. -@Mais non, mais non, répondit celui-ci en s'obstinant et en repoussant l'appui qui lui était offert. -@Pas de ça, grand homme, dit Melchior en s'emparant de lui, et ne faites pas le fier. Vous avez un diplôme, et je n'en ai point voilà ce qui nous sépare. Mais j'ai la jambe solide et vous ne l'avez guère, mon garçon. Voilà ce qui rétablit le niveau. Prenez mon bras, vous dis-je, et ne le ménagez pas. Il en a supporté de plus plombés que vous. Ludovic ne résista plus d'ailleurs il n'eût pu le faire. Mel-chior le tenait serré comme dans un étau et lui donnait du maintien, bon gré mal gré. Ils traversèrent la rue et prirent le trottoir opposé. @-@Où allons-nous de ce pas ? dit alors Melchior. De nouveau Ludovic eut l'envie de se révolter et de s'af-franchir d'un joug qui lui pesait. -@J'irai seul, répondit-il. Passez votre chemin, je trou-verai le mien. @-@Pour qui me prenez-vous ? s'écria Melchior. Moi, vous abandonner ? Dans les brouillards où vous êtes ? Jamais. -@Des brouillards ? Qu'entendez-vous par là ? -@J'entends ce que j'entends, grand homme, ce qui est vi-sible à tous les yeux. Vous avez pris un coup de soleil, mon devoir est de vous déposer en lieu sûr. Il serait indécent de laisser battre les murs à un garçon comme vous, qui vient d'enlever son diplôme à la pointe d'un examen comme on en voit peu. J'en serais responsable aux yeux de la postérité. Voyons, soyez calme et ne bourrez pas votre bienfaiteur. La traite est longue d'ici chez vous. -Vous m'avez grisé à dessein, dit Ludovic en se raidissant. -@Moi, grand homme ! Vous calomniez la vertu la plus pure que le soleil ait jamais éclairée. Je vous ai offert de la boisson, c'est vrai j'y ai mis quelque grandeur, c'est ma manière j'ai voulu que l'hommage fût à la hauteur du suc-cès. Voilà mes torts et ils sont de ceux qu'on avoue à la face de l'univers. Quant aux vôtres, c'est différent. Vous n'avez pas su prendre votre mesure et trébuchez sur un sol jonché de vos lauriers.
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 177 -@Où courez-vous donc ainsi ? dit-il en rattrapant Ludovic dans une de ses évolutions pittoresques. Vous allez vous faire couper en quatre par les voitures. -@Mais non, mais non, répondit celui-ci en s'obstinant et en repoussant l'appui qui lui était offert. -@Pas de ça, grand homme, dit Melchior en s'emparant de lui, et ne faites pas le fier. Vous avez un diplôme, et je n'en ai point voilà ce qui nous sépare. Mais j'ai la jambe solide et vous ne l'avez guère, mon garçon. Voilà ce qui rétablit le niveau. Prenez mon bras, vous dis-je, et ne le ménagez pas. Il en a supporté de plus plombés que vous. Ludovic ne résista plus d'ailleurs il n'eût pu le faire. Mel-chior le tenait serré comme dans un étau et lui donnait du maintien, bon gré mal gré. Ils traversèrent la rue et prirent le trottoir opposé. @-@Où allons-nous de ce pas ? dit alors Melchior. De nouveau Ludovic eut l'envie de se révolter et de s'af-franchir d'un joug qui lui pesait. -@J'irai seul, répondit-il. Passez votre chemin, je trou-verai le mien. @-@Pour qui me prenez-vous ? s'écria Melchior. Moi, vous abandonner ? Dans les brouillards où vous êtes ? Jamais. -@Des brouillards ? Qu'entendez-vous par là ? -@J'entends ce que j'entends, grand homme, ce qui est vi-sible à tous les yeux. Vous avez pris un coup de soleil, mon devoir est de vous déposer en lieu sûr. Il serait indécent de laisser battre les murs à un garçon comme vous, qui vient d'enlever son diplôme à la pointe d'un examen comme on en voit peu. J'en serais responsable aux yeux de la postérité. Voyons, soyez calme et ne bourrez pas votre bienfaiteur. La traite est longue d'ici chez vous. -Vous m'avez grisé à dessein, dit Ludovic en se raidissant. -@Moi, grand homme ! Vous calomniez la vertu la plus pure que le soleil ait jamais éclairée. Je vous ai offert de la boisson, c'est vrai j'y ai mis quelque grandeur, c'est ma manière j'ai voulu que l'hommage fût à la hauteur du suc-cès. Voilà mes torts et ils sont de ceux qu'on avoue à la face de l'univers. Quant aux vôtres, c'est différent. Vous n'avez pas su prendre votre mesure et trébuchez sur un sol jonché de vos lauriers.
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 177 -Où courez-vous donc ainsi ? dit-il en rattrapant Ludovic dans une de ses évolutions pittoresques. Vous allez vous faire couper en quatre par les voitures. -Mais non, mais non, répondit celui-ci en s'obstinant et en repoussant l'appui qui lui était offert. -Pas de ça, grand homme, dit Melchior en s'emparant de lui, et ne faites pas le fier. Vous avez un diplôme, et je n'en ai point voilà ce qui nous sépare. Mais j'ai la jambe solide et vous ne l'avez guère, mon garçon. Voilà ce qui rétablit le niveau. Prenez mon bras, vous dis-je, et ne le ménagez pas. Il en a supporté de plus plombés que vous. Ludovic ne résista plus d'ailleurs il n'eût pu le faire. Mel-chior le tenait serré comme dans un étau et lui donnait du maintien, bon gré mal gré. Ils traversèrent la rue et prirent le trottoir opposé. -Où allons-nous de ce pas ? dit alors Melchior. De nouveau Ludovic eut l'envie de se révolter et de s'af-franchir d'un joug qui lui pesait. -J'irai seul, répondit-il. Passez votre chemin, je trou-verai le mien. -Pour qui me prenez-vous ? s'écria Melchior. Moi, vous abandonner ? Dans les brouillards où vous êtes ? Jamais. -Des brouillards ? Qu'entendez-vous par là ? -J'entends ce que j'entends, grand homme, ce qui est vi-sible à tous les yeux. Vous avez pris un coup de soleil, mon devoir est de vous déposer en lieu sûr. Il serait indécent de laisser battre les murs à un garçon comme vous, qui vient d'enlever son diplôme à la pointe d'un examen comme on en voit peu. J'en serais responsable aux yeux de la postérité. Voyons, soyez calme et ne bourrez pas votre bienfaiteur. La traite est longue d'ici chez vous. -Vous m'avez grisé à dessein, dit Ludovic en se raidissant. -Moi, grand homme ! Vous calomniez la vertu la plus pure que le soleil ait jamais éclairée. Je vous ai offert de la boisson, c'est vrai j'y ai mis quelque grandeur, c'est ma manière j'ai voulu que l'hommage fût à la hauteur du suc-cès. Voilà mes torts et ils sont de ceux qu'on avoue à la face de l'univers. Quant aux vôtres, c'est différent. Vous n'avez pas su prendre votre mesure et trébuchez sur un sol jonché de vos lauriers.
25
0.011633
0.042986
28.txt
1,863
-23 -sainte fille, une âme est vraiment dignedecom-passion, dura deux années entières, et finit lors-qu'Armelle s'y attendait le moins. Le chan-gement qui se fit en elle fut si grand et si prompt, qu'elle ne trouvait point de termes pour l'exprimer et elle avoua qu'elle en fut plus frappée que de la résurrection d'un mort. Il est vrai qu'elle dut l'être, puisque depuis cet heureux moment jusqu'à la fin de sa vie , elle ne ressentit pas la plus légère impression contre la pureté, et qu'elle acquit un. empire si puissant sur ses passions, que rien ne fut plus capable d'altérer la paix et l'égalité de son âme. Son amour pour Dieu, tel qu'un feu qui, après avoir été long-temps captif dans le sein de la terre, force enfin les obstacles et se répand avec impétuosité, se ralluma avec plus d'ardeur que jamais., et par une heureu-se propagation, se communiqua à tout ce qui l'approchait. Une fièvre qui lui dura huit mois, et qui lui était causée par, une plaie de l'amour divin , beaucoup plus que par aucune cause natu-relle, l'ayant obligée de venir à Vannes , elle y trouvai.un directeur capable de la guider dans les voies de la sublime perfection ..Par son conseil, elle entra, chez les religieuses ursu-
-23 -sainte fille, une âme est vraiment dignedecom-passion, dura deux années entières, et finit lors-qu'Armelle s'y attendait le moins. Le chan-gement qui se fit en elle fut si grand et si prompt, qu'elle ne trouvait point de termes pour l'exprimer et elle avoua qu'elle en fut plus frappée que de la résurrection d'un mort. Il est vrai qu'elle dut l'être, puisque depuis cet heureux moment jusqu'à la fin de sa vie , elle ne ressentit pas la plus légère impression contre la pureté, et qu'elle acquit un. empire si puissant sur ses passions, que rien ne fut plus capable d'altérer la paix et l'égalité de son âme. Son amour pour Dieu, tel qu'un feu qui, après avoir été long-temps captif dans le sein de la terre, force enfin les obstacles et se répand avec impétuosité, se ralluma avec plus d'ardeur que jamais., et par une heureu-se propagation, se communiqua à tout ce qui l'approchait. Une fièvre qui lui dura huit mois, et qui lui était causée par, une plaie de l'amour divin , beaucoup plus que par aucune cause natu-relle, l'ayant obligée de venir à Vannes , elle y trouvai.un directeur capable de la guider dans les voies de la sublime perfection ..Par son conseil, elle entra, chez les religieuses ursu-
########### fille, une âme est vraiment dignedecom-passion, dura deux années entières, et finit lors-qu'Armelle s'y attendait le moins. Le chan-gement qui se fit en elle fut si grand et si prompt, qu'elle ne trouvait point de termes pour l'exprimer et elle avoua qu'elle en fut plus frappée que de la résurrection d'un mort. Il est vrai qu'elle dut l'être, puisque depuis cet heureux moment jusqu'à la fin de sa vie , elle ne ressentit pas la plus légère impression contre la pureté, et qu'elle acquit un@ empire si puissant sur ses passions, que rien ne fut plus capable d'altérer la paix et l'égalité de son âme. Son amour pour Dieu, tel qu'un feu qui, après avoir été long-temps captif dans le sein de la terre, force enfin les obstacles et se répand avec impétuosité, se ralluma avec plus d'ardeur que jamais@, et par une heureu-se propagation, se communiqua à tout ce qui l'approchait. Une fièvre qui lui dura huit mois, et qui lui était causée par, une plaie de l'amour divin , beaucoup plus que par aucune cause natu-relle, l'ayant obligée de venir à Vannes , elle y trouva@ un directeur capable de la guider dans les voies de la sublime perfection . Par son conseil, elle entra, chez les religieuses ursu-
-23 -sainte fille, une âme est vraiment dignedecom-passion, dura deux années entières, et finit lors-qu'Armelle s'y attendait le moins. Le chan-gement qui se fit en elle fut si grand et si prompt, qu'elle ne trouvait point de termes pour l'exprimer et elle avoua qu'elle en fut plus frappée que de la résurrection d'un mort. Il est vrai qu'elle dut l'être, puisque depuis cet heureux moment jusqu'à la fin de sa vie , elle ne ressentit pas la plus légère impression contre la pureté, et qu'elle acquit un@ empire si puissant sur ses passions, que rien ne fut plus capable d'altérer la paix et l'égalité de son âme. Son amour pour Dieu, tel qu'un feu qui, après avoir été long-temps captif dans le sein de la terre, force enfin les obstacles et se répand avec impétuosité, se ralluma avec plus d'ardeur que jamais@, et par une heureu-se propagation, se communiqua à tout ce qui l'approchait. Une fièvre qui lui dura huit mois, et qui lui était causée par, une plaie de l'amour divin , beaucoup plus que par aucune cause natu-relle, l'ayant obligée de venir à Vannes , elle y trouva@ un directeur capable de la guider dans les voies de la sublime perfection . Par son conseil, elle entra, chez les religieuses ursu-
-23 -sainte fille, une âme est vraiment dignedecom-passion, dura deux années entières, et finit lors-qu'Armelle s'y attendait le moins. Le chan-gement qui se fit en elle fut si grand et si prompt, qu'elle ne trouvait point de termes pour l'exprimer et elle avoua qu'elle en fut plus frappée que de la résurrection d'un mort. Il est vrai qu'elle dut l'être, puisque depuis cet heureux moment jusqu'à la fin de sa vie , elle ne ressentit pas la plus légère impression contre la pureté, et qu'elle acquit un empire si puissant sur ses passions, que rien ne fut plus capable d'altérer la paix et l'égalité de son âme. Son amour pour Dieu, tel qu'un feu qui, après avoir été long-temps captif dans le sein de la terre, force enfin les obstacles et se répand avec impétuosité, se ralluma avec plus d'ardeur que jamais, et par une heureu-se propagation, se communiqua à tout ce qui l'approchait. Une fièvre qui lui dura huit mois, et qui lui était causée par, une plaie de l'amour divin , beaucoup plus que par aucune cause natu-relle, l'ayant obligée de venir à Vannes , elle y trouva un directeur capable de la guider dans les voies de la sublime perfection . Par son conseil, elle entra, chez les religieuses ursu-
5
0.004132
0.025105
934.txt
1,858
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 255 personne n'y avait songé. Melchior avait ce don il s'em-parait des gens et ne lâchait prise que lorsque cela lui con venait. Ce fut de lui-même qu'il prit congé. Nous nous étions abordés en ennemis nous allions nous quitter les meilleurs amis du monde. Non pas qu'il y eut là-dedans quelque chose de sérieux ni de dangereux pour vous mais ce bon vivant avait jeté sur notrfrintérieur un peu de vie et de mouvement il avait fait rire ma grand'mère, il l'avait tenue éveillée sans effort et heureuse de cette distraction. Je lui savais gré de cela, et en retour j'oubliai complètement les petits ennuis qu'il m'avait autrefois causés, ses impertihences, ses airs évaporés, ses pipes, ses cravates et sa .barbe. Il gagnait à être vu de près et y reprenait tous ses avantages. De toute' la solréeT il ne lui échappa rien qui pût blesser mes oreilles, ni contrarier la révolution qui s'opérait en moi. Il se contint, il s'observa d'une manière parfaite jusqu'au moment où il nous quitta. J'étais loin de m'attendre à la suprisé qu'il me ména-geait. Il s'était levé et avait salué la grand'mère, qui lui avait tendu la main très-affectùeùsemeilt. De mon côté, j'avais pris le flambeau pour le reconduire. Il était tard les étages supérieurs étaient déjà dans les téhèbres, et à moins de l'exposer à une chute, il me fallait le raccompagner le long des degrés. Lui pourtant se confondait en excuses et me sup-pliait à chaque marché de ne pas aller plus loin. Enfin je cédai, et me disposai à l'abandonner. Déjà les derniers mots étaient échangés et j'allais reûionter l'escalier quand mon flambeati s'éteignit tout à coup. Ëtait-ce lui? Était-ce le veut? Je ne l'ai jamais su mais, au moment où l'obscurité se fit, jetne sentis saisie par la taille, et, sans que je pusse m'en dé-fendre, embrassée sur les deux joues avec une ardeur qui me couvrit de confusion. Je poussai un cri déjà l'audacieux avait disparu. Rentrée au logis, je rallumai le flambeau, de façon à ce que la grand'mère ne pùt se douter de rien, ni m'adresser de questions embarrassantes. Déjà le mystère commençait déjà, entre Melchior et moi, s'ourdissait une sorte de com-plicité. J'étais outrée de ce qu'il venait de se permettre je me promettais bien de ne pas m'y exposer de nouveau, et de
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 255 personne n'y avait songé. Melchior avait ce don il s'em-parait des gens et ne lâchait prise que lorsque cela lui con venait. Ce fut de lui-même qu'il prit congé. Nous nous étions abordés en ennemis nous allions nous quitter les meilleurs amis du monde. Non pas qu'il y eut là-dedans quelque chose de sérieux ni de dangereux pour vous mais ce bon vivant avait jeté sur notrfrintérieur un peu de vie et de mouvement il avait fait rire ma grand'mère, il l'avait tenue éveillée sans effort et heureuse de cette distraction. Je lui savais gré de cela, et en retour j'oubliai complètement les petits ennuis qu'il m'avait autrefois causés, ses impertihences, ses airs évaporés, ses pipes, ses cravates et sa .barbe. Il gagnait à être vu de près et y reprenait tous ses avantages. De toute' la solréeT il ne lui échappa rien qui pût blesser mes oreilles, ni contrarier la révolution qui s'opérait en moi. Il se contint, il s'observa d'une manière parfaite jusqu'au moment où il nous quitta. J'étais loin de m'attendre à la su@prisé qu'il me ména-geait. Il s'était levé et avait salué la grand'mère, qui lui avait tendu la main très-affectùeùsemeilt. De mon côté, j'avais pris le flambeau pour le reconduire. Il était tard les étages supérieurs étaient déjà dans les téhèbres, et à moins de l'exposer à une chute, il me fallait le raccompagner le long des degrés. Lui pourtant se confondait en excuses et me sup-pliait à chaque marché de ne pas aller plus loin. Enfin je cédai, et me disposai à l'abandonner. Déjà les derniers mots étaient échangés et j'allais reûionter l'escalier quand mon flambeati s'éteignit tout à coup. Ëtait-ce lui@? Était-ce le veut@? Je ne l'ai jamais su mais, au moment où l'obscurité se fit, jetne sentis saisie par la taille, et, sans que je pusse m'en dé-fendre, embrassée sur les deux joues avec une ardeur qui me couvrit de confusion. Je poussai un cri déjà l'audacieux avait disparu. Rentrée au logis, je rallumai le flambeau, de façon à ce que la grand'mère ne pùt se douter de rien, ni m'adresser de questions embarrassantes. Déjà le mystère commençait déjà, entre Melchior et moi, s'ourdissait une sorte de com-plicité. J'étais outrée de ce qu'il venait de se permettre je me promettais bien de ne pas m'y exposer de nouveau, et de
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 255 personne n'y avait songé. Melchior avait ce don il s'em-parait des gens et ne lâchait prise que lorsque cela lui con venait. Ce fut de lui-même qu'il prit congé. Nous nous étions abordés en ennemis nous allions nous quitter les meilleurs amis du monde. Non pas qu'il y eut là-dedans quelque chose de sérieux ni de dangereux pour vous mais ce bon vivant avait jeté sur notre intérieur un peu de vie et de mouvement il avait fait rire ma grand'mère, il l'avait tenue éveillée sans effort et heureuse de cette distraction. Je lui savais gré de cela, et en retour j'oubliai complétement les petits ennuis qu'il m'avait autrefois causés, ses impertinences, ses airs évaporés, ses pipes, ses cravates et sa @barbe. Il gagnait à être vu de près et y reprenait tous ses avantages. De toute@ la soirée, il ne lui échappa rien qui pût blesser mes oreilles, ni contrarier la révolution qui s'opérait en moi. Il se contint, il s'observa d'une manière parfaite jusqu'au moment où il nous quitta. J'étais loin de m'attendre à la surprise qu'il me ména-geait. Il s'était levé et avait salué la grand'mère, qui lui avait tendu la main très-affectueuseme@nt. De mon côté, j'avais pris le flambeau pour le reconduire. Il était tard les étages supérieurs étaient déjà dans les ténèbres, et à moins de l'exposer à une chute, il me fallait le raccompagner le long des degrés. Lui pourtant se confondait en excuses et me sup-pliait à chaque marche de ne pas aller plus loin. Enfin je cédai, et me disposai à l'abandonner. Déjà les derniers mots étaient échangés et j'allais re@monter l'escalier quand mon flambea@u s'éteignit tout à coup. Était-ce lui ? Était-ce le vent ? Je ne l'ai jamais su mais, au moment où l'obscurité se fit, je me sentis saisie par la taille, et, sans que je pusse m'en dé-fendre, embrassée sur les deux joues avec une ardeur qui me couvrit de confusion. Je poussai un cri déjà l'audacieux avait disparu. Rentrée au logis, je rallumai le flambeau, de façon à ce que la grand'mère ne pût se douter de rien, ni m'adresser de questions embarrassantes. Déjà le mystère commençait déjà, entre Melchior et moi, s'ourdissait une sorte de com-plicité. J'étais outrée de ce qu'il venait de se permettre je me promettais bien de ne pas m'y exposer de nouveau, et de
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 255 personne n'y avait songé. Melchior avait ce don il s'em-parait des gens et ne lâchait prise que lorsque cela lui con venait. Ce fut de lui-même qu'il prit congé. Nous nous étions abordés en ennemis nous allions nous quitter les meilleurs amis du monde. Non pas qu'il y eut là-dedans quelque chose de sérieux ni de dangereux pour vous mais ce bon vivant avait jeté sur notre intérieur un peu de vie et de mouvement il avait fait rire ma grand'mère, il l'avait tenue éveillée sans effort et heureuse de cette distraction. Je lui savais gré de cela, et en retour j'oubliai complétement les petits ennuis qu'il m'avait autrefois causés, ses impertinences, ses airs évaporés, ses pipes, ses cravates et sa @barbe. Il gagnait à être vu de près et y reprenait tous ses avantages. De toute@ la soirée, il ne lui échappa rien qui pût blesser mes oreilles, ni contrarier la révolution qui s'opérait en moi. Il se contint, il s'observa d'une manière parfaite jusqu'au moment où il nous quitta. J'étais loin de m'attendre à la surprise qu'il me ména-geait. Il s'était levé et avait salué la grand'mère, qui lui avait tendu la main très-affectueuseme@nt. De mon côté, j'avais pris le flambeau pour le reconduire. Il était tard les étages supérieurs étaient déjà dans les ténèbres, et à moins de l'exposer à une chute, il me fallait le raccompagner le long des degrés. Lui pourtant se confondait en excuses et me sup-pliait à chaque marche de ne pas aller plus loin. Enfin je cédai, et me disposai à l'abandonner. Déjà les derniers mots étaient échangés et j'allais re@monter l'escalier quand mon flambea@u s'éteignit tout à coup. Était-ce lui ? Était-ce le vent ? Je ne l'ai jamais su mais, au moment où l'obscurité se fit, je me sentis saisie par la taille, et, sans que je pusse m'en dé-fendre, embrassée sur les deux joues avec une ardeur qui me couvrit de confusion. Je poussai un cri déjà l'audacieux avait disparu. Rentrée au logis, je rallumai le flambeau, de façon à ce que la grand'mère ne pût se douter de rien, ni m'adresser de questions embarrassantes. Déjà le mystère commençait déjà, entre Melchior et moi, s'ourdissait une sorte de com-plicité. J'étais outrée de ce qu'il venait de se permettre je me promettais bien de ne pas m'y exposer de nouveau, et de
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 255 personne n'y avait songé. Melchior avait ce don il s'em-parait des gens et ne lâchait prise que lorsque cela lui con venait. Ce fut de lui-même qu'il prit congé. Nous nous étions abordés en ennemis nous allions nous quitter les meilleurs amis du monde. Non pas qu'il y eut là-dedans quelque chose de sérieux ni de dangereux pour vous mais ce bon vivant avait jeté sur notre intérieur un peu de vie et de mouvement il avait fait rire ma grand'mère, il l'avait tenue éveillée sans effort et heureuse de cette distraction. Je lui savais gré de cela, et en retour j'oubliai complétement les petits ennuis qu'il m'avait autrefois causés, ses impertinences, ses airs évaporés, ses pipes, ses cravates et sa barbe. Il gagnait à être vu de près et y reprenait tous ses avantages. De toute la soirée, il ne lui échappa rien qui pût blesser mes oreilles, ni contrarier la révolution qui s'opérait en moi. Il se contint, il s'observa d'une manière parfaite jusqu'au moment où il nous quitta. J'étais loin de m'attendre à la surprise qu'il me ména-geait. Il s'était levé et avait salué la grand'mère, qui lui avait tendu la main très-affectueusement. De mon côté, j'avais pris le flambeau pour le reconduire. Il était tard les étages supérieurs étaient déjà dans les ténèbres, et à moins de l'exposer à une chute, il me fallait le raccompagner le long des degrés. Lui pourtant se confondait en excuses et me sup-pliait à chaque marche de ne pas aller plus loin. Enfin je cédai, et me disposai à l'abandonner. Déjà les derniers mots étaient échangés et j'allais remonter l'escalier quand mon flambeau s'éteignit tout à coup. Était-ce lui ? Était-ce le vent ? Je ne l'ai jamais su mais, au moment où l'obscurité se fit, je me sentis saisie par la taille, et, sans que je pusse m'en dé-fendre, embrassée sur les deux joues avec une ardeur qui me couvrit de confusion. Je poussai un cri déjà l'audacieux avait disparu. Rentrée au logis, je rallumai le flambeau, de façon à ce que la grand'mère ne pût se douter de rien, ni m'adresser de questions embarrassantes. Déjà le mystère commençait déjà, entre Melchior et moi, s'ourdissait une sorte de com-plicité. J'étais outrée de ce qu'il venait de se permettre je me promettais bien de ne pas m'y exposer de nouveau, et de
27
0.01179
0.06
920.txt
1,858
CE qu'oit PEUT VOIR DANS UNE RUE. 239 XXIII Quand Ludovic se retrouva seul et en présence de cet en-voi mystérieuse coeur lui battit comme autrefois. Ce passé, qu'il croyait oublié, reparut avec ses souvenirs charmants ou douloureux. Un envoi de Marguerite 1 Pourquoi? dans quel sentiment? dans quel but? que pouvait-il s'échanger désormais entre elle et lui, si ce n'est de pénibles récrimi-nations ? Il s'y perdait. Le paquet était sous ses yeux, sur sa table, et il n'osait y toucher, tant il avait peur d'y découvrir un nouveau sujet de souffrance. Enfin il se décida à briser l'enveloppe sous un second cachet, -et soigneusement plié, était un manuscrit. Ludovic y jeta les yeux c'était de la main de Marguerite. Un nuage obscurcit sa vue il crut qu'il allait défaillir, et ce ne fut pas sans effort qu'il parvint à se remettre et à lire ce qui suit Ludovic, il est un moment dans la vie où l'on a besoin de pardon j'en suis arrivée à ce moment. Je vous ai offensé, j'ai eu envers vous des torts bien graves et que j'ai cruelle-ment expiés. Voulez-vous que je vous dise aujourd'hui quel rôle la fatalité a joué en tout cela ? Ce n'est point une justi-fication que j'entreprends c'est une explication et un exa-men de conscience. Vous verrez bientôt à quel point mes aveux sont désintéressés., et que je n'en attends pas autre chose qu'un bon sentiment de votre part. Il me reste, grâce à. ciel, assez de fierté dans le coeur pour porter seule le poids de mes hontes, et à aucun prix je ne voudrais en rejeter la moindre part sur autrui. C'est donelibrement et sans arrière-pensée que je vais vous parler. Dieu me garde de vous faire le moindre reproche, Lu-dovic je n'ai que moi à accuser. Et pourtant laissez-moi vous dire jue vous ne m'avez pas comprise. C'est ma-faute, j'aurais dû me montrer telle que j'étais. De ce que vous me voyiez assidue à ma besogne, tranquille en apparence et ne songeant à rien, si- ce n'est à mes chiffons, vous avez dû croire que chez moi toute imagination était morte, et que j'étais par-dessus tout une fille sensée, méthodique, plus ca.
CE qu'oit PEUT VOIR DANS UNE RUE. 239 XXIII Quand Ludovic se retrouva seul et en présence de cet en-voi mystérieu@@@se coeur lui battit comme autrefois. Ce passé, qu'il croyait oublié, reparut avec ses souvenirs charmants ou douloureux. Un envoi de Marguerite 1 Pourquoi@? dans quel sentiment@? dans quel but@? que pouvait-il s'échanger désormais entre elle et lui, si ce n'est de pénibles récrimi-nations ? Il s'y perdait. Le paquet était sous ses yeux, sur sa table, et il n'osait y toucher, tant il avait peur d'y découvrir un nouveau sujet de souffrance. Enfin il se décida à briser l'enveloppe sous un second cachet, -et soigneusement plié, était un manuscrit. Ludovic y jeta les yeux c'était de la main de Marguerite. Un nuage obscurcit sa vue il crut qu'il allait défaillir, et ce ne fut pas sans effort qu'il parvint à se remettre et à lire ce qui suit Ludovic, il est un moment dans la vie où l'on a besoin de pardon j'en suis arrivée à ce moment. Je vous ai offensé, j'ai eu envers vous des torts bien graves et que j'ai cruelle-ment expiés. Voulez-vous que je vous dise aujourd'hui quel rôle la fatalité a joué en tout cela ? Ce n'est point une justi-fication que j'entreprends c'est une explication et un exa-men de conscience. Vous verrez bientôt à quel point mes aveux sont désintéressés., et que je n'en attends pas autre chose qu'un bon sentiment de votre part. Il me reste, grâce à. ciel, assez de fierté dans le coeur pour porter seule le poids de mes hontes, et à aucun prix je ne voudrais en rejeter la moindre part sur autrui. C'est don@elibrement et sans arrière-pensée que je vais vous parler. Dieu me garde de vous faire le moindre reproche, Lu-dovic je n'ai que moi à accuser. Et pourtant laissez-moi vous dire jue vous ne m'avez pas comprise. C'est ma-faute, j'aurais dû me montrer telle que j'étais. De ce que vous me voyiez assidue à ma besogne, tranquille en apparence et ne songeant à rien, si- ce n'est à mes chiffons, vous avez dû croire que chez moi toute imagination était morte, et que j'étais par-dessus tout une fille sensée, méthodique, plus ca.
CE ###### PEUT VOIR DANS UNE RUE. 239 XXIII Quand Ludovic se retrouva seul et en présence de cet en-voi mystérieux, le coeur lui battit comme autrefois. Ce passé, qu'il croyait oublié, reparut avec ses souvenirs charmants ou douloureux. Un envoi de Marguerite ! Pourquoi ? dans quel sentiment ? dans quel but ? que pouvait-il s'échanger désormais entre elle et lui, si ce n'est de pénibles récrimi-nations ? Il s'y perdait. Le paquet était sous ses yeux, sur sa table, et il n'osait y toucher, tant il avait peur d'y découvrir un nouveau sujet de souffrance. Enfin il se décida à briser l'enveloppe sous un second cachet, @et soigneusement plié, était un manuscrit. Ludovic y jeta les yeux c'était de la main de Marguerite. Un nuage obscurcit sa vue il crut qu'il allait défaillir, et ce ne fut pas sans effort qu'il parvint à se remettre et à lire ce qui suit Ludovic, il est un moment dans la vie où l'on a besoin de pardon j'en suis arrivée à ce moment. Je vous ai offensé, j'ai eu envers vous des torts bien graves et que j'ai cruelle-ment expiés. Voulez-vous que je vous dise aujourd'hui quel rôle la fatalité a joué en tout cela ? Ce n'est point une justi-fication que j'entreprends c'est une explication et un exa-men de conscience. Vous verrez bientôt à quel point mes aveux sont désintéressés@, et que je n'en attends pas autre chose qu'un bon sentiment de votre part. Il me reste, grâce à@ ciel, assez de fierté dans le coeur pour porter seule le poids de mes hontes, et à aucun prix je ne voudrais en rejeter la moindre part sur autrui. C'est donc librement et sans arrière-pensée que je vais vous parler. Dieu me garde de vous faire le moindre reproche, Lu-dovic je n'ai que moi à accuser. Et pourtant laissez-moi vous dire que vous ne m'avez pas comprise. C'est ma faute, j'aurais dû me montrer telle que j'étais. De ce que vous me voyiez assidue à ma besogne, tranquille en apparence et ne songeant à rien, si@ ce n'est à mes chiffons, vous avez dû croire que chez moi toute imagination était morte, et que j'étais par-dessus tout une fille sensée, méthodique, plus ###
CE qu'oit PEUT VOIR DANS UNE RUE. 239 XXIII Quand Ludovic se retrouva seul et en présence de cet en-voi mystérieux, le coeur lui battit comme autrefois. Ce passé, qu'il croyait oublié, reparut avec ses souvenirs charmants ou douloureux. Un envoi de Marguerite ! Pourquoi ? dans quel sentiment ? dans quel but ? que pouvait-il s'échanger désormais entre elle et lui, si ce n'est de pénibles récrimi-nations ? Il s'y perdait. Le paquet était sous ses yeux, sur sa table, et il n'osait y toucher, tant il avait peur d'y découvrir un nouveau sujet de souffrance. Enfin il se décida à briser l'enveloppe sous un second cachet, @et soigneusement plié, était un manuscrit. Ludovic y jeta les yeux c'était de la main de Marguerite. Un nuage obscurcit sa vue il crut qu'il allait défaillir, et ce ne fut pas sans effort qu'il parvint à se remettre et à lire ce qui suit Ludovic, il est un moment dans la vie où l'on a besoin de pardon j'en suis arrivée à ce moment. Je vous ai offensé, j'ai eu envers vous des torts bien graves et que j'ai cruelle-ment expiés. Voulez-vous que je vous dise aujourd'hui quel rôle la fatalité a joué en tout cela ? Ce n'est point une justi-fication que j'entreprends c'est une explication et un exa-men de conscience. Vous verrez bientôt à quel point mes aveux sont désintéressés@, et que je n'en attends pas autre chose qu'un bon sentiment de votre part. Il me reste, grâce à@ ciel, assez de fierté dans le coeur pour porter seule le poids de mes hontes, et à aucun prix je ne voudrais en rejeter la moindre part sur autrui. C'est donc librement et sans arrière-pensée que je vais vous parler. Dieu me garde de vous faire le moindre reproche, Lu-dovic je n'ai que moi à accuser. Et pourtant laissez-moi vous dire que vous ne m'avez pas comprise. C'est ma faute, j'aurais dû me montrer telle que j'étais. De ce que vous me voyiez assidue à ma besogne, tranquille en apparence et ne songeant à rien, si@ ce n'est à mes chiffons, vous avez dû croire que chez moi toute imagination était morte, et que j'étais par-dessus tout une fille sensée, méthodique, plus ca.
CE qu'oit PEUT VOIR DANS UNE RUE. 239 XXIII Quand Ludovic se retrouva seul et en présence de cet en-voi mystérieux, le coeur lui battit comme autrefois. Ce passé, qu'il croyait oublié, reparut avec ses souvenirs charmants ou douloureux. Un envoi de Marguerite ! Pourquoi ? dans quel sentiment ? dans quel but ? que pouvait-il s'échanger désormais entre elle et lui, si ce n'est de pénibles récrimi-nations ? Il s'y perdait. Le paquet était sous ses yeux, sur sa table, et il n'osait y toucher, tant il avait peur d'y découvrir un nouveau sujet de souffrance. Enfin il se décida à briser l'enveloppe sous un second cachet, et soigneusement plié, était un manuscrit. Ludovic y jeta les yeux c'était de la main de Marguerite. Un nuage obscurcit sa vue il crut qu'il allait défaillir, et ce ne fut pas sans effort qu'il parvint à se remettre et à lire ce qui suit Ludovic, il est un moment dans la vie où l'on a besoin de pardon j'en suis arrivée à ce moment. Je vous ai offensé, j'ai eu envers vous des torts bien graves et que j'ai cruelle-ment expiés. Voulez-vous que je vous dise aujourd'hui quel rôle la fatalité a joué en tout cela ? Ce n'est point une justi-fication que j'entreprends c'est une explication et un exa-men de conscience. Vous verrez bientôt à quel point mes aveux sont désintéressés, et que je n'en attends pas autre chose qu'un bon sentiment de votre part. Il me reste, grâce à ciel, assez de fierté dans le coeur pour porter seule le poids de mes hontes, et à aucun prix je ne voudrais en rejeter la moindre part sur autrui. C'est donc librement et sans arrière-pensée que je vais vous parler. Dieu me garde de vous faire le moindre reproche, Lu-dovic je n'ai que moi à accuser. Et pourtant laissez-moi vous dire que vous ne m'avez pas comprise. C'est ma faute, j'aurais dû me montrer telle que j'étais. De ce que vous me voyiez assidue à ma besogne, tranquille en apparence et ne songeant à rien, si ce n'est à mes chiffons, vous avez dû croire que chez moi toute imagination était morte, et que j'étais par-dessus tout une fille sensée, méthodique, plus ca.
16
0.007696
0.033493
908.txt
1,858
224 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. - Hélas 1 mon père, j'ai bien peur qu'il ne résiste pas au coup que je reçois. Il raconta ce qui venait de lui arriver et comment il avait vainement frappé à la porte de la jeune fille. Ce fut alors conjectures sur conjectures. On pressa de nouveau le con-cierge, qui se renferma plus que jamais dans sa dignité. A l'entendre, mademoiselle Marguerite devait être chez elle il ne l'avait pas vue sortir, et jurait ses grands dieux qu'elle n'aurait pas pu mettre sa vigilance en défaut il ajoutait qu'il était connu dans le quartier pour faire bonne garde, que la maison était tranquille et citée pour ses moeurs enfin, tout le répertoire à l'usage des souverains de la loge, et relevé par un débit qui n'appartient qu'à cette institution. La pensée d'un accident prévalut alors dans les esprits. - Si elle s'était trouvée mal? dit un des assistants. - Si elle allait passer faute de soins ? dit l'autre. - Peut-êlre un fourneau mal éteint? - Ou bien une chute? - Un malheur est si vite arrivé 1 - Quand on vit seul, on est sujet à ces événements. - Qui le sait? Un suicide ! Ce mot frappa Ludovic comme le son d'un tocsin. A l'ins-tant même, il se souvint de cette mélancolie incurable qui s'était trahie tant de fois, de cette langueur, de cet abatte-ment dont il avait été témoin, et qu'il avait vainement cher-ché à dissiper. Y aurait-il eu dans ce coeur un combat mystérieux dont cette aventure serait le dénoûment ? A peine cette pensée se fut-elle emparée de lui, qu'un cri lui échappa. - Il faut enfoncer la porte, dit-il. En même temps, il s'élança vers l'escalier et en franchit les premières marches. Si vraiment il y avait une victime, il fallait se hâter de la sauver toute minute de retard pouvait être funeste. Ce fut l'avis de l'assistance, qui répéta d'une voix - C'est cela enfonçons la porte. Mais on avait compté sans le concierge et ses scrupules d'état. Ce dignitaire voyait sa responsabilité engagée, et, quelque prompt que fût Ludovic, il fut plus prompt encore. -Un instant, dit-il, en se mettant en travers de l'escalier
224 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. - Hélas 1 mon père, j'ai bien peur qu'il ne résiste pas au coup que je reçois. Il raconta ce qui venait de lui arriver et comment il avait vainement frappé à la porte de la jeune fille. Ce fut alors conjectures sur conjectures. On pressa de nouveau le con-cierge, qui se renferma plus que jamais dans sa dignité. A l'entendre, mademoiselle Marguerite devait être chez elle il ne l'avait pas vue sortir, et jurait ses grands dieux qu'elle n'aurait pas pu mettre sa vigilance en défaut il ajoutait qu'il était connu dans le quartier pour faire bonne garde, que la maison était tranquille et citée pour ses moeurs enfin, tout le répertoire à l'usage des souverains de la loge, et relevé par un débit qui n'appartient qu'à cette institution. La pensée d'un accident prévalut alors dans les esprits. - Si elle s'était trouvée mal@? dit un des assistants. - Si elle allait passer faute de soins ? dit l'autre. - Peut-êlre un fourneau mal éteint@? - Ou bien une chute@? - Un malheur est si vite arrivé 1 - Quand on vit seul, on est sujet à ces événements. - Qui le sait@? Un suicide ! Ce mot frappa Ludovic comme le son d'un tocsin. A l'ins-tant même, il se souvint de cette mélancolie incurable qui s'était trahie tant de fois, de cette langueur, de cet abatte-ment dont il avait été témoin, et qu'il avait vainement cher-ché à dissiper. Y aurait-il eu dans ce coeur un combat mystérieux dont cette aventure serait le dénoûment ? A peine cette pensée se fut-elle emparée de lui, qu'un cri lui échappa. - Il faut enfoncer la porte, dit-il. En même temps, il s'élança vers l'escalier et en franchit les premières marches. Si vraiment il y avait une victime, il fallait se hâter de la sauver toute minute de retard pouvait être funeste. Ce fut l'avis de l'assistance, qui répéta d'une voix - C'est cela enfonçons la porte. Mais on avait compté sans le concierge et ses scrupules d'état. Ce dignitaire voyait sa responsabilité engagée, et, quelque prompt que fût Ludovic, il fut plus prompt encore. -Un instant, dit-il, en se mettant en travers de l'escalier
224 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -@Hélas ! mon père, j'ai bien peur qu'il ne résiste pas au coup que je reçois. Il raconta ce qui venait de lui arriver et comment il avait vainement frappé à la porte de la jeune fille. Ce fut alors conjectures sur conjectures. On pressa de nouveau le con-cierge, qui se renferma plus que jamais dans sa dignité. A l'entendre, mademoiselle Marguerite devait être chez elle il ne l'avait pas vue sortir, et jurait ses grands dieux qu'elle n'aurait pas pu mettre sa vigilance en défaut il ajoutait qu'il était connu dans le quartier pour faire bonne garde, que la maison était tranquille et citée pour ses moeurs enfin, tout le répertoire à l'usage des souverains de la loge, et relevé par un débit qui n'appartient qu'à cette institution. La pensée d'un accident prévalut alors dans les esprits. -@Si elle s'était trouvée mal ? dit un des assistants. -@Si elle allait passer faute de soins ? dit l'autre. -@Peut-être un fourneau mal éteint ? -@Ou bien une chute ? -@Un malheur est si vite arrivé ! -@Quand on vit seul, on est sujet à ces événements. -@Qui le sait ? Un suicide ! Ce mot frappa Ludovic comme le son d'un tocsin. A l'ins-tant même, il se souvint de cette mélancolie incurable qui s'était trahie tant de fois, de cette langueur, de cet abatte-ment dont il avait été témoin, et qu'il avait vainement cher-ché à dissiper. Y aurait-il eu dans ce coeur un combat mystérieux dont cette aventure serait le dénoûment ? A peine cette pensée se fut-elle emparée de lui, qu'un cri lui échappa. -@Il faut enfoncer la porte, dit-il. En même temps, il s'élança vers l'escalier et en franchit les premières marches. Si vraiment il y avait une victime, il fallait se hâter de la sauver toute minute de retard pouvait être funeste. Ce fut l'avis de l'assistance, qui répéta d'une voix -@C'est cela enfonçons la porte. Mais on avait compté sans le concierge et ses scrupules d'état. Ce dignitaire voyait sa responsabilité engagée, et, quelque prompt que fût Ludovic, il fut plus prompt encore. -Un instant, dit-il, en se mettant en travers de l'escalier
224 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -@Hélas ! mon père, j'ai bien peur qu'il ne résiste pas au coup que je reçois. Il raconta ce qui venait de lui arriver et comment il avait vainement frappé à la porte de la jeune fille. Ce fut alors conjectures sur conjectures. On pressa de nouveau le con-cierge, qui se renferma plus que jamais dans sa dignité. A l'entendre, mademoiselle Marguerite devait être chez elle il ne l'avait pas vue sortir, et jurait ses grands dieux qu'elle n'aurait pas pu mettre sa vigilance en défaut il ajoutait qu'il était connu dans le quartier pour faire bonne garde, que la maison était tranquille et citée pour ses moeurs enfin, tout le répertoire à l'usage des souverains de la loge, et relevé par un débit qui n'appartient qu'à cette institution. La pensée d'un accident prévalut alors dans les esprits. -@Si elle s'était trouvée mal ? dit un des assistants. -@Si elle allait passer faute de soins ? dit l'autre. -@Peut-être un fourneau mal éteint ? -@Ou bien une chute ? -@Un malheur est si vite arrivé ! -@Quand on vit seul, on est sujet à ces événements. -@Qui le sait ? Un suicide ! Ce mot frappa Ludovic comme le son d'un tocsin. A l'ins-tant même, il se souvint de cette mélancolie incurable qui s'était trahie tant de fois, de cette langueur, de cet abatte-ment dont il avait été témoin, et qu'il avait vainement cher-ché à dissiper. Y aurait-il eu dans ce coeur un combat mystérieux dont cette aventure serait le dénoûment ? A peine cette pensée se fut-elle emparée de lui, qu'un cri lui échappa. -@Il faut enfoncer la porte, dit-il. En même temps, il s'élança vers l'escalier et en franchit les premières marches. Si vraiment il y avait une victime, il fallait se hâter de la sauver toute minute de retard pouvait être funeste. Ce fut l'avis de l'assistance, qui répéta d'une voix -@C'est cela enfonçons la porte. Mais on avait compté sans le concierge et ses scrupules d'état. Ce dignitaire voyait sa responsabilité engagée, et, quelque prompt que fût Ludovic, il fut plus prompt encore. -Un instant, dit-il, en se mettant en travers de l'escalier
224 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -Hélas ! mon père, j'ai bien peur qu'il ne résiste pas au coup que je reçois. Il raconta ce qui venait de lui arriver et comment il avait vainement frappé à la porte de la jeune fille. Ce fut alors conjectures sur conjectures. On pressa de nouveau le con-cierge, qui se renferma plus que jamais dans sa dignité. A l'entendre, mademoiselle Marguerite devait être chez elle il ne l'avait pas vue sortir, et jurait ses grands dieux qu'elle n'aurait pas pu mettre sa vigilance en défaut il ajoutait qu'il était connu dans le quartier pour faire bonne garde, que la maison était tranquille et citée pour ses moeurs enfin, tout le répertoire à l'usage des souverains de la loge, et relevé par un débit qui n'appartient qu'à cette institution. La pensée d'un accident prévalut alors dans les esprits. -Si elle s'était trouvée mal ? dit un des assistants. -Si elle allait passer faute de soins ? dit l'autre. -Peut-être un fourneau mal éteint ? -Ou bien une chute ? -Un malheur est si vite arrivé ! -Quand on vit seul, on est sujet à ces événements. -Qui le sait ? Un suicide ! Ce mot frappa Ludovic comme le son d'un tocsin. A l'ins-tant même, il se souvint de cette mélancolie incurable qui s'était trahie tant de fois, de cette langueur, de cet abatte-ment dont il avait été témoin, et qu'il avait vainement cher-ché à dissiper. Y aurait-il eu dans ce coeur un combat mystérieux dont cette aventure serait le dénoûment ? A peine cette pensée se fut-elle emparée de lui, qu'un cri lui échappa. -Il faut enfoncer la porte, dit-il. En même temps, il s'élança vers l'escalier et en franchit les premières marches. Si vraiment il y avait une victime, il fallait se hâter de la sauver toute minute de retard pouvait être funeste. Ce fut l'avis de l'assistance, qui répéta d'une voix -C'est cela enfonçons la porte. Mais on avait compté sans le concierge et ses scrupules d'état. Ce dignitaire voyait sa responsabilité engagée, et, quelque prompt que fût Ludovic, il fut plus prompt encore. -Un instant, dit-il, en se mettant en travers de l'escalier
17
0.008193
0.031863
539.txt
1,892
-22 -rence également petite. Ici encore, la surface des mains diffère très peu de la surface apparente des hémisphères. La main gauche est plus grande que la droite le sujet était-il gaucher? Fait assez singulier, la main droite a juste la même étendue que l'hémisphère gauche. On ne peut évidemment pas tirer de conclusions fermes de ces deux derniers cas dont les- mensurations semblent contredites par celles du premier cerveau mais enfin il y a là quelque chose d'intéressant, et il serait curieux de voir ce que donneraient des mesures comparatives faites sur un grand nombre de sujets. Surface des pieds Nous avions pris pour le sujet 1 la surface des pieds, malheureu-sement le moulage du pied gauche s'était abîmé, et nous n'avons pu le mesurer. Pour le droit, nous avons trouvé 567 2,44. Pour la surface totale, nous aurions 1134e2 en supposant les deux pieds égaux. Conclusion En résumé, de l'examen de cette première série de vingt-deux cer-veaux, on peut, croyons-nous, tirer les conclusions suivantes -1° Il n'existe aucun rapport, ni direct, ni indirect, entre le poids de l'encéphale entier et sa surface. Un cerveau peut avoir un poids très élevé et une surface plus petite qu'un autre cerveau pesant beaucoup moins. On ne peut donc conclure du poids à la surface. Cependant, d'une façon générale, le cerveau de la femme pèse moins que celui de l'homme et sa surface apparente est moins grande 2° Cette absence de rapports fixes entre le poids et la surface s'observe également pour les autres parties du cerveau, le cervelet, les hémisphères cérébraux et les ganglions sous-corticaux 3° La surface de l'encéphale est plus grande chez l'homme que chez la femme il en est de même pour le cervelet qui pèse plus et a plus d'étendue chez le premier 4° La surface apparente, la surface réelle et la surface de l'écorce grise des deux hémisphères sont plus grandes chez l'homme que chez la femme 5° D'une façon générale, l'hémisphère droit pèse plus que le gauche, mais il est moins étendu, que l'on considère la surface apparente, la surface réelle ou l'écorce grise seule. La superficie de la région pensante est donc plus grande à gauche qu'à droite, chez l'homme, au moins, car pour la femme il y a presque égalité entre les deux hémisphères le droit aurait même une surface un peu plus grande que le gauche 6° La surface réelle des hémisphères déplissés serait un peu plus du double de la surface apparente. Cette surface réelle est d'environ 1756c5J. Celle de l'écorce grise 1697, près de 1700, chiffre de Baillarger.
-22 -rence également petite. Ici encore, la surface des mains diffère très peu de la surface apparente des hémisphères. La main gauche est plus grande que la droite le sujet était-il gaucher? Fait assez singulier, la main droite a juste la même étendue que l'hémisphère gauche. On ne peut évidemment pas tirer de conclusions fermes de ces deux derniers cas dont les- mensurations semblent contredites par celles du premier cerveau mais enfin il y a là quelque chose d'intéressant, et il serait curieux de voir ce que donneraient des mesures comparatives faites sur un grand nombre de sujets. Surface des pieds Nous avions pris pour le sujet 1 la surface des pieds, malheureu-sement le moulage du pied gauche s'était abîmé, et nous n'avons pu le mesurer. Pour le droit, nous avons trouvé 567 2,44. Pour la surface totale, nous aurions 1134e2 en supposant les deux pieds égaux. Conclusion En résumé, de l'examen de cette première série de vingt-deux cer-veaux, on peut, croyons-nous, tirer les conclusions suivantes -1° Il n'existe aucun rapport, ni direct, ni indirect, entre le poids de l'encéphale entier et sa surface. Un cerveau peut avoir un poids très élevé et une surface plus petite qu'un autre cerveau pesant beaucoup moins. On ne peut donc conclure du poids à la surface. Cependant, d'une façon générale, le cerveau de la femme pèse moins que celui de l'homme et sa surface apparente est moins grande 2° Cette absence de rapports fixes entre le poids et la surface s'observe également pour les autres parties du cerveau, le cervelet, les hémisphères cérébraux et les ganglions sous-corticaux 3° La surface de l'encéphale est plus grande chez l'homme que chez la femme il en est de même pour le cervelet qui pèse plus et a plus d'étendue chez le premier 4° La surface apparente, la surface réelle et la surface de l'écorce grise des deux hémisphères sont plus grandes chez l'homme que chez la femme 5° D'une façon générale, l'hémisphère droit pèse plus que le gauche, mais il est moins étendu, que l'on considère la surface apparente, la surface réelle ou l'écorce grise seule. La superficie de la région pensante est donc plus grande à gauche qu'à droite, chez l'homme, au moins, car pour la femme il y a presque égalité entre les deux hémisphères le droit aurait même une surface un peu plus grande que le gauche 6° La surface réelle des hémisphères déplissés serait un peu plus du double de la surface apparente. Cette surface réelle est d'environ 1756c5J. Celle de l'écorce grise 1697, près de 1700, chiffre de Baillarger.
-22 -rence également petite. Ici encore, la surface des mains diffère très peu de la surface apparente des hémisphères. La main gauche est plus grande que la droite le sujet était-il gaucher? Fait assez singulier, la main droite a juste la même étendue que l'hémisphère gauche. On ne peut évidemment pas tirer de conclusions fermes de ces deux derniers cas dont les@ mensurations semblent contredites par celles du premier cerveau mais enfin il y a là quelque chose d'intéressant, et il serait curieux de voir ce que donneraient des mesures comparatives faites sur un grand nombre de sujets. Surface des pieds Nous avions pris pour le sujet I la surface des pieds, malheureu-sement le moulage du pied gauche s'était abîmé, et nous n'avons pu le mesurer. Pour le droit, nous avons trouvé 567c2,44. Pour la surface totale, nous aurions 1134c2 en supposant les deux pieds égaux. Conclusion En résumé, de l'examen de cette première série de vingt-deux cer-veaux, on peut, croyons-nous, tirer les conclusions suivantes @1° Il n'existe aucun rapport, ni direct, ni indirect, entre le poids de l'encéphale entier et sa surface. Un cerveau peut avoir un poids très élevé et une surface plus petite qu'un autre cerveau pesant beaucoup moins. On ne peut donc conclure du poids à la surface. Cependant, d'une façon générale, le cerveau de la femme pèse moins que celui de l'homme et sa surface apparente est moins grande 2° Cette absence de rapports fixes entre le poids et la surface s'observe également pour les autres parties du cerveau, le cervelet, les hémisphères cérébraux et les ganglions sous-corticaux 3° La surface de l'encéphale est plus grande chez l'homme que chez la femme il en est de même pour le cervelet qui pèse plus et a plus d'étendue chez le premier 4° La surface apparente, la surface réelle et la surface de l'écorce grise des deux hémisphères sont plus grandes chez l'homme que chez la femme 5° D'une façon générale, l'hémisphère droit pèse plus que le gauche, mais il est moins étendu, que l'on considère la surface apparente, la surface réelle ou l'écorce grise seule. La superficie de la région pensante est donc plus grande à gauche qu'à droite, chez l'homme, au moins, car pour la femme il y a presque égalité entre les deux hémisphères le droit aurait même une surface un peu plus grande que le gauche 6° La surface réelle des hémisphères déplissés serait un peu plus du double de la surface apparente. Cette surface réelle est d'environ 1756c@2. Celle de l'écorce grise 1697, près de 1700, chiffre de Baillarger.
-22 -rence également petite. Ici encore, la surface des mains diffère très peu de la surface apparente des hémisphères. La main gauche est plus grande que la droite le sujet était-il gaucher? Fait assez singulier, la main droite a juste la même étendue que l'hémisphère gauche. On ne peut évidemment pas tirer de conclusions fermes de ces deux derniers cas dont les@ mensurations semblent contredites par celles du premier cerveau mais enfin il y a là quelque chose d'intéressant, et il serait curieux de voir ce que donneraient des mesures comparatives faites sur un grand nombre de sujets. Surface des pieds Nous avions pris pour le sujet I la surface des pieds, malheureu-sement le moulage du pied gauche s'était abîmé, et nous n'avons pu le mesurer. Pour le droit, nous avons trouvé 567c2,44. Pour la surface totale, nous aurions 1134c2 en supposant les deux pieds égaux. Conclusion En résumé, de l'examen de cette première série de vingt-deux cer-veaux, on peut, croyons-nous, tirer les conclusions suivantes @1° Il n'existe aucun rapport, ni direct, ni indirect, entre le poids de l'encéphale entier et sa surface. Un cerveau peut avoir un poids très élevé et une surface plus petite qu'un autre cerveau pesant beaucoup moins. On ne peut donc conclure du poids à la surface. Cependant, d'une façon générale, le cerveau de la femme pèse moins que celui de l'homme et sa surface apparente est moins grande 2° Cette absence de rapports fixes entre le poids et la surface s'observe également pour les autres parties du cerveau, le cervelet, les hémisphères cérébraux et les ganglions sous-corticaux 3° La surface de l'encéphale est plus grande chez l'homme que chez la femme il en est de même pour le cervelet qui pèse plus et a plus d'étendue chez le premier 4° La surface apparente, la surface réelle et la surface de l'écorce grise des deux hémisphères sont plus grandes chez l'homme que chez la femme 5° D'une façon générale, l'hémisphère droit pèse plus que le gauche, mais il est moins étendu, que l'on considère la surface apparente, la surface réelle ou l'écorce grise seule. La superficie de la région pensante est donc plus grande à gauche qu'à droite, chez l'homme, au moins, car pour la femme il y a presque égalité entre les deux hémisphères le droit aurait même une surface un peu plus grande que le gauche 6° La surface réelle des hémisphères déplissés serait un peu plus du double de la surface apparente. Cette surface réelle est d'environ 1756c@2. Celle de l'écorce grise 1697, près de 1700, chiffre de Baillarger.
-22 -rence également petite. Ici encore, la surface des mains diffère très peu de la surface apparente des hémisphères. La main gauche est plus grande que la droite le sujet était-il gaucher? Fait assez singulier, la main droite a juste la même étendue que l'hémisphère gauche. On ne peut évidemment pas tirer de conclusions fermes de ces deux derniers cas dont les mensurations semblent contredites par celles du premier cerveau mais enfin il y a là quelque chose d'intéressant, et il serait curieux de voir ce que donneraient des mesures comparatives faites sur un grand nombre de sujets. Surface des pieds Nous avions pris pour le sujet I la surface des pieds, malheureu-sement le moulage du pied gauche s'était abîmé, et nous n'avons pu le mesurer. Pour le droit, nous avons trouvé 567c2,44. Pour la surface totale, nous aurions 1134c2 en supposant les deux pieds égaux. Conclusion En résumé, de l'examen de cette première série de vingt-deux cer-veaux, on peut, croyons-nous, tirer les conclusions suivantes 1° Il n'existe aucun rapport, ni direct, ni indirect, entre le poids de l'encéphale entier et sa surface. Un cerveau peut avoir un poids très élevé et une surface plus petite qu'un autre cerveau pesant beaucoup moins. On ne peut donc conclure du poids à la surface. Cependant, d'une façon générale, le cerveau de la femme pèse moins que celui de l'homme et sa surface apparente est moins grande 2° Cette absence de rapports fixes entre le poids et la surface s'observe également pour les autres parties du cerveau, le cervelet, les hémisphères cérébraux et les ganglions sous-corticaux 3° La surface de l'encéphale est plus grande chez l'homme que chez la femme il en est de même pour le cervelet qui pèse plus et a plus d'étendue chez le premier 4° La surface apparente, la surface réelle et la surface de l'écorce grise des deux hémisphères sont plus grandes chez l'homme que chez la femme 5° D'une façon générale, l'hémisphère droit pèse plus que le gauche, mais il est moins étendu, que l'on considère la surface apparente, la surface réelle ou l'écorce grise seule. La superficie de la région pensante est donc plus grande à gauche qu'à droite, chez l'homme, au moins, car pour la femme il y a presque égalité entre les deux hémisphères le droit aurait même une surface un peu plus grande que le gauche 6° La surface réelle des hémisphères déplissés serait un peu plus du double de la surface apparente. Cette surface réelle est d'environ 1756c2. Celle de l'écorce grise 1697, près de 1700, chiffre de Baillarger.
7
0.002766
0.014831
277.txt
1,845
-114-31 juillet 1800, dans lequel j'atteste n'avoir rien avancé que je n'eusse vu de mes propres yeux ou appris de témoins irrécusables. - B. Copie authentique du jugement et de la condamnation de M. Musart. -G, Compte-rendu des mesures prises par madame Anne Baudemont et made-moiselle Claude-Josèphe Capy, pour l'exhuma-tion du corps de M. Musart. - D. Procès-verbal de l'exhumation et de l'enlèvement du corps. -E. F. G. Certificats de reconnaissance authen-tique de la fosse où était le corps. - H. Dénom-brement et nomenclature de tons les ossements trouvés dans la fosse.-Enfin le procès-verbal de ce jour mémorable, 4 août 1800. Avant de passer outre nous devons à la gloire de notre saint prêtre de revenir sur le témoi-gnage éclatant que les itrois vicaires généraux, dans ce dernier procès-verbal, rendirent à l'e-mmenée de .ses vertus aussi bien qu'à la réalité de son martyre. Il est mort, disent-ils, en odeur de. sainteté, et estimé digne de recevoir un jour, de la part de l'Eglise, les honneurs de la canonisation. L'abondance des preuves, ajou-tent-ils, appuyées sur les dépositions de tant de témoins oculaires et irréprochables, nous com-mandait de rendre cet hommage aux vertus et à la glorieuse mort de M. Musart... Du reste, les qualifications de confesseur de la foi, de saint
-114-31 juillet 1800, dans lequel j'atteste n'avoir rien avancé que je n'eusse vu de mes propres yeux ou appris de témoins irrécusables. - B. Copie authentique du jugement et de la condamnation de M. Musart. -G, Compte-rendu des mesures prises par madame Anne Baudemont et made-moiselle Claude-Josèphe Capy, pour l'exhuma-tion du corps de M. Musart. - D. Procès-verbal de l'exhumation et de l'enlèvement du corps. -E. F. G. Certificats de reconnaissance authen-tique de la fosse où était le corps. - H. Dénom-brement et nomenclature de tons les ossements trouvés dans la fosse.-Enfin le procès-verbal de ce jour mémorable, 4 août 1800. Avant de passer outre nous devons à la gloire de notre saint prêtre de revenir sur le témoi-gnage éclatant que les itrois vicaires généraux, dans ce dernier procès-verbal, rendirent à l'e-m@menée de .ses vertus aussi bien qu'à la réalité de son martyre. Il est mort, disent-ils, en odeur de. sainteté, et estimé digne de recevoir un jour, de la part de l'Eglise, les honneurs de la canonisation. L'abondance des preuves, ajou-tent-ils, appuyées sur les dépositions de tant de témoins oculaires et irréprochables, nous com-mandait de rendre cet hommage aux vertus et à la glorieuse mort de M. Musart... Du reste, les qualifications de confesseur de la foi, de saint
####### juillet 1800, dans lequel j'atteste n'avoir rien avancé que je n'eusse vu de mes propres yeux ou appris de témoins irrécusables. -@B. Copie authentique du jugement et de la condamnation de M. Musart. -G, Compte-rendu des mesures prises par madame Anne Baudemont et made-moiselle Claude-Josèphe Capy, pour l'exhuma-tion du corps de M. Musart. -@D. Procès-verbal de l'exhumation et de l'enlèvement du corps. -E. F. G. Certificats de reconnaissance authen-tique de la fosse où était le corps. -@H. Dénom-brement et nomenclature de tous les ossements trouvés dans la fosse.-Enfin le procès-verbal de ce jour mémorable, 4 août 1800. Avant de passer outre nous devons à la gloire de notre saint prêtre de revenir sur le témoi-gnage éclatant que les @trois vicaires généraux, dans ce dernier procès-verbal, rendirent à l'e-minence de .ses vertus aussi bien qu'à la réalité de son martyre. Il est mort, disent-ils, en odeur de. sainteté, et estimé digne de recevoir un jour, de la part de l'Eglise, les honneurs de la canonisation. L'abondance des preuves, ajou-tent-ils, appuyées sur les dépositions de tant de témoins oculaires et irréprochables, nous com-mandait de rendre cet hommage aux vertus et à la glorieuse mort de M. Musart... Du reste, les qualifications de confesseur de la foi, de saint
-114-31 juillet 1800, dans lequel j'atteste n'avoir rien avancé que je n'eusse vu de mes propres yeux ou appris de témoins irrécusables. -@B. Copie authentique du jugement et de la condamnation de M. Musart. -G, Compte-rendu des mesures prises par madame Anne Baudemont et made-moiselle Claude-Josèphe Capy, pour l'exhuma-tion du corps de M. Musart. -@D. Procès-verbal de l'exhumation et de l'enlèvement du corps. -E. F. G. Certificats de reconnaissance authen-tique de la fosse où était le corps. -@H. Dénom-brement et nomenclature de tous les ossements trouvés dans la fosse.-Enfin le procès-verbal de ce jour mémorable, 4 août 1800. Avant de passer outre nous devons à la gloire de notre saint prêtre de revenir sur le témoi-gnage éclatant que les @trois vicaires généraux, dans ce dernier procès-verbal, rendirent à l'e-minence de .ses vertus aussi bien qu'à la réalité de son martyre. Il est mort, disent-ils, en odeur de. sainteté, et estimé digne de recevoir un jour, de la part de l'Eglise, les honneurs de la canonisation. L'abondance des preuves, ajou-tent-ils, appuyées sur les dépositions de tant de témoins oculaires et irréprochables, nous com-mandait de rendre cet hommage aux vertus et à la glorieuse mort de M. Musart... Du reste, les qualifications de confesseur de la foi, de saint
-114-31 juillet 1800, dans lequel j'atteste n'avoir rien avancé que je n'eusse vu de mes propres yeux ou appris de témoins irrécusables. -B. Copie authentique du jugement et de la condamnation de M. Musart. -G, Compte-rendu des mesures prises par madame Anne Baudemont et made-moiselle Claude-Josèphe Capy, pour l'exhuma-tion du corps de M. Musart. -D. Procès-verbal de l'exhumation et de l'enlèvement du corps. -E. F. G. Certificats de reconnaissance authen-tique de la fosse où était le corps. -H. Dénom-brement et nomenclature de tous les ossements trouvés dans la fosse.-Enfin le procès-verbal de ce jour mémorable, 4 août 1800. Avant de passer outre nous devons à la gloire de notre saint prêtre de revenir sur le témoi-gnage éclatant que les trois vicaires généraux, dans ce dernier procès-verbal, rendirent à l'e-minence de .ses vertus aussi bien qu'à la réalité de son martyre. Il est mort, disent-ils, en odeur de. sainteté, et estimé digne de recevoir un jour, de la part de l'Eglise, les honneurs de la canonisation. L'abondance des preuves, ajou-tent-ils, appuyées sur les dépositions de tant de témoins oculaires et irréprochables, nous com-mandait de rendre cet hommage aux vertus et à la glorieuse mort de M. Musart... Du reste, les qualifications de confesseur de la foi, de saint
8
0.006173
0.033755
511.txt
1,873
-6 -§ 4. Urine des carnivores. - Fraîchement sécrétée, elle est limpide, d'un jaune clair, d'une odeur désagréable et d'une saveur amère elle présente une réaction acide. Elle est riche en urée, mais contient souvent très-peu d'acide urique. -§ 5. Propriétés de F urine normale de l'homme. -L'urine de l'homme a quelque analogie avec celle des car-nivores. Fraîchement émise, elle paraît limpide, d'une couleur d'ambre elle a une réaction franchement acide provenant, d'après Liebig, de la présence de phosphates acides, et d'après Lehmann, de la présence d'acide hippu-rique et d'acide lactique libres elle a une saveur de sul-fate de soude et une odeur sui generis acide phénique, d'après Staedeler . Son poids spécifique varie suivant la nourriture, le sexe et l'âge, de 1,005 à 1,030. § 6. Éléments normaux et constants de l'urine. - Eau, urée, acide urique, acide hippurique, créatine, créatinine, xanthine, matières colorantes, indican, matières extracti-ves, mucosités de la vessie, oxalate de chaux, chlorures, phosphates et sulfates à bases de potasse, de soude, d'am-moniaque, de chaux et de magnésie quelquefois des traces de fer, de nitrates et de silice enfin les gaz acide carbo-nique et azote. § 7. Proportions de ces matières. - Quelques-unes d'en-tre elles se trouvent dans l'urine en proportions tellement faibles qu'on ne peut pas en déterminer la quantité. § 8. Action des réactifs sur l'urine. - Soumise à l'ébul-lition, l'urine normale reste limpide traitée par les acides concentrés, elle développe une odeur rebutante particu-lière, en même temps que sa couleur devient de plus en plus foncée. Elle ne se trouble pas immédiatement, mais - elle dépose au bout de quelque temps des cristaux d'acide urique. Les alcalis précipitent les phosphates terreux de chaux et de'magnésie .
-6 -§ 4. Urine des carnivores. - Fraîchement sécrétée, elle est limpide, d'un jaune clair, d'une odeur désagréable et d'une saveur amère elle présente une réaction acide. Elle est riche en urée, mais contient souvent très-peu d'acide urique. -§ 5. Propriétés de F urine normale de l'homme. -L'urine de l'homme a quelque analogie avec celle des car-nivores. Fraîchement émise, elle paraît limpide, d'une couleur d'ambre elle a une réaction franchement acide provenant, d'après Liebig, de la présence de phosphates acides, et d'après Lehmann, de la présence d'acide hippu-rique et d'acide lactique libres elle a une saveur de sul-fate de soude et une odeur sui generis acide phénique, d'après Staedeler . Son poids spécifique varie suivant la nourriture, le sexe et l'âge, de 1,005 à 1,@030. § 6. Éléments normaux et constants de l'urine. - Eau, urée, acide urique, acide hippurique, créatine, créatinine, xanthine, matières colorantes, indican, matières extracti-ves, mucosités de la vessie, oxalate de chaux, chlorures, phosphates et sulfates à bases de potasse, de soude, d'am-moniaque, de chaux et de magnésie quelquefois des traces de fer, de nitrates et de silice@ enfin les gaz acide carbo-nique et azote. § 7. Proportions de ces matières. - Quelques-unes d'en-tre elles se trouvent dans l'urine en proportions tellement faibles qu'on ne peut pas en déterminer la quantité. § 8. Action des réactifs sur l'urine. - Soumise à l'ébul-lition, l'urine normale reste limpide traitée par les acides concentrés, elle développe une odeur rebutante particu-lière, en même temps que sa couleur devient de plus en plus foncée. Elle ne se trouble pas immédiatement, mais - elle dépose au bout de quelque temps des cristaux d'acide urique. Les alcalis précipitent les phosphates terreux de chaux et de'magnésie .
-6 -§ 4. Urine des carnivores. -@Fraîchement sécrétée, elle est limpide, d'un jaune clair, d'une odeur désagréable et d'une saveur amère elle présente une réaction acide. Elle est riche en urée, mais contient souvent très-peu d'acide urique. @§ 5. Propriétés de l'urine normale de l'homme. -L'urine de l'homme a quelque analogie avec celle des car-nivores. Fraîchement émise, elle paraît limpide, d'une couleur d'ambre elle a une réaction franchement acide provenant, d'après Liebig, de la présence de phosphates acides, et d'après Lehmann, de la présence d'acide hippu-rique et d'acide lactique libres elle a une saveur de sul-fate de soude et une odeur sui generis acide phénique, d'après Staedeler . Son poids spécifique varie suivant la nourriture, le sexe et l'âge, de 1,005 à 1, 030. § 6. Éléments normaux et constants de l'urine. -@Eau, urée, acide urique, acide hippurique, créatine, créatinine, xanthine, matières colorantes, indican, matières extracti-ves, mucosités de la vessie, oxalate de chaux, chlorures, phosphates et sulfates à bases de potasse, de soude, d'am-moniaque, de chaux et de magnésie quelquefois des traces de fer, de nitrates et de silices enfin les gaz acide carbo-nique et azote. § 7. Proportions de ces matières. -@Quelques-unes d'en-tre elles se trouvent dans l'urine en proportions tellement faibles qu'on ne peut pas en déterminer la quantité. § 8. Action des réactifs sur l'urine. -@Soumise à l'ébul-lition, l'urine normale reste limpide traitée par les acides concentrés, elle développe une odeur rebutante particu-lière, en même temps que sa couleur devient de plus en plus foncée. Elle ne se trouble pas immédiatement, maisis elle dépose au bout de quelque temps des cristaux d'acide urique. Les alcalis précipitent les phosphates terreux de chaux et de magnésie .
-6 -§ 4. Urine des carnivores. -@Fraîchement sécrétée, elle est limpide, d'un jaune clair, d'une odeur désagréable et d'une saveur amère elle présente une réaction acide. Elle est riche en urée, mais contient souvent très-peu d'acide urique. @§ 5. Propriétés de l'urine normale de l'homme. -L'urine de l'homme a quelque analogie avec celle des car-nivores. Fraîchement émise, elle paraît limpide, d'une couleur d'ambre elle a une réaction franchement acide provenant, d'après Liebig, de la présence de phosphates acides, et d'après Lehmann, de la présence d'acide hippu-rique et d'acide lactique libres elle a une saveur de sul-fate de soude et une odeur sui generis acide phénique, d'après Staedeler . Son poids spécifique varie suivant la nourriture, le sexe et l'âge, de 1,005 à 1, 030. § 6. Éléments normaux et constants de l'urine. -@Eau, urée, acide urique, acide hippurique, créatine, créatinine, xanthine, matières colorantes, indican, matières extracti-ves, mucosités de la vessie, oxalate de chaux, chlorures, phosphates et sulfates à bases de potasse, de soude, d'am-moniaque, de chaux et de magnésie quelquefois des traces de fer, de nitrates et de silices enfin les gaz acide carbo-nique et azote. § 7. Proportions de ces matières. -@Quelques-unes d'en-tre elles se trouvent dans l'urine en proportions tellement faibles qu'on ne peut pas en déterminer la quantité. § 8. Action des réactifs sur l'urine. -@Soumise à l'ébul-lition, l'urine normale reste limpide traitée par les acides concentrés, elle développe une odeur rebutante particu-lière, en même temps que sa couleur devient de plus en plus foncée. Elle ne se trouble pas immédiatement, maisis elle dépose au bout de quelque temps des cristaux d'acide urique. Les alcalis précipitent les phosphates terreux de chaux et de magnésie .
-6 -§ 4. Urine des carnivores. -Fraîchement sécrétée, elle est limpide, d'un jaune clair, d'une odeur désagréable et d'une saveur amère elle présente une réaction acide. Elle est riche en urée, mais contient souvent très-peu d'acide urique. § 5. Propriétés de l'urine normale de l'homme. -L'urine de l'homme a quelque analogie avec celle des car-nivores. Fraîchement émise, elle paraît limpide, d'une couleur d'ambre elle a une réaction franchement acide provenant, d'après Liebig, de la présence de phosphates acides, et d'après Lehmann, de la présence d'acide hippu-rique et d'acide lactique libres elle a une saveur de sul-fate de soude et une odeur sui generis acide phénique, d'après Staedeler . Son poids spécifique varie suivant la nourriture, le sexe et l'âge, de 1,005 à 1, 030. § 6. Éléments normaux et constants de l'urine. -Eau, urée, acide urique, acide hippurique, créatine, créatinine, xanthine, matières colorantes, indican, matières extracti-ves, mucosités de la vessie, oxalate de chaux, chlorures, phosphates et sulfates à bases de potasse, de soude, d'am-moniaque, de chaux et de magnésie quelquefois des traces de fer, de nitrates et de silices enfin les gaz acide carbo-nique et azote. § 7. Proportions de ces matières. -Quelques-unes d'en-tre elles se trouvent dans l'urine en proportions tellement faibles qu'on ne peut pas en déterminer la quantité. § 8. Action des réactifs sur l'urine. -Soumise à l'ébul-lition, l'urine normale reste limpide traitée par les acides concentrés, elle développe une odeur rebutante particu-lière, en même temps que sa couleur devient de plus en plus foncée. Elle ne se trouble pas immédiatement, maisis elle dépose au bout de quelque temps des cristaux d'acide urique. Les alcalis précipitent les phosphates terreux de chaux et de magnésie .
12
0.006674
0.039275
505.txt
1,874
-01. ANTHROPOLOGIE anomalies. Je citerai à l'appui de ce fait l'expérience considérable de Wood. Dans l'hiver de 1866-67 à King's College de Londres, cet éminent anatomiste n'a pas relevé moins de 295 anomalies des muscles sur 34 cadavres. Proceedings of the Royal Soc. of London, vol. XV, p. 518. Pour certains muscles, l'anomalie est même tellement fréquente qu'elle a pu être prise pour l'état normal par un homme de l'autorité de M. Sappey, ainsi que je l'ai indiqué pour le muscle court péronier laté-ral. Journal de l'anatomie et de la physiologie, de M. Ch. Robin, nu-- méro de mai 1872. On peut établir une division dans l'étude des muscles anomaux. 1 Parmi eux, il en est qui forment une classe à part ils semblent consti-tuer chez l'homme des organes nouveaux, dont -rien dans les disposi-tions normales n'indiquait même l'existence rudimentaire. Dans une seconde classe d'anomalies se rangent les dispositions ex-ceptionnelles d'organes normalement existant. En continuant cette classification artificielle, on pourrait subdiviser ce second groupe en anomalies par excès et par défaut, etc. Mais cette taxinomie ne nous apprendrait rien sur leur valeur réelle. Pour éclai-rer celle-ci d'un nouveau jour, il faut l'étudier à la lumière de l'ana-tomie comparée. Une fois mis sur cette voie, on ne tarde pas à recon-naître que la grande majorité des anomalies n'est que la reproduc-tion d'un état normal chez des espèces différentes. Dès lors, cette question, jusque-là simple objet de curiosité à peine digne de former une dépendance de la tératologie, prend une place capitale dans l'ana-tomie philosophique. II. La majorité des anomalies musculaires, ai-je dit, rappelle un état normal chez une espèce inférieure. Les particularités de ce genre ont reçu depuis longtemps les noms de faits de retour ou de réversion em-pruntés à la théorie transformiste. Un premier groupe de ces anomalies rêversives comprend des mus-cles totalement étrangers au type humain normal. J'en citerai quelques exemples pour en donner une idée 1° Il est un muscle de la poitrine que l'on rencontre chez beaucoup de mammifères inférieurs et jusque chez les singes cynocéphales. Il se compose d'une bande musculaire étendue sur les côtés du sternum en-tre les insertions du sterno-cléido-mastoïdien et celles du droit de l'abdomen. Ce muscle, appelé sternalis brutorum ou rectus thoracis, se trouve accidentellement chez l'homme. J'ai eu l'occasion de l'observer deux fois et la fig. 1, planche VII, en reproduit un beau spécimen.
-01. ANTHROPOLOGIE anomalies. Je citerai à l'appui de ce fait l'expérience considérable de Wood. Dans l'hiver de 1866-67 à King's College de Londres, cet éminent anatomiste n'a pas relevé moins de 295 anomalies des muscles sur 34 cadavres. Proceedings of the Royal Soc. of London, vol. XV, p. 518. Pour certains muscles, l'anomalie est même tellement fréquente qu'elle a pu être prise pour l'état normal par un homme de l'autorité de M. Sappey, ainsi que je l'ai indiqué pour le muscle court péronier laté-ral. Journal de l'anatomie et de la physiologie, de M. Ch. Robin, nu-- méro de mai 1872. On peut établir une division dans l'étude des muscles anomaux. 1 Parmi eux, il en est qui forment une classe à part ils semblent consti-tuer chez l'homme des organes nouveaux, dont -rien dans les disposi-tions normales n'indiquait même l'existence rudimentaire. Dans une seconde classe d'anomalies se rangent les dispositions ex-ceptionnelles d'organes normalement existant. En continuant cette classification artificielle, on pourrait subdiviser ce second groupe en anomalies par excès et par défaut, etc. @Mais cette taxinomie ne nous apprendrait rien sur leur valeur réelle. Pour éclai-rer celle-ci d'un nouveau jour, il faut l'étudier à la lumière de l'ana-tomie comparée. Une fois mis sur cette voie, on ne tarde pas à recon-naître que la grande majorité des anomalies n'est que la reproduc-tion d'un état normal chez des espèces différentes. Dès lors, cette question, jusque-là simple objet de curiosité à peine digne de former une dépendance de la tératologie, prend une place capitale dans l'ana-tomie philosophique. II. La majorité des anomalies musculaires, ai-je dit, rappelle un état normal chez une espèce inférieure. Les particularités de ce genre ont reçu depuis longtemps les noms de faits de retour ou de réversion em-pruntés à la théorie transformiste. Un premier groupe de ces anomalies rêversives comprend des mus-cles totalement étrangers au type humain normal. J'en citerai quelques exemples pour en donner une idée 1° Il est un muscle de la poitrine que l'on rencontre chez beaucoup de mammifères inférieurs et jusque chez les singes cynocéphales. Il se compose d'une bande musculaire étendue sur les côtés du sternum en-tre les insertions du sterno-cléido-mastoïdien et celles du droit de l'abdomen. Ce muscle, appelé sternalis brutorum ou rectus thoracis, se trouve accidentellement chez l'homme. J'ai eu l'occasion de l'observer deux fois et la fig. 1, planche VII, en reproduit un beau spécimen.
################## anomalies. Je citerai à l'appui de ce fait l'expérience considérable de Wood. Dans l'hiver de 1866-67 à King's College de Londres, cet éminent anatomiste n'a pas relevé moins de 295 anomalies des muscles sur 34 cadavres. Proceedings of the Royal Soc. of London, vol. XV, p. 518. Pour certains muscles, l'anomalie est même tellement fréquente qu'elle a pu être prise pour l'état normal par un homme de l'autorité de M. Sappey, ainsi que je l'ai indiqué pour le muscle court péronier laté-ral. Journal de l'anatomie et de la physiologie, de M. Ch. Robin, nu-@@méro de mai 1872. On peut établir une division dans l'étude des muscles anomaux.@@ Parmi eux, il en est qui forment une classe à part ils semblent consti-tuer chez l'homme des organes nouveaux, dont @rien dans les disposi-tions normales n'indiquait même l'existence rudimentaire. Dans une seconde classe d'anomalies se rangent les dispositions ex-ceptionnelles d'organes normalement existant. En continuant cette classification artificielle, on pourrait subdiviser ce second groupe en anomalies par excès et par défaut, etc. -Mais cette taxinomie ne nous apprendrait rien sur leur valeur réelle. Pour éclai-rer celle-ci d'un nouveau jour, il faut l'étudier à la lumière de l'ana-tomie comparée. Une fois mis sur cette voie, on ne tarde pas à recon-naître que la grande majorité des anomalies n'est que la reproduc-tion d'un état normal chez des espèces différentes. Dès lors, cette question, jusque-là simple objet de curiosité à peine digne de former une dépendance de la tératologie, prend une place capitale dans l'ana-tomie philosophique. II. La majorité des anomalies musculaires, ai-je dit, rappelle un état normal chez une espèce inférieure. Les particularités de ce genre ont reçu depuis longtemps les noms de faits de retour ou de réversion em-pruntés à la théorie transformiste. Un premier groupe de ces anomalies réversives comprend des mus-cles totalement étrangers au type humain normal. J'en citerai quelques exemples pour en donner une idée 1° Il est un muscle de la poitrine que l'on rencontre chez beaucoup de mammifères inférieurs et jusque chez les singes cynocéphales. Il se compose d'une bande musculaire étendue sur les côtés du sternum en-tre les insertions du sterno-cléido-mastoïdien et celles du droit de l'abdomen. Ce muscle, appelé sternalis brutorum ou rectus thoracis, se trouve accidentellement chez l'homme. J'ai eu l'occasion de l'observer deux fois et la fig. 1, planche VII, en reproduit un beau spécimen.
