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106.txt | 1,821 | 58 bien, Comme la roestelie, tombés sur les jeunes bour-geons , ils se fixent aux jeunes feuilles , et sont ainsi portés au haut de ces végétaux qui s'élèvent, en entraînant avec eux leurs ennemis. Les champignons non parasites, qui se développent d'une manière à-peu-près uniforme, mais plus ou moins sensible, ne sont dans l'origine que des filamens très-minces et très-déliés 1 , vulgairement appelés parles jardiniers blanc de- champ ignon, qui, en prenant de l'accroissement, deviennent racines, pous-sent des tiges , portent des fleurs et des fruits .ils se per-pétuent par des graines dont le nombre, la situation , l'insertion, la dimension, la forme, la couleur, etc., varient ainsi que dans tous les autres végétaux. Ces graines, que GOERTNER regarde comme des espèces de gemmés, transportées par les vents, s'attachent à diffé-rens corps au moyen du gluten dont leur surface est im-prégnée, et, si des circonstances favorables secondent leur développement, de vastes surfaces sont bientôt couvertes de champignons. Des corps où la graine se fixe, PALISOT DE BEAUVOIS en déduit trois classes 2 , savoir 1°. les champignons qui croissent sur la terre, et parmi les dé-1 Mémoire lu à l'Académie des Sciences en 1780, et inséré dans la partie botanique Ae l'Encyclopédie rnêlho-dique, art. Champignon, pag. 691 et suiv. - Observa-tions sur les champignons en général et sur quelques espèces peu ou mal connues, insérées dans les Annales du Muséum d'hist. nat. de Paris , tom. VIII, p. 354-546. 2 Observations sur les champignons et sur leur manière de croître, lues à l'Institut le 3 novembre 1806 elles sont insérées dans le Journal de Botanique , tom II, pag, 147-165. | 58 bien, Comme la roestelie, tombés sur les jeunes bour-geons , ils se fixent aux jeunes feuilles , et sont ainsi portés au haut de ces végétaux qui s'élèvent, en entraînant avec eux leurs ennemis. Les champignons non parasites, qui se développent d'une manière à-peu-près uniforme, mais plus ou moins sensible, ne sont dans l'origine que des filamens très-minces et très-déliés 1 , vulgairement appelés parles jardiniers blanc de- champ ignon, qui, en prenant de l'accroissement, deviennent racines, pous-sent des tiges , portent des fleurs et des fruits .ils se per-pétuent par des graines dont le nombre, la situation , l'insertion, la dimension, la forme, la couleur, etc., varient ainsi que dans tous les autres végétaux. Ces graines, que GOERTNER regarde comme des espèces de gemmés, transportées par les vents, s'attachent à diffé-rens corps au moyen du gluten dont leur surface est im-prégnée, et, si des circonstances favorables secondent leur développement, de vastes surfaces sont bientôt couvertes de champignons. Des corps où la graine se fixe, PALISOT DE BEAUVOIS en déduit trois classes 2 , savoir 1°. les champignons qui croissent sur la terre, et parmi les dé-@@@@1 Mémoire lu à l'Académie des Sciences en 1780, et inséré dans la partie botanique Ae l'Encyclopédie rnêlho-dique, art. Champignon, pag. 691 et suiv. - Observa-tions sur les champignons en général et sur quelques espèces peu ou mal connues, insérées dans les Annales du Muséum d'hist. nat. de Paris , tom. VIII, p. 354-546. 2 Observations sur les champignons et sur leur manière de croître, lues à l'Institut le 3 novembre 1806 elles sont insérées dans le Journal de Botanique , tom II, pag, 147-165. | ######## Comme la roestelie, tombés sur les jeunes bour-geons , ils se fixent aux jeunes feuilles , et sont ainsi portés au haut de ces végétaux qui s'élèvent, en entraînant avec eux leurs ennemis. Les champignons non parasites, qui se développent d'une manière à-peu-près uniforme, mais plus ou moins sensible, ne sont dans l'origine que des filamens très-minces et très-déliés 1 , vulgairement appelés parles jardiniers blanc de@ champ@ignon, qui, en prenant de l'accroissement, deviennent racines, pous-sent des tiges , portent des fleurs et des fruits @ils se per-pétuent par des graines dont le nombre, la situation , l'insertion, la dimension, la forme, la couleur, etc., varient ainsi que dans tous les autres végétaux. Ces graines, que GOERTNER regarde comme des espèces de gemmes, transportées par les vents, s'attachent à diffé-rens corps au moyen du gluten dont leur surface est im-prégnée, et, si des circonstances favorables secondent leur développement, de vastes surfaces sont bientôt couvertes de champignons. Des corps où la graine se fixe, PALISOT DE BEAUVOIS en déduit trois classes 2 , savoir 1°. les champignons qui croissent sur la terre, et parmi les dé- 58 1 Mémoire lu à l'Académie des Sciences en 1780, et inséré dans la partie botanique de l'Encyclopédie @métho-dique, art. Champignon, pag. 691 et suiv. -@Observa-tions sur les champignons en général et sur quelques espèces peu ou mal connues, insérées dans les Annales du Muséum d'hist. nat. de Paris , tom. VIII, p. 334-346. 2 Observations sur les champignons et sur leur manière de croître, lues à l'Institut le 3 novembre 1806 elles sont insérées dans le Journal de Botanique , tom II, pag, 147-165. | 58 bien, Comme la roestelie, tombés sur les jeunes bour-geons , ils se fixent aux jeunes feuilles , et sont ainsi portés au haut de ces végétaux qui s'élèvent, en entraînant avec eux leurs ennemis. Les champignons non parasites, qui se développent d'une manière à-peu-près uniforme, mais plus ou moins sensible, ne sont dans l'origine que des filamens très-minces et très-déliés 1 , vulgairement appelés parles jardiniers blanc de@ champ@ignon, qui, en prenant de l'accroissement, deviennent racines, pous-sent des tiges , portent des fleurs et des fruits @ils se per-pétuent par des graines dont le nombre, la situation , l'insertion, la dimension, la forme, la couleur, etc., varient ainsi que dans tous les autres végétaux. Ces graines, que GOERTNER regarde comme des espèces de gemmes, transportées par les vents, s'attachent à diffé-rens corps au moyen du gluten dont leur surface est im-prégnée, et, si des circonstances favorables secondent leur développement, de vastes surfaces sont bientôt couvertes de champignons. Des corps où la graine se fixe, PALISOT DE BEAUVOIS en déduit trois classes 2 , savoir 1°. les champignons qui croissent sur la terre, et parmi les dé- 58 1 Mémoire lu à l'Académie des Sciences en 1780, et inséré dans la partie botanique de l'Encyclopédie @métho-dique, art. Champignon, pag. 691 et suiv. -@Observa-tions sur les champignons en général et sur quelques espèces peu ou mal connues, insérées dans les Annales du Muséum d'hist. nat. de Paris , tom. 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Ces graines, que GOERTNER regarde comme des espèces de gemmes, transportées par les vents, s'attachent à diffé-rens corps au moyen du gluten dont leur surface est im-prégnée, et, si des circonstances favorables secondent leur développement, de vastes surfaces sont bientôt couvertes de champignons. Des corps où la graine se fixe, PALISOT DE BEAUVOIS en déduit trois classes 2 , savoir 1°. les champignons qui croissent sur la terre, et parmi les dé- 58 1 Mémoire lu à l'Académie des Sciences en 1780, et inséré dans la partie botanique de l'Encyclopédie métho-dique, art. Champignon, pag. 691 et suiv. -Observa-tions sur les champignons en général et sur quelques espèces peu ou mal connues, insérées dans les Annales du Muséum d'hist. nat. de Paris , tom. VIII, p. 334-346. 2 Observations sur les champignons et sur leur manière de croître, lues à l'Institut le 3 novembre 1806 elles sont insérées dans le Journal de Botanique , tom II, pag, 147-165. | 16 | 0.009547 | 0.050633 |
112.txt | 1,821 | 64 faites dans l'intérêt réel de la science, et démontra avec évidence , 1 °. que , sous tous les rapports , la poussière des mousses et des lycopodes, quant a la nature de ses substances, et quant à ses formes, réunit tous les carac-tères que les botanistes ont reconnus dans Je pollen 2°. que l'autre organe est en tout semblable à un fruit parfait composé d'un péricarpe et de semences , dans lesquels ont, reconnaît les deux enveloppes qui les carac-térisent 3°. enfin, qu'outre ces deux organes qui sont les analogues des deux sexes, les mousses et les lycopo-des sont munis d'un troisième organe , semblable, à celui que l'on observe sur là dentaire dentaria bulbifera , la bistorte polygonum bistorta , le lis lilium can-didum , quelques graminées et certaines espèces du genre allium. Dans la même année, il a donné connaissance à l'Ins-titut de ses recherches sur la physiologie végétale 1 . Elles embrassent plusieurs questions du plus haut inté-rêt. Celles relatives à la marche de la sève et à la for-mation du bois lui ont fourni les moyens de combattre avantageusement l'opinion des savans qui supposent éma-1811 et insérées dans le Journal de Physique, tom. LXXIII. Il y en a eu des exemplaires tirés à part, tous sont accompagnés d'une planche gravée. 1 Premier mémoire et observations sur l'arran-gement et la disposition des feuilles, sur la moelle des végétaux ligneux et sur la conversion des couches corticales en bois, lus le 20 avril 1812 -Second mé-moire sur l'arrangement et la disposition des feuilles, lu le 6 juillet 1812. Ils sont l'un et l'autre imprimés dans les mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut, année 1811, pag. 121-160 de la deuxième partie. | 64 faites dans l'intérêt réel de la science, et démontra avec évidence , 1 °. que , sous tous les rapports , la poussière des mousses et des lycopodes, quant a la nature de ses substances, et quant à ses formes, réunit tous les carac-tères que les botanistes ont reconnus dans Je pollen 2°. que l'autre organe est en tout semblable à un fruit parfait composé d'un péricarpe et de semences , dans lesquels ont, reconnaît les deux enveloppes qui les carac-térisent 3°. enfin, qu'outre ces deux organes qui sont les analogues des deux sexes, les mousses et les lycopo-des sont munis d'un troisième organe , semblable, à celui que l'on observe sur là dentaire dentaria bulbifera , la bistorte polygonum bistorta , le lis lilium can-didum , quelques graminées et certaines espèces du genre allium. Dans la même année, il a donné connaissance à l'Ins-titut de ses recherches sur la physiologie végétale 1 . Elles embrassent plusieurs questions du plus haut inté-rêt. Celles relatives à la marche de la sève et à la for-mation du bois lui ont fourni les moyens de combattre avantageusement l'opinion des savans qui supposent éma-@@@@1811 et insérées dans le Journal de Physique, tom. LXXIII. Il y en a eu des exemplaires tirés à part, tous sont accompagnés d'une planche gravée. 1 Premier mémoire et observations sur l'arran-gement et la disposition des feuilles, sur la moelle des végétaux ligneux et sur la conversion des couches corticales en bois, lus le 20 avril 1812 -Second mé-moire sur l'arrangement et la disposition des feuilles, lu le 6 juillet 1812. Ils sont l'un et l'autre imprimés dans les mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut, année 1811, pag. 121-160 de la deuxième partie. | ######### dans l'intérêt réel de la science, et démontra avec évidence , 1 °. que , sous tous les rapports , la poussière des mousses et des lycopodes, quant a la nature de ses substances, et quant à ses formes, réunit tous les carac-tères que les botanistes ont reconnus dans le pollen 2°. que l'autre organe est en tout semblable à un fruit parfait composé d'un péricarpe et de semences , dans lesquels ont, reconnaît les deux enveloppes qui les carac-térisent 3°. enfin, qu'outre ces deux organes qui sont les analogues des deux sexes, les mousses et les lycopo-des sont munis d'un troisième organe , semblable, à celui que l'on observe sur la dentaire dentaria bulbifera , la bistorte polygonum bistorta , le lis lilium can-didum , quelques graminées et certaines espèces du genre allium. Dans la même année, il a donné connaissance à l'Ins-titut de ses recherches sur la physiologie végétale 1 . Elles embrassent plusieurs questions du plus haut inté-rêt. Celles relatives à la marche de la sève et à la for-mation du bois lui ont fourni les moyens de combattre avantageusement l'opinion des savans qui supposent éma- 64 1811 et insérées dans le Journal de Physique, tom. LXXIII. Il y en a eu des exemplaires tirés à part, tous sont accompagnés d'une planche gravée. 1 Premier mémoire et observations sur l'arran-gement et la disposition des feuilles, sur la moëlle des végétaux ligneux et sur la conversion des couches corticales en bois, lus le 20 avril 1812 -Second mé-moire sur l'arrangement et la disposition des feuilles, lu le 6 juillet 1812. Ils sont l'un et l'autre imprimés dans les mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut, année 1811, pag. 121-160 de la deuxième partie. | 64 faites dans l'intérêt réel de la science, et démontra avec évidence , 1 °. que , sous tous les rapports , la poussière des mousses et des lycopodes, quant a la nature de ses substances, et quant à ses formes, réunit tous les carac-tères que les botanistes ont reconnus dans le pollen 2°. que l'autre organe est en tout semblable à un fruit parfait composé d'un péricarpe et de semences , dans lesquels ont, reconnaît les deux enveloppes qui les carac-térisent 3°. enfin, qu'outre ces deux organes qui sont les analogues des deux sexes, les mousses et les lycopo-des sont munis d'un troisième organe , semblable, à celui que l'on observe sur la dentaire dentaria bulbifera , la bistorte polygonum bistorta , le lis lilium can-didum , quelques graminées et certaines espèces du genre allium. Dans la même année, il a donné connaissance à l'Ins-titut de ses recherches sur la physiologie végétale 1 . Elles embrassent plusieurs questions du plus haut inté-rêt. Celles relatives à la marche de la sève et à la for-mation du bois lui ont fourni les moyens de combattre avantageusement l'opinion des savans qui supposent éma- 64 1811 et insérées dans le Journal de Physique, tom. LXXIII. Il y en a eu des exemplaires tirés à part, tous sont accompagnés d'une planche gravée. 1 Premier mémoire et observations sur l'arran-gement et la disposition des feuilles, sur la moëlle des végétaux ligneux et sur la conversion des couches corticales en bois, lus le 20 avril 1812 -Second mé-moire sur l'arrangement et la disposition des feuilles, lu le 6 juillet 1812. Ils sont l'un et l'autre imprimés dans les mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut, année 1811, pag. 121-160 de la deuxième partie. | 64 faites dans l'intérêt réel de la science, et démontra avec évidence , 1 °. que , sous tous les rapports , la poussière des mousses et des lycopodes, quant a la nature de ses substances, et quant à ses formes, réunit tous les carac-tères que les botanistes ont reconnus dans le pollen 2°. que l'autre organe est en tout semblable à un fruit parfait composé d'un péricarpe et de semences , dans lesquels ont, reconnaît les deux enveloppes qui les carac-térisent 3°. enfin, qu'outre ces deux organes qui sont les analogues des deux sexes, les mousses et les lycopo-des sont munis d'un troisième organe , semblable, à celui que l'on observe sur la dentaire dentaria bulbifera , la bistorte polygonum bistorta , le lis lilium can-didum , quelques graminées et certaines espèces du genre allium. Dans la même année, il a donné connaissance à l'Ins-titut de ses recherches sur la physiologie végétale 1 . Elles embrassent plusieurs questions du plus haut inté-rêt. Celles relatives à la marche de la sève et à la for-mation du bois lui ont fourni les moyens de combattre avantageusement l'opinion des savans qui supposent éma- 64 1811 et insérées dans le Journal de Physique, tom. LXXIII. Il y en a eu des exemplaires tirés à part, tous sont accompagnés d'une planche gravée. 1 Premier mémoire et observations sur l'arran-gement et la disposition des feuilles, sur la moëlle des végétaux ligneux et sur la conversion des couches corticales en bois, lus le 20 avril 1812 -Second mé-moire sur l'arrangement et la disposition des feuilles, lu le 6 juillet 1812. Ils sont l'un et l'autre imprimés dans les mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut, année 1811, pag. 121-160 de la deuxième partie. | 7 | 0.004127 | 0.022293 |
674.txt | 1,820 | 41 qu'a décrit l'accusation j'ai démontré son impuissance je vous ai convaincus de la vérité de cette double propo-sition , que, si le gouvernement occulte existe, il a été du devoir de l'auteur de l'attaquer que si le gouverne-ment occulte n'existe pas , il faut encore approuver les craintes de l'écrivain, qui, convaincu de la grandeur du péril, aurait averti de dangers même imaginaires. Que reste-t-il donc de cette accusation? le reproche d'avoir parlé du gouvernement occulte ? Mais quel serait le privilége de cette puissance secrète si elle existait, qu'on ne saurait sans crime représenter les dangers dont elle menace l'autorité royale ? Dans quel nuage impéné-trable de majesté serait-elle donc élevée ? et, comme l'arche sainte, ne saurait-on y toucher sans être frappé de mort? A Venise il était défendu, sous peine capitale, de s'entretenir du pouvoir invisible des inquisiteurs d'Etat mais du moins des statuts particuliers rendaient ce pou-voir inhérent à la constitution de l'Etat, et, tout ef-frayant qu'il était, l'aristocratie l'avait rendu légal. - Et quoi ! serait-ce après la publicité des doçumens qui ont jailli de la tribune sur toute la France , que l'on in-terdirait la pensée sur les -faits qui ont frappé tous les es-prits ? Étrange et inconcevable position de mon client ! Il assiste à la séance du 25 avril il entend le rapport de la commission sur la pétition de M. Madier de Mont-jau ce n'est pas un obscur citoyen qui exprime des alarmes plus ou moins vagues, c'est un conseiller à la Cour royale de Nîmes qui retrace ses craintes dans les termes les plus énergiques, qui précise des faits , qui transcrit des circulaires , qui ne laisse pas égarer l'accu-sation , qui désigne clairement l'auteur des circulaires, qui le nomme déjà en disant que c'est celui qui, reprochant la timide arrestation du maréchal Soult 3 disait On n'ar- | 41 qu'a décrit l'accusation j'ai démontré son impuissance je vous ai convaincus de la vérité de cette double propo-sition , que, si le gouvernement occulte existe, il a été du devoir de l'auteur de l'attaquer que si le gouverne-ment occulte n'existe pas , il faut encore approuver les craintes de l'écrivain, qui, convaincu de la grandeur du péril, aurait averti de dangers même imaginaires. Que reste-t-il donc de cette accusation? le reproche d'avoir parlé du gouvernement occulte ? Mais quel serait le privilége de cette puissance secrète si elle existait, qu'on ne saurait sans crime représenter les dangers dont elle menace l'autorité royale ? Dans quel nuage impéné-trable de majesté serait-elle donc élevée ? et, comme l'arche sainte, ne saurait-on y toucher sans être frappé de mort? A Venise il était défendu, sous peine capitale, de s'entretenir du pouvoir invisible des inquisiteurs d'Etat mais du moins des statuts particuliers rendaient ce pou-voir inhérent à la constitution de l'Etat, et, tout ef-frayant qu'il était, l'aristocratie l'avait rendu légal. - Et quoi ! serait-ce après la publicité des doçumens qui ont jailli de la tribune sur toute la France , que l'on in-terdirait la pensée sur les -faits qui ont frappé tous les es-prits ? Étrange et inconcevable position de mon client ! Il assiste à la séance du 25 avril il entend le rapport de la commission sur la pétition de M. Madier de Mont-jau ce n'est pas un obscur citoyen qui exprime des alarmes plus ou moins vagues, c'est un conseiller à la Cour royale de Nîmes qui retrace ses craintes dans les termes les plus énergiques, qui précise des faits , qui transcrit des circulaires , qui ne laisse pas égarer l'accu-sation , qui désigne clairement l'auteur des circulaires, qui le nomme déjà en disant que c'est celui qui, reprochant la timide arrestation du maréchal Soult 3 disait On n'ar- | 41 qu'a décrit l'accusation j'ai démontré son impuissance je vous ai convaincus de la vérité de cette double propo-sition@, que, si le gouvernement occulte existe, il a été du devoir de l'auteur de l'attaquer que si le gouverne-ment occulte n'existe pas@, il faut encore approuver les craintes de l'écrivain, qui, convaincu de la grandeur du péril, aurait averti de dangers même imaginaires. Que reste-t-il donc de cette accusation? le reproche d'avoir parlé du gouvernement occulte@? Mais quel serait le privilége de cette puissance secrète si elle existait, qu'on ne saurait sans crime représenter les dangers dont elle menace l'autorité royale@? Dans quel nuage impéné-trable de majesté serait-elle donc élevée@? et, comme l'arche sainte, ne saurait-on y toucher sans être frappé de mort? A Venise il était défendu, sous peine capitale, de s'entretenir du pouvoir invisible des inquisiteurs d'État mais du moins des statuts particuliers rendaient ce pou-voir inhérent à la constitution de l'État, et, tout ef-frayant qu'il était, l'aristocratie l'avait rendu légal.@@ Et quoi ! serait-ce après la publicité des documens qui ont jailli de la tribune sur toute la France@, que l'on in-terdirait la pensée sur les @faits qui ont frappé tous les es-prits@? Étrange et inconcevable position de mon client@! Il assiste à la séance du 25 avril il entend le rapport de la commission sur la pétition de M. Madier de Mont-jau ce n'est pas un obscur citoyen qui exprime des alarmes plus ou moins vagues, c'est un conseiller à la Cour royale de Nîmes qui retrace ses craintes dans les termes les plus énergiques, qui précise des faits@, qui transcrit des circulaire@ , qui ne laisse pas égarer l'accu-sation@, qui désigne clairement l'auteur des circulaires, qui le nomme déjà en disant qu@@@@e@@ celui qui, reprochant la timide arrestation du maréchal Soult@, disait On n'ar- | 41 qu'a décrit l'accusation j'ai démontré son impuissance je vous ai convaincus de la vérité de cette double propo-sition@, que, si le gouvernement occulte existe, il a été du devoir de l'auteur de l'attaquer que si le gouverne-ment occulte n'existe pas@, il faut encore approuver les craintes de l'écrivain, qui, convaincu de la grandeur du péril, aurait averti de dangers même imaginaires. Que reste-t-il donc de cette accusation? le reproche d'avoir parlé du gouvernement occulte@? Mais quel serait le privilége de cette puissance secrète si elle existait, qu'on ne saurait sans crime représenter les dangers dont elle menace l'autorité royale@? Dans quel nuage impéné-trable de majesté serait-elle donc élevée@? et, comme l'arche sainte, ne saurait-on y toucher sans être frappé de mort? A Venise il était défendu, sous peine capitale, de s'entretenir du pouvoir invisible des inquisiteurs d'État mais du moins des statuts particuliers rendaient ce pou-voir inhérent à la constitution de l'État, et, tout ef-frayant qu'il était, l'aristocratie l'avait rendu légal.@@ Et quoi ! serait-ce après la publicité des documens qui ont jailli de la tribune sur toute la France@, que l'on in-terdirait la pensée sur les @faits qui ont frappé tous les es-prits@? Étrange et inconcevable position de mon client@! Il assiste à la séance du 25 avril il entend le rapport de la commission sur la pétition de M. Madier de Mont-jau ce n'est pas un obscur citoyen qui exprime des alarmes plus ou moins vagues, c'est un conseiller à la Cour royale de Nîmes qui retrace ses craintes dans les termes les plus énergiques, qui précise des faits@, qui transcrit des circulaire@ , qui ne laisse pas égarer l'accu-sation@, qui désigne clairement l'auteur des circulaires, qui le nomme déjà en disant qu@@@@e@@ celui qui, reprochant la timide arrestation du maréchal Soult@, disait On n'ar- | 41 qu'a décrit l'accusation j'ai démontré son impuissance je vous ai convaincus de la vérité de cette double propo-sition, que, si le gouvernement occulte existe, il a été du devoir de l'auteur de l'attaquer que si le gouverne-ment occulte n'existe pas, il faut encore approuver les craintes de l'écrivain, qui, convaincu de la grandeur du péril, aurait averti de dangers même imaginaires. Que reste-t-il donc de cette accusation? le reproche d'avoir parlé du gouvernement occulte? Mais quel serait le privilége de cette puissance secrète si elle existait, qu'on ne saurait sans crime représenter les dangers dont elle menace l'autorité royale? Dans quel nuage impéné-trable de majesté serait-elle donc élevée? et, comme l'arche sainte, ne saurait-on y toucher sans être frappé de mort? A Venise il était défendu, sous peine capitale, de s'entretenir du pouvoir invisible des inquisiteurs d'État mais du moins des statuts particuliers rendaient ce pou-voir inhérent à la constitution de l'État, et, tout ef-frayant qu'il était, l'aristocratie l'avait rendu légal. Et quoi ! serait-ce après la publicité des documens qui ont jailli de la tribune sur toute la France, que l'on in-terdirait la pensée sur les faits qui ont frappé tous les es-prits? Étrange et inconcevable position de mon client! Il assiste à la séance du 25 avril il entend le rapport de la commission sur la pétition de M. Madier de Mont-jau ce n'est pas un obscur citoyen qui exprime des alarmes plus ou moins vagues, c'est un conseiller à la Cour royale de Nîmes qui retrace ses craintes dans les termes les plus énergiques, qui précise des faits, qui transcrit des circulaire , qui ne laisse pas égarer l'accu-sation, qui désigne clairement l'auteur des circulaires, qui le nomme déjà en disant que celui qui, reprochant la timide arrestation du maréchal Soult, disait On n'ar- | 25 | 0.013543 | 0.042169 |
489.txt | 1,871 | 24 UNITÉ DE L'ESPÈCE HCMAINE. museau s'allonge. En vieillissant, cet animal devient hideux, intraitable et cruel . Peut-on comparer la main du singe avec celle de l'homme, dit lé doc-teur Chenu, p. 6? Oui, répond-il mais c'est pour mieux en faire sentir la différence. Ces animaux ont les pouces très-courts, très-écartés des autres doigts, auxquels ils s'apposent d'une manière restreinte, et bornée au service seulement des besoins matériels les autres doigts, grêles, allongés et dans une dépendance mutuelle pour leurs mouvements, d'après la position des muscles fléchisseurs. Jamais ses mains ne se montrent les auxiliaires de la pensée qui n'existe pas tandis que chez l'homme, on l'a dit souvent, le geste est la moitié de la pensée, et quand la parole manque, il la supplée. Le docteur Chenu cite fort à propos Mathieu Palmière Avec les mains, on appelle et on chasse, on se réjouit et on s'afflige, on indique le silence et le bruit, la paix et le combat, la prière et la menace, l'audace et la crainte on affirme et on nie, on expose, on énumère. Les mains raison-nent, disputent, approuvent, s'accommodent enfin à toutes les dictées de notre intelligence . Si donc le singe avait une étincelle de cette intelligence, elle s'en échapperait par ses mains, au défaut de la parole. Mais laissons cette hideuse caricature de l'homme à sa place, et, de tout ce qui précède, tirons pour conclusion que le singe n'est pas fait pour marcher sur ses deux pieds de.derrière c'est par intervalles seulement, et avec effort et peine, qu'il marche quelque peu en cette position. Il doit souffrir étant appuyé sur les pieds de derrière ses muscles ne se prêtent que difficilement à cette opé-artion. Mais, en revanche, cette structure est admirablement appropriée pour grimper sur les arbres. Aussi c'est ce qu'il fait il est là dans sa vraie retraite. Il s'accroche aux branches par quatre crampons aussi merveilleux par leur vivacité, leur adresse, que par leur force. La terre, c'est le lieu de la pâture du singe, les arbres sont sa cité. Ses yeux ne sont pas placés pour contempler le ciel. Cet animal n'a que deux soucis la nourriture et la précaution contre ses ennemis. Au reste , si nous trouvons quelque ressemblance du singe avec l'homme, ce n'est pas pour admirer cette bête car ce sont des caricatures plutôt que des ressemblances. Est-ce que les hideuses grimaces du singe nous rappellent la dignité humaine? Même dans les traits des sauvages, il y a encore un reste de la grandeur humaine, dont il n'y a pas de trace dans la figure chétive, ridée et histrée du singe. Quels gestes, quelle tenue, dans ce quadrupède, le plus laid des quadrupèdes, l'un des plus mal partagés sous bien des rapports? Qui croira que Maupertuis était sincère lorsqu'il ne rougit pas de dire Je préfère quelques heures de conversation avec les hommes à queue, au cercle des plus beaux esprits de l'Europe . Qui croira que nos modernes Maupertuis sont sincères lorsqu'ils débitent la même absurdité dans leurs phrases d'une apparence plus froidement scientifique, pour simuler la bonne foi à défaut de raison. Mais ces vérités vont être mises dans un plus beau jour en observant le côté intellectuel du singe. | 24 UNITÉ DE L'ESPÈCE HCMAINE. museau s'allonge. En vieillissant, cet animal devient hideux, intraitable et cruel . Peut-on comparer la main du singe avec celle de l'homme, dit lé doc-teur Chenu, p. 6@? Oui, répond-il mais c'est pour mieux en faire sentir la différence. Ces animaux ont les pouces très-courts, très-écartés des autres doigts, auxquels ils s'apposent d'une manière restreinte, et bornée au service seulement des besoins matériels les autres doigts, grêles, allongés et dans une dépendance mutuelle pour leurs mouvements, d'après la position des muscles fléchisseurs. Jamais ses mains ne se montrent les auxiliaires de la pensée qui n'existe pas tandis que chez l'homme, on l'a dit souvent, le geste est la moitié de la pensée, et quand la parole manque, il la supplée. Le docteur Chenu cite fort à propos Mathieu Palmière Avec les mains, on appelle et on chasse, on se réjouit et on s'afflige, on indique le silence et le bruit, la paix et le combat, la prière et la menace, l'audace et la crainte on affirme et on nie, on expose, on énumère. Les mains raison-nent, disputent, approuvent, s'accommodent enfin à toutes les dictées de notre intelligence . Si donc le singe avait une étincelle de cette intelligence, elle s'en échapperait par ses mains, au défaut de la parole. Mais laissons cette hideuse caricature de l'homme à sa place, et, de tout ce qui précède, tirons pour conclusion que le singe n'est pas fait pour marcher sur ses deux pieds de.derrière c'est par intervalles seulement, et avec effort et peine, qu'il marche quelque peu en cette position. Il doit souffrir étant appuyé sur les pieds de derrière ses muscles ne se prêtent que difficilement à cette opé-artion. Mais, en revanche, cette structure est admirablement appropriée pour grimper sur les arbres. Aussi c'est ce qu'il fait il est là dans sa vraie retraite. Il s'accroche aux branches par quatre crampons aussi merveilleux par leur vivacité, leur adresse, que par leur force. La terre, c'est le lieu de la pâture du singe, les arbres sont sa cité. Ses yeux ne sont pas placés pour contempler le ciel. Cet animal n'a que deux soucis la nourriture et la précaution contre ses ennemis. Au reste , si nous trouvons quelque ressemblance du singe avec l'homme, ce n'est pas pour admirer cette bête car ce sont des caricatures plutôt que des ressemblances. Est-ce que les hideuses grimaces du singe nous rappellent la dignité humaine@? Même dans les traits des sauvages, il y a encore un reste de la grandeur humaine, dont il n'y a pas de trace dans la figure chétive, ridée et histrée du singe. Quels gestes, quelle tenue, dans ce quadrupède, le plus laid des quadrupèdes, l'un des plus mal partagés sous bien des rapports@? Qui croira que Maupertuis était sincère lorsqu'il ne rougit pas de dire Je préfère quelques heures de conversation avec les hommes à queue, au cercle des plus beaux esprits de l'Europe . Qui croira que nos modernes Maupertuis sont sincères lorsqu'ils débitent la même absurdité dans leurs phrases d'une apparence plus froidement scientifique, pour simuler la bonne foi à défaut de raison. Mais ces vérités vont être mises dans un plus beau jour en observant le côté intellectuel du singe. | 24 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. museau s'allonge. En vieillissant, cet animal devient hideux, intraitable et cruel . Peut-on comparer la main du singe avec celle de l'homme, dit le doc-teur Chenu, p. 6 ? Oui, répond-il mais c'est pour mieux en faire sentir la différence. Ces animaux ont les pouces très-courts, très-écartés des autres doigts, auxquels ils s'apposent d'une manière restreinte, et bornée au service seulement des besoins matériels les autres doigts, grêles, allongés et dans une dépendance mutuelle pour leurs mouvements, d'après la position des muscles fléchisseurs. Jamais ses mains ne se montrent les auxiliaires de la pensée qui n'existe pas tandis que chez l'homme, on l'a dit souvent, le geste est la moitié de la pensée, et quand la parole manque, il la supplée. Le docteur Chenu cite fort à propos Mathieu Palmière Avec les mains, on appelle et on chasse, on se réjouit et on s'afflige, on indique le silence et le bruit, la paix et le combat, la prière et la menace, l'audace et la crainte on affirme et on nie, on expose, on énumère. Les mains raison-nent, disputent, approuvent, s'accommodent enfin à toutes les dictées de notre intelligence . Si donc le singe avait une étincelle de cette intelligence, elle s'en échapperait par ses mains, au défaut de la parole. Mais laissons cette hideuse caricature de l'homme à sa place, et, de tout ce qui précède, tirons pour conclusion que le singe n'est pas fait pour marcher sur ses deux pieds de derrière c'est par intervalles seulement, et avec effort et peine, qu'il marche quelque peu en cette position. Il doit souffrir étant appuyé sur les pieds de derrière ses muscles ne se prêtent que difficilement à cette opé-artion. Mais, en revanche, cette structure est admirablement appropriée pour grimper sur les arbres. Aussi c'est ce qu'il fait il est là dans sa vraie retraite. Il s'accroche aux branches par quatre crampons aussi merveilleux par leur vivacité, leur adresse, que par leur force. La terre, c'est le lieu de la pâture du singe, les arbres sont sa cité. Ses yeux ne sont pas placés pour contempler le ciel. Cet animal n'a que deux soucis la nourriture et la précaution contre ses ennemis. Au reste@, si nous trouvons quelque ressemblance du singe avec l'homme, ce n'est pas pour admirer cette bête car ce sont des caricatures plutôt que des ressemblances. Est-ce que les hideuses grimaces du singe nous rappellent la dignité humaine ? Même dans les traits des sauvages, il y a encore un reste de la grandeur humaine, dont il n'y a pas de trace dans la figure chétive, ridée et bistrée du singe. Quels gestes, quelle tenue, dans ce quadrupède, le plus laid des quadrupèdes, l'un des plus mal partagés sous bien des rapports ? Qui croira que Maupertuis était sincère lorsqu'il ne rougit pas de dire Je préfère quelques heures de conversation avec les hommes à queue, au cercle des plus beaux esprits de l'Europe . Qui croira que nos modernes Maupertuis sont sincères lorsqu'ils débitent la même absurdité dans leurs phrases d'une apparence plus froidement scientifique, pour simuler la bonne foi à défaut de raison. Mais ces vérités vont être mises dans un plus beau jour en observant le côté intellectuel du singe. | 24 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. museau s'allonge. En vieillissant, cet animal devient hideux, intraitable et cruel . Peut-on comparer la main du singe avec celle de l'homme, dit le doc-teur Chenu, p. 6 ? Oui, répond-il mais c'est pour mieux en faire sentir la différence. Ces animaux ont les pouces très-courts, très-écartés des autres doigts, auxquels ils s'apposent d'une manière restreinte, et bornée au service seulement des besoins matériels les autres doigts, grêles, allongés et dans une dépendance mutuelle pour leurs mouvements, d'après la position des muscles fléchisseurs. Jamais ses mains ne se montrent les auxiliaires de la pensée qui n'existe pas tandis que chez l'homme, on l'a dit souvent, le geste est la moitié de la pensée, et quand la parole manque, il la supplée. Le docteur Chenu cite fort à propos Mathieu Palmière Avec les mains, on appelle et on chasse, on se réjouit et on s'afflige, on indique le silence et le bruit, la paix et le combat, la prière et la menace, l'audace et la crainte on affirme et on nie, on expose, on énumère. Les mains raison-nent, disputent, approuvent, s'accommodent enfin à toutes les dictées de notre intelligence . Si donc le singe avait une étincelle de cette intelligence, elle s'en échapperait par ses mains, au défaut de la parole. Mais laissons cette hideuse caricature de l'homme à sa place, et, de tout ce qui précède, tirons pour conclusion que le singe n'est pas fait pour marcher sur ses deux pieds de derrière c'est par intervalles seulement, et avec effort et peine, qu'il marche quelque peu en cette position. Il doit souffrir étant appuyé sur les pieds de derrière ses muscles ne se prêtent que difficilement à cette opé-artion. Mais, en revanche, cette structure est admirablement appropriée pour grimper sur les arbres. Aussi c'est ce qu'il fait il est là dans sa vraie retraite. Il s'accroche aux branches par quatre crampons aussi merveilleux par leur vivacité, leur adresse, que par leur force. La terre, c'est le lieu de la pâture du singe, les arbres sont sa cité. Ses yeux ne sont pas placés pour contempler le ciel. Cet animal n'a que deux soucis la nourriture et la précaution contre ses ennemis. Au reste@, si nous trouvons quelque ressemblance du singe avec l'homme, ce n'est pas pour admirer cette bête car ce sont des caricatures plutôt que des ressemblances. Est-ce que les hideuses grimaces du singe nous rappellent la dignité humaine ? Même dans les traits des sauvages, il y a encore un reste de la grandeur humaine, dont il n'y a pas de trace dans la figure chétive, ridée et bistrée du singe. Quels gestes, quelle tenue, dans ce quadrupède, le plus laid des quadrupèdes, l'un des plus mal partagés sous bien des rapports ? Qui croira que Maupertuis était sincère lorsqu'il ne rougit pas de dire Je préfère quelques heures de conversation avec les hommes à queue, au cercle des plus beaux esprits de l'Europe . Qui croira que nos modernes Maupertuis sont sincères lorsqu'ils débitent la même absurdité dans leurs phrases d'une apparence plus froidement scientifique, pour simuler la bonne foi à défaut de raison. Mais ces vérités vont être mises dans un plus beau jour en observant le côté intellectuel du singe. | 24 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. museau s'allonge. En vieillissant, cet animal devient hideux, intraitable et cruel . Peut-on comparer la main du singe avec celle de l'homme, dit le doc-teur Chenu, p. 6 ? Oui, répond-il mais c'est pour mieux en faire sentir la différence. Ces animaux ont les pouces très-courts, très-écartés des autres doigts, auxquels ils s'apposent d'une manière restreinte, et bornée au service seulement des besoins matériels les autres doigts, grêles, allongés et dans une dépendance mutuelle pour leurs mouvements, d'après la position des muscles fléchisseurs. Jamais ses mains ne se montrent les auxiliaires de la pensée qui n'existe pas tandis que chez l'homme, on l'a dit souvent, le geste est la moitié de la pensée, et quand la parole manque, il la supplée. Le docteur Chenu cite fort à propos Mathieu Palmière Avec les mains, on appelle et on chasse, on se réjouit et on s'afflige, on indique le silence et le bruit, la paix et le combat, la prière et la menace, l'audace et la crainte on affirme et on nie, on expose, on énumère. Les mains raison-nent, disputent, approuvent, s'accommodent enfin à toutes les dictées de notre intelligence . Si donc le singe avait une étincelle de cette intelligence, elle s'en échapperait par ses mains, au défaut de la parole. Mais laissons cette hideuse caricature de l'homme à sa place, et, de tout ce qui précède, tirons pour conclusion que le singe n'est pas fait pour marcher sur ses deux pieds de derrière c'est par intervalles seulement, et avec effort et peine, qu'il marche quelque peu en cette position. Il doit souffrir étant appuyé sur les pieds de derrière ses muscles ne se prêtent que difficilement à cette opé-artion. Mais, en revanche, cette structure est admirablement appropriée pour grimper sur les arbres. Aussi c'est ce qu'il fait il est là dans sa vraie retraite. Il s'accroche aux branches par quatre crampons aussi merveilleux par leur vivacité, leur adresse, que par leur force. La terre, c'est le lieu de la pâture du singe, les arbres sont sa cité. Ses yeux ne sont pas placés pour contempler le ciel. Cet animal n'a que deux soucis la nourriture et la précaution contre ses ennemis. Au reste, si nous trouvons quelque ressemblance du singe avec l'homme, ce n'est pas pour admirer cette bête car ce sont des caricatures plutôt que des ressemblances. Est-ce que les hideuses grimaces du singe nous rappellent la dignité humaine ? Même dans les traits des sauvages, il y a encore un reste de la grandeur humaine, dont il n'y a pas de trace dans la figure chétive, ridée et bistrée du singe. Quels gestes, quelle tenue, dans ce quadrupède, le plus laid des quadrupèdes, l'un des plus mal partagés sous bien des rapports ? Qui croira que Maupertuis était sincère lorsqu'il ne rougit pas de dire Je préfère quelques heures de conversation avec les hommes à queue, au cercle des plus beaux esprits de l'Europe . Qui croira que nos modernes Maupertuis sont sincères lorsqu'ils débitent la même absurdité dans leurs phrases d'une apparence plus froidement scientifique, pour simuler la bonne foi à défaut de raison. Mais ces vérités vont être mises dans un plus beau jour en observant le côté intellectuel du singe. | 8 | 0.002502 | 0.006504 |
338.txt | 1,820 | 408 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES assassiné vos amis, vos parens. Nouveaux Séïdes, on a trompé votre courage , on vous a rendus les iustrumens malheureux d'une passion qui n'a jamais été, qui n'est pas , qui ne sera jamais la votre. Il Voici maintenant de quelle manière M. Beau-lieu i raconte les mêmes evénemens. Les subalternes Jacobins, dirigés par Péthion, Buzot et Brissot pour les républicains, et le chevalier de Laclos pour les ortéamstes, arrêtèrent qu'il serait fait une pétition so-lennelle aux départemens, pour que la conduite du roi fut soumise à leur jugement. Ce furent Laclos et Brissot qui la rédigèrent. Des émissaires de ces messieurs la portèrent dans les groupes, dans les cafés , la firent signer dans les rues par les femmes, les 'enfans, en menaçant, en cajolant tour à tour ceux dont ils voulaient avoir les suffrages. Voyant que toutes.ces intrigues ne pouvaient rallier à eux tout le monde dont ils avaient besoin, ils essayèrent le moyen de la ter-reur Leurs attroupemens se portèrent aux spectacles , et en firent fermer plusieurs. Ils furent dissipés à l'Opéra par la garde nationale et en prenant la fuite, ils laissèrent voir combien il était facile de les vaincre. Us se portèrent le lendemain sur le terrain de la Bastille, pour y faire signer leur pétition , c'est-à-dire, exciter une insurrection au fau-bourg Saint-Antoine, en tâchant de faire croire au peuple qu'on voulait relever la prison d'Etat dont ils lui faisaient voir les ruines. La garde nationale déjoua encore leurs pro-jets. Dans cet état de choses, MM. Dandré et Regnaud de Saiut-Jean-d'Angély invitèrent l'Assemblée à prendre des mesures vigoureuses contre les factieux. Le premier fit dé-créter que les ministres et la municipalité se rendraient à l Essais historiques sur les causes et les effets de la révolution de France. - Paris, an IX-1801. | 408 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES assassiné vos amis, vos parens. Nouveaux Séïdes, on a trompé votre courage , on vous a rendus les iustrumens malheureux d'une passion qui n'a jamais été, qui n'est pas , qui ne sera jamais la votre. Il Voici maintenant de quelle manière M. Beau-lieu i raconte les mêmes evénemens. Les subalternes Jacobins, dirigés par Péthion, Buzot et Brissot pour les républicains, et le chevalier de Laclos pour les ortéa@mstes, arrêtèrent qu'il serait fait une pétition so-lennelle aux départemens, pour que la conduite du roi fut soumise à leur jugement. Ce furent Laclos et Brissot qui la rédigèrent. Des émissaires de ces messieurs la portèrent dans les groupes, dans les cafés , la firent signer dans les rues par les femmes, les 'enfans, en menaçant, en cajolant tour à tour ceux dont ils voulaient avoir les suffrages. Voyant que toutes.ces intrigues ne pouvaient rallier à eux tout le monde dont ils avaient besoin, ils essayèrent le moyen de la ter-reur Leurs attroupemens se portèrent aux spectacles , et en firent fermer plusieurs. Ils furent dissipés à l'Opéra par la garde nationale et en prenant la fuite, ils laissèrent voir combien il était facile de les vaincre. @Us se portèrent le lendemain sur le terrain de la Bastille, pour y faire signer leur pétition , c'est-à-dire, exciter une insurrection au fau-bourg Saint-Antoine, en tâchant de faire croire au peuple qu'on voulait relever la prison d'Etat dont ils lui faisaient voir les ruines. La garde nationale déjoua encore leurs pro-jets. Dans cet état de choses, MM. Dandré et Regnaud de Saiut-Jean-d'Angély invitèrent l'Assemblée à prendre des mesures vigoureuses contre les factieux. Le premier fit dé-créter que les ministres et la municipalité se rendraient à l Essais historiques sur les causes et les effets de la révolution de France. - Paris, an IX-1801. | 408 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES assassiné vos amis, vos parens. Nouveaux Séïdes, on a trompé votre courage@, on vous a rendus les instrumens malheureux d'une passion qui n'a jamais été, qui n'est pas@, qui ne sera jamais la votre.@@@ Voici maintenant de quelle manière M. Beau-lieu 1 raconte les mêmes événemens. Les subalternes Jacobins, dirigés par Péthion, Buzot et Brissot pour les republicains, et le chevalier de Laclos pour les orléanistes, arrêtèrent qu'il serait fait une pétition so-lennelle aux départemens, pour que la conduite du roi fût soumise à leur jugement. Ce furent Laclos et Brissot qui la rédigèrent. Des émissaires de ces messieurs la portèrent dans les groupes, dans les cafés@, la furent signer dans les rues par les femmes, les @enfans, en menaçant, en cajolant tour à tour ceux dont ils voulaient avoir les suffrages. Voyant que toutes ces intrigues ne pouvaient rallier à eux tout le monde dont ils avaient besoin, ils essayèrent le moyen de la ter-reur leurs attroupemens se portèrent aux spectacles@, et en firent fermer plusieurs. Ils furent dissipés à l'Opéra par la garde nationale et en prenant la fuite, ils laissèrent voir combien il était facile de les vaincre. Ils se portèrent le lendemain sur le terrain de la Bastille, pour y faire signer leur pétition@, c'est-à-dire, exciter une insurrection au fau-bourg Saint-Antoine, en tâchant de faire croire au peuple qu'on voulait relever la prison d'Etat dont ils lui faisaient voir les ruines. La garde nationale déjoua encore leurs pro-jets. Dans cet état de choses, MM. Dandré et Regnaud de Saint-Jean-d'Angély invitèrent l'Assemblée à prendre des mesures vigoureuses contre les factieux. Le premier fit dé-créter que les ministres et ma municipalité se rendraient à 1 Essais historiques sur les causes et les effets de la révolution de France. -@Paris, an IX-1801. | 408 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES assassiné vos amis, vos parens. Nouveaux Séïdes, on a trompé votre courage@, on vous a rendus les instrumens malheureux d'une passion qui n'a jamais été, qui n'est pas@, qui ne sera jamais la votre.@@@ Voici maintenant de quelle manière M. Beau-lieu 1 raconte les mêmes événemens. Les subalternes Jacobins, dirigés par Péthion, Buzot et Brissot pour les republicains, et le chevalier de Laclos pour les orléanistes, arrêtèrent qu'il serait fait une pétition so-lennelle aux départemens, pour que la conduite du roi fût soumise à leur jugement. Ce furent Laclos et Brissot qui la rédigèrent. Des émissaires de ces messieurs la portèrent dans les groupes, dans les cafés@, la furent signer dans les rues par les femmes, les @enfans, en menaçant, en cajolant tour à tour ceux dont ils voulaient avoir les suffrages. Voyant que toutes ces intrigues ne pouvaient rallier à eux tout le monde dont ils avaient besoin, ils essayèrent le moyen de la ter-reur leurs attroupemens se portèrent aux spectacles@, et en firent fermer plusieurs. Ils furent dissipés à l'Opéra par la garde nationale et en prenant la fuite, ils laissèrent voir combien il était facile de les vaincre. Ils se portèrent le lendemain sur le terrain de la Bastille, pour y faire signer leur pétition@, c'est-à-dire, exciter une insurrection au fau-bourg Saint-Antoine, en tâchant de faire croire au peuple qu'on voulait relever la prison d'Etat dont ils lui faisaient voir les ruines. La garde nationale déjoua encore leurs pro-jets. Dans cet état de choses, MM. Dandré et Regnaud de Saint-Jean-d'Angély invitèrent l'Assemblée à prendre des mesures vigoureuses contre les factieux. Le premier fit dé-créter que les ministres et ma municipalité se rendraient à 1 Essais historiques sur les causes et les effets de la révolution de France. -@Paris, an IX-1801. | 408 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES assassiné vos amis, vos parens. Nouveaux Séïdes, on a trompé votre courage, on vous a rendus les instrumens malheureux d'une passion qui n'a jamais été, qui n'est pas, qui ne sera jamais la votre. Voici maintenant de quelle manière M. Beau-lieu 1 raconte les mêmes événemens. Les subalternes Jacobins, dirigés par Péthion, Buzot et Brissot pour les republicains, et le chevalier de Laclos pour les orléanistes, arrêtèrent qu'il serait fait une pétition so-lennelle aux départemens, pour que la conduite du roi fût soumise à leur jugement. Ce furent Laclos et Brissot qui la rédigèrent. Des émissaires de ces messieurs la portèrent dans les groupes, dans les cafés, la furent signer dans les rues par les femmes, les enfans, en menaçant, en cajolant tour à tour ceux dont ils voulaient avoir les suffrages. Voyant que toutes ces intrigues ne pouvaient rallier à eux tout le monde dont ils avaient besoin, ils essayèrent le moyen de la ter-reur leurs attroupemens se portèrent aux spectacles, et en firent fermer plusieurs. Ils furent dissipés à l'Opéra par la garde nationale et en prenant la fuite, ils laissèrent voir combien il était facile de les vaincre. Ils se portèrent le lendemain sur le terrain de la Bastille, pour y faire signer leur pétition, c'est-à-dire, exciter une insurrection au fau-bourg Saint-Antoine, en tâchant de faire croire au peuple qu'on voulait relever la prison d'Etat dont ils lui faisaient voir les ruines. La garde nationale déjoua encore leurs pro-jets. Dans cet état de choses, MM. Dandré et Regnaud de Saint-Jean-d'Angély invitèrent l'Assemblée à prendre des mesures vigoureuses contre les factieux. Le premier fit dé-créter que les ministres et ma municipalité se rendraient à 1 Essais historiques sur les causes et les effets de la révolution de France. -Paris, an IX-1801. | 26 | 0.014115 | 0.0625 |
476.txt | 1,871 | UNITÉ DE L'ESPÈCE BUMAINE. 7 retrouvons donc non-seulement chez les Arabes, mais encore chez les Cophtes, restes des anciens Egyptiens, chez les Perses anciens et modernes, chez les Indiens, et enfin chez les Chinois. Ce sont des traces précieuses de communauté qu'on n'a pas encore aperçues, parce qu'on néglige trop, parmi nous, l'étude de la littérature orientale. C'est en comparant ce que tous ces différents peuples ont écrit, qu'on peut parvenir à connaître leurs anciennes liaisons. Comme il s'agit ici d'astronomie, je n'ai point négligé ce que j'ai trouvé dans les livres chinois sur le ciel astronomique ou sur les étoiles connues à la Chine. J'ai rapporté les notions que les Arabes en avaient de celles des Chinois j'y ai joint en même temps celle des autres peuples asiatiques, autant qu'il m'a été possible, et c'est ce qui m'a convaincu que tous ces peuples avaient à peu près un même système bien différent de celui des Grecs. Cet examen exige des détails un peu étendus, et très-secs, mais j'espère que ce que nous en apprendrons des usages des anciens peuples de l'Asie, me servira d'excuse. a Les mansions ou domiciles de la lune sont rapportés par tous les astronomes arabes. Aferghari indique el leurs noms et la place qu'elles oc-cupent dans nos signes du zodiaque. Il cite encore d'autres auteurs. Les Cophtes ont encore ces mêmes constellations on peut soupçonner qu'ils les tiennent de leurs ancêtres on les retrouve en Perse dans les anciens livres tels que le Bundehesch probablement les Perses les tenaient des Babyloniens enfin elles existent dans l'Inde et surtout en Chine. Les Chinois les indiquent dans tous leurs livres astronomiques, dans leurs almanachs actuels. J'ai comparé ceux-ci avec ceux des Arabes, leurs noms, leurs figures et tout leur ciel astroncmique d'après l'ouvrage de Matuon-lin, et d'après un autre état du ciel imprimé dans ces derniers temps sous le titre de Tien ven-poce tien-Ko, et j'ai aperçu partout les mêmes rapports. On me répondra sans doute que, depuis l'établissement du mahométisme, les Arabes, qui ont beaucoup fréquenté la Chine, y ont porté la connais-sance des vingt-huit constellations je l'avais cru d'abord, mais les ayant trouvées dans des livres plus anciens que le mabométisme, comme on le verra dans la suite, je suis autorisé à les regarder comme un monument de la plus ancienne astronomie asiatique . Plus loin il montre trois de ces constellations nommées dans le Chou-king. Ici notre auteur donne la nomenclature comparée de ces constella-tions chez les Arabes, les Perses, les Indiens et les Chinois. Nous y renvoyons le lecteur curieux. Une des premières remarques de de Guignes, c'est que ces constellations prennent leur point de départ au bélier. Le P. Kircher , dit-il, d'après un dictionnaire cophte et arabe trouvé en Egypte, indique les mansions de la lune suivant les Cophtes, avec l'ex-plication arabe on voit par là leur accord avec celles des Arabes et leurs positions dans nos signes. Quoique les Cophtes commencent leur année au mois de septembre, l'auteur cophte ou arabe fait commencer cette liste par la mansion qui est au bélier. Ainsi elles sont dans l'ordre indiqué chez les auteurs orientaux. a La comparaison que nous faisons nous fait connaître l'ancienne astronomie nous pouvons dire ancienne, car plusieurs des étoiles dési- | UNITÉ DE L'ESPÈCE BUMAINE. 7 retrouvons donc non-seulement chez les Arabes, mais encore chez les Cophtes, restes des anciens Egyptiens, chez les Perses anciens et modernes, chez les Indiens, et enfin chez les Chinois. Ce sont des traces précieuses de communauté qu'on n'a pas encore aperçues, parce qu'on néglige trop, parmi nous, l'étude de la littérature orientale. C'est en comparant ce que tous ces différents peuples ont écrit, qu'on peut parvenir à connaître leurs anciennes liaisons. Comme il s'agit ici d'astronomie, je n'ai point négligé ce que j'ai trouvé dans les livres chinois sur le ciel astronomique ou sur les étoiles connues à la Chine. J'ai rapporté les notions que les Arabes en avaient de celles des Chinois j'y ai joint en même temps celle des autres peuples asiatiques, autant qu'il m'a été possible, et c'est ce qui m'a convaincu que tous ces peuples avaient à peu près un même système bien différent de celui des Grecs. Cet examen exige des détails un peu étendus, et très-secs, mais j'espère que ce que nous en apprendrons des usages des anciens peuples de l'Asie, me servira d'excuse. a Les mansions ou domiciles de la lune sont rapportés par tous les astronomes arabes. Aferghari indique el leurs noms et la place qu'elles oc-cupent dans nos signes du zodiaque. Il cite encore d'autres auteurs. Les Cophtes ont encore ces mêmes constellations on peut soupçonner qu'ils les tiennent de leurs ancêtres on les retrouve en Perse dans les anciens livres tels que le Bundehesch probablement les Perses les tenaient des Babyloniens enfin elles existent dans l'Inde et surtout en Chine. Les Chinois les indiquent dans tous leurs livres astronomiques, dans leurs almanachs actuels. J'ai comparé ceux-ci avec ceux des Arabes, leurs noms, leurs figures et tout leur ciel astroncmique d'après l'ouvrage de Matuon-lin, et d'après un autre état du ciel imprimé dans ces derniers temps sous le titre de Tien ven-poce tien-Ko, et j'ai aperçu partout les mêmes rapports. On me répondra sans doute que, depuis l'établissement du mahométisme, les Arabes, qui ont beaucoup fréquenté la Chine, y ont porté la connais-sance des vingt-huit constellations je l'avais cru d'abord, mais les ayant trouvées dans des livres plus anciens que le mabométisme, comme on le verra dans la suite, je suis autorisé à les regarder comme un monument de la plus ancienne astronomie asiatique . Plus loin il montre trois de ces constellations nommées dans le Chou-king. Ici notre auteur donne la nomenclature comparée de ces constella-tions chez les Arabes, les Perses, les Indiens et les Chinois. Nous y renvoyons le lecteur curieux. Une des premières remarques de de Guignes, c'est que ces constellations prennent leur point de départ au bélier. Le P. Kircher , dit-il, d'après un dictionnaire cophte et arabe trouvé en Egypte, indique les mansions de la lune suivant les Cophtes, avec l'ex-plication arabe on voit par là leur accord avec celles des Arabes et leurs positions dans nos signes. Quoique les Cophtes commencent leur année au mois de septembre, l'auteur cophte ou arabe fait commencer cette liste par la mansion qui est au bélier. Ainsi elles sont dans l'ordre indiqué chez les auteurs orientaux. a La comparaison que nous faisons nous fait connaître l'ancienne astronomie nous pouvons dire ancienne, car plusieurs des étoiles dési- | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 7 retrouvons donc non-seulement chez les Arabes, mais encore chez les Cophtes, restes des anciens Egyptiens, chez les Perses anciens et modernes, chez les Indiens, et enfin chez les Chinois. Ce sont des traces précieuses de communauté qu'on n'a pas encore aperçues, parce qu'on néglige trop, parmi nous, l'étude de la littérature orientale. C'est en comparant ce que tous ces différents peuples ont écrit, qu'on peut parvenir à connaître leurs anciennes liaisons. Comme il s'agit ici d'astronomie, je n'ai point négligé ce que j'ai trouvé dans les livres chinois sur le ciel astronomique ou sur les étoiles connues à la Chine. J'ai rapporté les notions que les Arabes en avaient de celles des Chinois j'y ai joint en même temps celle des autres peuples asiatiques, autant qu'il m'a été possible, et c'est ce qui m'a convaincu que tous ces peuples avaient à peu près un même système bien différent de celui des Grecs. Cet examen exige des détails un peu étendus, et très-secs, mais j'espère que ce que nous en apprendrons des usages des anciens peuples de l'Asie, me servira d'excuse. @@Les mansions ou domiciles de la lune sont rapportés par tous les astronomes arabes. Aferghari indique et leurs noms et la place qu'elles oc-cupent dans nos signes du zodiaque. Il cite encore d'autres auteurs. Les Cophtes ont encore ces mêmes constellations on peut soupçonner qu'ils les tiennent de leurs ancêtres on les retrouve en Perse dans les anciens livres tels que le Bundehesch probablement les Perses les tenaient des Babyloniens enfin elles existent dans l'Inde et surtout en Chine. Les Chinois les indiquent dans tous leurs livres astronomiques, dans leurs almanachs actuels. J'ai comparé ceux-ci avec ceux des Arabes, leurs noms, leurs figures et tout leur ciel astronomique d'après l'ouvrage de Matuon-lin, et d'après un autre état du ciel imprimé dans ces derniers temps sous le titre de Tien ven-poce-tien-Ko, et j'ai aperçu partout les mêmes rapports. On me répondra sans doute que, depuis l'établissement du mahométisme, les Arabes, qui ont beaucoup fréquenté la Chine, y ont porté la connais-sance des vingt-huit constellations je l'avais cru d'abord, mais les ayant trouvées dans des livres plus anciens que le mahométisme, comme on le verra dans la suite, je suis autorisé à les regarder comme un monument de la plus ancienne astronomie asiatique . Plus loin il montre trois de ces constellations nommées dans le Chou-king. Ici notre auteur donne la nomenclature comparée de ces constella-tions chez les Arabes, les Perses, les Indiens et les Chinois. Nous y renvoyons le lecteur curieux. Une des premières remarques de de Guignes, c'est que ces constellations prennent leur point de départ au bélier. Le P. Kircher , dit-il, d'après un dictionnaire cophte et arabe trouvé en Egypte, indique les mansions de la lune suivant les Cophtes, avec l'ex-plication arabe on voit par là leur accord avec celles des Arabes et leurs positions dans nos signes. Quoique les Cophtes commencent leur année au mois de septembre, l'auteur cophte ou arabe fait commencer cette liste par la mansion qui est au bélier. Ainsi elles sont dans l'ordre indiqué chez les auteurs orientaux.x. La comparaison que nous faisons nous fait connaître l'ancienne astronomie nous pouvons dire ancienne, car plusieurs des étoiles dési- | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 7 retrouvons donc non-seulement chez les Arabes, mais encore chez les Cophtes, restes des anciens Egyptiens, chez les Perses anciens et modernes, chez les Indiens, et enfin chez les Chinois. Ce sont des traces précieuses de communauté qu'on n'a pas encore aperçues, parce qu'on néglige trop, parmi nous, l'étude de la littérature orientale. C'est en comparant ce que tous ces différents peuples ont écrit, qu'on peut parvenir à connaître leurs anciennes liaisons. Comme il s'agit ici d'astronomie, je n'ai point négligé ce que j'ai trouvé dans les livres chinois sur le ciel astronomique ou sur les étoiles connues à la Chine. J'ai rapporté les notions que les Arabes en avaient de celles des Chinois j'y ai joint en même temps celle des autres peuples asiatiques, autant qu'il m'a été possible, et c'est ce qui m'a convaincu que tous ces peuples avaient à peu près un même système bien différent de celui des Grecs. Cet examen exige des détails un peu étendus, et très-secs, mais j'espère que ce que nous en apprendrons des usages des anciens peuples de l'Asie, me servira d'excuse. @@Les mansions ou domiciles de la lune sont rapportés par tous les astronomes arabes. Aferghari indique et leurs noms et la place qu'elles oc-cupent dans nos signes du zodiaque. Il cite encore d'autres auteurs. Les Cophtes ont encore ces mêmes constellations on peut soupçonner qu'ils les tiennent de leurs ancêtres on les retrouve en Perse dans les anciens livres tels que le Bundehesch probablement les Perses les tenaient des Babyloniens enfin elles existent dans l'Inde et surtout en Chine. Les Chinois les indiquent dans tous leurs livres astronomiques, dans leurs almanachs actuels. J'ai comparé ceux-ci avec ceux des Arabes, leurs noms, leurs figures et tout leur ciel astronomique d'après l'ouvrage de Matuon-lin, et d'après un autre état du ciel imprimé dans ces derniers temps sous le titre de Tien ven-poce-tien-Ko, et j'ai aperçu partout les mêmes rapports. On me répondra sans doute que, depuis l'établissement du mahométisme, les Arabes, qui ont beaucoup fréquenté la Chine, y ont porté la connais-sance des vingt-huit constellations je l'avais cru d'abord, mais les ayant trouvées dans des livres plus anciens que le mahométisme, comme on le verra dans la suite, je suis autorisé à les regarder comme un monument de la plus ancienne astronomie asiatique . Plus loin il montre trois de ces constellations nommées dans le Chou-king. Ici notre auteur donne la nomenclature comparée de ces constella-tions chez les Arabes, les Perses, les Indiens et les Chinois. Nous y renvoyons le lecteur curieux. Une des premières remarques de de Guignes, c'est que ces constellations prennent leur point de départ au bélier. Le P. Kircher , dit-il, d'après un dictionnaire cophte et arabe trouvé en Egypte, indique les mansions de la lune suivant les Cophtes, avec l'ex-plication arabe on voit par là leur accord avec celles des Arabes et leurs positions dans nos signes. Quoique les Cophtes commencent leur année au mois de septembre, l'auteur cophte ou arabe fait commencer cette liste par la mansion qui est au bélier. Ainsi elles sont dans l'ordre indiqué chez les auteurs orientaux.x. La comparaison que nous faisons nous fait connaître l'ancienne astronomie nous pouvons dire ancienne, car plusieurs des étoiles dési- | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 7 retrouvons donc non-seulement chez les Arabes, mais encore chez les Cophtes, restes des anciens Egyptiens, chez les Perses anciens et modernes, chez les Indiens, et enfin chez les Chinois. Ce sont des traces précieuses de communauté qu'on n'a pas encore aperçues, parce qu'on néglige trop, parmi nous, l'étude de la littérature orientale. C'est en comparant ce que tous ces différents peuples ont écrit, qu'on peut parvenir à connaître leurs anciennes liaisons. Comme il s'agit ici d'astronomie, je n'ai point négligé ce que j'ai trouvé dans les livres chinois sur le ciel astronomique ou sur les étoiles connues à la Chine. J'ai rapporté les notions que les Arabes en avaient de celles des Chinois j'y ai joint en même temps celle des autres peuples asiatiques, autant qu'il m'a été possible, et c'est ce qui m'a convaincu que tous ces peuples avaient à peu près un même système bien différent de celui des Grecs. Cet examen exige des détails un peu étendus, et très-secs, mais j'espère que ce que nous en apprendrons des usages des anciens peuples de l'Asie, me servira d'excuse. Les mansions ou domiciles de la lune sont rapportés par tous les astronomes arabes. Aferghari indique et leurs noms et la place qu'elles oc-cupent dans nos signes du zodiaque. Il cite encore d'autres auteurs. Les Cophtes ont encore ces mêmes constellations on peut soupçonner qu'ils les tiennent de leurs ancêtres on les retrouve en Perse dans les anciens livres tels que le Bundehesch probablement les Perses les tenaient des Babyloniens enfin elles existent dans l'Inde et surtout en Chine. Les Chinois les indiquent dans tous leurs livres astronomiques, dans leurs almanachs actuels. J'ai comparé ceux-ci avec ceux des Arabes, leurs noms, leurs figures et tout leur ciel astronomique d'après l'ouvrage de Matuon-lin, et d'après un autre état du ciel imprimé dans ces derniers temps sous le titre de Tien ven-poce-tien-Ko, et j'ai aperçu partout les mêmes rapports. On me répondra sans doute que, depuis l'établissement du mahométisme, les Arabes, qui ont beaucoup fréquenté la Chine, y ont porté la connais-sance des vingt-huit constellations je l'avais cru d'abord, mais les ayant trouvées dans des livres plus anciens que le mahométisme, comme on le verra dans la suite, je suis autorisé à les regarder comme un monument de la plus ancienne astronomie asiatique . Plus loin il montre trois de ces constellations nommées dans le Chou-king. Ici notre auteur donne la nomenclature comparée de ces constella-tions chez les Arabes, les Perses, les Indiens et les Chinois. Nous y renvoyons le lecteur curieux. Une des premières remarques de de Guignes, c'est que ces constellations prennent leur point de départ au bélier. Le P. Kircher , dit-il, d'après un dictionnaire cophte et arabe trouvé en Egypte, indique les mansions de la lune suivant les Cophtes, avec l'ex-plication arabe on voit par là leur accord avec celles des Arabes et leurs positions dans nos signes. Quoique les Cophtes commencent leur année au mois de septembre, l'auteur cophte ou arabe fait commencer cette liste par la mansion qui est au bélier. Ainsi elles sont dans l'ordre indiqué chez les auteurs orientaux.x. La comparaison que nous faisons nous fait connaître l'ancienne astronomie nous pouvons dire ancienne, car plusieurs des étoiles dési- | 9 | 0.002702 | 0.016611 |
310.txt | 1,845 | -204-Saint-François Dominicains Mathurins, établis pour la ré-demption des captifs enfin Récollcls, ordre de Saint-François les quatre premiers démolis, le cinquième occupé par lés reli-gieuses de la congrégation de Notre-Dame. 3° Quatre couvents de femmes, supprimés, non démolis ce-lui de Sainte-Marie, provenant de la congrégation dé Nptre-Dame, devenu grand-séminaire celui de Saint-Joseph, ordre de Saint-Benoît, devenu hôpital ou hospice de charité ceUii de Vinay, même ordre, devenu magasin de grains et de fourrages enfin celui des Dames de la Doctrine chrétienne, réuni à l'ancien grand séminaire, maintenant occupé par l'école royale des Arts et métiers. 4° Deux hôpitaux l'Hôtel-Dieu, pour les malades l'Hospice de la Charité, pour les vieillards des deux sexes, et pour les en-fants des familles indigentes aussi des deux sexes. L'ancien diocèse de Châlons a eu pour premier évèque S. Memmie, vers la fin du troisième siècle. Il sera suffisamment connu par les principaux lieux qui en faisaient partie c'étaient Joinville, Sainte-Menehould, Saint-Dizier, Vassy, Vitry-!e-Fran-çais, Grandpré, Montrnirail, Vertus Notre-Dame de l'Epine, connue par son pèlerinage, où fut guérie miraculeusement une personne de la famille de M. Musait il y a près d'un siècle et demi. Le diocèse de Châlons avant la révolution comptait trois cent quatre paroisses et quatre-vingt-treize annexes. Son évêque portait le titre de comte il était au sacre des rois le cinquième des six pairs ecclésiastiques. Avant la révolution les collèges, presque partout dirigés par le clergé, suffisaient aux besoins des diocèses et développaient ail-lant de vocations qu'on en pouvait désirer. Depuis les vocations sont devenues plus rares et presque partout les évêques ont dû ériger des petits séminaires diocésains, où l'instruction et l'édu-cation marchent de pair et se soutiennent mutuellement, sous les yeux de leur mère commune la sainte Eglise catholique. Reims et Châlons possèdent l'un et l'autre ces pieux asiles de la foi et des moeurs. FIN. | -204-Saint-François Dominicains Mathurins, établis pour la ré-demption des captifs enfin Récollcls, ordre de Saint-François les quatre premiers démolis, le cinquième occupé par lés reli-gieuses de la congrégation de Notre-Dame. 3° Quatre couvents de femmes, supprimés, non démolis ce-lui de Sainte-Marie, provenant de la congrégation dé Nptre-Dame, devenu grand-séminaire celui de Saint-Joseph, ordre de Saint-Benoît, devenu hôpital ou hospice de charité ceUii de Vinay, même ordre, devenu magasin de grains et de fourrages enfin celui des Dames de la Doctrine chrétienne, réuni à l'ancien grand séminaire, maintenant occupé par l'école royale des Arts et métiers. 4° Deux hôpitaux l'Hôtel-Dieu, pour les malades l'Hospice de la Charité, pour les vieillards des deux sexes, et pour les en-fants des familles indigentes aussi des deux sexes. L'ancien diocèse de Châlons a eu pour premier évèque S. Memmie, vers la fin du troisième siècle. Il sera suffisamment connu par les principaux lieux qui en faisaient partie c'étaient Joinville, Sainte-Menehould, Saint-Dizier, Vassy, Vitry-!e-Fran-çais, Grandpré, Montrnirail, Vertus Notre-Dame de l'Epine, connue par son pèlerinage, où fut guérie miraculeusement une personne de la famille de M. Musait il y a près d'un siècle et demi. Le diocèse de Châlons avant la révolution comptait trois cent quatre paroisses et quatre-vingt-treize annexes. Son évêque portait le titre de comte il était au sacre des rois le cinquième des six pairs ecclésiastiques. Avant la révolution les collèges, presque partout dirigés par le clergé, suffisaient aux besoins des diocèses et développaient ail-lant de vocations qu'on en pouvait désirer. Depuis les vocations sont devenues plus rares et presque partout les évêques ont dû ériger des petits séminaires diocésains, où l'instruction et l'édu-cation marchent de pair et se soutiennent mutuellement, sous les yeux de leur mère commune la sainte Eglise catholique. Reims et Châlons possèdent l'un et l'autre ces pieux asiles de la foi et des moeurs. FIN. | ################### Dominicains Mathurins, établis pour la ré-demption des captifs enfin Récollets, ordre de Saint-François les quatre premiers démolis, le cinquième occupé par les reli-gieuses de la congrégation de Notre-Dame. 3° Quatre couvents de femmes, supprimés, non démolis ce-lui de Sainte-Marie, provenant de la congrégation dé Notre-Dame, devenu grand-séminaire celui de Saint-Joseph, ordre de Saint-Benoît, devenu hôpital ou hospice de charité celui de Vinay, même ordre, devenu magasin de grains et de fourrages enfin celui des Dames de la Doctrine chrétienne, réuni à l'ancien grand séminaire, maintenant occupé par l'école royale des Arts et métiers. 4° Deux hôpitaux l'Hôtel-Dieu, pour les malades l'Hospice de la Charité, pour les vieillards des deux sexes, et pour les en-fants des familles indigentes aussi des deux sexes. L'ancien diocèse de Châlons a eu pour premier évèque S. Memmie, vers la fin du troisième siècle. Il sera suffisamment connu par les principaux lieux qui en faisaient partie c'étaient Joinville, Sainte-Menehould, Saint-Dizier, Vassy, Vitry-!e-Fran-çais, Grandpré, Mont@mirail, Vertus Notre-Dame de l'Epine, connue par son pèlerinage, où fut guérie miraculeusement une personne de la famille de M. Musart il y a près d'un siècle et demi. Le diocèse de Châlons avant la révolution comptait trois cent quatre paroisses et quatre-vingt-treize annexes. Son évêque portait le titre de comte il était au sacre des rois le cinquième des six pairs ecclésiastiques. Avant la révolution les collèges, presque partout dirigés par le clergé, suffisaient aux besoins des diocèses et développaient a@u-tant de vocations qu'on en pouvait désirer. Depuis les vocations sont devenues plus rares et presque partout les évêques ont dû ériger des petits séminaires diocésains, où l'instruction et l'édu-cation marchent de pair et se soutiennent mutuellement, sous les yeux de leur mère commune la sainte Eglise catholique. Reims et Châlons possèdent l'un et l'autre ces pieux asiles de la foi et des moeurs. FIN. | -204-Saint-François Dominicains Mathurins, établis pour la ré-demption des captifs enfin Récollets, ordre de Saint-François les quatre premiers démolis, le cinquième occupé par les reli-gieuses de la congrégation de Notre-Dame. 3° Quatre couvents de femmes, supprimés, non démolis ce-lui de Sainte-Marie, provenant de la congrégation dé Notre-Dame, devenu grand-séminaire celui de Saint-Joseph, ordre de Saint-Benoît, devenu hôpital ou hospice de charité celui de Vinay, même ordre, devenu magasin de grains et de fourrages enfin celui des Dames de la Doctrine chrétienne, réuni à l'ancien grand séminaire, maintenant occupé par l'école royale des Arts et métiers. 4° Deux hôpitaux l'Hôtel-Dieu, pour les malades l'Hospice de la Charité, pour les vieillards des deux sexes, et pour les en-fants des familles indigentes aussi des deux sexes. L'ancien diocèse de Châlons a eu pour premier évèque S. Memmie, vers la fin du troisième siècle. Il sera suffisamment connu par les principaux lieux qui en faisaient partie c'étaient Joinville, Sainte-Menehould, Saint-Dizier, Vassy, Vitry-!e-Fran-çais, Grandpré, Mont@mirail, Vertus Notre-Dame de l'Epine, connue par son pèlerinage, où fut guérie miraculeusement une personne de la famille de M. Musart il y a près d'un siècle et demi. Le diocèse de Châlons avant la révolution comptait trois cent quatre paroisses et quatre-vingt-treize annexes. Son évêque portait le titre de comte il était au sacre des rois le cinquième des six pairs ecclésiastiques. Avant la révolution les collèges, presque partout dirigés par le clergé, suffisaient aux besoins des diocèses et développaient a@u-tant de vocations qu'on en pouvait désirer. Depuis les vocations sont devenues plus rares et presque partout les évêques ont dû ériger des petits séminaires diocésains, où l'instruction et l'édu-cation marchent de pair et se soutiennent mutuellement, sous les yeux de leur mère commune la sainte Eglise catholique. Reims et Châlons possèdent l'un et l'autre ces pieux asiles de la foi et des moeurs. FIN. | -204-Saint-François Dominicains Mathurins, établis pour la ré-demption des captifs enfin Récollets, ordre de Saint-François les quatre premiers démolis, le cinquième occupé par les reli-gieuses de la congrégation de Notre-Dame. 3° Quatre couvents de femmes, supprimés, non démolis ce-lui de Sainte-Marie, provenant de la congrégation dé Notre-Dame, devenu grand-séminaire celui de Saint-Joseph, ordre de Saint-Benoît, devenu hôpital ou hospice de charité celui de Vinay, même ordre, devenu magasin de grains et de fourrages enfin celui des Dames de la Doctrine chrétienne, réuni à l'ancien grand séminaire, maintenant occupé par l'école royale des Arts et métiers. 4° Deux hôpitaux l'Hôtel-Dieu, pour les malades l'Hospice de la Charité, pour les vieillards des deux sexes, et pour les en-fants des familles indigentes aussi des deux sexes. L'ancien diocèse de Châlons a eu pour premier évèque S. Memmie, vers la fin du troisième siècle. Il sera suffisamment connu par les principaux lieux qui en faisaient partie c'étaient Joinville, Sainte-Menehould, Saint-Dizier, Vassy, Vitry-!e-Fran-çais, Grandpré, Montmirail, Vertus Notre-Dame de l'Epine, connue par son pèlerinage, où fut guérie miraculeusement une personne de la famille de M. Musart il y a près d'un siècle et demi. Le diocèse de Châlons avant la révolution comptait trois cent quatre paroisses et quatre-vingt-treize annexes. Son évêque portait le titre de comte il était au sacre des rois le cinquième des six pairs ecclésiastiques. Avant la révolution les collèges, presque partout dirigés par le clergé, suffisaient aux besoins des diocèses et développaient au-tant de vocations qu'on en pouvait désirer. Depuis les vocations sont devenues plus rares et presque partout les évêques ont dû ériger des petits séminaires diocésains, où l'instruction et l'édu-cation marchent de pair et se soutiennent mutuellement, sous les yeux de leur mère commune la sainte Eglise catholique. Reims et Châlons possèdent l'un et l'autre ces pieux asiles de la foi et des moeurs. FIN. | 12 | 0.005914 | 0.034582 |
477.txt | 1,871 | 8UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. gnées avaient été adorées comme des divinités chez les premiers Arabes. Ce rapport entre les Chinois et les autres nations orientales, inconnu jusqu'à présent, m'a paru trop singulier pour n'être pas remarqué. Il prouve les liaisons fort anciennes des Chinois avec l'Egypte et les autres contrées. C'est ainsi que la Chine a été civilisée et instruite en adoptant disons en emportant les connaissances des autres peuples la lecture des monuments chinois en fournit une foule de preuves . Nous conseillons au lecteur qui aime la sérieuse antiquité de voir ensuit de ses propres yeux avec quel détail et avec quel soin minutieux de Gu-gi-es fa t la comparaison de ces zodiaqm s avec les langues dfférentes et 1. s signes particuliers de chaq e peuple. Mais ce qu'il y a évidemment de plus Irappallt, c'est que leur nomenclature différente est le plus souvent la traduction d'un sens unique et universellement répandu du nom de chacune de ces mansions. Ce savant se résume ainsi Voilà chtz les Arabes, les Perses, les Cophtts, les Chinois et les IIIdiens, vingt-huit constellations qui portent chez tuu'es ces nat'ons à peu près-les mêmes noms, car on ne peut discon-venir que plusieurs de ces noms ne son nique les traductions l'un de l'autre elles occupent les mêmes places, et sont en général formées chez ces divers peuples des nié nés étoiles plusieurs ont du z tous ces peuples le même nombre d'étoiles et si quelques unes en ont plus ch. z un peuple que chez l'autre, on a vu aussi que chez le même peuple on n'é ait pas toujours d'accord à cet égard ce qui vient de ce que les uns y ont compris de petites étoiles intermédiaires et peu visibles, que d'autres ont négli-gées et cela n'empêche pas qu'il s'agisse toujours de la même constella-tion . Comment ne pas admettre que ce système astronomique, si naturel et si simple, vient de la famille de Noé? t peut être a-t-il été connu des hom-mes aniédiluviens. C'est une supposition facilement permise et nullement téméraire. L'illustre de Humboldt , à la fin de son deuxième volume , Vue des Corddhères, avait étudié le même sujet, et il commence ainsi le tome H Nous venons de voir que les Mexicains, les Japonais, les Thibétains, et plusieurs autres nations de l'A ,ie centrale, -ont suivi le même système dans les divisions des grands cycles et dans la dénomination des années qui les composent. Il n us reste à examiner un fait qui intéresse plus directe-ment l'histoire des migrations des peuples, et qui paraît avoir échappé jus-qu'ici aux recherches des savants. Je crois pouvoir prouver que les noms par lesquels les Mexicains désignent les vingt jours de leurs mois, sont ceux des signes d'un zodiaque usité depuis la plus haute antiquité chez les peuples de l'Asie centrale. Pour faire voir que cette assertion est moins hasardée qu'elle ne p iratt d'abord, je vais réunir dans un seul tableau iD les noms des hiéroglyphes mexicains, tels qu'ils ont été transmis par tous les auteurs du XVie siècle 2° les noms des douze signes du zodiaque tartare, thihétain, japonais 3° les noms des nakehrtfrflS ou maisons lunaires du calendrier hindou. J'ose me flatter que ceux de mes lecteurs qui auront | 8UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. gnées avaient été adorées comme des divinités chez les premiers Arabes@@. Ce rapport entre les Chinois et les autres nations orientales, inconnu jusqu'à présent, m'a paru trop singulier pour n'être pas remarqué. Il prouve les liaisons fort anciennes des Chinois avec l'Egypte et les autres contrées. C'est ainsi que la Chine a été civilisée et instruite en adoptant disons en emportant les connaissances des autres peuples la lecture des monuments chinois en fournit une foule de preuves . Nous conseillons au lecteur qui aime la sérieuse antiquité de voir ensuit@ de ses propres yeux avec quel détail et avec quel soin minutieux de Gu-gi-es fa t la comparaison de ces zodiaqm s avec les langues d@fférentes et 1. s signes particuliers de chaq e peuple. Mais ce qu'il y a évidemment de plus Irappallt, c'est que leur nomenclature différente est le plus souvent la traduction d'un sens unique et universellement répandu du nom de chacune de ces mansions. Ce savant se résume ainsi Voilà chtz les Arabes, les Perses, les Cophtts, les Chinois et les IIIdiens, vingt-huit constellations qui portent chez tuu'es ces nat'ons à peu près-les mêmes noms, car on ne peut discon-venir que plusieurs de ces noms ne son n@ique les traductions l'un de l'autre elles occupent les mêmes places, et sont en général formées chez ces divers peuples des nié nés étoiles plusieurs ont du z tous ces peuples le même nombre d'étoiles et si quelques unes en ont plus ch. z un peuple que chez l'autre, on a vu aussi que chez le même peuple on n'é ait pas toujours d'accord à cet égard ce qui vient de ce que les uns y ont compris de petites étoiles intermédiaires et peu visibles, que d'autres ont négli-gées et cela n'empêche pas qu'il s'agisse toujours de la même constella-tion . Comment ne pas admettre que ce système astronomique, si naturel et si simple, vient de la famille de Noé@? @t peut être a-t-il été connu des hom-mes aniédiluviens. C'est une supposition facilement permise et nullement téméraire. L'illustre de Humboldt , à la fin de son deuxième volume , Vue des Cord@@dhères, avait étudié le même sujet, et il commence ainsi le tome @H Nous venons de voir que les Mexicains, les Japonais, les Thibétains, et plusieurs autres nations de l'A ,ie centrale, -ont suivi le même système dans les divisions des grands cycles et dans la dénomination des années qui les composent. Il n us reste à examiner un fait qui intéresse plus directe-ment l'histoire des migrations des peuples, et qui paraît avoir échappé jus-qu'ici aux recherches des savants. Je crois pouvoir prouver que les noms par lesquels les Mexicains désignent les vingt jours de leurs mois, sont ceux des signes d'un zodiaque usité depuis la plus haute antiquité chez les peuples de l'Asie centrale. Pour faire voir que cette assertion est moins hasardée qu'elle ne p iratt d'abord, je vais réunir dans un seul tableau iD les noms des hiéroglyphes mexicains, tels qu'ils ont été transmis par tous les auteurs du XVie siècle 2° les noms des douze signes du zodiaque tartare, thihétain, japonais 3° les noms des nakehrtfrflS ou maisons lunaires du calendrier hindou. J'ose me flatter que ceux de mes lecteurs qui auront | 8UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. gnées avaient été adorées comme des divinités chez les premiers Arabes... Ce rapport entre les Chinois et les autres nations orientales, inconnu jusqu'à présent, m'a paru trop singulier pour n'être pas remarqué. Il prouve les liaisons fort anciennes des Chinois avec l'Egypte et les autres contrées. C'est ainsi que la Chine a été civilisée et instruite en adoptant disons en emportant les connaissances des autres peuples la lecture des monuments chinois en fournit une foule de preuves . Nous conseillons au lecteur qui aime la sérieuse antiquité de voir ensuite de ses propres yeux avec quel détail et avec quel soin minutieux de Gurg@nes fait la comparaison de ces zodiaques avec les langues différentes et @les signes particuliers de chaque peuple. Mais ce qu'il y a évidemment de plus frappa@nt, c'est que leur nomenclature differente est le plus souvent la traduction d'un sens unique et universellement répandu du nom de chacune de ces mansions. Ce savant se résume ainsi Voilà chez les Arabes, les Perses, les Cophtes, les Chinois et les I@ndiens, vingt-huit constellations qui portent chez toutes ces nations à peu près les mêmes noms, car on ne peut discon-venir que plusieurs de ces noms ne soient que les traductions l'un de l'autre elles occupent les mêmes places, et sont en géneral formées chez ces divers peuples des @@mêmes étoiles plusieurs ont chez tous ces peuples le même nombre d'étoiles et si quelques unes en ont plus ch@ez un peuple que chez l'autre, on a vu aussi que chez le même peuple on n'était pas toujours d'accord à cet égard ce qui vient de ce que les uns y ont compris de petites étoiles intermédiaires et peu visibles, que d'autres ont négli-gées et cela n'empêche pas qu'il s'agisse toujours de la même constella-tion . Comment ne pas admettre que ce système astronomique, si naturel et si simple, vient de la famille de Noé ? et peut être a-t-il été connu des hom-mes a@médiluviens. C'est une supposition facilement permise et nullement téméraire. L'illustre de Humboldt@, à la fin de son deuxième volume@, Vue des Cordillières, avait étudié le même sujet, et il commence ainsi le tome II Nous venons de voir que les Mexicains, les Japonais, les Thibétains, et plusieurs autres nations de l'A@sie centrale, @ont suivi le même système dans les divisions des grands cycles et dans la dénomination des années qui les composent. Il nous reste à examiner un fait qui intéresse plus directe-ment l'histoire des migrations des peuples, et qui paraît avoir échappé jus-qu'ici aux recherches des savants. Je crois pouvoir prouver que les noms par lesquels les Mexicains designent les vingt jours de leurs mois, sont ceux des signes d'un zodiaque usité depuis la plus haute antiquité chez les peuples de l'Asie centrale. Pour faire voir que cette assertion est moins hasardée qu'elle ne p@araît d'abord, je vais reunir dans un seul tableau 1° les noms des hiéroglyphes mexicains, tels qu'ils ont été transmis par tous les auteurs du XVIe siècle 2° les noms des douze signes du zodiaque tartare, thibétain, japonais 3° les noms des nakchat@r@as ou maisons lunaires du calendrier hindou. J'ose me flatter que ceux de mes lecteurs qui auront | 8UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. gnées avaient été adorées comme des divinités chez les premiers Arabes... Ce rapport entre les Chinois et les autres nations orientales, inconnu jusqu'à présent, m'a paru trop singulier pour n'être pas remarqué. Il prouve les liaisons fort anciennes des Chinois avec l'Egypte et les autres contrées. C'est ainsi que la Chine a été civilisée et instruite en adoptant disons en emportant les connaissances des autres peuples la lecture des monuments chinois en fournit une foule de preuves . Nous conseillons au lecteur qui aime la sérieuse antiquité de voir ensuite de ses propres yeux avec quel détail et avec quel soin minutieux de Gurg@nes fait la comparaison de ces zodiaques avec les langues différentes et @les signes particuliers de chaque peuple. Mais ce qu'il y a évidemment de plus frappa@nt, c'est que leur nomenclature differente est le plus souvent la traduction d'un sens unique et universellement répandu du nom de chacune de ces mansions. Ce savant se résume ainsi Voilà chez les Arabes, les Perses, les Cophtes, les Chinois et les I@ndiens, vingt-huit constellations qui portent chez toutes ces nations à peu près les mêmes noms, car on ne peut discon-venir que plusieurs de ces noms ne soient que les traductions l'un de l'autre elles occupent les mêmes places, et sont en géneral formées chez ces divers peuples des @@mêmes étoiles plusieurs ont chez tous ces peuples le même nombre d'étoiles et si quelques unes en ont plus ch@ez un peuple que chez l'autre, on a vu aussi que chez le même peuple on n'était pas toujours d'accord à cet égard ce qui vient de ce que les uns y ont compris de petites étoiles intermédiaires et peu visibles, que d'autres ont négli-gées et cela n'empêche pas qu'il s'agisse toujours de la même constella-tion . Comment ne pas admettre que ce système astronomique, si naturel et si simple, vient de la famille de Noé ? et peut être a-t-il été connu des hom-mes a@médiluviens. C'est une supposition facilement permise et nullement téméraire. L'illustre de Humboldt@, à la fin de son deuxième volume@, Vue des Cordillières, avait étudié le même sujet, et il commence ainsi le tome II Nous venons de voir que les Mexicains, les Japonais, les Thibétains, et plusieurs autres nations de l'A@sie centrale, @ont suivi le même système dans les divisions des grands cycles et dans la dénomination des années qui les composent. Il nous reste à examiner un fait qui intéresse plus directe-ment l'histoire des migrations des peuples, et qui paraît avoir échappé jus-qu'ici aux recherches des savants. Je crois pouvoir prouver que les noms par lesquels les Mexicains designent les vingt jours de leurs mois, sont ceux des signes d'un zodiaque usité depuis la plus haute antiquité chez les peuples de l'Asie centrale. Pour faire voir que cette assertion est moins hasardée qu'elle ne p@araît d'abord, je vais reunir dans un seul tableau 1° les noms des hiéroglyphes mexicains, tels qu'ils ont été transmis par tous les auteurs du XVIe siècle 2° les noms des douze signes du zodiaque tartare, thibétain, japonais 3° les noms des nakchat@r@as ou maisons lunaires du calendrier hindou. J'ose me flatter que ceux de mes lecteurs qui auront | 8UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. gnées avaient été adorées comme des divinités chez les premiers Arabes... Ce rapport entre les Chinois et les autres nations orientales, inconnu jusqu'à présent, m'a paru trop singulier pour n'être pas remarqué. Il prouve les liaisons fort anciennes des Chinois avec l'Egypte et les autres contrées. C'est ainsi que la Chine a été civilisée et instruite en adoptant disons en emportant les connaissances des autres peuples la lecture des monuments chinois en fournit une foule de preuves . Nous conseillons au lecteur qui aime la sérieuse antiquité de voir ensuite de ses propres yeux avec quel détail et avec quel soin minutieux de Gurgnes fait la comparaison de ces zodiaques avec les langues différentes et les signes particuliers de chaque peuple. Mais ce qu'il y a évidemment de plus frappant, c'est que leur nomenclature differente est le plus souvent la traduction d'un sens unique et universellement répandu du nom de chacune de ces mansions. Ce savant se résume ainsi Voilà chez les Arabes, les Perses, les Cophtes, les Chinois et les Indiens, vingt-huit constellations qui portent chez toutes ces nations à peu près les mêmes noms, car on ne peut discon-venir que plusieurs de ces noms ne soient que les traductions l'un de l'autre elles occupent les mêmes places, et sont en géneral formées chez ces divers peuples des mêmes étoiles plusieurs ont chez tous ces peuples le même nombre d'étoiles et si quelques unes en ont plus chez un peuple que chez l'autre, on a vu aussi que chez le même peuple on n'était pas toujours d'accord à cet égard ce qui vient de ce que les uns y ont compris de petites étoiles intermédiaires et peu visibles, que d'autres ont négli-gées et cela n'empêche pas qu'il s'agisse toujours de la même constella-tion . Comment ne pas admettre que ce système astronomique, si naturel et si simple, vient de la famille de Noé ? et peut être a-t-il été connu des hom-mes amédiluviens. C'est une supposition facilement permise et nullement téméraire. L'illustre de Humboldt, à la fin de son deuxième volume, Vue des Cordillières, avait étudié le même sujet, et il commence ainsi le tome II Nous venons de voir que les Mexicains, les Japonais, les Thibétains, et plusieurs autres nations de l'Asie centrale, ont suivi le même système dans les divisions des grands cycles et dans la dénomination des années qui les composent. Il nous reste à examiner un fait qui intéresse plus directe-ment l'histoire des migrations des peuples, et qui paraît avoir échappé jus-qu'ici aux recherches des savants. Je crois pouvoir prouver que les noms par lesquels les Mexicains designent les vingt jours de leurs mois, sont ceux des signes d'un zodiaque usité depuis la plus haute antiquité chez les peuples de l'Asie centrale. Pour faire voir que cette assertion est moins hasardée qu'elle ne paraît d'abord, je vais reunir dans un seul tableau 1° les noms des hiéroglyphes mexicains, tels qu'ils ont été transmis par tous les auteurs du XVIe siècle 2° les noms des douze signes du zodiaque tartare, thibétain, japonais 3° les noms des nakchatras ou maisons lunaires du calendrier hindou. J'ose me flatter que ceux de mes lecteurs qui auront | 74 | 0.02327 | 0.134146 |