-01. ANTHROPOLOGIE anomalies. Je citerai à l'appui de ce fait l'expérience considérable de Wood. Dans l'hiver de 1866-67 à King's College de Londres, cet éminent anatomiste n'a pas relevé moins de 295 anomalies des muscles sur 34 cadavres. Proceedings of the Royal Soc. of London, vol. XV, p. 518. Pour certains muscles, l'anomalie est même tellement fréquente qu'elle a pu être prise pour l'état normal par un homme de l'autorité de M. Sappey, ainsi que je l'ai indiqué pour le muscle court péronier laté-ral. Journal de l'anatomie et de la physiologie, de M. Ch. Robin, nu-@@méro de mai 1872. On peut établir une division dans l'étude des muscles anomaux.@@ Parmi eux, il en est qui forment une classe à part ils semblent consti-tuer chez l'homme des organes nouveaux, dont @rien dans les disposi-tions normales n'indiquait même l'existence rudimentaire. Dans une seconde classe d'anomalies se rangent les dispositions ex-ceptionnelles d'organes normalement existant. En continuant cette classification artificielle, on pourrait subdiviser ce second groupe en anomalies par excès et par défaut, etc. -Mais cette taxinomie ne nous apprendrait rien sur leur valeur réelle. Pour éclai-rer celle-ci d'un nouveau jour, il faut l'étudier à la lumière de l'ana-tomie comparée. Une fois mis sur cette voie, on ne tarde pas à recon-naître que la grande majorité des anomalies n'est que la reproduc-tion d'un état normal chez des espèces différentes. Dès lors, cette question, jusque-là simple objet de curiosité à peine digne de former une dépendance de la tératologie, prend une place capitale dans l'ana-tomie philosophique. II. La majorité des anomalies musculaires, ai-je dit, rappelle un état normal chez une espèce inférieure. Les particularités de ce genre ont reçu depuis longtemps les noms de faits de retour ou de réversion em-pruntés à la théorie transformiste. Un premier groupe de ces anomalies réversives comprend des mus-cles totalement étrangers au type humain normal. J'en citerai quelques exemples pour en donner une idée 1° Il est un muscle de la poitrine que l'on rencontre chez beaucoup de mammifères inférieurs et jusque chez les singes cynocéphales. Il se compose d'une bande musculaire étendue sur les côtés du sternum en-tre les insertions du sterno-cléido-mastoïdien et celles du droit de l'abdomen. Ce muscle, appelé sternalis brutorum ou rectus thoracis, se trouve accidentellement chez l'homme. J'ai eu l'occasion de l'observer deux fois et la fig. 1, planche VII, en reproduit un beau spécimen.
-01. ANTHROPOLOGIE anomalies. Je citerai à l'appui de ce fait l'expérience considérable de Wood. Dans l'hiver de 1866-67 à King's College de Londres, cet éminent anatomiste n'a pas relevé moins de 295 anomalies des muscles sur 34 cadavres. Proceedings of the Royal Soc. of London, vol. XV, p. 518. Pour certains muscles, l'anomalie est même tellement fréquente qu'elle a pu être prise pour l'état normal par un homme de l'autorité de M. Sappey, ainsi que je l'ai indiqué pour le muscle court péronier laté-ral. Journal de l'anatomie et de la physiologie, de M. Ch. Robin, nu-méro de mai 1872. On peut établir une division dans l'étude des muscles anomaux. Parmi eux, il en est qui forment une classe à part ils semblent consti-tuer chez l'homme des organes nouveaux, dont rien dans les disposi-tions normales n'indiquait même l'existence rudimentaire. Dans une seconde classe d'anomalies se rangent les dispositions ex-ceptionnelles d'organes normalement existant. En continuant cette classification artificielle, on pourrait subdiviser ce second groupe en anomalies par excès et par défaut, etc. -Mais cette taxinomie ne nous apprendrait rien sur leur valeur réelle. Pour éclai-rer celle-ci d'un nouveau jour, il faut l'étudier à la lumière de l'ana-tomie comparée. Une fois mis sur cette voie, on ne tarde pas à recon-naître que la grande majorité des anomalies n'est que la reproduc-tion d'un état normal chez des espèces différentes. Dès lors, cette question, jusque-là simple objet de curiosité à peine digne de former une dépendance de la tératologie, prend une place capitale dans l'ana-tomie philosophique. II. La majorité des anomalies musculaires, ai-je dit, rappelle un état normal chez une espèce inférieure. Les particularités de ce genre ont reçu depuis longtemps les noms de faits de retour ou de réversion em-pruntés à la théorie transformiste. Un premier groupe de ces anomalies réversives comprend des mus-cles totalement étrangers au type humain normal. J'en citerai quelques exemples pour en donner une idée 1° Il est un muscle de la poitrine que l'on rencontre chez beaucoup de mammifères inférieurs et jusque chez les singes cynocéphales. Il se compose d'une bande musculaire étendue sur les côtés du sternum en-tre les insertions du sterno-cléido-mastoïdien et celles du droit de l'abdomen. Ce muscle, appelé sternalis brutorum ou rectus thoracis, se trouve accidentellement chez l'homme. J'ai eu l'occasion de l'observer deux fois et la fig. 1, planche VII, en reproduit un beau spécimen.
7
0.002787
0.020362
263.txt
1,845
-81 -s'adressant aux juges, je vous pardonne ma mort. La première chose que je ferai auprès de Dieu sera de le prier qu'il daigne vous ouvrir les yeux 1 . Il reprit ensuite le chemin de la prison, au milieu d'une multitude de spectateurs attendris et cons-ternés. Pour lui, d'un air plus ouvert et plus af-fable que jamais, il les saluait amicalement et se recommandait à leurs prières. Arrivé dans la chambre où l'attendaient ses deux confrères et plusieurs personnes du dehors, il les fit mettre à genoux, et récita avec eux le Te Deum, en ac-tion de grâces, disait-il, de l'insigne faveur que le ciel lui préparait. Dans l'après-dinée il reçut les derniers adieux des cinq témoins qui avaient été appelés à cons-tater, suivant la loi, l'identité de sa personne. Il les exhorta fortement à persévérer dans la foi qu'il allait sceller de son sang, et leur promit de ne pas les oublier auprès de Dieu. Us le quit-tèrent fondant en larmes et déplorant la perte d'un si bon pasteur. Le reste du jour fut employé à contenter les désirs empressés des fidèles qui venaient en foule 1 M. Musart eut ensuite quelque scrupule d'avoir ainsi parlé aux juges il chargea une personne de leur assurer que son intention n'avait point été de rien dire qui pût les offenser ou leur faire de la peine. 4
-81 -s'adressant aux juges, je vous pardonne ma mort. La première chose que je ferai auprès de Dieu sera de le prier qu'il daigne vous ouvrir les yeux 1 . Il reprit ensuite le chemin de la prison, au milieu d'une multitude de spectateurs attendris et cons-ternés. Pour lui, d'un air plus ouvert et plus af-fable que jamais, il les saluait amicalement et se recommandait à leurs prières. Arrivé dans la chambre où l'attendaient ses deux confrères et plusieurs personnes du dehors, il les fit mettre à genoux, et récita avec eux le Te Deum, en ac-tion de grâces, disait-il, de l'insigne faveur que le ciel lui préparait. Dans l'après-dinée il reçut les derniers adieux des cinq témoins qui avaient été appelés à cons-tater, suivant la loi, l'identité de sa personne. Il les exhorta fortement à persévérer dans la foi qu'il allait sceller de son sang, et leur promit de ne pas les oublier auprès de Dieu. @Us le quit-tèrent fondant en larmes et déplorant la perte d'un si bon pasteur. Le reste du jour fut employé à contenter les désirs empressés des fidèles qui venaient en foule@@@@@@ 1 M. Musart eut ensuite quelque scrupule d'avoir ainsi parlé aux juges il chargea une personne de leur assurer que son intention n'avait point été de rien dire qui pût les offenser ou leur faire de la peine. 4
################ aux juges, je vous pardonne ma mort. La première chose que je ferai auprès de Dieu sera de le prier qu'il daigne vous ouvrir les yeux 1 . Il reprit ensuite le chemin de la prison, au milieu d'une multitude de spectateurs attendris et cons-ternés. Pour lui, d'un air plus ouvert et plus af-fable que jamais, il les saluait amicalement et se recommandait à leurs prières. Arrivé dans la chambre où l'attendaient ses deux confrères et plusieurs personnes du dehors, il les fit mettre à genoux, et récita avec eux le Te Deum, en ac-tion de grâces, disait-il, de l'insigne faveur que le ciel lui préparait. Dans l'après-dinée il reçut les derniers adieux des cinq témoins qui avaient été appelés à cons-tater, suivant la loi, l'identité de sa personne. Il les exhorta fortement à persévérer dans la foi qu'il allait sceller de son sang, et leur promit de ne pas les oublier auprès de Dieu. Ils le quit-tèrent fondant en larmes et déplorant la perte d'un si bon pasteur. Le reste du jour fut employé à contenter les désirs empressés des fidèles qui venaient en foule -81 - 1 M. Musart eut ensuite quelque scrupule d'avoir ainsi parlé aux juges il chargea une personne de leur assurer que son intention n'avait point été de rien dire qui pût les offenser ou leur faire de la peine. 4
-81 -s'adressant aux juges, je vous pardonne ma mort. La première chose que je ferai auprès de Dieu sera de le prier qu'il daigne vous ouvrir les yeux 1 . Il reprit ensuite le chemin de la prison, au milieu d'une multitude de spectateurs attendris et cons-ternés. Pour lui, d'un air plus ouvert et plus af-fable que jamais, il les saluait amicalement et se recommandait à leurs prières. Arrivé dans la chambre où l'attendaient ses deux confrères et plusieurs personnes du dehors, il les fit mettre à genoux, et récita avec eux le Te Deum, en ac-tion de grâces, disait-il, de l'insigne faveur que le ciel lui préparait. Dans l'après-dinée il reçut les derniers adieux des cinq témoins qui avaient été appelés à cons-tater, suivant la loi, l'identité de sa personne. Il les exhorta fortement à persévérer dans la foi qu'il allait sceller de son sang, et leur promit de ne pas les oublier auprès de Dieu. Ils le quit-tèrent fondant en larmes et déplorant la perte d'un si bon pasteur. Le reste du jour fut employé à contenter les désirs empressés des fidèles qui venaient en foule -81 - 1 M. Musart eut ensuite quelque scrupule d'avoir ainsi parlé aux juges il chargea une personne de leur assurer que son intention n'avait point été de rien dire qui pût les offenser ou leur faire de la peine. 4
-81 -s'adressant aux juges, je vous pardonne ma mort. La première chose que je ferai auprès de Dieu sera de le prier qu'il daigne vous ouvrir les yeux 1 . Il reprit ensuite le chemin de la prison, au milieu d'une multitude de spectateurs attendris et cons-ternés. Pour lui, d'un air plus ouvert et plus af-fable que jamais, il les saluait amicalement et se recommandait à leurs prières. Arrivé dans la chambre où l'attendaient ses deux confrères et plusieurs personnes du dehors, il les fit mettre à genoux, et récita avec eux le Te Deum, en ac-tion de grâces, disait-il, de l'insigne faveur que le ciel lui préparait. Dans l'après-dinée il reçut les derniers adieux des cinq témoins qui avaient été appelés à cons-tater, suivant la loi, l'identité de sa personne. Il les exhorta fortement à persévérer dans la foi qu'il allait sceller de son sang, et leur promit de ne pas les oublier auprès de Dieu. Ils le quit-tèrent fondant en larmes et déplorant la perte d'un si bon pasteur. Le reste du jour fut employé à contenter les désirs empressés des fidèles qui venaient en foule -81 - 1 M. Musart eut ensuite quelque scrupule d'avoir ainsi parlé aux juges il chargea une personne de leur assurer que son intention n'avait point été de rien dire qui pût les offenser ou leur faire de la peine. 4
8
0.006187
0.032129
288.txt
1,845
-463 -déclaré se trouva conforme à ce que l'on voyait de ses yeux les os des cuisses portaient la marque des coups de hache ou de sabre, etc. Ces restes des deux martyrs, sans être tout à fait confondus, étaient trop en contact pour qu'il fût aisé d'éviter toute erreur. Ce qu'on voulait, c'étaient les restes du vénérable Paquot, que Reims avait si bien connu. Il n'en était pas de même de M. Suny, dont le nom était resté dans un tel oubli que madame Baudemont elle-même l'ignorait complètement le procès-verbal que nous avons sous les yeux en est la preuve. Mais Dieu, en faisant donner à M. Suny, par M. Chan-traine, une sépulture commune avec M. Paquot, conserya le nom, et quelque chose de plus que le nom de ce courageux athlète qui, après avoir été renversé dans une première lutte contre l'en-fer, s'était relevé et avait triomphé au prix de son sang. En effet, madame Baudemont, croyant n'enlever que les ossements de M. Paquot, en enleva aussi quelques-uns de M. Suny. Elle et sa compagne, encore plus riches qu'elles ne pen-saient, enveloppèrent leur pieux larcin dans des linges blancs, qu'elles emportèrent aux applau-dissements unanimes de ces braves gens, qui promirent bien de ne pas les trahir et qui tinrent parole. Ce fut en retournant à la ville que cet heu-
-463 -déclaré se trouva conforme à ce que l'on voyait de ses yeux les os des cuisses portaient la marque des coups de hache ou de sabre, etc. Ces restes des deux martyrs, sans être tout à fait confondus, étaient trop en contact pour qu'il fût aisé d'éviter toute erreur. Ce qu'on voulait, c'étaient les restes du vénérable Paquot, que Reims avait si bien connu. Il n'en était pas de même de M. Suny, dont le nom était resté dans un tel oubli que madame Baudemont elle-même l'ignorait complètement le procès-verbal que nous avons sous les yeux en est la preuve. Mais Dieu, en faisant donner à M. Suny, par M. Chan-traine, une sépulture commune avec M. Paquot, conserya le nom, et quelque chose de plus que le nom de ce courageux athlète qui, après avoir été renversé dans une première lutte contre l'en-fer, s'était relevé et avait triomphé au prix de son sang. En effet, madame Baudemont, croyant n'enlever que les ossements de M. Paquot, en enleva aussi quelques-uns de M. Suny. Elle et sa compagne, encore plus riches qu'elles ne pen-saient, enveloppèrent leur pieux larcin dans des linges blancs, qu'elles emportèrent aux applau-dissements unanimes de ces braves gens, qui promirent bien de ne pas les trahir et qui tinrent parole. Ce fut en retournant à la ville que cet heu-
############# se trouva conforme à ce que l'on voyait de ses yeux les os des cuisses portaient la marque des coups de hache ou de sabre, etc. Ces restes des deux martyrs, sans être tout à fait confondus, étaient trop en contact pour qu'il fût aisé d'éviter toute erreur. Ce qu'on voulait, c'étaient les restes du vénérable Paquot, que Reims avait si bien connu. Il n'en était pas de même de M. Suny, dont le nom était resté dans un tel oubli que madame Baudemont elle-même l'ignorait complètement le procès-verbal que nous avons sous les yeux en est la preuve. Mais Dieu, en faisant donner à M. Suny, par M. Chan-traine, une sépulture commune avec M. Paquot, conserva le nom, et quelque chose de plus que le nom de ce courageux athlète qui, après avoir été renversé dans une première lutte contre l'en-fer, s'était relevé et avait triomphé au prix de son sang. En effet, madame Baudemont, croyant n'enlever que les ossements de M. Paquot, en enleva aussi quelques-uns de M. Suny. Elle et sa compagne, encore plus riches qu'elles ne pen-saient, enveloppèrent leur pieux larcin dans des linges blancs, qu'elles emportèrent aux applau-dissements unanimes de ces braves gens, qui promirent bien de ne pas les trahir et qui tinrent parole. Ce fut en retournant à la ville que cet heu-
-463 -déclaré se trouva conforme à ce que l'on voyait de ses yeux les os des cuisses portaient la marque des coups de hache ou de sabre, etc. Ces restes des deux martyrs, sans être tout à fait confondus, étaient trop en contact pour qu'il fût aisé d'éviter toute erreur. Ce qu'on voulait, c'étaient les restes du vénérable Paquot, que Reims avait si bien connu. Il n'en était pas de même de M. Suny, dont le nom était resté dans un tel oubli que madame Baudemont elle-même l'ignorait complètement le procès-verbal que nous avons sous les yeux en est la preuve. Mais Dieu, en faisant donner à M. Suny, par M. Chan-traine, une sépulture commune avec M. Paquot, conserva le nom, et quelque chose de plus que le nom de ce courageux athlète qui, après avoir été renversé dans une première lutte contre l'en-fer, s'était relevé et avait triomphé au prix de son sang. En effet, madame Baudemont, croyant n'enlever que les ossements de M. Paquot, en enleva aussi quelques-uns de M. Suny. Elle et sa compagne, encore plus riches qu'elles ne pen-saient, enveloppèrent leur pieux larcin dans des linges blancs, qu'elles emportèrent aux applau-dissements unanimes de ces braves gens, qui promirent bien de ne pas les trahir et qui tinrent parole. Ce fut en retournant à la ville que cet heu-
-463 -déclaré se trouva conforme à ce que l'on voyait de ses yeux les os des cuisses portaient la marque des coups de hache ou de sabre, etc. Ces restes des deux martyrs, sans être tout à fait confondus, étaient trop en contact pour qu'il fût aisé d'éviter toute erreur. Ce qu'on voulait, c'étaient les restes du vénérable Paquot, que Reims avait si bien connu. Il n'en était pas de même de M. Suny, dont le nom était resté dans un tel oubli que madame Baudemont elle-même l'ignorait complètement le procès-verbal que nous avons sous les yeux en est la preuve. Mais Dieu, en faisant donner à M. Suny, par M. Chan-traine, une sépulture commune avec M. Paquot, conserva le nom, et quelque chose de plus que le nom de ce courageux athlète qui, après avoir été renversé dans une première lutte contre l'en-fer, s'était relevé et avait triomphé au prix de son sang. En effet, madame Baudemont, croyant n'enlever que les ossements de M. Paquot, en enleva aussi quelques-uns de M. Suny. Elle et sa compagne, encore plus riches qu'elles ne pen-saient, enveloppèrent leur pieux larcin dans des linges blancs, qu'elles emportèrent aux applau-dissements unanimes de ces braves gens, qui promirent bien de ne pas les trahir et qui tinrent parole. Ce fut en retournant à la ville que cet heu-
1
0.000782
0.004016
513.txt
1,873
-15 -aiguës, dans les rhumatismes et dans l'hydropisie, par l'emploi de diurétiques. Diminution. - Elle diminue dans les affections névral-giques , dans les maladies chroniques dans lesquelles le renouvellement des tissus se fait difficilement, dans les ma-ladies de la moelle épinière et des reins. Dans le typhus , elle augmente d'abord pour diminuer bientôt après, tandis que dans la méningite elle augmente et reste constante pendant toute la durée de la maladie. § 27. Recherche chimique de l'urée. - On évapore au bain-marie jusqu'à consistance sirupeuse une petite quan-tité d'urine 20 à 25 grammes on épuise le résidu à plu-sieurs reprises par l'alcool on filtre et on évapore le liquide alcoolique au bain-marie on obtient ainsi de l'urée plus ou moins colorée. Si on la dissout dans un peu d'eau , et qu'on traite la solution avec de l'acide'oxalique ou nitrique, les combinaisons de ces acides avec l'urée se réparent sous forme de plaques brillantes ou de tables hexagonales. Si on n'avait affaire qu'à une petite quantité d'urée , on pro-duirait la réaction sous le microscope. § 28. Dosage de l'urée. - Pour le dosage de l'urée, on a proposé différents procédés, mais nous ne parlerons que de celui de Liebig qui nous paraît donner les résultats les plus exacts, et peut s'exécuter dans un temps relativement très-court. Ainsi, si on ajoute à une solution étendue d'urée une solution également étendue de nitrate mercurique et qu'on neutralise de temps en temps l'acide libre avec du carbonate de soude, on obtient un précipité floconneux abondant § 8 . Si on continue d'ajouter au liquide alter-nativement du nitrate mercurique et du carbonate de soude, il arrive un moment où, par l'addition d'une nouvelle goutte de la solution alcaline, on obtient une coloration jaune due à la formation d'hydrate mercurique ou de ni-trate mercurique basique. A ce moment, le liquide ne con-tient plus d'urée qui se trouve combinée avec l'oxyde mer-
-15 -aiguës, dans les rhumatismes et dans l'hydropisie, par l'emploi de diurétiques. Diminution. - Elle diminue dans les affections névral-giques , dans les maladies chroniques dans lesquelles le renouvellement des tissus se fait difficilement, dans les ma-ladies de la moelle épinière et des reins. Dans le typhus , elle augmente d'abord pour diminuer bientôt après, tandis que dans la méningite elle augmente et reste constante pendant toute la durée de la maladie. § 27. Recherche chimique de l'urée. - On évapore au bain-marie jusqu'à consistance sirupeuse une petite quan-tité d'urine 20 à 25 grammes on épuise le résidu à plu-sieurs reprises par l'alcool on filtre et on évapore le liquide alcoolique au bain-marie on obtient ainsi de l'urée plus ou moins colorée. Si on la dissout dans un peu d'eau , et qu'on traite la solution avec de l'acide'oxalique ou nitrique, les combinaisons de ces acides avec l'urée se réparent sous forme de plaques brillantes ou de tables hexagonales. Si on n'avait affaire qu'à une petite quantité d'urée , on pro-duirait la réaction sous le microscope. § 28. Dosage de l'urée. - Pour le dosage de l'urée, on a proposé différents procédés, mais nous ne parlerons que de celui de Liebig qui nous paraît donner les résultats les plus exacts, et peut s'exécuter dans un temps relativement très-court. Ainsi, si on ajoute à une solution étendue d'urée une solution également étendue de nitrate mercurique et qu'on neutralise de temps en temps l'acide libre avec du carbonate de soude, on obtient un précipité floconneux abondant § 8 . Si on continue d'ajouter au liquide alter-nativement du nitrate mercurique et du carbonate de soude, il arrive un moment où, par l'addition d'une nouvelle goutte de la solution alcaline, on obtient une coloration jaune due à la formation d'hydrate mercurique ou de ni-trate mercurique basique. A ce moment, le liquide ne con-tient plus d'urée qui se trouve combinée avec l'oxyde mer-
-15 -aiguës, dans les rhumatismes et dans l'hydropisie, par l'emploi de diurétiques. Diminution. -@Elle diminue dans les affections névral-giques@, dans les maladies chroniques dans lesquelles le renouvellement des tissus se fait difficilement, dans les ma-ladies de la moelle épinière et des reins. Dans le typhus@, elle augmente d'abord pour diminuer bientôt après, tandis que dans la méningite elle augmente et reste constante pendant toute la durée de la maladie. § 27. Recherche chimique de l'urée. -@On évapore au bain-marie jusqu'à consistance sirupeuse une petite quan-tité d'urine 20 à 25 grammes on épuise le résidu à plu-sieurs reprises par l'alcool on filtre et on évapore le liquide alcoolique au bain-marie on obtien@ ainsi de l'urée plus ou moins colorée. Si on la dissout dans un peu d'eau@, et qu'on traite la solution avec de l'acide oxalique ou nitrique, les combinaisons de ces acides avec l'urée se réparent sous forme de plaques brillantes ou de tables hexagonales. Si on n'avait affaire qu'à une petite quantité d'urée@, on pro-duirait la réaction sous le microscope. § 28. Dosage de l'urée. -@Pour le dosage de l'urée, on a proposé différents procédés, mais nous ne parlerons que de celui de Liebig qui nous paraît donner les résultats les plus exacts, et peut s'exécuter dans un temps relativement très-court. Ainsi, si on ajoute à une solution étendue d'urée une solution également étendue de nitrate mercurique et qu'on neutralise de temps en temps l'acide libre avec du carbonate de soude, on obtient un précipité floconneux abondant § 8 . Si on continue d'ajouter au liquide alter-nativement du nitrate mercurique et du carbonate de soude, il arrive un moment où, par l'addition d'une nouvelle goutte de la solution alcaline, on obtient une coloration jaune due à la formation d'hydrate mercurique ou de ni-trate mercurique basique. A ce moment, le liquide ne con-tient plus d'urée qui se trouve combinée avec l'oxyde mer-
-15 -aiguës, dans les rhumatismes et dans l'hydropisie, par l'emploi de diurétiques. Diminution. -@Elle diminue dans les affections névral-giques@, dans les maladies chroniques dans lesquelles le renouvellement des tissus se fait difficilement, dans les ma-ladies de la moelle épinière et des reins. Dans le typhus@, elle augmente d'abord pour diminuer bientôt après, tandis que dans la méningite elle augmente et reste constante pendant toute la durée de la maladie. § 27. Recherche chimique de l'urée. -@On évapore au bain-marie jusqu'à consistance sirupeuse une petite quan-tité d'urine 20 à 25 grammes on épuise le résidu à plu-sieurs reprises par l'alcool on filtre et on évapore le liquide alcoolique au bain-marie on obtien@ ainsi de l'urée plus ou moins colorée. Si on la dissout dans un peu d'eau@, et qu'on traite la solution avec de l'acide oxalique ou nitrique, les combinaisons de ces acides avec l'urée se réparent sous forme de plaques brillantes ou de tables hexagonales. Si on n'avait affaire qu'à une petite quantité d'urée@, on pro-duirait la réaction sous le microscope. § 28. Dosage de l'urée. -@Pour le dosage de l'urée, on a proposé différents procédés, mais nous ne parlerons que de celui de Liebig qui nous paraît donner les résultats les plus exacts, et peut s'exécuter dans un temps relativement très-court. Ainsi, si on ajoute à une solution étendue d'urée une solution également étendue de nitrate mercurique et qu'on neutralise de temps en temps l'acide libre avec du carbonate de soude, on obtient un précipité floconneux abondant § 8 . Si on continue d'ajouter au liquide alter-nativement du nitrate mercurique et du carbonate de soude, il arrive un moment où, par l'addition d'une nouvelle goutte de la solution alcaline, on obtient une coloration jaune due à la formation d'hydrate mercurique ou de ni-trate mercurique basique. A ce moment, le liquide ne con-tient plus d'urée qui se trouve combinée avec l'oxyde mer-
-15 -aiguës, dans les rhumatismes et dans l'hydropisie, par l'emploi de diurétiques. Diminution. -Elle diminue dans les affections névral-giques, dans les maladies chroniques dans lesquelles le renouvellement des tissus se fait difficilement, dans les ma-ladies de la moelle épinière et des reins. Dans le typhus, elle augmente d'abord pour diminuer bientôt après, tandis que dans la méningite elle augmente et reste constante pendant toute la durée de la maladie. § 27. Recherche chimique de l'urée. -On évapore au bain-marie jusqu'à consistance sirupeuse une petite quan-tité d'urine 20 à 25 grammes on épuise le résidu à plu-sieurs reprises par l'alcool on filtre et on évapore le liquide alcoolique au bain-marie on obtien ainsi de l'urée plus ou moins colorée. Si on la dissout dans un peu d'eau, et qu'on traite la solution avec de l'acide oxalique ou nitrique, les combinaisons de ces acides avec l'urée se réparent sous forme de plaques brillantes ou de tables hexagonales. Si on n'avait affaire qu'à une petite quantité d'urée, on pro-duirait la réaction sous le microscope. § 28. Dosage de l'urée. -Pour le dosage de l'urée, on a proposé différents procédés, mais nous ne parlerons que de celui de Liebig qui nous paraît donner les résultats les plus exacts, et peut s'exécuter dans un temps relativement très-court. Ainsi, si on ajoute à une solution étendue d'urée une solution également étendue de nitrate mercurique et qu'on neutralise de temps en temps l'acide libre avec du carbonate de soude, on obtient un précipité floconneux abondant § 8 . Si on continue d'ajouter au liquide alter-nativement du nitrate mercurique et du carbonate de soude, il arrive un moment où, par l'addition d'une nouvelle goutte de la solution alcaline, on obtient une coloration jaune due à la formation d'hydrate mercurique ou de ni-trate mercurique basique. A ce moment, le liquide ne con-tient plus d'urée qui se trouve combinée avec l'oxyde mer-
9
0.004632
0.014409
507.txt
1,874
4ANTHROPOLOGIE veaux chez l'homme, qui s'y rencontrent exceptionnellement. Mais il serait trop long de décrire successivement le peroneus quinti digiti, l'abductor ossis metatarsii minimi digiti, Yépitrochleo-anconeus, et tant d'autres dont nous devons surtout la connaissance aux belles recherches de Wood. 11 me suffit d'avoir nettement établi l'existence de ce premier ordre de faits. 1 Une seconde classe d'anomalies qui n'est peut-être pas moins intéres-sante est constituée par la modification du type normal d'un muscle humain, qui le rapproche d'un type inférieur. Nous citerons de ce nombre le développement exagéré des muscles auriculaires, la décus-sation des fibres antérieures des digastriques, l'insertion élevée du rhom-boïde, l'existence de faisceaux supplémentaires reliant l'angulaire de l'omoplate au grand dentelé fig. 1, pl. VIII , l'indépendance du faisceau atloïdien du même muscle angulaire fig. 2, pl. VIII , la présence d'intersec-tions aponévrotiques dans les muscles sterno-hyoïdien etsterno-thyroïdien, la séparation très-nette des trois portions du grand pectoral, l'indépendance de la portion interne de l'extenseur commun des orteils, le faisceau du court péronier destiné au cinquième orteil, la division du tendon du jambier antérieur, etc. C'est encore à ce groupe d'anomalies que se rattache l'existence si fréquente d'un cléido-occipital formé par la prolongation des insertions du sterno-cléido-mastoïdien sur la ligne courbe supérieure de l'occipital, ce qui constitue pour ce muscle un troisième faisceau ordinairement indépendant fig. 3, pl. VIII . Ce faisceau acces-soire, dont j'ai observé plusieurs exemples, a été depuis longtemps indiqué par Meckel. Il représente une portion du muscle céphalo-huméral des animaux. Notons encore ici la remarquable insertion du biceps trifurqué sur le tendon du grand pectoral et à la capsule fibreuse de l'articulation scapulo-humérale, à rapprocher de ce qu'on trouve chez le gibbon fig. 4, pl. VIII . Je ne veux pas terminer cette rapide énumération sans mentionner les rudiments du muscle lombo-stylien décrits par M. Broca chez les animaux à queue, qu'a rencontrés chez deux nègres M. Chudzinski. En écartant les muscles sacro-lombaires et long dorsal, cet anatomiste distingué vit profondément deux languettes musculaires s'isoler de la masse commune des muscles longs du dos ces deux languettes, après un court trajet, se fixaient aux tubercules inférieurs des apophyses articulaires de la première et de la deuxième vertèbre lombaire qui re-présentent les apophyses styloïdes des animaux. Revue d'anthropo-logie publiée sous la direction de M. Broca, tome III, n° 1, p. 25. Les anomalies de cette sorte ne seraient-elles point plus fréquentes chez certaines races humaines que chez les autres? Les travaux publiés jus-
4ANTHROPOLOGIE veaux chez l'homme, qui s'y rencontrent exceptionnellement. Mais il serait trop long de décrire successivement le peroneus quinti digiti, l'abductor ossis metatarsii minimi digiti, @Yépitrochleo-anconeus, et tant d'autres dont nous devons surtout la connaissance aux belles recherches de Wood. 11 me suffit d'avoir nettement établi l'existence de ce premier ordre de faits. 1 Une seconde classe d'anomalies qui n'est peut-être pas moins intéres-sante est constituée par la modification du type normal d'un muscle humain, qui le rapproche d'un type inférieur. Nous citerons de ce nombre le développement exagéré des muscles auriculaires, la décus-sation des fibres antérieures des digastriques, l'insertion élevée du rhom-boïde, l'existence de faisceaux supplémentaires reliant l'angulaire de l'omoplate au grand dentelé fig. 1, pl. VIII , l'indépendance du faisceau atloïdien du même muscle angulaire fig. 2, pl. VIII , la présence d'intersec-tions aponévrotiques dans les muscles sterno-hyoïdien et@sterno-thyroïdien, la séparation très-nette des trois portions du grand pectoral, l'indépendance de la portion interne de l'extenseur commun des orteils, le faisceau du court péronier destiné au cinquième orteil, la division du tendon du jambier antérieur, etc@@@@. C'est encore à ce groupe d'anomalies que se rattache l'existence si fréquente d'un cléido-occipital formé par la prolongation des insertions du sterno-cléido-mastoïdien sur la ligne courbe supérieure de l'occipital, ce qui constitue pour ce muscle un troisième faisceau ordinairement indépendant fig. 3, pl. VIII . Ce faisceau acces-soire, dont j'ai observé plusieurs exemples, a été depuis longtemps indiqué par Meckel. Il représente une portion du muscle céphalo-huméral des animaux. Notons encore ici la remarquable insertion du biceps trifurqué sur le tendon du grand pectoral et à la capsule fibreuse de l'articulation scapulo-humérale, à rapprocher de ce qu'on trouve chez le gibbon fig. 4, pl. VIII . Je ne veux pas terminer cette rapide énumération sans mentionner les rudiments du muscle lombo-stylien décrits par M. Broca chez les animaux à queue, qu'a rencontrés chez deux nègres M. Chudzinski. En écartant les muscles sacro-lombaires et long dorsal, cet anatomiste distingué vit profondément deux languettes musculaires s'isoler de la masse commune des muscles longs du dos ces deux languettes, après un court trajet, se fixaient aux tubercules inférieurs des apophyses articulaires de la première et de la deuxième vertèbre lombaire qui re-présentent les apophyses styloïdes des animaux. Revue d'anthropo-logie publiée sous la direction de M. Broca, tome III, n° 1, p. 25. Les anomalies de cette sorte ne seraient-elles point plus fréquentes chez certaines races humaines que chez les autres? Les travaux publiés jus-
4ANTHROPOLOGIE veaux chez l'homme, qui s'y rencontrent exceptionnellement. Mais il serait trop long de décrire successivement le peroneus quinti digiti, l'abductor ossis metatarsii minimi digiti, l'épitrochleo-anconeus, et tant d'autres dont nous devons surtout la connaissance aux belles recherches de Wood. Il me suffit d'avoir nettement établi l'existence de ce premier ordre de faits. @@Une seconde classe d'anomalies qui n'est peut-être pas moins intéres-sante est constituée par la modification du type normal d'un muscle humain, qui le rapproche d'un type inférieur. Nous citerons de ce nombre le développement exagéré des muscles auriculaires, la décus-sation des fibres antérieures des digastriques, l'insertion élevée du rhom-boïde, l'existence de faisceaux supplémentaires reliant l'angulaire de l'omoplate au grand dentelé fig. 1, pl. VIII , l'indépendance du faisceau atloïdien du même muscle angulaire fig. 2, pl. VIII , la présence d'intersec-tions aponévrotiques dans les muscles sterno-hyoïdien et sterno-thyroïdien, la séparation très-nette des trois portions du grand pectoral, l'indépendance de la portion interne de l'extenseur commun des orteils, le faisceau du court péronier destiné au cinquième orteil, la division du tendon du jambier antérieur, etc... . C'est encore à ce groupe d'anomalies que se rattache l'existence si fréquente d'un cléido-occipital formé par la prolongation des insertions du sterno-cléido-mastoïdien sur la ligne courbe supérieure de l'occipital, ce qui constitue pour ce muscle un troisième faisceau ordinairement indépendant fig. 3, pl. VIII . Ce faisceau acces-soire, dont j'ai observé plusieurs exemples, a été depuis longtemps indiqué par Meckel. Il représente une portion du muscle céphalo-huméral des animaux. Notons encore ici la remarquable insertion du biceps trifurqué sur le tendon du grand pectoral et à la capsule fibreuse de l'articulation scapulo-humérale, à rapprocher de ce qu'on trouve chez le gibbon fig. 4, pl. VIII . Je ne veux pas terminer cette rapide énumération sans mentionner les rudiments du muscle lombo-stylien décrits par M. Broca chez les animaux à queue, qu'a rencontrés chez deux nègres M. Chudzinski. En écartant les muscles sacro-lombaires et long dorsal, cet anatomiste distingué vit profondément deux languettes musculaires s'isoler de la masse commune des muscles longs du dos ces deux languettes, après un court trajet, se fixaient aux tubercules inférieurs des apophyses articulaires de la première et de la deuxième vertèbre lombaire qui re-présentent les apophyses styloïdes des animaux. Revue d'anthropo-logie publiée sous la direction de M. Broca, tome III, n° 1, p. 25. Les anomalies de cette sorte ne seraient-elles point plus fréquentes chez certaines races humaines que chez les autres? Les travaux publiés jus-
4ANTHROPOLOGIE veaux chez l'homme, qui s'y rencontrent exceptionnellement. Mais il serait trop long de décrire successivement le peroneus quinti digiti, l'abductor ossis metatarsii minimi digiti, l'épitrochleo-anconeus, et tant d'autres dont nous devons surtout la connaissance aux belles recherches de Wood. Il me suffit d'avoir nettement établi l'existence de ce premier ordre de faits. @@Une seconde classe d'anomalies qui n'est peut-être pas moins intéres-sante est constituée par la modification du type normal d'un muscle humain, qui le rapproche d'un type inférieur. Nous citerons de ce nombre le développement exagéré des muscles auriculaires, la décus-sation des fibres antérieures des digastriques, l'insertion élevée du rhom-boïde, l'existence de faisceaux supplémentaires reliant l'angulaire de l'omoplate au grand dentelé fig. 1, pl. VIII , l'indépendance du faisceau atloïdien du même muscle angulaire fig. 2, pl. VIII , la présence d'intersec-tions aponévrotiques dans les muscles sterno-hyoïdien et sterno-thyroïdien, la séparation très-nette des trois portions du grand pectoral, l'indépendance de la portion interne de l'extenseur commun des orteils, le faisceau du court péronier destiné au cinquième orteil, la division du tendon du jambier antérieur, etc... . C'est encore à ce groupe d'anomalies que se rattache l'existence si fréquente d'un cléido-occipital formé par la prolongation des insertions du sterno-cléido-mastoïdien sur la ligne courbe supérieure de l'occipital, ce qui constitue pour ce muscle un troisième faisceau ordinairement indépendant fig. 3, pl. VIII . Ce faisceau acces-soire, dont j'ai observé plusieurs exemples, a été depuis longtemps indiqué par Meckel. Il représente une portion du muscle céphalo-huméral des animaux. Notons encore ici la remarquable insertion du biceps trifurqué sur le tendon du grand pectoral et à la capsule fibreuse de l'articulation scapulo-humérale, à rapprocher de ce qu'on trouve chez le gibbon fig. 4, pl. VIII . Je ne veux pas terminer cette rapide énumération sans mentionner les rudiments du muscle lombo-stylien décrits par M. Broca chez les animaux à queue, qu'a rencontrés chez deux nègres M. Chudzinski. En écartant les muscles sacro-lombaires et long dorsal, cet anatomiste distingué vit profondément deux languettes musculaires s'isoler de la masse commune des muscles longs du dos ces deux languettes, après un court trajet, se fixaient aux tubercules inférieurs des apophyses articulaires de la première et de la deuxième vertèbre lombaire qui re-présentent les apophyses styloïdes des animaux. Revue d'anthropo-logie publiée sous la direction de M. Broca, tome III, n° 1, p. 25. Les anomalies de cette sorte ne seraient-elles point plus fréquentes chez certaines races humaines que chez les autres? Les travaux publiés jus-
4ANTHROPOLOGIE veaux chez l'homme, qui s'y rencontrent exceptionnellement. Mais il serait trop long de décrire successivement le peroneus quinti digiti, l'abductor ossis metatarsii minimi digiti, l'épitrochleo-anconeus, et tant d'autres dont nous devons surtout la connaissance aux belles recherches de Wood. Il me suffit d'avoir nettement établi l'existence de ce premier ordre de faits. Une seconde classe d'anomalies qui n'est peut-être pas moins intéres-sante est constituée par la modification du type normal d'un muscle humain, qui le rapproche d'un type inférieur. Nous citerons de ce nombre le développement exagéré des muscles auriculaires, la décus-sation des fibres antérieures des digastriques, l'insertion élevée du rhom-boïde, l'existence de faisceaux supplémentaires reliant l'angulaire de l'omoplate au grand dentelé fig. 1, pl. VIII , l'indépendance du faisceau atloïdien du même muscle angulaire fig. 2, pl. VIII , la présence d'intersec-tions aponévrotiques dans les muscles sterno-hyoïdien et sterno-thyroïdien, la séparation très-nette des trois portions du grand pectoral, l'indépendance de la portion interne de l'extenseur commun des orteils, le faisceau du court péronier destiné au cinquième orteil, la division du tendon du jambier antérieur, etc... . C'est encore à ce groupe d'anomalies que se rattache l'existence si fréquente d'un cléido-occipital formé par la prolongation des insertions du sterno-cléido-mastoïdien sur la ligne courbe supérieure de l'occipital, ce qui constitue pour ce muscle un troisième faisceau ordinairement indépendant fig. 3, pl. VIII . Ce faisceau acces-soire, dont j'ai observé plusieurs exemples, a été depuis longtemps indiqué par Meckel. Il représente une portion du muscle céphalo-huméral des animaux. Notons encore ici la remarquable insertion du biceps trifurqué sur le tendon du grand pectoral et à la capsule fibreuse de l'articulation scapulo-humérale, à rapprocher de ce qu'on trouve chez le gibbon fig. 4, pl. VIII . Je ne veux pas terminer cette rapide énumération sans mentionner les rudiments du muscle lombo-stylien décrits par M. Broca chez les animaux à queue, qu'a rencontrés chez deux nègres M. Chudzinski. En écartant les muscles sacro-lombaires et long dorsal, cet anatomiste distingué vit profondément deux languettes musculaires s'isoler de la masse commune des muscles longs du dos ces deux languettes, après un court trajet, se fixaient aux tubercules inférieurs des apophyses articulaires de la première et de la deuxième vertèbre lombaire qui re-présentent les apophyses styloïdes des animaux. Revue d'anthropo-logie publiée sous la direction de M. Broca, tome III, n° 1, p. 25. Les anomalies de cette sorte ne seraient-elles point plus fréquentes chez certaines races humaines que chez les autres? Les travaux publiés jus-
11
0.003916
0.023913
249.txt
1,845
-52-d'avoir chassé et outragé leur pasteur, ils vou-lurent le poursuivre jusque dans son autre pa-roisse. Au mois de février 1792, ils se rendirent à Somme-Vesle, armés et en grand nombre. Ils trouvèrent quelques habitants disposés à les suivre ils en entraînèrent d'autres par force, et vinrent tumultueusement au presbytère deman-der où était le curé. Le vin qu'ils avaient bu avec excès avait ajouté à leur fureur. Chacune de leurs paroles était accompagnée de gestes menaçants, de blasphèmes, d'imprécations. On leur répondit que M. Musart était au village de Saint-Julien. Il faut qu'il revienne, s'écrient-ils et à l'instant trois ou quatre d'entre eux courent à Saint-Julien. Sans la fermeté que l'on opposa à leur violence, ils auraient contraint leur pasteur de revenir à Somme-Vesle, où il eût pu être vic-time de cette troupe de forcenés. Pendant le relard occasionné par le voyage de Saint-Julien, l'ivresse se dissipa, et la fureur fit place à des sentiments plus modérés. Ennuyés d'attendre, ils se contentèrent de mettre les meubles du curé hors du presbytère, et d'en emporter les clefs 1 . 1 Croire que ces excès, fruits naturels de la révolution, fussent particuliers au village de Poix serait tout à la fois une erreur et une injustice. Il n'est peut-être pas une ville, un bourg, un hameau en France qui n'en ait eu de semblables ou de plus tristes encore à déplorer. Qui ne sait que dans les temps d'à-
-52-d'avoir chassé et outragé leur pasteur, ils vou-lurent le poursuivre jusque dans son autre pa-roisse. Au mois de février 1792, ils se rendirent à Somme-Vesle, armés et en grand nombre. Ils trouvèrent quelques habitants disposés à les suivre ils en entraînèrent d'autres par force, et vinrent tumultueusement au presbytère deman-der où était le curé. Le vin qu'ils avaient bu avec excès avait ajouté à leur fureur. Chacune de leurs paroles était accompagnée de gestes menaçants, de blasphèmes, d'imprécations. On leur répondit que M. Musart était au village de Saint-Julien. Il faut qu'il revienne, s'écrient-ils et à l'instant trois ou quatre d'entre eux courent à Saint-Julien. Sans la fermeté que l'on opposa à leur violence, ils auraient contraint leur pasteur de revenir à Somme-Vesle, où il eût pu être vic-time de cette troupe de forcenés. Pendant le relard occasionné par le voyage de Saint-Julien, l'ivresse se dissipa, et la fureur fit place à des sentiments plus modérés. Ennuyés d'attendre, ils se contentèrent de mettre les meubles du curé hors du presbytère, et d'en emporter les clefs 1 . 1 Croire que ces excès, fruits naturels de la révolution, fussent particuliers au village de Poix serait tout à la fois une erreur et une injustice. Il n'est peut-être pas une ville, un bourg, un hameau en France qui n'en ait eu de semblables ou de plus tristes encore à déplorer. Qui ne sait que dans les temps d'à-
########### chassé et outragé leur pasteur, ils vou-lurent le poursuivre jusque dans son autre pa-roisse. Au mois de février 1792, ils se rendirent à Somme-Vesle, armés et en grand nombre. Ils trouvèrent quelques habitants disposés à les suivre ils en entraînèrent d'autres par force, et vinrent tumultueusement au presbytère deman-der où était le curé. Le vin qu'ils avaient bu avec excès avait ajouté à leur fureur. Chacune de leurs paroles était accompagnée de gestes menaçants, de blasphèmes, d'imprécations. On leur répondit que M. Musart était au village de Saint-Julien. Il faut qu'il revienne, s'écrient-ils et à l'instant trois ou quatre d'entre eux courent à Saint-Julien. Sans la fermeté que l'on opposa à leur violence, ils auraient contraint leur pasteur de revenir à Somme-Vesle, où il eût pu être vic-time de cette troupe de forcenés. Pendant le retard occasionné par le voyage de Saint-Julien, l'ivresse se dissipa, et la fureur fit place à des sentiments plus modérés. Ennuyés d'attendre, ils se contentèrent de mettre les meubles du curé hors du presbytère, et d'en emporter les clefs 1 . 1 Croire que ces excès, fruits naturels de la révolution, fussent particuliers au village de Poix serait tout à la fois une erreur et une injustice. Il n'est peut-être pas une ville, un bourg, un hameau en France qui n'en ait eu de semblables ou de plus tristes encore à déplorer. Qui ne sait que dans les temps d'à-
-52-d'avoir chassé et outragé leur pasteur, ils vou-lurent le poursuivre jusque dans son autre pa-roisse. Au mois de février 1792, ils se rendirent à Somme-Vesle, armés et en grand nombre. Ils trouvèrent quelques habitants disposés à les suivre ils en entraînèrent d'autres par force, et vinrent tumultueusement au presbytère deman-der où était le curé. Le vin qu'ils avaient bu avec excès avait ajouté à leur fureur. Chacune de leurs paroles était accompagnée de gestes menaçants, de blasphèmes, d'imprécations. On leur répondit que M. Musart était au village de Saint-Julien. Il faut qu'il revienne, s'écrient-ils et à l'instant trois ou quatre d'entre eux courent à Saint-Julien. Sans la fermeté que l'on opposa à leur violence, ils auraient contraint leur pasteur de revenir à Somme-Vesle, où il eût pu être vic-time de cette troupe de forcenés. Pendant le retard occasionné par le voyage de Saint-Julien, l'ivresse se dissipa, et la fureur fit place à des sentiments plus modérés. Ennuyés d'attendre, ils se contentèrent de mettre les meubles du curé hors du presbytère, et d'en emporter les clefs 1 . 1 Croire que ces excès, fruits naturels de la révolution, fussent particuliers au village de Poix serait tout à la fois une erreur et une injustice. Il n'est peut-être pas une ville, un bourg, un hameau en France qui n'en ait eu de semblables ou de plus tristes encore à déplorer. Qui ne sait que dans les temps d'à-
-52-d'avoir chassé et outragé leur pasteur, ils vou-lurent le poursuivre jusque dans son autre pa-roisse. Au mois de février 1792, ils se rendirent à Somme-Vesle, armés et en grand nombre. Ils trouvèrent quelques habitants disposés à les suivre ils en entraînèrent d'autres par force, et vinrent tumultueusement au presbytère deman-der où était le curé. Le vin qu'ils avaient bu avec excès avait ajouté à leur fureur. Chacune de leurs paroles était accompagnée de gestes menaçants, de blasphèmes, d'imprécations. On leur répondit que M. Musart était au village de Saint-Julien. Il faut qu'il revienne, s'écrient-ils et à l'instant trois ou quatre d'entre eux courent à Saint-Julien. Sans la fermeté que l'on opposa à leur violence, ils auraient contraint leur pasteur de revenir à Somme-Vesle, où il eût pu être vic-time de cette troupe de forcenés. Pendant le retard occasionné par le voyage de Saint-Julien, l'ivresse se dissipa, et la fureur fit place à des sentiments plus modérés. Ennuyés d'attendre, ils se contentèrent de mettre les meubles du curé hors du presbytère, et d'en emporter les clefs 1 . 1 Croire que ces excès, fruits naturels de la révolution, fussent particuliers au village de Poix serait tout à la fois une erreur et une injustice. Il n'est peut-être pas une ville, un bourg, un hameau en France qui n'en ait eu de semblables ou de plus tristes encore à déplorer. Qui ne sait que dans les temps d'à-
1
0.000703
0.003759
922.txt
1,858
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 241 u-sée à l'excès 1 Je ne voyais pas ce que j'ai vu depuis, ce que j'ai regretté après l'avoir perdu, les trésors de tendresse et de dévouement que renferme votre coeur, et dont je me suis montrée si indigne. Je ne voyais pas, dans cette ardeur même que vous apportiez à vos travaux, le sens secret que vous -y attachiez, le désir de me rendre et de me voir heureuse. Vous me le disiez bien parfois vous me le faisiez bien com-prendre avec une délicatesse que je n'ai pas suffisamment appréciée, mais les chimères dont ma tête était remplie ne me permettaient pas d'obéir à des impressions saines et vraies. J'étais le jouet de fantaisies que je n'eusse pas osé vous avouer, mais dans-lesquelles j'aurais voulu vous voir entrer. Je vous aurais désiré plus conforme aux personnages imaginaires dont mon cerveau était rempli, plus ardent, plus impétueux, plus disposé aux aventures, tel enfin qu'on re-présente les hommes aux grands sentiments et aux grandes passions. Comment n'avez-vous pas compris, Ludovic, le travail qui se faisait dans mon esprit? Comment ne m'avez-vous pas alors sauvée de moi-même? J'étais pure encore mon coeur vous appartenait il n'y avait d'atteint que mon imagination, et il eût été-facile de la guérir. Quelques mots de vous, et la cure se fût accomplie. Mais vous étiez alors dans le feu de vos études et ne voyiez plus votre pauvre Marguerite qu'à travers les soucis et les prestiges d'un examen prochain. Vous ne pouviez la deviner ni la secourir dans ses défail-lances. Ah 1 qu'un aveu eût été bon alors ! Qu'une explica-tion franche eût été salutaire pour tous deux 1 Que de tor-tures elle m'eût épargnées, et à vous aussi, Ludovic 1 Bien des fois je fus sur le point de l'amener, de vous raconter mes - combats, mes doutes, l'état de mon coeur, les visions dont mon cerveau était obsédé mais, au moment d'aborder ce sujet, je sentais ma langue comme paralysée. Etait-ce bien à une jeune fille d'en venir à un pareilentretien ? N'était-elle pas astreinte à plus de réserve? Je me taisais donc et cachais mon embarras sous une froideur affectée. De là, dans nos - relations, une gêne et un malaise qui ne pouvaient que s'ac-croître, et qu'une circonstance funeste vint porter à leur der-nier degré. Ici, Ludovic, je m'adresse à votre compassion et im-
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 241 u-sée à l'excès 1 Je ne voyais pas ce que j'ai vu depuis, ce que j'ai regretté après l'avoir perdu, les trésors de tendresse et de dévouement que renferme votre coeur, et dont je me suis montrée si indigne. Je ne voyais pas, dans cette ardeur même que vous apportiez à vos travaux, le sens secret que vous -y attachiez, le désir de me rendre et de me voir heureuse. Vous me le disiez bien parfois vous me le faisiez bien com-prendre avec une délicatesse que je n'ai pas suffisamment appréciée, mais les chimères dont ma tête était remplie ne me permettaient pas d'obéir à des impressions saines et vraies. J'étais le jouet de fantaisies que je n'eusse pas osé vous avouer, mais dans-lesquelles j'aurais voulu vous voir entrer. Je vous aurais désiré plus conforme aux personnages imaginaires dont mon cerveau était rempli, plus ardent, plus impétueux, plus disposé aux aventures, tel enfin qu'on re-présente les hommes aux grands sentiments et aux grandes passions. Comment n'avez-vous pas compris, Ludovic, le travail qui se faisait dans mon esprit@? Comment ne m'avez-vous pas alors sauvée de moi-même@? J'étais pure encore mon coeur vous appartenait il n'y avait d'atteint que mon imagination, et il eût été-facile de la guérir. Quelques mots de vous, et la cure se fût accomplie. Mais vous étiez alors dans le feu de vos études et ne voyiez plus votre pauvre Marguerite qu'à travers les soucis et les prestiges d'un examen prochain. Vous ne pouviez la deviner ni la secourir dans ses défail-lances. Ah 1 qu'un aveu eût été bon alors ! Qu'une explica-tion franche eût été salutaire pour tous deux 1 Que de tor-tures elle m'eût épargnées, et à vous aussi, Ludovic 1 Bien des fois je fus sur le point de l'amener, de vous raconter mes - combats, mes doutes, l'état de mon coeur, les visions dont mon cerveau était obsédé mais, au moment d'aborder ce sujet, je sentais ma langue comme paralysée. Etait-ce bien à une jeune fille d'en venir à un pareil@entretien ? N'était-elle pas astreinte à plus de réserve@? Je me taisais donc et cachais mon embarras sous une froideur affectée. De là, dans nos - relations, une gêne et un malaise qui ne pouvaient que s'ac-croître, et qu'une circonstance funeste vint porter à leur der-nier degré. Ici, Ludovic, je m'adresse à votre compassion et im-
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 241 @@sée à l'excès ! Je ne voyais pas ce que j'ai vu depuis, ce que j'ai regretté après l'avoir perdu, les trésors de tendresse et de dévouement que renferme votre coeur, et dont je me suis montrée si indigne. Je ne voyais pas, dans cette ardeur même que vous apportiez à vos travaux, le sens secret que vous @y attachiez, le désir de me rendre et de me voir heureuse. Vous me le disiez bien parfois vous me le faisiez bien com-prendre avec une délicatesse que je n'ai pas suffisamment appréciée, mais les chimères dont ma tête était remplie ne me permettaient pas d'obéir à des impressions saines et vraies. J'étais le jouet de fantaisies que je n'eusse pas osé vous avouer, mais dans lesquelles j'aurais voulu vous voir entrer. Je vous aurais désiré plus conforme aux personnages imaginaires dont mon cerveau était rempli, plus ardent, plus impétueux, plus disposé aux aventures, tel enfin qu'on re-présente les hommes aux grands sentiments et aux grandes passions. Comment n'avez-vous pas compris, Ludovic, le travail qui se faisait dans mon esprit ? Comment ne m'avez-vous pas alors sauvée de moi-même ? J'étais pure encore mon coeur vous appartenait il n'y avait d'atteint que mon imagination, et il eût été facile de la guérir. Quelques mots de vous, et la cure se fût accomplie. Mais vous étiez alors dans le feu de vos études et ne voyiez plus votre pauvre Marguerite qu'à travers les soucis et les prestiges d'un examen prochain. Vous ne pouviez la deviner ni la secourir dans ses défail-lances. Ah ! qu'un aveu eût été bon alors ! Qu'une explica-tion franche eût été salutaire pour tous deux ! Que de tor-tures elle m'eût épargnées, et à vous aussi, Ludovic ! Bien des fois je fus sur le point de l'amener, de vous raconter mes@@ combats, mes doutes, l'état de mon coeur, les visions dont mon cerveau était obsédé mais, au moment d'aborder ce sujet, je sentais ma langue comme paralysée. Était-ce bien à une jeune fille d'en venir à un pareil entretien ? N'était-elle pas astreinte à plus de réserve ? Je me taisais donc et cachais mon embarras sous une froideur affectée. De là, dans nos@@ relations, une gène et un malaise qui ne pouvaient que s'ac-croître, et qu'une circonstance funeste vint porter à leur der-nier degré. Ici, Ludovic, je m'adresse à votre compassion et im-
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 241 @@sée à l'excès ! Je ne voyais pas ce que j'ai vu depuis, ce que j'ai regretté après l'avoir perdu, les trésors de tendresse et de dévouement que renferme votre coeur, et dont je me suis montrée si indigne. Je ne voyais pas, dans cette ardeur même que vous apportiez à vos travaux, le sens secret que vous @y attachiez, le désir de me rendre et de me voir heureuse. Vous me le disiez bien parfois vous me le faisiez bien com-prendre avec une délicatesse que je n'ai pas suffisamment appréciée, mais les chimères dont ma tête était remplie ne me permettaient pas d'obéir à des impressions saines et vraies. J'étais le jouet de fantaisies que je n'eusse pas osé vous avouer, mais dans lesquelles j'aurais voulu vous voir entrer. Je vous aurais désiré plus conforme aux personnages imaginaires dont mon cerveau était rempli, plus ardent, plus impétueux, plus disposé aux aventures, tel enfin qu'on re-présente les hommes aux grands sentiments et aux grandes passions. Comment n'avez-vous pas compris, Ludovic, le travail qui se faisait dans mon esprit ? Comment ne m'avez-vous pas alors sauvée de moi-même ? J'étais pure encore mon coeur vous appartenait il n'y avait d'atteint que mon imagination, et il eût été facile de la guérir. Quelques mots de vous, et la cure se fût accomplie. Mais vous étiez alors dans le feu de vos études et ne voyiez plus votre pauvre Marguerite qu'à travers les soucis et les prestiges d'un examen prochain. Vous ne pouviez la deviner ni la secourir dans ses défail-lances. Ah ! qu'un aveu eût été bon alors ! Qu'une explica-tion franche eût été salutaire pour tous deux ! Que de tor-tures elle m'eût épargnées, et à vous aussi, Ludovic ! Bien des fois je fus sur le point de l'amener, de vous raconter mes@@ combats, mes doutes, l'état de mon coeur, les visions dont mon cerveau était obsédé mais, au moment d'aborder ce sujet, je sentais ma langue comme paralysée. Était-ce bien à une jeune fille d'en venir à un pareil entretien ? N'était-elle pas astreinte à plus de réserve ? Je me taisais donc et cachais mon embarras sous une froideur affectée. De là, dans nos@@ relations, une gène et un malaise qui ne pouvaient que s'ac-croître, et qu'une circonstance funeste vint porter à leur der-nier degré. Ici, Ludovic, je m'adresse à votre compassion et im-
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 241 sée à l'excès ! Je ne voyais pas ce que j'ai vu depuis, ce que j'ai regretté après l'avoir perdu, les trésors de tendresse et de dévouement que renferme votre coeur, et dont je me suis montrée si indigne. Je ne voyais pas, dans cette ardeur même que vous apportiez à vos travaux, le sens secret que vous y attachiez, le désir de me rendre et de me voir heureuse. Vous me le disiez bien parfois vous me le faisiez bien com-prendre avec une délicatesse que je n'ai pas suffisamment appréciée, mais les chimères dont ma tête était remplie ne me permettaient pas d'obéir à des impressions saines et vraies. J'étais le jouet de fantaisies que je n'eusse pas osé vous avouer, mais dans lesquelles j'aurais voulu vous voir entrer. Je vous aurais désiré plus conforme aux personnages imaginaires dont mon cerveau était rempli, plus ardent, plus impétueux, plus disposé aux aventures, tel enfin qu'on re-présente les hommes aux grands sentiments et aux grandes passions. Comment n'avez-vous pas compris, Ludovic, le travail qui se faisait dans mon esprit ? Comment ne m'avez-vous pas alors sauvée de moi-même ? J'étais pure encore mon coeur vous appartenait il n'y avait d'atteint que mon imagination, et il eût été facile de la guérir. Quelques mots de vous, et la cure se fût accomplie. Mais vous étiez alors dans le feu de vos études et ne voyiez plus votre pauvre Marguerite qu'à travers les soucis et les prestiges d'un examen prochain. Vous ne pouviez la deviner ni la secourir dans ses défail-lances. Ah ! qu'un aveu eût été bon alors ! Qu'une explica-tion franche eût été salutaire pour tous deux ! Que de tor-tures elle m'eût épargnées, et à vous aussi, Ludovic ! Bien des fois je fus sur le point de l'amener, de vous raconter mes combats, mes doutes, l'état de mon coeur, les visions dont mon cerveau était obsédé mais, au moment d'aborder ce sujet, je sentais ma langue comme paralysée. Était-ce bien à une jeune fille d'en venir à un pareil entretien ? N'était-elle pas astreinte à plus de réserve ? Je me taisais donc et cachais mon embarras sous une froideur affectée. De là, dans nos relations, une gène et un malaise qui ne pouvaient que s'ac-croître, et qu'une circonstance funeste vint porter à leur der-nier degré. Ici, Ludovic, je m'adresse à votre compassion et im-
19
0.008207
0.035556
711.txt
1,870
-9 -Poùr une telle besogne il leur manquait assurément 4es ailes au talon et l'on croirait plutôt, tant cette littérature est aisée, qu'il a suffi d'un souffle de l'ai-mable correspondante pour les lancer à leur adresse. Le XVIIIe siècle a bien écrit des billets très-vifs, trop vifs, trop spirituels, de cet esprit qui tend à pas-ser les bornes qu'avant on ne touchait jamais lexix8 n'en faitplus. Tout est rapide aujourd'hui excepté les lettres, à en juger par les plus récentes publications, Qui donc a maintenant le temps d'être court? le billet, cet express de l'esprit de sociabilité , a sur?! les neiges d'antan. Un carré de papier carton , une formule, une presse d'imprimerie, des agences de distribution, tels sont les procédés sommaires qui remplacent le plus souvent, - quel scandale i nos grand'mères le voyaient! - les façons civiles et séduisantes d'autrefois. Quel intérêt varié n'offriraient point les correspon-dances féminines dans la mêlée du xvine siècle, à tous ses moments, dans toutes les classes, et même hors classe? Pourtant je ne m'y voudrais pas trop arrêter, - Elles diffèrent tant de celles que nous laissons. Le ten, je lésais, a grandement survécu aux moeurs chez la plus polié des nations modernes, et les lettres des femmes célèbres de ce temps-là résistent plus et plus longtemps que les -livres à une certaine conta-gion de licence. En quittant une renommée aussi pure, aussi morale, aussi à l'abri de tout swvpçoîi que celle de MDle de Sévigné, on n'en risquerait pas moins d'être- sévère pour ces vies hardies et ha.. deuses inclinant ou courant aux extrémités les pi as contraires à l sprit du xvna siècle. A ne regarder que fe cSté littéraire , un trait commun tous les âges du xviiie, la rupture de l'équilibre -entl.'e tes dlf-
-9 -Poùr une telle besogne il leur manquait assurément 4es ailes au talon et l'on croirait plutôt, tant cette littérature est aisée, qu'il a suffi d'un souffle de l'ai-mable correspondante pour les lancer à leur adresse. Le XVIIIe siècle a bien écrit des billets très-vifs, trop vifs, trop spirituels, de cet esprit qui tend à pas-ser les bornes qu'avant on ne touchait jamais le@xix8 n'en fait@plus. Tout est rapide aujourd'hui excepté les lettres, à en juger par les plus récentes publications, Qui donc a maintenant le temps d'être court@? le billet, cet express de l'esprit de sociabilité , a sur?! les neiges d'antan. Un carré de papier carton , une formule, une presse d'imprimerie, des agences de distribution, tels sont les procédés sommaires qui remplacent le plus souvent, - quel scandale @i nos grand'mères le voyaient! - les façons civiles et séduisantes d'autrefois. Quel intérêt varié n'offriraient point les correspon-dances féminines dans la mêlée du xv@ine siècle, à tous ses moments, dans toutes les classes, et même hors classe@? Pourtant je ne m'y voudrais pas trop arrêter, - Elles diffèrent tant de celles que nous laissons. Le ten, je l@ésais, a grandement survécu aux moeurs chez la plus polié des nations modernes, et les lettres des femmes célèbres de ce temps-là résistent plus et plus longtemps que les -livres à une certaine conta-gion de licence. En quittant une renommée aussi pure, aussi morale, aussi à l'abri de tout swvpçoîi que celle de MDle de Sévigné, on n'en risquerait pas moins d'être- sévère pour ces vies hardies et ha@.. deuses inclinant ou courant aux extrémités les pi as contraires à l@ sprit du xv@na siècle. A ne regarder que fe cSté littéraire , un trait commun@@ tous les âges du xviiie, la rupture de l'équilibre -entl.'e tes dlf-
-9 -Pour une telle besogne il leur manquait assurément des ailes au talon et l'on croirait plutôt, tant cette littérature est aisée, qu'il a suffi d'un souffle de l'ai-mable correspondante pour les lancer à leur adresse. Le XVIIIe siècle a bien écrit des billets très-vifs, trop vifs, trop spirituels, de cet esprit qui tend à pas-ser les bornes qu'avant on ne touchait jamais le XIXe n'en fait plus. Tout est rapide aujourd'hui excepté les lettres, à en juger par les plus récentes publications. Qui donc a maintenant le temps d'être court ? le billet, cet express de l'esprit de sociabilité@, a suivi les neiges d'antan. Un carré de papier carton@, une formule, une presse d'imprimerie, des agences de distribution, tels sont les procédés sommaires qui remplacent le plus souvent, -@quel scandale si nos grand'mères le voyaient! -@les façons civiles et séduisantes d'autrefois. Quel intérêt varié n'offriraient point les correspon-dances féminines dans la mêlée du XVIIIe siècle, à tous ses moments, dans toutes les classes, et même hors classe ? Pourtant je ne m'y voudrais pas trop arrêter@@. Elles diffèrent tant de celles que nous laissons. Le ton, je le sais, a grandement survécu aux moeurs chez la plus polie des nations modernes, et les lettres des femmes célèbres de ce temps-là résistent plus et plus longtemps que les @livres à une certaine conta-gion de licence. En quittant une renommée aussi pure, aussi morale, aussi à l'abri de tout soupço@n que celle de M@me de Sévigné, on n'en risquerait pas moins d'être@ sévère pour ces vies hardies et hasar-deuses inclinant ou courant aux extrémités les p@lus contraires à l'esprit du XVIIe siècle. A ne regarder que le côté littéraire@, un trait commun à tous les âges du XVIIIe, la rupture de l'équilibre @ent@@re les dif-
-9 -Pour une telle besogne il leur manquait assurément des ailes au talon et l'on croirait plutôt, tant cette littérature est aisée, qu'il a suffi d'un souffle de l'ai-mable correspondante pour les lancer à leur adresse. Le XVIIIe siècle a bien écrit des billets très-vifs, trop vifs, trop spirituels, de cet esprit qui tend à pas-ser les bornes qu'avant on ne touchait jamais le XIXe n'en fait plus. Tout est rapide aujourd'hui excepté les lettres, à en juger par les plus récentes publications. Qui donc a maintenant le temps d'être court ? le billet, cet express de l'esprit de sociabilité@, a suivi les neiges d'antan. Un carré de papier carton@, une formule, une presse d'imprimerie, des agences de distribution, tels sont les procédés sommaires qui remplacent le plus souvent, -@quel scandale si nos grand'mères le voyaient! -@les façons civiles et séduisantes d'autrefois. Quel intérêt varié n'offriraient point les correspon-dances féminines dans la mêlée du XVIIIe siècle, à tous ses moments, dans toutes les classes, et même hors classe ? Pourtant je ne m'y voudrais pas trop arrêter@@. Elles diffèrent tant de celles que nous laissons. Le ton, je le sais, a grandement survécu aux moeurs chez la plus polie des nations modernes, et les lettres des femmes célèbres de ce temps-là résistent plus et plus longtemps que les @livres à une certaine conta-gion de licence. En quittant une renommée aussi pure, aussi morale, aussi à l'abri de tout soupço@n que celle de M@me de Sévigné, on n'en risquerait pas moins d'être@ sévère pour ces vies hardies et hasar-deuses inclinant ou courant aux extrémités les p@lus contraires à l'esprit du XVIIe siècle. A ne regarder que le côté littéraire@, un trait commun à tous les âges du XVIIIe, la rupture de l'équilibre @ent@@re les dif-
-9 -Pour une telle besogne il leur manquait assurément des ailes au talon et l'on croirait plutôt, tant cette littérature est aisée, qu'il a suffi d'un souffle de l'ai-mable correspondante pour les lancer à leur adresse. Le XVIIIe siècle a bien écrit des billets très-vifs, trop vifs, trop spirituels, de cet esprit qui tend à pas-ser les bornes qu'avant on ne touchait jamais le XIXe n'en fait plus. Tout est rapide aujourd'hui excepté les lettres, à en juger par les plus récentes publications. Qui donc a maintenant le temps d'être court ? le billet, cet express de l'esprit de sociabilité, a suivi les neiges d'antan. Un carré de papier carton, une formule, une presse d'imprimerie, des agences de distribution, tels sont les procédés sommaires qui remplacent le plus souvent, -quel scandale si nos grand'mères le voyaient! -les façons civiles et séduisantes d'autrefois. Quel intérêt varié n'offriraient point les correspon-dances féminines dans la mêlée du XVIIIe siècle, à tous ses moments, dans toutes les classes, et même hors classe ? Pourtant je ne m'y voudrais pas trop arrêter. Elles diffèrent tant de celles que nous laissons. Le ton, je le sais, a grandement survécu aux moeurs chez la plus polie des nations modernes, et les lettres des femmes célèbres de ce temps-là résistent plus et plus longtemps que les livres à une certaine conta-gion de licence. En quittant une renommée aussi pure, aussi morale, aussi à l'abri de tout soupçon que celle de Mme de Sévigné, on n'en risquerait pas moins d'être sévère pour ces vies hardies et hasar-deuses inclinant ou courant aux extrémités les plus contraires à l'esprit du XVIIe siècle. A ne regarder que le côté littéraire, un trait commun à tous les âges du XVIIIe, la rupture de l'équilibre entre les dif-
69
0.039049
0.209091
705.txt
1,842
216 MADAME DE LONGUE VILLE. L'air qui lui revenoit le moins, étoit l'air décisif et scientifique, et je sais des personnes très-estimables d'ail-leurs, qu'elle n'a jamais goûtées, parce qu'elles avoient quelque chose de cet air. C'étoit au contraire faire sa cour auprès d'elle, que de parler de tout le monde avec équité et sans passion, et d'estimer en eux tout ce qu'ils pouvoient avoir de bon. Enfin, tout son extérieur, sa voix, son visage, ses gestes étoient une musique parfaite, et son esprit et son corps la servoient si bien pour exprimer tout ce qu'elle vouloit faire entendre, que c'étoit la plus parfaite actrice du monde. Cependant, quoique je sois persuadé qu'elle étoit un excellent modèle d'une conversation sage, chrétienne et agréable, je ne laisse pas de croire que l'état d'une per-sonne qui n'auroit rien de tout cela, et qui seroit sans esprit et sans agrément, mais qui sauroit bien se passer de la conversation du monde, et se tenir en silence devant Dieu en s'occupant de quelque petit travail, est beaucoup plus heureux et plus souhaitable que celui-là, parce qu'il est moins exposé à la vanité, et moins tenté par le spec-tacle des jugements favorables qu'on attire par les belles qualités. La fin de ce portrait est peut-être de trop pour nous autres jansénistes mondains, et qui ne faisons pas fi de l'agrément, même chez madame de Longueville convertie. Mais quel charmant et sérieux exemple de la maîtresse de maison, chrétienne rigoureuse et pourtant aimable ! Ce petit portrait pourrait bien être de Nicole on sait, en effet, qu'il trouvait à M. de Tréville plus d'esprit qu'à Pascal même ici on lui accorde plus de trait qu'à madame de Lon-gueville. Quelle fleur de janséniste cela devait faire 1 Une femme d'esprit me faisait remarquer que ce M. de Tréville était le M. Joubert du beau temps du jansénisme. Ce sont d'heureux hommes que ceux qui viventainsi grands hommes pour tous leurs amis. et que tous les autres ignorent.
216 MADAME DE LONGUE VILLE. L'air qui lui revenoit le moins, étoit l'air décisif et scientifique, et je sais des personnes très-estimables d'ail-leurs, qu'elle n'a jamais goûtées, parce qu'elles avoient quelque chose de cet air. C'étoit au contraire faire sa cour auprès d'elle, que de parler de tout le monde avec équité et sans passion, et d'estimer en eux tout ce qu'ils pouvoient avoir de bon. Enfin, tout son extérieur, sa voix, son visage, ses gestes étoient une musique parfaite, et son esprit et son corps la servoient si bien pour exprimer tout ce qu'elle vouloit faire entendre, que c'étoit la plus parfaite actrice du monde. Cependant, quoique je sois persuadé qu'elle étoit un excellent modèle d'une conversation sage, chrétienne et agréable, je ne laisse pas de croire que l'état d'une per-sonne qui n'auroit rien de tout cela, et qui seroit sans esprit et sans agrément, mais qui sauroit bien se passer de la conversation du monde, et se tenir en silence devant Dieu en s'occupant de quelque petit travail, est beaucoup plus heureux et plus souhaitable que celui-là, parce qu'il est moins exposé à la vanité, et moins tenté par le spec-tacle des jugements favorables qu'on attire par les belles qualités. La fin de ce portrait est peut-être de trop pour nous autres jansénistes mondains, et qui ne faisons pas fi de l'agrément, même chez madame de Longueville convertie. Mais quel charmant et sérieux exemple de la maîtresse de maison, chrétienne rigoureuse et pourtant aimable ! Ce petit portrait pourrait bien être de Nicole on sait, en effet, qu'il trouvait à M. de Tréville plus d'esprit qu'à Pascal même ici on lui accorde plus de trait qu'à madame de Lon-gueville. Quelle fleur de janséniste cela devait faire 1 Une femme d'esprit me faisait remarquer que ce M. de Tréville était le M. Joubert du beau temps du jansénisme. Ce sont d'heureux hommes que ceux qui vivent@ainsi grands hommes pour tous leurs amis. et que tous les autres ignorent.
216 MADAME DE LONGUE@VILLE. L'air qui lui revenoit le moins, étoit l'air décisif et scientifique, et je sais des personnes très-estimables d'ail-leurs, qu'elle n'a jamais goûtées, parce qu'elles avoient quelque chose de cet air. C'étoit au contraire faire sa cour auprès d'elle, que de parler de tout le monde avec équité et sans passion, et d'estimer en eux tout ce qu'ils pouvoient avoir de bon. Enfin, tout son extérieur, sa voix, son visage, ses gestes étoient une musique parfaite, et son esprit et son corps la servoient si bien pour exprimer tout ce qu'elle vouloit faire entendre, que c'étoit la plus parfaite actrice du monde. Cependant, quoique je sois persuadé qu'elle étoit un excellent modèle d'une conversation sage, chrétienne et agréable, je ne laisse pas de croire que l'état d'une per-sonne qui n'auroit rien de tout cela, et qui seroit sans esprit et sans agrément, mais qui sauroit bien se passer de la conversation du monde, et se tenir en silence devant Dieu en s'occupant de quelque petit travail, est beaucoup plus heureux et plus souhaitable que celui-là, parce qu'il est moins exposé à la vanité, et moins tenté par le spec-tacle des jugements favorables qu'on attire par les belles qualités. La fin de ce portrait est peut-être de trop pour nous autres jansénistes mondains, et qui ne faisons pas fi de l'agrément, même chez madame de Longueville convertie. Mais quel charmant et sérieux exemple de la maîtresse de maison, chrétienne rigoureuse et pourtant aimable ! Ce petit portrait pourrait bien être de Nicole on sait, en effet, qu'il trouvait à M. de Tréville plus d'esprit qu'à Pascal même ici on lui accorde plus de trait qu'à madame de Lon-gueville. Quelle fleur de janséniste cela devait faire ! Une femme d'esprit me faisait remarquer que ce M. de Tréville était le M. Joubert du beau temps du jansénisme. Ce sont d'heureux hommes que ceux qui vivent ainsi grands hommes pour tous leurs amis, et que tous les autres ignorent.
216 MADAME DE LONGUE@VILLE. L'air qui lui revenoit le moins, étoit l'air décisif et scientifique, et je sais des personnes très-estimables d'ail-leurs, qu'elle n'a jamais goûtées, parce qu'elles avoient quelque chose de cet air. C'étoit au contraire faire sa cour auprès d'elle, que de parler de tout le monde avec équité et sans passion, et d'estimer en eux tout ce qu'ils pouvoient avoir de bon. Enfin, tout son extérieur, sa voix, son visage, ses gestes étoient une musique parfaite, et son esprit et son corps la servoient si bien pour exprimer tout ce qu'elle vouloit faire entendre, que c'étoit la plus parfaite actrice du monde. Cependant, quoique je sois persuadé qu'elle étoit un excellent modèle d'une conversation sage, chrétienne et agréable, je ne laisse pas de croire que l'état d'une per-sonne qui n'auroit rien de tout cela, et qui seroit sans esprit et sans agrément, mais qui sauroit bien se passer de la conversation du monde, et se tenir en silence devant Dieu en s'occupant de quelque petit travail, est beaucoup plus heureux et plus souhaitable que celui-là, parce qu'il est moins exposé à la vanité, et moins tenté par le spec-tacle des jugements favorables qu'on attire par les belles qualités. La fin de ce portrait est peut-être de trop pour nous autres jansénistes mondains, et qui ne faisons pas fi de l'agrément, même chez madame de Longueville convertie. Mais quel charmant et sérieux exemple de la maîtresse de maison, chrétienne rigoureuse et pourtant aimable ! Ce petit portrait pourrait bien être de Nicole on sait, en effet, qu'il trouvait à M. de Tréville plus d'esprit qu'à Pascal même ici on lui accorde plus de trait qu'à madame de Lon-gueville. Quelle fleur de janséniste cela devait faire ! Une femme d'esprit me faisait remarquer que ce M. de Tréville était le M. Joubert du beau temps du jansénisme. Ce sont d'heureux hommes que ceux qui vivent ainsi grands hommes pour tous leurs amis, et que tous les autres ignorent.
216 MADAME DE LONGUEVILLE. L'air qui lui revenoit le moins, étoit l'air décisif et scientifique, et je sais des personnes très-estimables d'ail-leurs, qu'elle n'a jamais goûtées, parce qu'elles avoient quelque chose de cet air. C'étoit au contraire faire sa cour auprès d'elle, que de parler de tout le monde avec équité et sans passion, et d'estimer en eux tout ce qu'ils pouvoient avoir de bon. Enfin, tout son extérieur, sa voix, son visage, ses gestes étoient une musique parfaite, et son esprit et son corps la servoient si bien pour exprimer tout ce qu'elle vouloit faire entendre, que c'étoit la plus parfaite actrice du monde. Cependant, quoique je sois persuadé qu'elle étoit un excellent modèle d'une conversation sage, chrétienne et agréable, je ne laisse pas de croire que l'état d'une per-sonne qui n'auroit rien de tout cela, et qui seroit sans esprit et sans agrément, mais qui sauroit bien se passer de la conversation du monde, et se tenir en silence devant Dieu en s'occupant de quelque petit travail, est beaucoup plus heureux et plus souhaitable que celui-là, parce qu'il est moins exposé à la vanité, et moins tenté par le spec-tacle des jugements favorables qu'on attire par les belles qualités. La fin de ce portrait est peut-être de trop pour nous autres jansénistes mondains, et qui ne faisons pas fi de l'agrément, même chez madame de Longueville convertie. Mais quel charmant et sérieux exemple de la maîtresse de maison, chrétienne rigoureuse et pourtant aimable ! Ce petit portrait pourrait bien être de Nicole on sait, en effet, qu'il trouvait à M. de Tréville plus d'esprit qu'à Pascal même ici on lui accorde plus de trait qu'à madame de Lon-gueville. Quelle fleur de janséniste cela devait faire ! Une femme d'esprit me faisait remarquer que ce M. de Tréville était le M. Joubert du beau temps du jansénisme. Ce sont d'heureux hommes que ceux qui vivent ainsi grands hommes pour tous leurs amis, et que tous les autres ignorent.
4
0.00204
0.010782
842.txt
1,858
CE QU'ON iJEUT VOIR DANS UNE RUE. 147 nëral. A l'ouverture du cours, il était là, un crayon en main, tout yeux et tout oreilles, ne perdant pas une syllabe des leçons, et prenant des notes au besoin pour suppléer aux défaillances de sa mémoire. Quand il marchait dans la rue, c'était avec des livres sous le bras, et si recueilli dans un tra-vail intérieur que, plus d'une fois, il fut effleuré par les roues des voitures. La nuit, le jour il songeait à ses examens, et se posait dçs questions en manière d'exercices préparatoires. Point d'habitudes énervantes, point de distractions dispen-dieuses pour café il avait ses Pandectes, et ses Institues pour salle de billard. On le citait dans l'École de Droit comme la dernière expression du genre et la fleur des pois parmi les piochews. , Les choses allèrent ainsi tant que le coeur fut libre et ne se mit pas. de la partie. Mais le démon a tant de ressources, -qu'il pépètre dans les existences les mieux gardées. Ludovic était jeune et ne manquait pas d'agréments. Il avait dans les yeux ce premier éclair qui attend l'occasion de jaillir et sert de précurseur à tant d'orages. Il était bien fait de sa per-sonne, d'un visage doux et heureux, d'une complexion où l'ardeur s'alliait à la force. Ses habits étaient simples, mais il les portait bien, et il y mettait tout le soin compatible avec son état de fortune. Rien en lui qui ne fut de nature à plaire, et pourtant il n'y songeait pas toutes ses passions sem-blaient se résumer dans la poursuite de son diplôme. Autour de lui bien des liaisons passagères se formaient l'hôtel était plein de ménages en camp volant et d'amours au mois ou à la semaine. Loin de troubler ses sens, ces spectacles n'éveil-laient chez lui qu'une répugnance mêlée de pitié il ne com-prenait pas qu'on entrât dans la vie par cette porte et que ces goûts frivoles y eussent une si grande part. Son heure n'é-tait pas encore venue, et elle vint, hélas ! trop tôt.
CE QU'ON iJEUT VOIR DANS UNE RUE. 147 nëral. A l'ouverture du cours, il était là, un crayon en main, tout yeux et tout oreilles, ne perdant pas une syllabe des leçons, et prenant des notes au besoin pour suppléer aux défaillances de sa mémoire. Quand il marchait dans la rue, c'était avec des livres sous le bras, et si recueilli dans un tra-vail intérieur que, plus d'une fois, il fut effleuré par les roues des voitures. La nuit, le jour@ il songeait à ses examens, et se posait dçs questions en manière d'exercices préparatoires. Point d'habitudes énervantes, point de distractions dispen-dieuses pour café il avait ses Pandectes, et ses Institu@es pour salle de billard. On le citait dans l'École de Droit comme la dernière expression du genre et la fleur des pois parmi les pioche@ws. , Les choses allèrent ainsi tant que le coeur fut libre et ne se mit pas. de la partie. Mais le démon a tant de ressources, -qu'il pépètre dans les existences les mieux gardées. Ludovic était jeune et ne manquait pas d'agréments. Il avait dans les yeux ce premier éclair qui attend l'occasion de jaillir et sert de précurseur à tant d'orages. Il était bien fait de sa per-sonne, d'un visage doux et heureux, d'une complexion où l'ardeur s'alliait à la force. Ses habits étaient simples, mais il les portait bien, et il y mettait tout le soin compatible avec son état de fortune. Rien en lui qui ne fut de nature à plaire, et pourtant il n'y songeait pas toutes ses passions sem-blaient se résumer dans la poursuite de son diplôme. Autour de lui bien des liaisons passagères se formaient l'hôtel était plein de ménages en camp volant et d'amours au mois ou à la semaine. Loin de troubler ses sens, ces spectacles n'éveil-laient chez lui qu'une répugnance mêlée de pitié il ne com-prenait pas qu'on entrât dans la vie par cette porte et que ces goûts frivoles y eussent une si grande part. Son heure n'é-tait pas encore venue, et elle vint, hélas ! trop tôt.
CE QU'ON @PEUT VOIR DANS UNE RUE. 147 néral. A l'ouverture du cours, il était là, un crayon en main, tout yeux et tout oreilles, ne perdant pas une syllabe des leçons, et prenant des notes au besoin pour suppléer aux défaillances de sa mémoire. Quand il marchait dans la rue, c'était avec des livres sous le bras, et si recueilli dans un tra-vail intérieur que, plus d'une fois, il fut effleuré par les roues des voitures. La nuit, le jour, il songeait à ses examens, et se posait des questions en manière d'exercices préparatoires. Point d'habitudes énervantes, point de distractions dispen-dieuses pour café il avait ses Pandectes, et ses Institutes pour salle de billard. On le citait dans l'École de Droit comme la dernière expression du genre et la fleur des pois parmi les piocheurs. @@Les choses allèrent ainsi tant que le coeur fut libre et ne se mit pas@ de la partie. Mais le démon a tant de ressources, @qu'il pénètre dans les existences les mieux gardées. Ludovic était jeune et ne manquait pas d'agréments. Il avait dans les yeux ce premier éclair qui attend l'occasion de jaillir et sert de précurseur à tant d'orages. Il était bien fait de sa per-sonne, d'un visage doux et heureux, d'une complexion où l'ardeur s'alliait à la force. Ses habits étaient simples, mais il les portait bien, et il y mettait tout le soin compatible avec son état de fortune. Rien en lui qui ne fût de nature à plaire, et pourtant il n'y songeait pas toutes ses passions sem-blaient se résumer dans la poursuite de son diplôme. Autour de lui bien des liaisons passagères se formaient l'hôtel était plein de ménages en camp volant et d'amours au mois ou à la semaine. Loin de troubler ses sens, ces spectacles n'éveil-laient chez lui qu'une répugnance mêlée de pitié il ne com-prenait pas qu'on entrât dans la vie par cette porte et que ces goûts frivoles y eussent une si grande part. Son heure n'é-tait pas encore venue, et elle vint, hélas ! trop tôt.
CE QU'ON @PEUT VOIR DANS UNE RUE. 147 néral. A l'ouverture du cours, il était là, un crayon en main, tout yeux et tout oreilles, ne perdant pas une syllabe des leçons, et prenant des notes au besoin pour suppléer aux défaillances de sa mémoire. Quand il marchait dans la rue, c'était avec des livres sous le bras, et si recueilli dans un tra-vail intérieur que, plus d'une fois, il fut effleuré par les roues des voitures. La nuit, le jour, il songeait à ses examens, et se posait des questions en manière d'exercices préparatoires. Point d'habitudes énervantes, point de distractions dispen-dieuses pour café il avait ses Pandectes, et ses Institutes pour salle de billard. On le citait dans l'École de Droit comme la dernière expression du genre et la fleur des pois parmi les piocheurs. @@Les choses allèrent ainsi tant que le coeur fut libre et ne se mit pas@ de la partie. Mais le démon a tant de ressources, @qu'il pénètre dans les existences les mieux gardées. Ludovic était jeune et ne manquait pas d'agréments. Il avait dans les yeux ce premier éclair qui attend l'occasion de jaillir et sert de précurseur à tant d'orages. Il était bien fait de sa per-sonne, d'un visage doux et heureux, d'une complexion où l'ardeur s'alliait à la force. Ses habits étaient simples, mais il les portait bien, et il y mettait tout le soin compatible avec son état de fortune. Rien en lui qui ne fût de nature à plaire, et pourtant il n'y songeait pas toutes ses passions sem-blaient se résumer dans la poursuite de son diplôme. Autour de lui bien des liaisons passagères se formaient l'hôtel était plein de ménages en camp volant et d'amours au mois ou à la semaine. Loin de troubler ses sens, ces spectacles n'éveil-laient chez lui qu'une répugnance mêlée de pitié il ne com-prenait pas qu'on entrât dans la vie par cette porte et que ces goûts frivoles y eussent une si grande part. Son heure n'é-tait pas encore venue, et elle vint, hélas ! trop tôt.
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 147 néral. A l'ouverture du cours, il était là, un crayon en main, tout yeux et tout oreilles, ne perdant pas une syllabe des leçons, et prenant des notes au besoin pour suppléer aux défaillances de sa mémoire. Quand il marchait dans la rue, c'était avec des livres sous le bras, et si recueilli dans un tra-vail intérieur que, plus d'une fois, il fut effleuré par les roues des voitures. La nuit, le jour, il songeait à ses examens, et se posait des questions en manière d'exercices préparatoires. Point d'habitudes énervantes, point de distractions dispen-dieuses pour café il avait ses Pandectes, et ses Institutes pour salle de billard. On le citait dans l'École de Droit comme la dernière expression du genre et la fleur des pois parmi les piocheurs. Les choses allèrent ainsi tant que le coeur fut libre et ne se mit pas de la partie. Mais le démon a tant de ressources, qu'il pénètre dans les existences les mieux gardées. Ludovic était jeune et ne manquait pas d'agréments. Il avait dans les yeux ce premier éclair qui attend l'occasion de jaillir et sert de précurseur à tant d'orages. Il était bien fait de sa per-sonne, d'un visage doux et heureux, d'une complexion où l'ardeur s'alliait à la force. Ses habits étaient simples, mais il les portait bien, et il y mettait tout le soin compatible avec son état de fortune. Rien en lui qui ne fût de nature à plaire, et pourtant il n'y songeait pas toutes ses passions sem-blaient se résumer dans la poursuite de son diplôme. Autour de lui bien des liaisons passagères se formaient l'hôtel était plein de ménages en camp volant et d'amours au mois ou à la semaine. Loin de troubler ses sens, ces spectacles n'éveil-laient chez lui qu'une répugnance mêlée de pitié il ne com-prenait pas qu'on entrât dans la vie par cette porte et que ces goûts frivoles y eussent une si grande part. Son heure n'é-tait pas encore venue, et elle vint, hélas ! trop tôt.
14
0.007213
0.041344
856.txt
1,858
1G4 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. table. Vous n'en avez donc pas fini avec ce Byzantin? Ah! Ludovic ! Ludovic ! vous m'affligez. - Vous lui en voulez donc bien? répondit celui-ci en riant. - Si je lui en veux ? mon garçon ! si je lui en veux? Belle question 1 Mais je lui en veux autant qu'on peut en vouloir à un être enterré depuis quinze siècles. Jugez donc! un pé-dant pareil ! un faquin à qui je suis redevable de tous les échecs que j'ai essuyés dans ma vie 1 Justinien 1 ma bête noire ! Vous me demandez si je lui en veux? comme si ce n'était pas de notoriété publique ? - Vous auriez pu changer de sentiment. - Jamais, mon jeune ami,jamais 1 Quatre examens, boules noires sur boules noires! Et le tout à cause de Justinien, par le fait de Justinien, avec toutes sortes de circonstances aggra-vantes pour ma dignité ! Mais si je pardonnais cela, mon gar-çon, je m'estimerais déchu, et tomberais bien bas dans ma propre estime. Non, entre Justinien et moi, point de paix pos-sible ou il me coulera ou je le coulerai. Il m'a gorgé de couleuvres, je le mettrai au banc de l'opinion. Il faut un grand exemple. Melchior, en parlant ainsi, s'était animé, et la chaleur du discours s'unissait à celle du tabac pour porter son efferves-cence au plus haut point. Il est à croire qu'il n'eût pas aban-donné de si tôt son thème favori, et qu'il eût décoché d'autres diatribes à l'objet de ses éternelles rancunes, lorsque tout à coup il fit une pause et en vint jusqu'à éloigner la pipe de ses lèvres, circonstance qui était chez lui l'indice d'une pro-fonde préoccupation. - Tiens 1 tiens ! tiens ! s'écria-t-il aprètrun moment de si-lence, et en laissant retomber sur l'épaule de Ludovic une main passablement pesante, et vous n'en disiez rien, farceurl , La direction qu'avait prise le regard de Melchior expliquait le sens qu'il attachait à ces derniers mots. Il venait de dé-couvrir Marguerite assise près de sa croisée, et, comme d'ha-bitude, exerçant ses doigts sur quelque ouvrage délieat. La tête de la jeune fille, toute penchée qu'elle fût, laissait voir la perfection des traits et le charme qui y était empreint en sa qualité d'artiste, Melchior en avait été frappé de là son exclamation et cette trêve accordée à son calumet. Ludovic rougit comme un homme qui se sent deviné.
1G4 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. table. Vous n'en avez donc pas fini avec ce Byzantin@? Ah@! Ludovic ! Ludovic ! vous m'affligez. - Vous lui en voulez donc bien@? répondit celui-ci en riant. - Si je lui en veux ? mon garçon ! si je lui en veux@? Belle question 1 Mais je lui en veux autant qu'on peut en vouloir à un être enterré depuis quinze siècles. Jugez donc@! un pé-dant pareil ! un faquin à qui je suis redevable de tous les échecs que j'ai essuyés dans ma vie 1 Justinien 1 ma bête noire ! Vous me demandez si je lui en veux@? comme si ce n'était pas de notoriété publique ? - Vous auriez pu changer de sentiment. - Jamais, mon jeune ami,@jamais 1 Quatre examens, boules noires sur boules noires@! Et le tout à cause de Justinien, par le fait de Justinien, avec toutes sortes de circonstances aggra-vantes pour ma dignité ! Mais si je pardonnais cela, mon gar-çon, je m'estimerais déchu, et tomberais bien bas dans ma propre estime. Non, entre Justinien et moi, point de paix pos-sible ou il me coulera ou je le coulerai. Il m'a gorgé de couleuvres, je le mettrai au banc de l'opinion. Il faut un grand exemple. Melchior, en parlant ainsi, s'était animé, et la chaleur du discours s'unissait à celle du tabac pour porter son efferves-cence au plus haut point. Il est à croire qu'il n'eût pas aban-donné de si tôt son thème favori, et qu'il eût décoché d'autres diatribes à l'objet de ses éternelles rancunes, lorsque tout à coup il fit une pause et en vint jusqu'à éloigner la pipe de ses lèvres, circonstance qui était chez lui l'indice d'une pro-fonde préoccupation. - Tiens 1 tiens ! tiens ! s'écria-t-il aprètrun moment de si-lence, et en laissant retomber sur l'épaule de Ludovic une main passablement pesante, et vous n'en disiez rien, farceurl , La direction qu'avait prise le regard de Melchior expliquait le sens qu'il attachait à ces derniers mots. Il venait de dé-couvrir Marguerite assise près de sa croisée, et, comme d'ha-bitude, exerçant ses doigts sur quelque ouvrage délieat. La tête de la jeune fille, toute penchée qu'elle fût, laissait voir la perfection des traits et le charme qui y était empreint en sa qualité d'artiste, Melchior en avait été frappé de là son exclamation et cette trêve accordée à son calumet. Ludovic rougit comme un homme qui se sent deviné.
### CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. table. Vous n'en avez donc pas fini avec ce Byzantin ? Ah ! Ludovic ! Ludovic ! vous m'affligez. -@Vous lui en voulez donc bien ? répondit celui-ci en riant. -@Si je lui en veux ? mon garçon ! si je lui en veux ? Belle question ! Mais je lui en veux autant qu'on peut en vouloir à un être enterré depuis quinze siècles. Jugez donc ! un pé-dant pareil ! un faquin à qui je suis redevable de tous les échecs que j'ai essuyés dans ma vie ! Justinien ! ma bête noire ! Vous me demandez si je lui en veux ? comme si ce n'était pas de notoriété publique ? -@Vous auriez pu changer de sentiment. -@Jamais, mon jeune ami, jamais ! Quatre examens, boules noires sur boules noires ! Et le tout à cause de Justinien, par le fait de Justinien, avec toutes sortes de circonstances aggra-vantes pour ma dignité ! Mais si je pardonnais cela, mon gar-çon, je m'estimerais déchu, et tomberais bien bas dans ma propre estime. Non, entre Justinien et moi, point de paix pos-sible ou il me coulera ou je le coulerai. Il m'a gorgé de couleuvres, je le mettrai au banc de l'opinion. Il faut un grand exemple. Melchior, en parlant ainsi, s'était animé, et la chaleur du discours s'unissait à celle du tabac pour porter son efferves-cence au plus haut point. Il est à croire qu'il n'eût pas aban-donné de si tôt son thème favori, et qu'il eût décoché d'autres diatribes à l'objet de ses éternelles rancunes, lorsque tout à coup il fit une pause et en vint jusqu'à éloigner la pipe de ses lèvres, circonstance qui était chez lui l'indice d'une pro-fonde préoccupation. -@Tiens ! tiens ! tiens ! s'écria-t-il après un moment de si-lence, et en laissant retomber sur l'épaule de Ludovic une main passablement pesante, et vous n'en disiez rien, farceur@ ! La direction qu'avait prise le regard de Melchior expliquait le sens qu'il attachait à ces derniers mots. Il venait de dé-couvrir Marguerite assise près de sa croisée, et, comme d'ha-bitude, exerçant ses doigts sur quelque ouvrage délicat. La tête de la jeune fille, toute penchée qu'elle fût, laissait voir la perfection des traits et le charme qui y était empreint en sa qualité d'artiste, Melchior en avait été frappé de là son exclamation et cette trêve accordée à son calumet. Ludovic rougit comme un homme qui se sent deviné.
1G4 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. table. Vous n'en avez donc pas fini avec ce Byzantin ? Ah ! Ludovic ! Ludovic ! vous m'affligez. -@Vous lui en voulez donc bien ? répondit celui-ci en riant. -@Si je lui en veux ? mon garçon ! si je lui en veux ? Belle question ! Mais je lui en veux autant qu'on peut en vouloir à un être enterré depuis quinze siècles. Jugez donc ! un pé-dant pareil ! un faquin à qui je suis redevable de tous les échecs que j'ai essuyés dans ma vie ! Justinien ! ma bête noire ! Vous me demandez si je lui en veux ? comme si ce n'était pas de notoriété publique ? -@Vous auriez pu changer de sentiment. -@Jamais, mon jeune ami, jamais ! Quatre examens, boules noires sur boules noires ! Et le tout à cause de Justinien, par le fait de Justinien, avec toutes sortes de circonstances aggra-vantes pour ma dignité ! Mais si je pardonnais cela, mon gar-çon, je m'estimerais déchu, et tomberais bien bas dans ma propre estime. Non, entre Justinien et moi, point de paix pos-sible ou il me coulera ou je le coulerai. Il m'a gorgé de couleuvres, je le mettrai au banc de l'opinion. Il faut un grand exemple. Melchior, en parlant ainsi, s'était animé, et la chaleur du discours s'unissait à celle du tabac pour porter son efferves-cence au plus haut point. Il est à croire qu'il n'eût pas aban-donné de si tôt son thème favori, et qu'il eût décoché d'autres diatribes à l'objet de ses éternelles rancunes, lorsque tout à coup il fit une pause et en vint jusqu'à éloigner la pipe de ses lèvres, circonstance qui était chez lui l'indice d'une pro-fonde préoccupation. -@Tiens ! tiens ! tiens ! s'écria-t-il après un moment de si-lence, et en laissant retomber sur l'épaule de Ludovic une main passablement pesante, et vous n'en disiez rien, farceur@ ! La direction qu'avait prise le regard de Melchior expliquait le sens qu'il attachait à ces derniers mots. Il venait de dé-couvrir Marguerite assise près de sa croisée, et, comme d'ha-bitude, exerçant ses doigts sur quelque ouvrage délicat. La tête de la jeune fille, toute penchée qu'elle fût, laissait voir la perfection des traits et le charme qui y était empreint en sa qualité d'artiste, Melchior en avait été frappé de là son exclamation et cette trêve accordée à son calumet. Ludovic rougit comme un homme qui se sent deviné.
1G4 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. table. Vous n'en avez donc pas fini avec ce Byzantin ? Ah ! Ludovic ! Ludovic ! vous m'affligez. -Vous lui en voulez donc bien ? répondit celui-ci en riant. -Si je lui en veux ? mon garçon ! si je lui en veux ? Belle question ! Mais je lui en veux autant qu'on peut en vouloir à un être enterré depuis quinze siècles. Jugez donc ! un pé-dant pareil ! un faquin à qui je suis redevable de tous les échecs que j'ai essuyés dans ma vie ! Justinien ! ma bête noire ! Vous me demandez si je lui en veux ? comme si ce n'était pas de notoriété publique ? -Vous auriez pu changer de sentiment. -Jamais, mon jeune ami, jamais ! Quatre examens, boules noires sur boules noires ! Et le tout à cause de Justinien, par le fait de Justinien, avec toutes sortes de circonstances aggra-vantes pour ma dignité ! Mais si je pardonnais cela, mon gar-çon, je m'estimerais déchu, et tomberais bien bas dans ma propre estime. Non, entre Justinien et moi, point de paix pos-sible ou il me coulera ou je le coulerai. Il m'a gorgé de couleuvres, je le mettrai au banc de l'opinion. Il faut un grand exemple. Melchior, en parlant ainsi, s'était animé, et la chaleur du discours s'unissait à celle du tabac pour porter son efferves-cence au plus haut point. Il est à croire qu'il n'eût pas aban-donné de si tôt son thème favori, et qu'il eût décoché d'autres diatribes à l'objet de ses éternelles rancunes, lorsque tout à coup il fit une pause et en vint jusqu'à éloigner la pipe de ses lèvres, circonstance qui était chez lui l'indice d'une pro-fonde préoccupation. -Tiens ! tiens ! tiens ! s'écria-t-il après un moment de si-lence, et en laissant retomber sur l'épaule de Ludovic une main passablement pesante, et vous n'en disiez rien, farceur ! La direction qu'avait prise le regard de Melchior expliquait le sens qu'il attachait à ces derniers mots. Il venait de dé-couvrir Marguerite assise près de sa croisée, et, comme d'ha-bitude, exerçant ses doigts sur quelque ouvrage délicat. La tête de la jeune fille, toute penchée qu'elle fût, laissait voir la perfection des traits et le charme qui y était empreint en sa qualité d'artiste, Melchior en avait été frappé de là son exclamation et cette trêve accordée à son calumet. Ludovic rougit comme un homme qui se sent deviné.
23
0.010044
0.03268
103.txt
1,821
55 en digités, en ungulés et en palmipèdes, et il en range les individus par des caractères particuliers puisés dans le nombre et la disposition des dents, la figure des ongles, etc. Il exposa le plande cette méthode dans un Cours de zoologie qu'il ouvrit, en 1804, à l'Athénée des étrangers à Paris. Mais plus particulièrement entraîné vers l'étude des végétaux, il revint aux plantes que LINNÉ a, pour ainsi dire , condamnées à former la dernière classe de son séduisant système sexuel. Déjà , dès le mois d'avril 1803, il avait entretenu l'Institut de la nécessité de changer le mot cryptogamie en celui d'oethéagamie 1 , comme plus convenable et applicable à toutes les familles et à tous les genres et de diviser les oethéogames en sept grandes familles, savoir les algues,les champignons,les lichens , les hépatiques, les mousses, les lycopodes et les fougères. Dans ce travail long et difficile, fruit de trente années d'études et d'observations, on trouve la confirmation , et des essais nouveaux à l'appui du plan général que PALISOT DE BEAUVOIS s'était fait, en 1780, d'examiner les cryptogames sous le rapport de leur orga-nisation par familles naturelles, et sous celui de leurs caractères appareils et extérieurs pour les distribuer en genres constans et invariables. Comme RAY , MORANDI et ADANSON, notre auteur place les algues en tête, comme le terme de l'échelle végétale, ou si l'on veut, en sens inverse, le premier degré de la végétation, le point où, si l'on peut s'exprimer ainsi, la 1 Cette expression , dérivée des mots grecs , in solite, et , indique bien la présence des sexes mais elle prouve en même temps que le mystère de leur union n'est pas encore parfaitement connu.
55 en digités, en ungulés et en palmipèdes, et il en range les individus par des caractères particuliers puisés dans le nombre et la disposition des dents, la figure des ongles, etc. Il exposa le plan@de cette méthode dans un Cours de zoologie qu'il ouvrit, en 1804, à l'Athénée des étrangers à Paris. Mais plus particulièrement entraîné vers l'étude des végétaux, il revint aux plantes que LINNÉ a, pour ainsi dire , condamnées à former la dernière classe de son séduisant système sexuel. Déjà , dès le mois d'avril 1803, il avait entretenu l'Institut de la nécessité de changer le mot cryptogamie en celui d'oethéagamie 1 , comme plus convenable et applicable à toutes les familles et à tous les genres et de diviser les oethéogames en sept grandes familles, savoir les algues,les champignons,les lichens , les hépatiques, les mousses, les lycopodes et les fougères. Dans ce travail long et difficile, fruit de trente années d'études et d'observations, on trouve la confirmation , et des essais nouveaux à l'appui du plan général que PALISOT DE BEAUVOIS s'était fait, en 1780, d'examiner les cryptogames sous le rapport de leur orga-nisation par familles naturelles, et sous celui de leurs caractères appareils et extérieurs pour les distribuer en genres constans et invariables. Comme RAY , MORANDI et ADANSON, notre auteur place les algues en tête, comme le terme de l'échelle végétale, ou si l'on veut, en sens inverse, le premier degré de la végétation, le point où, si l'on peut s'exprimer ainsi, la @@@1 Cette expression , dérivée des mots grecs , in solite, et , indique bien la présence des sexes mais elle prouve en même temps que le mystère de leur union n'est pas encore parfaitement connu.
##### digités, en ungulés et en palmipèdes, et il en range les individus par des caractères particuliers puisés dans le nombre et la disposition des dents, la figure des ongles, etc. Il exposa le plan de cette méthode dans un cours de zoologie qu'il ouvrit, en 1804, à l'Athénée des étrangers à Paris. Mais plus particulièrement entraîné vers l'étude des végétaux, il revint aux plantes que LINNÉ a, pour ainsi dire , condamnées à former la dernière classe de son séduisant système sexuel. Déjà , dès le mois d'avril 1803, il avait entretenu l'Institut de la nécessité de changer le mot cryptogamie en celui d'oethéogamie 1 , comme plus convenable et applicable à toutes les familles et à tous les genres et de diviser les oethéogames en sept grandes familles, savoir les algues,les champignons,les lichens , les hépatiques, les mousses, les lycopodes et les fougères. Dans ce travail long et difficile, fruit de trente années d'études et d'observations, on trouve la confirmation , et des essais nouveaux à l'appui du plan général que PALISOT DE BEAUVOIS s'était fait, en 1780, d'examiner les cryptogames sous le rapport de leur orga-nisation par familles naturelles, et sous celui de leurs caractères appareils et extérieurs pour les distribuer en genres constans et invariables. Comme RAY , MORANDI et ADANSON, notre auteur place les algues en tête, comme le terme de l'échelle végétale, ou si l'on veut, en sens inverse, le premier degré de la végétation, le point où, si l'on peut s'exprimer ainsi, la 55 1 Cette expression , dérivée des mots grecs , in solite, et , indique bien la présence des sexes mais elle prouve en même temps que le mystère de leur union n'est pas encore parfaitement connu.
55 en digités, en ungulés et en palmipèdes, et il en range les individus par des caractères particuliers puisés dans le nombre et la disposition des dents, la figure des ongles, etc. Il exposa le plan de cette méthode dans un cours de zoologie qu'il ouvrit, en 1804, à l'Athénée des étrangers à Paris. Mais plus particulièrement entraîné vers l'étude des végétaux, il revint aux plantes que LINNÉ a, pour ainsi dire , condamnées à former la dernière classe de son séduisant système sexuel. Déjà , dès le mois d'avril 1803, il avait entretenu l'Institut de la nécessité de changer le mot cryptogamie en celui d'oethéogamie 1 , comme plus convenable et applicable à toutes les familles et à tous les genres et de diviser les oethéogames en sept grandes familles, savoir les algues,les champignons,les lichens , les hépatiques, les mousses, les lycopodes et les fougères. Dans ce travail long et difficile, fruit de trente années d'études et d'observations, on trouve la confirmation , et des essais nouveaux à l'appui du plan général que PALISOT DE BEAUVOIS s'était fait, en 1780, d'examiner les cryptogames sous le rapport de leur orga-nisation par familles naturelles, et sous celui de leurs caractères appareils et extérieurs pour les distribuer en genres constans et invariables. Comme RAY , MORANDI et ADANSON, notre auteur place les algues en tête, comme le terme de l'échelle végétale, ou si l'on veut, en sens inverse, le premier degré de la végétation, le point où, si l'on peut s'exprimer ainsi, la 55 1 Cette expression , dérivée des mots grecs , in solite, et , indique bien la présence des sexes mais elle prouve en même temps que le mystère de leur union n'est pas encore parfaitement connu.
55 en digités, en ungulés et en palmipèdes, et il en range les individus par des caractères particuliers puisés dans le nombre et la disposition des dents, la figure des ongles, etc. Il exposa le plan de cette méthode dans un cours de zoologie qu'il ouvrit, en 1804, à l'Athénée des étrangers à Paris. Mais plus particulièrement entraîné vers l'étude des végétaux, il revint aux plantes que LINNÉ a, pour ainsi dire , condamnées à former la dernière classe de son séduisant système sexuel. Déjà , dès le mois d'avril 1803, il avait entretenu l'Institut de la nécessité de changer le mot cryptogamie en celui d'oethéogamie 1 , comme plus convenable et applicable à toutes les familles et à tous les genres et de diviser les oethéogames en sept grandes familles, savoir les algues,les champignons,les lichens , les hépatiques, les mousses, les lycopodes et les fougères. Dans ce travail long et difficile, fruit de trente années d'études et d'observations, on trouve la confirmation , et des essais nouveaux à l'appui du plan général que PALISOT DE BEAUVOIS s'était fait, en 1780, d'examiner les cryptogames sous le rapport de leur orga-nisation par familles naturelles, et sous celui de leurs caractères appareils et extérieurs pour les distribuer en genres constans et invariables. Comme RAY , MORANDI et ADANSON, notre auteur place les algues en tête, comme le terme de l'échelle végétale, ou si l'on veut, en sens inverse, le premier degré de la végétation, le point où, si l'on peut s'exprimer ainsi, la 55 1 Cette expression , dérivée des mots grecs , in solite, et , indique bien la présence des sexes mais elle prouve en même temps que le mystère de leur union n'est pas encore parfaitement connu.
6
0.003523
0.018519
665.txt
1,886
291 L'ART DE MAGNÉTISER craignait comme dangereuse, comme pouvant procurer une perturbation dans l'organisme. Il était dans l'erreur, comme y est encore M. de Beauregard. L'insensibilité est un des effets les plus utiles du magné-tisme non seulement pour les opérations chirurgicales, mais même afin d'éviter les accidents, les convulsions aux somnambules dont parle Deleuze. Si l'organisme de ces somnambules avait été entière-ment envahi, complètement saturé par le fluide du ma-gnétiseur, jamais ils n'auraient eu de convulsions, jamais ils ne se seraient réveillés par le contact d'une personne étrangère. Aujourd'hui nous savons ce qu'on ne savait pas alors, nous sommes aptes à produire d'une manière positive tel ou tel effet, en agissant de telle ou telle manière. A l'époque de Deleuze, on ne cherchait qu'à produire le sommeil en magnétisant à grandes passes, et on profitait du somnambulisme s'il se présentait. Auj ourd'hui nous savons comment provoquer le sommeil, le somnambulisme, l'insen-sibilité et la majeure partie des phénomènes il en est peu que nous ne puissions produire en magnétisant de telle ou telle façon nous avons profité de ce que savaient nos prédécesseurs, de même que ceux qui nous succéderont, profitant de notre expérience, en sauront davantage c'est dans l'ordre. Quant au jeune somnambule dont parlait M. de Beaure-gard, et qu'il qualifiait de cataleptique et d'incurable, nous lui dirons que ce jeune homme n'était point cataleptique, que même, jusqu'à ce jour, il n'a jamais eu une seule crise de catalepsie ni d'aucune autre maladie nerveuse. Nous produisions sur lui la catalepsie, comme sur tous ceux que nous magnétisons pour faire des expériences, et nous pouvons lui affirmer que, même dans le somnambulisme, jamais elle ne s'est produite seule, et que nous avons été tou-jours obligé de là provoquer. Nous dirons un mot d'une attaque nouvelle faite par un M. A.-S. Morin, dans un livre qu'il vient de publier sous le titre Du magnétisme et des sciences occultes. Cet ouvrage
291 L'ART DE MAGNÉTISER craignait comme dangereuse, comme pouvant procurer une perturbation dans l'organisme. Il était dans l'erreur, comme y est encore M. de Beauregard. L'insensibilité est un des effets les plus utiles du magné-tisme non seulement pour les opérations chirurgicales, mais même afin d'éviter les accidents, les convulsions aux somnambules dont parle Deleuze. Si l'organisme de ces somnambules avait été entière-ment envahi, complètement saturé par le fluide du ma-gnétiseur, jamais ils n'auraient eu de convulsions, jamais ils ne se seraient réveillés par le contact d'une personne étrangère. Aujourd'hui nous savons ce qu'on ne savait pas alors, nous sommes aptes à produire d'une manière positive tel ou tel effet, en agissant de telle ou telle manière. A l'époque de Deleuze, on ne cherchait qu'à produire le sommeil en magnétisant à grandes passes, et on profitait du somnambulisme s'il se présentait. Auj ourd'hui nous savons comment provoquer le sommeil, le somnambulisme, l'insen-sibilité et la majeure partie des phénomènes il en est peu que nous ne puissions produire en magnétisant de telle ou telle façon nous avons profité de ce que savaient nos prédécesseurs, de même que ceux qui nous succéderont, profitant de notre expérience, en sauront davantage c'est dans l'ordre. Quant au jeune somnambule dont parlait M. de Beaure-gard, et qu'il qualifiait de cataleptique et d'incurable, nous lui dirons que ce jeune homme n'était point cataleptique, que même, jusqu'à ce jour, il n'a jamais eu une seule crise de catalepsie ni d'aucune autre maladie nerveuse. Nous produisions sur lui la catalepsie, comme sur tous ceux que nous magnétisons pour faire des expériences, et nous pouvons lui affirmer que, même dans le somnambulisme, jamais elle ne s'est produite seule, et que nous avons été tou-jours obligé de là provoquer. Nous dirons un mot d'une attaque nouvelle faite par un M. A.-S. Morin, dans un livre qu'il vient de publier sous le titre Du magnétisme et des sciences occultes. Cet ouvrage
292 L'ART DE MAGNÉTISER craignait comme dangereuse, comme pouvant procurer une perturbation dans l'organisme. Il était dans l'erreur, comme y est encore M. de Beauregard. L'insensibilité est un des effets les plus utiles du magné-tisme non seulement pour les opérations chirurgicales, mais même afin d'éviter les accidents, les convulsions aux somnambules dont parle Deleuze. Si l'organisme de ces somnambules avait été entière-ment envahi, complètement saturé par le fluide du ma-gnétiseur, jamais ils n'auraient eu de convulsions, jamais ils ne se seraient réveillés par le contact d'une personne étrangère. Aujourd'hui nous savons ce qu'on ne savait pas alors, nous sommes aptes à produire d'une manière positive tel ou tel effet, en agissant de telle ou telle manière. A l'époque de Deleuze, on ne cherchait qu'à produire le sommeil en magnétisant à grandes passes, et on profitait du somnambulisme s'il se présentait. Auj@ourd'hui nous savons comment provoquer le sommeil, le somnambulisme, l'insen-sibilité et la majeure partie des phénomènes il en est peu que nous ne puissions produire en magnétisant de telle ou telle façon nous avons profité de ce que savaient nos prédécesseurs, de même que ceux qui nous succéderont, profitant de notre expérience, en sauront davantage c'est dans l'ordre. Quant au jeune somnambule dont parlait M. de Beaure-gard, et qu'il qualifiait de cataleptique et d'incurable, nous lui dirons que ce jeune homme n'était point cataleptique, que même, jusqu'à ce jour, il n'a jamais eu une seule crise de catalepsie ni d'aucune autre maladie nerveuse. Nous produisions sur lui la catalepsie, comme sur tous ceux que nous magnétisons pour faire des expériences, et nous pouvons lui affirmer que, même dans le somnambulisme, jamais elle ne s'est produite seule, et que nous avons été tou-jours obligé de la provoquer. Nous dirons un mot d'une attaque nouvelle faite par un M. A.-S. Morin, dans un livre qu'il vient de publier sous le titre Du magnétisme et des sciences occultes. Cet ouvrage
292 L'ART DE MAGNÉTISER craignait comme dangereuse, comme pouvant procurer une perturbation dans l'organisme. Il était dans l'erreur, comme y est encore M. de Beauregard. L'insensibilité est un des effets les plus utiles du magné-tisme non seulement pour les opérations chirurgicales, mais même afin d'éviter les accidents, les convulsions aux somnambules dont parle Deleuze. Si l'organisme de ces somnambules avait été entière-ment envahi, complètement saturé par le fluide du ma-gnétiseur, jamais ils n'auraient eu de convulsions, jamais ils ne se seraient réveillés par le contact d'une personne étrangère. Aujourd'hui nous savons ce qu'on ne savait pas alors, nous sommes aptes à produire d'une manière positive tel ou tel effet, en agissant de telle ou telle manière. A l'époque de Deleuze, on ne cherchait qu'à produire le sommeil en magnétisant à grandes passes, et on profitait du somnambulisme s'il se présentait. Auj@ourd'hui nous savons comment provoquer le sommeil, le somnambulisme, l'insen-sibilité et la majeure partie des phénomènes il en est peu que nous ne puissions produire en magnétisant de telle ou telle façon nous avons profité de ce que savaient nos prédécesseurs, de même que ceux qui nous succéderont, profitant de notre expérience, en sauront davantage c'est dans l'ordre. Quant au jeune somnambule dont parlait M. de Beaure-gard, et qu'il qualifiait de cataleptique et d'incurable, nous lui dirons que ce jeune homme n'était point cataleptique, que même, jusqu'à ce jour, il n'a jamais eu une seule crise de catalepsie ni d'aucune autre maladie nerveuse. Nous produisions sur lui la catalepsie, comme sur tous ceux que nous magnétisons pour faire des expériences, et nous pouvons lui affirmer que, même dans le somnambulisme, jamais elle ne s'est produite seule, et que nous avons été tou-jours obligé de la provoquer. Nous dirons un mot d'une attaque nouvelle faite par un M. A.-S. Morin, dans un livre qu'il vient de publier sous le titre Du magnétisme et des sciences occultes. Cet ouvrage
292 L'ART DE MAGNÉTISER craignait comme dangereuse, comme pouvant procurer une perturbation dans l'organisme. Il était dans l'erreur, comme y est encore M. de Beauregard. L'insensibilité est un des effets les plus utiles du magné-tisme non seulement pour les opérations chirurgicales, mais même afin d'éviter les accidents, les convulsions aux somnambules dont parle Deleuze. Si l'organisme de ces somnambules avait été entière-ment envahi, complètement saturé par le fluide du ma-gnétiseur, jamais ils n'auraient eu de convulsions, jamais ils ne se seraient réveillés par le contact d'une personne étrangère. Aujourd'hui nous savons ce qu'on ne savait pas alors, nous sommes aptes à produire d'une manière positive tel ou tel effet, en agissant de telle ou telle manière. A l'époque de Deleuze, on ne cherchait qu'à produire le sommeil en magnétisant à grandes passes, et on profitait du somnambulisme s'il se présentait. Aujourd'hui nous savons comment provoquer le sommeil, le somnambulisme, l'insen-sibilité et la majeure partie des phénomènes il en est peu que nous ne puissions produire en magnétisant de telle ou telle façon nous avons profité de ce que savaient nos prédécesseurs, de même que ceux qui nous succéderont, profitant de notre expérience, en sauront davantage c'est dans l'ordre. Quant au jeune somnambule dont parlait M. de Beaure-gard, et qu'il qualifiait de cataleptique et d'incurable, nous lui dirons que ce jeune homme n'était point cataleptique, que même, jusqu'à ce jour, il n'a jamais eu une seule crise de catalepsie ni d'aucune autre maladie nerveuse. Nous produisions sur lui la catalepsie, comme sur tous ceux que nous magnétisons pour faire des expériences, et nous pouvons lui affirmer que, même dans le somnambulisme, jamais elle ne s'est produite seule, et que nous avons été tou-jours obligé de la provoquer. Nous dirons un mot d'une attaque nouvelle faite par un M. A.-S. Morin, dans un livre qu'il vient de publier sous le titre Du magnétisme et des sciences occultes. Cet ouvrage
3
0.001485
0.00831
117.txt
1,821
69 peuvent leur résister ? C'est que, dans ce cas, comme dans celui qui, malgré la douceur de la température , voit tomber les feuilles de nos chênes transportés au Cap de Bonne-Espérance, la saison des frimas n'est pas la cause essentielle de la mort des feuilles leur chute est un résultat nécessaire et co-ordonné à la marche de toute la végéta lion soit que. la cause provienne du développement des bourgeons, ou de l'endurcissement de l'écorce, soit par la formation du bois ou l'altération intérieure lentement préparée par la nature , la feuille rougit 1 , brunit 2 , bleuit 3 , ou jaunit 4 , le pé-tiole se détache, et le tissu se dissout. Un botaniste allemand, SCHKUHR , de Wittemberg, à qui nous devons plusieurs ouvrages de botanique très-estimés , entre autres une monographie des laîches regardée justement comme classique 5 , ayant le pre-mier observé dans le genre de ces plantes 6 , qu'il exis-tait des espèces à deux et trois stygmates, et que le nombre de ces organes' était constamment le même que celui des angles du fruit, cette découverte fixa l'attention de PALISOT DE BEAUVOIS, et fut pour lui l'objet d'un 1 Comme dans le sumac, la vigne, etc. 2 Le noyer, le maronnier, etc. 5 Le chèvre-feuille, la ronce, etc. 4 L'orme , le chêne , le peuplier, etc. 5 Elle a été traduite en français par le professeur DELAVIGNE. 6 Plusieurs biographes attribuent a PALISOT DE BEAUVOIS des Observations sur les carex imprimées, selon eux vers l'an 1802 malgré les recherches les plus scrupuleuses , il m'a été imposible d'en découvrir l'existence, ni même la plus légère trace dans les mémoires qu'il avait lus à l'Ins-titut ou dans les notes qu'il a laissées sur ce genre de plantes.
69 peuvent leur résister ? C'est que, dans ce cas, comme dans celui qui, malgré la douceur de la température , voit tomber les feuilles de nos chênes transportés au Cap de Bonne-Espérance, la saison des frimas n'est pas la cause essentielle de la mort des feuilles leur chute est un résultat nécessaire et co-ordonné à la marche de toute la végéta lion soit que. la cause provienne du développement des bourgeons, ou de l'endurcissement de l'écorce, soit par la formation du bois ou l'altération intérieure lentement préparée par la nature , la feuille rougit 1 , brunit 2 , bleuit 3 , ou jaunit 4 , le pé-tiole se détache, et le tissu se dissout. Un botaniste allemand, SCHKUHR , de Wittemberg, à qui nous devons plusieurs ouvrages de botanique très-estimés , entre autres une monographie des laîches regardée justement comme classique 5 , ayant le pre-mier observé dans le genre de ces plantes 6 , qu'il exis-tait des espèces à deux et trois stygmates, et que le nombre de ces organes' était constamment le même que celui des angles du fruit, cette découverte fixa l'attention de PALISOT DE BEAUVOIS, et fut pour lui l'objet d'un 1 Comme dans le sumac, la vigne, etc. 2 Le noyer, le maronnier, etc. 5 Le chèvre-feuille, la ronce, etc. 4 L'orme , le chêne , le peuplier, etc. 5 Elle a été traduite en français par le professeur DELAVIGNE. 6 Plusieurs biographes attribuent a PALISOT DE BEAUVOIS des Observations sur les carex imprimées, selon eux vers l'an 1802 malgré les recherches les plus scrupuleuses , il m'a été imposible d'en découvrir l'existence, ni même la plus légère trace dans les mémoires qu'il avait lus à l'Ins-titut ou dans les notes qu'il a laissées sur ce genre de plantes.
########## leur résister ? C'est que, dans ce cas, comme dans celui qui, malgré la douceur de la température , voit tomber les feuilles de nos chênes transportés au Cap de Bonne-Espérance, la saison des frimas n'est pas la cause essentielle de la mort des feuilles leur chute est un résultat nécessaire et co-ordonné à la marche de toute la végéta@tion soit que@ la cause provienne du développement des bourgeons, ou de l'endurcissement de l'écorce, soit par la formation du bois ou l'altération intérieure lentement préparée par la nature , la feuille rougit 1 , brunit 2 , bleuit 3 , ou jaunit 4 , le pé-tiole se détache, et le tissu se dissout. Un botaniste allemand, SCHKUHR , de Wittemberg, à qui nous devons plusieurs ouvrages de botanique très-estimés , entre autres une monographie des laîches regardée justement comme classique 5 , ayant le pre-mier observé dans le genre de ces plantes 6 , qu'il exis-tait des espèces à deux et trois stygmates, et que le nombre de ces organes@ était constamment le même que celui des angles du fruit, cette découverte fixa l'attention de PALISOT DE BEAUVOIS, et fut pour lui l'objet d'un 1 Comme dans le sumac, la vigne, etc. 2 Le noyer, le maronnier, etc. 3 Le chèvre-feuille, la ronce, etc. 4 L'orme , le chêne , le peuplier, etc. 5 Elle a été traduite en français par le professeur DELAVIGNE. 6 Plusieurs biographes attribuent a PALISOT DE BEAUVOIS des Observations sur les carex imprimées, selon eux vers l'an 1802 malgré les recherches les plus scrupuleuses , il m'a été imposible d'en découvrir l'existence, ni même la plus légère trace dans les mémoires qu'il avait lus à l'Ins-titut ou dans les notes qu'il a laissées sur ce genre de plantes.
69 peuvent leur résister ? C'est que, dans ce cas, comme dans celui qui, malgré la douceur de la température , voit tomber les feuilles de nos chênes transportés au Cap de Bonne-Espérance, la saison des frimas n'est pas la cause essentielle de la mort des feuilles leur chute est un résultat nécessaire et co-ordonné à la marche de toute la végéta@tion soit que@ la cause provienne du développement des bourgeons, ou de l'endurcissement de l'écorce, soit par la formation du bois ou l'altération intérieure lentement préparée par la nature , la feuille rougit 1 , brunit 2 , bleuit 3 , ou jaunit 4 , le pé-tiole se détache, et le tissu se dissout. Un botaniste allemand, SCHKUHR , de Wittemberg, à qui nous devons plusieurs ouvrages de botanique très-estimés , entre autres une monographie des laîches regardée justement comme classique 5 , ayant le pre-mier observé dans le genre de ces plantes 6 , qu'il exis-tait des espèces à deux et trois stygmates, et que le nombre de ces organes@ était constamment le même que celui des angles du fruit, cette découverte fixa l'attention de PALISOT DE BEAUVOIS, et fut pour lui l'objet d'un 1 Comme dans le sumac, la vigne, etc. 2 Le noyer, le maronnier, etc. 3 Le chèvre-feuille, la ronce, etc. 4 L'orme , le chêne , le peuplier, etc. 5 Elle a été traduite en français par le professeur DELAVIGNE. 6 Plusieurs biographes attribuent a PALISOT DE BEAUVOIS des Observations sur les carex imprimées, selon eux vers l'an 1802 malgré les recherches les plus scrupuleuses , il m'a été imposible d'en découvrir l'existence, ni même la plus légère trace dans les mémoires qu'il avait lus à l'Ins-titut ou dans les notes qu'il a laissées sur ce genre de plantes.
69 peuvent leur résister ? C'est que, dans ce cas, comme dans celui qui, malgré la douceur de la température , voit tomber les feuilles de nos chênes transportés au Cap de Bonne-Espérance, la saison des frimas n'est pas la cause essentielle de la mort des feuilles leur chute est un résultat nécessaire et co-ordonné à la marche de toute la végétation soit que la cause provienne du développement des bourgeons, ou de l'endurcissement de l'écorce, soit par la formation du bois ou l'altération intérieure lentement préparée par la nature , la feuille rougit 1 , brunit 2 , bleuit 3 , ou jaunit 4 , le pé-tiole se détache, et le tissu se dissout. Un botaniste allemand, SCHKUHR , de Wittemberg, à qui nous devons plusieurs ouvrages de botanique très-estimés , entre autres une monographie des laîches regardée justement comme classique 5 , ayant le pre-mier observé dans le genre de ces plantes 6 , qu'il exis-tait des espèces à deux et trois stygmates, et que le nombre de ces organes était constamment le même que celui des angles du fruit, cette découverte fixa l'attention de PALISOT DE BEAUVOIS, et fut pour lui l'objet d'un 1 Comme dans le sumac, la vigne, etc. 2 Le noyer, le maronnier, etc. 3 Le chèvre-feuille, la ronce, etc. 4 L'orme , le chêne , le peuplier, etc. 5 Elle a été traduite en français par le professeur DELAVIGNE. 6 Plusieurs biographes attribuent a PALISOT DE BEAUVOIS des Observations sur les carex imprimées, selon eux vers l'an 1802 malgré les recherches les plus scrupuleuses , il m'a été imposible d'en découvrir l'existence, ni même la plus légère trace dans les mémoires qu'il avait lus à l'Ins-titut ou dans les notes qu'il a laissées sur ce genre de plantes.
5
0.002957
0.021807
881.txt
1,858
-12 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. vie, enivré de ses propres sentiments, n'était-il pas en position de les apercevoir. L'acquiescement silencieux de Marguerite suffisait à son bonheur, et ses airs rêveurs étaient à ses yeux un témoignage de plus de sa défaite. i XII Quelque ardeur que l'on apporte dans la poursuite d'une carrière, les choses ne s'enlèvent jamais aussi militairement que- Ludovic le supposait. Il y a, dans tout début, des empê-chements et des lenteurs dont n'affranchissent ni la bonne volonté, ni les plus fortes qualités de l'esprit. Le hasard seul les abrège il favorise ceux-ci ou maltraite ceux-là au gré de ses caprices, jusqu'au moment où le mérite se fait jour et remet chaque homme à'sa place. Ludovic éprouva donc comme un autre ces difficultés du commencement, et, s'il n'en fut pas ébranlé, il comprit du moins qu'il y avait fort à rabattre de ses espérances. Aucune illusion n'est d'ailleurs plus commune que celle-là c'est de - la monnaie courante. On s'imagine, dans les familles, avoir tout fait quand on s'est enrichi d'un bachelier ou d'un avo-cat chimère naïve et promptement évanouie ! Que de fois le bachelier et l'avocat restent comme enchaînés aux abords de la carrière, sans obtenir même de ces beaux grades l'équiva-lent de ce qu'ils ont coûté 1 Quoi qu'il pût arriver, Ludovic n'était pas de ceux-là tôt ou tard il devait réussir et se produire. Toute la question pour lui se réduisait à une occasion plus ou moins prompte, et surtout à un choix plus ou moins heureux. Etre avocat, c'est être propre à toute chose, et rien n'est plus perfide que -cette aptitude indéfinie. Là, plus qu'ailleurs, le droit n'im-plique pas le fait, et la faculté ne conduit pas à l'exercice. Ludovic ne l'entendait pas ainsi il n'était pas d'humeur à traiter sa profession comme une sinécure. Il chercha donc les moyens d'aboutir.
-12 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. vie, enivré de ses propres sentiments, n'était-il pas en position de les apercevoir. L'acquiescement silencieux de Marguerite suffisait à son bonheur, et ses airs rêveurs étaient à ses yeux un témoignage de plus de sa défaite. i XII Quelque ardeur que l'on apporte dans la poursuite d'une carrière, les choses ne s'enlèvent jamais aussi militairement que- Ludovic le supposait. Il y a, dans tout début, des empê-chements et des lenteurs dont n'affranchissent ni la bonne volonté, ni les plus fortes qualités de l'esprit. Le hasard seul les abrège il favorise ceux-ci ou maltraite ceux-là au gré de ses caprices, jusqu'au moment où le mérite se fait jour et remet chaque homme à'sa place. Ludovic éprouva donc comme un autre ces difficultés du commencement, et, s'il n'en fut pas ébranlé, il comprit du moins qu'il y avait fort à rabattre de ses espérances. Aucune illusion n'est d'ailleurs plus commune que celle-là c'est de - la monnaie courante. On s'imagine, dans les familles, avoir tout fait quand on s'est enrichi d'un bachelier ou d'un avo-cat chimère naïve et promptement évanouie ! Que de fois le bachelier et l'avocat restent comme enchaînés aux abords de la carrière, sans obtenir même de ces beaux grades l'équiva-lent de ce qu'ils ont coûté 1 Quoi qu'il pût arriver, Ludovic n'était pas de ceux-là tôt ou tard il devait réussir et se produire. Toute la question pour lui se réduisait à une occasion plus ou moins prompte, et surtout à un choix plus ou moins heureux. Etre avocat, c'est être propre à toute chose, et rien n'est plus perfide que -cette aptitude indéfinie. Là, plus qu'ailleurs, le droit n'im-plique pas le fait, et la faculté ne conduit pas à l'exercice. Ludovic ne l'entendait pas ainsi il n'était pas d'humeur à traiter sa profession comme une sinécure. Il chercha donc les moyens d'aboutir.
### CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. vic, enivré de ses propres sentiments, n'était-il pas en position de les apercevoir. L'acquiescement silencieux de Marguerite suffisait à son bonheur, et ses airs rêveurs étaient à ses yeux un témoignage de plus de sa défaite. @@XII Quelque ardeur que l'on apporte dans la poursuite d'une carrière, les choses ne s'enlèvent jamais aussi militairement que@ Ludovic le supposait. Il y a, dans tout début, des empê-chements et des lenteurs dont n'affranchissent ni la bonne volonté, ni les plus fortes qualités de l'esprit. Le hasard seul les abrège il favorise ceux-ci ou maltraite ceux-là au gré de ses caprices, jusqu'au moment où le mérite se fait jour et remet chaque homme à sa place. Ludovic éprouva donc comme un autre ces difficultés du commencement, et, s'il n'en fut pas ébranlé, il comprit du moins qu'il y avait fort à rabattre de ses espérances. Aucune illusion n'est d'ailleurs plus commune que celle-là c'est de@@ la monnaie courante. On s'imagine, dans les familles, avoir tout fait quand on s'est enrichi d'un bachelier ou d'un avo-cat chimère naïve et promptement évanouie ! Que de fois le bachelier et l'avocat restent comme enchaînés aux abords de la carrière, sans obtenir même de ces beaux grades l'équiva-lent de ce qu'ils ont coûté ! Quoi qu'il pût arriver, Ludovic n'était pas de ceux-là tôt ou tard il devait réussir et se produire. Toute la question pour lui se réduisait à une occasion plus ou moins prompte, et surtout à un choix plus ou moins heureux. Être avocat, c'est être propre à toute chose, et rien n'est plus perfide que @cette aptitude indéfinie. Là, plus qu'ailleurs, le droit n'im-plique pas le fait, et la faculté ne conduit pas à l'exercice. Ludovic ne l'entendait pas ainsi il n'était pas d'humeur à traiter sa profession comme une sinécure. Il chercha donc les moyens d'aboutir.
-12 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. vic, enivré de ses propres sentiments, n'était-il pas en position de les apercevoir. L'acquiescement silencieux de Marguerite suffisait à son bonheur, et ses airs rêveurs étaient à ses yeux un témoignage de plus de sa défaite. @@XII Quelque ardeur que l'on apporte dans la poursuite d'une carrière, les choses ne s'enlèvent jamais aussi militairement que@ Ludovic le supposait. Il y a, dans tout début, des empê-chements et des lenteurs dont n'affranchissent ni la bonne volonté, ni les plus fortes qualités de l'esprit. Le hasard seul les abrège il favorise ceux-ci ou maltraite ceux-là au gré de ses caprices, jusqu'au moment où le mérite se fait jour et remet chaque homme à sa place. Ludovic éprouva donc comme un autre ces difficultés du commencement, et, s'il n'en fut pas ébranlé, il comprit du moins qu'il y avait fort à rabattre de ses espérances. Aucune illusion n'est d'ailleurs plus commune que celle-là c'est de@@ la monnaie courante. On s'imagine, dans les familles, avoir tout fait quand on s'est enrichi d'un bachelier ou d'un avo-cat chimère naïve et promptement évanouie ! Que de fois le bachelier et l'avocat restent comme enchaînés aux abords de la carrière, sans obtenir même de ces beaux grades l'équiva-lent de ce qu'ils ont coûté ! Quoi qu'il pût arriver, Ludovic n'était pas de ceux-là tôt ou tard il devait réussir et se produire. Toute la question pour lui se réduisait à une occasion plus ou moins prompte, et surtout à un choix plus ou moins heureux. Être avocat, c'est être propre à toute chose, et rien n'est plus perfide que @cette aptitude indéfinie. Là, plus qu'ailleurs, le droit n'im-plique pas le fait, et la faculté ne conduit pas à l'exercice. Ludovic ne l'entendait pas ainsi il n'était pas d'humeur à traiter sa profession comme une sinécure. Il chercha donc les moyens d'aboutir.
-12 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. vic, enivré de ses propres sentiments, n'était-il pas en position de les apercevoir. L'acquiescement silencieux de Marguerite suffisait à son bonheur, et ses airs rêveurs étaient à ses yeux un témoignage de plus de sa défaite. XII Quelque ardeur que l'on apporte dans la poursuite d'une carrière, les choses ne s'enlèvent jamais aussi militairement que Ludovic le supposait. Il y a, dans tout début, des empê-chements et des lenteurs dont n'affranchissent ni la bonne volonté, ni les plus fortes qualités de l'esprit. Le hasard seul les abrège il favorise ceux-ci ou maltraite ceux-là au gré de ses caprices, jusqu'au moment où le mérite se fait jour et remet chaque homme à sa place. Ludovic éprouva donc comme un autre ces difficultés du commencement, et, s'il n'en fut pas ébranlé, il comprit du moins qu'il y avait fort à rabattre de ses espérances. Aucune illusion n'est d'ailleurs plus commune que celle-là c'est de la monnaie courante. On s'imagine, dans les familles, avoir tout fait quand on s'est enrichi d'un bachelier ou d'un avo-cat chimère naïve et promptement évanouie ! Que de fois le bachelier et l'avocat restent comme enchaînés aux abords de la carrière, sans obtenir même de ces beaux grades l'équiva-lent de ce qu'ils ont coûté ! Quoi qu'il pût arriver, Ludovic n'était pas de ceux-là tôt ou tard il devait réussir et se produire. Toute la question pour lui se réduisait à une occasion plus ou moins prompte, et surtout à un choix plus ou moins heureux. Être avocat, c'est être propre à toute chose, et rien n'est plus perfide que cette aptitude indéfinie. Là, plus qu'ailleurs, le droit n'im-plique pas le fait, et la faculté ne conduit pas à l'exercice. Ludovic ne l'entendait pas ainsi il n'était pas d'humeur à traiter sa profession comme une sinécure. Il chercha donc les moyens d'aboutir.
10
0.0054
0.028818
659.txt
1,886
272- L'ART DE MAGNÉTISER Il y a donc eu chez moi, à différentes époques, accumula-tion du fluide électrique. Depuis, je ne me suis point aperçu que cet effet fût revenu. A ne considérer que les phénomènes consignés dans les annales médicales, les fous nous en offrent des exemples assez frappants. On en a vu, et la plupart des auteurs sont d'accord sur l'authenticité de ces faits, dans la manie aiguë furieuse, sans sommeil, sans aliments, sans sentir l'impres-sion du froid, vociférant et blasphémant jour et nuit, faisant des efforts pour briser leurs liens, quelquefois demeurant pendant plus d'un an dans cet état. D'autres aliénés, après trois mois d'abstinence volontaire, jouissent d'une force musculaire correspondante à la fureur qui les transporte. On est surpris de la facilité avec laquelle guérissent, sans remèdes, les contusions et les déchirures qu'ils se font, et la médecine en est à se demander où ils puisent cette force prodigieuse qu'ils dépensent en si grande quantité.. Voici un fait qui pourrait peut-être nous éclairer Un individu très chétif, en proie à cette espèce de démence, après avoir jeté tous les meubles par la fenêtre, et monté sur le corps de ses gardiens, parvint à s'échapper. Un sergent de ville crut pouvoir l'arrêter sur le bord du canal le fou le jeta dans l'eau d'une seule main on fit appeler un caporal et quatre hommes, dont il eut aisément bon marché car, après avoir battu les quatre soldats, il prit le caporal par une jambe et se mit à courir en le traînant du côté des 'boulevards. Enfin une foule d'ouvriers se mirent à sa poursuite, tous ceux qui s'approchaient étaient à l'instant terrassés mais aussitôt qu'il eut les pieds sur un trottoir d'asphalte, il perdit ses forces et se laissa prendre aisément-c'était à qui le saisirait au collet, par les bras, par les épau-les. Tout allait bien tant qu'on restait sur l'asphalte mais? à chaque interruption, il reprenait ses forces en touchant le pavé, et se débarrassait, d'un seul coup de reins, de tous ceux qui l'entouraient. Remontait-il sur le trottoir, il redevenait faible, et pouvait à peine se traîner on voyait que l'instinct lui disait de chercher le sol nu, car il faisait de grands efforts
272- L'ART DE MAGNÉTISER Il y a donc eu chez moi, à différentes époques, accumula-tion du fluide électrique. Depuis, je ne me suis point aperçu que cet effet fût revenu. A ne considérer que les phénomènes consignés dans les annales médicales, les fous nous en offrent des exemples assez frappants. On en a vu, et la plupart des auteurs sont d'accord sur l'authenticité de ces faits, dans la manie aiguë furieuse, sans sommeil, sans aliments, sans sentir l'impres-sion du froid, vociférant et blasphémant jour et nuit, faisant des efforts pour briser leurs liens, quelquefois demeurant pendant plus d'un an dans cet état. D'autres aliénés, après trois mois d'abstinence volontaire, jouissent d'une force musculaire correspondante à la fureur qui les transporte. On est surpris de la facilité avec laquelle guérissent, sans remèdes, les contusions et les déchirures qu'ils se font, et la médecine en est à se demander où ils puisent cette force prodigieuse qu'ils dépensent en si grande quantité.. Voici un fait qui pourrait peut-être nous éclairer Un individu très chétif, en proie à cette espèce de démence, après avoir jeté tous les meubles par la fenêtre, et monté sur le corps de ses gardiens, parvint à s'échapper. Un sergent de ville crut pouvoir l'arrêter sur le bord du canal le fou le jeta dans l'eau d'une seule main on fit appeler un caporal et quatre hommes, dont il eut aisément bon marché car, après avoir battu les quatre soldats, il prit le caporal par une jambe et se mit à courir en le traînant du côté des 'boulevards. Enfin une foule d'ouvriers se mirent à sa poursuite, tous ceux qui s'approchaient étaient à l'instant terrassés mais aussitôt qu'il eut les pieds sur un trottoir d'asphalte, il perdit ses forces et se laissa prendre aisément-c'était à qui le saisirait au collet, par les bras, par les épau-les. Tout allait bien tant qu'on restait sur l'asphalte mais? à chaque interruption, il reprenait ses forces en touchant le pavé, et se débarrassait, d'un seul coup de reins, de tous ceux qui l'entouraient. Remontait-il sur le trottoir, il redevenait faible, et pouvait à peine se traîner on voyait que l'instinct lui disait de chercher le sol nu, car il faisait de grands efforts
272@ L'ART DE MAGNÉTISER Il y a donc eu chez moi, à différentes époques, accumula-tion du fluide électrique. Depuis, je ne me suis point aperçu que cet effet fût revenu. A ne considérer que les phénomènes consignés dans les annales médicales, les fous nous en offrent des exemples assez frappants. On en a vu, et la plupart des auteurs sont d'accord sur l'authenticité de ces faits, dans la manie aiguë furieuse, sans sommeil, sans aliments, sans sentir l'impres-sion du froid, vociférant et blasphémant jour et nuit, faisant des efforts pour briser leurs liens, quelquefois demeurant pendant plus d'un an dans cet état. D'autres aliénés, après trois mois d'abstinence volontaire, jouissent d'une force musculaire correspondante à la fureur qui les transporte. On est surpris de la facilité avec laquelle guérissent, sans remèdes, les contusions et les déchirures qu'ils se font, et la médecine en est à se demander où ils puisent cette force prodigieuse qu'ils dépensent en si grande quantité.@ Voici un fait qui pourrait peut-être nous éclairer Un individu très chétif, en proie à cette espèce de démence, après avoir jeté tous les meubles par la fenêtre, et monté sur le corps de ses gardiens, parvint à s'échapper. Un sergent de ville crut pouvoir l'arrêter sur le bord du canal le fou le jeta dans l'eau d'une seule main on fit appeler un caporal et quatre hommes, dont il eut aisément bon marché car, après avoir battu les quatre soldats, il prit le caporal par une jambe et se mit à courir en le traînant du côté des @boulevards. Enfin une foule d'ouvriers se mirent à sa poursuite, tous ceux qui s'approchaient étaient à l'instant terrassés mais aussitôt qu'il eut les pieds sur un trottoir d'asphalte, il perdit ses forces et se laissa prendre aisément c'était à qui le saisirait au collet, par les bras, par les épau-les. Tout allait bien tant qu'on restait sur l'asphalte mais, à chaque interruption, il reprenait ses forces en touchant le pavé, et se débarrassait, d'un seul coup de reins, de tous ceux qui l'entouraient. Remontait-il sur le trottoir, il redevenait faible, et pouvait à peine se trainer on voyait que l'instinct lui disait de chercher le sol nu, car il faisait de grands efforts
272@ L'ART DE MAGNÉTISER Il y a donc eu chez moi, à différentes époques, accumula-tion du fluide électrique. Depuis, je ne me suis point aperçu que cet effet fût revenu. A ne considérer que les phénomènes consignés dans les annales médicales, les fous nous en offrent des exemples assez frappants. On en a vu, et la plupart des auteurs sont d'accord sur l'authenticité de ces faits, dans la manie aiguë furieuse, sans sommeil, sans aliments, sans sentir l'impres-sion du froid, vociférant et blasphémant jour et nuit, faisant des efforts pour briser leurs liens, quelquefois demeurant pendant plus d'un an dans cet état. D'autres aliénés, après trois mois d'abstinence volontaire, jouissent d'une force musculaire correspondante à la fureur qui les transporte. On est surpris de la facilité avec laquelle guérissent, sans remèdes, les contusions et les déchirures qu'ils se font, et la médecine en est à se demander où ils puisent cette force prodigieuse qu'ils dépensent en si grande quantité.@ Voici un fait qui pourrait peut-être nous éclairer Un individu très chétif, en proie à cette espèce de démence, après avoir jeté tous les meubles par la fenêtre, et monté sur le corps de ses gardiens, parvint à s'échapper. Un sergent de ville crut pouvoir l'arrêter sur le bord du canal le fou le jeta dans l'eau d'une seule main on fit appeler un caporal et quatre hommes, dont il eut aisément bon marché car, après avoir battu les quatre soldats, il prit le caporal par une jambe et se mit à courir en le traînant du côté des @boulevards. Enfin une foule d'ouvriers se mirent à sa poursuite, tous ceux qui s'approchaient étaient à l'instant terrassés mais aussitôt qu'il eut les pieds sur un trottoir d'asphalte, il perdit ses forces et se laissa prendre aisément c'était à qui le saisirait au collet, par les bras, par les épau-les. Tout allait bien tant qu'on restait sur l'asphalte mais, à chaque interruption, il reprenait ses forces en touchant le pavé, et se débarrassait, d'un seul coup de reins, de tous ceux qui l'entouraient. Remontait-il sur le trottoir, il redevenait faible, et pouvait à peine se trainer on voyait que l'instinct lui disait de chercher le sol nu, car il faisait de grands efforts
272 L'ART DE MAGNÉTISER Il y a donc eu chez moi, à différentes époques, accumula-tion du fluide électrique. Depuis, je ne me suis point aperçu que cet effet fût revenu. A ne considérer que les phénomènes consignés dans les annales médicales, les fous nous en offrent des exemples assez frappants. On en a vu, et la plupart des auteurs sont d'accord sur l'authenticité de ces faits, dans la manie aiguë furieuse, sans sommeil, sans aliments, sans sentir l'impres-sion du froid, vociférant et blasphémant jour et nuit, faisant des efforts pour briser leurs liens, quelquefois demeurant pendant plus d'un an dans cet état. D'autres aliénés, après trois mois d'abstinence volontaire, jouissent d'une force musculaire correspondante à la fureur qui les transporte. On est surpris de la facilité avec laquelle guérissent, sans remèdes, les contusions et les déchirures qu'ils se font, et la médecine en est à se demander où ils puisent cette force prodigieuse qu'ils dépensent en si grande quantité. Voici un fait qui pourrait peut-être nous éclairer Un individu très chétif, en proie à cette espèce de démence, après avoir jeté tous les meubles par la fenêtre, et monté sur le corps de ses gardiens, parvint à s'échapper. Un sergent de ville crut pouvoir l'arrêter sur le bord du canal le fou le jeta dans l'eau d'une seule main on fit appeler un caporal et quatre hommes, dont il eut aisément bon marché car, après avoir battu les quatre soldats, il prit le caporal par une jambe et se mit à courir en le traînant du côté des boulevards. Enfin une foule d'ouvriers se mirent à sa poursuite, tous ceux qui s'approchaient étaient à l'instant terrassés mais aussitôt qu'il eut les pieds sur un trottoir d'asphalte, il perdit ses forces et se laissa prendre aisément c'était à qui le saisirait au collet, par les bras, par les épau-les. Tout allait bien tant qu'on restait sur l'asphalte mais, à chaque interruption, il reprenait ses forces en touchant le pavé, et se débarrassait, d'un seul coup de reins, de tous ceux qui l'entouraient. Remontait-il sur le trottoir, il redevenait faible, et pouvait à peine se trainer on voyait que l'instinct lui disait de chercher le sol nu, car il faisait de grands efforts
6
0.002722
0.014388
895.txt
1,858
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 209 pour Ludovic, rien de semblable n'a eu lieu. Ces messieurs se sont mis en frais ils ont tenu leurs yeux ouverts et re-noncé à leur petite sieste afin de ne perdre aucun des mou-vements oratoires de notre jeune ami. De mémoire d'homme cela ne s'était pas vu au Palais. Et vous ne voulez pas que je m'exalte à cette pensée et que je le poursuive jus-qu'au bout du monde de mes compliments et de mes félici-tations ? Quoique Melchior eût l'haleine très-longue et les poumons en état de fournir un service forcé, il avait parlé avec tant de pétulance et mis tant d'ardeur dans son geste, que, bon gré mal gré, il lui fallut prendre un peu de repos. D'ailleurs il avait dit ce qu'il voulait dire et produit l'effet qu'il se pro-posait de produire. C'était une diversion elle avait eu lieu. Marguerite paraissait respirer plus librement. Ludovic, sans prendre au pied de la lettre les extravagances de Melchior, n'avait pas été insensible à l'éloge ni fâché que la jeune fille l'eût entendu. De toute part, l'embarras du moment avait cessé, et les choses s'étaient arrangées pour ainsi dire d'elles-mêmes. Melchior profita de cette situation des esprits pour exécuter une savante retraite. - Maintenant, dit-il, encore une formalité, et je me sauve. Ludovic, vous savez tout je viens de mettre mon coeur à nu, vous avez pu lire dans mon âme comme si elle était de cristal. Ce que je vous demande, en retour, c'est un bon mouvement. Vous y refnserez-vous ? - Pourquoi m'y refuserais-je? répondit le jeune avocat. - A la bonne heure, reprit Melchior. Eh bien! mon cher, je n'en abuserai pas. Vous n'êtes pas démonstratif de votre naturel je résiste donc au désir violent que j'ai de vous presser sur ma poitrine mais votre main, au moins., votre main 1 - La voici, dit Ludovic. - Merci, grand homme, répondit Melchior, en s'emparant de cette main et abusant de la complaisance avec laquelle on la lui avait abandonnée, merci, vous dis-je, me voilà am-plement payé. Je'n'ai perdu ni mes pas ni mes paroles. Et vous, Mademoiselle, ajouta-t-il en s'adressant à Marguerite, il me reste encore un compte à régler avec vous. Me par-donnez-vous mon indiscrétion?
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 209 pour Ludovic, rien de semblable n'a eu lieu. Ces messieurs se sont mis en frais ils ont tenu leurs yeux ouverts et re-noncé à leur petite sieste afin de ne perdre aucun des mou-vements oratoires de notre jeune ami. De mémoire d'homme cela ne s'était pas vu au Palais. Et vous ne voulez pas que je m'exalte à cette pensée et que je le poursuive jus-qu'au bout du monde de mes compliments et de mes félici-tations ? Quoique Melchior eût l'haleine très-longue et les poumons en état de fournir un service forcé, il avait parlé avec tant de pétulance et mis tant d'ardeur dans son geste, que, bon gré mal gré, il lui fallut prendre un peu de repos. D'ailleurs il avait dit ce qu'il voulait dire et produit l'effet qu'il se pro-posait de produire. C'était une diversion elle avait eu lieu. Marguerite paraissait respirer plus librement. Ludovic, sans prendre au pied de la lettre les extravagances de Melchior, n'avait pas été insensible à l'éloge ni fâché que la jeune fille l'eût entendu. De toute part, l'embarras du moment avait cessé, et les choses s'étaient arrangées pour ainsi dire d'elles-mêmes. Melchior profita de cette situation des esprits pour exécuter une savante retraite. - Maintenant, dit-il, encore une formalité, et je me sauve. Ludovic, vous savez tout je viens de mettre mon coeur à nu, vous avez pu lire dans mon âme comme si elle était de cristal. Ce que je vous demande, en retour, c'est un bon mouvement. Vous y refnserez-vous ? - Pourquoi m'y refuserais-je@? répondit le jeune avocat. - A la bonne heure, reprit Melchior. Eh bien@! mon cher, je n'en abuserai pas. Vous n'êtes pas démonstratif de votre naturel je résiste donc au désir violent que j'ai de vous presser sur ma poitrine mais votre main, au moins., votre main 1 - La voici, dit Ludovic. - Merci, grand homme, répondit Melchior, en s'emparant de cette main et abusant de la complaisance avec laquelle on la lui avait abandonnée, merci, vous dis-je, me voilà am-plement payé. Je'n'ai perdu ni mes pas ni mes paroles. Et vous, Mademoiselle, ajouta-t-il en s'adressant à Marguerite, il me reste encore un compte à régler avec vous. Me par-donnez-vous mon indiscrétion?
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 209 pour Ludovic, rien de semblable n'a eu lieu. Ces messieurs se sont mis en frais ils ont tenu leurs yeux ouverts et re-noncé à leur petite sieste afin de ne perdre aucun des mou-vements oratoires de notre jeune ami. De mémoire d'homme cela ne s'était pas vu au Palais. Et vous ne voulez pas que je m'exalte à cette pensée et que je le poursuive jus-qu'au bout du monde de mes compliments et de mes félici-tations ? Quoique Melchior eût l'haleine très-longue et les poumons en état de fournir un service forcé, il avait parlé avec tant de pétulance et mis tant d'ardeur dans son geste, que, bon gré mal gré, il lui fallut prendre un peu de repos. D'ailleurs il avait dit ce qu'il voulait dire et produit l'effet qu'il se pro-posait de produire. C'était une diversion elle avait eu lieu. Marguerite paraissait respirer plus librement. Ludovic, sans prendre au pied de la lettre les extravagances de Melchior, n'avait pas été insensible à l'éloge ni fâché que la jeune fille l'eût entendu. De toute part, l'embarras du moment avait cessé, et les choses s'étaient arrangées pour ainsi dire d'elles-mêmes. Melchior profita de cette situation des esprits pour exécuter une savante retraite. -@Maintenant, dit-il, encore une formalité, et je me sauve. Ludovic, vous savez tout je viens de mettre mon coeur à nu, vous avez pu lire dans mon âme comme si elle était de cristal. Ce que je vous demande, en retour, c'est un bon mouvement. Vous y refuserez-vous ? -@Pourquoi m'y refuserais-je ? répondit le jeune avocat. -@A la bonne heure, reprit Melchior. Eh bien ! mon cher, je n'en abuserai pas. Vous n'êtes pas démonstratif de votre naturel je résiste donc au désir violent que j'ai de vous presser sur ma poitrine mais votre main, au moins@, votre main ! -@La voici, dit Ludovic. -@Merci, grand homme, répondit Melchior, en s'emparant de cette main et abusant de la complaisance avec laquelle on la lui avait abandonnée, merci, vous dis-je, me voilà am-plement payé. Je n'ai perdu ni mes pas ni mes paroles. Et vous, Mademoiselle, ajouta-t-il en s'adressant à Marguerite, il me reste encore un compte à régler avec vous. Me par-donnez-vous mon #############
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 209 pour Ludovic, rien de semblable n'a eu lieu. Ces messieurs se sont mis en frais ils ont tenu leurs yeux ouverts et re-noncé à leur petite sieste afin de ne perdre aucun des mou-vements oratoires de notre jeune ami. De mémoire d'homme cela ne s'était pas vu au Palais. Et vous ne voulez pas que je m'exalte à cette pensée et que je le poursuive jus-qu'au bout du monde de mes compliments et de mes félici-tations ? Quoique Melchior eût l'haleine très-longue et les poumons en état de fournir un service forcé, il avait parlé avec tant de pétulance et mis tant d'ardeur dans son geste, que, bon gré mal gré, il lui fallut prendre un peu de repos. D'ailleurs il avait dit ce qu'il voulait dire et produit l'effet qu'il se pro-posait de produire. C'était une diversion elle avait eu lieu. Marguerite paraissait respirer plus librement. Ludovic, sans prendre au pied de la lettre les extravagances de Melchior, n'avait pas été insensible à l'éloge ni fâché que la jeune fille l'eût entendu. De toute part, l'embarras du moment avait cessé, et les choses s'étaient arrangées pour ainsi dire d'elles-mêmes. Melchior profita de cette situation des esprits pour exécuter une savante retraite. -@Maintenant, dit-il, encore une formalité, et je me sauve. Ludovic, vous savez tout je viens de mettre mon coeur à nu, vous avez pu lire dans mon âme comme si elle était de cristal. Ce que je vous demande, en retour, c'est un bon mouvement. Vous y refuserez-vous ? -@Pourquoi m'y refuserais-je ? répondit le jeune avocat. -@A la bonne heure, reprit Melchior. Eh bien ! mon cher, je n'en abuserai pas. Vous n'êtes pas démonstratif de votre naturel je résiste donc au désir violent que j'ai de vous presser sur ma poitrine mais votre main, au moins@, votre main ! -@La voici, dit Ludovic. -@Merci, grand homme, répondit Melchior, en s'emparant de cette main et abusant de la complaisance avec laquelle on la lui avait abandonnée, merci, vous dis-je, me voilà am-plement payé. Je n'ai perdu ni mes pas ni mes paroles. Et vous, Mademoiselle, ajouta-t-il en s'adressant à Marguerite, il me reste encore un compte à régler avec vous. Me par-donnez-vous mon indiscrétion?
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 209 pour Ludovic, rien de semblable n'a eu lieu. Ces messieurs se sont mis en frais ils ont tenu leurs yeux ouverts et re-noncé à leur petite sieste afin de ne perdre aucun des mou-vements oratoires de notre jeune ami. De mémoire d'homme cela ne s'était pas vu au Palais. Et vous ne voulez pas que je m'exalte à cette pensée et que je le poursuive jus-qu'au bout du monde de mes compliments et de mes félici-tations ? Quoique Melchior eût l'haleine très-longue et les poumons en état de fournir un service forcé, il avait parlé avec tant de pétulance et mis tant d'ardeur dans son geste, que, bon gré mal gré, il lui fallut prendre un peu de repos. D'ailleurs il avait dit ce qu'il voulait dire et produit l'effet qu'il se pro-posait de produire. C'était une diversion elle avait eu lieu. Marguerite paraissait respirer plus librement. Ludovic, sans prendre au pied de la lettre les extravagances de Melchior, n'avait pas été insensible à l'éloge ni fâché que la jeune fille l'eût entendu. De toute part, l'embarras du moment avait cessé, et les choses s'étaient arrangées pour ainsi dire d'elles-mêmes. Melchior profita de cette situation des esprits pour exécuter une savante retraite. -Maintenant, dit-il, encore une formalité, et je me sauve. Ludovic, vous savez tout je viens de mettre mon coeur à nu, vous avez pu lire dans mon âme comme si elle était de cristal. Ce que je vous demande, en retour, c'est un bon mouvement. Vous y refuserez-vous ? -Pourquoi m'y refuserais-je ? répondit le jeune avocat. -A la bonne heure, reprit Melchior. Eh bien ! mon cher, je n'en abuserai pas. Vous n'êtes pas démonstratif de votre naturel je résiste donc au désir violent que j'ai de vous presser sur ma poitrine mais votre main, au moins, votre main ! -La voici, dit Ludovic. -Merci, grand homme, répondit Melchior, en s'emparant de cette main et abusant de la complaisance avec laquelle on la lui avait abandonnée, merci, vous dis-je, me voilà am-plement payé. Je n'ai perdu ni mes pas ni mes paroles. Et vous, Mademoiselle, ajouta-t-il en s'adressant à Marguerite, il me reste encore un compte à régler avec vous. Me par-donnez-vous mon indiscrétion?