311.txt | 1,820 | SUR MADAME ROLAND. XVII I. B Sesgoûts étaient simples, mais vifs. Des promenades au bord des eaux , sous l'ombrage des bois, étaient ses plaisirs les plus doux ils s'accordaient avec les impressions qu'a-vaient laissées, dans son esprit, la lecture des livres saints et s premiers exercices d'uneéducation pieuse. L'aspect bril-lant des cieux, le tableau riche et varié de la campagne, for-tifiaient sa croyance et plus tard , si quelquefois, dans le silence du cabinet, sa raison ébranlait sa foi, le ravissant spectacle des scènes de la nature lui rendait la ferveur de sessentimens religieux. Quelle devait être l'ardeur de son zèle , lorsque, dans sa jeunesse , pressée par les alarmes de sa conscience, elle implorait de sa famille la permission de se réfugier dans un cloître ! La paix de cette retraite vit naître dans son coeur un sentiment nouveau, celui de l'amitié, qui, fut pour elle, dans la suite , l'objet d'un autre culte. Vive et sen-sible, elle choisit pour compagne une jeune personne d'une humeur égale et d'un esprit réfléchi avec des ca-ractères différens, elles avaient mêmes inclinations, elles éprouvaient même plaisir à se trouver ensemble. Leur séparation n'affaiblit point leur attachement ce fut dans l'intimité de leur correspondance que madame Roland prit le goût, acquit le talent d'écrire. Qui aurait dit alors que cette petite pensionnaire de couvent, qui avec tout l'abandon, toute la légèreté de son âge, entretenait son amie absente , de ses idées , de ses occupations , de ses amusemens, s'exerçait, par ces confidences souvent fri-voles , à donner de hardis conseils aux rois ! Cherchant un but à l'activité de son esprit, un ali-ment à la tendresse qui remplissait son coeur également avide de connaître , d'aimer et de croire , elle lisait avec la même attention, un traité d'algèbre, un livre mysli- | SUR MADAME ROLAND. XVII I. B Ses@goûts étaient simples, mais vifs. Des promenades au bord des eaux , sous l'ombrage des bois, étaient ses plaisirs les plus doux ils s'accordaient avec les impressions qu'a-vaient laissées, dans son esprit, la lecture des livres saints et @@s premiers exercices d'une@éducation pieuse. L'aspect bril-lant des cieux, le tableau riche et varié de la campagne, for-tifiaient sa croyance et plus tard , si quelquefois, dans le silence du cabinet, sa raison ébranlait sa foi, le ravissant spectacle des scènes de la nature lui rendait la ferveur de ses@sentimens religieux. Quelle devait être l'ardeur de son zèle , lorsque, dans sa jeunesse , pressée par les alarmes de sa conscience, elle implorait de sa famille la permission de se réfugier dans un cloître ! La paix de cette retraite vit naître dans son coeur un sentiment nouveau, celui de l'amitié, qui, fut pour elle, dans la suite , l'objet d'un autre culte. Vive et sen-sible, elle choisit pour compagne une jeune personne d'une humeur égale et d'un esprit réfléchi avec des ca-ractères différens, elles avaient mêmes inclinations, elles éprouvaient même plaisir à se trouver ensemble. Leur séparation n'affaiblit point leur attachement ce fut dans l'intimité de leur correspondance que madame Roland prit le goût, acquit le talent d'écrire. Qui aurait dit alors que cette petite pensionnaire de couvent, qui avec tout l'abandon, toute la légèreté de son âge, entretenait son amie absente , de ses idées , de ses occupations , de ses amusemens, s'exerçait, par ces confidences souvent fri-voles , à donner de hardis conseils aux rois ! Cherchant un but à l'activité de son esprit, un ali-ment à la tendresse qui remplissait son coeur également avide de connaître , d'aimer et de croire , elle lisait avec la même attention, un traité d'algèbre, un livre mysli- | SUR MADAME ROLAND. XV@I@I@@@ Ses goûts étaient simples, mais vifs. Des promenades au bord des eaux@, sous l'ombrage des bois, étaient ses plaisirs les plus doux ils s'accordaient avec les impressions qu'a-vaient laissées, dans son esprit, la lecture des livres saints et les premiers exercices d'une éducation pieuse. L'aspect bril-lant des cieux, le tableau riche et varié de la campagne, for-tifiaient sa croyance et plus tard@, si quelquefois, dans le silence du cabinet, sa raison ébranlait sa foi, le ravissant spectacle des scènes de la nature lui rendait la ferveur de ses sentimens religieux. Quelle devait être l'ardeur de son zèle@, lorsque, dans sa jeunesse@, pressée par les alarmes de sa conscience, elle implorait de sa famille la permission de se réfugier dans un cloître@! La paix de cette retraite vit naître dans son coeur un sentiment nouveau, celui de l'amitié, qui, fut pour elle, dans la suite@, l'objet d'un autre culte. Vive et sen-sible, elle choisit pour compagne une jeune personne d'une humeur égale et d'un esprit réfléchi avec des ca-ractères différens, elles avaient mêmes inclinations, elles éprouvaient même plaisir à se trouver ensemble. Leur séparation n'affaiblit point leur attachement ce fut dans l'intimité de leur correspondance que madame Roland prit le goût, acquit le talent d'écrire. Qui aurait dit alors que cette petite pensionnaire de couvent, qui avec tout l'abandon, toute la légèreté de son âge, entretenait son amie absente@, de ses idées@, de ses occupations@, de ses amusemens, s'exerçait, par ces confidences souvent fri-voles@, à donner de hardis conseils aux rois@! Cherchant un but à l'activité de son esprit, un ali-ment à la tendresse qui remplissait son coeur également avide de connaître@, d'aimer et de croire@, elle lisait avec la même attention, un traité d'algèbre, un livre mysti- | SUR MADAME ROLAND. XV@I@I@@@ Ses goûts étaient simples, mais vifs. Des promenades au bord des eaux@, sous l'ombrage des bois, étaient ses plaisirs les plus doux ils s'accordaient avec les impressions qu'a-vaient laissées, dans son esprit, la lecture des livres saints et les premiers exercices d'une éducation pieuse. L'aspect bril-lant des cieux, le tableau riche et varié de la campagne, for-tifiaient sa croyance et plus tard@, si quelquefois, dans le silence du cabinet, sa raison ébranlait sa foi, le ravissant spectacle des scènes de la nature lui rendait la ferveur de ses sentimens religieux. Quelle devait être l'ardeur de son zèle@, lorsque, dans sa jeunesse@, pressée par les alarmes de sa conscience, elle implorait de sa famille la permission de se réfugier dans un cloître@! La paix de cette retraite vit naître dans son coeur un sentiment nouveau, celui de l'amitié, qui, fut pour elle, dans la suite@, l'objet d'un autre culte. Vive et sen-sible, elle choisit pour compagne une jeune personne d'une humeur égale et d'un esprit réfléchi avec des ca-ractères différens, elles avaient mêmes inclinations, elles éprouvaient même plaisir à se trouver ensemble. Leur séparation n'affaiblit point leur attachement ce fut dans l'intimité de leur correspondance que madame Roland prit le goût, acquit le talent d'écrire. Qui aurait dit alors que cette petite pensionnaire de couvent, qui avec tout l'abandon, toute la légèreté de son âge, entretenait son amie absente@, de ses idées@, de ses occupations@, de ses amusemens, s'exerçait, par ces confidences souvent fri-voles@, à donner de hardis conseils aux rois@! Cherchant un but à l'activité de son esprit, un ali-ment à la tendresse qui remplissait son coeur également avide de connaître@, d'aimer et de croire@, elle lisait avec la même attention, un traité d'algèbre, un livre mysti- | SUR MADAME ROLAND. XVII Ses goûts étaient simples, mais vifs. Des promenades au bord des eaux, sous l'ombrage des bois, étaient ses plaisirs les plus doux ils s'accordaient avec les impressions qu'a-vaient laissées, dans son esprit, la lecture des livres saints et les premiers exercices d'une éducation pieuse. L'aspect bril-lant des cieux, le tableau riche et varié de la campagne, for-tifiaient sa croyance et plus tard, si quelquefois, dans le silence du cabinet, sa raison ébranlait sa foi, le ravissant spectacle des scènes de la nature lui rendait la ferveur de ses sentimens religieux. Quelle devait être l'ardeur de son zèle, lorsque, dans sa jeunesse, pressée par les alarmes de sa conscience, elle implorait de sa famille la permission de se réfugier dans un cloître! La paix de cette retraite vit naître dans son coeur un sentiment nouveau, celui de l'amitié, qui, fut pour elle, dans la suite, l'objet d'un autre culte. Vive et sen-sible, elle choisit pour compagne une jeune personne d'une humeur égale et d'un esprit réfléchi avec des ca-ractères différens, elles avaient mêmes inclinations, elles éprouvaient même plaisir à se trouver ensemble. Leur séparation n'affaiblit point leur attachement ce fut dans l'intimité de leur correspondance que madame Roland prit le goût, acquit le talent d'écrire. Qui aurait dit alors que cette petite pensionnaire de couvent, qui avec tout l'abandon, toute la légèreté de son âge, entretenait son amie absente, de ses idées, de ses occupations, de ses amusemens, s'exerçait, par ces confidences souvent fri-voles, à donner de hardis conseils aux rois! Cherchant un but à l'activité de son esprit, un ali-ment à la tendresse qui remplissait son coeur également avide de connaître, d'aimer et de croire, elle lisait avec la même attention, un traité d'algèbre, un livre mysti- | 24 | 0.013129 | 0.035294 |
305.txt | 1,845 | -198 -l'enceinte du collège, et le cours complet était de trois ans. Comme science sacrée, elle donnait ses leçons dans l'antique Gliapelle de Saint-Patrice. Cette même chapelle était le lieu des réunions solennelles de l'Université, des thèses de philosophie et de théologie, enfin des cérémonies religieuses du collège et du pensionnat. Tous les professeurs du collège étaient prêtres les deux professeurs de théologie dogmatique devaient de pins être docteurs, ou du moins licenciés ceux-ci avaient pour auditeurs tous les élèves du grand-séminaire, dont l'emplacetnent était alors contigu au collège et à la chapelle de Saint-Patrice. Les sulpi-ciens qui avaient la direction de ce séminaire ne se chargeaient que de l'enseignement de la théologie morale, dont les leçons se donnaient dans l'intérieur et aux seuls séminaristes. Les cours de droit et de médecine avaient lieu hors du collège de l'Université. 6° Trois abbayes de femmes Saint-Pierre-les-Dames, 44 reli-gieuses bénédictines fondée au commencement du septième siè-cle - Saint-Étienne-les-Dames, 36 religieuses augustines -Sainte-Claire, 42 religieuses franciscaines fondée en 1220 . 7° Trois autres communautés de femmes Congrégation de Notre-Dame, 36 religieuses augustines -Longault-Fontevraud, 35 religieuses - Carmélites, 25 religieuses. 8° Six hôpitaux Hôtel-Dieu,26 ctianoinesses régulières fondé en 450 - Hôpital général de la Charité, 24 religieuses -Sainte-Marthe ou Magneuses, 5 religieuses -Saint-Marcoul, 12 religieuses - Saint-Louis, 3 religieuses - Hospice des Or-phelins, 30 religieuses, dites soeurs de l'Enfant-Jésus. Des trente-neuf églises ou chapelles qui existaient en 1790, vingt-neuf ont été détruites, savoir Saint-Symphorien, Saint-Timothée, Sainte-Balsamie, Saint-Nicaise, Saint-Denis, Saint-Pierre-les-Dames, Saint-Étienne-les-Dames, Sainte-Claire, Saint-Pierre-le-Vieux, Saint-Hilaire, Saint-Étienne-la-Paroisse, Saint-Michel, Saint-Martin, Saint-Julien, Saint-Jean, Sainte-Marie-Madeleine, les Jacobins, les Cordeliers, les Carmes, les Augus-tins, les Minimes, les Capucins, le Temple, le Longault, le Mont-Dieu, et un petit nombre de chapelles qui depuis ont été rem-placées par d'autres chapelles à l'usage de quelques maisons de | -198 -l'enceinte du collège, et le cours complet était de trois ans. Comme science sacrée, elle donnait ses leçons dans l'antique Gliapelle de Saint-Patrice. Cette même chapelle était le lieu des réunions solennelles de l'Université, des thèses de philosophie et de théologie, enfin des cérémonies religieuses du collège et du pensionnat. Tous les professeurs du collège étaient prêtres les deux professeurs de théologie dogmatique devaient de pins être docteurs, ou du moins licenciés ceux-ci avaient pour auditeurs tous les élèves du grand-séminaire, dont l'emplacetnent était alors contigu au collège et à la chapelle de Saint-Patrice. Les sulpi-ciens qui avaient la direction de ce séminaire ne se chargeaient que de l'enseignement de la théologie morale, dont les leçons se donnaient dans l'intérieur et aux seuls séminaristes. Les cours de droit et de médecine avaient lieu hors du collège de l'Université. 6° Trois abbayes de femmes Saint-Pierre-les-Dames, 44 reli-gieuses bénédictines fondée au commencement du septième siè-cle - Saint-Étienne-les-Dames, 36 religieuses augustines -Sainte-Claire, 42 religieuses franciscaines fondée en 1220 . 7° Trois autres communautés de femmes Congrégation de Notre-Dame, 36 religieuses augustines -Longault-Fontevraud, 35 religieuses - Carmélites, 25 religieuses. 8° Six hôpitaux Hôtel-Dieu,26 ctianoinesses régulières fondé en 450 - Hôpital général de la Charité, 24 religieuses -Sainte-Marthe ou Magneuses, 5 religieuses -Saint-Marcoul, 12 religieuses - Saint-Louis, 3 religieuses - Hospice des Or-phelins, 30 religieuses, dites soeurs de l'Enfant-Jésus. Des trente-neuf églises ou chapelles qui existaient en 1790, vingt-neuf ont été détruites, savoir Saint-Symphorien, Saint-Timothée, Sainte-Balsamie, Saint-Nicaise, Saint-Denis, Saint-Pierre-les-Dames, Saint-Étienne-les-Dames, Sainte-Claire, Saint-Pierre-le-Vieux, Saint-Hilaire, Saint-Étienne-la-Paroisse, Saint-Michel, Saint-Martin, Saint-Julien, Saint-Jean, Sainte-Marie-Madeleine, les Jacobins, les Cordeliers, les Carmes, les Augus-tins, les Minimes, les Capucins, le Temple, le Longault, le Mont-Dieu, et un petit nombre de chapelles qui depuis ont été rem-placées par d'autres chapelles à l'usage de quelques maisons de | ################ du collège, et le cours complet était de trois ans. Comme science sacrée, elle donnait ses leçons dans l'antique @chapelle de Saint-Patrice. Cette même chapelle était le lieu des réunions solennelles de l'Université, des thèses de philosophie et de théologie, enfin des cérémonies religieuses du collège et du pensionnat. Tous les professeurs du collège étaient prêtres les deux professeurs de théologie dogmatique devaient de plus être docteurs, ou du moins licenciés ceux-ci avaient pour auditeurs tous les élèves du grand-séminaire, dont l'emplace@ment était alors contigu au collège et à la chapelle de Saint-Patrice. Les sulpi-ciens qui avaient la direction de ce séminaire ne se chargeaient que de l'enseignement de la théologie morale, dont les leçons se donnaient dans l'intérieur et aux seuls séminaristes. Les cours de droit et de médecine avaient lieu hors du collège de l'Université. 6° Trois abbayes de femmes Saint-Pierre-les-Dames, 44 reli-gieuses bénédictines fondée au commencement du septième siè-cle -@Saint-Étienne-les-Dames, 36 religieuses augustines -Sainte-Claire, 42 religieuses franciscaines fondée en 1220 . 7° Trois autres communautés de femmes Congrégation de Notre-Dame, 36 religieuses augustines -Longault-Fontevraud, 35 religieuses -@Carmélites, 25 religieuses. 8° Six hôpitaux Hôtel-Dieu,26 c@hanoinesses régulières fondé en 450 -@Hôpital général de la Charité, 24 religieuses -Sainte-Marthe ou Magneuses, 5 religieuses -Saint-Marcoul, 12 religieuses -@Saint-Louis, 3 religieuses -@Hospice des Or-phelins, 30 religieuses, dites soeurs de l'Enfant-Jésus. Des trente-neuf églises ou chapelles qui existaient en 1790, vingt-neuf ont été détruites, savoir Saint-Symphorien, Saint-Timothée, Sainte-Balsamie, Saint-Nicaise, Saint-Denis, Saint-Pierre-les-Dames, Saint-Étienne-les-Dames, Sainte-Claire, Saint-Pierre-le-Vieux, Saint-Hilaire, Saint-Étienne-la-Paroisse, Saint-Michel, Saint-Martin, Saint-Julien, Saint-Jean, Sainte-Marie-Madeleine, les Jacobins, les Cordeliers, les Carmes, les Augus-tins, les Minimes, les Capucins, le Temple, le Longault, le Mont-Dieu, et un petit nombre de chapelles qui depuis ont été rem-placées par d'autres chapelles à l'usage de quelques maisons de | -198 -l'enceinte du collège, et le cours complet était de trois ans. Comme science sacrée, elle donnait ses leçons dans l'antique @chapelle de Saint-Patrice. Cette même chapelle était le lieu des réunions solennelles de l'Université, des thèses de philosophie et de théologie, enfin des cérémonies religieuses du collège et du pensionnat. Tous les professeurs du collège étaient prêtres les deux professeurs de théologie dogmatique devaient de plus être docteurs, ou du moins licenciés ceux-ci avaient pour auditeurs tous les élèves du grand-séminaire, dont l'emplace@ment était alors contigu au collège et à la chapelle de Saint-Patrice. Les sulpi-ciens qui avaient la direction de ce séminaire ne se chargeaient que de l'enseignement de la théologie morale, dont les leçons se donnaient dans l'intérieur et aux seuls séminaristes. Les cours de droit et de médecine avaient lieu hors du collège de l'Université. 6° Trois abbayes de femmes Saint-Pierre-les-Dames, 44 reli-gieuses bénédictines fondée au commencement du septième siè-cle -@Saint-Étienne-les-Dames, 36 religieuses augustines -Sainte-Claire, 42 religieuses franciscaines fondée en 1220 . 7° Trois autres communautés de femmes Congrégation de Notre-Dame, 36 religieuses augustines -Longault-Fontevraud, 35 religieuses -@Carmélites, 25 religieuses. 8° Six hôpitaux Hôtel-Dieu,26 c@hanoinesses régulières fondé en 450 -@Hôpital général de la Charité, 24 religieuses -Sainte-Marthe ou Magneuses, 5 religieuses -Saint-Marcoul, 12 religieuses -@Saint-Louis, 3 religieuses -@Hospice des Or-phelins, 30 religieuses, dites soeurs de l'Enfant-Jésus. Des trente-neuf églises ou chapelles qui existaient en 1790, vingt-neuf ont été détruites, savoir Saint-Symphorien, Saint-Timothée, Sainte-Balsamie, Saint-Nicaise, Saint-Denis, Saint-Pierre-les-Dames, Saint-Étienne-les-Dames, Sainte-Claire, Saint-Pierre-le-Vieux, Saint-Hilaire, Saint-Étienne-la-Paroisse, Saint-Michel, Saint-Martin, Saint-Julien, Saint-Jean, Sainte-Marie-Madeleine, les Jacobins, les Cordeliers, les Carmes, les Augus-tins, les Minimes, les Capucins, le Temple, le Longault, le Mont-Dieu, et un petit nombre de chapelles qui depuis ont été rem-placées par d'autres chapelles à l'usage de quelques maisons de | -198 -l'enceinte du collège, et le cours complet était de trois ans. Comme science sacrée, elle donnait ses leçons dans l'antique chapelle de Saint-Patrice. Cette même chapelle était le lieu des réunions solennelles de l'Université, des thèses de philosophie et de théologie, enfin des cérémonies religieuses du collège et du pensionnat. Tous les professeurs du collège étaient prêtres les deux professeurs de théologie dogmatique devaient de plus être docteurs, ou du moins licenciés ceux-ci avaient pour auditeurs tous les élèves du grand-séminaire, dont l'emplacement était alors contigu au collège et à la chapelle de Saint-Patrice. Les sulpi-ciens qui avaient la direction de ce séminaire ne se chargeaient que de l'enseignement de la théologie morale, dont les leçons se donnaient dans l'intérieur et aux seuls séminaristes. Les cours de droit et de médecine avaient lieu hors du collège de l'Université. 6° Trois abbayes de femmes Saint-Pierre-les-Dames, 44 reli-gieuses bénédictines fondée au commencement du septième siè-cle -Saint-Étienne-les-Dames, 36 religieuses augustines -Sainte-Claire, 42 religieuses franciscaines fondée en 1220 . 7° Trois autres communautés de femmes Congrégation de Notre-Dame, 36 religieuses augustines -Longault-Fontevraud, 35 religieuses -Carmélites, 25 religieuses. 8° Six hôpitaux Hôtel-Dieu,26 chanoinesses régulières fondé en 450 -Hôpital général de la Charité, 24 religieuses -Sainte-Marthe ou Magneuses, 5 religieuses -Saint-Marcoul, 12 religieuses -Saint-Louis, 3 religieuses -Hospice des Or-phelins, 30 religieuses, dites soeurs de l'Enfant-Jésus. Des trente-neuf églises ou chapelles qui existaient en 1790, vingt-neuf ont été détruites, savoir Saint-Symphorien, Saint-Timothée, Sainte-Balsamie, Saint-Nicaise, Saint-Denis, Saint-Pierre-les-Dames, Saint-Étienne-les-Dames, Sainte-Claire, Saint-Pierre-le-Vieux, Saint-Hilaire, Saint-Étienne-la-Paroisse, Saint-Michel, Saint-Martin, Saint-Julien, Saint-Jean, Sainte-Marie-Madeleine, les Jacobins, les Cordeliers, les Carmes, les Augus-tins, les Minimes, les Capucins, le Temple, le Longault, le Mont-Dieu, et un petit nombre de chapelles qui depuis ont été rem-placées par d'autres chapelles à l'usage de quelques maisons de | 14 | 0.006306 | 0.040936 |
463.txt | 1,868 | 2 et dans nos coeurs, dans nos moeurs, nos institutions et les intérêts de la vie, opposent une résistance obstinée quand la science positive, dont elles avaient pris la place, vient un jour les déranger. Ces surperstitions anthropologiques, auxquelles le savant n'est guère moins assujetti que l'igno-rant et dont le philosophe rationaliste n'est pas toujours plus exempt que le théologien, ont tout d'abord combattu la pensée de rapprocher toutes les formes inférieures de la vie entre elles pour les comparer à celle qu'elle revêt en nous puis, elles ont fait tous leurs efforts pour ob-scurcir et neutraliser les lumières qui s'étaient dégagées de ce parallèle. Rien nous semble-t-il aujourd'hui plus déraisonnable, plus manifestement contraire à la logique et à l'observa-tion que de soutenir, d'une part, que notre cerveau a pour toute fin et tout office de servir d'instrument au sentiment et à la pensée, et, d'autre part, que ces facultés sont étran-gères absolument au cerveau de l'animal, tout en recon-naissant pourtant, que l'un et l'autre cerveau, que tous les cerveaux, sont histologiquement, orgahologiquement et physiolo.giquement semblables ? Et néanmoins le pur au-tomatisme des bêtes a été professé par l'histoire naturelle comme un axiome des moins contestables, jusque dans ces derniers temps. Ce préjugé scientifique ne pouvait pas être sans conséquence pour le progrès de l'anthropologie. Quelle fut cette conséquence ? Ce fut, on le devine, de ré-trécir et d'enrayer l'étude positive de l'homme mental, en privant cette étude des indications plus ou moins indis-pensables qu'elle devait puiser dans l'étude collatérale des faits psychiques offerts par les autres espèces. Quand Réaumur, rompant avec l'opinion régnante, osa inaugurer la psychologie expérimentale des insectes, il fit scandale, et la science orthodoxe s'empressa de l'excommunier. Imbécillité 1 tel est le mot dont Buffon s'est servi pour | 2 @et dans nos coeurs, dans nos moeurs, nos institutions et les intérêts de la vie, opposent une résistance obstinée quand la science positive, dont elles avaient pris la place, vient un jour les déranger. Ces surperstitions anthropologiques, auxquelles le savant n'est guère moins assujetti que l'igno-rant et dont le philosophe rationaliste n'est pas toujours plus exempt que le théologien, ont tout d'abord combattu la pensée de rapprocher toutes les formes inférieures de la vie entre elles pour les comparer à celle qu'elle revêt en nous puis, elles ont fait tous leurs efforts pour ob-scurcir et neutraliser les lumières qui s'étaient dégagées de ce parallèle. Rien nous semble-t-il aujourd'hui plus déraisonnable, plus manifestement contraire à la logique et à l'observa-tion que de soutenir, d'une part, que notre cerveau a pour toute fin et tout office de servir d'instrument au sentiment et à la pensée, et, d'autre part, que ces facultés sont étran-gères absolument au cerveau de l'animal, tout en recon-naissant pourtant, que l'un et l'autre cerveau, que tous les cerveaux, sont histologiquement, orgahologiquement et physiolo.giquement semblables ? Et néanmoins le pur au-tomatisme des bêtes a été professé par l'histoire naturelle comme un axiome des moins contestables, jusque dans ces derniers temps. Ce préjugé scientifique ne pouvait pas être sans conséquence pour le progrès de l'anthropologie. Quelle fut cette conséquence ? Ce fut, on le devine, de ré-trécir et d'enrayer l'étude positive de l'homme mental, en privant cette étude des indications plus ou moins indis-pensables qu'elle devait puiser dans l'étude collatérale des faits psychiques offerts par les autres espèces. Quand Réaumur, rompant avec l'opinion régnante, osa inaugurer la psychologie expérimentale des insectes, il fit scandale, et la science orthodoxe s'empressa de l'excommunier. Imbécillité 1 tel est le mot dont Buffon s'est servi pour | 2 -et dans nos coeurs, dans nos moeurs, nos institutions et les intérêts de la vie, opposent une résistance obstinée quand la science positive, dont elles avaient pris la place, vient un jour les déranger. Ces surperstitions anthropologiques, auxquelles le savant n'est guère moins assujetti que l'igno-rant et dont le philosophe rationaliste n'est pas toujours plus exempt que le théologien, ont tout d'abord combattu la pensée de rapprocher toutes les formes inférieures de la vie entre elles pour les comparer à celle qu'elle revêt en nous puis, elles ont fait tous leurs efforts pour ob-scurcir et neutraliser les lumières qui s'étaient dégagées de ce parallèle. Rien nous semble-t-il aujourd'hui plus déraisonnable, plus manifestement contraire à la logique et à l'observa-tion que de soutenir, d'une part, que notre cerveau a pour toute fin et tout office de servir d'instrument au sentiment et à la pensée, et, d'autre part, que ces facultés sont étran-gères absolument au cerveau de l'animal, tout en recon-naissant pourtant@ que l'un et l'autre cerveau, que tous les cerveaux, sont histologiquement, organologiquement et physiolo@giquement semblables@? Et néanmoins le pur au-tomatisme des bêtes a été professé par l'histoire naturelle comme un axiome des moins contestables, jusque dans ces derniers temps. Ce préjugé scientifique ne pouvait pas être sans conséquence pour le progrès de l'anthropologie. Quelle fut cette conséquence ? Ce fut, on le devine, de ré-trécir et d'enrayer l'étude positive de l'homme mental, en privant cette étude des indications plus ou moins indis-pensables qu'elle devait puiser dans l'étude collatérale des faits psychiques offerts par les autres espèces. Quand Réaumur, rompant avec l'opinion régnante, osa inaugurer la psychologie expérimentale des insectes, il fit scandale, et la science orthodoxe s'empressa de l'excommunier. Imbécillité ! tel est le mot dont Buffon s'est servi pour | 2 -et dans nos coeurs, dans nos moeurs, nos institutions et les intérêts de la vie, opposent une résistance obstinée quand la science positive, dont elles avaient pris la place, vient un jour les déranger. Ces surperstitions anthropologiques, auxquelles le savant n'est guère moins assujetti que l'igno-rant et dont le philosophe rationaliste n'est pas toujours plus exempt que le théologien, ont tout d'abord combattu la pensée de rapprocher toutes les formes inférieures de la vie entre elles pour les comparer à celle qu'elle revêt en nous puis, elles ont fait tous leurs efforts pour ob-scurcir et neutraliser les lumières qui s'étaient dégagées de ce parallèle. Rien nous semble-t-il aujourd'hui plus déraisonnable, plus manifestement contraire à la logique et à l'observa-tion que de soutenir, d'une part, que notre cerveau a pour toute fin et tout office de servir d'instrument au sentiment et à la pensée, et, d'autre part, que ces facultés sont étran-gères absolument au cerveau de l'animal, tout en recon-naissant pourtant@ que l'un et l'autre cerveau, que tous les cerveaux, sont histologiquement, organologiquement et physiolo@giquement semblables@? Et néanmoins le pur au-tomatisme des bêtes a été professé par l'histoire naturelle comme un axiome des moins contestables, jusque dans ces derniers temps. Ce préjugé scientifique ne pouvait pas être sans conséquence pour le progrès de l'anthropologie. Quelle fut cette conséquence ? Ce fut, on le devine, de ré-trécir et d'enrayer l'étude positive de l'homme mental, en privant cette étude des indications plus ou moins indis-pensables qu'elle devait puiser dans l'étude collatérale des faits psychiques offerts par les autres espèces. Quand Réaumur, rompant avec l'opinion régnante, osa inaugurer la psychologie expérimentale des insectes, il fit scandale, et la science orthodoxe s'empressa de l'excommunier. Imbécillité ! tel est le mot dont Buffon s'est servi pour | 2 -et dans nos coeurs, dans nos moeurs, nos institutions et les intérêts de la vie, opposent une résistance obstinée quand la science positive, dont elles avaient pris la place, vient un jour les déranger. Ces surperstitions anthropologiques, auxquelles le savant n'est guère moins assujetti que l'igno-rant et dont le philosophe rationaliste n'est pas toujours plus exempt que le théologien, ont tout d'abord combattu la pensée de rapprocher toutes les formes inférieures de la vie entre elles pour les comparer à celle qu'elle revêt en nous puis, elles ont fait tous leurs efforts pour ob-scurcir et neutraliser les lumières qui s'étaient dégagées de ce parallèle. Rien nous semble-t-il aujourd'hui plus déraisonnable, plus manifestement contraire à la logique et à l'observa-tion que de soutenir, d'une part, que notre cerveau a pour toute fin et tout office de servir d'instrument au sentiment et à la pensée, et, d'autre part, que ces facultés sont étran-gères absolument au cerveau de l'animal, tout en recon-naissant pourtant que l'un et l'autre cerveau, que tous les cerveaux, sont histologiquement, organologiquement et physiologiquement semblables? Et néanmoins le pur au-tomatisme des bêtes a été professé par l'histoire naturelle comme un axiome des moins contestables, jusque dans ces derniers temps. Ce préjugé scientifique ne pouvait pas être sans conséquence pour le progrès de l'anthropologie. Quelle fut cette conséquence ? Ce fut, on le devine, de ré-trécir et d'enrayer l'étude positive de l'homme mental, en privant cette étude des indications plus ou moins indis-pensables qu'elle devait puiser dans l'étude collatérale des faits psychiques offerts par les autres espèces. Quand Réaumur, rompant avec l'opinion régnante, osa inaugurer la psychologie expérimentale des insectes, il fit scandale, et la science orthodoxe s'empressa de l'excommunier. Imbécillité ! tel est le mot dont Buffon s'est servi pour | 6 | 0.003114 | 0.018519 |
488.txt | 1,871 | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 23 ressemblance avec l'homme comme l'homme n'est si prodigieusement au-dessus des plus parfaits des animaux que parce qu'il porte en lui la ressem-blance de Dieu. Mais il a assez de dissemblance pour faire un règne à partie. Ce pran est plein d'harmonie et de grandeur il est digne de Dieu, au-teur de la nature, dont il a trouvé tous les types particuliers dans sa pensée et dans son être infini. Voilà pourquoi l'homme, roi de la création, représente parfaitement toute la création c'est un chef-d'oeuvre qui réfléchit toute la série des êtres. 1 tire sa force physique des minéraux, il végète avec la plante, il vit avec les animaux, et pense avec Dieu, l'ordonnateur suprême 2. Doit-on s'étonner de sa ressemblance avec les êtres inférieurs, puisqu'il les représente et les reproduit tous. Il représente la nature, mais c'est pour la glorifier dans sa personnalité hors de pair. En philosophie, on appelle l'homme un microcosme. Voilà ce que le simple bon sens saisit dans l'homme voilà ce que les philosophes de l'antiquité et les naturalistes, comme Aristote et Pline, avaient reconnu avec les lumières de la raison. Heureusement, malgré de regrettables discordances, voilà aussi ce que la science contemporaine, dans ses plus illustres et ses plus graves représentants, n'a pas hésité à établir. Ecoutons Lacépède et Cuvier sur cette question, qui a attiré toute l'at-tention de leur profond et lucide génie. Ils commencent par reconnaître quelques rapports de conformation. Le seul visage de l'orang, dit Buffon , diffère de l'homme par le nez, qui n'est pas proéminent par le front, qui est trop court par le menton, qui n'est pas relevé à la base il a les oreilles proportionnellement trop grandes, les yeux trop voisins l'un de l'autre, l'intervalle entre le nez et la bouche est aussi trop étendu. Pour le reste du corps, les cuisses sont relativement trop courtes, les bras trop longs, les pouces trop petits, la paume des mains trop longue et trop serrée, les pieds faits plutôt comme des mains que comme des pieds humains. L'intérieur de cette espèce diffère de l'espèce humaine parle nombre des côtes. L'homme n'en a que douze, l'orang en a treize. Il a aussi les ver-tèbres du cou plus courtes, les os du bassin plus serrés, les hanches plus plates il n'a point d'apophise épineuse à la première vertèbre du cou les reins sont plus ronds que ceux de l'homme la vessie et la vésicule du fiel sont plus étroites et plus longues que dans l'homme. Enfin, d'après les me-sures prises et comparées par Cuvier, l'angle facial, auquel on attache, non sans raison, de l'importance, a une ouverture de 70 degrés dans l'homme le moins favorisé, et il va de 50 à 63 dans les animaux les mieux favorisés. Voilà l'ensemble des différences purement physiques encore faut-il prendre l'angle facial de l'orang quand il est jeune car, plus il vieillit, plus son 1 Buffon, Hist. nat., t. xxxv, p. 18. V. Reasch, p. 573, Fixité de l'espèce. 1 Cité par Latreille, t. xxv, p. 164. OEuvresj t. xxxv, p. 20?. | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 23 ressemblance avec l'homme comme l'homme n'est si prodigieusement au-dessus des plus parfaits des animaux que parce qu'il porte en lui la ressem-blance de Dieu. Mais il a assez de dissemblance pour faire un règne à part@ie. Ce pran est plein d'harmonie et de grandeur il est digne de Dieu, au-teur de la nature, dont il a trouvé tous les types particuliers dans sa pensée et dans son être infini. Voilà pourquoi l'homme, roi de la création, représente parfaitement toute la création c'est un chef-d'oeuvre qui réfléchit toute la série des êtres. 1 tire sa force physique des minéraux, il végète avec la plante, il vit avec les animaux, et pense avec Dieu, l'ordonnateur suprême 2. Doit-on s'étonner de sa ressemblance avec les êtres inférieurs, puisqu'il les représente et les reproduit tous. Il représente la nature, mais c'est pour la glorifier dans sa personnalité hors de pair. En philosophie, on appelle l'homme un microcosme. Voilà ce que le simple bon sens saisit dans l'homme voilà ce que les philosophes de l'antiquité et les naturalistes, comme Aristote et Pline, avaient reconnu avec les lumières de la raison. Heureusement, malgré de regrettables discordances, voilà aussi ce que la science contemporaine, dans ses plus illustres et ses plus graves représentants, n'a pas hésité à établir. Ecoutons Lacépède et Cuvier@@ sur cette question, qui a attiré toute l'at-tention de leur profond et lucide génie. Ils commencent par reconnaître quelques rapports de conformation. Le seul visage de l'orang, dit Buffon @, diffère de l'homme par le nez, qui n'est pas proéminent par le front, qui est trop court par le menton, qui n'est pas relevé à la base il a les oreilles proportionnellement trop grandes, les yeux trop voisins l'un de l'autre, l'intervalle entre le nez et la bouche est aussi trop étendu. Pour le reste du corps, les cuisses sont relativement trop courtes, les bras trop longs, les pouces trop petits, la paume des mains trop longue et trop serrée, les pieds faits plutôt comme des mains que comme des pieds humains. L'intérieur de cette espèce diffère de l'espèce humaine par@le nombre des côtes. L'homme n'en a que douze, l'orang en a treize. Il a aussi les ver-tèbres du cou plus courtes, les os du bassin plus serrés, les hanches plus plates il n'a point d'apophise épineuse à la première vertèbre du cou les reins sont plus ronds que ceux de l'homme la vessie et la vésicule du fiel sont plus étroites et plus longues que dans l'homme. Enfin, d'après les me-sures prises et comparées par Cuvier, l'angle facial, auquel on attache, non sans raison, de l'importance, a une ouverture de 70 degrés dans l'homme le moins favorisé, et il va de 50 à 63 dans les animaux les mieux favorisés. Voilà l'ensemble des différences purement physiques encore faut-il prendre l'angle facial de l'orang quand il est jeune car, plus il vieillit, plus son 1 Buffon, Hist. nat., t. xxxv, p. 18.@@ V. Reasch, p. 573, Fixité de l'espèce. 1 Cité par Latreille, t. xxv, p. 164.@@ OEuvresj t. xxxv, p. 20?. | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 23 ressemblance avec l'homme comme l'homme n'est si prodigieusement au-dessus des plus parfaits des animaux que parce qu'il porte en lui la ressem-blance de Dieu. Mais il a assez de dissemblance pour faire un règne à part 1 . Ce plan est plein d'harmonie et de grandeur il est digne de Dieu, au-teur de la nature, dont il a trouvé tous les types particuliers dans sa pensée et dans son être infini. Voilà pourquoi l'homme, roi de la création, représente parfaitement toute la création c'est un chef-d'oeuvre qui réfléchit toute la série des êtres. 1 tire sa force physique des minéraux, il végète avec la plante, il vit avec les animaux, et pense avec Dieu, l'ordonnateur suprême 2. Doit-on s'étonner de sa ressemblance avec les êtres inférieurs, puisqu'il les représente et les reproduit tous. Il représente la nature, mais c'est pour la glorifier dans sa personnalité hors de pair. En philosophie, on appelle l'homme un microcosme. Voilà ce que le simple bon sens saisit dans l'homme voilà ce que les philosophes de l'antiquité et les naturalistes, comme Aristote et Pline, avaient reconnu avec les lumières de la raison. Heureusement, malgré de regrettables discordances, voilà aussi ce que la science contemporaine, dans ses plus illustres et ses plus graves représentants, n'a pas hésité à établir. Ecoutons Lacépède et Cuvier 3 sur cette question, qui a attiré toute l'at-tention de leur profond et lucide génie. Ils commencent par reconnaître quelques rapports de conformation. Le seul visage de l'orang, dit Buffon 4, diffère de l'homme par le nez, qui n'est pas proéminent par le front, qui est trop court par le menton, qui n'est pas relevé à la base il a les oreilles proportionnellement trop grandes, les yeux trop voisins l'un de l'autre, l'intervalle entre le nez et la bouche est aussi trop étendu. Pour le reste du corps, les cuisses sont relativement trop courtes, les bras trop longs, les pouces trop petits, la paume des mains trop longue et trop serrée, les pieds faits plutôt comme des mains que comme des pieds humains. L'intérieur de cette espèce diffère de l'espèce humaine par le nombre des côtes. L'homme n'en a que douze, l'orang en a treize. Il a aussi les ver-tèbres du cou plus courtes, les os du bassin plus serrés, les hanches plus plates il n'a point d'apophise épineuse à la première vertèbre du cou les reins sont plus ronds que ceux de l'homme la vessie et la vésicule du fiel sont plus étroites et plus longues que dans l'homme. Enfin, d'après les me-sures prises et comparées par Cuvier, l'angle facial, auquel on attache, non sans raison, de l'importance, a une ouverture de 70 degrés dans l'homme le moins favorisé, et il va de 50 à 63 dans les animaux les mieux favorisés. Voilà l'ensemble des différences purement physiques encore faut-il prendre l'angle facial de l'orang quand il est jeune car, plus il vieillit, plus son 1 Buffon, Hist. nat., t. XXXV. p. 18. 2 V. Reusch, p. 573, Fixité de l'espèce. 3 Cité par Latreille, t. XXV, p. 164. 4 OEuvres, t. XXXV, p. #### | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 23 ressemblance avec l'homme comme l'homme n'est si prodigieusement au-dessus des plus parfaits des animaux que parce qu'il porte en lui la ressem-blance de Dieu. Mais il a assez de dissemblance pour faire un règne à part 1 . Ce plan est plein d'harmonie et de grandeur il est digne de Dieu, au-teur de la nature, dont il a trouvé tous les types particuliers dans sa pensée et dans son être infini. Voilà pourquoi l'homme, roi de la création, représente parfaitement toute la création c'est un chef-d'oeuvre qui réfléchit toute la série des êtres. 1 tire sa force physique des minéraux, il végète avec la plante, il vit avec les animaux, et pense avec Dieu, l'ordonnateur suprême 2. Doit-on s'étonner de sa ressemblance avec les êtres inférieurs, puisqu'il les représente et les reproduit tous. Il représente la nature, mais c'est pour la glorifier dans sa personnalité hors de pair. En philosophie, on appelle l'homme un microcosme. Voilà ce que le simple bon sens saisit dans l'homme voilà ce que les philosophes de l'antiquité et les naturalistes, comme Aristote et Pline, avaient reconnu avec les lumières de la raison. Heureusement, malgré de regrettables discordances, voilà aussi ce que la science contemporaine, dans ses plus illustres et ses plus graves représentants, n'a pas hésité à établir. Ecoutons Lacépède et Cuvier 3 sur cette question, qui a attiré toute l'at-tention de leur profond et lucide génie. Ils commencent par reconnaître quelques rapports de conformation. Le seul visage de l'orang, dit Buffon 4, diffère de l'homme par le nez, qui n'est pas proéminent par le front, qui est trop court par le menton, qui n'est pas relevé à la base il a les oreilles proportionnellement trop grandes, les yeux trop voisins l'un de l'autre, l'intervalle entre le nez et la bouche est aussi trop étendu. Pour le reste du corps, les cuisses sont relativement trop courtes, les bras trop longs, les pouces trop petits, la paume des mains trop longue et trop serrée, les pieds faits plutôt comme des mains que comme des pieds humains. L'intérieur de cette espèce diffère de l'espèce humaine par le nombre des côtes. L'homme n'en a que douze, l'orang en a treize. Il a aussi les ver-tèbres du cou plus courtes, les os du bassin plus serrés, les hanches plus plates il n'a point d'apophise épineuse à la première vertèbre du cou les reins sont plus ronds que ceux de l'homme la vessie et la vésicule du fiel sont plus étroites et plus longues que dans l'homme. Enfin, d'après les me-sures prises et comparées par Cuvier, l'angle facial, auquel on attache, non sans raison, de l'importance, a une ouverture de 70 degrés dans l'homme le moins favorisé, et il va de 50 à 63 dans les animaux les mieux favorisés. Voilà l'ensemble des différences purement physiques encore faut-il prendre l'angle facial de l'orang quand il est jeune car, plus il vieillit, plus son 1 Buffon, Hist. nat., t. XXXV. p. 18. 2 V. Reusch, p. 573, Fixité de l'espèce. 3 Cité par Latreille, t. XXV, p. 164. 4 OEuvres, t. XXXV, p. 20?. | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 23 ressemblance avec l'homme comme l'homme n'est si prodigieusement au-dessus des plus parfaits des animaux que parce qu'il porte en lui la ressem-blance de Dieu. Mais il a assez de dissemblance pour faire un règne à part 1 . Ce plan est plein d'harmonie et de grandeur il est digne de Dieu, au-teur de la nature, dont il a trouvé tous les types particuliers dans sa pensée et dans son être infini. Voilà pourquoi l'homme, roi de la création, représente parfaitement toute la création c'est un chef-d'oeuvre qui réfléchit toute la série des êtres. 1 tire sa force physique des minéraux, il végète avec la plante, il vit avec les animaux, et pense avec Dieu, l'ordonnateur suprême 2. Doit-on s'étonner de sa ressemblance avec les êtres inférieurs, puisqu'il les représente et les reproduit tous. Il représente la nature, mais c'est pour la glorifier dans sa personnalité hors de pair. En philosophie, on appelle l'homme un microcosme. Voilà ce que le simple bon sens saisit dans l'homme voilà ce que les philosophes de l'antiquité et les naturalistes, comme Aristote et Pline, avaient reconnu avec les lumières de la raison. Heureusement, malgré de regrettables discordances, voilà aussi ce que la science contemporaine, dans ses plus illustres et ses plus graves représentants, n'a pas hésité à établir. Ecoutons Lacépède et Cuvier 3 sur cette question, qui a attiré toute l'at-tention de leur profond et lucide génie. Ils commencent par reconnaître quelques rapports de conformation. Le seul visage de l'orang, dit Buffon 4, diffère de l'homme par le nez, qui n'est pas proéminent par le front, qui est trop court par le menton, qui n'est pas relevé à la base il a les oreilles proportionnellement trop grandes, les yeux trop voisins l'un de l'autre, l'intervalle entre le nez et la bouche est aussi trop étendu. Pour le reste du corps, les cuisses sont relativement trop courtes, les bras trop longs, les pouces trop petits, la paume des mains trop longue et trop serrée, les pieds faits plutôt comme des mains que comme des pieds humains. L'intérieur de cette espèce diffère de l'espèce humaine par le nombre des côtes. L'homme n'en a que douze, l'orang en a treize. Il a aussi les ver-tèbres du cou plus courtes, les os du bassin plus serrés, les hanches plus plates il n'a point d'apophise épineuse à la première vertèbre du cou les reins sont plus ronds que ceux de l'homme la vessie et la vésicule du fiel sont plus étroites et plus longues que dans l'homme. Enfin, d'après les me-sures prises et comparées par Cuvier, l'angle facial, auquel on attache, non sans raison, de l'importance, a une ouverture de 70 degrés dans l'homme le moins favorisé, et il va de 50 à 63 dans les animaux les mieux favorisés. Voilà l'ensemble des différences purement physiques encore faut-il prendre l'angle facial de l'orang quand il est jeune car, plus il vieillit, plus son 1 Buffon, Hist. nat., t. XXXV. p. 18. 2 V. Reusch, p. 573, Fixité de l'espèce. 3 Cité par Latreille, t. XXV, p. 164. 4 OEuvres, t. XXXV, p. 20?. | 27 | 0.00889 | 0.046901 |
675.txt | 1,820 | 42 réte pas un maréchal de France, on le tue. C'est un conseiller à la Cour royale de Nîmes , qui ne recule pas devant la nécessité des éclaircissemens, qui le nommera en toutes lettres devant les tribunaux. Je vous ai transportés en imagination à cette séance vous avez entendu le rapporteur de la commission proclamer que ces faits sont de la nature la plus grave, et que la gravité en est augmentée par le caractère personnel du magistrat. Vous avez entendu des députés rendre témoignage sur les faits dénoncés et confirmer leur vérité. Que dis-je, l'augmenter, et en quels termes ! Vous avez entendu les députés et les ministres eux-mêmes déposer sur les vertus du conseiller à la Cour royale, sur son attachement à la monarchie, sur son honneur, sur sa véracité. Vous avez entendu le ministre des affaires étrangères déclarer que, d'après les rapports qu'il a eus avec ce magistrat, il reconnaît qu'il a parlé sui-vant sa conscience. Quelqu'un conteste-t-il les faits? non. On se rejette seulement sur la forme, sur la possibilité de l'erreur. Tous, quelles que soient leurs opinions, s'ac-cordent, parce que l'intérêt du bien public l'exige, à de-mander le renvoi au conseil des ministres tous recon-naissent la gravité, l'extrême importance de l'accusation , et le péril qu'il y aurait à temporiser. Eh , bien! Messieurs, pensez-vous, je vous le demande, pensez-vous que personne n'a été ému ? que personne n'a commencé à croire ? que ceux qui commençaient à croire n'ont été convaincus? Et qui plus que mon client pouvait ressentir ces émotions, cette croyance, cette conviction ? Il est jeune, c'est l'âge où les impressions sont plus vives, où les émotions sont fortes, profondes. Qui plus que lui pouvait éprouver l'horreur des guerres civiles, et des agitateurs qui , dans leurs circulaires ho- | 42 réte pas un maréchal de France@, on le tue. C'est un conseiller à la Cour royale de Nîmes , qui ne recule pas devant la nécessité des éclaircissemens@, qui le nommera en toutes lettres devant les tribunaux. Je vous ai transportés en imagination à cette séance vous avez entendu le rapporteur de la commission proclamer que ces faits sont de la nature la plus grave, et que la gravité en est augmentée par le caractère personnel du magistrat. Vous avez entendu des députés rendre témoignage sur les faits dénoncés et confirmer leur vérité@@@@@. Que dis-je@, l'augmenter@, et en quels termes ! Vous avez entendu les députés et les ministres eux-mêmes déposer sur les vertus du conseiller à la Cour royale, sur son attachement à la monarchie, sur son honneur@, sur sa véracité. Vous avez entendu le ministre des affaires étrangères déclarer que, d'après les rapports qu'il a eus avec ce magistrat, il reconnaît qu'il a parlé sui-vant sa conscience. Quelqu'un conteste-t-il les faits@? non. On se rejette seulement sur la forme, sur la possibilité de l'erreur. Tous, quelles que soient leurs opinions@, s'ac-cordent, parce que l'intérêt du bien public l'exige@, à de-mander le renvoi au conseil des ministres tous recon-naissent la gravité@, l'extrême importance de l'accusation , et le péril qu'il y aurait à temporiser. Eh , bien@! Messieurs, pensez-vous@, je vous le demande, pensez-vous que personne n'a été ému ? que personne n'a commencé à croire ? que ceux qui commençaient à croire n'ont été convaincus@? Et qui plus que mon client pouvait ressentir ces émotions@, cette croyance@, cette conviction ? Il est jeune@, c'est l'âge où les impressions sont plus vives, où les émotions sont fortes@, profondes. Qui plus que lui pouvait éprouver l'horreur des guerres civiles, et des agitateurs qui , dans leurs circulaires ho- | 42 rête pas un maréchal de France , on le tue. C'est un conseiller à la Cour royale de Nîmes , qui ne recule pas devant la nécessité des éclaircissemens , qui le nommera en toutes lettres devant les tribunaux. Je vous ai transportés en imagination à cette séance vous avez entendu le rapporteur de la commission proclamer que ces faits sont de la nature la plus grave, et que la gravité en est augmentée par le caractère personnel du magistrat. Vous avez entendu des députés rendre témoignage sur les faits dénoncés et confirmer leur vérité...... Que dis-je , l'augmenter , et en quels termes ! Vous avez entendu les députés et les ministres eux-mêmes déposer sur les vertus du conseiller à la Cour royale, sur son attachement à la monarchie, sur son honneur , sur sa véracité. Vous avez entendu le ministre des affaires étrangères déclarer que, d'après les rapports qu'il a eus avec ce magistrat, il reconnait qu'il a parlé sui-vant sa conscience. Quelqu'un conteste-t-il les faits ? non. On se rejette seulement sur la forme, sur la possibilité de l'erreur. Tous, quelles que soient leurs opinions , s'ac-cordent, parce que l'intérêt du bien public l'exige , à de-mander le renvoi au conseil des ministres tous recon-naissent la gravité , l'extrême importance de l'accusation , et le péril qu'il y aurait à temporiser. Eh , bien ! Messieurs, pensez-vous , je vous le demande, pensez-vous que personne n'a été ému ? que personne n'a commencé à croire ? que ceux qui commençaient à croire n'ont été convaincus ? Et qui plus que mon client pouvait ressentir ces émotions , cette croyance , cette conviction ? Il est jeune , c'est l'âge où les impressions sont plus vives, où les émotions sont fortes , profondes. Qui plus que lui pouvait éprouver l'horreur des guerres civiles, et des agitateurs qui , dans leurs circulaires ho- | 42 rête pas un maréchal de France , on le tue. C'est un conseiller à la Cour royale de Nîmes , qui ne recule pas devant la nécessité des éclaircissemens , qui le nommera en toutes lettres devant les tribunaux. Je vous ai transportés en imagination à cette séance vous avez entendu le rapporteur de la commission proclamer que ces faits sont de la nature la plus grave, et que la gravité en est augmentée par le caractère personnel du magistrat. Vous avez entendu des députés rendre témoignage sur les faits dénoncés et confirmer leur vérité...... Que dis-je , l'augmenter , et en quels termes ! Vous avez entendu les députés et les ministres eux-mêmes déposer sur les vertus du conseiller à la Cour royale, sur son attachement à la monarchie, sur son honneur , sur sa véracité. Vous avez entendu le ministre des affaires étrangères déclarer que, d'après les rapports qu'il a eus avec ce magistrat, il reconnait qu'il a parlé sui-vant sa conscience. Quelqu'un conteste-t-il les faits ? non. On se rejette seulement sur la forme, sur la possibilité de l'erreur. Tous, quelles que soient leurs opinions , s'ac-cordent, parce que l'intérêt du bien public l'exige , à de-mander le renvoi au conseil des ministres tous recon-naissent la gravité , l'extrême importance de l'accusation , et le péril qu'il y aurait à temporiser. Eh , bien ! Messieurs, pensez-vous , je vous le demande, pensez-vous que personne n'a été ému ? que personne n'a commencé à croire ? que ceux qui commençaient à croire n'ont été convaincus ? Et qui plus que mon client pouvait ressentir ces émotions , cette croyance , cette conviction ? Il est jeune , c'est l'âge où les impressions sont plus vives, où les émotions sont fortes , profondes. Qui plus que lui pouvait éprouver l'horreur des guerres civiles, et des agitateurs qui , dans leurs circulaires ho- | 42 rête pas un maréchal de France , on le tue. C'est un conseiller à la Cour royale de Nîmes , qui ne recule pas devant la nécessité des éclaircissemens , qui le nommera en toutes lettres devant les tribunaux. Je vous ai transportés en imagination à cette séance vous avez entendu le rapporteur de la commission proclamer que ces faits sont de la nature la plus grave, et que la gravité en est augmentée par le caractère personnel du magistrat. Vous avez entendu des députés rendre témoignage sur les faits dénoncés et confirmer leur vérité...... Que dis-je , l'augmenter , et en quels termes ! Vous avez entendu les députés et les ministres eux-mêmes déposer sur les vertus du conseiller à la Cour royale, sur son attachement à la monarchie, sur son honneur , sur sa véracité. Vous avez entendu le ministre des affaires étrangères déclarer que, d'après les rapports qu'il a eus avec ce magistrat, il reconnait qu'il a parlé sui-vant sa conscience. Quelqu'un conteste-t-il les faits ? non. On se rejette seulement sur la forme, sur la possibilité de l'erreur. Tous, quelles que soient leurs opinions , s'ac-cordent, parce que l'intérêt du bien public l'exige , à de-mander le renvoi au conseil des ministres tous recon-naissent la gravité , l'extrême importance de l'accusation , et le péril qu'il y aurait à temporiser. Eh , bien ! Messieurs, pensez-vous , je vous le demande, pensez-vous que personne n'a été ému ? que personne n'a commencé à croire ? que ceux qui commençaient à croire n'ont été convaincus ? Et qui plus que mon client pouvait ressentir ces émotions , cette croyance , cette conviction ? Il est jeune , c'est l'âge où les impressions sont plus vives, où les émotions sont fortes , profondes. Qui plus que lui pouvait éprouver l'horreur des guerres civiles, et des agitateurs qui , dans leurs circulaires ho- | 23 | 0.012589 | 0.020528 |
661.txt | 1,886 | DOCUMENTS, EXTRAITS DE JOURNAUX 281 LAFONTAINE 19 Le Pilote du Calvados, du 6 mars 1841, s'exprime ainsi Parmi les miracles modernes qu'il importe de constater, mentionnons les cures opérées par le magnétisme. Les journaux de science spéciale disent que M. du Potet a rendu l'ouïe et, par conséquent, donné la parole à une vingtaine de sourds-muets. Les sujets ainsfguéris, et dont l'état avait été préalablement précisé, ont été présentés devant un des grands corps savants. On n'ose encore croire à de tels résultats mais cependant s'ils sont avérés, s'ils sont opérés sous les yeux des incrédules et sur des personnes dont l'état de surdité complète ne peut être douteux, il faudra bien que la raison triomphe et que le préjugé disparaisse devant une vérité devenue frappante. M. Lafontaine n'a encore trouvé l'occasion de faire ici l'application du magnétisme à la guérisondes sourds-muets que sur une personne de Caen, la nommée Catherine Montaigu, ouvrière, habitant le quartier Saint-Gilles. Cette fille, âgée de trente-six ans, sourde-muette dès son enfance, a passé plusieurs années de sa jeunesse à l'établissement du Bon-Sauveur de Caen. Plusieurs habitants et le médecin qui lui a donné des soins ont constaté de la manière la plus irrécusable son état de surdité. Après quelques séances seulement, M. Lafontaine est parvenu à lui faire entendre plusieurs séries de sons qu'elle répète d'une manière encore fort irrégulière, mais de sorte cependant qu'il est impossible de douter qu'elle n'en ait la perception. Voici un extrait du Journal de la Vienne, du 13 juin 1846. Il est question d'une sourde-muette de vingt-huit ans, mariée et ayant un enfant. Nul être dans ce monde n'éprou-vera la joie que cette femme ressentit, lorsque, après quelques séances, elle entendit la voie de son enfant. Un médecin de Poitiers continue cette cure, qui est très avancée, et qui bientôt sera complète . Nous avons assisté hier soir à la seconde séance de magnétisme, donnée par M. Ch. Lafontaine, et, hâtons-nous de le dire, nos espérances ont été pleinement justifiées. Après nous avoir montré l'influence de la musique sur une | DOCUMENTS, EXTRAITS DE JOURNAUX 281 LAFONTAINE 19 Le Pilote du Calvados, du 6 mars 1841, s'exprime ainsi Parmi les miracles modernes qu'il importe de constater, mentionnons les cures opérées par le magnétisme. Les journaux de science spéciale disent que M. du Potet a rendu l'ouïe et, par conséquent, donné la parole à une vingtaine de sourds-muets. Les sujets ains@fguéris, et dont l'état avait été préalablement précisé, ont été présentés devant un des grands corps savants. On n'ose encore croire à de tels résultats mais cependant s'ils sont avérés, s'ils sont opérés sous les yeux des incrédules et sur des personnes dont l'état de surdité complète ne peut être douteux, il faudra bien que la raison triomphe et que le préjugé disparaisse devant une vérité devenue frappante. M. Lafontaine n'a encore trouvé l'occasion de faire ici l'application du magnétisme à la guérison@des sourds-muets que sur une personne de Caen, la nommée Catherine Montaigu, ouvrière, habitant le quartier Saint-Gilles. Cette fille, âgée de trente-six ans, sourde-muette dès son enfance, a passé plusieurs années de sa jeunesse à l'établissement du Bon-Sauveur de Caen. Plusieurs habitants et le médecin qui lui a donné des soins ont constaté de la manière la plus irrécusable son état de surdité. Après quelques séances seulement, M. Lafontaine est parvenu à lui faire entendre plusieurs séries de sons qu'elle répète d'une manière encore fort irrégulière, mais de sorte cependant qu'il est impossible de douter qu'elle n'en ait la perception. Voici un extrait du Journal de la Vienne, du 13 juin 1846. Il est question d'une sourde-muette de vingt-huit ans, mariée et ayant un enfant. Nul être dans ce monde n'éprou-vera la joie que cette femme ressentit, lorsque, après quelques séances, elle entendit la voie de son enfant. Un médecin de Poitiers continue cette cure, qui est très avancée, et qui bientôt sera complète . Nous avons assisté hier soir à la seconde séance de magnétisme, donnée par M. Ch. Lafontaine, et, hâtons-nous de le dire, nos espérances ont été pleinement justifiées. Après nous avoir montré l'influence de la musique sur une | DOCUMENTS, EXTRAITS DE JOURNAUX #################### Pilote du Calxados, du 6 mars 1841, s'exprime ainsi Parmi les miracles modernes qu'il importe de constater, mentionnons les cures opérées par le magnétisme. Les journaux de science spéciale disent que M. du Potet a rendu l'ouïe et, par conséquent, donné la parole à une vingtaine de sourds-muets. Les sujets ainsi guéris, et dont l'état avait été préalablement précisé, ont été présentés devant un des grands corps savants. On n'ose encore croire à de tels résultats mais cependant s'ils sont avérés, s'ils sont opérés sous les yeux des incrédules et sur des personnes dont l'état de surdité complète ne peut être douteux, il faudra bien que la raison triomphe et que le préjugé disparaisse devant une vérité devenue frappante. M. Lafontaine n'a encore trouvé l'occasion de faire ici l'application du magnétisme à la guérison des sourds-muets que sur une personne de Caen, la nommée Catherine Montaigu, ouvrière, habitant le quartier Saint-Gilles. Cette fille, âgée de trente-six ans, sourde-muette dès son enfance, a passé plusieurs années de sa jeunesse à l'établissement du Bon-Sauveur de Caen. Plusieurs habitants et le médecin qui lui a donné des soins ont constaté de la manière la plus irrécusable son état de surdité. Après quelques séances seulement, M. Lafontaine est parvenu à lui faire entendre plusieurs séries de sons qu'elle répète d'une manière encore fort irrégulière, mais de sorte cependant qu'il est impossible de douter qu'elle n'en ait la perception. Voici un extrait du Journal de la Vienne, du 13 juin 1846. Il est question d'une sourde-muette de vingt-huit ans, mariée et ayant un enfant. Nul être dans ce monde n'éprou-vera la joie que cette femme ressentit, lorsque, après quelques séances, elle entendit la voie de son enfant. Un médecin de Poitiers continue cette cure, qui est très avancée, et qui bientôt sera complète . Nous avons assisté hier soir à la seconde séance de magnétisme, donnée par M. Ch. Lafontaine, et, hâtons-nous de le dire, nos espérances ont été pleinement justifiées. Après nous avoir montré l'influence de la musique sur une | DOCUMENTS, EXTRAITS DE JOURNAUX 281 LAFONTAINE 19 Le Pilote du Calxados, du 6 mars 1841, s'exprime ainsi Parmi les miracles modernes qu'il importe de constater, mentionnons les cures opérées par le magnétisme. Les journaux de science spéciale disent que M. du Potet a rendu l'ouïe et, par conséquent, donné la parole à une vingtaine de sourds-muets. Les sujets ainsi guéris, et dont l'état avait été préalablement précisé, ont été présentés devant un des grands corps savants. On n'ose encore croire à de tels résultats mais cependant s'ils sont avérés, s'ils sont opérés sous les yeux des incrédules et sur des personnes dont l'état de surdité complète ne peut être douteux, il faudra bien que la raison triomphe et que le préjugé disparaisse devant une vérité devenue frappante. M. Lafontaine n'a encore trouvé l'occasion de faire ici l'application du magnétisme à la guérison des sourds-muets que sur une personne de Caen, la nommée Catherine Montaigu, ouvrière, habitant le quartier Saint-Gilles. Cette fille, âgée de trente-six ans, sourde-muette dès son enfance, a passé plusieurs années de sa jeunesse à l'établissement du Bon-Sauveur de Caen. Plusieurs habitants et le médecin qui lui a donné des soins ont constaté de la manière la plus irrécusable son état de surdité. Après quelques séances seulement, M. Lafontaine est parvenu à lui faire entendre plusieurs séries de sons qu'elle répète d'une manière encore fort irrégulière, mais de sorte cependant qu'il est impossible de douter qu'elle n'en ait la perception. Voici un extrait du Journal de la Vienne, du 13 juin 1846. Il est question d'une sourde-muette de vingt-huit ans, mariée et ayant un enfant. Nul être dans ce monde n'éprou-vera la joie que cette femme ressentit, lorsque, après quelques séances, elle entendit la voie de son enfant. Un médecin de Poitiers continue cette cure, qui est très avancée, et qui bientôt sera complète . Nous avons assisté hier soir à la seconde séance de magnétisme, donnée par M. Ch. Lafontaine, et, hâtons-nous de le dire, nos espérances ont été pleinement justifiées. Après nous avoir montré l'influence de la musique sur une | DOCUMENTS, EXTRAITS DE JOURNAUX 281 LAFONTAINE 19 Le Pilote du Calxados, du 6 mars 1841, s'exprime ainsi Parmi les miracles modernes qu'il importe de constater, mentionnons les cures opérées par le magnétisme. Les journaux de science spéciale disent que M. du Potet a rendu l'ouïe et, par conséquent, donné la parole à une vingtaine de sourds-muets. Les sujets ainsi guéris, et dont l'état avait été préalablement précisé, ont été présentés devant un des grands corps savants. On n'ose encore croire à de tels résultats mais cependant s'ils sont avérés, s'ils sont opérés sous les yeux des incrédules et sur des personnes dont l'état de surdité complète ne peut être douteux, il faudra bien que la raison triomphe et que le préjugé disparaisse devant une vérité devenue frappante. M. Lafontaine n'a encore trouvé l'occasion de faire ici l'application du magnétisme à la guérison des sourds-muets que sur une personne de Caen, la nommée Catherine Montaigu, ouvrière, habitant le quartier Saint-Gilles. Cette fille, âgée de trente-six ans, sourde-muette dès son enfance, a passé plusieurs années de sa jeunesse à l'établissement du Bon-Sauveur de Caen. Plusieurs habitants et le médecin qui lui a donné des soins ont constaté de la manière la plus irrécusable son état de surdité. Après quelques séances seulement, M. Lafontaine est parvenu à lui faire entendre plusieurs séries de sons qu'elle répète d'une manière encore fort irrégulière, mais de sorte cependant qu'il est impossible de douter qu'elle n'en ait la perception. Voici un extrait du Journal de la Vienne, du 13 juin 1846. Il est question d'une sourde-muette de vingt-huit ans, mariée et ayant un enfant. Nul être dans ce monde n'éprou-vera la joie que cette femme ressentit, lorsque, après quelques séances, elle entendit la voie de son enfant. Un médecin de Poitiers continue cette cure, qui est très avancée, et qui bientôt sera complète . Nous avons assisté hier soir à la seconde séance de magnétisme, donnée par M. Ch. Lafontaine, et, hâtons-nous de le dire, nos espérances ont été pleinement justifiées. Après nous avoir montré l'influence de la musique sur une | 4 | 0.001878 | 0.010309 |
107.txt | 1,821 | 59 bris de végétaux, sans s'y fixer immédiatement 2°. les champignons faux-parasites , dont le nombre est très-petit , et que l'on trouve sur des arbres encore vivans , 5°. et les champignons qui naissent sur des bois morts et sur des feuilles tombées. Ces derniers sont de deux sortes , les annuels et les vivaces les uns sont i°. mous bu fugaces, 2°. secs mais fugaces, 5°. solides et durent long-temps les autres, en très-petit nombre fournissent, cette substance d'un usage si commun que l'on nomme amadou , et qu'on trouve sur les hêtres languissans. Les lichens, dont les scutelles sont organisées intérieu-rement comme les pézizes 1 .tiennent le troisième rang dans l'aithéogamie le quatrième est occupé par les hé-patiques chez lesquels on commence à trouver les indices d'une fructification mieux prononcée et plus analogue à celle des autres végétaux que nous nommons parfaits. PALISOT DE BEAUVOIS leur reconnaît, avec LINNÉ , pour organes fécondans les urnes portées sur le pédicule que HEDWIG et ses partisans déclarent être les organes fe-nielles 2 . La cinquième classe comprend les mousses. Elles offrent de vraies racines, une tige, des feuilles , et des organes particuliers et distincts, qui paraissent être ceux à l'aide desquels elles se régénèrent. La fleur, essentiel-lement la même dans tous les genres et dans toutes les espèces , ne diffère extérieurement que par le nombre et 1 Consultez le premier volume botanique de l'Ency-clopédie méthodique, art. Champignon. 2 Je n'ai trouvé dans les papiers de PALISOT DE BEAU-vois qu'un travail à peine ébauché sur ces deux familles. | 59 bris de végétaux, sans s'y fixer immédiatement 2°. les champignons faux-parasites , dont le nombre est très-petit , et que l'on trouve sur des arbres encore vivans , 5°. et les champignons qui naissent sur des bois morts et sur des feuilles tombées. Ces derniers sont de deux sortes , les annuels et les vivaces les uns sont i°. mous bu fugaces, 2°. secs mais fugaces, 5°. solides et durent long-temps les autres, en très-petit nombre fournissent, cette substance d'un usage si commun que l'on nomme amadou , et qu'on trouve sur les hêtres languissans. Les lichens, dont les scutelles sont organisées intérieu-rement comme les pézizes 1 .tiennent le troisième rang dans l'aithéogamie le quatrième est occupé par les hé-patiques chez lesquels on commence à trouver les indices d'une fructification mieux prononcée et plus analogue à celle des autres végétaux que nous nommons parfaits. PALISOT DE BEAUVOIS leur reconnaît, avec LINNÉ , pour organes fécondans les urnes portées sur le pédicule que HEDWIG et ses partisans déclarent être les organes fe-nielles 2 . La cinquième classe comprend les mousses. Elles offrent de vraies racines, une tige, des feuilles , et des organes particuliers et distincts, qui paraissent être ceux à l'aide desquels elles se régénèrent. La fleur, essentiel-lement la même dans tous les genres et dans toutes les espèces , ne diffère extérieurement que par le nombre et @@@1 Consultez le premier volume botanique de l'Ency-clopédie méthodique, art. Champignon. 2 Je n'ai trouvé dans les papiers de PALISOT DE BEAU-vois qu'un travail à peine ébauché sur ces deux familles. | ####### de végétaux, sans s'y fixer immédiatement 2°. les champignons faux-parasites , dont le nombre est très-petit , et que l'on trouve sur des arbres encore vivans , 3°. et les champignons qui naissent sur des bois morts et sur des feuilles tombées. Ces derniers sont de deux sortes , les annuels et les vivaces les uns sont 1°. mous ou fugaces, 2°. secs mais fugaces, 3°. solides et durent long-temps les autres, en très-petit nombre fournissent, cette substance d'un usage si commun que l'on nomme amadou , et qu'on trouve sur les hêtres languissans. Les lichens, dont les scutelles sont organisées intérieu-rement comme les pézizes 1 .tiennent le troisième rang dans l'aethéogamie le quatrième est occupé par les hé-patiques chez lesquels on commence à trouver les indices d'une fructification mieux prononcée et plus analogue à celle des autres végétaux que nous nommons parfaits. PALISOT DE BEAUVOIS leur reconnaît, avec LINNÉ , pour organes fécondans les urnes portées sur le pédicule que HEDWIG et ses partisans déclarent être les organes fe-@melles 2 . La cinquième classe comprend les mousses. Elles offrent de vraies racines, une tige, des feuilles , et des organes particuliers et distincts, qui paraissent être ceux à l'aide desquels elles se régénèrent. La fleur, essentiel-lement la même dans tous les genres et dans toutes les espèces , ne diffère extérieurement que par le nombre et 59 1 Consultez le premier volume botanique de l'Ency-clopédie méthodique, art. Champignon. 2 Je n'ai trouvé dans les papiers de PALISOT DE BEAU-VOIS qu'un travail à peine ébauché sur ces deux familles. | 59 bris de végétaux, sans s'y fixer immédiatement 2°. les champignons faux-parasites , dont le nombre est très-petit , et que l'on trouve sur des arbres encore vivans , 3°. et les champignons qui naissent sur des bois morts et sur des feuilles tombées. Ces derniers sont de deux sortes , les annuels et les vivaces les uns sont 1°. mous ou fugaces, 2°. secs mais fugaces, 3°. solides et durent long-temps les autres, en très-petit nombre fournissent, cette substance d'un usage si commun que l'on nomme amadou , et qu'on trouve sur les hêtres languissans. Les lichens, dont les scutelles sont organisées intérieu-rement comme les pézizes 1 .tiennent le troisième rang dans l'aethéogamie le quatrième est occupé par les hé-patiques chez lesquels on commence à trouver les indices d'une fructification mieux prononcée et plus analogue à celle des autres végétaux que nous nommons parfaits. PALISOT DE BEAUVOIS leur reconnaît, avec LINNÉ , pour organes fécondans les urnes portées sur le pédicule que HEDWIG et ses partisans déclarent être les organes fe-@melles 2 . La cinquième classe comprend les mousses. Elles offrent de vraies racines, une tige, des feuilles , et des organes particuliers et distincts, qui paraissent être ceux à l'aide desquels elles se régénèrent. La fleur, essentiel-lement la même dans tous les genres et dans toutes les espèces , ne diffère extérieurement que par le nombre et 59 1 Consultez le premier volume botanique de l'Ency-clopédie méthodique, art. Champignon. 2 Je n'ai trouvé dans les papiers de PALISOT DE BEAU-VOIS qu'un travail à peine ébauché sur ces deux familles. | 59 bris de végétaux, sans s'y fixer immédiatement 2°. les champignons faux-parasites , dont le nombre est très-petit , et que l'on trouve sur des arbres encore vivans , 3°. et les champignons qui naissent sur des bois morts et sur des feuilles tombées. Ces derniers sont de deux sortes , les annuels et les vivaces les uns sont 1°. mous ou fugaces, 2°. secs mais fugaces, 3°. solides et durent long-temps les autres, en très-petit nombre fournissent, cette substance d'un usage si commun que l'on nomme amadou , et qu'on trouve sur les hêtres languissans. Les lichens, dont les scutelles sont organisées intérieu-rement comme les pézizes 1 .tiennent le troisième rang dans l'aethéogamie le quatrième est occupé par les hé-patiques chez lesquels on commence à trouver les indices d'une fructification mieux prononcée et plus analogue à celle des autres végétaux que nous nommons parfaits. PALISOT DE BEAUVOIS leur reconnaît, avec LINNÉ , pour organes fécondans les urnes portées sur le pédicule que HEDWIG et ses partisans déclarent être les organes fe-melles 2 . La cinquième classe comprend les mousses. Elles offrent de vraies racines, une tige, des feuilles , et des organes particuliers et distincts, qui paraissent être ceux à l'aide desquels elles se régénèrent. La fleur, essentiel-lement la même dans tous les genres et dans toutes les espèces , ne diffère extérieurement que par le nombre et 59 1 Consultez le premier volume botanique de l'Ency-clopédie méthodique, art. Champignon. 2 Je n'ai trouvé dans les papiers de PALISOT DE BEAU-VOIS qu'un travail à peine ébauché sur ces deux familles. | 14 | 0.008739 | 0.048611 |
649.txt | 1,886 | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL 245 de personnes, pgjmi lesquelles se trouvait le prince de la Moskowa, j'essayai de magnétiser une femme idiote. Je lui pris les pouces mais bientôt elle retira ses mains et me donna des coups de poing. Je lui pris alors un seul pouce, et, de mon autre main, je parai les coups qu'elle cherchait à me donner, me faisant en outre les plus laides grimaces imaginables. Après quarante minutes de combat, pendant lesquelles j'avais continué à envahir son organisme, ses yeux se fer-mèrent, et bientôt après elle était plongée dans un sommeil profond, dont elle ne sortit que lorsque je la démagnétisai. On avait pu la piquer impunément sans qu'elle donnât signe de sensation. Certes, ici il n'y avait ni influence de l'imagination ni effet d'imitation. On n'avait pas même prononcé le mot magné-tisme. Sommeil sur des animaux, lion, hyène, chien, chat, écureuil lézard, etc. J'ai fait des essais sur plusieurs animaux, et j'ai obtenu un plein succès. Le public de Paris se rappelle sans doute le chien que je présentai le 20 janvier 1843, dans une séance publique, salle Valentino. C'était un petit lévrier qui m'avait été donné depuis huit jours quinze cents personnes se trouvaient dans la salle, parmi lesquelles beaucoup d'incrédules et de malveillants. Dès les premières passes que je fis pour endormir le chien, ce fut une explosion générale de railleries et de sifflets. On appelait l'animal, on cherchait à détourner son attention et à empêcher l'effet de se produire. Je le tenais sur mes genoux d'une main je lui prenais une patte, et de l'autre je faisais des passes de la tête au milieu du corps. Après quelques minutes, le silence le plus profond régnait dans la salle on avait vu la tête du chien tomber de côté et s'endormir profondément. Je lui catalep-tisai les pattes, je le piquai, et le chien ne donna aucun signe de sensation. Je me levai et le jetai sur un fauteuil | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL 245 de personnes, pgjmi lesquelles se trouvait le prince de la Moskowa, j'essayai de magnétiser une femme idiote. Je lui pris les pouces mais bientôt elle retira ses mains et me donna des coups de poing. Je lui pris alors un seul pouce, et, de mon autre main, je parai les coups qu'elle cherchait à me donner, me faisant en outre les plus laides grimaces imaginables. Après quarante minutes de combat, pendant lesquelles j'avais continué à envahir son organisme, ses yeux se fer-mèrent, et bientôt après elle était plongée dans un sommeil profond, dont elle ne sortit que lorsque je la démagnétisai. On avait pu la piquer impunément sans qu'elle donnât signe de sensation. Certes, ici il n'y avait ni influence de l'imagination ni effet d'imitation. On n'avait pas même prononcé le mot magné-tisme. Sommeil sur des animaux, lion, hyène, chien, chat, écureuil lézard, etc. J'ai fait des essais sur plusieurs animaux, et j'ai obtenu un plein succès. Le public de Paris se rappelle sans doute le chien que je présentai le 20 janvier 1843, dans une séance publique, salle Valentino. C'était un petit lévrier qui m'avait été donné depuis huit jours quinze cents personnes se trouvaient dans la salle, parmi lesquelles beaucoup d'incrédules et de malveillants. Dès les premières passes que je fis pour endormir le chien, ce fut une explosion générale de railleries et de sifflets. On appelait l'animal, on cherchait à détourner son attention et à empêcher l'effet de se produire. Je le tenais sur mes genoux d'une main je lui prenais une patte, et de l'autre je faisais des passes de la tête au milieu du corps. Après quelques minutes, le silence le plus profond régnait dans la salle on avait vu la tête du chien tomber de côté et s'endormir profondément. Je lui catalep-tisai les pattes, je le piquai, et le chien ne donna aucun signe de sensation. Je me levai et le jetai sur un fauteuil | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL 245 de personnes, parmi lesquelles se trouvait le prince de la Moskowa, j'essayai de magnétiser une femme idiote. Je lui pris les pouces mais bientôt elle retira ses mains et me donna des coups de poing. Je lui pris alors un seul pouce, et, de mon autre main, je parai les coups qu'elle cherchait à me donner, me faisant en outre les plus laides grimaces imaginables. Après quarante minutes de combat, pendant lesquelles j'avais continué à envahir son organisme, ses yeux se fer-mèrent, et bientôt après elle était plongée dans un sommeil profond, dont elle ne sortit que lorsque je la démagnétisai. On avait pu la piquer impunément sans qu'elle donnât signe de sensation. Certes, ici il n'y avait ni influence de l'imagination ni effet d'imitation. On n'avait pas même prononcé le mot magné-tisme. Sommeil sur des animaux, lion, hyène, chien, chat, écureuil lézard, etc. J'ai fait des essais sur plusieurs animaux, et j'ai obtenu un plein succès. Le public de Paris se rappelle sans doute le chien que je présentai le 20 janvier 1843, dans une séance publique, salle Valentino. C'était un petit lévrier qui m'avait été donné depuis huit jours quinze cents personnes se trouvaient dans la salle, parmi lesquelles beaucoup d'incrédules et de malveillants. Dès les premières passes que je fis pour endormir le chien, ce fut une explosion générale de railleries et de sifflets. On appelait l'animal, on cherchait à détourner son attention et à empêcher l'effet de se produire. Je le tenais sur mes genoux d'une main je lui prenais une patte, et de l'autre je faisais des passes de la tête au milieu du corps. Après quelques minutes, le silence le plus profond régnait dans la salle on avait vu la tête du chien tomber de côté et s'endormir profondément. Je lui catalep-tisai les pattes, je le piquai, et le chien ne donne aucun signe de sensation. Je me levai et le jetai sur un fauteuil | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL 245 de personnes, parmi lesquelles se trouvait le prince de la Moskowa, j'essayai de magnétiser une femme idiote. Je lui pris les pouces mais bientôt elle retira ses mains et me donna des coups de poing. Je lui pris alors un seul pouce, et, de mon autre main, je parai les coups qu'elle cherchait à me donner, me faisant en outre les plus laides grimaces imaginables. Après quarante minutes de combat, pendant lesquelles j'avais continué à envahir son organisme, ses yeux se fer-mèrent, et bientôt après elle était plongée dans un sommeil profond, dont elle ne sortit que lorsque je la démagnétisai. On avait pu la piquer impunément sans qu'elle donnât signe de sensation. Certes, ici il n'y avait ni influence de l'imagination ni effet d'imitation. On n'avait pas même prononcé le mot magné-tisme. Sommeil sur des animaux, lion, hyène, chien, chat, écureuil lézard, etc. J'ai fait des essais sur plusieurs animaux, et j'ai obtenu un plein succès. Le public de Paris se rappelle sans doute le chien que je présentai le 20 janvier 1843, dans une séance publique, salle Valentino. C'était un petit lévrier qui m'avait été donné depuis huit jours quinze cents personnes se trouvaient dans la salle, parmi lesquelles beaucoup d'incrédules et de malveillants. Dès les premières passes que je fis pour endormir le chien, ce fut une explosion générale de railleries et de sifflets. On appelait l'animal, on cherchait à détourner son attention et à empêcher l'effet de se produire. Je le tenais sur mes genoux d'une main je lui prenais une patte, et de l'autre je faisais des passes de la tête au milieu du corps. Après quelques minutes, le silence le plus profond régnait dans la salle on avait vu la tête du chien tomber de côté et s'endormir profondément. Je lui catalep-tisai les pattes, je le piquai, et le chien ne donne aucun signe de sensation. Je me levai et le jetai sur un fauteuil | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL 245 de personnes, parmi lesquelles se trouvait le prince de la Moskowa, j'essayai de magnétiser une femme idiote. Je lui pris les pouces mais bientôt elle retira ses mains et me donna des coups de poing. Je lui pris alors un seul pouce, et, de mon autre main, je parai les coups qu'elle cherchait à me donner, me faisant en outre les plus laides grimaces imaginables. Après quarante minutes de combat, pendant lesquelles j'avais continué à envahir son organisme, ses yeux se fer-mèrent, et bientôt après elle était plongée dans un sommeil profond, dont elle ne sortit que lorsque je la démagnétisai. On avait pu la piquer impunément sans qu'elle donnât signe de sensation. Certes, ici il n'y avait ni influence de l'imagination ni effet d'imitation. On n'avait pas même prononcé le mot magné-tisme. Sommeil sur des animaux, lion, hyène, chien, chat, écureuil lézard, etc. J'ai fait des essais sur plusieurs animaux, et j'ai obtenu un plein succès. Le public de Paris se rappelle sans doute le chien que je présentai le 20 janvier 1843, dans une séance publique, salle Valentino. C'était un petit lévrier qui m'avait été donné depuis huit jours quinze cents personnes se trouvaient dans la salle, parmi lesquelles beaucoup d'incrédules et de malveillants. Dès les premières passes que je fis pour endormir le chien, ce fut une explosion générale de railleries et de sifflets. On appelait l'animal, on cherchait à détourner son attention et à empêcher l'effet de se produire. Je le tenais sur mes genoux d'une main je lui prenais une patte, et de l'autre je faisais des passes de la tête au milieu du corps. Après quelques minutes, le silence le plus profond régnait dans la salle on avait vu la tête du chien tomber de côté et s'endormir profondément. Je lui catalep-tisai les pattes, je le piquai, et le chien ne donne aucun signe de sensation. Je me levai et le jetai sur un fauteuil | 3 | 0.001572 | 0.00813 |