11
0.005046
0.020882
498.txt
1,871
38 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Néanmoins il n'est pas sans intérêt de rappeler ici les utiles réflexions de M. Domenecb. Dom. p. 56 à 96. Le système Pileux, qui, chez l'homme, laisse plus ou moins à découvert une grande partie du corps, offre chez tous les peuples de la terre la même distribution. Or, cette distribution, qui varie d'espèce à espèce dans les mammifères, qui du moins présente des particularités constantes, ne sépare pas les types humains. Le système pileux diffère par son abondance ou sa rareté sur certaines parties, sur la face en particulier il est tantôt fin, tantôt grossier, lisse, bouclé ou crépu et feutré comme une toison, et ces diffé-rences sont surtout très-remarquâbles pour la chevelure enfin, sa couleur varie, comme on le sait, considérablement. Parmi ces différences, il en est qui ne comptent que peu ou point dans la caractéristique des races, parce qu'on les retrouve dans plusieurs de celles-ci telle est la couleur, qui, dans toutes les grandes familles de l'humanité, est le plus souvent foncée ou même noire, et, dans presque toutes, présente quelques exceptions à cette règle. La disposition laineuse des cheveux est plus près de constituer un ca-ractère, et trouve place dans le portrait physique du tjpe éthiopien à côté du prognathisme. Toutefois, c'est encore par gradations nuancées qu'on passe de cette disposition de la chevelure aux cheveux droits, grossiers et plus ou moins roides d'autres peuples. Quand on compare sous le microscope ces deux sortes de cheveux, on ne reconnaît entre elles aucune des différences qui distinguent si bien chez les mammifères les poils véritablement laineux et susceptibles de former un feutre des poils ordinaires. Le poil laineux se caractérise généralement par une structure particulière, d'où résultent à sa surface des aspérités plus ou moins prononcées et proportionnées à sa disposition à se feutrer. On re-marque aussi qu'il augmente d'épaisseur de sa racine à sa pointe, ou du moins qu'il offre des inégalités dans la longueur et qu'il ne va pas en s'atté-nuant. Les poils proprement dits sont, au contraire, plus ou moins lisses et plus épais à leur base qu'à leur extrémité libre. Or, bien qu'on trouve chez une même espèce de mammifères et des poils et de la laine, qu'on voie pré-dominer, selon les saisons et surtout selon les races, tantôt le poil ou la jarre, tantôt la laine, toutes les races humaines se ressemblent en ce que chez toutes le poil seul se développe et que les cheveux tortillés du nègre ont la même structure que les cheveux longs et soyeux du noir Abyssin, de la blonde Scandinave ou que les cheveux roides et grossiers du Mongol. Les cheveux humains ne varient que sous le rapport de leur abondance , sous celui de leur longueur, sous celui de leur finesse et, enfin, par la quantité de matières colorantes qu'ils contiennent. A cet égard on observe une gra-dation nuancée du châtain au noir foncé, et parmi les cheveux noirs ceux des nègres sont les plus chargés de cette matière. On a pensé que leur dis-position à se rouler pouvait tenir à cette circonstance. Comme la même dis-position se retrouve chez beaucoup d'individus de notre race, il serait facile de soumettre cette disposition à l'épreuve de quelques comparaisons mais je doute qu'elle se justifie, dit Holland. De la diversité des types humains. La couleur et les caractères des cheveux n laissent rien conclure contre l'unité de notre espèce.
38 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Néanmoins il n'est pas sans intérêt de rappeler ici les utiles réflexions de M. Domenecb. Dom. p. 56 à 96. Le système Pileux, qui, chez l'homme, laisse plus ou moins à découvert une grande partie du corps, offre chez tous les peuples de la terre la même distribution. Or, cette distribution, qui varie d'espèce à espèce dans les mammifères, qui du moins présente des particularités constantes, ne sépare pas les types humains. Le système pileux diffère par son abondance ou sa rareté sur certaines parties, sur la face en particulier il est tantôt fin, tantôt grossier, lisse, bouclé ou crépu et feutré comme une toison, et ces diffé-rences sont surtout très-remarquâbles pour la chevelure enfin, sa couleur varie, comme on le sait, considérablement. Parmi ces différences, il en est qui ne comptent que peu ou point dans la caractéristique des races, parce qu'on les retrouve dans plusieurs de celles-ci telle est la couleur, qui, dans toutes les grandes familles de l'humanité, est le plus souvent foncée ou même noire, et, dans presque toutes, présente quelques exceptions à cette règle. La disposition laineuse des cheveux est plus près de constituer un ca-ractère, et trouve place dans le portrait physique du tjpe éthiopien à côté du prognathisme. Toutefois, c'est encore par gradations nuancées qu'on passe de cette disposition de la chevelure aux cheveux droits, grossiers et plus ou moins roides d'autres peuples. Quand on compare sous le microscope ces deux sortes de cheveux, on ne reconnaît entre elles aucune des différences qui distinguent si bien chez les mammifères les poils véritablement laineux et susceptibles de former un feutre des poils ordinaires. Le poil laineux se caractérise généralement par une structure particulière, d'où résultent à sa surface des aspérités plus ou moins prononcées et proportionnées à sa disposition à se feutrer. On re-marque aussi qu'il augmente d'épaisseur de sa racine à sa pointe, ou du moins qu'il offre des inégalités dans la longueur et qu'il ne va pas en s'atté-nuant. Les poils proprement dits sont, au contraire, plus ou moins lisses et plus épais à leur base qu'à leur extrémité libre. Or, bien qu'on trouve chez une même espèce de mammifères et des poils et de la laine, qu'on voie pré-dominer, selon les saisons et surtout selon les races, tantôt le poil ou la jarre, tantôt la laine, toutes les races humaines se ressemblent en ce que chez toutes le poil seul se développe et que les cheveux tortillés du nègre ont la même structure que les cheveux longs et soyeux du noir Abyssin, de la blonde Scandinave ou que les cheveux roides et grossiers du Mongol. Les cheveux humains ne varient que sous le rapport de leur abondance , sous celui de leur longueur, sous celui de leur finesse et, enfin, par la quantité de matières colorantes qu'ils contiennent. A cet égard on observe une gra-dation nuancée du châtain au noir foncé, et parmi les cheveux noirs ceux des nègres sont les plus chargés de cette matière. On a pensé que leur dis-position à se rouler pouvait tenir à cette circonstance. Comme la même dis-position se retrouve chez beaucoup d'individus de notre race, il serait facile de soumettre cette disposition à l'épreuve de quelques comparaisons mais je doute qu'elle se justifie, dit Holland. De la diversité des types humains. La couleur et les caractères des cheveux n@ laissent rien conclure contre l'unité de notre espèce.
38 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Néanmoins il n'est pas sans intérêt de rappeler ici les utiles réflexions de M. Domenech. Dom. p. 56 à 96. Le système Pileux, qui, chez l'homme, laisse plus ou moins à découvert une grande partie du corps, offre chez tous les peuples de la terre la même distribution. Or, cette distribution, qui varie d'espèce à espèce dans les mammifères, qui du moins présente des particularités constantes, ne sépare pas les types humains. Le système pileux diffère par son abondance ou sa rareté sur certaines parties, sur la face en particulier il est tantôt fin, tantôt grossier, lisse, bouclé ou crépu et feutré comme une toison, et ces diffé-rences sont surtout très remarquables pour la chevelure enfin, sa couleur varie, comme on le sait, considérablement. Parmi ces différences, il en est qui ne comptent que peu ou point dans la caractéristique des races, parce qu'on les retrouve dans plusieurs de celles-ci telle est la couleur, qui, dans toutes les grandes familles de l'humanité, est le plus souvent foncée ou même noire, et, dans presque toutes, présente quelques exceptions à cette règle. La disposition laineuse des cheveux est plus près de constituer un ca-ractère, et trouve place dans le portrait physique du type éthiopien à côté du prognathisme. Toutefois, c'est encore par gradations nuancées qu'on passe de cette disposition de la chevelure aux cheveux droits, grossiers et plus ou moins roides d'autres peuples. Quand on compare sous le microscope ces deux sortes de cheveux, on ne reconnaît entre elles aucune des différences qui distinguent si bien chez les mammifères les poils véritablement laineux et susceptibles de former un feutre des poils ordinaires. Le poil laineux se caractérise généralement par une structure particulière, d'où résultent à sa surface des aspérités plus ou moins prononcées et proportionnées à sa disposition à se feutrer. On re-marque aussi qu'il augmente d'épaisseur de sa racine à sa pointe, ou du moins qu'il offre des inégalités dans la longueur et qu'il ne va pas en s'atté-nuant. Les poils proprement dits sont, au contraire, plus ou moins lisses et plus épais à leur base qu'à leur extrémité libre. Or, bien qu'on trouve chez une même espèce de mammifères et des poils et de la laine, qu'on voie pré-dominer, selon les saisons et surtout selon les races, tantôt le poil ou la jarre, tantôt la laine, toutes les races humaines se ressemblent en ce que chez toutes le poil seul se développe et que les cheveux tortillés du nègre ont la même structure que les cheveux longs et soyeux du noir Abyssin, de la blonde Scandinave ou que les cheveux roides et grossiers du Mongol. Les cheveux humains ne varient que sous le rapport de leur abondance@, sous celui de leur longueur, sous celui de leur finesse et, enfin, par la quantité de matières colorantes qu'ils contiennent. A cet égard on observe une gra-dation nuancée du châtain au noir foncé, et parmi les cheveux noirs ceux des nègres sont les plus chargés de cette matière. On a pensé que leur dis-position à se rouler pouvait tenir à cette ########################### dis-position se retrouve chez beaucoup d'individus de notre race, il serait facile de soumettre cette disposition à l'épreuve de quelques comparaisons mais je doute qu'elle se justifie, dit Holland. De la diversité des types humains. La couleur et les caractères des cheveux ne laissent rien conclure contre l'unité de notre espèce.
38 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Néanmoins il n'est pas sans intérêt de rappeler ici les utiles réflexions de M. Domenech. Dom. p. 56 à 96. Le système Pileux, qui, chez l'homme, laisse plus ou moins à découvert une grande partie du corps, offre chez tous les peuples de la terre la même distribution. Or, cette distribution, qui varie d'espèce à espèce dans les mammifères, qui du moins présente des particularités constantes, ne sépare pas les types humains. Le système pileux diffère par son abondance ou sa rareté sur certaines parties, sur la face en particulier il est tantôt fin, tantôt grossier, lisse, bouclé ou crépu et feutré comme une toison, et ces diffé-rences sont surtout très remarquables pour la chevelure enfin, sa couleur varie, comme on le sait, considérablement. Parmi ces différences, il en est qui ne comptent que peu ou point dans la caractéristique des races, parce qu'on les retrouve dans plusieurs de celles-ci telle est la couleur, qui, dans toutes les grandes familles de l'humanité, est le plus souvent foncée ou même noire, et, dans presque toutes, présente quelques exceptions à cette règle. La disposition laineuse des cheveux est plus près de constituer un ca-ractère, et trouve place dans le portrait physique du type éthiopien à côté du prognathisme. Toutefois, c'est encore par gradations nuancées qu'on passe de cette disposition de la chevelure aux cheveux droits, grossiers et plus ou moins roides d'autres peuples. Quand on compare sous le microscope ces deux sortes de cheveux, on ne reconnaît entre elles aucune des différences qui distinguent si bien chez les mammifères les poils véritablement laineux et susceptibles de former un feutre des poils ordinaires. Le poil laineux se caractérise généralement par une structure particulière, d'où résultent à sa surface des aspérités plus ou moins prononcées et proportionnées à sa disposition à se feutrer. On re-marque aussi qu'il augmente d'épaisseur de sa racine à sa pointe, ou du moins qu'il offre des inégalités dans la longueur et qu'il ne va pas en s'atté-nuant. Les poils proprement dits sont, au contraire, plus ou moins lisses et plus épais à leur base qu'à leur extrémité libre. Or, bien qu'on trouve chez une même espèce de mammifères et des poils et de la laine, qu'on voie pré-dominer, selon les saisons et surtout selon les races, tantôt le poil ou la jarre, tantôt la laine, toutes les races humaines se ressemblent en ce que chez toutes le poil seul se développe et que les cheveux tortillés du nègre ont la même structure que les cheveux longs et soyeux du noir Abyssin, de la blonde Scandinave ou que les cheveux roides et grossiers du Mongol. Les cheveux humains ne varient que sous le rapport de leur abondance@, sous celui de leur longueur, sous celui de leur finesse et, enfin, par la quantité de matières colorantes qu'ils contiennent. A cet égard on observe une gra-dation nuancée du châtain au noir foncé, et parmi les cheveux noirs ceux des nègres sont les plus chargés de cette matière. On a pensé que leur dis-position à se rouler pouvait tenir à cette circonstance. Comme la même dis-position se retrouve chez beaucoup d'individus de notre race, il serait facile de soumettre cette disposition à l'épreuve de quelques comparaisons mais je doute qu'elle se justifie, dit Holland. De la diversité des types humains. La couleur et les caractères des cheveux ne laissent rien conclure contre l'unité de notre espèce.
38 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Néanmoins il n'est pas sans intérêt de rappeler ici les utiles réflexions de M. Domenech. Dom. p. 56 à 96. Le système Pileux, qui, chez l'homme, laisse plus ou moins à découvert une grande partie du corps, offre chez tous les peuples de la terre la même distribution. Or, cette distribution, qui varie d'espèce à espèce dans les mammifères, qui du moins présente des particularités constantes, ne sépare pas les types humains. Le système pileux diffère par son abondance ou sa rareté sur certaines parties, sur la face en particulier il est tantôt fin, tantôt grossier, lisse, bouclé ou crépu et feutré comme une toison, et ces diffé-rences sont surtout très remarquables pour la chevelure enfin, sa couleur varie, comme on le sait, considérablement. Parmi ces différences, il en est qui ne comptent que peu ou point dans la caractéristique des races, parce qu'on les retrouve dans plusieurs de celles-ci telle est la couleur, qui, dans toutes les grandes familles de l'humanité, est le plus souvent foncée ou même noire, et, dans presque toutes, présente quelques exceptions à cette règle. La disposition laineuse des cheveux est plus près de constituer un ca-ractère, et trouve place dans le portrait physique du type éthiopien à côté du prognathisme. Toutefois, c'est encore par gradations nuancées qu'on passe de cette disposition de la chevelure aux cheveux droits, grossiers et plus ou moins roides d'autres peuples. Quand on compare sous le microscope ces deux sortes de cheveux, on ne reconnaît entre elles aucune des différences qui distinguent si bien chez les mammifères les poils véritablement laineux et susceptibles de former un feutre des poils ordinaires. Le poil laineux se caractérise généralement par une structure particulière, d'où résultent à sa surface des aspérités plus ou moins prononcées et proportionnées à sa disposition à se feutrer. On re-marque aussi qu'il augmente d'épaisseur de sa racine à sa pointe, ou du moins qu'il offre des inégalités dans la longueur et qu'il ne va pas en s'atté-nuant. Les poils proprement dits sont, au contraire, plus ou moins lisses et plus épais à leur base qu'à leur extrémité libre. Or, bien qu'on trouve chez une même espèce de mammifères et des poils et de la laine, qu'on voie pré-dominer, selon les saisons et surtout selon les races, tantôt le poil ou la jarre, tantôt la laine, toutes les races humaines se ressemblent en ce que chez toutes le poil seul se développe et que les cheveux tortillés du nègre ont la même structure que les cheveux longs et soyeux du noir Abyssin, de la blonde Scandinave ou que les cheveux roides et grossiers du Mongol. Les cheveux humains ne varient que sous le rapport de leur abondance, sous celui de leur longueur, sous celui de leur finesse et, enfin, par la quantité de matières colorantes qu'ils contiennent. A cet égard on observe une gra-dation nuancée du châtain au noir foncé, et parmi les cheveux noirs ceux des nègres sont les plus chargés de cette matière. On a pensé que leur dis-position à se rouler pouvait tenir à cette circonstance. Comme la même dis-position se retrouve chez beaucoup d'individus de notre race, il serait facile de soumettre cette disposition à l'épreuve de quelques comparaisons mais je doute qu'elle se justifie, dit Holland. De la diversité des types humains. La couleur et les caractères des cheveux ne laissent rien conclure contre l'unité de notre espèce.
6
0.00175
0.007849
301.txt
1,845
-193 -et des autres fidèles du diocèse le retint en France lors de la loi de déportation il se retira à Ghouilly près d'Epernay. Il y fut découvert et arrêté vers la fin de 1793. Après avoir passé plusieurs mois dans les prisons de Châlons, il comparut au mois d'avril 1794 devant le tribu-nal criminel séant à Reims, qui le condamna à être déporté à la Guyane. On le fit aussitôt par-tir pour Rochefort, où il fut embarqué sur le Washington. Quoique dans la force de l'âge, il ne put longtemps soutenir le méphilisme de l'entrepont il y succomba en septembre, âgé de trente-six ans. 5. Hesnard N..-, prêtre de l'ordre de Malle, prieur-curé d'Ancerville, diocèse de Châlons, refusa le serment schismatique. Son âge avancé l'exemptait de la déportation, mais l'assujettis-sait à la réclusion. Les autorités révolutionnai-res du département de la Meuse, où il s'était retiré, lui imposèrent une peine plus sévère sans y être autorisées par aucune disposition lé-gale la haine de la religion et de ses ministres leur tenait lien de loi d'ailleurs ces hommes, tout puissants pour le mal, n'avaient pas oublié la fameuse maxime Osez tout contre les prêtres, vous serez soutenus. Aussi n'hésitèrent-ils pas à envoyer ce vénérable vieillard à Rochefort en 1794, pour y attendre la mort dans l'entrepont 9
-193 -et des autres fidèles du diocèse le retint en France lors de la loi de déportation il se retira à Ghouilly près d'Epernay. Il y fut découvert et arrêté vers la fin de 1793. Après avoir passé plusieurs mois dans les prisons de Châlons, il comparut au mois d'avril 1794 devant le tribu-nal criminel séant à Reims, qui le condamna à être déporté à la Guyane. On le fit aussitôt par-tir pour Rochefort, où il fut embarqué sur le Washington. Quoique dans la force de l'âge, il ne put longtemps soutenir le méphilisme de l'entrepont il y succomba en septembre, âgé de trente-six ans. 5. Hesnard N..-, prêtre de l'ordre de Malle, prieur-curé d'Ancerville, diocèse de Châlons, refusa le serment schismatique. Son âge avancé l'exemptait de la déportation, mais l'assujettis-sait à la réclusion. Les autorités révolutionnai-res du département de la Meuse, où il s'était retiré, lui imposèrent une peine plus sévère sans y être autorisées par aucune disposition lé-gale la haine de la religion et de ses ministres leur tenait lien de loi d'ailleurs ces hommes, tout puissants pour le mal, n'avaient pas oublié la fameuse maxime Osez tout contre les prêtres, vous serez soutenus. Aussi n'hésitèrent-ils pas à envoyer ce vénérable vieillard à Rochefort en 1794, pour y attendre la mort dans l'entrepont 9
######## des autres fidèles du diocèse le retint en France lors de la loi de déportation il se retira à Chouilly près d'Epernay. Il y fut découvert et arrêté vers la fin de 1793. Après avoir passé plusieurs mois dans les prisons de Châlons, il comparut au mois d'avril 1794 devant le tribu-nal criminel séant à Reims, qui le condamna à être déporté à la Guyane. On le fit aussitôt par-tir pour Rochefort, où il fut embarqué sur le Washington. Quoique dans la force de l'âge, il ne put longtemps soutenir le méphilisme de l'entrepont il y succomba en septembre, âgé de trente-six ans. 5. Hesnard N.@ , prêtre de l'ordre de Malte, prieur-curé d'Ancerville, diocèse de Châlons, refusa le serment schismatique. Son âge avancé l'exemptait de la déportation, mais l'assujettis-sait à la réclusion. Les autorités révolutionnai-res du département de la Meuse, où il s'était retiré, lui imposèrent une peine plus sévère sans y être autorisées par aucune disposition lé-gale la haine de la religion et de ses ministres leur tenait lieu de loi d'ailleurs ces hommes, tout puissants pour le mal, n'avaient pas oublié la fameuse maxime Osez tout contre les prêtres, vous serez soutenus. Aussi n'hésitèrent-ils pas à envoyer ce vénérable vieillard à Rochefort en 1794, pour y attendre la mort dans l'entrepont #
-193 -et des autres fidèles du diocèse le retint en France lors de la loi de déportation il se retira à Chouilly près d'Epernay. Il y fut découvert et arrêté vers la fin de 1793. Après avoir passé plusieurs mois dans les prisons de Châlons, il comparut au mois d'avril 1794 devant le tribu-nal criminel séant à Reims, qui le condamna à être déporté à la Guyane. On le fit aussitôt par-tir pour Rochefort, où il fut embarqué sur le Washington. Quoique dans la force de l'âge, il ne put longtemps soutenir le méphilisme de l'entrepont il y succomba en septembre, âgé de trente-six ans. 5. Hesnard N.@ , prêtre de l'ordre de Malte, prieur-curé d'Ancerville, diocèse de Châlons, refusa le serment schismatique. Son âge avancé l'exemptait de la déportation, mais l'assujettis-sait à la réclusion. Les autorités révolutionnai-res du département de la Meuse, où il s'était retiré, lui imposèrent une peine plus sévère sans y être autorisées par aucune disposition lé-gale la haine de la religion et de ses ministres leur tenait lieu de loi d'ailleurs ces hommes, tout puissants pour le mal, n'avaient pas oublié la fameuse maxime Osez tout contre les prêtres, vous serez soutenus. Aussi n'hésitèrent-ils pas à envoyer ce vénérable vieillard à Rochefort en 1794, pour y attendre la mort dans l'entrepont 9
-193 -et des autres fidèles du diocèse le retint en France lors de la loi de déportation il se retira à Chouilly près d'Epernay. Il y fut découvert et arrêté vers la fin de 1793. Après avoir passé plusieurs mois dans les prisons de Châlons, il comparut au mois d'avril 1794 devant le tribu-nal criminel séant à Reims, qui le condamna à être déporté à la Guyane. On le fit aussitôt par-tir pour Rochefort, où il fut embarqué sur le Washington. Quoique dans la force de l'âge, il ne put longtemps soutenir le méphilisme de l'entrepont il y succomba en septembre, âgé de trente-six ans. 5. Hesnard N. , prêtre de l'ordre de Malte, prieur-curé d'Ancerville, diocèse de Châlons, refusa le serment schismatique. Son âge avancé l'exemptait de la déportation, mais l'assujettis-sait à la réclusion. Les autorités révolutionnai-res du département de la Meuse, où il s'était retiré, lui imposèrent une peine plus sévère sans y être autorisées par aucune disposition lé-gale la haine de la religion et de ses ministres leur tenait lieu de loi d'ailleurs ces hommes, tout puissants pour le mal, n'avaient pas oublié la fameuse maxime Osez tout contre les prêtres, vous serez soutenus. Aussi n'hésitèrent-ils pas à envoyer ce vénérable vieillard à Rochefort en 1794, pour y attendre la mort dans l'entrepont 9
5
0.003858
0.029046
315.txt
1,820
sUR MADAME ROLAND. XXr comment cela est-il possible! il y a dix-sept ans qu'il est posé, il n'avait jamais bougé. L'exclamation de l'hôtesse ressemble au raisonnement dont nous parlions tout à l'heure quand on compare les petites choses aux grandes, on les trouve subordonnées aux mêmes lois, et les trônes ont leur vétusté comme les lits d'auberge. Mademoiselle Phlipon perdit presque à la fois sa mère et sa fortune. La mort de sa mère fut le coup le plus sensible qu'ait jamais éprouvé son coeur quant à la perte de son bien , cette première rigueur du sort lui ap-prit à se fortifier contre ses atteintes. Une liaison fondée sur l'estime détermina son mariage. Roland, écrivain laborieux , savant éclairé, admi nistrateur habile , joignait à l'austérité de son âge et de son caractère , la sévérité des moeurs anciennes. Tout fut grave pour madame Roland, dans cette union ses années , comme elle dit elle-même dans une des lettres inédites que nous joignons à cette édition, ses années étaient laborieuses et marquées par le bonheur sévère qui tient à l'accomplissement des devoirs. La naissance d'un enfant y mêla beaucoup de douceur. Madame Roland , en s'occupant de l'éducation de sa fille, se plaisait à lui rendre les tendres soins qu'elle avait elle-même reçus de sa mère. Renfermée le reste du temps dans le cabinet de son mari, elle s'associait à ses travaux et profitait de ses lumières. Roland, inspecteur des manufactures , lui montrait. ce qu'un préjugé ab-surde avait fait de tort au commerce, ce que des ré-glemens imprévoyans avaient donné d'entraves à l'indus-trie. Madame Roland tournait ses connaissances nou-velles au profit de ses opinions , et la liberté, qui était déjà pour elle une passion, acquérait à ses yeux l'au-torité d'une doctrine , quand elle voyait s'y rattacher des
sUR MADAME ROLAND. XXr comment cela est-il possible@! il y a dix-sept ans qu'il est posé, il n'avait jamais bougé. L'exclamation de l'hôtesse ressemble au raisonnement dont nous parlions tout à l'heure quand on compare les petites choses aux grandes, on les trouve subordonnées aux mêmes lois, et les trônes ont leur vétusté comme les lits d'auberge. Mademoiselle Phlipon perdit presque à la fois sa mère et sa fortune. La mort de sa mère fut le coup le plus sensible qu'ait jamais éprouvé son coeur quant à la perte de son bien , cette première rigueur du sort lui ap-prit à se fortifier contre ses atteintes. Une liaison fondée sur l'estime détermina son mariage. Roland, écrivain laborieux , savant éclairé, admi nistrateur habile , joignait à l'austérité de son âge et de son caractère , la sévérité des moeurs anciennes. Tout fut grave pour madame Roland, dans cette union ses années , comme elle dit elle-même dans une des lettres inédites que nous joignons à cette édition, ses années étaient laborieuses et marquées par le bonheur sévère qui tient à l'accomplissement des devoirs. La naissance d'un enfant y mêla beaucoup de douceur. Madame Roland , en s'occupant de l'éducation de sa fille, se plaisait à lui rendre les tendres soins qu'elle avait elle-même reçus de sa mère. Renfermée le reste du temps dans le cabinet de son mari, elle s'associait à ses travaux et profitait de ses lumières. Roland, inspecteur des manufactures , lui montrait. ce qu'un préjugé ab-surde avait fait de tort au commerce, ce que des ré-glemens imprévoyans avaient donné d'entraves à l'indus-trie. Madame Roland tournait ses connaissances nou-velles au profit de ses opinions , et la liberté, qui était déjà pour elle une passion, acquérait à ses yeux l'au-torité d'une doctrine , quand elle voyait s'y rattacher des
### MADAME ROLAND. XXI comment cela est-il possible ! il y a dix-sept ans qu'il est posé, il n'avait jamais bougé. L'exclamation de l'hôtesse ressemble au raisonnement dont nous parlions tout à l'heure quand on compare les petites choses aux grandes, on les trouve subordonnées aux même@ lois, et les trônes ont leur vétusté comme les lits d'auberge. Mademoiselle Phlipon perdit presque à la fois sa mère et sa fortune. La mort de sa mère fut le coup le plus sensible qu'ait jamais éprouvé son coeur quant à la perte de son bien@, cette première rigueur du sort lui ap-prit à se fortifier contre ses atteintes. Une liaison fondée sur l'estime détermina son mariage. Roland, écrivain laborieux@, savant éclairé, admi@nistrateur habile@, joignait à l'austérité de son âge et de son caractère@, la sévérité des moeurs anciennes. Tout fut grave pour madame Roland, dans cette union ses années@, comme elle dit elle-même dans une des lettres inédites que nous joignons à cette édition, ses années étaient laborieuses et marquées par le bonheur sévère qui tient à l'accomplissement des devoirs. La naissance d'un enfant y mêla beaucoup de douceur. Madame Roland@, en s'occupant de l'éducation de sa fille, se plaisait à lui rendre les tendres soins qu'elle avait elle-même reçus de sa mère. Renfermée le reste du temps dans le cabinet de son mari, elle s'associait à ses travaux et profitait de ses lumières. Roland, inspecteur des manufactures@, lui montrait@ ce qu'un préjugé ab-surde avait fait de tort au commerce, ce que des ré-glemens imprévoyans avaient donné d'entraves à l'indus-trie. Madame Roland tournait ses connaissances nou-velles au profit de ses opinions@, et la liberté, qui était déjà pour elle une passion, acquérait à ses yeux l'au-torité d'une doctrine@, quand elle voyait s'y rattacher des
sUR MADAME ROLAND. XXI comment cela est-il possible ! il y a dix-sept ans qu'il est posé, il n'avait jamais bougé. L'exclamation de l'hôtesse ressemble au raisonnement dont nous parlions tout à l'heure quand on compare les petites choses aux grandes, on les trouve subordonnées aux même@ lois, et les trônes ont leur vétusté comme les lits d'auberge. Mademoiselle Phlipon perdit presque à la fois sa mère et sa fortune. La mort de sa mère fut le coup le plus sensible qu'ait jamais éprouvé son coeur quant à la perte de son bien@, cette première rigueur du sort lui ap-prit à se fortifier contre ses atteintes. Une liaison fondée sur l'estime détermina son mariage. Roland, écrivain laborieux@, savant éclairé, admi@nistrateur habile@, joignait à l'austérité de son âge et de son caractère@, la sévérité des moeurs anciennes. Tout fut grave pour madame Roland, dans cette union ses années@, comme elle dit elle-même dans une des lettres inédites que nous joignons à cette édition, ses années étaient laborieuses et marquées par le bonheur sévère qui tient à l'accomplissement des devoirs. La naissance d'un enfant y mêla beaucoup de douceur. Madame Roland@, en s'occupant de l'éducation de sa fille, se plaisait à lui rendre les tendres soins qu'elle avait elle-même reçus de sa mère. Renfermée le reste du temps dans le cabinet de son mari, elle s'associait à ses travaux et profitait de ses lumières. Roland, inspecteur des manufactures@, lui montrait@ ce qu'un préjugé ab-surde avait fait de tort au commerce, ce que des ré-glemens imprévoyans avaient donné d'entraves à l'indus-trie. Madame Roland tournait ses connaissances nou-velles au profit de ses opinions@, et la liberté, qui était déjà pour elle une passion, acquérait à ses yeux l'au-torité d'une doctrine@, quand elle voyait s'y rattacher des
sUR MADAME ROLAND. XXI comment cela est-il possible ! il y a dix-sept ans qu'il est posé, il n'avait jamais bougé. L'exclamation de l'hôtesse ressemble au raisonnement dont nous parlions tout à l'heure quand on compare les petites choses aux grandes, on les trouve subordonnées aux même lois, et les trônes ont leur vétusté comme les lits d'auberge. Mademoiselle Phlipon perdit presque à la fois sa mère et sa fortune. La mort de sa mère fut le coup le plus sensible qu'ait jamais éprouvé son coeur quant à la perte de son bien, cette première rigueur du sort lui ap-prit à se fortifier contre ses atteintes. Une liaison fondée sur l'estime détermina son mariage. Roland, écrivain laborieux, savant éclairé, administrateur habile, joignait à l'austérité de son âge et de son caractère, la sévérité des moeurs anciennes. Tout fut grave pour madame Roland, dans cette union ses années, comme elle dit elle-même dans une des lettres inédites que nous joignons à cette édition, ses années étaient laborieuses et marquées par le bonheur sévère qui tient à l'accomplissement des devoirs. La naissance d'un enfant y mêla beaucoup de douceur. Madame Roland, en s'occupant de l'éducation de sa fille, se plaisait à lui rendre les tendres soins qu'elle avait elle-même reçus de sa mère. Renfermée le reste du temps dans le cabinet de son mari, elle s'associait à ses travaux et profitait de ses lumières. Roland, inspecteur des manufactures, lui montrait ce qu'un préjugé ab-surde avait fait de tort au commerce, ce que des ré-glemens imprévoyans avaient donné d'entraves à l'indus-trie. Madame Roland tournait ses connaissances nou-velles au profit de ses opinions, et la liberté, qui était déjà pour elle une passion, acquérait à ses yeux l'au-torité d'une doctrine, quand elle voyait s'y rattacher des
14
0.007804
0.015244
473.txt
1,868
-14 -et analogues à ces mouvements de locomotion, spontanés aussi EN APPARENCE, qu'exécutent de temps à autre les ver-tébrés supérieurs auxquels on a enlevé le cerveau propre-ment dit. Leçons sur la phys. génér. du syst. nerveux. Nous devons beauconp de reconnaissance aux savants que nous venons d'entendre pour leur démonstration ma-gistrale du zoonitisme dans l'organisme de l'animal à ver-tèbres il faut donc leur pardonner si, trop soucieux de la pudeur du préjugé, ils ont essayé de couvrir d'une ombre la nudité de cette vérité si jeune et si belle, qui, grâce à leurs soins, nous était donnée. Mais le moment est arrivé où l'esprit scientifique veut dépouiller cette vérité vierge de tous ses voiles pour la féconder. L'universalité du zoonitisme posée en principe, pour em-pêcher que le polyzoïsme humain s'ensuive, on tente de soutenir que, chez les vertébrés, et particulièrement chez l'homme, le zoonite de la tête est le seul qui soit animé, le seul qui possède la sensibilité, la conscience, la volonté, et que tous les autres zoonites, bien que semblables au premier sous le triple aspect histologique, organologique et fonc-tionnel, ne sont néanmoins que des automates ! Qu'a-t-on apporté à l'appui de cette thèse ? Des suppositions gratui-tes et tout à fait arbitraires, des assertions dénuées de toute preuve et contraires à la vraisemblance, des conclusions en contradiction flagrante avec les prémisses rien de plus. Les mouvements de natation exécutés par les zoonites moyens d'une écrevisse dont on a isolé le ganglion céré-broïde, les mouvements qu'une grenouille décapitée fait avec ses pattes pour écarter la pince ou le scalpel qui la blesse, ne sont intentionnels et conscients qu'en apparence, a-t-on prétendu. Mais l'apparence n'est-elle donc pas, dans tous les cas, notre criterium unique pour constater la présence d'un état intime de sensation et de volition en dehors de nous-mêmes, en dehors de notre moi propre?
-14 -et analogues à ces mouvements de locomotion, spontanés aussi EN APPARENCE, qu'exécutent de temps à autre les ver-tébrés supérieurs auxquels on a enlevé le cerveau propre-ment dit. Leçons sur la phys. génér. du syst. nerveux. Nous devons beauconp de reconnaissance aux savants que nous venons d'entendre pour leur démonstration ma-gistrale du zoonitisme dans l'organisme de l'animal à ver-tèbres il faut donc leur pardonner si, trop soucieux de la pudeur du préjugé, ils ont essayé de couvrir d'une ombre la nudité de cette vérité si jeune et si belle, qui, grâce à leurs soins, nous était donnée. Mais le moment est arrivé où l'esprit scientifique veut dépouiller cette vérité vierge de tous ses voiles pour la féconder. L'universalité du zoonitisme posée en principe, pour em-pêcher que le polyzoïsme humain s'ensuive, on tente de soutenir que, chez les vertébrés, et particulièrement chez l'homme, le zoonite de la tête est le seul qui soit animé, le seul qui possède la sensibilité, la conscience, la volonté, et que tous les autres zoonites, bien que semblables au premier sous le triple aspect histologique, organologique et fonc-tionnel, ne sont néanmoins que des automates ! Qu'a-t-on apporté à l'appui de cette thèse ? @Des suppositions gratui-tes et tout à fait arbitraires, des assertions dénuées de toute preuve et contraires à la vraisemblance, des conclusions en contradiction flagrante avec les prémisses rien de plus. Les mouvements de natation exécutés par les zoonites moyens d'une écrevisse dont on a isolé le ganglion céré-broïde, les mouvements qu'une grenouille décapitée fait avec ses pattes pour écarter la pince ou le scalpel qui la blesse, ne sont intentionnels et conscients qu'en apparence, a-t-on prétendu. Mais l'apparence n'est-elle donc pas, dans tous les cas, notre criterium unique pour constater la présence d'un état intime de sensation et de volition en dehors de nous-mêmes, en dehors de notre moi propre?
-14 -et analogues à ces mouvements de locomotion, spontanés aussi EN APPARENCE, qu'exécutent de temps à autre les ver-tébrés supérieurs auxquels on a enlevé le cerveau propre-ment dit. Leçons sur la phys. génér. du syst. nerveux. Nous devons beaucoup de reconnaissance aux savants que nous venons d'entendre pour leur démonstration ma-gistrale du zoonitisme dans l'organisme de l'animal à ver-tèbres il faut donc leur pardonner si, trop soucieux de la pudeur du préjugé, ils ont essayé de couvrir d'une ombre la nudité de cette vérité si jeune et si belle, qui, grâce à leurs soins, nous était donnée. Mais le moment est arrivé où l'esprit scientifique veut dépouiller cette vérité vierge de tous ses voiles pour la féconder. L'universalité du zoonitisme posée en principe, pour em-pêcher que le polyzoïsme humain s'ensuive, on tente de soutenir que, chez les vertébrés, et particulièrement chez l'homme, le zoonite de la tête est le seul qui soit animé, le seul qui possède la sensibilité, la conscience, la volonté, et que tous les autres zoonites, bien que semblables au premier sous le triple aspect histologique, organologique et fonc-tionnel, ne sont néanmoins que des automates@! Qu'a-t-on apporté à l'appui de cette thèse@? -Des suppositions gratui-tes et tout à fait arbitraires, des assertions dénuées de toute preuve et contraires à la vraisemblance, des conclusions en contradiction flagrante avec les prémisses rien de plus. Les mouvements de natation exécutés par les zoonites moyens d'une écrevisse dont on a isolé le ganglion céré-broïde, les mouvements qu'une grenouille décapitée fait avec ses pattes pour écarter la pince ou le scalpel qui la blesse, ne sont intentionnels et conscients qu'en apparence, a-t-on prétendu. Mais l'apparence n'est-elle donc pas, dans tous les cas, notre criterium unique pour constater la présence d'un état intime de sensation et de volition en dehors de nous-mêmes, en dehors de notre moi propre?
-14 -et analogues à ces mouvements de locomotion, spontanés aussi EN APPARENCE, qu'exécutent de temps à autre les ver-tébrés supérieurs auxquels on a enlevé le cerveau propre-ment dit. Leçons sur la phys. génér. du syst. nerveux. Nous devons beaucoup de reconnaissance aux savants que nous venons d'entendre pour leur démonstration ma-gistrale du zoonitisme dans l'organisme de l'animal à ver-tèbres il faut donc leur pardonner si, trop soucieux de la pudeur du préjugé, ils ont essayé de couvrir d'une ombre la nudité de cette vérité si jeune et si belle, qui, grâce à leurs soins, nous était donnée. Mais le moment est arrivé où l'esprit scientifique veut dépouiller cette vérité vierge de tous ses voiles pour la féconder. L'universalité du zoonitisme posée en principe, pour em-pêcher que le polyzoïsme humain s'ensuive, on tente de soutenir que, chez les vertébrés, et particulièrement chez l'homme, le zoonite de la tête est le seul qui soit animé, le seul qui possède la sensibilité, la conscience, la volonté, et que tous les autres zoonites, bien que semblables au premier sous le triple aspect histologique, organologique et fonc-tionnel, ne sont néanmoins que des automates@! Qu'a-t-on apporté à l'appui de cette thèse@? -Des suppositions gratui-tes et tout à fait arbitraires, des assertions dénuées de toute preuve et contraires à la vraisemblance, des conclusions en contradiction flagrante avec les prémisses rien de plus. Les mouvements de natation exécutés par les zoonites moyens d'une écrevisse dont on a isolé le ganglion céré-broïde, les mouvements qu'une grenouille décapitée fait avec ses pattes pour écarter la pince ou le scalpel qui la blesse, ne sont intentionnels et conscients qu'en apparence, a-t-on prétendu. Mais l'apparence n'est-elle donc pas, dans tous les cas, notre criterium unique pour constater la présence d'un état intime de sensation et de volition en dehors de nous-mêmes, en dehors de notre moi propre?
-14 -et analogues à ces mouvements de locomotion, spontanés aussi EN APPARENCE, qu'exécutent de temps à autre les ver-tébrés supérieurs auxquels on a enlevé le cerveau propre-ment dit. Leçons sur la phys. génér. du syst. nerveux. Nous devons beaucoup de reconnaissance aux savants que nous venons d'entendre pour leur démonstration ma-gistrale du zoonitisme dans l'organisme de l'animal à ver-tèbres il faut donc leur pardonner si, trop soucieux de la pudeur du préjugé, ils ont essayé de couvrir d'une ombre la nudité de cette vérité si jeune et si belle, qui, grâce à leurs soins, nous était donnée. Mais le moment est arrivé où l'esprit scientifique veut dépouiller cette vérité vierge de tous ses voiles pour la féconder. L'universalité du zoonitisme posée en principe, pour em-pêcher que le polyzoïsme humain s'ensuive, on tente de soutenir que, chez les vertébrés, et particulièrement chez l'homme, le zoonite de la tête est le seul qui soit animé, le seul qui possède la sensibilité, la conscience, la volonté, et que tous les autres zoonites, bien que semblables au premier sous le triple aspect histologique, organologique et fonc-tionnel, ne sont néanmoins que des automates! Qu'a-t-on apporté à l'appui de cette thèse? -Des suppositions gratui-tes et tout à fait arbitraires, des assertions dénuées de toute preuve et contraires à la vraisemblance, des conclusions en contradiction flagrante avec les prémisses rien de plus. Les mouvements de natation exécutés par les zoonites moyens d'une écrevisse dont on a isolé le ganglion céré-broïde, les mouvements qu'une grenouille décapitée fait avec ses pattes pour écarter la pince ou le scalpel qui la blesse, ne sont intentionnels et conscients qu'en apparence, a-t-on prétendu. Mais l'apparence n'est-elle donc pas, dans tous les cas, notre criterium unique pour constater la présence d'un état intime de sensation et de volition en dehors de nous-mêmes, en dehors de notre moi propre?
4
0.002057
0.00578
329.txt
1,820
ET PIÈCES OFFICIELLES. 599 patriotes qui se trouvèrent au Champ-de-Mars elle allait l'être de même par plusieurs départemens qui avaient for-tement exprimé leur opinion l'Assemblee nationale présa-geait des obstacles pour remettre Louis XVI sur le trône que faire? Il s'agit d'opposer au torrent une digue assez forte. Le samedi 16, à la séance du soir, on décrète que l'effet du décret du 25 juin dernier, qui suspend les fonctions n royales et celles du pouvoir exécutif entre les mains du roi, subsistera tant que le Code constitutionnel n'aura pas été présenté au roi et accepté par lui. Voilà donc Louis XVI redevenu roi, le voilà jugé inviolable et innocent or, que va-t-il arriver relativement à son acceptation de la charte constitutionnelle? Il va arriver que l'Assemblée nationale revisera tous les décrets, qu'elle en changera, qu'elle en modifiera beaucoup, qu'elle fera avec la cour une transac-tion , dont les effets seront tels que la constitution ne puisse pas blesser les principes patriotiques que Louis XVI a tracés dans le mémoire qu'il laissa en partant. Mais pour parvenir à exécuter ce projet, il faut imposer silence au peuple pour lui imposer silence, il-faut s'assurer de la force publique pour s'en assurer, il faut gagner, tromper la garde nationale c'est ce qu'on a fait, c'est ce que nous allons prouver en reprenant la suite des événemens. Toutes les sociétés patriotiques s'étaient donné rendez-vous pour le dimanche à onze heures du matin sur la place de la Bastille, afin de partir de là en un seul corps vers le Champ de la Fédération. La municipalité fit garnir de troupes cette place publique , de sorte que ce premier rassemble-ment n'eut pas lieu les citoyens se retiraient à fur et mu-sure qu'ils se présentaient on a remarqué qu'il n'y avait là que des gardes soldés. Quoi qu'il en soit, l'assemblée du Champ-de-Mars n'eut pas moins lieu. Un fait aussi malheu-reux qu'inconcevable servit d'abord de prétexte à la calom-nie et aux voies de force. Malgré que les patriotes ne se fus-sent assignés que pour midi au plus tôt, huit heures n'étaient
ET PIÈCES OFFICIELLES. 599 patriotes qui se trouvèrent au Champ-de-Mars elle allait l'être de même par plusieurs départemens qui avaient for-tement exprimé leur opinion l'Assemblee nationale présa-geait des obstacles pour remettre Louis XVI sur le trône que faire? Il s'agit d'opposer au torrent une digue assez forte. Le samedi 16, à la séance du soir, on décrète que l'effet du décret du 25 juin dernier, qui suspend les fonctions n royales et celles du pouvoir exécutif entre les mains du roi, subsistera tant que le Code constitutionnel n'aura pas été présenté au roi et accepté par lui. Voilà donc Louis XVI redevenu roi, le voilà jugé inviolable et innocent or, que va-t-il arriver relativement à son acceptation de la charte constitutionnelle? Il va arriver que l'Assemblée nationale revisera tous les décrets, qu'elle en changera@, qu'elle en modifiera beaucoup@, qu'elle fera avec la cour une transac-tion , dont les effets seront tels que la constitution ne puisse pas blesser les principes patriotiques que Louis XVI a tracés dans le mémoire qu'il laissa en partant. Mais pour parvenir à exécuter ce projet, il faut imposer silence au peuple pour lui imposer silence, il-faut s'assurer de la force publique pour s'en assurer, il faut gagner, tromper la garde nationale c'est ce qu'on a fait, c'est ce que nous allons prouver en reprenant la suite des événemens. Toutes les sociétés patriotiques s'étaient donné rendez-vous pour le dimanche à onze heures du matin sur la place de la Bastille, afin de partir de là en un seul corps vers le Champ de la Fédération. La municipalité fit garnir de troupes cette place publique , de sorte que ce premier rassemble-ment n'eut pas lieu les citoyens se retiraient à fur et mu-sure qu'ils se présentaient on a remarqué qu'il n'y avait là que des gardes soldés. Quoi qu'il en soit, l'assemblée du Champ-de-Mars n'eut pas moins lieu. Un fait aussi malheu-reux qu'inconcevable servit d'abord de prétexte à la calom-nie et aux voies de force. Malgré que les patriotes ne se fus-sent assignés que pour midi au plus tôt, huit heures n'étaient
ET PIÈCES OFFICIELLES. 399 patriotes qui se trouvèrent au Champ-de-Mars elle allait l'être de même par plusieurs départemens qui avaient for-tement exprimé leur opinion l'Assemblée nationale présa-geait des obstacles pour remettre Louis XVI sur le trône que faire? Il s'agit d'opposer au torrent une digue assez forte. Le samedi 16, à la séance du soir, on décrète que l'effet du décret du 25 juin dernier, qui suspend les fonctions@@ royales et celles du pouvoir exécutif entre les mains du roi, subsistera tant que le Code constitutionnel n'aura pas été présenté au roi et accepté par lui. Voilà donc Louis XVI redevenu roi, le voilà jugé inviolable et innocent or, que va-t-il arriver relativement à son acceptation de la charte constitutionnelle? Il va arriver que l'Assemblée nationale revisera tous les décrets, qu'elle en changera , qu'elle en modifiera beaucoup , qu'elle fera avec la cour une transac-tion@, dont les effets seront tels que la constitution ne puisse pas blesser les principes patriotiques que Louis XVI a tracés dans le mémoire qu'il laissa en partant. Mais pour parvenir à exécuter ce projet, il faut imposer silence au peuple pour lui imposer silence, il faut s'assurer de la force publique pour s'en assurer, il faut gagner, tromper la garde nationale c'est ce qu'on a fait, c'est ce que nous allons prouver en reprenant la suite des événemens. Toutes les sociétés patriotiques s'étaient donné rendez-vous pour le dimanche à onze heures du matin sur la place de la Bastille, afin de partir de là en un seul corps vers le Champ de la Fédération. La municipalité fit garnir de troupes cette place publique@, de sorte que ce premier rassemble-ment n'eut pas lieu les citoyens se retiraient à fur et mu-sure qu'ils se présentaient on a remarqué qu'il n'y avait là que des gardes soldés. Quoi qu'il en soit, l'assemblée du Champ-de-Mars n'eut pas moins lieu. Un fait aussi malheu-reux qu'inconcevable servit d'abord de prétexte à la calom-nie et aux voies de force. Malgré que les patriotes ne se fus-sent assignés que pour midi au plus tôt, huit heures n'étaient
ET PIÈCES OFFICIELLES. 399 patriotes qui se trouvèrent au Champ-de-Mars elle allait l'être de même par plusieurs départemens qui avaient for-tement exprimé leur opinion l'Assemblée nationale présa-geait des obstacles pour remettre Louis XVI sur le trône que faire? Il s'agit d'opposer au torrent une digue assez forte. Le samedi 16, à la séance du soir, on décrète que l'effet du décret du 25 juin dernier, qui suspend les fonctions@@ royales et celles du pouvoir exécutif entre les mains du roi, subsistera tant que le Code constitutionnel n'aura pas été présenté au roi et accepté par lui. Voilà donc Louis XVI redevenu roi, le voilà jugé inviolable et innocent or, que va-t-il arriver relativement à son acceptation de la charte constitutionnelle? Il va arriver que l'Assemblée nationale revisera tous les décrets, qu'elle en changera , qu'elle en modifiera beaucoup , qu'elle fera avec la cour une transac-tion@, dont les effets seront tels que la constitution ne puisse pas blesser les principes patriotiques que Louis XVI a tracés dans le mémoire qu'il laissa en partant. Mais pour parvenir à exécuter ce projet, il faut imposer silence au peuple pour lui imposer silence, il faut s'assurer de la force publique pour s'en assurer, il faut gagner, tromper la garde nationale c'est ce qu'on a fait, c'est ce que nous allons prouver en reprenant la suite des événemens. Toutes les sociétés patriotiques s'étaient donné rendez-vous pour le dimanche à onze heures du matin sur la place de la Bastille, afin de partir de là en un seul corps vers le Champ de la Fédération. La municipalité fit garnir de troupes cette place publique@, de sorte que ce premier rassemble-ment n'eut pas lieu les citoyens se retiraient à fur et mu-sure qu'ils se présentaient on a remarqué qu'il n'y avait là que des gardes soldés. Quoi qu'il en soit, l'assemblée du Champ-de-Mars n'eut pas moins lieu. Un fait aussi malheu-reux qu'inconcevable servit d'abord de prétexte à la calom-nie et aux voies de force. Malgré que les patriotes ne se fus-sent assignés que pour midi au plus tôt, huit heures n'étaient
ET PIÈCES OFFICIELLES. 399 patriotes qui se trouvèrent au Champ-de-Mars elle allait l'être de même par plusieurs départemens qui avaient for-tement exprimé leur opinion l'Assemblée nationale présa-geait des obstacles pour remettre Louis XVI sur le trône que faire? Il s'agit d'opposer au torrent une digue assez forte. Le samedi 16, à la séance du soir, on décrète que l'effet du décret du 25 juin dernier, qui suspend les fonctions royales et celles du pouvoir exécutif entre les mains du roi, subsistera tant que le Code constitutionnel n'aura pas été présenté au roi et accepté par lui. Voilà donc Louis XVI redevenu roi, le voilà jugé inviolable et innocent or, que va-t-il arriver relativement à son acceptation de la charte constitutionnelle? Il va arriver que l'Assemblée nationale revisera tous les décrets, qu'elle en changera , qu'elle en modifiera beaucoup , qu'elle fera avec la cour une transac-tion, dont les effets seront tels que la constitution ne puisse pas blesser les principes patriotiques que Louis XVI a tracés dans le mémoire qu'il laissa en partant. Mais pour parvenir à exécuter ce projet, il faut imposer silence au peuple pour lui imposer silence, il faut s'assurer de la force publique pour s'en assurer, il faut gagner, tromper la garde nationale c'est ce qu'on a fait, c'est ce que nous allons prouver en reprenant la suite des événemens. Toutes les sociétés patriotiques s'étaient donné rendez-vous pour le dimanche à onze heures du matin sur la place de la Bastille, afin de partir de là en un seul corps vers le Champ de la Fédération. La municipalité fit garnir de troupes cette place publique, de sorte que ce premier rassemble-ment n'eut pas lieu les citoyens se retiraient à fur et mu-sure qu'ils se présentaient on a remarqué qu'il n'y avait là que des gardes soldés. Quoi qu'il en soit, l'assemblée du Champ-de-Mars n'eut pas moins lieu. Un fait aussi malheu-reux qu'inconcevable servit d'abord de prétexte à la calom-nie et aux voies de force. Malgré que les patriotes ne se fus-sent assignés que pour midi au plus tôt, huit heures n'étaient
9
0.004323
0.013333
328.txt
1,820
3g8 ÉCLAIRCISSE MENS HISTORIQUES , ment qu'il y a lieu à accusation contre ceux qui ont favorisé l'évasion que la personne de Louis XVI restera en état d'inaction , et ne décrète rien de positif sur son innocence et son inviolabilité. Cette mesure est interprétée de diverses manières ici, l'on croit que Louis XVI est innocent là , on dit qu'il sera jugé ailleurs, on voit qu'aux termes du décret la question reste dans son entier. La société des amis de la constitution adopte ce dernier avis, et dresse en conséquence une péti-tion tendante à ce que l'Assemblée nationale reçoive au nom de la nation, l'abdication qu'a faite Louis XVI le 21 juin , et proteste de ne jamais le reconnaître pour roi, à moins que la majorité de la nation n'émette un voeu con-traire à celui de sa pétition elle avait arrêté de la faire passer aux quatre-vingt-trois départemens. Tous les députés à l'Assemblée nationale, à l'exception d'une douzaine qui étaient membres de la société des amis de la constitution , se retirent, font scission ouverte, et s'assemblent entre eux aux Feuillans. Le gros de la société reste, délibère, ordonne l'exécution de son arrêté. Dès le lendemain, une sollicitude patriotique appelle un grand concours de citoyens au Champ-de-Mars la société des amis de la constitution députe vers eux des commissaires , pour leur donner connaissance de la pétition c'était le samedi 16. Il est arrêté qu'on se rassemblera le dimanche au même lieu pour signer cet acte important. L'Assemblée nationale apprend ce rassemblement, et se fait scandaleusement entourer de canons et de baïonnettes. La séance du samedi matin se passe en discussions peu im-portantes l'Assemblée n'avait qu'un objet en vue, celui d'empêcher l'effet de cette pétition son unique soin fut d'appeler à la barre les corps administratifs, les accusateurs publics, pour leur enjoindre d'informer contre les séditieux qui voudraient empêcher l'effet des décrets. Le voeu public était que Louis XVI fût jugé la pétition tendait à son jugement elle était accueillie par vingt mille
3g8 ÉCLAIRCISSE MENS HISTORIQUES , ment qu'il y a lieu à accusation contre ceux qui ont favorisé l'évasion que la personne de Louis XVI restera en état d'inaction , et ne décrète rien de positif sur son innocence et son inviolabilité. Cette mesure est interprétée de diverses manières ici, l'on croit que Louis XVI est innocent là , on dit qu'il sera jugé ailleurs, on voit qu'aux termes du décret la question reste dans son entier. La société des amis de la constitution adopte ce dernier avis, et dresse en conséquence une péti-tion tendante à ce que l'Assemblée nationale reçoive@ au nom de la nation, l'abdication qu'a faite Louis XVI le 21 juin , et proteste de ne jamais le reconnaître pour roi, à moins que la majorité de la nation n'émette un voeu con-traire à celui de sa pétition elle avait arrêté de la faire passer aux quatre-vingt-trois départemens. Tous les députés à l'Assemblée nationale, à l'exception d'une douzaine qui étaient membres de la société des amis de la constitution , se retirent, font scission ouverte, et s'assemblent entre eux aux Feuillans. Le gros de la société reste, délibère, ordonne l'exécution de son arrêté. Dès le lendemain, une sollicitude patriotique appelle un grand concours de citoyens au Champ-de-Mars la société des amis de la constitution députe vers eux des commissaires , pour leur donner connaissance de la pétition c'était le samedi 16. Il est arrêté qu'on se rassemblera le dimanche au même lieu pour signer cet acte important. L'Assemblée nationale apprend ce rassemblement, et se fait scandaleusement entourer de canons et de baïonnettes. La séance du samedi matin se passe en discussions peu im-portantes l'Assemblée n'avait qu'un objet en vue, celui d'empêcher l'effet de cette pétition son unique soin fut d'appeler à la barre les corps administratifs, les accusateurs publics, pour leur enjoindre d'informer contre les séditieux qui voudraient empêcher l'effet des décrets. Le voeu public était que Louis XVI fût jugé la pétition tendait à son jugement elle était accueillie par vingt mille
### ÉCLAIRCISSE@MENS HISTORIQUES@@ ment qu'il y a lieu à accusation contre ceux qui ont favorisé l'évasion que la personne de Louis XVI restera en état d'inaction@, et ne décrète rien de positif sur son innocence et son inviolabilité. Cette mesure est interprétée de diverses manières ici, l'on croit que Louis XVI est innocent là@, on dit qu'il sera jugé ailleurs, on voit qu'aux termes du décret la question reste dans son entier. La société des amis de la constitution adopte ce dernier avis, et dresse en conséquence une péti-tion tendante à ce que l'Assemblée nationale reçoive, au nom de la nation, l'abdication qu'a faite Louis XVI le 21 juin@, et proteste de ne jamais le reconnaître pour roi, à moins que la majorité de la nation n'émette un voeu con-traire à celui de sa pétition elle avait arrêté de la faire passer aux quatre-vingt-trois départemens. Tous les députés à l'Assemblée nationale, à l'exception d'une douzaine qui étaient membres de la société des amis de la constitution@, se retirent, font scission ouverte, et s'assemblent entre eux aux Feuillans. Le gros de la société reste, délibère, ordonne l'exécution de son arrêté. Dès le lendemain, une sollicitude patriotique appelle un grand concours de citoyens au Champ-de-Mars la société des amis de la constitution députe vers eux des commissaires@, pour leur donner connaissance de la pétition c'était le samedi 16. Il est arrêté qu'on se rassemblera le dimanche au même lieu pour signer cet acte important. L'Assemblée nationale apprend ce rassemblement, et se fait scandaleusement entourer de canons et de baïonnettes. La séance du samedi matin se passe en discussions peu im-portantes l'Assemblée n'avait qu'un objet en vue, celui d'empêcher l'effet de cette pétition son unique soin fut d'appeler à la barre les corps administratifs, les accusateurs publics, pour leur enjoindre d'informer contre les séditieux qui voudraient empêcher l'effet des décrets. Le voeu public était que Louis XVI fût jugé la pétition tendait à son jugement elle était accueillie par vingt mille
3g8 ÉCLAIRCISSE@MENS HISTORIQUES@@ ment qu'il y a lieu à accusation contre ceux qui ont favorisé l'évasion que la personne de Louis XVI restera en état d'inaction@, et ne décrète rien de positif sur son innocence et son inviolabilité. Cette mesure est interprétée de diverses manières ici, l'on croit que Louis XVI est innocent là@, on dit qu'il sera jugé ailleurs, on voit qu'aux termes du décret la question reste dans son entier. La société des amis de la constitution adopte ce dernier avis, et dresse en conséquence une péti-tion tendante à ce que l'Assemblée nationale reçoive, au nom de la nation, l'abdication qu'a faite Louis XVI le 21 juin@, et proteste de ne jamais le reconnaître pour roi, à moins que la majorité de la nation n'émette un voeu con-traire à celui de sa pétition elle avait arrêté de la faire passer aux quatre-vingt-trois départemens. Tous les députés à l'Assemblée nationale, à l'exception d'une douzaine qui étaient membres de la société des amis de la constitution@, se retirent, font scission ouverte, et s'assemblent entre eux aux Feuillans. Le gros de la société reste, délibère, ordonne l'exécution de son arrêté. Dès le lendemain, une sollicitude patriotique appelle un grand concours de citoyens au Champ-de-Mars la société des amis de la constitution députe vers eux des commissaires@, pour leur donner connaissance de la pétition c'était le samedi 16. Il est arrêté qu'on se rassemblera le dimanche au même lieu pour signer cet acte important. L'Assemblée nationale apprend ce rassemblement, et se fait scandaleusement entourer de canons et de baïonnettes. La séance du samedi matin se passe en discussions peu im-portantes l'Assemblée n'avait qu'un objet en vue, celui d'empêcher l'effet de cette pétition son unique soin fut d'appeler à la barre les corps administratifs, les accusateurs publics, pour leur enjoindre d'informer contre les séditieux qui voudraient empêcher l'effet des décrets. Le voeu public était que Louis XVI fût jugé la pétition tendait à son jugement elle était accueillie par vingt mille
3g8 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES ment qu'il y a lieu à accusation contre ceux qui ont favorisé l'évasion que la personne de Louis XVI restera en état d'inaction, et ne décrète rien de positif sur son innocence et son inviolabilité. Cette mesure est interprétée de diverses manières ici, l'on croit que Louis XVI est innocent là, on dit qu'il sera jugé ailleurs, on voit qu'aux termes du décret la question reste dans son entier. La société des amis de la constitution adopte ce dernier avis, et dresse en conséquence une péti-tion tendante à ce que l'Assemblée nationale reçoive, au nom de la nation, l'abdication qu'a faite Louis XVI le 21 juin, et proteste de ne jamais le reconnaître pour roi, à moins que la majorité de la nation n'émette un voeu con-traire à celui de sa pétition elle avait arrêté de la faire passer aux quatre-vingt-trois départemens. Tous les députés à l'Assemblée nationale, à l'exception d'une douzaine qui étaient membres de la société des amis de la constitution, se retirent, font scission ouverte, et s'assemblent entre eux aux Feuillans. Le gros de la société reste, délibère, ordonne l'exécution de son arrêté. Dès le lendemain, une sollicitude patriotique appelle un grand concours de citoyens au Champ-de-Mars la société des amis de la constitution députe vers eux des commissaires, pour leur donner connaissance de la pétition c'était le samedi 16. Il est arrêté qu'on se rassemblera le dimanche au même lieu pour signer cet acte important. L'Assemblée nationale apprend ce rassemblement, et se fait scandaleusement entourer de canons et de baïonnettes. La séance du samedi matin se passe en discussions peu im-portantes l'Assemblée n'avait qu'un objet en vue, celui d'empêcher l'effet de cette pétition son unique soin fut d'appeler à la barre les corps administratifs, les accusateurs publics, pour leur enjoindre d'informer contre les séditieux qui voudraient empêcher l'effet des décrets. Le voeu public était que Louis XVI fût jugé la pétition tendait à son jugement elle était accueillie par vingt mille
9
0.004405
0.013889
314.txt
1,820
-XX NOTICE triche, vaincu l'Espagne, et rendu le nom français res-pectable à l'Europe entière des institutions qui lui avaient permis d'appeler, autour du trône , le mérite, les talens, les vertus , pour en devenir la force, l'hon-neur ou l'ornement des institutions qui avaient donné Turemie à la guerre, Colbert à l'administration , d'A-guesseau à la magistrature , Le Sueur aux beaux-arts , Racine au théâtre, et Bossuet à l'éloquence, ne manquaient assurément ni de prévoyance , ni d'éclat, ni de gran-deur. Mais ceux qu'a surpris la chute de la monarchie fondée par Louis XIV, n'avaient pas réfléchi sur les con-ditions de son existence un système de gouvernement qui avait pour barrière et pour appui les moeurs et les croyances, pouvait-il subsister long-temps quand les croyances étaient affaiblies , et que les moeurs étaient corrompues ? Parce qu'un pareil système existait depuis près d'un siècle, ses partisans s'étonnaient que sa durée ne fût point éternelle cette singulière façon de raisonner rappelle une anecdote des Mémoires de madame Roland. C'était dans une de ces parties de campagne qu'elle faisait avec tant de plaisir , et qu'elle raconte avec tant de charme elle se trouvait à Meudon , dans une auberge avec sa famille. Mon père venait de se coucher, dit-elle, lorsque l'envie d'avoir ses rideaux très-exacte-ment fermés , les lui fit tirer si ferme, que le ciel da lit tomba et lui fit une couverture complète après un petit moment de frayeur, nous nous prîmes tous à rire de Yaventure, tant le ciel avait tombé juste pour envelopper mon père sans le blesser. Nous appelons de l'aide pour le débarrasser la maîtresse du logis ar-rive étonnée à la vue de son lit décoiffé, elle s'écrie avec l'air de la plus grande ingénuité Ah ! mon dieu!
-XX NOTICE triche, vaincu l'Espagne, et rendu le nom français res-pectable à l'Europe entière des institutions qui lui avaient permis d'appeler, autour du trône , le mérite, les talens, les vertus , pour en devenir la force, l'hon-neur ou l'ornement des institutions qui avaient donné Turemie à la guerre, Colbert à l'administration , d'A-guesseau à la magistrature , Le Sueur aux beaux-arts , Racine au théâtre, et Bossuet à l'éloquence, ne manquaient assurément ni de prévoyance , ni d'éclat, ni de gran-deur. Mais ceux qu'a surpris la chute de la monarchie fondée par Louis XIV, n'avaient pas réfléchi sur les con-ditions de son existence un système de gouvernement qui avait pour barrière et pour appui les moeurs et les croyances, pouvait-il subsister long-temps quand les croyances étaient affaiblies , et que les moeurs étaient corrompues ? Parce qu'un pareil système existait depuis près d'un siècle, ses partisans s'étonnaient que sa durée ne fût point éternelle cette singulière façon de raisonner rappelle une anecdote des Mémoires de madame Roland. C'était dans une de ces parties de campagne qu'elle faisait avec tant de plaisir , et qu'elle raconte avec tant de charme elle se trouvait à Meudon , dans une auberge avec sa famille. Mon père venait de se coucher, dit-@elle, lorsque l'envie d'avoir ses rideaux très-exacte-ment fermés , les lui fit tirer si ferme, que le ciel da lit tomba et lui fit une couverture complète après un petit moment de frayeur, nous nous prîmes tous à rire de @Yaventure, tant le ciel avait tombé juste pour envelopper mon père sans le blesser. Nous appelons de l'aide pour le débarrasser la maîtresse du logis ar-@rive étonnée à la vue de son lit décoiffé, elle s'écrie avec l'air de la plus grande ingénuité Ah ! mon dieu!
### NOTICE triche, vaincu l'Espagne, et rendu le nom français res-pectable à l'Europe entière des institutions qui lui avaient permis d'appeler, autour du trône@, le mérite, les talens, les vertus@, pour en devenir la force, l'hon-neur ou l'ornement des institutions qui avaient donné Turenne à la guerre, Colbert à l'administration@, d'A-guesseau à la magistrature@, Le Sueur aux beaux-arts@, Racine au théâtre, et Bossuet à l'éloquence, ne manquaient assurément ni de prévoyance@, ni d'éclat, ni de gran-deur. Mais ceux qu'a surpris la chute de la monarchie fondée par Louis XIV, n'avaient pas réfléchi sur les con-ditions de son existence un système de gouvernement qui avait pour barrière et pour appui les moeurs et les croyances, pouvait-il subsister long-temps quand les croyances étaient affaiblies@, et que les moeurs étaient corrompues@? Parce qu'un pareil système existait depuis près d'un siècle, ses partisans s'étonnaient que sa durée ne fût point éternelle cette singulière façon de raisonner rappelle une anecdote des Mémoires de madame Roland. C'était dans une de ces parties de campagne qu'elle faisait avec tant de plaisir@, et qu'elle raconte avec tant de charme elle se trouvait à Meudon@, dans une auberge avec sa famille. Mon père venait de se coucher, dit- elle, lorsque l'envie d'avoir ses rideaux très-exacte-ment fermés@, les lui fit tirer si ferme, que le ciel du lit tomba et lui fit une couverture complète après un petit moment de frayeur, nous nous prîmes tous à rire de l'aventure, tant le ciel avait tombé juste pour envelopper mon père sans le blesser. Nous appelons de l'aide pour le débarrasser la maîtresse du logis ar- rive étonnée à la vue de son lit décoiffé, elle s'écrie avec l'air de la plus grande ingénuité Ah ! mon #####
-XX NOTICE triche, vaincu l'Espagne, et rendu le nom français res-pectable à l'Europe entière des institutions qui lui avaient permis d'appeler, autour du trône@, le mérite, les talens, les vertus@, pour en devenir la force, l'hon-neur ou l'ornement des institutions qui avaient donné Turenne à la guerre, Colbert à l'administration@, d'A-guesseau à la magistrature@, Le Sueur aux beaux-arts@, Racine au théâtre, et Bossuet à l'éloquence, ne manquaient assurément ni de prévoyance@, ni d'éclat, ni de gran-deur. Mais ceux qu'a surpris la chute de la monarchie fondée par Louis XIV, n'avaient pas réfléchi sur les con-ditions de son existence un système de gouvernement qui avait pour barrière et pour appui les moeurs et les croyances, pouvait-il subsister long-temps quand les croyances étaient affaiblies@, et que les moeurs étaient corrompues@? Parce qu'un pareil système existait depuis près d'un siècle, ses partisans s'étonnaient que sa durée ne fût point éternelle cette singulière façon de raisonner rappelle une anecdote des Mémoires de madame Roland. C'était dans une de ces parties de campagne qu'elle faisait avec tant de plaisir@, et qu'elle raconte avec tant de charme elle se trouvait à Meudon@, dans une auberge avec sa famille. Mon père venait de se coucher, dit- elle, lorsque l'envie d'avoir ses rideaux très-exacte-ment fermés@, les lui fit tirer si ferme, que le ciel du lit tomba et lui fit une couverture complète après un petit moment de frayeur, nous nous prîmes tous à rire de l'aventure, tant le ciel avait tombé juste pour envelopper mon père sans le blesser. Nous appelons de l'aide pour le débarrasser la maîtresse du logis ar- rive étonnée à la vue de son lit décoiffé, elle s'écrie avec l'air de la plus grande ingénuité Ah ! mon dieu!
-XX NOTICE triche, vaincu l'Espagne, et rendu le nom français res-pectable à l'Europe entière des institutions qui lui avaient permis d'appeler, autour du trône, le mérite, les talens, les vertus, pour en devenir la force, l'hon-neur ou l'ornement des institutions qui avaient donné Turenne à la guerre, Colbert à l'administration, d'A-guesseau à la magistrature, Le Sueur aux beaux-arts, Racine au théâtre, et Bossuet à l'éloquence, ne manquaient assurément ni de prévoyance, ni d'éclat, ni de gran-deur. Mais ceux qu'a surpris la chute de la monarchie fondée par Louis XIV, n'avaient pas réfléchi sur les con-ditions de son existence un système de gouvernement qui avait pour barrière et pour appui les moeurs et les croyances, pouvait-il subsister long-temps quand les croyances étaient affaiblies, et que les moeurs étaient corrompues? Parce qu'un pareil système existait depuis près d'un siècle, ses partisans s'étonnaient que sa durée ne fût point éternelle cette singulière façon de raisonner rappelle une anecdote des Mémoires de madame Roland. C'était dans une de ces parties de campagne qu'elle faisait avec tant de plaisir, et qu'elle raconte avec tant de charme elle se trouvait à Meudon, dans une auberge avec sa famille. Mon père venait de se coucher, dit- elle, lorsque l'envie d'avoir ses rideaux très-exacte-ment fermés, les lui fit tirer si ferme, que le ciel du lit tomba et lui fit une couverture complète après un petit moment de frayeur, nous nous prîmes tous à rire de l'aventure, tant le ciel avait tombé juste pour envelopper mon père sans le blesser. Nous appelons de l'aide pour le débarrasser la maîtresse du logis ar- rive étonnée à la vue de son lit décoiffé, elle s'écrie avec l'air de la plus grande ingénuité Ah ! mon dieu!
18
0.010251
0.021538
472.txt
1,868
-13 -ait en jeu, dans ceux-ci, un agent psychique quelconque faisant défaut dans le premier cas. Nous avons vu déjà que les combinaisons le plus parfaitement adaptées de mouvements musculaires tendant tous manifestement à un but déterminé, n'impliquent pas nécessairement par elles-mêmes qu'elles soient le résultat d'un dessein ou d'un choix volontaire de la part de l'organisme qui les exécute et, d'un autre côté, ranger dans certains cas ces mouve-ments en dehors de la catégorie des actions automatiques, -équivaudrait à attribuer à la moelle épinière le pouvoir de les produire et de les régler avec choix et conscience or, nous avons toute raison de croire qu'un pareil pouvoir ap-partient EXCLUSIVEMENT aux parties supérieures des centres cérébro-spinaux. Manual of human Physiology. M. Vulpian formule à son tour la restriction de rigueur, mais avec l'accent du doute le plus prononcé, et moins, ce me semble, pour nous cacher la vérité que pour nous la faire entrevoir. Quoi qu'il en soit, voici comment il s'exprime il s'agit des ganglions de la chaîne nerveuse des annelés Ces ganglions, dit-il, sont en outre la source de mou-vements spontanés, du moins en apparence c'est ce que vous allez constater vous-mêmes en examinant cette écrevisse, sur laquelle je viens de pratiquer une section transversale de la chaîne ganglionnaire, au niveau d'un des intervalles qui séparent les anneaux de l'abdomen. Vous voyez que les mouvements d'ensemble de la natation sont abolis l'animal ne peut plus fléchir brusquement l'abdomen, comme il le faisait auparavant pour se lancer d'avant en arrière. Mais vous observerez encore quelques mouvements de temps en temps dans les fausses pattes abdominales, mouvements spontanés, du moins en apparence, simultanés, l'hythmés, avec des caractères normaux. Ces mouvements ne sont sans doute que des mouvements machinaux, provo-qués par le contact de l'eau ou par l'irritation de la plaie,
-13 -ait en jeu, dans ceux-ci, un agent psychique quelconque faisant défaut dans le premier cas. Nous avons vu déjà que les combinaisons le plus parfaitement adaptées de mouvements musculaires tendant tous manifestement à un but déterminé, n'impliquent pas nécessairement par elles-mêmes qu'elles soient le résultat d'un dessein ou d'un choix volontaire de la part de l'organisme qui les exécute et, d'un autre côté, ranger dans certains cas ces mouve-ments en dehors de la catégorie des actions automatiques, -équivaudrait à attribuer à la moelle épinière le pouvoir de les produire et de les régler avec choix et conscience or, nous avons toute raison de croire qu'un pareil pouvoir ap-partient EXCLUSIVEMENT aux parties supérieures des centres cérébro-spinaux. Manual of human Physiology. M. Vulpian formule à son tour la restriction de rigueur, mais avec l'accent du doute le plus prononcé, et moins, ce me semble, pour nous cacher la vérité que pour nous la faire entrevoir. Quoi qu'il en soit, voici comment il s'exprime il s'agit des ganglions de la chaîne nerveuse des annelés Ces ganglions, dit-il, sont en outre la source de mou-vements spontanés, du moins en apparence c'est ce que vous allez constater vous-mêmes en examinant cette écrevisse, sur laquelle je viens de pratiquer une section transversale de la chaîne ganglionnaire, au niveau d'un des intervalles qui séparent les anneaux de l'abdomen. Vous voyez que les mouvements d'ensemble de la natation sont abolis l'animal ne peut plus fléchir brusquement l'abdomen, comme il le faisait auparavant pour se lancer d'avant en arrière. Mais vous observerez encore quelques mouvements de temps en temps dans les fausses pattes abdominales, mouvements spontanés, du moins en apparence, simultanés, l'hythmés, avec des caractères normaux. Ces mouvements ne sont sans doute que des mouvements machinaux, provo-qués par le contact de l'eau ou par l'irritation de la plaie,
-13 -ait en jeu, dans ceux-ci, un agent psychique quelconque faisant défaut dans le premier cas. Nous avons vu déjà que les combinaisons le plus parfaitement adaptées de mouvements musculaires tendant tous manifestement à un but déterminé, n'impliquent pas nécessairement par elles-mêmes qu'elles soient le résultat d'un dessein ou d'un choix volontaire de la part de l'organisme qui les exécute et, d'un autre côté, ranger dans certains cas ces mouve-ments en dehors de la catégorie des actions automatiques, @équivaudrait à attribuer à la moelle épinière le pouvoir de les produire et de les régler avec choix et conscience or, nous avons toute raison de croire qu'un pareil pouvoir ap-partient EXCLUSIVEMENT aux parties supérieures des centres cérébro-spinaux. Manual of human Physiology. M. Vulpian formule à son tour la restriction de rigueur, mais avec l'accent du doute le plus prononcé, et moins, ce me semble, pour nous cacher la vérité que pour nous la faire entrevoir. Quoi qu'il en soit, voici comment il s'exprime il s'agit des ganglions de la chaîne nerveuse des annelés Ces ganglions, dit-il, sont en outre la source de mou-vements spontanés, du moins en apparence c'est ce que vous allez constater vous-mêmes en examinant cette écrevisse, sur laquelle je viens de pratiquer une section transversale de la chaîne ganglionnaire, au niveau d'un des intervalles qui séparent les anneaux de l'abdomen. Vous voyez que les mouvements d'ensemble de la natation sont abolis l'animal ne peut plus fléchir brusquement l'abdomen, comme il le faisait auparavant pour se lancer d'avant en arrière. Mais vous observerez encore quelques mouvements de temps en temps dans les fausses pattes abdominales, mouvements spontanés, du moins en apparence, simultanés, @rhythmés, avec des caractères normaux. Ces mouvements ne sont sans doute que des mouvements machinaux, provo-qués par le contact de l'eau ou par l'irritation de la plaie,
-13 -ait en jeu, dans ceux-ci, un agent psychique quelconque faisant défaut dans le premier cas. Nous avons vu déjà que les combinaisons le plus parfaitement adaptées de mouvements musculaires tendant tous manifestement à un but déterminé, n'impliquent pas nécessairement par elles-mêmes qu'elles soient le résultat d'un dessein ou d'un choix volontaire de la part de l'organisme qui les exécute et, d'un autre côté, ranger dans certains cas ces mouve-ments en dehors de la catégorie des actions automatiques, @équivaudrait à attribuer à la moelle épinière le pouvoir de les produire et de les régler avec choix et conscience or, nous avons toute raison de croire qu'un pareil pouvoir ap-partient EXCLUSIVEMENT aux parties supérieures des centres cérébro-spinaux. Manual of human Physiology. M. Vulpian formule à son tour la restriction de rigueur, mais avec l'accent du doute le plus prononcé, et moins, ce me semble, pour nous cacher la vérité que pour nous la faire entrevoir. Quoi qu'il en soit, voici comment il s'exprime il s'agit des ganglions de la chaîne nerveuse des annelés Ces ganglions, dit-il, sont en outre la source de mou-vements spontanés, du moins en apparence c'est ce que vous allez constater vous-mêmes en examinant cette écrevisse, sur laquelle je viens de pratiquer une section transversale de la chaîne ganglionnaire, au niveau d'un des intervalles qui séparent les anneaux de l'abdomen. Vous voyez que les mouvements d'ensemble de la natation sont abolis l'animal ne peut plus fléchir brusquement l'abdomen, comme il le faisait auparavant pour se lancer d'avant en arrière. Mais vous observerez encore quelques mouvements de temps en temps dans les fausses pattes abdominales, mouvements spontanés, du moins en apparence, simultanés, @rhythmés, avec des caractères normaux. Ces mouvements ne sont sans doute que des mouvements machinaux, provo-qués par le contact de l'eau ou par l'irritation de la plaie,
-13 -ait en jeu, dans ceux-ci, un agent psychique quelconque faisant défaut dans le premier cas. Nous avons vu déjà que les combinaisons le plus parfaitement adaptées de mouvements musculaires tendant tous manifestement à un but déterminé, n'impliquent pas nécessairement par elles-mêmes qu'elles soient le résultat d'un dessein ou d'un choix volontaire de la part de l'organisme qui les exécute et, d'un autre côté, ranger dans certains cas ces mouve-ments en dehors de la catégorie des actions automatiques, équivaudrait à attribuer à la moelle épinière le pouvoir de les produire et de les régler avec choix et conscience or, nous avons toute raison de croire qu'un pareil pouvoir ap-partient EXCLUSIVEMENT aux parties supérieures des centres cérébro-spinaux. Manual of human Physiology. M. Vulpian formule à son tour la restriction de rigueur, mais avec l'accent du doute le plus prononcé, et moins, ce me semble, pour nous cacher la vérité que pour nous la faire entrevoir. Quoi qu'il en soit, voici comment il s'exprime il s'agit des ganglions de la chaîne nerveuse des annelés Ces ganglions, dit-il, sont en outre la source de mou-vements spontanés, du moins en apparence c'est ce que vous allez constater vous-mêmes en examinant cette écrevisse, sur laquelle je viens de pratiquer une section transversale de la chaîne ganglionnaire, au niveau d'un des intervalles qui séparent les anneaux de l'abdomen. Vous voyez que les mouvements d'ensemble de la natation sont abolis l'animal ne peut plus fléchir brusquement l'abdomen, comme il le faisait auparavant pour se lancer d'avant en arrière. Mais vous observerez encore quelques mouvements de temps en temps dans les fausses pattes abdominales, mouvements spontanés, du moins en apparence, simultanés, rhythmés, avec des caractères normaux. Ces mouvements ne sont sans doute que des mouvements machinaux, provo-qués par le contact de l'eau ou par l'irritation de la plaie,
3
0.001555
0.009036
466.txt
1,868
6 si mystérieuse dans son essence même, cause suivant les uns, effet suivant les autres, qu'on appelle la vie. f Si l'on regarde la vie comme une cause, un principe d'action ayant son origine dans tel ou tel point de l'orga-nisme, et si l'on nous permet de représenter, pour ainsi dire, la vie par une quantité qui sera plus ou moins grande, suivant la puissance plus ou moins grande aussi de l'effet produit, nous dirons que, chez les invertébrés, la vie semble être répandue en égales quantités dans toutes les parties de l'organisme. Chez les vertébrés, au contraire, la vie se concentre en un point particulier de chaque indi-vidu, ou du moins dans une partie très-restreinte de son être. Le professeur continue Que si, dit-il, l'on veut voir dans la vie un effet, une résultante, on pourra exprimer le principe que nous voulons énoncer en disant que, chez les invertébrés, cette résultante ne paraît pas être la consé-quence de l'action plus particulière de tel point de l'orga-nisme, comme cela a lieu chez les vertébrés, où, pour em-ployer une expression un peu trop rigoureuse pour de tels objets, la résultante semble appliquée à un ou à plusieurs organes spéciaux et distincts. Un exemple fera mieux ressortir le fait en question. Que l'on coupe une patte à un chien à part le trouble tout local qu'éprouvera l'économie, l'animal peut continuer à vivre. Si l'on poursuit la mutilation, on peut la pousser peut-être assez loin sans que la vie cesse , mais on arrive toujours à un point de l'organisme tel que, lorsqu'il est atteint, la vie disparaît brusquement. Ce point remarquable, où semble se concentrer la vie, ce noeud vital, pour em-ployer l'expression de M. Flourens, se rencontre chez tous les vertébrés. Revue des Cours scientifiques, du 22 jan-vier 4865. t Je n'ai pas le temps ici de suivre dans tous ses débours
6 @si mystérieuse dans son essence même, cause suivant les uns, effet suivant les autres, qu'on appelle la vie. f Si l'on regarde la vie comme une cause, un principe d'action ayant son origine dans tel ou tel point de l'orga-nisme, et si l'on nous permet de représenter, pour ainsi dire, la vie par une quantité qui sera plus ou moins grande, suivant la puissance plus ou moins grande aussi de l'effet produit, nous dirons que, chez les invertébrés, la vie semble être répandue en égales quantités dans toutes les parties de l'organisme. Chez les vertébrés, au contraire, la vie se concentre en un point particulier de chaque indi-vidu, ou du moins dans une partie très-restreinte de son être. Le professeur continue Que si, dit-il, l'on veut voir dans la vie un effet, une résultante, on pourra exprimer le principe que nous voulons énoncer en disant que, chez les invertébrés, cette résultante ne paraît pas être la consé-quence de l'action plus particulière de tel point de l'orga-nisme, comme cela a lieu chez les vertébrés, où, pour em-ployer une expression un peu trop rigoureuse pour de tels objets, la résultante semble appliquée à un ou à plusieurs organes spéciaux et distincts. Un exemple fera mieux ressortir le fait en question. Que l'on coupe une patte à un chien à part le trouble tout local qu'éprouvera l'économie, l'animal peut continuer à vivre. Si l'on poursuit la mutilation, on peut la pousser peut-être assez loin sans que la vie cesse , mais on arrive toujours à un point de l'organisme tel que, lorsqu'il est atteint, la vie disparaît brusquement. Ce point remarquable, où semble se concentrer la vie, ce noeud vital, pour em-ployer l'expression de M. Flourens, se rencontre chez tous les vertébrés.@@ Revue des Cours scientifiques, du 22 jan-vier 4865. t Je n'ai pas le temps ici de suivre dans tous ses débours
6 -si mystérieuse dans son essence même, cause suivant les uns, effet suivant les autres, qu'on appelle la vie.@@ Si l'on regarde la vie comme une cause, un principe d'action ayant son origine dans tel ou tel point de l'orga-nisme, et si l'on nous permet de représenter, pour ainsi dire, la vie par une quantité qui sera plus ou moins grande, suivant la puissance plus ou moins grande aussi de l'effet produit, nous dirons que, chez les invertébrés, la vie semble être répandue en égales quantités dans toutes les parties de l'organisme. Chez les vertébrés, au contraire, la vie se concentre en un point particulier de chaque indi-vidu, ou du moins dans une partie très-restreinte de son être. Le professeur continue Que si, dit-il, l'on veut voir dans la vie un effet, une résultante, on pourra exprimer le principe que nous voulons énoncer en disant que, chez les invertébrés, cette résultante ne paraît pas être la consé-quence de l'action plus particulière de tel point de l'orga-nisme, comme cela a lieu chez les vertébrés, où, pour em-ployer une expression un peu trop rigoureuse pour de tels objets, la résultante semble appliquée à un ou à plusieurs organes spéciaux et distincts. Un exemple fera mieux ressortir le fait en question. Que l'on coupe une patte à un chien à part le trouble tout local qu'éprouvera l'économie, l'animal peut continuer à vivre. Si l'on poursuit la mutilation, on peut la pousser peut-être assez loin sans que la vie cesse@, mais on arrive toujours à un point de l'organisme tel que, lorsqu'il est atteint, la vie disparaît brusquement. Ce point remarquable, où semble se concentrer la vie, ce noeud vital, pour em-ployer l'expression de M. Flourens, se rencontre chez tous les vertébrés... Revue des Cours scientifiques, du 22 jan-vier 1865.@@ Je n'ai pas le temps ici de suivre dans tous ses détours
6 -si mystérieuse dans son essence même, cause suivant les uns, effet suivant les autres, qu'on appelle la vie.@@ Si l'on regarde la vie comme une cause, un principe d'action ayant son origine dans tel ou tel point de l'orga-nisme, et si l'on nous permet de représenter, pour ainsi dire, la vie par une quantité qui sera plus ou moins grande, suivant la puissance plus ou moins grande aussi de l'effet produit, nous dirons que, chez les invertébrés, la vie semble être répandue en égales quantités dans toutes les parties de l'organisme. Chez les vertébrés, au contraire, la vie se concentre en un point particulier de chaque indi-vidu, ou du moins dans une partie très-restreinte de son être. Le professeur continue Que si, dit-il, l'on veut voir dans la vie un effet, une résultante, on pourra exprimer le principe que nous voulons énoncer en disant que, chez les invertébrés, cette résultante ne paraît pas être la consé-quence de l'action plus particulière de tel point de l'orga-nisme, comme cela a lieu chez les vertébrés, où, pour em-ployer une expression un peu trop rigoureuse pour de tels objets, la résultante semble appliquée à un ou à plusieurs organes spéciaux et distincts. Un exemple fera mieux ressortir le fait en question. Que l'on coupe une patte à un chien à part le trouble tout local qu'éprouvera l'économie, l'animal peut continuer à vivre. Si l'on poursuit la mutilation, on peut la pousser peut-être assez loin sans que la vie cesse@, mais on arrive toujours à un point de l'organisme tel que, lorsqu'il est atteint, la vie disparaît brusquement. Ce point remarquable, où semble se concentrer la vie, ce noeud vital, pour em-ployer l'expression de M. Flourens, se rencontre chez tous les vertébrés... Revue des Cours scientifiques, du 22 jan-vier 1865.@@ Je n'ai pas le temps ici de suivre dans tous ses détours
6 -si mystérieuse dans son essence même, cause suivant les uns, effet suivant les autres, qu'on appelle la vie. Si l'on regarde la vie comme une cause, un principe d'action ayant son origine dans tel ou tel point de l'orga-nisme, et si l'on nous permet de représenter, pour ainsi dire, la vie par une quantité qui sera plus ou moins grande, suivant la puissance plus ou moins grande aussi de l'effet produit, nous dirons que, chez les invertébrés, la vie semble être répandue en égales quantités dans toutes les parties de l'organisme. Chez les vertébrés, au contraire, la vie se concentre en un point particulier de chaque indi-vidu, ou du moins dans une partie très-restreinte de son être. Le professeur continue Que si, dit-il, l'on veut voir dans la vie un effet, une résultante, on pourra exprimer le principe que nous voulons énoncer en disant que, chez les invertébrés, cette résultante ne paraît pas être la consé-quence de l'action plus particulière de tel point de l'orga-nisme, comme cela a lieu chez les vertébrés, où, pour em-ployer une expression un peu trop rigoureuse pour de tels objets, la résultante semble appliquée à un ou à plusieurs organes spéciaux et distincts. Un exemple fera mieux ressortir le fait en question. Que l'on coupe une patte à un chien à part le trouble tout local qu'éprouvera l'économie, l'animal peut continuer à vivre. Si l'on poursuit la mutilation, on peut la pousser peut-être assez loin sans que la vie cesse, mais on arrive toujours à un point de l'organisme tel que, lorsqu'il est atteint, la vie disparaît brusquement. Ce point remarquable, où semble se concentrer la vie, ce noeud vital, pour em-ployer l'expression de M. Flourens, se rencontre chez tous les vertébrés... Revue des Cours scientifiques, du 22 jan-vier 1865. Je n'ai pas le temps ici de suivre dans tous ses détours
10
0.005459
0.025641
499.txt
1,871
UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 41 a Chez les nègres, dit Richardson Mémoire sur le Soudan, 185q , l'être pensant existe à peine c'est à la fois l'enfant et la brute l'enfant avec la mobilité naive de srs désirs et de ses volontés la hrute avec l'impétuosité deses grossiers appétits, pourvu qu'il ait à sa portée de quoi les satisfaire, et comme la bête repue, qu'il puisse ensuite s'étendre a l'ombre dans une inaction complète. La prévoyance avec les soucis qu'elle éveille, et ceux quelle prévient, lui est inconnue. S'il est étranger aux passions ambitieuses qui sont le fruit de la civilisation , en revanche il en est deux qui le possè-dent tout entier l'amour physique et la paresse. Pas un peuple nègie n'a passé la première ébauche de la vie civilisée. Ceci va être contredit, Cultiver la terre se borne pour le nègre à brûler sur pied le chaume de l'année précédente. On jette les semailles et la nature fait le reste . Voila la vie privée. C'est peu mais ce peu suffit à la nourriture dans un pays chaud. Voyons les principaux traits de la vie sociale. Ihid. Dans le Soudan, le lien le plus apparent et le plus s mple entre les hommes, les roules et les chI mins n'existent pas. On ne trouve pas dans le Soudan une seule de ces grandes voies publ ques qui attestent une communication habituelle entre les habitants , même dans les centres les plus popul ux il n'existe, de ville en ville, que des sentiers à peine reconnaissables à travers les grandes herbes et les dJongles. Leurs villes ne peuvent se compare! à nos plus chétives bourgades. Des murailles en terre renfermentquelquefuis un grand espace, mais n'enveloppent que de misérables cabanes semees au hasard dans cette enceinte. Les parois de la hutte sont-en terre. Pour couche le nègre a la terre unie. pour meubles quelques peaux d'animaux sauvages. Voilà quelques traits que nous donne Richardson, mais nous avons des aveux bien plus considérables à faire. La polygamie est en Afrique à l'état permanent. Chez plusieurs peuplades existe le cannibalisme. Les hommes mangent la poitrine de la malheureuse victime humaine, et les femmes la tête comme la partie la moins bonne. Enfin non-seulement les nègres se mangent entre eux, mais ils se chassent comme les animaux des foiêts. Ils sont eux mêmes leurs plus grands ennemis. Bortti et Vogel ont assisté à plusieurs de ces chasses aux nègres, et nous en ont dit les plus horribles détails. Deuhow raconte que le cheik Beomoni, pour sceller un traité avec le roi de Mandara, avait épousé la fille de ce dernier clu f. La dot stipulée était le produit d'une expédition combinée dans le pay Kerdi de Mousgou. Le résultat, dit le narrateur, fut aussi favorable que cette confédération sauvage avait pu l'espérer. Trois mille malheureux nègres furent arrachés de leur contrée natale et voués à un esclavage perpétuel. Le double de ce nombre fut sans doute sacrifié pour obtenir ces trois mille prisonriii rs. Il faut voir le traitement que subissent ces pauvres prisonniers à travers le Sahara. Mccq., p. 234. Munde primitif. Ces traits sans doute trop véridiques suffisant pour montrer le lamen-table état où est tombée une fraction du genre humain. Cet état social est révoltant.
UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 41 a Chez les nègres, dit Richardson Mémoire sur le Soudan, 185q , l'être pensant existe à peine c'est à la fois l'enfant et la brute l'enfant avec la mobilité naive de srs désirs et de ses volontés la hrute avec l'impétuosité de@ses grossiers appétits, pourvu qu'il ait à sa portée de quoi les satisfaire, et comme la bête repue, qu'il puisse ensuite s'étendre a l'ombre dans une inaction complète. La prévoyance avec les soucis qu'elle éveille, et ceux quelle prévient, lui est inconnue@@. S'il est étranger aux passions ambitieuses qui sont le fruit de la civilisation , en revanche il en est deux qui le possè-dent tout entier l'amour physique et la paresse. Pas un peuple nègie n'a passé la première ébauche de la vie civilisée. Ceci va être contredit, Cultiver la terre se borne pour le nègre à brûler sur pied le chaume de l'année précédente. On jette les semailles et la nature fait le reste . Voila la vie privée. C'est peu mais ce peu suffit à la nourriture dans un pays chaud. Voyons les principaux traits de la vie sociale. Ihid. Dans le Soudan, le lien le plus apparent et le plus s mple entre les hommes, les roules et les chI mins n'existent pas. On ne trouve pas dans le Soudan une seule de ces grandes voies publ ques qui attestent une communication habituelle entre les habitants , même dans les centres les plus popul ux il n'existe, de ville en ville, que des sentiers à peine reconnaissables à travers les grandes herbes et les dJongles. Leurs villes ne peuvent se compare! à nos plus chétives bourgades. Des murailles en terre renferment@quelquefuis un grand espace, mais n'enveloppent que de misérables cabanes semees au hasard dans cette enceinte. Les parois de la hutte sont-en terre. Pour couche le nègre a la terre unie. pour meubles quelques peaux d'animaux sauvages. Voilà quelques traits que nous donne Richardson, mais nous avons des aveux bien plus considérables à faire. La polygamie est en Afrique à l'état permanent.@@ Chez plusieurs peuplades existe le cannibalisme. Les hommes mangent la poitrine de la malheureuse victime humaine, et les femmes la tête comme la partie la moins bonne. Enfin non-seulement les nègres se mangent entre eux, mais ils se chassent comme les animaux des foiêts. Ils sont eux mêmes leurs plus grands ennemis. Bortti et Vogel ont assisté à plusieurs de ces chasses aux nègres, et nous en ont dit les plus horribles détails. Deuhow raconte que le cheik Beomoni, pour sceller un traité avec le roi de Mandara, avait épousé la fille de ce dernier clu f. La dot stipulée était le produit d'une expédition combinée dans le pay@ Kerdi de Mousgou. Le résultat, dit le narrateur, fut aussi favorable que cette confédération sauvage avait pu l'espérer. Trois mille malheureux nègres furent arrachés de leur contrée natale et voués à un esclavage perpétuel. Le double de ce nombre fut sans doute sacrifié pour obtenir ces trois mille prisonriii rs. Il faut voir le traitement que subissent ces pauvres prisonniers à travers le Sahara. Mccq., p. 234. Munde primitif. Ces traits sans doute trop véridiques suffisant pour montrer le lamen-table état où est tombée une fraction du genre humain. Cet état social est révoltant.
UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 41@@ Chez les nègres, dit Richardson Mémoire sur le Soudan, 1855 , l'être pensant existe à peine c'est à la fois l'enfant et la brute l'enfant avec la mobilité naïve de ses désirs et de ses volontés la brute avec l'impétuosité de ses grossiers appétits, pourvu qu'il ait à sa portée de quoi les satisfaire, et comme la bête repue, qu'il puisse ensuite s'étendre a l'ombre dans une inaction complète. La prévoyance avec les soucis qu'elle éveille, et ceux quelle prévient, lui est inconnue... S'il est étranger aux passions ambitieuses qui sont le fruit de la civilisation@, en revanche il en est deux qui le possè-dent tout entier l'amour physique et la paresse. Pas un peuple nègre n'a passé la première ébauche de la vie civilisée. Ceci va être contredit. Cultiver la terre se borne pour le nègre à brûler sur pied le chaume de l'année précédente. On jette les semailles et la nature fait le reste . Voila ta vie privée. C'est peu mais ce peu suffit à la nourriture dans un pays chaud. Voyons les principaux traits de la vie sociale. Ibid. Dans le Soudan, le lien le plus apparent et le plus simple entre les hommes, les routes et les ch@emins n'existent pas. On ne trouve pas dans le Soudan une seule de ces grandes voies publiques qui attestent une communication habituelle entre les habitants@, même dans les centres les plus populeux il n'existe, de ville en ville, que des sentiers à peine reconnaissables à travers les grandes herbes et les djongles. Leurs villes ne peuvent se comparer à nos plus chétives bourgades. Des murailles en terre renferment quelquefois un grand espace, mais n'enveloppent que de miserables cabanes semees au hasard dans cette enceinte. Les parois de la hutte sont en terre. Pour couche le nègre a la terre unie, pour meubles quelques peaux d'animaux sauvages. Voilà quelques traits que nous donne Richardson, mais nous avons des aveux bien plus considerables à faire. La polygamie est en Afrique à l'état permanent... Chez plusieurs peuplades existe le cannibalisme. Les hommes mangent la poitrine de la malheureuse victime humaine, et les femmes la tête comme la partie la moins bonne. Enfin non-seulement les nègres se mangent entre eux, mais ils se chassent comme les animaux des forêts. Ils sont eux mêmes leurs plus grands ennemis. Bort@h et Vogel ont assisté à plusieurs de ces chasses aux nègres, et nous en ont dit les plus horribles détails. Deuhow raconte que le cheik Beomoni, pour sceller un traité avec le roi de Mandara, avait épousé la fille de ce dernier c@hef. La dot stipulée était le produit d'une expédition combinée dans le pays Kerdi de Mousgou. Le résultat, dit le narrateur, fut aussi favorable que cette conféderation sauvage avait pu l'espérer. Trois mille malheureux nègres furent arrachés de leur contrée natale et voués à un esclavage perpetuel. Le double de ce nombre fut sans doute sacrifié pour obtenir ces trois mille prisonniers... Il faut voir le traitement que subissent ces pauvres prisonniers à travers le Sahara. Mecq.@ p. 234. Monde primitif. Ces traits sans doute trop véridiques suffisent pour montrer le lamen-table état où est tombée une fraction du genre humain. Cet état social est révoltant.
UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 41@@ Chez les nègres, dit Richardson Mémoire sur le Soudan, 1855 , l'être pensant existe à peine c'est à la fois l'enfant et la brute l'enfant avec la mobilité naïve de ses désirs et de ses volontés la brute avec l'impétuosité de ses grossiers appétits, pourvu qu'il ait à sa portée de quoi les satisfaire, et comme la bête repue, qu'il puisse ensuite s'étendre a l'ombre dans une inaction complète. La prévoyance avec les soucis qu'elle éveille, et ceux quelle prévient, lui est inconnue... S'il est étranger aux passions ambitieuses qui sont le fruit de la civilisation@, en revanche il en est deux qui le possè-dent tout entier l'amour physique et la paresse. Pas un peuple nègre n'a passé la première ébauche de la vie civilisée. Ceci va être contredit. Cultiver la terre se borne pour le nègre à brûler sur pied le chaume de l'année précédente. On jette les semailles et la nature fait le reste . Voila ta vie privée. C'est peu mais ce peu suffit à la nourriture dans un pays chaud. Voyons les principaux traits de la vie sociale. Ibid. Dans le Soudan, le lien le plus apparent et le plus simple entre les hommes, les routes et les ch@emins n'existent pas. On ne trouve pas dans le Soudan une seule de ces grandes voies publiques qui attestent une communication habituelle entre les habitants@, même dans les centres les plus populeux il n'existe, de ville en ville, que des sentiers à peine reconnaissables à travers les grandes herbes et les djongles. Leurs villes ne peuvent se comparer à nos plus chétives bourgades. Des murailles en terre renferment quelquefois un grand espace, mais n'enveloppent que de miserables cabanes semees au hasard dans cette enceinte. Les parois de la hutte sont en terre. Pour couche le nègre a la terre unie, pour meubles quelques peaux d'animaux sauvages. Voilà quelques traits que nous donne Richardson, mais nous avons des aveux bien plus considerables à faire. La polygamie est en Afrique à l'état permanent... Chez plusieurs peuplades existe le cannibalisme. Les hommes mangent la poitrine de la malheureuse victime humaine, et les femmes la tête comme la partie la moins bonne. Enfin non-seulement les nègres se mangent entre eux, mais ils se chassent comme les animaux des forêts. Ils sont eux mêmes leurs plus grands ennemis. Bort@h et Vogel ont assisté à plusieurs de ces chasses aux nègres, et nous en ont dit les plus horribles détails. Deuhow raconte que le cheik Beomoni, pour sceller un traité avec le roi de Mandara, avait épousé la fille de ce dernier c@hef. La dot stipulée était le produit d'une expédition combinée dans le pays Kerdi de Mousgou. Le résultat, dit le narrateur, fut aussi favorable que cette conféderation sauvage avait pu l'espérer. Trois mille malheureux nègres furent arrachés de leur contrée natale et voués à un esclavage perpetuel. Le double de ce nombre fut sans doute sacrifié pour obtenir ces trois mille prisonniers... Il faut voir le traitement que subissent ces pauvres prisonniers à travers le Sahara. Mecq.@ p. 234. Monde primitif. Ces traits sans doute trop véridiques suffisent pour montrer le lamen-table état où est tombée une fraction du genre humain. Cet état social est révoltant.
UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 41 Chez les nègres, dit Richardson Mémoire sur le Soudan, 1855 , l'être pensant existe à peine c'est à la fois l'enfant et la brute l'enfant avec la mobilité naïve de ses désirs et de ses volontés la brute avec l'impétuosité de ses grossiers appétits, pourvu qu'il ait à sa portée de quoi les satisfaire, et comme la bête repue, qu'il puisse ensuite s'étendre a l'ombre dans une inaction complète. La prévoyance avec les soucis qu'elle éveille, et ceux quelle prévient, lui est inconnue... S'il est étranger aux passions ambitieuses qui sont le fruit de la civilisation, en revanche il en est deux qui le possè-dent tout entier l'amour physique et la paresse. Pas un peuple nègre n'a passé la première ébauche de la vie civilisée. Ceci va être contredit. Cultiver la terre se borne pour le nègre à brûler sur pied le chaume de l'année précédente. On jette les semailles et la nature fait le reste . Voila ta vie privée. C'est peu mais ce peu suffit à la nourriture dans un pays chaud. Voyons les principaux traits de la vie sociale. Ibid. Dans le Soudan, le lien le plus apparent et le plus simple entre les hommes, les routes et les chemins n'existent pas. On ne trouve pas dans le Soudan une seule de ces grandes voies publiques qui attestent une communication habituelle entre les habitants, même dans les centres les plus populeux il n'existe, de ville en ville, que des sentiers à peine reconnaissables à travers les grandes herbes et les djongles. Leurs villes ne peuvent se comparer à nos plus chétives bourgades. Des murailles en terre renferment quelquefois un grand espace, mais n'enveloppent que de miserables cabanes semees au hasard dans cette enceinte. Les parois de la hutte sont en terre. Pour couche le nègre a la terre unie, pour meubles quelques peaux d'animaux sauvages. Voilà quelques traits que nous donne Richardson, mais nous avons des aveux bien plus considerables à faire. La polygamie est en Afrique à l'état permanent... Chez plusieurs peuplades existe le cannibalisme. Les hommes mangent la poitrine de la malheureuse victime humaine, et les femmes la tête comme la partie la moins bonne. Enfin non-seulement les nègres se mangent entre eux, mais ils se chassent comme les animaux des forêts. Ils sont eux mêmes leurs plus grands ennemis. Borth et Vogel ont assisté à plusieurs de ces chasses aux nègres, et nous en ont dit les plus horribles détails. Deuhow raconte que le cheik Beomoni, pour sceller un traité avec le roi de Mandara, avait épousé la fille de ce dernier chef. La dot stipulée était le produit d'une expédition combinée dans le pays Kerdi de Mousgou. Le résultat, dit le narrateur, fut aussi favorable que cette conféderation sauvage avait pu l'espérer. Trois mille malheureux nègres furent arrachés de leur contrée natale et voués à un esclavage perpetuel. Le double de ce nombre fut sans doute sacrifié pour obtenir ces trois mille prisonniers... Il faut voir le traitement que subissent ces pauvres prisonniers à travers le Sahara. Mecq. p. 234. Monde primitif. Ces traits sans doute trop véridiques suffisent pour montrer le lamen-table état où est tombée une fraction du genre humain. Cet état social est révoltant.
50
0.015659
0.083472
894.txt
1,858
208 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. bien peu. On ne pelote pas toujours le procureur le plus madré de Paris, comme vous l'avez fait en discours et ré-pliques. Et quand on fait cela, on peut s'enfler les joues et traiter de haut le commun des humains. Ne vous en gênez pas, mon cher écrasez-moi de votre supériorité, je m'y ré-signe. - Vous raillez? dit Ludovic. - Moi 1 s'écria Melchior, Dieu m'en garde 1 On ne raille que les battus et vous avez été aussi vainqueur qu'il est possible de l'être. Tenez, Mademoiselle, ajouta-t-il en s'adres-sant à Marguerite, je regrette bien que vous n'ayez pas été là ! Personne n'est beau comme lui sous la robe noire fIl vous porte cet ajustement avec une grâce dont vous n'avez pas d'idée ! Les manches, par exemple, les manches, voilà l'écueil du genre III y en a qui en balayent la poussière à quelques mètres à la ronde, d'autres qui s'en servent pour donner des soumets à leurs voisins. Lui, pas si novice 1 Il a mis ses manches à la raison, les a disciplinées et obligées à marcher droit. Eh bien 1 pour un débutant, c'est du prodige on n'a jamais rien vu d'aussi complet que lui. - Ne l'écoutez pas, Marguerite, dit Ludovic, 'à qui cet encens, tout grossier qu'il fût, ne causait pas trop de répu-gnance. - Un homme complet, poursuivit Melchior, je ne m'en dédis pas ! Et en cela je ne suis que l'écho de l'opinion publique. Un homme complet et qui commence comme beau-coup voudraient pouvoir finir 1 - Trêve ! dit Ludovic. - Non! point de trêve et avant tout justice. Je dirai tout, grand homme, dût votre pudeur en prendre l'alarme. Il faut que le récit en passe à la postérité. Figurez-vous, Mademoi-selle, des effets d'éloquence renversants on n'en trouve de pareils qu'en remontant aux meilleures époques de l'anti-quité. Aussi les magistrats en étaient-ils incendiés ! J'ai vu le moment où le feu de l'orateur passait dans leurs per-ruques. Neuf fois sur dix, ces messieurs dorment quand on plaide devant eux c'est leur façon de témoigner l'intérêt qu'ils prennent aux causes. Dans le cours des défenses, les têtes vont de-çà et de là, avec un certain abandon et même un peu de sonorité daignez m'épargner le reste. Eh bien !
208 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. bien peu. On ne pelote pas toujours le procureur le plus madré de Paris, comme vous l'avez fait en discours et ré-pliques. Et quand on fait cela, on peut s'enfler les joues et traiter de haut le commun des humains. Ne vous en gênez pas, mon cher écrasez-moi de votre supériorité, je m'y ré-signe. - Vous raillez? dit Ludovic. - Moi 1 s'écria Melchior, Dieu m'en garde 1 On ne raille que les battus@ et vous avez été aussi vainqueur qu'il est possible de l'être. Tenez, Mademoiselle, ajouta-t-il en s'adres-sant à Marguerite, je regrette bien que vous n'ayez pas été là ! Personne n'est beau comme lui sous la robe noire @fIl vous porte cet ajustement avec une grâce dont vous n'avez pas d'idée ! Les manches, par exemple, les manches, voilà l'écueil du genre @III y en a qui en balayent la poussière à quelques mètres à la ronde, d'autres qui s'en servent pour donner des sou@@mets à leurs voisins. Lui, pas si novice 1 Il a mis ses manches à la raison, les a disciplinées et obligées à marcher droit. Eh bien 1 pour un débutant, c'est du prodige on n'a jamais rien vu d'aussi complet que lui. - Ne l'écoutez pas, Marguerite, dit Ludovic, 'à qui cet encens, tout grossier qu'il fût, ne causait pas trop de répu-gnance. - Un homme complet, poursuivit Melchior, je ne m'en dédis pas ! Et en cela je ne suis que l'écho de l'opinion publique. Un homme complet et qui commence comme beau-coup voudraient pouvoir finir 1 - Trêve ! dit Ludovic. - Non@! point de trêve et avant tout justice. Je dirai tout, grand homme, dût votre pudeur en prendre l'alarme. Il faut que le récit en passe à la postérité. Figurez-vous, Mademoi-selle, des effets d'éloquence renversants on n'en trouve de pareils qu'en remontant aux meilleures époques de l'anti-quité. Aussi les magistrats en étaient-ils incendiés ! J'ai vu le moment où le feu de l'orateur passait dans leurs per-ruques. Neuf fois sur dix, ces messieurs dorment quand on plaide devant eux c'est leur façon de témoigner l'intérêt qu'ils prennent aux causes. Dans le cours des défenses, les têtes vont de-çà et de là, avec un certain abandon et même un peu de sonorité daignez m'épargner le reste. Eh bien !
208 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. bien peu. On ne pelote pas toujours le procureur le plus madré de Paris, comme vous l'avez fait en discours et ré-pliques. Et quand on fait cela, on peut s'enfler les joues et traiter de haut le commun des humains. Ne vous en gênez pas, mon cher écrasez-moi de votre supériorité, je m'y ré-signe. -@Vous raillez? dit Ludovic. -@Moi ! s'écria Melchior, Dieu m'en garde ! On ne raille que les battus, et vous avez été aussi vainqueur qu'il est possible de l'être. Tenez, Mademoiselle, ajouta-t-il en s'adres-sant à Marguerite, je regrette bien que vous n'ayez pas été là ! Personne n'est beau comme lui sous la robe noire ! Il vous porte cet ajustement avec une grâce dont vous n'avez pas d'idée ! Les manches, par exemple, les manches, voilà l'écueil du genre ! Il y en a qui en balayent la poussière à quelques mètres à la ronde, d'autres qui s'en servent pour donner des soufflets à leurs voisins. Lui, pas si novice ! Il a mis ses manches à la raison, les a disciplinées et obligées à marcher droit. Eh bien ! pour un débutant, c'est du prodige on n'a jamais rien vu d'aussi complet que lui. -@Ne l'écoutez pas, Marguerite, dit Ludovic, @à qui cet encens, tout grossier qu'il fût, ne causait pas trop de répu-gnance. -@Un homme complet, poursuivit Melchior, je ne m'en dédis pas ! Et en cela je ne suis que l'écho de l'opinion publique. Un homme complet et qui commence comme beau-coup voudraient pouvoir finir ! -@Trève ! dit Ludovic. -@Non ! point de trêve et avant tout justice. Je dirai tout, grand homme, dût votre pudeur en prendre l'alarme. Il faut que le récit en passe à la postérité. Figurez-vous, Mademoi-selle, des effets d'éloquence renversants on n'en trouve de pareils qu'en remontant aux meilleures époques de l'anti-quité. Aussi les magistrats en étaient-ils incendiés ! J'ai vu le moment où le feu de l'orateur passait dans leurs per-ruques. Neuf fois sur dix, ces messieurs dorment quand on plaide devant eux c'est leur façon de témoigner l'intérêt qu'ils prennent aux causes. Dans le cours des défenses, les têtes vont de ça et de là, avec un certain abandon et même un peu de sonorité daignez m'épargner le reste. Eh bien !
208 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. bien peu. On ne pelote pas toujours le procureur le plus madré de Paris, comme vous l'avez fait en discours et ré-pliques. Et quand on fait cela, on peut s'enfler les joues et traiter de haut le commun des humains. Ne vous en gênez pas, mon cher écrasez-moi de votre supériorité, je m'y ré-signe. -@Vous raillez? dit Ludovic. -@Moi ! s'écria Melchior, Dieu m'en garde ! On ne raille que les battus, et vous avez été aussi vainqueur qu'il est possible de l'être. Tenez, Mademoiselle, ajouta-t-il en s'adres-sant à Marguerite, je regrette bien que vous n'ayez pas été là ! Personne n'est beau comme lui sous la robe noire ! Il vous porte cet ajustement avec une grâce dont vous n'avez pas d'idée ! Les manches, par exemple, les manches, voilà l'écueil du genre ! Il y en a qui en balayent la poussière à quelques mètres à la ronde, d'autres qui s'en servent pour donner des soufflets à leurs voisins. Lui, pas si novice ! Il a mis ses manches à la raison, les a disciplinées et obligées à marcher droit. Eh bien ! pour un débutant, c'est du prodige on n'a jamais rien vu d'aussi complet que lui. -@Ne l'écoutez pas, Marguerite, dit Ludovic, @à qui cet encens, tout grossier qu'il fût, ne causait pas trop de répu-gnance. -@Un homme complet, poursuivit Melchior, je ne m'en dédis pas ! Et en cela je ne suis que l'écho de l'opinion publique. Un homme complet et qui commence comme beau-coup voudraient pouvoir finir ! -@Trève ! dit Ludovic. -@Non ! point de trêve et avant tout justice. Je dirai tout, grand homme, dût votre pudeur en prendre l'alarme. Il faut que le récit en passe à la postérité. Figurez-vous, Mademoi-selle, des effets d'éloquence renversants on n'en trouve de pareils qu'en remontant aux meilleures époques de l'anti-quité. Aussi les magistrats en étaient-ils incendiés ! J'ai vu le moment où le feu de l'orateur passait dans leurs per-ruques. Neuf fois sur dix, ces messieurs dorment quand on plaide devant eux c'est leur façon de témoigner l'intérêt qu'ils prennent aux causes. Dans le cours des défenses, les têtes vont de ça et de là, avec un certain abandon et même un peu de sonorité daignez m'épargner le reste. Eh bien !
208 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. bien peu. On ne pelote pas toujours le procureur le plus madré de Paris, comme vous l'avez fait en discours et ré-pliques. Et quand on fait cela, on peut s'enfler les joues et traiter de haut le commun des humains. Ne vous en gênez pas, mon cher écrasez-moi de votre supériorité, je m'y ré-signe. -Vous raillez? dit Ludovic. -Moi ! s'écria Melchior, Dieu m'en garde ! On ne raille que les battus, et vous avez été aussi vainqueur qu'il est possible de l'être. Tenez, Mademoiselle, ajouta-t-il en s'adres-sant à Marguerite, je regrette bien que vous n'ayez pas été là ! Personne n'est beau comme lui sous la robe noire ! Il vous porte cet ajustement avec une grâce dont vous n'avez pas d'idée ! Les manches, par exemple, les manches, voilà l'écueil du genre ! Il y en a qui en balayent la poussière à quelques mètres à la ronde, d'autres qui s'en servent pour donner des soufflets à leurs voisins. Lui, pas si novice ! Il a mis ses manches à la raison, les a disciplinées et obligées à marcher droit. Eh bien ! pour un débutant, c'est du prodige on n'a jamais rien vu d'aussi complet que lui. -Ne l'écoutez pas, Marguerite, dit Ludovic, à qui cet encens, tout grossier qu'il fût, ne causait pas trop de répu-gnance. -Un homme complet, poursuivit Melchior, je ne m'en dédis pas ! Et en cela je ne suis que l'écho de l'opinion publique. Un homme complet et qui commence comme beau-coup voudraient pouvoir finir ! -Trève ! dit Ludovic. -Non ! point de trêve et avant tout justice. Je dirai tout, grand homme, dût votre pudeur en prendre l'alarme. Il faut que le récit en passe à la postérité. Figurez-vous, Mademoi-selle, des effets d'éloquence renversants on n'en trouve de pareils qu'en remontant aux meilleures époques de l'anti-quité. Aussi les magistrats en étaient-ils incendiés ! J'ai vu le moment où le feu de l'orateur passait dans leurs per-ruques. Neuf fois sur dix, ces messieurs dorment quand on plaide devant eux c'est leur façon de témoigner l'intérêt qu'ils prennent aux causes. Dans le cours des défenses, les têtes vont de ça et de là, avec un certain abandon et même un peu de sonorité daignez m'épargner le reste. Eh bien !
25
0.011489
0.058957
880.txt
1,858
CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 191 - La. seoonde, Marguerite, reprit Ludovic avec l'accent du triomphe, la seconde n'est que la suite de la première et puisque Tous avez deviné l'une, vous pouvez deviner l'autre également. La seconde chose que je veux fortement, c'est de réussir, et je réussirai. Vous pouvez en accepter Laugure il ne sera pas démenti. Oui, je réussirai, et cela promptement. Ceux qui abordent une carrière, comme je le fais, avec lé désir formel de vaincre les obstacles et de n'y épargner ni temps, ni soins, ni efforts, ceux-là, Marguerite, y font toujours leur chemin, si remplie qu'elle soit, si courue qu'elle soit. Ma carrière est là devant moi, et, s'il plaît à Dieu, j'y aurai bientôt marqué mon rang. En doutez-vous? - En aucune manière, mon ami. - C'est qu'alors, mon enfant, vous douteriez de vous-même et de l'empire que vous exercez. Si je suis quelque chose, c'est par vous si je veux être quelque chose, c'est pour vous. Voilà comment l'ambition d'un homme s'enno-blit. Du succès pour soi ! de l'argent, de la réputation, de la considération seulement en vue de soi-même, fi donc 1 C'est le pire des égoïsmes. Mais désirer tout cela pour le partagei ou plutôt pour s'en dessaisir en faveur de ce qu'on aime, voilà l'ambition que je comprends, celle-qui m'anime et me donnera le courage d'atteindre le but. Elle n'est légitime, Marguerite, qu'à la condition que vous en serez. Voulez-vous en être ? - Puisque c'est dans votre plan, dit-elle en sentant sa rougeur s'accroître. A mesure que Ludovic poursuivait son thème, Marguerite devenait plus rêveuse. Le jeune homme ne l'avait pas ac-coutumée à un langage si net, et c'était la premiète fois qu'il lui faisait des déclarations aussi directes. C'est que son di-plôme lui donnait du coeur. Tant qu'il s'était vu sous le coup d'examens éventuels, il n'avait pas osé se départir d'une cer-taine réserve mais le succès rendait son esprit plus libre et son ton plus assuré. Il se voyait déjà maître de la destinée et voulait associer Marguerite à cette confiance. Quant à elle, son maintien restait le même et manquait d'abandon. Si elle ne contestait rien, elle n'appuyait rien non plus, et paraissait aussi peu portée à la contradiction qu'à l'enthousiasme. C'é-taient là, il est vrai, de simples nuances, et peut-être Ludo-
CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 191 - La. seoonde, Marguerite, reprit Ludovic avec l'accent du triomphe, la seconde n'est que la suite de la première et puisque Tous avez deviné l'une, vous pouvez deviner l'autre également. La seconde chose que je veux fortement, c'est de réussir, et je réussirai. Vous pouvez en accepter L@augure il ne sera pas démenti. Oui, je réussirai, et cela promptement. Ceux qui abordent une carrière, comme je le fais, avec lé désir formel de vaincre les obstacles et de n'y épargner ni temps, ni soins, ni efforts, ceux-là, Marguerite, y font toujours leur chemin, si remplie qu'elle soit, si courue qu'elle soit. Ma carrière est là devant moi, et, s'il plaît à Dieu, j'y aurai bientôt marqué mon rang. En doutez-vous@? - En aucune manière, mon ami. - C'est qu'alors, mon enfant, vous douteriez de vous-même et de l'empire que vous exercez. Si je suis quelque chose, c'est par vous si je veux être quelque chose, c'est pour vous. Voilà comment l'ambition d'un homme s'enno-blit. Du succès pour soi ! de l'argent, de la réputation, de la considération seulement en vue de soi-même, fi donc 1 C'est le pire des égoïsmes. Mais désirer tout cela pour le partagei ou plutôt pour s'en dessaisir en faveur de ce qu'on aime, voilà l'ambition que je comprends, celle-qui m'anime et me donnera le courage d'atteindre le but. Elle n'est légitime, Marguerite, qu'à la condition que vous en serez. Voulez-vous en être ? - Puisque c'est dans votre plan, dit-elle en sentant sa rougeur s'accroître. A mesure que Ludovic poursuivait son thème, Marguerite devenait plus rêveuse. Le jeune homme ne l'avait pas ac-coutumée à un langage si net, et c'était la premiète fois qu'il lui faisait des déclarations aussi directes. C'est que son di-plôme lui donnait du coeur. Tant qu'il s'était vu sous le coup d'examens éventuels, il n'avait pas osé se départir d'une cer-taine réserve mais le succès rendait son esprit plus libre et son ton plus assuré. Il se voyait déjà maître de la destinée et voulait associer Marguerite à cette confiance. Quant à elle, son maintien restait le même et manquait d'abandon. Si elle ne contestait rien, elle n'appuyait rien non plus, et paraissait aussi peu portée à la contradiction qu'à l'enthousiasme. C'é-taient là, il est vrai, de simples nuances, et peut-être Ludo-
CE ##### PEUT VOIR DANS UNE RUE. 191 -@La@ seconde, Marguerite, reprit Ludovic avec l'accent du triomphe, la seconde n'est que la suite de la première et puisque vous avez deviné l'une, vous pouvez deviner l'autre également. La seconde chose que je veux fortement, c'est de réussir, et je réussirai. Vous pouvez en accepter l'augure il ne sera pas démenti. Oui, je réussirai, et cela promptement. Ceux qui abordent une carrière, comme je le fais, avec le désir formel de vaincre les obstacles et de n'y épargner ni temps, ni soins, ni efforts, ceux-là, Marguerite, y font toujours leur chemin, si remplie qu'elle soit, si courue qu'elle soit. Ma carrière est là devant moi, et, s'il plaît à Dieu, j'y aurai bientôt marqué mon rang. En doutez-vous ? -@En aucune manière, mon ami. -@C'est qu'alors, mon enfant, vous douteriez de vous-même et de l'empire que vous exercez. Si je suis quelque chose, c'est par vous si je veux être quelque chose, c'est pour vous. Voilà comment l'ambition d'un homme s'enno-blit. Du succès pour soi ! de l'argent, de la réputation, de la considération seulement en vue de soi-même, fi donc ! C'est le pire des égoïsmes. Mais désirer tout cela pour le partager ou plutôt pour s'en dessaisir en faveur de ce qu'on aime, voilà l'ambition que je comprends, celle qui m'anime et me donnera le courage d'atteindre le but. Elle n'est légitime, Marguerite, qu'à la condition que vous en serez. Voulez-vous en être ? -@Puisque c'est dans votre plan, dit-elle en sentant sa rougeur s'accroître. A mesure que Ludovic poursuivait son thème, Marguerite devenait plus rêveuse. Le jeune homme ne l'avait pas ac-coutumée à un langage si net, et c'était la première fois qu'il lui faisait des déclarations aussi directes. C'est que son di-plôme lui donnait du coeur. Tant qu'il s'était vu sous le coup d'examens éventuels, il n'avait pas osé se départir d'une cer-taine réserve mais le succès rendait son esprit plus libre et son ton plus assuré. Il se voyait déjà maître de la destinée et voulait associer Marguerite à cette confiance. Quant à elle, son maintien restait le même et manquait d'abandon. Si elle ne contestait rien, elle n'appuyait rien non plus, et paraissait aussi peu portée à la contradiction qu'à l'enthousiasme. C'é-taient là, il est vrai, de simples nuances, et peut-être Ludo-
CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 191 -@La@ seconde, Marguerite, reprit Ludovic avec l'accent du triomphe, la seconde n'est que la suite de la première et puisque vous avez deviné l'une, vous pouvez deviner l'autre également. La seconde chose que je veux fortement, c'est de réussir, et je réussirai. Vous pouvez en accepter l'augure il ne sera pas démenti. Oui, je réussirai, et cela promptement. Ceux qui abordent une carrière, comme je le fais, avec le désir formel de vaincre les obstacles et de n'y épargner ni temps, ni soins, ni efforts, ceux-là, Marguerite, y font toujours leur chemin, si remplie qu'elle soit, si courue qu'elle soit. Ma carrière est là devant moi, et, s'il plaît à Dieu, j'y aurai bientôt marqué mon rang. En doutez-vous ? -@En aucune manière, mon ami. -@C'est qu'alors, mon enfant, vous douteriez de vous-même et de l'empire que vous exercez. Si je suis quelque chose, c'est par vous si je veux être quelque chose, c'est pour vous. Voilà comment l'ambition d'un homme s'enno-blit. Du succès pour soi ! de l'argent, de la réputation, de la considération seulement en vue de soi-même, fi donc ! C'est le pire des égoïsmes. Mais désirer tout cela pour le partager ou plutôt pour s'en dessaisir en faveur de ce qu'on aime, voilà l'ambition que je comprends, celle qui m'anime et me donnera le courage d'atteindre le but. Elle n'est légitime, Marguerite, qu'à la condition que vous en serez. Voulez-vous en être ? -@Puisque c'est dans votre plan, dit-elle en sentant sa rougeur s'accroître. A mesure que Ludovic poursuivait son thème, Marguerite devenait plus rêveuse. Le jeune homme ne l'avait pas ac-coutumée à un langage si net, et c'était la première fois qu'il lui faisait des déclarations aussi directes. C'est que son di-plôme lui donnait du coeur. Tant qu'il s'était vu sous le coup d'examens éventuels, il n'avait pas osé se départir d'une cer-taine réserve mais le succès rendait son esprit plus libre et son ton plus assuré. Il se voyait déjà maître de la destinée et voulait associer Marguerite à cette confiance. Quant à elle, son maintien restait le même et manquait d'abandon. Si elle ne contestait rien, elle n'appuyait rien non plus, et paraissait aussi peu portée à la contradiction qu'à l'enthousiasme. C'é-taient là, il est vrai, de simples nuances, et peut-être Ludo-
CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 191 -La seconde, Marguerite, reprit Ludovic avec l'accent du triomphe, la seconde n'est que la suite de la première et puisque vous avez deviné l'une, vous pouvez deviner l'autre également. La seconde chose que je veux fortement, c'est de réussir, et je réussirai. Vous pouvez en accepter l'augure il ne sera pas démenti. Oui, je réussirai, et cela promptement. Ceux qui abordent une carrière, comme je le fais, avec le désir formel de vaincre les obstacles et de n'y épargner ni temps, ni soins, ni efforts, ceux-là, Marguerite, y font toujours leur chemin, si remplie qu'elle soit, si courue qu'elle soit. Ma carrière est là devant moi, et, s'il plaît à Dieu, j'y aurai bientôt marqué mon rang. En doutez-vous ? -En aucune manière, mon ami. -C'est qu'alors, mon enfant, vous douteriez de vous-même et de l'empire que vous exercez. Si je suis quelque chose, c'est par vous si je veux être quelque chose, c'est pour vous. Voilà comment l'ambition d'un homme s'enno-blit. Du succès pour soi ! de l'argent, de la réputation, de la considération seulement en vue de soi-même, fi donc ! C'est le pire des égoïsmes. Mais désirer tout cela pour le partager ou plutôt pour s'en dessaisir en faveur de ce qu'on aime, voilà l'ambition que je comprends, celle qui m'anime et me donnera le courage d'atteindre le but. Elle n'est légitime, Marguerite, qu'à la condition que vous en serez. Voulez-vous en être ? -Puisque c'est dans votre plan, dit-elle en sentant sa rougeur s'accroître. A mesure que Ludovic poursuivait son thème, Marguerite devenait plus rêveuse. Le jeune homme ne l'avait pas ac-coutumée à un langage si net, et c'était la première fois qu'il lui faisait des déclarations aussi directes. C'est que son di-plôme lui donnait du coeur. Tant qu'il s'était vu sous le coup d'examens éventuels, il n'avait pas osé se départir d'une cer-taine réserve mais le succès rendait son esprit plus libre et son ton plus assuré. Il se voyait déjà maître de la destinée et voulait associer Marguerite à cette confiance. Quant à elle, son maintien restait le même et manquait d'abandon. Si elle ne contestait rien, elle n'appuyait rien non plus, et paraissait aussi peu portée à la contradiction qu'à l'enthousiasme. C'é-taient là, il est vrai, de simples nuances, et peut-être Ludo-
15
0.006508
0.032538
670.txt
1,820
36 liste civile? Lorsque, malgré le danger des antécédens pré-senté par un membre, la Chambre des députés venait de reconnaître par un précédent si notable que les agens de la liste civile ne pouvaient pas plus que ses ministres être considérés comme composant la personne du Roi ? Il est impossible, Messieurs, de ne pals reconnaître la bonne foi de l'écrivain, puisqu'elle est constatée publique-ment par les procès-verbaux de la Chambre qui l'ont formée et si, comme le ministère public le demande, à défaut de preuve matérielle, c'est-à-dire à défaut de culpabilité, puisqu'il ne peut y avoir de criminalité sans fait criminel, et puisque l'intention ne peut être invoquée que par l'accusé si, dis-je, comme le ministère public le demande, vous jugez d'après l'intention, vous ne pourrez voir l'intention d'offenser la personne du Roi, lorsqu'il a été jugé , par la décision la plus solennelle et la plus légale des mandataires de la nation , et par l'organe lé-gislatif de la société , que l'on n'offensait pas la personne du Roi en critiquant les actes des agens de la liste civile. Tous les principes ne viennent-ils pas à l'appui de cette décision? N'est-ce pas par l'application du grand prin-cipe que la personne auguste du monarque est seule in-violable dans l'Etat, qu'il faut juger la question? Si l'on admet, comme il est impossible de le contester, que le ministère ne saurait jouir du privilége de l'in-violabilité, il faut admettre que les agens de la liste civile ne peuvent être plus sacrés. Vous avez déjà entendu des membres de la Chambre même des plus ardens à demander le rappel à l'ordre de M. Manuel, reconnaître que les actes de la liste civile pouvaient être critiqués i , s'ils étaient contraires aux lois, aux règles existantes. Tel était le prin-i Discours de M. Benoît. Moniteur du 3o avril 1820.
36 liste civile? Lorsque, malgré le danger des antécédens pré-senté par un membre, la Chambre des députés venait de reconnaître par un précédent si notable que les agens de la liste civile ne pouvaient pas plus que ses ministres être considérés comme composant la personne du Roi ? Il est impossible, Messieurs, de ne pals reconnaître la bonne foi de l'écrivain, puisqu'elle est constatée publique-ment par les procès-verbaux de la Chambre qui l'ont formée et si, comme le ministère public le demande, à défaut de preuve matérielle, c'est-à-dire à défaut de culpabilité, puisqu'il ne peut y avoir de criminalité sans fait criminel, et puisque l'intention ne peut être invoquée que par l'accusé si, dis-je, comme le ministère public le demande, vous jugez d'après l'intention, vous ne pourrez voir l'intention d'offenser la personne du Roi, lorsqu'il a été jugé , par la décision la plus solennelle et la plus légale des mandataires de la nation , et par l'organe lé-gislatif de la société , que l'on n'offensait pas la personne du Roi en critiquant les actes des agens de la liste civile. Tous les principes ne viennent-ils pas à l'appui de cette décision? N'est-ce pas par l'application du grand prin-cipe que la personne auguste du monarque est seule in-violable dans l'Etat, qu'il faut juger la question? Si l'on admet, comme il est impossible de le contester, que le ministère ne saurait jouir du privilége de l'in-violabilité, il faut admettre que les agens de la liste civile ne peuvent être plus sacrés. Vous avez déjà entendu des membres de la Chambre même des plus ardens à demander le rappel à l'ordre de M. Manuel, reconnaître que les actes de la liste civile pouvaient être critiqués i , s'ils étaient contraires aux lois, aux règles existantes. Tel était le prin-@i Discours de M. Benoît. Moniteur du 3o avril 1820.
36 liste civile? Lorsque, malgré le danger des antécédens pré-senté par un membre, la Chambre des députés venait de reconnaître par un précédent si notable que les agens de la liste civile ne pouvaient pas plus que ses ministres être considérés comme composant la personne du Roi@? Il est impossible, Messieurs, de ne pa@s reconnaître la bonne foi de l'écrivain, puisqu'elle est constatée publique-ment par les procès-verbaux de la Chambre qui l'ont formée et si, comme le ministère public le demande, à défaut de preuve matérielle, c'est-à-dire à défaut de culpabilité, puisqu'il ne peut y avoir de criminalité sans fait criminel, et puisque l'intention ne peut être invoquée que par l'accusé si, dis-je, comme le ministère public le demande, vous jugez d'après l'intention, vous ne pourrez voir l'intention d'offenser la personne du Roi, lorsqu'il a été jugé@, par la décision la plus solennelle et la plus légale des mandataires de la nation@, et par l'organe lé-gislatif de la société@, que l'on n'offensait pas la personne du Roi en critiquant les actes des agens de la liste civile. Tous les principes ne viennent-ils pas à l'appui de cette décision? N'est-ce pas par l'application du grand prin-cipe que la personne auguste du monarque est seule in-violable dans l'Etat, qu'il faut juger la question? Si l'on admet, comme il est impossible de le contester, que le ministère ne saurait jouir du privilége de l'in-violabilité, il faut admettre que les agens de la liste civile ne peuvent être plus sacrés. Vous avez déjà entendu des membres de la Chambre même des plus ardens à demander le rappel à l'ordre de M. Manuel, reconnaître que les actes de la liste civile pouvaient être critiqués 1 , s'ils étaient contraires aux lois, aux règles existantes. Tel était le prin- 1 Discours de M. Benoît. Moniteur du 30 avril 1820.
36 liste civile? Lorsque, malgré le danger des antécédens pré-senté par un membre, la Chambre des députés venait de reconnaître par un précédent si notable que les agens de la liste civile ne pouvaient pas plus que ses ministres être considérés comme composant la personne du Roi@? Il est impossible, Messieurs, de ne pa@s reconnaître la bonne foi de l'écrivain, puisqu'elle est constatée publique-ment par les procès-verbaux de la Chambre qui l'ont formée et si, comme le ministère public le demande, à défaut de preuve matérielle, c'est-à-dire à défaut de culpabilité, puisqu'il ne peut y avoir de criminalité sans fait criminel, et puisque l'intention ne peut être invoquée que par l'accusé si, dis-je, comme le ministère public le demande, vous jugez d'après l'intention, vous ne pourrez voir l'intention d'offenser la personne du Roi, lorsqu'il a été jugé@, par la décision la plus solennelle et la plus légale des mandataires de la nation@, et par l'organe lé-gislatif de la société@, que l'on n'offensait pas la personne du Roi en critiquant les actes des agens de la liste civile. Tous les principes ne viennent-ils pas à l'appui de cette décision? N'est-ce pas par l'application du grand prin-cipe que la personne auguste du monarque est seule in-violable dans l'Etat, qu'il faut juger la question? Si l'on admet, comme il est impossible de le contester, que le ministère ne saurait jouir du privilége de l'in-violabilité, il faut admettre que les agens de la liste civile ne peuvent être plus sacrés. Vous avez déjà entendu des membres de la Chambre même des plus ardens à demander le rappel à l'ordre de M. Manuel, reconnaître que les actes de la liste civile pouvaient être critiqués 1 , s'ils étaient contraires aux lois, aux règles existantes. Tel était le prin- 1 Discours de M. Benoît. Moniteur du 30 avril 1820.
36 liste civile? Lorsque, malgré le danger des antécédens pré-senté par un membre, la Chambre des députés venait de reconnaître par un précédent si notable que les agens de la liste civile ne pouvaient pas plus que ses ministres être considérés comme composant la personne du Roi? Il est impossible, Messieurs, de ne pas reconnaître la bonne foi de l'écrivain, puisqu'elle est constatée publique-ment par les procès-verbaux de la Chambre qui l'ont formée et si, comme le ministère public le demande, à défaut de preuve matérielle, c'est-à-dire à défaut de culpabilité, puisqu'il ne peut y avoir de criminalité sans fait criminel, et puisque l'intention ne peut être invoquée que par l'accusé si, dis-je, comme le ministère public le demande, vous jugez d'après l'intention, vous ne pourrez voir l'intention d'offenser la personne du Roi, lorsqu'il a été jugé, par la décision la plus solennelle et la plus légale des mandataires de la nation, et par l'organe lé-gislatif de la société, que l'on n'offensait pas la personne du Roi en critiquant les actes des agens de la liste civile. Tous les principes ne viennent-ils pas à l'appui de cette décision? N'est-ce pas par l'application du grand prin-cipe que la personne auguste du monarque est seule in-violable dans l'Etat, qu'il faut juger la question? Si l'on admet, comme il est impossible de le contester, que le ministère ne saurait jouir du privilége de l'in-violabilité, il faut admettre que les agens de la liste civile ne peuvent être plus sacrés. Vous avez déjà entendu des membres de la Chambre même des plus ardens à demander le rappel à l'ordre de M. Manuel, reconnaître que les actes de la liste civile pouvaient être critiqués 1 , s'ils étaient contraires aux lois, aux règles existantes. Tel était le prin- 1 Discours de M. Benoît. Moniteur du 30 avril 1820.
9
0.004937
0.014837
664.txt
1,886
288 L'ART DE MAGNÉTISER où la science était moins avancée, que le diable était inter-venu dans cette affaire, et les magnétiques furent brûlés vifs comme possédés du démon. Il y a quelques années, une dame non moins remarquable par l'élévation de son intelligence que par l'exaltation de ses croyances religieuses, étonnait notre ville par les guéri-sons miraculeuses qu'elle obtenait parfois. Or, n'est-il pas à regretter que des violences déplorables, qu'une émeute dont nous avons à rougir, aient interrompu cette série de faits curieux dont la science devait relever et scruter toutes les circonstances, dont une philosophie éclairée eût dû pro-téger l'étude, en écartant avec énergie les obstacles que voulaient lui imposer l'ignorance et les préjugés? Quant à moi, je le dis hautement, ma conviction est bien établie. Je crois que, dans les temples de l'Inde, de l'Egypte et de la Grèce, le magnétisme était employé comme moyen curatif. Je crois qu'aux premiers jours du christianisme, les extatiques religieux de l'époque ont souvent présenté les phénomènes d'insensibilité si bien connus et décrits aujour-d'hui. Je crois notamment que le martyre de sainte Perpé-tue, à Carthage, en fournit une preuve irrévocable. Je crois que les extatiques du diacre Paris ont présenté les mêmes phénomènes, et que le célèbre chirurgien Morand n'a pas été dupe dans l'examen qu'il en a fait. Je crois au caractère contagieux de l'état d'extase, et, par suite, je crois à ce qui est raconté par les historiens, sur les extatiques des Cévennes, sur l'affaire d'Urbain Grandier et sur un grand nombre d'autres. Je crois de plus que le magnétisme animal peut être, dans la chorée, les paralysies locales, le tic douloureux, l'amé-norrhée, la catalepsie, un moyen de guérison plus puissant et moins douloureux que le galvanisme lui-même, qui con-vient à la plupart de ces affections. Je n'ai donc aucune répugnance à admettre que M. Lafon-taine ait pu guérir, chez mon confrère, le docteur Recurt, du faubourg Saint-Antoine, un paralytique auquel il a rendu
288 L'ART DE MAGNÉTISER où la science était moins avancée, que le diable était inter-venu dans cette affaire, et les magnétiques furent brûlés vifs comme possédés du démon. Il y a quelques années, une dame non moins remarquable par l'élévation de son intelligence que par l'exaltation de ses croyances religieuses, étonnait notre ville par les guéri-sons miraculeuses qu'elle obtenait parfois. Or, n'est-il pas à regretter que des violences déplorables, qu'une émeute dont nous avons à rougir, aient interrompu cette série de faits curieux dont la science devait relever et scruter toutes les circonstances, dont une philosophie éclairée eût dû pro-téger l'étude, en écartant avec énergie les obstacles que voulaient lui imposer l'ignorance et les préjugés? Quant à moi, je le dis hautement, ma conviction est bien établie. Je crois que, dans les temples de l'Inde, de l'Egypte et de la Grèce, le magnétisme était employé comme moyen curatif. Je crois qu'aux premiers jours du christianisme, les extatiques religieux de l'époque ont souvent présenté les phénomènes d'insensibilité si bien connus et décrits aujour-d'hui. Je crois notamment que le martyre de sainte Perpé-tue, à Carthage, en fournit une preuve irrévocable. Je crois que les extatiques du diacre Paris ont présenté les mêmes phénomènes, et que le célèbre chirurgien Morand n'a pas été dupe dans l'examen qu'il en a fait. Je crois au caractère contagieux de l'état d'extase, et, par suite, je crois à ce qui est raconté par les historiens, sur les extatiques des Cévennes, sur l'affaire d'Urbain Grandier et sur un grand nombre d'autres. Je crois de plus que le magnétisme animal peut être, dans la chorée, les paralysies locales, le tic douloureux, l'amé-norrhée, la catalepsie, un moyen de guérison plus puissant et moins douloureux que le galvanisme lui-même, qui con-vient à la plupart de ces affections. Je n'ai donc aucune répugnance à admettre que M. Lafon-taine ait pu guérir, chez mon confrère, le docteur Recurt, du faubourg Saint-Antoine, un paralytique auquel il a rendu
288 L'ART DE MAGNÉTISER où la science était moins avancée, que le diable était inter-venu dans cette affaire, et les magnétiques furent brûlés vifs comme possédés du démon. Il y a quelques années, une dame non moins remarquable par l'élévation de son intelligence que par l'exaltation de ses croyances religieuses, étonnait notre ville par les guéri-sons miraculeuses qu'elle obtenait parfois. Or, n'est-il pas à regretter que des violences déplorables, qu'une émeute dont nous avons à rougir, aient interrompu cette série de faits curieux dont la science devait relever et scruter toutes les circonstances, dont une philosophie éclairée eût dû pro-téger l'étude, en écartant avec énergie les obstacles que voulaient lui imposer l'ignorance et les préjugés? Quant à moi, je le dis hautement, ma conviction est bien établie. Je crois que, dans les temples de l'Inde, de l'Égypte et de la Grèce, le magnétisme était employé comme moyen curatif. Je crois qu'aux premiers jours du christianisme, les extatiques religieux de l'époque ont souvent présenté les phénomènes d'insensibilité si bien connus et décrits aujour-d'hui. Je crois notamment que le martyre de sainte Perpé-tue, à Carthage, en fournit une preuve irrévocable. Je crois que les extatiques du diacre Pâris ont présenté les mêmes phénomènes, et que le célèbre chirurgien Morand n'a pas été dupe dans l'examen qu'il en a fait. Je crois au caractère contagieux de l'état d'extase, et, par suite, je crois à ce qui est raconté par les historiens, sur les extatiques des Cévennes, sur l'affaire d'Urbain Grandier et sur un grand nombre d'autres. Je crois de plus que le magnétisme animal peut être, dans la chorée, les paralysies locales, le tic douloureux, l'amé-norrhée, la catalepsie, un moyen de guérison plus puissant et moins douloureux que le galvanisme lui-même, qui con-vient à la plupart de ces affections. Je n'ai donc aucune répugnance à admettre que M. Lafon-taine ait pu guérir, chez mon confrère, le docteur Recurt, du faubourg Saint-Antoine, un paralytique auquel il a rendu
288 L'ART DE MAGNÉTISER où la science était moins avancée, que le diable était inter-venu dans cette affaire, et les magnétiques furent brûlés vifs comme possédés du démon. Il y a quelques années, une dame non moins remarquable par l'élévation de son intelligence que par l'exaltation de ses croyances religieuses, étonnait notre ville par les guéri-sons miraculeuses qu'elle obtenait parfois. Or, n'est-il pas à regretter que des violences déplorables, qu'une émeute dont nous avons à rougir, aient interrompu cette série de faits curieux dont la science devait relever et scruter toutes les circonstances, dont une philosophie éclairée eût dû pro-téger l'étude, en écartant avec énergie les obstacles que voulaient lui imposer l'ignorance et les préjugés? Quant à moi, je le dis hautement, ma conviction est bien établie. Je crois que, dans les temples de l'Inde, de l'Égypte et de la Grèce, le magnétisme était employé comme moyen curatif. Je crois qu'aux premiers jours du christianisme, les extatiques religieux de l'époque ont souvent présenté les phénomènes d'insensibilité si bien connus et décrits aujour-d'hui. Je crois notamment que le martyre de sainte Perpé-tue, à Carthage, en fournit une preuve irrévocable. Je crois que les extatiques du diacre Pâris ont présenté les mêmes phénomènes, et que le célèbre chirurgien Morand n'a pas été dupe dans l'examen qu'il en a fait. Je crois au caractère contagieux de l'état d'extase, et, par suite, je crois à ce qui est raconté par les historiens, sur les extatiques des Cévennes, sur l'affaire d'Urbain Grandier et sur un grand nombre d'autres. Je crois de plus que le magnétisme animal peut être, dans la chorée, les paralysies locales, le tic douloureux, l'amé-norrhée, la catalepsie, un moyen de guérison plus puissant et moins douloureux que le galvanisme lui-même, qui con-vient à la plupart de ces affections. Je n'ai donc aucune répugnance à admettre que M. Lafon-taine ait pu guérir, chez mon confrère, le docteur Recurt, du faubourg Saint-Antoine, un paralytique auquel il a rendu
288 L'ART DE MAGNÉTISER où la science était moins avancée, que le diable était inter-venu dans cette affaire, et les magnétiques furent brûlés vifs comme possédés du démon. Il y a quelques années, une dame non moins remarquable par l'élévation de son intelligence que par l'exaltation de ses croyances religieuses, étonnait notre ville par les guéri-sons miraculeuses qu'elle obtenait parfois. Or, n'est-il pas à regretter que des violences déplorables, qu'une émeute dont nous avons à rougir, aient interrompu cette série de faits curieux dont la science devait relever et scruter toutes les circonstances, dont une philosophie éclairée eût dû pro-téger l'étude, en écartant avec énergie les obstacles que voulaient lui imposer l'ignorance et les préjugés? Quant à moi, je le dis hautement, ma conviction est bien établie. Je crois que, dans les temples de l'Inde, de l'Égypte et de la Grèce, le magnétisme était employé comme moyen curatif. Je crois qu'aux premiers jours du christianisme, les extatiques religieux de l'époque ont souvent présenté les phénomènes d'insensibilité si bien connus et décrits aujour-d'hui. Je crois notamment que le martyre de sainte Perpé-tue, à Carthage, en fournit une preuve irrévocable. Je crois que les extatiques du diacre Pâris ont présenté les mêmes phénomènes, et que le célèbre chirurgien Morand n'a pas été dupe dans l'examen qu'il en a fait. Je crois au caractère contagieux de l'état d'extase, et, par suite, je crois à ce qui est raconté par les historiens, sur les extatiques des Cévennes, sur l'affaire d'Urbain Grandier et sur un grand nombre d'autres. Je crois de plus que le magnétisme animal peut être, dans la chorée, les paralysies locales, le tic douloureux, l'amé-norrhée, la catalepsie, un moyen de guérison plus puissant et moins douloureux que le galvanisme lui-même, qui con-vient à la plupart de ces affections. Je n'ai donc aucune répugnance à admettre que M. Lafon-taine ait pu guérir, chez mon confrère, le docteur Recurt, du faubourg Saint-Antoine, un paralytique auquel il a rendu
2
0.000978
0.005405
857.txt
1,858
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 165 - Peste ! reprit Melchior résolu à pousser jusqu'au bout-ses avantages, quel morceau de roi 1 - Quoi donc qu'est-ce? dit Ludovic en essayant de se remettre et tournant le dos à la croisée pour rompre la per-spective. -.. - Bon ! s'écria Melchior voilà qui est savamment ma-noeuvré un chevalier n'y eût pas mis tant de façon cette conduite vous honore, Ludovic ! - Trêve à ces plaisanteries, dit celui-ci en se piquant. Il s'efforçait en même temps d'entraîner Melchior vers un -point de sa chambre d'où sa curiosité fût déroutée mais il avait affaire à un maître dans l'art de la stratégie, et ses ef-forts ne servaient qu'à le trahir de plus en plus. - Des plaisanteries J des plaisanteries 1 dit le vétéran des écoles en conservant sa position mais c'est une plaisanterie charmante, dans tous les cas 1 Un beau brin de fille, ma foi ! et modeste, à ce qu'il semble 1 Voyez si elle bouge seule-ment 1 pas même un coup d'oeil 1 Rien, absolument rien ! ab-sence complète de coquetterie ! chez une femme, c'est du nouveau. - Melchior, s'écria Ludovic avec impatience, plus de ces propos, je vous en supplie, et ayez un peu de tenue, si vous ne vouez pas me désobliger. - Allons, voilà que vous vous fâchez 1 Mauvais signe, mon garçon, mauvais signe 1 Il faut que vous en teniez joli-ment! - Moi ?. quelle supposition 1 - Écoutez, Ludovic, reprit Melchior plus gravement, entre camarades, C¡st mal de jouer au fin. Vis-à-vis d'un-ancien, surtout, la franchise est de rigueur. Soyez sincère il y a tout profit à l'être. Que diable 1 on sait vivre on a été jeune comme vous on y a'passé comme tout le monde y passe on fait la part de cet organe que l'on nomme le coeur, et qui est le plus funeste instrument que nous ait donné la nature. De la, franchi se, vous dis-je, vous vous en trouverez bien. Si vous avez besoin d'un bon conseil, je suis là d'un peu d'aide, je suis là encore. Un vieux routier en sait long sur l'article ni les grands ni les petits moyens ne lui sont étrangers. Là où un autre désespère, il réussit, c'est une question d'habitude et d'expérience. Combien de débutants
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 165 - Peste ! reprit Melchior résolu à pousser jusqu'au bout-ses avantages, quel morceau de roi 1 - Quoi donc@ qu'est-ce@? dit Ludovic en essayant de se remettre et tournant le dos à la croisée pour rompre la per-spective. -.. - Bon ! s'écria Melchior voilà qui est savamment ma-noeuvré un chevalier n'y eût pas mis tant de façon cette conduite vous honore, Ludovic ! - Trêve à ces plaisanteries, dit celui-ci en se piquant. Il s'efforçait en même temps d'entraîner Melchior vers un -point de sa chambre d'où sa curiosité fût déroutée mais il avait affaire à un maître dans l'art de la stratégie, et ses ef-forts ne servaient qu'à le trahir de plus en plus. - Des plaisanteries J des plaisanteries 1 dit le vétéran des écoles en conservant sa position mais c'est une plaisanterie charmante, dans tous les cas 1 Un beau brin de fille, ma foi ! et modeste, à ce qu'il semble 1 Voyez si elle bouge seule-ment 1 pas même un coup d'oeil 1 Rien, absolument rien ! ab-sence complète de coquetterie ! chez une femme, c'est du nouveau. - Melchior, s'écria Ludovic avec impatience, plus de ces propos, je vous en supplie, et ayez un peu de tenue, si vous ne vou@ez pas me désobliger. - Allons, voilà que vous vous fâchez 1 Mauvais signe, mon garçon, mauvais signe 1 Il faut que vous en teniez joli-ment@! - Moi ?.@ quelle supposition 1 - Écoutez, Ludovic, reprit Melchior plus gravement, entre camarades, C@¡st mal de jouer au fin. Vis-à-vis d'un-ancien, surtout, la franchise est de rigueur. Soyez sincère il y a tout profit à l'être. Que diable 1 on sait vivre on a été jeune comme vous on y a'passé comme tout le monde y passe on fait la part de cet organe que l'on nomme le coeur, et qui est le plus funeste instrument que nous ait donné la nature. De la, franchi se, vous dis-je, vous vous en trouverez bien. Si vous avez besoin d'un bon conseil, je suis là d'un peu d'aide, je suis là encore. Un vieux routier en sait long sur l'article ni les grands ni les petits moyens ne lui sont étrangers. Là où un autre désespère, il réussit, c'est une question d'habitude et d'expérience. Combien de débutants
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 165 -@Peste ! reprit Melchior résolu à pousser jusqu'au bout ses avantages, quel morceau de roi ! -@Quoi donc, qu'est-ce ? dit Ludovic en essayant de se remettre et tournant le dos à la croisée pour rompre la per-spective@@@@. -@Bon ! s'écria Melchior voilà qui est savamment ma-noeuvré un chevalier n'y eût pas mis tant de façon cette conduite vous honore, Ludovic ! -@Trêve à ces plaisanteries, dit celui-ci en se piquant. Il s'efforçait en même temps d'entraîner Melchior vers un @point de sa chambre d'où sa curiosité fût déroutée mais il avait affaire à un maître dans l'art de la stratégie, et ses ef-forts ne servaient qu'à le trahir de plus en plus. -@Des plaisanteries ! des plaisanteries ! dit le vétéran des écoles en conservant sa position mais c'est une plaisanterie charmante, dans tous les cas ! Un beau brin de fille, ma foi ! et modeste, à ce qu'il semble ! Voyez si elle bouge seule-ment ! pas même un coup d'oeil ! Rien, absolument rien ! ab-sence complète de coquetterie ! chez une femme, c'est du nouveau. -@Melchior, s'écria Ludovic avec impatience, plus de ces propos, je vous en supplie, et ayez un peu de tenue, si vous ne voulez pas me désobliger. -@Allons, voilà que vous vous fâchez ! Mauvais signe, mon garçon, mauvais signe ! Il faut que vous en teniez joli-ment ! -@Moi ?.. quelle supposition ! -@Écoutez, Ludovic, reprit Melchior plus gravement, entre camarades, c'est mal de jouer au fin. Vis-à-vis d'un ancien, surtout, la franchise est de rigueur. Soyez sincère il y a tout profit à l'être. Que diable ! on sait vivre on a été jeune comme vous on y a passé comme tout le monde y passe on fait la part de cet organe que l'on nomme le coeur, et qui est le plus funeste instrument que nous ait donné la nature. De la@ franchi@se, vous dis-je, vous vous en trouverez bien. Si vous avez besoin d'un bon conseil, je suis là d'un peu d'aide, je suis là encore. Un vieux routier en sait long sur l'article ni les grands ni les petits moyens ne lui sont étrangers. Là où un autre désespère, il réussit, c'est une question d'habitude et d'expérience. Combien de débutants
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 165 -@Peste ! reprit Melchior résolu à pousser jusqu'au bout ses avantages, quel morceau de roi ! -@Quoi donc, qu'est-ce ? dit Ludovic en essayant de se remettre et tournant le dos à la croisée pour rompre la per-spective@@@@. -@Bon ! s'écria Melchior voilà qui est savamment ma-noeuvré un chevalier n'y eût pas mis tant de façon cette conduite vous honore, Ludovic ! -@Trêve à ces plaisanteries, dit celui-ci en se piquant. Il s'efforçait en même temps d'entraîner Melchior vers un @point de sa chambre d'où sa curiosité fût déroutée mais il avait affaire à un maître dans l'art de la stratégie, et ses ef-forts ne servaient qu'à le trahir de plus en plus. -@Des plaisanteries ! des plaisanteries ! dit le vétéran des écoles en conservant sa position mais c'est une plaisanterie charmante, dans tous les cas ! Un beau brin de fille, ma foi ! et modeste, à ce qu'il semble ! Voyez si elle bouge seule-ment ! pas même un coup d'oeil ! Rien, absolument rien ! ab-sence complète de coquetterie ! chez une femme, c'est du nouveau. -@Melchior, s'écria Ludovic avec impatience, plus de ces propos, je vous en supplie, et ayez un peu de tenue, si vous ne voulez pas me désobliger. -@Allons, voilà que vous vous fâchez ! Mauvais signe, mon garçon, mauvais signe ! Il faut que vous en teniez joli-ment ! -@Moi ?.. quelle supposition ! -@Écoutez, Ludovic, reprit Melchior plus gravement, entre camarades, c'est mal de jouer au fin. Vis-à-vis d'un ancien, surtout, la franchise est de rigueur. Soyez sincère il y a tout profit à l'être. Que diable ! on sait vivre on a été jeune comme vous on y a passé comme tout le monde y passe on fait la part de cet organe que l'on nomme le coeur, et qui est le plus funeste instrument que nous ait donné la nature. De la@ franchi@se, vous dis-je, vous vous en trouverez bien. Si vous avez besoin d'un bon conseil, je suis là d'un peu d'aide, je suis là encore. Un vieux routier en sait long sur l'article ni les grands ni les petits moyens ne lui sont étrangers. Là où un autre désespère, il réussit, c'est une question d'habitude et d'expérience. Combien de débutants
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 165 -Peste ! reprit Melchior résolu à pousser jusqu'au bout ses avantages, quel morceau de roi ! -Quoi donc, qu'est-ce ? dit Ludovic en essayant de se remettre et tournant le dos à la croisée pour rompre la per-spective. -Bon ! s'écria Melchior voilà qui est savamment ma-noeuvré un chevalier n'y eût pas mis tant de façon cette conduite vous honore, Ludovic ! -Trêve à ces plaisanteries, dit celui-ci en se piquant. Il s'efforçait en même temps d'entraîner Melchior vers un point de sa chambre d'où sa curiosité fût déroutée mais il avait affaire à un maître dans l'art de la stratégie, et ses ef-forts ne servaient qu'à le trahir de plus en plus. -Des plaisanteries ! des plaisanteries ! dit le vétéran des écoles en conservant sa position mais c'est une plaisanterie charmante, dans tous les cas ! Un beau brin de fille, ma foi ! et modeste, à ce qu'il semble ! Voyez si elle bouge seule-ment ! pas même un coup d'oeil ! Rien, absolument rien ! ab-sence complète de coquetterie ! chez une femme, c'est du nouveau. -Melchior, s'écria Ludovic avec impatience, plus de ces propos, je vous en supplie, et ayez un peu de tenue, si vous ne voulez pas me désobliger. -Allons, voilà que vous vous fâchez ! Mauvais signe, mon garçon, mauvais signe ! Il faut que vous en teniez joli-ment ! -Moi ?.. quelle supposition ! -Écoutez, Ludovic, reprit Melchior plus gravement, entre camarades, c'est mal de jouer au fin. Vis-à-vis d'un ancien, surtout, la franchise est de rigueur. Soyez sincère il y a tout profit à l'être. Que diable ! on sait vivre on a été jeune comme vous on y a passé comme tout le monde y passe on fait la part de cet organe que l'on nomme le coeur, et qui est le plus funeste instrument que nous ait donné la nature. De la franchise, vous dis-je, vous vous en trouverez bien. Si vous avez besoin d'un bon conseil, je suis là d'un peu d'aide, je suis là encore. Un vieux routier en sait long sur l'article ni les grands ni les petits moyens ne lui sont étrangers. Là où un autre désespère, il réussit, c'est une question d'habitude et d'expérience. Combien de débutants
38
0.017984
0.090278
843.txt
1,858
148 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. II Dans la maison qui faisait face à l'hôtel garni et au niveau de ses propres croisées, existait un logement que, tout ab-sorbé qu'il fût par l'étude, Ludovic n'avait pu s'empêcher de remarquer. Ce logement se composait de deux pièces sous les toits et répondait à la condition modeste des personnes qui l'occupaient. Cependant il était impossible de n'être point frappé de l'ordre qui y régnait et de certains détails qui an-nonçaient une aisance antérieure. Quelques meubles avaient un cachet de luxe peu en rapport avec le domicile et la mo-dicité probable du loyer. Pourquoi ce contraste? Y fallait-il voir les indices de quelque revers de fortune ou bien un fait assez habituel parmi les existences équivoques? Ludovic n'avait ni le désir, ni l'expérience nécessaire pour éclaircir ce point délicat. Voici ce qui lui arriva sans qu'il l'eût cherché, et malgré lui -pour ainsi dire. Aux premiers jours de printemps, et quand la température se fut attiédie, il ouvrit ses croisées au soleil comme au seul bienfaiteur de son humble demeure, en lui demandant un peu de cette chaleur que ni le bois, ni le char-bon de pierre ne pouvaient lui donner. Tout se réveillait au-tour de lui comme d'un long engourdissement. Les moineaux s'accouplaient sur les toits, et les arbres des jardins se pa-raient de leur robe verte. Il y avait fête dans la nature, et sa mansarde y prenait part un souffle adouci y pénétrait, £ t les rayons lumineux venaient se briser sur les ardoises. Il faut croire que le -retour de la belle saison. amena dans le logement de vis-à-vis une révolution analogue. Dès la pre-mière quinzaine du mois de mai, la croisée opposée à celle de Ludovic servit comme d'encadrement à une tète cbar-mante, à demi voilée par quelques pots de fleurs. C'était une jeune fille, laborieuse comme lui, comme lui absorbée dans le travail, et, à la manière dont elle tirait l'aiguille, il était aisé de deviner qu'elle s'en faisait une ressource contre le besoin. Le jour naissant la trouvait installée sur son siège,
148 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. II Dans la maison qui faisait face à l'hôtel garni et au niveau de ses propres croisées, existait un logement que, tout ab-sorbé qu'il fût par l'étude, Ludovic n'avait pu s'empêcher de remarquer. Ce logement se composait de deux pièces sous les toits et répondait à la condition modeste des personnes qui l'occupaient. Cependant il était impossible de n'être point frappé de l'ordre qui y régnait et de certains détails qui an-nonçaient une aisance antérieure. Quelques meubles avaient un cachet de luxe peu en rapport avec le domicile et la mo-dicité probable du loyer. Pourquoi ce contraste@? Y fallait-il voir les indices de quelque revers de fortune ou bien un fait assez habituel parmi les existences équivoques@? Ludovic n'avait ni le désir, ni l'expérience nécessaire pour éclaircir ce point délicat. Voici ce qui lui arriva sans qu'il l'eût cherché, et malgré lui -pour ainsi dire. Aux premiers jours de printemps, et quand la température se fut attiédie, il ouvrit ses croisées au soleil comme au seul bienfaiteur de son humble demeure, en lui demandant un peu de cette chaleur que ni le bois, ni le char-bon de pierre ne pouvaient lui donner. Tout se réveillait au-tour de lui comme d'un long engourdissement. Les moineaux s'accouplaient sur les toits, et les arbres des jardins se pa-raient de leur robe verte. Il y avait fête dans la nature, et sa mansarde y prenait part un souffle adouci y pénétrait, £ t les rayons lumineux venaient se briser sur les ardoises. Il faut croire que le -retour de la belle saison. amena dans le logement de vis-à-vis une révolution analogue. Dès la pre-mière quinzaine du mois de mai, la croisée opposée à celle de Ludovic servit comme d'encadrement à une tète cbar-mante, à demi voilée par quelques pots de fleurs. C'était une jeune fille, laborieuse comme lui, comme lui absorbée dans le travail, et, à la manière dont elle tirait l'aiguille, il était aisé de deviner qu'elle s'en faisait une ressource contre le besoin. Le jour naissant la trouvait installée sur son siège,
148 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. II Dans la maison qui faisait face à l'hôtel garni et au niveau de ses propres croisées, existait un logement que, tout ab-sorbé qu'il fût par l'étude. Ludovic n'avait pu s'empêcher de remarquer. Ce logement se composait de deux pièces sous les toits et répondait à la condition modeste des personnes qui l'occupaient. Cependant il était impossible de n'être point frappé de l'ordre qui y régnait et de certains détails qui an-nonçaient une aisance antérieure. Quelques meubles avaient un cachet de luxe peu en rapport avec le domicile et la mo-dicité probable du loyer. Pourquoi ce contraste ? Y fallait-il voir les indices de quelque revers de fortune ou bien un fait assez habituel parmi les existences équivoques ? Ludovic n'avait ni le désir, ni l'expérience nécessaire pour éclaircir ce point délicat. Voici ce qui lui arriva sans qu'il l'eût cherché, et malgré lui @pour ainsi dire. Aux premiers jours de printemps, et quand la température se fut attiédie, il ouvrit ses croisées au soleil comme au seul bienfaiteur de son humble demeure, en lui demandant un peu de cette chaleur que ni le bois, ni le char-bon de pierre ne pouvaient lui donner. Tout se réveillait au-tour de lui comme d'un long engourdissement. Les moineaux s'accouplaient sur les toits, et les arbres des jardins se pa-raient de leur robe verte. Il y avait fête dans la nature, et sa mansarde y prenait part un souffle adouci y pénétrait, @et les rayons lumineux venaient se briser sur les ardoises. Il faut croire que le @retour de la belle saison@ amena dans le logement de vis-à-vis une révolution analogue. Dès la pre-mière quinzaine du mois de mai, la croisée opposée à celle de Ludovic servit comme d'encadrement à une tête char-mante, à demi voilée par quelques pots de fleurs. C'était une jeune fille, laborieuse comme lui, comme lui absorbée dans le travail, et, à la manière dont elle tirait l'aiguille, il était aisé de deviner qu'elle s'en faisait une ressource contre le besoin. Le jour naissant la trouvait installée sur son siège,
148 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. II Dans la maison qui faisait face à l'hôtel garni et au niveau de ses propres croisées, existait un logement que, tout ab-sorbé qu'il fût par l'étude. Ludovic n'avait pu s'empêcher de remarquer. Ce logement se composait de deux pièces sous les toits et répondait à la condition modeste des personnes qui l'occupaient. Cependant il était impossible de n'être point frappé de l'ordre qui y régnait et de certains détails qui an-nonçaient une aisance antérieure. Quelques meubles avaient un cachet de luxe peu en rapport avec le domicile et la mo-dicité probable du loyer. Pourquoi ce contraste ? Y fallait-il voir les indices de quelque revers de fortune ou bien un fait assez habituel parmi les existences équivoques ? Ludovic n'avait ni le désir, ni l'expérience nécessaire pour éclaircir ce point délicat. Voici ce qui lui arriva sans qu'il l'eût cherché, et malgré lui @pour ainsi dire. Aux premiers jours de printemps, et quand la température se fut attiédie, il ouvrit ses croisées au soleil comme au seul bienfaiteur de son humble demeure, en lui demandant un peu de cette chaleur que ni le bois, ni le char-bon de pierre ne pouvaient lui donner. Tout se réveillait au-tour de lui comme d'un long engourdissement. Les moineaux s'accouplaient sur les toits, et les arbres des jardins se pa-raient de leur robe verte. Il y avait fête dans la nature, et sa mansarde y prenait part un souffle adouci y pénétrait, @et les rayons lumineux venaient se briser sur les ardoises. Il faut croire que le @retour de la belle saison@ amena dans le logement de vis-à-vis une révolution analogue. Dès la pre-mière quinzaine du mois de mai, la croisée opposée à celle de Ludovic servit comme d'encadrement à une tête char-mante, à demi voilée par quelques pots de fleurs. C'était une jeune fille, laborieuse comme lui, comme lui absorbée dans le travail, et, à la manière dont elle tirait l'aiguille, il était aisé de deviner qu'elle s'en faisait une ressource contre le besoin. Le jour naissant la trouvait installée sur son siège,
148 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. II Dans la maison qui faisait face à l'hôtel garni et au niveau de ses propres croisées, existait un logement que, tout ab-sorbé qu'il fût par l'étude. Ludovic n'avait pu s'empêcher de remarquer. Ce logement se composait de deux pièces sous les toits et répondait à la condition modeste des personnes qui l'occupaient. Cependant il était impossible de n'être point frappé de l'ordre qui y régnait et de certains détails qui an-nonçaient une aisance antérieure. Quelques meubles avaient un cachet de luxe peu en rapport avec le domicile et la mo-dicité probable du loyer. Pourquoi ce contraste ? Y fallait-il voir les indices de quelque revers de fortune ou bien un fait assez habituel parmi les existences équivoques ? Ludovic n'avait ni le désir, ni l'expérience nécessaire pour éclaircir ce point délicat. Voici ce qui lui arriva sans qu'il l'eût cherché, et malgré lui pour ainsi dire. Aux premiers jours de printemps, et quand la température se fut attiédie, il ouvrit ses croisées au soleil comme au seul bienfaiteur de son humble demeure, en lui demandant un peu de cette chaleur que ni le bois, ni le char-bon de pierre ne pouvaient lui donner. Tout se réveillait au-tour de lui comme d'un long engourdissement. Les moineaux s'accouplaient sur les toits, et les arbres des jardins se pa-raient de leur robe verte. Il y avait fête dans la nature, et sa mansarde y prenait part un souffle adouci y pénétrait, et les rayons lumineux venaient se briser sur les ardoises. Il faut croire que le retour de la belle saison amena dans le logement de vis-à-vis une révolution analogue. Dès la pre-mière quinzaine du mois de mai, la croisée opposée à celle de Ludovic servit comme d'encadrement à une tête char-mante, à demi voilée par quelques pots de fleurs. C'était une jeune fille, laborieuse comme lui, comme lui absorbée dans le travail, et, à la manière dont elle tirait l'aiguille, il était aisé de deviner qu'elle s'en faisait une ressource contre le besoin. Le jour naissant la trouvait installée sur son siège,
10
0.004869
0.023499
738.txt
1,858
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUÈ. 2'I a excédait mes pouvoirs, et j'en devais rester là de mes con-- jectures. Cependant une dernière tâche m'était imposée, et je la remplis. Je rendis compte à mes supérieurs de ce que j'avais vu et entendu, en appuyant sur les circonstances qui me pa-raissaient les plus décisives. Mes déclarations furent reçues, couchées par écrit et transmises aux fonctionnaires chargés d'y donner suite, s'il y avait lieu. Sans doute elles allèrent - s'enfoncer dans les cartons où reposent les affaires sans issue je n'en entendis plus parler, et ce que j'en ai su depuis, c'est à une autre source que je l'ai puisé. A partir de cette orageuse nuit il se fit, autour de l'hôtel Montréal, plus de silence et plus de ténèbres que jamais. Le peu de vie, le peu de mouvement qu'il avait gardé jusque-là s'en retirèrent complètement le sépulcre n'est pas moins froid que ne l'était cette enceinte on aurait pu douter qu'elle renfermât encore des vivants. Aussi échappait-elle désormais aux observations et aux commentaires. Le néant y prévalait. Tout au plus me fut-il permis de noter deux incidents qui se rattachaient à mon enquête antérieure. -Le premier concernait ce jeune homme dont j'avais sur-pris les démarches et pour ainsi dire le secret. Ce fut en vain que je l'attendis sur le théâtre ordinaire de ses opérations il ne reparut plus. Un moment, je crus qu'il avait simplement renoncé à la blouse de l'ouvrier, comme trop connue et trop sujette à le trahir, et qu'il se dérobait à ma surveillance à l'aide d'un autre travestissement. Lequel ? je l'ignorais, et je soumis dès lors tous les passants à une investigation minu-tieuse. Soin inutile ! Rien ne me rappela ni ses airs, ni sa tournure, ni sa physionomie, encore moins ses pauses sur le trottoir par ce seul trait il se fût trahi. J'en conclus que, par un motif ou l'autre, le jeune homme avait abandonné la partie, et qu'il avait dirigé ses visées ailleurs. Le second incidentfutle séquestre absolu de presque tous les habitants de l'hôtel. Seul, le comte sortait encore, mais de loin en loin et pour rentrer presque aussitôt. A cheval et suivi d'un domestique, il s'éloignait au pas, comme s'il lui eût coûté de quitter les lieux lorsqu'il rentrait, c'était de toute la vitesse de sa monture. Quant aux deux femmes, de plusieurs semaines on ne les revit pas les promenades pa-
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUÈ. 2'I a excédait mes pouvoirs, et j'en devais rester là de mes con-- jectures. Cependant une dernière tâche m'était imposée, et je la remplis. Je rendis compte à mes supérieurs de ce que j'avais vu et entendu, en appuyant sur les circonstances qui me pa-raissaient les plus décisives. Mes déclarations furent reçues, couchées par écrit et transmises aux fonctionnaires chargés d'y donner suite, s'il y avait lieu. Sans doute elles allèrent - s'enfoncer dans les cartons où reposent les affaires sans issue je n'en entendis plus parler, et ce que j'en ai su depuis, c'est à une autre source que je l'ai puisé. A partir de cette orageuse nuit il se fit, autour de l'hôtel Montréal, plus de silence et plus de ténèbres que jamais. Le peu de vie, le peu de mouvement qu'il avait gardé jusque-là s'en retirèrent complètement le sépulcre n'est pas moins froid que ne l'était cette enceinte on aurait pu douter qu'elle renfermât encore des vivants. Aussi échappait-elle désormais aux observations et aux commentaires. Le néant y prévalait. Tout au plus me fut-il permis de noter deux incidents qui se rattachaient à mon enquête antérieure. -Le premier concernait ce jeune homme dont j'avais sur-pris les démarches et pour ainsi dire le secret. Ce fut en vain que je l'attendis sur le théâtre ordinaire de ses opérations il ne reparut plus. Un moment, je crus qu'il avait simplement renoncé à la blouse de l'ouvrier, comme trop connue et trop sujette à le trahir, et qu'il se dérobait à ma surveillance à l'aide d'un autre travestissement. Lequel ? je l'ignorais, et je soumis dès lors tous les passants à une investigation minu-tieuse. Soin inutile ! Rien ne me rappela ni ses airs, ni sa tournure, ni sa physionomie, encore moins ses pauses sur le trottoir par ce seul trait il se fût trahi. J'en conclus que, par un motif ou l'autre, le jeune homme avait abandonné la partie, et qu'il avait dirigé ses visées ailleurs. Le second incidentfut@le séquestre absolu de presque tous les habitants de l'hôtel. Seul, le comte sortait encore, mais de loin en loin et pour rentrer presque aussitôt. A cheval et suivi d'un domestique, il s'éloignait au pas, comme s'il lui eût coûté de quitter les lieux lorsqu'il rentrait, c'était de toute la vitesse de sa monture. Quant aux deux femmes, de plusieurs semaines on ne les revit pas les promenades pa-
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 2@@@5 excédait mes pouvoirs, et j'en devais rester là de mes con-@@jectures. Cependant une dernière tâche m'était imposée, et je la remplis. Je rendis compte à mes supérieurs de ce que j'avais vu et entendu, en appuyant sur les circonstances qui me pa-raissaient les plus décisives. Mes déclarations furent reçues, couchées par écrit et transmises aux fonctionnaires chargés d'y donner suite, s'il y avait lieu. Sans doute elles allèrent@@ s'enfoncer dans les cartons où reposent les affaires sans issue je n'en entendis plus parler, et ce que j'en ai su depuis, c'est à une autre source que je l'ai puisé. A partir de cette orageuse nuit il se fit, autour de l'hôtel Montréal, plus de silence et plus de ténèbres que jamais. Le peu de vie, le peu de mouvement qu'il avait gardé jusque-là s'en retirèrent complétement le sépulere n'est pas moins froid que ne l'était cette enceinte on aurait pu douter qu'elle renfermât encore des vivants. Aussi échappait-elle désormais aux observations et aux commentaires. Le néant y prévalait. Tout au plus me fut-il permis de noter deux incidents qui se rattachaient à mon enquête antérieure. @Le premier concernait ce jeune homme dont j'avais sur-pris les démarches et pour ainsi dire le secret. Ce fut en vain que je l'attendis sur le théâtre ordinaire de ses opérations il ne reparut plus. Un moment, je crus qu'il avait simplement renoncé à la blouse de l'ouvrier, comme trop connue et trop sujette à le trahir, et qu'il se dérobait à ma surveillance à l'aide d'un autre travestissement. Lequel ? je l'ignorais, et je soumis dès lors tous les passants à une investigation minu-tieuse. Soin inutile ! Rien ne me rappela ni ses airs, ni sa tournure, ni sa physionomie, encore moins ses pauses sur le trottoir par ce seul trait il se fût trahi. J'en conclus que, par un motif ou l'autre, le jeune homme avait abandonné la partie, et qu'il avait dirigé ses visées ailleurs. Le second incidentfut le sequestre absolu de presque tous les habitants de l'hôtel. Seul, le comte sortait encore, mais de loin en loin et pour rentrer presque aussitôt. A cheval et suivi d'un domestique, il s'éloignait au pas, comme s'il lui eût coûté de quitter les lieux lorsqu'il rentrait, c'était de toute la vitesse de sa monture. Quant aux deux femmes, de plusieurs semaines on ne les revit pas les promenades pa-
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 2@@@5 excédait mes pouvoirs, et j'en devais rester là de mes con-@@jectures. Cependant une dernière tâche m'était imposée, et je la remplis. Je rendis compte à mes supérieurs de ce que j'avais vu et entendu, en appuyant sur les circonstances qui me pa-raissaient les plus décisives. Mes déclarations furent reçues, couchées par écrit et transmises aux fonctionnaires chargés d'y donner suite, s'il y avait lieu. Sans doute elles allèrent@@ s'enfoncer dans les cartons où reposent les affaires sans issue je n'en entendis plus parler, et ce que j'en ai su depuis, c'est à une autre source que je l'ai puisé. A partir de cette orageuse nuit il se fit, autour de l'hôtel Montréal, plus de silence et plus de ténèbres que jamais. Le peu de vie, le peu de mouvement qu'il avait gardé jusque-là s'en retirèrent complétement le sépulere n'est pas moins froid que ne l'était cette enceinte on aurait pu douter qu'elle renfermât encore des vivants. Aussi échappait-elle désormais aux observations et aux commentaires. Le néant y prévalait. Tout au plus me fut-il permis de noter deux incidents qui se rattachaient à mon enquête antérieure. @Le premier concernait ce jeune homme dont j'avais sur-pris les démarches et pour ainsi dire le secret. Ce fut en vain que je l'attendis sur le théâtre ordinaire de ses opérations il ne reparut plus. Un moment, je crus qu'il avait simplement renoncé à la blouse de l'ouvrier, comme trop connue et trop sujette à le trahir, et qu'il se dérobait à ma surveillance à l'aide d'un autre travestissement. Lequel ? je l'ignorais, et je soumis dès lors tous les passants à une investigation minu-tieuse. Soin inutile ! Rien ne me rappela ni ses airs, ni sa tournure, ni sa physionomie, encore moins ses pauses sur le trottoir par ce seul trait il se fût trahi. J'en conclus que, par un motif ou l'autre, le jeune homme avait abandonné la partie, et qu'il avait dirigé ses visées ailleurs. Le second incidentfut le sequestre absolu de presque tous les habitants de l'hôtel. Seul, le comte sortait encore, mais de loin en loin et pour rentrer presque aussitôt. A cheval et suivi d'un domestique, il s'éloignait au pas, comme s'il lui eût coûté de quitter les lieux lorsqu'il rentrait, c'était de toute la vitesse de sa monture. Quant aux deux femmes, de plusieurs semaines on ne les revit pas les promenades pa-
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 25 excédait mes pouvoirs, et j'en devais rester là de mes con-jectures. Cependant une dernière tâche m'était imposée, et je la remplis. Je rendis compte à mes supérieurs de ce que j'avais vu et entendu, en appuyant sur les circonstances qui me pa-raissaient les plus décisives. Mes déclarations furent reçues, couchées par écrit et transmises aux fonctionnaires chargés d'y donner suite, s'il y avait lieu. Sans doute elles allèrent s'enfoncer dans les cartons où reposent les affaires sans issue je n'en entendis plus parler, et ce que j'en ai su depuis, c'est à une autre source que je l'ai puisé. A partir de cette orageuse nuit il se fit, autour de l'hôtel Montréal, plus de silence et plus de ténèbres que jamais. Le peu de vie, le peu de mouvement qu'il avait gardé jusque-là s'en retirèrent complétement le sépulere n'est pas moins froid que ne l'était cette enceinte on aurait pu douter qu'elle renfermât encore des vivants. Aussi échappait-elle désormais aux observations et aux commentaires. Le néant y prévalait. Tout au plus me fut-il permis de noter deux incidents qui se rattachaient à mon enquête antérieure. Le premier concernait ce jeune homme dont j'avais sur-pris les démarches et pour ainsi dire le secret. Ce fut en vain que je l'attendis sur le théâtre ordinaire de ses opérations il ne reparut plus. Un moment, je crus qu'il avait simplement renoncé à la blouse de l'ouvrier, comme trop connue et trop sujette à le trahir, et qu'il se dérobait à ma surveillance à l'aide d'un autre travestissement. Lequel ? je l'ignorais, et je soumis dès lors tous les passants à une investigation minu-tieuse. Soin inutile ! Rien ne me rappela ni ses airs, ni sa tournure, ni sa physionomie, encore moins ses pauses sur le trottoir par ce seul trait il se fût trahi. J'en conclus que, par un motif ou l'autre, le jeune homme avait abandonné la partie, et qu'il avait dirigé ses visées ailleurs. Le second incidentfut le sequestre absolu de presque tous les habitants de l'hôtel. Seul, le comte sortait encore, mais de loin en loin et pour rentrer presque aussitôt. A cheval et suivi d'un domestique, il s'éloignait au pas, comme s'il lui eût coûté de quitter les lieux lorsqu'il rentrait, c'était de toute la vitesse de sa monture. Quant aux deux femmes, de plusieurs semaines on ne les revit pas les promenades pa-
14
0.00594
0.037694
704.txt
1,842
428 M. DE LA ROCHEFOUCAULD. dans cette causerie à mi-voix. Montesquieu dit quelque part que, s'il avait été forcé de vivre en professant, il n'aurait pu. Combien l'on conçoit cela de moralistes surtout, comme La Rochefoucauld, comme Nicole'ou La Bruyère ! Les Maximes sont de ces choses qui ne s'enseignent pas les réciter devant six personnes, c'est déjà trop. On n'accorde à l'auteur qu'il a raison, que dans le tête-à-tête. A l'homme en masse, il faut plutôt du Jean-Jacques ou du La Mennais1. Les Réflexions ou Sentences et Maximes mo-M. de La Rochefoucauld n'était pas sans se rendre très-bien eompte, sous d'autres noms, de ces différences. Segrais en ses ilémoires anecdotes raconte ceci à M. de La Rochefoucauld étoit l'homme du monde le plus poli, qui savoit garder toutes les bienséances, et surtout qui ne se louoit jamais. M. de Roque-laure et M. de Miossens avoient beaucoup d'esprit, mais ils se louoient incessamment ils avoient un grand parti. M. de La Ro-chefoucauld disoit en parlant d'eux, bien loin pourtant de sa pensée Je me repens de la loi que je me suis imposée de ne me pas louer j'aurois beaucoup plus de sectateurs si je le fai-sois. Voyez M. de Roquelaure et M. de Miossens, qui parlent deux heures de suite devant une vingtaine de personnes en se vantant toujours il n'y en a que deux ou trois qui ne peuvent les souffrir, et les dix-sept autres les applaudissent et les regardent a comme des gens qui n'ont point leurs semblables. Si Roque-laure etMiossens avaient mêlé à leur propre éloge celui de leurs auditeurs, ils se seraient encore mieux fait écouter. Dans un gouvernement constitutionnel, où il faut tout haut se louer quelque peu soi-même on en a des exemples et louer à la fois la majorité des assistants, on voit que M. de La Rochefoucauld n'aurait pu être autre chose que ce qu'il fut de son temps, un moraliste toujours.