891.txt | 1,858 | CE QU'ON PEUT VOIR DA.N-S UNE RUE. 203 - Eh bien ! ajouta-t-elle en lui tendant la main, je vous en félicite voilà un événement heureux. Moins prévenu, moins rempli de ses propres impressions, Ludovic eût été frappé de l'air calme et froid dont la jeune fille dit ces mots il eût remarqué également la'préoccupation qui paraissait la dominer. - N'est-ce pas, Marguerite? dit-il, et n'avais-je pas raison de vous promettre une surprise? Comme un jour change les choses 1 Hier, nous en étions à un vague espoir rien de sûr rien de positif. Aujourd'hui, quelle différence Nous voyons le but, il est là 'encore un effort et .nous y touchons. Ce n'est plus la misère que j'ai à vous offrir, c'est une position sé-rieuse, presque la fortune. Au lieu de s'associer à cet élan et de se plaire dans. ses -perspectives, la jeune fille était plus distraite que jamais. L'oeil attaché sur la porte, elle n'accordait aux discours de Ludovic qu'une attention au moins partagée. La chose alla si loin que celui-ci s'en aperçut - Mais qu'avez-vous donc, Marguerite? lui dit-il avec douceur. - Moi? rien, répondit-elle avec un peu de brusquerie et comme on le fait quand on est pris en faute. Que voulez-vous que j'aie? Ludovic l'examina mieux, et resta étonné en la voyant si différente d'elle-même. Jusque-là, aucun soupçon n'avait eu accès dans son esprit. Sincère comme il l'était, il n'eût pas mis en doute la sincérité d'autrui et encore moins celle de Marguerite, d'une enfant à qui le mensonge devait répugner, et qui apportait en toute chose la candeur et la simplicité de son âge. Aussi chassa-t-il d'abord les mauvaises'pensées. - Marguerite, lui dit-il, je vous ai dérangée, peut-être ? Maladroit que je suis 1 - Quelle idée ! - Mon Dieu 1 ne vous gênez pas pour moi faites comme si je n'étais pas là. Ne suis-je pas de la maison? - Sans doute, dit-elle. -Et cependant elle restait debout devant lui, comme si elle eût attendu plus encore. Ludovic comprit - Ah 1 je le vois, dit-il avec gaieté, il faut lever le siège. | CE QU'ON PEUT VOIR DA.N-S UNE RUE. 203 - Eh bien ! ajouta-t-elle en lui tendant la main, je vous en félicite voilà un événement heureux. Moins prévenu, moins rempli de ses propres impressions, Ludovic eût été frappé de l'air calme et froid dont la jeune fille dit ces mots il eût remarqué également la'préoccupation qui paraissait la dominer. - N'est-ce pas, Marguerite@? dit-il, et n'avais-je pas raison de vous promettre une surprise@? Comme un jour change les choses 1 Hier, nous en étions à un vague espoir rien de sûr rien de positif. Aujourd'hui, quelle différence@@ Nous voyons le but, il est là 'encore un effort et .nous y touchons. Ce n'est plus la misère que j'ai à vous offrir, c'est une position sé-rieuse, presque la fortune. Au lieu de s'associer à cet élan et de se plaire dans. ses -perspectives, la jeune fille était plus distraite que jamais. L'oeil attaché sur la porte, elle n'accordait aux discours de Ludovic qu'une attention au moins partagée. La chose alla si loin que celui-ci s'en aperçut - Mais qu'avez-vous donc, Marguerite@? lui dit-il avec douceur. - Moi@? rien, répondit-elle avec un peu de brusquerie et comme on le fait quand on est pris en faute. Que voulez-vous que j'aie@? Ludovic l'examina mieux, et resta étonné en la voyant si différente d'elle-même. Jusque-là, aucun soupçon n'avait eu accès dans son esprit. Sincère comme il l'était, il n'eût pas mis en doute la sincérité d'autrui et encore moins celle de Marguerite, d'une enfant à qui le mensonge devait répugner, et qui apportait en toute chose la candeur et la simplicité de son âge. Aussi chassa-t-il d'abord les mauvaises'pensées. - Marguerite, lui dit-il, je vous ai dérangée, peut-être ? Maladroit que je suis 1 - Quelle idée ! - Mon Dieu 1 ne vous gênez pas pour moi faites comme si je n'étais pas là. Ne suis-je pas de la maison@? - Sans doute, dit-elle. -Et cependant elle restait debout devant lui, comme si elle eût attendu plus encore. Ludovic comprit - Ah 1 je le vois, dit-il avec gaieté, il faut lever le siège. | CE QU'ON PEUT VOIR DA@N@S UNE RUE. 203 -@Eh bien ! ajouta-t-elle en lui tendant la main, je vous en félicite voilà un événement heureux. Moins prévenu, moins rempli de ses propres impressions, Ludovic eût été frappé de l'air calme et froid dont la jeune fille dit ces mots il eût remarqué également la préoccupation qui paraissait la dominer. -@N'est ce pas, Marguerite ? dit-il, et n'avais-je pas raison de vous promettre une surprise ? Comme un jour change les choses ! Hier, nous en étions à un vague espoir rien de sûr rien de positif. Aujourd'hui, quelle différence ! Nous voyons le but, il est là @encore un effort et @nous y touchons. Ce n'est plus la misère que j'ai à vous offrir, c'est une position sé-rieuse, presque la fortune. Au lieu de s'associer à cet élan et de se plaire dans@ ses @perspectives, la jeune fille était plus distraite que jamais. L'oeil attaché sur la porte, elle n'accordait aux discours de Ludovic qu'une attention au moins partagée. La chose alla si loin que celui-ci s'en aperçut -@Mais qu'avez-vous donc, Marguerite ? lui dit-il avec douceur. -@Moi ? rien, répondit-elle avec un peu de brusquerie et comme on le fait quand on est pris en faute. Que voulez-vous que j'aie ? Ludovic l'examina mieux, et resta étonné en la voyant si différente d'elle-même. Jusque-là, aucun soupçon n'avait eu accès dans son esprit. Sincère comme il l'était, il n'eût pas mis en doute la sincérité d'autrui et encore moins celle de Marguerite, d'une enfant à qui le mensonge devait répugner, et qui apportait en toute chose la candeur et la simplicité de son âge. Aussi chassa-t-il d'abord les mauvaises pensées. -@Marguerite, lui dit-il, je vous ai dérangée, peut-être ? Maladroit que je suis ! -@Quelle idée ! -@Mon Dieu ! ne vous gênez pas pour moi faites comme si je n'étais pas là. Ne suis-je pas de la maison ? -@Sans doute, dit-elle. @Et cependant elle restait debout devant lui, comme si elle eût attendu plus encore. Ludovic comprit -@Ah ! je le vois, dit-il avec gaieté, il faut lever le siége. | CE QU'ON PEUT VOIR DA@N@S UNE RUE. 203 -@Eh bien ! ajouta-t-elle en lui tendant la main, je vous en félicite voilà un événement heureux. Moins prévenu, moins rempli de ses propres impressions, Ludovic eût été frappé de l'air calme et froid dont la jeune fille dit ces mots il eût remarqué également la préoccupation qui paraissait la dominer. -@N'est ce pas, Marguerite ? dit-il, et n'avais-je pas raison de vous promettre une surprise ? Comme un jour change les choses ! Hier, nous en étions à un vague espoir rien de sûr rien de positif. Aujourd'hui, quelle différence ! Nous voyons le but, il est là @encore un effort et @nous y touchons. Ce n'est plus la misère que j'ai à vous offrir, c'est une position sé-rieuse, presque la fortune. Au lieu de s'associer à cet élan et de se plaire dans@ ses @perspectives, la jeune fille était plus distraite que jamais. L'oeil attaché sur la porte, elle n'accordait aux discours de Ludovic qu'une attention au moins partagée. La chose alla si loin que celui-ci s'en aperçut -@Mais qu'avez-vous donc, Marguerite ? lui dit-il avec douceur. -@Moi ? rien, répondit-elle avec un peu de brusquerie et comme on le fait quand on est pris en faute. Que voulez-vous que j'aie ? Ludovic l'examina mieux, et resta étonné en la voyant si différente d'elle-même. Jusque-là, aucun soupçon n'avait eu accès dans son esprit. Sincère comme il l'était, il n'eût pas mis en doute la sincérité d'autrui et encore moins celle de Marguerite, d'une enfant à qui le mensonge devait répugner, et qui apportait en toute chose la candeur et la simplicité de son âge. Aussi chassa-t-il d'abord les mauvaises pensées. -@Marguerite, lui dit-il, je vous ai dérangée, peut-être ? Maladroit que je suis ! -@Quelle idée ! -@Mon Dieu ! ne vous gênez pas pour moi faites comme si je n'étais pas là. Ne suis-je pas de la maison ? -@Sans doute, dit-elle. @Et cependant elle restait debout devant lui, comme si elle eût attendu plus encore. Ludovic comprit -@Ah ! je le vois, dit-il avec gaieté, il faut lever le siége. | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 203 -Eh bien ! ajouta-t-elle en lui tendant la main, je vous en félicite voilà un événement heureux. Moins prévenu, moins rempli de ses propres impressions, Ludovic eût été frappé de l'air calme et froid dont la jeune fille dit ces mots il eût remarqué également la préoccupation qui paraissait la dominer. -N'est ce pas, Marguerite ? dit-il, et n'avais-je pas raison de vous promettre une surprise ? Comme un jour change les choses ! Hier, nous en étions à un vague espoir rien de sûr rien de positif. Aujourd'hui, quelle différence ! Nous voyons le but, il est là encore un effort et nous y touchons. Ce n'est plus la misère que j'ai à vous offrir, c'est une position sé-rieuse, presque la fortune. Au lieu de s'associer à cet élan et de se plaire dans ses perspectives, la jeune fille était plus distraite que jamais. L'oeil attaché sur la porte, elle n'accordait aux discours de Ludovic qu'une attention au moins partagée. La chose alla si loin que celui-ci s'en aperçut -Mais qu'avez-vous donc, Marguerite ? lui dit-il avec douceur. -Moi ? rien, répondit-elle avec un peu de brusquerie et comme on le fait quand on est pris en faute. Que voulez-vous que j'aie ? Ludovic l'examina mieux, et resta étonné en la voyant si différente d'elle-même. Jusque-là, aucun soupçon n'avait eu accès dans son esprit. Sincère comme il l'était, il n'eût pas mis en doute la sincérité d'autrui et encore moins celle de Marguerite, d'une enfant à qui le mensonge devait répugner, et qui apportait en toute chose la candeur et la simplicité de son âge. Aussi chassa-t-il d'abord les mauvaises pensées. -Marguerite, lui dit-il, je vous ai dérangée, peut-être ? Maladroit que je suis ! -Quelle idée ! -Mon Dieu ! ne vous gênez pas pour moi faites comme si je n'étais pas là. Ne suis-je pas de la maison ? -Sans doute, dit-elle. Et cependant elle restait debout devant lui, comme si elle eût attendu plus encore. Ludovic comprit -Ah ! je le vois, dit-il avec gaieté, il faut lever le siége. | 32 | 0.01596 | 0.068182 |
885.txt | 1,858 | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 197 fléchi et capable il se piqua d'honneur et se promit de ne rien négliger pour rendre ces qualités évidentes, et ménager à son patron un de ces succès qui font époque dans une étude. Si obscur que fût son rôle, si petite que dût être sa part, il espérait se créer ainsi un titre à une confiance plus étendue. Que de fortunes, parmi les praticiens, ont eu de pareils commencements et conduit, de degré en degré, au sommet d'une carrière! C'est déjà beaucoup pour un jeune homme que .de songer à agrandir la sphère dans laquelle le destin l'a jeté, et de porter ses yeux plus haut et plus loin que le travail d'un noviciat 1 Les véritables vocations se re-connaissent à ces signes. Ludovic s'absorba donc tout entier dans l'étude de son dossier. Au milieu de tant de causes dont il était chargé, l'a-vocat célèbre avait probablement oublié celle-là peut-être l'estimait-il mauvaise et perdue sans retour. Comment voir autrement, à moins de se condamner soi-même? Un avocat n'est pas un père pour s'attacher à un enfant mal venu. Il y avait donc une première prévention à vaincre, et, avant de gagner le procès devant la cour, il fallait la gagner devant le défenseur. C'est à quoi Ludovic s'attacha d'abord. Il demanda conférence sur conférence, multiplia les notes, puisa dans l'arsenal des arrêts pour en tirer ceux qui lui étaient favo-rables et en former le faisceau le plus imposant qu'on eût ja-mais vu de mémoire de procureur,, exposa les points de droit et les points de fait de manière à aider l'esprit le plus négligent et la mémoire la plus paresseuse, classa les moyens 1 de défense dans l'ordre de leur importance, les moyens prin-cipaux, puis les moyens secondaires, enfin les moyens de détail qui sont l'assaisonnement obligé d'une affaire et tien-nent le juge en haleine, en même temps qu'ils reposent l'es-prit de l'avocat, enfin couronna son oeuvre par un mémoire succinct, fortement motivé, mélange d'art et de science qui eût fait honneur à un jurisconsulte vieilli sous le harnais, et auquel les noms les plus honorés du barreau donnèrent une adhésion sans réserve et accompagnée des témoignages les plus flatteurs. Voilà où en étaient les choses après deux mois de travail. Bon gré, mal gré, le défenseur accrédité en était arrivé à une | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 197 fléchi et capable il se piqua d'honneur et se promit de ne rien négliger pour rendre ces qualités évidentes, et ménager à son patron un de ces succès qui font époque dans une étude. Si obscur que fût son rôle, si petite que dût être sa part, il espérait se créer ainsi un titre à une confiance plus étendue. Que de fortunes, parmi les praticiens, ont eu de pareils commencements et conduit, de degré en degré, au sommet d'une carrière@! C'est déjà beaucoup pour un jeune homme que .de songer à agrandir la sphère dans laquelle le destin l'a jeté, et de porter ses yeux plus haut et plus loin que le travail d'un noviciat 1 Les véritables vocations se re-connaissent à ces signes. Ludovic s'absorba donc tout entier dans l'étude de son dossier. Au milieu de tant de causes dont il était chargé, l'a-vocat célèbre avait probablement oublié celle-là peut-être l'estimait-il mauvaise et perdue sans retour. Comment voir autrement, à moins de se condamner soi-même@? Un avocat n'est pas un père pour s'attacher à un enfant mal venu. Il y avait donc une première prévention à vaincre, et, avant de gagner le procès devant la cour, il fallait la gagner devant le défenseur. C'est à quoi Ludovic s'attacha d'abord. Il demanda conférence sur conférence, multiplia les notes, puisa dans l'arsenal des arrêts pour en tirer ceux qui lui étaient favo-rables et en former le faisceau le plus imposant qu'on eût ja-mais vu de mémoire de procureur,, exposa les points de droit et les points de fait de manière à aider l'esprit le plus négligent et la mémoire la plus paresseuse, classa les moyens 1 de défense dans l'ordre de leur importance, les moyens prin-cipaux, puis les moyens secondaires, enfin les moyens de détail qui sont l'assaisonnement obligé d'une affaire et tien-nent le juge en haleine, en même temps qu'ils reposent l'es-prit de l'avocat, enfin couronna son oeuvre par un mémoire succinct, fortement motivé, mélange d'art et de science qui eût fait honneur à un jurisconsulte vieilli sous le harnais, et auquel les noms les plus honorés du barreau donnèrent une adhésion sans réserve et accompagnée des témoignages les plus flatteurs. Voilà où en étaient les choses après deux mois de travail. Bon gré, mal gré, le défenseur accrédité en était arrivé à une | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 197 fléchi et capable il se piqua d'honneur et se promit de ne rien négliger pour rendre ces qualités évidentes, et ménager à son patron un de ces succès qui font époque dans une étude. Si obscur que fût son rôle, si petite que dût être sa part, il espérait se créer ainsi un titre à une confiance plus étendue. Que de fortunes, parmi les praticiens, ont eu de pareils commencements et conduit, de degré en degré, au sommet d'une carrière ! C'est déjà beaucoup pour un jeune homme que @de songer à agrandir la sphère dans laquelle le destin l'a jeté, et de porter ses yeux plus haut et plus loin que le travail d'un noviciat ! Les véritables vocations se re-connaissent à ces signes. Ludovic s'absorba donc tout entier dans l'étude de son dossier. Au milieu de tant de causes dont il était chargé, l'a-vocat célèbre avait probablement oublié celle-là peut-être l'estimait-il mauvaise et perdue sans retour. Comment voir autrement, à moins de se condamner soi-même ? Un avocat n'est pas un père pour s'attacher à un enfant mal venu. Il y avait donc une première prévention à vaincre, et, avant de gagner le procès devant la cour, il fallait la gagner devant le défenseur. C'est à quoi Ludovic s'attacha d'abord. Il demanda conférence sur conférence, multiplia les notes, puisa dans l'arsenal des arrêts pour en tirer ceux qui lui étaient favo-rables et en former le faisceau le plus imposant qu'on eût ja-mais vu de mémoire de procureur@, exposa les points de droit et les points de fait de manière à aider l'esprit le plus négligent et la mémoire la plus paresseuse, classa les moyens @@de défense dans l'ordre de leur importance, les moyens prin-cipaux, puis les moyens secondaires, enfin les moyens de détail qui sont l'assaisonnement obligé d'une affaire et tien-nent le juge en haleine, en même temps qu'ils reposent l'es-prit de l'avocat, enfin couronna son oeuvre par un mémoire succinct, fortement motive, mélange d'art et de science qui eût fait honneur à un jurisconsulte vieilli sous le harnais, et auquel les noms les plus honorés du barreau donnèrent une adhésion sans réserve et accompagnée des témoignages les plus flatteurs. Voilà où en étaient les choses après deux mois de travail. Bon gré, mal gré, le défenseur accrédité en était arrivé à une | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 197 fléchi et capable il se piqua d'honneur et se promit de ne rien négliger pour rendre ces qualités évidentes, et ménager à son patron un de ces succès qui font époque dans une étude. Si obscur que fût son rôle, si petite que dût être sa part, il espérait se créer ainsi un titre à une confiance plus étendue. Que de fortunes, parmi les praticiens, ont eu de pareils commencements et conduit, de degré en degré, au sommet d'une carrière ! C'est déjà beaucoup pour un jeune homme que @de songer à agrandir la sphère dans laquelle le destin l'a jeté, et de porter ses yeux plus haut et plus loin que le travail d'un noviciat ! Les véritables vocations se re-connaissent à ces signes. Ludovic s'absorba donc tout entier dans l'étude de son dossier. Au milieu de tant de causes dont il était chargé, l'a-vocat célèbre avait probablement oublié celle-là peut-être l'estimait-il mauvaise et perdue sans retour. Comment voir autrement, à moins de se condamner soi-même ? Un avocat n'est pas un père pour s'attacher à un enfant mal venu. Il y avait donc une première prévention à vaincre, et, avant de gagner le procès devant la cour, il fallait la gagner devant le défenseur. C'est à quoi Ludovic s'attacha d'abord. Il demanda conférence sur conférence, multiplia les notes, puisa dans l'arsenal des arrêts pour en tirer ceux qui lui étaient favo-rables et en former le faisceau le plus imposant qu'on eût ja-mais vu de mémoire de procureur@, exposa les points de droit et les points de fait de manière à aider l'esprit le plus négligent et la mémoire la plus paresseuse, classa les moyens @@de défense dans l'ordre de leur importance, les moyens prin-cipaux, puis les moyens secondaires, enfin les moyens de détail qui sont l'assaisonnement obligé d'une affaire et tien-nent le juge en haleine, en même temps qu'ils reposent l'es-prit de l'avocat, enfin couronna son oeuvre par un mémoire succinct, fortement motive, mélange d'art et de science qui eût fait honneur à un jurisconsulte vieilli sous le harnais, et auquel les noms les plus honorés du barreau donnèrent une adhésion sans réserve et accompagnée des témoignages les plus flatteurs. Voilà où en étaient les choses après deux mois de travail. Bon gré, mal gré, le défenseur accrédité en était arrivé à une | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 197 fléchi et capable il se piqua d'honneur et se promit de ne rien négliger pour rendre ces qualités évidentes, et ménager à son patron un de ces succès qui font époque dans une étude. Si obscur que fût son rôle, si petite que dût être sa part, il espérait se créer ainsi un titre à une confiance plus étendue. Que de fortunes, parmi les praticiens, ont eu de pareils commencements et conduit, de degré en degré, au sommet d'une carrière ! C'est déjà beaucoup pour un jeune homme que de songer à agrandir la sphère dans laquelle le destin l'a jeté, et de porter ses yeux plus haut et plus loin que le travail d'un noviciat ! Les véritables vocations se re-connaissent à ces signes. Ludovic s'absorba donc tout entier dans l'étude de son dossier. Au milieu de tant de causes dont il était chargé, l'a-vocat célèbre avait probablement oublié celle-là peut-être l'estimait-il mauvaise et perdue sans retour. Comment voir autrement, à moins de se condamner soi-même ? Un avocat n'est pas un père pour s'attacher à un enfant mal venu. Il y avait donc une première prévention à vaincre, et, avant de gagner le procès devant la cour, il fallait la gagner devant le défenseur. C'est à quoi Ludovic s'attacha d'abord. Il demanda conférence sur conférence, multiplia les notes, puisa dans l'arsenal des arrêts pour en tirer ceux qui lui étaient favo-rables et en former le faisceau le plus imposant qu'on eût ja-mais vu de mémoire de procureur, exposa les points de droit et les points de fait de manière à aider l'esprit le plus négligent et la mémoire la plus paresseuse, classa les moyens de défense dans l'ordre de leur importance, les moyens prin-cipaux, puis les moyens secondaires, enfin les moyens de détail qui sont l'assaisonnement obligé d'une affaire et tien-nent le juge en haleine, en même temps qu'ils reposent l'es-prit de l'avocat, enfin couronna son oeuvre par un mémoire succinct, fortement motive, mélange d'art et de science qui eût fait honneur à un jurisconsulte vieilli sous le harnais, et auquel les noms les plus honorés du barreau donnèrent une adhésion sans réserve et accompagnée des témoignages les plus flatteurs. Voilà où en étaient les choses après deux mois de travail. Bon gré, mal gré, le défenseur accrédité en était arrivé à une | 8 | 0.003493 | 0.016092 |
852.txt | 1,858 | OE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 159 vrai de dire qu'à sa protestation contre les gloses de Tribo-nien, il avait joint d'autres commerces fort appréciés de ses familiers. En politique, il avait une opinion, au plutôt il en avait eu plusieurs. Les diftl ultés des temps ne permettent plus d'en avoir une seule il faut du rechange sous peine de rester déclassé. Melchior y apportait un esprit libre et une variété de langage qui le mettaient à la hauteur des besoins nouveaux. Seulement, pour rester conforme à lui-même, il Adoptait, en fait d'opinions, les plus nettes et les plus colo-rées. Point de moyen terme, point de transaction. Le jour où il se prononça contre la propriété v comme trop manifeste-ment empruntée au droit romain, il taxa de voleurs tous ceux qui avaient l'infamie de posséder quelque chose le jour où il se déclara contre les formes parlementaires, comme une Institution de rebut, il traita de gredins, sans acception de personnes, tous ceux qui avaient eu le malheur de croire à ce régime et d'y tremper à quelque degré que ce fût. Voilà Melehior un garçon tout d'une pièce, et incapable de ména-gements. Qu'on y ajoute une barbe assortie, des épaules à l'avenant, des poumons à l'épreuve, que n'altéraient ni les flots de bière ni l'atmosphère d'un estaminet, et l'on pourra se faire une idée de son influence sur les étudiants libres et de son empire sur les garçons de café. Ce n'est pas tout à ses opinions en politique, Melchior en joignait d'autres au sujet des lettres .et des arts. Il tran-chait de l'homme complet. Rien de plus curieux que. de l'entendre parler des illustrations contemporaines peu de noms trouvaient grâce auprès de lui, et il leur faisait litière des autres. Comme il avait traité les propriétaires de voleurs et les parlementaires de gredins, il traitait de crétins les lit-térateurs réguliers. C'était son vocabulaire, et les tabagies y applaudissaient elles ne sont pas difficiles sur le choix des mots. On passait d'ailleurs bien des choses à Melchior, en raison de son aplomb et de la beauté de sa barbe. Il était de cette école à tous crins qui va droit aux excès, et met Fart au régime des tours de force. Pour lui le génie consistait uniquement en ceci se défier du naturel comme d'un piège, et traiter la langue comme un patient sur le chevalet. Quand on ne lui servait pas des images à l'éblouir, il criait à la pla-titude. Il voulait de la lumière et de la couleur des épi- | OE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 159 vrai de dire qu'à sa protestation contre les gloses de Tribo-nien, il avait joint d'autres commerces fort appréciés de ses familiers. En politique, il avait une opinion, au plutôt il en avait eu plusieurs. Les diftl ultés des temps ne permettent plus d'en avoir une seule il faut du rechange sous peine de rester déclassé. Melchior y apportait un esprit libre et une variété de langage qui le mettaient à la hauteur des besoins nouveaux. Seulement, pour rester conforme à lui-même, il Adoptait, en fait d'opinions, les plus nettes et les plus colo-rées. Point de moyen terme, point de transaction. Le jour où il se prononça contre la propriété v comme trop manifeste-ment empruntée au droit romain, il taxa de voleurs tous ceux qui avaient l'infamie de posséder quelque chose le jour où il se déclara contre les formes parlementaires, comme une Institution de rebut, il traita de gredins, sans acception de personnes, tous ceux qui avaient eu le malheur de croire à ce régime et d'y tremper à quelque degré que ce fût. Voilà Melehior un garçon tout d'une pièce, et incapable de ména-gements. Qu'on y ajoute une barbe assortie, des épaules à l'avenant, des poumons à l'épreuve, que n'altéraient ni les flots de bière ni l'atmosphère d'un estaminet, et l'on pourra se faire une idée de son influence sur les étudiants libres et de son empire sur les garçons de café. Ce n'est pas tout à ses opinions en politique, Melchior en joignait d'autres au sujet des lettres .et des arts. Il tran-chait de l'homme complet. Rien de plus curieux que. de l'entendre parler des illustrations contemporaines peu de noms trouvaient grâce auprès de lui, et il leur faisait litière des autres. Comme il avait traité les propriétaires de voleurs et les parlementaires de gredins, il traitait de crétins les lit-térateurs réguliers. C'était son vocabulaire, et les tabagies y applaudissaient elles ne sont pas difficiles sur le choix des mots. On passait d'ailleurs bien des choses à Melchior, en raison de son aplomb et de la beauté de sa barbe. Il était de cette école à tous crins qui va droit aux excès, et met @Fart au régime des tours de force. Pour lui le génie consistait uniquement en ceci se défier du naturel comme d'un piège, et traiter la langue comme un patient sur le chevalet. Quand on ne lui servait pas des images à l'éblouir, il criait à la pla-titude. Il voulait de la lumière et de la couleur@ des épi- | ## QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 159 vrai de dire qu'à sa protestation contre les gloses de Tribo-nien, il avait joint d'autres commerces fort appréciés de ses familiers. En politique, il avait une opinion, ou plutôt il en avait eu plusieurs. Les diffi ultés des temps ne permettent plus d'en avoir une seule il faut du rechange sous peine de rester déclassé. Melchior y apportait un esprit libre et une variété de langage qui le mettaient à la hauteur des besoins nouveaux. Seulement, pour rester conforme à lui-même, il adoptait, en fait d'opinions, les plus nettes et les plus colo-rées. Point de moyen terme, point de transaction. Le jour où il se prononça contre la propriété@, comme trop manifeste-ment empruntée au droit romain, il taxa de voleurs tous ceux qui avaient l'infamie de posséder quelque chose le jour où il se déclara contre les formes parlementaires, comme une institution de rebut, il traita de gredins, sans acception de personnes, tous ceux qui avaient eu le malheur de croire à ce régime et d'y tremper à quelque degré que ce fût. Voilà Melchior un garçon tout d'une pièce, et incapable de ména-gements. Qu'on y ajoute une barbe assortie, des épaules à l'avenant, des poumons à l'épreuve, que n'altéraient ni les flots de bière ni l'atmosphère d'un estaminet, et l'on pourra se faire une idée de son influence sur les étudiants libres et de son empire sur les garçons de café. Ce n'est pas tout à ses opinions en politique, Melchior en joignait d'autres au sujet des lettres @et des arts. Il tran-chait de l'homme complet. Rien de plus curieux que@ de l'entendre parler des illustrations contemporaines peu de noms trouvaient grâce auprès de lui, et il leur faisait litière des autres. Comme il avait traité les propriétaires de voleurs et les parlementaires de gredins, il traitait de crétins les lit-térateurs réguliers. C'était son vocabulaire, et les tabagies y applaudissaient elles ne sont pas difficiles sur le choix des mots. On passait d'ailleurs bien des choses à Melchior, en raison de son aplomb et de la beauté de sa barbe. Il était de cette école à tous crins qui va droit aux excès, et met l'art au régime des tours de force. Pour lui le génie consistait uniquement en ceci se défier du naturel comme d'un piége, et traiter la langue comme un patient sur le chevalet. Quand on ne lui servait pas des images à l'éblouir, il criait à la pla-titude. Il voulait de la lumière et de la couleur, des épi- | OE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 159 vrai de dire qu'à sa protestation contre les gloses de Tribo-nien, il avait joint d'autres commerces fort appréciés de ses familiers. En politique, il avait une opinion, ou plutôt il en avait eu plusieurs. Les diffi ultés des temps ne permettent plus d'en avoir une seule il faut du rechange sous peine de rester déclassé. Melchior y apportait un esprit libre et une variété de langage qui le mettaient à la hauteur des besoins nouveaux. Seulement, pour rester conforme à lui-même, il adoptait, en fait d'opinions, les plus nettes et les plus colo-rées. Point de moyen terme, point de transaction. Le jour où il se prononça contre la propriété@, comme trop manifeste-ment empruntée au droit romain, il taxa de voleurs tous ceux qui avaient l'infamie de posséder quelque chose le jour où il se déclara contre les formes parlementaires, comme une institution de rebut, il traita de gredins, sans acception de personnes, tous ceux qui avaient eu le malheur de croire à ce régime et d'y tremper à quelque degré que ce fût. Voilà Melchior un garçon tout d'une pièce, et incapable de ména-gements. Qu'on y ajoute une barbe assortie, des épaules à l'avenant, des poumons à l'épreuve, que n'altéraient ni les flots de bière ni l'atmosphère d'un estaminet, et l'on pourra se faire une idée de son influence sur les étudiants libres et de son empire sur les garçons de café. Ce n'est pas tout à ses opinions en politique, Melchior en joignait d'autres au sujet des lettres @et des arts. Il tran-chait de l'homme complet. Rien de plus curieux que@ de l'entendre parler des illustrations contemporaines peu de noms trouvaient grâce auprès de lui, et il leur faisait litière des autres. Comme il avait traité les propriétaires de voleurs et les parlementaires de gredins, il traitait de crétins les lit-térateurs réguliers. C'était son vocabulaire, et les tabagies y applaudissaient elles ne sont pas difficiles sur le choix des mots. On passait d'ailleurs bien des choses à Melchior, en raison de son aplomb et de la beauté de sa barbe. Il était de cette école à tous crins qui va droit aux excès, et met l'art au régime des tours de force. Pour lui le génie consistait uniquement en ceci se défier du naturel comme d'un piége, et traiter la langue comme un patient sur le chevalet. Quand on ne lui servait pas des images à l'éblouir, il criait à la pla-titude. Il voulait de la lumière et de la couleur, des épi- | OE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 159 vrai de dire qu'à sa protestation contre les gloses de Tribo-nien, il avait joint d'autres commerces fort appréciés de ses familiers. En politique, il avait une opinion, ou plutôt il en avait eu plusieurs. Les diffi ultés des temps ne permettent plus d'en avoir une seule il faut du rechange sous peine de rester déclassé. Melchior y apportait un esprit libre et une variété de langage qui le mettaient à la hauteur des besoins nouveaux. Seulement, pour rester conforme à lui-même, il adoptait, en fait d'opinions, les plus nettes et les plus colo-rées. Point de moyen terme, point de transaction. Le jour où il se prononça contre la propriété, comme trop manifeste-ment empruntée au droit romain, il taxa de voleurs tous ceux qui avaient l'infamie de posséder quelque chose le jour où il se déclara contre les formes parlementaires, comme une institution de rebut, il traita de gredins, sans acception de personnes, tous ceux qui avaient eu le malheur de croire à ce régime et d'y tremper à quelque degré que ce fût. Voilà Melchior un garçon tout d'une pièce, et incapable de ména-gements. Qu'on y ajoute une barbe assortie, des épaules à l'avenant, des poumons à l'épreuve, que n'altéraient ni les flots de bière ni l'atmosphère d'un estaminet, et l'on pourra se faire une idée de son influence sur les étudiants libres et de son empire sur les garçons de café. Ce n'est pas tout à ses opinions en politique, Melchior en joignait d'autres au sujet des lettres et des arts. Il tran-chait de l'homme complet. Rien de plus curieux que de l'entendre parler des illustrations contemporaines peu de noms trouvaient grâce auprès de lui, et il leur faisait litière des autres. Comme il avait traité les propriétaires de voleurs et les parlementaires de gredins, il traitait de crétins les lit-térateurs réguliers. C'était son vocabulaire, et les tabagies y applaudissaient elles ne sont pas difficiles sur le choix des mots. On passait d'ailleurs bien des choses à Melchior, en raison de son aplomb et de la beauté de sa barbe. Il était de cette école à tous crins qui va droit aux excès, et met l'art au régime des tours de force. Pour lui le génie consistait uniquement en ceci se défier du naturel comme d'un piége, et traiter la langue comme un patient sur le chevalet. Quand on ne lui servait pas des images à l'éblouir, il criait à la pla-titude. Il voulait de la lumière et de la couleur, des épi- | 14 | 0.005749 | 0.031712 |
12.txt | 1,860 | LE VOYAGE DE MONSIEUR PERRICHON ACTE PREMIER Une gare. Chemin de fer de Lyon, à Paris. - Au fond, barrière ouvrant sur les salles d'attente. Au fond, à droite, guichet pour les billets. Au fond, à gauche, bancs. A droite, marchande de gâteaux à gauche, marchande de livres. SCÈNE PREMIÈRE MAJORIN, UN EMPLOYÉ DU CHEMIN DE FER, VOYAGEURS COMMISSIONNAIRES. MAJORIN, se promenant avec impatience. Ce Perrichon n'arrive pas ! Voilà une heure que je l'attends.. C'est pourtant bien aujourd'hui qu'il doit partir pour la Suisse avec sa femme et sa fille. Avec amertume. Des carrossiers qui vont en Suisse ! Des carrossiers qui ont quarante mille livres de rentes 1 Des carrossiers qui ont voiture ! Quel siècle ! Tandis que moi, je gagne deux mille quatre cents francs. un employé laborieux, intelligent, toujours courbé sur son bureau. Aujourd'hui, j'ai demandé un c. j'ai dit que j'étais de garde. Il faut absolument que je voie Perrichon avant son départ. je veux le prier de m'avancer 6 LE VOYAGE DE MONSIEUR PERRICHON mon trimestre. six cents francs! Il va prendre son air protecteur. faire l'important !. un carrossier ! ça fait pitié ! Il n'arrive toujours pas ! on dirait qu'il le fait exprès ! S'adressant à un facteur qui passe suivi de voyageurs. Monsieur. à quelle heure part le train direct pour Lyon ?. LE FACTEUR, brusquement. Demandez à l'employé, Il sort par la gauche. MAJORJN. Merci.-manant ! S'adressant à l'employé qui est près du guichet. Monsieur, à quelle heure part le train direct pour Lyon.? L'EMPLOYÉ, brusquement. Ça ne me regarde pas ! voyez l'affiche, Il désigne une affiche à la cantonade à gauche. MAJORIN. Merci. A part. Ils sont polis dans ces administrations Si ja-mais tu viens à mon bureau, toi !. Voyons l'affliche.. Il sort à gauche. SCÈNE II L'EMPLOYÉ, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. Ils entrent de la droite. PERRICHON . Par ici !. ne nous quittons pas! nous ne pourrions plus nous retrouver. Où sont nos bagages?. Regardant à droite à la canto-nade. Ah ! très-bien ! Qui est-ce qui a les parapluies ?. HENRIETTE. Moi, papa. PERRICHOX. Et le sac de nuit?. les manteaux?. Henriette, Perrichon, madame Perrichon. MADAME PERRICHON. Les voici ! PERRICHON. Et mon panama ?. Il est resté dans le fiacre ! Faisant un mouve-ment pour sortir et s'arrêtant. Ah ! non ! je l'ai à la main ! Dieu, que j'ai chaud ! MADAME PERRICHON. C'est ta faute !.tu nous presses, tu nous bouscules!. je n'aime pas à voyager comme ça ! PERRICHON. C'est le départ qui est laborieux. une fois que nous serons ca.. sés !. Restez là, je vais prendre les billets..-. Donnant son chapeau à Henriette. Tiens, garde-moi mon panama. Au guichet. Trois pre-mières pour Lyon ?. -L'EMPLOYÉ, brusquement. Ce n'est pas ouvert l Dans un quart d'heure ! PERRICHON, à l'employé. Ah ! pardon! c'est la première fois que je voyage. Revenant à sa femme. Nous sommes en avance. MADAME PERRICHON. Là ! quand je te disais que nous avions le temps. Tu ne nous as pas laissé déjeuner ! PERRICHON. U veut mieux être en avance !.on examine la gare! A Henriette. Eh bien ! petite fille, es-tu contente?. Nous voilà partis !. encore quelques minutes, et, rapides comme la flèche de Guillaume Tell, nous nous élancerons vers les Alpes ! A sa femme. Tu as pris la lorgnette ? -MADAME PERRICHON. Mais, oui ! HENRIETTE, à son père. Sans reproches, voilà au moins deux ans que tu nous promets ce voyage. PERRICHON. Ma fille, il fallait que j'eusse vendu mon fonds. Un commerçant ne se retire pas aussi facilement des affaires qu'une petite fille de son pensionnat. D'ailleurs, j'attendais que ton éducation fût ter-minée pour la compléter en faisant rayonner devant toi le grand spec-tacle de la nature ! MADAME PERRICHON. Ah çà ! est-ce que vous allez continuer comme ça?. PERRICHON. s Quoi ?. MADAME PERRICHON. Vous faites des phrases dans une gare ! PERRICHON. Je ne fais pas de phrases. j'élève les idées de l'enfant. Tirant do sa poche un petit carnet. Tiens, ma fille, voici un carnet que j'ai acheté pour toi. HENRIETTE. Pourquoi faire?. PERRICHON. Pour écrire d'un côté la dépense, et de l'autre les impressions. HENRIETTE. Quelles impressions ?. PERRICHON. Nos impressions de voyage ! Tu écriras, et moi je dicterai. f MADAME PERRICHON. Comment ! vous allez vous faire auteur à présent ? PERRICHON. Il ne s'agit pas de me faire auteur. mais il me semble qu'un homme du monde peut avoir des pensées et les recueillir sur un carnet ! MADAME PERRICHON. Ce sera bien joli ! PERRICHON, à part. Elle est comme ça, chaque fois qu'elle n'a pas pris son café ! UN FACTEUR, poussant un petit chariot chargé de bagages. -Moiiqieur, voicivos bagages. Voulez-vous les faire enregistrer?. PERRICHON. Certainement ! Mais avant, je vais les compter. parce que, quand •n sait son compte. Un, deux, trois, quatre, cinq, six., mafemme, sept, ma fille, huit, et moi, neuf. Nous sommes neuf. LE FACTEUR. Enlevez ! PERRICHON, courant vers le fond. Dépêchons-nous 1 LE FACTEUR. Pas par là, c'est par ici ! Il indique la gauche. PERRICHON. Ah ! très-bien S Aux femmes. Attendez-moi là !. ne nous per-dons pas ! Il sort en courant, suivant le facteur. SCÈNE III.-MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis DANIEL. HENRIETTE. Pauvre père 1 quelle peine il se donne ! MADAME PÉRRICHON. Il est comme un ahuri ! DANIEL, entrant suivi d'un commissionnaire qui porte sa malle. Je ne sais pas encore où je vais, attendez ! Apercevant Henriette. C'est elle je rie me suis pas trompé ! il salue Henriette qui lui rend son salut. MADAME PERRICHON, à sa fille. Quel est ce monsieur?. Heiriette, madame Perrichon, Daniel. ■ HENRIETTE. C'est un jeune homme qui m'a fait danser la semaine dernière au bal du huitième arrondissement. -MADAME PERRlCHON, vivement. Un danseur! Elle salue Daniel . DANIEL. - - Madame !. mademoiselle!. je bénis le hasard..,, Ces dames-vont partir?. - MADAME PERRICHON. Oui, monsieur! DANIEL, -Ces dames vont à Marseille, sans doute?. MADAME PERRICHON Non, monsieur. DANIEL. A Nice, peut-étre ?. MADAME PERRICHON. Non, monsieur ! DANIEL. Pardon, madame. je croyais. si mes services.. LE FACTEUR à Daniel. Bourgeois ! vous n'avez que le temps pour vos bagages. DANIEL. C'est juste! alI .ns! A part J'aurais voulu savoir où elles vont. avant de prendre mon billet. saluant Madame mademoiselle. A part. Elles partent, c'est le principal! Il sort par la gauche. SCÈNE IV MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis ARMAND. MADAME PERRICHON. Il est très-bien, ce jeune homme ! ARMAND, tenant un sac de nuit. Portez ma malle aux bagages. je vous rejoins ! Apercevant Hen-riette. C'est elle ! lis se saluent . MADAME PERRlCHON. Quel est ce monsieur?. HENRIETTE C'est encore un jeune homme qui m'a fait danser au bal du hui-tième arrondissement. MADAME PERRIGHON. Ah çà ! ils se sont donc tous donné rendez-vous ici?. n'importe, c'est un danseur! Saluant. Monsieur. ARMAND. Madame mademoiselle. je bénis le hasard. Ces dames vont partir? MADAME PERRICHON. Oui, monsieur. ARMAND. Ces dames vont à Marseille, sans doute?. MADAME pEimlcHON. Non, monsieur. ARMAND. A Nice, peut-être?. MADAME PERRICHON, à part. Tiens, comme l'autre ! Haut. Non monsieur ! ARMAND. Pardon, madame, je croyais. si mes services. MADAME PERRICHON, à part. Après ça ! ils sont du même arrondissement. ARMAND, à part. ie ne suis pas plus avancé. je vais faire enregistrer ma malle. je reviendrai! saluant. Madame. mademoiselle. Armand, madame Perrichon, Henriette. SCÈNE V MADAME PERRICHON, HENRIETTE, MAJORIN, puis PERRICHON. MADAME PERRICHON. 11 est très-bien, ce jeune homme!. Mais que fait ton père? les jambes me rentrent dans le corps! MAJORIN, entrant de la gauche. Je me suis trompé, ce train ne part que dans une heure t HENRIETTE. Tiens ! monsieur Majorin ! MAJORIN, à part. Enfin ! les voici MADAME PERRlCHON. Vous ! comment n'êtes-vous pas à votre bureau?. MAJORIN. J'ai demandé un congé, belle dame je ne voulais pas vous lais-ser partir sans vous faire mes adieux ! MADAME PERRICHON. i Comment ! c'est pouçjjeeil ïjue vous êtes venu! ah ! que c'est aimable ! MAJORIN. Mais je ne vois pas Perrichon ! HENRIETTE. Papa s'occupe des bagages. PERRICHON, entrant eu courant à lu cantonade. Les billets d'abord ! très-bien ! MAJORIN. Ah! le voici ! Bonjour cher ami ! Majorin, madame Perrichon, Henriette. Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Majorin. PERRICHON, très-pressé. Ah ! c'est toi ! tu es bien gentil d'être venu !. Pardon, il faut que je prenne mes billets ! Il le quitte. MAJORIN, à part. Il est poli ! PERRICHON, à l'employé au guichet. Monsieur, on ne veut pas enregistrer mes bagages avant que je n'aie pris mes billets? L'EMPLOYÉ. Ce n'est pas ouvert ! attendez ! PERRICHON, Attendez! et là-bas, ils m'ont dit Dépêchez-vous! s'essuyant le front. Je suis en nage MADAME PERRICHON. Et moi, je ne tiens plus sur mes jambes ! PERRICHON. -Eh bien, asseyez-vous! indiquant le fond à gauche. Voilà ds bancs. vous êtes bonnes de rester plantées là comme deux fac-tionnaires. MADAME PERRICHON. C'est toi-même qui nous as dit restez-la! tu n'en finis pas! tu es insupportable ! PERRICHON. Voyons, Caroline ! MADAME PERRICHON. Ton voyage! j'en ai déjà assez! PERRICHON. On voit bien que tu n'as pas pris ton café 1 Tiens, vas t'asseoir 1 MADAME PERRICHON. Oui ! mais dépêche-toi! Elle va s'asseoir avec Henriette. SCÈNE VI -PERRICHON, MAJORIN. MAJORIN, à part. Joli petit ménage ! PERRICHON, à Majorin. C'est-toujours comme ça quand elle n'a pas pris son café. -Ce bon Majorin ! c'est bien gentil à toi d'être venu ! MAJORIN. Oui, je voulais te parler d'une petite affaire. PERRICHON distrait. Et mes bagages qui sont. restés là-bas sur une table. Je suis inquiet ! Haut. Ce bon Majorin ! c'est bien gentil à toi d'être venu !. A part. Si j'y allais !. MAJORIN. J'ai un petit service à te demander. PERRICHON. A moi ?. MAJORIN. J'ai déménagé. et si tu voulais m'avancer un trimestre de mes appointements. six cents francs ! PERRICHON. Comment ici ?. MAJORIN. Je crois t'avoir toujours rendu exactement l'argen que tu m'as prêté. -. PERRICHON. Il ne s'agit pas de ça ! MAJORIN. Pardon! je tiens à le constater. Je touche mon dividende des paquebots le huit du mois prochain j'ai douze actions et si tu n'as pas confiance en moi, je te remettrai les titres en garantie. PERRICHON. Allons donc ! es-tu bête ! § MAJORIN, sèchement. Merci ! PERRICHON. Pourquoi diable aussi viens-tu me demander ça au moment où je pars ?. j'ai pris juste l'argent nécessaire à mon voyage. MAJORIN. Après ça, si ça te gêne. n'en parlons plus. Je m'adresserai à des usuriers qui me prendront cinq pour pour cent par an je n'en mourrai pas ! PERRICHON, tirant son porte-feuille. Voyons, ne te fâche pas !. tiens, les voilà tes six cents francs, mais n'en parle pas à ma femme. MAJORIN, prenant les billets. Je comprends ! elle est si avare ! PERRICHON. Comment! avare ?.. MAJORIN. -Je veux dire qu'elle a de l'ordre ! PERRICHON. Il faut ça, mon ami !.. il faut ça ! MAJORIN, sèchement. Allons ! c'est six cents francs que je te dois. adieu ! A-part. Que d'histoires ! pour six-cents francs !.. et ça va en Suisse!.. Carros-sier !.. H diparatt à droite. PERRICHON. Eh bien ! il part ! il ne m'a seulement pas dit merci ! mais au fond, je crois qu'il m'aime! Apercevant le guichet ouvert Ah ! sapristi ! on distribue les billets !.. H se précipite vers la balustrade et bouscule cinq à six personnes qui font la queue. UN VOYAGEUR. Faites donc attention, monsieur ! L'EMPLOYÉ, à Perrichon. Prenez votre tour, vous ! là-bas ! PERRICHON à part. Et mes bagages !.. et ma femme !.. Il se met à la uenc. SCÈNE VII LES MÊMES, LE COMMANDANT suivi de JOSEPH, qui porte sa valise. LE COMMANDANT. Tu m'entends bien ! JOSEPH. Oui, mon commandant. LE COMMANDANT. Et si elle demande où je suis?.. quand je reviendrai? tu répondras que tu n'en sais rien. Je ne veux plus entendre parler d'elle. JOSEPH. Oui, mon commandant. LE COMMANDANT. e Tu diras à Anita que tout est fini. bien fini. JOSEPH. Oui, mon commandant. PERRICHON. J'ai mes billets !.. vite ! à mes bagages ! Quel métier que d'aller à Lyon ! Il sort en courant. LE COMMANDANT. Tu m'as bien compris ? JOSEPH. Sauf votre respect, mon commandant, c'est bien inutile de partir. LE COMMANDANT. Pourquoi ?.. Le Commandant, Joseph. JOSEPH. Parce qu'à son retour, mon commandant reprendra mademoiselle Anita. LE COMMANDANT.. Oh! JOSEPH. Alors, autant vaudrait ne pas la quittef les raccommodements coûtent toujours quelque chose à mon commandant. LE COMMANDANT. Ah ! cette fois, c'est sérieux ! Anita s'est rendue indigne de mon affection et des bontés que j'ai pour elle. JOSEPH. On peut dire qu'elle vous ruine, mon commandant. Il est encore venu un huissier ce matin. et les huissiers, c'est comme les vers. quand ça commence à se mettre quelque part. LE COMMANDANT. -A mon retour, j'arrangerai toutes mes affaires. adieu ! JOSEPH. A ,à, mon commandant. LE COMMANDANT s'approche du guichet et revient. Ah! tu m'écriras à Genève, poste restante. tu me donneras des nouvelles de ta santé. JOSEPH, flatté. Mon commandant est bien bon ! LE COMMANDANT. Et puis, tu me diras si l'on a eu du chagrin en apprenant mon départ. si l'on a pleuré. JOSEPH. Qui ça, mon commandant ?.. LE COMMANDANT. Eh parbleu ! elle ! Anita ! JOSEPH. Vous la reprendrez, mon commandant ! Joseph, le Commandant. LE COMMANDANT. Jamais! JOSEPH. Ça fera la huitième fois. Ça me fait de la peine de voir un brave homme comme vous, harcelé par des créanciers. et pour qui? pour une. LE COMMANDANT. Allons, c'est bien ! donne-moi ma valise ? et écris-moi-à Genève.., demain ou ce soir ! bonj our ! JOSEPH. Bon voyage, mon commandant ! A part. Il sera revenu avant huit jours ! 0 les femmes ! et les hommes !.. Il sort. - Le commandant va prendre son billet et entre dans la salle d'attente. SCÈNE VIII MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis PERRICHON, UN FACTEUR. MADAME PERRICHON, se levant avec sa fille. Je suis lasse d'être assise ! PERRICHON, entrant en courant. Enfin! c'est fini! j'ai mon bulletin ! je suis enregistré ! -MADAME PERRICHON. Ce n'est pas malheureux ! LE FACTEUR, poussant son chariot vide, à Perrichon. Monsieur. n'oubliez pas le facteur, s'il vous plaît.. PERRICHON. Ah! oui.. Attendez. Se concertant avec sa femme et sa fille. Qu'est-ce qu'il faut lui donner à celui-là, dix sous ?. MADAME PERRICHON. Quinze. Henriette, Perrichon, madame Perrichon. HENRIETTE. Vingt. PERRICHON. Allons. va pour vingt sous! Les lui donnant Tenez, mon garçon. LE FACTEUR. Merci, monsieur ! il sort. MADAME PERRICHON. Entrons-nous? PERRICHON. Un instant. Henriette, prends ton carnet et écris. MADAME PERRICHON. Déjà! PERRICHON, dictant. Dépenses fiacre deux francs. chemin de fer, cent soixante-douze francs cinq centimes. facteur, un franc. HENRIETTE. C'est fait ! PERRICHON. Attends ! impression ! a MADAME PERRICHON, à part. Il est insupportable ! -PERRICHON, dictant. Adieu, France. reine des nations ! s'interrompant Eh bien! et mai panama?.. je l'aurai laissé aux bagages 1 il vent courir. MADAME PERRICHON. Mais non ! le voici ! PERRICHON. Ah ! oui ! Dictant Adieu, France ! reine des nations ! On entend la cloche et l'on foit accourir plusieurs voyageurs. MADAME PERRICHON. Le signal ! tu vas nous faire manquer le convoi ! PERRICHON. Entrons, nous finirons cela plus tard ! L'employé l'arrête à la bar rière pour voir les billets. Perrichon querelle sa femme, et sa fille finit par trouver les billets dans sa poche. Ils entrent dans la salle d'attente. SCÈNE IX ARMAND, DANIEL puis PERRICHON. Daniel, qui vient de prendre son billet, est heurté par Armand qui veut prendre le sien. ARMAND. Prenez donc garde ! DANIEL. Faites attention vous-même ! ARMAND. Daniel! DANIEL. Armand! ARMAND. Vous partez?.. DANIEL. A l'instant! et vous ?.. ARMAND. Moi aussi ! DANIEL. C'est charmant ! nous ferons route ensemble ! J'ai des cigares de première classe. et où allez-vous? ARMAND. Ma foi, mon cher ami, je n'en sais rien encore. DANIEL. Tiens ! c'est bizarre ! ni moi non plus ! J'ai pris un billet jusqu'à Lyon. ARMAND. Vraiment ! moi aussi ! je me dispose à suivre une demoiselle charmante. Daniel, Armand. DANIEL. Tiens ! moi aussi. , ARMAND. La fille d'un carrossier! DANITÎU Perrichon ? ARMAND. Perrichon ! DANIEL. C'est la même ! ARMAND. Mais je l'aime, mon cher Daniel. DANIEL. Je J'aime également, mon cher Armand. ARMAND. Je veux l'épouser ! DANIEL. Moi, je veux la demander en mariage,.. ce qui est à peu près la même chose. ARMAND. Mais nous ne pouvons l'épouser tous les deux DANIEL. En France, c'est défendu ! ARMAND. Que faire?. DANIEL. C'est bien aimple! puisque nous sommes sur le marchepied du wagon, continuons gaiement notre voyage. cherchons à plaire.,, à nous faire mer, chacun de notre côté ! ARMAND, riant. Alors, c'est un concours!. un tournoi?. DANIEL. Uue lutte loyale. et amicale. Si vous êtes vainqueur. je m'in-clinerai. si je l'emporte, vous ne me tiendrez pas rancune! Est-ce dit ? ARMAND. Soit ! j'accepte. DANIEL. La main, avant la bataille? ARMAND. - Et la main après. ils se donnent la main. PERRICHON, entrant en courant, à la cantonade. Je te dis que j'ai le temps ! DANIEL.. Tiens ! notre beau-père! PERRICHON, à la marchande de livres. Madame, je voudrais un livre pour ma femme et ma fille. un livre qui ne parle ni de galanterie, ni d'argent, ni de politique, ni de mariage, ni de mort. DANIEL, à part. Robinson Crusué ! LA MARCHANDE. Monsieur, j'ai votre affaire. Elle lui remet un volume. PERRICHON, lisant. Les Bords de la Saône deux francs ! payant. Vous me jurez qu'il n'y a pas de bêtises là-dedans? On entend la cloche . Ah diable! Bonjour, madame, il sort en courant. ARMAND. Suivons le? DANIEL. Suivons! C'est égal, je voudrais bien savoir où nous allons?. On voit courir plusieurs voyageurs. - Tableau. Perrichon, Daniel, Armand. FIN DU PREMIER ACTE ACTE DEUXIÈME Un intérieur d'auberge au Montanvert, près de la mer de Glace. - Au fond, à droite, porte d'entrée au fond, à gauche, fenêtre vue de montagnes couvertes de nçke4 à gauche, porte et cheminée haute. -Table, à droite, table oii est le livre des voyageurs, et porte. SCÈNE PREMIÈRE ARMAND, DANIEL, L'AUBERGISTE, UN GUIDE. Daniel et Armand sont assis à une table, et déjeunent. L'AUBERGISTE. ft Ces messieurs prendront-ils autre chose? X DANIEL. Tout à l'heure. du café. ARMAND. Faites manger le guide après nous partirons pour la mer de Glace. L'AUBERGISTE. Venez, guide, il sort, suivi du guide, par la droite. DANIEL. Eh bien! mon cher Armand? ARMAND. Eh bien! mon cher Daniel? Armand, Daniel, l'Aubergiste, le Guide. DANIEL. Les opérations sont engagées, nous avons commencé l'attaque. ARMAND. Notre premier soin a été de nous introduire dans le même wagon que la famille Perrichon le papa avait déjà mis sa calotte. DANIEL. Nous les avons bombardés de prévenances, de petits soins. ARMAND. Vous avez prêté votre journal à monsieur Perrichon, qui a dormi dessus. En échange, il vous a offert les Bords de la Saône.., un livre avec des images. DANIEL. Et vous, à partir de Dijon, vous avez tenu un store dont la mé-canique était dérangée ça a dû vous fatiguer. ARMAND. Oui, mais la maman m'a comblé de pastilles de chocolat. DANIEL. Gourmand !. vous vous êtes fait nourrir. ARMAND. A Lyon, nous descendons au même hôtel. DANIEL. Et le papa, en nous retrouvant, s'écrie Ah ! quel heureux hasard !. ARMAND. A Genève, même rencontre. imprévue. DANIEL. A Chamouny, même situation et le Perrichon de s'écrier toujours Ah ! quel heureux hasard ! ARMAND. Hier soir, vous apprenez que la famille se dispose à venir voir la mer de Glace, et vous venez me chercher dans ma chambre. dès l'aurore. c'est un trait de gentilhomme ! - DANIEL. C'est dans notre programme. lutte loyale!. Voulez-vous de l'omelette? ARMAND. Merci. Mon cher, je dois vous prévenir. loyalement, que de Châlon à Lyon, mademoiselle Perrichon m'a regardé trois fois. DANIEL. Et moi, quatre! ARMAND. , Diable ! c'est sérieux ! DANIEL. Ça le sera bien davantage quand elle ne nous regardera plus. Je crois qu'en ce moment elle nous préfère tous les deux. ça peut durer longtemps comme ça heureusement nous sommes gens de loisir. ARMAND. Ah çà ! expliquez-moi comment vous avez pu vous éloigner de Paris, étant le gérant d'une société de paquebots?. DANIEL. Les Remorqueurs sur la Seine. capital social, deux millions. C'est bien simple je me suis demandé un petit congé, et je n'ai pas i hésité à me l'accorder. J'ai de bons employés les paquebots vont tous seuls, et pourvu que je sois à Paris le huit du mois prochain pour le paiement du dividende. Ah çà ! et vous ?. un banquier. Il me semble que vous pérégrinez beaucoup? , ARMAND. Oh ! ma maison de banque ne m'occupe guère. J'ai associé mes capitaux en réservant la liberté de ma personne, je suis ban-quier. DANIEL. Amateur ! ARMAND. Je n'ai, comme vous, affaire à Paris que vers le huit du mois pro-chain. DANIEL. Et d'ici-là nous allons nous faire une guerre à outrance. ARMAND. A outrance! comme deux bons amis. J'ai eu un moment la pen-sée de vous céder la place mais j'aime sérieusement Henriette. DANIEL. C'est singulier. je voulais vous faire le même sacrifice. sans rire. A Chalon, j'avais envie de décamper, mais je l'ai regardée. ARMAND. Elle est si jolie ! DANIEL. Si douce! ARMAND. Si blonde ! DANIEL. Il n'y a presque plus de blondes et des yeux ! ARMAND. Comme nous les aimons. DANIEL. Alors je suis resté ! ARMAND. Ah 1 je vous comprends ! DANIEL. A la bonne heure ! C'est un plaisir de vous avoir pour ennemi ! Lui serrant la main. Cher Armand! ARMAND, de même. Bon Daniel! Ah cà! monsieur Perrichon n'arrive pas. Est-ce qu'il aurait changé son itinéraire? si nous allions les perdre? DANIEL. Diable! c'est qu'il est capricieux le bonhomme. Avant-hier il nous a envoyés nous promener à Ferney où nous comptions le re-trouver. ARMAND. Et pendant ce temps, il était allé à Lauzanne. DANIEL. Eli bien, c'est drôle de voyager comme cela ! voyant Armand qui se lève. Où allez-vous donc? ARMAND. Je ne tiens pas en place, j'ai envie d'aller au-devant de ces dames. DANIEL. Et le café? ARMAND. Je n'en prendrai pas. au revoir ! Il sort vivement par le fond. SCÈNE II DANIEL, puis L'AUBERGISTE, puis LE GUIDE. DANIEL. Quai excellent garçon! c'est tout coeur, tout feu. mais ça ne sait pas vivre, il est parti sans prendre son café ! Appelant. Holà !. monsieur l'aubergiste ! L'AUBERGISTE, paraissant. Monsieur ! DANIEL. Le café. L'aubergiste sort. Daniel allume un cigare. Hier, j'ai voulu faire fumer le beau-père. ça ne lui a pas réussi. L'AUBERGISTE, apportant le café. Monsieur est servi. DANIEL, s'asseyant derrière la table, devant la cheminée et étendant une jambe sur la chaise d'Armand. Approchez celte chaise. très-bien. Il a désigné une antre chaise, Il y étend l'autre jambe. Merci!. Ce pauvre Armand! il court sur la grande route, lui, en plein soleil. et moi, je m'étends! Qui arrivera le premier de nous deux? nous avons la fable du Lièvre et de la Tortue. L'AUBERGISTE, lui présentant un registre. -Monsieur veut-il écrire quelque chose sur le livre des voya-geurs? DANIEL. Moi?. je n'écris jamais après mes repas, rarement avant. Voyons les pensées délicates et ingénieuses des visiteurs, Il feuiliète le livre, lisant. Je ne me suis jamais mouché si haut !. Signé Un voyageur enrhumé. il continue à feuilleter. Oh ! la belle écriture. Lisant Qu'il est beau d'admirer les splendeurs de la nature, entouré de sa femme et de sa nièce!. Signé Malaquais, rentier. ., Je me suis toujours demandé pourquoi les Français, si spirituels chez eux, sont si bêtes en voyage l Cris et tumulte en dehors. L'AUBERGISTE. Ah! mon Dieu! DANIEL. Qu'y a-t-il ? -.. SCÈNE III DANIEL, PERRICHON, ARMAND, MADAME PERRICHON, HENRIETTE, L'AUBERGISTE. Perrichon entre, soutenu par sa femme et le Dide. ARMAND. Vite, de l'eau ! du sel ! du vinaigre ! DANIEL. Qu'est-il donc arrivé? HENRIETTE. Mon père a manqué de se tuer l J DANIEL. Est-il possible? PERRICHON, assis. Ma femme!. ma fille!. Ah l je me sens mieux. HENRIETTE, lui présentant un verre d'eau sucrée. Tiens!. bois!. ça te remettra. Daniel, Henriette, Perrichon, madame Perrichon, Armand. PERRICHON. Merci. quelle culbute! Il boit. -' -MADAME PERRICHON. C'est ta faute aussi. vouloir monter à cheval, un père de famille. et avec des éperons encore ! PERRICHON, Les éperons n'y sont pour rien. c'est la bête qui est ombra-geuse. MADAME PERRICHON, Tu l'au~s piquée sans le vouloir , elle s'est cat j §.., HENRIETTE, Et sans monsieur Armand qui venait d'arrivé ?,,, mon père dispa-raissait dans un précipice. 1. MADAME PERRICHON, Il y était déjà. je le voyais rouler comme une boule. nous poussions des cris !. HENRIETTE. Alors, monsieur s'est élancé !. MADAME PERRICHON. Avec un courage, un sang-froid!. Vous êtes notre sauveur. car sans vous mon mari. mon pauvre ami Elle éclate en sanglots ARMAND. Il n'y a plus de danger. calmez.-vous! MADAME PERRICHON, pleurant toujours. Non! ça me fait du bien! A son mari. Ça t'apprendra à mettre des éperons, sanglotant plus fort. Tu n'aimes pas ta famille. HENRIETTE, à Armand. Permettez-moi d'ajouter mes remerctments à ceux de ma mère, je garderai toute ma vie le souvenir de cette journée. toute ma vie!.., ARMAND. Ah! mademoiselle ! Daniel, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Armand. PERRICHON, à part. A mon tour! monsieur Armand!. non, laissez-moi vous appeler Armand? ARMAND. Comment donc ! PERRICHON. Armand. donnez-moi la main. Je ne sais pas faire de phrase, moi. mais tant qu'il battra, vous aurez une place dans le coeur de Perrichon ! Lui serrant la main. Je ne vous dis que cela! MADAME PERRICHON. Merci!. monsieur Armand! HENRIETTE. Merci, monsieur Armand ! ARMAND. Mademoiselle Henriette ! DANIEL, à part. Je commence à croire que j'ai eu tort de prendre mon café ! MADAME PERRICHON, à l'aubergiste. Vous ferez reconduire le cheval, nous retournerons tous en voi-ture. PERRICHON, se levant. Mais je t'assure, ma chère amie, que je suis assez bon cavalier. poussant un cri. Aïe! TOUS. Quoi? PERRICHON. Rien !. les reins! Vous ferez reconduire le cheval! MADAME PERRICHON. Viens te reposer un moment au revoir, monsieur Armand ! HENRIETTE. Au revoir, monsieur Armand ! PERRICHON, serrant énergiquement la main d'Armand. A bientôt. Armand! poussant un second cri. Aïe!. j'ai trop serré! Il entre à gauche suivi de sa femme et de sa fille. SCÈNE IV ARMAND, DANIEL. ARMAND. Qu'est-ce que vous dites de cela, mon cher Daniel ? DANIEL. Que voulez-vous? c'est de la veine!. vous sauvez le père, vous cultivez le précipice, ce n'était pas dans le programme ! ARMAND. C'est bien le hasard. DANIEL. Le papa vous appelle Armand, la mère pleure et la fille vous dé-coche des phrases bien senties. empruntées aux plus belles pages de monsieur Bouilly. Je suis vaincu, c'est clair! et je n'ai plus qu'à vous céllcr la place. ARMAND. Allons donc! vous plaisantez. DANIEL. Je plaisante si peu que, dès ce soir, je pars pour Paris. ARMAND. Comment ? DANIEL. Où vous retrouverez un ami. qui vous souhaite bonne chance! ARMAND. Vous partez! ah! merci ! DANIEL. Voilà un cri du coeur ! ARMAND. Ah! pardon! je le retire !. après le sacrifice que vous me faites Armand, Daniel. DANIEL. Moi? entendons-nous bien. je ne vous faits pas le plus léger sacrifice. Si je me retire, c'est que je ne crois avoir aucune chance de réussir car, maintenant encore, s'il s'en présentait une. même petite, je resterais. ARMAND. Ah! DANIEL. Est-ce singulier ! Depuis qu'Henriette m'échappe, il me semble que je l'aime davantage. ARMAND. Je comprends cela. aussi, je ne vous demanderai pas le service que je voulais vous demander. DANIEL. Quoi donc? ARMAND. Non, rien. DANIEL. Parlez. je vous en prie. ARMAND. J'avais songé. puisque vous partez, à vous prier devoir monsieur Perrichon, de lui toucher quelques mots de ma position, de mes espérances. DANIEL. Ah! diable ! ARMAND. Je ne puis le faire moi-même. j'aurais l'air de réclamer le prix du service que je viens de lui rendre. DANIEL. Enfin, vous me priez de faire la demande pour vous? Savez-vous que c'est original ce que vous me demandez là. ARMAND. Vous refusez?. DANIEL. Ah ! Armand ! j'accepte 1 ARMAND. Mon ami ! DANIEL. Avouez que je suis un bien bon petit rival, un rival qui fait la , demande. Voix de Perrichon dans la coulisse. J'entends le beau-père! Allez fumer un cigare et revenez ! ARMAND. Vraiment! je ne sais comment vous remercier. DANIEL. Soyez tranquille, je vais faire vibrer chez lui la corde de la recon-naissance. Armand sort par le fond. SCÈNE V DANIEL, PERRICHON, puis L'AUBERGISTE. - # PERRICHON, entrant et parlant à la cantonade, Mais certainement il m'a sauvé ! certainement il m'a sauvé, et, tant qu'il battra, le coeur de Perrichon. je lui ai dit. DANIEL. Eh bien! monsieur Perrichon. vous sentez-vous mieux? PERRICHON. Ah ! je suis tout à fait remis. je viens de boire trois gouttes de rhum dans un verre d'eau, et dans un quart d'heure, je compte gambader sur la mer de Glace. Tiens, votre ami n'est plus là? DANIEL. Il vient de sortir. PERRICHON. C'est un brave jeune homme !. ces dames l'aiment -beaucoup Perrichon, Daniel. DANIEL. Oh quand elle le connaîtront davantage !. un coeur d'or ! obli-geant, dévoué, et d'une modestie ! PERRICHOX. Oh! c'est rare. DANIEL. Et puis il est banquier. c'est un banquier !. PERRICHON. Ah! DANIEL. Associé de la maison Turneps, Desroches et Ce, dites donc. C'est assez flatteur d'être repêché par un banquier. car, enfin, il vous a sauvé !. Hein?. sans lui !. PERRICHON. Certainement. certainement. C'est très-gentil ce qu'il a fait là ! DANIEL, étonné. Comment, gentil ! PERRICHON. Est-ce que vous allez vouloir atténuer le mérite de son action ? DANIEL. Par exemple ! PERRICHON. Ma reconnaissance ne finira qu'avec ma vie. çà !. tant que le coeur de Perrichon battra. Mais, entre nous, le service qu'il m'a rendu n'est pas aussi grand que ma femme et ma fille veulent bien le dire. DANIEL, étonné. Ah bah? PERRICHON Oui. Elles se montent la tête. Mais, vous savez, les femmes !.., DANIEL. Cependant, quand Armand vous a arrêté, vous rouliez. FERRICHON. Je roulais, c'est vrai. mais avec une présence d'esprit éton-nante. J'avais aperçu un petit sapin après lequel j'allais me cram-ponner je le tenais déjà quand votre ami est arrivé. -DANIEL, à part. Tiens, tiens ! vous allez voir qu'il s'est sauvé tout seul. PERRICHON. Au reste, je ne lui sais pas moins gré de sa bonne intention. Je compte le revoir. lui réitérer mes remercîments. je l'inviterai même cet hiver. - DANIEL, à part. Une tasse de thé ! PERRICHON. Il parait que ce n'est pas la première fois qu'un pareil accident arrive à cet endroit-là. c'est un mauvais pas. L'aubergiste vient de me raconter que, l'an dernier, un Russe. un prince. très-bon cavalier !. car ma femme a beau dire, ça ne tient pas à mes épe-rons ! avait roulé dans le même trou. DANIEL. En vérité ? PERRICHON. Son guide l'a retiré. Vous voyez qu'on s'en retire parfaitement. Eh bien ! le Russe lui a donné cent francs ! DANIEL. C'est très-bien payé ! PERRlCHON. Je la crois bien!. Pourtant c'est ce que ça vaut!. DAIIlIEL. Pas un sou de plus. A part. Oh ! mais je ne pars pas. PERRIGHON, remontant. Ah çà ! ce guide n'arrive pas. DANIEL. Est-ce que ces dames sont prêtes? PERRICHON. Non. elles ne viendront pas vous comprenez? mais je compte sur vous. DANIEL. Et sur Armand ? PERRICHON. S'il veut être des nôtres, je ne refuserai certainement pas la com-pagnie de M. Desroches. DANIEL, à part. M. Desroches ! Encore un peu il va le prendre en grippe ! L'AUBERGISTE, entrant de la droite. Monsieur !. PERRICHON. Eh bien ! ce guide? L'AUBERGISTE. Il est à la porte. Voici vos chaussons. PERRICHON. Ah! oui! il paraît qu'on glisse dans les crevasses là-bas. et comme je ne veux avoir d'obligation à personne. L'AUBERGISTE, lui présentant le registre. Monsieur écrit-il sur le livre des voyageurs ? PERRICHON. Certainement. mais je ne voudrais pas écrire quelque chose d'ordinaire. il me faudrait là. une pensée !. une jolie pensée. Rendant le livre à l'aubergiste. Je vais y rêver en mettant mes chaus-sons. A Daniel. Je suis à vous dans la minute, Il entre à droite, suivi de l'aubergiste. Daniel, Perrichon. SCÈNE VI DANIEL, puis ARMAND. DANIEL, seul. Ce carrossier est un trésor d'ingratitude. Or, les trésors appar-tiennent à ceux qui les trouvent, article 716 du Code civil. ARMAND, paraissant à la porte du fond. Eh bien ? DANIEL, à part.. Pauvre garçon ! ARMAND. L'avez-vous vu ? DANIEL. Oui. ARMAND. Lui avez-vous parlé? DANIEL. Je lui ai parlé. ARMAND. Alors vous avez fait ma demande?. DANIEL. Non. ARMAND. Tiens ! pourquoi ? DANIEL. Nous nous sommes promis d'être francs vis-à-vis l'un de l'autre. Eh bien 1 mon cher Armand, je ne pars plus, je continue la lutte. ARMAND, étonné. Ah ! c'est différent !. et peut-on vous demander les motifs qui ont changé votre détermination ? Daniel, Armand. DANIEL. Les motifs. j'en ai un puissant. je crois réussir. ARMAND. Vous? DANIEL. Je compte prendre un autre chemin que le vôtre et arriver plus vite. ARMAND. C'est très-bien. vous êtes dans votre droit. DANIEL. Mais la lutte n'en continuera pas moins loyale et amicale ? ARMAND. Oui. DANIEL. Voilà un oui un peu sec ! ARMAND. Pardon. Lui tendant la main. Daniel, je vous le promets DANIEL. A la bonne heure ! Il remonte. SCÈNE VII LES MÊMES, PERRICHON, puis L'AUBERGISTE. PERRICHON. Je suis prêt. j'ai mis mes chaussons. Ah ! monsieur Armand. ARMAND. Vous sentez vous remis de votre chute ? PERRICHON. Tout à fait ! ne parlons plus de ce petit accident. c'est oublié Arniand, Perrichon, Daniel. DANIEL, à part. Oublié! Il est plus vrai que la nature. PERRICHON. Non partons pour la mer de Glace. êtes vous des nôtres? ARMAND. Je suis un peu fatigué. je vous demanderai la permission de rester. PERRICHON, avec empressement. Très-volontiers ! ne vous gênez pas ! A l'aubergiste qui entre Ah ! monsieur l'aubergiste, donnez-moi le livre des voyageurs. il s'assied à droite et écrit. DANIEL, à part. Il paraît qu'il a trouvé sa pensée. la jolie pensée. PERRICHON, achevant d'écrire. Là., voilà ce que c'est ! Lisant avec emphase Que l'homme est JI petit quand on le comtemple au haut de la mère de Glace ! - DANIEL. Sapristi ! c'est fort ! ARMAND, à part. Courtisan ! PERRICHON, modestement. Ce n'est pas l'idée de tout le monde. DANIEL, à part. Ni l'orthographe il a écrit mère, r e re ! PFRRICHON, à l'aubergiste lui montrant le livre ouvert sur la table. Prenez garde ! c'est frais ! -L'AUBERGISTE. Le guide attend ces messieurs avec les bâtons ferrés. PERRICHON. Allons ! en route ! Armand, Daniel, Perrichon. DANIEL. En route ! Daniel et Perrichon sortent suivis de l'aubergiste ? SCÈNE VIII ARMAND, puis L'AUBERGISTE et LE COMMANDANT MATHIEU. ARMAND. Quel singulier revirement chez Daniel ! Ces dames sont là. elles ne peuvent tarder à sortir, je veux les voir. leur parler. S'assevant vers la cheminée et prenant un journal Je vais les attendre. L'AUBERGISTE, à la cantonade. Par ici, monsieur. LE COMMANDANT, entrant. Je ne reste qu'une minute. je repars à l'instant pour la mer de Glace. S'asseyant devant la table sur laquelle est resté le registre ou-vert. Faites-moi servir un grog au kirsch, je vous prie. L'AUBERGISTE, sortant a droite. Tout de suite, monsieur. LE COMMANDANT, apercevant le registre. Ah ! ah ! le livre des voyageurs! voyons?. Lisant Que l'homme est petit quand on le contemple du haut de la mère de Glace !. It signé Perrichon. mère ! Voilà un monsieur qui mérite une leçon d'ortho-graphe. L'AUBERGISTE, apportant le grog. Voici monsieur. Il le pose sur la table à gauche. LE COMMANDANT, tout en écrivant sur le registre. Ah ! monsieur l'Aubergiste. L'AUBERGISTE. Monsieur. Armand, le Commandant LE COMMANDANT. Vous n'auriez pas parmi les personnes qui sont venues chez vous ce matin un voyageur du nom d'Armand Desroches ? ARMAND. Hein ?.. c'est moi monsieur. LE COMMANDANT, se levant. Vous, monsieur !.. pardon A l'aubergiste. Laissez-nous L'au-bergiste sort. C'est bien à monsieur Armand Desroches de la maison Turneps, Desroches et CI que j'ai l'honneur de parler? ARMAND.-Oui, monsieur. LE COMMANDANT. Je suis le commandant Mathieu. Il s'assied à gauche et prend son grog. ARMAND. Ah ! enchanté !.. mais je ne crois pas avoir l'avantage de vous - connaître, commandant. LE COMMANDANT. Vraiment ? Alors je vous apprendrai que vous me poursuivez à outrance pour une lettre de change que j'ai eu l'imprudence de mettre dans la circulation. ARNAUD. Une lettre de change ! LE COMMANDANT. Vous avez même obtenu contre moi une prise de corps. ARMAND. C'est possible, commandant, mais ce n'est pas moi, c'est la maison, qui ait. LE COMMANDANT. Aussi n'ai-je aucun ressentiment contre vous. ni contre votre maison. seulement, je tenais à vous dire que je n'avais pas quitté Paris pour échapper aux poursuites. ARMAND. Je n'en doute pas. LE COMMANDANT. Au contraire !.. Dès que je serai de retour à Paris, dans une quinzaine, avant peut-être. je vous le ferai savoir et je vous serai infiniment obligé de me faire mettre à Clichy. le plus tôt possible?. ARMAND. Vous plaisantez, commandant. LE COMMANDANT. Pas le moins du monde !.. Je vous demande cela comme un ser-vice. ARMAND. J'avoue que je ne comprends pas. LE COMMANDANT ils se lèvent. Mon Dieu! je suis moi-même un peu embarrassé pour vous expliquer. Pardon, êtes-vous garçon ? ARMAND. Oui, commandant. LE COMMANDANT. Oh! alors ! je puis vous faire ma confession. J'ai le malheur d'avoir une faiblesse. J'aime. ARMAND. Vous ? LE COMMANDANT. C'est bien ridicule à mon âge, n'est-ce pas ? ARMAND. Je ne dis pas ça. LE COMMANDANT. Oh! ne vous gênez pas ! Je me suis affolé d'une petite. égarée que j'ai rencontrée un soir au bal Mabille. Elle se nomme Anita. ARMAND Anita ! J'en ai connu une. LE COMMANDANT. Ce doit être celle-là!. Je comptais m'en amuser trois jours, et voilà trois ans-qu'elle me tient! Elle me trompe, elle me ruine, elle me rit au nez!. Je passe ma vie à lui acheter des mobi-liers. qu'elle revend le lendemain !. je veux la quitter, je pars, je fais deux cents lieues j'arrive à la mer de Glace. et je ne suis pas sûr de ne pas retourner ce soir à Paris. C'est plus fort que moi!. L'amour à cinquante ans. voyez-vous. c'est comme un rhumatisme, rien ne le guérit. ARMAND, riant. Commandant, je n'avais pas besoin de cette confidence pour ar-rêter les poursuites. je vais écrire immédiatement à Paris,., LE COMMANDANT, vivement. Mais du tout ! n'écrivez pas ! Je tiens à être enfermé c'est peut-être un moyen de guérison. Je n'en aj pas encore essayé. ARMAND. Mais, cependant. f LE COMMANDANT. Permettez ! j'ai la loi pour moi. ARMAND. Allons! commandant 1 puisque vous le voulez. LE COMMANDANT. Je vous en prie. instamment. Dès que je serai de retour. je vous ferai passer ma carte et vous pourrez faire instrumenter. Je ne sors jamais avant dix heures, saluant. Monsieur, je suis bien heureux d'avoir eu l'honneur de faire votre connaissance. ARMAND. Mais c'est moi, commandant. Ils se saluent. Le commandant sort l'al' le fumt. SCÈNE IX ARMAND, puis MADAME PERRICHON, puis HENRIETTE. ARMAND. A la bonne heure ! il n'est pas banal celui-là! Apercevant madame Perrichon qui entre de la gauche. . Ah! madame Perrichon ! MADAME PERRICHON. Comment! vous êtes seul, monsieur? Je croyais que vous deviez accompagner ces messieurs. ARMAND. - Je suis déjà venu ici l'année dernière, et j'ai demandé à mon-sieur Perrichon la permission de me mettre à vos ordres. MADAME PERRICHON. Ah ! monsieur. A part. C'est tout à fait un homme du monde!. Haut. Vous aimez beaucoup la Suisse? ARMAND. Oh ! il faut bien aller quelque part? MADAME PERRICHON. Oh! moi, je ne voudrais pas habiter ce pays-là. il y a trop de précipices et de montagnes. Ma famille est de la Beauce. ARMAND. Ah ! je comprends. MADAME PERRICHON. Près d'Étampes. ARMAND, à part. Nous devons avoir un correspondant à Étampes ce serait un lien. Haut. Vous ne connaissez pas monsieur Pingley, à Étampes ? Madame Ferrichon, Armand. MADAME PERRICHON. Pingley !. c'est mon cousin! Vous le connaissez? ARMAND. Beaucoup. A part. Je ne l'ai jamais vu ! MADAME PERRICHON. Quel homme charmant! ARMAND. Ah! oui! MADAME PERRICHON. C'est un bien grand malheur qu'il ait son infirmité ! ARMAND. Certainement,.. c'est un bien grand malheur ! MADAME PERRICHON. Sourd à quarante-sept ans! ARMAND, à part. Tiens! il est sourd notre correspondant ! C'est donc pour ça qu'il ne répond jamais à nos lettres. MADAME PERRICHON. Est-ce singulier? c'est un ami de Pingley qui sauve mon mari !. Il y a de bien grands hasards dans le monde. ARMAND. Souvent aussi on attribue au hasard des péripéties dont il est parfaitement innocent. MADAME PERRICHON. Ah! oui. souvent aussi on attribue. A part. Qu'est-ce qu'il veut dire ? ARMAND. Ainsi, madame, notre rencontre en chemin de fer, puis à Lyon, • puis à Genève, à Chamouny, ici même, vous mettez tout cela sur le compte du hasard ? MADAME PERRICHON. En voyage, on se retrouve. ARMAND. Certainement. surtout quand on se cherche. MADAME PERR1CHON. Comment? ARMAND. Oui, madame, il ne m'est pas permis de jouer plus longtemps la comédie du hasard je vous dois la vérité, pour vous, pour ma-demoiselle votre fille. MADAME PERRICHON. Ma fille ! ARMAND. Me pardonnerez-vous? Le jour où je la vis, j'ai été touché, charmé. J'ai appris que vous partiez pour la Suisse. et je suis parti. MADAME PERRICHON. Mais alors, vous nous suivez?. ARMAND. Pas à pas. Que voulez-vous. j'aime. MADAME PERRICHON. Monsieur ! ARMAND. Oh ! rassurez-vous ! j'aime avec tout le respect, toute la discré -tion qu'on doit à une jeune fille dont on serait heureux de faire sa femme. MADAME PERRICHON, perdant la tête, à part. Une demande en mariage ! Et Perrichon qui n'est pas là! Haut. Certainement, monsieur. je suis charmée. non, flattée!. parce que vos manières. votre éducation. Pingley. le service que vous nous avez rendu. mais monsieur Perrichon est sorti. pour la mer de Glace. et aussitôt qu'il rentrera. HENRIETTE, entrant vivement. Maman !. s'arrêtant. Ah! tu causais avec monsieur Armand? MADAME PERRICHON, troublée. Nous causions, c'est-à-dire, oui! nous parlions de Pingley ! Monsieur connaît Pingley n'est-ce pas? ARMAND. Certainement ! je connais Pingley ! HENRIETTE. Oh ! quel bonheur ! MADAME PERRICHON, à Henriette. Ah! comme tu es coiffée!. et ta robe! ton col. Bas . Tiens-toi donc droite ! HENRIETTE, étonnée. l..!u'esHse qu'il y a? Cris et tumulte au dehors. MADAME PERRICHON et HENRIETTE. Ail 1 mon Dieu! ARMAND. Ces cris!. SCÈNE X LES MÊMES, PERRICHON, DANIEL, LE GUIDE, L'AUBERGISTE. Daniel entre soutenu par l'aubergiste et par le guide. PERRICHON, très-ému. Vite! de l'eau! du sel! du vinaigre! II fait asseoir Daniel. TOUS. Qu'y a- t-O ? PERRICHON. Un événement affreux ! s'interrompant . Faites-le boire, frottez-lui les tempes ! Henriette, madame Perrichon, Armand. Hènriette, Perrichon, madame Perrichon, Daniel, AnimuJ. DANIEL, Merci. Je me sens mieux. ARMAND. Qu'est-il arrivé?. DANIEL. Sans le courage de monsieur Perrichon. PERRICHON, vivement. Non, pas vous! ne parlez pas!. Racontant. C'est horrible!. Nous étions sur la mer de Glace. Le mont Blanc nous regardait tranquille et majestueux. DANIEL, à part. Le récit de Théramène! MADAME PERRICHON. Mais dépche-toi donc ! HENRIETTE. Mon père ! PERRICHON. Un instant, que diable! Depuis cinq minutes nous suivions, tout pensifs, un sentier abrupte qui serpentait entre deux crevasses. de glace ! Je. marchais le premier. MADAME PERRICHON. Quelle imprudence ! PERRICHON. Tout à coup, j'entends derrière moicomme un éboulement je me retourne monsieur venait de disparaître dans un de ces abîmes sans fond, dont la vue seule fait frissonner. MADAME PERRICHON, impatientée. Mon ami. PERRICHON. Alors, n'écoutant que mon courage, moi, père de famille, je m'élance. MADAME PERRICHON et HENRIETTE. Ciel ! PERRICHON. - Sur le bord du précipice, je lui tends mon bâton ferré. Il s'y cramponne. Je tire. il tire. nous tirons, et, après une lutte in-sensée, je l'arrache au néant et je le ramène à la face du soleil, notre père à tous!. Il s'essuie le front avec son mouchoir. HENRIETTE. Oh! papa! MADAME PERRICHON. Mon ami ! PERRICHON, embrassant sa femme et sa fille. Oui, mes enfants, c'est une belle page. ARMAND, à Daniel. Comment vous trouvez-vous? DANIEL, bas. Très-bien! ne vous inquiétez pas! il se lève . Monsieur Perrichion, vous venez de rendre un fils à sa mère. PERRICHON, majestueusement. C'est vrai ! DANIEL. Un frère à sa soeur! PERRICHON. Et un homme à la société. DANIEL. Les paroles sont impuissantes pour reconnaître un tel service. PERRICHON. C'est vrai ! DANIEL. Il n'y a que le coeur. entendez-vous, le coeur! PERRICHON. Monsieur Daniel! Non! laissez-moi vous appeler Daniel? DANIEL. Comment donc! A part Chacun son tout-! PERRICHON, ému. Daniel, mon ami, mon enfant!. votre main. Il lui prend la main. Je vous dois les plus douces émotions de ma vie. Sans moi, vous ne seriez qu'une masse informe et repoussante, ensevelie sous les frimats. Vous me devez tout, tout! Avec noblesse. Je ne l'oublierai jamais! DANIEL. Ni moi ! PERRICHON, à Armand, en s'essuyant les yeux. Ah! jeune homme !. vous ne savez pas le plaisir qu'on éprouve à sauver son semblable. HENRIETTE. Mais, papa, monsieur le sait bien, puisque tantôt. PERRICHON, se rappelant. Ah ! oui! c'est juste! Monsieur l'aubergiste, apportez-moi le livre des voyageurs, MADAME PERRICHON. Pourquoi faire? PERRICHON. Avant de quitter ces lieux, je désire consacrer par une note le souvenir de cet événement ! L'AUBERGISTE, apportant le registre. Voilà, monsieur. PERRICHON. Merci. Tiens, qui est-ce qui a écrit ça? TOUS. Quoi donc ? PERRICHON, lisant. Je ferai observer à monsieur Perrichon que la mer de Glace Daniel, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Armand. n'ayant pas d'enfants, l'E qu'il lui attribue devient un dévergondage grammatical. Sipé. le Commandant. TOUS. Hein? HENRIETTE, bas à son père. Oui, papa ! mer ne prend pas d'E à la fin. PERRICHON. Je le savais ! Je vais lui répondre à ce monsieur, Il prend une plume et écrit. u Le commandant est. un paltoquet ! Signé Per-richon. a LE GUIDE, rentrant. La voiture est là. PERRICHON. -Allons ! Dépêchons-nous. AUX jeunes gens. Messieurs, si vous vou-lez accepter une place? Armand et Daniel s'inclinent. MADAME PERRICHON, appelant son mari. Perrichon, aide-moi à mettre mon manteau. Bas. On vient de me demander notre fille en mariage. PERRICHON. Tiens ! à moi aussi ! MADAME PERRICHON. C'est monsieur Armand. PERRICHON. Moi, c'est Daniel.. mon ami Daniel. MADAME PERRICHON. Mais il me semble que l'autre. PERRICHON. Nous parlerons de cela plus tard. HENRIETTE, à la fenêtre. Ah! il pleut à verse! Daniel et Henriette au fond, madame Perrichon, Perrichon, l'Auber-giste. Armand. PERRICHON. Ah diable! A l'aubergiste. Combien tient-on dans votre voiture! L'AUBERGISTE. Quatre dans l'intérieur et un à côté du cocher. PERRICHON. C'est juste le compte. ARMAND. Ne vous gênez pas pour moi. PERRICHON. Daniel montera avec nous. HENRIETTE, bas à son père. Et monsieur Armand? PERRICHON, bas. Dame ! il n'y a que quatre places! il montera sur le siége. HENRIETTE. Par une pluie pareille ? MADAME PERRICHON. Un homme qui t'a sauvé ! PERRICHON. Je lui prêterai mon caoutchouc HENRIETTE. Ah! PERRICHON Allons! en route! en route! DANIEL, à part. Je savais bien que je reprendrais la corde! Daniel, madame Perrichon, Perrichon, Henriette, Armand. FIN on OEUXlhlE MTF ACTE TROISIÈME Un salon chez Perrichon, à Paris. - Cheminée au fond porte d'entrée dans l'angle à gauche appartement dans l'angle à droite sullc 1, manger à gauche au milieu. guéridon avec tapis canapé a droite du guéridon. SCÈNE PREMIÈRE JEAN, seul, achevant d'essuyer un fauteuil. Midi moins un quart. C'est aujourd'hui que monsieur Perrichon revient de voyage avec madame et mademoiselle. J'ai reçu hier une lettre de monsieur. la voilà. Disant. Grenoble, 5 juillet. Nous ar-riverons mercredi, 7 juillet, à midi. Jean nettoiera l'appartement et fera poser les rideaux. parlé. C'est fait disant. Il dira à Mar-guerite, la cuisinière, de nous préparer le dîner. Elle mettra le pot au feu. un morceau pas trop gras. de plus, comme il y a long-temps que nous n'avons mangé de poisson de mer, elle nous achètera une petite barbue bien fraîche. Si la barbue était trop chère, elle la remplacerait par un morceau de veau à la casserole. Parlé. Monsieur peut arriver. tout est prêt. Voilà ses journaux, ses lettres, ses cartes de visite. Ah! par exemple, il est venu ce matin de bonne heure un monsieur que je ne connais pas il m'a dit qu'il s'appelait le Commandant. Il doit repasser, coup de sonnette à la ponc extérieure. On sonne c'est monsieur. je reconnais sa main!. SCÈNE II f JEAN, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE, ils portent des sacs de nuit et des cartons. PERRICHON. -Jean. c'est nous ! JEAN. Ah! monsieur!. madame. mademoiselle!. il les débarrasse de leurs paquets. PERRICHON.. Ah ! qu'il est doux de rentrer chez soi, de voir ses meubles, de s'y asseoir. il s'assoit sur le canapé. MADAME PERRICHON, assise à gauche. Nous devrions être de retour depuis huit jours. PERRICHON. Nous ne pouvions passer à Grenoble sans aller voir les Darinel. ils nous ont retenus. A Jean. Est-il venu quelque chose pour mo en mon absence? JEAN. Oui, monsieur. tout est là sur la table. PERRICHON, prenant plusieurs cartes de visite. Que de visites ! usant. Armand Desroches. HENRIETTE, avec joie. Ah! PERRICHON. Daniel Savary. brave jeune homme!. Armand Dcsroches. Daniel Savary. charmant jeune homme. Armand Desroches. JEAN. Ces messieurs sont venus tous les jours s'informer de votre retour. Henriette, madame Perrichon, Jean, Perrichon. MADAME PERRICHON. Tu leur dois une visite. PERRICHON. Certainement j'irai le voir. ce brave Daniel ! HENRIETTE. Et monsieur Armand? PERRICHON. J'irai le voir aussi. après, Il se lève. HENRIETTE à Jean. Aidez-moi à porter ces cartons dans la chambre. JEAN. Oui, mademoiselle. Regardant perrichon. Je trouve monsieur en-graissé. On voit qu'il a fait un bon voyage. FERRICHON. Splendide, mon ami, splendide ! Ah ! tu ne sais pas ? J'ai sauvé un homme ! JEAN, incrédule. Monsieur?. Allons donc !. Il sort avec Henriette par la droite. SCÈNE III PERRICHON, MADAME PERRICHON. PERRICHON. Comment ! Allons donc !. Est-il bête, cet animal-là! MADAME PERRICHON. Maintenant que nous voilà de retour, j'espère que tu vas prendre un parti. Nous ne pouvons tarder plus longtemps à rendre ré-ponse à ces deux, jeunes gens. deux prétendus dans la maison. c'est trop !. Madame Perrichon, Perrichon PERRICHON. Moi, je n'ai pas changé d'avis. j'aime mieux Daniel! MADAME PERRICHON. Pourquoi ? PERRICHON. Je ne sais pas. je le trouve plus. enfin, il me plaît, ce jeune homme ! MADAME PERRICHON. Mais l'autre. l'autre t'a sauvé ! PERRICHON. Il m'a sauvé! Toujours le même refrain ! MADAME PERRICHON. Qu'as-tu à lui reprocher? Sa famille est honorable, sa position excellente. PERRICHON. Mon Dieu ! je ne lui reproche rien. je ne lui en veux pas à ce garçon MADAME PERRICHON. Il ne manquerait plus que ça ! PERRICHON. Mais je lui trouve un petit air pincé. MADAME PERRICHON'. Lui! PERRICHON. Oui, il a un ton protecieur. des manières. il semble toujours se prévaloir du petit service qu'il m'a rendu. MADAME PERRICHON. Il ne t'en parle jamais ! PERRICHON. Je le sais bien ! mais c'est son air ! son air me dit lleiii ? sans moi?. C'est agaçant à la longue tandis que l'aulre !. Penichon, madame Perrichon MADAME PERRICHON. L'autre te répète sans cesse Hein? sans vous. hein ? sans vous ! Cela flatte ta vanité. et voilà pourquoi tu le préfères. PERRICHON. Moi ! de la vanité 1 J'aurais peut-être le droit d'en avoir! MADAME PERRICHON. Oh! PERRICHON. Oui, madame!. l'homme qui a risqué sa vie pour sauver son sem-blable peut être fier de lui-même. mais j'aime mieux me renfermer dans un silence modeste. signe caractéristique du vrai courage ! MADAME PERRICHON. Mais tout cela n'empêche pas que M. Armand. PERRICHON. Henriette n'aime pas.. ne peut pas aimer M. Armand ! MADAME PERRICHON. Qu'en sais-tu ? PERRICHON. Dame ! je suppose. MADAME PERRICHON. Il y a un moyen de le savoir! c'est de l'interroger. et nous choisirons celui qu'elle préférera.. PERRICHON. Soit !.. mais ne l'influence pas ! MADAME PERRICHON. La voici. SCÈNE IV PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. MADAME PERRICHON, à sa fille qui entre. Henriette. ma chère enfant. ton père et moi, nous avons à te parler sérieusement. HENRIETTE. A moi ? PERRICHON. Oui. MADAME PERRICHON. Te voilà bientôt en âge d'être mariée. deux jeunes gens se pré-sentent pour obtenir ta main. tous deux nous conviennent mais nous ne voulons pas contrarier ta volonté, et nous avons résolu de te laisser l'entière liberté du choix. HENRIETTE. Comment ! PERRICHON. Pleine et entière. MADAME PERRICHON. L'un de ces jeunes gens est M. Armand Desroches. HENRIETTE. Ah ! PERRICHON, vivement. N'influence pas !. MADAM PERRICHON. L'autre est M. Daniel Savary. PERRICHON. Un jeune homme charmant, distingué, spirituel, et qui, je ne le cache pas, a toutes mes sympathies. Perrichon, Henriette, madame Perrichon. MADAME PERRICHON. Mais tu inlfuences,.. PERRICHON. Du tout ! je constate un fait !.. A sa fille. Maintenant te voilà éclairée. choisis. HENRIETTE. Mon Dieu!. vous m'embarrassez beaucoup. et je suis prête à accepter celui que vous me désignerez. PERRICHON. Non ! non ! décide toi-même ! MADAME PERRICHON. Parle, mon enfant ! HENRIETTE. Eh bien ! puisqu'il faut absolument faire un choix, je choisis. M. Armand. MADAME PERRICHON.. Là ! PERRICHON. Armand 1 Pourquoi pas Daniel? HENRIETTE. -Mais M. Armand t'a sauvé, papa! PERRICHON. Allons, bien! encore? c'est fatiguant, ma parole d'honneur! MADAME PERRICHON. Eh bien! tu vois.. il n'y a pas à hésiter. -PERRICHON. Ah! mais permets, chère amie, un père ne peut pas abdiquer. ,1 1 réfléchirai. je prendrai mes renseignements. Perrichon, madame Perrichon, Henriette MADAME PERRICHON, bas. Monsieur Perrichon, c'est de la mauvaise foi ! PERRICHON. Caroline! SCÈNE V LES MÊMES, JEAN, MAJORIN. JEAN, à la cantonade. Entrez!. ils viennent d'arriver! Majorin entre. PERRICHON. Tiens! c'est Majorin !. MAJORIN, saluant. Madame. mademoiselle. j'ai appris que vous reveniez aujour-d'hui. alors j'ai demandé un jour de congé. j'ai dit que j'étais de garde PERRICHON. Ce cher ami! c'est très-aimable. Tu dînes avec nous? nous avons une petite barbue. MAJORIN. Mais. si ce n'est pas indiscret. JEAN, bas à Perrichon. Monsieur.. c'est du veau à la casserole ! il sort. PERRICHON. Ah ! A Majorin. Allons, n'en parlons plus, ce sera pour une autre fois. MAJORIN, à part. Comment ! il me désinvite ! S'il croit que j'y tiens, à son dîner! Jean, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette. Prenant Perrichon à part. Les dames s'asseyent sur le canapé. J'étais venu pour te parler des six cents francs que tu m'as prêtés le jour de ton départ. PERRICHON. Tu me les rapportes ? MAJORIN. Non. Je ne touche que demain mon dividende des paquebots. mais à midi précis. PERRICHON. Oh ! ça ne presse pas ! MAJORIN. Pardon. j'ai hâte de m'acquitter. PERRICHON. Ah ! tu ne sais pas?. je t'ai rapporté un souvenir. MAJORIN. II s'assied derrière le guéridon. Un souvenir ! à moi? PERRICHON, s'asseyant. En passant à Genève, j'ai acheté trois montres,.. une pour Jean, une pour Marguerite, la cuisinière. et une pour toi, à répétition. MAJORIN, à part. Il me met après ses domestiques ! Haut. Enfin ? PERRICHON. Avant d'arriver à la douane française je les avais fourrées dans ma cravate. MAJORIN. Pourquoi? PERRICHON. Tiens ! je n'avais pas envie de payer les droits. On me demande Aous quelque chose à déclarer? Je réponds non je fais un - mouvement et voilà ta diablesse de montre qui sonne dig, dig, dig. MAJORIN. F. h bien ! PERRICHON. Eh bien! j'ai été pincé. on a tout saisi. MAJORIN. Comment? t PERRICHON. J'ai eu une scène atroce ! J'ai appelé le douanier méchant gabe-lou! Il m'a dit que j'entendrais parler de lui.. Je regrette beaucoup cet incident. elle était charmante, ta montre. MAJORIN, sèchement. Je ne t'en remercie pas moins. A part. Comme s'il ne pouvait pas acquitter les droits. c'est sordide ! SCÈNE VI LES MÊMES, JEAN, ARMAND. JEAN. annonçant. Monsieur Armand Desroches ! HENRIETTE, quittant son ouvrage. Ah! MADAME PERRICHON, se levant et allant au-devant d'Armand Soyez le bienvenu. nous attendions votre visite. ARMAND, saluant. Madame. monsieur Perrichon.,, PERRICHON.. Énchanté !. enchanté! A part, Il a toujours son petit air pro-tecteur!. MADAME PERRICHON, bas à sou mari. Présente-le donc à Majorin. Madame Perrichon, Perrichon, Majorin Henriette, Armand, PERRICHON. Certainement. Haut. Majorin. je te présente monsieur Armand Desroclies. une connaissance de voyage. HENRIETTE, vivement. Il a sauvé papa! PERRICHON, à pari. Allons, bien!. encore! MAJORIN. -Comment, tu as couru quelque danger? PERRICHON. Non. une misère. -ARMAND.. Cela ne vaut pas la peine d'en parler. PERRICHON, à part. Toujours son petit air ! SCÈNE VII LES MÊMES, JEAN, DANIEL. JEAN, annonçant. Monsieur Daniel Savary !. PERRICHON, s'épanouissant. Ah! le voilà, ce cher ami!. ce bon Daniel! il renverse presque le guéridon en eourant au-devant de lui. DANIEL, saluant. 1 Mesdames. Bonjour, Armand! PERRICHON, le prenant par la main. Venez, que je vous présente à Majorin. Haut. Majorin, je te Daniel, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette, Armand. présente un de mes bons.. un de m9S meilleurs amis. monsieur Daniel Savary. MAJORIN. Savary? des paquebots? DANIEL, saluant. Moi-même. PERRICHON. Ah ! sans moi! il ne te payerait pas demain ton dividende. MAJORIN. Pourquoi? PERRICHON. Pourquoi? Avec fatuité. Tout simplement parce que je l'ai sauvé, mon bon! MAJORIN. Toi? A part. Ah çà! ils ont donc passé tout leur temps à se sauver la vie ! PERRICHON, racontant. Nous étions sur la mer de Glace, le mont Blanc nous regardait tranquille et majestueux. DANIEL, à part. Second récit de Théramène ! PERRICHON. Nous suivions tout pensifs un sentier abrupte. HENRIETTE, qui a ouvert un journal. Tiens, papa qui est dans le journal ! PERRICHON. Comment! je suis dans le journal? HENRIETTE. Lis toi-même. Iii. EII lui donne le journal. PERRICHON. Vous allez voir que je suis tombé du jury! ris.mt. On nous écrit de Chamouny. TOUS. Tiens ! Ils se rapprochent. PERRICHON, lisant. Un événement qui aurait pu avoir des suites déplorables vient d'arriver à la mer de Glace. M. Daniel S. a fait un faux pas et a disparu dans une de ces crevasses si redoutées des voyageurs. Un des témoins de cette scène, M. Perrichon, qu'il nous permette de le nommer. Parlé. Comment donc! si je le permets ! Lisant. M. Per-richon, potable commerçant de Paris et père de famille, n'écoutant que son courage, et au mépris de sa propre vie, s'est élancé dans le gouffre. parlé C'est vrai, et après des efforts inouïs, a été assez heureux pour en retirer son compagnon. Un si admirable dévoue-ment n'a été surpassé que parla modestie de M. Perrichon, qui s'est dérobé aux félicitations de la foule émue et attendrie. Les gens de coeur de tous les pays nous sauront gré de leur signaler un pareil trait! TOUS. Ah ! DANIEL, à part. Trois francs la ligne ! ERRICHON, relisant lentement la dernière phrase. - Les gens de coeur de tous les pays nous sauront gré de leur signaler un pareil trait. A Daniel, très-ému. Mon ami mon enfant ! embrassez-moi ! Ils s'embrassent. DANIEL, à part. Décidément, j'ai la corde. PERRICHON, montrant le journal. Certes, je ne suis pas un révolutionnaire, mais je le proclame hautement, la presse a du bon! Mettant le journal dans sa poche et à part. J'en ferai acheter dix numérosl Daniel, Ter.icl on, Henriette, madame Perrichon, Armand, Majorin. MADAME PERRICHON. Dis donc, mon ami, si nous envoyions au journal le récit de la belle action de M. Armand? IIFNRIETTE. Oh ! oui! cela ferait un joli pendant! PERRICHON, vivement. C'est inutile ! je ne peux pas toujours occuper les journaux de ma personnalité. JEAN, entrant un papier à la main. Monsieur ? PERRICHON. Quoi? JEAN. Le concierge vient de me remettre un papier timbré pour vous. MADAME PERRICHON. Un papier timbré ? PERRICHON. N'aie donc pas peur! je ne dois rien à personne. au contraire, on me doit. MAJORIN, à part. C'est pour moi qu'il dit ça ! PERRICHON, regardant le papier. Une assignation à comparaître devant la sixième chambre pour injures envers un agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions. TOUS. Ah! mon Dieu! PERRICHON, lisant. Vu le procès-verbal dressé au bureau de la douane française par le sieur Machut, sergent douanier. Majorin remonte. ARMAND. Qu'est-ce que cela signifie ? PERRICHON. Un douanier qui m'a saisi trois montres. j'ai été trop vif. je l'ai appelé gabelou ! rebut de l'humanité !. MAJORIN, derrière le guéridon. C'est très-grave ! Très-grave ! PERRICHON, inquiet. Quoi ? MAJORIN. Injures qualifiées envers un agent de la force publique dans l'exer-cice de ses fonctions. MADAME PERRICHON et PERRICHON. Eh bien ? MAJORIN. De quinze jours à trois mois de prison. TOUS. En prison !. PERRICHON. Moi ! après cinquante ans d'une vie pure et sans tache. j'irais m'asseoir sur le banc de l'infamie ! jamais ! jamais ! MAJORTN, à part. C'est bien fait! ça lui apprendra à ne pas acquitter les droits ! PERRICHON. Ah ! mes amis ! mon avenir est brisé. MADAME PERRICHON. Voyons, calme-toi 1 HENRIETTE. Papa I DANIEL. Du courage ! Daniel, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette, Armand. ARMAND. Attendez ! je puis peut-être vous tirer de là. TOUS. Hein ? PERRICHON. Vous ! mon ami mon bon ami ! ARMAND, allant à lui. Je suis lié assez intimement avec un employé supérieur de l'admi-nistration des douanes. je vais le voir peut-être pourra-t-on décider le douanier à retirer sa plainte. MAJORlN. Ça me paraît difficile ! ARMAND. Pourquoi? un moment de vivacité. PERRICHON. Que je regrette ! ARMAND. Donnez-moi ce papier. j'ai bon espoir. ne vous tourmentez pas, mon brave M. Perrichon PERRICHON, ému, lui prenant la main. Ah ! Daniel ! se reprenant non ! Armand ! tenez, il faut que je vous embrasse ! ils s'embrassent . HENRIETTE, à part. A la bonne heure ! Elle remonte avec sa mère . H ARMAND, bas à Danie A mon tour, j'ai la corde ! DANIEL. Parbleu ! A part. Je crois avoir affaire à un rival et je tombe sur un terre neuve. Daniel, Penichon, Armand, madame Perrichon, Henriette, Majorin. Daniel, Armand, Perrichon, hjorfn. MAJORIN, à Armand. Je sors avec vous. PERRICHON. Tu nous quittes? MAJORIN. Oui. Fièremenl Je dîne en ville ! Il sort avec Armand . MADAME PERRICHON, s'approchant de son mari et bas. Eh bien, que penses-tu maintenant de M. Armand ? PERRICHON. Lui ! c'est-à-dire que c'est un ange ! un ange ! MADAME PERRICHON. Et tu hésites à lui donner ta fille ? PERRICHON. Non ! je n'hésite plus. MADAME PERRICHON. Enfin ! je te retrouve ! Il ne te reste plus qu'à prévenir M. Daniel. PERRICHON. Oh ! ce pauvre garçon ! tu crois? MADAME PERRICHON. Dame ! à moins que tu ne veuilles attendre l'envoi des billets de faire part ? i -PERRICHON. Oh ! non ! MADAME PERRICHON. Je te laisse avec lui. courage! Haut. Viens-tu Henriette? sa-luant Daniel. Monsieur. Elle sort à droite suivie d'Henriette . Madame Perrichon, Perrichon, Daniel et Henriette sont près de h cheminée. SCÈNE VIII PERRICHON, DANIEL. DANIEL, à part en descendant. Il est évident que mes actions baissent. Si je pouvais. il va au canapé. PERRICHON, à part au fond. Ce brave jeune homme. ça me fait de la peine. Allons! Il le faut ! Haut. Mon cher Daniel. mon bon Daniel. j'ai une com-munication pénible à vous faire. DANIEL, à part. Nous y voilà ! ils s'asseyent sur le canapé. PERRICHON. Vous m'avez fait l'honneur de me demander la main de ma fille. Je caressais ce projet, mais les circonstances. les événements. votre ami, M. Armand, m'a rendu de tels services!. DANIEL. Je comprends. -PERRICHON. Car on a beau dire, il m'a sauvé la vie, cet homme ! DANIEL. Eh bien ! et le petit sapin auquel vous vous êtes cramponné ! PERRICHON. Certainement. le petit sapin. mais il était bien petit. il pouvait casser. et puis je ne le tenais pas encore. DANIEL. Ah! PERRICHON. Non. mais ce n'est pas tout. dans ce moment, cet excellent Daniel, Perrichon, Perrichon, Daniel. j'une homme brûle le pavé pour me tirer des cachots. Je lui de-vrai l'honneur. l'honneur ! DANIEL. M. Perrichon! le sentiment qui vous fait agir est trop noble pour que je cherche à le combattre. PERRICHON. Vrai ! Vous ne m'en voulez pas ? DANIEL. Je ne me souviens que de votre courage. de votre dévouement pour moi. PERRICHON, lui prenant la main. Ah! Daniel ! A part. C'est étonnant comme j'aime ce garçon-là ! DANIEL, se levant. Aussi, avant de partir. PERRICHON.. Hein ? DANIEL. Avant de vous quitter. PERRICHON, se levant. Comment ! me quitter ! vous? Et pourquoi? DANIEL. Je ne puis continuer des visites qui seraient compromettantes pour mademoiselle votre fille. et douloureuses pour moi. PERRICHON. Allons bien ! Le seul homme que j'aie sauvé ! DANIEL. Oh! mais votre image ne me quittera pas. j'ai formé un projet. c'est de fixer sur la toile, comme elle l'est déjà dans mon coeur, l'héroïque scène de la mer de Glace. PERRICHON. Un tableau ! Il veut me mettre dans un tableau ! IUini 1, Pcn iclion. DANIEL. Je me suis déjà adressé à un de nos peintres les plus illustres. un de ceux qui travaillent pour la postérité !. PERRICIION. La postérité ! Ah ! Daniel ! A part. C'est extraordinaire comme j'aime ce garçon-là ! DANIEL. Je tiens surtout à la ressemblance. PERRICHON. Je crois bien ! moi aussi ! DANIEL. Mais il sera nécessaire que vous nous donniez cinq ou six séances. PERRICHON. Comment donc, mon ami ! quinze ! vingt ! trente ! ça ne m'en -nuira pas. nous poserons ensemble ! DANIEL, vivement. Ah ! non. pas moi PERRICHON. Pourquoi ? DANIEL. Parce que. voici comment nous avons conçu le tableau. on ne verra sur la toile que le Mont-Blanc. PERRICHON, inquiet. Eh bien, et moi? DANIEL. Le mont Blanc et vous ! 1 PERRICHON. C'est ça. moi et le Mont-Blanc. tranquille et majestueux !. Ah ! ça, et vous, où serez-vous? DANIEL. Dans le trou. tout au fond. on n'apercevra que mes deux mains crispées et suppliantes. PERRICHON. Quel magnifique tableau ! DANIEL. Nous le mettrons au lvlusée,.. PERRICHON. De Versailles? DANIEL. Non, de Paris. PERRICHON. Ah ! oui. à L'exposition !. DANIEL. Et nous inscrirons sur le livret cette notice. PERRICHON. Non ! pas de banque ! pas de réclame ! Nous mettrons tout sim-plement l'article de mon journal. On nous écrit de Chamouny.. DANIEL. C'est un peu sec. PERRIfijJON. Oui. mais nous l'arrangerons ! Avec effusion. Ah! Daniel, mon ami !. mon enfant ! DANIEL. Adieu, monsieur Perrichon !. nous'ne devons plus nous re-voir. PERRICHON. Non ! c'est impossible ! c'est impossible ! ce mariage. rien n'est encore décidé. DANIEL. Mais. PERRICHON. Restez ! je le veux ! DANIEL, à part. Allons donc ! SCÈNE IX LES MÊMES, JEAN, LE COMMANDANT. JEAN, annonçant. Monsieur le commandant Mathieu ! PERRICHON, étonné. Qu'est-ce que c'est que ça ? LE COMMANDANT, entrant. Pardon, messieurs, je vous dérange peut-être ? PERRICHON. Du tout. 1 LE COMMANDANT, à Daniel. Est-ce à monsieur Perrichon que j'ai l'honneur de parler ? PERRICHON. C'est moi, monsieur. LE COMMANDANT. Ah !. A Perrichon. Monsieur, voilà douze jours que je vous cherche. Il y a beaucoup de Perrichon à Paris. j'en ai déjà visité une douzaine. mais je suis tenace. PERRICHON, lui indiquant un siège à gauche du guéridon. Vous avez quelque chose à me communiquer ? il s'assied sur le canapé. Daniel remonte. LE COMMANDANT, s'asseyant. Je n'en sais rien encore. Permettez-moi d'abord de vous adres-ser une question Est-ce vous qui avez fait, il y a un mois, un voyage à la mer de Glace ? PERRICHON. Oui, monsieur, c'est moi-même ! je crois avoir le droit de m'en vanter ! Daniel, le Commandant, Perrichon. LE COMMANDANT. Alors, c'est vous qui avez écrit sur le registre des voyageurs c Le commandant est un paltoquet. PERRICHON. Comment! vous êtes?. LE COMMANDANT. Oui, monsieur. c'est moi! PERRICHON. , Enchanté ! ils se font plusieurs petits saluts DANIEL, à part en descendant. Diable ! l'horizon s'obscurcit !. LE COMMANDANT. Monsieur, je ne suis ni querelleur, ni ferrailleur, mais je n'aime pas à laisser traîner sur les livres d'auberge de pareilles apprécia-tions à côté de mon nom. PERRICHON. Mais vous avez écrit le premier une note. plus que vive ! LE COMMANDANT. - Moi? je me suis borné à constater que mer de Glace ne prenait pas d'e à la fin voyez le dictionnaire. PERRICHON. Eh ! monsieur ! vous n'êtes pas chargé de corriger mes. préten-dues fautes d'orthographe! De quoi vous mêlez-vous? Ils se lèvent. LE COMMANDANT. Pardon. pour moi, la langue française est une compatriote aimée. une dame de bonne maison, élégante, mais un peu cruelle. - vous le savez mieux que personne. PERRICHON. Moi?. LE COMMANDANT. Et quand j'ai l'honneur de la rencontrer à l'étranger. je ne per-Le Commandant, Perrichon, Daniel. mets pas qu'on éclabousse sa robe. C'est une question de chevalerie et de nationalité. PERRICHON. Ah çà ! monsieur, auriez-vous la prétention de me donner une leçon ? LE COMMANDANT. Loin de moi cette pensée. PERRICHON. # Ah ! ce n'est pas malheureux ! A part. Il recule. LE COMMANDANT. Mais sans vouloir vous donner une leçon, je viens vous demander poliment. une explication. PERRICHON, à part. Mathieu !. c'est un faux commandant. LE COMMANDANT. De deux choses l'une ou vous persistez. PERRICHON. Je n'ai pas besoin de tous ces raisonnements ! Vous croyez peut-être m'intimider monsieur. j'ai fait mes preuves de courage, en-tendez-vous ! et je vous les ferai voir. LE COMMANDANT. Où ça? PERRICHON. A l'exposition. L'année prochaine. LE COMMANDANT. Oh! permettez!. Il me sera impossible d'attendre jusque-là. Pour abréger, je vais au fait retirez-vous, oui ou non ? PERRICHON. Rien du tout ! LE COMMANDANT. Prenez garde ! , DANIEL. Monsieur Perrichon! PERRICHON. Rien du tout ! A part. Il n'a pas seulement de moustaches ! LE COMMANDANT. Alors, monsieur Perrichon, j'aurai l'honneur de vous attendre demain , à midi, avec mes témoins, dans les bois de la Malmai-son. DANIEL. Commandant ! un mot? LE COMMANDANT, remontant. Nous vous attendrons chez le garde ! DANIEL. Mais, commandant. LE COMMANDANT. Mille pardons. j'ai rendez-vous avec un tapissier. pour choisir des étoffes, des meubles. A demain. midi. saluant. Mes-sieurs. j'ai bien l'honneur. Il sort. SCÈNE X V PERRICHON, DANIEL, puis JEAN. DANIEL, à Perrichon. Diable ! vous êtes raide en affaires 1 avec un commandant sur-tout! PERRICHON. Lui ! un commandant? Allons donc ! Est-ce que les vrais com-mandants s'amusent à éplucher les fautes d'orthographe? Le Commandant, Daniel, Perrichon. Daniel, Perrichon. DANIEL. N'importe? Il faut questionner, s'informer. Il sonne à la che-minée. savoir à qui nous avons à faire. JEAN, paraissant. Monsieur? PERRICHON, à Jean. Pourquoi as-tu laissé entrer cet homme qui sort d'ici? JEAN. Monsieur, il était déjà venu ce matin. J'ai même oublié de vous remettre sa carte. DANIEL. Ah! sa carte! PERRICHON. Donne! La lisant. Mathieu, ex-commandant au deuxième zouaves. DANIEL. Un zouave ! PERRICHON. Saprelotte ! JEAN. Quoi donc? PERRICHON. Rien! Laissez-nous ! Jean sort. DANIEL. Eh bien ! nous voilà dans une jolie situation ! PERRICHON. Que voulez-vous? j'ai été trop vif. un homme si poli!. Je l'ai pris pour un notaire gradé! DANIEL. Que faire.? Jean, Perrichon, Daniel. PERRICHON. Il faudrait trouver un moyen. Poussant un cri. Ah !. DANIEL. Quoi? - PERRICHON. Rien ! rien ! Il n'y a pas de moyen ! je l'ai insulté, je me battrai l.. Adieu !.. -DANIEL. Où allez-vous ? PERRICHON. Mettre mes affaires en ordre. vous comprenez. DANIEL. Mais cependant.. PERRICHON. Daniel. quand sonnera l'heure du danger vous ne me verrez pas faiblir ! Il sort à droite. SCÈNE XI DANIEL, seul. -'IloeLdonc !. c'est impossible !. je ne peux pas laisser battre M. Perrichon avec un zouave !. c'est qu'il a du coeur le beau-père !. je le connais, il ne fera pas de concessions. de son côté le commandant. et tout cela pour une faute d'orthographe ! Cher-chant. Voyons donc ?.. si je prévenais l'autorité ? oh ! non !.. au fait, pourquoi pas ? personne ne le saura. D'ailleurs, je n'ai pas le choix des moyens., Il prend un buvard et un encrier sur une table, près de la porte d'entrée, et se place au guéridon. Une lettre au préfet de police!. Écrivant. Monsieur le Préfét. j'ai l'honneur de. parlant tout en cl'ri ',Il'I. Une ronde passera par là à point nommé. le hasard aura tout fait. et l'honneur sera sauf. Il plie et cachète sa lettre et remet en place ce qu'il a pris. Maintenant, il s'agit de la faire porter tout Daniel, Perrichon. de suite.. Jean doit être là ! Il sort en appelant. Jean ! Jean ! Il dis-paraît dans l'antichambre. SCÈNE XII PERRICHON, seul. - Il entre en tenant une lettre à la main. Il la lit. Monsieur le Préfet, je crois devoir prévenir l'autorité que deux insensés ont l'intention de croiser le fer demain, à midi moins un quart. parlé. Je mets moins un quart afin qu'on soit exact. Il suffit quelquefois d'un quart d'heure !. Reprenant sa lecture. A midi moins un quart. dans les bois de la Malmaison. Le rendez-vous est à la porte du garde. Il appartient à votre haute adminis-tration de veiller sur la vie des citoyens. Un des combattants est un ancien commerçant, père de famille, dévoué à nos institutions et jouissant d'une bonne notoriété dans son quartier. Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, etc. etc. S'il croit me faire peur ce com-mandant!. maintenant l'adresse. Il écrit. Très-pressé, commu-nication importante. comme ça, ça arrivera. Où est Jean ? SCÈNE XIII PERRICHON, DANIEL, puis MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis JEAN. DANIEL, entrant par le fond, sa lettre à la main. Impossible de trouver ce domestique. Apercevant Perrichon. Oh ! Il cache sa lettre. PERRICHON. Daniel ! Il cache aussi sa lettre. DANIEL. Eh bien ! monsieur Perrichon. -Perrichon, Daniel. PERRICHON. Vous voyez. je suis calme. comme le bronze ! Apercevant sa femme et sa HUe. Ma femme, silence ! H descend. MADAME PERRICHON à son mari. Mon ami, le maître de piano d'Henriette vient de nous envoyer des billets de concert pour demain. midi. PERRICHON, à part. Midi ! HENRIETTE. C'est à son bénéfice, tu nous accompagneras ? PERRICHON. Impossible ! demain, ma journée est prise ! MADME PERRICHON. Mais tu n'as rien à faire.. PERRICHON. Si. j'ai une affaire. très-importante. demande à Daniel.. DANIEL. Très-importante ! MADAME PERRICHON. Quel air sérieux ! A son mari. Tu as la figure longue d'une aune ou dirait que tu as peur. PERRICHON. Moi? peur 1 On me verra sur le terrain ! - DANIEL, à part. Aïe ! MADAME PERRICHON. Le terrain ! PERRICHON, à part. Sapristi ! ça ma échappé ! Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. HENRIETTE, courant à lui. Un duel ! papa ! PERRICHON. • Eh bien ! oui, mon enfant, je ne voulais pas te le dire, ça ma échappé, ton père se bat !.. MADAME PERRICHON. -Mais avec qui? PERRICHON. Avec un commandant au deuxième zouaves ! MADAME PERRICHON et HENRIETTE, effrayées. Ah ! grand Dieu ! PERRICHON. Demain, à midi, dans le bois de là Malmaison, à la porte du garde! MADAME PERRICHON, allant à lui. Mais tu es fou. toi! un bourgeois! PERRICHON. Madame Perrichon, je blâme le duel. mais il y a des circonstan-ces où l'homme se doit à son honneur! A part, montrant sa lettre. Où est donc Jean? MADAME PERRICHON, à part. Non ! c'est impossible ! je ne souffrirai pas. Elle va à la table au fond et écrit à part. Monsieur le préfet de police. JEAN, paraissant. Le dîner est servi! PERRICHON, s'approchant de Jean et bas. Cette lettre à son adresse, c'est très-pressé ! Il s'éloigne. DANIEL, bas à Jean. Cette lettre à son adresse. c'est très-pressé! Il s'éloigne. Daniel, Perrichon, Henriette, madame Perrichon. Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. Madame Perrichon, Jean, Perrichon, Daniel, Henriette, MADAME PERRICHON, bas à Jean. Cette lettre à son adresse. c'est très-pressé! PERRICHON. Allons ! à table ! HENRIETTE, à part. Je vais faire prévenir monsieur Armand. Elle entre à droite. MADAME PERRICHON, à Jean ayant de sortir. Chut! DANIEL, de même. Chut! PERRICHON, de même. Chut ! Ils disparaissent tous les trois. JEAN, seul. Quel est ce mystère? Lisant l'adresse des trois lettres. Monsieur le préfet. Monsieur la préfet. Monsieur le préfet. Étonné, et avec joie. Tiens ! il n'y a qu'une course! FIN DU TROISIÈME ACTE ACTE QUATRIÈME Un jardin. - Bancs, chaises, table rustique à droite, un pavillon praticable. SCÈNE PREMIÈRE DANIEL, puis PERRICHON. DANIEL, entrant par le fond à gauche. Dix heures! le rendez-vous n'est que pour midi. il s'approche du pavillon et fait signe. Psit psit ! PERRICHON, passant la tête à la porte du pavillon. Ah ! c'est vous. ne faites pas de bruit. dans une minute je suis à vous.. il rentre. DANIEL, seul. Ce pauvre monsieur Perrichon! il a dû passer une bien mau-vaise nuit. heureusement ce duel n'aura pas lieu. PERRICHON, sortant du pavillon avec un grand manteau. Me voici. je vous attendais. DANIEL. Comment vous trouvez-vous? Daniel, Perrichon. PERRICHON. Calme comme le bronze ! DANIEL. J'ai des épées dans la voiture. PERRICHON, entrouvrant son manteau. Moi, j'eu ai là. DANIEL. Deux paires ! PERRICHON. Une peut casser. je ne veux pas me trouver dans l'embarras. DANIEL, à part. Décidément, c'est un lion!.., Haut. Le fiacre est à la porte. si vous voulez. PERRICHON. Un instant! Quelle heure est-il? DANIEL. Dix. heures ! PERRICHON. Je ne veux pas arriver avant midi. ni après. A part. Ça ferait tout manquer. DANIEL. Vous avez raison. pourvu qu'on soit à l'heure. A part. Ça ferait tout manquer. PERRICHON. Arriver avant. c'est de la fanfaronnade. après, c'est de l'hési-tation d'ailleurs, j'attends Majorin. je lui ai écrit hier soir un mot pressant. DANIEL. Ah! le voici. SCÈNE II LES MÊMES, MAJORIN. MAJORIN. J'ai reçu ton billet, j'ai demandé un congé. de quoi s'agit-il? PERRICHON. Majorin. je me bats dans deux heures !. MAJORIN. Toi? allons donc! et avec quoi? PERRICHON, ouvrant son manteau et laissant voir ses épées. Avec ceci. MAJORlN. Des épées ! PERRICHON. Et j'ai compté sur toi pour être mon second. Daniel remonte. MAJORIN. Sur moi? permets, mon ami, c'est impossible ! PERRICHON. Pourquoi? MAJORIN. Il faut que j'aille à mon bureau. je me ferais destituer. PERRICHON. Puisque tu as demandé un congé. MAJORIN. Pas pour être témoin!. On leur fait des procès aux témoins PERRICHON. 11 me semble, monsieur Majorin, que je vous ai rendu assez de Daniel, Majorin, Perricbon. services pour que vous ne refusiez pas de m'assister dans une cir-constance capitale de ma vie. MAJORIN, à part. Il me reproche ses six cents francs ! PERRICHON. Mais si vous craignez de vous compromettre. si vous avez peur. MAJORIN. Je n'ai pas pour. Avec amertune. D'ailleurs je ne suis pas libre. tu as su m'enchaîner par les liens de la reconnaissance. Grinçant. Ah ! la reconnaissanc ! - DANIEL, à part. Encore un! MAJORIN. Je nue demande qu'une chose. c'est d'être de retour à deux heures. pour toucher mon dividende. je te rembourserai immé-diatement et alors. nous serons quittes! DANIEL. Je crois' qu'il est temps de partir. A perrichon. Si vous désirez faire vos adieux à madame Perrichon et à votre fille. PERRICHON. Non ! je veux éviter cette scène. ce serait des pleurs, des cris. elles s'attacheraient a wrs hahits pour me retenir. partons ! on entend chanter dans la coulisse. Ma fille 1 SCÈNE III LES MÊMES, HENRIETTE puis MADAME PERRICHON. HENRIETTE, entrant en chantant, et un arrosoir à la main. Tra la la ! tra la la ! parlé Ah ! c'est toi, mon petit papa. Majorin, Perrichon, Daniel. Majorin, Daniel, Perrichon, Henriette. PERRICHON. Oui. tu vois. nous partons. avec ces deux messieurs. il le faut. il l'embrasse avec émotion. Adieu! HENRIETTE, tranquillement. Adieu, papa. A part. Il n'y a rien à craindre, maman a prévenu le préfet de police. et moi, j'ai prévenu monsieur Armand. Elle va arroser les fleurs. PERRICHON, s'essuyant les yeux et la croyant près de lui. Allons! ne pleure pas!. si tu ne me revois pas. songe. s'ar-rêtant. Tiens ! elle arrose ! MAJORIN, à part. Ça me révolte ! mais c'est bien fait ! MADAME PERRICHON, entrant avec des fleurs à la main, à son mari. Mon ami. peut-on couper quelques dalhias? PERRICHON. Ma femme ! MADAME PERRICHON. Je cueille un bouquet pour mes vases. PERRICHON. Cueille. dans un pareil moment je n'ai rien à te refuser. je vais partir. Caroline. MADAME PERRICHON, tranquillement. Ah ! tu vas là-bas. PERRICHON. Oui je vais. là-bas, avec ces deux messieurs. MADAME PERRICHON. Allons ! tâche d'être revenu pour dîner. PERRICHON et MAJORIN. Hein? PERRICHON à part. Cette tranquillité. est-ce que ma femme ne m'aimerait pas? Majorin, Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. MAJORIN, à part. Tous les Perrichon manquent de coeur! c'est bien fait! DANIEL. Il est l'heure. si vous voulez être au rendez-vous à midi. PERRICHON, vivement. Précis ! MADAME PERRICHON, vivement. Précis! vous n'avez pas de temps à perdre. HENRIETTE. Dépêche-toi, papa. • PERRICHON. Oui. MAJORIN, à part. Ce sont elles qui le renvoient! Quelle jolie famille ! PERRICHON. AYons! Caroline! ma fille! adieu! adieu! Ils remontent. • SCÈNE IV LES MÊMES, ARMAND. ARMAND, paraissant au fond. Restez, monsieur Perrichon, le duel n'aura pas lieu. TOUS. Comment? HENRIETTE, à part. Monsieur Armand ! j'étais bien sûre de lui ! MADAME PERRICHON, à Armand. Mais, expliquez-nous. Majorin, Perrichon, Daniel, Armand, madame Perrichon, Henriette. ARMAND. C'est bien simple.., je viens de faire mettre à Clichy le comman-dant Mathieu. TOUS. A Clichy? DANIEL, à part. Il est très-actif, mon rival! ARMAND. Oui. cela avait été convenu depuis un mois entre le comman-dant et moi. et je ne pouvais trouver une meilleure occasion de lui être agréable. A perrichon. Et de vous en débarrasser! MADAME PERRICHON, à Armand. Ah! monsieur, que de reconnaissance. HENRIETTE, bas. Vous êtes notre sauveur 1 PERRICHON, à part. Eh bien ! je suis contrarié de ça. j'avais si bien arrangé ma petite affaire. A midi moins un quart on nous mettait la main dessus. MADAME PERRICHON, allant à son mari. Remercie donc. PERRICHON. Qui ça ? MADAME PERRICHON. Eh bien ! monsieur Armand. PERRICHON. Ah! oui. A Armand sèchement. Monsieur, je vous remercie. MAJORIN, à part. On dirait que ça l'étrangle. Haut. Je vais toucher mon dividende A DanieL Croyez-vous que la caisse soit ouverte? 4 DANIEL. Oui sans doute. J'ai une voiture, je vais vous conduire. Monsieur Perrichon, nous nous reverrons vous avez une réponse à me donner. MADAME PERRICHON, bas à Armand. Restez. Perrichon a promis de se prononcer aujourd'hui le moment est favorable, faites votre demande. - ARMAND. Voui croyez. c'est que. HENRIETTE, bas. Courage, monsieur Armand. ARMAND. V! oh! quel bonheur ! MAJORIN. Adieu, .Perrichon. DANIEL, saluant. Madame. mademoiselle. Henriette et madame Perrichon sortent par la droite Majorin et Daniel par le fond, à gauche. SCENE V PERRICHON, ARMAND, puis JEAN et le COMMANDANT. PERRICHON, à part. Je suis très-contrané. très-contrarié!. j'ai passé une partie de la nuit à écrire à mes amis que je me battais. je vais être ridicule. ARMAND, à part. Il doit être bien disposé. Essayons. Haut. Mon cher monsieur Perrichon. Perrichon, Daniel, Majorin, madame Perrichon, Armand. Henriette. Perrichon, Armand. PERRICHON, sèchement. Monsieur? ARMAND. Je suis plus heureux que je ne puis le dire d'avoir pu terminer cette désagréable affaire. PERRICHON, à part. Toujours son petit air protecteur! Haut. Quant à moi, monsieur, je regrette que vous m'ayez privé du plaisir de donner une leçon à ce professeur de grammaire ! ARMAND. Comment? mais vous ignorez donc que votre adversaire.., PERRICHON. Est un ex-commandant au deuxième zouave. Eh bien?. après? J'estime l'armée, mais je suis de ceux qui savent la regarder en face. Il passe fièrement devant lui. JEAN, paraissant et annonçant. Le commandant Mathieu. PERRICHON. Hein? ARMAND. Lui! PERRICHON. Vous me disiez qu'il était en prison ! LE COMMANDANT, entrant. J'y étais, en effet, mais j'en suis sorti. Apercevant Armand. Ah ! monsieur Armand ! je viens de consigner le montant du billet que je vous dois, plus les frais. APMAND. Très-bien, commandant. Je pense que vous ne me gardez pas rancune. vous paraissiez si désireux d'aller à Clichy. Jean, le Commandant, Armand, Perrichon. LE COMMANDANT. Oui, j'aime Clichy. mais pas les jours où je dois me battre. A Perrichon. Je suis désolé, monsieur, de vous avoir fait attendre. Je suis à vos ordres. JEAN, à part. Oh ! ce pauvre bourgeois ! PERRICHON. Je pense, monsieur, que vous me rendrez la justice de croire que je suis tout à fait étranger à l'incident qui vient de se pro-duire. ARMAND. Tout à fait car à l'instant même, monsieur me manifestait ses regrets de ne pouvoir se rencontrer avec vous. LE COMMANDANT, à Perrichon. Je n'ai jamais douté, monsieur, que vous ne fussiez un loyal ad-versaire. PERRICHON, avec hauteur. Je me plais à l'espérer, monsieur. JEAN, à part. Il est très-solide, le bourgeois. LE COMMANDANT. Mes témoins sont à la porte. partons! PERRICHON. Partons! LE COMMANDANT, tirant sa montre. Il est midi. PERRICHON, à part. Midi!. déjà! LE COMMANDANT. Nous serons là-bas à deux heures. Jean, le Commandant, Perrichon, Armand. PERRICHON, à part. Deux heures ! ils seront partis.. ARMAND. Qu'avez-vous donc? PERRICHON. J'ai. j'ai. messieurs, j'ai toujours pensé qu'il y avait quelque noblesse à reconnaître ses torts. LE COMMANDANT et JEAN. étonnés. Hein? ARMAND. Que dit-il? PERRICHON. Jean. laiss..nous! ARMAND. Je me retire aussi. LE COMMANDANT. Oh ! pardon je désire que tout ceci se passe devant témoins. ARMAND. Mais. LE COMMANDANT. Je vous prie de rester. PERRICHON. Commandant. vous êtes un brave militaire. et moi. j'aime les militaires ! Je reconnais que j'ai eu des torts envers vous. et je vous prie de croire que. A part. Sapristi ! devant mon domes-tique ! Haut. Je vous prie de croire qu'il n'était ni dans mes inten-tions. Il fait signe de sortir à Jean, qui a l'air de ne pas comprendre. A part. Ça m'est égal, je le mettrai à la porte ce soir. Haut. ni dans ma pensée. d'offenser un homme que j'estime et que j'honore ! JEAN, à part. Il canne, le patron ! LE COMMANDANT. Alors, monsieur, ce sont des excuses. ARMAND, vivement. Oh ! des regrets !. PERRICHON. N'envenimez pas ! n'envenimez pas ! laissez parler le commandant. LE COMMANDANT. Sont-ce des regrets ou des excuses ? PERRICHON, hésitant. Mais. moitié l'un. moitié l'autre. LE COMMANDANT. Monsieur, vous avez écrit en toutes lettres sur le livre de Mon-tanvert. le commandant est un. PERRICHON, vivement. Je retire le mot ! il est retiré ! LE COMMANDANT. Il est retiré. ici. mais là-bas! il s'épanouit au beau milieu d'une page que tous les voyageurs peuvent lire. PERRICHON. Ah ! dam ! pour ça ! à moins que je ne retourne moi-même l'ef-facer. LE COMMANDANT. Je n'osais pas vous le demander, mais puisque vous me l'offrez. PERRICHON. Moi? LE COMMANDANT. J'accepte. PERRICHON. Permettez. LE COMMANDANT. Oh je ne vous demande pas de repartir aujourd'hui. non!. mais demain. PERRICHON et ARMAND. Comment? LE COMMANDANT. Comment? Par le premier convoi, et vous bifferez vous-même, de bonne grâce, les deux méchantes lignes échappées à votre im-provisation. ça m'obligera. PERRICHON. Oui. comme ça. il faut que je retourne en Suisse? LE COMMANDANT. D'abord, le Montanvert était en Savoie. maintenant c'est la France ! PERRICHON. La France, reine des nations ! JEAN. C'est bien moins loin ! LE COMMANDANT, ironiquement. Il ne me reste plus qu'à rendre hommage à vos sentiments de conciliation. PERRICHON. Je n'aime pas à verser le sang ! LE COMMANDANT, riant. Je me déclare complétement satisfait. A Armand. Monsieur Des-roches, j'ai encore quelques billets en circulation, s'il vous en passe un par les mains, je me recommande toujours à vous ! saluant. Messieurs, j'ai bien l'honneur de vous saluer! PERRICHON, saluant. Commandant. Le commandant sort. JEAN, à Perrichon, tristement. Eh bien! monsieur. voilà votre affaire arrangée. Armand, Perrichon, Jean. PERRICHON, éclatant. Toi, je te donne ton compte ! va faire tes paquets, animal. JEAN, stupéfait. Ah ! bah ! qu'est-ce que j'ai fait ! Il sort à droite. SCÈNE VI ARMAND, PERRICHON. PERRICHON, à part. Il n'y a pas à dire. j'ai fait des excuses! moi ! dont on verra le portrait au Musée. mais à qui la faute? à ce M. Armand! ARMAND, à part, au fond. Pauvre homme 1 je ne sais que lui dire. PERRICHON, à part. Ah ! ça, est-ce qu'il ne va pas s'en aller? Il a peut-être encore quelque service à me rendre. Ils sont jolis, ses services! ARMAND. Monsieur Perrichon ! PERRICHON. Monsieur? ARMAND. .Hier, en vous quittant, je suis allé chez mon ami. l'employé à l'administration des douanes. Je lui ai parlé de votre affaire. PERRICHON, sèchement. Vous êtes trop bon. ARMAND. C'est arrangé!. on ne donnera pas suite au procès. PERRICHON. Ah! .£1 1 '-, V ijiaA Perrabon. ARMAND. Seulement, vous écrirez au douanier quelques mots de regrets. PERRICHON, éclatant. C'est ça! des excuses! encore des excuses!. De quoi vous mêlez-vous, à la fin ? ARMAND. Mais. PERRICHON. Est-ce que vous ne perdrez pas l'habitude de vous fourrer à chaque instant dans ma vie ? ARMAND. Comment ! PERRICHON. Oui, vous touchez à tout ! Qui est-ce qui vous a prié de faire arrêter le commandant? Sans vous, nous étions tous là-bas, à midi ! ARMAND. Mais rien ne vous empêchait d'y être à deux heures. PERRICHON. Ce n'est pas la même chose. ARMAND. Pourquoi? PERRICHON. Vous me demandez pourquoi? Parce que. non ! Vous ne saurez pas pourquoi! Avec colère. Assez de services, monsieur! assez de services! Désormais, si je tombe dans un trou, je vous prie de m'y laisser! j'aime mieux donner cent francs au guide. car ça coûte cent francs. il n'y a pas de quoi être si fier ! Je vous prierai aussi de ne plus changer les heures de mes duels, et de me laisser aller en prison si c'est ma fantaisie. ARMAND. Mais, monsieur Perrichon. PERRICHON. Je n'aime pas les gens qui s'imposent.., c'est de l'indiscrétion ! Vous m'envahissez !. ARMAND. Permettez. PERRICHON. Non, monsieur 1 on ne me domine pas, moi t Assez de services ! assez de services ! Il sort parle pavillon. SCÈNE VII ARMAND, puis HENRIETTE. ARMAND, seul. Je n'y comprends plus rien. je suis abasourdi! HENRIETTE, entrant par la droite, au fond. 4b ! monsieur Armand ARMAND. Mademoiselle Henriette ! HENRIETTE. Avez-vous causé avec papa ? 1 ARMAND. Oui, mademoiselle. HENRIETTE. Eh Lien ! -ARMAND. Je viens d'acquérir la preuve de sa parfaite antipathie. HENRIETTE. Que dites-vous là? C'est impossible. Armand, Henriette. ARMAND.. Il a été jusqu'à me reprocher de l'avoir sauvé au Iontanvert. J'ai cru qu'il allait m'offrir cent francs de récompense. HENRIETTE. Cent francs ! Par exemple ! ARMAND. Il dit que c'est le prix !. HENRIETTE. Mais c'est horrible !. c'est de l'ingratitude !. ARMAND. J'ai senti que ma présence le froissait, le blessait. et je n'ai plus, mademoiselle, qu'à vous faire mes adieux. HENRIETTE, vivement. Mais, pas du tout 1 restez ! ARMAND. A quoi bon ? c'est à Daniel qu'il réserve votre main. HENRIETTE. Monsieur Daniel?. mais je ne veux pas ! ARMAND, avec joie. An HENRIETTE, se reprenant. Ma mère ne veut pas ! elle ne partage pas les sentiments de papa elle est reconnaissante, elle elle vous aime. Tout à l'heure elle me disait encore Monsieur Armand est un honnête homme. un homme de coeur, et ce que j'ai de plus cher au monde, je le lui don-nerai. ARMAND. Mais, ce qu'elle a de plus cher. c'est vous ! HENRIETTE, naïvement. Je le crois. ARMAND. Ah ! mademoiselle, que je vous remercie HENRIETTE. Mais, c'est maman qu'il faut remercier. ARMAND. Et vous, mademoiselle, me permettez-vous d'espérer que vous aurez pour moi la même bienveillance ? HENRIETTE, embarrassée. Moi, monsieur?. ARMAND. Oh ! parlez ! je vous en supplie. HENRIETTE, baissant les yeux. Monsieur, lorsqu'une demoiselle est bien élevée, elle pense tou-jours comme sa maman. Elle se sauve. • SCÈNE VIII ARMAND,, puis DANIEL. ARMAND, seul. Elle m'aime ! elle me l'a dit!. Ah ! je suis trop heureux !. ab !. DANIEL, entrant. Bonjour, Armand. ARMAND. C'est vous. A part. Pauvre garçon ! DANIEL. Yoici l'heure de la philosophie. Monsieur Perrichon se recueille. et daps dix minutes nous allons connaître sa réponse. Mon pauvre ami ! ARMAND. Quoi donc? DANIEL. Dans la campagne que nous venons de faire, vous avez commis fautes sur fautes. Armand, Daniel. ARMAND, étonné. Moi? DANIEL. Tenez, je vous aime, Armand. et je veux vous donner un bon avis qui vous servira. pour une autre fois! vous avez un défaut mortel! ARMAND. Lequel? DANIEL. Vous aimez trop à rendre service. c'est une passion malheu-reuse ! ARMAND, riant. Ah ! par exemple ! DANIEL. Croyez-moi. j'ai vécu plus que vous, et dans un monde. plus avancé ! Avant d'obliger un homme, assurez-vous bien d'abord que cet homme n'est pas un imbécile. ARMAND. Pourquoi? -DANIEL. Parce qu'un imbécile est incapable de supporter longtemps cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance il y a même des gens d'esprit qui sont d'une constitution si délicate. ARMAND, riant. Allons ! développez votre paradoxe ! DANIEL. Voulez-vous un exemple monsieur Perrichon. PERRICHON, passant sa tête à la porte du pavillon. Mon nom ! DANIEL. Vous me permettrez de ne pas le ranger dans la catégorie des hommes supérieurs. Perrichon disparaît. DANIEL. Eh bien ! monsieur Perrichon vous a pris tout doucement en grippe. ARMAND. J'en ai bien peur. DANIEL. Et pourtant vous lui avez sauvé la vie. Vous croyez peut-être que ce souvenir lui rappelle un grand acte de dévouement? Non ! il lui rappelle trois choses Primo, qu'il ne sait pas monter à cheval se-cundo, qu'il a eu tort de mettre des éperons, malgré l'avis de sa femme tertio, qu'il a fait en public une culbute ridicule. ARMAND. Soit, mais. DANIEL. Et comme il fallait un bouquet à ce beau feu d'artifice, vous lui avez démontré, comme deux et deux font quatre, que vous ne faisiez aucun cas de son courage, en empêchant un duel. qui n'aurait pas eu lieu. ARMAND. Comment î DANIEL. J'avais pris files mesures. Je rends aussi quelquefois des ser-vices. ARMAND. Ah! vous voyez bien ! DANIEL. Oui, mais moi, je me cache. je me masque ! Quand je pénètre dans la misère de mon semblable, c'est avec des chaussons et sans lumière. comme dans une poudrière ! D'où je conclus. ARMAND. Qu'il ne faut obliger personne ? DANIEL. Oh ! non 1 mais il faut opérer nuitamment et choisir sa victime ! D'où je conclus que ledit Perrichon vous déteste votre présence l'humilie, il est votre obligé, votre inférieur ! vous l'écrasez, cet homme ! ARMAND. Mais c'est de l'ingratitude !. DANIEL. L'ingratitude est une variété de l'orgueil. C'est l indépendance du coeur, a dit un aimable philosophe. Or, monsieur Perrichon est le carrossier le plus indépendant de la carrosserie française! J'ai flairé cela tout de suite. Aussi ai-je suivi une marche tout à fait opposée à la vôtre. ARMAND. Laquelle ? DANIEL. Je me suis laissé glisser. exprès ! dans une petite crevasse. pas méchante. ARMAND. Exprès ? DANIEL. Vous ne comprenez pas? Donner à un carrossier l'occasion de sauver son semblable, sans danger pour lui, c'est un coup de maître ! Aussi, depuis ce jour, je suis sa joie, son triomphe, son fait d'ar-mes ! Dès que je parais, sa figure s'épanouit, son estomac se gonfle, il lui pousse des plumes de paon ! dans sa redingote. Je le tiens ! comme la vanité tient l'homme. Quand il se refroidit, je le ranime, je le souffle. je l'imprime dans le journal. à trois francs la ligne! ARMAND. Ah bah ! c'est vous? DANIEL. Parbleu! Demain je le fais peindre à l'huile. en tête-à-tête avec le mont Blanc ! J'ai demandé un tout petit mont Blanc et un im-mense Perrichon ! Enfin, mon uni, retenez bien ceci. et surtout gardez-moi le secret les hommes ne s'attachent point à nous en raison des services que nous leur rendons, mais en raison de ceux qu'ils nous rendent ! ARMAND. Les hommes. c'est possible. mais les femmes ! DANIEL. Eh bien! les femmes. ARMAND. Elles comprennent la reconuaissancè, euesisavent garder au fond du coeur le souvenir du bienfait.. DANIEL. Dieu! la jolie phrase ! ARMAND. Heureusement, madame Perrichon, ne partage pas les sentiments de son mari. DANIEL. La maman est peut-être pour vous. mais j'ai pour moi l'or-gueil du papa. du haut du Montanvert ma crevasse me pro-tège ! SCÈNE IX LES MÊMES, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. -PERRIGHON, entrant accompagné de sa femme et de sa fille, il est très-grave. Messieurs, je suis heureux de vous trouver ensemble. vous m'avez fait tous deux l'honneur de me demander la main de ma fille. vous allez connaître ma décision. ARMAND, à part. Voici le moment. PERRICHON, à Daniel souriant. Monsieur Daniel. mon ami ! Daniel, Armand, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. ARMAND, à part. Je suis perdu! PERRICHON. J'ai déjà fait beaucoup pour vous. je veux faire plus encore. Je veux vous donner. DANIEL, remerciant. Ah! monsieur! - PERRICHON, froidement. Un conseil. Bas. Parlez moins haut quand vous serez près d'une porte. DANIEL, étonné. Ah! bah! PERRICHON. Oui. je vous remercie de la leçon. Haut. Monsieur Armand. vous avez moins vécu que votre ami. vous calculez moins, mais vous me plaisez davantage. je vous donne ma fille. ARMAND. Ah! monsieur!. PERRICHON. Et remarquez que je ne cherche pas à m'acquitter envers vous. je désire rester votre obligé. Regardant Daniel. car il n'y a que les imbéciles qui ne savent pas supporter cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance, Il se dirige vers la droite, madame Perrichon fait passer sa fille du côté d'Armand, qui lui donne le bras. DANIEL, à part. Attrappe ! -ARMAND, à part. Oh ! ce pauvre Daniel ! DANIEL. Je suis battu ! A Armand . Après comme avant, donnons-nous la main. Daniel, Perrichon, Armand, madame Perrichon, Henriette. Daniel, Armand, Henriette, madame Perrichon, Perrichon. ARMAND. Oh ! de grand coeur ! DANIEL, allant à Perrichon. Ah ! monsieur Perrichon, vous écoutez aux portes ! PERRICHON-Eh ! mon Dieu un père doit chercher à s'éclairer., Le prenant à part. Voyons là. vraiment, est-ce que vous vous y êtes jeté exprès t DANIEL. Où ça? PERRICHON Dans le trou ? DANIEL. Oui. mais je ne le dirai à personne. PERRICHON. Je vous en prie. Poignées de main. SCÈNE X LES MÊMES MAJORIN. MAJORlN. Monsieur Perrichon, j'ai touché mon dividende à trois heures.. et j'ai gardé la voiture de monsieur pour vous rapporter plus tôt vos six centsfrancs. les voici ! PERRICHON. Mû cela ne pressait pas. MAJORlN. Pardon, cela pressait. considérablement maintenant nous som-mes quittes. complètement quittes ! PERRICHON, 71 part. Quand je pense que j'ai été comme ça !. Armand, Henriette, madame Perrichon, Daniel, Perrichon 0 Armand, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Majorin, Daniel MAJOKIN à Daniel. Voici le numéro de votre voiture, il y a sept quarts, d'heure. Il lui donne une carte. -PERRICHON. Monsieur Armand, nous resterons chez nous demain soir. et si vous voulez nous faire plaisir, vous viendrez prendre une tasse de thé. ARMAND, courant à Perrichon, bas. Demain ! vous n'y pensez pas.. et votre promesse au comman-dant ! Il retourne près d'Henriette . PERRICHON. Ah ! c'est juste ! Haut. Ma femme. ma fille. nous repartons demain matin pour la mer.de Glace. HENRIETTE, étonnée. Hein? MADAME PERRICHON. Ah ! par exemple ! nous en arrivons ! pourquoi y retourner ? PERRICHON. Pourquoi ? peux-tu le demander ? tu ne devines pas que je veux revoir l'endroit où Armand m'a sauvé. MADAME PERRICHON. Cependant. - PERRICHON Assez ! ce voyage m'est commandants i repréft it commandé par la reconnaissance ! FIN. | LE VOYAGE DE MONSIEUR PERRICHON ACTE PREMIER Une gare. Chemin de fer de Lyon, à Paris. - Au fond, barrière ouvrant sur les salles d'attente. Au fond, à droite, guichet pour les billets. Au fond, à gauche, bancs. A droite, marchande de gâteaux à gauche, marchande de livres. SCÈNE PREMIÈRE MAJORIN, UN EMPLOYÉ DU CHEMIN DE FER, VOYAGEURS COMMISSIONNAIRES. MAJORIN, se promenant avec impatience. Ce Perrichon n'arrive pas ! Voilà une heure que je l'attends.. C'est pourtant bien aujourd'hui qu'il doit partir pour la Suisse avec sa femme et sa fille@@. Avec amertume. Des carrossiers qui vont en Suisse ! Des carrossiers qui ont quarante mille livres de rentes 1 Des carrossiers qui ont voiture ! Quel siècle ! Tandis que moi, je gagne deux mille quatre cents francs@@. un employé laborieux, intelligent, toujours courbé sur son bureau@@. Aujourd'hui, j'ai demandé un c@@@@@@. j'ai dit que j'étais de garde.@@ Il faut absolument que je voie Perrichon avant son départ@@. je veux le prier de m'avancer 6 LE VOYAGE DE MONSIEUR PERRICHON mon trimestre@@. six cents francs@! Il va prendre son air protecteur.@@ faire l'important !.@@ un carrossier ! ça fait pitié ! Il n'arrive toujours pas ! on dirait qu'il le fait exprès ! S'adressant à un facteur qui passe suivi de voyageurs. Monsieur@@. à quelle heure part le train direct pour Lyon ?.@@ LE FACTEUR, brusquement. Demandez à l'employé, Il sort par la gauche. MAJORJN. Merci.@@-manant ! S'adressant à l'employé qui est près du guichet. Monsieur, à quelle heure part le train direct pour Lyon@@.@? L'EMPLOYÉ, brusquement. Ça ne me regarde pas ! voyez l'affiche, Il désigne une affiche à la cantonade à gauche. MAJORIN. Merci@@. A part. Ils sont polis dans ces administrations Si ja-mais tu viens à mon bureau, toi !. Voyons l'affliche@.. Il sort à gauche. SCÈNE II L'EMPLOYÉ, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. Ils entrent de la droite. PERRICHON . Par ici !@@. ne nous quittons pas@! nous ne pourrions plus nous retrouver@@. Où sont nos bagages@?@@. Regardant à droite à la canto-nade. Ah ! très-bien ! Qui est-ce qui a les parapluies ?@@. HENRIETTE. Moi, papa. PERRICHOX. Et le sac de nuit@?.@@ les manteaux@?.@@ Henriette, Perrichon, madame Perrichon. MADAME PERRICHON. Les voici ! PERRICHON. Et mon panama ?.@@ Il est resté dans le fiacre ! Faisant un mouve-ment pour sortir et s'arrêtant. Ah ! non ! je l'ai à la main ! Dieu, que j'ai chaud ! MADAME PERRICHON. C'est ta faute !@@.@tu nous presses, tu nous bouscules@!.@@ je n'aime pas à voyager comme ça ! PERRICHON. C'est le départ qui est laborieux@@. une fois que nous serons ca.. sés !.@@ Restez là, je vais prendre les billets..-. Donnant son chapeau à Henriette. Tiens, garde-moi mon panama.@@ Au guichet. Trois pre-mières pour Lyon ?@. -L'EMPLOYÉ, brusquement. Ce n'est pas ouvert l Dans un quart d'heure ! PERRICHON, à l'employé. Ah ! pardon@! c'est la première fois que je voyage. Revenant à sa femme. Nous sommes en avance. MADAME PERRICHON. Là ! quand je te disais que nous avions le temps.@@ Tu ne nous as pas laissé déjeuner ! PERRICHON. @U veut mieux être en avance !.@@@on examine la gare@! A Henriette. Eh bien ! petite fille, es-tu contente@?@@. Nous voilà partis !.@@ encore quelques minutes, et, rapides comme la flèche de Guillaume Tell, nous nous élancerons vers les Alpes ! A sa femme. Tu as pris la lorgnette ? -MADAME PERRICHON. Mais, oui ! HENRIETTE, à son père. Sans reproches, voilà au moins deux ans que tu nous promets ce voyage. PERRICHON. Ma fille, il fallait que j'eusse vendu mon fonds.@@ Un commerçant ne se retire pas aussi facilement des affaires qu'une petite fille de son pensionnat.@@ D'ailleurs, j'attendais que ton éducation fût ter-minée pour la compléter en faisant rayonner devant toi le grand spec-tacle de la nature ! MADAME PERRICHON. Ah çà ! est-ce que vous allez continuer comme ça@?. PERRICHON. s Quoi ?@@. MADAME PERRICHON. Vous faites des phrases dans une gare ! PERRICHON. Je ne fais pas de phrases@@. j'élève les idées de l'enfant. Tirant do sa poche un petit carnet. Tiens, ma fille, voici un carnet que j'ai acheté pour toi. HENRIETTE. Pourquoi faire@?.@@ PERRICHON. Pour écrire d'un côté la dépense, et de l'autre les impressions. HENRIETTE. Quelles impressions ?.@@ PERRICHON. Nos impressions de voyage ! Tu écriras, et moi je dicterai. f MADAME PERRICHON. Comment ! vous allez vous faire auteur à présent ? PERRICHON. Il ne s'agit pas de me faire auteur@@. mais il me semble qu'un homme du monde peut avoir des pensées et les recueillir sur un carnet ! MADAME PERRICHON. Ce sera bien joli ! PERRICHON, à part. Elle est comme ça, chaque fois qu'elle n'a pas pris son café ! UN FACTEUR, poussant un petit chariot chargé de bagages. -Moiiqieur, voici@vos bagages. Voulez-vous les faire enregistrer@?.@@ PERRICHON. Certainement ! Mais avant, je vais les compter@@. parce que, quand •n sait son compte.@@ Un, deux, trois, quatre, cinq, six., ma@femme, sept, ma fille, huit, et moi, neuf. Nous sommes neuf. LE FACTEUR. Enlevez ! PERRICHON, courant vers le fond. Dépêchons-nous 1 LE FACTEUR. Pas par là, c'est par ici ! Il indique la gauche. PERRICHON. Ah ! très-bien S Aux femmes. Attendez-moi là !.@@ ne nous per-dons pas ! Il sort en courant, suivant le facteur. SCÈNE III.-MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis DANIEL. HENRIETTE. Pauvre père 1 quelle peine il se donne ! MADAME PÉRRICHON. Il est comme un ahuri ! DANIEL, entrant suivi d'un commissionnaire qui porte sa malle. Je ne sais pas encore où je vais, attendez ! Apercevant Henriette. C'est elle je rie me suis pas trompé ! il salue Henriette qui lui rend son salut. MADAME PERRICHON, à sa fille. Quel est ce monsieur@?@@. Heiriette, madame Perrichon, Daniel. ■ HENRIETTE. C'est un jeune homme qui m'a fait danser la semaine dernière au bal du huitième arrondissement. -MADAME PERRlCHON, vivement. Un danseur! Elle salue Daniel . DANIEL. - - Madame !@@. mademoiselle@!.@@ je bénis le hasard..,, Ces dames-vont partir?. - MADAME PERRICHON. Oui, monsieur@! DANIEL, -Ces dames vont à Marseille, sans doute@?.@@ MADAME PERRICHON Non, monsieur. DANIEL. A Nice, peut-étre ?@@. MADAME PERRICHON. Non, monsieur ! DANIEL. Pardon, madame@@. je croyais@@. si mes services@.. LE FACTEUR à Daniel. Bourgeois ! vous n'avez que le temps pour vos bagages. DANIEL. C'est juste@! alI .ns@! A part J'aurais voulu savoir où elles vont.@@ avant de prendre mon billet@@. saluant Madame@@@ mademoiselle@@. A part. Elles partent, c'est le principal@! Il sort par la gauche. SCÈNE IV MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis ARMAND. MADAME PERRICHON. Il est très-bien, ce jeune homme ! ARMAND, tenant un sac de nuit. Portez ma malle aux bagages.@@ je vous rejoins ! Apercevant Hen-riette. C'est elle ! lis se saluent . MADAME PERRlCHON. Quel est ce monsieur@?.@@ HENRIETTE C'est encore un jeune homme qui m'a fait danser au bal du hui-tième arrondissement. MADAME PERRIGHON. Ah çà ! ils se sont donc tous donné rendez-vous ici@?@@. n'importe, c'est un danseur@! Saluant. Monsieur.@@ ARMAND. Madame@@@ mademoiselle@@. je bénis le hasard@@. Ces dames vont partir@? MADAME PERRICHON. Oui, monsieur. ARMAND. Ces dames vont à Marseille, sans doute@?@@. MADAME pEimlcHON. Non, monsieur. ARMAND. A Nice, peut-être@?@@. MADAME PERRICHON, à part. Tiens, comme l'autre ! Haut. Non monsieur ! ARMAND. Pardon, madame, je croyais@@. si mes services. MADAME PERRICHON, à part. Après ça ! ils sont du même arrondissement. ARMAND, à part. ie ne suis pas plus avancé@@. je vais faire enregistrer ma malle. je reviendrai@! saluant. Madame@@. mademoiselle. Armand, madame Perrichon, Henriette. SCÈNE V MADAME PERRICHON, HENRIETTE, MAJORIN, puis PERRICHON. MADAME PERRICHON. 11 est très-bien, ce jeune homme@!.@@ Mais que fait ton père@? les jambes me rentrent dans le corps@! MAJORIN, entrant de la gauche. Je me suis trompé, ce train ne part que dans une heure t HENRIETTE. Tiens ! monsieur Majorin ! MAJORIN, à part. Enfin ! les voici MADAME PERRlCHON. Vous ! comment n'êtes-vous pas à votre bureau@?@@. MAJORIN. J'ai demandé un congé, belle dame je ne voulais pas vous lais-ser partir sans vous faire mes adieux ! MADAME PERRICHON. i Comment ! c'est pouçjjeeil ïjue vous êtes venu@! ah ! que c'est aimable ! MAJORIN. Mais je ne vois pas Perrichon ! HENRIETTE. Papa s'occupe des bagages. PERRICHON, entrant eu courant à lu cantonade. Les billets d'abord ! très-bien ! MAJORIN. Ah@! le voici ! Bonjour cher ami ! Majorin, madame Perrichon, Henriette. Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Majorin. PERRICHON, très-pressé. Ah ! c'est toi ! tu es bien gentil d'être venu !. Pardon, il faut que je prenne mes billets ! Il le quitte. MAJORIN, à part. Il est poli ! PERRICHON, à l'employé au guichet. Monsieur, on ne veut pas enregistrer mes bagages avant que je n'aie pris mes billets@? L'EMPLOYÉ. Ce n'est pas ouvert ! attendez ! PERRICHON, Attendez@! et là-bas, ils m'ont dit Dépêchez-vous@! s'essuyant le front. Je suis en nage@@ MADAME PERRICHON. Et moi, je ne tiens plus sur mes jambes ! PERRICHON. -Eh bien, asseyez-vous@! indiquant le fond à gauche. Voilà d@s bancs.@@ vous êtes bonnes de rester plantées là comme deux fac-tionnaires. MADAME PERRICHON. C'est toi-même qui nous as dit restez-la! tu n'en finis pas@! tu es insupportable ! PERRICHON. Voyons, Caroline ! MADAME PERRICHON. Ton voyage@! j'en ai déjà assez@! PERRICHON. On voit bien que tu n'as pas pris ton café 1 Tiens, vas t'asseoir 1 MADAME PERRICHON. Oui ! mais dépêche-toi@! Elle va s'asseoir avec Henriette. SCÈNE VI -PERRICHON, MAJORIN. MAJORIN, à part. Joli petit ménage ! PERRICHON, à Majorin. C'est-toujours comme ça quand elle n'a pas pris son café@. -Ce bon Majorin ! c'est bien gentil à toi d'être venu ! MAJORIN. Oui, je voulais te parler d'une petite affaire. PERRICHON distrait. Et mes bagages qui sont. restés là-bas sur une table.@@ Je suis inquiet ! Haut. Ce bon Majorin ! c'est bien gentil à toi d'être venu !. A part. Si j'y allais !. MAJORIN. J'ai un petit service à te demander. PERRICHON. A moi ?@.@ MAJORIN. J'ai déménagé.@@ et si tu voulais m'avancer un trimestre de mes appointements@@. six cents francs ! PERRICHON. Comment ici ?. MAJORIN. Je crois t'avoir toujours rendu exactement l'argen@ que tu m'as prêté. -. PERRICHON. Il ne s'agit pas de ça ! MAJORIN. Pardon@! je tiens à le constater@@. Je touche mon dividende des paquebots le huit du mois prochain j'ai douze actions et si tu n'as pas confiance en moi, je te remettrai les titres en garantie. PERRICHON. Allons donc ! es-tu bête ! § MAJORIN, sèchement. Merci ! PERRICHON. Pourquoi diable aussi viens-tu me demander ça au moment où je pars ?@@. j'ai pris juste l'argent nécessaire à mon voyage. MAJORIN. Après ça, si ça te gêne@@. n'en parlons plus. Je m'adresserai à des usuriers qui me prendront cinq pour pour cent par an@@@ je n'en mourrai pas ! PERRICHON, tirant son porte-feuille. Voyons, ne te fâche pas !.@@ tiens, les voilà tes six cents francs, mais n'en parle pas à ma femme. MAJORIN, prenant les billets. Je comprends ! elle est si avare ! PERRICHON. Comment@! avare ?@.. MAJORIN. -Je veux dire qu'elle a de l'ordre ! PERRICHON. Il faut ça, mon ami !@.. il faut ça ! MAJORIN, sèchement. Allons ! c'est six cents francs que je te dois@@. adieu ! A-part. Que d'histoires ! pour six-cents francs !..@ et ça va en Suisse!@.. Carros-sier !.. @H diparatt à droite. PERRICHON. Eh bien ! il part ! il ne m'a seulement pas dit merci ! mais au fond, je crois qu'il m'aime@! Apercevant le guichet ouvert Ah ! sapristi ! on distribue les billets !.. @H se précipite vers la balustrade et bouscule cinq à six personnes qui font la queue. UN VOYAGEUR. Faites donc attention, monsieur ! L'EMPLOYÉ, à Perrichon. Prenez votre tour, vous ! là-bas ! PERRICHON à part. Et mes bagages !@.. et ma femme !..@ Il se met à la @uenc. SCÈNE VII LES MÊMES, LE COMMANDANT suivi de JOSEPH, qui porte sa valise. LE COMMANDANT. Tu m'entends bien ! JOSEPH. Oui, mon commandant. LE COMMANDANT. Et si elle demande où je suis@?..@ quand je reviendrai@? tu répondras que tu n'en sais rien. Je ne veux plus entendre parler d'elle. JOSEPH. Oui, mon commandant. LE COMMANDANT. e Tu diras à Anita que tout est fini@@. bien fini@@. JOSEPH. Oui, mon commandant. PERRICHON. J'ai mes billets !.. vite ! à mes bagages ! Quel métier que d'aller à Lyon ! Il sort en courant. LE COMMANDANT. Tu m'as bien compris ? JOSEPH. Sauf votre respect, mon commandant, c'est bien inutile de partir. LE COMMANDANT. Pourquoi ?.. Le Commandant, Joseph. JOSEPH. Parce qu'à son retour, mon commandant reprendra mademoiselle Anita. LE COMMANDANT.. Oh@! JOSEPH. Alors, autant vaudrait ne pas la quittef les raccommodements coûtent toujours quelque chose à mon commandant. LE COMMANDANT. Ah ! cette fois, c'est sérieux ! Anita s'est rendue indigne de mon affection et des bontés que j'ai pour elle. JOSEPH. On peut dire qu'elle vous ruine, mon commandant. Il est encore venu un huissier ce matin.@@ et les huissiers, c'est comme les vers@@. quand ça commence à se mettre quelque part. LE COMMANDANT. -A mon retour, j'arrangerai toutes mes affaires@@. adieu ! JOSEPH. A ,à, mon commandant. LE COMMANDANT s'approche du guichet et revient. Ah@! tu m'écriras à Genève, poste restante@@. tu me donneras des nouvelles de ta santé.@@ JOSEPH, flatté. Mon commandant est bien bon ! LE COMMANDANT. Et puis, tu me diras si l'on a eu du chagrin en apprenant mon départ@@. si l'on a pleuré@@. JOSEPH. Qui ça, mon commandant ?.. LE COMMANDANT. Eh parbleu ! elle ! Anita ! JOSEPH. Vous la reprendrez, mon commandant ! Joseph, le Commandant. LE COMMANDANT. Jamais@! JOSEPH. Ça fera la huitième fois. Ça me fait de la peine de voir un brave homme comme vous, harcelé par des créanciers@@. et pour qui@? pour une@@. LE COMMANDANT. Allons, c'est bien ! donne-moi ma valise ? et écris-moi-à Genève.., demain ou ce soir ! bonj our ! JOSEPH. Bon voyage, mon commandant ! A part. Il sera revenu avant huit jours ! 0 les femmes ! et les hommes !@.. Il sort. - Le commandant va prendre son billet et entre dans la salle d'attente. SCÈNE VIII MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis PERRICHON, UN FACTEUR. MADAME PERRICHON, se levant avec sa fille. Je suis lasse d'être assise ! PERRICHON, entrant en courant. Enfin! c'est fini@! j'ai mon bulletin ! je suis enregistré ! -MADAME PERRICHON. Ce n'est pas malheureux ! LE FACTEUR, poussant son chariot vide, à Perrichon. Monsieur.@@ n'oubliez pas le facteur, s'il vous plaît@.. PERRICHON. Ah@! oui@.. Attendez@@. Se concertant avec sa femme et sa fille. Qu'est-ce qu'il faut lui donner à celui-là, dix sous ?@@. MADAME PERRICHON. Quinze. Henriette, Perrichon, madame Perrichon. HENRIETTE. Vingt. PERRICHON. Allons@@. va pour vingt sous@! Les lui donnant Tenez, mon garçon. LE FACTEUR. Merci, monsieur ! il sort. MADAME PERRICHON. Entrons-nous@? PERRICHON. Un instant. Henriette, prends ton carnet et écris. MADAME PERRICHON. Déjà@! PERRICHON, dictant. Dépenses fiacre deux francs.@@ chemin de fer, cent soixante-douze francs cinq centimes@@. facteur, un franc. HENRIETTE. C'est fait ! PERRICHON. Attends ! impression ! a MADAME PERRICHON, à part. Il est insupportable ! -PERRICHON, dictant. Adieu, France@@. reine des nations ! s'interrompant Eh bien@! et mai panama@?.. je l'aurai laissé aux bagages 1 il vent courir. MADAME PERRICHON. Mais non ! le voici ! PERRICHON. Ah ! oui ! Dictant Adieu, France ! reine des nations ! On entend la cloche et l'on foit accourir plusieurs voyageurs. MADAME PERRICHON. Le signal ! tu vas nous faire manquer le convoi ! PERRICHON. Entrons, nous finirons cela plus tard ! L'employé l'arrête à la bar rière pour voir les billets. Perrichon querelle sa femme, et sa fille finit par trouver les billets dans sa poche. Ils entrent dans la salle d'attente. SCÈNE IX ARMAND, DANIEL puis PERRICHON. Daniel, qui vient de prendre son billet, est heurté par Armand qui veut prendre le sien. ARMAND. Prenez donc garde ! DANIEL. Faites attention vous-même ! ARMAND. Daniel@! DANIEL. Armand@! ARMAND. Vous partez@?.. DANIEL. A l'instant@! et vous ?.. ARMAND. Moi aussi ! DANIEL. C'est charmant ! nous ferons route ensemble ! J'ai des cigares de première classe@.@ et où allez-vous@? ARMAND. Ma foi, mon cher ami, je n'en sais rien encore. DANIEL. Tiens ! c'est bizarre ! ni moi non plus ! J'ai pris un billet jusqu'à Lyon. ARMAND. Vraiment ! moi aussi ! je me dispose à suivre une demoiselle charmante. Daniel, Armand. DANIEL. Tiens ! moi aussi. , ARMAND. La fille d'un carrossier@! DANITÎU Perrichon ? ARMAND. Perrichon ! DANIEL. C'est la même ! ARMAND. Mais je l'aime, mon cher Daniel. DANIEL. Je J'aime également, mon cher Armand. ARMAND. Je veux l'épouser ! DANIEL. Moi, je veux la demander en mariage,.. ce qui est à peu près la même chose. ARMAND. Mais nous ne pouvons l'épouser tous les deux DANIEL. En France, c'est défendu ! ARMAND. Que faire@?@@. DANIEL. C'est bien aimple@! puisque nous sommes sur le marchepied du wagon, continuons gaiement notre voyage@@. cherchons à plaire.,, à nous faire mer, chacun de notre côté ! ARMAND, riant. Alors, c'est un concours@!@@. un tournoi@?@@. DANIEL. Uue lutte loyale.@@ et amicale.@@ Si vous êtes vainqueur@@. je m'in-clinerai@@. si je l'emporte, vous ne me tiendrez pas rancune@! Est-ce dit ? ARMAND. Soit ! j'accepte. DANIEL. La main, avant la bataille@? ARMAND. - Et la main après. ils se donnent la main. PERRICHON, entrant en courant, à la cantonade. Je te dis que j'ai le temps ! DANIEL.. Tiens ! notre beau-père@! PERRICHON, à la marchande de livres. Madame, je voudrais un livre pour ma femme et ma fille@@. un livre qui ne parle ni de galanterie, ni d'argent, ni de politique, ni de mariage, ni de mort. DANIEL, à part. Robinson Crusué ! LA MARCHANDE. Monsieur, j'ai votre affaire. Elle lui remet un volume. PERRICHON, lisant. Les Bords de la Saône deux francs ! payant. Vous me jurez qu'il n'y a pas de bêtises là-dedans@? On entend la cloche . Ah diable@! Bonjour, madame, il sort en courant. ARMAND. Suivons le@? DANIEL. Suivons@! C'est égal, je voudrais bien savoir où nous allons@?.@@ On voit courir plusieurs voyageurs. - Tableau. Perrichon, Daniel, Armand. FIN DU PREMIER ACTE ACTE DEUXIÈME Un intérieur d'auberge au Montanvert, près de la mer de Glace. - Au fond, à droite, porte d'entrée au fond, à gauche, fenêtre vue de montagnes couvertes de nçke4 à gauche, porte et cheminée haute. -@Table, à droite, table oii est le livre des voyageurs, et porte. SCÈNE PREMIÈRE ARMAND, DANIEL, L'AUBERGISTE, UN GUIDE. Daniel et Armand sont assis à une table, et déjeunent. L'AUBERGISTE. ft Ces messieurs prendront-ils autre chose? X DANIEL. Tout à l'heure@@. du café. ARMAND. Faites manger le guide après nous partirons pour la mer de Glace. L'AUBERGISTE. Venez, guide, il sort, suivi du guide, par la droite. DANIEL. Eh bien@! mon cher Armand@? ARMAND. Eh bien@! mon cher Daniel@? Armand, Daniel, l'Aubergiste, le Guide. DANIEL. Les opérations sont engagées, nous avons commencé l'attaque. ARMAND. Notre premier soin a été de nous introduire dans le même wagon que la famille Perrichon le papa avait déjà mis sa calotte. DANIEL. Nous les avons bombardés de prévenances, de petits soins. ARMAND. Vous avez prêté votre journal à monsieur Perrichon, qui a dormi dessus@@. En échange, il vous a offert les Bords de la Saône.., un livre avec des images. DANIEL. Et vous, à partir de Dijon, vous avez tenu un store dont la mé-canique était dérangée ça a dû vous fatiguer. ARMAND. Oui, mais la maman m'a comblé de pastilles de chocolat. DANIEL. Gourmand !.@@ vous vous êtes fait nourrir. ARMAND. A Lyon, nous descendons au même hôtel.@@ DANIEL. Et le papa, en nous retrouvant, s'écrie Ah ! quel heureux hasard !. ARMAND. A Genève, même rencontre.@@ imprévue.@@ DANIEL. A Chamouny, même situation et le Perrichon de s'écrier toujours Ah ! quel heureux hasard ! ARMAND. Hier soir, vous apprenez que la famille se dispose à venir voir la mer de Glace, et vous venez me chercher dans ma chambre@@. dès l'aurore@@. c'est un trait de gentilhomme ! - DANIEL. C'est dans notre programme.@@ lutte loyale@!@@. Voulez-vous de l'omelette@? ARMAND. Merci@.@ Mon cher, je dois vous prévenir.@@ loyalement, que de Châlon à Lyon, mademoiselle Perrichon m'a regardé trois fois. DANIEL. Et moi, quatre@! ARMAND. , Diable ! c'est sérieux ! DANIEL. Ça le sera bien davantage quand elle ne nous regardera plus. Je crois qu'en ce moment elle nous préfère tous les deux. ça peut durer longtemps comme ça heureusement nous sommes gens de loisir. ARMAND. Ah çà ! expliquez-moi comment vous avez pu vous éloigner de Paris, étant le gérant d'une société de paquebots@?@@. DANIEL. Les Remorqueurs sur la Seine.@@ capital social, deux millions. C'est bien simple je me suis demandé un petit congé, et je n'ai pas i hésité à me l'accorder.@@ J'ai de bons employés les paquebots vont tous seuls, et pourvu que je sois à Paris le huit du mois prochain pour le paiement du dividende@@. Ah çà ! et vous ?@@. un banquier.@@ Il me semble que vous pérégrinez beaucoup? , ARMAND. Oh ! ma maison de banque ne m'occupe guère.@@ J'ai associé mes capitaux en réservant la liberté de ma personne, je suis ban-quier@@. DANIEL. Amateur ! ARMAND. Je n'ai, comme vous, affaire à Paris que vers le huit du mois pro-chain. DANIEL. Et d'ici-là nous allons nous faire une guerre à outrance@@. ARMAND. A outrance@! comme deux bons amis. J'ai eu un moment la pen-sée de vous céder la place mais j'aime sérieusement Henriette. DANIEL. C'est singulier.@@ je voulais vous faire le même sacrifice@@. sans rire. A Chalon, j'avais envie de décamper, mais je l'ai regardée. ARMAND. Elle est si jolie ! DANIEL. Si douce@! ARMAND. Si blonde ! DANIEL. Il n'y a presque plus de blondes et des yeux ! ARMAND. Comme nous les aimons. DANIEL. Alors je suis resté ! ARMAND. Ah 1 je vous comprends ! DANIEL. A la bonne heure ! C'est un plaisir de vous avoir pour ennemi ! Lui serrant la main. Cher Armand@! ARMAND, de même. Bon Daniel@! Ah cà@! monsieur Perrichon n'arrive pas. Est-ce qu'il aurait changé son itinéraire@? si nous allions les perdre@? DANIEL. Diable@! c'est qu'il est capricieux le bonhomme.@@ Avant-hier il nous a envoyés nous promener à Ferney où nous comptions le re-trouver.@@ ARMAND. Et pendant ce temps, il était allé à Lauzanne. DANIEL. Eli bien, c'est drôle de voyager comme cela ! voyant Armand qui se lève. Où allez-vous donc@? ARMAND. Je ne tiens pas en place, j'ai envie d'aller au-devant de ces dames. DANIEL. Et le café@? ARMAND. Je n'en prendrai pas@@. au revoir ! Il sort vivement par le fond. SCÈNE II DANIEL, puis L'AUBERGISTE, puis LE GUIDE. DANIEL. Quai excellent garçon@! c'est tout coeur, tout feu@@. mais ça ne sait pas vivre, il est parti sans prendre son café ! Appelant. Holà !.@@ monsieur l'aubergiste ! L'AUBERGISTE, paraissant. Monsieur ! DANIEL. Le café. L'aubergiste sort. Daniel allume un cigare. Hier, j'ai voulu faire fumer le beau-père@@. ça ne lui a pas réussi.@@ L'AUBERGISTE, apportant le café. Monsieur est servi. DANIEL, s'asseyant derrière la table, devant la cheminée et étendant une jambe sur la chaise d'Armand. Approchez celte chaise@@. très-bien.@@ Il a désigné une antre chaise, Il y étend l'autre jambe. Merci@!@@. Ce pauvre Armand@! il court sur la grande route, lui, en plein soleil.@@ et moi, je m'étends@! Qui arrivera le premier de nous deux@? nous avons la fable du Lièvre et de la Tortue. L'AUBERGISTE, lui présentant un registre. -Monsieur veut-il écrire quelque chose sur le livre des voya-geurs@? DANIEL. Moi@?@@. je n'écris jamais après mes repas, rarement avant.@@ Voyons les pensées délicates et ingénieuses des visiteurs, Il feuiliète le livre, lisant. Je ne me suis jamais mouché si haut !. Signé Un voyageur enrhumé@@. il continue à feuilleter. Oh ! la belle écriture. Lisant Qu'il est beau d'admirer les splendeurs de la nature, entouré de sa femme et de sa nièce@!@@. Signé Malaquais, rentier. ., Je me suis toujours demandé pourquoi les Français, si spirituels chez eux, sont si bêtes en voyage l Cris et tumulte en dehors. L'AUBERGISTE. Ah@! mon Dieu@! DANIEL. Qu'y a-t-il ? -.. SCÈNE III DANIEL, PERRICHON, ARMAND, MADAME PERRICHON, HENRIETTE, L'AUBERGISTE. Perrichon entre, soutenu par sa femme et le @Dide. ARMAND. Vite, de l'eau ! du sel ! du vinaigre ! DANIEL. Qu'est-il donc arrivé@? HENRIETTE. Mon père a manqué de se tuer l J DANIEL. Est-il possible@? PERRICHON, assis. Ma femme@!.@@ ma fille@!.@@ Ah l je me sens mieux.@@ HENRIETTE, lui présentant un verre d'eau sucrée. Tiens@!@@. bois@!@@. ça te remettra.@@ Daniel, Henriette, Perrichon, madame Perrichon, Armand. PERRICHON. Merci@@. quelle culbute@! Il boit. -' -MADAME PERRICHON. C'est ta faute aussi@@. vouloir monter à cheval, un père de famille@@. et avec des éperons encore ! PERRICHON, Les éperons n'y sont pour rien@@. c'est la bête qui est ombra-geuse. MADAME PERRICHON, Tu l'au@~s piquée sans le vouloir , elle s'est cat j §.., HENRIETTE, Et sans monsieur Armand qui venait d'arrivé ?,,, mon père dispa-raissait dans un précipice. 1. MADAME PERRICHON, Il y était déjà. je le voyais rouler comme une boule@@. nous poussions des cris !@@. HENRIETTE. Alors, monsieur s'est élancé !. MADAME PERRICHON. Avec un courage, un sang-froid@!@@. Vous êtes notre sauveur@@. car sans vous mon mari. mon pauvre ami@@ Elle éclate en sanglots ARMAND. Il n'y a plus de danger@@. calmez.-vous@! MADAME PERRICHON, pleurant toujours. Non@! ça me fait du bien@! A son mari. Ça t'apprendra à mettre des éperons, sanglotant plus fort. Tu n'aimes pas ta famille. HENRIETTE, à Armand. Permettez-moi d'ajouter mes remerctments à ceux de ma mère, je garderai toute ma vie le souvenir de cette journée@@. toute ma vie@!.., ARMAND. Ah@! mademoiselle ! Daniel, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Armand. PERRICHON, à part. A mon tour@! monsieur Armand@!.@@ non, laissez-moi vous appeler Armand@? ARMAND. Comment donc ! PERRICHON. Armand.@@ donnez-moi la main. Je ne sais pas faire de phrase, moi@@. mais tant qu'il battra, vous aurez une place dans le coeur de Perrichon ! Lui serrant la main. Je ne vous dis que cela@! MADAME PERRICHON. Merci@!.@@ monsieur Armand@! HENRIETTE. Merci, monsieur Armand ! ARMAND. Mademoiselle Henriette ! DANIEL, à part. Je commence à croire que j'ai eu tort de prendre mon café ! MADAME PERRICHON, à l'aubergiste. Vous ferez reconduire le cheval, nous retournerons tous en voi-ture. PERRICHON, se levant. Mais je t'assure, ma chère amie, que je suis assez bon cavalier@@. poussant un cri. Aïe@! TOUS. Quoi@? PERRICHON. Rien !.@@ les reins@! Vous ferez reconduire le cheval@! MADAME PERRICHON. Viens te reposer un moment au revoir, monsieur Armand ! HENRIETTE. Au revoir, monsieur Armand ! PERRICHON, serrant énergiquement la main d'Armand. A bientôt.@@ Armand@! poussant un second cri. Aïe@!@@. j'ai trop serré@! Il entre à gauche suivi de sa femme et de sa fille. SCÈNE IV ARMAND, DANIEL. ARMAND. Qu'est-ce que vous dites de cela, mon cher Daniel ? DANIEL. Que voulez-vous@? c'est de la veine@!@@. vous sauvez le père, vous cultivez le précipice, ce n'était pas dans le programme ! ARMAND. C'est bien le hasard@@. DANIEL. Le papa vous appelle Armand, la mère pleure et la fille vous dé-coche des phrases bien senties@@. empruntées aux plus belles pages de monsieur Bouilly.@@ Je suis vaincu, c'est clair@! et je n'ai plus qu'à vous céllcr la place@@. ARMAND. Allons donc@! vous plaisantez.@@ DANIEL. Je plaisante si peu que, dès ce soir, je pars pour Paris. ARMAND. Comment ? DANIEL. Où vous retrouverez un ami@@. qui vous souhaite bonne chance@! ARMAND. Vous partez@! ah@! merci ! DANIEL. Voilà un cri du coeur ! ARMAND. Ah@! pardon@! je le retire !@@. après le sacrifice que vous me faites Armand, Daniel. DANIEL. Moi@? entendons-nous bien@@. je ne vous faits pas le plus léger sacrifice. Si je me retire, c'est que je ne crois avoir aucune chance de réussir car, maintenant encore, s'il s'en présentait une.@@ même petite, je resterais. ARMAND. Ah@! DANIEL. Est-ce singulier ! Depuis qu'Henriette m'échappe, il me semble que je l'aime davantage. ARMAND. Je comprends cela@@. aussi, je ne vous demanderai pas le service que je voulais vous demander. DANIEL. Quoi donc@? ARMAND. Non, rien. DANIEL. Parlez.@@ je vous en prie. ARMAND. J'avais songé@@. puisque vous partez, à vous prier devoir monsieur Perrichon, de lui toucher quelques mots de ma position, de mes espérances. DANIEL. Ah@! diable ! ARMAND. Je ne puis le faire moi-même.@@ j'aurais l'air de réclamer le prix du service que je viens de lui rendre. DANIEL. Enfin, vous me priez de faire la demande pour vous@? Savez-vous que c'est original ce que vous me demandez là. ARMAND. Vous refusez?@@. DANIEL. Ah ! Armand ! j'accepte 1 ARMAND. Mon ami ! DANIEL. Avouez que je suis un bien bon petit rival, un rival qui fait la , demande. Voix de Perrichon dans la coulisse. J'entends le beau-père@! Allez fumer un cigare et revenez ! ARMAND. Vraiment@! je ne sais comment vous remercier.@@ DANIEL. Soyez tranquille, je vais faire vibrer chez lui la corde de la recon-naissance. Armand sort par le fond. SCÈNE V DANIEL, PERRICHON, puis L'AUBERGISTE. - # PERRICHON, entrant et parlant à la cantonade, Mais certainement il m'a sauvé ! certainement il m'a sauvé, et, tant qu'il battra, le coeur de Perrichon.@@ je lui ai dit@@. DANIEL. Eh bien@! monsieur Perrichon@@. vous sentez-vous mieux@? PERRICHON. Ah ! je suis tout à fait remis@@. je viens de boire trois gouttes de rhum dans un verre d'eau, et dans un quart d'heure, je compte gambader sur la mer de Glace. Tiens, votre ami n'est plus là@? DANIEL. Il vient de sortir. PERRICHON. C'est un brave jeune homme !@@. ces dames l'aiment -beaucoup@ Perrichon, Daniel. DANIEL. Oh quand elle le connaîtront davantage !@@. un coeur d'or ! obli-geant, dévoué, et d'une modestie ! PERRICHOX. Oh@! c'est rare. DANIEL. Et puis il est banquier@@. c'est un banquier !. PERRICHON. Ah@! DANIEL. Associé de la maison Turneps, Desroches et Ce, dites donc. C'est assez flatteur d'être repêché par un banquier.@@ car, enfin, il vous a sauvé !@@. Hein@?@@. sans lui !@@. PERRICHON. Certainement.@@ certainement. C'est très-gentil ce qu'il a fait là ! DANIEL, étonné. Comment, gentil ! PERRICHON. Est-ce que vous allez vouloir atténuer le mérite de son action ? DANIEL. Par exemple ! PERRICHON. Ma reconnaissance ne finira qu'avec ma vie.@@ çà !.@@ tant que le coeur de Perrichon battra. Mais, entre nous, le service qu'il m'a rendu n'est pas aussi grand que ma femme et ma fille veulent bien le dire. DANIEL, étonné. Ah bah@? PERRICHON Oui. Elles se montent la tête. Mais, vous savez, les femmes !.., DANIEL. Cependant, quand Armand vous a arrêté, vous rouliez@@. FERRICHON. Je roulais, c'est vrai@@. mais avec une présence d'esprit éton-nante.@@ J'avais aperçu un petit sapin après lequel j'allais me cram-ponner je le tenais déjà quand votre ami est arrivé. -DANIEL, à part. Tiens, tiens ! vous allez voir qu'il s'est sauvé tout seul. PERRICHON. Au reste, je ne lui sais pas moins gré de sa bonne intention@@. Je compte le revoir.@@ lui réitérer mes remercîments.@@ je l'inviterai même cet hiver. - DANIEL, à part. Une tasse de thé ! PERRICHON. Il parait que ce n'est pas la première fois qu'un pareil accident arrive à cet endroit-là@@. c'est un mauvais pas.@@ L'aubergiste vient de me raconter que, l'an dernier, un Russe@@. un prince@@. très-bon cavalier !.@@ car ma femme a beau dire, ça ne tient pas à mes épe-rons ! avait roulé dans le même trou. DANIEL. En vérité ? PERRICHON. Son guide l'a retiré@@. Vous voyez qu'on s'en retire parfaitement@@. Eh bien ! le Russe lui a donné cent francs ! DANIEL. C'est très-bien payé ! PERRlCHON. Je la crois bien@!@@. Pourtant c'est ce que ça vaut@!.@@ DAIIlIEL. Pas un sou de plus. A part. Oh ! mais je ne pars pas. PERRIGHON, remontant. Ah çà ! ce guide n'arrive pas. DANIEL. Est-ce que ces dames sont prêtes@? PERRICHON. Non.@@ elles ne viendront pas vous comprenez@? mais je compte sur vous@@. DANIEL. Et sur Armand ? PERRICHON. S'il veut être des nôtres, je ne refuserai certainement pas la com-pagnie de M. Desroches. DANIEL, à part. M. Desroches ! Encore un peu il va le prendre en grippe ! L'AUBERGISTE, entrant de la droite. Monsieur !.@@ PERRICHON. Eh bien ! ce guide@? L'AUBERGISTE. Il est à la porte@@. Voici vos chaussons. PERRICHON. Ah@! oui@! il paraît qu'on glisse dans les crevasses là-bas@@. et comme je ne veux avoir d'obligation à personne.@@ L'AUBERGISTE, lui présentant le registre. Monsieur écrit-il sur le livre des voyageurs ? PERRICHON. Certainement.@@ mais je ne voudrais pas écrire quelque chose d'ordinaire@@. il me faudrait là@@. une pensée !.@@ une jolie pensée.@@ Rendant le livre à l'aubergiste. Je vais y rêver en mettant mes chaus-sons. A Daniel. Je suis à vous dans la minute, Il entre à droite, suivi de l'aubergiste. Daniel, Perrichon. SCÈNE VI DANIEL, puis ARMAND. DANIEL, seul. Ce carrossier est un trésor d'ingratitude. Or, les trésors appar-tiennent à ceux qui les trouvent, article 716 du Code civil@@. ARMAND, paraissant à la porte du fond. Eh bien ? DANIEL, à part.. Pauvre garçon ! ARMAND. L'avez-vous vu ? DANIEL. Oui. ARMAND. Lui avez-vous parlé@? DANIEL. Je lui ai parlé. ARMAND. Alors vous avez fait ma demande@?@@. DANIEL. Non. ARMAND. Tiens ! pourquoi ? DANIEL. Nous nous sommes promis d'être francs vis-à-vis l'un de l'autre. Eh bien 1 mon cher Armand, je ne pars plus, je continue la lutte. ARMAND, étonné. Ah ! c'est différent !@@. et peut-on vous demander les motifs qui ont changé votre détermination ? Daniel, Armand. DANIEL. Les motifs@@. j'en ai un puissant.@@ je crois réussir. ARMAND. Vous@? DANIEL. Je compte prendre un autre chemin que le vôtre et arriver plus vite. ARMAND. C'est très-bien.@@ vous êtes dans votre droit@@. DANIEL. Mais la lutte n'en continuera pas moins loyale et amicale ? ARMAND. Oui. DANIEL. Voilà un oui un peu sec ! ARMAND. Pardon@@. Lui tendant la main. Daniel, je vous le promets DANIEL. A la bonne heure ! Il remonte. SCÈNE VII LES MÊMES, PERRICHON, puis L'AUBERGISTE. PERRICHON. Je suis prêt@@. j'ai mis mes chaussons. Ah ! monsieur Armand. ARMAND. Vous sentez vous remis de votre chute ? PERRICHON. Tout à fait ! ne parlons plus de ce petit accident.@@ c'est oublié Arniand, Perrichon, Daniel. DANIEL, à part. Oublié@! Il est plus vrai que la nature.@@ PERRICHON. Non partons pour la mer de Glace@@. êtes vous des nôtres@? ARMAND. Je suis un peu fatigué.@@ je vous demanderai la permission de rester@@. PERRICHON, avec empressement. Très-volontiers ! ne vous gênez pas ! A l'aubergiste qui entre Ah ! monsieur l'aubergiste, donnez-moi le livre des voyageurs. il s'assied à droite et écrit. DANIEL, à part. Il paraît qu'il a trouvé sa pensée@@. la jolie pensée. PERRICHON, achevant d'écrire. Là., voilà ce que c'est ! Lisant avec emphase Que l'homme est JI petit quand on le comtemple au haut de la mère de Glace ! - DANIEL. Sapristi ! c'est fort ! ARMAND, à part. Courtisan ! PERRICHON, modestement. Ce n'est pas l'idée de tout le monde. DANIEL, à part. Ni l'orthographe il a écrit mère, r e re ! PFRRICHON, à l'aubergiste lui montrant le livre ouvert sur la table. Prenez garde ! c'est frais ! -L'AUBERGISTE. Le guide attend ces messieurs avec les bâtons ferrés. PERRICHON. Allons ! en route ! Armand, Daniel, Perrichon. DANIEL. En route ! Daniel et Perrichon sortent suivis de l'aubergiste ? SCÈNE VIII ARMAND, puis L'AUBERGISTE et LE COMMANDANT MATHIEU. ARMAND. Quel singulier revirement chez Daniel ! Ces dames sont là@@. elles ne peuvent tarder à sortir, je veux les voir.@@ leur parler.@@ S'assevant vers la cheminée et prenant un journal Je vais les attendre. L'AUBERGISTE, à la cantonade. Par ici, monsieur. LE COMMANDANT, entrant. Je ne reste qu'une minute@@. je repars à l'instant pour la mer de Glace.@@ S'asseyant devant la table sur laquelle est resté le registre ou-vert. Faites-moi servir un grog au kirsch, je vous prie. L'AUBERGISTE, sortant a droite. Tout de suite, monsieur. LE COMMANDANT, apercevant le registre. Ah ! ah ! le livre des voyageurs@! voyons@?@@. Lisant Que l'homme est petit quand on le contemple du haut de la mère de Glace !. It signé Perrichon@@. mère ! Voilà un monsieur qui mérite une leçon d'ortho-graphe. L'AUBERGISTE, apportant le grog. Voici monsieur. Il le pose sur la table à gauche. LE COMMANDANT, tout en écrivant sur le registre. Ah ! monsieur l'Aubergiste.@@ L'AUBERGISTE. Monsieur. Armand, le Commandant LE COMMANDANT. Vous n'auriez pas parmi les personnes qui sont venues chez vous ce matin un voyageur du nom d'Armand Desroches ? ARMAND. Hein ?@.. c'est moi monsieur. LE COMMANDANT, se levant. Vous, monsieur !.. pardon A l'aubergiste. Laissez-nous L'au-bergiste sort. C'est bien à monsieur Armand Desroches de la maison Turneps, Desroches et C@I que j'ai l'honneur de parler@? ARMAND.-Oui, monsieur. LE COMMANDANT. Je suis le commandant Mathieu. Il s'assied à gauche et prend son grog. ARMAND. Ah ! enchanté !.. mais je ne crois pas avoir l'avantage de vous - connaître, commandant. LE COMMANDANT. Vraiment ? Alors je vous apprendrai que vous me poursuivez à outrance pour une lettre de change que j'ai eu l'imprudence de mettre dans la circulation@@. ARNAUD. Une lettre de change ! LE COMMANDANT. Vous avez même obtenu contre moi une prise de corps. ARMAND. C'est possible, commandant, mais ce n'est pas moi, c'est la maison, qui a@it. LE COMMANDANT. Aussi n'ai-je aucun ressentiment contre vous.@@ ni contre votre maison.@@ seulement, je tenais à vous dire que je n'avais pas quitté Paris pour échapper aux poursuites. ARMAND. Je n'en doute pas. LE COMMANDANT. Au contraire !.. Dès que je serai de retour à Paris, dans une quinzaine, avant peut-être@@. je vous le ferai savoir et je vous serai infiniment obligé de me faire mettre à Clichy@@. le plus tôt possible@?@@. ARMAND. Vous plaisantez, commandant. LE COMMANDANT. Pas le moins du monde !.. Je vous demande cela comme un ser-vice. ARMAND. J'avoue que je ne comprends pas. LE COMMANDANT ils se lèvent. Mon Dieu@! je suis moi-même un peu embarrassé pour vous expliquer.@@ Pardon, êtes-vous garçon ? ARMAND. Oui, commandant. LE COMMANDANT. Oh@! alors ! je puis vous faire ma confession.@@ J'ai le malheur d'avoir une faiblesse@@. J'aime. ARMAND. Vous ? LE COMMANDANT. C'est bien ridicule à mon âge, n'est-ce pas ? ARMAND. Je ne dis pas ça. LE COMMANDANT. Oh@! ne vous gênez pas ! Je me suis affolé d'une petite@@. égarée que j'ai rencontrée un soir au bal Mabille. Elle se nomme Anita. ARMAND Anita ! J'en ai connu une. LE COMMANDANT. Ce doit être celle-là@!@@. Je comptais m'en amuser trois jours, et voilà trois ans-qu'elle me tient@! Elle me trompe, elle me ruine, elle me rit au nez@!.@@ Je passe ma vie à lui acheter des mobi-liers@@. qu'elle revend le lendemain !@@. je veux la quitter, je pars, je fais deux cents lieues j'arrive à la mer de Glace@@. et je ne suis pas sûr de ne pas retourner ce soir à Paris. C'est plus fort que moi@!@@. L'amour à cinquante ans@@. voyez-vous@@. c'est comme un rhumatisme, rien ne le guérit. ARMAND, riant. Commandant, je n'avais pas besoin de cette confidence pour ar-rêter les poursuites.@@ je vais écrire immédiatement à Paris,., LE COMMANDANT, vivement. Mais du tout ! n'écrivez pas ! Je tiens à être enfermé c'est peut-être un moyen de guérison. Je n'en aj pas encore essayé. ARMAND. Mais, cependant. f LE COMMANDANT. Permettez ! j'ai la loi pour moi. ARMAND. Allons@! commandant 1 puisque vous le voulez. LE COMMANDANT. Je vous en prie@@. instamment@@. Dès que je serai de retour.@@ je vous ferai passer ma carte et vous pourrez faire instrumenter@@. Je ne sors jamais avant dix heures, saluant. Monsieur, je suis bien heureux d'avoir eu l'honneur de faire votre connaissance. ARMAND. Mais c'est moi, commandant. Ils se saluent. Le commandant sort l'al' le fumt. SCÈNE IX ARMAND, puis MADAME PERRICHON, puis HENRIETTE. ARMAND. A la bonne heure ! il n'est pas banal celui-là@! Apercevant madame Perrichon qui entre de la gauche. . Ah@! madame Perrichon ! MADAME PERRICHON. Comment@! vous êtes seul, monsieur@? Je croyais que vous deviez accompagner ces messieurs. ARMAND. - Je suis déjà venu ici l'année dernière, et j'ai demandé à mon-sieur Perrichon la permission de me mettre à vos ordres. MADAME PERRICHON. Ah ! monsieur. A part. C'est tout à fait un homme du monde!