428 M. DE LA ROCHEFOUCAULD. dans cette causerie à mi-voix. Montesquieu dit quelque part que, s'il avait été forcé de vivre en professant, il n'aurait pu. Combien l'on conçoit cela de moralistes surtout, comme La Rochefoucauld, comme Nicole'ou La Bruyère ! Les Maximes sont de ces choses qui ne s'enseignent pas les réciter devant six personnes, c'est déjà trop. On n'accorde à l'auteur qu'il a raison, que dans le tête-à-tête. A l'homme en masse, il faut plutôt du Jean-Jacques ou du La Mennais1. Les Réflexions ou Sentences et Maximes mo-@@M. de La Rochefoucauld n'était pas sans se rendre très-bien eompte, sous d'autres noms, de ces différences. Segrais en ses ilémoires anecdotes raconte ceci à M. de La Rochefoucauld étoit l'homme du monde le plus poli, qui savoit garder toutes les bienséances, et surtout qui ne se louoit jamais. M. de Roque-laure et M. de Miossens avoient beaucoup d'esprit, mais ils se lou@oient incessamment ils avoient un grand parti. M. de La Ro-chefoucauld disoit en parlant d'eux, bien loin pourtant de sa pensée Je me repens de la loi que je me suis imposée de ne me pas louer j'aurois beaucoup plus de sectateurs si je le fai-@sois. Voyez M. de Roquelaure et M. de Miossens, qui parlent deux heures de suite devant une vingtaine de personnes en se vantant toujours il n'y en a que deux ou trois qui ne peuvent les souffrir, et les dix-sept autres les applaudissent et les regardent a comme des gens qui n'ont point leurs semblables. Si Roque-laure et@Miossens avaient mêlé à leur propre éloge celui de leurs auditeurs, ils se seraient encore mieux fait écouter. Dans un gouvernement constitutionnel, où il faut tout haut se louer quelque peu soi-même on en a des exemples et louer à la fois la majorité des assistants, on voit que M. de La Rochefoucauld n'aurait pu être autre chose que ce qu'il fut de son temps, un moraliste toujours.
### M. DE LA ROCHEFOUCAULD. dans cette causerie à mi-voix. Montesquieu dit quelque part que, s'il avait été forcé de vivre en professant, il n'aurait pu. Combien l'on conçoit cela de moralistes surtout, comme La Rochefoucauld, comme Nicole ou La Bruyère ! Les Maximes sont de ces choses qui ne s'enseignent pas les réciter devant six personnes, c'est déjà trop. On n'accorde à l'auteur qu'il a raison, que dans le tête-à-tête. A l'homme en masse, il faut plutôt du Jean-Jacques ou du La Mennais1. Les Réflexions ou Sentences et Maximes mo-1 M. de La Rochefoucauld n'était pas sans se rendre très-bien compte, sous d'autres noms, de ces différences. Segrais en ses @Mémoires anecdotes raconte ceci @@M. de La Rochefoucauld étoit l'homme du monde le plus poli, qui savoit garder toutes les bienséances, et surtout qui ne se louoit jamais. M. de Roque-laure et M. de Miossens avoient beaucoup d'esprit, mais ils se loueoient incessamment ils avoient un grand parti. M. de La Ro-chefoucauld disoit en parlant d'eux, bien loin pourtant de sa pensée Je me repens de la loi que je me suis imposée de ne me pas louer j'aurois beaucoup plus de sectateurs si je le fai- sois. Voyez M. de Roquelaure et M. de Miossens, qui parlent deux heures de suite devant une vingtaine de personnes en se vantant toujours il n'y en a que deux ou trois qui ne peuvent les souffrir, et les dix-sept autres les applaudissent et les regardent @@comme des gens qui n'ont point leurs semblables. Si Roque-laure et Miossens avaient mêlé à leur propre éloge celui de leurs auditeurs, ils se seraient encore mieux fait écouter. Dans un gouvernement constitutionnel, où il faut tout haut se louer quelque peu soi-même on en a des exemples et louer à la fois la majorité des assistants, on voit que M. de La Rochefoucauld n'aurait pu être autre chose que ce qu'il fut de son temps, un moraliste toujours.
428 M. DE LA ROCHEFOUCAULD. dans cette causerie à mi-voix. Montesquieu dit quelque part que, s'il avait été forcé de vivre en professant, il n'aurait pu. Combien l'on conçoit cela de moralistes surtout, comme La Rochefoucauld, comme Nicole ou La Bruyère ! Les Maximes sont de ces choses qui ne s'enseignent pas les réciter devant six personnes, c'est déjà trop. On n'accorde à l'auteur qu'il a raison, que dans le tête-à-tête. A l'homme en masse, il faut plutôt du Jean-Jacques ou du La Mennais1. Les Réflexions ou Sentences et Maximes mo-1 M. de La Rochefoucauld n'était pas sans se rendre très-bien compte, sous d'autres noms, de ces différences. Segrais en ses @Mémoires anecdotes raconte ceci @@M. de La Rochefoucauld étoit l'homme du monde le plus poli, qui savoit garder toutes les bienséances, et surtout qui ne se louoit jamais. M. de Roque-laure et M. de Miossens avoient beaucoup d'esprit, mais ils se loueoient incessamment ils avoient un grand parti. M. de La Ro-chefoucauld disoit en parlant d'eux, bien loin pourtant de sa pensée Je me repens de la loi que je me suis imposée de ne me pas louer j'aurois beaucoup plus de sectateurs si je le fai- sois. Voyez M. de Roquelaure et M. de Miossens, qui parlent deux heures de suite devant une vingtaine de personnes en se vantant toujours il n'y en a que deux ou trois qui ne peuvent les souffrir, et les dix-sept autres les applaudissent et les regardent @@comme des gens qui n'ont point leurs semblables. Si Roque-laure et Miossens avaient mêlé à leur propre éloge celui de leurs auditeurs, ils se seraient encore mieux fait écouter. Dans un gouvernement constitutionnel, où il faut tout haut se louer quelque peu soi-même on en a des exemples et louer à la fois la majorité des assistants, on voit que M. de La Rochefoucauld n'aurait pu être autre chose que ce qu'il fut de son temps, un moraliste toujours.
428 M. DE LA ROCHEFOUCAULD. dans cette causerie à mi-voix. Montesquieu dit quelque part que, s'il avait été forcé de vivre en professant, il n'aurait pu. Combien l'on conçoit cela de moralistes surtout, comme La Rochefoucauld, comme Nicole ou La Bruyère ! Les Maximes sont de ces choses qui ne s'enseignent pas les réciter devant six personnes, c'est déjà trop. On n'accorde à l'auteur qu'il a raison, que dans le tête-à-tête. A l'homme en masse, il faut plutôt du Jean-Jacques ou du La Mennais1. Les Réflexions ou Sentences et Maximes mo-1 M. de La Rochefoucauld n'était pas sans se rendre très-bien compte, sous d'autres noms, de ces différences. Segrais en ses Mémoires anecdotes raconte ceci M. de La Rochefoucauld étoit l'homme du monde le plus poli, qui savoit garder toutes les bienséances, et surtout qui ne se louoit jamais. M. de Roque-laure et M. de Miossens avoient beaucoup d'esprit, mais ils se loueoient incessamment ils avoient un grand parti. M. de La Ro-chefoucauld disoit en parlant d'eux, bien loin pourtant de sa pensée Je me repens de la loi que je me suis imposée de ne me pas louer j'aurois beaucoup plus de sectateurs si je le fai- sois. Voyez M. de Roquelaure et M. de Miossens, qui parlent deux heures de suite devant une vingtaine de personnes en se vantant toujours il n'y en a que deux ou trois qui ne peuvent les souffrir, et les dix-sept autres les applaudissent et les regardent comme des gens qui n'ont point leurs semblables. Si Roque-laure et Miossens avaient mêlé à leur propre éloge celui de leurs auditeurs, ils se seraient encore mieux fait écouter. Dans un gouvernement constitutionnel, où il faut tout haut se louer quelque peu soi-même on en a des exemples et louer à la fois la majorité des assistants, on voit que M. de La Rochefoucauld n'aurait pu être autre chose que ce qu'il fut de son temps, un moraliste toujours.
13
0.006974
0.036313
923.txt
1,858
242 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. plore votre indulgence. Jusqu'alors point de faute réelle rien qui ne pût être réparé par un mot dit à temps. Mainte-nant tout va s'aggraver, et, d'inconséquence en inconsé-quence, je me laisserai entraîner à des torts irréparables. XXIV Vous devinez, Ludovic, de quoi et de qui je veux par-ler ce qu'il me reste à vous apprendre, c'est la manière dont j'ai été entraînée. Vous savez quel était l'homme logé dans le même hôtel que vous et y occupant l'étage inférieur. Aujourd'hui que mes yeux sont dessillés, je le juge avec plus de sévérité que vous ne le jugez vous-même, et le méprise plus que vous ne pouvez le mépriser. Mais quand j'eus, pour la première fois, l'occasion de le voir, j'étais folle et rieuse comme le sont les enfants, et ne savais pas encore où conduit un premier faux pas. Longtemps je n'avais pas pris garde à Melchior, quoi-qu'il fût un très-ancien commensal de l'hôtel et qu'il eût essayé d'attirer mon attention de toutes les manières. Je le regardais comme une sorte d'original, très-hardi, trés-cdn-tent de lui-même, beau garçon d'ailleurs, et fait pour plaire aux femmes équivoques dont il était entouré. Voici encore un triste aveu, Ludovic, mais je ne suis plus en mesure de vous rien cacher. La première fois que j'arrêtai mon regard sur ce ménage de garçon, ce fut pour y épier ce qui se pas-sait entre lui et ses favorites. La curiosité est si bien dans nos instincts, à nous autres femmes, que nous y cédons, même au prix de quelques risques. Je m'étais donc placée à la fenêtre, de manière à être témoin de ces scènes qui n'a-vaient, comme vous pensez, rien d'édifiant. J'étais à l'abri de mes rideaux et croyais n'être pas vue. Or le hasard fit que Melchior m'aperçut, et c'en fut assez pour amener un coup de théâtre. Il ouvrit brusquement sa croisée, montra son
242 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. plore votre indulgence. Jusqu'alors point de faute réelle rien qui ne pût être réparé par un mot dit à temps. Mainte-nant tout va s'aggraver, et, d'inconséquence en inconsé-quence, je me laisserai entraîner à des torts irréparables. XXIV Vous devinez, Ludovic, de quoi et de qui je veux par-ler ce qu'il me reste à vous apprendre, c'est la manière dont j'ai été entraînée. Vous savez quel était l'homme logé dans le même hôtel que vous et y occupant l'étage inférieur. Aujourd'hui que mes yeux sont dessillés, je le juge avec plus de sévérité que vous ne le jugez vous-même, et le méprise plus que vous ne pouvez le mépriser. Mais quand j'eus, pour la première fois, l'occasion de le voir, j'étais folle et rieuse comme le sont les enfants, et ne savais pas encore où conduit un premier faux pas. Longtemps je n'avais pas pris garde à Melchior, quoi-qu'il fût un très-ancien commensal de l'hôtel et qu'il eût essayé d'attirer mon attention de toutes les manières. Je le regardais comme une sorte d'original, très-hardi, trés-cdn-tent de lui-même, beau garçon d'ailleurs, et fait pour plaire aux femmes équivoques dont il était entouré. Voici encore un triste aveu, Ludovic, mais je ne suis plus en mesure de vous rien cacher. La première fois que j'arrêtai mon regard sur ce ménage de garçon, ce fut pour y épier ce qui se pas-sait entre lui et ses favorites. La curiosité est si bien dans nos instincts, à nous autres femmes, que nous y cédons, même au prix de quelques risques. Je m'étais donc placée à la fenêtre, de manière à être témoin de ces scènes qui n'a-vaient, comme vous pensez, rien d'édifiant. J'étais à l'abri de mes rideaux et croyais n'être pas vue. Or le hasard fit que Melchior m'aperçut, et c'en fut assez pour amener un coup de théâtre. Il ouvrit brusquement sa croisée, montra son
242 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. plore votre indulgence. Jusqu'alors point de faute réelle rien qui ne pût être réparé par un mot dit à temps. Mainte-nant tout va s'aggraver, et, d'inconséquence en inconsé-quence, je me laisserai entraîner à des torts irréparables. XXIV Vous devinez, Ludovic, de quoi et de qui je veux par-ler ce qu'il me reste à vous apprendre, c'est la manière dont j'ai été entraînée. Vous savez quel était l'homme logé dans le même hôtel que vous et y occupant l'étage inférieur. Aujourd'hui que mes yeux sont dessillés, je le juge avec plus de sévérité que vous ne le jugez vous-même, et le méprise plus que vous ne pouvez le mépriser. Mais quand j'eus, pour la première fois, l'occasion de le voir, j'étais folle et rieuse comme le sont les enfants, et ne savais pas encore où conduit un premier faux pas. Longtemps je n'avais pas pris garde à Melchior, quoi-qu'il fût un très-ancien commensal de l'hôtel et qu'il eût essayé d'attirer mon attention de toutes les manières. Je le regardais comme une sorte d'original, très-hardi, très-con-tent de lui-même, beau garçon d'ailleurs, et fait pour plaire aux femmes équivoques dont il était entouré. Voici encore un triste aveu, Ludovic, mais je ne suis plus en mesure de vous rien cacher. La première fois que j'arrêtai mon regard sur ce ménage de garçon, ce fut pour y épier ce qui se pas-sait entre lui et ses favorites. La curiosité est si bien dans nos instincts, à nous autres femmes, que nous y cédons, même au prix de quelques risques. Je m'étais donc placée à la fenêtre, de manière à être témoin de ces scènes qui n'a-vaient, comme vous pensez, rien d'édifiant. J'étais à l'abri de mes rideaux et croyais n'être pas vue. Or le hasard fit que Melchior m'aperçut, et c'en fut assez pour amener un coup de théâtre. Il ouvrit brusquement sa croisée, montra son
242 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. plore votre indulgence. Jusqu'alors point de faute réelle rien qui ne pût être réparé par un mot dit à temps. Mainte-nant tout va s'aggraver, et, d'inconséquence en inconsé-quence, je me laisserai entraîner à des torts irréparables. XXIV Vous devinez, Ludovic, de quoi et de qui je veux par-ler ce qu'il me reste à vous apprendre, c'est la manière dont j'ai été entraînée. Vous savez quel était l'homme logé dans le même hôtel que vous et y occupant l'étage inférieur. Aujourd'hui que mes yeux sont dessillés, je le juge avec plus de sévérité que vous ne le jugez vous-même, et le méprise plus que vous ne pouvez le mépriser. Mais quand j'eus, pour la première fois, l'occasion de le voir, j'étais folle et rieuse comme le sont les enfants, et ne savais pas encore où conduit un premier faux pas. Longtemps je n'avais pas pris garde à Melchior, quoi-qu'il fût un très-ancien commensal de l'hôtel et qu'il eût essayé d'attirer mon attention de toutes les manières. Je le regardais comme une sorte d'original, très-hardi, très-con-tent de lui-même, beau garçon d'ailleurs, et fait pour plaire aux femmes équivoques dont il était entouré. Voici encore un triste aveu, Ludovic, mais je ne suis plus en mesure de vous rien cacher. La première fois que j'arrêtai mon regard sur ce ménage de garçon, ce fut pour y épier ce qui se pas-sait entre lui et ses favorites. La curiosité est si bien dans nos instincts, à nous autres femmes, que nous y cédons, même au prix de quelques risques. Je m'étais donc placée à la fenêtre, de manière à être témoin de ces scènes qui n'a-vaient, comme vous pensez, rien d'édifiant. J'étais à l'abri de mes rideaux et croyais n'être pas vue. Or le hasard fit que Melchior m'aperçut, et c'en fut assez pour amener un coup de théâtre. Il ouvrit brusquement sa croisée, montra son
242 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. plore votre indulgence. Jusqu'alors point de faute réelle rien qui ne pût être réparé par un mot dit à temps. Mainte-nant tout va s'aggraver, et, d'inconséquence en inconsé-quence, je me laisserai entraîner à des torts irréparables. XXIV Vous devinez, Ludovic, de quoi et de qui je veux par-ler ce qu'il me reste à vous apprendre, c'est la manière dont j'ai été entraînée. Vous savez quel était l'homme logé dans le même hôtel que vous et y occupant l'étage inférieur. Aujourd'hui que mes yeux sont dessillés, je le juge avec plus de sévérité que vous ne le jugez vous-même, et le méprise plus que vous ne pouvez le mépriser. Mais quand j'eus, pour la première fois, l'occasion de le voir, j'étais folle et rieuse comme le sont les enfants, et ne savais pas encore où conduit un premier faux pas. Longtemps je n'avais pas pris garde à Melchior, quoi-qu'il fût un très-ancien commensal de l'hôtel et qu'il eût essayé d'attirer mon attention de toutes les manières. Je le regardais comme une sorte d'original, très-hardi, très-con-tent de lui-même, beau garçon d'ailleurs, et fait pour plaire aux femmes équivoques dont il était entouré. Voici encore un triste aveu, Ludovic, mais je ne suis plus en mesure de vous rien cacher. La première fois que j'arrêtai mon regard sur ce ménage de garçon, ce fut pour y épier ce qui se pas-sait entre lui et ses favorites. La curiosité est si bien dans nos instincts, à nous autres femmes, que nous y cédons, même au prix de quelques risques. Je m'étais donc placée à la fenêtre, de manière à être témoin de ces scènes qui n'a-vaient, comme vous pensez, rien d'édifiant. J'étais à l'abri de mes rideaux et croyais n'être pas vue. Or le hasard fit que Melchior m'aperçut, et c'en fut assez pour amener un coup de théâtre. Il ouvrit brusquement sa croisée, montra son
2
0.001088
0.005464
937.txt
1,858
258 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. faire sur lui? En me consultant de sang-froid, je ne trouvais dans mes impressions rien qui ne lui fût désavantageux. Se fier à un homme pareil était-ce possible? N'en avais-je pas assez vu de mes yeux, sans compter les bruits qui étaient arrivés à mes oreilles? Ne savais-je pas à quoi m'en tenir sur ses habitudes, sur ses fréquentations, sur ses désordres? La voix publique ne parlait-elle pas assez haut? Comment dès lors se faire illusion? Comment voir là-dedans l'étoffe d'un mari? A peine y avait-il celle d'un séducteur vulgaire. Eh bien! j'éprouvais, malgré tout, un faible pour lui. Ah 1 si favais su où j'allais, où un pareil oubli devait me conduire, j'aurais recueilli mes forces et résisté à cet entraî-nement. Mais c'était si vague encore et à mon sens si exempt de dangers ! Cet homme m'avait plu, m'avait distraite je ne l'avais pas trouvé si noir que je me l'étais imaginé. Si c'était un monstre, il avait bien caché ses griffes il s'était mis en frais pour moi il avait été aimable, spirituel, décent, sauf sa petite peccadille pourquoi donc un esclandre et une dénon-ciation? Voilà des explications bien subtiles et surtout bien inu-tiles, Ludovic elles ne prouvent qu'une chose, c'est l'éter-nelle inconséquence du coeur. J'avais mille motifs de v us préférer, et j'en préférai un autre vous étiez le choix le plus digne, je m'arrêtai à un indigne choix. Essayez donc de mettre de la logique là-dedans et d'y trouver un sens raison-nable 1 Je m'humilie et y renonce. Quant à vous, n'en soyez point froissé les pleurs que j'ai versés depuis doivent suf-fire à votre vengeance. Tout semblait conspirer contre moi, contre nous. Lorsque vous vîntes me voir dans la matinée, vous étiez sous le poids de vos torts. Vous aviez manqué, quoique involontairement, à la promesse que vous m'aviez faite. De là un certain em-barras dans votre maintien et un malaise qu'il vous fut im-possible de surmonter. De mon côté, j'avais vis-à-vis de vous un autre tort et qui troublait nécessairement ma con-science. Or, rien de plus gênant qu'une semblable situation, mê-lée de griefs réciproques. Notre entrevue s'en ressentit elle fut froide et manqua d'abandon. Qui le sait ? Un mot - eût suffi peut-être pour me mettre sur la voie et m'encourager à
258 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. faire sur lui@? En me consultant de sang-froid, je ne trouvais dans mes impressions rien qui ne lui fût désavantageux. Se fier à un homme pareil était-ce possible@? N'en avais-je pas assez vu de mes yeux, sans compter les bruits qui étaient arrivés à mes oreilles@? Ne savais-je pas à quoi m'en tenir sur ses habitudes, sur ses fréquentations, sur ses désordres@? La voix publique ne parlait-elle pas assez haut@? Comment dès lors se faire illusion@? Comment voir là-dedans l'étoffe d'un mari@? A peine y avait-il celle d'un séducteur vulgaire. Eh bien@! j'éprouvais, malgré tout, un faible pour lui. Ah 1 si @favais su où j'allais, où un pareil oubli devait me conduire, j'aurais recueilli mes forces et résisté à cet entraî-nement. Mais c'était si vague encore et à mon sens si exempt de dangers ! Cet homme m'avait plu, m'avait distraite je ne l'avais pas trouvé si noir que je me l'étais imaginé. Si c'était un monstre, il avait bien caché ses griffes il s'était mis en frais pour moi il avait été aimable, spirituel, décent, sauf sa petite peccadille pourquoi donc un esclandre et une dénon-ciation? Voilà des explications bien subtiles et surtout bien inu-tiles, Ludovic elles ne prouvent qu'une chose, c'est l'éter-nelle inconséquence du coeur. J'avais mille motifs de v us préférer, et j'en préférai un autre vous étiez le choix le plus digne, je m'arrêtai à un indigne choix. Essayez donc de mettre de la logique là-dedans et d'y trouver un sens raison-nable 1 Je m'humilie et y renonce. Quant à vous, n'en soyez point froissé les pleurs que j'ai versés depuis doivent suf-fire à votre vengeance. Tout semblait conspirer contre moi, contre nous. Lorsque vous vîntes me voir dans la matinée, vous étiez sous le poids de vos torts. Vous aviez manqué, quoique involontairement, à la promesse que vous m'aviez faite. De là un certain em-barras dans votre maintien et un malaise qu'il vous fut im-possible de surmonter. De mon côté, j'avais vis-à-vis de vous un autre tort et qui troublait nécessairement ma con-science. Or, rien de plus gênant qu'une semblable situation, mê-lée de griefs réciproques. Notre entrevue s'en ressentit elle fut froide et manqua d'abandon. Qui le sait ? Un mot - eût suffi peut-être pour me mettre sur la voie et m'encourager à
258 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. faire sur lui ? En me consultant de sang-froid, je ne trouvais dans mes impressions rien qui ne lui fût désavantageux. Se fier à un homme pareil était-ce possible ? N'en avais-je pas assez vu de mes yeux, sans compter les bruits qui étaient arrivés à mes oreilles ? Ne savais-je pas à quoi m'en tenir sur ses habitudes, sur ses fréquentations, sur ses désordres ? La voix publique ne parlait-elle pas assez haut ? Comment dès lors se faire illusion ? Comment voir là-dedans l'étoffe d'un mari ? A peine y avait-il celle d'un séducteur vulgaire. Eh bien ! j'éprouvais, malgré tout, un faible pour lui. Ah ! si j'avais su où j'allais, où un pareil oubli devait me conduire, j'aurais recueilli mes forces et résisté à cet entraî-nement. Mais c'était si vague encore et à mon sens si exempt de dangers ! Cet homme m'avait plu, m'avait distraite je ne l'avais pas trouvé si noir que je me l'étais imaginé. Si c'était un monstre, il avait bien caché ses griffes il s'était mis en frais pour moi il avait été aimable, spirituel, décent, sauf sa petite peccadille pourquoi donc un esclandre et une dénon-ciation? Voilà des explications bien subtiles et surtout bien inu-tiles, Ludovic elles ne prouvent qu'une chose, c'est l'éter-nelle inconséquence du coeur. J'avais mille motifs de vous préférer, et j'en préférai un autre vous étiez le choix le plus digne, je m'arrêtai à un indigne choix. Essayez donc de mettre de la logique là-dedans et d'y trouver un sens raison-nable ! Je m'humilie et y renonce. Quant à vous, n'en soyez point froissé les pleurs que j'ai versés depuis doivent suf-fire à votre vengeance. Tout semblait conspirer contre moi, contre nous. Lorsque vous vîntes me voir dans la matinée, vous étiez sous le poids de vos torts. Vous aviez manqué, quoique involontairement, à la promesse que vous m'aviez faite. De là un certain em-barras dans votre maintien et un malaise qu'il vous fut im-possible de surmonter. De mon côté, j'avais vis-à-vis de vous un autre tort et qui troublait nécessairement ma con-science. Or, rien de plus gênant qu'une semblable situation, mê-lée de griefs réciproques. Notre entrevue s'en ressentit elle fut froide et manqua d'abandon. Qui le sait ? Un mot @@eût suffi peut-être pour me mettre sur la voie et m'encourager à
258 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. faire sur lui ? En me consultant de sang-froid, je ne trouvais dans mes impressions rien qui ne lui fût désavantageux. Se fier à un homme pareil était-ce possible ? N'en avais-je pas assez vu de mes yeux, sans compter les bruits qui étaient arrivés à mes oreilles ? Ne savais-je pas à quoi m'en tenir sur ses habitudes, sur ses fréquentations, sur ses désordres ? La voix publique ne parlait-elle pas assez haut ? Comment dès lors se faire illusion ? Comment voir là-dedans l'étoffe d'un mari ? A peine y avait-il celle d'un séducteur vulgaire. Eh bien ! j'éprouvais, malgré tout, un faible pour lui. Ah ! si j'avais su où j'allais, où un pareil oubli devait me conduire, j'aurais recueilli mes forces et résisté à cet entraî-nement. Mais c'était si vague encore et à mon sens si exempt de dangers ! Cet homme m'avait plu, m'avait distraite je ne l'avais pas trouvé si noir que je me l'étais imaginé. Si c'était un monstre, il avait bien caché ses griffes il s'était mis en frais pour moi il avait été aimable, spirituel, décent, sauf sa petite peccadille pourquoi donc un esclandre et une dénon-ciation? Voilà des explications bien subtiles et surtout bien inu-tiles, Ludovic elles ne prouvent qu'une chose, c'est l'éter-nelle inconséquence du coeur. J'avais mille motifs de vous préférer, et j'en préférai un autre vous étiez le choix le plus digne, je m'arrêtai à un indigne choix. Essayez donc de mettre de la logique là-dedans et d'y trouver un sens raison-nable ! Je m'humilie et y renonce. Quant à vous, n'en soyez point froissé les pleurs que j'ai versés depuis doivent suf-fire à votre vengeance. Tout semblait conspirer contre moi, contre nous. Lorsque vous vîntes me voir dans la matinée, vous étiez sous le poids de vos torts. Vous aviez manqué, quoique involontairement, à la promesse que vous m'aviez faite. De là un certain em-barras dans votre maintien et un malaise qu'il vous fut im-possible de surmonter. De mon côté, j'avais vis-à-vis de vous un autre tort et qui troublait nécessairement ma con-science. Or, rien de plus gênant qu'une semblable situation, mê-lée de griefs réciproques. Notre entrevue s'en ressentit elle fut froide et manqua d'abandon. Qui le sait ? Un mot @@eût suffi peut-être pour me mettre sur la voie et m'encourager à
258 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. faire sur lui ? En me consultant de sang-froid, je ne trouvais dans mes impressions rien qui ne lui fût désavantageux. Se fier à un homme pareil était-ce possible ? N'en avais-je pas assez vu de mes yeux, sans compter les bruits qui étaient arrivés à mes oreilles ? Ne savais-je pas à quoi m'en tenir sur ses habitudes, sur ses fréquentations, sur ses désordres ? La voix publique ne parlait-elle pas assez haut ? Comment dès lors se faire illusion ? Comment voir là-dedans l'étoffe d'un mari ? A peine y avait-il celle d'un séducteur vulgaire. Eh bien ! j'éprouvais, malgré tout, un faible pour lui. Ah ! si j'avais su où j'allais, où un pareil oubli devait me conduire, j'aurais recueilli mes forces et résisté à cet entraî-nement. Mais c'était si vague encore et à mon sens si exempt de dangers ! Cet homme m'avait plu, m'avait distraite je ne l'avais pas trouvé si noir que je me l'étais imaginé. Si c'était un monstre, il avait bien caché ses griffes il s'était mis en frais pour moi il avait été aimable, spirituel, décent, sauf sa petite peccadille pourquoi donc un esclandre et une dénon-ciation? Voilà des explications bien subtiles et surtout bien inu-tiles, Ludovic elles ne prouvent qu'une chose, c'est l'éter-nelle inconséquence du coeur. J'avais mille motifs de vous préférer, et j'en préférai un autre vous étiez le choix le plus digne, je m'arrêtai à un indigne choix. Essayez donc de mettre de la logique là-dedans et d'y trouver un sens raison-nable ! Je m'humilie et y renonce. Quant à vous, n'en soyez point froissé les pleurs que j'ai versés depuis doivent suf-fire à votre vengeance. Tout semblait conspirer contre moi, contre nous. Lorsque vous vîntes me voir dans la matinée, vous étiez sous le poids de vos torts. Vous aviez manqué, quoique involontairement, à la promesse que vous m'aviez faite. De là un certain em-barras dans votre maintien et un malaise qu'il vous fut im-possible de surmonter. De mon côté, j'avais vis-à-vis de vous un autre tort et qui troublait nécessairement ma con-science. Or, rien de plus gênant qu'une semblable situation, mê-lée de griefs réciproques. Notre entrevue s'en ressentit elle fut froide et manqua d'abandon. Qui le sait ? Un mot eût suffi peut-être pour me mettre sur la voie et m'encourager à
19
0.008275
0.025057
248.txt
1,845
-49 -violence . Insensible pour lui même à tous les mauvais traitements et aux outrages dont il était personnellement l'objet, le pasteur ne put néan-moins voir sans la plus vive douleur le schisme se consommer dans l'une de ses paroisses, et une portion de son troupeau se précipiter ainsi vers sa perte. Résolu de sauver ces rebelles, pour ainsi dire malgré eux, il eut recours à la seule autorité qu'ils reconnussent encore, à l'ad-ministration du département et le dimanche suivant il revint à Poix, muni d'un arrêté qui enjoignait aux habitants de lui laisser dire libre-ment la messe. L'autorité ne fut pas écoutée. Comme M. Musart approchait du village, il se vit assailli par une partie des gens de Poix qui lui fermèrent le passage. Il essuya de leur part les insultes les plus outrageantes une femme même porta l'insolence jusqu'à lui donner un soufflet enfin on le menaça de le précipiter dans une carrière qui était proche. Je sais souf-frir, leur dit-il, et quoi que vous fassiez, vous trou-verez toujours en moi un père qui se sacrifiera pour voire bonheur. Comme ils paraissaient vouloir exécuter leurs menaces Je ne me ferai pas traîner, dit l'intrépide Musart et en même temps il s'avança jusqu'au bord du précipice. Une dé-marche si hardie et si imprévue déconcerta les furieux enchaînés comme par une force invi-3
-49 -violence . Insensible pour lui même à tous les mauvais traitements et aux outrages dont il était personnellement l'objet, le pasteur ne put néan-moins voir sans la plus vive douleur le schisme se consommer dans l'une de ses paroisses, et une portion de son troupeau se précipiter ainsi vers sa perte. Résolu de sauver ces rebelles, pour ainsi dire malgré eux, il eut recours à la seule autorité qu'ils reconnussent encore, à l'ad-ministration du département et le dimanche suivant il revint à Poix, muni d'un arrêté qui enjoignait aux habitants de lui laisser dire libre-ment la messe. L'autorité ne fut pas écoutée. Comme M. Musart approchait du village, il se vit assailli par une partie des gens de Poix qui lui fermèrent le passage. Il essuya de leur part les insultes les plus outrageantes une femme même porta l'insolence jusqu'à lui donner un soufflet enfin on le menaça de le précipiter dans une carrière qui était proche. Je sais souf-frir, leur dit-il, et quoi que vous fassiez, vous trou-verez toujours en moi un père qui se sacrifiera pour voire bonheur. Comme ils paraissaient vouloir exécuter leurs menaces Je ne me ferai pas traîner, dit l'intrépide Musart et en même temps il s'avança jusqu'au bord du précipice. Une dé-marche si hardie et si imprévue déconcerta les furieux enchaînés comme par une force invi-3
############# . Insensible pour lui même à tous les mauvais traitements et aux outrages dont il était personnellement l'objet, le pasteur ne put néan-moins voir sans la plus vive douleur le schisme se consommer dans l'une de ses paroisses, et une portion de son troupeau se précipiter ainsi vers sa perte. Résolu de sauver ces rebelles, pour ainsi dire malgré eux, il eut recours à la seule autorité qu'ils reconnussent encore, à l'ad-ministration du département et le dimanche suivant il revint à Poix, muni d'un arrêté qui enjoignait aux habitants de lui laisser dire libre-ment la messe. L'autorité ne fut pas écoutée. Comme M. Musart approchait du village, il se vit assailli par une partie des gens de Poix qui lui fermèrent le passage. Il essuya de leur part les insultes les plus outrageantes une femme même porta l'insolence jusqu'à lui donner un soufflet enfin on le menaça de le précipiter dans une carrière qui était proche. Je sais souf-frir, leur dit-il, et quoi que vous fassiez, vous trou-verez toujours en moi un père qui se sacrifiera pour votre bonheur. Comme ils paraissaient vouloir exécuter leurs menaces Je ne me ferai pas traîner, dit l'intrépide Musart et en même temps il s'avança jusqu'au bord du précipice. Une dé-marche si hardie et si imprévue déconcerta les furieux enchaînés comme par une force ######
-49 -violence . Insensible pour lui même à tous les mauvais traitements et aux outrages dont il était personnellement l'objet, le pasteur ne put néan-moins voir sans la plus vive douleur le schisme se consommer dans l'une de ses paroisses, et une portion de son troupeau se précipiter ainsi vers sa perte. Résolu de sauver ces rebelles, pour ainsi dire malgré eux, il eut recours à la seule autorité qu'ils reconnussent encore, à l'ad-ministration du département et le dimanche suivant il revint à Poix, muni d'un arrêté qui enjoignait aux habitants de lui laisser dire libre-ment la messe. L'autorité ne fut pas écoutée. Comme M. Musart approchait du village, il se vit assailli par une partie des gens de Poix qui lui fermèrent le passage. Il essuya de leur part les insultes les plus outrageantes une femme même porta l'insolence jusqu'à lui donner un soufflet enfin on le menaça de le précipiter dans une carrière qui était proche. Je sais souf-frir, leur dit-il, et quoi que vous fassiez, vous trou-verez toujours en moi un père qui se sacrifiera pour votre bonheur. Comme ils paraissaient vouloir exécuter leurs menaces Je ne me ferai pas traîner, dit l'intrépide Musart et en même temps il s'avança jusqu'au bord du précipice. Une dé-marche si hardie et si imprévue déconcerta les furieux enchaînés comme par une force invi-3
-49 -violence . Insensible pour lui même à tous les mauvais traitements et aux outrages dont il était personnellement l'objet, le pasteur ne put néan-moins voir sans la plus vive douleur le schisme se consommer dans l'une de ses paroisses, et une portion de son troupeau se précipiter ainsi vers sa perte. Résolu de sauver ces rebelles, pour ainsi dire malgré eux, il eut recours à la seule autorité qu'ils reconnussent encore, à l'ad-ministration du département et le dimanche suivant il revint à Poix, muni d'un arrêté qui enjoignait aux habitants de lui laisser dire libre-ment la messe. L'autorité ne fut pas écoutée. Comme M. Musart approchait du village, il se vit assailli par une partie des gens de Poix qui lui fermèrent le passage. Il essuya de leur part les insultes les plus outrageantes une femme même porta l'insolence jusqu'à lui donner un soufflet enfin on le menaça de le précipiter dans une carrière qui était proche. Je sais souf-frir, leur dit-il, et quoi que vous fassiez, vous trou-verez toujours en moi un père qui se sacrifiera pour votre bonheur. Comme ils paraissaient vouloir exécuter leurs menaces Je ne me ferai pas traîner, dit l'intrépide Musart et en même temps il s'avança jusqu'au bord du précipice. Une dé-marche si hardie et si imprévue déconcerta les furieux enchaînés comme par une force invi-3
1
0.000751
0.004115
260.txt
1,845
-75-Souvenez-vous de la sainte doctrine que je TOUS ai enseignée. Lisez souvent l'ancien et le nouveau Testament, l'Imitation de Jésus-Christ, les Vérités de la Religion et l'Instruction des jeunes gens vous y trouverez les avis que je pourrais vous donner. N'abandonnez pas le Sei-gneur, il ne vous abandonnera pas. Vivez aussi bien et mieux encore, s'il est possible, en mon absence que quand j'étais au milieu de vous. Glorifiez et portez Dieu dans vos coeurs. Répan-dez partout, par votre conduite, la bonne odeur de Jésus-Christ. N'ayez tous ensemble qu'un coeur et qu'une âme. Supportez-vous dans vos défauts et vos imperfections aidez-vous et vous soulagez mutuellement. Vous connaissez mes intentions, mes très chères filles. Si Dieu me retire de ce monde, faites ce que je vous ai proposé pour la gloire de la religion et le soulagement des pauvres. Dieu saura toujours vous faire trouver des pasteurs catholiques. Si vous ne recevez que difficilement les secours de la religion et la grâce des sacre-ments, vous devez être plus attentives à prendre garde de ne pas offenser Dieu. Je vous prie en particulier, vous, ma fille, à qui j'adresse la pré-sente 1 , d'avoir soin d'élever chrétiennement 1 Mlle Huet, maîtresse d'école de Somme-Vesle. Elle vit en-core au moment où nous publions cette troisième édition, 1844.
-75-Souvenez-vous de la sainte doctrine que je TOUS ai enseignée. Lisez souvent l'ancien et le nouveau Testament, l'Imitation de Jésus-Christ, les Vérités de la Religion et l'Instruction des jeunes gens vous y trouverez les avis que je pourrais vous donner. N'abandonnez pas le Sei-gneur, il ne vous abandonnera pas. Vivez aussi bien et mieux encore, s'il est possible, en mon absence que quand j'étais au milieu de vous. Glorifiez et portez Dieu dans vos coeurs. Répan-dez partout, par votre conduite, la bonne odeur de Jésus-Christ. N'ayez tous ensemble qu'un coeur et qu'une âme. Supportez-vous dans vos défauts et vos imperfections aidez-vous et vous soulagez mutuellement. Vous connaissez mes intentions, mes très chères filles. Si Dieu me retire de ce monde, faites ce que je vous ai proposé pour la gloire de la religion et le soulagement des pauvres. Dieu saura toujours vous faire trouver des pasteurs catholiques. Si vous ne recevez que difficilement les secours de la religion et la grâce des sacre-ments, vous devez être plus attentives à prendre garde de ne pas offenser Dieu. Je vous prie en particulier, vous, ma fille, à qui j'adresse la pré-sente 1 , d'avoir soin d'élever chrétiennement @@@@@@1 Mlle Huet, maîtresse d'école de Somme-Vesle. Elle vit en-core au moment où nous publions cette troisième édition, 1844.
################# de la sainte doctrine que je vous ai enseignée. Lisez souvent l'ancien et le nouveau Testament, l'Imitation de Jésus-Christ, les Vérités de la Religion et l'Instruction des jeunes gens vous y trouverez les avis que je pourrais vous donner. N'abandonnez pas le Sei-gneur, il ne vous abandonnera pas. Vivez aussi bien et mieux encore, s'il est possible, en mon absence que quand j'étais au milieu de vous. Glorifiez et portez Dieu dans vos coeurs. Répan-dez partout, par votre conduite, la bonne odeur de Jésus-Christ. N'ayez tous ensemble qu'un coeur et qu'une âme. Supportez-vous dans vos défauts et vos imperfections aidez-vous et vous soulagez mutuellement. Vous connaissez mes intentions, mes très chères filles. Si Dieu me retire de ce monde, faites ce que je vous ai proposé pour la gloire de la religion et le soulagement des pauvres. Dieu saura toujours vous faire trouver des pasteurs catholiques. Si vous ne recevez que difficilement les secours de la religion et la grâce des sacre-ments, vous devez être plus attentives à prendre garde de ne pas offenser Dieu. Je vous prie en particulier, vous, ma fille, à qui j'adresse la pré-sente 1 , d'avoir soin d'élever chrétiennement -75 - 1 Mlle Huet, maîtresse d'école de Somme-Vesle. Elle vit en-core au moment où nous publions cette troisième édition, 1844.
-75-Souvenez-vous de la sainte doctrine que je vous ai enseignée. Lisez souvent l'ancien et le nouveau Testament, l'Imitation de Jésus-Christ, les Vérités de la Religion et l'Instruction des jeunes gens vous y trouverez les avis que je pourrais vous donner. N'abandonnez pas le Sei-gneur, il ne vous abandonnera pas. Vivez aussi bien et mieux encore, s'il est possible, en mon absence que quand j'étais au milieu de vous. Glorifiez et portez Dieu dans vos coeurs. Répan-dez partout, par votre conduite, la bonne odeur de Jésus-Christ. N'ayez tous ensemble qu'un coeur et qu'une âme. Supportez-vous dans vos défauts et vos imperfections aidez-vous et vous soulagez mutuellement. Vous connaissez mes intentions, mes très chères filles. Si Dieu me retire de ce monde, faites ce que je vous ai proposé pour la gloire de la religion et le soulagement des pauvres. Dieu saura toujours vous faire trouver des pasteurs catholiques. Si vous ne recevez que difficilement les secours de la religion et la grâce des sacre-ments, vous devez être plus attentives à prendre garde de ne pas offenser Dieu. Je vous prie en particulier, vous, ma fille, à qui j'adresse la pré-sente 1 , d'avoir soin d'élever chrétiennement -75 - 1 Mlle Huet, maîtresse d'école de Somme-Vesle. Elle vit en-core au moment où nous publions cette troisième édition, 1844.
-75-Souvenez-vous de la sainte doctrine que je vous ai enseignée. Lisez souvent l'ancien et le nouveau Testament, l'Imitation de Jésus-Christ, les Vérités de la Religion et l'Instruction des jeunes gens vous y trouverez les avis que je pourrais vous donner. N'abandonnez pas le Sei-gneur, il ne vous abandonnera pas. Vivez aussi bien et mieux encore, s'il est possible, en mon absence que quand j'étais au milieu de vous. Glorifiez et portez Dieu dans vos coeurs. Répan-dez partout, par votre conduite, la bonne odeur de Jésus-Christ. N'ayez tous ensemble qu'un coeur et qu'une âme. Supportez-vous dans vos défauts et vos imperfections aidez-vous et vous soulagez mutuellement. Vous connaissez mes intentions, mes très chères filles. Si Dieu me retire de ce monde, faites ce que je vous ai proposé pour la gloire de la religion et le soulagement des pauvres. Dieu saura toujours vous faire trouver des pasteurs catholiques. Si vous ne recevez que difficilement les secours de la religion et la grâce des sacre-ments, vous devez être plus attentives à prendre garde de ne pas offenser Dieu. Je vous prie en particulier, vous, ma fille, à qui j'adresse la pré-sente 1 , d'avoir soin d'élever chrétiennement -75 - 1 Mlle Huet, maîtresse d'école de Somme-Vesle. Elle vit en-core au moment où nous publions cette troisième édition, 1844.