@@. Haut. Vous aimez beaucoup la Suisse@? ARMAND. Oh ! il faut bien aller quelque part@? MADAME PERRICHON. Oh@! moi, je ne voudrais pas habiter ce pays-là@@. il y a trop de précipices et de montagnes.@@ Ma famille est de la Beauce. ARMAND. Ah ! je comprends. MADAME PERRICHON. Près d'Étampes.@@ ARMAND, à part. Nous devons avoir un correspondant à Étampes ce serait un lien. Haut. Vous ne connaissez pas monsieur Pingley, à Étampes ? Madame Ferrichon, Armand. MADAME PERRICHON. Pingley !.@@ c'est mon cousin@! Vous le connaissez@? ARMAND. Beaucoup. A part. Je ne l'ai jamais vu ! MADAME PERRICHON. Quel homme charmant@! ARMAND. Ah@! oui@! MADAME PERRICHON. C'est un bien grand malheur qu'il ait son infirmité ! ARMAND. Certainement,.. c'est un bien grand malheur ! MADAME PERRICHON. Sourd à quarante-sept ans@! ARMAND, à part. Tiens@! il est sourd notre correspondant ! C'est donc pour ça qu'il ne répond jamais à nos lettres. MADAME PERRICHON. Est-ce singulier@? c'est un ami de Pingley qui sauve mon mari !.@@ Il y a de bien grands hasards dans le monde. ARMAND. Souvent aussi on attribue au hasard des péripéties dont il est parfaitement innocent. MADAME PERRICHON. Ah@! oui@@. souvent aussi on attribue. A part. Qu'est-ce qu'il veut dire ? ARMAND. Ainsi, madame, notre rencontre en chemin de fer, puis à Lyon, • puis à Genève, à Chamouny, ici même, vous mettez tout cela sur le compte du hasard ? MADAME PERRICHON. En voyage, on se retrouve.@@ ARMAND. Certainement@@. surtout quand on se cherche. MADAME PERR1CHON. Comment@? ARMAND. Oui, madame, il ne m'est pas permis de jouer plus longtemps la comédie du hasard je vous dois la vérité, pour vous, pour ma-demoiselle votre fille. MADAME PERRICHON. Ma fille ! ARMAND. Me pardonnerez-vous@? Le jour où je la vis, j'ai été touché, charmé@@. J'ai appris que vous partiez pour la Suisse.@@ et je suis parti. MADAME PERRICHON. Mais alors, vous nous suivez@?@@. ARMAND. Pas à pas. Que voulez-vous.@@ j'aime.@@ MADAME PERRICHON. Monsieur ! ARMAND. Oh ! rassurez-vous ! j'aime avec tout le respect, toute la discré -tion qu'on doit à une jeune fille dont on serait heureux de faire sa femme. MADAME PERRICHON, perdant la tête, à part. Une demande en mariage ! Et Perrichon qui n'est pas là@! Haut. Certainement, monsieur.@@ je suis charmée.@@ non, flattée@!@@. parce que vos manières@@. votre éducation@@. Pingley.@@ le service que vous nous avez rendu@@. mais monsieur Perrichon est sorti@@. pour la mer de Glace. et aussitôt qu'il rentrera. HENRIETTE, entrant vivement. Maman !@@. s'arrêtant. Ah@! tu causais avec monsieur Armand@? MADAME PERRICHON, troublée. Nous causions, c'est-à-dire, oui@! nous parlions de Pingley ! Monsieur connaît Pingley n'est-ce pas@? ARMAND. Certainement ! je connais Pingley ! HENRIETTE. Oh ! quel bonheur ! MADAME PERRICHON, à Henriette. Ah@! comme tu es coiffée@!@@. et ta robe@! ton col. Bas . Tiens-toi donc droite ! HENRIETTE, étonnée. l..!u'es@Hse qu'il y a@? Cris et tumulte au dehors. MADAME PERRICHON et HENRIETTE. Ail 1 mon Dieu@! ARMAND. Ces cris@!@@. SCÈNE X LES MÊMES, PERRICHON, DANIEL, LE GUIDE, L'AUBERGISTE. Daniel entre soutenu par l'aubergiste et par le guide. PERRICHON, très-ému. Vite@! de l'eau@! du sel@! du vinaigre@! II fait asseoir Daniel. TOUS. Qu'y a- t-@O ? PERRICHON. Un événement affreux ! s'interrompant . Faites-le boire, frottez-lui les tempes ! Henriette, madame Perrichon, Armand. Hènriette, Perrichon, madame Perrichon, Daniel, AnimuJ. DANIEL, Merci@@. Je me sens mieux. ARMAND. Qu'est-il arrivé@?@@. DANIEL. Sans le courage de monsieur Perrichon. PERRICHON, vivement. Non, pas vous@! ne parlez pas@!@@. Racontant. C'est horrible@!.@@ Nous étions sur la mer de Glace. Le mont Blanc nous regardait tranquille et majestueux.@@ DANIEL, à part. Le récit de Théramène@! MADAME PERRICHON. Mais dép@che-toi donc ! HENRIETTE. Mon père ! PERRICHON. Un instant, que diable@! Depuis cinq minutes nous suivions, tout pensifs, un sentier abrupte qui serpentait entre deux crevasses.@@ de glace ! Je. marchais le premier. MADAME PERRICHON. Quelle imprudence ! PERRICHON. Tout à coup, j'entends derrière moi@comme un éboulement je me retourne monsieur venait de disparaître dans un de ces abîmes sans fond, dont la vue seule fait frissonner@@. MADAME PERRICHON, impatientée. Mon ami. PERRICHON. Alors, n'écoutant que mon courage, moi, père de famille, je m'élance@@. MADAME PERRICHON et HENRIETTE. Ciel ! PERRICHON. - Sur le bord du précipice, je lui tends mon bâton ferré@.@ Il s'y cramponne. Je tire.@@ il tire.@@ nous tirons, et, après une lutte in-sensée, je l'arrache au néant et je le ramène à la face du soleil, notre père à tous@!@@. Il s'essuie le front avec son mouchoir. HENRIETTE. Oh@! papa@! MADAME PERRICHON. Mon ami ! PERRICHON, embrassant sa femme et sa fille. Oui, mes enfants, c'est une belle page.@@ ARMAND, à Daniel. Comment vous trouvez-vous@? DANIEL, bas. Très-bien@! ne vous inquiétez pas@! il se lève . Monsieur Perrichion, vous venez de rendre un fils à sa mère@@. PERRICHON, majestueusement. C'est vrai ! DANIEL. Un frère à sa soeur@! PERRICHON. Et un homme à la société. DANIEL. Les paroles sont impuissantes pour reconnaître un tel service. PERRICHON. C'est vrai ! DANIEL. Il n'y a que le coeur.@@ entendez-vous, le coeur@! PERRICHON. Monsieur Daniel@! Non@! laissez-moi vous appeler Daniel@? DANIEL. Comment donc@! A part Chacun son tout-! PERRICHON, ému. Daniel, mon ami, mon enfant@!@@. votre main. Il lui prend la main. Je vous dois les plus douces émotions de ma vie. Sans moi, vous ne seriez qu'une masse informe et repoussante, ensevelie sous les frimats@@. Vous me devez tout, tout@! Avec noblesse. Je ne l'oublierai jamais@! DANIEL. Ni moi ! PERRICHON, à Armand, en s'essuyant les yeux. Ah@! jeune homme !@@. vous ne savez pas le plaisir qu'on éprouve à sauver son semblable. HENRIETTE. Mais, papa, monsieur le sait bien, puisque tantôt.@@ PERRICHON, se rappelant. Ah ! oui@! c'est juste@! Monsieur l'aubergiste, apportez-moi le livre des voyageurs, MADAME PERRICHON. Pourquoi faire@? PERRICHON. Avant de quitter ces lieux, je désire consacrer par une note le souvenir de cet événement ! L'AUBERGISTE, apportant le registre. Voilà, monsieur. PERRICHON. Merci.@@ Tiens, qui est-ce qui a écrit ça@? TOUS. Quoi donc ? PERRICHON, lisant. Je ferai observer à monsieur Perrichon que la mer de Glace Daniel, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Armand. n'ayant pas d'enfants, l'E qu'il lui attribue devient un dévergondage grammatical. Sipé. le Commandant. TOUS. Hein@? HENRIETTE, bas à son père. Oui, papa ! mer ne prend pas d'E à la fin. PERRICHON. Je le savais ! Je vais lui répondre à ce monsieur, Il prend une plume et écrit. u Le commandant est.@@ un paltoquet ! Signé Per-richon. a LE GUIDE, rentrant. La voiture est là. PERRICHON. -Allons ! Dépêchons-nous. AUX jeunes gens. Messieurs, si vous vou-lez accepter une place@? Armand et Daniel s'inclinent. MADAME PERRICHON, appelant son mari. Perrichon, aide-moi à mettre mon manteau. Bas. On vient de me demander notre fille en mariage.@@ PERRICHON. Tiens ! à moi aussi ! MADAME PERRICHON. C'est monsieur Armand. PERRICHON. Moi, c'est Daniel.. mon ami Daniel. MADAME PERRICHON. Mais il me semble que l'autre. PERRICHON. Nous parlerons de cela plus tard@@. HENRIETTE, à la fenêtre. Ah@! il pleut à verse@! Daniel et Henriette au fond, madame Perrichon, Perrichon, l'Auber-giste. Armand. PERRICHON. Ah diable@! A l'aubergiste. Combien tient-on dans votre voiture@! L'AUBERGISTE. Quatre dans l'intérieur et un à côté du cocher.@@ PERRICHON. C'est juste le compte. ARMAND. Ne vous gênez pas pour moi. PERRICHON. Daniel montera avec nous. HENRIETTE, bas à son père. Et monsieur Armand@? PERRICHON, bas. Dame ! il n'y a que quatre places@! il montera sur le siége. HENRIETTE. Par une pluie pareille ? MADAME PERRICHON. Un homme qui t'a sauvé ! PERRICHON. Je lui prêterai mon caoutchouc HENRIETTE. Ah@! PERRICHON Allons@! en route@! en route@! DANIEL, à part. Je savais bien que je reprendrais la corde! Daniel, madame Perrichon, Perrichon, Henriette, Armand. FIN on OEUXlhlE MTF ACTE TROISIÈME Un salon chez Perrichon, à Paris. - Cheminée au fond porte d'entrée dans l'angle à gauche appartement dans l'angle à droite sullc 1, manger à gauche au milieu. guéridon avec tapis canapé a droite du guéridon. SCÈNE PREMIÈRE JEAN, seul, achevant d'essuyer un fauteuil. Midi moins un quart.@@ C'est aujourd'hui que monsieur Perrichon revient de voyage avec madame et mademoiselle.@@ J'ai reçu hier une lettre de monsieur.@@ la voilà. Disant. Grenoble, 5 juillet. Nous ar-riverons mercredi, 7 juillet, à midi. Jean nettoiera l'appartement et fera poser les rideaux. parlé. C'est fait disant. Il dira à Mar-guerite, la cuisinière, de nous préparer le dîner. Elle mettra le pot au feu@@. un morceau pas trop gras.@@ de plus, comme il y a long-temps que nous n'avons mangé de poisson de mer, elle nous achètera une petite barbue bien fraîche. Si la barbue était trop chère, elle la remplacerait par un morceau de veau à la casserole. Parlé. Monsieur peut arriver@@. tout est prêt@@. Voilà ses journaux, ses lettres, ses cartes de visite.@@ Ah@! par exemple, il est venu ce matin de bonne heure un monsieur que je ne connais pas il m'a dit qu'il s'appelait le Commandant@@. Il doit repasser, coup de sonnette à la po@nc extérieure. On sonne @@@@@c'est monsieur.@@ je reconnais sa main@!@@. SCÈNE II f JEAN, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE, ils portent des sacs de nuit et des cartons. PERRICHON. -Jean@@. c'est nous ! JEAN. Ah@! monsieur@!.@@ madame.@@ mademoiselle@!.@@ il les débarrasse de leurs paquets. PERRICHON.. Ah ! qu'il est doux de rentrer chez soi, de voir ses meubles, de s'y asseoir. il s'assoit sur le canapé. MADAME PERRICHON, assise à gauche. Nous devrions être de retour depuis huit jours@@. PERRICHON. Nous ne pouvions passer à Grenoble sans aller voir les Darinel.@@ ils nous ont retenus. A Jean. Est-il venu quelque chose pour mo en mon absence@? JEAN. Oui, monsieur.@@ tout est là sur la table. PERRICHON, prenant plusieurs cartes de visite. Que de visites ! @usant. Armand Desroches. HENRIETTE, avec joie. Ah@! PERRICHON. Daniel Savary@@. brave jeune homme@!.@@ Armand Dcsroches.@@ Daniel Savary.@@ charmant jeune homme@@. Armand Desroches. JEAN. Ces messieurs sont venus tous les jours s'informer de votre retour. Henriette, madame Perrichon, Jean, Perrichon. MADAME PERRICHON. Tu leur dois une visite. PERRICHON. Certainement j'irai le voir@@. ce brave Daniel ! HENRIETTE. Et monsieur Armand@? PERRICHON. J'irai le voir aussi@@. après, Il se lève. HENRIETTE à Jean. Aidez-moi à porter ces cartons dans la chambre. JEAN. Oui, mademoiselle. Regardant perrichon. Je trouve monsieur en-graissé. On voit qu'il a fait un bon voyage. FERRICHON. Splendide, mon ami, splendide ! Ah ! tu ne sais pas ? J'ai sauvé un homme ! JEAN, incrédule. Monsieur@?@@. Allons donc !@@. Il sort avec Henriette par la droite. SCÈNE III PERRICHON, MADAME PERRICHON. PERRICHON. Comment ! Allons donc !. Est-il bête, cet animal-là@! MADAME PERRICHON. Maintenant que nous voilà de retour, j'espère que tu vas prendre un parti. Nous ne pouvons tarder plus longtemps à rendre ré-ponse à ces deux, jeunes gens@@. deux prétendus dans la maison.@@ c'est trop !.@@ Madame Perrichon, Perrichon PERRICHON. Moi, je n'ai pas changé d'avis@@. j'aime mieux Daniel@! MADAME PERRICHON. Pourquoi ? PERRICHON. Je ne sais pas@@. je le trouve plus@@. enfin, il me plaît, ce jeune homme ! MADAME PERRICHON. Mais l'autre@@. l'autre t'a sauvé ! PERRICHON. Il m'a sauvé@! Toujours le même refrain ! MADAME PERRICHON. Qu'as-tu à lui reprocher@? Sa famille est honorable, sa position excellente.@@ PERRICHON. Mon Dieu ! je ne lui reproche rien. je ne lui en veux pas à ce garçon MADAME PERRICHON. Il ne manquerait plus que ça ! PERRICHON. Mais je lui trouve un petit air pincé. MADAME PERRICHON'. Lui@! PERRICHON. Oui, il a un ton protecieur@@. des manières@@. il semble toujours se prévaloir du petit service qu'il m'a rendu.@@ MADAME PERRICHON. Il ne t'en parle jamais ! PERRICHON. Je le sais bien ! mais c'est son air ! son air me dit lleiii ? sans moi@?@@. C'est agaçant à la longue tandis que l'aulre !. Pe@nichon, madame Perrichon MADAME PERRICHON. L'autre te répète sans cesse Hein@? sans vous.@@ hein ? sans vous ! Cela flatte ta vanité@@. et voilà pourquoi tu le préfères. PERRICHON. Moi ! de la vanité 1 J'aurais peut-être le droit d'en avoir@! MADAME PERRICHON. Oh@! PERRICHON. Oui, madame@!.@@ l'homme qui a risqué sa vie pour sauver son sem-blable peut être fier de lui-même@@. mais j'aime mieux me renfermer dans un silence modeste.@@ signe caractéristique du vrai courage ! MADAME PERRICHON. Mais tout cela n'empêche pas que M. Armand. PERRICHON. Henriette n'aime pas.. ne peut pas aimer M. Armand ! MADAME PERRICHON. Qu'en sais-tu ? PERRICHON. Dame ! je suppose@@. MADAME PERRICHON. Il y a un moyen de le savoir@! c'est de l'interroger.@@ et nous choisirons celui qu'elle préférera@.. PERRICHON. Soit !.. mais ne l'influence pas ! MADAME PERRICHON. La voici. SCÈNE IV PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. MADAME PERRICHON, à sa fille qui entre. Henriette@@. ma chère enfant@@. ton père et moi, nous avons à te parler sérieusement. HENRIETTE. A moi ? PERRICHON. Oui. MADAME PERRICHON. Te voilà bientôt en âge d'être mariée.@@ deux jeunes gens se pré-sentent pour obtenir ta main@@. tous deux nous conviennent@@@ mais nous ne voulons pas contrarier ta volonté, et nous avons résolu de te laisser l'entière liberté du choix. HENRIETTE. Comment ! PERRICHON. Pleine et entière@@. MADAME PERRICHON. L'un de ces jeunes gens est M. Armand Desroches. HENRIETTE. Ah ! PERRICHON, vivement. N'influence pas !@@. MADAM@ PERRICHON. L'autre est M. Daniel Savary.@@ PERRICHON. Un jeune homme charmant, distingué, spirituel, et qui, je ne le cache pas, a toutes mes sympathies.@@ Perrichon, Henriette, madame Perrichon. MADAME PERRICHON. Mais tu inlfuences,.. PERRICHON. Du tout ! je constate un fait !.. A sa fille. Maintenant te voilà éclairée@@. choisis@@. HENRIETTE. Mon Dieu@!.@@ vous m'embarrassez beaucoup@@. et je suis prête à accepter celui que vous me désignerez.@@ PERRICHON. Non ! non ! décide toi-même ! MADAME PERRICHON. Parle, mon enfant ! HENRIETTE. Eh bien ! puisqu'il faut absolument faire un choix, je choisis@@. M. Armand. MADAME PERRICHON.. Là ! PERRICHON. Armand 1 Pourquoi pas Daniel@? HENRIETTE. -Mais M. Armand t'a sauvé, papa@! PERRICHON. Allons, bien@! encore@? c'est fatiguant, ma parole d'honneur@! MADAME PERRICHON. Eh bien@! tu vois.. il n'y a pas à hésiter.@ -PERRICHON. Ah@! mais permets, chère amie, un père ne peut pas abdiquer. ,1 1 réfléchirai. je prendrai mes renseignements. Perrichon, madame Perrichon, Henriette MADAME PERRICHON, bas. Monsieur Perrichon, c'est de la mauvaise foi ! PERRICHON. Caroline@! SCÈNE V LES MÊMES, JEAN, MAJORIN. JEAN, à la cantonade. Entrez@!.@@ ils viennent d'arriver@! Majorin entre. PERRICHON. Tiens@! c'est Majorin !. MAJORIN, saluant. Madame.@@ mademoiselle.@@ j'ai appris que vous reveniez aujour-d'hui@@. alors j'ai demandé un jour de congé.@@ j'ai dit que j'étais de garde PERRICHON. Ce cher ami@! c'est très-aimable@@. Tu dînes avec nous@? nous avons une petite barbue.@@ MAJORIN. Mais@@. si ce n'est pas indiscret@@. JEAN, bas à Perrichon. Monsieur.. c'est du veau à la casserole ! il sort. PERRICHON. Ah ! A Majorin. Allons, n'en parlons plus, ce sera pour une autre fois. MAJORIN, à part. Comment ! il me désinvite ! S'il croit que j'y tiens, à son dîner@! Jean, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette. Prenant Perrichon à part. Les dames s'asseyent sur le canapé. J'étais venu pour te parler des six cents francs que tu m'as prêtés le jour de ton départ.@@ PERRICHON. Tu me les rapportes ? MAJORIN. Non. Je ne touche que demain mon dividende des paquebots.@@ mais à midi précis.@@ PERRICHON. Oh ! ça ne presse pas ! MAJORIN. Pardon@@. j'ai hâte de m'acquitter. PERRICHON. Ah ! tu ne sais pas@?@@. je t'ai rapporté un souvenir. MAJORIN. II s'assied derrière le guéridon. Un souvenir ! à moi@? PERRICHON, s'asseyant. En passant à Genève, j'ai acheté trois montres,.. une pour Jean, une pour Marguerite, la cuisinière@@. et une pour toi, à répétition. MAJORIN, à part. Il me met après ses domestiques ! Haut. Enfin ? PERRICHON. Avant d'arriver à la douane française je les avais fourrées dans ma cravate@@. MAJORIN. Pourquoi@? PERRICHON. Tiens ! je n'avais pas envie de payer les droits. On me demande A@@@@@ous quelque chose à déclarer@? Je réponds non je fais un - mouvement et voilà ta diablesse de montre qui sonne dig, dig, dig. MAJORIN. F. h bien ! PERRICHON. Eh bien@! j'ai été pincé.@@ on a tout saisi.@@ MAJORIN. Comment? t PERRICHON. J'ai eu une scène atroce ! J'ai appelé le douanier méchant gabe-lou@! Il m'a dit que j'entendrais parler de lui.. Je regrette beaucoup cet incident.@@ elle était charmante, ta montre. MAJORIN, sèchement. Je ne t'en remercie pas moins@@. A part. Comme s'il ne pouvait pas acquitter les droits@@. c'est sordide ! SCÈNE VI LES MÊMES, JEAN, ARMAND. JEAN. annonçant. Monsieur Armand Desroches ! HENRIETTE, quittant son ouvrage. Ah@! MADAME PERRICHON, se levant et allant au-devant d'Armand Soyez le bienvenu@@. nous attendions votre visite. ARMAND, saluant. Madame.@@ monsieur Perrichon.,, PERRICHON.. Énchanté !@@. enchanté@! A part, Il a toujours son petit air pro-tecteur@!.@@ MADAME PERRICHON, bas à sou mari. Présente-le donc à Majorin. Madame Perrichon, Perrichon, Majorin Henriette, Armand, PERRICHON. Certainement@@. Haut. Majorin@@. je te présente monsieur Armand Desroclies.@@ une connaissance de voyage. HENRIETTE, vivement. Il a sauvé papa@! PERRICHON, à pari. Allons, bien@!.@@ encore@! MAJORIN. -Comment, tu as couru quelque danger@? PERRICHON. Non.@@ une misère.@ -ARMAND.. Cela ne vaut pas la peine d'en parler@@. PERRICHON, à part. Toujours son petit air ! SCÈNE VII LES MÊMES, JEAN, DANIEL. JEAN, annonçant. Monsieur Daniel Savary !@@. PERRICHON, s'épanouissant. Ah@! le voilà, ce cher ami@!.@@ ce bon Daniel@! il renverse presque le guéridon en eourant au-devant de lui. DANIEL, saluant. 1 Mesdames.@@ Bonjour, Armand@! PERRICHON, le prenant par la main. Venez, que je vous présente à Majorin. Haut. Majorin, je te Daniel, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette, Armand. présente un de mes bons..@ un de m9S meilleurs amis.@@ monsieur Daniel Savary@@. MAJORIN. Savary@? des paquebots@? DANIEL, saluant. Moi-même. PERRICHON. Ah ! sans moi@! il ne te payerait pas demain ton dividende. MAJORIN. Pourquoi@? PERRICHON. Pourquoi@? Avec fatuité. Tout simplement parce que je l'ai sauvé, mon bon@! MAJORIN. Toi@? A part. Ah çà@! ils ont donc passé tout leur temps à se sauver la vie ! PERRICHON, racontant. Nous étions sur la mer de Glace, le mont Blanc nous regardait tranquille et majestueux. DANIEL, à part. Second récit de Théramène ! PERRICHON. Nous suivions tout pensifs un sentier abrupte. HENRIETTE, qui a ouvert un journal. Tiens, papa qui est dans le journal ! PERRICHON. Comment@! je suis dans le journal@? HENRIETTE. Lis toi-même.@ Iii. E@II lui donne le journal. PERRICHON. Vous allez voir que je suis tombé du jury@! ris.mt. On nous écrit de Chamouny@@. TOUS. Tiens ! Ils se rapprochent. PERRICHON, lisant. Un événement qui aurait pu avoir des suites déplorables vient d'arriver à la mer de Glace. M. Daniel S.@@ a fait un faux pas et a disparu dans une de ces crevasses si redoutées des voyageurs. Un des témoins de cette scène, M. Perrichon, qu'il nous permette de le nommer. Parlé. Comment donc@! si je le permets ! Lisant. M. Per-richon, potable commerçant de Paris et père de famille, n'écoutant que son courage, et au mépris de sa propre vie, s'est élancé dans le gouffre. parlé C'est vrai, et après des efforts inouïs, a été assez heureux pour en retirer son compagnon. Un si admirable dévoue-ment n'a été surpassé que par@la modestie de M. Perrichon, qui s'est dérobé aux félicitations de la foule émue et attendrie.@@ Les gens de coeur de tous les pays nous sauront gré de leur signaler un pareil trait@! TOUS. Ah ! DANIEL, à part. Trois francs la ligne ! @ERRICHON, relisant lentement la dernière phrase. - Les gens de coeur de tous les pays nous sauront gré de leur signaler un pareil trait. A Daniel, très-ému. Mon ami@@@ mon enfant ! embrassez-moi ! Ils s'embrassent. DANIEL, à part. Décidément, j'ai la corde@@. PERRICHON, montrant le journal. Certes, je ne suis pas un révolutionnaire, mais je le proclame hautement, la presse a du bon@! Mettant le journal dans sa poche et à part. J'en ferai acheter dix numéros@l Daniel, Ter.icl on, Henriette, madame Perrichon, Armand, Majorin. MADAME PERRICHON. Dis donc, mon ami, si nous envoyions au journal le récit de la belle action de M. Armand@? IIFNRIETTE. Oh ! oui@! cela ferait un joli pendant@! PERRICHON, vivement. C'est inutile ! je ne peux pas toujours occuper les journaux de ma personnalité.@@ JEAN, entrant un papier à la main. Monsieur ? PERRICHON. Quoi@? JEAN. Le concierge vient de me remettre un papier timbré pour vous.@@ MADAME PERRICHON. Un papier timbré ? PERRICHON. N'aie donc pas peur@! je ne dois rien à personne.@@ au contraire, on me doit@@. MAJORIN, à part. C'est pour moi qu'il dit ça ! PERRICHON, regardant le papier. Une assignation à comparaître devant la sixième chambre pour injures envers un agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions. TOUS. Ah@! mon Dieu@! PERRICHON, lisant. Vu le procès-verbal dressé au bureau de la douane française par le sieur Machut, sergent douanier.@@ Majorin remonte. ARMAND. Qu'est-ce que cela signifie ? PERRICHON. Un douanier qui m'a saisi trois montres.@@ j'ai été trop vif. je l'ai appelé gabelou ! rebut de l'humanité !@@. MAJORIN, derrière le guéridon. C'est très-grave ! Très-grave ! PERRICHON, inquiet. Quoi ? MAJORIN. Injures qualifiées envers un agent de la force publique dans l'exer-cice de ses fonctions. MADAME PERRICHON et PERRICHON. Eh bien ? MAJORIN. De quinze jours à trois mois de prison.@@ TOUS. En prison !. PERRICHON. Moi ! après cinquante ans d'une vie pure et sans tache.@@ j'irais m'asseoir sur le banc de l'infamie ! jamais ! jamais ! MAJORTN, à part. C'est bien fait@! ça lui apprendra à ne pas acquitter les droits ! PERRICHON. Ah ! mes amis ! mon avenir est brisé. MADAME PERRICHON. Voyons, calme-toi 1 HENRIETTE. Papa I DANIEL. Du courage ! Daniel, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette, Armand. ARMAND. Attendez ! je puis peut-être vous tirer de là. TOUS. Hein ? PERRICHON. Vous ! mon ami mon bon ami ! ARMAND, allant à lui. Je suis lié assez intimement avec un employé supérieur de l'admi-nistration des douanes@@. je vais le voir peut-être pourra-t-on décider le douanier à retirer sa plainte. MAJORlN. Ça me paraît difficile ! ARMAND. Pourquoi@? un moment de vivacité.@@ PERRICHON. Que je regrette ! ARMAND. Donnez-moi ce papier@@. j'ai bon espoir@@. ne vous tourmentez pas, mon brave M. Perrichon PERRICHON, ému, lui prenant la main. Ah ! Daniel ! se reprenant non ! Armand ! tenez, il faut que je vous embrasse ! ils s'embrassent . HENRIETTE, à part. A la bonne heure ! Elle remonte avec sa mère . H ARMAND, bas à Danie A mon tour, j'ai la corde ! DANIEL. Parbleu ! A part. Je crois avoir affaire à un rival et je tombe sur un terre neuve. Daniel, Pe@nichon, Armand, madame Perrichon, Henriette, Majorin. Daniel, Armand, Perrichon, @hjorfn. MAJORIN, à Armand. Je sors avec vous@.@ PERRICHON. Tu nous quittes@? MAJORIN. Oui. Fièremenl Je dîne en ville ! Il sort avec Armand . MADAME PERRICHON, s'approchant de son mari et bas. Eh bien, que penses-tu maintenant de M. Armand ? PERRICHON. Lui ! c'est-à-dire que c'est un ange ! un ange ! MADAME PERRICHON. Et tu hésites à lui donner ta fille ? PERRICHON. Non ! je n'hésite plus. MADAME PERRICHON. Enfin ! je te retrouve ! Il ne te reste plus qu'à prévenir M. Daniel. PERRICHON. Oh ! ce pauvre garçon ! tu crois@? MADAME PERRICHON. Dame ! à moins que tu ne veuilles attendre l'envoi des billets de faire part ? i -PERRICHON. Oh ! non ! MADAME PERRICHON. Je te laisse avec lui.@@ courage@! Haut. Viens-tu Henriette@? sa-luant Daniel. Monsieur. Elle sort à droite suivie d'Henriette . Madame Perrichon, Perrichon, Daniel et Henriette sont près de @h cheminée. SCÈNE VIII PERRICHON, DANIEL. DANIEL, à part en descendant. Il est évident que mes actions baissent@@. Si je pouvais.@@ il va au canapé. PERRICHON, à part au fond. Ce brave jeune homme@@. ça me fait de la peine@@. Allons@! Il le faut ! Haut. Mon cher Daniel.@@ mon bon Daniel@@. j'ai une com-munication pénible à vous faire. DANIEL, à part. Nous y voilà ! ils s'asseyent sur le canapé. PERRICHON. Vous m'avez fait l'honneur de me demander la main de ma fille.@@ Je caressais ce projet, mais les circonstances@@. les événements@@. votre ami, M. Armand, m'a rendu de tels services@!@@. DANIEL. Je comprends. -PERRICHON. Car on a beau dire, il m'a sauvé la vie, cet homme ! DANIEL. Eh bien ! et le petit sapin auquel vous vous êtes cramponné ! PERRICHON. Certainement.@@ le petit sapin@@. mais il était bien petit@@. il pouvait casser.@@ et puis je ne le tenais pas encore. DANIEL. Ah@! PERRICHON. Non. mais ce n'est pas tout@@. dans ce moment, cet excellent Daniel, Perrichon, Perrichon, Daniel. j'une homme brûle le pavé pour me tirer des cachots. Je lui de-vrai l'honneur.@@ l'honneur ! DANIEL. M. Perrichon@! le sentiment qui vous fait agir est trop noble pour que je cherche à le combattre.@@ PERRICHON. Vrai ! Vous ne m'en voulez pas ? DANIEL. Je ne me souviens que de votre courage.@@ de votre dévouement pour moi. PERRICHON, lui prenant la main. Ah@! Daniel ! A part. C'est étonnant comme j'aime ce garçon-là ! DANIEL, se levant. Aussi, avant de partir. PERRICHON.. Hein ? DANIEL. Avant de vous quitter.@@ PERRICHON, se levant. Comment ! me quitter ! vous@? Et pourquoi@? DANIEL. Je ne puis continuer des visites qui seraient compromettantes pour mademoiselle votre fille@@. et douloureuses pour moi. PERRICHON. Allons bien ! Le seul homme que j'aie sauvé ! DANIEL. Oh@! mais votre image ne me quittera pas.@@ j'ai formé un projet@@. c'est de fixer sur la toile, comme elle l'est déjà dans mon coeur, l'héroïque scène de la mer de Glace. PERRICHON. Un tableau ! Il veut me mettre dans un tableau ! IUini 1, Pcn iclion. DANIEL. Je me suis déjà adressé à un de nos peintres les plus illustres.@@ un de ceux qui travaillent pour la postérité !@@. PERRICIION. La postérité ! Ah ! Daniel ! A part. C'est extraordinaire comme j'aime ce garçon-là ! DANIEL. Je tiens surtout à la ressemblance@@. PERRICHON. Je crois bien ! moi aussi ! DANIEL. Mais il sera nécessaire que vous nous donniez cinq ou six séances@.@ PERRICHON. Comment donc, mon ami ! quinze ! vingt ! trente ! ça ne m'en -nuira pas@@. nous poserons ensemble ! DANIEL, vivement. Ah ! non.@@ pas moi PERRICHON. Pourquoi ? DANIEL. Parce que@@. voici comment nous avons conçu le tableau.@@ on ne verra sur la toile que le Mont-Blanc@@. PERRICHON, inquiet. Eh bien, et moi@? DANIEL. Le mont Blanc et vous ! 1 PERRICHON. C'est ça@@. moi et le Mont-Blanc@@. tranquille et majestueux !.@@ Ah ! ça, et vous, où serez-vous@? DANIEL. Dans le trou@@. tout au fond@@. on n'apercevra que mes deux mains crispées et suppliantes.@@ PERRICHON. Quel magnifique tableau ! DANIEL. Nous le mettrons au lvlusée,.. PERRICHON. De Versailles@? DANIEL. Non, de Paris.@@ PERRICHON. Ah ! oui@@. à L'exposition !@@. DANIEL. Et nous inscrirons sur le livret cette notice.@@ PERRICHON. Non ! pas de banque ! pas de réclame ! Nous mettrons tout sim-plement l'article de mon journal.@@ On nous écrit de Chamouny@.. DANIEL. C'est un peu sec. PERRIfijJON. Oui.@@ mais nous l'arrangerons ! Avec effusion. Ah@! Daniel, mon ami !@@. mon enfant ! DANIEL. Adieu, monsieur Perrichon !.@@ nous'ne devons plus nous re-voir@@. PERRICHON. Non ! c'est impossible ! c'est impossible ! ce mariage.@@ rien n'est encore décidé@@. DANIEL. Mais@@. PERRICHON. Restez ! je le veux ! DANIEL, à part. Allons donc ! SCÈNE IX LES MÊMES, JEAN, LE COMMANDANT. JEAN, annonçant. Monsieur le commandant Mathieu ! PERRICHON, étonné. Qu'est-ce que c'est que ça ? LE COMMANDANT, entrant. Pardon, messieurs, je vous dérange peut-être ? PERRICHON. Du tout. 1 LE COMMANDANT, à Daniel. Est-ce à monsieur Perrichon que j'ai l'honneur de parler ? PERRICHON. C'est moi, monsieur. LE COMMANDANT. Ah !@@. A Perrichon. Monsieur, voilà douze jours que je vous cherche. Il y a beaucoup de Perrichon à Paris@@. j'en ai déjà visité une douzaine.@@ mais je suis tenace.@@ PERRICHON, lui indiquant un siège à gauche du guéridon. Vous avez quelque chose à me communiquer ? il s'assied sur le canapé. Daniel remonte. LE COMMANDANT, s'asseyant. Je n'en sais rien encore.@@ Permettez-moi d'abord de vous adres-ser une question Est-ce vous qui avez fait, il y a un mois, un voyage à la mer de Glace ? PERRICHON. Oui, monsieur, c'est moi-même ! je crois avoir le droit de m'en vanter ! Daniel, le Commandant, Perrichon. LE COMMANDANT. Alors, c'est vous qui avez écrit sur le registre des voyageurs c Le commandant est un paltoquet. PERRICHON. Comment@! vous êtes@?@@. LE COMMANDANT. Oui, monsieur.@@ c'est moi@! PERRICHON. , Enchanté ! ils se font plusieurs petits saluts DANIEL, à part en descendant. Diable ! l'horizon s'obscurcit !@@. LE COMMANDANT. Monsieur, je ne suis ni querelleur, ni ferrailleur, mais je n'aime pas à laisser traîner sur les livres d'auberge de pareilles apprécia-tions à côté de mon nom. PERRICHON. Mais vous avez écrit le premier une note@@. plus que vive ! LE COMMANDANT. - Moi@? je me suis borné à constater que mer de Glace ne prenait pas d'e à la fin voyez le dictionnaire@@. PERRICHON. Eh ! monsieur ! vous n'êtes pas chargé de corriger mes@@. préten-dues fautes d'orthographe@! De quoi vous mêlez-vous@? Ils se lèvent. LE COMMANDANT. Pardon@@. pour moi, la langue française est une compatriote aimée.@@ une dame de bonne maison, élégante, mais un peu cruelle. - vous le savez mieux que personne.@@ PERRICHON. Moi@?. LE COMMANDANT. Et quand j'ai l'honneur de la rencontrer à l'étranger@@. je ne per-Le Commandant, Perrichon, Daniel. mets pas qu'on éclabousse sa robe. C'est une question de chevalerie et de nationalité. PERRICHON. Ah çà ! monsieur, auriez-vous la prétention de me donner une leçon ? LE COMMANDANT. Loin de moi cette pensée.@@ PERRICHON. # Ah ! ce n'est pas malheureux ! A part. Il recule. LE COMMANDANT. Mais sans vouloir vous donner une leçon, je viens vous demander poliment@@. une explication. PERRICHON, à part. Mathieu !.@@ c'est un faux commandant. LE COMMANDANT. De deux choses l'une ou vous persistez.@@ PERRICHON. Je n'ai pas besoin de tous ces raisonnements ! Vous croyez peut-être m'intimider monsieur.@@ j'ai fait mes preuves de courage, en-tendez-vous ! et je vous les ferai voir@@. LE COMMANDANT. Où ça@? PERRICHON. A l'exposition.@@ L'année prochaine@@. LE COMMANDANT. Oh@! permettez@!@@. Il me sera impossible d'attendre jusque-là.@@ Pour abréger, je vais au fait retirez-vous, oui ou non ? PERRICHON. Rien du tout ! LE COMMANDANT. Prenez garde ! , DANIEL. Monsieur Perrichon@! PERRICHON. Rien du tout ! A part. Il n'a pas seulement de moustaches ! LE COMMANDANT. Alors, monsieur Perrichon, j'aurai l'honneur de vous attendre demain , à midi, avec mes témoins, dans les bois de la Malmai-son. DANIEL. Commandant ! un mot@? LE COMMANDANT, remontant. Nous vous attendrons chez le garde ! DANIEL. Mais, commandant. LE COMMANDANT. Mille pardons.@@ j'ai rendez-vous avec un tapissier@@. pour choisir des étoffes, des meubles.@@ A demain.@@ midi.@@ saluant. Mes-sieurs.@@ j'ai bien l'honneur@@. Il sort. SCÈNE X V PERRICHON, DANIEL, puis JEAN. DANIEL, à Perrichon. Diable ! vous êtes raide en affaires 1 avec un commandant sur-tout@! PERRICHON. Lui ! un commandant@? Allons donc ! Est-ce que les vrais com-mandants s'amusent à éplucher les fautes d'orthographe@? Le Commandant, Daniel, Perrichon. Daniel, Perrichon. DANIEL. N'importe@? Il faut questionner, s'informer.@@ Il sonne à la che-minée. savoir à qui nous avons à faire. JEAN, paraissant. Monsieur@? PERRICHON, à Jean. Pourquoi as-tu laissé entrer cet homme qui sort d'ici@? JEAN. Monsieur, il était déjà venu ce matin.@@ J'ai même oublié de vous remettre sa carte@@. DANIEL. Ah@! sa carte@! PERRICHON. Donne@! La lisant. Mathieu, ex-commandant au deuxième zouaves. DANIEL. Un zouave ! PERRICHON. Saprelotte ! JEAN. Quoi donc@? PERRICHON. Rien@! Laissez-nous ! Jean sort. DANIEL. Eh bien ! nous voilà dans une jolie situation ! PERRICHON. Que voulez-vous@? j'ai été trop vif@@. un homme si poli@!@@. Je l'ai pris pour un notaire gradé@! DANIEL. Que faire.? Jean, Perrichon, Daniel. PERRICHON. Il faudrait trouver un moyen@@. Poussant un cri. Ah !.@@ DANIEL. Quoi? - PERRICHON. Rien ! rien ! Il n'y a pas de moyen ! je l'ai insulté, je me battrai l.. Adieu !.. -DANIEL. Où allez-vous ? PERRICHON. Mettre mes affaires en ordre@@. vous comprenez.@@ DANIEL. Mais cependant..@ PERRICHON. Daniel@@. quand sonnera l'heure du danger vous ne me verrez pas faiblir ! Il sort à droite. SCÈNE XI DANIEL, seul. -'Ilo@eLdonc !@@. c'est impossible !@@. je ne peux pas laisser battre M. Perrichon avec un zouave !@@. c'est qu'il a du coeur le beau-père !@@. je le connais, il ne fera pas de concessions.@@ de son côté le commandant. et tout cela pour une faute d'orthographe ! Cher-chant. Voyons donc ?..@ si je prévenais l'autorité ? oh ! non !@.. au fait, pourquoi pas ? personne ne le saura. D'ailleurs, je n'ai pas le choix des moyens@., Il prend un buvard et un encrier sur une table, près de la porte d'entrée, et se place au guéridon. Une lettre au préfet de police@!@@. Écrivant. Monsieur le Préfét.@@ j'ai l'honneur de.@@ parlant tout en cl'ri ',Il'I. Une ronde passera par là à point nommé.@@ le hasard aura tout fait.@@ et l'honneur sera sauf. Il plie et cachète sa lettre et remet en place ce qu'il a pris. Maintenant, il s'agit de la faire porter tout Daniel, Perrichon. de suite@.. Jean doit être là ! Il sort en appelant. Jean ! Jean ! Il dis-paraît dans l'antichambre. SCÈNE XII PERRICHON, seul. - Il entre en tenant une lettre à la main. Il la lit. Monsieur le Préfet, je crois devoir prévenir l'autorité que deux insensés ont l'intention de croiser le fer demain, à midi moins un quart@@. parlé. Je mets moins un quart afin qu'on soit exact. Il suffit quelquefois d'un quart d'heure !@@. Reprenant sa lecture. A midi moins un quart.@@ dans les bois de la Malmaison. Le rendez-vous est à la porte du garde.@@ Il appartient à votre haute adminis-tration de veiller sur la vie des citoyens. Un des combattants est un ancien commerçant, père de famille, dévoué à nos institutions et jouissant d'une bonne notoriété dans son quartier. Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, etc. etc@@. S'il croit me faire peur ce com-mandant@!.@@ maintenant l'adresse.@@ Il écrit. Très-pressé, commu-nication importante@@. comme ça, ça arrivera@@. Où est Jean ? SCÈNE XIII PERRICHON, DANIEL, puis MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis JEAN. DANIEL, entrant par le fond, sa lettre à la main. Impossible de trouver ce domestique. Apercevant Perrichon. Oh ! Il cache sa lettre. PERRICHON. Daniel ! Il cache aussi sa lettre. DANIEL. Eh bien ! monsieur Perrichon. -Perrichon, Daniel. PERRICHON. Vous voyez.@@ je suis calme@@. comme le bronze ! Apercevant sa femme et sa @@HUe. Ma femme, silence ! @H descend. MADAME PERRICHON à son mari. Mon ami, le maître de piano d'Henriette vient de nous envoyer des billets de concert pour demain@@. midi@@. PERRICHON, à part. Midi ! HENRIETTE. C'est à son bénéfice, tu nous accompagneras ? PERRICHON. Impossible ! demain, ma journée est prise ! MADME PERRICHON. Mais tu n'as rien à faire..@ PERRICHON. Si. j'ai une affaire. très-importante@@. demande à Daniel.. DANIEL. Très-importante ! MADAME PERRICHON. Quel air sérieux ! A son mari. Tu as la figure longue d'une aune ou dirait que tu as peur. PERRICHON. Moi@? peur 1 On me verra sur le terrain ! - DANIEL, à part. Aïe ! MADAME PERRICHON. Le terrain ! PERRICHON, à part. Sapristi ! ça ma échappé ! Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. HENRIETTE, courant à lui. Un duel ! papa ! PERRICHON. • Eh bien ! oui, mon enfant, je ne voulais pas te le dire, ça ma échappé, ton père se bat !.. MADAME PERRICHON. -Mais avec qui@? PERRICHON. Avec un commandant au deuxième zouaves ! MADAME PERRICHON et HENRIETTE, effrayées. Ah ! grand Dieu ! PERRICHON. Demain, à midi, dans le bois de là Malmaison, à la porte du garde@! MADAME PERRICHON, allant à lui. Mais tu es fou@@. toi@! un bourgeois@! PERRICHON. Madame Perrichon, je blâme le duel.@@ mais il y a des circonstan-ces où l'homme se doit à son honneur@! A part, montrant sa lettre. Où est donc Jean@? MADAME PERRICHON, à part. Non ! c'est impossible ! je ne souffrirai pas. Elle va à la table au fond et écrit à part. Monsieur le préfet de police@@. JEAN, paraissant. Le dîner est servi@! PERRICHON, s'approchant de Jean et bas. Cette lettre à son adresse, c'est très-pressé ! Il s'éloigne. DANIEL, bas à Jean. Cette lettre à son adresse@@. c'est très-pressé@! Il s'éloigne. Daniel, Perrichon, Henriette, madame Perrichon. Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. Madame Perrichon, Jean, Perrichon, Daniel, Henriette, MADAME PERRICHON, bas à Jean. Cette lettre à son adresse.@@ c'est très-pressé@! PERRICHON. Allons ! à table ! HENRIETTE, à part. Je vais faire prévenir monsieur Armand. Elle entre à droite. MADAME PERRICHON, à Jean ayant de sortir. Chut@! DANIEL, de même. Chut@! PERRICHON, de même. Chut ! Ils disparaissent tous les trois. JEAN, seul. Quel est ce mystère@? Lisant l'adresse des trois lettres. Monsieur le préfet@@. Monsieur la préfet@@. Monsieur le préfet@@. Étonné, et avec joie. Tiens ! il n'y a qu'une course@! FIN DU TROISIÈME ACTE ACTE QUATRIÈME Un jardin. - Bancs, chaises, table rustique à droite, un pavillon praticable. SCÈNE PREMIÈRE DANIEL, puis PERRICHON. DANIEL, entrant par le fond à gauche. Dix heures@! le rendez-vous n'est que pour midi. il s'approche du pavillon et fait signe. Psit psit ! PERRICHON, passant la tête à la porte du pavillon. Ah ! c'est vous.@@ ne faites pas de bruit.@@ dans une minute je suis à vous.. il rentre. DANIEL, seul. Ce pauvre monsieur Perrichon@! il a dû passer une bien mau-vaise nuit@@. heureusement ce duel n'aura pas lieu. PERRICHON, sortant du pavillon avec un grand manteau. Me voici. je vous attendais@@. DANIEL. Comment vous trouvez-vous@? Daniel, Perrichon. PERRICHON. Calme comme le bronze ! DANIEL. J'ai des épées dans la voiture. PERRICHON, entrouvrant son manteau. Moi, j'eu ai là. DANIEL. Deux paires ! PERRICHON. Une peut casser.@@ je ne veux pas me trouver dans l'embarras. DANIEL, à part. Décidément, c'est un lion@!.., Haut. Le fiacre est à la porte.@@ si vous voulez. PERRICHON. Un instant@! Quelle heure est-il@? DANIEL. Dix. heures ! PERRICHON. Je ne veux pas arriver avant midi@@. ni après. A part. Ça ferait tout manquer. DANIEL. Vous avez raison.@@ pourvu qu'on soit à l'heure. A part. Ça ferait tout manquer. PERRICHON. Arriver avant.@@ c'est de la fanfaronnade.@@ après, c'est de l'hési-tation d'ailleurs, j'attends Majorin@@. je lui ai écrit hier soir un mot pressant. DANIEL. Ah@! le voici. SCÈNE II LES MÊMES, MAJORIN. MAJORIN. J'ai reçu ton billet, j'ai demandé un congé@@. de quoi s'agit-il@? PERRICHON. Majorin@@. je me bats dans deux heures !.@@ MAJORIN. Toi@? allons donc@! et avec quoi@? PERRICHON, ouvrant son manteau et laissant voir ses épées. Avec ceci. MAJORlN. Des épées ! PERRICHON. Et j'ai compté sur toi pour être mon second. Daniel remonte. MAJORIN. Sur moi@? permets, mon ami, c'est impossible ! PERRICHON. Pourquoi@? MAJORIN. Il faut que j'aille à mon bureau.@@ je me ferais destituer. PERRICHON. Puisque tu as demandé un congé. MAJORIN. Pas pour être témoin@!.@@ On leur fait des procès aux témoins PERRICHON. 11 me semble, monsieur Majorin, que je vous ai rendu assez de Daniel, Majorin, Perricbon. services pour que vous ne refusiez pas de m'assister dans une cir-constance capitale de ma vie. MAJORIN, à part. Il me reproche ses six cents francs ! PERRICHON. Mais si vous craignez de vous compromettre@@. si vous avez peur. MAJORIN. Je n'ai pas pour.@@ Avec amertune. D'ailleurs je ne suis pas libre@@. tu as su m'enchaîner par les liens de la reconnaissance. Grinçant. Ah ! la reconnaissanc ! - DANIEL, à part. Encore un@! MAJORIN. Je n@@ue demande qu'une chose.@@ c'est d'être de retour à deux heures@@. pour toucher mon dividende@@. je te rembourserai immé-diatement et alors.@@ nous serons quittes@!@@@ DANIEL. Je crois' qu'il est temps de partir. A perrichon. Si vous désirez faire vos adieux à madame Perrichon et à votre fille@@. PERRICHON. Non ! je veux éviter cette scène.@@ ce serait des pleurs, des cris@@. elles s'attacheraient a wrs hahits pour me retenir.@@ partons ! on entend chanter dans la coulisse. Ma fille 1 SCÈNE III LES MÊMES, HENRIETTE puis MADAME PERRICHON. HENRIETTE, entrant en chantant, et un arrosoir à la main. Tra la la ! tra la la ! parlé Ah ! c'est toi, mon petit papa. Majorin, Perrichon, Daniel. Majorin, Daniel, Perrichon, Henriette. PERRICHON. Oui.@@ tu vois.@@ nous partons.@@ avec ces deux messieurs@@. il le faut@@. il l'embrasse avec émotion. Adieu@! HENRIETTE, tranquillement. Adieu, papa. A part. Il n'y a rien à craindre, maman a prévenu le préfet de police.@@ et moi, j'ai prévenu monsieur Armand. Elle va arroser les fleurs. PERRICHON, s'essuyant les yeux et la croyant près de lui. Allons@! ne pleure pas@!@@. si tu ne me revois pas@@. songe@@. s'ar-rêtant. Tiens ! elle arrose ! MAJORIN, à part. Ça me révolte ! mais c'est bien fait ! MADAME PERRICHON, entrant avec des fleurs à la main, à son mari. Mon ami.@@ peut-on couper quelques dalhias@? PERRICHON. Ma femme ! MADAME PERRICHON. Je cueille un bouquet pour mes vases. PERRICHON. Cueille@@. dans un pareil moment je n'ai rien à te refuser.@@ je vais partir. Caroline. MADAME PERRICHON, tranquillement. Ah ! tu vas là-bas. PERRICHON. Oui je vais.@@ là-bas, avec ces deux messieurs. MADAME PERRICHON. Allons ! tâche d'être revenu pour dîner. PERRICHON et MAJORIN. Hein@? PERRICHON à part. Cette tranquillité@@. est-ce que ma femme ne m'aimerait pas@? Majorin, Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. MAJORIN, à part. Tous les Perrichon manquent de coeur@! c'est bien fait@! DANIEL. Il est l'heure@@. si vous voulez être au rendez-vous à midi.@@ PERRICHON, vivement. Précis ! MADAME PERRICHON, vivement. Précis@! vous n'avez pas de temps à perdre. HENRIETTE. Dépêche-toi, papa. • PERRICHON. Oui. MAJORIN, à part. Ce sont elles qui le renvoient@! Quelle jolie famille ! PERRICHON. A@Yons@! Caroline@! ma fille@! adieu@! adieu@! Ils remontent. • SCÈNE IV LES MÊMES, ARMAND. ARMAND, paraissant au fond. Restez, monsieur Perrichon, le duel n'aura pas lieu. TOUS. Comment@? HENRIETTE, à part. Monsieur Armand ! j'étais bien sûre de lui ! MADAME PERRICHON, à Armand. Mais, expliquez-nous.@@ Majorin, Perrichon, Daniel, Armand, madame Perrichon, Henriette. ARMAND. C'est bien simple.., je viens de faire mettre à Clichy le comman-dant Mathieu. TOUS. A Clichy@? DANIEL, à part. Il est très-actif, mon rival@! ARMAND. Oui@@. cela avait été convenu depuis un mois entre le comman-dant et moi.@@ et je ne pouvais trouver une meilleure occasion de lui être agréable. A perrichon. Et de vous en débarrasser@! MADAME PERRICHON, à Armand. Ah@! monsieur, que de reconnaissance. HENRIETTE, bas. Vous êtes notre sauveur 1 PERRICHON, à part. Eh bien ! je suis contrarié de ça@@. j'avais si bien arrangé ma petite affaire. A midi moins un quart on nous mettait la main dessus. MADAME PERRICHON, allant à son mari. Remercie donc. PERRICHON. Qui ça ? MADAME PERRICHON. Eh bien ! monsieur Armand. PERRICHON. Ah@! oui. A Armand sèchement. Monsieur, je vous remercie. MAJORIN, à part. On dirait que ça l'étrangle. Haut. Je vais toucher mon dividende A DanieL Croyez-vous que la caisse soit ouverte? 4 DANIEL. Oui sans doute. J'ai une voiture, je vais vous conduire. Monsieur Perrichon, nous nous reverrons vous avez une réponse à me donner. MADAME PERRICHON, bas à Armand. Restez. Perrichon a promis de se prononcer aujourd'hui le moment est favorable, faites votre demande. - ARMAND. Voui croyez@@. c'est que. HENRIETTE, bas. Courage, monsieur Armand. ARMAND. V@@@@! oh@! quel bonheur ! MAJORIN. Adieu, .Perrichon. DANIEL, saluant. Madame.@@ mademoiselle. Henriette et madame Perrichon sortent par la droite Majorin et Daniel par le fond, à gauche. SCENE V PERRICHON, ARMAND, puis JEAN et le COMMANDANT. PERRICHON, à part. Je suis très-contra@né.@@ très-contrarié@!.@@ j'ai passé une partie de la nuit à écrire à mes amis que je me battais.@@ je vais être ridicule. ARMAND, à part. Il doit être bien disposé@@. Essayons. Haut. Mon cher monsieur Perrichon. Perrichon, Daniel, Majorin, madame Perrichon, Armand. Henriette. Perrichon, Armand. PERRICHON, sèchement. Monsieur@? ARMAND. Je suis plus heureux que je ne puis le dire d'avoir pu terminer cette désagréable affaire. PERRICHON, à part. Toujours son petit air protecteur@! Haut. Quant à moi, monsieur, je regrette que vous m'ayez privé du plaisir de donner une leçon à ce professeur de grammaire ! ARMAND. Comment@? mais vous ignorez donc que votre adversaire.., PERRICHON. Est un ex-commandant au deuxième zouave.@@ Eh bien@?.@@ après@? J'estime l'armée, mais je suis de ceux qui savent la regarder en face. Il passe fièrement devant lui. JEAN, paraissant et annonçant. Le commandant Mathieu. PERRICHON. Hein@? ARMAND. Lui@! PERRICHON. Vous me disiez qu'il était en prison ! LE COMMANDANT, entrant. J'y étais, en effet, mais j'en suis sorti. Apercevant Armand. Ah ! monsieur Armand ! je viens de consigner le montant du billet que je vous dois, plus les frais.@@ APMAND. Très-bien, commandant@@. Je pense que vous ne me gardez pas rancune.@@ vous paraissiez si désireux d'aller à Clichy. Jean, le Commandant, Armand, Perrichon. LE COMMANDANT. Oui, j'aime Clichy.@@ mais pas les jours où je dois me battre. A Perrichon. Je suis désolé, monsieur, de vous avoir fait attendre. Je suis à vos ordres. JEAN, à part. Oh ! ce pauvre bourgeois ! PERRICHON. Je pense, monsieur, que vous me rendrez la justice de croire que je suis tout à fait étranger à l'incident qui vient de se pro-duire. ARMAND. Tout à fait car à l'instant même, monsieur me manifestait ses regrets de ne pouvoir se rencontrer avec vous@@. LE COMMANDANT, à Perrichon. Je n'ai jamais douté, monsieur, que vous ne fussiez un loyal ad-versaire. PERRICHON, avec hauteur. Je me plais à l'espérer, monsieur. JEAN, à part. Il est très-solide, le bourgeois. LE COMMANDANT. Mes témoins sont à la porte@@. partons@! PERRICHON. Partons@! LE COMMANDANT, tirant sa montre. Il est midi. PERRICHON, à part. Midi@!@@. déjà@! LE COMMANDANT. Nous serons là-bas à deux heures.@@ Jean, le Commandant, Perrichon, Armand. PERRICHON, à part. Deux heures ! ils seront partis.. ARMAND. Qu'avez-vous donc@? PERRICHON. J'ai@@. j'ai@@. messieurs, j'ai toujours pensé qu'il y avait quelque noblesse à reconnaître ses torts. LE COMMANDANT et JEAN. étonnés. Hein@? ARMAND. Que dit-il@? PERRICHON. Jean.@@ laiss..nous@! ARMAND. Je me retire aussi. LE COMMANDANT. Oh ! pardon je désire que tout ceci se passe devant témoins. ARMAND. Mais@@. LE COMMANDANT. Je vous prie de rester. PERRICHON. Commandant.@@ vous êtes un brave militaire@@. et moi@@. j'aime les militaires ! Je reconnais que j'ai eu des torts envers vous.@@ et je vous prie de croire que. A part. Sapristi ! devant mon domes-tique ! Haut. Je vous prie de croire qu'il n'était ni dans mes inten-tions@@. Il fait signe de sortir à Jean, qui a l'air de ne pas comprendre. A part. Ça m'est égal, je le mettrai à la porte ce soir. Haut. ni dans ma pensée.@@ d'offenser un homme que j'estime et que j'honore ! JEAN, à part. Il canne, le patron ! LE COMMANDANT. Alors, monsieur, ce sont des excuses. ARMAND, vivement. Oh ! des regrets !@@. PERRICHON. N'envenimez pas ! n'envenimez pas ! laissez parler le commandant. LE COMMANDANT. Sont-ce des regrets ou des excuses ? PERRICHON, hésitant. Mais.@@ moitié l'un@@. moitié l'autre. LE COMMANDANT. Monsieur, vous avez écrit en toutes lettres sur le livre de Mon-tanvert@@. le commandant est un. PERRICHON, vivement. Je retire le mot ! il est retiré ! LE COMMANDANT. Il est retiré@@. ici@@. mais là-bas@! il s'épanouit au beau milieu d'une page que tous les voyageurs peuvent lire. PERRICHON. Ah ! dam ! pour ça ! à moins que je ne retourne moi-même l'ef-facer. LE COMMANDANT. Je n'osais pas vous le demander, mais puisque vous me l'offrez.@@ PERRICHON. Moi@? LE COMMANDANT. J'accepte. PERRICHON. Permettez@@. LE COMMANDANT. Oh je ne vous demande pas de repartir aujourd'hui.@@ non@!.@@ mais demain. PERRICHON et ARMAND. Comment@? LE COMMANDANT. Comment@? Par le premier convoi, et vous bifferez vous-même, de bonne grâce, les deux méchantes lignes échappées à votre im-provisation.@@ ça m'obligera. PERRICHON. Oui@@. comme ça@@. il faut que je retourne en Suisse@? LE COMMANDANT. D'abord, le Montanvert était en Savoie@@. maintenant c'est la France ! PERRICHON. La France, reine des nations ! JEAN. C'est bien moins loin ! LE COMMANDANT, ironiquement. Il ne me reste plus qu'à rendre hommage à vos sentiments de conciliation. PERRICHON. Je n'aime pas à verser le sang ! LE COMMANDANT, riant. Je me déclare complétement satisfait. A Armand. Monsieur Des-roches, j'ai encore quelques billets en circulation, s'il vous en passe un par les mains, je me recommande toujours à vous ! saluant. Messieurs, j'ai bien l'honneur de vous saluer! PERRICHON, saluant. Commandant. Le commandant sort. JEAN, à Perrichon, tristement. Eh bien! monsieur@@. voilà votre affaire arrangée. Armand, Perrichon, Jean. PERRICHON, éclatant. Toi, je te donne ton compte ! va faire tes paquets, animal. JEAN, stupéfait. Ah ! bah ! qu'est-ce que j'ai fait ! Il sort à droite. SCÈNE VI ARMAND, PERRICHON. PERRICHON, à part. Il n'y a pas à dire.@@ j'ai fait des excuses@! moi ! dont on verra le portrait au Musée@@. mais à qui la faute@? à ce M. Armand@! ARMAND, à part, au fond. Pauvre homme 1 je ne sais que lui dire. PERRICHON, à part. Ah ! ça, est-ce qu'il ne va pas s'en aller@? Il a peut-être encore quelque service à me rendre.@@ Ils sont jolis, ses services@! ARMAND. Monsieur Perrichon ! PERRICHON. Monsieur@? ARMAND. .Hier, en vous quittant, je suis allé chez mon ami@@. l'employé à l'administration des douanes@@. Je lui ai parlé de votre affaire. PERRICHON, sèchement. Vous êtes trop bon. ARMAND. C'est arrangé@!@@. on ne donnera pas suite au procès. PERRICHON. Ah! .£1 1 '-, V ijiaA Perrabon. ARMAND. Seulement, vous écrirez au douanier quelques mots de regrets. PERRICHON, éclatant. C'est ça@! des excuses@! encore des excuses@!.@@ De quoi vous mêlez-vous, à la fin ? ARMAND. Mais@@. PERRICHON. Est-ce que vous ne perdrez pas l'habitude de vous fourrer à chaque instant dans ma vie ? ARMAND. Comment ! PERRICHON. Oui, vous touchez à tout ! Qui est-ce qui vous a prié de faire arrêter le commandant@? Sans vous, nous étions tous là-bas, à midi ! ARMAND. Mais rien ne vous empêchait d'y être à deux heures@@. PERRICHON. Ce n'est pas la même chose. ARMAND. Pourquoi@? PERRICHON. Vous me demandez pourquoi@? Parce que. non ! Vous ne saurez pas pourquoi@! Avec colère. Assez de services, monsieur@! assez de services@! Désormais, si je tombe dans un trou, je vous prie de m'y laisser@! j'aime mieux donner cent francs au guide@@. car ça coûte cent francs.@@ il n'y a pas de quoi être si fier ! Je vous prierai aussi de ne plus changer les heures de mes duels, et de me laisser aller en prison si c'est ma fantaisie. ARMAND. Mais, monsieur Perrichon. PERRICHON. Je n'aime pas les gens qui s'imposent.., c'est de l'indiscrétion ! Vous m'envahissez !.@@ ARMAND. Permettez.@@ PERRICHON. Non, monsieur 1 on ne me domine pas, moi t Assez de services ! assez de services ! Il sort parle pavillon. SCÈNE VII ARMAND, puis HENRIETTE. ARMAND, seul. Je n'y comprends plus rien.@@ je suis abasourdi@! HENRIETTE, entrant par la droite, au fond. 4b ! monsieur Armand ARMAND. Mademoiselle Henriette ! HENRIETTE. Avez-vous causé avec papa ? 1 ARMAND. Oui, mademoiselle. HENRIETTE. Eh Lien ! -ARMAND. Je viens d'acquérir la preuve de sa parfaite antipathie. HENRIETTE. Que dites-vous là@? C'est impossible. Armand, Henriette. ARMAND.. Il a été jusqu'à me reprocher de l'avoir sauvé au Iontanvert.@@ J'ai cru qu'il allait m'offrir cent francs de récompense. HENRIETTE. Cent francs ! Par exemple ! ARMAND. Il dit que c'est le prix !@@. HENRIETTE. Mais c'est horrible !@@. c'est de l'ingratitude !.@@ ARMAND. J'ai senti que ma présence le froissait, le blessait@@. et je n'ai plus, mademoiselle, qu'à vous faire mes adieux. HENRIETTE, vivement. Mais, pas du tout 1 restez ! ARMAND. A quoi bon ? c'est à Daniel qu'il réserve votre main. HENRIETTE. Monsieur Daniel@?@@. mais je ne veux pas ! ARMAND, avec joie. An @@HENRIETTE, se reprenant. Ma mère ne veut pas ! elle ne partage pas les sentiments de papa elle est reconnaissante, elle elle vous aime.@@ Tout à l'heure elle me disait encore Monsieur Armand est un honnête homme.@@ un homme de coeur, et ce que j'ai de plus cher au monde, je le lui don-nerai@@. ARMAND. Mais, ce qu'elle a de plus cher.@@ c'est vous ! HENRIETTE, naïvement. Je le crois. ARMAND. Ah ! mademoiselle, que je vous remercie HENRIETTE. Mais, c'est maman qu'il faut remercier. ARMAND. Et vous, mademoiselle, me permettez-vous d'espérer que vous aurez pour moi la même bienveillance ? HENRIETTE, embarrassée. Moi, monsieur@?.@@ ARMAND. Oh ! parlez ! je vous en supplie. HENRIETTE, baissant les yeux. Monsieur, lorsqu'une demoiselle est bien élevée, elle pense tou-jours comme sa maman. Elle se sauve. • SCÈNE VIII ARMAND,, puis DANIEL. ARMAND, seul. Elle m'aime ! elle me l'a dit@!@@. Ah ! je suis trop heureux !@@. ab !@@. DANIEL, entrant. Bonjour, Armand. ARMAND. C'est vous@@. A part. Pauvre garçon ! DANIEL. Yoici l'heure de la philosophie.@@ Monsieur Perrichon se recueille@@. et daps dix minutes nous allons connaître sa réponse. Mon pauvre ami ! ARMAND. Quoi donc@? DANIEL. Dans la campagne que nous venons de faire, vous avez commis fautes sur fautes.@@ Armand, Daniel. ARMAND, étonné. Moi@? DANIEL. Tenez, je vous aime, Armand.@@ et je veux vous donner un bon avis qui vous servira@@. pour une autre fois@! vous avez un défaut mortel@! ARMAND. Lequel@? DANIEL. Vous aimez trop à rendre service@@. c'est une passion malheu-reuse ! ARMAND, riant. Ah ! par exemple ! DANIEL. Croyez-moi@@. j'ai vécu plus que vous, et dans un monde@.@ plus avancé ! Avant d'obliger un homme, assurez-vous bien d'abord que cet homme n'est pas un imbécile. ARMAND. Pourquoi@? -DANIEL. Parce qu'un imbécile est incapable de supporter longtemps cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance il y a même des gens d'esprit qui sont d'une constitution si délicate.@@ ARMAND, riant. Allons ! développez votre paradoxe ! DANIEL. Voulez-vous un exemple monsieur Perrichon. PERRICHON, passant sa tête à la porte du pavillon. Mon nom ! DANIEL. Vous me permettrez de ne pas le ranger dans la catégorie des hommes supérieurs. Perrichon disparaît. DANIEL. Eh bien ! monsieur Perrichon vous a pris tout doucement en grippe. ARMAND. J'en ai bien peur. DANIEL. Et pourtant vous lui avez sauvé la vie. Vous croyez peut-être que ce souvenir lui rappelle un grand acte de dévouement@? Non ! il lui rappelle trois choses Primo, qu'il ne sait pas monter à cheval se-cundo, qu'il a eu tort de mettre des éperons, malgré l'avis de sa femme tertio, qu'il a fait en public une culbute ridicule@@. ARMAND. Soit, mais.@@ DANIEL. Et comme il fallait un bouquet à ce beau feu d'artifice, vous lui avez démontré, comme deux et deux font quatre, que vous ne faisiez aucun cas de son courage, en empêchant un duel@@. qui n'aurait pas eu lieu. ARMAND. Comment î DANIEL. J'avais pris files mesures@@. Je rends aussi quelquefois des ser-vices.@@ ARMAND. Ah@! vous voyez bien ! DANIEL. Oui, mais moi, je me cache@@. je me masque ! Quand je pénètre dans la misère de mon semblable, c'est avec des chaussons et sans lumière@@. comme dans une poudrière ! D'où je conclus.@@ ARMAND. Qu'il ne faut obliger personne ? DANIEL. Oh ! non 1 mais il faut opérer nuitamment et choisir sa victime ! D'où je conclus que ledit Perrichon vous déteste votre présence l'humilie, il est votre obligé, votre inférieur ! vous l'écrasez, cet homme ! ARMAND. Mais c'est de l'ingratitude !.@@ DANIEL. L'ingratitude est une variété de l'orgueil@@. C'est l indépendance du coeur, a dit un aimable philosophe. Or, monsieur Perrichon est le carrossier le plus indépendant de la carrosserie française@! J'ai flairé cela tout de suite@@. Aussi ai-je suivi une marche tout à fait opposée à la vôtre. ARMAND. Laquelle ? DANIEL. Je me suis laissé glisser@@. exprès ! dans une petite crevasse.@@ pas méchante. ARMAND. Exprès ? DANIEL. Vous ne comprenez pas@? Donner à un carrossier l'occasion de sauver son semblable, sans danger pour lui, c'est un coup de maître ! Aussi, depuis ce jour, je suis sa joie, son triomphe, son fait d'ar-mes ! Dès que je parais, sa figure s'épanouit, son estomac se gonfle, il lui pousse des plumes de paon ! dans sa redingote@@. Je le tiens ! comme la vanité tient l'homme.@@ Quand il se refroidit, je le ranime, je le souffle@@. je l'imprime dans le journal. à trois francs la ligne@! ARMAND. Ah bah ! c'est vous@? DANIEL. Parbleu@! Demain je le fais peindre à l'huile@@. en tête-à-tête avec le mont Blanc ! J'ai demandé un tout petit mont Blanc et un im-mense Perrichon ! Enfin, mon uni, retenez bien ceci.@@ et surtout gardez-moi le secret les hommes ne s'attachent point à nous en raison des services que nous leur rendons, mais en raison de ceux qu'ils nous rendent ! ARMAND. Les hommes.@@ c'est possible.@@ mais les femmes ! DANIEL. Eh bien@! les femmes@@. ARMAND. Elles comprennent la reconuaissancè, e@uesisavent garder au fond du coeur le souvenir du bienfait@.. DANIEL. Dieu@! la jolie phrase ! ARMAND. Heureusement, madame Perrichon, ne partage pas les sentiments de son mari. DANIEL. La maman est peut-être pour vous.@@ mais j'ai pour moi l'or-gueil du papa@@. du haut du Montanvert ma crevasse me pro-tège ! SCÈNE IX LES MÊMES, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. -PERRIGHON, entrant accompagné de sa femme et de sa fille, il est très-grave. Messieurs, je suis heureux de vous trouver ensemble@@. vous m'avez fait tous deux l'honneur de me demander la main de ma fille@@. vous allez connaître ma décision.@@ ARMAND, à part. Voici le moment. PERRICHON, à Daniel souriant. Monsieur Daniel@@. mon ami ! Daniel, Armand, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. ARMAND, à part. Je suis perdu@! PERRICHON. J'ai déjà fait beaucoup pour vous.@@ je veux faire plus encore@@. Je veux vous donner. DANIEL, remerciant. Ah@! monsieur! - PERRICHON, froidement. Un conseil@@. Bas. Parlez moins haut quand vous serez près d'une porte. DANIEL, étonné. Ah@! bah@! PERRICHON. Oui@@. je vous remercie de la leçon. Haut. Monsieur Armand.@@ vous avez moins vécu que votre ami.@@ vous calculez moins, mais vous me plaisez davantage@@. je vous donne ma fille.@@ ARMAND. Ah@! monsieur@!.@@ PERRICHON. Et remarquez que je ne cherche pas à m'acquitter envers vous.@@ je désire rester votre obligé.@@ Regardant Daniel. car il n'y a que les imbéciles qui ne savent pas supporter cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance, Il se dirige vers la droite, madame Perrichon fait passer sa fille du côté d'Armand, qui lui donne le bras. DANIEL, à part. Attrappe ! -ARMAND, à part. Oh ! ce pauvre Daniel ! DANIEL. Je suis battu ! A Armand . Après comme avant, donnons-nous la main. Daniel, Perrichon, Armand, madame Perrichon, Henriette. Daniel, Armand, Henriette, madame Perrichon, Perrichon. ARMAND. Oh ! de grand coeur ! DANIEL, allant à Perrichon. Ah ! monsieur Perrichon, vous écoutez aux portes ! PERRICHON@-Eh ! mon Dieu un père doit chercher à s'éclairer@., Le prenant à part. Voyons là.@@ vraiment, est-ce que vous vous y êtes jeté exprès t DANIEL. Où ça@? PERRICHON@ Dans le trou ? DANIEL. Oui.@@ mais je ne le dirai à personne.@@ PERRICHON. Je vous en prie. Poignées de main. SCÈNE X LES MÊMES MAJORIN. MAJORlN. Monsieur Perrichon, j'ai touché mon dividende à trois heures@.. et j'ai gardé la voiture de monsieur pour vous rapporter plus tôt vos six cents@francs@@. les voici ! PERRICHON. M@@û cela ne pressait pas. MAJORlN. Pardon, cela pressait. considérablement maintenant nous som-mes quittes@@. complètement quittes ! PERRICHON, 71 part. Quand je pense que j'ai été comme ça !@@. Armand, Henriette, madame Perrichon, Daniel, Perrichon 0 Armand, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Majorin, Daniel MAJOKIN à Daniel. Voici le numéro de votre voiture, il y a sept quarts, d'heure. Il lui donne une carte. -PERRICHON. Monsieur Armand, nous resterons chez nous demain soir.@@ et si vous voulez nous faire plaisir, vous viendrez prendre une tasse de thé. ARMAND, courant à Perrichon, bas. Demain ! vous n'y pensez pas@.. et votre promesse au comman-dant ! Il retourne près d'Henriette . PERRICHON. Ah ! c'est juste ! Haut. Ma femme@@. ma fille@@. nous repartons demain matin pour la mer.de Glace. HENRIETTE, étonnée. Hein@? MADAME PERRICHON. Ah ! par exemple ! nous en arrivons ! pourquoi y retourner ? PERRICHON. Pourquoi ? peux-tu le demander ? tu ne devines pas que je veux revoir l'endroit où Armand m'a sauvé. MADAME PERRICHON. Cependant. - PERRICHON@ Assez ! ce voyage m'est commandants @i repréft it commandé par la reconnaissance ! FIN. | LE VOYAGE DE MONSIEUR PERRICHON ACTE PREMIER Une gare. Chemin de fer de Lyon, à Paris. - Au fond, barrière ouvrant sur les salles d'attente. Au fond, à droite, guichet pour les billets. Au fond, à gauche, bancs. A droite, marchande de gâteaux à gauche, marchande de livres. SCÈNE PREMIÈRE MAJORIN, UN EMPLOYÉ DU CHEMIN DE FER, VOYAGEURS COMMISSIONNAIRES. MAJORIN, se promenant avec impatience. Ce Perrichon n'arrive pas ! Voilà une heure que je l'attends.. C'est pourtant bien aujourd'hui qu'il doit partir pour la Suisse avec sa femme et sa fille... Avec amertume. Des carrossiers qui vont en Suisse ! Des carrossiers qui ont quarante mille livres de rentes 1 Des carrossiers qui ont voiture ! Quel siècle ! Tandis que moi, je gagne deux mille quatre cents francs... un employé laborieux, intelligent, toujours courbé sur son bureau... Aujourd'hui, j'ai demandé un congé... j'ai dit que j'étais de garde... Il faut absolument que je voie Perrichon avant son départ... je veux le prier de ############################################### trimestre... six cents francs ! Il va prendre son air protecteur... faire l'important !... un carrossier ! ça fait pitié ! Il n'arrive toujours pas ! on dirait qu'il le fait exprès ! S'adressant à un facteur qui passe suivi de voyageurs. Monsieur... à quelle heure part le train direct pour Lyon ?... LE FACTEUR, brusquement. Demandez à l'employé, Il sort par la gauche. MAJORIN. Merci... manant ! S'adressant à l'employé qui est près du guichet. Monsieur, à quelle heure part le train direct pour Lyon ?... L'EMPLOYÉ, brusquement. Ça ne me regarde pas ! voyez l'affiche, Il désigne une affiche à la cantonade à gauche. MAJORIN. Merci... A part. Ils sont polis dans ces administrations Si ja@mais tu viens à mon bureau, toi !. Voyons l'aff@iche... Il sort à gauche. SCÈNE II L'EMPLOYÉ, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. Ils entrent de la droite. PERRICHON . Par ici !... ne nous quittons pas ! nous ne pourrions plus nous retrouver... Où sont nos bagages ?... Regardant à droite à la canto@nade. Ah ! très-bien ! Qui est-ce qui a les parapluies ?... HENRIETTE. Moi, papa. PERRICHOX. Et le sac de nuit ?... les manteaux ?... Henriette, Perrichon, madame Perrichon. MADAME PERRICHON. Les voici ! PERRICHON. Et mon panama ?... Il est resté dans le fiacre ! Faisant un mouve@ment pour sortir et s'arrêtant. Ah ! non ! je l'ai à la main ! Dieu, que j'ai chaud ! MADAME PERRICHON. C'est ta faute !... tu nous presses, tu nous bouscules !... je n'aime pas à voyager comme ça ! PERRICHON. C'est le départ qui est laborieux... une fois que nous serons ca@@@sés !... Restez là, je vais prendre les billets@@@@ Donnant son chapeau à Henriette. Tiens, garde-moi mon panama... Au guichet. Trois pre@mières pour Lyon ?... L'EMPLOYÉ, brusquement. Ce n'est pas ouvert ! Dans un quart d'heure ! PERRICHON, à l'employé. Ah ! pardon ! c'est la première fois que je voyage. Revenant à sa femme. Nous sommes en avance. MADAME PERRICHON. Là ! quand je te disais que nous avions le temps... Tu ne nous as pas laissé déjeuner ! PERRICHON. Il veut mieux être en avance !... on examine la gare ! A Henriette. Eh bien ! petite fille, es-tu contente ?... Nous voilà partis !... encore quelques minutes, et, rapides comme la flèche de Guillaume Tell, nous nous élancerons vers les Alpes ! A sa femme. Tu as pris la lorgnette ? @MADAME PERRICHON. Mais, oui ! HENRIETTE, à son père. Sans reproches, voilà au moins deux ans que tu nous promets ce voyage. PERRICHON. Ma fille, il fallait que j'eusse vendu mon fonds... Un commerçant ne se retire pas aussi facilement des affaires qu'une petite fille de son pensionnat... D'ailleurs, j'attendais que ton éducation fût ter@minée pour la compléter en faisant rayonner devant toi le grand spec@tacle de la nature ! MADAME PERRICHON. Ah çà ! est-ce que vous allez continuer comme ça ?. PERRICHON.N. Quoi ?... MADAME PERRICHON. Vous faites des phrases dans une gare ! PERRICHON. Je ne fais pas de phrases... j'élève les idées de l'enfant. Tirant de sa poche un petit carnet. Tiens, ma fille, voici un carnet que j'ai acheté pour toi. HENRIETTE. Pourquoi faire ?... PERRICHON. Pour écrire d'un côté la dépense, et de l'autre les impressions. HENRIETTE. Quelles impressions ?... PERRICHON. Nos impressions de voyage ! Tu écriras, et moi je dicterai.@@ MADAME PERRICHON. Comment ! vous allez vous faire auteur à présent ? PERRICHON. Il ne s'agit pas de me faire auteur... mais il me semble qu'un homme du monde peut avoir des pensées et les recueillir sur un carnet ! MADAME PERRICHON. Ce sera bien joli ! PERRICHON, à part. Elle est comme ça, chaque fois qu'elle n'a pas pris son café ! UN FACTEUR, poussant un petit chariot chargé de bagages. @Mo@nsieur, voici vos bagages. Voulez-vous les faire enregistrer ?... PERRICHON. Certainement ! Mais avant, je vais les compter... parce que, quand on sait son compte... Un, deux, trois, quatre, cinq, six., ma femme, sept, ma fille, huit, et moi, neuf. Nous sommes neuf. LE FACTEUR. Enlevez ! PERRICHON, courant vers le fond. Dépêchons-nous ! LE FACTEUR. Pas par là, c'est par ici ! Il indique la gauche. PERRICHON. Ah ! très-bien ! Aux femmes. Attendez-moi là !... ne nous per@dons pas ! Il sort en courant, suivant le facteur. SCÈNE III@ MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis DANIEL. HENRIETTE. Pauvre père ! quelle peine il se donne ! MADAME PÉRRICHON. Il est comme un ahuri ! DANIEL, entrant suivi d'un commissionnaire qui porte sa malle. Je ne sais pas encore où je vais, attendez ! Apercevant Henriette. C'est elle je @ne me suis pas trompé ! Il salue Henriette qui lui rend son salut. MADAME PERRICHON, à sa fille. Quel est ce monsieur ?... Henriette, madame Perrichon, Daniel. . HENRIETTE. C'est un jeune homme qui m'a fait danser la semaine dernière au bal du huitième arrondissement. @MADAME PERRICHON, vivement. Un danseur! Elle salue Daniel . DANIEL.@@@@ Madame !... mademoiselle !... je bénis le hasard..@. Ces dames vont partir?... MADAME PERRICHON. Oui, monsieur ! DANIEL, @Ces dames vont à Marseille, sans doute ?... MADAME PERRICHON Non, monsieur. DANIEL. A Nice, peut-être ?... MADAME PERRICHON. Non, monsieur ! DANIEL. Pardon, madame... je croyais... si mes services... LE FACTEUR à Daniel. Bourgeois ! vous n'avez que le temps pour vos bagages. DANIEL. C'est juste ! al@lons ! A part J'aurais voulu savoir où elles vont... avant de prendre mon billet... Saluant Madame... mademoiselle... A part. Elles partent, c'est le principal ! Il sort par la gauche. SCÈNE IV MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis ARMAND. MADAME PERRICHON. Il est très-bien, ce jeune homme ! ARMAND, tenant un sac de nuit. Portez ma malle aux bagages... je vous rejoins ! Apercevant Hen@riette. C'est elle ! Ils se saluent . MADAME PERRICHON. Quel est ce monsieur ?... HENRIETTE C'est encore un jeune homme qui m'a fait danser au bal du hui@tième arrondissement. MADAME PERRICHON. Ah çà ! ils se sont donc tous donné rendez-vous ici ?... n'importe, c'est un danseur ! Saluant. Monsieur... ARMAND. Madame... mademoiselle... je bénis le hasard... Ces dames vont partir ? MADAME PERRICHON. Oui, monsieur. ARMAND. Ces dames vont à Marseille, sans doute ?... MADAME PERRICHON. Non, monsieur. ARMAND. A Nice, peut-être ?... MADAME PERRICHON, à part. Tiens, comme l'autre ! Haut. Non monsieur ! ARMAND. Pardon, madame, je croyais... si mes services. MADAME PERRICHON, à part. Après ça ! ils sont du même arrondissement. ARMAND, à part. Je ne suis pas plus avancé... je vais faire enregistrer ma malle. je reviendrai ! Saluant. Madame... mademoiselle. Armand, madame Perrichon, Henriette. SCÈNE V MADAME PERRICHON, HENRIETTE, MAJORIN, puis PERRICHON. MADAME PERRICHON. Il est très-bien, ce jeune homme !... Mais que fait ton père ? les jambes me rentrent dans le corps ! MAJORIN, entrant de la gauche. Je me suis trompé, ce train ne part que dans une heure ! HENRIETTE. Tiens ! monsieur Majorin ! MAJORIN, à part. Enfin ! les voici MADAME PERRICHON. Vous ! comment n'êtes-vous pas à votre bureau ?... MAJORIN. J'ai demandé un congé, belle dame je ne voulais pas vous lais@ser partir sans vous faire mes adieux ! MADAME PERRICHON. @@Comment ! c'est pou@r ce@la que vous êtes venu ! ah ! que c'est aimable ! MAJORIN. Mais je ne vois pas Perrichon ! HENRIETTE. Papa s'occupe des bagages. PERRICHON, entrant eu courant à la cantonade. Les billets d'abord ! très-bien ! MAJORIN. Ah ! le voici ! Bonjour cher ami ! Majorin, madame Perrichon, Henriette. Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Majorin. PERRICHON, très-pressé. Ah ! c'est toi ! tu es bien gentil d'être venu !. Pardon, il faut que je prenne mes billets ! Il le quitte. MAJORIN, à part. Il est poli ! PERRICHON, à l'employé au guichet. Monsieur, on ne veut pas enregistrer mes bagages avant que je n'aie pris mes billets ? L'EMPLOYÉ. Ce n'est pas ouvert ! attendez ! PERRICHON, Attendez ! et là-bas, ils m'ont dit Dépêchez-vous ! S'essuyant le front. Je suis en nage ! MADAME PERRICHON. Et moi, je ne tiens plus sur mes jambes ! PERRICHON. @Eh bien, asseyez-vous ! Indiquant le fond à gauche. Voilà des bancs... vous êtes bonnes de rester plantées là comme deux fac@tionnaires. MADAME PERRICHON. C'est toi-même qui nous as dit restez-la! tu n'en finis pas ! tu es insupportable ! PERRICHON. Voyons, Caroline ! MADAME PERRICHON. Ton voyage ! j'en ai déjà assez ! PERRICHON. On voit bien que tu n'as pas pris ton café ! Tiens, vas t'asseoir ! MADAME PERRICHON. Oui ! mais dépêche-toi ! Elle va s'asseoir avec Henriette. SCÈNE VI @PERRICHON, MAJORIN. MAJORIN, à part. Joli petit ménage ! PERRICHON, à Majorin. C'est toujours comme ça quand elle n'a pas pris son café... Ce bon Majorin ! c'est bien gentil à toi d'être venu ! MAJORIN. Oui, je voulais te parler d'une petite affaire. PERRICHON distrait. Et mes bagages qui sont@ restés là-bas sur une table... Je suis inquiet ! Haut. Ce bon Majorin ! c'est bien gentil à toi d'être venu !. A part. Si j'y allais !.-MAJORIN. J'ai un petit service à te demander. PERRICHON. A moi ?... MAJORIN. J'ai déménagé... et si tu voulais m'avancer un trimestre de mes appointements... six cents francs ! PERRICHON. Comment ici ?. MAJORIN. Je crois t'avoir toujours rendu exactement l'argent que tu m'as prêté. @@@PERRICHON. Il ne s'agit pas de ça ! MAJORIN. Pardon ! je tiens à le constater... Je touche mon dividende des paquebots le huit du mois prochain j'ai douze actions et si tu n'as pas confiance en moi, je te remettrai les titres en garantie. PERRICHON. Allons donc ! es-tu bête !@@ MAJORIN, sèchement. Merci ! PERRICHON. Pourquoi diable aussi viens-tu me demander ça au moment où je pars ?... j'ai pris juste l'argent nécessaire à mon voyage. MAJORIN. Après ça, si ça te gêne... n'en parlons plus. Je m'adresserai à des usuriers qui me prendront cinq pour pour cent par an... je n'en mourrai pas ! PERRICHON, tirant son porte-feuille. Voyons, ne te fâche pas !... tiens, les voilà tes six cents francs, mais n'en parle pas à ma femme. MAJORIN, prenant les billets. Je comprends ! elle est si avare ! PERRICHON. Comment ! avare ?... MAJORIN. @Je veux dire qu'elle a de l'ordre ! PERRICHON. Il faut ça, mon ami !... il faut ça ! MAJORIN, sèchement. Allons ! c'est six cents francs que je te dois... adieu ! A part. Que d'histoires ! pour six-cents francs !... et ça va en Suisse!... Carros@sier !.. Il diparaît à droite. PERRICHON. Eh bien ! il part ! il ne m'a seulement pas dit merci ! mais au fond, je crois qu'il m'aime ! Apercevant le guichet ouvert Ah ! sapristi ! on distribue les billets !.. Il se précipite vers la balustrade et bouscule cinq à six personnes qui font la queue. UN VOYAGEUR. Faites donc attention, monsieur ! L'EMPLOYÉ, à Perrichon. Prenez votre tour, vous ! là-bas ! PERRICHON à part. Et mes bagages !... et ma femme !... Il se met à la que@u. SCÈNE VII LES MÊMES, LE COMMANDANT suivi de JOSEPH, qui porte sa valise. LE COMMANDANT. Tu m'entends bien ! JOSEPH. Oui, mon commandant. LE COMMANDANT. Et si elle demande où je suis ?... quand je reviendrai ? tu répondras que tu n'en sais rien. Je ne veux plus entendre parler d'elle. JOSEPH. Oui, mon commandant. LE COMMANDANT.T. Tu diras à Anita que tout est fini... bien fini... JOSEPH. Oui, mon commandant. PERRICHON. J'ai mes billets !.. vite ! à mes bagages ! Quel métier que d'aller à Lyon ! Il sort en courant. LE COMMANDANT. Tu m'as bien compris ? JOSEPH. Sauf votre respect, mon commandant, c'est bien inutile de partir. LE COMMANDANT. Pourquoi ?.. Le Commandant, Joseph. JOSEPH. Parce qu'à son retour, mon commandant reprendra mademoiselle Anita. LE COMMANDANT@. Oh ! JOSEPH. Alors, autant vaudrait ne pas la quitter les raccommodements coûtent toujours quelque chose à mon commandant. LE COMMANDANT. Ah ! cette fois, c'est sérieux ! Anita s'est rendue indigne de mon affection et des bontés que j'ai pour elle. JOSEPH. On peut dire qu'elle vous ruine, mon commandant. Il est encore venu un huissier ce matin... et les huissiers, c'est comme les vers... quand ça commence à se mettre quelque part. LE COMMANDANT. @A mon retour, j'arrangerai toutes mes affaires... adieu ! JOSEPH. Adieu mon commandant. LE COMMANDANT s'approche du guichet et revient. Ah ! tu m'écriras à Genève, poste restante... tu me donneras des nouvelles de ta santé... JOSEPH, flatté. Mon commandant est bien bon ! LE COMMANDANT. Et puis, tu me diras si l'on a eu du chagrin en apprenant mon départ... si l'on a pleuré... JOSEPH. Qui ça, mon commandant ?.. LE COMMANDANT. Eh parbleu ! elle ! Anita ! JOSEPH. Vous la reprendrez, mon commandant ! Joseph, le Commandant. LE COMMANDANT. Jamais ! JOSEPH. Ça fera la huitième fois. Ça me fait de la peine de voir un brave homme comme vous, harcelé par des créanciers... et pour qui ? pour une... LE COMMANDANT. Allons, c'est bien ! donne-moi ma valise ? et écris-moi-à Genève.., demain ou ce soir ! bonj@our ! JOSEPH. Bon voyage, mon commandant ! A part. Il sera revenu avant huit jours ! 0 les femmes ! et les hommes !... Il sort. - Le commandant va prendre son billet et entre dans la salle d'attente. SCÈNE VIII MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis PERRICHON, UN FACTEUR. MADAME PERRICHON, se levant avec sa fille. Je suis lasse d'être assise ! PERRICHON, entrant en courant. Enfin! c'est fini ! j'ai mon bulletin ! je suis enregistré ! @MADAME PERRICHON. Ce n'est pas malheureux ! LE FACTEUR, poussant son chariot vide, à Perrichon. Monsieur... n'oubliez pas le facteur, s'il vous plaît... PERRICHON. Ah ! oui... Attendez... Se concertant avec sa femme et sa fille. Qu'est-ce qu'il faut lui donner à celui-là, dix sous ?... MADAME PERRICHON. Quinze. Henriette, Perrichon, madame Perrichon. HENRIETTE. Vingt. PERRICHON. Allons... va pour vingt sous ! Les lui donnant Tenez, mon garçon. LE FACTEUR. Merci, monsieur ! Il sort. MADAME PERRICHON. Entrons-nous ? PERRICHON. Un instant. Henriette, prends ton carnet et écris. MADAME PERRICHON. Déjà ! PERRICHON, dictant. Dépenses fiacre deux francs... chemin de fer, cent soixante-douze francs cinq centimes... facteur, un franc. HENRIETTE. C'est fait ! PERRICHON. Attends ! impression !@@ MADAME PERRICHON, à part. Il est insupportable ! @PERRICHON, dictant. Adieu, France... reine des nations ! S'interrompant Eh bien ! et mon panama ?.. je l'aurai laissé aux bagages ! Il veut courir. MADAME PERRICHON. Mais non ! le voici ! PERRICHON. Ah ! oui ! Dictant Adieu, France ! reine des nations ! On entend la cloche et l'on voit accourir plusieurs voyageurs. MADAME PERRICHON. Le signal ! tu vas nous faire manquer le convoi ! PERRICHON. Entrons, nous finirons cela plus tard ! L'employé l'arrête à la bar@rière pour voir les billets. Perrichon querelle sa femme, et sa fille finit par trouver les billets dans sa poche. Ils entrent dans la salle d'attente. SCÈNE IX ARMAND, DANIEL puis PERRICHON. Daniel, qui vient de prendre son billet, est heurté par Armand qui veut prendre le sien. ARMAND. Prenez donc garde ! DANIEL. Faites attention vous-même ! ARMAND. Daniel ! DANIEL. Armand ! ARMAND. Vous partez ?.. DANIEL. A l'instant ! et vous ?.. ARMAND. Moi aussi ! DANIEL. C'est charmant ! nous ferons route ensemble ! J'ai des cigares de première classe... et où allez-vous ? ARMAND. Ma foi, mon cher ami, je n'en sais rien encore. DANIEL. Tiens ! c'est bizarre ! ni moi non plus ! J'ai pris un billet jusqu'à Lyon. ARMAND. Vraiment ! moi aussi ! je me dispose à suivre une demoiselle charmante. Daniel, Armand. DANIEL. Tiens ! moi aussi.@@ ARMAND. La fille d'un carrossier ! DANI@EL Perrichon ? ARMAND. Perrichon ! DANIEL. C'est la même ! ARMAND. Mais je l'aime, mon cher Daniel. DANIEL. Je J'aime également, mon cher Armand. ARMAND. Je veux l'épouser ! DANIEL. Moi, je veux la demander en mariage... ce qui est à peu près la même chose. ARMAND. Mais nous ne pouvons l'épouser tous les deux DANIEL. En France, c'est défendu ! ARMAND. Que faire ?... DANIEL. C'est bien simple ! puisque nous sommes sur le marchepied du wagon, continuons gaiement notre voyage... cherchons à plaire... à nous faire mer, chacun de notre côté ! ARMAND, riant. Alors, c'est un concours !... un tournoi ?... DANIEL. Une lutte loyale... et amicale... Si vous êtes vainqueur... je m'in clinerai... si je l'emporte, vous ne me tiendrez pas rancune ! Est-ce dit ? ARMAND. Soit ! j'accepte. DANIEL. La main, avant la bataille ? ARMAND. @@Et la main après. Ils se donnent la main. PERRICHON, entrant en courant, à la cantonade. Je te dis que j'ai le temps ! DANIEL.@ Tiens ! notre beau-père ! PERRICHON, à la marchande de livres. Madame, je voudrais un livre pour ma femme et ma fille... un livre qui ne parle ni de galanterie, ni d'argent, ni de politique, ni de mariage, ni de mort. DANIEL, à part. Robinson Crusoé ! LA MARCHANDE. Monsieur, j'ai votre affaire. Elle lui remet un volume. PERRICHON, lisant. Les Bords de la Saône deux francs ! Payant. Vous me jurez qu'il n'y a pas de bêtises là-dedans ? On entend la cloche . Ah diable ! Bonjour, madame, Il sort en courant. ARMAND. Suivons le ? DANIEL. Suivons ! C'est égal, je voudrais bien savoir où nous allons ?... On voit courir plusieurs voyageurs. - ############################################################ DEUXIÈME Un intérieur d'auberge au Montanvert, près de la mer de Glace. - Au fond, à droite, porte d'entrée au fond, à gauche, fenêtre vue de montagnes couvertes de neige à gauche, porte et cheminée haute. - Table, à droite, table o@ù est le livre des voyageurs, et porte. SCÈNE PREMIÈRE ARMAND, DANIEL, L'AUBERGISTE, UN GUIDE. Daniel et Armand sont assis à une table, et déjeunent. L'AUBERGISTE. @@@Ces messieurs prendront-ils autre chose@ ? DANIEL. Tout à l'heure... du café. ARMAND. Faites manger le guide après nous partirons pour la mer de Glace. L'AUBERGISTE. Venez, guide, Il sort, suivi du guide, par la droite. DANIEL. Eh bien ! mon cher Armand ? ARMAND. Eh bien ! mon cher Daniel ? Armand, Daniel, l'Aubergiste, le Guide. DANIEL. Les opérations sont engagées, nous avons commencé l'attaque. ARMAND. Notre premier soin a été de nous introduire dans le même wagon que la famille Perrichon le papa avait déjà mis sa calotte. DANIEL. Nous les avons bombardés de prévenances, de petits soins. ARMAND. Vous avez prêté votre journal à monsieur Perrichon, qui a dormi dessus... En échange, il vous a offert les Bords de la Saône... un livre avec des images. DANIEL. Et vous, à partir de Dijon, vous avez tenu un store dont la mé@canique était dérangée ça a dû vous fatiguer. ARMAND. Oui, mais la maman m'a comblé de pastilles de chocolat. DANIEL. Gourmand !... vous vous êtes fait nourrir. ARMAND. A Lyon, nous descendons au même hôtel... DANIEL. Et le papa, en nous retrouvant, s'écrie Ah ! quel heureux hasard !. ARMAND. A Genève, même rencontre... imprévue... DANIEL. A Chamouny, même situation et le Perrichon de s'écrier toujours Ah ! quel heureux hasard ! ARMAND. Hier soir, vous apprenez que la famille se dispose à venir voir la mer de Glace, et vous venez me chercher dans ma chambre... dès l'aurore... c'est un trait de gentilhomme ! @@DANIEL. C'est dans notre programme... lutte loyale !... Voulez-vous de l'omelette ? ARMAND. Merci... Mon cher, je dois vous prévenir... loyalement, que de Châlon à Lyon, mademoiselle Perrichon m'a regardé trois fois. DANIEL. Et moi, quatre ! ARMAND. @@Diable ! c'est sérieux ! DANIEL. Ça le sera bien davantage quand elle ne nous regardera plus. Je crois qu'en ce moment elle nous préfère tous les deux. ça peut durer longtemps comme ça heureusement nous sommes gens de loisir. ARMAND. Ah çà ! expliquez-moi comment vous avez pu vous éloigner de Paris, étant le gérant d'une société de paquebots ?... DANIEL. Les Remorqueurs sur la Seine... capital social, deux millions. C'est bien simple je me suis demandé un petit congé, et je n'ai pas @@hésité à me l'accorder... J'ai de bons employés les paquebots vont tous seuls, et pourvu que je sois à Paris le huit du mois prochain pour le paiement du dividende... Ah çà ! et vous ?... un banquier... Il me semble que vous pérégrinez beaucoup@ ? ARMAND. Oh ! ma maison de banque ne m'occupe guère... J'ai associé mes capitaux en réservant la liberté de ma personne, je suis ban@quier... DANIEL. Amateur ! ARMAND. Je n'ai, comme vous, affaire à Paris que vers le huit du mois pro@chain. DANIEL. Et d'ici-là nous allons nous faire une guerre à outrance... ARMAND. A outrance ! comme deux bons amis. J'ai eu un moment la pen@sée de vous céder la place mais j'aime sérieusement Henriette. DANIEL. C'est singulier... je voulais vous faire le même sacrifice... sans rire. A Châlon, j'avais envie de décamper, mais je l'ai regardée. ARMAND. Elle est si jolie ! DANIEL. Si douce ! ARMAND. Si blonde ! DANIEL. Il n'y a presque plus de blondes et des yeux ! ARMAND. Comme nous les aimons. DANIEL. Alors je suis resté ! ARMAND. Ah ! je vous comprends ! DANIEL. A la bonne heure ! C'est un plaisir de vous avoir pour ennemi ! Lui serrant la main. Cher Armand ! ARMAND, de même. Bon Daniel ! Ah cà ! monsieur Perrichon n'arrive pas. Est-ce qu'il aurait changé son itinéraire ? si nous allions les perdre ? DANIEL. Diable ! c'est qu'il est capricieux le bonhomme... Avant-hier il nous a envoyés nous promener à Ferney où nous comptions le re@trouver... ARMAND. Et pendant ce temps, il était allé à Lauzanne. DANIEL. E@h bien, c'est drôle de voyager comme cela ! Voyant Armand qui se lève. Où allez-vous donc ? ARMAND. Je ne tiens pas en place, j'ai envie d'aller au-devant de ces dames. DANIEL. Et le café ? ARMAND. Je n'en prendrai pas... au revoir ! Il sort vivement par le fond. SCÈNE II DANIEL, puis L'AUBERGISTE, puis LE GUIDE. DAN@@@@ Quel excellent garçon ! c'est tout coeur, tout feu... mais ça ne sait pas vivre, il est parti sans prendre son café ! Appelant. Holà !... monsieur l'aubergiste ! L'AUBERGISTE, paraissant. Monsieur ! DANIEL. Le café. L'aubergiste sort. Daniel allume un cigare. Hier, j'ai voulu faire fumer le beau-père... ça ne lui a pas réussi... L'AUBERGISTE, apportant le café. Monsieur est servi. DANIEL, s'asseyant derrière la table, devant la cheminée et étendant une jambe sur la chaise d'Armand. Approchez cette chaise... très-bien... Il a désigné une autre chaise, Il y étend l'autre jambe. Merci !... Ce pauvre Armand ! il court sur la grande route, lui, en plein soleil... et moi, je m'étends ! Qui arrivera le premier de nous deux ? nous avons la fable du Lièvre et de la Tortue. L'AUBERGISTE, lui présentant un registre. @Monsieur veut-il écrire quelque chose sur le livre des voya@geurs ? DANIEL. Moi ?... je n'écris jamais après mes repas, rarement avant... Voyons les pensées délicates et ingénieuses des visiteurs, Il feuillète le livre, lisant. Je ne me suis jamais mouché si haut !. Signé Un voyageur enrhumé... Il continue à feuilleter. Oh ! la belle écriture. Lisant Qu'il est beau d'admirer les splendeurs de la nature, entouré de sa femme et de sa nièce !... Signé Malaquais, rentier.@.. Je me suis toujours demandé pourquoi les Français, si spirituels chez eux, sont si bêtes en voyage ! Cris et tumulte en dehors. L'AUBERGISTE. Ah ! mon Dieu ! DANIEL. Qu'y a-t-il ? @@@@SCÈNE III DANIEL, PERRICHON, ARMAND, MADAME PERRICHON, HENRIETTE, L'AUBERGISTE. Perrichon entre, soutenu par sa femme et le guide. ARMAND. Vite, de l'eau ! du sel ! du vinaigre ! DANIEL. Qu'est-il donc arrivé ? HENRIETTE. Mon père a manqué de se tuer@@ ! DANIEL. Est-il possible ? PERRICHON, assis. Ma femme !... ma fille !... Ah ! je me sens mieux... HENRIETTE, lui présentant un verre d'eau sucrée. Tiens !... bois !... ça te remettra... Daniel, Henriette, Perrichon, madame Perrichon, Armand. PERRICHON. Merci... quelle culbute ! Il boit. @@@@MADAME PERRICHON. C'est ta faute aussi... vouloir monter à cheval, un père de famille... et avec des éperons encore ! PERRICHON, Les éperons n'y sont pour rien... c'est la bête qui est ombra@geuse. MADAME PERRICHON, Tu l'auras piquée sans le vouloir@, elle s'est ca@brée... HENRIETTE, Et sans monsieur Armand qui venait d'arriv@er... mon père dispa@raissait dans un précipice.@.. MADAME PERRICHON, Il y était déjà. je le voyais rouler comme une boule... nous poussions des cris !... HENRIETTE. Alors, monsieur s'est élancé !. MADAME PERRICHON. Avec un courage, un sang-froid !... Vous êtes notre sauveur... car sans vous mon mari. mon pauvre ami.. Elle éclate en sanglots ARMAND. Il n'y a plus de danger... calmez@-vous ! MADAME PERRICHON, pleurant toujours. Non ! ça me fait du bien ! A son mari. Ça t'apprendra à mettre des éperons, Sanglotant plus fort. Tu n'aimes pas ta famille. HENRIETTE, à Armand. Permettez-moi d'ajouter mes remercîments à ceux de ma mère, je garderai toute ma vie le souvenir de cette journée... toute ma vie !... ARMAND. Ah ! mademoiselle ! Daniel, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Armand. PERRICHON, à part. A mon tour ! monsieur Armand !... non, laissez-moi vous appeler Armand ? ARMAND. Comment donc ! PERRICHON. Armand... donnez-moi la main. Je ne sais pas faire de phrase, moi... mais tant qu'il battra, vous aurez une place dans le coeur de Perrichon ! Lui serrant la main. Je ne vous dis que cela ! MADAME PERRICHON. Merci !... monsieur Armand ! HENRIETTE. Merci, monsieur Armand ! ARMAND. Mademoiselle Henriette ! DANIEL, à part. Je commence à croire que j'ai eu tort de prendre mon café ! MADAME PERRICHON, à l'aubergiste. Vous ferez reconduire le cheval, nous retournerons tous en voi@ture. PERRICHON, se levant. Mais je t'assure, ma chère amie, que je suis assez bon cavalier... Poussant un cri. Aïe ! TOUS. Quoi ? PERRICHON. Rien !... les reins ! Vous ferez reconduire le cheval ! MADAME PERRICHON. Viens te reposer un moment au revoir, monsieur Armand ! HENRIETTE. Au revoir, monsieur Armand ! PERRICHON, serrant énergiquement la main d'Armand. A bientôt... Armand ! Poussant un second cri. Aïe !... j'ai trop serré ! Il entre à gauche suivi de sa femme et de sa fille. SCÈNE IV ARMAND, DANIEL. ARMAND. Qu'est-ce que vous dites de cela, mon cher Daniel ? DANIEL. Que voulez-vous ? c'est de la veine !... vous sauvez le père, vous cultivez le précipice, ce n'était pas dans le programme ! ARMAND. C'est bien le hasard... DANIEL. Le papa vous appelle Armand, la mère pleure et la fille vous dé@coche des phrases bien senties... empruntées aux plus belles pages de monsieur Bouilly... Je suis vaincu, c'est clair ! et je n'ai plus qu'à vous cé@der la place... ARMAND. Allons donc ! vous plaisantez... DANIEL. Je plaisante si peu que, dès ce soir, je pars pour Paris. ARMAND. Comment ? DANIEL. Où vous retrouverez un ami... qui vous souhaite bonne chance ! ARMAND. Vous partez ! ah ! merci ! DANIEL. Voilà un cri du coeur ! ARMAND. Ah ! pardon ! je le retire !... après le sacrifice que vous me faites Armand, Daniel. DANIEL. Moi ? entendons-nous bien... je ne vous faits pas le plus léger sacrifice. Si je me retire, c'est que je ne crois avoir aucune chance de réussir car, maintenant encore, s'il s'en présentait une... même petite, je resterais. ARMAND. Ah ! DANIEL. Est-ce singulier ! Depuis qu'Henriette m'échappe, il me semble que je l'aime davantage. ARMAND. Je comprends cela... aussi, je ne vous demanderai pas le service que je voulais vous demander. DANIEL. Quoi donc ? ARMAND. Non, rien. DANIEL. Parlez... je vous en prie. ARMAND. J'avais songé... puisque vous partez, à vous prier devoir monsieur Perrichon, de lui toucher quelques mots de ma position, de mes espérances. DANIEL. Ah ! diable ! ARMAND. Je ne puis le faire moi-même... j'aurais l'air de réclamer le prix du service que je viens de lui rendre. DANIEL. Enfin, vous me priez de faire la demande pour vous ? Savez-vous que c'est original ce que vous me demandez là. ARMAND. Vous refusez?... DANIEL. Ah ! Armand ! j'accepte ! ARMAND. Mon ami ! DANI@@@ Avouez que je suis un bien bon petit rival, un rival qui fait la@@ demande. Voix de Perrichon dans la coulisse. J'entends le beau-père ! Allez fumer un cigare et revenez ! ARMAND. Vraiment ! je ne sais comment vous remercier... DANIEL. Soyez tranquille, je vais faire vibrer chez lui la corde de la recon@naissance. Armand sort par le fond. SCÈNE V DANIEL, PERRICHON, puis L'AUBERGISTE.@@@@ PERRICHON, entrant et parlant à la cantonade, Mais certainement il m'a sauvé ! certainement il m'a sauvé, et, tant qu'il battra, le coeur de Perrichon... je lui ai dit... DANIEL. Eh bien ! monsieur Perrichon... vous sentez-vous mieux ? PERRICHON. Ah ! je suis tout à fait remis... je viens de boire trois gouttes de rhum dans un verre d'eau, et dans un quart d'heure, je compte gambader sur la mer de Glace. Tiens, votre ami n'est plus là ? DANIEL. Il vient de sortir. PERRICHON. C'est un brave jeune homme !... ces dames l'aiment @beaucoup. Perrichon, Daniel. DANIEL. Oh quand elle le connaîtront davantage !... un coeur d'or ! obli@geant, dévoué, et d'une modestie ! PERRICHOX. Oh ! c'est rare. DANIEL. Et puis il est banquier... c'est un banquier !. PERRICHON. Ah ! DANIEL. Associé de la maison Turneps, Desroches et Ce, dites donc. C'est assez flatteur d'être repêché par un banquier... car, enfin, il vous a sauvé !... Hein ?... sans lui !... PERRICHON. Certainement... certainement. C'est très-gentil ce qu'il a fait là ! DANIEL, étonné. Comment, gentil ! PERRICHON. Est-ce que vous allez vouloir atténuer le mérite de son action ? DANIEL. Par exemple ! PERRICHON. Ma reconnaissance ne finira qu'avec ma vie... çà !... tant que le coeur de Perrichon battra. Mais, entre nous, le service qu'il m'a rendu n'est pas aussi grand que ma femme et ma fille veulent bien le dire. DANIEL, étonné. Ah bah ? PERRICHON Oui. Elles se montent la tête. Mais, vous savez, les femmes !..@ DANIEL. Cependant, quand Armand vous a arrêté, vous rouliez... PERRICHON. Je roulais, c'est vrai... mais avec une présence d'esprit éton@nante... J'avais aperçu un petit sapin après lequel j'allais me cram@ponner je le tenais déjà quand votre ami est arrivé. @DANIEL, à part. Tiens, tiens ! vous allez voir qu'il s'est sauvé tout seul. PERRICHON. Au reste, je ne lui sais pas moins gré de sa bonne intention... Je compte le revoir... lui réitérer mes remercîments... je l'inviterai même cet hiver.@@ DANIEL, à part. Une tasse de thé ! PERRICHON. Il paraît que ce n'est pas la première fois qu'un pareil accident arrive à cet endroit-là... c'est un mauvais pas... L'aubergiste vient de me raconter que, l'an dernier, un Russe... un prince... très-bon cavalier !... car ma femme a beau dire, ça ne tient pas à mes épe@rons ! avait roulé dans le même trou. DANIEL. En vérité ? PERRICHON. Son guide l'a retiré... Vous voyez qu'on s'en retire parfaitement... Eh bien ! le Russe lui a donné cent francs ! DANIEL. C'est très-bien payé ! PERRICHON. Je le crois bien !... Pourtant c'est ce que ça vaut !... DA@@NIEL. Pas un sou de plus. A part. Oh ! mais je ne pars pas. PERRICHON, remontant. Ah çà ! ce guide n'arrive pas. DANIEL. Est-ce que ces dames sont prêtes ? PERRICHON. Non... elles ne viendront pas vous comprenez ? mais je compte sur vous... DANIEL. Et sur Armand ? PERRICHON. S'il veut être des nôtres, je ne refuserai certainement pas la com@pagnie de M. Desroches. DANIEL, à part. M. Desroches ! Encore un peu il va le prendre en grippe ! L'AUBERGISTE, entrant de la droite. Monsieur !... PERRICHON. Eh bien ! ce guide ? L'AUBERGISTE. Il est à la porte... Voici vos chaussons. PERRICHON. Ah ! oui ! il paraît qu'on glisse dans les crevasses là-bas... et comme je ne veux avoir d'obligation à personne... L'AUBERGISTE, lui présentant le registre. Monsieur écrit-il sur le livre des voyageurs ? PERRICHON. Certainement... mais je ne voudrais pas écrire quelque chose d'ordinaire... il me faudrait là... une pensée !... une jolie pensée... Rendant le livre à l'aubergiste. Je vais y rêver en mettant mes chaus@sons. A Daniel. Je suis à vous dans la minute, Il entre à droite, suivi de l'aubergiste. Daniel, Perrichon. SCÈNE VI DANIEL, puis ARMAND. DANIEL, seul. Ce carrossier est un trésor d'ingratitude. Or, les trésors appar@tiennent à ceux qui les trouvent, article 716 du Code civil... ARMAND, paraissant à la porte du fond. Eh bien ? DANIEL, à part.@ Pauvre garçon ! ARMAND. L'avez-vous vu ? DANIEL. Oui. ARMAND. Lui avez-vous parlé ? DANIEL. Je lui ai parlé. ARMAND. Alors vous avez fait ma demande ?... DANIEL. Non. ARMAND. Tiens ! pourquoi ? DANIEL. Nous nous sommes promis d'être francs vis-à-vis l'un de l'autre. Eh bien ! mon cher Armand, je ne pars plus, je continue la lutte. ARMAND, étonné. Ah ! c'est différent !... et peut-on vous demander les motifs qui ont changé votre détermination ? Daniel, Armand. DANIEL. Les motifs... j'en ai un puissant... je crois réussir. ARMAND. Vous ? DANIEL. Je compte prendre un autre chemin que le vôtre et arriver plus vite. ARMAND. C'est très-bien... vous êtes dans votre droit... DANIEL. Mais la lutte n'en continuera pas moins loyale et amicale ? ARMAND. Oui. DANIEL. Voilà un oui un peu sec ! ARMAND. Pardon... Lui tendant la main. Daniel, je vous le promets DANIEL. A la bonne heure ! Il remonte. SCÈNE VII LES MÊMES, PERRICHON, puis L'AUBERGISTE. PERRICHON. Je suis prêt... j'ai mis mes chaussons. Ah ! monsieur Armand. ARMAND. Vous sentez vous remis de votre chute ? PERRICHON. Tout à fait ! ne parlons plus de ce petit accident... c'est oublié Arniand, Perrichon, Daniel. DANIEL, à part. Oublié ! Il est plus vrai que la nature... PERRICHON. Non partons pour la mer de Glace... êtes vous des nôtres ? ARMAND. Je suis un peu fatigué... je vous demanderai la permission de rester... PERRICHON, avec empressement. Très-volontiers ! ne vous gênez pas ! A l'aubergiste qui entre Ah ! monsieur l'aubergiste, donnez-moi le livre des voyageurs. Il s'assied à droite et écrit. DANIEL, à part. Il paraît qu'il a trouvé sa pensée... la jolie pensée. PERRICHON, achevant d'écrire. Là., voilà ce que c'est ! Lisant avec emphase Que l'homme est@@@ petit quand on le comtemple au haut de la mère de Glace !@@ DANIEL. Sapristi ! c'est fort ! ARMAND, à part. Courtisan ! PERRICHON, modestement. Ce n'est pas l'idée de tout le monde. DANIEL, à part. Ni l'orthographe il a écrit mère, r e re ! PFRRICHON, à l'aubergiste lui montrant le livre ouvert sur la table. Prenez garde ! c'est frais ! @L'AUBERGISTE. Le guide attend ces messieurs avec les bâtons ferrés. PERRICHON. Allons ! en route ! Armand, Daniel, Perrichon. DANIEL. En route ! Daniel et Perrichon sortent suivis de l'aubergiste ? SCÈNE VIII ARMAND, puis L'AUBERGISTE et LE COMMANDANT MATHIEU. ARMAND. Quel singulier revirement chez Daniel ! Ces dames sont là... elles ne peuvent tarder à sortir, je veux les voir... leur parler... S'asseyant vers la cheminée et prenant un journal Je vais les attendre. L'AUBERGISTE, à la cantonade. Par ici, monsieur. LE COMMANDANT, entrant. Je ne reste qu'une minute... je repars à l'instant pour la mer de Glace... S'asseyant devant la table sur laquelle est resté le registre ou@vert. Faites-moi servir un grog au kirsch, je vous prie. L'AUBERGISTE, sortant a droite. Tout de suite, monsieur. LE COMMANDANT, apercevant le registre. Ah ! ah ! le livre des voyageurs ! voyons ?... Lisant Que l'homme est petit quand on le contemple du haut de la mère de Glace !.@.. signé Perrichon... mère ! Voilà un monsieur qui mérite une leçon d'ortho@graphe. L'AUBERGISTE, apportant le grog. Voici monsieur. Il le pose sur la table à gauche. LE COMMANDANT, tout en écrivant sur le registre. Ah ! monsieur l'Aubergiste... L'AUBERGISTE. Monsieur. Armand, le Commandant LE COMMANDANT. Vous n'auriez pas parmi les personnes qui sont venues chez vous ce matin un voyageur du nom d'Armand Desroches ? ARMAND. Hein ?... c'est moi monsieur. LE COMMANDANT, se levant. Vous, monsieur !.. pardon A l'aubergiste. Laissez-nous L'au@bergiste sort. C'est bien à monsieur Armand Desroches de la maison Turneps, Desroches et C e que j'ai l'honneur de parler ? ARMAND. Oui, monsieur. LE COMMANDANT. Je suis le commandant Mathieu. Il s'assied à gauche et prend son grog. ARMAND. Ah ! enchanté !.. mais je ne crois pas avoir l'avantage de vous@@ connaître, commandant. LE COMMANDANT. Vraiment ? Alors je vous apprendrai que vous me poursuivez à outrance pour une lettre de change que j'ai eu l'imprudence de mettre dans la circulation... ARNAUD. Une lettre de change ! LE COMMANDANT. Vous avez même obtenu contre moi une prise de corps. ARMAND. C'est possible, commandant, mais ce n'est pas moi, c'est la maison, qui agit. LE COMMANDANT. Aussi n'ai-je aucun ressentiment contre vous... ni contre votre maison... seulement, je tenais à vous dire que je n'avais pas quitté Paris pour échapper aux poursuites. ARMAND. Je n'en doute pas. LE COMMANDANT. Au contraire !.. Dès que je serai de retour à Paris, dans une quinzaine, avant peut-être... je vous le ferai savoir et je vous serai infiniment obligé de me faire mettre à Clichy... le plus tôt possible ?... ARMAND. Vous plaisantez, commandant. LE COMMANDANT. Pas le moins du monde !.. Je vous demande cela comme un ser@vice. ARMAND. J'avoue que je ne comprends pas. LE COMMANDANT ils se lèvent. Mon Dieu ! je suis moi-même un peu embarrassé pour vous expliquer... Pardon, êtes-vous garçon ? ARMAND. Oui, commandant. LE COMMANDANT. Oh ! alors ! je puis vous faire ma confession... J'ai le malheur d'avoir une faiblesse... J'aime. ARMAND. Vous ? LE COMMANDANT. C'est bien ridicule à mon âge, n'est-ce pas ? ARMAND. Je ne dis pas ça. LE COMMANDANT. Oh ! ne vous gênez pas ! Je me suis affolé d'une petite... égarée que j'ai rencontrée un soir au bal Mabille. Elle se nomme Anita. ARMAND Anita ! J'en ai connu une. LE COMMANDANT. Ce doit être celle-là !... Je comptais m'en amuser trois jours, et voilà trois ans qu'elle me tient ! Elle me trompe, elle me ruine, elle me rit au nez !... Je passe ma vie à lui acheter des mobi@liers... qu'elle revend le lendemain !... je veux la quitter, je pars, je fais deux cents lieues j'arrive à la mer de Glace... et je ne suis pas sûr de ne pas retourner ce soir à Paris. C'est plus fort que moi !... L'amour à cinquante ans... voyez-vous... c'est comme un rhumatisme, rien ne le guérit. ARMAND, riant. Commandant, je n'avais pas besoin de cette confidence pour ar@rêter les poursuites... je vais écrire immédiatement à Paris... LE COMMANDANT, vivement. Mais du tout ! n'écrivez pas ! Je tiens à être enfermé c'est peut-être un moyen de guérison. Je n'en ai pas encore essayé. ARMAND. Mais, cependant. @@LE COMMANDANT. Permettez ! j'ai la loi pour moi. ARMAND. Allons ! commandant ! puisque vous le voulez. LE COMMANDANT. Je vous en prie... instamment... Dès que je serai de retour... je vous ferai passer ma carte et vous pourrez faire instrumenter... Je ne sors jamais avant dix heures, Saluant. Monsieur, je suis bien heureux d'avoir eu l'honneur de faire votre connaissance. ARMAND. Mais c'est moi, commandant. Ils se saluent. Le commandant sort @pa@r le fond. SCÈNE IX ARMAND, puis MADAME PERRICHON, puis HENRIETTE. ARMAND. A la bonne heure ! il n'est pas banal celui-là ! Apercevant madame Perrichon qui entre de la gauche. . Ah ! madame Perrichon ! MADAME PERRICHON. Comment ! vous êtes seul, monsieur ? Je croyais que vous deviez accompagner ces messieurs. ARMAND.@@ Je suis déjà venu ici l'année dernière, et j'ai demandé à mon@sieur Perrichon la permission de me mettre à vos ordres. MADAME PERRICHON. Ah ! monsieur. A part. C'est tout à fait un homme du monde!... Haut. Vous aimez beaucoup la Suisse ? ARMAND. Oh ! il faut bien aller quelque part ? MADAME PERRICHON. Oh ! moi, je ne voudrais pas habiter ce pays-là... il y a trop de précipices et de montagnes... Ma famille est de la Beauce. ARMAND. Ah ! je comprends. MADAME PERRICHON. Près d'Étampes... ARMAND, à part. Nous devons avoir un correspondant à Étampes ce serait un lien. Haut. Vous ne connaissez pas monsieur Pingley, à Étampes ? Madame Ferrichon, Armand. MADAME PERRICHON. Pingley !... c'est mon cousin ! Vous le connaissez ? ARMAND. Beaucoup. A part. Je ne l'ai jamais vu ! MADAME PERRICHON. Quel homme charmant ! ARMAND. Ah ! oui ! MADAME PERRICHON. C'est un bien grand malheur qu'il ait son infirmité ! ARMAND. Certainement... c'est un bien grand malheur ! MADAME PERRICHON. Sourd à quarante-sept ans ! ARMAND, à part. Tiens ! il est sourd notre correspondant ! C'est donc pour ça qu'il ne répond jamais à nos lettres. MADAME PERRICHON. Est-ce singulier ? c'est un ami de Pingley qui sauve mon mari !... Il y a de bien grands hasards dans le monde. ARMAND. Souvent aussi on attribue au hasard des péripéties dont il est parfaitement innocent. MADAME PERRICHON. Ah ! oui... souvent aussi on attribue. A part. Qu'est-ce qu'il veut dire ? ARMAND. Ainsi, madame, notre rencontre en chemin de fer, puis à Lyon, @@puis à Genève, à Chamouny, ici même, vous mettez tout cela sur le compte du hasard ? MADAME PERRICHON. En voyage, on se retrouve... ARMAND. Certainement... surtout quand on se cherche. MADAME PERRICHON. Comment ? ARMAND. Oui, madame, il ne m'est pas permis de jouer plus longtemps la comédie du hasard je vous dois la vérité, pour vous, pour ma@demoiselle votre fille. MADAME PERRICHON. Ma fille ! ARMAND. Me pardonnerez-vous ? Le jour où je la vis, j'ai été touché, charmé... J'ai appris que vous partiez pour la Suisse... et je suis parti. MADAME PERRICHON. Mais alors, vous nous suivez ?... ARMAND. Pas à pas. Que voulez-vous... j'aime... MADAME PERRICHON. Monsieur ! ARMAND. Oh ! rassurez-vous ! j'aime avec tout le respect, toute la discré@@tion qu'on doit à une jeune fille dont on serait heureux de faire sa femme. MADAME PERRICHON, perdant la tête, à part. Une demande en mariage ! Et Perrichon qui n'est pas là ! Haut. Certainement, monsieur... je suis charmée... non, flattée !... parce que vos manières... votre éducation... Pingley... le service que vous nous avez rendu... mais monsieur Perrichon est sorti... pour la mer de Glace. et aussitôt qu'il rentrera. HENRIETTE, entrant vivement. Maman !... S'arrêtant. Ah ! tu causais avec monsieur Armand ? MADAME PERRICHON, troublée. Nous causions, c'est-à-dire, oui ! nous parlions de Pingley ! Monsieur connaît Pingley n'est-ce pas ? ARMAND. Certainement ! je connais Pingley ! HENRIETTE. Oh ! quel bonheur ! MADAME PERRICHON, à Henriette. Ah ! comme tu es coiffée !... et ta robe ! ton col. Bas . Tiens-toi donc droite ! HENRIETTE, étonnée.ée. Qu'est-ce qu'il y a ? Cris et tumulte au dehors. MADAME PERRICHON et HENRIETTE. A@h ! mon Dieu ! ARMAND. Ces cris !... SCÈNE X LES MÊMES, PERRICHON, DANIEL, LE GUIDE, L'AUBERGISTE. Daniel entre soutenu par l'aubergiste et par le guide. PERRICHON, très-ému. Vite ! de l'eau ! du sel ! du vinaigre ! Il fait asseoir Daniel. TOUS. Qu'y a- t-il ? PERRICHON. Un événement affreux ! S'interrompant . Faites-le boire, frottez-lui les tempes ! Henriette, madame Perrichon, Armand. Henriette, Perrichon, madame Perrichon, Daniel, Armand. DANIEL, Merci... Je me sens mieux. ARMAND. Qu'est-il arrivé ?... DANIEL. Sans le courage de monsieur Perrichon. PERRICHON, vivement. Non, pas vous ! ne parlez pas !... Racontant. C'est horrible !... Nous étions sur la mer de Glace. Le mont Blanc nous regardait tranquille et majestueux... DANIEL, à part. Le récit de Théramène ! MADAME PERRICHON. Mais dépêche-toi donc ! HENRIETTE. Mon père ! PERRICHON. Un instant, que diable ! Depuis cinq minutes nous suivions, tout pensifs, un sentier abrupte qui serpentait entre deux crevasses... de glace ! Je@ marchais le premier. MADAME PERRICHON. Quelle imprudence ! PERRICHON. Tout à coup, j'entends derrière moi comme un éboulement je me retourne monsieur venait de disparaître dans un de ces abîmes sans fond, dont la vue seule fait frissonner... MADAME PERRICHON, impatientée. Mon ami. PERRICHON. Alors, n'écoutant que mon courage, moi, père de famille, je m'élance... MADAME PERRICHON et HENRIETTE. Ciel ! PERRICHON.N. Sur le bord du précipice, je lui tends mon bâton ferré... Il s'y cramponne. Je tire... il tire... nous tirons, et, après une lutte in@sensée, je l'arrache au néant et je le ramène à la face du soleil, notre père à tous !... Il s'essuie le front avec son mouchoir. HENRIETTE. Oh ! papa ! MADAME PERRICHON. Mon ami ! PERRICHON, embrassant sa femme et sa fille. Oui, mes enfants, c'est une belle page... ARMAND, à Daniel. Comment vous trouvez-vous ? DANIEL, bas. Très-bien ! ne vous inquiétez pas ! Il se lève . Monsieur Perrich@on, vous venez de rendre un fils à sa mère... PERRICHON, majestueusement. C'est vrai ! DANIEL. Un frère à sa soeur ! PERRICHON. Et un homme à la société. DANIEL. Les paroles sont impuissantes pour reconnaître un tel service. PERRICHON. C'est vrai ! DANIEL. Il n'y a que le coeur... entendez-vous, le coeur ! PERRICHON. Monsieur Daniel ! Non ! laissez-moi vous appeler Daniel ? DANIEL. Comment donc ! A part Chacun son tout ! PERRICHON, ému. Daniel, mon ami, mon enfant !... votre main. Il lui prend la main. Je vous dois les plus douces émotions de ma vie. Sans moi, vous ne seriez qu'une masse informe et repoussante, ensevelie sous les frimats... Vous me devez tout, tout ! Avec noblesse. Je ne l'oublierai jamais ! DANIEL. Ni moi ! PERRICHON, à Armand, en s'essuyant les yeux. Ah ! jeune homme !... vous ne savez pas le plaisir qu'on éprouve à sauver son semblable. HENRIETTE. Mais, papa, monsieur le sait bien, puisque tantôt... PERRICHON, se rappelant. Ah ! oui ! c'est juste ! Monsieur l'aubergiste, apportez-moi le livre des voyageurs, MADAME PERRICHON. Pourquoi faire ? PERRICHON. Avant de quitter ces lieux, je désire consacrer par une note le souvenir de cet événement ! L'AUBERGISTE, apportant le registre. Voilà, monsieur. PERRICHON. Merci... Tiens, qui est-ce qui a écrit ça ? TOUS. Quoi donc ? PERRICHON, lisant. Je ferai observer à monsieur Perrichon que la mer de Glace Daniel, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Armand. n'ayant pas d'enfants, l'E qu'il lui attribue devient un dévergondage grammatical. Signé le Commandant. TOUS. Hein ? HENRIETTE, bas à son père. Oui, papa ! mer ne prend pas d'E à la fin. PERRICHON. Je le savais ! Je vais lui répondre à ce monsieur, Il prend une plume et écrit.@@ Le commandant est... un paltoquet ! Signé [email protected]. LE GUIDE, rentrant. La voiture est là. PERRICHON. @Allons ! Dépêchons-nous. Aux jeunes gens. Messieurs, si vous vou@lez accepter une place ? Armand et Daniel s'inclinent. MADAME PERRICHON, appelant son mari. Perrichon, aide-moi à mettre mon manteau. Bas. On vient de me demander notre fille en mariage... PERRICHON. Tiens ! à moi aussi ! MADAME PERRICHON. C'est monsieur Armand. PERRICHON. Moi, c'est Daniel.. mon ami Daniel. MADAME PERRICHON. Mais il me semble que l'autre. PERRICHON. Nous parlerons de cela plus tard... HENRIETTE, à la fenêtre. Ah ! il pleut à verse ! Daniel et Henriette au fond, madame Perrichon, Perrichon, l'Auber@giste. Armand. PERRICHON. Ah diable ! A l'aubergiste. Combien tient-on dans votre voiture ! L'AUBERGISTE. Quatre dans l'intérieur et un à côté du cocher... PERRICHON. C'est juste le compte. ARMAND. Ne vous gênez pas pour moi. PERRICHON. Daniel montera avec nous. HENRIETTE, bas à son père. Et monsieur Armand ? PERRICHON, bas. Dame ! il n'y a que quatre places ! il montera sur le siége. HENRIETTE. Par une pluie pareille ? MADAME PERRICHON. Un homme qui t'a sauvé ! PERRICHON. Je lui prêterai mon caoutchouc HENRIETTE. Ah ! PERRICHON Allons ! en route ! en route ! DANIEL, à part. Je savais bien que je reprendrais la corde. Daniel, madame Perrichon, Perrichon, Henriette, ################################ TROISIÈME Un salon chez Perrichon, à Paris. - Cheminée au fond porte d'entrée dans l'angle à gauche appartement dans l'angle à droite salle @à manger à gauche au milieu, guéridon avec tapis canapé à droite du guéridon. SCÈNE PREMIÈRE JEAN, seul, achevant d'essuyer un fauteuil. Midi moins un quart... C'est aujourd'hui que monsieur Perrichon revient de voyage avec madame et mademoiselle... J'ai reçu hier une lettre de monsieur... la voilà. Lisant. Grenoble, 5 juillet. Nous ar@riverons mercredi, 7 juillet, à midi. Jean nettoiera l'appartement et fera poser les rideaux. Parlé. C'est fait Lisant. Il dira à Mar@guerite, la cuisinière, de nous préparer le dîner. Elle mettra le pot au feu... un morceau pas trop gras... de plus, comme il y a long@temps que nous n'avons mangé de poisson de mer, elle nous achètera une petite barbue bien fraîche. Si la barbue était trop chère, elle la remplacerait par un morceau de veau à la casserole. Parlé. Monsieur peut arriver... tout est prêt... Voilà ses journaux, ses lettres, ses cartes de visite... Ah ! par exemple, il est venu ce matin de bonne heure un monsieur que je ne connais pas il m'a dit qu'il s'appelait le Commandant... Il doit repasser, Coup de sonnette à la porte extérieure. On sonne !... c'est monsieur... je reconnais sa main !... SCÈNE II@@ JEAN, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE, ils portent des sacs de nuit et des cartons. PERRICHON. @Jean... c'est nous ! JEAN. Ah ! monsieur !... madame... mademoiselle !... Il les débarrasse de leurs paquets. PERRICHON@. Ah ! qu'il est doux de rentrer chez soi, de voir ses meubles, de s'y asseoir. Il s'assoit sur le canapé. MADAME PERRICHON, assise à gauche. Nous devrions être de retour depuis huit jours... PERRICHON. Nous ne pouvions passer à Grenoble sans aller voir les Darinel... ils nous ont retenus. A Jean. Est-il venu quelque chose pour mo en mon absence ? JEAN. Oui, monsieur... tout est là sur la table. PERRICHON, prenant plusieurs cartes de visite. Que de visites ! Lisant. Armand Desroches. HENRIETTE, avec joie. Ah ! PERRICHON. Daniel Savary... brave jeune homme !... Armand Desroches... Daniel Savary... charmant jeune homme... Armand Desroches. JEAN. Ces messieurs sont venus tous les jours s'informer de votre retour. Henriette, madame Perrichon, Jean, Perrichon. MADAME PERRICHON. Tu leur dois une visite. PERRICHON. Certainement j'irai le voir... ce brave Daniel ! HENRIETTE. Et monsieur Armand ? PERRICHON. J'irai le voir aussi... après. Il se lève. HENRIETTE à Jean. Aidez-moi à porter ces cartons dans la chambre. JEAN. Oui, mademoiselle. Regardant Perrichon. Je trouve monsieur en@graissé. On voit qu'il a fait un bon voyage. PERRICHON. Splendide, mon ami, splendide ! Ah ! tu ne sais pas ? J'ai sauvé un homme ! JEAN, incrédule. Monsieur ?... Allons donc !... Il sort avec Henriette par la droite. SCÈNE III PERRICHON, MADAME PERRICHON. PERRICHON. Comment ! Allons donc !. Est-il bête, cet animal-là ! MADAME PERRICHON. Maintenant que nous voilà de retour, j'espère que tu vas prendre un parti. Nous ne pouvons tarder plus longtemps à rendre ré@ponse à ces deux, jeunes gens... deux prétendus dans la maison... c'est trop !... Madame Perrichon, Perrichon PERRICHON. Moi, je n'ai pas changé d'avis... j'aime mieux Daniel ! MADAME PERRICHON. Pourquoi ? PERRICHON. Je ne sais pas... je le trouve plus... enfin, il me plaît, ce jeune homme ! MADAME PERRICHON. Mais l'autre... l'autre t'a sauvé ! PERRICHON. Il m'a sauvé ! Toujours le même refrain ! MADAME PERRICHON. Qu'as-tu à lui reprocher ? Sa famille est honorable, sa position excellente... PERRICHON. Mon Dieu ! je ne lui reproche rien. je ne lui en veux pas à ce garçon MADAME PERRICHON. Il ne manquerait plus que ça ! PERRICHON. Mais je lui trouve un petit air pincé. MADAME PERRICHON@. Lui ! PERRICHON. Oui, il a un ton protecteur... des manières... il semble toujours se prévaloir du petit service qu'il m'a rendu... MADAME PERRICHON. Il ne t'en parle jamais ! PERRICHON. Je le sais bien ! mais c'est son air ! son air me dit @He@in ? sans moi ?... C'est agaçant à la longue tandis que l'autre !. Perrichon, madame Perrichon MADAME PERRICHON. L'autre te répète sans cesse Hein ? sans vous... hein ? sans vous ! Cela flatte ta vanité... et voilà pourquoi tu le préfères. PERRICHON. Moi ! de la vanité ! J'aurais peut-être le droit d'en avoir ! MADAME PERRICHON. Oh ! PERRICHON. Oui, madame !... l'homme qui a risqué sa vie pour sauver son sem@blable peut être fier de lui-même... mais j'aime mieux me renfermer dans un silence modeste... signe caractéristique du vrai courage ! MADAME PERRICHON. Mais tout cela n'empêche pas que M. Armand. PERRICHON. Henriette n'aime pas.. ne peut pas aimer M. Armand ! MADAME PERRICHON. Qu'en sais-tu ? PERRICHON. Dame ! je suppose... MADAME PERRICHON. Il y a un moyen de le savoir ! c'est de l'interroger... et nous choisirons celui qu'elle préférera... PERRICHON. Soit !.. mais ne l'influence pas ! MADAME PERRICHON. La voici. SCÈNE IV PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. MADAME PERRICHON, à sa fille qui entre. Henriette... ma chère enfant... ton père et moi, nous avons à te parler sérieusement. HENRIETTE. A moi ? PERRICHON. Oui. MADAME PERRICHON. Te voilà bientôt en âge d'être mariée... deux jeunes gens se pré@sentent pour obtenir ta main... tous deux nous conviennent... mais nous ne voulons pas contrarier ta volonté, et nous avons résolu de te laisser l'entière liberté du choix. HENRIETTE. Comment ! PERRICHON. Pleine et entière... MADAME PERRICHON. L'un de ces jeunes gens est M. Armand Desroches. HENRIETTE. Ah ! PERRICHON, vivement. N'influence pas !... MADAME PERRICHON. L'autre est M. Daniel Savary... PERRICHON. Un jeune homme charmant, distingué, spirituel, et qui, je ne le cache pas, a toutes mes sympathies... Perrichon, Henriette, madame Perrichon. MADAME PERRICHON. Mais tu influences... PERRICHON. Du tout ! je constate un fait !.. A sa fille. Maintenant te voilà éclairée... choisis... HENRIETTE. Mon Dieu !... vous m'embarrassez beaucoup... et je suis prête à accepter celui que vous me désignerez... PERRICHON. Non ! non ! décide toi-même ! MADAME PERRICHON. Parle, mon enfant ! HENRIETTE. Eh bien ! puisqu'il faut absolument faire un choix, je choisis... M. Armand. MADAME PERRICHON@. Là ! PERRICHON. Armand ! Pourquoi pas Daniel ? HENRIETTE. @Mais M. Armand t'a sauvé, papa ! PERRICHON. Allons, bien ! encore ? c'est fatiguant, ma parole d'honneur ! MADAME PERRICHON. Eh bien ! tu vois.. il n'y a pas à hésiter... PERRICHON. Ah ! mais permets, chère amie, un père ne peut pas abdiquer... Je réfléchirai. je prendrai mes renseignements. Perrichon, madame Perrichon, Henriette MADAME PERRICHON, bas. Monsieur Perrichon, c'est de la mauvaise foi ! PERRICHON. Caroline ! SCÈNE V LES MÊMES, JEAN, MAJORIN. JEAN, à la cantonade. Entrez !... ils viennent d'arriver ! Majorin entre. PERRICHON. Tiens ! c'est Majorin !. MAJORIN, saluant. Madame... mademoiselle... j'ai appris que vous reveniez aujour@d'hui... alors j'ai demandé un jour de congé... j'ai dit que j'étais de garde PERRICHON. Ce cher ami ! c'est très-aimable... Tu dînes avec nous ? nous avons une petite barbue... MAJORIN. Mais... si ce n'est pas indiscret... JEAN, bas à Perrichon. Monsieur.. c'est du veau à la casserole ! Il sort. PERRICHON. Ah ! A Majorin. Allons, n'en parlons plus, ce sera pour une autre fois. MAJORIN, à part. Comment ! il me désinvite ! S'il croit que j'y tiens, à son dîner ! Jean, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette. Prenant Perrichon à part. Les dames s'asseyent sur le canapé. J'étais venu pour te parler des six cents francs que tu m'as prêtés le jour de ton départ... PERRICHON. Tu me les rapportes ? MAJORIN. Non. Je ne touche que demain mon dividende des paquebots... mais à midi précis... PERRICHON. Oh ! ça ne presse pas ! MAJORIN. Pardon... j'ai hâte de m'acquitter. PERRICHON. Ah ! tu ne sais pas ?... je t'ai rapporté un souvenir. MAJORIN. Il s'assied derrière le guéridon. Un souvenir ! à moi ? PERRICHON, s'asseyant. En passant à Genève, j'ai acheté trois montres... une pour Jean, une pour Marguerite, la cuisinière... et une pour toi, à répétition. MAJORIN, à part. Il me met après ses domestiques ! Haut. Enfin ? PERRICHON. Avant d'arriver à la douane française je les avais fourrées dans ma cravate... MAJORIN. Pourquoi ? PERRICHON. Tiens ! je n'avais pas envie de payer les droits. On me demande Avez-vous quelque chose à déclarer ? Je réponds non je fais un @@mouvement et voilà ta diablesse de montre qui sonne dig, dig, dig. MAJORIN. @@Eh bien ! PERRICHON. Eh bien ! j'ai été pincé... on a tout saisi... MAJORIN. Comment@ ? PERRICHON. J'ai eu une scène atroce ! J'ai appelé le douanier méchant gabe@lou ! Il m'a dit que j'entendrais parler de lui.. Je regrette beaucoup cet incident... elle était charmante, ta montre. MAJORIN, sèchement. Je ne t'en remercie pas moins... A part. Comme s'il ne pouvait pas acquitter les droits... c'est sordide ! SCÈNE VI LES MÊMES, JEAN, ARMAND. JEAN@ annonçant. Monsieur Armand Desroches ! HENRIETTE, quittant son ouvrage. Ah ! MADAME PERRICHON, se levant et allant au-devant d'Armand Soyez le bienvenu... nous attendions votre visite. ARMAND, saluant. Madame... monsieur Perrichon... PERRICHON@. Énchanté !... enchanté ! A part, Il a toujours son petit air pro@tecteur !... MADAME PERRICHON, bas à sou mari. Présente-le donc à Majorin. Madame Perrichon, Perrichon, Majorin Henriette, Armand, PERRICHON. Certainement... Haut. Majorin... je te présente monsieur Armand Desroc@hes... une connaissance de voyage. HENRIETTE, vivement. Il a sauvé papa ! PERRICHON, à pari. Allons, bien !... encore ! MAJORIN. @Comment, tu as couru quelque danger ? PERRICHON. Non... une misère... ARMAND.@ Cela ne vaut pas la peine d'en parler... PERRICHON, à part. Toujours son petit air ! SCÈNE VII LES MÊMES, JEAN, DANIEL. JEAN, annonçant. Monsieur Daniel Savary !... PERRICHON, s'épanouissant. Ah ! le voilà, ce cher ami !... ce bon Daniel ! Il renverse presque le guéridon en courant au-devant de lui. DANIEL, saluant. @@Mesdames... Bonjour, Armand ! PERRICHON, le prenant par la main. Venez, que je vous présente à Majorin. Haut. Majorin, je te Daniel, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette, Armand. présente un de mes bons... un de mes meilleurs amis... monsieur Daniel Savary... MAJORIN. Savary ? des paquebots ? DANIEL, saluant. Moi-même. PERRICHON. Ah ! sans moi ! il ne te payerait pas demain ton dividende. MAJORIN. Pourquoi ? PERRICHON. Pourquoi ? Avec fatuité. Tout simplement parce que je l'ai sauvé, mon bon ! MAJORIN. Toi ? A part. Ah çà ! ils ont donc passé tout leur temps à se sauver la vie ! PERRICHON, racontant. Nous étions sur la mer de Glace, le mont Blanc nous regardait tranquille et majestueux. DANIEL, à part. Second récit de Théramène ! PERRICHON. Nous suivions tout pensifs un sentier abrupte. HENRIETTE, qui a ouvert un journal. Tiens, papa qui est dans le journal ! PERRICHON. Comment ! je suis dans le journal ? HENRIETTE. Lis toi-même... là. Elle lui donne le journal. PERRICHON. Vous allez voir que je suis tombé du jury ! Lisant. On nous écrit de Chamouny... TOUS. Tiens ! Ils se rapprochent. PERRICHON, lisant. Un événement qui aurait pu avoir des suites déplorables vient d'arriver à la mer de Glace. M. Daniel S... a fait un faux pas et a disparu dans une de ces crevasses si redoutées des voyageurs. Un des témoins de cette scène, M. Perrichon, qu'il nous permette de le nommer. Parlé. Comment donc ! si je le permets ! Lisant. M. Per@richon, potable commerçant de Paris et père de famille, n'écoutant que son courage, et au mépris de sa propre vie, s'est élancé dans le gouffre. Parlé C'est vrai, et après des efforts inouïs, a été assez heureux pour en retirer son compagnon. Un si admirable dévoue@ment n'a été surpassé que par la modestie de M. Perrichon, qui s'est dérobé aux félicitations de la foule émue et attendrie... Les gens de coeur de tous les pays nous sauront gré de leur signaler un pareil trait ! TOUS. Ah ! DANIEL, à part. Trois francs la ligne ! PERRICHON, relisant lentement la dernière phrase.@@ Les gens de coeur de tous les pays nous sauront gré de leur signaler un pareil trait. A Daniel, très-ému. Mon ami... mon enfant ! embrassez-moi ! Ils s'embrassent. DANIEL, à part. Décidément, j'ai la corde... PERRICHON, montrant le journal. Certes, je ne suis pas un révolutionnaire, mais je le proclame hautement, la presse a du bon ! Mettant le journal dans sa poche et à part. J'en ferai acheter dix numéros ! Daniel, Perric@hon, Henriette, madame Perrichon, Armand, Majorin. MADAME PERRICHON. Dis donc, mon ami, si nous envoyions au journal le récit de la belle action de M. Armand ? @HENRIETTE. Oh ! oui ! cela ferait un joli pendant ! PERRICHON, vivement. C'est inutile ! je ne peux pas toujours occuper les journaux de ma personnalité... JEAN, entrant un papier à la main. Monsieur ? PERRICHON. Quoi ? JEAN. Le concierge vient de me remettre un papier timbré pour vous... MADAME PERRICHON. Un papier timbré ? PERRICHON. N'aie donc pas peur ! je ne dois rien à personne... au contraire, on me doit... MAJORIN, à part. C'est pour moi qu'il dit ça ! PERRICHON, regardant le papier. Une assignation à comparaître devant la sixième chambre pour injures envers un agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions. TOUS. Ah ! mon Dieu ! PERRICHON, lisant. Vu le procès-verbal dressé au bureau de la douane française par le sieur Machut, sergent douanier... Majorin remonte. ARMAND. Qu'est-ce que cela signifie ? PERRICHON. Un douanier qui m'a saisi trois montres... j'ai été trop vif. je l'ai appelé gabelou ! rebut de l'humanité !... MAJORIN, derrière le guéridon. C'est très-grave ! Très-grave ! PERRICHON, inquiet. Quoi ? MAJORIN. Injures qualifiées envers un agent de la force publique dans l'exer@cice de ses fonctions. MADAME PERRICHON et PERRICHON. Eh bien ? MAJORIN. De quinze jours à trois mois de prison... TOUS. En prison !. PERRICHON. Moi ! après cinquante ans d'une vie pure et sans tache... j'irais m'asseoir sur le banc de l'infamie ! jamais ! jamais ! MAJORIN, à part. C'est bien fait ! ça lui apprendra à ne pas acquitter les droits ! PERRICHON. Ah ! mes amis ! mon avenir est brisé. MADAME PERRICHON. Voyons, calme-toi ! HENRIETTE. Papa@@ DANIEL. Du courage ! Daniel, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette, Armand. ARMAND. Attendez ! je puis peut-être vous tirer de là. TOUS. Hein ? PERRICHON. Vous ! mon ami mon bon ami ! ARMAND, allant à lui@ Je suis lié assez intimement avec un employé supérieur de l'admi@nistration des douanes... je vais le voir peut-être pourra-t-on décider le douanier à retirer sa plainte. MAJORIN. Ça me paraît difficile ! ARMAND. Pourquoi ? un moment de vivacité... PERRICHON. Que je regrette ! ARMAND. Donnez-moi ce papier... j'ai bon espoir... ne vous tourmentez pas, mon brave M. Perrichon PERRICHON, ému, lui prenant la main. Ah ! Daniel ! se reprenant non ! Armand ! tenez, il faut que je vous embrasse ! Ils s'embrassent . HENRIETTE, à part. A la bonne heure ! Elle remonte avec sa mère . @@ARMAND, bas à Danie A mon tour, j'ai la corde ! DANIEL. Parbleu ! A part. Je crois avoir affaire à un rival et je tombe sur un terre neuve. Daniel, Perrichon, Armand, madame Perrichon, Henriette, Majorin. Daniel, Armand, Perrichon, Majorin. MAJORIN, à Armand. Je sors avec vous... PERRICHON. Tu nous quittes ? MAJORIN. Oui. Fièrement Je dîne en ville ! Il sort avec Armand . MADAME PERRICHON, s'approchant de son mari et bas. Eh bien, que penses-tu maintenant de M. Armand ? PERRICHON. Lui ! c'est-à-dire que c'est un ange ! un ange ! MADAME PERRICHON. Et tu hésites à lui donner ta fille ? PERRICHON. Non ! je n'hésite plus. MADAME PERRICHON. Enfin ! je te retrouve ! Il ne te reste plus qu'à prévenir M. Daniel. PERRICHON. Oh ! ce pauvre garçon ! tu crois ? MADAME PERRICHON. Dame ! à moins que tu ne veuilles attendre l'envoi des billets de faire part ?@@ @PERRICHON. Oh ! non ! MADAME PERRICHON. Je te laisse avec lui... courage ! Haut. Viens-tu Henriette ? sa@luant Daniel. Monsieur. Elle sort à droite suivie d'Henriette . Madame Perrichon, Perrichon, Daniel et Henriette sont près de la cheminée. SCÈNE VIII PERRICHON, DANIEL. DANIEL, à part en descendant. Il est évident que mes actions baissent... Si je pouvais... Il va au canapé. PERRICHON, à part au fond. Ce brave jeune homme... ça me fait de la peine... Allons ! Il le faut ! Haut. Mon cher Daniel... mon bon Daniel... j'ai une com@munication pénible à vous faire. DANIEL, à part. Nous y voilà ! Ils s'asseyent sur le canapé. PERRICHON. Vous m'avez fait l'honneur de me demander la main de ma fille... Je caressais ce projet, mais les circonstances... les événements... votre ami, M. Armand, m'a rendu de tels services !... DANIEL. Je comprends. @PERRICHON. Car on a beau dire, il m'a sauvé la vie, cet homme ! DANIEL. Eh bien ! et le petit sapin auquel vous vous êtes cramponné ! PERRICHON. Certainement... le petit sapin... mais il était bien petit... il pouvait casser... et puis je ne le tenais pas encore. DANIEL. Ah ! PERRICHON. Non. mais ce n'est pas tout... dans ce moment, cet excellent Daniel, Perrichon, Perrichon, Daniel. jeune homme brûle le pavé pour me tirer des cachots. Je lui de@vrai l'honneur... l'honneur ! DANIEL. M. Perrichon ! le sentiment qui vous fait agir est trop noble pour que je cherche à le combattre... PERRICHON. Vrai ! Vous ne m'en voulez pas ? DANIEL. Je ne me souviens que de votre courage... de votre dévouement pour moi. PERRICHON, lui prenant la main. Ah ! Daniel ! A part. C'est étonnant comme j'aime ce garçon-là ! DANIEL, se levant. Aussi, avant de partir. PERRICHON.@ Hein ? DANIEL. Avant de vous quitter... PERRICHON, se levant. Comment ! me quitter ! vous ? Et pourquoi ? DANIEL. Je ne puis continuer des visites qui seraient compromettantes pour mademoiselle votre fille... et douloureuses pour moi. PERRICHON. Allons bien ! Le seul homme que j'aie sauvé ! DANIEL. Oh ! mais votre image ne me quittera pas... j'ai formé un projet... c'est de fixer sur la toile, comme elle l'est déjà dans mon coeur, l'héroïque scène de la mer de Glace. PERRICHON. Un tableau ! Il veut me mettre dans un tableau ! @Daniel, P@ericlion. DANIEL. Je me suis déjà adressé à un de nos peintres les plus illustres... un de ceux qui travaillent pour la postérité !... PERRIC@HON. La postérité ! Ah ! Daniel ! A part. C'est extraordinaire comme j'aime ce garçon-là ! DANIEL. Je tiens surtout à la ressemblance... PERRICHON. Je crois bien ! moi aussi ! DANIEL. Mais il sera nécessaire que vous nous donniez cinq ou six séances... PERRICHON. Comment donc, mon ami ! quinze ! vingt ! trente ! ça ne m'en@@nuira pas... nous poserons ensemble ! DANIEL, vivement. Ah ! non... pas moi PERRICHON. Pourquoi ? DANIEL. Parce que... voici comment nous avons conçu le tableau... on ne verra sur la toile que le Mont-Blanc... PERRICHON, inquiet. Eh bien, et moi ? DANIEL. Le mont Blanc et vous !@! PERRICHON. C'est ça... moi et le Mont-Blanc... tranquille et majestueux !... Ah ! ça, et vous, où serez-vous ? DANIEL. Dans le trou... tout au fond... on n'apercevra que mes deux mains crispées et suppliantes... PERRICHON. Quel magnifique tableau ! DANIEL. Nous le mettrons au @@Musée... PERRICHON. De Versailles ? DANIEL. Non, de Paris... PERRICHON. Ah ! oui... à l'exposition !... DANIEL. Et nous inscrirons sur le livret cette notice... PERRICHON. Non ! pas de banque ! pas de réclame ! Nous mettrons tout sim@plement l'article de mon journal... On nous écrit de Chamouny... DANIEL. C'est un peu sec. PERR@@ICHON. Oui... mais nous l'arrangerons ! Avec effusion. Ah ! Daniel, mon ami !... mon enfant ! DANIEL. Adieu, monsieur Perrichon !... nous ne devons plus nous re@voir... PERRICHON. Non ! c'est impossible ! c'est impossible ! ce mariage... rien n'est encore décidé... DANIEL. Mais... PERRICHON. Restez ! je le veux ! DANIEL, à part. Allons donc ! SCÈNE IX LES MÊMES, JEAN, LE COMMANDANT. JEAN, annonçant. Monsieur le commandant Mathieu ! PERRICHON, étonné. Qu'est-ce que c'est que ça ? LE COMMANDANT, entrant. Pardon, messieurs, je vous dérange peut-être ? PERRICHON. Du tout.@@ LE COMMANDANT, à Daniel. Est-ce à monsieur Perrichon que j'ai l'honneur de parler ? PERRICHON. C'est moi, monsieur. LE COMMANDANT. Ah !... A Perrichon. Monsieur, voilà douze jours que je vous cherche. Il y a beaucoup de Perrichon à Paris... j'en ai déjà visité une douzaine... mais je suis tenace... PERRICHON, lui indiquant un siège à gauche du guéridon. Vous avez quelque chose à me communiquer ? Il s'assied sur le canapé. Daniel remonte. LE COMMANDANT, s'asseyant. Je n'en sais rien encore... Permettez-moi d'abord de vous adres@ser une question Est-ce vous qui avez fait, il y a un mois, un voyage à la mer de Glace ? PERRICHON. Oui, monsieur, c'est moi-même ! je crois avoir le droit de m'en vanter ! Daniel, le Commandant, Perrichon. LE COMMANDANT. Alors, c'est vous qui avez écrit sur le registre des voyageurs @@Le commandant est un paltoquet. PERRICHON. Comment ! vous êtes ?... LE COMMANDANT. Oui, monsieur... c'est moi ! PERRICHON.N. Enchanté ! Ils se font plusieurs petits saluts DANIEL, à part en descendant. Diable ! l'horizon s'obscurcit !... LE COMMANDANT. Monsieur, je ne suis ni querelleur, ni ferrailleur, mais je n'aime pas à laisser traîner sur les livres d'auberge de pareilles apprécia@tions à côté de mon nom. PERRICHON. Mais vous avez écrit le premier une note... plus que vive ! LE COMMANDANT.@@ Moi ? je me suis borné à constater que mer de Glace ne prenait pas d'e à la fin voyez le dictionnaire... PERRICHON. Eh ! monsieur ! vous n'êtes pas chargé de corriger mes... préten@dues fautes d'orthographe ! De quoi vous mêlez-vous ? Ils se lèvent. LE COMMANDANT. Pardon... pour moi, la langue française est une compatriote aimée... une dame de bonne maison, élégante, mais un peu cruelle... vous le savez mieux que personne... PERRICHON. Moi ?. LE COMMANDANT. Et quand j'ai l'honneur de la rencontrer à l'étranger... je ne per Le Commandant, Perrichon, Daniel. mets pas qu'on éclabousse sa robe. C'est une question de chevalerie et de nationalité. PERRICHON. Ah çà ! monsieur, auriez-vous la prétention de me donner une leçon ? LE COMMANDANT. Loin de moi cette pensée... PERRICHON.N. Ah ! ce n'est pas malheureux ! A part. Il recule. LE COMMANDANT. Mais sans vouloir vous donner une leçon, je viens vous demander poliment... une explication. PERRICHON, à part. Mathieu !... c'est un faux commandant. LE COMMANDANT. De deux choses l'une ou vous persistez... PERRICHON. Je n'ai pas besoin de tous ces raisonnements ! Vous croyez peut-être m'intimider monsieur... j'ai fait mes preuves de courage, en@tendez-vous ! et je vous les ferai voir... LE COMMANDANT. Où ça ? PERRICHON. A l'exposition... L'année prochaine... LE COMMANDANT. Oh ! permettez !... Il me sera impossible d'attendre jusque-là... Pour abréger, je vais au fait retirez-vous, oui ou non ? PERRICHON. Rien du tout ! LE COMMANDANT. Prenez garde ! ! DANIEL. Monsieur Perrichon ! PERRICHON. Rien du tout ! A part. Il n'a pas seulement de moustaches ! LE COMMANDANT. Alors, monsieur Perrichon, j'aurai l'honneur de vous attendre demain@, à midi, avec mes témoins, dans les bois de la Malmai@son. DANIEL. Commandant ! un mot ? LE COMMANDANT, remontant. Nous vous attendrons chez le garde ! DANIEL. Mais, commandant. LE COMMANDANT. Mille pardons... j'ai rendez-vous avec un tapissier... pour choisir des étoffes, des meubles... A demain... midi... Saluant. Mes@sieurs... j'ai bien l'honneur... Il sort. SCÈNE X@@ PERRICHON, DANIEL, puis JEAN. DANIEL, à Perrichon. Diable ! vous êtes raide en affaires ! avec un commandant sur@tout ! PERRICHON. Lui ! un commandant ? Allons donc ! Est-ce que les vrais com@mandants s'amusent à éplucher les fautes d'orthographe ? Le Commandant, Daniel, Perrichon. Daniel, Perrichon. DANIEL. N'importe ? Il faut questionner, s'informer... Il sonne à la che@minée. savoir à qui nous avons à faire. JEAN, paraissant. Monsieur ? PERRICHON, à Jean. Pourquoi as-tu laissé entrer cet homme qui sort d'ici ? JEAN. Monsieur, il était déjà venu ce matin... J'ai même oublié de vous remettre sa carte... DANIEL. Ah ! sa carte ! PERRICHON. Donne ! La lisant. Mathieu, ex-commandant au deuxième zouaves. DANIEL. Un zouave ! PERRICHON. Saprelotte ! JEAN. Quoi donc ? PERRICHON. Rien ! Laissez-nous ! Jean sort. DANIEL. Eh bien ! nous voilà dans une jolie situation ! PERRICHON. Que voulez-vous ? j'ai été trop vif... un homme si poli !... Je l'ai pris pour un notaire gradé ! DANIEL. Que faire ? Jean, Perrichon, Daniel. PERRICHON. Il faudrait trouver un moyen... Poussant un cri. Ah !... DANIEL. Quoi@ ? PERRICHON. Rien ! rien ! Il n'y a pas de moyen ! je l'ai insulté, je me battrai !.. Adieu !.. @DANIEL. Où allez-vous ? PERRICHON. Mettre mes affaires en ordre... vous comprenez... DANIEL. Mais cependant... PERRICHON. Daniel... quand sonnera l'heure du danger vous ne me verrez pas faiblir ! Il sort à droite. SCÈNE XI DANIEL, seul. @Allons donc !... c'est impossible !... je ne peux pas laisser battre M. Perrichon avec un zouave !... c'est qu'il a du coeur le beau-père !... je le connais, il ne fera pas de concessions... de son côté le commandant. et tout cela pour une faute d'orthographe ! Cher chant. Voyons donc ?... si je prévenais l'autorité ? oh ! non !... au fait, pourquoi pas ? personne ne le saura. D'ailleurs, je n'ai pas le choix des moyens... Il prend un buvard et un encrier sur une table, près de la porte d'entrée, et se place au guéridon. Une lettre au préfet de police !... Écrivant. Monsieur le Préfét... j'ai l'honneur de... Parlant tout en ############# Une ronde passera par là à point nommé... le hasard aura tout fait... et l'honneur sera sauf. Il plie et cachète sa lettre et remet en place ce qu'il a pris. Maintenant, il s'agit de la faire porter tout Daniel, Perrichon. de suite... Jean doit être là ! Il sort en appelant. Jean ! Jean ! Il dis@paraît dans l'antichambre. SCÈNE XII PERRICHON, seul. - Il entre en tenant une lettre à la main. Il la lit. Monsieur le Préfet, je crois devoir prévenir l'autorité que deux insensés ont l'intention de croiser le fer demain, à midi moins un quart... Parlé. Je mets moins un quart afin qu'on soit exact. Il suffit quelquefois d'un quart d'heure !... Reprenant sa lecture. A midi moins un quart... dans les bois de la Malmaison. Le rendez-vous est à la porte du garde... Il appartient à votre haute adminis@tration de veiller sur la vie des citoyens. Un des combattants est un ancien commerçant, père de famille, dévoué à nos institutions et jouissant d'une bonne notoriété dans son quartier. Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, etc. etc... S'il croit me faire peur ce com@mandant !... maintenant l'adresse... Il écrit. Très-pressé, commu@nication importante... comme ça, ça arrivera... Où est Jean ? SCÈNE XIII PERRICHON, DANIEL, puis MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis JEAN. DANIEL, entrant par le fond, sa lettre à la main. Impossible de trouver ce domestique. Apercevant Perrichon. Oh ! Il cache sa lettre. PERRICHON. Daniel ! Il cache aussi sa lettre. DANIEL. Eh bien ! monsieur Perrichon. @Perrichon, Daniel. PERRICHON. Vous voyez... je suis calme... comme le bronze ! Apercevant sa femme et sa fille. Ma femme, silence ! Il descend. MADAME PERRICHON à son mari. Mon ami, le maître de piano d'Henriette vient de nous envoyer des billets de concert pour demain... midi... PERRICHON, à part. Midi ! HENRIETTE. C'est à son bénéfice, tu nous accompagneras ? PERRICHON. Impossible ! demain, ma journée est prise ! MADME PERRICHON. Mais tu n'as rien à faire... PERRICHON. Si. j'ai une affaire. très-importante... demande à Daniel.. DANIEL. Très-importante ! MADAME PERRICHON. Quel air sérieux ! A son mari. Tu as la figure longue d'une aune ou dirait que tu as peur. PERRICHON. Moi ? peur ! On me verra sur le terrain !@@ DANIEL, à part. Aïe ! MADAME PERRICHON. Le terrain ! PERRICHON, à part. Sapristi ! ça ma échappé ! Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. HENRIETTE, courant à lui. Un duel ! papa ! PERRICHON.@@ Eh bien ! oui, mon enfant, je ne voulais pas te le dire, ça ma échappé, ton père se bat !.. MADAME PERRICHON. @Mais avec qui ? PERRICHON. Avec un commandant au deuxième zouaves ! MADAME PERRICHON et HENRIETTE, effrayées. Ah ! grand Dieu ! PERRICHON. Demain, à midi, dans le bois de la Malmaison, à la porte du garde ! MADAME PERRICHON, allant à lui. Mais tu es fou... toi ! un bourgeois ! PERRICHON. Madame Perrichon, je blâme le duel... mais il y a des circonstan@ces où l'homme se doit à son honneur ! A part, montrant sa lettre. Où est donc Jean ? MADAME PERRICHON, à part. Non ! c'est impossible ! je ne souffrirai pas. Elle va à la table au fond et écrit à part. Monsieur le préfet de police... JEAN, paraissant. Le dîner est servi ! PERRICHON, s'approchant de Jean et bas. Cette lettre à son adresse, c'est très-pressé ! Il s'éloigne. DANIEL, bas à Jean. Cette lettre à son adresse... c'est très-pressé ! Il s'éloigne. Daniel, Perrichon, Henriette, madame Perrichon. Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. Madame Perrichon, Jean, Perrichon, Daniel, Henriette, MADAME PERRICHON, bas à Jean. Cette lettre à son adresse... c'est très-pressé ! PERRICHON. Allons ! à table ! HENRIETTE, à part. Je vais faire prévenir monsieur Armand. Elle entre à droite. MADAME PERRICHON, à Jean ayant de sortir. Chut ! DANIEL, de même. Chut ! PERRICHON, de même. Chut ! Ils disparaissent tous les trois. JEAN, seul. Quel est ce mystère ? Lisant l'adresse des trois lettres. Monsieur le préfet... Monsieur la préfet... Monsieur le préfet... Étonné, et avec joie. Tiens ! il n'y a qu'une course ! FIN DU TROISIÈME ACTE #################################################################### un pavillon praticable. SCÈNE PREMIÈRE DANIEL, puis PERRICHON. DANIEL, entrant par le fond à gauche. Dix heures ! le rendez-vous n'est que pour midi. Il s'approche du pavillon et fait signe. Psit psit ! PERRICHON, passant la tête à la porte du pavillon. Ah ! c'est vous... ne faites pas de bruit... dans une minute je suis à vous@. Il rentre. DANIEL, seul. Ce pauvre monsieur Perrichon ! il a dû passer une bien mau@vaise nuit... heureusement ce duel n'aura pas lieu. PERRICHON, sortant du pavillon avec un grand manteau. Me voici. je vous attendais... DANIEL. Comment vous trouvez-vous ? Daniel, Perrichon. PERRICHON. Calme comme le bronze ! DANIEL. J'ai des épées dans la voiture. PERRICHON, entrouvrant son manteau. Moi, j'en ai là. DANIEL. Deux paires ! PERRICHON. Une peut casser... je ne veux pas me trouver dans l'embarras. DANIEL, à part. Décidément, c'est un lion !... Haut. Le fiacre est à la porte... si vous voulez. PERRICHON. Un instant ! Quelle heure est-il ? DANIEL. Dix. heures ! PERRICHON. Je ne veux pas arriver avant midi... ni après. A part. Ça ferait tout manquer. DANIEL. Vous avez raison... pourvu qu'on soit à l'heure. A part. Ça ferait tout manquer. PERRICHON. Arriver avant... c'est de la fanfaronnade... après, c'est de l'hési@tation d'ailleurs, j'attends Majorin... je lui ai écrit hier soir un mot pressant. DANIEL. Ah ! le voici. SCÈNE II LES MÊMES, MAJORIN. MAJORIN. J'ai reçu ton billet, j'ai demandé un congé... de quoi s'agit-il ? PERRICHON. Majorin... je me bats dans deux heures !... MAJORIN. Toi ? allons donc ! et avec quoi ? PERRICHON, ouvrant son manteau et laissant voir ses épées. Avec ceci. MAJORIN. Des épées ! PERRICHON. Et j'ai compté sur toi pour être mon second. Daniel remonte. MAJORIN. Sur moi ? permets, mon ami, c'est impossible ! PERRICHON. Pourquoi ? MAJORIN. Il faut que j'aille à mon bureau... je me ferais destituer. PERRICHON. Puisque tu as demandé un congé. MAJORIN. Pas pour être témoin !... On leur fait des procès aux témoins PERRICHON. il me semble, monsieur Majorin, que je vous ai rendu assez de Daniel, Majorin, Perrichon. services pour que vous ne refusiez pas de m'assister dans une cir@constance capitale de ma vie. MAJORIN, à part. Il me reproche ses six cents francs ! PERRICHON. Mais si vous craignez de vous compromettre... si vous avez peur. MAJORIN. Je n'ai pas pour... Avec amertune. D'ailleurs je ne suis pas libre... tu as su m'enchaîner par les liens de la reconnaissance. Grinçant. Ah ! la reconnaissanc !@@ DANIEL, à part. Encore un ! MAJORIN. Je ne te demande qu'une chose... c'est d'être de retour à deux heures... pour toucher mon dividende... je te rembourserai immé@diatement et alors... nous serons quittes !... DANIEL. Je crois@ qu'il est temps de partir. A perrichon. Si vous désirez faire vos adieux à madame Perrichon et à votre fille... PERRICHON. Non ! je veux éviter cette scène... ce serait des pleurs, des cris... elles s'attacheraient a mes habits pour me retenir... partons ! on entend chanter dans la coulisse. Ma fille ! SCÈNE III LES MÊMES, HENRIETTE puis MADAME PERRICHON. HENRIETTE, entrant en chantant, et un arrosoir à la main. Tra la la ! tra la la ! Parlé Ah ! c'est toi, mon petit papa. Majorin, Perrichon, Daniel. Majorin, Daniel, Perrichon, Henriette. PERRICHON. Oui... tu vois... nous partons... avec ces deux messieurs... il le faut... Il l'embrasse avec émotion. Adieu ! HENRIETTE, tranquillement. Adieu, papa. A part. Il n'y a rien à craindre, maman a prévenu le préfet de police... et moi, j'ai prévenu monsieur Armand. Elle va arroser les fleurs. PERRICHON, s'essuyant les yeux et la croyant près de lui. Allons ! ne pleure pas !... si tu ne me revois pas... songe... S'ar@rêtant. Tiens ! elle arrose ! MAJORIN, à part. Ça me révolte ! mais c'est bien fait ! MADAME PERRICHON, entrant avec des fleurs à la main, à son mari. Mon ami... peut-on couper quelques dalhias ? PERRICHON. Ma femme ! MADAME PERRICHON. Je cueille un bouquet pour mes vases. PERRICHON. Cueille... dans un pareil moment je n'ai rien à te refuser... je vais partir. Caroline. MADAME PERRICHON, tranquillement. Ah ! tu vas là-bas. PERRICHON. Oui je vais... là-bas, avec ces deux messieurs. MADAME PERRICHON. Allons ! tâche d'être revenu pour dîner. PERRICHON et MAJORIN. Hein ? PERRICHON à part. Cette tranquillité... est-ce que ma femme ne m'aimerait pas ? Majorin, Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. MAJORIN, à part. Tous les Perrichon manquent de coeur ! c'est bien fait ! DANIEL. Il est l'heure... si vous voulez être au rendez-vous à midi... PERRICHON, vivement. Précis ! MADAME PERRICHON, vivement. Précis ! vous n'avez pas de temps à perdre. HENRIETTE. Dépêche-toi, papa. @@PERRICHON. Oui. MAJORIN, à part. Ce sont elles qui le renvoient ! Quelle jolie famille ! PERRICHON. Allons ! Caroline ! ma fille ! adieu ! adieu ! Ils remontent. @@SCÈNE IV LES MÊMES, ARMAND. ARMAND, paraissant au fond. Restez, monsieur Perrichon, le duel n'aura pas lieu. TOUS. Comment ? HENRIETTE, à part. Monsieur Armand ! j'étais bien sûre de lui ! MADAME PERRICHON, à Armand. Mais, expliquez-nous... Majorin, Perrichon, Daniel, Armand, madame Perrichon, Henriette. ARMAND. C'est bien simple.., je viens de faire mettre à Clichy le comman@dant Mathieu. TOUS. A Clichy ? DANIEL, à part. Il est très-actif, mon rival ! ARMAND. Oui... cela avait été convenu depuis un mois entre le comman@dant et moi... et je ne pouvais trouver une meilleure occasion de lui être agréable. A perrichon. Et de vous en débarrasser ! MADAME PERRICHON, à Armand. Ah ! monsieur, que de reconnaissance. HENRIETTE, bas. Vous êtes notre sauveur ! PERRICHON, à part. Eh bien ! je suis contrarié de ça... j'avais si bien arrangé ma petite affaire. A midi moins un quart on nous mettait la main dessus. MADAME PERRICHON, allant à son mari. Remercie donc. PERRICHON. Qui ça ? MADAME PERRICHON. Eh bien ! monsieur Armand. PERRICHON. Ah ! oui. A Armand sèchement. Monsieur, je vous remercie. MAJORIN, à part. On dirait que ça l'étrangle. Haut. Je vais toucher mon dividende A Daniel Croyez-vous que la caisse soit ouverte@ ? DANIEL. Oui sans doute. J'ai une voiture, je vais vous conduire. Monsieur Perrichon, nous nous reverrons vous avez une réponse à me donner. MADAME PERRICHON, bas à Armand. Restez. Perrichon a promis de se prononcer aujourd'hui le moment est favorable, faites votre demande.@@ ARMAND. Vous croyez... c'est que. HENRIETTE, bas. Courage, monsieur Armand. ARMAND. Vous ! oh ! quel bonheur ! MAJORIN. Adieu, @Perrichon. DANIEL, saluant. Madame... mademoiselle. Henriette et madame Perrichon sortent par la droite Majorin et Daniel par le fond, à gauche. SCENE V PERRICHON, ARMAND, puis JEAN et le COMMANDANT. PERRICHON, à part. Je suis très-contrarié... très-contrarié !... j'ai passé une partie de la nuit à écrire à mes amis que je me battais... je vais être ridicule. ARMAND, à part. Il doit être bien disposé... Essayons. Haut. Mon cher monsieur Perrichon. Perrichon, Daniel, Majorin, madame Perrichon, Armand. Henriette. Perrichon, Armand. PERRICHON, sèchement. Monsieur ? ARMAND. Je suis plus heureux que je ne puis le dire d'avoir pu terminer cette désagréable affaire. PERRICHON, à part. Toujours son petit air protecteur ! Haut. Quant à moi, monsieur, je regrette que vous m'ayez privé du plaisir de donner une leçon à ce professeur de grammaire ! ARMAND. Comment ? mais vous ignorez donc que votre adversaire... PERRICHON. Est un ex-commandant au deuxième zouave... Eh bien ?... après ? J'estime l'armée, mais je suis de ceux qui savent la regarder en face. Il passe fièrement devant lui. JEAN, paraissant et annonçant. Le commandant Mathieu. PERRICHON. Hein ? ARMAND. Lui ! PERRICHON. Vous me disiez qu'il était en prison ! LE COMMANDANT, entrant. J'y étais, en effet, mais j'en suis sorti. Apercevant Armand. Ah ! monsieur Armand ! je viens de consigner le montant du billet que je vous dois, plus les frais... ARMAND. Très-bien, commandant... Je pense que vous ne me gardez pas rancune... vous paraissiez si désireux d'aller à Clichy. Jean, le Commandant, Armand, Perrichon. LE COMMANDANT. Oui, j'aime Clichy... mais pas les jours où je dois me battre. A Perrichon. Je suis désolé, monsieur, de vous avoir fait attendre. Je suis à vos ordres. JEAN, à part. Oh ! ce pauvre bourgeois ! PERRICHON. Je pense, monsieur, que vous me rendrez la justice de croire que je suis tout à fait étranger à l'incident qui vient de se pro@duire. ARMAND. Tout à fait car à l'instant même, monsieur me manifestait ses regrets de ne pouvoir se rencontrer avec vous... LE COMMANDANT, à Perrichon. Je n'ai jamais douté, monsieur, que vous ne fussiez un loyal ad@versaire. PERRICHON, avec hauteur. Je me plais à l'espérer, monsieur. JEAN, à part. Il est très-solide, le bourgeois. LE COMMANDANT. Mes témoins sont à la porte... partons ! PERRICHON. Partons ! LE COMMANDANT, tirant sa montre. Il est midi. PERRICHON, à part. Midi !... déjà ! LE COMMANDANT. Nous serons là-bas à deux heures... Jean, le Commandant, Perrichon, Armand. PERRICHON, à part. Deux heures ! ils seront partis.. ARMAND. Qu'avez-vous donc ? PERRICHON. J'ai... j'ai... messieurs, j'ai toujours pensé qu'il y avait quelque noblesse à reconnaître ses torts. LE COMMANDANT et JEAN, étonnés. Hein ? ARMAND. Que dit-il ? PERRICHON. Jean... laisse-nous ! ARMAND. Je me retire aussi. LE COMMANDANT. Oh ! pardon je désire que tout ceci se passe devant témoins. ARMAND. Mais... LE COMMANDANT. Je vous prie de rester. PERRICHON. Commandant... vous êtes un brave militaire... et moi... j'aime les militaires ! Je reconnais que j'ai eu des torts envers vous... et je vous prie de croire que. A part. Sapristi ! devant mon domes@tique ! Haut. Je vous prie de croire qu'il n'était ni dans mes inten@tions... Il fait signe de sortir à Jean, qui a l'air de ne pas comprendre. A part. Ça m'est égal, je le mettrai à la porte ce soir. Haut. ni dans ma pensée... d'offenser un homme que j'estime et que j'honore ! JEAN, à part. Il canne, le patron ! LE COMMANDANT. Alors, monsieur, ce sont des excuses. ARMAND, vivement. Oh ! des regrets !... PERRICHON. N'envenimez pas ! n'envenimez pas ! laissez parler le commandant. LE COMMANDANT. Sont-ce des regrets ou des excuses ? PERRICHON, hésitant. Mais... moitié l'un... moitié l'autre. LE COMMANDANT. Monsieur, vous avez écrit en toutes lettres sur le livre de Mon@tanvert... le commandant est un. PERRICHON, vivement. Je retire le mot ! il est retiré ! LE COMMANDANT. Il est retiré... ici... mais là-bas ! il s'épanouit au beau milieu d'une page que tous les voyageurs peuvent lire. PERRICHON. Ah ! dam ! pour ça ! à moins que je ne retourne moi-même l'ef@facer. LE COMMANDANT. Je n'osais pas vous le demander, mais puisque vous me l'offrez... PERRICHON. Moi ? LE COMMANDANT. J'accepte. PERRICHON. Permettez... LE COMMANDANT. Oh je ne vous demande pas de repartir aujourd'hui... non !... mais demain. PERRICHON et ARMAND. Comment ? LE COMMANDANT. Comment ? Par le premier convoi, et vous bifferez vous-même, de bonne grâce, les deux méchantes lignes échappées à votre im@provisation... ça m'obligera. PERRICHON. Oui... comme ça... il faut que je retourne en Suisse ? LE COMMANDANT. D'abord, le Montanvert était en Savoie... maintenant c'est la France ! PERRICHON. La France, reine des nations ! JEAN. C'est bien moins loin ! LE COMMANDANT, ironiquement. Il ne me reste plus qu'à rendre hommage à vos sentiments de conciliation. PERRICHON. Je n'aime pas à verser le sang ! LE COMMANDANT, riant. Je me déclare complétement satisfait. A Armand. Monsieur Des@roches, j'ai encore quelques billets en circulation, s'il vous en passe un par les mains, je me recommande toujours à vous ! Saluant. Messieurs, j'ai bien l'honneur de vous saluer! PERRICHON, saluant. Commandant. Le commandant sort. JEAN, à Perrichon, tristement. Eh bien! monsieur... voilà votre affaire arrangée. Armand, Perrichon, Jean. PERRICHON, éclatant. Toi, je te donne ton compte ! va faire tes paquets, animal. JEAN, stupéfait. Ah ! bah ! qu'est-ce que j'ai fait ! Il sort à droite. SCÈNE VI ARMAND, PERRICHON. PERRICHON, à part. Il n'y a pas à dire... j'ai fait des excuses ! moi ! dont on verra le portrait au Musée... mais à qui la faute ? à ce M. Armand ! ARMAND, à part, au fond. Pauvre homme ! je ne sais que lui dire. PERRICHON, à part. Ah ! ça, est-ce qu'il ne va pas s'en aller ? Il a peut-être encore quelque service à me rendre... Ils sont jolis, ses services ! ARMAND. Monsieur Perrichon ! PERRICHON. Monsieur ? ARMAND. @Hier, en vous quittant, je suis allé chez mon ami... l'employé à l'administration des douanes... Je lui ai parlé de votre affaire. PERRICHON, sèchement. Vous êtes trop bon. ARMAND. C'est arrangé !... on ne donnera pas suite au procès. PERRICHON. ############################### ARMAND. Seulement, vous écrirez au douanier quelques mots de regrets. PERRICHON, éclatant. C'est ça ! des excuses ! encore des excuses !... De quoi vous mêlez-vous, à la fin ? ARMAND. Mais... PERRICHON. Est-ce que vous ne perdrez pas l'habitude de vous fourrer à chaque instant dans ma vie ? ARMAND. Comment ! PERRICHON. Oui, vous touchez à tout ! Qui est-ce qui vous a prié de faire arrêter le commandant ? Sans vous, nous étions tous là-bas, à midi ! ARMAND. Mais rien ne vous empêchait d'y être à deux heures... PERRICHON. Ce n'est pas la même chose. ARMAND. Pourquoi ? PERRICHON. Vous me demandez pourquoi ? Parce que. non ! Vous ne saurez pas pourquoi ! Avec colère. Assez de services, monsieur ! assez de services ! Désormais, si je tombe dans un trou, je vous prie de m'y laisser ! j'aime mieux donner cent francs au guide... car ça coûte cent francs... il n'y a pas de quoi être si fier ! Je vous prierai aussi de ne plus changer les heures de mes duels, et de me laisser aller en prison si c'est ma fantaisie. ARMAND. Mais, monsieur Perrichon. PERRICHON. Je n'aime pas les gens qui s'imposent... c'est de l'indiscrétion ! Vous m'envahissez !... ARMAND. Permettez... PERRICHON. Non, monsieur ! on ne me domine pas, moi ! Assez de services ! assez de services ! Il sort parle pavillon. SCÈNE VII ARMAND, puis HENRIETTE. ARMAND, seul. Je n'y comprends plus rien... je suis abasourdi ! HENRIETTE, entrant par la droite, au fond. Ah ! monsieur Armand ARMAND. Mademoiselle Henriette ! HENRIETTE. Avez-vous causé avec papa ?@@ ARMAND. Oui, mademoiselle. HENRIETTE. Eh Lien ! @ARMAND. Je viens d'acquérir la preuve de sa parfaite antipathie. HENRIETTE. Que dites-vous là ? C'est impossible. Armand, Henriette. ARMAND@. Il a été jusqu'à me reprocher de l'avoir sauvé au Montanvert... J'ai cru qu'il allait m'offrir cent francs de récompense. HENRIETTE. Cent francs ! Par exemple ! ARMAND. Il dit que c'est le prix !... HENRIETTE. Mais c'est horrible !... c'est de l'ingratitude !... ARMAND. J'ai senti que ma présence le froissait, le blessait... et je n'ai plus, mademoiselle, qu'à vous faire mes adieux. HENRIETTE, vivement. Mais, pas du tout 1 restez ! ARMAND. A quoi bon ? c'est à Daniel qu'il réserve votre main. HENRIETTE. Monsieur Daniel ?... mais je ne veux pas ! ARMAND, avec joie. An ! HENRIETTE, se reprenant. Ma mère ne veut pas ! elle ne partage pas les sentiments de papa elle est reconnaissante, elle elle vous aime... Tout à l'heure elle me disait encore Monsieur Armand est un honnête homme... un homme de coeur, et ce que j'ai de plus cher au monde, je le lui don@nerai... ARMAND@ Mais, ce qu'elle a de plus cher... c'est vous ! HENRIETTE, naïvement. Je le crois. ARMAND. Ah ! mademoiselle, que je vous remercie HENRIETTE. Mais, c'est maman qu'il faut remercier. ARMAND. Et vous, mademoiselle, me permettez-vous d'espérer que vous aurez pour moi la même bienveillance ? HENRIETTE, embarrassée. Moi, monsieur ?... ARMAND. Oh ! parlez ! je vous en supplie. HENRIETTE, baissant les yeux. Monsieur, lorsqu'une demoiselle est bien élevée, elle pense tou@jours comme sa maman. Elle se sauve.@@ SCÈNE VIII ARMAND@, puis DANIEL. ARMAND, seul. Elle m'aime ! elle me l'a dit !... Ah ! je suis trop heureux !... ah !... DANIEL, entrant. Bonjour, Armand. ARMAND. C'est vous... A part. Pauvre garçon ! DANIEL. Voici l'heure de la philosophie... Monsieur Perrichon se recueille... et dans dix minutes nous allons connaître sa réponse. Mon pauvre ami ! ARMAND. Quoi donc ? DANIEL. Dans la campagne que nous venons de faire, vous avez commis fautes sur fautes... Armand, Daniel. ARMAND, étonné. Moi ? DANIEL. Tenez, je vous aime, Armand... et je veux vous donner un bon avis qui vous servira... pour une autre fois ! vous avez un défaut mortel ! ARMAND. Lequel ? DANIEL. Vous aimez trop à rendre service... c'est une passion malheu@reuse ! ARMAND, riant. Ah ! par exemple ! DANIEL. Croyez-moi... j'ai vécu plus que vous, et dans un monde... plus avancé ! Avant d'obliger un homme, assurez-vous bien d'abord que cet homme n'est pas un imbécile. ARMAND. Pourquoi ? @DANIEL. Parce qu'un imbécile est incapable de supporter longtemps cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance il y a même des gens d'esprit qui sont d'une constitution si délicate... ARMAND, riant. Allons ! développez votre paradoxe ! DANIEL. Voulez-vous un exemple monsieur Perrichon. PERRICHON, passant sa tête à la porte du pavillon. Mon nom ! DANIEL. Vous me permettrez de ne pas le ranger dans la catégorie des hommes supérieurs. Perrichon disparaît. DANIEL. Eh bien ! monsieur Perrichon vous a pris tout doucement en grippe. ARMAND. J'en ai bien peur. DANIEL. Et pourtant vous lui avez sauvé la vie. Vous croyez peut-être que ce souvenir lui rappelle un grand acte de dévouement ? Non ! il lui rappelle trois choses Primo, qu'il ne sait pas monter à cheval se@cundo, qu'il a eu tort de mettre des éperons, malgré l'avis de sa femme tertio, qu'il a fait en public une culbute ridicule... ARMAND. Soit, mais... DANIEL. Et comme il fallait un bouquet à ce beau feu d'artifice, vous lui avez démontré, comme deux et deux font quatre, que vous ne faisiez aucun cas de son courage, en empêchant un duel... qui n'aurait pas eu lieu. ARMAND. Comment ? DANIEL. J'avais pris @@mes mesures... Je rends aussi quelquefois des ser@vices... ARMAND. Ah ! vous voyez bien ! DANIEL. Oui, mais moi, je me cache... je me masque ! Quand je pénètre dans la misère de mon semblable, c'est avec des chaussons et sans lumière... comme dans une poudrière ! D'où je conclus... ARMAND. Qu'il ne faut obliger personne ? DANIEL. Oh ! non ! mais il faut opérer nuitamment et choisir sa victime ! D'où je conclus que ledit Perrichon vous déteste votre présence l'humilie, il est votre obligé, votre inférieur ! vous l'écrasez, cet homme ! ARMAND. Mais c'est de l'ingratitude !... DANIEL. L'ingratitude est une variété de l'orgueil... C'est l'indépendance du coeur, a dit un aimable philosophe. Or, monsieur Perrichon est le carrossier le plus indépendant de la carrosserie française ! J'ai flairé cela tout de suite... Aussi ai-je suivi une marche tout à fait opposée à la vôtre. ARMAND. Laquelle ? DANIEL. Je me suis laissé glisser... exprès ! dans une petite crevasse... pas méchante. ARMAND. Exprès ? DANIEL. Vous ne comprenez pas ? Donner à un carrossier l'occasion de sauver son semblable, sans danger pour lui, c'est un coup de maître ! Aussi, depuis ce jour, je suis sa joie, son triomphe, son fait d'ar@mes ! Dès que je parais, sa figure s'épanouit, son estomac se gonfle, il lui pousse des plumes de paon ! dans sa redingote... Je le tiens ! comme la vanité tient l'homme... Quand il se refroidit, je le ranime, je le souffle... je l'imprime dans le journal. à trois francs la ligne ! ARMAND. Ah bah ! c'est vous ? DANIEL. Parbleu ! Demain je le fais peindre à l'huile... en tête-à-tête avec le mont Blanc ! J'ai demandé un tout petit mont Blanc et un im@mense Perrichon ! Enfin, mon uni, retenez bien ceci... et surtout gardez-moi le secret les hommes ne s'attachent point à nous en raison des services que nous leur rendons, mais en raison de ceux qu'ils nous rendent ! ARMAND. Les hommes... c'est possible... mais les femmes ! DANIEL. Eh bien ! les femmes... ARMAND. Elles comprennent la reconnaissance, elles savent garder au fond du coeur le souvenir du bienfait... DANIEL. Dieu ! la jolie phrase ! ARMAND. Heureusement, madame Perrichon, ne partage pas les sentiments de son mari. DANIEL. La maman est peut-être pour vous... mais j'ai pour moi l'or@gueil du papa... du haut du Montanvert ma crevasse me pro@tège ! SCÈNE IX LES MÊMES, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. @PERRICHON, entrant accompagné de sa femme et de sa fille, il est très-grave. Messieurs, je suis heureux de vous trouver ensemble... vous m'avez fait tous deux l'honneur de me demander la main de ma fille... vous allez connaître ma décision... ARMAND, à part. Voici le moment. PERRICHON, à Daniel souriant. Monsieur Daniel... mon ami ! Daniel, Armand, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. ARMAND, à part. Je suis perdu ! PERRICHON. J'ai déjà fait beaucoup pour vous... je veux faire plus encore... Je veux vous donner. DANIEL, remerciant. Ah ! monsieur@ ! PERRICHON, froidement. Un conseil... Bas. Parlez moins haut quand vous serez près d'une porte. DANIEL, étonné. Ah ! bah ! PERRICHON. Oui... je vous remercie de la leçon. Haut. Monsieur Armand... vous avez moins vécu que votre ami... vous calculez moins, mais vous me plaisez davantage... je vous donne ma fille... ARMAND. Ah ! monsieur !... PERRICHON. Et remarquez que je ne cherche pas à m'acquitter envers vous... je désire rester votre obligé... Regardant Daniel. car il n'y a que les imbéciles qui ne savent pas supporter cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance, Il se dirige vers la droite, madame Perrichon fait passer sa fille du côté d'Armand, qui lui donne le bras. DANIEL, à part. Attrappe ! @ARMAND, à part. Oh ! ce pauvre Daniel ! DANIEL. Je suis battu ! A Armand . Après comme avant, donnons-nous la main. Daniel, Perrichon, Armand, madame Perrichon, Henriette. Daniel, Armand, Henriette, madame Perrichon, Perrichon. ARMAND. Oh ! de grand coeur ! DANIEL, allant à Perrichon. Ah ! monsieur Perrichon, vous écoutez aux portes ! PERRICHON. Eh ! mon Dieu un père doit chercher à s'éclairer... Le prenant à part. Voyons là... vraiment, est-ce que vous vous y êtes jeté exprès ? DANIEL. Où ça ? PERRICHON. Dans le trou ? DANIEL. Oui... mais je ne le dirai à personne... PERRICHON. Je vous en prie. Poignées de main. SCÈNE X LES MÊMES MAJORIN. MAJORIN. Monsieur Perrichon, j'ai touché mon dividende à trois heures... et j'ai gardé la voiture de monsieur pour vous rapporter plus tôt vos six cents francs... les voici ! PERRICHON. Mais cela ne pressait pas. MAJORIN. Pardon, cela pressait. considérablement maintenant nous som@mes quittes... complétement quittes ! PERRICHON, @à part. Quand je pense que j'ai été comme ça !... Armand, Henriette, madame Perrichon, Daniel, Perrichon @@Armand, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Majorin, Daniel MAJORIN à Daniel. Voici le numéro de votre voiture, il y a sept quarts, d'heure. Il lui donne une carte. @PERRICHON@ Monsieur Armand, nous resterons chez nous demain soir... et si vous voulez nous faire plaisir, vous viendrez prendre une tasse de thé. ARMAND, courant à Perrichon, bas. Demain ! vous n'y pensez pas... et votre promesse au comman@dant ! Il retourne près d'Henriette . PERRICHON. Ah ! c'est juste ! Haut. Ma femme... ma fille... nous repartons demain matin pour la mer de Glace. HENRIETTE, étonnée. Hein ? MADAME PERRICHON. Ah ! par exemple ! nous en arrivons ! pourquoi y retourner ? PERRICHON. Pourquoi ? peux-tu le demander ? tu ne devines pas que je veux revoir l'endroit où Armand m'a sauvé. MADAME PERRICHON. Cependant... PERRICHON. Assez ! ce voyage m'est commandants se repr@enant commandé par la reconnaissance ! FIN. | LE VOYAGE DE MONSIEUR PERRICHON ACTE PREMIER Une gare. Chemin de fer de Lyon, à Paris. - Au fond, barrière ouvrant sur les salles d'attente. Au fond, à droite, guichet pour les billets. Au fond, à gauche, bancs. A droite, marchande de gâteaux à gauche, marchande de livres. SCÈNE PREMIÈRE MAJORIN, UN EMPLOYÉ DU CHEMIN DE FER, VOYAGEURS COMMISSIONNAIRES. MAJORIN, se promenant avec impatience. Ce Perrichon n'arrive pas ! Voilà une heure que je l'attends.. C'est pourtant bien aujourd'hui qu'il doit partir pour la Suisse avec sa femme et sa fille... Avec amertume. Des carrossiers qui vont en Suisse ! Des carrossiers qui ont quarante mille livres de rentes 1 Des carrossiers qui ont voiture ! Quel siècle ! Tandis que moi, je gagne deux mille quatre cents francs... un employé laborieux, intelligent, toujours courbé sur son bureau... Aujourd'hui, j'ai demandé un congé... j'ai dit que j'étais de garde... Il faut absolument que je voie Perrichon avant son départ... je veux le prier de m'avancer 6 LE VOYAGE DE MONSIEUR PERRICHON mon trimestre... six cents francs ! Il va prendre son air protecteur... faire l'important !... un carrossier ! ça fait pitié ! Il n'arrive toujours pas ! on dirait qu'il le fait exprès ! S'adressant à un facteur qui passe suivi de voyageurs. Monsieur... à quelle heure part le train direct pour Lyon ?... LE FACTEUR, brusquement. Demandez à l'employé, Il sort par la gauche. MAJORIN. Merci... manant ! S'adressant à l'employé qui est près du guichet. Monsieur, à quelle heure part le train direct pour Lyon ?... L'EMPLOYÉ, brusquement. Ça ne me regarde pas ! voyez l'affiche, Il désigne une affiche à la cantonade à gauche. MAJORIN. Merci... A part. Ils sont polis dans ces administrations Si ja@mais tu viens à mon bureau, toi !. Voyons l'aff@iche... Il sort à gauche. SCÈNE II L'EMPLOYÉ, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. Ils entrent de la droite. PERRICHON . Par ici !... ne nous quittons pas ! nous ne pourrions plus nous retrouver... Où sont nos bagages ?... Regardant à droite à la canto@nade. Ah ! très-bien ! Qui est-ce qui a les parapluies ?... HENRIETTE. Moi, papa. PERRICHOX. Et le sac de nuit ?... les manteaux ?... Henriette, Perrichon, madame Perrichon. MADAME PERRICHON. Les voici ! PERRICHON. Et mon panama ?... Il est resté dans le fiacre ! Faisant un mouve@ment pour sortir et s'arrêtant. Ah ! non ! je l'ai à la main ! Dieu, que j'ai chaud ! MADAME PERRICHON. C'est ta faute !... tu nous presses, tu nous bouscules !... je n'aime pas à voyager comme ça ! PERRICHON. C'est le départ qui est laborieux... une fois que nous serons ca@@@sés !... Restez là, je vais prendre les billets@@@@ Donnant son chapeau à Henriette. Tiens, garde-moi mon panama... Au guichet. Trois pre@mières pour Lyon ?... L'EMPLOYÉ, brusquement. Ce n'est pas ouvert ! Dans un quart d'heure ! PERRICHON, à l'employé. Ah ! pardon ! c'est la première fois que je voyage. Revenant à sa femme. Nous sommes en avance. MADAME PERRICHON. Là ! quand je te disais que nous avions le temps... Tu ne nous as pas laissé déjeuner ! PERRICHON. Il veut mieux être en avance !... on examine la gare ! A Henriette. Eh bien ! petite fille, es-tu contente ?... Nous voilà partis !... encore quelques minutes, et, rapides comme la flèche de Guillaume Tell, nous nous élancerons vers les Alpes ! A sa femme. Tu as pris la lorgnette ? @MADAME PERRICHON. Mais, oui ! HENRIETTE, à son père. Sans reproches, voilà au moins deux ans que tu nous promets ce voyage. PERRICHON. Ma fille, il fallait que j'eusse vendu mon fonds... Un commerçant ne se retire pas aussi facilement des affaires qu'une petite fille de son pensionnat... D'ailleurs, j'attendais que ton éducation fût ter@minée pour la compléter en faisant rayonner devant toi le grand spec@tacle de la nature ! MADAME PERRICHON. Ah çà ! est-ce que vous allez continuer comme ça ?. PERRICHON.N. Quoi ?... MADAME PERRICHON. Vous faites des phrases dans une gare ! PERRICHON. Je ne fais pas de phrases... j'élève les idées de l'enfant. Tirant de sa poche un petit carnet. Tiens, ma fille, voici un carnet que j'ai acheté pour toi. HENRIETTE. Pourquoi faire ?... PERRICHON. Pour écrire d'un côté la dépense, et de l'autre les impressions. HENRIETTE. Quelles impressions ?... PERRICHON. Nos impressions de voyage ! Tu écriras, et moi je dicterai.@@ MADAME PERRICHON. Comment ! vous allez vous faire auteur à présent ? PERRICHON. Il ne s'agit pas de me faire auteur... mais il me semble qu'un homme du monde peut avoir des pensées et les recueillir sur un carnet ! MADAME PERRICHON. Ce sera bien joli ! PERRICHON, à part. Elle est comme ça, chaque fois qu'elle n'a pas pris son café ! UN FACTEUR, poussant un petit chariot chargé de bagages. @Mo@nsieur, voici vos bagages. Voulez-vous les faire enregistrer ?... PERRICHON. Certainement ! Mais avant, je vais les compter... parce que, quand on sait son compte... Un, deux, trois, quatre, cinq, six., ma femme, sept, ma fille, huit, et moi, neuf. Nous sommes neuf. LE FACTEUR. Enlevez ! PERRICHON, courant vers le fond. Dépêchons-nous ! LE FACTEUR. Pas par là, c'est par ici ! Il indique la gauche. PERRICHON. Ah ! très-bien ! Aux femmes. Attendez-moi là !... ne nous per@dons pas ! Il sort en courant, suivant le facteur. SCÈNE III@ MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis DANIEL. HENRIETTE. Pauvre père ! quelle peine il se donne ! MADAME PÉRRICHON. Il est comme un ahuri ! DANIEL, entrant suivi d'un commissionnaire qui porte sa malle. Je ne sais pas encore où je vais, attendez ! Apercevant Henriette. C'est elle je @ne me suis pas trompé ! Il salue Henriette qui lui rend son salut. MADAME PERRICHON, à sa fille. Quel est ce monsieur ?... Henriette, madame Perrichon, Daniel. . HENRIETTE. C'est un jeune homme qui m'a fait danser la semaine dernière au bal du huitième arrondissement. @MADAME PERRICHON, vivement. Un danseur! Elle salue Daniel . DANIEL.@@@@ Madame !... mademoiselle !... je bénis le hasard..@. Ces dames vont partir?... MADAME PERRICHON. Oui, monsieur ! DANIEL, @Ces dames vont à Marseille, sans doute ?... MADAME PERRICHON Non, monsieur. DANIEL. A Nice, peut-être ?... MADAME PERRICHON. Non, monsieur ! DANIEL. Pardon, madame... je croyais... si mes services... LE FACTEUR à Daniel. Bourgeois ! vous n'avez que le temps pour vos bagages. DANIEL. C'est juste ! al@lons ! A part J'aurais voulu savoir où elles vont... avant de prendre mon billet... Saluant Madame... mademoiselle... A part. Elles partent, c'est le principal ! Il sort par la gauche. SCÈNE IV MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis ARMAND. MADAME PERRICHON. Il est très-bien, ce jeune homme ! ARMAND, tenant un sac de nuit. Portez ma malle aux bagages... je vous rejoins ! Apercevant Hen@riette. C'est elle ! Ils se saluent . MADAME PERRICHON. Quel est ce monsieur ?... HENRIETTE C'est encore un jeune homme qui m'a fait danser au bal du hui@tième arrondissement. MADAME PERRICHON. Ah çà ! ils se sont donc tous donné rendez-vous ici ?... n'importe, c'est un danseur ! Saluant. Monsieur... ARMAND. Madame... mademoiselle... je bénis le hasard... Ces dames vont partir ? MADAME PERRICHON. Oui, monsieur. ARMAND. Ces dames vont à Marseille, sans doute ?... MADAME PERRICHON. Non, monsieur. ARMAND. A Nice, peut-être ?... MADAME PERRICHON, à part. Tiens, comme l'autre ! Haut. Non monsieur ! ARMAND. Pardon, madame, je croyais... si mes services. MADAME PERRICHON, à part. Après ça ! ils sont du même arrondissement. ARMAND, à part. Je ne suis pas plus avancé... je vais faire enregistrer ma malle. je reviendrai ! Saluant. Madame... mademoiselle. Armand, madame Perrichon, Henriette. SCÈNE V MADAME PERRICHON, HENRIETTE, MAJORIN, puis PERRICHON. MADAME PERRICHON. Il est très-bien, ce jeune homme !... Mais que fait ton père ? les jambes me rentrent dans le corps ! MAJORIN, entrant de la gauche. Je me suis trompé, ce train ne part que dans une heure ! HENRIETTE. Tiens ! monsieur Majorin ! MAJORIN, à part. Enfin ! les voici MADAME PERRICHON. Vous ! comment n'êtes-vous pas à votre bureau ?... MAJORIN. J'ai demandé un congé, belle dame je ne voulais pas vous lais@ser partir sans vous faire mes adieux ! MADAME PERRICHON. @@Comment ! c'est pou@r ce@la que vous êtes venu ! ah ! que c'est aimable ! MAJORIN. Mais je ne vois pas Perrichon ! HENRIETTE. Papa s'occupe des bagages. PERRICHON, entrant eu courant à la cantonade. Les billets d'abord ! très-bien ! MAJORIN. Ah ! le voici ! Bonjour cher ami ! Majorin, madame Perrichon, Henriette. Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Majorin. PERRICHON, très-pressé. Ah ! c'est toi ! tu es bien gentil d'être venu !. Pardon, il faut que je prenne mes billets ! Il le quitte. MAJORIN, à part. Il est poli ! PERRICHON, à l'employé au guichet. Monsieur, on ne veut pas enregistrer mes bagages avant que je n'aie pris mes billets ? L'EMPLOYÉ. Ce n'est pas ouvert ! attendez ! PERRICHON, Attendez ! et là-bas, ils m'ont dit Dépêchez-vous ! S'essuyant le front. Je suis en nage ! MADAME PERRICHON. Et moi, je ne tiens plus sur mes jambes ! PERRICHON. @Eh bien, asseyez-vous ! Indiquant le fond à gauche. Voilà des bancs... vous êtes bonnes de rester plantées là comme deux fac@tionnaires. MADAME PERRICHON. C'est toi-même qui nous as dit restez-la! tu n'en finis pas ! tu es insupportable ! PERRICHON. Voyons, Caroline ! MADAME PERRICHON. Ton voyage ! j'en ai déjà assez ! PERRICHON. On voit bien que tu n'as pas pris ton café ! Tiens, vas t'asseoir ! MADAME PERRICHON. Oui ! mais dépêche-toi ! Elle va s'asseoir avec Henriette. SCÈNE VI @PERRICHON, MAJORIN. MAJORIN, à part. Joli petit ménage ! PERRICHON, à Majorin. C'est toujours comme ça quand elle n'a pas pris son café... Ce bon Majorin ! c'est bien gentil à toi d'être venu ! MAJORIN. Oui, je voulais te parler d'une petite affaire. PERRICHON distrait. Et mes bagages qui sont@ restés là-bas sur une table... Je suis inquiet ! Haut. Ce bon Majorin ! c'est bien gentil à toi d'être venu !. A part. Si j'y allais !.-MAJORIN. J'ai un petit service à te demander. PERRICHON. A moi ?... MAJORIN. J'ai déménagé... et si tu voulais m'avancer un trimestre de mes appointements... six cents francs ! PERRICHON. Comment ici ?. MAJORIN. Je crois t'avoir toujours rendu exactement l'argent que tu m'as prêté. @@@PERRICHON. Il ne s'agit pas de ça ! MAJORIN. Pardon ! je tiens à le constater... Je touche mon dividende des paquebots le huit du mois prochain j'ai douze actions et si tu n'as pas confiance en moi, je te remettrai les titres en garantie. PERRICHON. Allons donc ! es-tu bête !