10
0.007508
0.040816
506.txt
1,874
S. POZZI. - DE LA VALEUR DES ANOMALIES MUSCULAIRES 3 2° On trouve chez beaucoup de quadrupèdes, sur la partie latérale du cou, un muscle assez puissant qui s'étend de l'acromion ou de la partie externe de la clavicule à l'apophyse mastoïde et aux apophyses transverses des vertèbres cervicales supérieures. Ce muscle, nommé acromio-basilaire, par Vicq d'Azyr, acromio - trachélien, par Cuvier, levator elaviculae par d'autres auteurs, est très-volumineux chez les cynocéphales et se retrouve chez beaucoup d'autres animaux. Wood loe. cit., vol. XIII, p. 300, et vol. XIV, p. 379 l'a trouvé normale-ment chez l'homme à plusieurs reprises. Il s'insérait, dit-il, en haut aux tubercules postérieurs des apophyses transverses de la 2e et 3e vertèbre cervicale avec les fibres de l'angulaire de l'omoplate. Son corps charnu, large d'un pouce, se dirigeait en bas, en avant et en dehors, et s'insérait au tiers externe de la clavicule, der-rière les fibres du trapèze, en face du tubercule de la clavicule où s'at-tache le ligament conoïde. Macalister Proc. Irish Acad., X, p. 124 a cru pouvoir établir qu'il existe chez un sujet sur soixante. 3° Chez les pithéciens et jusque chez le chimpanzé, le tendon du grand dorsal donne naissance à une bande musculaire qui va s'insérer sur Fépitrochlée c'est ce qu'on appelle le muscle dorso-épitrochléen, par-faitement distinct du grand dorsal, comme le montre son innervation différente. Journal of Anat. and Phys., 2e série, n° IX, p. 180. Ce muscle si particulier a été rencontré chez l'homme par Bergman, Hal-bertsma, Wood, etc. Je l'ai observé à trois reprises. 4° Chez le gorille, au-dessous du corps charnu du grand pectoral, il y en a un second qui naît de la sixième et de la septième côte et qui est sé-paré du premier par un long interstice où passe l'une des divisions du prolongement axillaire du sac aérien. Cette disposition établit la tran-sition entre le type de l'homme et celui des singes quadrupèdes qui possèdent un troisième pectoral. Chez le cynocéphale sphinx, ce troisième pectoral naît vers le niveau des cinquième, sixième et septième côtes de l'aponévrose antérieure du grand droit avec laquelle il entre-croise ses fibres, et va se terminer sur l'extrémité supérieure de l'humérus. Le petit pectoral proprement dit, entièrement distinct du précédent, naît du bord externe du sternum immédiatement au-dessous du grand pec-toral qui le recouvre. La figure 2 pl. VII reproduit un troisième pectoral que j'ai trouvé chez l'homme, et qui est, sinon semblable, au moins très-analogue et comparable aux types précédents dont j'ai emprunté la description à M. Broca VOrdre des Primates, p. 91 . Je pourrais multiplier les exemples de ces muscles entièrement nou-
S. POZZI. - DE LA VALEUR DES ANOMALIES MUSCULAIRES 3 2° On trouve chez beaucoup de quadrupèdes, sur la partie latérale du cou, un muscle assez puissant qui s'étend de l'acromion ou de la partie externe de la clavicule à l'apophyse mastoïde et aux apophyses transverses des vertèbres cervicales supérieures. Ce muscle, nommé acromio-basilaire, par Vicq d'Azyr, acromio - trachélien, par Cuvier, levator elaviculae par d'autres auteurs, est très-volumineux chez les cynocéphales et se retrouve chez beaucoup d'autres animaux. Wood loe. cit., vol. XIII, p. 300, et vol. XIV, p. 379 l'a trouvé normale-ment chez l'homme à plusieurs reprises. Il s'insérait, dit-il, en haut aux tubercules postérieurs des apophyses transverses de la 2e et 3e vertèbre cervicale avec les fibres de l'angulaire de l'omoplate. Son corps charnu, large d'un pouce, se dirigeait en bas, en avant et en dehors, et s'insérait au tiers externe de la clavicule, der-rière les fibres du trapèze, en face du tubercule de la clavicule où s'at-tache le ligament conoïde. @Macalister Proc. Irish Acad., X, p. 124 a cru pouvoir établir qu'il existe chez un sujet sur soixante. 3° Chez les pithéciens et jusque chez le chimpanzé, le tendon du grand dorsal donne naissance à une bande musculaire qui va s'insérer sur @Fépitrochlée c'est ce qu'on appelle le muscle dorso-épitrochléen, par-faitement distinct du grand dorsal, comme le montre son innervation différente. Journal of Anat. and Phys., 2e série, n° IX, p. 180. Ce muscle si particulier a été rencontré chez l'homme par Bergman, Hal-bertsma, Wood, etc. Je l'ai observé à trois reprises. 4° Chez le gorille, au-dessous du corps charnu du grand pectoral, il y en a un second qui naît de la sixième et de la septième côte et qui est sé-paré du premier par un long interstice où passe l'une des divisions du prolongement axillaire du sac aérien. Cette disposition établit la tran-sition entre le type de l'homme et celui des singes quadrupèdes qui possèdent un troisième pectoral. Chez le cynocéphale sphinx, ce troisième pectoral naît vers le niveau des cinquième, sixième et septième côtes de l'aponévrose antérieure du grand droit avec laquelle il entre-croise ses fibres, et va se terminer sur l'extrémité supérieure de l'humérus. Le petit pectoral proprement dit, entièrement distinct du précédent, naît du bord externe du sternum immédiatement au-dessous du grand pec-toral qui le recouvre. La figure 2 pl. VII reproduit un troisième pectoral que j'ai trouvé chez l'homme, et qui est, sinon semblable, au moins très-analogue et comparable aux types précédents dont j'ai emprunté la description à M. Broca @VOrdre des Primates, p. 91 . Je pourrais multiplier les exemples de ces muscles entièrement nou-
S. POZZI. -@DE LA VALEUR DES ANOMALIES MUSCULAIRES 3 2° On trouve chez beaucoup de quadrupèdes, sur la partie latérale du cou, un muscle assez puissant qui s'étend de l'acromion ou de la partie externe de la clavicule à l'apophyse mastoïde et aux apophyses transverses des vertèbres cervicales supérieures. Ce muscle, nommé acromio-basilaire, par Vicq d'Azyr, acromio@-@trachélien, par Cuvier, levator claviculoe par d'autres auteurs, est très-volumineux chez les cynocéphales et se retrouve chez beaucoup d'autres animaux. Wood loc. cit., vol. XIII, p. 300, et vol. XIV, p. 379 l'a trouvé normale-ment chez l'homme à plusieurs reprises. Il s'insérait, dit-il, en haut aux tubercules postérieurs des apophyses transverses de la 2e et 3e vertèbre cervicale avec les fibres de l'angulaire de l'omoplate. Son corps charnu, large d'un pouce, se dirigeait en bas, en avant et en dehors, et s'insérait au tiers externe de la clavicule, der-rière les fibres du trapèze, en face du tubercule de la clavicule où s'at-tache le ligament conoïde. -Macalister Proc. Irish Acad., X, p. 124 a cru pouvoir établir qu'il existe chez un sujet sur soixante. 3° Chez les pithéciens et jusque chez le chimpanzé, le tendon du grand dorsal donne naissance à une bande musculaire qui va s'insérer sur l'épitrochlée c'est ce qu'on appelle le muscle dorso-épitrochléen, par-faitement distinct du grand dorsal, comme le montre son innervation différente. Journal of Anot. and Phys., 2e série, n° IX, p. 180. Ce muscle si particulier a été rencontré chez l'homme par Bergman, Hal-bertsma, Wood, etc. Je l'ai observé à trois reprises. 4° Chez le gorille, au-dessous du corps charnu du grand pectoral, il y en a un second qui naît de la sixième et de la septième côte et qui est sé-paré du premier par un long interstice où passe l'une des divisions du prolongement axillaire du sac aérien. Cette disposition établit la tran-sition entre le type de l'homme et celui des singes quadrupèdes qui possèdent un troisième pectoral. Chez le cynocéphale sphinx, ce troisième pectoral naît vers le niveau des cinquième, sixième et septième côtes de l'aponévrose antérieure du grand droit avec laquelle il entre-croise ses fibres, et va se terminer sur l'extrémité supérieure de l'humérus. Le petit pectoral proprement dit, entièrement distinct du précédent, naît du bord externe du sternum immédiatement au-dessous du grand pec-toral qui le recouvre. La figure 2 pl. VII reproduit un troisième pectoral que j'ai trouvé chez l'homme, et qui est, sinon semblable, au moins très-analogue et comparable aux types précédents dont j'ai emprunté la description à M. Broca l'Ordre des Primates, p. 91 . Je pourrais multiplier les exemples de ces muscles entièrement nou-
S. POZZI. -@DE LA VALEUR DES ANOMALIES MUSCULAIRES 3 2° On trouve chez beaucoup de quadrupèdes, sur la partie latérale du cou, un muscle assez puissant qui s'étend de l'acromion ou de la partie externe de la clavicule à l'apophyse mastoïde et aux apophyses transverses des vertèbres cervicales supérieures. Ce muscle, nommé acromio-basilaire, par Vicq d'Azyr, acromio@-@trachélien, par Cuvier, levator claviculoe par d'autres auteurs, est très-volumineux chez les cynocéphales et se retrouve chez beaucoup d'autres animaux. Wood loc. cit., vol. XIII, p. 300, et vol. XIV, p. 379 l'a trouvé normale-ment chez l'homme à plusieurs reprises. Il s'insérait, dit-il, en haut aux tubercules postérieurs des apophyses transverses de la 2e et 3e vertèbre cervicale avec les fibres de l'angulaire de l'omoplate. Son corps charnu, large d'un pouce, se dirigeait en bas, en avant et en dehors, et s'insérait au tiers externe de la clavicule, der-rière les fibres du trapèze, en face du tubercule de la clavicule où s'at-tache le ligament conoïde. -Macalister Proc. Irish Acad., X, p. 124 a cru pouvoir établir qu'il existe chez un sujet sur soixante. 3° Chez les pithéciens et jusque chez le chimpanzé, le tendon du grand dorsal donne naissance à une bande musculaire qui va s'insérer sur l'épitrochlée c'est ce qu'on appelle le muscle dorso-épitrochléen, par-faitement distinct du grand dorsal, comme le montre son innervation différente. Journal of Anot. and Phys., 2e série, n° IX, p. 180. Ce muscle si particulier a été rencontré chez l'homme par Bergman, Hal-bertsma, Wood, etc. Je l'ai observé à trois reprises. 4° Chez le gorille, au-dessous du corps charnu du grand pectoral, il y en a un second qui naît de la sixième et de la septième côte et qui est sé-paré du premier par un long interstice où passe l'une des divisions du prolongement axillaire du sac aérien. Cette disposition établit la tran-sition entre le type de l'homme et celui des singes quadrupèdes qui possèdent un troisième pectoral. Chez le cynocéphale sphinx, ce troisième pectoral naît vers le niveau des cinquième, sixième et septième côtes de l'aponévrose antérieure du grand droit avec laquelle il entre-croise ses fibres, et va se terminer sur l'extrémité supérieure de l'humérus. Le petit pectoral proprement dit, entièrement distinct du précédent, naît du bord externe du sternum immédiatement au-dessous du grand pec-toral qui le recouvre. La figure 2 pl. VII reproduit un troisième pectoral que j'ai trouvé chez l'homme, et qui est, sinon semblable, au moins très-analogue et comparable aux types précédents dont j'ai emprunté la description à M. Broca l'Ordre des Primates, p. 91 . Je pourrais multiplier les exemples de ces muscles entièrement nou-
S. POZZI. -DE LA VALEUR DES ANOMALIES MUSCULAIRES 3 2° On trouve chez beaucoup de quadrupèdes, sur la partie latérale du cou, un muscle assez puissant qui s'étend de l'acromion ou de la partie externe de la clavicule à l'apophyse mastoïde et aux apophyses transverses des vertèbres cervicales supérieures. Ce muscle, nommé acromio-basilaire, par Vicq d'Azyr, acromio-trachélien, par Cuvier, levator claviculoe par d'autres auteurs, est très-volumineux chez les cynocéphales et se retrouve chez beaucoup d'autres animaux. Wood loc. cit., vol. XIII, p. 300, et vol. XIV, p. 379 l'a trouvé normale-ment chez l'homme à plusieurs reprises. Il s'insérait, dit-il, en haut aux tubercules postérieurs des apophyses transverses de la 2e et 3e vertèbre cervicale avec les fibres de l'angulaire de l'omoplate. Son corps charnu, large d'un pouce, se dirigeait en bas, en avant et en dehors, et s'insérait au tiers externe de la clavicule, der-rière les fibres du trapèze, en face du tubercule de la clavicule où s'at-tache le ligament conoïde. -Macalister Proc. Irish Acad., X, p. 124 a cru pouvoir établir qu'il existe chez un sujet sur soixante. 3° Chez les pithéciens et jusque chez le chimpanzé, le tendon du grand dorsal donne naissance à une bande musculaire qui va s'insérer sur l'épitrochlée c'est ce qu'on appelle le muscle dorso-épitrochléen, par-faitement distinct du grand dorsal, comme le montre son innervation différente. Journal of Anot. and Phys., 2e série, n° IX, p. 180. Ce muscle si particulier a été rencontré chez l'homme par Bergman, Hal-bertsma, Wood, etc. Je l'ai observé à trois reprises. 4° Chez le gorille, au-dessous du corps charnu du grand pectoral, il y en a un second qui naît de la sixième et de la septième côte et qui est sé-paré du premier par un long interstice où passe l'une des divisions du prolongement axillaire du sac aérien. Cette disposition établit la tran-sition entre le type de l'homme et celui des singes quadrupèdes qui possèdent un troisième pectoral. Chez le cynocéphale sphinx, ce troisième pectoral naît vers le niveau des cinquième, sixième et septième côtes de l'aponévrose antérieure du grand droit avec laquelle il entre-croise ses fibres, et va se terminer sur l'extrémité supérieure de l'humérus. Le petit pectoral proprement dit, entièrement distinct du précédent, naît du bord externe du sternum immédiatement au-dessous du grand pec-toral qui le recouvre. La figure 2 pl. VII reproduit un troisième pectoral que j'ai trouvé chez l'homme, et qui est, sinon semblable, au moins très-analogue et comparable aux types précédents dont j'ai emprunté la description à M. Broca l'Ordre des Primates, p. 91 . Je pourrais multiplier les exemples de ces muscles entièrement nou-
12
0.004412
0.024096
512.txt
1,873
-8 -ordinairement des sédiments légèrement colorés en rouge et composés d'acide urique, d'urates et de mucus. Il y a par conséquent un rapport intime entre cette fer-mentation acide, la formation des sédiments et le dévelop-pement des calculs. S i i. Fermentation alcaline. Son origine, sa manière d'être. - Suivant la température, la propreté des vases, etc., l'urine passe plus ou moins rapidement de la fermentation acide à la fermentation alcaline, sans qu'il soit dit pour cela que la fermentation acide précède toujours la fermen-tation alcaline. Dans certaines circonstances, en partie non encore bien connues, l'urine passe déjà dans la vessie à la fermentation alcaline. Dans ce cas encore la fermentation serait provoquée par les mucosités de la vessie. Aussi c'est surtout dans les affections de cet organe qu'on observe que l'urine fraîchement émise présente une réaction alcaline. Dans la fermentation alcaline, l'urée se décompose en bi-carbonate d'ammoniaque et ammoniaque C,H4N202 4 HO NH40, HO, 2 CO' NH3. Aussi l'urine sent-elle fortement l'ammoniaque et fait-elle effervescence avec les acides. L'ammoniaque libre se com-bine avec le phosphate de magnésie pour former le phos-phate tribasique qui se dépose sous forme de précipité cris-tallin, si caractéristique au microscope. Ordinairement il se forme dans ce cas une pellicule sur l'urine, et de plus on remarque au microscope des champignons avec ou sans sporules, des infusoires vibrions et monades et de l'urate d'ammoniaque. Les alcalis y produisent un dégagement abondant d'ammoniaque. § 12. Éléments anormaux de l'urine. - Ces éléments sont l'albumine, le glucose, l'alcapton, l'inosite, l'acide lactique libre et combiné, la matière grasse, des acides gras - volatils, de l'acide benzoïque ordinairement transformé en
-8 -ordinairement des sédiments légèrement colorés en rouge et composés d'acide urique, d'urates et de mucus. Il y a par conséquent un rapport intime entre cette fer-mentation acide, la formation des sédiments et le dévelop-pement des calculs. S i i. Fermentation alcaline. Son origine, sa manière d'être. - Suivant la température, la propreté des vases, etc., l'urine passe plus ou moins rapidement de la fermentation acide à la fermentation alcaline, sans qu'il soit dit pour cela que la fermentation acide précède toujours la fermen-tation alcaline. Dans certaines circonstances, en partie non encore bien connues, l'urine passe déjà dans la vessie à la fermentation alcaline. Dans ce cas encore la fermentation serait provoquée par les mucosités de la vessie. Aussi c'est surtout dans les affections de cet organe qu'on observe que l'urine fraîchement émise présente une réaction alcaline. Dans la fermentation alcaline, l'urée se décompose en bi-carbonate d'ammoniaque et ammoniaque C,H4N202 4 HO NH40, HO, 2 CO' NH3. Aussi l'urine sent-elle fortement l'ammoniaque et fait-elle effervescence avec les acides. L'ammoniaque libre se com-bine avec le phosphate de magnésie pour former le phos-phate tribasique qui se dépose sous forme de précipité cris-tallin, si caractéristique au microscope. Ordinairement il se forme dans ce cas une pellicule sur l'urine, et de plus on remarque au microscope des champignons avec ou sans sporules, des infusoires vibrions et monades et de l'urate d'ammoniaque. Les alcalis y produisent un dégagement abondant d'ammoniaque. § 12. Éléments anormaux de l'urine. - Ces éléments sont l'albumine, le glucose, l'alcapton, l'inosite, l'acide lactique libre et combiné, la matière grasse, des acides gras - volatils, de l'acide benzoïque ordinairement transformé en
-8 -ordinairement des sédiments légèrement colorés en rouge et composés d'acide urique, d'urates et de mucus. Il y a par conséquent un rapport intime entre cette fer-mentation acide, la formation des sédiments et le dévelop-pement des calculs. § @11. Fermentation alcaline. Son origine, sa manière d'être. -@Suivant la température, la propreté des vases, etc., l'urine passe plus ou moins rapidement de la fermentation acide à la fermentation alcaline, sans qu'il soit dit pour cela que la fermentation acide précède toujours la fermen-tation alcaline. Dans certaines circonstances, en partie non encore bien connues, l'urine passe déjà dans la vessie à la fermentation alcaline. Dans ce cas encore la fermentation serait provoquée par les mucosités de la vessie. Aussi c'est surtout dans les affections de cet organe qu'on observe que l'urine fraîchement émise présente une réaction alcaline. Dans la fermentation alcaline, l'urée se décompose en bi-carbonate d'ammoniaque et ammoniaque C2H4N2O2 4 HO NH4O, HO, 2@CO2 NH3. Aussi l'urine sent-elle fortement l'ammoniaque et fait-elle effervescence avec les acides. L'ammoniaque libre se com-bine avec le phosphate de magnésie pour former le phos-phate tribasique qui se dépose sous forme de précipité cris-tallin, si caractéristique au microscope. Ordinairement il se forme dans ce cas une pellicule sur l'urine, et de plus on remarque au microscope des champignons avec ou sans sporules, des infusoires vibrions et monades et de l'urate d'ammoniaque. Les alcalis y produisent un dégagement abondant d'ammoniaque. § 12. Éléments anormaux de l'urine. -@Ces éléments sont l'albumine, le glucose, l'alcapton, l'inosite, l'acide lactique libre et combiné, la matière grasse, des acides gras @@volatils, de l'acide benzoïque ordinairement transformé en
-8 -ordinairement des sédiments légèrement colorés en rouge et composés d'acide urique, d'urates et de mucus. Il y a par conséquent un rapport intime entre cette fer-mentation acide, la formation des sédiments et le dévelop-pement des calculs. § @11. Fermentation alcaline. Son origine, sa manière d'être. -@Suivant la température, la propreté des vases, etc., l'urine passe plus ou moins rapidement de la fermentation acide à la fermentation alcaline, sans qu'il soit dit pour cela que la fermentation acide précède toujours la fermen-tation alcaline. Dans certaines circonstances, en partie non encore bien connues, l'urine passe déjà dans la vessie à la fermentation alcaline. Dans ce cas encore la fermentation serait provoquée par les mucosités de la vessie. Aussi c'est surtout dans les affections de cet organe qu'on observe que l'urine fraîchement émise présente une réaction alcaline. Dans la fermentation alcaline, l'urée se décompose en bi-carbonate d'ammoniaque et ammoniaque C2H4N2O2 4 HO NH4O, HO, 2@CO2 NH3. Aussi l'urine sent-elle fortement l'ammoniaque et fait-elle effervescence avec les acides. L'ammoniaque libre se com-bine avec le phosphate de magnésie pour former le phos-phate tribasique qui se dépose sous forme de précipité cris-tallin, si caractéristique au microscope. Ordinairement il se forme dans ce cas une pellicule sur l'urine, et de plus on remarque au microscope des champignons avec ou sans sporules, des infusoires vibrions et monades et de l'urate d'ammoniaque. Les alcalis y produisent un dégagement abondant d'ammoniaque. § 12. Éléments anormaux de l'urine. -@Ces éléments sont l'albumine, le glucose, l'alcapton, l'inosite, l'acide lactique libre et combiné, la matière grasse, des acides gras @@volatils, de l'acide benzoïque ordinairement transformé en
-8 -ordinairement des sédiments légèrement colorés en rouge et composés d'acide urique, d'urates et de mucus. Il y a par conséquent un rapport intime entre cette fer-mentation acide, la formation des sédiments et le dévelop-pement des calculs. § 11. Fermentation alcaline. Son origine, sa manière d'être. -Suivant la température, la propreté des vases, etc., l'urine passe plus ou moins rapidement de la fermentation acide à la fermentation alcaline, sans qu'il soit dit pour cela que la fermentation acide précède toujours la fermen-tation alcaline. Dans certaines circonstances, en partie non encore bien connues, l'urine passe déjà dans la vessie à la fermentation alcaline. Dans ce cas encore la fermentation serait provoquée par les mucosités de la vessie. Aussi c'est surtout dans les affections de cet organe qu'on observe que l'urine fraîchement émise présente une réaction alcaline. Dans la fermentation alcaline, l'urée se décompose en bi-carbonate d'ammoniaque et ammoniaque C2H4N2O2 4 HO NH4O, HO, 2CO2 NH3. Aussi l'urine sent-elle fortement l'ammoniaque et fait-elle effervescence avec les acides. L'ammoniaque libre se com-bine avec le phosphate de magnésie pour former le phos-phate tribasique qui se dépose sous forme de précipité cris-tallin, si caractéristique au microscope. Ordinairement il se forme dans ce cas une pellicule sur l'urine, et de plus on remarque au microscope des champignons avec ou sans sporules, des infusoires vibrions et monades et de l'urate d'ammoniaque. Les alcalis y produisent un dégagement abondant d'ammoniaque. § 12. Éléments anormaux de l'urine. -Ces éléments sont l'albumine, le glucose, l'alcapton, l'inosite, l'acide lactique libre et combiné, la matière grasse, des acides gras volatils, de l'acide benzoïque ordinairement transformé en
13
0.007263
0.05298
274.txt
1,845
-404 -nus, celui de mademoiselle Catherine, cette cou-rageuse ouvrière que nous avons vue, sous l'é-chafaud, recueillir de ses chastes mains le sang du martyr. On n'invita que les personnes qui avaient vu et connu plus particulièrement M. Mu-sart elles étaientassez nombreuses pour remplir la salle entière, devenue chapelle et convenable-ment ornée. A l'heure indiquée on y célébra une messe d'action de grâces, en se conformant, du reste, aux prescriptions de l'Eglise, relatives aux saints non encore reconnus par l'autorité pontificale. Le prêtre, à la prière des assistants, y prononça, sur l'objet de la réunion et de la cérémonie, un discours dont nous ne donnerons que la péroraison. ....... 0 mort véritablement précieuse aux yeux du Seigneur, puisque c'est la mort d'un saint, dont les dernières paroles ont été une prière pour ses persécuteurs et un cantique d'action de grâces pour lui-même ! 0 mort véritablement digne de servir de modèle à tous ceux qui courent la même carrière que le véné-rable Musart ! Heureux et trop heureux s'il nous était donné de combattre et de triompher comme lui ! Témoins de ses victoires, héritiers de sa foi, dépositaires des restes précieux du sang qu'il a répandu, songeons, songeons enfin à marcher sur ses traces comme il a marché
-404 -nus, celui de mademoiselle Catherine, cette cou-rageuse ouvrière que nous avons vue, sous l'é-chafaud, recueillir de ses chastes mains le sang du martyr. On n'invita que les personnes qui avaient vu et connu plus particulièrement M. Mu-sart elles étaient@assez nombreuses pour remplir la salle entière, devenue chapelle et convenable-ment ornée. A l'heure indiquée on y célébra une messe d'action de grâces, en se conformant, du reste, aux prescriptions de l'Eglise, relatives aux saints non encore reconnus par l'autorité pontificale. Le prêtre, à la prière des assistants, y prononça, sur l'objet de la réunion et de la cérémonie, un discours dont nous ne donnerons que la péroraison. ....... 0 mort véritablement précieuse aux yeux du Seigneur, puisque c'est la mort d'un saint, dont les dernières paroles ont été une prière pour ses persécuteurs et un cantique d'action de grâces pour lui-même ! 0 mort véritablement digne de servir de modèle à tous ceux qui courent la même carrière que le véné-rable Musart ! Heureux et trop heureux s'il nous était donné de combattre et de triompher comme lui ! Témoins de ses victoires, héritiers de sa foi, dépositaires des restes précieux du sang qu'il a répandu, songeons, songeons enfin à marcher sur ses traces comme il a marché
########## celui de mademoiselle Catherine, cette cou-rageuse ouvrière que nous avons vue, sous l'é-chafaud, recueillir de ses chastes mains le sang du martyr. On n'invita que les personnes qui avaient vu et connu plus particulièrement M. Mu-sart elles étaient assez nombreuses pour remplir la salle entière, devenue chapelle et convenable-ment ornée. A l'heure indiquée on y célébra une messe d'action de grâces, en se conformant, du reste, aux prescriptions de l'Eglise, relatives aux saints non encore reconnus par l'autorité pontificale. Le prêtre, à la prière des assistants, y prononça, sur l'objet de la réunion et de la cérémonie, un discours dont nous ne donnerons que la péroraison. ....... O mort véritablement précieuse aux yeux du Seigneur, puisque c'est la mort d'un saint, dont les dernières paroles ont été une prière pour ses persécuteurs et un cantique d'action de grâces pour lui-même ! O mort véritablement digne de servir de modèle à tous ceux qui courent la même carrière que le véné-rable Musart ! Heureux et trop heureux s'il nous était donné de combattre et de triompher comme lui ! Témoins de ses victoires, héritiers de sa foi, dépositaires des restes précieux du sang qu'il a répandu, songeons, songeons enfin à marcher sur ses traces comme il a marché
-404 -nus, celui de mademoiselle Catherine, cette cou-rageuse ouvrière que nous avons vue, sous l'é-chafaud, recueillir de ses chastes mains le sang du martyr. On n'invita que les personnes qui avaient vu et connu plus particulièrement M. Mu-sart elles étaient assez nombreuses pour remplir la salle entière, devenue chapelle et convenable-ment ornée. A l'heure indiquée on y célébra une messe d'action de grâces, en se conformant, du reste, aux prescriptions de l'Eglise, relatives aux saints non encore reconnus par l'autorité pontificale. Le prêtre, à la prière des assistants, y prononça, sur l'objet de la réunion et de la cérémonie, un discours dont nous ne donnerons que la péroraison. ....... O mort véritablement précieuse aux yeux du Seigneur, puisque c'est la mort d'un saint, dont les dernières paroles ont été une prière pour ses persécuteurs et un cantique d'action de grâces pour lui-même ! O mort véritablement digne de servir de modèle à tous ceux qui courent la même carrière que le véné-rable Musart ! Heureux et trop heureux s'il nous était donné de combattre et de triompher comme lui ! Témoins de ses victoires, héritiers de sa foi, dépositaires des restes précieux du sang qu'il a répandu, songeons, songeons enfin à marcher sur ses traces comme il a marché
-404 -nus, celui de mademoiselle Catherine, cette cou-rageuse ouvrière que nous avons vue, sous l'é-chafaud, recueillir de ses chastes mains le sang du martyr. On n'invita que les personnes qui avaient vu et connu plus particulièrement M. Mu-sart elles étaient assez nombreuses pour remplir la salle entière, devenue chapelle et convenable-ment ornée. A l'heure indiquée on y célébra une messe d'action de grâces, en se conformant, du reste, aux prescriptions de l'Eglise, relatives aux saints non encore reconnus par l'autorité pontificale. Le prêtre, à la prière des assistants, y prononça, sur l'objet de la réunion et de la cérémonie, un discours dont nous ne donnerons que la péroraison. ....... O mort véritablement précieuse aux yeux du Seigneur, puisque c'est la mort d'un saint, dont les dernières paroles ont été une prière pour ses persécuteurs et un cantique d'action de grâces pour lui-même ! O mort véritablement digne de servir de modèle à tous ceux qui courent la même carrière que le véné-rable Musart ! Heureux et trop heureux s'il nous était donné de combattre et de triompher comme lui ! Témoins de ses victoires, héritiers de sa foi, dépositaires des restes précieux du sang qu'il a répandu, songeons, songeons enfin à marcher sur ses traces comme il a marché
3
0.002344
0.012821
1069.txt
1,833
CODE PENAL. DISPOSITIONS PRÉLIMINAIRES. Loi décrétée le îafcvrier 1810. Promulguée le 22 du même mois. J Art. 1er. L'infraction que les lois puuissent des peines de police est une contravent ion. 464s P- 21 1S7, I. c. - L'infraction que les lois faillissent de peines correctionnelles est uu delif. 3, 9, 56, P. 179, I. c. - L'infrac-tion que les lois punissent d'une peine afflictive ou infamante est un crime. 6, 7, 8. 2. Toute tentative de crime qui aura été manifestée par un commence-ment d'exécution si elle n'a été sus-pendue on n'a manqué son efTel que par des circonstances indépendantes de la volonté de l'auteur, est considé. rée comme le crime même. 59, 60 f 271, 331 à 533, 4oo. 3. Les tentatives de délits ne sont considérées comme délit., que dans les cas déterminés par une disposi-tion spéciale de la loi. 179, 4oi, 4o5, 414, 41.5, 419, 420. 4. Nulle contravention, nul délit, nul crime, ne peuvent êlre punis de peines qui n'étaient pas prononcées par la loi avant qu'ils fussent com-mis. 43, 5o, P. 2, C. 151, I. c. 5. Les dispositions du présent Gode ne s'appliquent pas aux contraven-tions, délits et crimes militaires. 134. LIVRE PREMIER. DES PEINES EN MATIÈRE CRIMINELLE ET CORRECTIONNELLE ET DE LEURS EFFETS. Suite de la loi du 13 février 1810. 6. Les peines en matière crimi-nelle sont ou aiïlictives et iufamantes, ou seulement infamantes. 7. Les peines aflliclives et infa-mantes sont, - 18 La mort, 12, i3 - 2° Les travaux foreés à perpétuité, l5, 18, ao, 22 - 3° La déportation, 17 et 5. 4° Les travaux forcés à temps, îg, 22 5° La détention -61 La réclusion, 21, 22, 198, 20, 07 à 3g, 54, 75 à 83, 86, 87, 91 à 97, ia5, i3a, i3g. Poil' la C ¡'¡Tt., art. 57. 8. Les peines infamantes sont, -1° Le bannissement, 28, 32, 35 , igS - 51 La dégradation civiqut . 34. 9. Les peines en matière carree. tiounelles sont, 69, 198, G62 , 1° L emprisonnement à temps dans. un lieu de correction, 4a, 41 -2° L'interdiction à temps de certains droits civiques, civils ou de famille, 42, 43, îog, 112, 113, 123, 175, i85, 187, 192, 335, 374, 4oi, 4o5 à 408, 4 in 3° L'amende. 11, 52. 10. La condamnation aux peines établies par la loi est toujours pro. noncée sans préjudice es restitutions etdonftnages-intéiêts qui peuveut être duo aux parties. 46, 5i, 52, 54,-55, 70, 74, Il 7, 11g, 180, a34 à 244, 46-8, P. 258, 366, 584, I. c.-, 11,46, C. 11. Le renvoi sous la surveillance spéciale de la haute police, l'amende, et Lu confiscation spéciale, soit du corps du délit quand la propriété en appartient au condamne, soit des cuoses produites par le délit, soit de celles qui ont servi ou qui ont été destinées à le commeUre, sont des peines communes aux matières cri-minelle et correctionnelle. 47 à 5o, 58, 67, 100, 105, 107, 108, 136, 180, 221, 24G, 271, 282, 515, 3M, 345, 401, 416, 419 à 421 436, 444. 452, 464. 470. CHAPITRE PREMIER. DES PFfXES JiH HATlÈiB CH1IIXKLLE. 12. Tuut condamné à mort aura la tête tranchée. 7, 13, 27, 36, 50, 67, 75, 79 à 83, 86 à 91, 97, 125,
CODE PENAL. DISPOSITIONS PRÉLIMINAIRES. Loi décrétée le @îafcvrier 1810. Promulguée le 22 du même mois. J Art. 1er. L'infraction que les lois puuissent des peines de police est une contravent ion. 464s P- 21@ 1S7, I. c. - L'infraction que les lois faillissent de peines correctionnelles est uu delif. 3, 9, 56, P. 179, I. c. - L'infrac-tion que les lois punissent d'une peine afflictive ou infamante est un crime. 6, 7, 8. 2. Toute tentative de crime qui aura été manifestée par un commence-ment d'exécution si elle n'a été sus-pendue on n'a manqué son efTel que par des circonstances indépendantes de la volonté de l'auteur, est considé. rée comme le crime même. 59, 60 f 271, 331 à 533, 4oo. 3. Les tentatives de délits ne sont considérées comme délit@., que dans les cas déterminés par une disposi-tion spéciale de la loi. 179, 4oi, 4o5, 414, 41.5, 419, 420. 4. Nulle contravention, nul délit, nul crime, ne peuvent êlre punis de peines qui n'étaient pas prononcées par la loi avant qu'ils fussent com-mis. 43, 5o, P. 2, C. 151, I. c. 5. Les dispositions du présent Gode ne s'appliquent pas aux contraven-tions, délits et crimes militaires. 134. LIVRE PREMIER. DES PEINES EN MATIÈRE CRIMINELLE ET CORRECTIONNELLE ET DE LEURS EFFETS. Suite de la loi du 13 février 1810. 6. Les peines en matière crimi-nelle sont ou aiïlictives et iufamantes, ou seulement infamantes. 7. Les peines aflliclives et infa-mantes sont, - 18 La mort, 12, i3 - 2° Les travaux foreés à perpétuité, l5, 18, ao, 22 - 3° La déportation, 17 et 5. 4° Les travaux forcés à temps, îg, 22 5° La détention -61 La réclusion, 21, 22, 198, 20, 07 à 3g, 54, 75 à 83, 86, 87, 91 à 97, ia5, i3a, i3g. Poil' la C ¡'¡Tt., art. 57. 8. Les peines infamantes sont, -1° Le bannissement, 28, 32, 35 , igS - 51 La dégradation civiqut . 34. 9. Les peines en matière carree. tiounelles sont, 69, 198, G62 , 1° L emprisonnement à temps dans. un lieu de correction, 4a, 41 -2° L'interdiction à temps de certains droits civiques, civils ou de famille, 42, 43, îog, 112, 113, 123, 175, i85, 187, 192, 335, 374, 4oi, 4o5 à 408, 4 in 3° L'amende. 11, 52. 10. La condamnation aux peines établies par la loi est toujours pro. noncée sans préjudice @es restitutions etdonftnages-intéiêts qui peuveut être duo aux parties. 46, 5i, 52, 54,-55, 70, 74, Il 7, 11g, 180, a34 à 244, 46-8, P. 258, 366, 584, I. c.-, 11,46, C. 11. Le renvoi sous la surveillance spéciale de la haute police, l'amende, et Lu confiscation spéciale, soit du corps du délit quand la propriété en appartient au condamne, soit des cuoses produites par le délit, soit de celles qui ont servi ou qui ont été destinées à le comme@Ure, sont des peines communes aux matières cri-minelle et correctionnelle. 47 à 5o, 58, 67, 100, 105, 107, 108, 136, 180, 221, 24G, 271, 282, 515, 3@M, 345, 401, 416, 419 à 421@ 436, 444. 452, 464. 470. CHAPITRE PREMIER. DES PFfXES JiH HATlÈiB CH1IIXKLLE. 12. Tuut condamné à mort aura la tête tranchée. 7, 13, 27, 36, 50, 67, 75, 79 à 83, 86 à 91, 97, 125,
CODE PENAL. DISPOSITIONS PRÉLIMINAIRES. Loi décrétée le 12 février 1810. Promulguée le 22 du même mois.s. Art. 1er. L'infraction que les lois punissent des peines de police est une contravent@ion. 464, P. 21, 137, I. c. -@L'infraction que les lois @@punissent de peines correctionnelles est un délit. 3, 9, 56, P. 179, I. c. -@L'infrac-tion que les lois punissent d'une peine afflictive ou infamante est un crime. 6, 7, 8. 2. Toute tentative de crime qui aura été manifestée par un commence-ment d'exécution si elle n'a été sus-pendue ou n'a manqué son effet que par des circonstances indépendantes de la volonté de l'auteur, est considé@-rée comme le crime même. 59, 60@, 271, 331 à 533, 400. 3. Les tentatives de délits ne sont considérées comme délits , que dans les cas déterminés par une disposi-tion spéciale de la loi. 179, 401, 405, 414, 41@5, 419, 420. 4. Nulle contravention, nul délit, nul crime, ne peuvent être punis de peines qui n'étaient pas prononcées par la loi avant qu'ils fussent com-mis. 43, 50, P. 2, C. 151, I. c. 5. Les dispositions du présent Code ne s'appliquent pas aux contraven-tions, délits et crimes militaires. 134. LIVRE PREMIER. DES PEINES EN MATIÈRE CRIMINELLE ET CORRECTIONNELLE ET DE LEURS EFFETS. Suite de la loi du 13 février 1810. 6. Les peines en matière crimi-nelle sont ou afflictives et infamantes, ou seulement infamantes. 7. Les peines afflictives et infa-mantes sont, -@1° La mort, 12, 13 -@2° Les travaux forcés à perpétuité, 15, 18, 20, 22 -@3° La déportation, 17 et s. 4° Les travaux forcés à temps, 19, 22 5° La détention -6° La réclusion, 21, 22, 198, 20, 37 à 39, 54, 75 à 83, 86, 87, 91 à 97, 125, 132, #### ################## art. 57. 8. Les peines infamantes sont, -1° Le bannissement, 28, 32, 35@,@198 -@3° La dégradation civiqu@e. 34. 9. Les peines en matière corr@ec-tionnelles sont, 69, 198, 662 , 1° L'emprisonnement à temps dans@ un lieu de correction, 40, 41 -2° L'interdiction à temps de certains droits civiques, civils ou de famille, 42, 43, 109, 112, 113, 123, 175, 185, 187, 192, 335, 374, 401, 405 à 408, 410 -3° L'amende. 11, 52. 10. La condamnation aux peines établies par la loi est toujours pro@-noncée sans préjudice des restitutions etdo@@mmages-intérêts qui peuvent être dus aux parties. 46, 51, 52, 54, 55, 73, 74, @117, 119, 180, 234 à 244, 46@8, P. 258, 366, 584, I. c.@@ 11,46, C. 11. Le renvoi sous la surveillance spéciale de la haute police, l'amende, et la confiscation spéciale, soit du corps du délit quand la propriété en appartient au condamné, soit des choses produites par le délit, soit de celles qui ont servi ou qui ont été destinées à le commettre, sont des peines communes aux matières cri-minelle et correctionnelle. 47 à 50, 58, 67, 100, 105, 107, 108, 136, 180, 221, 246, 271, 282, 315, 335, 343, 401, 416, 419 à 421, 436, 444, 452, 464, 470. CHAPITRE PREMIER. DES PEINES ####################### 12. Tout condamné à mort aura la tête tranchée. 7, 13, 27, 36, 50, 67, 75, 79 à 83, 86 à 91, 97, 125,
CODE PENAL. DISPOSITIONS PRÉLIMINAIRES. Loi décrétée le 12 février 1810. Promulguée le 22 du même mois.s. Art. 1er. L'infraction que les lois punissent des peines de police est une contravent@ion. 464, P. 21, 137, I. c. -@L'infraction que les lois @@punissent de peines correctionnelles est un délit. 3, 9, 56, P. 179, I. c. -@L'infrac-tion que les lois punissent d'une peine afflictive ou infamante est un crime. 6, 7, 8. 2. Toute tentative de crime qui aura été manifestée par un commence-ment d'exécution si elle n'a été sus-pendue ou n'a manqué son effet que par des circonstances indépendantes de la volonté de l'auteur, est considé@-rée comme le crime même. 59, 60@, 271, 331 à 533, 400. 3. Les tentatives de délits ne sont considérées comme délits , que dans les cas déterminés par une disposi-tion spéciale de la loi. 179, 401, 405, 414, 41@5, 419, 420. 4. Nulle contravention, nul délit, nul crime, ne peuvent être punis de peines qui n'étaient pas prononcées par la loi avant qu'ils fussent com-mis. 43, 50, P. 2, C. 151, I. c. 5. Les dispositions du présent Code ne s'appliquent pas aux contraven-tions, délits et crimes militaires. 134. LIVRE PREMIER. DES PEINES EN MATIÈRE CRIMINELLE ET CORRECTIONNELLE ET DE LEURS EFFETS. Suite de la loi du 13 février 1810. 6. Les peines en matière crimi-nelle sont ou afflictives et infamantes, ou seulement infamantes. 7. Les peines afflictives et infa-mantes sont, -@1° La mort, 12, 13 -@2° Les travaux forcés à perpétuité, 15, 18, 20, 22 -@3° La déportation, 17 et s. 4° Les travaux forcés à temps, 19, 22 5° La détention -6° La réclusion, 21, 22, 198, 20, 37 à 39, 54, 75 à 83, 86, 87, 91 à 97, 125, 132, i3g. Poil' la C ¡'¡Tt., art. 57. 8. Les peines infamantes sont, -1° Le bannissement, 28, 32, 35@,@198 -@3° La dégradation civiqu@e. 34. 9. Les peines en matière corr@ec-tionnelles sont, 69, 198, 662 , 1° L'emprisonnement à temps dans@ un lieu de correction, 40, 41 -2° L'interdiction à temps de certains droits civiques, civils ou de famille, 42, 43, 109, 112, 113, 123, 175, 185, 187, 192, 335, 374, 401, 405 à 408, 410 -3° L'amende. 11, 52. 10. La condamnation aux peines établies par la loi est toujours pro@-noncée sans préjudice des restitutions etdo@@mmages-intérêts qui peuvent être dus aux parties. 46, 51, 52, 54, 55, 73, 74, @117, 119, 180, 234 à 244, 46@8, P. 258, 366, 584, I. c.@@ 11,46, C. 11. Le renvoi sous la surveillance spéciale de la haute police, l'amende, et la confiscation spéciale, soit du corps du délit quand la propriété en appartient au condamné, soit des choses produites par le délit, soit de celles qui ont servi ou qui ont été destinées à le commettre, sont des peines communes aux matières cri-minelle et correctionnelle. 47 à 50, 58, 67, 100, 105, 107, 108, 136, 180, 221, 246, 271, 282, 315, 335, 343, 401, 416, 419 à 421, 436, 444, 452, 464, 470. CHAPITRE PREMIER. DES PEINES JiH HATlÈiB CH1IIXKLLE. 12. Tout condamné à mort aura la tête tranchée. 7, 13, 27, 36, 50, 67, 75, 79 à 83, 86 à 91, 97, 125,
CODE PENAL. DISPOSITIONS PRÉLIMINAIRES. Loi décrétée le 12 février 1810. Promulguée le 22 du même mois.s. Art. 1er. L'infraction que les lois punissent des peines de police est une contravention. 464, P. 21, 137, I. c. -L'infraction que les lois punissent de peines correctionnelles est un délit. 3, 9, 56, P. 179, I. c. -L'infrac-tion que les lois punissent d'une peine afflictive ou infamante est un crime. 6, 7, 8. 2. Toute tentative de crime qui aura été manifestée par un commence-ment d'exécution si elle n'a été sus-pendue ou n'a manqué son effet que par des circonstances indépendantes de la volonté de l'auteur, est considé-rée comme le crime même. 59, 60, 271, 331 à 533, 400. 3. Les tentatives de délits ne sont considérées comme délits , que dans les cas déterminés par une disposi-tion spéciale de la loi. 179, 401, 405, 414, 415, 419, 420. 4. Nulle contravention, nul délit, nul crime, ne peuvent être punis de peines qui n'étaient pas prononcées par la loi avant qu'ils fussent com-mis. 43, 50, P. 2, C. 151, I. c. 5. Les dispositions du présent Code ne s'appliquent pas aux contraven-tions, délits et crimes militaires. 134. LIVRE PREMIER. DES PEINES EN MATIÈRE CRIMINELLE ET CORRECTIONNELLE ET DE LEURS EFFETS. Suite de la loi du 13 février 1810. 6. Les peines en matière crimi-nelle sont ou afflictives et infamantes, ou seulement infamantes. 7. Les peines afflictives et infa-mantes sont, -1° La mort, 12, 13 -2° Les travaux forcés à perpétuité, 15, 18, 20, 22 -3° La déportation, 17 et s. 4° Les travaux forcés à temps, 19, 22 5° La détention -6° La réclusion, 21, 22, 198, 20, 37 à 39, 54, 75 à 83, 86, 87, 91 à 97, 125, 132, i3g. Poil' la C ¡'¡Tt., art. 57. 8. Les peines infamantes sont, -1° Le bannissement, 28, 32, 35,198 -3° La dégradation civique. 34. 9. Les peines en matière correc-tionnelles sont, 69, 198, 662 , 1° L'emprisonnement à temps dans un lieu de correction, 40, 41 -2° L'interdiction à temps de certains droits civiques, civils ou de famille, 42, 43, 109, 112, 113, 123, 175, 185, 187, 192, 335, 374, 401, 405 à 408, 410 -3° L'amende. 11, 52. 10. La condamnation aux peines établies par la loi est toujours pro-noncée sans préjudice des restitutions etdommages-intérêts qui peuvent être dus aux parties. 46, 51, 52, 54, 55, 73, 74, 117, 119, 180, 234 à 244, 468, P. 258, 366, 584, I. c. 11,46, C. 11. Le renvoi sous la surveillance spéciale de la haute police, l'amende, et la confiscation spéciale, soit du corps du délit quand la propriété en appartient au condamné, soit des choses produites par le délit, soit de celles qui ont servi ou qui ont été destinées à le commettre, sont des peines communes aux matières cri-minelle et correctionnelle. 47 à 50, 58, 67, 100, 105, 107, 108, 136, 180, 221, 246, 271, 282, 315, 335, 343, 401, 416, 419 à 421, 436, 444, 452, 464, 470. CHAPITRE PREMIER. DES PEINES JiH HATlÈiB CH1IIXKLLE. 12. Tout condamné à mort aura la tête tranchée. 7, 13, 27, 36, 50, 67, 75, 79 à 83, 86 à 91, 97, 125,
134
0.045087
0.194175
258.txt
1,845
-72 -fond de sa prison il tournait sans cesse ses re-gards vers eux. Il leur écrivit la lettre suivante, monument précieux de foi, de zèle et de cha-rité on croit entendre, en la lisant, les adieux que les pasteurs des premiers temps adressaient à leurs églises, lorsqu'allant au martyre ils pre-naient congé de leurs troupeaux. . Reims, le 7 mars 1796. Je vous écris, mes chères filles î , dans l'effusion de mon coeur, pour la plus grande gloire de Dieu. Vivent les sacrés Coeurs de Jésus et de Marie! Que nos âmes soient toujours em-brasées de l'amour de Dieu le plus ardent! Que Dieu le Père et Jésus-Christ notre Seigneur vous ' donnent la grâce, la paix et la miséricorde en ce monde, et vous couronnent dans l'autre ! C'est là mon voeu le plus ardent, et la grâce que je ne cesserai jamais de demander au Seigneur pour vous et pour tous mes chers paroissiens, que j'aime si tendrement en Jésus-Christ. Ils sont tous gravés dans mon coeur éternellement ils seront l'objet de ma sollicitude. Je ne suis séparé d'eux que de corps mon esprit sera toujours au milieu d'eux. J'en suis continuellement occupé, ainsi que de tous les fidèles catholiques des autres 1 Les deux maîtresses d'école de Somme-Vesle et de Poix.
-72 -fond de sa prison il tournait sans cesse ses re-gards vers eux. Il leur écrivit la lettre suivante, monument précieux de foi, de zèle et de cha-rité on croit entendre, en la lisant, les adieux que les pasteurs des premiers temps adressaient à leurs églises, lorsqu'allant au martyre ils pre-naient congé de leurs troupeaux. . Reims, le 7 mars 1796. Je vous écris, mes chères filles î , dans l'effusion de mon coeur, pour la plus grande gloire de Dieu. Vivent les sacrés Coeurs de Jésus et de Marie! Que nos âmes soient toujours em-brasées de l'amour de Dieu le plus ardent! Que Dieu le Père et Jésus-Christ notre Seigneur vous ' donnent la grâce, la paix et la miséricorde en ce monde, et vous couronnent dans l'autre ! C'est là mon voeu le plus ardent, et la grâce que je ne cesserai jamais de demander au Seigneur pour vous et pour tous mes chers paroissiens, que j'aime si tendrement en Jésus-Christ. Ils sont tous gravés dans mon coeur éternellement ils seront l'objet de ma sollicitude. Je ne suis séparé d'eux que de corps mon esprit sera toujours au milieu d'eux. J'en suis continuellement occupé, ainsi que de tous les fidèles catholiques des autres@@@@@@ 1 Les deux maîtresses d'école de Somme-Vesle et de Poix.
######### de sa prison il tournait sans cesse ses re-gards vers eux. Il leur écrivit la lettre suivante, monument précieux de foi, de zèle et de cha-rité on croit entendre, en la lisant, les adieux que les pasteurs des premiers temps adressaient à leurs églises, lorsqu'allant au martyre ils pre-naient congé de leurs troupeaux. . Reims, le 7 mars 1796. Je vous écris, mes chères filles 1 , dans l'effusion de mon coeur, pour la plus grande gloire de Dieu. Vivent les sacrés Coeurs de Jésus et de Marie! Que nos âmes soient toujours em-brasées de l'amour de Dieu le plus ardent! Que Dieu le Père et Jésus-Christ notre Seigneur vous ' donnent la grâce, la paix et la miséricorde en ce monde, et vous couronnent dans l'autre ! C'est là mon voeu le plus ardent, et la grâce que je ne cesserai jamais de demander au Seigneur pour vous et pour tous mes chers paroissiens, que j'aime si tendrement en Jésus-Christ. Ils sont tous gravés dans mon coeur éternellement ils seront l'objet de ma sollicitude. Je ne suis séparé d'eux que de corps mon esprit sera toujours au milieu d'eux. J'en suis continuellement occupé, ainsi que de tous les fidèles catholiques des autres -72 - 1 Les deux maîtresses d'école de Somme-Vesle et de Poix.
-72 -fond de sa prison il tournait sans cesse ses re-gards vers eux. Il leur écrivit la lettre suivante, monument précieux de foi, de zèle et de cha-rité on croit entendre, en la lisant, les adieux que les pasteurs des premiers temps adressaient à leurs églises, lorsqu'allant au martyre ils pre-naient congé de leurs troupeaux. . Reims, le 7 mars 1796. Je vous écris, mes chères filles 1 , dans l'effusion de mon coeur, pour la plus grande gloire de Dieu. Vivent les sacrés Coeurs de Jésus et de Marie! Que nos âmes soient toujours em-brasées de l'amour de Dieu le plus ardent! Que Dieu le Père et Jésus-Christ notre Seigneur vous ' donnent la grâce, la paix et la miséricorde en ce monde, et vous couronnent dans l'autre ! C'est là mon voeu le plus ardent, et la grâce que je ne cesserai jamais de demander au Seigneur pour vous et pour tous mes chers paroissiens, que j'aime si tendrement en Jésus-Christ. Ils sont tous gravés dans mon coeur éternellement ils seront l'objet de ma sollicitude. Je ne suis séparé d'eux que de corps mon esprit sera toujours au milieu d'eux. J'en suis continuellement occupé, ainsi que de tous les fidèles catholiques des autres -72 - 1 Les deux maîtresses d'école de Somme-Vesle et de Poix.
-72 -fond de sa prison il tournait sans cesse ses re-gards vers eux. Il leur écrivit la lettre suivante, monument précieux de foi, de zèle et de cha-rité on croit entendre, en la lisant, les adieux que les pasteurs des premiers temps adressaient à leurs églises, lorsqu'allant au martyre ils pre-naient congé de leurs troupeaux. . Reims, le 7 mars 1796. Je vous écris, mes chères filles 1 , dans l'effusion de mon coeur, pour la plus grande gloire de Dieu. Vivent les sacrés Coeurs de Jésus et de Marie! Que nos âmes soient toujours em-brasées de l'amour de Dieu le plus ardent! Que Dieu le Père et Jésus-Christ notre Seigneur vous ' donnent la grâce, la paix et la miséricorde en ce monde, et vous couronnent dans l'autre ! C'est là mon voeu le plus ardent, et la grâce que je ne cesserai jamais de demander au Seigneur pour vous et pour tous mes chers paroissiens, que j'aime si tendrement en Jésus-Christ. Ils sont tous gravés dans mon coeur éternellement ils seront l'objet de ma sollicitude. Je ne suis séparé d'eux que de corps mon esprit sera toujours au milieu d'eux. J'en suis continuellement occupé, ainsi que de tous les fidèles catholiques des autres -72 - 1 Les deux maîtresses d'école de Somme-Vesle et de Poix.
7
0.005714
0.029167
270.txt
1,845
-97-l'un entraînait la condamnation de l'autre en second lieu, M. Baty, en présence du juge d'ins-truction, qui ne demandait pas mieux que de le croire ayant pu déclarer qu'il n'était point prê-tre déporté, avait absolument refusé de sauver sa vie par un mensonge, et prononcé ainsi son ar-rêt de mort. Néanmoins la prédiction fut bientôt vérifiée par l'événement. Dès le lendemain du martyre de M Musart, M. Baty fut inopinément rendu à la liberté par un de ces stratagèmes que l'industrieuse charité des catholiques a souvent improvisés dans ces temps critiques, pour arra-cher les prêtres fidèles aux dangers qui mena-çaient leur liberté ou leur vie. 2° M. Musart, le matin du jour où il allait marcher à la mort, se retira de la chambre com mune pour écrire à sa mère et lui faire ses der niers adieux. Madame Baudemont, obligée do quitter la prison, et craignant de ne plus le re-trouver à son retour, alla lui demander une der-nière bénédiction. Aussitôt il se lève, et les yeux fixés vers le ciel, les bras étendus et le visage enflammé, il lui dit Tantôt, Madame, quand je serai devant Dieu, je prierai pour vous. Soyez fidèle dans l'amour de Jésus-Christ, et vos désirs seront accomplis vous serez mère d'une nombreuse famille. Dieu vous réserve pour tra-vailler à sa gloire attendez les moments du Sei-5
-97-l'un entraînait la condamnation de l'autre en second lieu, M. Baty, en présence du juge d'ins-truction, qui ne demandait pas mieux que de le croire ayant pu déclarer qu'il n'était point prê-tre déporté, avait absolument refusé de sauver sa vie par un mensonge, et prononcé ainsi son ar-rêt de mort. Néanmoins la prédiction fut bientôt vérifiée par l'événement. Dès le lendemain du martyre de M Musart, M. Baty fut inopinément rendu à la liberté par un de ces stratagèmes que l'industrieuse charité des catholiques a souvent improvisés dans ces temps critiques, pour arra-cher les prêtres fidèles aux dangers qui mena-çaient leur liberté ou leur vie. 2° M. Musart, le matin du jour où il allait marcher à la mort, se retira de la chambre com mune pour écrire à sa mère et lui faire ses der niers adieux. Madame Baudemont, obligée do quitter la prison, et craignant de ne plus le re-trouver à son retour, alla lui demander une der-nière bénédiction. Aussitôt il se lève, et les yeux fixés vers le ciel, les bras étendus et le visage enflammé, il lui dit Tantôt, Madame, quand je serai devant Dieu, je prierai pour vous. Soyez fidèle dans l'amour de Jésus-Christ, et vos désirs seront accomplis vous serez mère d'une nombreuse famille. Dieu vous réserve pour tra-vailler à sa gloire attendez les moments du Sei-5
######## entraînait la condamnation de l'autre en second lieu, M. Baty, en présence du juge d'ins-truction, qui ne demandait pas mieux que de le croire ayant pu déclarer qu'il n'était point prê-tre déporté, avait absolument refusé de sauver sa vie par un mensonge, et prononcé ainsi son ar-rêt de mort. Néanmoins la prédiction fut bientôt vérifiée par l'événement. Dès le lendemain du martyre de M Musart, M. Baty fut inopinément rendu à la liberté par un de ces stratagèmes que l'industrieuse charité des catholiques a souvent improvisés dans ces temps critiques, pour arra-cher les prêtres fidèles aux dangers qui mena-çaient leur liberté ou leur vie. 2° M. Musart, le matin du jour où il allait marcher à la mort, se retira de la chambre com mune pour écrire à sa mère et lui faire ses der niers adieux. Madame Baudemont, obligée de quitter la prison, et craignant de ne plus le re-trouver à son retour, alla lui demander une der-nière bénédiction. Aussitôt il se lève, et les yeux fixés vers le ciel, les bras étendus et le visage enflammé, il lui dit Tantôt, Madame, quand je serai devant Dieu, je prierai pour vous. Soyez fidèle dans l'amour de Jésus-Christ, et vos désirs seront accomplis vous serez mère d'une nombreuse famille. Dieu vous réserve pour tra-vailler à sa gloire attendez les moments du #####
-97-l'un entraînait la condamnation de l'autre en second lieu, M. Baty, en présence du juge d'ins-truction, qui ne demandait pas mieux que de le croire ayant pu déclarer qu'il n'était point prê-tre déporté, avait absolument refusé de sauver sa vie par un mensonge, et prononcé ainsi son ar-rêt de mort. Néanmoins la prédiction fut bientôt vérifiée par l'événement. Dès le lendemain du martyre de M Musart, M. Baty fut inopinément rendu à la liberté par un de ces stratagèmes que l'industrieuse charité des catholiques a souvent improvisés dans ces temps critiques, pour arra-cher les prêtres fidèles aux dangers qui mena-çaient leur liberté ou leur vie. 2° M. Musart, le matin du jour où il allait marcher à la mort, se retira de la chambre com mune pour écrire à sa mère et lui faire ses der niers adieux. Madame Baudemont, obligée de quitter la prison, et craignant de ne plus le re-trouver à son retour, alla lui demander une der-nière bénédiction. Aussitôt il se lève, et les yeux fixés vers le ciel, les bras étendus et le visage enflammé, il lui dit Tantôt, Madame, quand je serai devant Dieu, je prierai pour vous. Soyez fidèle dans l'amour de Jésus-Christ, et vos désirs seront accomplis vous serez mère d'une nombreuse famille. Dieu vous réserve pour tra-vailler à sa gloire attendez les moments du Sei-5
-97-l'un entraînait la condamnation de l'autre en second lieu, M. Baty, en présence du juge d'ins-truction, qui ne demandait pas mieux que de le croire ayant pu déclarer qu'il n'était point prê-tre déporté, avait absolument refusé de sauver sa vie par un mensonge, et prononcé ainsi son ar-rêt de mort. Néanmoins la prédiction fut bientôt vérifiée par l'événement. Dès le lendemain du martyre de M Musart, M. Baty fut inopinément rendu à la liberté par un de ces stratagèmes que l'industrieuse charité des catholiques a souvent improvisés dans ces temps critiques, pour arra-cher les prêtres fidèles aux dangers qui mena-çaient leur liberté ou leur vie. 2° M. Musart, le matin du jour où il allait marcher à la mort, se retira de la chambre com mune pour écrire à sa mère et lui faire ses der niers adieux. Madame Baudemont, obligée de quitter la prison, et craignant de ne plus le re-trouver à son retour, alla lui demander une der-nière bénédiction. Aussitôt il se lève, et les yeux fixés vers le ciel, les bras étendus et le visage enflammé, il lui dit Tantôt, Madame, quand je serai devant Dieu, je prierai pour vous. Soyez fidèle dans l'amour de Jésus-Christ, et vos désirs seront accomplis vous serez mère d'une nombreuse famille. Dieu vous réserve pour tra-vailler à sa gloire attendez les moments du Sei-5
1
0.000762
0.004016
502.txt
1,871
44 UNITÉ DE L'ESPÈCE BIJMAINE. d'hrri, on est, aux Etats-Unis, plein de dédain pour le nègre même affranchi. L'américain se croirait déshonoré de l'avoir pour commensal, et on ose se plaindre que le noir déleste le blanc ! Mais lequel des deux devrait paraître détestable, s'il fallait détester quelqu'un ? Et on veut que le noir travaille avec affection pour son oppresseur 1 XII. De l'infériorité intellectuelle des Australiens. L'Australien a été encore plus cruellement maltraité que le Hottentot on a voulu y voir le congénère du hideux Ulandrill. Or. il est aujourd'hui à peu près prouvé que parmi les races humaines, l'Australien est le frère du Nègre. Les données philologiques ont presque constate ce f it. Il y a entre eux une langue d'agglutination qui paraît avoir une origine commune. Leurs moeurs et leurs usages ont de la ressemblance. Il faut tout de suite avouer qu'il sont descendus encore au-dessous de l'Africain. Leur nourriture est plus misérable. L'Australien est tout aussi cruel t't encore plus corrompu que le Nègre. Voici quelques traits Récits de Berthold Seeman, Monde primitif, p. 256 . Les habitant des îles Fidji ou Viti dépassent généralement la moyenne taille. Les chefs surtout ont une force musculaire très grande, grâce à une meilleure nourriture et aux exercices auxquels ils se livrent. Le reste du peuple, mal nourri, a l'air maigre, grêle et co nme défait par le travail. Ceci explique ce que l'on dit des Australiens, qu'ils ont les jambes déchar-nées. 0.. en voit la cause et le remède. Mais voici des horreurs Ils organisent des chassas aux hommes, brû-lent les villages, massacrent les vieillards et les femmes, se repaissent d'abord des victimes les plus jeunes et t'mlflènr'lit ensuite 1. s autre pour le même usage. Il y a des chefs qui se vantent d'en avoir, dans leur vie, dé-voré huit cents. Cependant, dans p usieurs circonstances, ils n'osent avouer leur cannibalisme. Ceci prouve trop bien à qu lks horreu rs peut se porter notre misérable nature, mais pas du tout la différence de l'espèce, puisqu'il y a eu des Néron et des C iligula à toutes le latitudes, dans toutes les races et même au summet de la civilisation romaine. Ce n'est que depuis le règne du Christianisme que ces exemples sont devenus de rares exceptions p rlni nous. Si l'Australien est le représentant le plus ab lissé de l'humanité, il con-serve cependant l'humanité, et est capable des plus nobles sentiments. Voilà ce que di ent au si les faits. L'anglais MilehelL, en parlant de son guide sur les côtes de l'Australie, le déclaie un spécin en paifait d'humanité, et tel qu'il serait impossible d'en rencontrer un semblable dans les sociétés qui s'bahilli nt et se chaussent. Puki ring déclaré caricatures certains portraits de l'australien ordi- -nairement tracés en Europe. Sur trente individus de l'intérieur, il dit en avoir vu de fort laids, mais aut-si de très-beaux. N'est-ce pas ce qui arrive à peu près partout ? Il parle de plusieurs australiens qui avaient une figure
44 UNITÉ DE L'ESPÈCE BIJMAINE. d'hrri, on est, aux Etats-Unis, plein@ de dédain pour le nègre même affranchi. L'américain se croirait déshonoré de l'avoir pour commensal, et on ose se plaindre que le noir déleste le blanc ! Mais lequel des deux devrait paraître détestable, s'il fallait détester quelqu'un ? Et on veut que le noir travaille avec affection pour son oppresseur 1 XII. @De l'infériorité intellectuelle des Australiens. L'Australien a été encore plus cruellement maltraité que le Hottentot on a voulu y voir le congénère du hideux Ulandrill. Or. il est aujourd'hui à peu près prouvé que parmi les races humaines, l'Australien est le frère du Nègre. Les données philologiques ont presque constate ce f it. Il y a entre eux une langue d'agglutination qui paraît avoir une origine commune. Leurs moeurs et leurs usages ont de la ressemblance. Il faut tout de suite avouer qu'il sont descendus encore au-dessous de l'Africain. Leur nourriture est plus misérable. L'Australien est tout aussi cruel t't encore plus corrompu que le Nègre. Voici quelques traits Récits de Berthold Seeman, Monde primitif, p. 256 . Les habitant@ des îles Fidji ou Viti dépassent généralement la moyenne taille. Les chefs surtout ont une force musculaire très grande, grâce à une meilleure nourriture et aux exercices auxquels ils se livrent. Le reste du peuple, mal nourri, a l'air maigre, grêle et co nme défait par le travail. Ceci explique ce que l'on dit des Australiens, qu'ils ont les jambes déchar-nées. 0.. en voit la cause et le remède. Mais voici des horreurs Ils organisent des chassas aux hommes, brû-lent les villages, massacrent les vieillards et les femmes, se repaissent d'abord des victimes les plus jeunes et t'mlflènr'lit ensuite 1. s autre@ pour le même usage. Il y a des chefs qui se vantent d'en avoir, dans leur vie, dé-voré huit cents. Cependant, dans p usieurs circonstances, ils n'osent avouer leur cannibalisme. Ceci prouve trop bien à qu@ lks horreu rs peut se porter notre misérable nature, mais pas du tout la différence de l'espèce, puisqu'il y a eu des Néron et des C iligula à toutes le@ latitudes, dans toutes les races et même au summet de la civilisation romaine. Ce n'est que depuis le règne du Christianisme que ces exemples sont devenus de rares exceptions p rlni nous. Si l'Australien est le représentant le plus ab lissé de l'humanité, il con-serve cependant l'humanité, et est capable des plus nobles sentiments. Voilà ce que di ent au si les faits. L'anglais MilehelL, en parlant de son guide sur les côtes de l'Australie, le déclaie un spécin en paifait d'humanité, et tel qu'il serait impossible d'en rencontrer un semblable dans les sociétés qui s'bahilli nt et se chaussent. Puki ring déclaré caricatures certains portraits de l'australien ordi- -nairement tracés en Europe. Sur trente individus de l'intérieur, il dit en avoir vu de fort laids, mais aut-si de très-beaux. N'est-ce pas ce qui arrive à peu près partout ? Il parle de plusieurs australiens qui avaient une figure
44 UNITÉ DE L'ESPÈCE @HUMAINE. d'h@ui, on est, aux Etats-Unis, pleine de dédain pour le nègre même affranchi. L'américain se croirait déshonoré de l'avoir pour commensal, et on ose se plaindre que le noir déteste le blanc@! Mais lequel des deux devrait paraître détestable, s'il fallait détester quelqu'un ? Et on veut que le noir travaille avec affection pour son oppresseur@! XII. -De l'infériorité intellectuelle des Australiens. L'Australien a été encore plus cruellement maltraité que le Hottentot on a voulu y voir le congénère du hideux @mandrill. Or, il est aujourd'hui à peu près prouvé que parmi les races humaines, l'Australien est le frère du Nègre. Les données philologiques ont presque constate ce f@it. Il y a entre eux une langue d'agglutination qui paraît avoir une origine commune. Leurs moeurs et leurs usages ont de la ressemblance. Il faut tout de suite avouer qu'il sont descendus encore au-dessous de l'Africain. Leur nourriture est plus misérable. L'Australien est tout aussi cruel @et encore plus corrompu que le Nègre. Voici quelques traits Récits de Berthold Seeman, Monde primitif, p. 256 . Les habitants des îles Fidji ou Viti dépassent généralement la moyenne taille. Les chefs surtout ont une force musculaire très grande, grâce à une meilleure nourriture et aux exercices auxquels ils se livrent. Le reste du peuple, mal nourri, à l'air maigre, grêle et co@mme défait par le travail. Ceci explique ce que l'on dit des Australiens, qu'ils ont les jambes déchar-nées. @On en voit la cause et le remède. Mais voici des horreurs Ils organisent des chasses aux hommes, brû-lent les villages, massacrent les vieillards et les femmes, se repaissent d'abord des victimes les plus jeunes et ############# ensuite @les autres pour le même usage. Il y a des chefs qui se vantent d'en avoir, dans leur vie, dé-voré huit cents. Cependant, dans plusieurs circonstances, ils n'osent avouer leur cannibalisme. Ceci prouve trop bien à quelles horreu@rs peut se porter notre misérable nature, mais pas du tout la différence de l'espèce, puisqu'il y a eu des Néron et des C@aligula à toutes les latitudes, dans toutes les races et même au sommet de la civilisation @omaine. Ce n'est que depuis le règne du Christianisme que ces exemples sont devenus de rares exceptions par@mi nous. Si l'Australien est le représentant le plus ab@aissé de l'humanité, il con-serve cependant l'humanité, et est capable des plus nobles sentiments. Voilà ce que disent aussi les faits. L'anglais Mitchell, en parlant de son guide sur les côtes de l'Australie, le déclare un spéci@ en parfait d'humanité, et tel qu'il serait impossible d'en rencontrer un semblable dans les sociétés qui s'habill@ent et se chaussent. P k@ ring declare caricatures certains portraits de l'australien ordi@@-nairement tracés en Europe. Sur trente individus de l'intérieur, il dit en avoir vu de fort laids, mais au@ssi de très-beaux. N'est-ce pas ce qui arrive à peu près partout@? Il parle de plusieurs australiens qui avaient une figure
44 UNITÉ DE L'ESPÈCE @HUMAINE. d'h@ui, on est, aux Etats-Unis, pleine de dédain pour le nègre même affranchi. L'américain se croirait déshonoré de l'avoir pour commensal, et on ose se plaindre que le noir déteste le blanc@! Mais lequel des deux devrait paraître détestable, s'il fallait détester quelqu'un ? Et on veut que le noir travaille avec affection pour son oppresseur@! XII. -De l'infériorité intellectuelle des Australiens. L'Australien a été encore plus cruellement maltraité que le Hottentot on a voulu y voir le congénère du hideux @mandrill. Or, il est aujourd'hui à peu près prouvé que parmi les races humaines, l'Australien est le frère du Nègre. Les données philologiques ont presque constate ce f@it. Il y a entre eux une langue d'agglutination qui paraît avoir une origine commune. Leurs moeurs et leurs usages ont de la ressemblance. Il faut tout de suite avouer qu'il sont descendus encore au-dessous de l'Africain. Leur nourriture est plus misérable. L'Australien est tout aussi cruel @et encore plus corrompu que le Nègre. Voici quelques traits Récits de Berthold Seeman, Monde primitif, p. 256 . Les habitants des îles Fidji ou Viti dépassent généralement la moyenne taille. Les chefs surtout ont une force musculaire très grande, grâce à une meilleure nourriture et aux exercices auxquels ils se livrent. Le reste du peuple, mal nourri, à l'air maigre, grêle et co@mme défait par le travail. Ceci explique ce que l'on dit des Australiens, qu'ils ont les jambes déchar-nées. @On en voit la cause et le remède. Mais voici des horreurs Ils organisent des chasses aux hommes, brû-lent les villages, massacrent les vieillards et les femmes, se repaissent d'abord des victimes les plus jeunes et t'mlflènr'lit ensuite @les autres pour le même usage. Il y a des chefs qui se vantent d'en avoir, dans leur vie, dé-voré huit cents. Cependant, dans plusieurs circonstances, ils n'osent avouer leur cannibalisme. Ceci prouve trop bien à quelles horreu@rs peut se porter notre misérable nature, mais pas du tout la différence de l'espèce, puisqu'il y a eu des Néron et des C@aligula à toutes les latitudes, dans toutes les races et même au sommet de la civilisation @omaine. Ce n'est que depuis le règne du Christianisme que ces exemples sont devenus de rares exceptions par@mi nous. Si l'Australien est le représentant le plus ab@aissé de l'humanité, il con-serve cependant l'humanité, et est capable des plus nobles sentiments. Voilà ce que disent aussi les faits. L'anglais Mitchell, en parlant de son guide sur les côtes de l'Australie, le déclare un spéci@ en parfait d'humanité, et tel qu'il serait impossible d'en rencontrer un semblable dans les sociétés qui s'habill@ent et se chaussent. P k@ ring declare caricatures certains portraits de l'australien ordi@@-nairement tracés en Europe. Sur trente individus de l'intérieur, il dit en avoir vu de fort laids, mais au@ssi de très-beaux. N'est-ce pas ce qui arrive à peu près partout@? Il parle de plusieurs australiens qui avaient une figure
44 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. d'hui, on est, aux Etats-Unis, pleine de dédain pour le nègre même affranchi. L'américain se croirait déshonoré de l'avoir pour commensal, et on ose se plaindre que le noir déteste le blanc! Mais lequel des deux devrait paraître détestable, s'il fallait détester quelqu'un ? Et on veut que le noir travaille avec affection pour son oppresseur! XII. -De l'infériorité intellectuelle des Australiens. L'Australien a été encore plus cruellement maltraité que le Hottentot on a voulu y voir le congénère du hideux mandrill. Or, il est aujourd'hui à peu près prouvé que parmi les races humaines, l'Australien est le frère du Nègre. Les données philologiques ont presque constate ce fit. Il y a entre eux une langue d'agglutination qui paraît avoir une origine commune. Leurs moeurs et leurs usages ont de la ressemblance. Il faut tout de suite avouer qu'il sont descendus encore au-dessous de l'Africain. Leur nourriture est plus misérable. L'Australien est tout aussi cruel et encore plus corrompu que le Nègre. Voici quelques traits Récits de Berthold Seeman, Monde primitif, p. 256 . Les habitants des îles Fidji ou Viti dépassent généralement la moyenne taille. Les chefs surtout ont une force musculaire très grande, grâce à une meilleure nourriture et aux exercices auxquels ils se livrent. Le reste du peuple, mal nourri, à l'air maigre, grêle et comme défait par le travail. Ceci explique ce que l'on dit des Australiens, qu'ils ont les jambes déchar-nées. On en voit la cause et le remède. Mais voici des horreurs Ils organisent des chasses aux hommes, brû-lent les villages, massacrent les vieillards et les femmes, se repaissent d'abord des victimes les plus jeunes et t'mlflènr'lit ensuite les autres pour le même usage. Il y a des chefs qui se vantent d'en avoir, dans leur vie, dé-voré huit cents. Cependant, dans plusieurs circonstances, ils n'osent avouer leur cannibalisme. Ceci prouve trop bien à quelles horreurs peut se porter notre misérable nature, mais pas du tout la différence de l'espèce, puisqu'il y a eu des Néron et des Caligula à toutes les latitudes, dans toutes les races et même au sommet de la civilisation omaine. Ce n'est que depuis le règne du Christianisme que ces exemples sont devenus de rares exceptions parmi nous. Si l'Australien est le représentant le plus abaissé de l'humanité, il con-serve cependant l'humanité, et est capable des plus nobles sentiments. Voilà ce que disent aussi les faits. L'anglais Mitchell, en parlant de son guide sur les côtes de l'Australie, le déclare un spéci en parfait d'humanité, et tel qu'il serait impossible d'en rencontrer un semblable dans les sociétés qui s'habillent et se chaussent. P k ring declare caricatures certains portraits de l'australien ordi-nairement tracés en Europe. Sur trente individus de l'intérieur, il dit en avoir vu de fort laids, mais aussi de très-beaux. N'est-ce pas ce qui arrive à peu près partout? Il parle de plusieurs australiens qui avaient une figure
65
0.021746
0.115174
264.txt
1,845
-82-dans cette prison,plus belle alors que les deux 1 , contempler un spectacle digne de Dieu et des anges, implorer l'assistance de celui qu'ils re-gardaient déjà comme un martyr, et se proster-ner à ses pieds pour recevoir sa bénédiction. Ainsi les prisons de Reims voyaient-elles se re-nouveler ces admirables scènes des premiers siècles de l'Eglise, où les chrétiens visitaient les martyrs dans leurs cachots, et les accompa-gnaient jusqu'au lieu du supplice et du triomphe, pour recueillir, s'il se pouvait, leurs précieux restes, ou obtenir une part spéciale à leurs prières. La nuit vint suspendre l'affluence des fidèles. Après une légère collation, M. Musart se coucha, et il dormit d'un sommeil aussi tranquille qu'à l'ordinaire. A quatre heures et demie du matin il se leva, et resta en prières jusqu'à sept. Vou-lant ensuite donner à sa mère et à toute sa fa-mille un dernier gage de sa tendresse, il leur écrivit la lettre suivante 1 C'est la pensée et l'expression même de S. Jean Chrysos-tôme, dans sa seconde homélie sur l'Épître aux Éphésiens, où, à l'occasion de la prison de S. Paul, il parle de celle de S. Pierre Tune erat regiis pidibus carcer proeclarior. Quid dico, regiis cedibus ? ipso quoque coelo habebat enhn vinetum Christi, On sent assez qu'il ne s'agit ici que du ciel étoile qui brille à nos yeux.
-82-dans cette prison,plus belle alors que les deux 1 , contempler un spectacle digne de Dieu et des anges, implorer l'assistance de celui qu'ils re-gardaient déjà comme un martyr, et se proster-ner à ses pieds pour recevoir sa bénédiction. Ainsi les prisons de Reims voyaient-elles se re-nouveler ces admirables scènes des premiers siècles de l'Eglise, où les chrétiens visitaient les martyrs dans leurs cachots, et les accompa-gnaient jusqu'au lieu du supplice et du triomphe, pour recueillir, s'il se pouvait, leurs précieux restes, ou obtenir une part spéciale à leurs prières. La nuit vint suspendre l'affluence des fidèles. Après une légère collation, M. Musart se coucha, et il dormit d'un sommeil aussi tranquille qu'à l'ordinaire. A quatre heures et demie du matin il se leva, et resta en prières jusqu'à sept. Vou-lant ensuite donner à sa mère et à toute sa fa-mille un dernier gage de sa tendresse, il leur écrivit la lettre suivante@@@@@@ 1 C'est la pensée et l'expression même de S. Jean Chrysos-tôme, dans sa seconde homélie sur l'Épître aux Éphésiens, où, à l'occasion de la prison de S. Paul, il parle de celle de S. Pierre Tune erat regiis pidibus carcer proeclarior. Quid dico, regiis cedibus ? ipso quoque coelo habebat enhn vinetum Christi, On sent assez qu'il ne s'agit ici que du ciel étoile qui brille à nos yeux.
######## cette prison,plus belle alors que les deux 1 , contempler un spectacle digne de Dieu et des anges, implorer l'assistance de celui qu'ils re-gardaient déjà comme un martyr, et se proster-ner à ses pieds pour recevoir sa bénédiction. Ainsi les prisons de Reims voyaient-elles se re-nouveler ces admirables scènes des premiers siècles de l'Eglise, où les chrétiens visitaient les martyrs dans leurs cachots, et les accompa-gnaient jusqu'au lieu du supplice et du triomphe, pour recueillir, s'il se pouvait, leurs précieux restes, ou obtenir une part spéciale à leurs prières. La nuit vint suspendre l'affluence des fidèles. Après une légère collation, M. Musart se coucha, et il dormit d'un sommeil aussi tranquille qu'à l'ordinaire. A quatre heures et demie du matin il se leva, et resta en prières jusqu'à sept. Vou-lant ensuite donner à sa mère et à toute sa fa-mille un dernier gage de sa tendresse, il leur écrivit la lettre suivante -82 - 1 C'est la pensée et l'expression même de S. Jean Chrysos-tôme, dans sa seconde homélie sur l'Épître aux Éphésiens, où, à l'occasion de la prison de S. Paul, il parle de celle de S. Pierre Tunc erat regiis pidibus carcer proeclarior. Quid dico, regiis oedibus ? ipso quoque coelo habebat enim vinctum Christi, On sent assez qu'il ne s'agit ici que du ciel étoilé qui brille à nos yeux.
-82-dans cette prison,plus belle alors que les deux 1 , contempler un spectacle digne de Dieu et des anges, implorer l'assistance de celui qu'ils re-gardaient déjà comme un martyr, et se proster-ner à ses pieds pour recevoir sa bénédiction. Ainsi les prisons de Reims voyaient-elles se re-nouveler ces admirables scènes des premiers siècles de l'Eglise, où les chrétiens visitaient les martyrs dans leurs cachots, et les accompa-gnaient jusqu'au lieu du supplice et du triomphe, pour recueillir, s'il se pouvait, leurs précieux restes, ou obtenir une part spéciale à leurs prières. La nuit vint suspendre l'affluence des fidèles. Après une légère collation, M. Musart se coucha, et il dormit d'un sommeil aussi tranquille qu'à l'ordinaire. A quatre heures et demie du matin il se leva, et resta en prières jusqu'à sept. Vou-lant ensuite donner à sa mère et à toute sa fa-mille un dernier gage de sa tendresse, il leur écrivit la lettre suivante -82 - 1 C'est la pensée et l'expression même de S. Jean Chrysos-tôme, dans sa seconde homélie sur l'Épître aux Éphésiens, où, à l'occasion de la prison de S. Paul, il parle de celle de S. Pierre Tunc erat regiis pidibus carcer proeclarior. Quid dico, regiis oedibus ? ipso quoque coelo habebat enim vinctum Christi, On sent assez qu'il ne s'agit ici que du ciel étoilé qui brille à nos yeux.
-82-dans cette prison,plus belle alors que les deux 1 , contempler un spectacle digne de Dieu et des anges, implorer l'assistance de celui qu'ils re-gardaient déjà comme un martyr, et se proster-ner à ses pieds pour recevoir sa bénédiction. Ainsi les prisons de Reims voyaient-elles se re-nouveler ces admirables scènes des premiers siècles de l'Eglise, où les chrétiens visitaient les martyrs dans leurs cachots, et les accompa-gnaient jusqu'au lieu du supplice et du triomphe, pour recueillir, s'il se pouvait, leurs précieux restes, ou obtenir une part spéciale à leurs prières. La nuit vint suspendre l'affluence des fidèles. Après une légère collation, M. Musart se coucha, et il dormit d'un sommeil aussi tranquille qu'à l'ordinaire. A quatre heures et demie du matin il se leva, et resta en prières jusqu'à sept. Vou-lant ensuite donner à sa mère et à toute sa fa-mille un dernier gage de sa tendresse, il leur écrivit la lettre suivante -82 - 1 C'est la pensée et l'expression même de S. Jean Chrysos-tôme, dans sa seconde homélie sur l'Épître aux Éphésiens, où, à l'occasion de la prison de S. Paul, il parle de celle de S. Pierre Tunc erat regiis pidibus carcer proeclarior. Quid dico, regiis oedibus ? ipso quoque coelo habebat enim vinctum Christi, On sent assez qu'il ne s'agit ici que du ciel étoilé qui brille à nos yeux.