@@ MAJORIN, sèchement. Merci ! PERRICHON. Pourquoi diable aussi viens-tu me demander ça au moment où je pars ?... j'ai pris juste l'argent nécessaire à mon voyage. MAJORIN. Après ça, si ça te gêne... n'en parlons plus. Je m'adresserai à des usuriers qui me prendront cinq pour pour cent par an... je n'en mourrai pas ! PERRICHON, tirant son porte-feuille. Voyons, ne te fâche pas !... tiens, les voilà tes six cents francs, mais n'en parle pas à ma femme. MAJORIN, prenant les billets. Je comprends ! elle est si avare ! PERRICHON. Comment ! avare ?... MAJORIN. @Je veux dire qu'elle a de l'ordre ! PERRICHON. Il faut ça, mon ami !... il faut ça ! MAJORIN, sèchement. Allons ! c'est six cents francs que je te dois... adieu ! A part. Que d'histoires ! pour six-cents francs !... et ça va en Suisse!... Carros@sier !.. Il diparaît à droite. PERRICHON. Eh bien ! il part ! il ne m'a seulement pas dit merci ! mais au fond, je crois qu'il m'aime ! Apercevant le guichet ouvert Ah ! sapristi ! on distribue les billets !.. Il se précipite vers la balustrade et bouscule cinq à six personnes qui font la queue. UN VOYAGEUR. Faites donc attention, monsieur ! L'EMPLOYÉ, à Perrichon. Prenez votre tour, vous ! là-bas ! PERRICHON à part. Et mes bagages !... et ma femme !... Il se met à la que@u. SCÈNE VII LES MÊMES, LE COMMANDANT suivi de JOSEPH, qui porte sa valise. LE COMMANDANT. Tu m'entends bien ! JOSEPH. Oui, mon commandant. LE COMMANDANT. Et si elle demande où je suis ?... quand je reviendrai ? tu répondras que tu n'en sais rien. Je ne veux plus entendre parler d'elle. JOSEPH. Oui, mon commandant. LE COMMANDANT.T. Tu diras à Anita que tout est fini... bien fini... JOSEPH. Oui, mon commandant. PERRICHON. J'ai mes billets !.. vite ! à mes bagages ! Quel métier que d'aller à Lyon ! Il sort en courant. LE COMMANDANT. Tu m'as bien compris ? JOSEPH. Sauf votre respect, mon commandant, c'est bien inutile de partir. LE COMMANDANT. Pourquoi ?.. Le Commandant, Joseph. JOSEPH. Parce qu'à son retour, mon commandant reprendra mademoiselle Anita. LE COMMANDANT@. Oh ! JOSEPH. Alors, autant vaudrait ne pas la quitter les raccommodements coûtent toujours quelque chose à mon commandant. LE COMMANDANT. Ah ! cette fois, c'est sérieux ! Anita s'est rendue indigne de mon affection et des bontés que j'ai pour elle. JOSEPH. On peut dire qu'elle vous ruine, mon commandant. Il est encore venu un huissier ce matin... et les huissiers, c'est comme les vers... quand ça commence à se mettre quelque part. LE COMMANDANT. @A mon retour, j'arrangerai toutes mes affaires... adieu ! JOSEPH. Adieu mon commandant. LE COMMANDANT s'approche du guichet et revient. Ah ! tu m'écriras à Genève, poste restante... tu me donneras des nouvelles de ta santé... JOSEPH, flatté. Mon commandant est bien bon ! LE COMMANDANT. Et puis, tu me diras si l'on a eu du chagrin en apprenant mon départ... si l'on a pleuré... JOSEPH. Qui ça, mon commandant ?.. LE COMMANDANT. Eh parbleu ! elle ! Anita ! JOSEPH. Vous la reprendrez, mon commandant ! Joseph, le Commandant. LE COMMANDANT. Jamais ! JOSEPH. Ça fera la huitième fois. Ça me fait de la peine de voir un brave homme comme vous, harcelé par des créanciers... et pour qui ? pour une... LE COMMANDANT. Allons, c'est bien ! donne-moi ma valise ? et écris-moi-à Genève.., demain ou ce soir ! bonj@our ! JOSEPH. Bon voyage, mon commandant ! A part. Il sera revenu avant huit jours ! 0 les femmes ! et les hommes !... Il sort. - Le commandant va prendre son billet et entre dans la salle d'attente. SCÈNE VIII MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis PERRICHON, UN FACTEUR. MADAME PERRICHON, se levant avec sa fille. Je suis lasse d'être assise ! PERRICHON, entrant en courant. Enfin! c'est fini ! j'ai mon bulletin ! je suis enregistré ! @MADAME PERRICHON. Ce n'est pas malheureux ! LE FACTEUR, poussant son chariot vide, à Perrichon. Monsieur... n'oubliez pas le facteur, s'il vous plaît... PERRICHON. Ah ! oui... Attendez... Se concertant avec sa femme et sa fille. Qu'est-ce qu'il faut lui donner à celui-là, dix sous ?... MADAME PERRICHON. Quinze. Henriette, Perrichon, madame Perrichon. HENRIETTE. Vingt. PERRICHON. Allons... va pour vingt sous ! Les lui donnant Tenez, mon garçon. LE FACTEUR. Merci, monsieur ! Il sort. MADAME PERRICHON. Entrons-nous ? PERRICHON. Un instant. Henriette, prends ton carnet et écris. MADAME PERRICHON. Déjà ! PERRICHON, dictant. Dépenses fiacre deux francs... chemin de fer, cent soixante-douze francs cinq centimes... facteur, un franc. HENRIETTE. C'est fait ! PERRICHON. Attends ! impression !@@ MADAME PERRICHON, à part. Il est insupportable ! @PERRICHON, dictant. Adieu, France... reine des nations ! S'interrompant Eh bien ! et mon panama ?.. je l'aurai laissé aux bagages ! Il veut courir. MADAME PERRICHON. Mais non ! le voici ! PERRICHON. Ah ! oui ! Dictant Adieu, France ! reine des nations ! On entend la cloche et l'on voit accourir plusieurs voyageurs. MADAME PERRICHON. Le signal ! tu vas nous faire manquer le convoi ! PERRICHON. Entrons, nous finirons cela plus tard ! L'employé l'arrête à la bar@rière pour voir les billets. Perrichon querelle sa femme, et sa fille finit par trouver les billets dans sa poche. Ils entrent dans la salle d'attente. SCÈNE IX ARMAND, DANIEL puis PERRICHON. Daniel, qui vient de prendre son billet, est heurté par Armand qui veut prendre le sien. ARMAND. Prenez donc garde ! DANIEL. Faites attention vous-même ! ARMAND. Daniel ! DANIEL. Armand ! ARMAND. Vous partez ?.. DANIEL. A l'instant ! et vous ?.. ARMAND. Moi aussi ! DANIEL. C'est charmant ! nous ferons route ensemble ! J'ai des cigares de première classe... et où allez-vous ? ARMAND. Ma foi, mon cher ami, je n'en sais rien encore. DANIEL. Tiens ! c'est bizarre ! ni moi non plus ! J'ai pris un billet jusqu'à Lyon. ARMAND. Vraiment ! moi aussi ! je me dispose à suivre une demoiselle charmante. Daniel, Armand. DANIEL. Tiens ! moi aussi.@@ ARMAND. La fille d'un carrossier ! DANI@EL Perrichon ? ARMAND. Perrichon ! DANIEL. C'est la même ! ARMAND. Mais je l'aime, mon cher Daniel. DANIEL. Je J'aime également, mon cher Armand. ARMAND. Je veux l'épouser ! DANIEL. Moi, je veux la demander en mariage... ce qui est à peu près la même chose. ARMAND. Mais nous ne pouvons l'épouser tous les deux DANIEL. En France, c'est défendu ! ARMAND. Que faire ?... DANIEL. C'est bien simple ! puisque nous sommes sur le marchepied du wagon, continuons gaiement notre voyage... cherchons à plaire... à nous faire mer, chacun de notre côté ! ARMAND, riant. Alors, c'est un concours !... un tournoi ?... DANIEL. Une lutte loyale... et amicale... Si vous êtes vainqueur... je m'in clinerai... si je l'emporte, vous ne me tiendrez pas rancune ! Est-ce dit ? ARMAND. Soit ! j'accepte. DANIEL. La main, avant la bataille ? ARMAND. @@Et la main après. Ils se donnent la main. PERRICHON, entrant en courant, à la cantonade. Je te dis que j'ai le temps ! DANIEL.@ Tiens ! notre beau-père ! PERRICHON, à la marchande de livres. Madame, je voudrais un livre pour ma femme et ma fille... un livre qui ne parle ni de galanterie, ni d'argent, ni de politique, ni de mariage, ni de mort. DANIEL, à part. Robinson Crusoé ! LA MARCHANDE. Monsieur, j'ai votre affaire. Elle lui remet un volume. PERRICHON, lisant. Les Bords de la Saône deux francs ! Payant. Vous me jurez qu'il n'y a pas de bêtises là-dedans ? On entend la cloche . Ah diable ! Bonjour, madame, Il sort en courant. ARMAND. Suivons le ? DANIEL. Suivons ! C'est égal, je voudrais bien savoir où nous allons ?... On voit courir plusieurs voyageurs. - Tableau. Perrichon, Daniel, Armand. FIN DU PREMIER ACTE ACTE DEUXIÈME Un intérieur d'auberge au Montanvert, près de la mer de Glace. - Au fond, à droite, porte d'entrée au fond, à gauche, fenêtre vue de montagnes couvertes de neige à gauche, porte et cheminée haute. - Table, à droite, table o@ù est le livre des voyageurs, et porte. SCÈNE PREMIÈRE ARMAND, DANIEL, L'AUBERGISTE, UN GUIDE. Daniel et Armand sont assis à une table, et déjeunent. L'AUBERGISTE. @@@Ces messieurs prendront-ils autre chose@ ? DANIEL. Tout à l'heure... du café. ARMAND. Faites manger le guide après nous partirons pour la mer de Glace. L'AUBERGISTE. Venez, guide, Il sort, suivi du guide, par la droite. DANIEL. Eh bien ! mon cher Armand ? ARMAND. Eh bien ! mon cher Daniel ? Armand, Daniel, l'Aubergiste, le Guide. DANIEL. Les opérations sont engagées, nous avons commencé l'attaque. ARMAND. Notre premier soin a été de nous introduire dans le même wagon que la famille Perrichon le papa avait déjà mis sa calotte. DANIEL. Nous les avons bombardés de prévenances, de petits soins. ARMAND. Vous avez prêté votre journal à monsieur Perrichon, qui a dormi dessus... En échange, il vous a offert les Bords de la Saône... un livre avec des images. DANIEL. Et vous, à partir de Dijon, vous avez tenu un store dont la mé@canique était dérangée ça a dû vous fatiguer. ARMAND. Oui, mais la maman m'a comblé de pastilles de chocolat. DANIEL. Gourmand !... vous vous êtes fait nourrir. ARMAND. A Lyon, nous descendons au même hôtel... DANIEL. Et le papa, en nous retrouvant, s'écrie Ah ! quel heureux hasard !. ARMAND. A Genève, même rencontre... imprévue... DANIEL. A Chamouny, même situation et le Perrichon de s'écrier toujours Ah ! quel heureux hasard ! ARMAND. Hier soir, vous apprenez que la famille se dispose à venir voir la mer de Glace, et vous venez me chercher dans ma chambre... dès l'aurore... c'est un trait de gentilhomme ! @@DANIEL. C'est dans notre programme... lutte loyale !... Voulez-vous de l'omelette ? ARMAND. Merci... Mon cher, je dois vous prévenir... loyalement, que de Châlon à Lyon, mademoiselle Perrichon m'a regardé trois fois. DANIEL. Et moi, quatre ! ARMAND. @@Diable ! c'est sérieux ! DANIEL. Ça le sera bien davantage quand elle ne nous regardera plus. Je crois qu'en ce moment elle nous préfère tous les deux. ça peut durer longtemps comme ça heureusement nous sommes gens de loisir. ARMAND. Ah çà ! expliquez-moi comment vous avez pu vous éloigner de Paris, étant le gérant d'une société de paquebots ?... DANIEL. Les Remorqueurs sur la Seine... capital social, deux millions. C'est bien simple je me suis demandé un petit congé, et je n'ai pas @@hésité à me l'accorder... J'ai de bons employés les paquebots vont tous seuls, et pourvu que je sois à Paris le huit du mois prochain pour le paiement du dividende... Ah çà ! et vous ?... un banquier... Il me semble que vous pérégrinez beaucoup@ ? ARMAND. Oh ! ma maison de banque ne m'occupe guère... J'ai associé mes capitaux en réservant la liberté de ma personne, je suis ban@quier... DANIEL. Amateur ! ARMAND. Je n'ai, comme vous, affaire à Paris que vers le huit du mois pro@chain. DANIEL. Et d'ici-là nous allons nous faire une guerre à outrance... ARMAND. A outrance ! comme deux bons amis. J'ai eu un moment la pen@sée de vous céder la place mais j'aime sérieusement Henriette. DANIEL. C'est singulier... je voulais vous faire le même sacrifice... sans rire. A Châlon, j'avais envie de décamper, mais je l'ai regardée. ARMAND. Elle est si jolie ! DANIEL. Si douce ! ARMAND. Si blonde ! DANIEL. Il n'y a presque plus de blondes et des yeux ! ARMAND. Comme nous les aimons. DANIEL. Alors je suis resté ! ARMAND. Ah ! je vous comprends ! DANIEL. A la bonne heure ! C'est un plaisir de vous avoir pour ennemi ! Lui serrant la main. Cher Armand ! ARMAND, de même. Bon Daniel ! Ah cà ! monsieur Perrichon n'arrive pas. Est-ce qu'il aurait changé son itinéraire ? si nous allions les perdre ? DANIEL. Diable ! c'est qu'il est capricieux le bonhomme... Avant-hier il nous a envoyés nous promener à Ferney où nous comptions le re@trouver... ARMAND. Et pendant ce temps, il était allé à Lauzanne. DANIEL. E@h bien, c'est drôle de voyager comme cela ! Voyant Armand qui se lève. Où allez-vous donc ? ARMAND. Je ne tiens pas en place, j'ai envie d'aller au-devant de ces dames. DANIEL. Et le café ? ARMAND. Je n'en prendrai pas... au revoir ! Il sort vivement par le fond. SCÈNE II DANIEL, puis L'AUBERGISTE, puis LE GUIDE. DAN@@@@ Quel excellent garçon ! c'est tout coeur, tout feu... mais ça ne sait pas vivre, il est parti sans prendre son café ! Appelant. Holà !... monsieur l'aubergiste ! L'AUBERGISTE, paraissant. Monsieur ! DANIEL. Le café. L'aubergiste sort. Daniel allume un cigare. Hier, j'ai voulu faire fumer le beau-père... ça ne lui a pas réussi... L'AUBERGISTE, apportant le café. Monsieur est servi. DANIEL, s'asseyant derrière la table, devant la cheminée et étendant une jambe sur la chaise d'Armand. Approchez cette chaise... très-bien... Il a désigné une autre chaise, Il y étend l'autre jambe. Merci !... Ce pauvre Armand ! il court sur la grande route, lui, en plein soleil... et moi, je m'étends ! Qui arrivera le premier de nous deux ? nous avons la fable du Lièvre et de la Tortue. L'AUBERGISTE, lui présentant un registre. @Monsieur veut-il écrire quelque chose sur le livre des voya@geurs ? DANIEL. Moi ?... je n'écris jamais après mes repas, rarement avant... Voyons les pensées délicates et ingénieuses des visiteurs, Il feuillète le livre, lisant. Je ne me suis jamais mouché si haut !. Signé Un voyageur enrhumé... Il continue à feuilleter. Oh ! la belle écriture. Lisant Qu'il est beau d'admirer les splendeurs de la nature, entouré de sa femme et de sa nièce !... Signé Malaquais, rentier.@.. Je me suis toujours demandé pourquoi les Français, si spirituels chez eux, sont si bêtes en voyage ! Cris et tumulte en dehors. L'AUBERGISTE. Ah ! mon Dieu ! DANIEL. Qu'y a-t-il ? @@@@SCÈNE III DANIEL, PERRICHON, ARMAND, MADAME PERRICHON, HENRIETTE, L'AUBERGISTE. Perrichon entre, soutenu par sa femme et le guide. ARMAND. Vite, de l'eau ! du sel ! du vinaigre ! DANIEL. Qu'est-il donc arrivé ? HENRIETTE. Mon père a manqué de se tuer@@ ! DANIEL. Est-il possible ? PERRICHON, assis. Ma femme !... ma fille !... Ah ! je me sens mieux... HENRIETTE, lui présentant un verre d'eau sucrée. Tiens !... bois !... ça te remettra... Daniel, Henriette, Perrichon, madame Perrichon, Armand. PERRICHON. Merci... quelle culbute ! Il boit. @@@@MADAME PERRICHON. C'est ta faute aussi... vouloir monter à cheval, un père de famille... et avec des éperons encore ! PERRICHON, Les éperons n'y sont pour rien... c'est la bête qui est ombra@geuse. MADAME PERRICHON, Tu l'auras piquée sans le vouloir@, elle s'est ca@brée... HENRIETTE, Et sans monsieur Armand qui venait d'arriv@er... mon père dispa@raissait dans un précipice.@.. MADAME PERRICHON, Il y était déjà. je le voyais rouler comme une boule... nous poussions des cris !... HENRIETTE. Alors, monsieur s'est élancé !. MADAME PERRICHON. Avec un courage, un sang-froid !... Vous êtes notre sauveur... car sans vous mon mari. mon pauvre ami.. Elle éclate en sanglots ARMAND. Il n'y a plus de danger... calmez@-vous ! MADAME PERRICHON, pleurant toujours. Non ! ça me fait du bien ! A son mari. Ça t'apprendra à mettre des éperons, Sanglotant plus fort. Tu n'aimes pas ta famille. HENRIETTE, à Armand. Permettez-moi d'ajouter mes remercîments à ceux de ma mère, je garderai toute ma vie le souvenir de cette journée... toute ma vie !... ARMAND. Ah ! mademoiselle ! Daniel, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Armand. PERRICHON, à part. A mon tour ! monsieur Armand !... non, laissez-moi vous appeler Armand ? ARMAND. Comment donc ! PERRICHON. Armand... donnez-moi la main. Je ne sais pas faire de phrase, moi... mais tant qu'il battra, vous aurez une place dans le coeur de Perrichon ! Lui serrant la main. Je ne vous dis que cela ! MADAME PERRICHON. Merci !... monsieur Armand ! HENRIETTE. Merci, monsieur Armand ! ARMAND. Mademoiselle Henriette ! DANIEL, à part. Je commence à croire que j'ai eu tort de prendre mon café ! MADAME PERRICHON, à l'aubergiste. Vous ferez reconduire le cheval, nous retournerons tous en voi@ture. PERRICHON, se levant. Mais je t'assure, ma chère amie, que je suis assez bon cavalier... Poussant un cri. Aïe ! TOUS. Quoi ? PERRICHON. Rien !... les reins ! Vous ferez reconduire le cheval ! MADAME PERRICHON. Viens te reposer un moment au revoir, monsieur Armand ! HENRIETTE. Au revoir, monsieur Armand ! PERRICHON, serrant énergiquement la main d'Armand. A bientôt... Armand ! Poussant un second cri. Aïe !... j'ai trop serré ! Il entre à gauche suivi de sa femme et de sa fille. SCÈNE IV ARMAND, DANIEL. ARMAND. Qu'est-ce que vous dites de cela, mon cher Daniel ? DANIEL. Que voulez-vous ? c'est de la veine !... vous sauvez le père, vous cultivez le précipice, ce n'était pas dans le programme ! ARMAND. C'est bien le hasard... DANIEL. Le papa vous appelle Armand, la mère pleure et la fille vous dé@coche des phrases bien senties... empruntées aux plus belles pages de monsieur Bouilly... Je suis vaincu, c'est clair ! et je n'ai plus qu'à vous cé@der la place... ARMAND. Allons donc ! vous plaisantez... DANIEL. Je plaisante si peu que, dès ce soir, je pars pour Paris. ARMAND. Comment ? DANIEL. Où vous retrouverez un ami... qui vous souhaite bonne chance ! ARMAND. Vous partez ! ah ! merci ! DANIEL. Voilà un cri du coeur ! ARMAND. Ah ! pardon ! je le retire !... après le sacrifice que vous me faites Armand, Daniel. DANIEL. Moi ? entendons-nous bien... je ne vous faits pas le plus léger sacrifice. Si je me retire, c'est que je ne crois avoir aucune chance de réussir car, maintenant encore, s'il s'en présentait une... même petite, je resterais. ARMAND. Ah ! DANIEL. Est-ce singulier ! Depuis qu'Henriette m'échappe, il me semble que je l'aime davantage. ARMAND. Je comprends cela... aussi, je ne vous demanderai pas le service que je voulais vous demander. DANIEL. Quoi donc ? ARMAND. Non, rien. DANIEL. Parlez... je vous en prie. ARMAND. J'avais songé... puisque vous partez, à vous prier devoir monsieur Perrichon, de lui toucher quelques mots de ma position, de mes espérances. DANIEL. Ah ! diable ! ARMAND. Je ne puis le faire moi-même... j'aurais l'air de réclamer le prix du service que je viens de lui rendre. DANIEL. Enfin, vous me priez de faire la demande pour vous ? Savez-vous que c'est original ce que vous me demandez là. ARMAND. Vous refusez?... DANIEL. Ah ! Armand ! j'accepte ! ARMAND. Mon ami ! DANI@@@ Avouez que je suis un bien bon petit rival, un rival qui fait la@@ demande. Voix de Perrichon dans la coulisse. J'entends le beau-père ! Allez fumer un cigare et revenez ! ARMAND. Vraiment ! je ne sais comment vous remercier... DANIEL. Soyez tranquille, je vais faire vibrer chez lui la corde de la recon@naissance. Armand sort par le fond. SCÈNE V DANIEL, PERRICHON, puis L'AUBERGISTE.@@@@ PERRICHON, entrant et parlant à la cantonade, Mais certainement il m'a sauvé ! certainement il m'a sauvé, et, tant qu'il battra, le coeur de Perrichon... je lui ai dit... DANIEL. Eh bien ! monsieur Perrichon... vous sentez-vous mieux ? PERRICHON. Ah ! je suis tout à fait remis... je viens de boire trois gouttes de rhum dans un verre d'eau, et dans un quart d'heure, je compte gambader sur la mer de Glace. Tiens, votre ami n'est plus là ? DANIEL. Il vient de sortir. PERRICHON. C'est un brave jeune homme !... ces dames l'aiment @beaucoup. Perrichon, Daniel. DANIEL. Oh quand elle le connaîtront davantage !... un coeur d'or ! obli@geant, dévoué, et d'une modestie ! PERRICHOX. Oh ! c'est rare. DANIEL. Et puis il est banquier... c'est un banquier !. PERRICHON. Ah ! DANIEL. Associé de la maison Turneps, Desroches et Ce, dites donc. C'est assez flatteur d'être repêché par un banquier... car, enfin, il vous a sauvé !... Hein ?... sans lui !... PERRICHON. Certainement... certainement. C'est très-gentil ce qu'il a fait là ! DANIEL, étonné. Comment, gentil ! PERRICHON. Est-ce que vous allez vouloir atténuer le mérite de son action ? DANIEL. Par exemple ! PERRICHON. Ma reconnaissance ne finira qu'avec ma vie... çà !... tant que le coeur de Perrichon battra. Mais, entre nous, le service qu'il m'a rendu n'est pas aussi grand que ma femme et ma fille veulent bien le dire. DANIEL, étonné. Ah bah ? PERRICHON Oui. Elles se montent la tête. Mais, vous savez, les femmes !..@ DANIEL. Cependant, quand Armand vous a arrêté, vous rouliez... PERRICHON. Je roulais, c'est vrai... mais avec une présence d'esprit éton@nante... J'avais aperçu un petit sapin après lequel j'allais me cram@ponner je le tenais déjà quand votre ami est arrivé. @DANIEL, à part. Tiens, tiens ! vous allez voir qu'il s'est sauvé tout seul. PERRICHON. Au reste, je ne lui sais pas moins gré de sa bonne intention... Je compte le revoir... lui réitérer mes remercîments... je l'inviterai même cet hiver.@@ DANIEL, à part. Une tasse de thé ! PERRICHON. Il paraît que ce n'est pas la première fois qu'un pareil accident arrive à cet endroit-là... c'est un mauvais pas... L'aubergiste vient de me raconter que, l'an dernier, un Russe... un prince... très-bon cavalier !... car ma femme a beau dire, ça ne tient pas à mes épe@rons ! avait roulé dans le même trou. DANIEL. En vérité ? PERRICHON. Son guide l'a retiré... Vous voyez qu'on s'en retire parfaitement... Eh bien ! le Russe lui a donné cent francs ! DANIEL. C'est très-bien payé ! PERRICHON. Je le crois bien !... Pourtant c'est ce que ça vaut !... DA@@NIEL. Pas un sou de plus. A part. Oh ! mais je ne pars pas. PERRICHON, remontant. Ah çà ! ce guide n'arrive pas. DANIEL. Est-ce que ces dames sont prêtes ? PERRICHON. Non... elles ne viendront pas vous comprenez ? mais je compte sur vous... DANIEL. Et sur Armand ? PERRICHON. S'il veut être des nôtres, je ne refuserai certainement pas la com@pagnie de M. Desroches. DANIEL, à part. M. Desroches ! Encore un peu il va le prendre en grippe ! L'AUBERGISTE, entrant de la droite. Monsieur !... PERRICHON. Eh bien ! ce guide ? L'AUBERGISTE. Il est à la porte... Voici vos chaussons. PERRICHON. Ah ! oui ! il paraît qu'on glisse dans les crevasses là-bas... et comme je ne veux avoir d'obligation à personne... L'AUBERGISTE, lui présentant le registre. Monsieur écrit-il sur le livre des voyageurs ? PERRICHON. Certainement... mais je ne voudrais pas écrire quelque chose d'ordinaire... il me faudrait là... une pensée !... une jolie pensée... Rendant le livre à l'aubergiste. Je vais y rêver en mettant mes chaus@sons. A Daniel. Je suis à vous dans la minute, Il entre à droite, suivi de l'aubergiste. Daniel, Perrichon. SCÈNE VI DANIEL, puis ARMAND. DANIEL, seul. Ce carrossier est un trésor d'ingratitude. Or, les trésors appar@tiennent à ceux qui les trouvent, article 716 du Code civil... ARMAND, paraissant à la porte du fond. Eh bien ? DANIEL, à part.@ Pauvre garçon ! ARMAND. L'avez-vous vu ? DANIEL. Oui. ARMAND. Lui avez-vous parlé ? DANIEL. Je lui ai parlé. ARMAND. Alors vous avez fait ma demande ?... DANIEL. Non. ARMAND. Tiens ! pourquoi ? DANIEL. Nous nous sommes promis d'être francs vis-à-vis l'un de l'autre. Eh bien ! mon cher Armand, je ne pars plus, je continue la lutte. ARMAND, étonné. Ah ! c'est différent !... et peut-on vous demander les motifs qui ont changé votre détermination ? Daniel, Armand. DANIEL. Les motifs... j'en ai un puissant... je crois réussir. ARMAND. Vous ? DANIEL. Je compte prendre un autre chemin que le vôtre et arriver plus vite. ARMAND. C'est très-bien... vous êtes dans votre droit... DANIEL. Mais la lutte n'en continuera pas moins loyale et amicale ? ARMAND. Oui. DANIEL. Voilà un oui un peu sec ! ARMAND. Pardon... Lui tendant la main. Daniel, je vous le promets DANIEL. A la bonne heure ! Il remonte. SCÈNE VII LES MÊMES, PERRICHON, puis L'AUBERGISTE. PERRICHON. Je suis prêt... j'ai mis mes chaussons. Ah ! monsieur Armand. ARMAND. Vous sentez vous remis de votre chute ? PERRICHON. Tout à fait ! ne parlons plus de ce petit accident... c'est oublié Arniand, Perrichon, Daniel. DANIEL, à part. Oublié ! Il est plus vrai que la nature... PERRICHON. Non partons pour la mer de Glace... êtes vous des nôtres ? ARMAND. Je suis un peu fatigué... je vous demanderai la permission de rester... PERRICHON, avec empressement. Très-volontiers ! ne vous gênez pas ! A l'aubergiste qui entre Ah ! monsieur l'aubergiste, donnez-moi le livre des voyageurs. Il s'assied à droite et écrit. DANIEL, à part. Il paraît qu'il a trouvé sa pensée... la jolie pensée. PERRICHON, achevant d'écrire. Là., voilà ce que c'est ! Lisant avec emphase Que l'homme est@@@ petit quand on le comtemple au haut de la mère de Glace !@@ DANIEL. Sapristi ! c'est fort ! ARMAND, à part. Courtisan ! PERRICHON, modestement. Ce n'est pas l'idée de tout le monde. DANIEL, à part. Ni l'orthographe il a écrit mère, r e re ! PFRRICHON, à l'aubergiste lui montrant le livre ouvert sur la table. Prenez garde ! c'est frais ! @L'AUBERGISTE. Le guide attend ces messieurs avec les bâtons ferrés. PERRICHON. Allons ! en route ! Armand, Daniel, Perrichon. DANIEL. En route ! Daniel et Perrichon sortent suivis de l'aubergiste ? SCÈNE VIII ARMAND, puis L'AUBERGISTE et LE COMMANDANT MATHIEU. ARMAND. Quel singulier revirement chez Daniel ! Ces dames sont là... elles ne peuvent tarder à sortir, je veux les voir... leur parler... S'asseyant vers la cheminée et prenant un journal Je vais les attendre. L'AUBERGISTE, à la cantonade. Par ici, monsieur. LE COMMANDANT, entrant. Je ne reste qu'une minute... je repars à l'instant pour la mer de Glace... S'asseyant devant la table sur laquelle est resté le registre ou@vert. Faites-moi servir un grog au kirsch, je vous prie. L'AUBERGISTE, sortant a droite. Tout de suite, monsieur. LE COMMANDANT, apercevant le registre. Ah ! ah ! le livre des voyageurs ! voyons ?... Lisant Que l'homme est petit quand on le contemple du haut de la mère de Glace !.@.. signé Perrichon... mère ! Voilà un monsieur qui mérite une leçon d'ortho@graphe. L'AUBERGISTE, apportant le grog. Voici monsieur. Il le pose sur la table à gauche. LE COMMANDANT, tout en écrivant sur le registre. Ah ! monsieur l'Aubergiste... L'AUBERGISTE. Monsieur. Armand, le Commandant LE COMMANDANT. Vous n'auriez pas parmi les personnes qui sont venues chez vous ce matin un voyageur du nom d'Armand Desroches ? ARMAND. Hein ?... c'est moi monsieur. LE COMMANDANT, se levant. Vous, monsieur !.. pardon A l'aubergiste. Laissez-nous L'au@bergiste sort. C'est bien à monsieur Armand Desroches de la maison Turneps, Desroches et C e que j'ai l'honneur de parler ? ARMAND. Oui, monsieur. LE COMMANDANT. Je suis le commandant Mathieu. Il s'assied à gauche et prend son grog. ARMAND. Ah ! enchanté !.. mais je ne crois pas avoir l'avantage de vous@@ connaître, commandant. LE COMMANDANT. Vraiment ? Alors je vous apprendrai que vous me poursuivez à outrance pour une lettre de change que j'ai eu l'imprudence de mettre dans la circulation... ARNAUD. Une lettre de change ! LE COMMANDANT. Vous avez même obtenu contre moi une prise de corps. ARMAND. C'est possible, commandant, mais ce n'est pas moi, c'est la maison, qui agit. LE COMMANDANT. Aussi n'ai-je aucun ressentiment contre vous... ni contre votre maison... seulement, je tenais à vous dire que je n'avais pas quitté Paris pour échapper aux poursuites. ARMAND. Je n'en doute pas. LE COMMANDANT. Au contraire !.. Dès que je serai de retour à Paris, dans une quinzaine, avant peut-être... je vous le ferai savoir et je vous serai infiniment obligé de me faire mettre à Clichy... le plus tôt possible ?... ARMAND. Vous plaisantez, commandant. LE COMMANDANT. Pas le moins du monde !.. Je vous demande cela comme un ser@vice. ARMAND. J'avoue que je ne comprends pas. LE COMMANDANT ils se lèvent. Mon Dieu ! je suis moi-même un peu embarrassé pour vous expliquer... Pardon, êtes-vous garçon ? ARMAND. Oui, commandant. LE COMMANDANT. Oh ! alors ! je puis vous faire ma confession... J'ai le malheur d'avoir une faiblesse... J'aime. ARMAND. Vous ? LE COMMANDANT. C'est bien ridicule à mon âge, n'est-ce pas ? ARMAND. Je ne dis pas ça. LE COMMANDANT. Oh ! ne vous gênez pas ! Je me suis affolé d'une petite... égarée que j'ai rencontrée un soir au bal Mabille. Elle se nomme Anita. ARMAND Anita ! J'en ai connu une. LE COMMANDANT. Ce doit être celle-là !... Je comptais m'en amuser trois jours, et voilà trois ans qu'elle me tient ! Elle me trompe, elle me ruine, elle me rit au nez !... Je passe ma vie à lui acheter des mobi@liers... qu'elle revend le lendemain !... je veux la quitter, je pars, je fais deux cents lieues j'arrive à la mer de Glace... et je ne suis pas sûr de ne pas retourner ce soir à Paris. C'est plus fort que moi !... L'amour à cinquante ans... voyez-vous... c'est comme un rhumatisme, rien ne le guérit. ARMAND, riant. Commandant, je n'avais pas besoin de cette confidence pour ar@rêter les poursuites... je vais écrire immédiatement à Paris... LE COMMANDANT, vivement. Mais du tout ! n'écrivez pas ! Je tiens à être enfermé c'est peut-être un moyen de guérison. Je n'en ai pas encore essayé. ARMAND. Mais, cependant. @@LE COMMANDANT. Permettez ! j'ai la loi pour moi. ARMAND. Allons ! commandant ! puisque vous le voulez. LE COMMANDANT. Je vous en prie... instamment... Dès que je serai de retour... je vous ferai passer ma carte et vous pourrez faire instrumenter... Je ne sors jamais avant dix heures, Saluant. Monsieur, je suis bien heureux d'avoir eu l'honneur de faire votre connaissance. ARMAND. Mais c'est moi, commandant. Ils se saluent. Le commandant sort @pa@r le fond. SCÈNE IX ARMAND, puis MADAME PERRICHON, puis HENRIETTE. ARMAND. A la bonne heure ! il n'est pas banal celui-là ! Apercevant madame Perrichon qui entre de la gauche. . Ah ! madame Perrichon ! MADAME PERRICHON. Comment ! vous êtes seul, monsieur ? Je croyais que vous deviez accompagner ces messieurs. ARMAND.@@ Je suis déjà venu ici l'année dernière, et j'ai demandé à mon@sieur Perrichon la permission de me mettre à vos ordres. MADAME PERRICHON. Ah ! monsieur. A part. C'est tout à fait un homme du monde!... Haut. Vous aimez beaucoup la Suisse ? ARMAND. Oh ! il faut bien aller quelque part ? MADAME PERRICHON. Oh ! moi, je ne voudrais pas habiter ce pays-là... il y a trop de précipices et de montagnes... Ma famille est de la Beauce. ARMAND. Ah ! je comprends. MADAME PERRICHON. Près d'Étampes... ARMAND, à part. Nous devons avoir un correspondant à Étampes ce serait un lien. Haut. Vous ne connaissez pas monsieur Pingley, à Étampes ? Madame Ferrichon, Armand. MADAME PERRICHON. Pingley !... c'est mon cousin ! Vous le connaissez ? ARMAND. Beaucoup. A part. Je ne l'ai jamais vu ! MADAME PERRICHON. Quel homme charmant ! ARMAND. Ah ! oui ! MADAME PERRICHON. C'est un bien grand malheur qu'il ait son infirmité ! ARMAND. Certainement... c'est un bien grand malheur ! MADAME PERRICHON. Sourd à quarante-sept ans ! ARMAND, à part. Tiens ! il est sourd notre correspondant ! C'est donc pour ça qu'il ne répond jamais à nos lettres. MADAME PERRICHON. Est-ce singulier ? c'est un ami de Pingley qui sauve mon mari !... Il y a de bien grands hasards dans le monde. ARMAND. Souvent aussi on attribue au hasard des péripéties dont il est parfaitement innocent. MADAME PERRICHON. Ah ! oui... souvent aussi on attribue. A part. Qu'est-ce qu'il veut dire ? ARMAND. Ainsi, madame, notre rencontre en chemin de fer, puis à Lyon, @@puis à Genève, à Chamouny, ici même, vous mettez tout cela sur le compte du hasard ? MADAME PERRICHON. En voyage, on se retrouve... ARMAND. Certainement... surtout quand on se cherche. MADAME PERRICHON. Comment ? ARMAND. Oui, madame, il ne m'est pas permis de jouer plus longtemps la comédie du hasard je vous dois la vérité, pour vous, pour ma@demoiselle votre fille. MADAME PERRICHON. Ma fille ! ARMAND. Me pardonnerez-vous ? Le jour où je la vis, j'ai été touché, charmé... J'ai appris que vous partiez pour la Suisse... et je suis parti. MADAME PERRICHON. Mais alors, vous nous suivez ?... ARMAND. Pas à pas. Que voulez-vous... j'aime... MADAME PERRICHON. Monsieur ! ARMAND. Oh ! rassurez-vous ! j'aime avec tout le respect, toute la discré@@tion qu'on doit à une jeune fille dont on serait heureux de faire sa femme. MADAME PERRICHON, perdant la tête, à part. Une demande en mariage ! Et Perrichon qui n'est pas là ! Haut. Certainement, monsieur... je suis charmée... non, flattée !... parce que vos manières... votre éducation... Pingley... le service que vous nous avez rendu... mais monsieur Perrichon est sorti... pour la mer de Glace. et aussitôt qu'il rentrera. HENRIETTE, entrant vivement. Maman !... S'arrêtant. Ah ! tu causais avec monsieur Armand ? MADAME PERRICHON, troublée. Nous causions, c'est-à-dire, oui ! nous parlions de Pingley ! Monsieur connaît Pingley n'est-ce pas ? ARMAND. Certainement ! je connais Pingley ! HENRIETTE. Oh ! quel bonheur ! MADAME PERRICHON, à Henriette. Ah ! comme tu es coiffée !... et ta robe ! ton col. Bas . Tiens-toi donc droite ! HENRIETTE, étonnée.ée. Qu'est-ce qu'il y a ? Cris et tumulte au dehors. MADAME PERRICHON et HENRIETTE. A@h ! mon Dieu ! ARMAND. Ces cris !... SCÈNE X LES MÊMES, PERRICHON, DANIEL, LE GUIDE, L'AUBERGISTE. Daniel entre soutenu par l'aubergiste et par le guide. PERRICHON, très-ému. Vite ! de l'eau ! du sel ! du vinaigre ! Il fait asseoir Daniel. TOUS. Qu'y a- t-il ? PERRICHON. Un événement affreux ! S'interrompant . Faites-le boire, frottez-lui les tempes ! Henriette, madame Perrichon, Armand. Henriette, Perrichon, madame Perrichon, Daniel, Armand. DANIEL, Merci... Je me sens mieux. ARMAND. Qu'est-il arrivé ?... DANIEL. Sans le courage de monsieur Perrichon. PERRICHON, vivement. Non, pas vous ! ne parlez pas !... Racontant. C'est horrible !... Nous étions sur la mer de Glace. Le mont Blanc nous regardait tranquille et majestueux... DANIEL, à part. Le récit de Théramène ! MADAME PERRICHON. Mais dépêche-toi donc ! HENRIETTE. Mon père ! PERRICHON. Un instant, que diable ! Depuis cinq minutes nous suivions, tout pensifs, un sentier abrupte qui serpentait entre deux crevasses... de glace ! Je@ marchais le premier. MADAME PERRICHON. Quelle imprudence ! PERRICHON. Tout à coup, j'entends derrière moi comme un éboulement je me retourne monsieur venait de disparaître dans un de ces abîmes sans fond, dont la vue seule fait frissonner... MADAME PERRICHON, impatientée. Mon ami. PERRICHON. Alors, n'écoutant que mon courage, moi, père de famille, je m'élance... MADAME PERRICHON et HENRIETTE. Ciel ! PERRICHON.N. Sur le bord du précipice, je lui tends mon bâton ferré... Il s'y cramponne. Je tire... il tire... nous tirons, et, après une lutte in@sensée, je l'arrache au néant et je le ramène à la face du soleil, notre père à tous !... Il s'essuie le front avec son mouchoir. HENRIETTE. Oh ! papa ! MADAME PERRICHON. Mon ami ! PERRICHON, embrassant sa femme et sa fille. Oui, mes enfants, c'est une belle page... ARMAND, à Daniel. Comment vous trouvez-vous ? DANIEL, bas. Très-bien ! ne vous inquiétez pas ! Il se lève . Monsieur Perrich@on, vous venez de rendre un fils à sa mère... PERRICHON, majestueusement. C'est vrai ! DANIEL. Un frère à sa soeur ! PERRICHON. Et un homme à la société. DANIEL. Les paroles sont impuissantes pour reconnaître un tel service. PERRICHON. C'est vrai ! DANIEL. Il n'y a que le coeur... entendez-vous, le coeur ! PERRICHON. Monsieur Daniel ! Non ! laissez-moi vous appeler Daniel ? DANIEL. Comment donc ! A part Chacun son tout ! PERRICHON, ému. Daniel, mon ami, mon enfant !... votre main. Il lui prend la main. Je vous dois les plus douces émotions de ma vie. Sans moi, vous ne seriez qu'une masse informe et repoussante, ensevelie sous les frimats... Vous me devez tout, tout ! Avec noblesse. Je ne l'oublierai jamais ! DANIEL. Ni moi ! PERRICHON, à Armand, en s'essuyant les yeux. Ah ! jeune homme !... vous ne savez pas le plaisir qu'on éprouve à sauver son semblable. HENRIETTE. Mais, papa, monsieur le sait bien, puisque tantôt... PERRICHON, se rappelant. Ah ! oui ! c'est juste ! Monsieur l'aubergiste, apportez-moi le livre des voyageurs, MADAME PERRICHON. Pourquoi faire ? PERRICHON. Avant de quitter ces lieux, je désire consacrer par une note le souvenir de cet événement ! L'AUBERGISTE, apportant le registre. Voilà, monsieur. PERRICHON. Merci... Tiens, qui est-ce qui a écrit ça ? TOUS. Quoi donc ? PERRICHON, lisant. Je ferai observer à monsieur Perrichon que la mer de Glace Daniel, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Armand. n'ayant pas d'enfants, l'E qu'il lui attribue devient un dévergondage grammatical. Signé le Commandant. TOUS. Hein ? HENRIETTE, bas à son père. Oui, papa ! mer ne prend pas d'E à la fin. PERRICHON. Je le savais ! Je vais lui répondre à ce monsieur, Il prend une plume et écrit.@@ Le commandant est... un paltoquet ! Signé [email protected]. LE GUIDE, rentrant. La voiture est là. PERRICHON. @Allons ! Dépêchons-nous. Aux jeunes gens. Messieurs, si vous vou@lez accepter une place ? Armand et Daniel s'inclinent. MADAME PERRICHON, appelant son mari. Perrichon, aide-moi à mettre mon manteau. Bas. On vient de me demander notre fille en mariage... PERRICHON. Tiens ! à moi aussi ! MADAME PERRICHON. C'est monsieur Armand. PERRICHON. Moi, c'est Daniel.. mon ami Daniel. MADAME PERRICHON. Mais il me semble que l'autre. PERRICHON. Nous parlerons de cela plus tard... HENRIETTE, à la fenêtre. Ah ! il pleut à verse ! Daniel et Henriette au fond, madame Perrichon, Perrichon, l'Auber@giste. Armand. PERRICHON. Ah diable ! A l'aubergiste. Combien tient-on dans votre voiture ! L'AUBERGISTE. Quatre dans l'intérieur et un à côté du cocher... PERRICHON. C'est juste le compte. ARMAND. Ne vous gênez pas pour moi. PERRICHON. Daniel montera avec nous. HENRIETTE, bas à son père. Et monsieur Armand ? PERRICHON, bas. Dame ! il n'y a que quatre places ! il montera sur le siége. HENRIETTE. Par une pluie pareille ? MADAME PERRICHON. Un homme qui t'a sauvé ! PERRICHON. Je lui prêterai mon caoutchouc HENRIETTE. Ah ! PERRICHON Allons ! en route ! en route ! DANIEL, à part. Je savais bien que je reprendrais la corde. Daniel, madame Perrichon, Perrichon, Henriette, Armand. FIN on OEUXlhlE MTF ACTE TROISIÈME Un salon chez Perrichon, à Paris. - Cheminée au fond porte d'entrée dans l'angle à gauche appartement dans l'angle à droite salle @à manger à gauche au milieu, guéridon avec tapis canapé à droite du guéridon. SCÈNE PREMIÈRE JEAN, seul, achevant d'essuyer un fauteuil. Midi moins un quart... C'est aujourd'hui que monsieur Perrichon revient de voyage avec madame et mademoiselle... J'ai reçu hier une lettre de monsieur... la voilà. Lisant. Grenoble, 5 juillet. Nous ar@riverons mercredi, 7 juillet, à midi. Jean nettoiera l'appartement et fera poser les rideaux. Parlé. C'est fait Lisant. Il dira à Mar@guerite, la cuisinière, de nous préparer le dîner. Elle mettra le pot au feu... un morceau pas trop gras... de plus, comme il y a long@temps que nous n'avons mangé de poisson de mer, elle nous achètera une petite barbue bien fraîche. Si la barbue était trop chère, elle la remplacerait par un morceau de veau à la casserole. Parlé. Monsieur peut arriver... tout est prêt... Voilà ses journaux, ses lettres, ses cartes de visite... Ah ! par exemple, il est venu ce matin de bonne heure un monsieur que je ne connais pas il m'a dit qu'il s'appelait le Commandant... Il doit repasser, Coup de sonnette à la porte extérieure. On sonne !... c'est monsieur... je reconnais sa main !... SCÈNE II@@ JEAN, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE, ils portent des sacs de nuit et des cartons. PERRICHON. @Jean... c'est nous ! JEAN. Ah ! monsieur !... madame... mademoiselle !... Il les débarrasse de leurs paquets. PERRICHON@. Ah ! qu'il est doux de rentrer chez soi, de voir ses meubles, de s'y asseoir. Il s'assoit sur le canapé. MADAME PERRICHON, assise à gauche. Nous devrions être de retour depuis huit jours... PERRICHON. Nous ne pouvions passer à Grenoble sans aller voir les Darinel... ils nous ont retenus. A Jean. Est-il venu quelque chose pour mo en mon absence ? JEAN. Oui, monsieur... tout est là sur la table. PERRICHON, prenant plusieurs cartes de visite. Que de visites ! Lisant. Armand Desroches. HENRIETTE, avec joie. Ah ! PERRICHON. Daniel Savary... brave jeune homme !... Armand Desroches... Daniel Savary... charmant jeune homme... Armand Desroches. JEAN. Ces messieurs sont venus tous les jours s'informer de votre retour. Henriette, madame Perrichon, Jean, Perrichon. MADAME PERRICHON. Tu leur dois une visite. PERRICHON. Certainement j'irai le voir... ce brave Daniel ! HENRIETTE. Et monsieur Armand ? PERRICHON. J'irai le voir aussi... après. Il se lève. HENRIETTE à Jean. Aidez-moi à porter ces cartons dans la chambre. JEAN. Oui, mademoiselle. Regardant Perrichon. Je trouve monsieur en@graissé. On voit qu'il a fait un bon voyage. PERRICHON. Splendide, mon ami, splendide ! Ah ! tu ne sais pas ? J'ai sauvé un homme ! JEAN, incrédule. Monsieur ?... Allons donc !... Il sort avec Henriette par la droite. SCÈNE III PERRICHON, MADAME PERRICHON. PERRICHON. Comment ! Allons donc !. Est-il bête, cet animal-là ! MADAME PERRICHON. Maintenant que nous voilà de retour, j'espère que tu vas prendre un parti. Nous ne pouvons tarder plus longtemps à rendre ré@ponse à ces deux, jeunes gens... deux prétendus dans la maison... c'est trop !... Madame Perrichon, Perrichon PERRICHON. Moi, je n'ai pas changé d'avis... j'aime mieux Daniel ! MADAME PERRICHON. Pourquoi ? PERRICHON. Je ne sais pas... je le trouve plus... enfin, il me plaît, ce jeune homme ! MADAME PERRICHON. Mais l'autre... l'autre t'a sauvé ! PERRICHON. Il m'a sauvé ! Toujours le même refrain ! MADAME PERRICHON. Qu'as-tu à lui reprocher ? Sa famille est honorable, sa position excellente... PERRICHON. Mon Dieu ! je ne lui reproche rien. je ne lui en veux pas à ce garçon MADAME PERRICHON. Il ne manquerait plus que ça ! PERRICHON. Mais je lui trouve un petit air pincé. MADAME PERRICHON@. Lui ! PERRICHON. Oui, il a un ton protecteur... des manières... il semble toujours se prévaloir du petit service qu'il m'a rendu... MADAME PERRICHON. Il ne t'en parle jamais ! PERRICHON. Je le sais bien ! mais c'est son air ! son air me dit @He@in ? sans moi ?... C'est agaçant à la longue tandis que l'autre !. Perrichon, madame Perrichon MADAME PERRICHON. L'autre te répète sans cesse Hein ? sans vous... hein ? sans vous ! Cela flatte ta vanité... et voilà pourquoi tu le préfères. PERRICHON. Moi ! de la vanité ! J'aurais peut-être le droit d'en avoir ! MADAME PERRICHON. Oh ! PERRICHON. Oui, madame !... l'homme qui a risqué sa vie pour sauver son sem@blable peut être fier de lui-même... mais j'aime mieux me renfermer dans un silence modeste... signe caractéristique du vrai courage ! MADAME PERRICHON. Mais tout cela n'empêche pas que M. Armand. PERRICHON. Henriette n'aime pas.. ne peut pas aimer M. Armand ! MADAME PERRICHON. Qu'en sais-tu ? PERRICHON. Dame ! je suppose... MADAME PERRICHON. Il y a un moyen de le savoir ! c'est de l'interroger... et nous choisirons celui qu'elle préférera... PERRICHON. Soit !.. mais ne l'influence pas ! MADAME PERRICHON. La voici. SCÈNE IV PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. MADAME PERRICHON, à sa fille qui entre. Henriette... ma chère enfant... ton père et moi, nous avons à te parler sérieusement. HENRIETTE. A moi ? PERRICHON. Oui. MADAME PERRICHON. Te voilà bientôt en âge d'être mariée... deux jeunes gens se pré@sentent pour obtenir ta main... tous deux nous conviennent... mais nous ne voulons pas contrarier ta volonté, et nous avons résolu de te laisser l'entière liberté du choix. HENRIETTE. Comment ! PERRICHON. Pleine et entière... MADAME PERRICHON. L'un de ces jeunes gens est M. Armand Desroches. HENRIETTE. Ah ! PERRICHON, vivement. N'influence pas !... MADAME PERRICHON. L'autre est M. Daniel Savary... PERRICHON. Un jeune homme charmant, distingué, spirituel, et qui, je ne le cache pas, a toutes mes sympathies... Perrichon, Henriette, madame Perrichon. MADAME PERRICHON. Mais tu influences... PERRICHON. Du tout ! je constate un fait !.. A sa fille. Maintenant te voilà éclairée... choisis... HENRIETTE. Mon Dieu !... vous m'embarrassez beaucoup... et je suis prête à accepter celui que vous me désignerez... PERRICHON. Non ! non ! décide toi-même ! MADAME PERRICHON. Parle, mon enfant ! HENRIETTE. Eh bien ! puisqu'il faut absolument faire un choix, je choisis... M. Armand. MADAME PERRICHON@. Là ! PERRICHON. Armand ! Pourquoi pas Daniel ? HENRIETTE. @Mais M. Armand t'a sauvé, papa ! PERRICHON. Allons, bien ! encore ? c'est fatiguant, ma parole d'honneur ! MADAME PERRICHON. Eh bien ! tu vois.. il n'y a pas à hésiter... PERRICHON. Ah ! mais permets, chère amie, un père ne peut pas abdiquer... Je réfléchirai. je prendrai mes renseignements. Perrichon, madame Perrichon, Henriette MADAME PERRICHON, bas. Monsieur Perrichon, c'est de la mauvaise foi ! PERRICHON. Caroline ! SCÈNE V LES MÊMES, JEAN, MAJORIN. JEAN, à la cantonade. Entrez !... ils viennent d'arriver ! Majorin entre. PERRICHON. Tiens ! c'est Majorin !. MAJORIN, saluant. Madame... mademoiselle... j'ai appris que vous reveniez aujour@d'hui... alors j'ai demandé un jour de congé... j'ai dit que j'étais de garde PERRICHON. Ce cher ami ! c'est très-aimable... Tu dînes avec nous ? nous avons une petite barbue... MAJORIN. Mais... si ce n'est pas indiscret... JEAN, bas à Perrichon. Monsieur.. c'est du veau à la casserole ! Il sort. PERRICHON. Ah ! A Majorin. Allons, n'en parlons plus, ce sera pour une autre fois. MAJORIN, à part. Comment ! il me désinvite ! S'il croit que j'y tiens, à son dîner ! Jean, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette. Prenant Perrichon à part. Les dames s'asseyent sur le canapé. J'étais venu pour te parler des six cents francs que tu m'as prêtés le jour de ton départ... PERRICHON. Tu me les rapportes ? MAJORIN. Non. Je ne touche que demain mon dividende des paquebots... mais à midi précis... PERRICHON. Oh ! ça ne presse pas ! MAJORIN. Pardon... j'ai hâte de m'acquitter. PERRICHON. Ah ! tu ne sais pas ?... je t'ai rapporté un souvenir. MAJORIN. Il s'assied derrière le guéridon. Un souvenir ! à moi ? PERRICHON, s'asseyant. En passant à Genève, j'ai acheté trois montres... une pour Jean, une pour Marguerite, la cuisinière... et une pour toi, à répétition. MAJORIN, à part. Il me met après ses domestiques ! Haut. Enfin ? PERRICHON. Avant d'arriver à la douane française je les avais fourrées dans ma cravate... MAJORIN. Pourquoi ? PERRICHON. Tiens ! je n'avais pas envie de payer les droits. On me demande Avez-vous quelque chose à déclarer ? Je réponds non je fais un @@mouvement et voilà ta diablesse de montre qui sonne dig, dig, dig. MAJORIN. @@Eh bien ! PERRICHON. Eh bien ! j'ai été pincé... on a tout saisi... MAJORIN. Comment@ ? PERRICHON. J'ai eu une scène atroce ! J'ai appelé le douanier méchant gabe@lou ! Il m'a dit que j'entendrais parler de lui.. Je regrette beaucoup cet incident... elle était charmante, ta montre. MAJORIN, sèchement. Je ne t'en remercie pas moins... A part. Comme s'il ne pouvait pas acquitter les droits... c'est sordide ! SCÈNE VI LES MÊMES, JEAN, ARMAND. JEAN@ annonçant. Monsieur Armand Desroches ! HENRIETTE, quittant son ouvrage. Ah ! MADAME PERRICHON, se levant et allant au-devant d'Armand Soyez le bienvenu... nous attendions votre visite. ARMAND, saluant. Madame... monsieur Perrichon... PERRICHON@. Énchanté !... enchanté ! A part, Il a toujours son petit air pro@tecteur !... MADAME PERRICHON, bas à sou mari. Présente-le donc à Majorin. Madame Perrichon, Perrichon, Majorin Henriette, Armand, PERRICHON. Certainement... Haut. Majorin... je te présente monsieur Armand Desroc@hes... une connaissance de voyage. HENRIETTE, vivement. Il a sauvé papa ! PERRICHON, à pari. Allons, bien !... encore ! MAJORIN. @Comment, tu as couru quelque danger ? PERRICHON. Non... une misère... ARMAND.@ Cela ne vaut pas la peine d'en parler... PERRICHON, à part. Toujours son petit air ! SCÈNE VII LES MÊMES, JEAN, DANIEL. JEAN, annonçant. Monsieur Daniel Savary !... PERRICHON, s'épanouissant. Ah ! le voilà, ce cher ami !... ce bon Daniel ! Il renverse presque le guéridon en courant au-devant de lui. DANIEL, saluant. @@Mesdames... Bonjour, Armand ! PERRICHON, le prenant par la main. Venez, que je vous présente à Majorin. Haut. Majorin, je te Daniel, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette, Armand. présente un de mes bons... un de mes meilleurs amis... monsieur Daniel Savary... MAJORIN. Savary ? des paquebots ? DANIEL, saluant. Moi-même. PERRICHON. Ah ! sans moi ! il ne te payerait pas demain ton dividende. MAJORIN. Pourquoi ? PERRICHON. Pourquoi ? Avec fatuité. Tout simplement parce que je l'ai sauvé, mon bon ! MAJORIN. Toi ? A part. Ah çà ! ils ont donc passé tout leur temps à se sauver la vie ! PERRICHON, racontant. Nous étions sur la mer de Glace, le mont Blanc nous regardait tranquille et majestueux. DANIEL, à part. Second récit de Théramène ! PERRICHON. Nous suivions tout pensifs un sentier abrupte. HENRIETTE, qui a ouvert un journal. Tiens, papa qui est dans le journal ! PERRICHON. Comment ! je suis dans le journal ? HENRIETTE. Lis toi-même... là. Elle lui donne le journal. PERRICHON. Vous allez voir que je suis tombé du jury ! Lisant. On nous écrit de Chamouny... TOUS. Tiens ! Ils se rapprochent. PERRICHON, lisant. Un événement qui aurait pu avoir des suites déplorables vient d'arriver à la mer de Glace. M. Daniel S... a fait un faux pas et a disparu dans une de ces crevasses si redoutées des voyageurs. Un des témoins de cette scène, M. Perrichon, qu'il nous permette de le nommer. Parlé. Comment donc ! si je le permets ! Lisant. M. Per@richon, potable commerçant de Paris et père de famille, n'écoutant que son courage, et au mépris de sa propre vie, s'est élancé dans le gouffre. Parlé C'est vrai, et après des efforts inouïs, a été assez heureux pour en retirer son compagnon. Un si admirable dévoue@ment n'a été surpassé que par la modestie de M. Perrichon, qui s'est dérobé aux félicitations de la foule émue et attendrie... Les gens de coeur de tous les pays nous sauront gré de leur signaler un pareil trait ! TOUS. Ah ! DANIEL, à part. Trois francs la ligne ! PERRICHON, relisant lentement la dernière phrase.@@ Les gens de coeur de tous les pays nous sauront gré de leur signaler un pareil trait. A Daniel, très-ému. Mon ami... mon enfant ! embrassez-moi ! Ils s'embrassent. DANIEL, à part. Décidément, j'ai la corde... PERRICHON, montrant le journal. Certes, je ne suis pas un révolutionnaire, mais je le proclame hautement, la presse a du bon ! Mettant le journal dans sa poche et à part. J'en ferai acheter dix numéros ! Daniel, Perric@hon, Henriette, madame Perrichon, Armand, Majorin. MADAME PERRICHON. Dis donc, mon ami, si nous envoyions au journal le récit de la belle action de M. Armand ? @HENRIETTE. Oh ! oui ! cela ferait un joli pendant ! PERRICHON, vivement. C'est inutile ! je ne peux pas toujours occuper les journaux de ma personnalité... JEAN, entrant un papier à la main. Monsieur ? PERRICHON. Quoi ? JEAN. Le concierge vient de me remettre un papier timbré pour vous... MADAME PERRICHON. Un papier timbré ? PERRICHON. N'aie donc pas peur ! je ne dois rien à personne... au contraire, on me doit... MAJORIN, à part. C'est pour moi qu'il dit ça ! PERRICHON, regardant le papier. Une assignation à comparaître devant la sixième chambre pour injures envers un agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions. TOUS. Ah ! mon Dieu ! PERRICHON, lisant. Vu le procès-verbal dressé au bureau de la douane française par le sieur Machut, sergent douanier... Majorin remonte. ARMAND. Qu'est-ce que cela signifie ? PERRICHON. Un douanier qui m'a saisi trois montres... j'ai été trop vif. je l'ai appelé gabelou ! rebut de l'humanité !... MAJORIN, derrière le guéridon. C'est très-grave ! Très-grave ! PERRICHON, inquiet. Quoi ? MAJORIN. Injures qualifiées envers un agent de la force publique dans l'exer@cice de ses fonctions. MADAME PERRICHON et PERRICHON. Eh bien ? MAJORIN. De quinze jours à trois mois de prison... TOUS. En prison !. PERRICHON. Moi ! après cinquante ans d'une vie pure et sans tache... j'irais m'asseoir sur le banc de l'infamie ! jamais ! jamais ! MAJORIN, à part. C'est bien fait ! ça lui apprendra à ne pas acquitter les droits ! PERRICHON. Ah ! mes amis ! mon avenir est brisé. MADAME PERRICHON. Voyons, calme-toi ! HENRIETTE. Papa@@ DANIEL. Du courage ! Daniel, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette, Armand. ARMAND. Attendez ! je puis peut-être vous tirer de là. TOUS. Hein ? PERRICHON. Vous ! mon ami mon bon ami ! ARMAND, allant à lui@ Je suis lié assez intimement avec un employé supérieur de l'admi@nistration des douanes... je vais le voir peut-être pourra-t-on décider le douanier à retirer sa plainte. MAJORIN. Ça me paraît difficile ! ARMAND. Pourquoi ? un moment de vivacité... PERRICHON. Que je regrette ! ARMAND. Donnez-moi ce papier... j'ai bon espoir... ne vous tourmentez pas, mon brave M. Perrichon PERRICHON, ému, lui prenant la main. Ah ! Daniel ! se reprenant non ! Armand ! tenez, il faut que je vous embrasse ! Ils s'embrassent . HENRIETTE, à part. A la bonne heure ! Elle remonte avec sa mère . @@ARMAND, bas à Danie A mon tour, j'ai la corde ! DANIEL. Parbleu ! A part. Je crois avoir affaire à un rival et je tombe sur un terre neuve. Daniel, Perrichon, Armand, madame Perrichon, Henriette, Majorin. Daniel, Armand, Perrichon, Majorin. MAJORIN, à Armand. Je sors avec vous... PERRICHON. Tu nous quittes ? MAJORIN. Oui. Fièrement Je dîne en ville ! Il sort avec Armand . MADAME PERRICHON, s'approchant de son mari et bas. Eh bien, que penses-tu maintenant de M. Armand ? PERRICHON. Lui ! c'est-à-dire que c'est un ange ! un ange ! MADAME PERRICHON. Et tu hésites à lui donner ta fille ? PERRICHON. Non ! je n'hésite plus. MADAME PERRICHON. Enfin ! je te retrouve ! Il ne te reste plus qu'à prévenir M. Daniel. PERRICHON. Oh ! ce pauvre garçon ! tu crois ? MADAME PERRICHON. Dame ! à moins que tu ne veuilles attendre l'envoi des billets de faire part ?@@ @PERRICHON. Oh ! non ! MADAME PERRICHON. Je te laisse avec lui... courage ! Haut. Viens-tu Henriette ? sa@luant Daniel. Monsieur. Elle sort à droite suivie d'Henriette . Madame Perrichon, Perrichon, Daniel et Henriette sont près de la cheminée. SCÈNE VIII PERRICHON, DANIEL. DANIEL, à part en descendant. Il est évident que mes actions baissent... Si je pouvais... Il va au canapé. PERRICHON, à part au fond. Ce brave jeune homme... ça me fait de la peine... Allons ! Il le faut ! Haut. Mon cher Daniel... mon bon Daniel... j'ai une com@munication pénible à vous faire. DANIEL, à part. Nous y voilà ! Ils s'asseyent sur le canapé. PERRICHON. Vous m'avez fait l'honneur de me demander la main de ma fille... Je caressais ce projet, mais les circonstances... les événements... votre ami, M. Armand, m'a rendu de tels services !... DANIEL. Je comprends. @PERRICHON. Car on a beau dire, il m'a sauvé la vie, cet homme ! DANIEL. Eh bien ! et le petit sapin auquel vous vous êtes cramponné ! PERRICHON. Certainement... le petit sapin... mais il était bien petit... il pouvait casser... et puis je ne le tenais pas encore. DANIEL. Ah ! PERRICHON. Non. mais ce n'est pas tout... dans ce moment, cet excellent Daniel, Perrichon, Perrichon, Daniel. jeune homme brûle le pavé pour me tirer des cachots. Je lui de@vrai l'honneur... l'honneur ! DANIEL. M. Perrichon ! le sentiment qui vous fait agir est trop noble pour que je cherche à le combattre... PERRICHON. Vrai ! Vous ne m'en voulez pas ? DANIEL. Je ne me souviens que de votre courage... de votre dévouement pour moi. PERRICHON, lui prenant la main. Ah ! Daniel ! A part. C'est étonnant comme j'aime ce garçon-là ! DANIEL, se levant. Aussi, avant de partir. PERRICHON.@ Hein ? DANIEL. Avant de vous quitter... PERRICHON, se levant. Comment ! me quitter ! vous ? Et pourquoi ? DANIEL. Je ne puis continuer des visites qui seraient compromettantes pour mademoiselle votre fille... et douloureuses pour moi. PERRICHON. Allons bien ! Le seul homme que j'aie sauvé ! DANIEL. Oh ! mais votre image ne me quittera pas... j'ai formé un projet... c'est de fixer sur la toile, comme elle l'est déjà dans mon coeur, l'héroïque scène de la mer de Glace. PERRICHON. Un tableau ! Il veut me mettre dans un tableau ! @Daniel, P@ericlion. DANIEL. Je me suis déjà adressé à un de nos peintres les plus illustres... un de ceux qui travaillent pour la postérité !... PERRIC@HON. La postérité ! Ah ! Daniel ! A part. C'est extraordinaire comme j'aime ce garçon-là ! DANIEL. Je tiens surtout à la ressemblance... PERRICHON. Je crois bien ! moi aussi ! DANIEL. Mais il sera nécessaire que vous nous donniez cinq ou six séances... PERRICHON. Comment donc, mon ami ! quinze ! vingt ! trente ! ça ne m'en@@nuira pas... nous poserons ensemble ! DANIEL, vivement. Ah ! non... pas moi PERRICHON. Pourquoi ? DANIEL. Parce que... voici comment nous avons conçu le tableau... on ne verra sur la toile que le Mont-Blanc... PERRICHON, inquiet. Eh bien, et moi ? DANIEL. Le mont Blanc et vous !@! PERRICHON. C'est ça... moi et le Mont-Blanc... tranquille et majestueux !... Ah ! ça, et vous, où serez-vous ? DANIEL. Dans le trou... tout au fond... on n'apercevra que mes deux mains crispées et suppliantes... PERRICHON. Quel magnifique tableau ! DANIEL. Nous le mettrons au @@Musée... PERRICHON. De Versailles ? DANIEL. Non, de Paris... PERRICHON. Ah ! oui... à l'exposition !... DANIEL. Et nous inscrirons sur le livret cette notice... PERRICHON. Non ! pas de banque ! pas de réclame ! Nous mettrons tout sim@plement l'article de mon journal... On nous écrit de Chamouny... DANIEL. C'est un peu sec. PERR@@ICHON. Oui... mais nous l'arrangerons ! Avec effusion. Ah ! Daniel, mon ami !... mon enfant ! DANIEL. Adieu, monsieur Perrichon !... nous ne devons plus nous re@voir... PERRICHON. Non ! c'est impossible ! c'est impossible ! ce mariage... rien n'est encore décidé... DANIEL. Mais... PERRICHON. Restez ! je le veux ! DANIEL, à part. Allons donc ! SCÈNE IX LES MÊMES, JEAN, LE COMMANDANT. JEAN, annonçant. Monsieur le commandant Mathieu ! PERRICHON, étonné. Qu'est-ce que c'est que ça ? LE COMMANDANT, entrant. Pardon, messieurs, je vous dérange peut-être ? PERRICHON. Du tout.@@ LE COMMANDANT, à Daniel. Est-ce à monsieur Perrichon que j'ai l'honneur de parler ? PERRICHON. C'est moi, monsieur. LE COMMANDANT. Ah !... A Perrichon. Monsieur, voilà douze jours que je vous cherche. Il y a beaucoup de Perrichon à Paris... j'en ai déjà visité une douzaine... mais je suis tenace... PERRICHON, lui indiquant un siège à gauche du guéridon. Vous avez quelque chose à me communiquer ? Il s'assied sur le canapé. Daniel remonte. LE COMMANDANT, s'asseyant. Je n'en sais rien encore... Permettez-moi d'abord de vous adres@ser une question Est-ce vous qui avez fait, il y a un mois, un voyage à la mer de Glace ? PERRICHON. Oui, monsieur, c'est moi-même ! je crois avoir le droit de m'en vanter ! Daniel, le Commandant, Perrichon. LE COMMANDANT. Alors, c'est vous qui avez écrit sur le registre des voyageurs @@Le commandant est un paltoquet. PERRICHON. Comment ! vous êtes ?... LE COMMANDANT. Oui, monsieur... c'est moi ! PERRICHON.N. Enchanté ! Ils se font plusieurs petits saluts DANIEL, à part en descendant. Diable ! l'horizon s'obscurcit !... LE COMMANDANT. Monsieur, je ne suis ni querelleur, ni ferrailleur, mais je n'aime pas à laisser traîner sur les livres d'auberge de pareilles apprécia@tions à côté de mon nom. PERRICHON. Mais vous avez écrit le premier une note... plus que vive ! LE COMMANDANT.@@ Moi ? je me suis borné à constater que mer de Glace ne prenait pas d'e à la fin voyez le dictionnaire... PERRICHON. Eh ! monsieur ! vous n'êtes pas chargé de corriger mes... préten@dues fautes d'orthographe ! De quoi vous mêlez-vous ? Ils se lèvent. LE COMMANDANT. Pardon... pour moi, la langue française est une compatriote aimée... une dame de bonne maison, élégante, mais un peu cruelle... vous le savez mieux que personne... PERRICHON. Moi ?. LE COMMANDANT. Et quand j'ai l'honneur de la rencontrer à l'étranger... je ne per Le Commandant, Perrichon, Daniel. mets pas qu'on éclabousse sa robe. C'est une question de chevalerie et de nationalité. PERRICHON. Ah çà ! monsieur, auriez-vous la prétention de me donner une leçon ? LE COMMANDANT. Loin de moi cette pensée... PERRICHON.N. Ah ! ce n'est pas malheureux ! A part. Il recule. LE COMMANDANT. Mais sans vouloir vous donner une leçon, je viens vous demander poliment... une explication. PERRICHON, à part. Mathieu !... c'est un faux commandant. LE COMMANDANT. De deux choses l'une ou vous persistez... PERRICHON. Je n'ai pas besoin de tous ces raisonnements ! Vous croyez peut-être m'intimider monsieur... j'ai fait mes preuves de courage, en@tendez-vous ! et je vous les ferai voir... LE COMMANDANT. Où ça ? PERRICHON. A l'exposition... L'année prochaine... LE COMMANDANT. Oh ! permettez !... Il me sera impossible d'attendre jusque-là... Pour abréger, je vais au fait retirez-vous, oui ou non ? PERRICHON. Rien du tout ! LE COMMANDANT. Prenez garde ! ! DANIEL. Monsieur Perrichon ! PERRICHON. Rien du tout ! A part. Il n'a pas seulement de moustaches ! LE COMMANDANT. Alors, monsieur Perrichon, j'aurai l'honneur de vous attendre demain@, à midi, avec mes témoins, dans les bois de la Malmai@son. DANIEL. Commandant ! un mot ? LE COMMANDANT, remontant. Nous vous attendrons chez le garde ! DANIEL. Mais, commandant. LE COMMANDANT. Mille pardons... j'ai rendez-vous avec un tapissier... pour choisir des étoffes, des meubles... A demain... midi... Saluant. Mes@sieurs... j'ai bien l'honneur... Il sort. SCÈNE X@@ PERRICHON, DANIEL, puis JEAN. DANIEL, à Perrichon. Diable ! vous êtes raide en affaires ! avec un commandant sur@tout ! PERRICHON. Lui ! un commandant ? Allons donc ! Est-ce que les vrais com@mandants s'amusent à éplucher les fautes d'orthographe ? Le Commandant, Daniel, Perrichon. Daniel, Perrichon. DANIEL. N'importe ? Il faut questionner, s'informer... Il sonne à la che@minée. savoir à qui nous avons à faire. JEAN, paraissant. Monsieur ? PERRICHON, à Jean. Pourquoi as-tu laissé entrer cet homme qui sort d'ici ? JEAN. Monsieur, il était déjà venu ce matin... J'ai même oublié de vous remettre sa carte... DANIEL. Ah ! sa carte ! PERRICHON. Donne ! La lisant. Mathieu, ex-commandant au deuxième zouaves. DANIEL. Un zouave ! PERRICHON. Saprelotte ! JEAN. Quoi donc ? PERRICHON. Rien ! Laissez-nous ! Jean sort. DANIEL. Eh bien ! nous voilà dans une jolie situation ! PERRICHON. Que voulez-vous ? j'ai été trop vif... un homme si poli !... Je l'ai pris pour un notaire gradé ! DANIEL. Que faire ? Jean, Perrichon, Daniel. PERRICHON. Il faudrait trouver un moyen... Poussant un cri. Ah !... DANIEL. Quoi@ ? PERRICHON. Rien ! rien ! Il n'y a pas de moyen ! je l'ai insulté, je me battrai !.. Adieu !.. @DANIEL. Où allez-vous ? PERRICHON. Mettre mes affaires en ordre... vous comprenez... DANIEL. Mais cependant... PERRICHON. Daniel... quand sonnera l'heure du danger vous ne me verrez pas faiblir ! Il sort à droite. SCÈNE XI DANIEL, seul. @Allons donc !... c'est impossible !... je ne peux pas laisser battre M. Perrichon avec un zouave !... c'est qu'il a du coeur le beau-père !... je le connais, il ne fera pas de concessions... de son côté le commandant. et tout cela pour une faute d'orthographe ! Cher chant. Voyons donc ?... si je prévenais l'autorité ? oh ! non !... au fait, pourquoi pas ? personne ne le saura. D'ailleurs, je n'ai pas le choix des moyens... Il prend un buvard et un encrier sur une table, près de la porte d'entrée, et se place au guéridon. Une lettre au préfet de police !... Écrivant. Monsieur le Préfét... j'ai l'honneur de... Parlant tout en cl'ri ',Il'I. Une ronde passera par là à point nommé... le hasard aura tout fait... et l'honneur sera sauf. Il plie et cachète sa lettre et remet en place ce qu'il a pris. Maintenant, il s'agit de la faire porter tout Daniel, Perrichon. de suite... Jean doit être là ! Il sort en appelant. Jean ! Jean ! Il dis@paraît dans l'antichambre. SCÈNE XII PERRICHON, seul. - Il entre en tenant une lettre à la main. Il la lit. Monsieur le Préfet, je crois devoir prévenir l'autorité que deux insensés ont l'intention de croiser le fer demain, à midi moins un quart... Parlé. Je mets moins un quart afin qu'on soit exact. Il suffit quelquefois d'un quart d'heure !... Reprenant sa lecture. A midi moins un quart... dans les bois de la Malmaison. Le rendez-vous est à la porte du garde... Il appartient à votre haute adminis@tration de veiller sur la vie des citoyens. Un des combattants est un ancien commerçant, père de famille, dévoué à nos institutions et jouissant d'une bonne notoriété dans son quartier. Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, etc. etc... S'il croit me faire peur ce com@mandant !... maintenant l'adresse... Il écrit. Très-pressé, commu@nication importante... comme ça, ça arrivera... Où est Jean ? SCÈNE XIII PERRICHON, DANIEL, puis MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis JEAN. DANIEL, entrant par le fond, sa lettre à la main. Impossible de trouver ce domestique. Apercevant Perrichon. Oh ! Il cache sa lettre. PERRICHON. Daniel ! Il cache aussi sa lettre. DANIEL. Eh bien ! monsieur Perrichon. @Perrichon, Daniel. PERRICHON. Vous voyez... je suis calme... comme le bronze ! Apercevant sa femme et sa fille. Ma femme, silence ! Il descend. MADAME PERRICHON à son mari. Mon ami, le maître de piano d'Henriette vient de nous envoyer des billets de concert pour demain... midi... PERRICHON, à part. Midi ! HENRIETTE. C'est à son bénéfice, tu nous accompagneras ? PERRICHON. Impossible ! demain, ma journée est prise ! MADME PERRICHON. Mais tu n'as rien à faire... PERRICHON. Si. j'ai une affaire. très-importante... demande à Daniel.. DANIEL. Très-importante ! MADAME PERRICHON. Quel air sérieux ! A son mari. Tu as la figure longue d'une aune ou dirait que tu as peur. PERRICHON. Moi ? peur ! On me verra sur le terrain !@@ DANIEL, à part. Aïe ! MADAME PERRICHON. Le terrain ! PERRICHON, à part. Sapristi ! ça ma échappé ! Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. HENRIETTE, courant à lui. Un duel ! papa ! PERRICHON.@@ Eh bien ! oui, mon enfant, je ne voulais pas te le dire, ça ma échappé, ton père se bat !.. MADAME PERRICHON. @Mais avec qui ? PERRICHON. Avec un commandant au deuxième zouaves ! MADAME PERRICHON et HENRIETTE, effrayées. Ah ! grand Dieu ! PERRICHON. Demain, à midi, dans le bois de la Malmaison, à la porte du garde ! MADAME PERRICHON, allant à lui. Mais tu es fou... toi ! un bourgeois ! PERRICHON. Madame Perrichon, je blâme le duel... mais il y a des circonstan@ces où l'homme se doit à son honneur ! A part, montrant sa lettre. Où est donc Jean ? MADAME PERRICHON, à part. Non ! c'est impossible ! je ne souffrirai pas. Elle va à la table au fond et écrit à part. Monsieur le préfet de police... JEAN, paraissant. Le dîner est servi ! PERRICHON, s'approchant de Jean et bas. Cette lettre à son adresse, c'est très-pressé ! Il s'éloigne. DANIEL, bas à Jean. Cette lettre à son adresse... c'est très-pressé ! Il s'éloigne. Daniel, Perrichon, Henriette, madame Perrichon. Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. Madame Perrichon, Jean, Perrichon, Daniel, Henriette, MADAME PERRICHON, bas à Jean. Cette lettre à son adresse... c'est très-pressé ! PERRICHON. Allons ! à table ! HENRIETTE, à part. Je vais faire prévenir monsieur Armand. Elle entre à droite. MADAME PERRICHON, à Jean ayant de sortir. Chut ! DANIEL, de même. Chut ! PERRICHON, de même. Chut ! Ils disparaissent tous les trois. JEAN, seul. Quel est ce mystère ? Lisant l'adresse des trois lettres. Monsieur le préfet... Monsieur la préfet... Monsieur le préfet... Étonné, et avec joie. Tiens ! il n'y a qu'une course ! FIN DU TROISIÈME ACTE ACTE QUATRIÈME Un jardin. - Bancs, chaises, table rustique à droite, un pavillon praticable. SCÈNE PREMIÈRE DANIEL, puis PERRICHON. DANIEL, entrant par le fond à gauche. Dix heures ! le rendez-vous n'est que pour midi. Il s'approche du pavillon et fait signe. Psit psit ! PERRICHON, passant la tête à la porte du pavillon. Ah ! c'est vous... ne faites pas de bruit... dans une minute je suis à vous@. Il rentre. DANIEL, seul. Ce pauvre monsieur Perrichon ! il a dû passer une bien mau@vaise nuit... heureusement ce duel n'aura pas lieu. PERRICHON, sortant du pavillon avec un grand manteau. Me voici. je vous attendais... DANIEL. Comment vous trouvez-vous ? Daniel, Perrichon. PERRICHON. Calme comme le bronze ! DANIEL. J'ai des épées dans la voiture. PERRICHON, entrouvrant son manteau. Moi, j'en ai là. DANIEL. Deux paires ! PERRICHON. Une peut casser... je ne veux pas me trouver dans l'embarras. DANIEL, à part. Décidément, c'est un lion !... Haut. Le fiacre est à la porte... si vous voulez. PERRICHON. Un instant ! Quelle heure est-il ? DANIEL. Dix. heures ! PERRICHON. Je ne veux pas arriver avant midi... ni après. A part. Ça ferait tout manquer. DANIEL. Vous avez raison... pourvu qu'on soit à l'heure. A part. Ça ferait tout manquer. PERRICHON. Arriver avant... c'est de la fanfaronnade... après, c'est de l'hési@tation d'ailleurs, j'attends Majorin... je lui ai écrit hier soir un mot pressant. DANIEL. Ah ! le voici. SCÈNE II LES MÊMES, MAJORIN. MAJORIN. J'ai reçu ton billet, j'ai demandé un congé... de quoi s'agit-il ? PERRICHON. Majorin... je me bats dans deux heures !... MAJORIN. Toi ? allons donc ! et avec quoi ? PERRICHON, ouvrant son manteau et laissant voir ses épées. Avec ceci. MAJORIN. Des épées ! PERRICHON. Et j'ai compté sur toi pour être mon second. Daniel remonte. MAJORIN. Sur moi ? permets, mon ami, c'est impossible ! PERRICHON. Pourquoi ? MAJORIN. Il faut que j'aille à mon bureau... je me ferais destituer. PERRICHON. Puisque tu as demandé un congé. MAJORIN. Pas pour être témoin !... On leur fait des procès aux témoins PERRICHON. il me semble, monsieur Majorin, que je vous ai rendu assez de Daniel, Majorin, Perrichon. services pour que vous ne refusiez pas de m'assister dans une cir@constance capitale de ma vie. MAJORIN, à part. Il me reproche ses six cents francs ! PERRICHON. Mais si vous craignez de vous compromettre... si vous avez peur. MAJORIN. Je n'ai pas pour... Avec amertune. D'ailleurs je ne suis pas libre... tu as su m'enchaîner par les liens de la reconnaissance. Grinçant. Ah ! la reconnaissanc !@@ DANIEL, à part. Encore un ! MAJORIN. Je ne te demande qu'une chose... c'est d'être de retour à deux heures... pour toucher mon dividende... je te rembourserai immé@diatement et alors... nous serons quittes !... DANIEL. Je crois@ qu'il est temps de partir. A perrichon. Si vous désirez faire vos adieux à madame Perrichon et à votre fille... PERRICHON. Non ! je veux éviter cette scène... ce serait des pleurs, des cris... elles s'attacheraient a mes habits pour me retenir... partons ! on entend chanter dans la coulisse. Ma fille ! SCÈNE III LES MÊMES, HENRIETTE puis MADAME PERRICHON. HENRIETTE, entrant en chantant, et un arrosoir à la main. Tra la la ! tra la la ! Parlé Ah ! c'est toi, mon petit papa. Majorin, Perrichon, Daniel. Majorin, Daniel, Perrichon, Henriette. PERRICHON. Oui... tu vois... nous partons... avec ces deux messieurs... il le faut... Il l'embrasse avec émotion. Adieu ! HENRIETTE, tranquillement. Adieu, papa. A part. Il n'y a rien à craindre, maman a prévenu le préfet de police... et moi, j'ai prévenu monsieur Armand. Elle va arroser les fleurs. PERRICHON, s'essuyant les yeux et la croyant près de lui. Allons ! ne pleure pas !... si tu ne me revois pas... songe... S'ar@rêtant. Tiens ! elle arrose ! MAJORIN, à part. Ça me révolte ! mais c'est bien fait ! MADAME PERRICHON, entrant avec des fleurs à la main, à son mari. Mon ami... peut-on couper quelques dalhias ? PERRICHON. Ma femme ! MADAME PERRICHON. Je cueille un bouquet pour mes vases. PERRICHON. Cueille... dans un pareil moment je n'ai rien à te refuser... je vais partir. Caroline. MADAME PERRICHON, tranquillement. Ah ! tu vas là-bas. PERRICHON. Oui je vais... là-bas, avec ces deux messieurs. MADAME PERRICHON. Allons ! tâche d'être revenu pour dîner. PERRICHON et MAJORIN. Hein ? PERRICHON à part. Cette tranquillité... est-ce que ma femme ne m'aimerait pas ? Majorin, Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. MAJORIN, à part. Tous les Perrichon manquent de coeur ! c'est bien fait ! DANIEL. Il est l'heure... si vous voulez être au rendez-vous à midi... PERRICHON, vivement. Précis ! MADAME PERRICHON, vivement. Précis ! vous n'avez pas de temps à perdre. HENRIETTE. Dépêche-toi, papa. @@PERRICHON. Oui. MAJORIN, à part. Ce sont elles qui le renvoient ! Quelle jolie famille ! PERRICHON. Allons ! Caroline ! ma fille ! adieu ! adieu ! Ils remontent. @@SCÈNE IV LES MÊMES, ARMAND. ARMAND, paraissant au fond. Restez, monsieur Perrichon, le duel n'aura pas lieu. TOUS. Comment ? HENRIETTE, à part. Monsieur Armand ! j'étais bien sûre de lui ! MADAME PERRICHON, à Armand. Mais, expliquez-nous... Majorin, Perrichon, Daniel, Armand, madame Perrichon, Henriette. ARMAND. C'est bien simple.., je viens de faire mettre à Clichy le comman@dant Mathieu. TOUS. A Clichy ? DANIEL, à part. Il est très-actif, mon rival ! ARMAND. Oui... cela avait été convenu depuis un mois entre le comman@dant et moi... et je ne pouvais trouver une meilleure occasion de lui être agréable. A perrichon. Et de vous en débarrasser ! MADAME PERRICHON, à Armand. Ah ! monsieur, que de reconnaissance. HENRIETTE, bas. Vous êtes notre sauveur ! PERRICHON, à part. Eh bien ! je suis contrarié de ça... j'avais si bien arrangé ma petite affaire. A midi moins un quart on nous mettait la main dessus. MADAME PERRICHON, allant à son mari. Remercie donc. PERRICHON. Qui ça ? MADAME PERRICHON. Eh bien ! monsieur Armand. PERRICHON. Ah ! oui. A Armand sèchement. Monsieur, je vous remercie. MAJORIN, à part. On dirait que ça l'étrangle. Haut. Je vais toucher mon dividende A Daniel Croyez-vous que la caisse soit ouverte@ ? DANIEL. Oui sans doute. J'ai une voiture, je vais vous conduire. Monsieur Perrichon, nous nous reverrons vous avez une réponse à me donner. MADAME PERRICHON, bas à Armand. Restez. Perrichon a promis de se prononcer aujourd'hui le moment est favorable, faites votre demande.@@ ARMAND. Vous croyez... c'est que. HENRIETTE, bas. Courage, monsieur Armand. ARMAND. Vous ! oh ! quel bonheur ! MAJORIN. Adieu, @Perrichon. DANIEL, saluant. Madame... mademoiselle. Henriette et madame Perrichon sortent par la droite Majorin et Daniel par le fond, à gauche. SCENE V PERRICHON, ARMAND, puis JEAN et le COMMANDANT. PERRICHON, à part. Je suis très-contrarié... très-contrarié !... j'ai passé une partie de la nuit à écrire à mes amis que je me battais... je vais être ridicule. ARMAND, à part. Il doit être bien disposé... Essayons. Haut. Mon cher monsieur Perrichon. Perrichon, Daniel, Majorin, madame Perrichon, Armand. Henriette. Perrichon, Armand. PERRICHON, sèchement. Monsieur ? ARMAND. Je suis plus heureux que je ne puis le dire d'avoir pu terminer cette désagréable affaire. PERRICHON, à part. Toujours son petit air protecteur ! Haut. Quant à moi, monsieur, je regrette que vous m'ayez privé du plaisir de donner une leçon à ce professeur de grammaire ! ARMAND. Comment ? mais vous ignorez donc que votre adversaire... PERRICHON. Est un ex-commandant au deuxième zouave... Eh bien ?... après ? J'estime l'armée, mais je suis de ceux qui savent la regarder en face. Il passe fièrement devant lui. JEAN, paraissant et annonçant. Le commandant Mathieu. PERRICHON. Hein ? ARMAND. Lui ! PERRICHON. Vous me disiez qu'il était en prison ! LE COMMANDANT, entrant. J'y étais, en effet, mais j'en suis sorti. Apercevant Armand. Ah ! monsieur Armand ! je viens de consigner le montant du billet que je vous dois, plus les frais... ARMAND. Très-bien, commandant... Je pense que vous ne me gardez pas rancune... vous paraissiez si désireux d'aller à Clichy. Jean, le Commandant, Armand, Perrichon. LE COMMANDANT. Oui, j'aime Clichy... mais pas les jours où je dois me battre. A Perrichon. Je suis désolé, monsieur, de vous avoir fait attendre. Je suis à vos ordres. JEAN, à part. Oh ! ce pauvre bourgeois ! PERRICHON. Je pense, monsieur, que vous me rendrez la justice de croire que je suis tout à fait étranger à l'incident qui vient de se pro@duire. ARMAND. Tout à fait car à l'instant même, monsieur me manifestait ses regrets de ne pouvoir se rencontrer avec vous... LE COMMANDANT, à Perrichon. Je n'ai jamais douté, monsieur, que vous ne fussiez un loyal ad@versaire. PERRICHON, avec hauteur. Je me plais à l'espérer, monsieur. JEAN, à part. Il est très-solide, le bourgeois. LE COMMANDANT. Mes témoins sont à la porte... partons ! PERRICHON. Partons ! LE COMMANDANT, tirant sa montre. Il est midi. PERRICHON, à part. Midi !... déjà ! LE COMMANDANT. Nous serons là-bas à deux heures... Jean, le Commandant, Perrichon, Armand. PERRICHON, à part. Deux heures ! ils seront partis.. ARMAND. Qu'avez-vous donc ? PERRICHON. J'ai... j'ai... messieurs, j'ai toujours pensé qu'il y avait quelque noblesse à reconnaître ses torts. LE COMMANDANT et JEAN, étonnés. Hein ? ARMAND. Que dit-il ? PERRICHON. Jean... laisse-nous ! ARMAND. Je me retire aussi. LE COMMANDANT. Oh ! pardon je désire que tout ceci se passe devant témoins. ARMAND. Mais... LE COMMANDANT. Je vous prie de rester. PERRICHON. Commandant... vous êtes un brave militaire... et moi... j'aime les militaires ! Je reconnais que j'ai eu des torts envers vous... et je vous prie de croire que. A part. Sapristi ! devant mon domes@tique ! Haut. Je vous prie de croire qu'il n'était ni dans mes inten@tions... Il fait signe de sortir à Jean, qui a l'air de ne pas comprendre. A part. Ça m'est égal, je le mettrai à la porte ce soir. Haut. ni dans ma pensée... d'offenser un homme que j'estime et que j'honore ! JEAN, à part. Il canne, le patron ! LE COMMANDANT. Alors, monsieur, ce sont des excuses. ARMAND, vivement. Oh ! des regrets !... PERRICHON. N'envenimez pas ! n'envenimez pas ! laissez parler le commandant. LE COMMANDANT. Sont-ce des regrets ou des excuses ? PERRICHON, hésitant. Mais... moitié l'un... moitié l'autre. LE COMMANDANT. Monsieur, vous avez écrit en toutes lettres sur le livre de Mon@tanvert... le commandant est un. PERRICHON, vivement. Je retire le mot ! il est retiré ! LE COMMANDANT. Il est retiré... ici... mais là-bas ! il s'épanouit au beau milieu d'une page que tous les voyageurs peuvent lire. PERRICHON. Ah ! dam ! pour ça ! à moins que je ne retourne moi-même l'ef@facer. LE COMMANDANT. Je n'osais pas vous le demander, mais puisque vous me l'offrez... PERRICHON. Moi ? LE COMMANDANT. J'accepte. PERRICHON. Permettez... LE COMMANDANT. Oh je ne vous demande pas de repartir aujourd'hui... non !... mais demain. PERRICHON et ARMAND. Comment ? LE COMMANDANT. Comment ? Par le premier convoi, et vous bifferez vous-même, de bonne grâce, les deux méchantes lignes échappées à votre im@provisation... ça m'obligera. PERRICHON. Oui... comme ça... il faut que je retourne en Suisse ? LE COMMANDANT. D'abord, le Montanvert était en Savoie... maintenant c'est la France ! PERRICHON. La France, reine des nations ! JEAN. C'est bien moins loin ! LE COMMANDANT, ironiquement. Il ne me reste plus qu'à rendre hommage à vos sentiments de conciliation. PERRICHON. Je n'aime pas à verser le sang ! LE COMMANDANT, riant. Je me déclare complétement satisfait. A Armand. Monsieur Des@roches, j'ai encore quelques billets en circulation, s'il vous en passe un par les mains, je me recommande toujours à vous ! Saluant. Messieurs, j'ai bien l'honneur de vous saluer! PERRICHON, saluant. Commandant. Le commandant sort. JEAN, à Perrichon, tristement. Eh bien! monsieur... voilà votre affaire arrangée. Armand, Perrichon, Jean. PERRICHON, éclatant. Toi, je te donne ton compte ! va faire tes paquets, animal. JEAN, stupéfait. Ah ! bah ! qu'est-ce que j'ai fait ! Il sort à droite. SCÈNE VI ARMAND, PERRICHON. PERRICHON, à part. Il n'y a pas à dire... j'ai fait des excuses ! moi ! dont on verra le portrait au Musée... mais à qui la faute ? à ce M. Armand ! ARMAND, à part, au fond. Pauvre homme ! je ne sais que lui dire. PERRICHON, à part. Ah ! ça, est-ce qu'il ne va pas s'en aller ? Il a peut-être encore quelque service à me rendre... Ils sont jolis, ses services ! ARMAND. Monsieur Perrichon ! PERRICHON. Monsieur ? ARMAND. @Hier, en vous quittant, je suis allé chez mon ami... l'employé à l'administration des douanes... Je lui ai parlé de votre affaire. PERRICHON, sèchement. Vous êtes trop bon. ARMAND. C'est arrangé !... on ne donnera pas suite au procès. PERRICHON. Ah! .£1 1 '-, V ijiaA Perrabon. ARMAND. Seulement, vous écrirez au douanier quelques mots de regrets. PERRICHON, éclatant. C'est ça ! des excuses ! encore des excuses !... De quoi vous mêlez-vous, à la fin ? ARMAND. Mais... PERRICHON. Est-ce que vous ne perdrez pas l'habitude de vous fourrer à chaque instant dans ma vie ? ARMAND. Comment ! PERRICHON. Oui, vous touchez à tout ! Qui est-ce qui vous a prié de faire arrêter le commandant ? Sans vous, nous étions tous là-bas, à midi ! ARMAND. Mais rien ne vous empêchait d'y être à deux heures... PERRICHON. Ce n'est pas la même chose. ARMAND. Pourquoi ? PERRICHON. Vous me demandez pourquoi ? Parce que. non ! Vous ne saurez pas pourquoi ! Avec colère. Assez de services, monsieur ! assez de services ! Désormais, si je tombe dans un trou, je vous prie de m'y laisser ! j'aime mieux donner cent francs au guide... car ça coûte cent francs... il n'y a pas de quoi être si fier ! Je vous prierai aussi de ne plus changer les heures de mes duels, et de me laisser aller en prison si c'est ma fantaisie. ARMAND. Mais, monsieur Perrichon. PERRICHON. Je n'aime pas les gens qui s'imposent... c'est de l'indiscrétion ! Vous m'envahissez !... ARMAND. Permettez... PERRICHON. Non, monsieur ! on ne me domine pas, moi ! Assez de services ! assez de services ! Il sort parle pavillon. SCÈNE VII ARMAND, puis HENRIETTE. ARMAND, seul. Je n'y comprends plus rien... je suis abasourdi ! HENRIETTE, entrant par la droite, au fond. Ah ! monsieur Armand ARMAND. Mademoiselle Henriette ! HENRIETTE. Avez-vous causé avec papa ?@@ ARMAND. Oui, mademoiselle. HENRIETTE. Eh Lien ! @ARMAND. Je viens d'acquérir la preuve de sa parfaite antipathie. HENRIETTE. Que dites-vous là ? C'est impossible. Armand, Henriette. ARMAND@. Il a été jusqu'à me reprocher de l'avoir sauvé au Montanvert... J'ai cru qu'il allait m'offrir cent francs de récompense. HENRIETTE. Cent francs ! Par exemple ! ARMAND. Il dit que c'est le prix !... HENRIETTE. Mais c'est horrible !... c'est de l'ingratitude !... ARMAND. J'ai senti que ma présence le froissait, le blessait... et je n'ai plus, mademoiselle, qu'à vous faire mes adieux. HENRIETTE, vivement. Mais, pas du tout 1 restez ! ARMAND. A quoi bon ? c'est à Daniel qu'il réserve votre main. HENRIETTE. Monsieur Daniel ?... mais je ne veux pas ! ARMAND, avec joie. An ! HENRIETTE, se reprenant. Ma mère ne veut pas ! elle ne partage pas les sentiments de papa elle est reconnaissante, elle elle vous aime... Tout à l'heure elle me disait encore Monsieur Armand est un honnête homme... un homme de coeur, et ce que j'ai de plus cher au monde, je le lui don@nerai... ARMAND@ Mais, ce qu'elle a de plus cher... c'est vous ! HENRIETTE, naïvement. Je le crois. ARMAND. Ah ! mademoiselle, que je vous remercie HENRIETTE. Mais, c'est maman qu'il faut remercier. ARMAND. Et vous, mademoiselle, me permettez-vous d'espérer que vous aurez pour moi la même bienveillance ? HENRIETTE, embarrassée. Moi, monsieur ?... ARMAND. Oh ! parlez ! je vous en supplie. HENRIETTE, baissant les yeux. Monsieur, lorsqu'une demoiselle est bien élevée, elle pense tou@jours comme sa maman. Elle se sauve.