12
0.008982
0.046693
933.txt
1,858
254 CE QU'ON PEUT VOIR DANS une-rue. jeunes filles de mon âge s'en aller vers les promenades avec leurs robes blanches et leurs chapeaux de paille, j'étais-con.. signée à la maison comme garde-malade et ne pouvais m'as- -socier à ces rires et à ce mouvement autrement que par des soupirs et des regrets. Dites, Ludovic, n'était-ce pas une épreuve cruelle pour une enfant, et ne fallait-il pas beaucoup de raison pour se soumettre à un sort pareil? Voilà pourquoi, ce soir-là, une surprise lut possible et pourquoi elle s'accomplit. Melchior fut charmant, d'une gaieté et d'une verve incomparables. C'était un feu d'artifice à causer des éblouissements. Je ne m'y prêtai d'abord qu'avec une ré-pugnance visible et en lui témoignant, par ma physionomie et par mes gestes, que je désirais abréger la séance. Mais bientôt sa gaieté fut la plus forte elle m'entraîna, elle me dompta. Ja-mais je n'avais rien entendu de pareil c'étaient des mots si singulièrement accouplés, des anecdotes si facétieuses, des portraits si comiques, une telle collection de drôleries, qu'avec tout le sang-froid du monde il était impossible d'y tenir, et que, bon gré mal gré, il fallait s'en donner à coeur- -joie. Ma grand'mère elle-même, vous savez dans quel état elle se trouvait alors, la pauvre femme ! A peine lui restait-il l'esprit de comprendre ce que je lui disais, et puis, sourde, toujours sérieuse, toujours froide, enfin très-bas, très-bas, vous vous en souvenez 1 Eh bien 1 ce soir-là, elle rit depuis six ans cela ne lui était pas arrivé. Ce fut Melchior qui fit ce miracle. La grand'mère rit j'eus cette surprise et j'avoue que j'en sus bon gré à celui qui me la donhà. Est-il nécessaire d'insister? Cet homme que je n'avais reçu qu'à mon corps défendant, contre lequel j'avais les pré-ventions les mieux fondées qui, tout récemment, avait es-sayé de me donner en spectacle à ses favorites qui menait une vie désordonnée et ne s'en cachait pas cet homme que j'avais résolu de congédier le plus tôt possible, à minuit, il -était encore chez moi, causant, riant, s'excusant et restant toujours, se levant et se rasseyant, comme vous auriez pu le faire, Ludovic, comme aurait pu le faire un ami de vieille date et tout cela avait eu lieu d'une manière si naturelle, qu'on n'eût su dire qui de nous ou de lui avait le plus con-tribué à prolonger la veillée. Les heures avaient fui et
254 CE QU'ON PEUT VOIR DANS une-rue. jeunes filles de mon âge s'en aller vers les promenades avec leurs robes blanches et leurs chapeaux de paille, j'étais-con.. signée à la maison comme garde-malade et ne pouvais m'as- -socier à ces rires et à ce mouvement autrement que par des soupirs et des regrets. Dites, Ludovic, n'était-ce pas une épreuve cruelle pour une enfant, et ne fallait-il pas beaucoup de raison pour se soumettre à un sort pareil@? Voilà pourquoi, ce soir-là, une surprise lut possible et pourquoi elle s'accomplit. Melchior fut charmant, d'une gaieté et d'une verve incomparables. C'était un feu d'artifice à causer des éblouissements. Je ne m'y prêtai d'abord qu'avec une ré-pugnance visible et en lui témoignant, par ma physionomie et par mes gestes, que je désirais abréger la séance. Mais bientôt sa gaieté fut la plus forte elle m'entraîna, elle me dompta. Ja-mais je n'avais rien entendu de pareil c'étaient des mots si singulièrement accouplés, des anecdotes si facétieuses, des portraits si comiques, une telle collection de drôleries, qu'avec tout le sang-froid du monde il était impossible d'y tenir, et que, bon gré mal gré, il fallait s'en donner à coeur- -joie. Ma grand'mère elle-même, vous savez dans quel état elle se trouvait alors, la pauvre femme ! A peine lui restait-il l'esprit de comprendre ce que je lui disais, et puis, sourde, toujours sérieuse, toujours froide, enfin très-bas, très-bas, vous vous en souvenez 1 Eh bien 1 ce soir-là, elle rit depuis six ans cela ne lui était pas arrivé. Ce fut Melchior qui fit ce miracle. La grand'mère rit j'eus cette surprise et j'avoue que j'en sus bon gré à celui qui me la donhà. Est-il nécessaire d'insister@? Cet homme que je n'avais reçu qu'à mon corps défendant, contre lequel j'avais les pré-ventions les mieux fondées qui, tout récemment, avait es-sayé de me donner en spectacle à ses favorites qui menait une vie désordonnée et ne s'en cachait pas cet homme que j'avais résolu de congédier le plus tôt possible, à minuit, il -était encore chez moi, causant, riant, s'excusant et restant toujours, se levant et se rasseyant, comme vous auriez pu le faire, Ludovic, comme aurait pu le faire un ami de vieille date et tout cela avait eu lieu d'une manière si naturelle, qu'on n'eût su dire qui de nous ou de lui avait le plus con-tribué à prolonger la veillée. Les heures avaient fui et
254 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. jeunes filles de mon âge s'en aller vers les promenades avec leurs robes blanches et leurs chapeaux de paille, j'étais con@@-signée à la maison comme garde-malade et ne pouvais m'as@@-socier à ces rires et à ce mouvement autrement que par des soupirs et des regrets. Dites, Ludovic, n'était-ce pas une épreuve cruelle pour une enfant, et ne fallait-il pas beaucoup de raison pour se soumettre à un sort pareil ? Voilà pourquoi, ce soir-là, une surprise fut possible et pourquoi elle s'accomplit. Melchior fut charmant, d'une gaieté et d'une verve incomparables. C'était un feu d'artifice à causer des éblouissements. Je ne m'y prêtai d'abord qu'avec une ré-pugnance visible et en lui témoignant, par ma physionomie et par mes gestes, que je désirais abréger la séance. Mais bientôt sa gaieté fut la plus forte elle m'entraîna, elle me dompta. Ja-mais je n'avais rien entendu de pareil c'étaient des mots si singulièrement accouplés, des anecdotes si facétieuses, des portraits si comiques, une telle collection de drôleries, qu'avec tout le sang-froid du monde il était impossible d'y tenir, et que, bon gré mal gré, il fallait s'en donner à coeur@@-joie. Ma grand'mère elle-même, vous savez dans quel état elle se trouvait alors, la pauvre femme ! A peine lui restait-il l'esprit de comprendre ce que je lui disais, et puis, sourde, toujours sérieuse, toujours froide, enfin très-bas, très-bas, vous vous en souvenez ! Eh bien ! ce soir-là, elle rit depuis six ans cela ne lui était pas arrivé. Ce fut Melchior qui fit ce miracle. La grand'mère rit j'eus cette surprise et j'avoue que j'en sus bon gré à celui qui me la donna. Est-il nécessaire d'insister ? Cet homme que je n'avais reçu qu'à mon corps défendant, contre lequel j'avais les pré-ventions les mieux fondées qui, tout récemment, avait es-sayé de me donner en spectacle à ses favorites qui menait une vie désordonnée et ne s'en cachait pas cet homme que j'avais résolu de congédier le plus tôt possible, à minuit, il @était encore chez moi, causant, riant, s'excusant et restant toujours, se levant et se rasseyant, comme vous auriez pu le faire, Ludovic, comme aurait pu le faire un ami de vieille date et tout cela avait eu lieu d'une manière si naturelle, qu'on n'eût su dire qui de nous ou de lui avait le plus con-tribué à prolonger la veillée. Les heures avaient fui et
254 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. jeunes filles de mon âge s'en aller vers les promenades avec leurs robes blanches et leurs chapeaux de paille, j'étais con@@-signée à la maison comme garde-malade et ne pouvais m'as@@-socier à ces rires et à ce mouvement autrement que par des soupirs et des regrets. Dites, Ludovic, n'était-ce pas une épreuve cruelle pour une enfant, et ne fallait-il pas beaucoup de raison pour se soumettre à un sort pareil ? Voilà pourquoi, ce soir-là, une surprise fut possible et pourquoi elle s'accomplit. Melchior fut charmant, d'une gaieté et d'une verve incomparables. C'était un feu d'artifice à causer des éblouissements. Je ne m'y prêtai d'abord qu'avec une ré-pugnance visible et en lui témoignant, par ma physionomie et par mes gestes, que je désirais abréger la séance. Mais bientôt sa gaieté fut la plus forte elle m'entraîna, elle me dompta. Ja-mais je n'avais rien entendu de pareil c'étaient des mots si singulièrement accouplés, des anecdotes si facétieuses, des portraits si comiques, une telle collection de drôleries, qu'avec tout le sang-froid du monde il était impossible d'y tenir, et que, bon gré mal gré, il fallait s'en donner à coeur@@-joie. Ma grand'mère elle-même, vous savez dans quel état elle se trouvait alors, la pauvre femme ! A peine lui restait-il l'esprit de comprendre ce que je lui disais, et puis, sourde, toujours sérieuse, toujours froide, enfin très-bas, très-bas, vous vous en souvenez ! Eh bien ! ce soir-là, elle rit depuis six ans cela ne lui était pas arrivé. Ce fut Melchior qui fit ce miracle. La grand'mère rit j'eus cette surprise et j'avoue que j'en sus bon gré à celui qui me la donna. Est-il nécessaire d'insister ? Cet homme que je n'avais reçu qu'à mon corps défendant, contre lequel j'avais les pré-ventions les mieux fondées qui, tout récemment, avait es-sayé de me donner en spectacle à ses favorites qui menait une vie désordonnée et ne s'en cachait pas cet homme que j'avais résolu de congédier le plus tôt possible, à minuit, il @était encore chez moi, causant, riant, s'excusant et restant toujours, se levant et se rasseyant, comme vous auriez pu le faire, Ludovic, comme aurait pu le faire un ami de vieille date et tout cela avait eu lieu d'une manière si naturelle, qu'on n'eût su dire qui de nous ou de lui avait le plus con-tribué à prolonger la veillée. Les heures avaient fui et
254 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. jeunes filles de mon âge s'en aller vers les promenades avec leurs robes blanches et leurs chapeaux de paille, j'étais con-signée à la maison comme garde-malade et ne pouvais m'as-socier à ces rires et à ce mouvement autrement que par des soupirs et des regrets. Dites, Ludovic, n'était-ce pas une épreuve cruelle pour une enfant, et ne fallait-il pas beaucoup de raison pour se soumettre à un sort pareil ? Voilà pourquoi, ce soir-là, une surprise fut possible et pourquoi elle s'accomplit. Melchior fut charmant, d'une gaieté et d'une verve incomparables. C'était un feu d'artifice à causer des éblouissements. Je ne m'y prêtai d'abord qu'avec une ré-pugnance visible et en lui témoignant, par ma physionomie et par mes gestes, que je désirais abréger la séance. Mais bientôt sa gaieté fut la plus forte elle m'entraîna, elle me dompta. Ja-mais je n'avais rien entendu de pareil c'étaient des mots si singulièrement accouplés, des anecdotes si facétieuses, des portraits si comiques, une telle collection de drôleries, qu'avec tout le sang-froid du monde il était impossible d'y tenir, et que, bon gré mal gré, il fallait s'en donner à coeur-joie. Ma grand'mère elle-même, vous savez dans quel état elle se trouvait alors, la pauvre femme ! A peine lui restait-il l'esprit de comprendre ce que je lui disais, et puis, sourde, toujours sérieuse, toujours froide, enfin très-bas, très-bas, vous vous en souvenez ! Eh bien ! ce soir-là, elle rit depuis six ans cela ne lui était pas arrivé. Ce fut Melchior qui fit ce miracle. La grand'mère rit j'eus cette surprise et j'avoue que j'en sus bon gré à celui qui me la donna. Est-il nécessaire d'insister ? Cet homme que je n'avais reçu qu'à mon corps défendant, contre lequel j'avais les pré-ventions les mieux fondées qui, tout récemment, avait es-sayé de me donner en spectacle à ses favorites qui menait une vie désordonnée et ne s'en cachait pas cet homme que j'avais résolu de congédier le plus tôt possible, à minuit, il était encore chez moi, causant, riant, s'excusant et restant toujours, se levant et se rasseyant, comme vous auriez pu le faire, Ludovic, comme aurait pu le faire un ami de vieille date et tout cela avait eu lieu d'une manière si naturelle, qu'on n'eût su dire qui de nous ou de lui avait le plus con-tribué à prolonger la veillée. Les heures avaient fui et
23
0.009713
0.047619
927.txt
1,858
246 GE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. homme. Il avait une femme chez lui, et au ton de l'entretien qui s'élevait de plus en plus, il était facile de comprendre que les interlocuteurs n'en étaient pas sur le pied de paix, et i-é. glaient un compte tant soit peu orageux. Je me blottis contre la vitre, afin de mieux entendre et de mieux voir. Un instant je crus que j'en serais pour mes frais et que ce ta-bleau d'intérieur échapperait à mes regards. Melchior, ep garçon prévoyant et qui ne veut rien avoir à démêler avec la police, vint fermer la croisée au moment où l'affaire s'é-chauffait. Il oublia sans doute qu'en plongeant par-dessus ses rideaux, une partie de son logement était encore distincte pour moi. Ce fut alors que se passa un incident que je p'ou-blierai de ma vie. Melchior détacha du mur une cravache qui devait être son dernier argument et son grand moyen de persuasion puis, ainsj armé, il frappa à deux ou trois re-prises la malheureuse qui se débattait sous sa main. J'en-tendis un premier cri et ne pus supporter plus longtemps ce spectacle. L'indigpation m'étouffait et si j'avais été un homme, j'aurais à l'instant même envoyé un cartel à ce brutal. Pendant que je faisais, dans mon existence, une place si grande à de semblables émotions, vous étiez dominé tout entier par le désir de sortir victorieux de vos derniers exa-mens. Ce fut un tort réciproque, Ludovic à la différence que votre tort est de ceux qui s'avouent et portent avec eux leur xcnse, tandis que le mien est de ceux que l'on ppe et que rien napeut justifier. Évidemment, puisque nous étions des-tinés l'un à l'autre, je devais tout vous dire, tout vous con-fier, les extravagances de cet homme, ses poursuites obsti-, nées, les petites découvertes que je faisais dans son intérieur, les répugnances qu'il m'inspirait, le désir que j'avais d'être délivrée de ses obsessions. Oui, je le répète, j'aurais dû tout dire, même au prix de quelques risques pour vous. D'ail-leurs, cette confidence eût enlevé aux choses une bonne partie de leur gravité. Nous aurions pu, d'un commun ac-cord, ne pas prendre ce fat au sériaux, et couper court par le ridicule à des prétentions qui n'avaient ni but ni prétexte-Les choses ont suivi une autre marche la fatalité l'em-portait. Voulez-vous que je vous dise tout ce que j'en pense? Entre vous et moi il a toujours régné, j'ignore pourquoi, un
246 GE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. homme. Il avait une femme chez lui, et au ton de l'entretien qui s'élevait de plus en plus, il était facile de comprendre que les interlocuteurs n'en étaient pas sur le pied de paix, et i-é. glaient un compte tant soit peu orageux. Je me blottis contre la vitre, afin de mieux entendre et de mieux voir. Un instant je crus que j'en serais pour mes frais et que ce ta-bleau d'intérieur échapperait à mes regards. Melchior, ep garçon prévoyant et qui ne veut rien avoir à démêler avec la police, vint fermer la croisée au moment où l'affaire s'é-chauffait. Il oublia sans doute qu'en plongeant par-dessus ses rideaux, une partie de son logement était encore distincte pour moi. Ce fut alors que se passa un incident que je p'ou-blierai de ma vie. Melchior détacha du mur une cravache qui devait être son dernier argument et son grand moyen de persuasion puis, ainsj armé, il frappa à deux ou trois re-prises la malheureuse qui se débattait sous sa main. J'en-tendis un premier cri et ne pus supporter plus longtemps ce spectacle. L'indigpation m'étouffait et si j'avais été un homme, j'aurais à l'instant même envoyé un cartel à ce brutal. Pendant que je faisais, dans mon existence, une place si grande à de semblables émotions, vous étiez dominé tout entier par le désir de sortir victorieux de vos derniers exa-mens. Ce fut un tort réciproque, Ludovic à la différence que votre tort est de ceux qui s'avouent et portent avec eux leur @xcnse, tandis que le mien est de ceux que l'on @@ppe et que rien n@apeut justifier. Évidemment, puisque nous étions des-tinés l'un à l'autre, je devais tout vous dire, tout vous con-fier, les extravagances de cet homme, ses poursuites obsti-, nées, les petites découvertes que je faisais dans son intérieur, les répugnances qu'il m'inspirait, le désir que j'avais d'être délivrée de ses obsessions. Oui, je le répète, j'aurais dû tout dire, même au prix de quelques risques pour vous. D'ail-leurs, cette confidence eût enlevé aux choses une bonne partie de leur gravité. Nous aurions pu, d'un commun ac-cord, ne pas prendre ce fat au sériaux, et couper court par le ridicule à des prétentions qui n'avaient ni but ni prétexte@-Les choses ont suivi une autre marche la fatalité l'em-portait. Voulez-vous que je vous dise tout ce que j'en pense@? Entre vous et moi il a toujours régné, j'ignore pourquoi, un
246 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. homme. Il avait une femme chez lui, et au ton de l'entretien qui s'élevait de plus en plus, il était facile de comprendre que les interlocuteurs n'en étaient pas sur le pied de paix, et @ré@@glaient un compte tant soit peu orageux. Je me blottis contre la vitre, afin de mieux entendre et de mieux voir. Un instant je crus que j'en serais pour mes frais et que ce ta-bleau d'intérieur échapperait à mes regards. Melchior, en garçon prévoyant et qui ne veut rien avoir à démêler avec la police, vint fermer la croisée au moment où l'affaire s'é-chauffait. Il oublia sans doute qu'en plongeant par-dessus ses rideaux, une partie de son logement était encore distincte pour moi. Ce fut alors que se passa un incident que je n'ou-blierai de ma vie. Melchior détacha du mur une cravache qui devait être son dernier argument et son grand moyen de persuasion puis, ainsi armé, il frappa à deux ou trois re-prises la malheureuse qui se débattait sous sa main. J'en-tendis un premier cri et ne pus supporter plus longtemps ce spectacle. L'indignation m'étouffait et si j'avais été un homme, j'aurais à l'instant même envoyé un cartel à ce brutal. Pendant que je faisais, dans mon existence, une place si grande à de semblables émotions, vous étiez dominé tout entier par le désir de sortir victorieux de vos derniers exa-mens. Ce fut un tort réciproque, Ludovic à la différence que votre tort est de ceux qui s'avouent et portent avec eux leur excuse, tandis que le mien est de ceux que l'on cache et que rien ne peut justifier. Évidemment, puisque nous étions des-tinés l'un à l'autre, je devais tout vous dire, tout vous con-fier, les extravagances de cet homme, ses poursuites obsti-@@nées, les petites découvertes que je faisais dans son intérieur, les répugnances qu'il m'inspirait, le désir que j'avais d'être délivrée de ses obsessions. Oui, je le répète, j'aurais dû tout dire, même au prix de quelques risques pour vous. D'ail-leurs, cette confidence eût enlevé aux choses une bonne partie de leur gravité. Nous aurions pu, d'un commun ac-cord, ne pas prendre ce fat au sérieux, et couper court par le ridicule à des prétentions qui n'avaient ni but ni prétexte. Les choses ont suivi une autre marche la fatalité l'em-portait. Voulez-vous que je vous dise tout ce que j'en pense ? Entre vous et moi il a toujours régné, j'ignore pourquoi, un
246 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. homme. Il avait une femme chez lui, et au ton de l'entretien qui s'élevait de plus en plus, il était facile de comprendre que les interlocuteurs n'en étaient pas sur le pied de paix, et @ré@@glaient un compte tant soit peu orageux. Je me blottis contre la vitre, afin de mieux entendre et de mieux voir. Un instant je crus que j'en serais pour mes frais et que ce ta-bleau d'intérieur échapperait à mes regards. Melchior, en garçon prévoyant et qui ne veut rien avoir à démêler avec la police, vint fermer la croisée au moment où l'affaire s'é-chauffait. Il oublia sans doute qu'en plongeant par-dessus ses rideaux, une partie de son logement était encore distincte pour moi. Ce fut alors que se passa un incident que je n'ou-blierai de ma vie. Melchior détacha du mur une cravache qui devait être son dernier argument et son grand moyen de persuasion puis, ainsi armé, il frappa à deux ou trois re-prises la malheureuse qui se débattait sous sa main. J'en-tendis un premier cri et ne pus supporter plus longtemps ce spectacle. L'indignation m'étouffait et si j'avais été un homme, j'aurais à l'instant même envoyé un cartel à ce brutal. Pendant que je faisais, dans mon existence, une place si grande à de semblables émotions, vous étiez dominé tout entier par le désir de sortir victorieux de vos derniers exa-mens. Ce fut un tort réciproque, Ludovic à la différence que votre tort est de ceux qui s'avouent et portent avec eux leur excuse, tandis que le mien est de ceux que l'on cache et que rien ne peut justifier. Évidemment, puisque nous étions des-tinés l'un à l'autre, je devais tout vous dire, tout vous con-fier, les extravagances de cet homme, ses poursuites obsti-@@nées, les petites découvertes que je faisais dans son intérieur, les répugnances qu'il m'inspirait, le désir que j'avais d'être délivrée de ses obsessions. Oui, je le répète, j'aurais dû tout dire, même au prix de quelques risques pour vous. D'ail-leurs, cette confidence eût enlevé aux choses une bonne partie de leur gravité. Nous aurions pu, d'un commun ac-cord, ne pas prendre ce fat au sérieux, et couper court par le ridicule à des prétentions qui n'avaient ni but ni prétexte. Les choses ont suivi une autre marche la fatalité l'em-portait. Voulez-vous que je vous dise tout ce que j'en pense ? Entre vous et moi il a toujours régné, j'ignore pourquoi, un
246 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. homme. Il avait une femme chez lui, et au ton de l'entretien qui s'élevait de plus en plus, il était facile de comprendre que les interlocuteurs n'en étaient pas sur le pied de paix, et réglaient un compte tant soit peu orageux. Je me blottis contre la vitre, afin de mieux entendre et de mieux voir. Un instant je crus que j'en serais pour mes frais et que ce ta-bleau d'intérieur échapperait à mes regards. Melchior, en garçon prévoyant et qui ne veut rien avoir à démêler avec la police, vint fermer la croisée au moment où l'affaire s'é-chauffait. Il oublia sans doute qu'en plongeant par-dessus ses rideaux, une partie de son logement était encore distincte pour moi. Ce fut alors que se passa un incident que je n'ou-blierai de ma vie. Melchior détacha du mur une cravache qui devait être son dernier argument et son grand moyen de persuasion puis, ainsi armé, il frappa à deux ou trois re-prises la malheureuse qui se débattait sous sa main. J'en-tendis un premier cri et ne pus supporter plus longtemps ce spectacle. L'indignation m'étouffait et si j'avais été un homme, j'aurais à l'instant même envoyé un cartel à ce brutal. Pendant que je faisais, dans mon existence, une place si grande à de semblables émotions, vous étiez dominé tout entier par le désir de sortir victorieux de vos derniers exa-mens. Ce fut un tort réciproque, Ludovic à la différence que votre tort est de ceux qui s'avouent et portent avec eux leur excuse, tandis que le mien est de ceux que l'on cache et que rien ne peut justifier. Évidemment, puisque nous étions des-tinés l'un à l'autre, je devais tout vous dire, tout vous con-fier, les extravagances de cet homme, ses poursuites obsti-nées, les petites découvertes que je faisais dans son intérieur, les répugnances qu'il m'inspirait, le désir que j'avais d'être délivrée de ses obsessions. Oui, je le répète, j'aurais dû tout dire, même au prix de quelques risques pour vous. D'ail-leurs, cette confidence eût enlevé aux choses une bonne partie de leur gravité. Nous aurions pu, d'un commun ac-cord, ne pas prendre ce fat au sérieux, et couper court par le ridicule à des prétentions qui n'avaient ni but ni prétexte. Les choses ont suivi une autre marche la fatalité l'em-portait. Voulez-vous que je vous dise tout ce que j'en pense ? Entre vous et moi il a toujours régné, j'ignore pourquoi, un
23
0.009692
0.054113
728.txt
1,858
44 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. vation, j'en étais arrivé à un commencement de preuves évidemment cette larme n'était pas la seule que cette femme eut versée, et ce luxe qui l'entourait, cette vie opulente qui frappait le regard, cachaient des douleurs et des misères qui y faisaient une triste et cruelle compensation. III Un événement, survenu quelques jours après, donna à mes présomptions une force et une sanction nouvelles. -A diverses reprises, et surtout vers les premières heures de la nuit, j'avais pu voir un individu, revêtu d'une blouse d'ouvrier, établir, sur le trottoir opposé à l'hôtel Montréal, le siège de ses longues et opiniâtres promenades. Il allait et venait, sans motif apparent, s'arrêtant ou reprenant sa marche, suivant qu'il se sentait à l'abri des regards indiscrets ou ob-servé par quelques personnes du voisinage. Le pavé était-il libre, la rue était-elle déserte, il choisissait un poste à son gré, d'où l'oeil pouvait embrasser les croisées du premier étage on eût dit qu'il attendait un mouvement, un signal convenu, un témoignage d'intelligence. Après quoi il dispa-raissait et gagnait l'une des ruelles où débouchaient les jar-dins et les dépendances de l'hôtel. Dans les débuts, les promenades de cet homme, quoique journalières, ne fixèrent point mon attention son costume était un sauf-conduit qui désarmait mes défiances. Comment croire, en effet, qu'une blouse eût quelque chose de commun avec les Montréal, et qu'un simple ouvrier eût placé si haut ses bonnes fortunes? Y eût-il une amourette sous jeu, elle ne pouvait viser ailleurs qu'aux soubrettes de la maison, et dès lors elle était indigne d'éveiller les soucis d'un fonction-naire public. Pourquoi se faire le trouble-fête des petites gens ? Ainsi pensais-je, et je fermais les yeux sur les allées et venues de cet homme. Cependant, à force de le rencontrer sur mon. chemin, il se
44 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. vation, j'en étais arrivé à un commencement de preuves évidemment cette larme n'était pas la seule que cette femme eut versée, et ce luxe qui l'entourait, cette vie opulente qui frappait le regard, cachaient des douleurs et des misères qui y faisaient une triste et cruelle compensation. III Un événement, survenu quelques jours après, donna à mes présomptions une force et une sanction nouvelles. -A diverses reprises, et surtout vers les premières heures de la nuit, j'avais pu voir un individu, revêtu d'une blouse d'ouvrier, établir, sur le trottoir opposé à l'hôtel Montréal, le siège de ses longues et opiniâtres promenades. Il allait et venait, sans motif apparent, s'arrêtant ou reprenant sa marche, suivant qu'il se sentait à l'abri des regards indiscrets ou ob-servé par quelques personnes du voisinage. Le pavé était-il libre, la rue était-elle déserte, il choisissait un poste à son gré, d'où l'oeil pouvait embrasser les croisées du premier étage on eût dit qu'il attendait un mouvement, un signal convenu, un témoignage d'intelligence. Après quoi il dispa-raissait et gagnait l'une des ruelles où débouchaient les jar-dins et les dépendances de l'hôtel. Dans les débuts, les promenades de cet homme, quoique journalières, ne fixèrent point mon attention son costume était un sauf-conduit qui désarmait mes défiances. Comment croire, en effet, qu'une blouse eût quelque chose de commun avec les Montréal, et qu'un simple ouvrier eût placé si haut ses bonnes fortunes@? Y eût-il une amourette sous jeu, elle ne pouvait viser ailleurs qu'aux soubrettes de la maison, et dès lors elle était indigne d'éveiller les soucis d'un fonction-naire public. Pourquoi se faire le trouble-fête des petites gens ? Ainsi pensais-je, et je fermais les yeux sur les allées et venues de cet homme. Cependant, à force de le rencontrer sur mon. chemin, il se
## CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. vation, j'en étais arrivé à un commencement de preuves évidemment cette larme n'était pas la seule que cette femme eût versée, et ce luxe qui l'entourait, cette vie opulente qui frappait le regard, cachaient des douleurs et des misères qui y faisaient une triste et cruelle compensation. III Un événement, survenu quelques jours après, donna à mes présomptions une force et une sanction nouvelles. @A diverses reprises, et surtout vers les premières heures de la nuit, j'avais pu voir un individu, revêtu d'une blouse d'ouvrier, établir, sur le trottoir opposé à l'hôtel Montréal, le siége de ses longues et opiniâtres promenades. Il allait et venait, sans motif apparent, s'arrêtant ou reprenant sa marche, suivant qu'il se sentait à l'abri des regards indiscrets ou ob-servé par quelques personnes du voisinage. Le pavé était-il libre, la rue était-elle déserte, il choisissait un poste à son gré, d'où l'oeil pouvait embrasser les croisées du premier étage on eût dit qu'il attendait un mouvement, un signal convenu, un témoignage d'intelligence. Après quoi il dispa-raissait et gagnait l'une des ruelles où débouchaient les jar-dins et les dépendances de l'hôtel. Dans les débuts, les promenades de cet homme, quoique journalières, ne fixèrent point mon attention son costume était un sauf-conduit qui désarmait mes défiances. Comment croire, en effet, qu'une blouse eût quelque chose de commun avec les Montréal, et qu'un simple ouvrier eût placé si haut ses bonnes fortunes ? Y eût-il une amourette sous jeu, elle ne pouvait viser ailleurs qu'aux soubrettes de la maison, et dès lors elle était indigne d'éveiller les soucis d'un fonction-naire public. Pourquoi se faire le trouble-fête des petites gens ? Ainsi pensais-je, et je fermais les yeux sur les allées et venues de cet homme. Cependant, à force de le rencontrer sur mon@ chemin, il se
44 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. vation, j'en étais arrivé à un commencement de preuves évidemment cette larme n'était pas la seule que cette femme eût versée, et ce luxe qui l'entourait, cette vie opulente qui frappait le regard, cachaient des douleurs et des misères qui y faisaient une triste et cruelle compensation. III Un événement, survenu quelques jours après, donna à mes présomptions une force et une sanction nouvelles. @A diverses reprises, et surtout vers les premières heures de la nuit, j'avais pu voir un individu, revêtu d'une blouse d'ouvrier, établir, sur le trottoir opposé à l'hôtel Montréal, le siége de ses longues et opiniâtres promenades. Il allait et venait, sans motif apparent, s'arrêtant ou reprenant sa marche, suivant qu'il se sentait à l'abri des regards indiscrets ou ob-servé par quelques personnes du voisinage. Le pavé était-il libre, la rue était-elle déserte, il choisissait un poste à son gré, d'où l'oeil pouvait embrasser les croisées du premier étage on eût dit qu'il attendait un mouvement, un signal convenu, un témoignage d'intelligence. Après quoi il dispa-raissait et gagnait l'une des ruelles où débouchaient les jar-dins et les dépendances de l'hôtel. Dans les débuts, les promenades de cet homme, quoique journalières, ne fixèrent point mon attention son costume était un sauf-conduit qui désarmait mes défiances. Comment croire, en effet, qu'une blouse eût quelque chose de commun avec les Montréal, et qu'un simple ouvrier eût placé si haut ses bonnes fortunes ? Y eût-il une amourette sous jeu, elle ne pouvait viser ailleurs qu'aux soubrettes de la maison, et dès lors elle était indigne d'éveiller les soucis d'un fonction-naire public. Pourquoi se faire le trouble-fête des petites gens ? Ainsi pensais-je, et je fermais les yeux sur les allées et venues de cet homme. Cependant, à force de le rencontrer sur mon@ chemin, il se
44 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. vation, j'en étais arrivé à un commencement de preuves évidemment cette larme n'était pas la seule que cette femme eût versée, et ce luxe qui l'entourait, cette vie opulente qui frappait le regard, cachaient des douleurs et des misères qui y faisaient une triste et cruelle compensation. III Un événement, survenu quelques jours après, donna à mes présomptions une force et une sanction nouvelles. A diverses reprises, et surtout vers les premières heures de la nuit, j'avais pu voir un individu, revêtu d'une blouse d'ouvrier, établir, sur le trottoir opposé à l'hôtel Montréal, le siége de ses longues et opiniâtres promenades. Il allait et venait, sans motif apparent, s'arrêtant ou reprenant sa marche, suivant qu'il se sentait à l'abri des regards indiscrets ou ob-servé par quelques personnes du voisinage. Le pavé était-il libre, la rue était-elle déserte, il choisissait un poste à son gré, d'où l'oeil pouvait embrasser les croisées du premier étage on eût dit qu'il attendait un mouvement, un signal convenu, un témoignage d'intelligence. Après quoi il dispa-raissait et gagnait l'une des ruelles où débouchaient les jar-dins et les dépendances de l'hôtel. Dans les débuts, les promenades de cet homme, quoique journalières, ne fixèrent point mon attention son costume était un sauf-conduit qui désarmait mes défiances. Comment croire, en effet, qu'une blouse eût quelque chose de commun avec les Montréal, et qu'un simple ouvrier eût placé si haut ses bonnes fortunes ? Y eût-il une amourette sous jeu, elle ne pouvait viser ailleurs qu'aux soubrettes de la maison, et dès lors elle était indigne d'éveiller les soucis d'un fonction-naire public. Pourquoi se faire le trouble-fête des petites gens ? Ainsi pensais-je, et je fermais les yeux sur les allées et venues de cet homme. Cependant, à force de le rencontrer sur mon chemin, il se
5
0.002654
0.014451
700.txt
1,875
DE LAROCHEFOUCAULD. 399 lement désirée à Paris pour y pouvoir demeurer en sûreté avec dessein de l'empêchor, et M. le duc d'Or-léans, qui l'avait toujours désirée et qui craignait le mal que la présence de M. le Prince lui pouvait attirer, contribua d'autant plus volontiers à son éloignement, qu'il se voyait par là en liberté de faire son traité par-ticulier. Mais encore que les choses fussent en ces termes, la négociation ne laissait pas de continuer car, dans le temps que le cardinal Mazarin sortit pour la seconde fois du royaume, afin de faire cesser le pré-texte de la guerre civile 1 , et faire connaître que M. le Prince avait d'autres intérêts que son éloigne-ment, il envoya Langlade, secrétaire du cabinet, vers le duc de Larochefoucauld, soit qu'il eût véritablement dessein de traiter pour faciliter son retour, ou qu'il prétendît tirer quelque avantage, en faisant paraître qu'il désirait la paix. Les conditions qu'apporta Lan-glade étaient beaucoup plus amples que toutes celles que l'on avait proposées jusqu'alors, et conformes à ce que M. le Prince avait demandé. Mais elles ne laissè-rent pas d'être refusées, et sa destinée, qui l'entraînait en Flandre, ne lui a permis de connaître le précipice que lorsqu'il n'a plus été dans son pouvoir de s'en reti-rer 2 . Il partit donc enfin avec M. de Lorraine, après i Larochefoucauld convient donc enfin lui-même que Mazarin n'était qu'un prétexte pour les Frondeurs. C'est donc bien contre l'autorité royale qu'était dirigée cette -misérable guerre de la Fronde, dans le temps même où le Parlement anglais condamnait à l'échafaud l'oncle du roi de France, l'infortuné Charles Ier. 2 On comprend bien que Larochefoucauld cherche à s'excuser en excusant Condé, mais il faut être bien à court de bonnes raisons pour invoquer l'ignorance en faveur d'une aussi indigne trahison.
DE LAROCHEFOUCAULD. 399 lement désirée à Paris pour y pouvoir demeurer en sûreté avec dessein de l'empêchor, et M. le duc d'Or-léans, qui l'avait toujours désirée et qui craignait le mal que la présence de M. le Prince lui pouvait attirer, contribua d'autant plus volontiers à son éloignement, qu'il se voyait par là en liberté de faire son traité par-ticulier. Mais encore que les choses fussent en ces termes, la négociation ne laissait pas de continuer car, dans le temps que le cardinal Mazarin sortit pour la seconde fois du royaume, afin de faire cesser le pré-texte de la guerre civile 1 , et faire connaître que M. le Prince avait d'autres intérêts que son éloigne-ment, il envoya Langlade, secrétaire du cabinet, vers le duc de Larochefoucauld, soit qu'il eût véritablement dessein de traiter pour faciliter son retour, ou qu'il prétendît tirer quelque avantage, en faisant paraître qu'il désirait la paix. Les conditions qu'apporta Lan-glade étaient beaucoup plus amples que toutes celles que l'on avait proposées jusqu'alors, et conformes à ce que M. le Prince avait demandé. Mais elles ne laissè-rent pas d'être refusées, et sa destinée, qui l'entraînait en Flandre, ne lui a permis de connaître le précipice que lorsqu'il n'a plus été dans son pouvoir de s'en reti-rer 2 . Il partit donc enfin avec M. de Lorraine, après i Larochefoucauld convient donc enfin lui-même que Mazarin n'était qu'un prétexte pour les Frondeurs. C'est donc bien contre l'autorité royale qu'était dirigée cette -misérable guerre de la Fronde, dans le temps même où le Parlement anglais condamnait à l'échafaud l'oncle du roi de France, l'infortuné Charles Ier. 2 On comprend bien que Larochefoucauld cherche à s'excuser en excusant Condé, mais il faut être bien à court de bonnes raisons pour invoquer l'ignorance en faveur d'une aussi indigne trahison.
DE LAROCHEFOUCAULD. 399 lement désirée à Paris pour y pouvoir demeurer en sûreté avec dessein de l'empêcher, et M. le duc d'Or-léans, qui l'avait toujours désirée et qui craignait le mal que la présence de M. le Prince lui pouvait attirer, contribua d'autant plus volontiers à son éloignement, qu'il se voyait par là en liberté de faire son traité par-ticulier. Mais encore que les choses fussent en ces termes, la négociation ne laissait pas de continuer car, dans le temps que le cardinal Mazarin sortit pour la seconde fois du royaume, afin de faire cesser le pré-texte de la guerre civile 1 , et faire connaître que M. le Prince avait d'autres intérêts que son éloigne-ment, il envoya Langlade, secrétaire du cabinet, vers le duc de Larochefoucauld, soit qu'il eût véritablement dessein de traiter pour faciliter son retour, ou qu'il prétendît tirer quelque avantage, en faisant paraître qu'il désirait la paix. Les conditions qu'apporta Lan-glade étaient beaucoup plus amples que toutes celles que l'on avait proposées jusqu'alors, et conformes à ce que M. le Prince avait demandé. Mais elles ne laissè-rent pas d'être refusées, et sa destinée, qui l'entraînait en Flandre, ne lui a permis de connaître le précipice que lorsqu'il n'a plus été dans son pouvoir de s'en reti-rer 2 . Il partit donc enfin avec M. de Lorraine, après 1 Larochefoucauld convient donc enfin lui-même que Mazarin n'était qu'un prétexte pour les Frondeurs. C'est donc bien contre l'autorité royale qu'était dirigée cette @misérable guerre de la Fronde, dans le temps même où le Parlement anglais condamnait à l'échafaud l'oncle du roi de France, l'infortuné Charles Ier. 2 On comprend bien que Larochefoucauld cherche à s'excuser en excusant Condé, mais il faut être bien à court de bonnes raisons pour invoquer l'ignorance en faveur d'une aussi indigne trahison.
DE LAROCHEFOUCAULD. 399 lement désirée à Paris pour y pouvoir demeurer en sûreté avec dessein de l'empêcher, et M. le duc d'Or-léans, qui l'avait toujours désirée et qui craignait le mal que la présence de M. le Prince lui pouvait attirer, contribua d'autant plus volontiers à son éloignement, qu'il se voyait par là en liberté de faire son traité par-ticulier. Mais encore que les choses fussent en ces termes, la négociation ne laissait pas de continuer car, dans le temps que le cardinal Mazarin sortit pour la seconde fois du royaume, afin de faire cesser le pré-texte de la guerre civile 1 , et faire connaître que M. le Prince avait d'autres intérêts que son éloigne-ment, il envoya Langlade, secrétaire du cabinet, vers le duc de Larochefoucauld, soit qu'il eût véritablement dessein de traiter pour faciliter son retour, ou qu'il prétendît tirer quelque avantage, en faisant paraître qu'il désirait la paix. Les conditions qu'apporta Lan-glade étaient beaucoup plus amples que toutes celles que l'on avait proposées jusqu'alors, et conformes à ce que M. le Prince avait demandé. Mais elles ne laissè-rent pas d'être refusées, et sa destinée, qui l'entraînait en Flandre, ne lui a permis de connaître le précipice que lorsqu'il n'a plus été dans son pouvoir de s'en reti-rer 2 . Il partit donc enfin avec M. de Lorraine, après 1 Larochefoucauld convient donc enfin lui-même que Mazarin n'était qu'un prétexte pour les Frondeurs. C'est donc bien contre l'autorité royale qu'était dirigée cette @misérable guerre de la Fronde, dans le temps même où le Parlement anglais condamnait à l'échafaud l'oncle du roi de France, l'infortuné Charles Ier. 2 On comprend bien que Larochefoucauld cherche à s'excuser en excusant Condé, mais il faut être bien à court de bonnes raisons pour invoquer l'ignorance en faveur d'une aussi indigne trahison.
DE LAROCHEFOUCAULD. 399 lement désirée à Paris pour y pouvoir demeurer en sûreté avec dessein de l'empêcher, et M. le duc d'Or-léans, qui l'avait toujours désirée et qui craignait le mal que la présence de M. le Prince lui pouvait attirer, contribua d'autant plus volontiers à son éloignement, qu'il se voyait par là en liberté de faire son traité par-ticulier. Mais encore que les choses fussent en ces termes, la négociation ne laissait pas de continuer car, dans le temps que le cardinal Mazarin sortit pour la seconde fois du royaume, afin de faire cesser le pré-texte de la guerre civile 1 , et faire connaître que M. le Prince avait d'autres intérêts que son éloigne-ment, il envoya Langlade, secrétaire du cabinet, vers le duc de Larochefoucauld, soit qu'il eût véritablement dessein de traiter pour faciliter son retour, ou qu'il prétendît tirer quelque avantage, en faisant paraître qu'il désirait la paix. Les conditions qu'apporta Lan-glade étaient beaucoup plus amples que toutes celles que l'on avait proposées jusqu'alors, et conformes à ce que M. le Prince avait demandé. Mais elles ne laissè-rent pas d'être refusées, et sa destinée, qui l'entraînait en Flandre, ne lui a permis de connaître le précipice que lorsqu'il n'a plus été dans son pouvoir de s'en reti-rer 2 . Il partit donc enfin avec M. de Lorraine, après 1 Larochefoucauld convient donc enfin lui-même que Mazarin n'était qu'un prétexte pour les Frondeurs. C'est donc bien contre l'autorité royale qu'était dirigée cette misérable guerre de la Fronde, dans le temps même où le Parlement anglais condamnait à l'échafaud l'oncle du roi de France, l'infortuné Charles Ier. 2 On comprend bien que Larochefoucauld cherche à s'excuser en excusant Condé, mais il faut être bien à court de bonnes raisons pour invoquer l'ignorance en faveur d'une aussi indigne trahison.
3
0.00163
0.009119
847.txt
1,858
154 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. d'autres avantages, ils y trouvaient une sécurité que ne pré-sentent ni les professions libérales, ni les chances aléatoires du commerce et de l'industrie calcul souvent trompé, et-qui le fut bien cruellement pour ces malheureuses gens. Sous l'aïeul, les choses avaient suivi leur cours sans trop de gêne ni d'embarras il occupa son poste pendant de longues années, jouit d'un traitement suffisant, et quand l'heure de la retraite eut sonné, il fit liquider sa pension dont une faible part retourna à sa femme par voie de survi-vance. Il en eût été de même pour son fils, et peut-être celui-ci, employé fort capable, se fût-il élevé plus haut, si la mort n'était venue le frapper avant l'âge et frapper du même coup sa veuve, qui ne lui survécut que de peu de mois. Une enfant restait seule comme fruit de cette union sitôt rom-pue c'était Marguerite Morin, l'objet des contemplations de Ludovic. Élevée par ses grands-parents, elle n'avait-vu du monde que cet intérieur triste et assombri, et était entrée dans la vie en portant le deuil de presque - tous les siens. Quelque pénible que fût cette situation, elle s'aggrava en-core à la mort du dernier chef de la famille, qui laissa les deux femmes presque sans ressources l'une très-âgée et déjà impotente l'autre si jeune, qu'elle ne pouvait songer encore à vivre du travail de ses mains. - Heureusement, Marguerite était une enfant précoce chez elle la tête valait le coeur. Dès que la grand'mère fut hors d'état de mener la maison, ce fut elle qui en prit la conduite, et qui, à force d'ordre, parvint à y maintenir la dépense au , niveau du revenu. La petite rente que leur servait l'Etat dé-frayait les besoins les plus stricts, et Marguerite eut bientôt suppléé à ce qu'elle avait d'insuffisant. Personne ne maniait l'aiguille mieux qu'elle, et ne tirait plus de parti de son temps. Ponctuelle, active, adroite, elle eut plus d'ouvrage qu'elle n'en put fournir c'était à qui l'emploierait parmi les marchands. Ce fut ainsi qu'elle parvint à préserver son aïeule de la misère. Rien ne lui coûtait pour cela ni les privations, ni les veilles elle prenait sur son sommeil plutôt que de la laisser au dépourvu. Et quelles attentions délicates 1 quel dé-vouement ingénieux 1 Les vertus que l'on couronne publi-quement eussent paru bien ternes auprès de cette vertu mo-
154 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. d'autres avantages, ils y trouvaient une sécurité que ne pré-sentent ni les professions libérales, ni les chances aléatoires du commerce et de l'industrie calcul souvent trompé, et-qui le fut bien cruellement pour ces malheureuses gens. Sous l'aïeul, les choses avaient suivi leur cours sans trop de gêne ni d'embarras il occupa son poste pendant de longues années, jouit d'un traitement suffisant, et quand l'heure de la retraite eut sonné, il fit liquider sa pension@ dont une faible part retourna à sa femme par voie de survi-vance. Il en eût été de même pour son fils, et peut-être celui-ci, employé fort capable, se fût-il élevé plus haut, si la mort n'était venue le frapper avant l'âge et frapper du même coup sa veuve, qui ne lui survécut que de peu de mois. Une enfant restait seule comme fruit de cette union sitôt rom-pue c'était Marguerite Morin, l'objet des contemplations de Ludovic. Élevée par ses grands-parents, elle n'avait-vu du monde que cet intérieur triste et assombri, et était entrée dans la vie en portant le deuil de presque - tous les siens. Quelque pénible que fût cette situation, elle s'aggrava en-core à la mort du dernier chef de la famille, qui laissa les deux femmes presque sans ressources l'une très-âgée et déjà impotente l'autre si jeune, qu'elle ne pouvait songer encore à vivre du travail de ses mains. - Heureusement, Marguerite était une enfant précoce chez elle la tête valait le coeur. Dès que la grand'mère fut hors d'état de mener la maison, ce fut elle qui en prit la conduite, et qui, à force d'ordre, parvint à y maintenir la dépense au , niveau du revenu. La petite rente que leur servait l'Etat dé-frayait les besoins les plus stricts, et Marguerite eut bientôt suppléé à ce qu'elle avait d'insuffisant. Personne ne maniait l'aiguille mieux qu'elle, et ne tirait plus de parti de son temps. Ponctuelle, active, adroite, elle eut plus d'ouvrage qu'elle n'en put fournir c'était à qui l'emploierait parmi les marchands. Ce fut ainsi qu'elle parvint à préserver son aïeule de la misère. Rien ne lui coûtait pour cela ni les privations, ni les veilles elle prenait sur son sommeil plutôt que de la laisser au dépourvu. Et quelles attentions délicates 1 quel dé-vouement ingénieux 1 Les vertus que l'on couronne publi-quement eussent paru bien ternes auprès de cette vertu mo-
154 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. d'autres avantages, ils y trouvaient une sécurité que ne pré-sentent ni les professions libérales, ni les chances aléatoires du commerce et de l'industrie calcul souvent trompé, et qui le fut bien cruellement pour ces malheureuses gens. Sous l'aïeul, les choses avaient suivi leur cours sans trop de gêne ni d'embarras il occupa son poste pendant de longues années, jouit d'un traitement suffisant, et quand l'heure de la retraite eut sonné, il fit liquider sa pension, dont une faible part retourna à sa femme par voie de survi-vance. Il en eût été de même pour son fils, et peut-être celui-ci, employé fort capable, se fût-il élevé plus haut, si la mort n'était venue le frapper avant l'âge et frapper du même coup sa veuve, qui ne lui survécut que de peu de mois. Une enfant restait seule comme fruit de cette union sitôt rom-pue c'était Marguerite Morin, l'objet des contemplations de Ludovic. Élevée par ses grands-parents, elle n'avait vu du monde que cet intérieur triste et assombri, et était entrée dans la vie en portant le deuil de presque @@tous les siens. Quelque pénible que fût cette situation, elle s'aggrava en-core à la mort du dernier chef de la famille, qui laissa les deux femmes presque sans ressources l'une très-âgée et déjà impotente l'autre si jeune, qu'elle ne pouvait songer encore à vivre du travail de ses mains.@@ Heureusement, Marguerite était une enfant précoce chez elle la tête valait le coeur. Dès que la grand'mère fut hors d'état de mener la maison, ce fut elle qui en prit la conduite, et qui, à force d'ordre, parvint à y maintenir la dépense au @@niveau du revenu. La petite rente que leur servait l'État dé-frayait les besoins les plus stricts, et Marguerite eut bientôt suppléé à ce qu'elle avait d'insuffisant. Personne ne maniait l'aiguille mieux qu'elle, et ne tirait plus de parti de son temps. Ponctuelle, active, adroite, elle eut plus d'ouvrage qu'elle n'en put fournir c'était à qui l'emploierait parmi les marchands. Ce fut ainsi qu'elle parvint à préserver son aïeule de la misère. Rien ne lui coûtait pour cela ni les privations, ni les veilles elle prenait sur son sommeil plutôt que de la laisser au dépourvu. Et quelles attentions délicates ! quel dé-vouement ingénieux ! Les vertus que l'on couronne publi-quement eussent paru bien ternes auprès de cette vertu mo-
154 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. d'autres avantages, ils y trouvaient une sécurité que ne pré-sentent ni les professions libérales, ni les chances aléatoires du commerce et de l'industrie calcul souvent trompé, et qui le fut bien cruellement pour ces malheureuses gens. Sous l'aïeul, les choses avaient suivi leur cours sans trop de gêne ni d'embarras il occupa son poste pendant de longues années, jouit d'un traitement suffisant, et quand l'heure de la retraite eut sonné, il fit liquider sa pension, dont une faible part retourna à sa femme par voie de survi-vance. Il en eût été de même pour son fils, et peut-être celui-ci, employé fort capable, se fût-il élevé plus haut, si la mort n'était venue le frapper avant l'âge et frapper du même coup sa veuve, qui ne lui survécut que de peu de mois. Une enfant restait seule comme fruit de cette union sitôt rom-pue c'était Marguerite Morin, l'objet des contemplations de Ludovic. Élevée par ses grands-parents, elle n'avait vu du monde que cet intérieur triste et assombri, et était entrée dans la vie en portant le deuil de presque @@tous les siens. Quelque pénible que fût cette situation, elle s'aggrava en-core à la mort du dernier chef de la famille, qui laissa les deux femmes presque sans ressources l'une très-âgée et déjà impotente l'autre si jeune, qu'elle ne pouvait songer encore à vivre du travail de ses mains.@@ Heureusement, Marguerite était une enfant précoce chez elle la tête valait le coeur. Dès que la grand'mère fut hors d'état de mener la maison, ce fut elle qui en prit la conduite, et qui, à force d'ordre, parvint à y maintenir la dépense au @@niveau du revenu. La petite rente que leur servait l'État dé-frayait les besoins les plus stricts, et Marguerite eut bientôt suppléé à ce qu'elle avait d'insuffisant. Personne ne maniait l'aiguille mieux qu'elle, et ne tirait plus de parti de son temps. Ponctuelle, active, adroite, elle eut plus d'ouvrage qu'elle n'en put fournir c'était à qui l'emploierait parmi les marchands. Ce fut ainsi qu'elle parvint à préserver son aïeule de la misère. Rien ne lui coûtait pour cela ni les privations, ni les veilles elle prenait sur son sommeil plutôt que de la laisser au dépourvu. Et quelles attentions délicates ! quel dé-vouement ingénieux ! Les vertus que l'on couronne publi-quement eussent paru bien ternes auprès de cette vertu mo-
154 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. d'autres avantages, ils y trouvaient une sécurité que ne pré-sentent ni les professions libérales, ni les chances aléatoires du commerce et de l'industrie calcul souvent trompé, et qui le fut bien cruellement pour ces malheureuses gens. Sous l'aïeul, les choses avaient suivi leur cours sans trop de gêne ni d'embarras il occupa son poste pendant de longues années, jouit d'un traitement suffisant, et quand l'heure de la retraite eut sonné, il fit liquider sa pension, dont une faible part retourna à sa femme par voie de survi-vance. Il en eût été de même pour son fils, et peut-être celui-ci, employé fort capable, se fût-il élevé plus haut, si la mort n'était venue le frapper avant l'âge et frapper du même coup sa veuve, qui ne lui survécut que de peu de mois. Une enfant restait seule comme fruit de cette union sitôt rom-pue c'était Marguerite Morin, l'objet des contemplations de Ludovic. Élevée par ses grands-parents, elle n'avait vu du monde que cet intérieur triste et assombri, et était entrée dans la vie en portant le deuil de presque tous les siens. Quelque pénible que fût cette situation, elle s'aggrava en-core à la mort du dernier chef de la famille, qui laissa les deux femmes presque sans ressources l'une très-âgée et déjà impotente l'autre si jeune, qu'elle ne pouvait songer encore à vivre du travail de ses mains. Heureusement, Marguerite était une enfant précoce chez elle la tête valait le coeur. Dès que la grand'mère fut hors d'état de mener la maison, ce fut elle qui en prit la conduite, et qui, à force d'ordre, parvint à y maintenir la dépense au niveau du revenu. La petite rente que leur servait l'État dé-frayait les besoins les plus stricts, et Marguerite eut bientôt suppléé à ce qu'elle avait d'insuffisant. Personne ne maniait l'aiguille mieux qu'elle, et ne tirait plus de parti de son temps. Ponctuelle, active, adroite, elle eut plus d'ouvrage qu'elle n'en put fournir c'était à qui l'emploierait parmi les marchands. Ce fut ainsi qu'elle parvint à préserver son aïeule de la misère. Rien ne lui coûtait pour cela ni les privations, ni les veilles elle prenait sur son sommeil plutôt que de la laisser au dépourvu. Et quelles attentions délicates ! quel dé-vouement ingénieux ! Les vertus que l'on couronne publi-quement eussent paru bien ternes auprès de cette vertu mo-
12
0.0051
0.029412
853.txt
1,858
t60 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. thètes par boisseau et toutes inattendues, des tours de phrase à renverser les gens et des antithèses sur toutes les coutures. Un style simple était à ses yeux un Champagne sans mousse, bon tout au plus pour des laquais. Ainsi du reste en mu-sique, il était pour le compositeur qui menait le plus de bruit en peinture, pour l'artiste qui .empâtait le mieux ses toiles. Il aimait le voyant, le chatoyant, le tumultueux, l'in-décis, tous les colifichets et toutes les verroteries. Et ce qu'il aimait, il ne l'aimait point à demr quand il en était à son quinzième verre de bière, il parlait d'aller briser les reins à tous les hommes qui n'envisageaient pas l'art sous cet aspect et y employaient d'autres procédés. Il va sans dire que la tenue était assortie aux opinions sous ce rapport, Melchior n'avait jamais varié il était de-meuré aussi inébranlable dans ses- costumes que dans ses haines contre Justinien. Son tailleur et son chapelier avaient reçu les consignes les plus sévères. L'un devait toujours lui refaire le même pantalon, l'autre le même chapeau pantalon et chapeau à caractère, au-dessus des atteintes de la mode et de ses caprices passagers. Le chapeau était un cône de son invention, qu'il avait longtemps médité et qui devait sur-vivre aux événements. Le pantalon était à froncis et accom-pagné de poches latérales qui ressemblaient à des magasins, et qu'il bourrait d'objets hétérogènes. Le paletot, la cra-vate , le gilet, la chaussure, tout était dans le même style et réglé de la même façon. Il n'était pas jusqu'à la barbe qui ne dût se conformer à cette disposition générale, et, pour l'y mieux réduire, il ne la peignait que rarement. Cependant, en dépit de tout, Melchior restait ce que la nature l'avait fait, un fort beau garçon, avec les traits les plus réguliers que l'on pût voir, un oeil noir et vif, des dents magnifiques, une taille souple, des mains qu'une femme eût enviées, en un mot tout ce qu'il fallait pour séduire et jon-cher de victimes les chemins où il passerait. Aussi ne s'y épargnait-il pas ses succès étaient de notoriété publique. Il avait le choix parmi les créatures qui promènent leurs grâces dans le pays Latin et s'y transmettent de main en main, par - voie de succession ou de déshérence. Puis on s'accordait à lui attribuer d'autres aventures d'un genre plus relevé, et qu'il couvrait d'un voile plus épais. Il s'agissait de dames huppées,
t60 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. thètes par boisseau et toutes inattendues, des tours de phrase à renverser les gens et des antithèses sur toutes les coutures. Un style simple était à ses yeux un Champagne sans mousse, bon tout au plus pour des laquais. Ainsi du reste en mu-sique, il était pour le compositeur qui menait le plus de bruit en peinture, pour l'artiste qui .empâtait le mieux ses toiles. Il aimait le voyant, le chatoyant, le tumultueux, l'in-décis, tous les colifichets et toutes les verroteries. Et ce qu'il aimait, il ne l'aimait point à demr quand il en était à son quinzième verre de bière, il parlait d'aller briser les reins à tous les hommes qui n'envisageaient pas l'art sous cet aspect et y employaient d'autres procédés. Il va sans dire que la tenue était assortie aux opinions sous ce rapport, Melchior n'avait jamais varié il était de-meuré aussi inébranlable dans ses- costumes que dans ses haines contre Justinien. Son tailleur et son chapelier avaient reçu les consignes les plus sévères. L'un devait toujours lui refaire le même pantalon, l'autre le même chapeau pantalon et chapeau à caractère, au-dessus des atteintes de la mode et de ses caprices passagers. Le chapeau était un cône de son invention, qu'il avait longtemps médité et qui devait sur-vivre aux événements. Le pantalon était à froncis et accom-pagné de poches latérales qui ressemblaient à des magasins, et qu'il bourrait d'objets hétérogènes. Le paletot, la cra-vate , le gilet, la chaussure, tout était dans le même style et réglé de la même façon. Il n'était pas jusqu'à la barbe qui ne dût se conformer à cette disposition générale, et, pour l'y mieux réduire, il ne la peignait que rarement. Cependant, en dépit de tout, Melchior restait ce que la nature l'avait fait, un fort beau garçon, avec les traits les plus réguliers que l'on pût voir, un oeil noir et vif, des dents magnifiques, une taille souple, des mains qu'une femme eût enviées, en un mot tout ce qu'il fallait pour séduire et jon-cher de victimes les chemins où il passerait. Aussi ne s'y épargnait-il pas ses succès étaient de notoriété publique. Il avait le choix parmi les créatures qui promènent leurs grâces dans le pays Latin et s'y transmettent de main en main, par - voie de succession ou de déshérence. Puis on s'accordait à lui attribuer d'autres aventures d'un genre plus relevé, et qu'il couvrait d'un voile plus épais. Il s'agissait de dames huppées,
### CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. thètes par boisseau et toutes inattendues, des tours de phrase à renverser les gens et des antithèses sur toutes les coutures. Un style simple était à ses yeux un champagne sans mousse, bon tout au plus pour des laquais. Ainsi du reste en mu-sique, il était pour le compositeur qui menait le plus de bruit en peinture, pour l'artiste qui @empâtait le mieux ses toiles. Il aimait le voyant, le chatoyant, le tumultueux, l'in-décis, tous les colifichets et toutes les verroteries. Et ce qu'il aimait, il ne l'aimait point à demi quand il en était à son quinzième verre de bière, il parlait d'aller briser les reins à tous les hommes qui n'envisageaient pas l'art sous cet aspect et y employaient d'autres procédés. Il va sans dire que la tenue était assortie aux opinions sous ce rapport, Melchior n'avait jamais varié il était de-meuré aussi inébranlable dans ses@ costumes que dans ses haines contre Justinien. Son tailleur et son chapelier avaient reçu les consignes les plus sévères. L'un devait toujours lui refaire le même pantalon, l'autre le même chapeau pantalon et chapeau à caractère, au-dessus des atteintes de la mode et de ses caprices passagers. Le chapeau était un cône de son invention, qu'il avait longtemps médité et qui devait sur-vivre aux événements. Le pantalon était à froncis et accom-pagné de poches latérales qui ressemblaient à des magasins, et qu'il bourrait d'objets hétérogènes. Le paletot, la cra-vate@, le gilet, la chaussure, tout était dans le même style et réglé de la même façon. Il n'était pas jusqu'à la barbe qui ne dût se conformer à cette disposition générale, et, pour l'y mieux réduire, il ne la peignait que rarement. Cependant, en dépit de tout, Melchior restait ce que la nature l'avait fait, un fort beau garçon, avec les traits les plus réguliers que l'on pût voir, un oeil noir et vif, des dents magnifiques, une taille souple, des mains qu'une femme eût enviées, en un mot tout ce qu'il fallait pour séduire et jon-cher de victimes les chemins où il passerait. Aussi ne s'y épargnait-il pas ses succès étaient de notoriété publique. Il avait le choix parmi les créatures qui promènent leurs grâces dans le pays Latin et s'y transmettent de main en main, par @@voie de succession ou de déshérence. Puis on s'accordait à lui attribuer d'autres aventures d'un genre plus relevé, et qu'il couvrait d'un voile plus épais. Il s'agissait de dames huppées,
t60 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. thètes par boisseau et toutes inattendues, des tours de phrase à renverser les gens et des antithèses sur toutes les coutures. Un style simple était à ses yeux un champagne sans mousse, bon tout au plus pour des laquais. Ainsi du reste en mu-sique, il était pour le compositeur qui menait le plus de bruit en peinture, pour l'artiste qui @empâtait le mieux ses toiles. Il aimait le voyant, le chatoyant, le tumultueux, l'in-décis, tous les colifichets et toutes les verroteries. Et ce qu'il aimait, il ne l'aimait point à demi quand il en était à son quinzième verre de bière, il parlait d'aller briser les reins à tous les hommes qui n'envisageaient pas l'art sous cet aspect et y employaient d'autres procédés. Il va sans dire que la tenue était assortie aux opinions sous ce rapport, Melchior n'avait jamais varié il était de-meuré aussi inébranlable dans ses@ costumes que dans ses haines contre Justinien. Son tailleur et son chapelier avaient reçu les consignes les plus sévères. L'un devait toujours lui refaire le même pantalon, l'autre le même chapeau pantalon et chapeau à caractère, au-dessus des atteintes de la mode et de ses caprices passagers. Le chapeau était un cône de son invention, qu'il avait longtemps médité et qui devait sur-vivre aux événements. Le pantalon était à froncis et accom-pagné de poches latérales qui ressemblaient à des magasins, et qu'il bourrait d'objets hétérogènes. Le paletot, la cra-vate@, le gilet, la chaussure, tout était dans le même style et réglé de la même façon. Il n'était pas jusqu'à la barbe qui ne dût se conformer à cette disposition générale, et, pour l'y mieux réduire, il ne la peignait que rarement. Cependant, en dépit de tout, Melchior restait ce que la nature l'avait fait, un fort beau garçon, avec les traits les plus réguliers que l'on pût voir, un oeil noir et vif, des dents magnifiques, une taille souple, des mains qu'une femme eût enviées, en un mot tout ce qu'il fallait pour séduire et jon-cher de victimes les chemins où il passerait. Aussi ne s'y épargnait-il pas ses succès étaient de notoriété publique. Il avait le choix parmi les créatures qui promènent leurs grâces dans le pays Latin et s'y transmettent de main en main, par @@voie de succession ou de déshérence. Puis on s'accordait à lui attribuer d'autres aventures d'un genre plus relevé, et qu'il couvrait d'un voile plus épais. Il s'agissait de dames huppées,
t60 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. thètes par boisseau et toutes inattendues, des tours de phrase à renverser les gens et des antithèses sur toutes les coutures. Un style simple était à ses yeux un champagne sans mousse, bon tout au plus pour des laquais. Ainsi du reste en mu-sique, il était pour le compositeur qui menait le plus de bruit en peinture, pour l'artiste qui empâtait le mieux ses toiles. Il aimait le voyant, le chatoyant, le tumultueux, l'in-décis, tous les colifichets et toutes les verroteries. Et ce qu'il aimait, il ne l'aimait point à demi quand il en était à son quinzième verre de bière, il parlait d'aller briser les reins à tous les hommes qui n'envisageaient pas l'art sous cet aspect et y employaient d'autres procédés. Il va sans dire que la tenue était assortie aux opinions sous ce rapport, Melchior n'avait jamais varié il était de-meuré aussi inébranlable dans ses costumes que dans ses haines contre Justinien. Son tailleur et son chapelier avaient reçu les consignes les plus sévères. L'un devait toujours lui refaire le même pantalon, l'autre le même chapeau pantalon et chapeau à caractère, au-dessus des atteintes de la mode et de ses caprices passagers. Le chapeau était un cône de son invention, qu'il avait longtemps médité et qui devait sur-vivre aux événements. Le pantalon était à froncis et accom-pagné de poches latérales qui ressemblaient à des magasins, et qu'il bourrait d'objets hétérogènes. Le paletot, la cra-vate, le gilet, la chaussure, tout était dans le même style et réglé de la même façon. Il n'était pas jusqu'à la barbe qui ne dût se conformer à cette disposition générale, et, pour l'y mieux réduire, il ne la peignait que rarement. Cependant, en dépit de tout, Melchior restait ce que la nature l'avait fait, un fort beau garçon, avec les traits les plus réguliers que l'on pût voir, un oeil noir et vif, des dents magnifiques, une taille souple, des mains qu'une femme eût enviées, en un mot tout ce qu'il fallait pour séduire et jon-cher de victimes les chemins où il passerait. Aussi ne s'y épargnait-il pas ses succès étaient de notoriété publique. Il avait le choix parmi les créatures qui promènent leurs grâces dans le pays Latin et s'y transmettent de main en main, par voie de succession ou de déshérence. Puis on s'accordait à lui attribuer d'autres aventures d'un genre plus relevé, et qu'il couvrait d'un voile plus épais. Il s'agissait de dames huppées,
7
0.002882
0.012712
884.txt
1,858
196 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. sous les formes du respect, et avait conduit l'art oratoire jusqu'aux confins de l'impertinence. Personne ne pouvait tiret-meilleur parti de la cause il avait un nom acquis, une réputatioc faite,- de l'aplomb, de l'à-propos, le geste fou-droyant, le regard terrible, un peu de science et beaucoup de - poumons. C'était plus qu'il n'en fallait pour l'emporter sur tous les points les tribunaux résistent rarement à tant de dons naturels. Et pourtant le célèbre avocat avait succombé dans la première instance peut-être était-il en mauvaise disposi-tion et n'avait-il pas eu ce jour-là le geste aussi foudroyant ni le regard aussi terrible que de coutume. Le Palais a de bonnes et mauvaises lunes. Quoi qu'il en soit, l'affaire allait se présenter en appel, et c'est à Ludovic qu'étaient échus le soin et l'honneur de mettre les dossiers en état. Celui-ci comprit qu'il s'agissait d'un coup de partie. Le célèbre avocat était comme tous les soleils s'il avait son éclat, il avait aussi ses taches. Per-sonne ne plaidait avec plus d'art et d'habileté que lui mal-heureusement il n'étudiait ses causes qu'à l'audience et se fiait aux répliques pour porter ses coups décisifs. Sur les efforts même de son adversaire, il jugeait, d'un coup d'oeil quel était le point vulnérable, y concentrait ses arguments e l'emportait par le prestige de la forme. On citait de lui vingt affaires qu'il avait enlevées de haute lutte et dont il ne savait pas le premier mot à l'ouverture des plaidoiries. Son talent couvrait ainpi les torts de sa négligence. Il est vrai de dire que ce procédé ne lui réussissait pas toujours, et que plus d'un échec se mêla à une suite de triomphes, et cela faute de soins préalables et d'une préparation suffisante. C'était le cas, disait-on, pour le procès dont Ludovic classait les élé-ments. Dans l'opinion des meilleurs juristes, l'appel devait changer la face des choses et intervertir les situations. Il n'en est pas de la justice comme de la médecine, où les erreurs sont en dernier ressort et échappent à toute réparation hu-maine. Ici un retour était possible et probable, pour peu qu'on y aidât. Ludovic en jugea ainsi mieux que personne, il pouvait apprécier le fort et le faible du litige pendant il avait les pièces sous les, yeux et connaissait les ressources de la pro-cédure. On a vu à quel point c'était un esprit sérieux, ré-
196 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. sous les formes du respect, et avait conduit l'art oratoire jusqu'aux confins de l'impertinence. Personne ne pouvait tiret-meilleur parti de la cause il avait un nom acquis, une réputatioc faite,- de l'aplomb, de l'à-propos, le geste fou-droyant, le regard terrible, un peu de science et beaucoup de - poumons. C'était plus qu'il n'en fallait pour l'emporter sur tous les points les tribunaux résistent rarement à tant de dons naturels. Et pourtant le célèbre avocat avait succombé dans la première instance peut-être était-il en mauvaise disposi-tion et n'avait-il pas eu ce jour-là le geste aussi foudroyant ni le regard aussi terrible que de coutume. Le Palais a de bonnes et mauvaises lunes. Quoi qu'il en soit, l'affaire allait se présenter en appel, et c'est à Ludovic qu'étaient échus le soin et l'honneur de mettre les dossiers en état. Celui-ci comprit qu'il s'agissait d'un coup de partie. Le célèbre avocat était comme tous les soleils s'il avait son éclat, il avait aussi ses taches. Per-sonne ne plaidait avec plus d'art et d'habileté que lui mal-heureusement il n'étudiait ses causes qu'à l'audience et se fiait aux répliques pour porter ses coups décisifs. Sur les efforts même de son adversaire, il jugeait, d'un coup d'oeil quel était le point vulnérable, y concentrait ses arguments e l'emportait par le prestige de la forme. On citait de lui vingt affaires qu'il avait enlevées de haute lutte et dont il ne savait pas le premier mot à l'ouverture des plaidoiries. Son talent couvrait ainpi les torts de sa négligence. Il est vrai de dire que ce procédé ne lui réussissait pas toujours, et que plus d'un échec se mêla à une suite de triomphes, et cela faute de soins préalables et d'une préparation suffisante. C'était le cas, disait-on, pour le procès dont Ludovic classait les élé-ments. Dans l'opinion des meilleurs juristes, l'appel devait changer la face des choses et intervertir les situations. Il n'en est pas de la justice comme de la médecine, où les erreurs sont en dernier ressort et échappent à toute réparation hu-maine. Ici un retour était possible et probable, pour peu qu'on y aidât. Ludovic en jugea ainsi mieux que personne, il pouvait apprécier le fort et le faible du litige pendant il avait les pièces sous les, yeux et connaissait les ressources de la pro-cédure. On a vu à quel point c'était un esprit sérieux, ré-
196 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. sous les formes du respect, et avait conduit l'art oratoire jusqu'aux confins de l'impertinence. Personne ne pouvait tirer meilleur parti de la cause il avait un nom acquis, une réputation faite,@ de l'aplomb, de l'à-propos, le geste fou-droyant, le regard terrible, un peu de science et beaucoup de@@ poumons. C'était plus qu'il n'en fallait pour l'emporter sur tous les points les tribunaux résistent rarement à tant de dons naturels. Et pourtant le célèbre avocat avait succombé dans la première instance peut-être était-il en mauvaise disposi-tion et n'avait-il pas eu ce jour-là le geste aussi foudroyant ni le regard aussi terrible que de coutume. Le Palais a de bonnes et mauvaises lunes. Quoi qu'il en soit, l'affaire allait se présenter en appel, et c'est à Ludovic qu'étaient échus le soin et l'honneur de mettre les dossiers en état. Celui-ci comprit qu'il s'agissait d'un coup de partie. Le célèbre avocat était comme tous les soleils s'il avait son éclat, il avait aussi ses taches. Per-sonne ne plaidait avec plus d'art et d'habilité que lui mal-heureusement il n'étudiait ses causes qu'à l'audience et se fiait aux répliques pour porter ses coups décisifs. Sur les efforts même de son adversaire, il jugeait, d'un coup d'oeil quel était le point vulnérable, y concentrait ses arguments e l'emportait par le prestige de la forme. On citait de lui vingt affaires qu'il avait enlevées de haute lutte et dont il ne savait pas le premier mot à l'ouverture des plaidoiries. Son talent couvrait ainsi les torts de sa négligence. Il est vrai de dire que ce procédé ne lui réussissait pas toujours, et que plus d'un échec se mêla à une suite de triomphes, et cela faute de soins préalables et d'une préparation suffisante. C'était le cas, disait-on, pour le procès dont Ludovic classait les élé-ments. Dans l'opinion des meilleurs juristes, l'appel devait changer la face des choses et intervertir les situations. Il n'en est pas de la justice comme de la médecine, où les erreurs sont en dernier ressort et échappent à toute réparation hu-maine. Ici un retour était possible et probable, pour peu qu'on y aidât. Ludovic en jugea ainsi mieux que personne, il pouvait apprécier le fort et le faible du litige pendant il avait les pièces sous les@ yeux et connaissait les ressources de la pro-cédure. On a vu à quel point c'était un esprit sérieux, ré-
196 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. sous les formes du respect, et avait conduit l'art oratoire jusqu'aux confins de l'impertinence. Personne ne pouvait tirer meilleur parti de la cause il avait un nom acquis, une réputation faite,@ de l'aplomb, de l'à-propos, le geste fou-droyant, le regard terrible, un peu de science et beaucoup de@@ poumons. C'était plus qu'il n'en fallait pour l'emporter sur tous les points les tribunaux résistent rarement à tant de dons naturels. Et pourtant le célèbre avocat avait succombé dans la première instance peut-être était-il en mauvaise disposi-tion et n'avait-il pas eu ce jour-là le geste aussi foudroyant ni le regard aussi terrible que de coutume. Le Palais a de bonnes et mauvaises lunes. Quoi qu'il en soit, l'affaire allait se présenter en appel, et c'est à Ludovic qu'étaient échus le soin et l'honneur de mettre les dossiers en état. Celui-ci comprit qu'il s'agissait d'un coup de partie. Le célèbre avocat était comme tous les soleils s'il avait son éclat, il avait aussi ses taches. Per-sonne ne plaidait avec plus d'art et d'habilité que lui mal-heureusement il n'étudiait ses causes qu'à l'audience et se fiait aux répliques pour porter ses coups décisifs. Sur les efforts même de son adversaire, il jugeait, d'un coup d'oeil quel était le point vulnérable, y concentrait ses arguments e l'emportait par le prestige de la forme. On citait de lui vingt affaires qu'il avait enlevées de haute lutte et dont il ne savait pas le premier mot à l'ouverture des plaidoiries. Son talent couvrait ainsi les torts de sa négligence. Il est vrai de dire que ce procédé ne lui réussissait pas toujours, et que plus d'un échec se mêla à une suite de triomphes, et cela faute de soins préalables et d'une préparation suffisante. C'était le cas, disait-on, pour le procès dont Ludovic classait les élé-ments. Dans l'opinion des meilleurs juristes, l'appel devait changer la face des choses et intervertir les situations. Il n'en est pas de la justice comme de la médecine, où les erreurs sont en dernier ressort et échappent à toute réparation hu-maine. Ici un retour était possible et probable, pour peu qu'on y aidât. Ludovic en jugea ainsi mieux que personne, il pouvait apprécier le fort et le faible du litige pendant il avait les pièces sous les@ yeux et connaissait les ressources de la pro-cédure. On a vu à quel point c'était un esprit sérieux, ré-
196 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. sous les formes du respect, et avait conduit l'art oratoire jusqu'aux confins de l'impertinence. Personne ne pouvait tirer meilleur parti de la cause il avait un nom acquis, une réputation faite, de l'aplomb, de l'à-propos, le geste fou-droyant, le regard terrible, un peu de science et beaucoup de poumons. C'était plus qu'il n'en fallait pour l'emporter sur tous les points les tribunaux résistent rarement à tant de dons naturels. Et pourtant le célèbre avocat avait succombé dans la première instance peut-être était-il en mauvaise disposi-tion et n'avait-il pas eu ce jour-là le geste aussi foudroyant ni le regard aussi terrible que de coutume. Le Palais a de bonnes et mauvaises lunes. Quoi qu'il en soit, l'affaire allait se présenter en appel, et c'est à Ludovic qu'étaient échus le soin et l'honneur de mettre les dossiers en état. Celui-ci comprit qu'il s'agissait d'un coup de partie. Le célèbre avocat était comme tous les soleils s'il avait son éclat, il avait aussi ses taches. Per-sonne ne plaidait avec plus d'art et d'habilité que lui mal-heureusement il n'étudiait ses causes qu'à l'audience et se fiait aux répliques pour porter ses coups décisifs. Sur les efforts même de son adversaire, il jugeait, d'un coup d'oeil quel était le point vulnérable, y concentrait ses arguments e l'emportait par le prestige de la forme. On citait de lui vingt affaires qu'il avait enlevées de haute lutte et dont il ne savait pas le premier mot à l'ouverture des plaidoiries. Son talent couvrait ainsi les torts de sa négligence. Il est vrai de dire que ce procédé ne lui réussissait pas toujours, et que plus d'un échec se mêla à une suite de triomphes, et cela faute de soins préalables et d'une préparation suffisante. C'était le cas, disait-on, pour le procès dont Ludovic classait les élé-ments. Dans l'opinion des meilleurs juristes, l'appel devait changer la face des choses et intervertir les situations. Il n'en est pas de la justice comme de la médecine, où les erreurs sont en dernier ressort et échappent à toute réparation hu-maine. Ici un retour était possible et probable, pour peu qu'on y aidât. Ludovic en jugea ainsi mieux que personne, il pouvait apprécier le fort et le faible du litige pendant il avait les pièces sous les yeux et connaissait les ressources de la pro-cédure. On a vu à quel point c'était un esprit sérieux, ré-
9
0.003767
0.024609
648.txt
1,886
244 L'ART DE MAGNÉTISER pendant son somnambulisme. Ce fait n'a rien de surprenant. Ce que la somnambule a pu lire ou apprendre,- ce dont elle se souvient à peine ou même pas du tout dans son état normal, se représente dans le somnambulisme, et elle fait alors quelquefois étalage de savoir, car tous ses souvenirs renaissent dans cet état, et les objets passés s'y reflètent comme dans un miroir. A Rennes, en janvier 1841, Victor l'Hérie, cet artiste de talent, mort si malheureusement, était en représentation avec la troupe de M. Tony j'assistais avec lui à la répétition d'une pièce dans laquelle il devait jouer le soir c'était Roquelaurc. Une jeune actrice m'avait demandé que je l'endormisse en attendant je l'avais fait, et lorsqu'on vint la prévenir que l'on répétait là pièce et que c'était à elle à paraître, elle était endormie et arrivée au somnambulisme. Elle me pria de la réveiller sur-le-champ, en me disant qu'elle ne savait pas seulement son rôle. qu'elle ne l'avait lu qu'une fois. Je la rassurai en lui disant que probable-ment elle le répéterait très bien si elle voulait le faire pendant qu'elle dormait. Tous les artistes le demandèrent, excepté l'Hérie mais je le rassurai. Je conduisis la jeune actrice sur la scène, et, au grand étonnement de tous, elle donna parfaitement la réplique et sut son rôle d'un bout à l'autre sans se tromper. Je la réveillai sur le théâtre même, et, dès qu'elle fut éveillée, on lui dit de répéter elle ne savait plus rien, et nous dit qu'elle n'avait pu relire son rôle qu'une fois. Elle ne voulait pas croire qu'elle l'avait répété d'un bout à l'autre et que la répétition était finie. Sommeil sur des idiots A Nantes, le docteur Bouchet, médecin en chef de l'hôpital Saint-Jacques, voulant avoir des preuves positives de l'action physique du magnétisme, me proposa de magné-tiser des idiots. j Je me transportai à l'hôpital, et là, devant une douzaine j
244 L'ART DE MAGNÉTISER pendant son somnambulisme. Ce fait n'a rien de surprenant. Ce que la somnambule a pu lire ou apprendre,- ce dont elle se souvient à peine ou même pas du tout dans son état normal, se représente dans le somnambulisme, et elle fait alors quelquefois étalage de savoir, car tous ses souvenirs renaissent dans cet état, et les objets passés s'y reflètent comme dans un miroir. A Rennes, en janvier 1841, Victor l'Hérie, cet artiste de talent, mort si malheureusement, était en représentation avec la troupe de M. Tony j'assistais avec lui à la répétition d'une pièce dans laquelle il devait jouer le soir c'était Roquelaurc. Une jeune actrice m'avait demandé que je l'endormisse en attendant je l'avais fait, et lorsqu'on vint la prévenir que l'on répétait là pièce et que c'était à elle à paraître, elle était endormie et arrivée au somnambulisme. Elle me pria de la réveiller sur-le-champ, en me disant qu'elle ne savait pas seulement son rôle. qu'elle ne l'avait lu qu'une fois. Je la rassurai en lui disant que probable-ment elle le répéterait très bien si elle voulait le faire pendant qu'elle dormait. Tous les artistes le demandèrent, excepté l'Hérie mais je le rassurai. Je conduisis la jeune actrice sur la scène, et, au grand étonnement de tous, elle donna parfaitement la réplique et sut son rôle d'un bout à l'autre sans se tromper. Je la réveillai sur le théâtre même, et, dès qu'elle fut éveillée, on lui dit de répéter elle ne savait plus rien, et nous dit qu'elle n'avait pu relire son rôle qu'une fois. Elle ne voulait pas croire qu'elle l'avait répété d'un bout à l'autre et que la répétition était finie. Sommeil sur des idiots A Nantes, le docteur Bouchet, médecin en chef de l'hôpital Saint-Jacques, voulant avoir des preuves positives de l'action physique du magnétisme, me proposa de magné-tiser des idiots. j Je me transportai à l'hôpital, et là, devant une douzaine j
244 L'ART DE MAGNÉTISER pendant son somnambulisme. Ce fait n'a rien de surprenant. Ce que la somnambule a pu lire ou apprendre,@ ce dont elle se souvient à peine ou même pas du tout dans son état normal, se représente dans le somnambulisme, et elle fait alors quelquefois étalage de savoir, car tous ses souvenirs renaissent dans cet état, et les objets passés s'y reflètent comme dans un miroir. A Rennes, en janvier 1841, Victor l'Hérie, cet artiste de talent, mort si malheureusement, était en représentation avec la troupe de M. Tony j'assistais avec lui à la répétition d'une pièce dans laquelle il devait jouer le soir c'était Roquelaure. Une jeune actrice m'avait demandé que je l'endormisse en attendant je l'avais fait, et lorsqu'on vint la prévenir que l'on répétait la pièce et que c'était à elle à paraître, elle était endormie et arrivée au somnambulisme. Elle me pria de la réveiller sur-le-champ, en me disant qu'elle ne savait pas seulement son rôle. qu'elle ne l'avait lu qu'une fois. Je la rassurai en lui disant que probable-ment elle le répèterait très bien si elle voulait le faire pendant qu'elle dormait. Tous les artistes le demandèrent, excepté l'Hérie mais je le rassurai. Je conduisis la jeune actrice sur la scène, et, au grand étonnement de tous, elle donna parfaitement la réplique et sut son rôle d'un bout à l'autre sans se tromper. Je la réveillai sur le théâtre même, et, dès qu'elle fut éveillée, on lui dit de répéter elle ne savait plus rien, et nous dit qu'elle n'avait pu relire son rôle qu'une fois. Elle ne voulait pas croire qu'elle l'avait répété d'un bout à l'autre et que la répétition était finie. Sommeil sur des idiots A Nantes, le docteur Bouchet, médecin en chef de l'hôpital Saint-Jacques, voulant avoir des preuves positives de l'action physique du magnétisme, me proposa de magné-tiser des idiots.s. Je me transportai à l'hôpital, et là, devant une ##########
244 L'ART DE MAGNÉTISER pendant son somnambulisme. Ce fait n'a rien de surprenant. Ce que la somnambule a pu lire ou apprendre,@ ce dont elle se souvient à peine ou même pas du tout dans son état normal, se représente dans le somnambulisme, et elle fait alors quelquefois étalage de savoir, car tous ses souvenirs renaissent dans cet état, et les objets passés s'y reflètent comme dans un miroir. A Rennes, en janvier 1841, Victor l'Hérie, cet artiste de talent, mort si malheureusement, était en représentation avec la troupe de M. Tony j'assistais avec lui à la répétition d'une pièce dans laquelle il devait jouer le soir c'était Roquelaure. Une jeune actrice m'avait demandé que je l'endormisse en attendant je l'avais fait, et lorsqu'on vint la prévenir que l'on répétait la pièce et que c'était à elle à paraître, elle était endormie et arrivée au somnambulisme. Elle me pria de la réveiller sur-le-champ, en me disant qu'elle ne savait pas seulement son rôle. qu'elle ne l'avait lu qu'une fois. Je la rassurai en lui disant que probable-ment elle le répèterait très bien si elle voulait le faire pendant qu'elle dormait. Tous les artistes le demandèrent, excepté l'Hérie mais je le rassurai. Je conduisis la jeune actrice sur la scène, et, au grand étonnement de tous, elle donna parfaitement la réplique et sut son rôle d'un bout à l'autre sans se tromper. Je la réveillai sur le théâtre même, et, dès qu'elle fut éveillée, on lui dit de répéter elle ne savait plus rien, et nous dit qu'elle n'avait pu relire son rôle qu'une fois. Elle ne voulait pas croire qu'elle l'avait répété d'un bout à l'autre et que la répétition était finie. Sommeil sur des idiots A Nantes, le docteur Bouchet, médecin en chef de l'hôpital Saint-Jacques, voulant avoir des preuves positives de l'action physique du magnétisme, me proposa de magné-tiser des idiots.s. Je me transportai à l'hôpital, et là, devant une douzaine j
244 L'ART DE MAGNÉTISER pendant son somnambulisme. Ce fait n'a rien de surprenant. Ce que la somnambule a pu lire ou apprendre, ce dont elle se souvient à peine ou même pas du tout dans son état normal, se représente dans le somnambulisme, et elle fait alors quelquefois étalage de savoir, car tous ses souvenirs renaissent dans cet état, et les objets passés s'y reflètent comme dans un miroir. A Rennes, en janvier 1841, Victor l'Hérie, cet artiste de talent, mort si malheureusement, était en représentation avec la troupe de M. Tony j'assistais avec lui à la répétition d'une pièce dans laquelle il devait jouer le soir c'était Roquelaure. Une jeune actrice m'avait demandé que je l'endormisse en attendant je l'avais fait, et lorsqu'on vint la prévenir que l'on répétait la pièce et que c'était à elle à paraître, elle était endormie et arrivée au somnambulisme. Elle me pria de la réveiller sur-le-champ, en me disant qu'elle ne savait pas seulement son rôle. qu'elle ne l'avait lu qu'une fois. Je la rassurai en lui disant que probable-ment elle le répèterait très bien si elle voulait le faire pendant qu'elle dormait. Tous les artistes le demandèrent, excepté l'Hérie mais je le rassurai. Je conduisis la jeune actrice sur la scène, et, au grand étonnement de tous, elle donna parfaitement la réplique et sut son rôle d'un bout à l'autre sans se tromper. Je la réveillai sur le théâtre même, et, dès qu'elle fut éveillée, on lui dit de répéter elle ne savait plus rien, et nous dit qu'elle n'avait pu relire son rôle qu'une fois. Elle ne voulait pas croire qu'elle l'avait répété d'un bout à l'autre et que la répétition était finie. Sommeil sur des idiots A Nantes, le docteur Bouchet, médecin en chef de l'hôpital Saint-Jacques, voulant avoir des preuves positives de l'action physique du magnétisme, me proposa de magné-tiser des idiots.s. Je me transportai à l'hôpital, et là, devant une douzaine j
6
0.00314
0.021739
660.txt
1,886
276 L'ART DE MAGNÉTISER tous réunis chez le docteur, nous allâmes ouvrir la porte à l'Irlandais, et les médecins s'assurèrent dè son état. Le pouls était absolument le même, la peau l'était également il n'était pas plus maigre, n'avait rien perdu de ses forces on le fit descendre au salon, on lui fit la barbe devant nous, et, comme il désirait entendre la messe, nous le conduisîmes à l'église. Deux personnes le tenaient sous le bras, et nous l'entourions devant, derrière et sur les côtés, de sorte qu'il lui était impossible d'avoir la moindre communication avec qui que ce fût. On le ramena, et on l'enferma de nou-veau en observant les mêmes précautions. Le dimanche suivant, qui formait le quinzième jour, nous nous réunîmes, et on lui ouvrit la porte. Les médecins trouvèrent le pouls un peu plus faible, la peau très légèrement moite, la langue tout aussi bonne son haleine était la même, enfin rien n'annonçait qu'il eût fait une abstinence complète. Ses urines étaient peu abondantes, mais naturelles il n'y avait pas d'excréments. Pour les vingt personnes qui avaient été présentes, cet homme était bien resté quinze jours sans boire ni manger, et son état de santé n'avait reçu nulle altération. Pour nous tous, il n'y avait pas de doute qu'il pût rester quinze autres jours dans cet état sans être plus affaibli. Il le proposa lui-même, mais tout le monde regarda l'expérience comme satisfaisante. Voici un autre fait qui démontre également à quel point la volonté agit sur soi-même. A Manchester, M. Larmick, âgé de dix-huit ans, élève en médecine, après avoir vu mes séances de magnétisme, se mit dans un état tout particulier par sa propre volonté, ses bras se tordaient, les muscles de ses jambes se contrac-taient, sa tête se renversait en arrière, son cou se gonflait, et, après quelques minutes, il se trouvait dans une position impossible à soutenir longtemps. Tout son corps se para-lysait il ne pouvait parler, il ne voyait plus, il n'entendait plus son cou et toute sa face étaient rouges on pouvait craindre une mort instantanée. Pendant tout le temps qu'il restait dans cet état, il se manifestait chez lui une insensibi-
276 L'ART DE MAGNÉTISER tous réunis chez le docteur, nous allâmes ouvrir la porte à l'Irlandais, et les médecins s'assurèrent dè son état. Le pouls était absolument le même, la peau l'était également il n'était pas plus maigre, n'avait rien perdu de ses forces on le fit descendre au salon, on lui fit la barbe devant nous, et, comme il désirait entendre la messe, nous le conduisîmes à l'église. Deux personnes le tenaient sous le bras, et nous l'entourions devant, derrière et sur les côtés, de sorte qu'il lui était impossible d'avoir la moindre communication avec qui que ce fût. On le ramena, et on l'enferma de nou-veau en observant les mêmes précautions. Le dimanche suivant, qui formait le quinzième jour, nous nous réunîmes, et on lui ouvrit la porte. Les médecins trouvèrent le pouls un peu plus faible, la peau très légèrement moite, la langue tout aussi bonne son haleine était la même, enfin rien n'annonçait qu'il eût fait une abstinence complète. Ses urines étaient peu abondantes, mais naturelles il n'y avait pas d'excréments. Pour les vingt personnes qui avaient été présentes, cet homme était bien resté quinze jours sans boire ni manger, et son état de santé n'avait reçu nulle altération. Pour nous tous, il n'y avait pas de doute qu'il pût rester quinze autres jours dans cet état sans être plus affaibli. Il le proposa lui-même, mais tout le monde regarda l'expérience comme satisfaisante. Voici un autre fait qui démontre également à quel point la volonté agit sur soi-même. A Manchester, M. Larmick, âgé de dix-huit ans, élève en médecine, après avoir vu mes séances de magnétisme, se mit dans un état tout particulier par sa propre volonté, ses bras se tordaient, les muscles de ses jambes se contrac-taient, sa tête se renversait en arrière, son cou se gonflait, et, après quelques minutes, il se trouvait dans une position impossible à soutenir longtemps. Tout son corps se para-lysait il ne pouvait parler, il ne voyait plus, il n'entendait plus son cou et toute sa face étaient rouges on pouvait craindre une mort instantanée. Pendant tout le temps qu'il restait dans cet état, il se manifestait chez lui une insensibi-
276 L'ART DE MAGNÉTISER tous réunis chez le docteur, nous allâmes ouvrir la porte à l'Irlandais, et les médecins s'assurèrent de son état. Le pouls était absolument le même, la peau l'était également il n'était pas plus maigre, n'avait rien perdu de ses forces on le fit descendre au salon, on lui fit la barbe devant nous, et, comme il désirait entendre la messe, nous le conduisîmes à l'église. Deux personnes le tenaient sous le bras, et nous l'entourions devant, derrière et sur les côtés, de sorte qu'il lui était impossible d'avoir la moindre communication avec qui que ce fût. On le ramena, et on l'enferma de nou-veau en observant les mêmes précautions. Le dimanche suivant, qui formait le quinzième jour, nous nous réunîmes, et on lui ouvrit la porte. Les médecins trouvèrent le pouls un peu plus faible, la peau très légèrement moite, la langue tout aussi bonne son haleine était la même, enfin rien n'annonçait qu'il eût fait une abstinence complète. Ses urines étaient peu abondantes, mais naturelles il n'y avait pas d'excréments. Pour les vingt personnes qui avaient été présentes, cet homme était bien resté quinze jours sans boire ni manger, et son état de santé n'avait reçu nulle altération. Pour nous tous, il n'y avait pas de doute qu'il pût rester quinze autres jours dans cet état sans être plus affaibli. Il le proposa lui-même, mais tout le monde regarda l'expérience comme satisfaisante. Voici un autre fait qui démontre également à quel point la volonté agit sur soi-même. A Manchester, M. Larmick, àgé de dix-huit ans, élève en médecine, après avoir vu mes séances de magnétisme, se mit dans un état tout particulier par sa propre volonté, ses bras se tordaient, les muscles de ses jambes se contrac-taient, sa tête se renversait en arrière, son cou se gonflait, et, après quelques minutes, il se trouvait dans une position impossible à soutenir longtemps. Tout son corps se para-lysait il ne pouvait parler, il ne voyait plus, il n'entendait plus son cou et toute sa face étaient rouges on pouvait craindre une mort instantanée. Pendant tout le temps qu'il restait dans cet état, il se manifestait chez lui une insensibi-
276 L'ART DE MAGNÉTISER tous réunis chez le docteur, nous allâmes ouvrir la porte à l'Irlandais, et les médecins s'assurèrent de son état. Le pouls était absolument le même, la peau l'était également il n'était pas plus maigre, n'avait rien perdu de ses forces on le fit descendre au salon, on lui fit la barbe devant nous, et, comme il désirait entendre la messe, nous le conduisîmes à l'église. Deux personnes le tenaient sous le bras, et nous l'entourions devant, derrière et sur les côtés, de sorte qu'il lui était impossible d'avoir la moindre communication avec qui que ce fût. On le ramena, et on l'enferma de nou-veau en observant les mêmes précautions. Le dimanche suivant, qui formait le quinzième jour, nous nous réunîmes, et on lui ouvrit la porte. Les médecins trouvèrent le pouls un peu plus faible, la peau très légèrement moite, la langue tout aussi bonne son haleine était la même, enfin rien n'annonçait qu'il eût fait une abstinence complète. Ses urines étaient peu abondantes, mais naturelles il n'y avait pas d'excréments. Pour les vingt personnes qui avaient été présentes, cet homme était bien resté quinze jours sans boire ni manger, et son état de santé n'avait reçu nulle altération. Pour nous tous, il n'y avait pas de doute qu'il pût rester quinze autres jours dans cet état sans être plus affaibli. Il le proposa lui-même, mais tout le monde regarda l'expérience comme satisfaisante. Voici un autre fait qui démontre également à quel point la volonté agit sur soi-même. A Manchester, M. Larmick, àgé de dix-huit ans, élève en médecine, après avoir vu mes séances de magnétisme, se mit dans un état tout particulier par sa propre volonté, ses bras se tordaient, les muscles de ses jambes se contrac-taient, sa tête se renversait en arrière, son cou se gonflait, et, après quelques minutes, il se trouvait dans une position impossible à soutenir longtemps. Tout son corps se para-lysait il ne pouvait parler, il ne voyait plus, il n'entendait plus son cou et toute sa face étaient rouges on pouvait craindre une mort instantanée. Pendant tout le temps qu'il restait dans cet état, il se manifestait chez lui une insensibi-
276 L'ART DE MAGNÉTISER tous réunis chez le docteur, nous allâmes ouvrir la porte à l'Irlandais, et les médecins s'assurèrent de son état. Le pouls était absolument le même, la peau l'était également il n'était pas plus maigre, n'avait rien perdu de ses forces on le fit descendre au salon, on lui fit la barbe devant nous, et, comme il désirait entendre la messe, nous le conduisîmes à l'église. Deux personnes le tenaient sous le bras, et nous l'entourions devant, derrière et sur les côtés, de sorte qu'il lui était impossible d'avoir la moindre communication avec qui que ce fût. On le ramena, et on l'enferma de nou-veau en observant les mêmes précautions. Le dimanche suivant, qui formait le quinzième jour, nous nous réunîmes, et on lui ouvrit la porte. Les médecins trouvèrent le pouls un peu plus faible, la peau très légèrement moite, la langue tout aussi bonne son haleine était la même, enfin rien n'annonçait qu'il eût fait une abstinence complète. Ses urines étaient peu abondantes, mais naturelles il n'y avait pas d'excréments. Pour les vingt personnes qui avaient été présentes, cet homme était bien resté quinze jours sans boire ni manger, et son état de santé n'avait reçu nulle altération. Pour nous tous, il n'y avait pas de doute qu'il pût rester quinze autres jours dans cet état sans être plus affaibli. Il le proposa lui-même, mais tout le monde regarda l'expérience comme satisfaisante. Voici un autre fait qui démontre également à quel point la volonté agit sur soi-même. A Manchester, M. Larmick, àgé de dix-huit ans, élève en médecine, après avoir vu mes séances de magnétisme, se mit dans un état tout particulier par sa propre volonté, ses bras se tordaient, les muscles de ses jambes se contrac-taient, sa tête se renversait en arrière, son cou se gonflait, et, après quelques minutes, il se trouvait dans une position impossible à soutenir longtemps. Tout son corps se para-lysait il ne pouvait parler, il ne voyait plus, il n'entendait plus son cou et toute sa face étaient rouges on pouvait craindre une mort instantanée. Pendant tout le temps qu'il restait dans cet état, il se manifestait chez lui une insensibi-
2
0.000931
0.004796