@@ SCÈNE VIII ARMAND@, puis DANIEL. ARMAND, seul. Elle m'aime ! elle me l'a dit !... Ah ! je suis trop heureux !... ah !... DANIEL, entrant. Bonjour, Armand. ARMAND. C'est vous... A part. Pauvre garçon ! DANIEL. Voici l'heure de la philosophie... Monsieur Perrichon se recueille... et dans dix minutes nous allons connaître sa réponse. Mon pauvre ami ! ARMAND. Quoi donc ? DANIEL. Dans la campagne que nous venons de faire, vous avez commis fautes sur fautes... Armand, Daniel. ARMAND, étonné. Moi ? DANIEL. Tenez, je vous aime, Armand... et je veux vous donner un bon avis qui vous servira... pour une autre fois ! vous avez un défaut mortel ! ARMAND. Lequel ? DANIEL. Vous aimez trop à rendre service... c'est une passion malheu@reuse ! ARMAND, riant. Ah ! par exemple ! DANIEL. Croyez-moi... j'ai vécu plus que vous, et dans un monde... plus avancé ! Avant d'obliger un homme, assurez-vous bien d'abord que cet homme n'est pas un imbécile. ARMAND. Pourquoi ? @DANIEL. Parce qu'un imbécile est incapable de supporter longtemps cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance il y a même des gens d'esprit qui sont d'une constitution si délicate... ARMAND, riant. Allons ! développez votre paradoxe ! DANIEL. Voulez-vous un exemple monsieur Perrichon. PERRICHON, passant sa tête à la porte du pavillon. Mon nom ! DANIEL. Vous me permettrez de ne pas le ranger dans la catégorie des hommes supérieurs. Perrichon disparaît. DANIEL. Eh bien ! monsieur Perrichon vous a pris tout doucement en grippe. ARMAND. J'en ai bien peur. DANIEL. Et pourtant vous lui avez sauvé la vie. Vous croyez peut-être que ce souvenir lui rappelle un grand acte de dévouement ? Non ! il lui rappelle trois choses Primo, qu'il ne sait pas monter à cheval se@cundo, qu'il a eu tort de mettre des éperons, malgré l'avis de sa femme tertio, qu'il a fait en public une culbute ridicule... ARMAND. Soit, mais... DANIEL. Et comme il fallait un bouquet à ce beau feu d'artifice, vous lui avez démontré, comme deux et deux font quatre, que vous ne faisiez aucun cas de son courage, en empêchant un duel... qui n'aurait pas eu lieu. ARMAND. Comment ? DANIEL. J'avais pris @@mes mesures... Je rends aussi quelquefois des ser@vices... ARMAND. Ah ! vous voyez bien ! DANIEL. Oui, mais moi, je me cache... je me masque ! Quand je pénètre dans la misère de mon semblable, c'est avec des chaussons et sans lumière... comme dans une poudrière ! D'où je conclus... ARMAND. Qu'il ne faut obliger personne ? DANIEL. Oh ! non ! mais il faut opérer nuitamment et choisir sa victime ! D'où je conclus que ledit Perrichon vous déteste votre présence l'humilie, il est votre obligé, votre inférieur ! vous l'écrasez, cet homme ! ARMAND. Mais c'est de l'ingratitude !... DANIEL. L'ingratitude est une variété de l'orgueil... C'est l'indépendance du coeur, a dit un aimable philosophe. Or, monsieur Perrichon est le carrossier le plus indépendant de la carrosserie française ! J'ai flairé cela tout de suite... Aussi ai-je suivi une marche tout à fait opposée à la vôtre. ARMAND. Laquelle ? DANIEL. Je me suis laissé glisser... exprès ! dans une petite crevasse... pas méchante. ARMAND. Exprès ? DANIEL. Vous ne comprenez pas ? Donner à un carrossier l'occasion de sauver son semblable, sans danger pour lui, c'est un coup de maître ! Aussi, depuis ce jour, je suis sa joie, son triomphe, son fait d'ar@mes ! Dès que je parais, sa figure s'épanouit, son estomac se gonfle, il lui pousse des plumes de paon ! dans sa redingote... Je le tiens ! comme la vanité tient l'homme... Quand il se refroidit, je le ranime, je le souffle... je l'imprime dans le journal. à trois francs la ligne ! ARMAND. Ah bah ! c'est vous ? DANIEL. Parbleu ! Demain je le fais peindre à l'huile... en tête-à-tête avec le mont Blanc ! J'ai demandé un tout petit mont Blanc et un im@mense Perrichon ! Enfin, mon uni, retenez bien ceci... et surtout gardez-moi le secret les hommes ne s'attachent point à nous en raison des services que nous leur rendons, mais en raison de ceux qu'ils nous rendent ! ARMAND. Les hommes... c'est possible... mais les femmes ! DANIEL. Eh bien ! les femmes... ARMAND. Elles comprennent la reconnaissance, elles savent garder au fond du coeur le souvenir du bienfait... DANIEL. Dieu ! la jolie phrase ! ARMAND. Heureusement, madame Perrichon, ne partage pas les sentiments de son mari. DANIEL. La maman est peut-être pour vous... mais j'ai pour moi l'or@gueil du papa... du haut du Montanvert ma crevasse me pro@tège ! SCÈNE IX LES MÊMES, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. @PERRICHON, entrant accompagné de sa femme et de sa fille, il est très-grave. Messieurs, je suis heureux de vous trouver ensemble... vous m'avez fait tous deux l'honneur de me demander la main de ma fille... vous allez connaître ma décision... ARMAND, à part. Voici le moment. PERRICHON, à Daniel souriant. Monsieur Daniel... mon ami ! Daniel, Armand, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. ARMAND, à part. Je suis perdu ! PERRICHON. J'ai déjà fait beaucoup pour vous... je veux faire plus encore... Je veux vous donner. DANIEL, remerciant. Ah ! monsieur@ ! PERRICHON, froidement. Un conseil... Bas. Parlez moins haut quand vous serez près d'une porte. DANIEL, étonné. Ah ! bah ! PERRICHON. Oui... je vous remercie de la leçon. Haut. Monsieur Armand... vous avez moins vécu que votre ami... vous calculez moins, mais vous me plaisez davantage... je vous donne ma fille... ARMAND. Ah ! monsieur !... PERRICHON. Et remarquez que je ne cherche pas à m'acquitter envers vous... je désire rester votre obligé... Regardant Daniel. car il n'y a que les imbéciles qui ne savent pas supporter cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance, Il se dirige vers la droite, madame Perrichon fait passer sa fille du côté d'Armand, qui lui donne le bras. DANIEL, à part. Attrappe ! @ARMAND, à part. Oh ! ce pauvre Daniel ! DANIEL. Je suis battu ! A Armand . Après comme avant, donnons-nous la main. Daniel, Perrichon, Armand, madame Perrichon, Henriette. Daniel, Armand, Henriette, madame Perrichon, Perrichon. ARMAND. Oh ! de grand coeur ! DANIEL, allant à Perrichon. Ah ! monsieur Perrichon, vous écoutez aux portes ! PERRICHON. Eh ! mon Dieu un père doit chercher à s'éclairer... Le prenant à part. Voyons là... vraiment, est-ce que vous vous y êtes jeté exprès ? DANIEL. Où ça ? PERRICHON. Dans le trou ? DANIEL. Oui... mais je ne le dirai à personne... PERRICHON. Je vous en prie. Poignées de main. SCÈNE X LES MÊMES MAJORIN. MAJORIN. Monsieur Perrichon, j'ai touché mon dividende à trois heures... et j'ai gardé la voiture de monsieur pour vous rapporter plus tôt vos six cents francs... les voici ! PERRICHON. Mais cela ne pressait pas. MAJORIN. Pardon, cela pressait. considérablement maintenant nous som@mes quittes... complétement quittes ! PERRICHON, @à part. Quand je pense que j'ai été comme ça !... Armand, Henriette, madame Perrichon, Daniel, Perrichon @@Armand, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Majorin, Daniel MAJORIN à Daniel. Voici le numéro de votre voiture, il y a sept quarts, d'heure. Il lui donne une carte. @PERRICHON@ Monsieur Armand, nous resterons chez nous demain soir... et si vous voulez nous faire plaisir, vous viendrez prendre une tasse de thé. ARMAND, courant à Perrichon, bas. Demain ! vous n'y pensez pas... et votre promesse au comman@dant ! Il retourne près d'Henriette . PERRICHON. Ah ! c'est juste ! Haut. Ma femme... ma fille... nous repartons demain matin pour la mer de Glace. HENRIETTE, étonnée. Hein ? MADAME PERRICHON. Ah ! par exemple ! nous en arrivons ! pourquoi y retourner ? PERRICHON. Pourquoi ? peux-tu le demander ? tu ne devines pas que je veux revoir l'endroit où Armand m'a sauvé. MADAME PERRICHON. Cependant... PERRICHON. Assez ! ce voyage m'est commandants se repr@enant commandé par la reconnaissance ! FIN. | LE VOYAGE DE MONSIEUR PERRICHON ACTE PREMIER Une gare. Chemin de fer de Lyon, à Paris. - Au fond, barrière ouvrant sur les salles d'attente. Au fond, à droite, guichet pour les billets. Au fond, à gauche, bancs. A droite, marchande de gâteaux à gauche, marchande de livres. SCÈNE PREMIÈRE MAJORIN, UN EMPLOYÉ DU CHEMIN DE FER, VOYAGEURS COMMISSIONNAIRES. MAJORIN, se promenant avec impatience. Ce Perrichon n'arrive pas ! Voilà une heure que je l'attends.. C'est pourtant bien aujourd'hui qu'il doit partir pour la Suisse avec sa femme et sa fille... Avec amertume. Des carrossiers qui vont en Suisse ! Des carrossiers qui ont quarante mille livres de rentes 1 Des carrossiers qui ont voiture ! Quel siècle ! Tandis que moi, je gagne deux mille quatre cents francs... un employé laborieux, intelligent, toujours courbé sur son bureau... Aujourd'hui, j'ai demandé un congé... j'ai dit que j'étais de garde... Il faut absolument que je voie Perrichon avant son départ... je veux le prier de m'avancer 6 LE VOYAGE DE MONSIEUR PERRICHON mon trimestre... six cents francs ! Il va prendre son air protecteur... faire l'important !... un carrossier ! ça fait pitié ! Il n'arrive toujours pas ! on dirait qu'il le fait exprès ! S'adressant à un facteur qui passe suivi de voyageurs. Monsieur... à quelle heure part le train direct pour Lyon ?... LE FACTEUR, brusquement. Demandez à l'employé, Il sort par la gauche. MAJORIN. Merci... manant ! S'adressant à l'employé qui est près du guichet. Monsieur, à quelle heure part le train direct pour Lyon ?... L'EMPLOYÉ, brusquement. Ça ne me regarde pas ! voyez l'affiche, Il désigne une affiche à la cantonade à gauche. MAJORIN. Merci... A part. Ils sont polis dans ces administrations Si jamais tu viens à mon bureau, toi !. Voyons l'affiche... Il sort à gauche. SCÈNE II L'EMPLOYÉ, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. Ils entrent de la droite. PERRICHON . Par ici !... ne nous quittons pas ! nous ne pourrions plus nous retrouver... Où sont nos bagages ?... Regardant à droite à la cantonade. Ah ! très-bien ! Qui est-ce qui a les parapluies ?... HENRIETTE. Moi, papa. PERRICHOX. Et le sac de nuit ?... les manteaux ?... Henriette, Perrichon, madame Perrichon. MADAME PERRICHON. Les voici ! PERRICHON. Et mon panama ?... Il est resté dans le fiacre ! Faisant un mouvement pour sortir et s'arrêtant. Ah ! non ! je l'ai à la main ! Dieu, que j'ai chaud ! MADAME PERRICHON. C'est ta faute !... tu nous presses, tu nous bouscules !... je n'aime pas à voyager comme ça ! PERRICHON. C'est le départ qui est laborieux... une fois que nous serons casés !... Restez là, je vais prendre les billets Donnant son chapeau à Henriette. Tiens, garde-moi mon panama... Au guichet. Trois premières pour Lyon ?... L'EMPLOYÉ, brusquement. Ce n'est pas ouvert ! Dans un quart d'heure ! PERRICHON, à l'employé. Ah ! pardon ! c'est la première fois que je voyage. Revenant à sa femme. Nous sommes en avance. MADAME PERRICHON. Là ! quand je te disais que nous avions le temps... Tu ne nous as pas laissé déjeuner ! PERRICHON. Il veut mieux être en avance !... on examine la gare ! A Henriette. Eh bien ! petite fille, es-tu contente ?... Nous voilà partis !... encore quelques minutes, et, rapides comme la flèche de Guillaume Tell, nous nous élancerons vers les Alpes ! A sa femme. Tu as pris la lorgnette ? MADAME PERRICHON. Mais, oui ! HENRIETTE, à son père. Sans reproches, voilà au moins deux ans que tu nous promets ce voyage. PERRICHON. Ma fille, il fallait que j'eusse vendu mon fonds... Un commerçant ne se retire pas aussi facilement des affaires qu'une petite fille de son pensionnat... D'ailleurs, j'attendais que ton éducation fût terminée pour la compléter en faisant rayonner devant toi le grand spectacle de la nature ! MADAME PERRICHON. Ah çà ! est-ce que vous allez continuer comme ça ?. PERRICHON.N. Quoi ?... MADAME PERRICHON. Vous faites des phrases dans une gare ! PERRICHON. Je ne fais pas de phrases... j'élève les idées de l'enfant. Tirant de sa poche un petit carnet. Tiens, ma fille, voici un carnet que j'ai acheté pour toi. HENRIETTE. Pourquoi faire ?... PERRICHON. Pour écrire d'un côté la dépense, et de l'autre les impressions. HENRIETTE. Quelles impressions ?... PERRICHON. Nos impressions de voyage ! Tu écriras, et moi je dicterai. MADAME PERRICHON. Comment ! vous allez vous faire auteur à présent ? PERRICHON. Il ne s'agit pas de me faire auteur... mais il me semble qu'un homme du monde peut avoir des pensées et les recueillir sur un carnet ! MADAME PERRICHON. Ce sera bien joli ! PERRICHON, à part. Elle est comme ça, chaque fois qu'elle n'a pas pris son café ! UN FACTEUR, poussant un petit chariot chargé de bagages. Monsieur, voici vos bagages. Voulez-vous les faire enregistrer ?... PERRICHON. Certainement ! Mais avant, je vais les compter... parce que, quand on sait son compte... Un, deux, trois, quatre, cinq, six., ma femme, sept, ma fille, huit, et moi, neuf. Nous sommes neuf. LE FACTEUR. Enlevez ! PERRICHON, courant vers le fond. Dépêchons-nous ! LE FACTEUR. Pas par là, c'est par ici ! Il indique la gauche. PERRICHON. Ah ! très-bien ! Aux femmes. Attendez-moi là !... ne nous perdons pas ! Il sort en courant, suivant le facteur. SCÈNE III MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis DANIEL. HENRIETTE. Pauvre père ! quelle peine il se donne ! MADAME PÉRRICHON. Il est comme un ahuri ! DANIEL, entrant suivi d'un commissionnaire qui porte sa malle. Je ne sais pas encore où je vais, attendez ! Apercevant Henriette. C'est elle je ne me suis pas trompé ! Il salue Henriette qui lui rend son salut. MADAME PERRICHON, à sa fille. Quel est ce monsieur ?... Henriette, madame Perrichon, Daniel. . HENRIETTE. C'est un jeune homme qui m'a fait danser la semaine dernière au bal du huitième arrondissement. MADAME PERRICHON, vivement. Un danseur! Elle salue Daniel . DANIEL. Madame !... mademoiselle !... je bénis le hasard... Ces dames vont partir?... MADAME PERRICHON. Oui, monsieur ! DANIEL, Ces dames vont à Marseille, sans doute ?... MADAME PERRICHON Non, monsieur. DANIEL. A Nice, peut-être ?... MADAME PERRICHON. Non, monsieur ! DANIEL. Pardon, madame... je croyais... si mes services... LE FACTEUR à Daniel. Bourgeois ! vous n'avez que le temps pour vos bagages. DANIEL. C'est juste ! allons ! A part J'aurais voulu savoir où elles vont... avant de prendre mon billet... Saluant Madame... mademoiselle... A part. Elles partent, c'est le principal ! Il sort par la gauche. SCÈNE IV MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis ARMAND. MADAME PERRICHON. Il est très-bien, ce jeune homme ! ARMAND, tenant un sac de nuit. Portez ma malle aux bagages... je vous rejoins ! Apercevant Henriette. C'est elle ! Ils se saluent . MADAME PERRICHON. Quel est ce monsieur ?... HENRIETTE C'est encore un jeune homme qui m'a fait danser au bal du huitième arrondissement. MADAME PERRICHON. Ah çà ! ils se sont donc tous donné rendez-vous ici ?... n'importe, c'est un danseur ! Saluant. Monsieur... ARMAND. Madame... mademoiselle... je bénis le hasard... Ces dames vont partir ? MADAME PERRICHON. Oui, monsieur. ARMAND. Ces dames vont à Marseille, sans doute ?... MADAME PERRICHON. Non, monsieur. ARMAND. A Nice, peut-être ?... MADAME PERRICHON, à part. Tiens, comme l'autre ! Haut. Non monsieur ! ARMAND. Pardon, madame, je croyais... si mes services. MADAME PERRICHON, à part. Après ça ! ils sont du même arrondissement. ARMAND, à part. Je ne suis pas plus avancé... je vais faire enregistrer ma malle. je reviendrai ! Saluant. Madame... mademoiselle. Armand, madame Perrichon, Henriette. SCÈNE V MADAME PERRICHON, HENRIETTE, MAJORIN, puis PERRICHON. MADAME PERRICHON. Il est très-bien, ce jeune homme !... Mais que fait ton père ? les jambes me rentrent dans le corps ! MAJORIN, entrant de la gauche. Je me suis trompé, ce train ne part que dans une heure ! HENRIETTE. Tiens ! monsieur Majorin ! MAJORIN, à part. Enfin ! les voici MADAME PERRICHON. Vous ! comment n'êtes-vous pas à votre bureau ?... MAJORIN. J'ai demandé un congé, belle dame je ne voulais pas vous laisser partir sans vous faire mes adieux ! MADAME PERRICHON. Comment ! c'est pour cela que vous êtes venu ! ah ! que c'est aimable ! MAJORIN. Mais je ne vois pas Perrichon ! HENRIETTE. Papa s'occupe des bagages. PERRICHON, entrant eu courant à la cantonade. Les billets d'abord ! très-bien ! MAJORIN. Ah ! le voici ! Bonjour cher ami ! Majorin, madame Perrichon, Henriette. Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Majorin. PERRICHON, très-pressé. Ah ! c'est toi ! tu es bien gentil d'être venu !. Pardon, il faut que je prenne mes billets ! Il le quitte. MAJORIN, à part. Il est poli ! PERRICHON, à l'employé au guichet. Monsieur, on ne veut pas enregistrer mes bagages avant que je n'aie pris mes billets ? L'EMPLOYÉ. Ce n'est pas ouvert ! attendez ! PERRICHON, Attendez ! et là-bas, ils m'ont dit Dépêchez-vous ! S'essuyant le front. Je suis en nage ! MADAME PERRICHON. Et moi, je ne tiens plus sur mes jambes ! PERRICHON. Eh bien, asseyez-vous ! Indiquant le fond à gauche. Voilà des bancs... vous êtes bonnes de rester plantées là comme deux factionnaires. MADAME PERRICHON. C'est toi-même qui nous as dit restez-la! tu n'en finis pas ! tu es insupportable ! PERRICHON. Voyons, Caroline ! MADAME PERRICHON. Ton voyage ! j'en ai déjà assez ! PERRICHON. On voit bien que tu n'as pas pris ton café ! Tiens, vas t'asseoir ! MADAME PERRICHON. Oui ! mais dépêche-toi ! Elle va s'asseoir avec Henriette. SCÈNE VI PERRICHON, MAJORIN. MAJORIN, à part. Joli petit ménage ! PERRICHON, à Majorin. C'est toujours comme ça quand elle n'a pas pris son café... Ce bon Majorin ! c'est bien gentil à toi d'être venu ! MAJORIN. Oui, je voulais te parler d'une petite affaire. PERRICHON distrait. Et mes bagages qui sont restés là-bas sur une table... Je suis inquiet ! Haut. Ce bon Majorin ! c'est bien gentil à toi d'être venu !. A part. Si j'y allais !.-MAJORIN. J'ai un petit service à te demander. PERRICHON. A moi ?... MAJORIN. J'ai déménagé... et si tu voulais m'avancer un trimestre de mes appointements... six cents francs ! PERRICHON. Comment ici ?. MAJORIN. Je crois t'avoir toujours rendu exactement l'argent que tu m'as prêté. PERRICHON. Il ne s'agit pas de ça ! MAJORIN. Pardon ! je tiens à le constater... Je touche mon dividende des paquebots le huit du mois prochain j'ai douze actions et si tu n'as pas confiance en moi, je te remettrai les titres en garantie. PERRICHON. Allons donc ! es-tu bête ! MAJORIN, sèchement. Merci ! PERRICHON. Pourquoi diable aussi viens-tu me demander ça au moment où je pars ?... j'ai pris juste l'argent nécessaire à mon voyage. MAJORIN. Après ça, si ça te gêne... n'en parlons plus. Je m'adresserai à des usuriers qui me prendront cinq pour pour cent par an... je n'en mourrai pas ! PERRICHON, tirant son porte-feuille. Voyons, ne te fâche pas !... tiens, les voilà tes six cents francs, mais n'en parle pas à ma femme. MAJORIN, prenant les billets. Je comprends ! elle est si avare ! PERRICHON. Comment ! avare ?... MAJORIN. Je veux dire qu'elle a de l'ordre ! PERRICHON. Il faut ça, mon ami !... il faut ça ! MAJORIN, sèchement. Allons ! c'est six cents francs que je te dois... adieu ! A part. Que d'histoires ! pour six-cents francs !... et ça va en Suisse!... Carrossier !.. Il diparaît à droite. PERRICHON. Eh bien ! il part ! il ne m'a seulement pas dit merci ! mais au fond, je crois qu'il m'aime ! Apercevant le guichet ouvert Ah ! sapristi ! on distribue les billets !.. Il se précipite vers la balustrade et bouscule cinq à six personnes qui font la queue. UN VOYAGEUR. Faites donc attention, monsieur ! L'EMPLOYÉ, à Perrichon. Prenez votre tour, vous ! là-bas ! PERRICHON à part. Et mes bagages !... et ma femme !... Il se met à la queu. SCÈNE VII LES MÊMES, LE COMMANDANT suivi de JOSEPH, qui porte sa valise. LE COMMANDANT. Tu m'entends bien ! JOSEPH. Oui, mon commandant. LE COMMANDANT. Et si elle demande où je suis ?... quand je reviendrai ? tu répondras que tu n'en sais rien. Je ne veux plus entendre parler d'elle. JOSEPH. Oui, mon commandant. LE COMMANDANT.T. Tu diras à Anita que tout est fini... bien fini... JOSEPH. Oui, mon commandant. PERRICHON. J'ai mes billets !.. vite ! à mes bagages ! Quel métier que d'aller à Lyon ! Il sort en courant. LE COMMANDANT. Tu m'as bien compris ? JOSEPH. Sauf votre respect, mon commandant, c'est bien inutile de partir. LE COMMANDANT. Pourquoi ?.. Le Commandant, Joseph. JOSEPH. Parce qu'à son retour, mon commandant reprendra mademoiselle Anita. LE COMMANDANT. Oh ! JOSEPH. Alors, autant vaudrait ne pas la quitter les raccommodements coûtent toujours quelque chose à mon commandant. LE COMMANDANT. Ah ! cette fois, c'est sérieux ! Anita s'est rendue indigne de mon affection et des bontés que j'ai pour elle. JOSEPH. On peut dire qu'elle vous ruine, mon commandant. Il est encore venu un huissier ce matin... et les huissiers, c'est comme les vers... quand ça commence à se mettre quelque part. LE COMMANDANT. A mon retour, j'arrangerai toutes mes affaires... adieu ! JOSEPH. Adieu mon commandant. LE COMMANDANT s'approche du guichet et revient. Ah ! tu m'écriras à Genève, poste restante... tu me donneras des nouvelles de ta santé... JOSEPH, flatté. Mon commandant est bien bon ! LE COMMANDANT. Et puis, tu me diras si l'on a eu du chagrin en apprenant mon départ... si l'on a pleuré... JOSEPH. Qui ça, mon commandant ?.. LE COMMANDANT. Eh parbleu ! elle ! Anita ! JOSEPH. Vous la reprendrez, mon commandant ! Joseph, le Commandant. LE COMMANDANT. Jamais ! JOSEPH. Ça fera la huitième fois. Ça me fait de la peine de voir un brave homme comme vous, harcelé par des créanciers... et pour qui ? pour une... LE COMMANDANT. Allons, c'est bien ! donne-moi ma valise ? et écris-moi-à Genève.., demain ou ce soir ! bonjour ! JOSEPH. Bon voyage, mon commandant ! A part. Il sera revenu avant huit jours ! 0 les femmes ! et les hommes !... Il sort. - Le commandant va prendre son billet et entre dans la salle d'attente. SCÈNE VIII MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis PERRICHON, UN FACTEUR. MADAME PERRICHON, se levant avec sa fille. Je suis lasse d'être assise ! PERRICHON, entrant en courant. Enfin! c'est fini ! j'ai mon bulletin ! je suis enregistré ! MADAME PERRICHON. Ce n'est pas malheureux ! LE FACTEUR, poussant son chariot vide, à Perrichon. Monsieur... n'oubliez pas le facteur, s'il vous plaît... PERRICHON. Ah ! oui... Attendez... Se concertant avec sa femme et sa fille. Qu'est-ce qu'il faut lui donner à celui-là, dix sous ?... MADAME PERRICHON. Quinze. Henriette, Perrichon, madame Perrichon. HENRIETTE. Vingt. PERRICHON. Allons... va pour vingt sous ! Les lui donnant Tenez, mon garçon. LE FACTEUR. Merci, monsieur ! Il sort. MADAME PERRICHON. Entrons-nous ? PERRICHON. Un instant. Henriette, prends ton carnet et écris. MADAME PERRICHON. Déjà ! PERRICHON, dictant. Dépenses fiacre deux francs... chemin de fer, cent soixante-douze francs cinq centimes... facteur, un franc. HENRIETTE. C'est fait ! PERRICHON. Attends ! impression ! MADAME PERRICHON, à part. Il est insupportable ! PERRICHON, dictant. Adieu, France... reine des nations ! S'interrompant Eh bien ! et mon panama ?.. je l'aurai laissé aux bagages ! Il veut courir. MADAME PERRICHON. Mais non ! le voici ! PERRICHON. Ah ! oui ! Dictant Adieu, France ! reine des nations ! On entend la cloche et l'on voit accourir plusieurs voyageurs. MADAME PERRICHON. Le signal ! tu vas nous faire manquer le convoi ! PERRICHON. Entrons, nous finirons cela plus tard ! L'employé l'arrête à la barrière pour voir les billets. Perrichon querelle sa femme, et sa fille finit par trouver les billets dans sa poche. Ils entrent dans la salle d'attente. SCÈNE IX ARMAND, DANIEL puis PERRICHON. Daniel, qui vient de prendre son billet, est heurté par Armand qui veut prendre le sien. ARMAND. Prenez donc garde ! DANIEL. Faites attention vous-même ! ARMAND. Daniel ! DANIEL. Armand ! ARMAND. Vous partez ?.. DANIEL. A l'instant ! et vous ?.. ARMAND. Moi aussi ! DANIEL. C'est charmant ! nous ferons route ensemble ! J'ai des cigares de première classe... et où allez-vous ? ARMAND. Ma foi, mon cher ami, je n'en sais rien encore. DANIEL. Tiens ! c'est bizarre ! ni moi non plus ! J'ai pris un billet jusqu'à Lyon. ARMAND. Vraiment ! moi aussi ! je me dispose à suivre une demoiselle charmante. Daniel, Armand. DANIEL. Tiens ! moi aussi. ARMAND. La fille d'un carrossier ! DANIEL Perrichon ? ARMAND. Perrichon ! DANIEL. C'est la même ! ARMAND. Mais je l'aime, mon cher Daniel. DANIEL. Je J'aime également, mon cher Armand. ARMAND. Je veux l'épouser ! DANIEL. Moi, je veux la demander en mariage... ce qui est à peu près la même chose. ARMAND. Mais nous ne pouvons l'épouser tous les deux DANIEL. En France, c'est défendu ! ARMAND. Que faire ?... DANIEL. C'est bien simple ! puisque nous sommes sur le marchepied du wagon, continuons gaiement notre voyage... cherchons à plaire... à nous faire mer, chacun de notre côté ! ARMAND, riant. Alors, c'est un concours !... un tournoi ?... DANIEL. Une lutte loyale... et amicale... Si vous êtes vainqueur... je m'in clinerai... si je l'emporte, vous ne me tiendrez pas rancune ! Est-ce dit ? ARMAND. Soit ! j'accepte. DANIEL. La main, avant la bataille ? ARMAND. Et la main après. Ils se donnent la main. PERRICHON, entrant en courant, à la cantonade. Je te dis que j'ai le temps ! DANIEL. Tiens ! notre beau-père ! PERRICHON, à la marchande de livres. Madame, je voudrais un livre pour ma femme et ma fille... un livre qui ne parle ni de galanterie, ni d'argent, ni de politique, ni de mariage, ni de mort. DANIEL, à part. Robinson Crusoé ! LA MARCHANDE. Monsieur, j'ai votre affaire. Elle lui remet un volume. PERRICHON, lisant. Les Bords de la Saône deux francs ! Payant. Vous me jurez qu'il n'y a pas de bêtises là-dedans ? On entend la cloche . Ah diable ! Bonjour, madame, Il sort en courant. ARMAND. Suivons le ? DANIEL. Suivons ! C'est égal, je voudrais bien savoir où nous allons ?... On voit courir plusieurs voyageurs. - Tableau. Perrichon, Daniel, Armand. FIN DU PREMIER ACTE ACTE DEUXIÈME Un intérieur d'auberge au Montanvert, près de la mer de Glace. - Au fond, à droite, porte d'entrée au fond, à gauche, fenêtre vue de montagnes couvertes de neige à gauche, porte et cheminée haute. - Table, à droite, table où est le livre des voyageurs, et porte. SCÈNE PREMIÈRE ARMAND, DANIEL, L'AUBERGISTE, UN GUIDE. Daniel et Armand sont assis à une table, et déjeunent. L'AUBERGISTE. Ces messieurs prendront-ils autre chose ? DANIEL. Tout à l'heure... du café. ARMAND. Faites manger le guide après nous partirons pour la mer de Glace. L'AUBERGISTE. Venez, guide, Il sort, suivi du guide, par la droite. DANIEL. Eh bien ! mon cher Armand ? ARMAND. Eh bien ! mon cher Daniel ? Armand, Daniel, l'Aubergiste, le Guide. DANIEL. Les opérations sont engagées, nous avons commencé l'attaque. ARMAND. Notre premier soin a été de nous introduire dans le même wagon que la famille Perrichon le papa avait déjà mis sa calotte. DANIEL. Nous les avons bombardés de prévenances, de petits soins. ARMAND. Vous avez prêté votre journal à monsieur Perrichon, qui a dormi dessus... En échange, il vous a offert les Bords de la Saône... un livre avec des images. DANIEL. Et vous, à partir de Dijon, vous avez tenu un store dont la mécanique était dérangée ça a dû vous fatiguer. ARMAND. Oui, mais la maman m'a comblé de pastilles de chocolat. DANIEL. Gourmand !... vous vous êtes fait nourrir. ARMAND. A Lyon, nous descendons au même hôtel... DANIEL. Et le papa, en nous retrouvant, s'écrie Ah ! quel heureux hasard !. ARMAND. A Genève, même rencontre... imprévue... DANIEL. A Chamouny, même situation et le Perrichon de s'écrier toujours Ah ! quel heureux hasard ! ARMAND. Hier soir, vous apprenez que la famille se dispose à venir voir la mer de Glace, et vous venez me chercher dans ma chambre... dès l'aurore... c'est un trait de gentilhomme ! DANIEL. C'est dans notre programme... lutte loyale !... Voulez-vous de l'omelette ? ARMAND. Merci... Mon cher, je dois vous prévenir... loyalement, que de Châlon à Lyon, mademoiselle Perrichon m'a regardé trois fois. DANIEL. Et moi, quatre ! ARMAND. Diable ! c'est sérieux ! DANIEL. Ça le sera bien davantage quand elle ne nous regardera plus. Je crois qu'en ce moment elle nous préfère tous les deux. ça peut durer longtemps comme ça heureusement nous sommes gens de loisir. ARMAND. Ah çà ! expliquez-moi comment vous avez pu vous éloigner de Paris, étant le gérant d'une société de paquebots ?... DANIEL. Les Remorqueurs sur la Seine... capital social, deux millions. C'est bien simple je me suis demandé un petit congé, et je n'ai pas hésité à me l'accorder... J'ai de bons employés les paquebots vont tous seuls, et pourvu que je sois à Paris le huit du mois prochain pour le paiement du dividende... Ah çà ! et vous ?... un banquier... Il me semble que vous pérégrinez beaucoup ? ARMAND. Oh ! ma maison de banque ne m'occupe guère... J'ai associé mes capitaux en réservant la liberté de ma personne, je suis banquier... DANIEL. Amateur ! ARMAND. Je n'ai, comme vous, affaire à Paris que vers le huit du mois prochain. DANIEL. Et d'ici-là nous allons nous faire une guerre à outrance... ARMAND. A outrance ! comme deux bons amis. J'ai eu un moment la pensée de vous céder la place mais j'aime sérieusement Henriette. DANIEL. C'est singulier... je voulais vous faire le même sacrifice... sans rire. A Châlon, j'avais envie de décamper, mais je l'ai regardée. ARMAND. Elle est si jolie ! DANIEL. Si douce ! ARMAND. Si blonde ! DANIEL. Il n'y a presque plus de blondes et des yeux ! ARMAND. Comme nous les aimons. DANIEL. Alors je suis resté ! ARMAND. Ah ! je vous comprends ! DANIEL. A la bonne heure ! C'est un plaisir de vous avoir pour ennemi ! Lui serrant la main. Cher Armand ! ARMAND, de même. Bon Daniel ! Ah cà ! monsieur Perrichon n'arrive pas. Est-ce qu'il aurait changé son itinéraire ? si nous allions les perdre ? DANIEL. Diable ! c'est qu'il est capricieux le bonhomme... Avant-hier il nous a envoyés nous promener à Ferney où nous comptions le retrouver... ARMAND. Et pendant ce temps, il était allé à Lauzanne. DANIEL. Eh bien, c'est drôle de voyager comme cela ! Voyant Armand qui se lève. Où allez-vous donc ? ARMAND. Je ne tiens pas en place, j'ai envie d'aller au-devant de ces dames. DANIEL. Et le café ? ARMAND. Je n'en prendrai pas... au revoir ! Il sort vivement par le fond. SCÈNE II DANIEL, puis L'AUBERGISTE, puis LE GUIDE. DAN Quel excellent garçon ! c'est tout coeur, tout feu... mais ça ne sait pas vivre, il est parti sans prendre son café ! Appelant. Holà !... monsieur l'aubergiste ! L'AUBERGISTE, paraissant. Monsieur ! DANIEL. Le café. L'aubergiste sort. Daniel allume un cigare. Hier, j'ai voulu faire fumer le beau-père... ça ne lui a pas réussi... L'AUBERGISTE, apportant le café. Monsieur est servi. DANIEL, s'asseyant derrière la table, devant la cheminée et étendant une jambe sur la chaise d'Armand. Approchez cette chaise... très-bien... Il a désigné une autre chaise, Il y étend l'autre jambe. Merci !... Ce pauvre Armand ! il court sur la grande route, lui, en plein soleil... et moi, je m'étends ! Qui arrivera le premier de nous deux ? nous avons la fable du Lièvre et de la Tortue. L'AUBERGISTE, lui présentant un registre. Monsieur veut-il écrire quelque chose sur le livre des voyageurs ? DANIEL. Moi ?... je n'écris jamais après mes repas, rarement avant... Voyons les pensées délicates et ingénieuses des visiteurs, Il feuillète le livre, lisant. Je ne me suis jamais mouché si haut !. Signé Un voyageur enrhumé... Il continue à feuilleter. Oh ! la belle écriture. Lisant Qu'il est beau d'admirer les splendeurs de la nature, entouré de sa femme et de sa nièce !... Signé Malaquais, rentier... Je me suis toujours demandé pourquoi les Français, si spirituels chez eux, sont si bêtes en voyage ! Cris et tumulte en dehors. L'AUBERGISTE. Ah ! mon Dieu ! DANIEL. Qu'y a-t-il ? SCÈNE III DANIEL, PERRICHON, ARMAND, MADAME PERRICHON, HENRIETTE, L'AUBERGISTE. Perrichon entre, soutenu par sa femme et le guide. ARMAND. Vite, de l'eau ! du sel ! du vinaigre ! DANIEL. Qu'est-il donc arrivé ? HENRIETTE. Mon père a manqué de se tuer ! DANIEL. Est-il possible ? PERRICHON, assis. Ma femme !... ma fille !... Ah ! je me sens mieux... HENRIETTE, lui présentant un verre d'eau sucrée. Tiens !... bois !... ça te remettra... Daniel, Henriette, Perrichon, madame Perrichon, Armand. PERRICHON. Merci... quelle culbute ! Il boit. MADAME PERRICHON. C'est ta faute aussi... vouloir monter à cheval, un père de famille... et avec des éperons encore ! PERRICHON, Les éperons n'y sont pour rien... c'est la bête qui est ombrageuse. MADAME PERRICHON, Tu l'auras piquée sans le vouloir, elle s'est cabrée... HENRIETTE, Et sans monsieur Armand qui venait d'arriver... mon père disparaissait dans un précipice... MADAME PERRICHON, Il y était déjà. je le voyais rouler comme une boule... nous poussions des cris !... HENRIETTE. Alors, monsieur s'est élancé !. MADAME PERRICHON. Avec un courage, un sang-froid !... Vous êtes notre sauveur... car sans vous mon mari. mon pauvre ami.. Elle éclate en sanglots ARMAND. Il n'y a plus de danger... calmez-vous ! MADAME PERRICHON, pleurant toujours. Non ! ça me fait du bien ! A son mari. Ça t'apprendra à mettre des éperons, Sanglotant plus fort. Tu n'aimes pas ta famille. HENRIETTE, à Armand. Permettez-moi d'ajouter mes remercîments à ceux de ma mère, je garderai toute ma vie le souvenir de cette journée... toute ma vie !... ARMAND. Ah ! mademoiselle ! Daniel, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Armand. PERRICHON, à part. A mon tour ! monsieur Armand !... non, laissez-moi vous appeler Armand ? ARMAND. Comment donc ! PERRICHON. Armand... donnez-moi la main. Je ne sais pas faire de phrase, moi... mais tant qu'il battra, vous aurez une place dans le coeur de Perrichon ! Lui serrant la main. Je ne vous dis que cela ! MADAME PERRICHON. Merci !... monsieur Armand ! HENRIETTE. Merci, monsieur Armand ! ARMAND. Mademoiselle Henriette ! DANIEL, à part. Je commence à croire que j'ai eu tort de prendre mon café ! MADAME PERRICHON, à l'aubergiste. Vous ferez reconduire le cheval, nous retournerons tous en voiture. PERRICHON, se levant. Mais je t'assure, ma chère amie, que je suis assez bon cavalier... Poussant un cri. Aïe ! TOUS. Quoi ? PERRICHON. Rien !... les reins ! Vous ferez reconduire le cheval ! MADAME PERRICHON. Viens te reposer un moment au revoir, monsieur Armand ! HENRIETTE. Au revoir, monsieur Armand ! PERRICHON, serrant énergiquement la main d'Armand. A bientôt... Armand ! Poussant un second cri. Aïe !... j'ai trop serré ! Il entre à gauche suivi de sa femme et de sa fille. SCÈNE IV ARMAND, DANIEL. ARMAND. Qu'est-ce que vous dites de cela, mon cher Daniel ? DANIEL. Que voulez-vous ? c'est de la veine !... vous sauvez le père, vous cultivez le précipice, ce n'était pas dans le programme ! ARMAND. C'est bien le hasard... DANIEL. Le papa vous appelle Armand, la mère pleure et la fille vous décoche des phrases bien senties... empruntées aux plus belles pages de monsieur Bouilly... Je suis vaincu, c'est clair ! et je n'ai plus qu'à vous céder la place... ARMAND. Allons donc ! vous plaisantez... DANIEL. Je plaisante si peu que, dès ce soir, je pars pour Paris. ARMAND. Comment ? DANIEL. Où vous retrouverez un ami... qui vous souhaite bonne chance ! ARMAND. Vous partez ! ah ! merci ! DANIEL. Voilà un cri du coeur ! ARMAND. Ah ! pardon ! je le retire !... après le sacrifice que vous me faites Armand, Daniel. DANIEL. Moi ? entendons-nous bien... je ne vous faits pas le plus léger sacrifice. Si je me retire, c'est que je ne crois avoir aucune chance de réussir car, maintenant encore, s'il s'en présentait une... même petite, je resterais. ARMAND. Ah ! DANIEL. Est-ce singulier ! Depuis qu'Henriette m'échappe, il me semble que je l'aime davantage. ARMAND. Je comprends cela... aussi, je ne vous demanderai pas le service que je voulais vous demander. DANIEL. Quoi donc ? ARMAND. Non, rien. DANIEL. Parlez... je vous en prie. ARMAND. J'avais songé... puisque vous partez, à vous prier devoir monsieur Perrichon, de lui toucher quelques mots de ma position, de mes espérances. DANIEL. Ah ! diable ! ARMAND. Je ne puis le faire moi-même... j'aurais l'air de réclamer le prix du service que je viens de lui rendre. DANIEL. Enfin, vous me priez de faire la demande pour vous ? Savez-vous que c'est original ce que vous me demandez là. ARMAND. Vous refusez?... DANIEL. Ah ! Armand ! j'accepte ! ARMAND. Mon ami ! DANI Avouez que je suis un bien bon petit rival, un rival qui fait la demande. Voix de Perrichon dans la coulisse. J'entends le beau-père ! Allez fumer un cigare et revenez ! ARMAND. Vraiment ! je ne sais comment vous remercier... DANIEL. Soyez tranquille, je vais faire vibrer chez lui la corde de la reconnaissance. Armand sort par le fond. SCÈNE V DANIEL, PERRICHON, puis L'AUBERGISTE. PERRICHON, entrant et parlant à la cantonade, Mais certainement il m'a sauvé ! certainement il m'a sauvé, et, tant qu'il battra, le coeur de Perrichon... je lui ai dit... DANIEL. Eh bien ! monsieur Perrichon... vous sentez-vous mieux ? PERRICHON. Ah ! je suis tout à fait remis... je viens de boire trois gouttes de rhum dans un verre d'eau, et dans un quart d'heure, je compte gambader sur la mer de Glace. Tiens, votre ami n'est plus là ? DANIEL. Il vient de sortir. PERRICHON. C'est un brave jeune homme !... ces dames l'aiment beaucoup. Perrichon, Daniel. DANIEL. Oh quand elle le connaîtront davantage !... un coeur d'or ! obligeant, dévoué, et d'une modestie ! PERRICHOX. Oh ! c'est rare. DANIEL. Et puis il est banquier... c'est un banquier !. PERRICHON. Ah ! DANIEL. Associé de la maison Turneps, Desroches et Ce, dites donc. C'est assez flatteur d'être repêché par un banquier... car, enfin, il vous a sauvé !... Hein ?... sans lui !... PERRICHON. Certainement... certainement. C'est très-gentil ce qu'il a fait là ! DANIEL, étonné. Comment, gentil ! PERRICHON. Est-ce que vous allez vouloir atténuer le mérite de son action ? DANIEL. Par exemple ! PERRICHON. Ma reconnaissance ne finira qu'avec ma vie... çà !... tant que le coeur de Perrichon battra. Mais, entre nous, le service qu'il m'a rendu n'est pas aussi grand que ma femme et ma fille veulent bien le dire. DANIEL, étonné. Ah bah ? PERRICHON Oui. Elles se montent la tête. Mais, vous savez, les femmes !.. DANIEL. Cependant, quand Armand vous a arrêté, vous rouliez... PERRICHON. Je roulais, c'est vrai... mais avec une présence d'esprit étonnante... J'avais aperçu un petit sapin après lequel j'allais me cramponner je le tenais déjà quand votre ami est arrivé. DANIEL, à part. Tiens, tiens ! vous allez voir qu'il s'est sauvé tout seul. PERRICHON. Au reste, je ne lui sais pas moins gré de sa bonne intention... Je compte le revoir... lui réitérer mes remercîments... je l'inviterai même cet hiver. DANIEL, à part. Une tasse de thé ! PERRICHON. Il paraît que ce n'est pas la première fois qu'un pareil accident arrive à cet endroit-là... c'est un mauvais pas... L'aubergiste vient de me raconter que, l'an dernier, un Russe... un prince... très-bon cavalier !... car ma femme a beau dire, ça ne tient pas à mes éperons ! avait roulé dans le même trou. DANIEL. En vérité ? PERRICHON. Son guide l'a retiré... Vous voyez qu'on s'en retire parfaitement... Eh bien ! le Russe lui a donné cent francs ! DANIEL. C'est très-bien payé ! PERRICHON. Je le crois bien !... Pourtant c'est ce que ça vaut !... DANIEL. Pas un sou de plus. A part. Oh ! mais je ne pars pas. PERRICHON, remontant. Ah çà ! ce guide n'arrive pas. DANIEL. Est-ce que ces dames sont prêtes ? PERRICHON. Non... elles ne viendront pas vous comprenez ? mais je compte sur vous... DANIEL. Et sur Armand ? PERRICHON. S'il veut être des nôtres, je ne refuserai certainement pas la compagnie de M. Desroches. DANIEL, à part. M. Desroches ! Encore un peu il va le prendre en grippe ! L'AUBERGISTE, entrant de la droite. Monsieur !... PERRICHON. Eh bien ! ce guide ? L'AUBERGISTE. Il est à la porte... Voici vos chaussons. PERRICHON. Ah ! oui ! il paraît qu'on glisse dans les crevasses là-bas... et comme je ne veux avoir d'obligation à personne... L'AUBERGISTE, lui présentant le registre. Monsieur écrit-il sur le livre des voyageurs ? PERRICHON. Certainement... mais je ne voudrais pas écrire quelque chose d'ordinaire... il me faudrait là... une pensée !... une jolie pensée... Rendant le livre à l'aubergiste. Je vais y rêver en mettant mes chaussons. A Daniel. Je suis à vous dans la minute, Il entre à droite, suivi de l'aubergiste. Daniel, Perrichon. SCÈNE VI DANIEL, puis ARMAND. DANIEL, seul. Ce carrossier est un trésor d'ingratitude. Or, les trésors appartiennent à ceux qui les trouvent, article 716 du Code civil... ARMAND, paraissant à la porte du fond. Eh bien ? DANIEL, à part. Pauvre garçon ! ARMAND. L'avez-vous vu ? DANIEL. Oui. ARMAND. Lui avez-vous parlé ? DANIEL. Je lui ai parlé. ARMAND. Alors vous avez fait ma demande ?... DANIEL. Non. ARMAND. Tiens ! pourquoi ? DANIEL. Nous nous sommes promis d'être francs vis-à-vis l'un de l'autre. Eh bien ! mon cher Armand, je ne pars plus, je continue la lutte. ARMAND, étonné. Ah ! c'est différent !... et peut-on vous demander les motifs qui ont changé votre détermination ? Daniel, Armand. DANIEL. Les motifs... j'en ai un puissant... je crois réussir. ARMAND. Vous ? DANIEL. Je compte prendre un autre chemin que le vôtre et arriver plus vite. ARMAND. C'est très-bien... vous êtes dans votre droit... DANIEL. Mais la lutte n'en continuera pas moins loyale et amicale ? ARMAND. Oui. DANIEL. Voilà un oui un peu sec ! ARMAND. Pardon... Lui tendant la main. Daniel, je vous le promets DANIEL. A la bonne heure ! Il remonte. SCÈNE VII LES MÊMES, PERRICHON, puis L'AUBERGISTE. PERRICHON. Je suis prêt... j'ai mis mes chaussons. Ah ! monsieur Armand. ARMAND. Vous sentez vous remis de votre chute ? PERRICHON. Tout à fait ! ne parlons plus de ce petit accident... c'est oublié Arniand, Perrichon, Daniel. DANIEL, à part. Oublié ! Il est plus vrai que la nature... PERRICHON. Non partons pour la mer de Glace... êtes vous des nôtres ? ARMAND. Je suis un peu fatigué... je vous demanderai la permission de rester... PERRICHON, avec empressement. Très-volontiers ! ne vous gênez pas ! A l'aubergiste qui entre Ah ! monsieur l'aubergiste, donnez-moi le livre des voyageurs. Il s'assied à droite et écrit. DANIEL, à part. Il paraît qu'il a trouvé sa pensée... la jolie pensée. PERRICHON, achevant d'écrire. Là., voilà ce que c'est ! Lisant avec emphase Que l'homme est petit quand on le comtemple au haut de la mère de Glace ! DANIEL. Sapristi ! c'est fort ! ARMAND, à part. Courtisan ! PERRICHON, modestement. Ce n'est pas l'idée de tout le monde. DANIEL, à part. Ni l'orthographe il a écrit mère, r e re ! PFRRICHON, à l'aubergiste lui montrant le livre ouvert sur la table. Prenez garde ! c'est frais ! L'AUBERGISTE. Le guide attend ces messieurs avec les bâtons ferrés. PERRICHON. Allons ! en route ! Armand, Daniel, Perrichon. DANIEL. En route ! Daniel et Perrichon sortent suivis de l'aubergiste ? SCÈNE VIII ARMAND, puis L'AUBERGISTE et LE COMMANDANT MATHIEU. ARMAND. Quel singulier revirement chez Daniel ! Ces dames sont là... elles ne peuvent tarder à sortir, je veux les voir... leur parler... S'asseyant vers la cheminée et prenant un journal Je vais les attendre. L'AUBERGISTE, à la cantonade. Par ici, monsieur. LE COMMANDANT, entrant. Je ne reste qu'une minute... je repars à l'instant pour la mer de Glace... S'asseyant devant la table sur laquelle est resté le registre ouvert. Faites-moi servir un grog au kirsch, je vous prie. L'AUBERGISTE, sortant a droite. Tout de suite, monsieur. LE COMMANDANT, apercevant le registre. Ah ! ah ! le livre des voyageurs ! voyons ?... Lisant Que l'homme est petit quand on le contemple du haut de la mère de Glace !... signé Perrichon... mère ! Voilà un monsieur qui mérite une leçon d'orthographe. L'AUBERGISTE, apportant le grog. Voici monsieur. Il le pose sur la table à gauche. LE COMMANDANT, tout en écrivant sur le registre. Ah ! monsieur l'Aubergiste... L'AUBERGISTE. Monsieur. Armand, le Commandant LE COMMANDANT. Vous n'auriez pas parmi les personnes qui sont venues chez vous ce matin un voyageur du nom d'Armand Desroches ? ARMAND. Hein ?... c'est moi monsieur. LE COMMANDANT, se levant. Vous, monsieur !.. pardon A l'aubergiste. Laissez-nous L'aubergiste sort. C'est bien à monsieur Armand Desroches de la maison Turneps, Desroches et C e que j'ai l'honneur de parler ? ARMAND. Oui, monsieur. LE COMMANDANT. Je suis le commandant Mathieu. Il s'assied à gauche et prend son grog. ARMAND. Ah ! enchanté !.. mais je ne crois pas avoir l'avantage de vous connaître, commandant. LE COMMANDANT. Vraiment ? Alors je vous apprendrai que vous me poursuivez à outrance pour une lettre de change que j'ai eu l'imprudence de mettre dans la circulation... ARNAUD. Une lettre de change ! LE COMMANDANT. Vous avez même obtenu contre moi une prise de corps. ARMAND. C'est possible, commandant, mais ce n'est pas moi, c'est la maison, qui agit. LE COMMANDANT. Aussi n'ai-je aucun ressentiment contre vous... ni contre votre maison... seulement, je tenais à vous dire que je n'avais pas quitté Paris pour échapper aux poursuites. ARMAND. Je n'en doute pas. LE COMMANDANT. Au contraire !.. Dès que je serai de retour à Paris, dans une quinzaine, avant peut-être... je vous le ferai savoir et je vous serai infiniment obligé de me faire mettre à Clichy... le plus tôt possible ?... ARMAND. Vous plaisantez, commandant. LE COMMANDANT. Pas le moins du monde !.. Je vous demande cela comme un service. ARMAND. J'avoue que je ne comprends pas. LE COMMANDANT ils se lèvent. Mon Dieu ! je suis moi-même un peu embarrassé pour vous expliquer... Pardon, êtes-vous garçon ? ARMAND. Oui, commandant. LE COMMANDANT. Oh ! alors ! je puis vous faire ma confession... J'ai le malheur d'avoir une faiblesse... J'aime. ARMAND. Vous ? LE COMMANDANT. C'est bien ridicule à mon âge, n'est-ce pas ? ARMAND. Je ne dis pas ça. LE COMMANDANT. Oh ! ne vous gênez pas ! Je me suis affolé d'une petite... égarée que j'ai rencontrée un soir au bal Mabille. Elle se nomme Anita. ARMAND Anita ! J'en ai connu une. LE COMMANDANT. Ce doit être celle-là !... Je comptais m'en amuser trois jours, et voilà trois ans qu'elle me tient ! Elle me trompe, elle me ruine, elle me rit au nez !... Je passe ma vie à lui acheter des mobiliers... qu'elle revend le lendemain !... je veux la quitter, je pars, je fais deux cents lieues j'arrive à la mer de Glace... et je ne suis pas sûr de ne pas retourner ce soir à Paris. C'est plus fort que moi !... L'amour à cinquante ans... voyez-vous... c'est comme un rhumatisme, rien ne le guérit. ARMAND, riant. Commandant, je n'avais pas besoin de cette confidence pour arrêter les poursuites... je vais écrire immédiatement à Paris... LE COMMANDANT, vivement. Mais du tout ! n'écrivez pas ! Je tiens à être enfermé c'est peut-être un moyen de guérison. Je n'en ai pas encore essayé. ARMAND. Mais, cependant. LE COMMANDANT. Permettez ! j'ai la loi pour moi. ARMAND. Allons ! commandant ! puisque vous le voulez. LE COMMANDANT. Je vous en prie... instamment... Dès que je serai de retour... je vous ferai passer ma carte et vous pourrez faire instrumenter... Je ne sors jamais avant dix heures, Saluant. Monsieur, je suis bien heureux d'avoir eu l'honneur de faire votre connaissance. ARMAND. Mais c'est moi, commandant. Ils se saluent. Le commandant sort par le fond. SCÈNE IX ARMAND, puis MADAME PERRICHON, puis HENRIETTE. ARMAND. A la bonne heure ! il n'est pas banal celui-là ! Apercevant madame Perrichon qui entre de la gauche. . Ah ! madame Perrichon ! MADAME PERRICHON. Comment ! vous êtes seul, monsieur ? Je croyais que vous deviez accompagner ces messieurs. ARMAND. Je suis déjà venu ici l'année dernière, et j'ai demandé à monsieur Perrichon la permission de me mettre à vos ordres. MADAME PERRICHON. Ah ! monsieur. A part. C'est tout à fait un homme du monde!... Haut. Vous aimez beaucoup la Suisse ? ARMAND. Oh ! il faut bien aller quelque part ? MADAME PERRICHON. Oh ! moi, je ne voudrais pas habiter ce pays-là... il y a trop de précipices et de montagnes... Ma famille est de la Beauce. ARMAND. Ah ! je comprends. MADAME PERRICHON. Près d'Étampes... ARMAND, à part. Nous devons avoir un correspondant à Étampes ce serait un lien. Haut. Vous ne connaissez pas monsieur Pingley, à Étampes ? Madame Ferrichon, Armand. MADAME PERRICHON. Pingley !... c'est mon cousin ! Vous le connaissez ? ARMAND. Beaucoup. A part. Je ne l'ai jamais vu ! MADAME PERRICHON. Quel homme charmant ! ARMAND. Ah ! oui ! MADAME PERRICHON. C'est un bien grand malheur qu'il ait son infirmité ! ARMAND. Certainement... c'est un bien grand malheur ! MADAME PERRICHON. Sourd à quarante-sept ans ! ARMAND, à part. Tiens ! il est sourd notre correspondant ! C'est donc pour ça qu'il ne répond jamais à nos lettres. MADAME PERRICHON. Est-ce singulier ? c'est un ami de Pingley qui sauve mon mari !... Il y a de bien grands hasards dans le monde. ARMAND. Souvent aussi on attribue au hasard des péripéties dont il est parfaitement innocent. MADAME PERRICHON. Ah ! oui... souvent aussi on attribue. A part. Qu'est-ce qu'il veut dire ? ARMAND. Ainsi, madame, notre rencontre en chemin de fer, puis à Lyon, puis à Genève, à Chamouny, ici même, vous mettez tout cela sur le compte du hasard ? MADAME PERRICHON. En voyage, on se retrouve... ARMAND. Certainement... surtout quand on se cherche. MADAME PERRICHON. Comment ? ARMAND. Oui, madame, il ne m'est pas permis de jouer plus longtemps la comédie du hasard je vous dois la vérité, pour vous, pour mademoiselle votre fille. MADAME PERRICHON. Ma fille ! ARMAND. Me pardonnerez-vous ? Le jour où je la vis, j'ai été touché, charmé... J'ai appris que vous partiez pour la Suisse... et je suis parti. MADAME PERRICHON. Mais alors, vous nous suivez ?... ARMAND. Pas à pas. Que voulez-vous... j'aime... MADAME PERRICHON. Monsieur ! ARMAND. Oh ! rassurez-vous ! j'aime avec tout le respect, toute la discrétion qu'on doit à une jeune fille dont on serait heureux de faire sa femme. MADAME PERRICHON, perdant la tête, à part. Une demande en mariage ! Et Perrichon qui n'est pas là ! Haut. Certainement, monsieur... je suis charmée... non, flattée !... parce que vos manières... votre éducation... Pingley... le service que vous nous avez rendu... mais monsieur Perrichon est sorti... pour la mer de Glace. et aussitôt qu'il rentrera. HENRIETTE, entrant vivement. Maman !... S'arrêtant. Ah ! tu causais avec monsieur Armand ? MADAME PERRICHON, troublée. Nous causions, c'est-à-dire, oui ! nous parlions de Pingley ! Monsieur connaît Pingley n'est-ce pas ? ARMAND. Certainement ! je connais Pingley ! HENRIETTE. Oh ! quel bonheur ! MADAME PERRICHON, à Henriette. Ah ! comme tu es coiffée !... et ta robe ! ton col. Bas . Tiens-toi donc droite ! HENRIETTE, étonnée.ée. Qu'est-ce qu'il y a ? Cris et tumulte au dehors. MADAME PERRICHON et HENRIETTE. Ah ! mon Dieu ! ARMAND. Ces cris !... SCÈNE X LES MÊMES, PERRICHON, DANIEL, LE GUIDE, L'AUBERGISTE. Daniel entre soutenu par l'aubergiste et par le guide. PERRICHON, très-ému. Vite ! de l'eau ! du sel ! du vinaigre ! Il fait asseoir Daniel. TOUS. Qu'y a- t-il ? PERRICHON. Un événement affreux ! S'interrompant . Faites-le boire, frottez-lui les tempes ! Henriette, madame Perrichon, Armand. Henriette, Perrichon, madame Perrichon, Daniel, Armand. DANIEL, Merci... Je me sens mieux. ARMAND. Qu'est-il arrivé ?... DANIEL. Sans le courage de monsieur Perrichon. PERRICHON, vivement. Non, pas vous ! ne parlez pas !... Racontant. C'est horrible !... Nous étions sur la mer de Glace. Le mont Blanc nous regardait tranquille et majestueux... DANIEL, à part. Le récit de Théramène ! MADAME PERRICHON. Mais dépêche-toi donc ! HENRIETTE. Mon père ! PERRICHON. Un instant, que diable ! Depuis cinq minutes nous suivions, tout pensifs, un sentier abrupte qui serpentait entre deux crevasses... de glace ! Je marchais le premier. MADAME PERRICHON. Quelle imprudence ! PERRICHON. Tout à coup, j'entends derrière moi comme un éboulement je me retourne monsieur venait de disparaître dans un de ces abîmes sans fond, dont la vue seule fait frissonner... MADAME PERRICHON, impatientée. Mon ami. PERRICHON. Alors, n'écoutant que mon courage, moi, père de famille, je m'élance... MADAME PERRICHON et HENRIETTE. Ciel ! PERRICHON.N. Sur le bord du précipice, je lui tends mon bâton ferré... Il s'y cramponne. Je tire... il tire... nous tirons, et, après une lutte insensée, je l'arrache au néant et je le ramène à la face du soleil, notre père à tous !... Il s'essuie le front avec son mouchoir. HENRIETTE. Oh ! papa ! MADAME PERRICHON. Mon ami ! PERRICHON, embrassant sa femme et sa fille. Oui, mes enfants, c'est une belle page... ARMAND, à Daniel. Comment vous trouvez-vous ? DANIEL, bas. Très-bien ! ne vous inquiétez pas ! Il se lève . Monsieur Perrichon, vous venez de rendre un fils à sa mère... PERRICHON, majestueusement. C'est vrai ! DANIEL. Un frère à sa soeur ! PERRICHON. Et un homme à la société. DANIEL. Les paroles sont impuissantes pour reconnaître un tel service. PERRICHON. C'est vrai ! DANIEL. Il n'y a que le coeur... entendez-vous, le coeur ! PERRICHON. Monsieur Daniel ! Non ! laissez-moi vous appeler Daniel ? DANIEL. Comment donc ! A part Chacun son tout ! PERRICHON, ému. Daniel, mon ami, mon enfant !... votre main. Il lui prend la main. Je vous dois les plus douces émotions de ma vie. Sans moi, vous ne seriez qu'une masse informe et repoussante, ensevelie sous les frimats... Vous me devez tout, tout ! Avec noblesse. Je ne l'oublierai jamais ! DANIEL. Ni moi ! PERRICHON, à Armand, en s'essuyant les yeux. Ah ! jeune homme !... vous ne savez pas le plaisir qu'on éprouve à sauver son semblable. HENRIETTE. Mais, papa, monsieur le sait bien, puisque tantôt... PERRICHON, se rappelant. Ah ! oui ! c'est juste ! Monsieur l'aubergiste, apportez-moi le livre des voyageurs, MADAME PERRICHON. Pourquoi faire ? PERRICHON. Avant de quitter ces lieux, je désire consacrer par une note le souvenir de cet événement ! L'AUBERGISTE, apportant le registre. Voilà, monsieur. PERRICHON. Merci... Tiens, qui est-ce qui a écrit ça ? TOUS. Quoi donc ? PERRICHON, lisant. Je ferai observer à monsieur Perrichon que la mer de Glace Daniel, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Armand. n'ayant pas d'enfants, l'E qu'il lui attribue devient un dévergondage grammatical. Signé le Commandant. TOUS. Hein ? HENRIETTE, bas à son père. Oui, papa ! mer ne prend pas d'E à la fin. PERRICHON. Je le savais ! Je vais lui répondre à ce monsieur, Il prend une plume et écrit. Le commandant est... un paltoquet ! Signé Perrichon.n. LE GUIDE, rentrant. La voiture est là. PERRICHON. Allons ! Dépêchons-nous. Aux jeunes gens. Messieurs, si vous voulez accepter une place ? Armand et Daniel s'inclinent. MADAME PERRICHON, appelant son mari. Perrichon, aide-moi à mettre mon manteau. Bas. On vient de me demander notre fille en mariage... PERRICHON. Tiens ! à moi aussi ! MADAME PERRICHON. C'est monsieur Armand. PERRICHON. Moi, c'est Daniel.. mon ami Daniel. MADAME PERRICHON. Mais il me semble que l'autre. PERRICHON. Nous parlerons de cela plus tard... HENRIETTE, à la fenêtre. Ah ! il pleut à verse ! Daniel et Henriette au fond, madame Perrichon, Perrichon, l'Aubergiste. Armand. PERRICHON. Ah diable ! A l'aubergiste. Combien tient-on dans votre voiture ! L'AUBERGISTE. Quatre dans l'intérieur et un à côté du cocher... PERRICHON. C'est juste le compte. ARMAND. Ne vous gênez pas pour moi. PERRICHON. Daniel montera avec nous. HENRIETTE, bas à son père. Et monsieur Armand ? PERRICHON, bas. Dame ! il n'y a que quatre places ! il montera sur le siége. HENRIETTE. Par une pluie pareille ? MADAME PERRICHON. Un homme qui t'a sauvé ! PERRICHON. Je lui prêterai mon caoutchouc HENRIETTE. Ah ! PERRICHON Allons ! en route ! en route ! DANIEL, à part. Je savais bien que je reprendrais la corde. Daniel, madame Perrichon, Perrichon, Henriette, Armand. FIN on OEUXlhlE MTF ACTE TROISIÈME Un salon chez Perrichon, à Paris. - Cheminée au fond porte d'entrée dans l'angle à gauche appartement dans l'angle à droite salle à manger à gauche au milieu, guéridon avec tapis canapé à droite du guéridon. SCÈNE PREMIÈRE JEAN, seul, achevant d'essuyer un fauteuil. Midi moins un quart... C'est aujourd'hui que monsieur Perrichon revient de voyage avec madame et mademoiselle... J'ai reçu hier une lettre de monsieur... la voilà. Lisant. Grenoble, 5 juillet. Nous arriverons mercredi, 7 juillet, à midi. Jean nettoiera l'appartement et fera poser les rideaux. Parlé. C'est fait Lisant. Il dira à Marguerite, la cuisinière, de nous préparer le dîner. Elle mettra le pot au feu... un morceau pas trop gras... de plus, comme il y a longtemps que nous n'avons mangé de poisson de mer, elle nous achètera une petite barbue bien fraîche. Si la barbue était trop chère, elle la remplacerait par un morceau de veau à la casserole. Parlé. Monsieur peut arriver... tout est prêt... Voilà ses journaux, ses lettres, ses cartes de visite... Ah ! par exemple, il est venu ce matin de bonne heure un monsieur que je ne connais pas il m'a dit qu'il s'appelait le Commandant... Il doit repasser, Coup de sonnette à la porte extérieure. On sonne !... c'est monsieur... je reconnais sa main !... SCÈNE II JEAN, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE, ils portent des sacs de nuit et des cartons. PERRICHON. Jean... c'est nous ! JEAN. Ah ! monsieur !... madame... mademoiselle !... Il les débarrasse de leurs paquets. PERRICHON. Ah ! qu'il est doux de rentrer chez soi, de voir ses meubles, de s'y asseoir. Il s'assoit sur le canapé. MADAME PERRICHON, assise à gauche. Nous devrions être de retour depuis huit jours... PERRICHON. Nous ne pouvions passer à Grenoble sans aller voir les Darinel... ils nous ont retenus. A Jean. Est-il venu quelque chose pour mo en mon absence ? JEAN. Oui, monsieur... tout est là sur la table. PERRICHON, prenant plusieurs cartes de visite. Que de visites ! Lisant. Armand Desroches. HENRIETTE, avec joie. Ah ! PERRICHON. Daniel Savary... brave jeune homme !... Armand Desroches... Daniel Savary... charmant jeune homme... Armand Desroches. JEAN. Ces messieurs sont venus tous les jours s'informer de votre retour. Henriette, madame Perrichon, Jean, Perrichon. MADAME PERRICHON. Tu leur dois une visite. PERRICHON. Certainement j'irai le voir... ce brave Daniel ! HENRIETTE. Et monsieur Armand ? PERRICHON. J'irai le voir aussi... après. Il se lève. HENRIETTE à Jean. Aidez-moi à porter ces cartons dans la chambre. JEAN. Oui, mademoiselle. Regardant Perrichon. Je trouve monsieur engraissé. On voit qu'il a fait un bon voyage. PERRICHON. Splendide, mon ami, splendide ! Ah ! tu ne sais pas ? J'ai sauvé un homme ! JEAN, incrédule. Monsieur ?... Allons donc !... Il sort avec Henriette par la droite. SCÈNE III PERRICHON, MADAME PERRICHON. PERRICHON. Comment ! Allons donc !. Est-il bête, cet animal-là ! MADAME PERRICHON. Maintenant que nous voilà de retour, j'espère que tu vas prendre un parti. Nous ne pouvons tarder plus longtemps à rendre réponse à ces deux, jeunes gens... deux prétendus dans la maison... c'est trop !... Madame Perrichon, Perrichon PERRICHON. Moi, je n'ai pas changé d'avis... j'aime mieux Daniel ! MADAME PERRICHON. Pourquoi ? PERRICHON. Je ne sais pas... je le trouve plus... enfin, il me plaît, ce jeune homme ! MADAME PERRICHON. Mais l'autre... l'autre t'a sauvé ! PERRICHON. Il m'a sauvé ! Toujours le même refrain ! MADAME PERRICHON. Qu'as-tu à lui reprocher ? Sa famille est honorable, sa position excellente... PERRICHON. Mon Dieu ! je ne lui reproche rien. je ne lui en veux pas à ce garçon MADAME PERRICHON. Il ne manquerait plus que ça ! PERRICHON. Mais je lui trouve un petit air pincé. MADAME PERRICHON. Lui ! PERRICHON. Oui, il a un ton protecteur... des manières... il semble toujours se prévaloir du petit service qu'il m'a rendu... MADAME PERRICHON. Il ne t'en parle jamais ! PERRICHON. Je le sais bien ! mais c'est son air ! son air me dit Hein ? sans moi ?... C'est agaçant à la longue tandis que l'autre !. Perrichon, madame Perrichon MADAME PERRICHON. L'autre te répète sans cesse Hein ? sans vous... hein ? sans vous ! Cela flatte ta vanité... et voilà pourquoi tu le préfères. PERRICHON. Moi ! de la vanité ! J'aurais peut-être le droit d'en avoir ! MADAME PERRICHON. Oh ! PERRICHON. Oui, madame !... l'homme qui a risqué sa vie pour sauver son semblable peut être fier de lui-même... mais j'aime mieux me renfermer dans un silence modeste... signe caractéristique du vrai courage ! MADAME PERRICHON. Mais tout cela n'empêche pas que M. Armand. PERRICHON. Henriette n'aime pas.. ne peut pas aimer M. Armand ! MADAME PERRICHON. Qu'en sais-tu ? PERRICHON. Dame ! je suppose... MADAME PERRICHON. Il y a un moyen de le savoir ! c'est de l'interroger... et nous choisirons celui qu'elle préférera... PERRICHON. Soit !.. mais ne l'influence pas ! MADAME PERRICHON. La voici. SCÈNE IV PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. MADAME PERRICHON, à sa fille qui entre. Henriette... ma chère enfant... ton père et moi, nous avons à te parler sérieusement. HENRIETTE. A moi ? PERRICHON. Oui. MADAME PERRICHON. Te voilà bientôt en âge d'être mariée... deux jeunes gens se présentent pour obtenir ta main... tous deux nous conviennent... mais nous ne voulons pas contrarier ta volonté, et nous avons résolu de te laisser l'entière liberté du choix. HENRIETTE. Comment ! PERRICHON. Pleine et entière... MADAME PERRICHON. L'un de ces jeunes gens est M. Armand Desroches. HENRIETTE. Ah ! PERRICHON, vivement. N'influence pas !... MADAME PERRICHON. L'autre est M. Daniel Savary... PERRICHON. Un jeune homme charmant, distingué, spirituel, et qui, je ne le cache pas, a toutes mes sympathies... Perrichon, Henriette, madame Perrichon. MADAME PERRICHON. Mais tu influences... PERRICHON. Du tout ! je constate un fait !.. A sa fille. Maintenant te voilà éclairée... choisis... HENRIETTE. Mon Dieu !... vous m'embarrassez beaucoup... et je suis prête à accepter celui que vous me désignerez... PERRICHON. Non ! non ! décide toi-même ! MADAME PERRICHON. Parle, mon enfant ! HENRIETTE. Eh bien ! puisqu'il faut absolument faire un choix, je choisis... M. Armand. MADAME PERRICHON. Là ! PERRICHON. Armand ! Pourquoi pas Daniel ? HENRIETTE. Mais M. Armand t'a sauvé, papa ! PERRICHON. Allons, bien ! encore ? c'est fatiguant, ma parole d'honneur ! MADAME PERRICHON. Eh bien ! tu vois.. il n'y a pas à hésiter... PERRICHON. Ah ! mais permets, chère amie, un père ne peut pas abdiquer... Je réfléchirai. je prendrai mes renseignements. Perrichon, madame Perrichon, Henriette MADAME PERRICHON, bas. Monsieur Perrichon, c'est de la mauvaise foi ! PERRICHON. Caroline ! SCÈNE V LES MÊMES, JEAN, MAJORIN. JEAN, à la cantonade. Entrez !... ils viennent d'arriver ! Majorin entre. PERRICHON. Tiens ! c'est Majorin !. MAJORIN, saluant. Madame... mademoiselle... j'ai appris que vous reveniez aujourd'hui... alors j'ai demandé un jour de congé... j'ai dit que j'étais de garde PERRICHON. Ce cher ami ! c'est très-aimable... Tu dînes avec nous ? nous avons une petite barbue... MAJORIN. Mais... si ce n'est pas indiscret... JEAN, bas à Perrichon. Monsieur.. c'est du veau à la casserole ! Il sort. PERRICHON. Ah ! A Majorin. Allons, n'en parlons plus, ce sera pour une autre fois. MAJORIN, à part. Comment ! il me désinvite ! S'il croit que j'y tiens, à son dîner ! Jean, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette. Prenant Perrichon à part. Les dames s'asseyent sur le canapé. J'étais venu pour te parler des six cents francs que tu m'as prêtés le jour de ton départ... PERRICHON. Tu me les rapportes ? MAJORIN. Non. Je ne touche que demain mon dividende des paquebots... mais à midi précis... PERRICHON. Oh ! ça ne presse pas ! MAJORIN. Pardon... j'ai hâte de m'acquitter. PERRICHON. Ah ! tu ne sais pas ?... je t'ai rapporté un souvenir. MAJORIN. Il s'assied derrière le guéridon. Un souvenir ! à moi ? PERRICHON, s'asseyant. En passant à Genève, j'ai acheté trois montres... une pour Jean, une pour Marguerite, la cuisinière... et une pour toi, à répétition. MAJORIN, à part. Il me met après ses domestiques ! Haut. Enfin ? PERRICHON. Avant d'arriver à la douane française je les avais fourrées dans ma cravate... MAJORIN. Pourquoi ? PERRICHON. Tiens ! je n'avais pas envie de payer les droits. On me demande Avez-vous quelque chose à déclarer ? Je réponds non je fais un mouvement et voilà ta diablesse de montre qui sonne dig, dig, dig. MAJORIN. Eh bien ! PERRICHON. Eh bien ! j'ai été pincé... on a tout saisi... MAJORIN. Comment ? PERRICHON. J'ai eu une scène atroce ! J'ai appelé le douanier méchant gabelou ! Il m'a dit que j'entendrais parler de lui.. Je regrette beaucoup cet incident... elle était charmante, ta montre. MAJORIN, sèchement. Je ne t'en remercie pas moins... A part. Comme s'il ne pouvait pas acquitter les droits... c'est sordide ! SCÈNE VI LES MÊMES, JEAN, ARMAND. JEAN annonçant. Monsieur Armand Desroches ! HENRIETTE, quittant son ouvrage. Ah ! MADAME PERRICHON, se levant et allant au-devant d'Armand Soyez le bienvenu... nous attendions votre visite. ARMAND, saluant. Madame... monsieur Perrichon... PERRICHON. Énchanté !... enchanté ! A part, Il a toujours son petit air protecteur !... MADAME PERRICHON, bas à sou mari. Présente-le donc à Majorin. Madame Perrichon, Perrichon, Majorin Henriette, Armand, PERRICHON. Certainement... Haut. Majorin... je te présente monsieur Armand Desroches... une connaissance de voyage. HENRIETTE, vivement. Il a sauvé papa ! PERRICHON, à pari. Allons, bien !... encore ! MAJORIN. Comment, tu as couru quelque danger ? PERRICHON. Non... une misère... ARMAND. Cela ne vaut pas la peine d'en parler... PERRICHON, à part. Toujours son petit air ! SCÈNE VII LES MÊMES, JEAN, DANIEL. JEAN, annonçant. Monsieur Daniel Savary !... PERRICHON, s'épanouissant. Ah ! le voilà, ce cher ami !... ce bon Daniel ! Il renverse presque le guéridon en courant au-devant de lui. DANIEL, saluant. Mesdames... Bonjour, Armand ! PERRICHON, le prenant par la main. Venez, que je vous présente à Majorin. Haut. Majorin, je te Daniel, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette, Armand. présente un de mes bons... un de mes meilleurs amis... monsieur Daniel Savary... MAJORIN. Savary ? des paquebots ? DANIEL, saluant. Moi-même. PERRICHON. Ah ! sans moi ! il ne te payerait pas demain ton dividende. MAJORIN. Pourquoi ? PERRICHON. Pourquoi ? Avec fatuité. Tout simplement parce que je l'ai sauvé, mon bon ! MAJORIN. Toi ? A part. Ah çà ! ils ont donc passé tout leur temps à se sauver la vie ! PERRICHON, racontant. Nous étions sur la mer de Glace, le mont Blanc nous regardait tranquille et majestueux. DANIEL, à part. Second récit de Théramène ! PERRICHON. Nous suivions tout pensifs un sentier abrupte. HENRIETTE, qui a ouvert un journal. Tiens, papa qui est dans le journal ! PERRICHON. Comment ! je suis dans le journal ? HENRIETTE. Lis toi-même... là. Elle lui donne le journal. PERRICHON. Vous allez voir que je suis tombé du jury ! Lisant. On nous écrit de Chamouny... TOUS. Tiens ! Ils se rapprochent. PERRICHON, lisant. Un événement qui aurait pu avoir des suites déplorables vient d'arriver à la mer de Glace. M. Daniel S... a fait un faux pas et a disparu dans une de ces crevasses si redoutées des voyageurs. Un des témoins de cette scène, M. Perrichon, qu'il nous permette de le nommer. Parlé. Comment donc ! si je le permets ! Lisant. M. Perrichon, potable commerçant de Paris et père de famille, n'écoutant que son courage, et au mépris de sa propre vie, s'est élancé dans le gouffre. Parlé C'est vrai, et après des efforts inouïs, a été assez heureux pour en retirer son compagnon. Un si admirable dévouement n'a été surpassé que par la modestie de M. Perrichon, qui s'est dérobé aux félicitations de la foule émue et attendrie... Les gens de coeur de tous les pays nous sauront gré de leur signaler un pareil trait ! TOUS. Ah ! DANIEL, à part. Trois francs la ligne ! PERRICHON, relisant lentement la dernière phrase. Les gens de coeur de tous les pays nous sauront gré de leur signaler un pareil trait. A Daniel, très-ému. Mon ami... mon enfant ! embrassez-moi ! Ils s'embrassent. DANIEL, à part. Décidément, j'ai la corde... PERRICHON, montrant le journal. Certes, je ne suis pas un révolutionnaire, mais je le proclame hautement, la presse a du bon ! Mettant le journal dans sa poche et à part. J'en ferai acheter dix numéros ! Daniel, Perrichon, Henriette, madame Perrichon, Armand, Majorin. MADAME PERRICHON. Dis donc, mon ami, si nous envoyions au journal le récit de la belle action de M. Armand ? HENRIETTE. Oh ! oui ! cela ferait un joli pendant ! PERRICHON, vivement. C'est inutile ! je ne peux pas toujours occuper les journaux de ma personnalité... JEAN, entrant un papier à la main. Monsieur ? PERRICHON. Quoi ? JEAN. Le concierge vient de me remettre un papier timbré pour vous... MADAME PERRICHON. Un papier timbré ? PERRICHON. N'aie donc pas peur ! je ne dois rien à personne... au contraire, on me doit... MAJORIN, à part. C'est pour moi qu'il dit ça ! PERRICHON, regardant le papier. Une assignation à comparaître devant la sixième chambre pour injures envers un agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions. TOUS. Ah ! mon Dieu ! PERRICHON, lisant. Vu le procès-verbal dressé au bureau de la douane française par le sieur Machut, sergent douanier... Majorin remonte. ARMAND. Qu'est-ce que cela signifie ? PERRICHON. Un douanier qui m'a saisi trois montres... j'ai été trop vif. je l'ai appelé gabelou ! rebut de l'humanité !... MAJORIN, derrière le guéridon. C'est très-grave ! Très-grave ! PERRICHON, inquiet. Quoi ? MAJORIN. Injures qualifiées envers un agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions. MADAME PERRICHON et PERRICHON. Eh bien ? MAJORIN. De quinze jours à trois mois de prison... TOUS. En prison !. PERRICHON. Moi ! après cinquante ans d'une vie pure et sans tache... j'irais m'asseoir sur le banc de l'infamie ! jamais ! jamais ! MAJORIN, à part. C'est bien fait ! ça lui apprendra à ne pas acquitter les droits ! PERRICHON. Ah ! mes amis ! mon avenir est brisé. MADAME PERRICHON. Voyons, calme-toi ! HENRIETTE. Papa DANIEL. Du courage ! Daniel, Perrichon, Majorin, madame Perrichon, Henriette, Armand. ARMAND. Attendez ! je puis peut-être vous tirer de là. TOUS. Hein ? PERRICHON. Vous ! mon ami mon bon ami ! ARMAND, allant à lui Je suis lié assez intimement avec un employé supérieur de l'administration des douanes... je vais le voir peut-être pourra-t-on décider le douanier à retirer sa plainte. MAJORIN. Ça me paraît difficile ! ARMAND. Pourquoi ? un moment de vivacité... PERRICHON. Que je regrette ! ARMAND. Donnez-moi ce papier... j'ai bon espoir... ne vous tourmentez pas, mon brave M. Perrichon PERRICHON, ému, lui prenant la main. Ah ! Daniel ! se reprenant non ! Armand ! tenez, il faut que je vous embrasse ! Ils s'embrassent . HENRIETTE, à part. A la bonne heure ! Elle remonte avec sa mère . ARMAND, bas à Danie A mon tour, j'ai la corde ! DANIEL. Parbleu ! A part. Je crois avoir affaire à un rival et je tombe sur un terre neuve. Daniel, Perrichon, Armand, madame Perrichon, Henriette, Majorin. Daniel, Armand, Perrichon, Majorin. MAJORIN, à Armand. Je sors avec vous... PERRICHON. Tu nous quittes ? MAJORIN. Oui. Fièrement Je dîne en ville ! Il sort avec Armand . MADAME PERRICHON, s'approchant de son mari et bas. Eh bien, que penses-tu maintenant de M. Armand ? PERRICHON. Lui ! c'est-à-dire que c'est un ange ! un ange ! MADAME PERRICHON. Et tu hésites à lui donner ta fille ? PERRICHON. Non ! je n'hésite plus. MADAME PERRICHON. Enfin ! je te retrouve ! Il ne te reste plus qu'à prévenir M. Daniel. PERRICHON. Oh ! ce pauvre garçon ! tu crois ? MADAME PERRICHON. Dame ! à moins que tu ne veuilles attendre l'envoi des billets de faire part ? PERRICHON. Oh ! non ! MADAME PERRICHON. Je te laisse avec lui... courage ! Haut. Viens-tu Henriette ? saluant Daniel. Monsieur. Elle sort à droite suivie d'Henriette . Madame Perrichon, Perrichon, Daniel et Henriette sont près de la cheminée. SCÈNE VIII PERRICHON, DANIEL. DANIEL, à part en descendant. Il est évident que mes actions baissent... Si je pouvais... Il va au canapé. PERRICHON, à part au fond. Ce brave jeune homme... ça me fait de la peine... Allons ! Il le faut ! Haut. Mon cher Daniel... mon bon Daniel... j'ai une communication pénible à vous faire. DANIEL, à part. Nous y voilà ! Ils s'asseyent sur le canapé. PERRICHON. Vous m'avez fait l'honneur de me demander la main de ma fille... Je caressais ce projet, mais les circonstances... les événements... votre ami, M. Armand, m'a rendu de tels services !... DANIEL. Je comprends. PERRICHON. Car on a beau dire, il m'a sauvé la vie, cet homme ! DANIEL. Eh bien ! et le petit sapin auquel vous vous êtes cramponné ! PERRICHON. Certainement... le petit sapin... mais il était bien petit... il pouvait casser... et puis je ne le tenais pas encore. DANIEL. Ah ! PERRICHON. Non. mais ce n'est pas tout... dans ce moment, cet excellent Daniel, Perrichon, Perrichon, Daniel. jeune homme brûle le pavé pour me tirer des cachots. Je lui devrai l'honneur... l'honneur ! DANIEL. M. Perrichon ! le sentiment qui vous fait agir est trop noble pour que je cherche à le combattre... PERRICHON. Vrai ! Vous ne m'en voulez pas ? DANIEL. Je ne me souviens que de votre courage... de votre dévouement pour moi. PERRICHON, lui prenant la main. Ah ! Daniel ! A part. C'est étonnant comme j'aime ce garçon-là ! DANIEL, se levant. Aussi, avant de partir. PERRICHON. Hein ? DANIEL. Avant de vous quitter... PERRICHON, se levant. Comment ! me quitter ! vous ? Et pourquoi ? DANIEL. Je ne puis continuer des visites qui seraient compromettantes pour mademoiselle votre fille... et douloureuses pour moi. PERRICHON. Allons bien ! Le seul homme que j'aie sauvé ! DANIEL. Oh ! mais votre image ne me quittera pas... j'ai formé un projet... c'est de fixer sur la toile, comme elle l'est déjà dans mon coeur, l'héroïque scène de la mer de Glace. PERRICHON. Un tableau ! Il veut me mettre dans un tableau ! Daniel, Periclion. DANIEL. Je me suis déjà adressé à un de nos peintres les plus illustres... un de ceux qui travaillent pour la postérité !... PERRICHON. La postérité ! Ah ! Daniel ! A part. C'est extraordinaire comme j'aime ce garçon-là ! DANIEL. Je tiens surtout à la ressemblance... PERRICHON. Je crois bien ! moi aussi ! DANIEL. Mais il sera nécessaire que vous nous donniez cinq ou six séances... PERRICHON. Comment donc, mon ami ! quinze ! vingt ! trente ! ça ne m'ennuira pas... nous poserons ensemble ! DANIEL, vivement. Ah ! non... pas moi PERRICHON. Pourquoi ? DANIEL. Parce que... voici comment nous avons conçu le tableau... on ne verra sur la toile que le Mont-Blanc... PERRICHON, inquiet. Eh bien, et moi ? DANIEL. Le mont Blanc et vous !! PERRICHON. C'est ça... moi et le Mont-Blanc... tranquille et majestueux !... Ah ! ça, et vous, où serez-vous ? DANIEL. Dans le trou... tout au fond... on n'apercevra que mes deux mains crispées et suppliantes... PERRICHON. Quel magnifique tableau ! DANIEL. Nous le mettrons au Musée... PERRICHON. De Versailles ? DANIEL. Non, de Paris... PERRICHON. Ah ! oui... à l'exposition !... DANIEL. Et nous inscrirons sur le livret cette notice... PERRICHON. Non ! pas de banque ! pas de réclame ! Nous mettrons tout simplement l'article de mon journal... On nous écrit de Chamouny... DANIEL. C'est un peu sec. PERRICHON. Oui... mais nous l'arrangerons ! Avec effusion. Ah ! Daniel, mon ami !... mon enfant ! DANIEL. Adieu, monsieur Perrichon !... nous ne devons plus nous revoir... PERRICHON. Non ! c'est impossible ! c'est impossible ! ce mariage... rien n'est encore décidé... DANIEL. Mais... PERRICHON. Restez ! je le veux ! DANIEL, à part. Allons donc ! SCÈNE IX LES MÊMES, JEAN, LE COMMANDANT. JEAN, annonçant. Monsieur le commandant Mathieu ! PERRICHON, étonné. Qu'est-ce que c'est que ça ? LE COMMANDANT, entrant. Pardon, messieurs, je vous dérange peut-être ? PERRICHON. Du tout. LE COMMANDANT, à Daniel. Est-ce à monsieur Perrichon que j'ai l'honneur de parler ? PERRICHON. C'est moi, monsieur. LE COMMANDANT. Ah !... A Perrichon. Monsieur, voilà douze jours que je vous cherche. Il y a beaucoup de Perrichon à Paris... j'en ai déjà visité une douzaine... mais je suis tenace... PERRICHON, lui indiquant un siège à gauche du guéridon. Vous avez quelque chose à me communiquer ? Il s'assied sur le canapé. Daniel remonte. LE COMMANDANT, s'asseyant. Je n'en sais rien encore... Permettez-moi d'abord de vous adresser une question Est-ce vous qui avez fait, il y a un mois, un voyage à la mer de Glace ? PERRICHON. Oui, monsieur, c'est moi-même ! je crois avoir le droit de m'en vanter ! Daniel, le Commandant, Perrichon. LE COMMANDANT. Alors, c'est vous qui avez écrit sur le registre des voyageurs Le commandant est un paltoquet. PERRICHON. Comment ! vous êtes ?... LE COMMANDANT. Oui, monsieur... c'est moi ! PERRICHON.N. Enchanté ! Ils se font plusieurs petits saluts DANIEL, à part en descendant. Diable ! l'horizon s'obscurcit !... LE COMMANDANT. Monsieur, je ne suis ni querelleur, ni ferrailleur, mais je n'aime pas à laisser traîner sur les livres d'auberge de pareilles appréciations à côté de mon nom. PERRICHON. Mais vous avez écrit le premier une note... plus que vive ! LE COMMANDANT. Moi ? je me suis borné à constater que mer de Glace ne prenait pas d'e à la fin voyez le dictionnaire... PERRICHON. Eh ! monsieur ! vous n'êtes pas chargé de corriger mes... prétendues fautes d'orthographe ! De quoi vous mêlez-vous ? Ils se lèvent. LE COMMANDANT. Pardon... pour moi, la langue française est une compatriote aimée... une dame de bonne maison, élégante, mais un peu cruelle... vous le savez mieux que personne... PERRICHON. Moi ?. LE COMMANDANT. Et quand j'ai l'honneur de la rencontrer à l'étranger... je ne per Le Commandant, Perrichon, Daniel. mets pas qu'on éclabousse sa robe. C'est une question de chevalerie et de nationalité. PERRICHON. Ah çà ! monsieur, auriez-vous la prétention de me donner une leçon ? LE COMMANDANT. Loin de moi cette pensée... PERRICHON.N. Ah ! ce n'est pas malheureux ! A part. Il recule. LE COMMANDANT. Mais sans vouloir vous donner une leçon, je viens vous demander poliment... une explication. PERRICHON, à part. Mathieu !... c'est un faux commandant. LE COMMANDANT. De deux choses l'une ou vous persistez... PERRICHON. Je n'ai pas besoin de tous ces raisonnements ! Vous croyez peut-être m'intimider monsieur... j'ai fait mes preuves de courage, entendez-vous ! et je vous les ferai voir... LE COMMANDANT. Où ça ? PERRICHON. A l'exposition... L'année prochaine... LE COMMANDANT. Oh ! permettez !... Il me sera impossible d'attendre jusque-là... Pour abréger, je vais au fait retirez-vous, oui ou non ? PERRICHON. Rien du tout ! LE COMMANDANT. Prenez garde ! ! DANIEL. Monsieur Perrichon ! PERRICHON. Rien du tout ! A part. Il n'a pas seulement de moustaches ! LE COMMANDANT. Alors, monsieur Perrichon, j'aurai l'honneur de vous attendre demain, à midi, avec mes témoins, dans les bois de la Malmaison. DANIEL. Commandant ! un mot ? LE COMMANDANT, remontant. Nous vous attendrons chez le garde ! DANIEL. Mais, commandant. LE COMMANDANT. Mille pardons... j'ai rendez-vous avec un tapissier... pour choisir des étoffes, des meubles... A demain... midi... Saluant. Messieurs... j'ai bien l'honneur... Il sort. SCÈNE X PERRICHON, DANIEL, puis JEAN. DANIEL, à Perrichon. Diable ! vous êtes raide en affaires ! avec un commandant surtout ! PERRICHON. Lui ! un commandant ? Allons donc ! Est-ce que les vrais commandants s'amusent à éplucher les fautes d'orthographe ? Le Commandant, Daniel, Perrichon. Daniel, Perrichon. DANIEL. N'importe ? Il faut questionner, s'informer... Il sonne à la cheminée. savoir à qui nous avons à faire. JEAN, paraissant. Monsieur ? PERRICHON, à Jean. Pourquoi as-tu laissé entrer cet homme qui sort d'ici ? JEAN. Monsieur, il était déjà venu ce matin... J'ai même oublié de vous remettre sa carte... DANIEL. Ah ! sa carte ! PERRICHON. Donne ! La lisant. Mathieu, ex-commandant au deuxième zouaves. DANIEL. Un zouave ! PERRICHON. Saprelotte ! JEAN. Quoi donc ? PERRICHON. Rien ! Laissez-nous ! Jean sort. DANIEL. Eh bien ! nous voilà dans une jolie situation ! PERRICHON. Que voulez-vous ? j'ai été trop vif... un homme si poli !... Je l'ai pris pour un notaire gradé ! DANIEL. Que faire ? Jean, Perrichon, Daniel. PERRICHON. Il faudrait trouver un moyen... Poussant un cri. Ah !... DANIEL. Quoi ? PERRICHON. Rien ! rien ! Il n'y a pas de moyen ! je l'ai insulté, je me battrai !.. Adieu !.. DANIEL. Où allez-vous ? PERRICHON. Mettre mes affaires en ordre... vous comprenez... DANIEL. Mais cependant... PERRICHON. Daniel... quand sonnera l'heure du danger vous ne me verrez pas faiblir ! Il sort à droite. SCÈNE XI DANIEL, seul. Allons donc !... c'est impossible !... je ne peux pas laisser battre M. Perrichon avec un zouave !... c'est qu'il a du coeur le beau-père !... je le connais, il ne fera pas de concessions... de son côté le commandant. et tout cela pour une faute d'orthographe ! Cher chant. Voyons donc ?... si je prévenais l'autorité ? oh ! non !... au fait, pourquoi pas ? personne ne le saura. D'ailleurs, je n'ai pas le choix des moyens... Il prend un buvard et un encrier sur une table, près de la porte d'entrée, et se place au guéridon. Une lettre au préfet de police !... Écrivant. Monsieur le Préfét... j'ai l'honneur de... Parlant tout en cl'ri ',Il'I. Une ronde passera par là à point nommé... le hasard aura tout fait... et l'honneur sera sauf. Il plie et cachète sa lettre et remet en place ce qu'il a pris. Maintenant, il s'agit de la faire porter tout Daniel, Perrichon. de suite... Jean doit être là ! Il sort en appelant. Jean ! Jean ! Il disparaît dans l'antichambre. SCÈNE XII PERRICHON, seul. - Il entre en tenant une lettre à la main. Il la lit. Monsieur le Préfet, je crois devoir prévenir l'autorité que deux insensés ont l'intention de croiser le fer demain, à midi moins un quart... Parlé. Je mets moins un quart afin qu'on soit exact. Il suffit quelquefois d'un quart d'heure !... Reprenant sa lecture. A midi moins un quart... dans les bois de la Malmaison. Le rendez-vous est à la porte du garde... Il appartient à votre haute administration de veiller sur la vie des citoyens. Un des combattants est un ancien commerçant, père de famille, dévoué à nos institutions et jouissant d'une bonne notoriété dans son quartier. Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, etc. etc... S'il croit me faire peur ce commandant !... maintenant l'adresse... Il écrit. Très-pressé, communication importante... comme ça, ça arrivera... Où est Jean ? SCÈNE XIII PERRICHON, DANIEL, puis MADAME PERRICHON, HENRIETTE, puis JEAN. DANIEL, entrant par le fond, sa lettre à la main. Impossible de trouver ce domestique. Apercevant Perrichon. Oh ! Il cache sa lettre. PERRICHON. Daniel ! Il cache aussi sa lettre. DANIEL. Eh bien ! monsieur Perrichon. Perrichon, Daniel. PERRICHON. Vous voyez... je suis calme... comme le bronze ! Apercevant sa femme et sa fille. Ma femme, silence ! Il descend. MADAME PERRICHON à son mari. Mon ami, le maître de piano d'Henriette vient de nous envoyer des billets de concert pour demain... midi... PERRICHON, à part. Midi ! HENRIETTE. C'est à son bénéfice, tu nous accompagneras ? PERRICHON. Impossible ! demain, ma journée est prise ! MADME PERRICHON. Mais tu n'as rien à faire... PERRICHON. Si. j'ai une affaire. très-importante... demande à Daniel.. DANIEL. Très-importante ! MADAME PERRICHON. Quel air sérieux ! A son mari. Tu as la figure longue d'une aune ou dirait que tu as peur. PERRICHON. Moi ? peur ! On me verra sur le terrain ! DANIEL, à part. Aïe ! MADAME PERRICHON. Le terrain ! PERRICHON, à part. Sapristi ! ça ma échappé ! Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. HENRIETTE, courant à lui. Un duel ! papa ! PERRICHON. Eh bien ! oui, mon enfant, je ne voulais pas te le dire, ça ma échappé, ton père se bat !.. MADAME PERRICHON. Mais avec qui ? PERRICHON. Avec un commandant au deuxième zouaves ! MADAME PERRICHON et HENRIETTE, effrayées. Ah ! grand Dieu ! PERRICHON. Demain, à midi, dans le bois de la Malmaison, à la porte du garde ! MADAME PERRICHON, allant à lui. Mais tu es fou... toi ! un bourgeois ! PERRICHON. Madame Perrichon, je blâme le duel... mais il y a des circonstances où l'homme se doit à son honneur ! A part, montrant sa lettre. Où est donc Jean ? MADAME PERRICHON, à part. Non ! c'est impossible ! je ne souffrirai pas. Elle va à la table au fond et écrit à part. Monsieur le préfet de police... JEAN, paraissant. Le dîner est servi ! PERRICHON, s'approchant de Jean et bas. Cette lettre à son adresse, c'est très-pressé ! Il s'éloigne. DANIEL, bas à Jean. Cette lettre à son adresse... c'est très-pressé ! Il s'éloigne. Daniel, Perrichon, Henriette, madame Perrichon. Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. Madame Perrichon, Jean, Perrichon, Daniel, Henriette, MADAME PERRICHON, bas à Jean. Cette lettre à son adresse... c'est très-pressé ! PERRICHON. Allons ! à table ! HENRIETTE, à part. Je vais faire prévenir monsieur Armand. Elle entre à droite. MADAME PERRICHON, à Jean ayant de sortir. Chut ! DANIEL, de même. Chut ! PERRICHON, de même. Chut ! Ils disparaissent tous les trois. JEAN, seul. Quel est ce mystère ? Lisant l'adresse des trois lettres. Monsieur le préfet... Monsieur la préfet... Monsieur le préfet... Étonné, et avec joie. Tiens ! il n'y a qu'une course ! FIN DU TROISIÈME ACTE ACTE QUATRIÈME Un jardin. - Bancs, chaises, table rustique à droite, un pavillon praticable. SCÈNE PREMIÈRE DANIEL, puis PERRICHON. DANIEL, entrant par le fond à gauche. Dix heures ! le rendez-vous n'est que pour midi. Il s'approche du pavillon et fait signe. Psit psit ! PERRICHON, passant la tête à la porte du pavillon. Ah ! c'est vous... ne faites pas de bruit... dans une minute je suis à vous. Il rentre. DANIEL, seul. Ce pauvre monsieur Perrichon ! il a dû passer une bien mauvaise nuit... heureusement ce duel n'aura pas lieu. PERRICHON, sortant du pavillon avec un grand manteau. Me voici. je vous attendais... DANIEL. Comment vous trouvez-vous ? Daniel, Perrichon. PERRICHON. Calme comme le bronze ! DANIEL. J'ai des épées dans la voiture. PERRICHON, entrouvrant son manteau. Moi, j'en ai là. DANIEL. Deux paires ! PERRICHON. Une peut casser... je ne veux pas me trouver dans l'embarras. DANIEL, à part. Décidément, c'est un lion !... Haut. Le fiacre est à la porte... si vous voulez. PERRICHON. Un instant ! Quelle heure est-il ? DANIEL. Dix. heures ! PERRICHON. Je ne veux pas arriver avant midi... ni après. A part. Ça ferait tout manquer. DANIEL. Vous avez raison... pourvu qu'on soit à l'heure. A part. Ça ferait tout manquer. PERRICHON. Arriver avant... c'est de la fanfaronnade... après, c'est de l'hésitation d'ailleurs, j'attends Majorin... je lui ai écrit hier soir un mot pressant. DANIEL. Ah ! le voici. SCÈNE II LES MÊMES, MAJORIN. MAJORIN. J'ai reçu ton billet, j'ai demandé un congé... de quoi s'agit-il ? PERRICHON. Majorin... je me bats dans deux heures !... MAJORIN. Toi ? allons donc ! et avec quoi ? PERRICHON, ouvrant son manteau et laissant voir ses épées. Avec ceci. MAJORIN. Des épées ! PERRICHON. Et j'ai compté sur toi pour être mon second. Daniel remonte. MAJORIN. Sur moi ? permets, mon ami, c'est impossible ! PERRICHON. Pourquoi ? MAJORIN. Il faut que j'aille à mon bureau... je me ferais destituer. PERRICHON. Puisque tu as demandé un congé. MAJORIN. Pas pour être témoin !... On leur fait des procès aux témoins PERRICHON. il me semble, monsieur Majorin, que je vous ai rendu assez de Daniel, Majorin, Perrichon. services pour que vous ne refusiez pas de m'assister dans une circonstance capitale de ma vie. MAJORIN, à part. Il me reproche ses six cents francs ! PERRICHON. Mais si vous craignez de vous compromettre... si vous avez peur. MAJORIN. Je n'ai pas pour... Avec amertune. D'ailleurs je ne suis pas libre... tu as su m'enchaîner par les liens de la reconnaissance. Grinçant. Ah ! la reconnaissanc ! DANIEL, à part. Encore un ! MAJORIN. Je ne te demande qu'une chose... c'est d'être de retour à deux heures... pour toucher mon dividende... je te rembourserai immédiatement et alors... nous serons quittes !... DANIEL. Je crois qu'il est temps de partir. A perrichon. Si vous désirez faire vos adieux à madame Perrichon et à votre fille... PERRICHON. Non ! je veux éviter cette scène... ce serait des pleurs, des cris... elles s'attacheraient a mes habits pour me retenir... partons ! on entend chanter dans la coulisse. Ma fille ! SCÈNE III LES MÊMES, HENRIETTE puis MADAME PERRICHON. HENRIETTE, entrant en chantant, et un arrosoir à la main. Tra la la ! tra la la ! Parlé Ah ! c'est toi, mon petit papa. Majorin, Perrichon, Daniel. Majorin, Daniel, Perrichon, Henriette. PERRICHON. Oui... tu vois... nous partons... avec ces deux messieurs... il le faut... Il l'embrasse avec émotion. Adieu ! HENRIETTE, tranquillement. Adieu, papa. A part. Il n'y a rien à craindre, maman a prévenu le préfet de police... et moi, j'ai prévenu monsieur Armand. Elle va arroser les fleurs. PERRICHON, s'essuyant les yeux et la croyant près de lui. Allons ! ne pleure pas !... si tu ne me revois pas... songe... S'arrêtant. Tiens ! elle arrose ! MAJORIN, à part. Ça me révolte ! mais c'est bien fait ! MADAME PERRICHON, entrant avec des fleurs à la main, à son mari. Mon ami... peut-on couper quelques dalhias ? PERRICHON. Ma femme ! MADAME PERRICHON. Je cueille un bouquet pour mes vases. PERRICHON. Cueille... dans un pareil moment je n'ai rien à te refuser... je vais partir. Caroline. MADAME PERRICHON, tranquillement. Ah ! tu vas là-bas. PERRICHON. Oui je vais... là-bas, avec ces deux messieurs. MADAME PERRICHON. Allons ! tâche d'être revenu pour dîner. PERRICHON et MAJORIN. Hein ? PERRICHON à part. Cette tranquillité... est-ce que ma femme ne m'aimerait pas ? Majorin, Daniel, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. MAJORIN, à part. Tous les Perrichon manquent de coeur ! c'est bien fait ! DANIEL. Il est l'heure... si vous voulez être au rendez-vous à midi... PERRICHON, vivement. Précis ! MADAME PERRICHON, vivement. Précis ! vous n'avez pas de temps à perdre. HENRIETTE. Dépêche-toi, papa. PERRICHON. Oui. MAJORIN, à part. Ce sont elles qui le renvoient ! Quelle jolie famille ! PERRICHON. Allons ! Caroline ! ma fille ! adieu ! adieu ! Ils remontent. SCÈNE IV LES MÊMES, ARMAND. ARMAND, paraissant au fond. Restez, monsieur Perrichon, le duel n'aura pas lieu. TOUS. Comment ? HENRIETTE, à part. Monsieur Armand ! j'étais bien sûre de lui ! MADAME PERRICHON, à Armand. Mais, expliquez-nous... Majorin, Perrichon, Daniel, Armand, madame Perrichon, Henriette. ARMAND. C'est bien simple.., je viens de faire mettre à Clichy le commandant Mathieu. TOUS. A Clichy ? DANIEL, à part. Il est très-actif, mon rival ! ARMAND. Oui... cela avait été convenu depuis un mois entre le commandant et moi... et je ne pouvais trouver une meilleure occasion de lui être agréable. A perrichon. Et de vous en débarrasser ! MADAME PERRICHON, à Armand. Ah ! monsieur, que de reconnaissance. HENRIETTE, bas. Vous êtes notre sauveur ! PERRICHON, à part. Eh bien ! je suis contrarié de ça... j'avais si bien arrangé ma petite affaire. A midi moins un quart on nous mettait la main dessus. MADAME PERRICHON, allant à son mari. Remercie donc. PERRICHON. Qui ça ? MADAME PERRICHON. Eh bien ! monsieur Armand. PERRICHON. Ah ! oui. A Armand sèchement. Monsieur, je vous remercie. MAJORIN, à part. On dirait que ça l'étrangle. Haut. Je vais toucher mon dividende A Daniel Croyez-vous que la caisse soit ouverte ? DANIEL. Oui sans doute. J'ai une voiture, je vais vous conduire. Monsieur Perrichon, nous nous reverrons vous avez une réponse à me donner. MADAME PERRICHON, bas à Armand. Restez. Perrichon a promis de se prononcer aujourd'hui le moment est favorable, faites votre demande. ARMAND. Vous croyez... c'est que. HENRIETTE, bas. Courage, monsieur Armand. ARMAND. Vous ! oh ! quel bonheur ! MAJORIN. Adieu, Perrichon. DANIEL, saluant. Madame... mademoiselle. Henriette et madame Perrichon sortent par la droite Majorin et Daniel par le fond, à gauche. SCENE V PERRICHON, ARMAND, puis JEAN et le COMMANDANT. PERRICHON, à part. Je suis très-contrarié... très-contrarié !... j'ai passé une partie de la nuit à écrire à mes amis que je me battais... je vais être ridicule. ARMAND, à part. Il doit être bien disposé... Essayons. Haut. Mon cher monsieur Perrichon. Perrichon, Daniel, Majorin, madame Perrichon, Armand. Henriette. Perrichon, Armand. PERRICHON, sèchement. Monsieur ? ARMAND. Je suis plus heureux que je ne puis le dire d'avoir pu terminer cette désagréable affaire. PERRICHON, à part. Toujours son petit air protecteur ! Haut. Quant à moi, monsieur, je regrette que vous m'ayez privé du plaisir de donner une leçon à ce professeur de grammaire ! ARMAND. Comment ? mais vous ignorez donc que votre adversaire... PERRICHON. Est un ex-commandant au deuxième zouave... Eh bien ?... après ? J'estime l'armée, mais je suis de ceux qui savent la regarder en face. Il passe fièrement devant lui. JEAN, paraissant et annonçant. Le commandant Mathieu. PERRICHON. Hein ? ARMAND. Lui ! PERRICHON. Vous me disiez qu'il était en prison ! LE COMMANDANT, entrant. J'y étais, en effet, mais j'en suis sorti. Apercevant Armand. Ah ! monsieur Armand ! je viens de consigner le montant du billet que je vous dois, plus les frais... ARMAND. Très-bien, commandant... Je pense que vous ne me gardez pas rancune... vous paraissiez si désireux d'aller à Clichy. Jean, le Commandant, Armand, Perrichon. LE COMMANDANT. Oui, j'aime Clichy... mais pas les jours où je dois me battre. A Perrichon. Je suis désolé, monsieur, de vous avoir fait attendre. Je suis à vos ordres. JEAN, à part. Oh ! ce pauvre bourgeois ! PERRICHON. Je pense, monsieur, que vous me rendrez la justice de croire que je suis tout à fait étranger à l'incident qui vient de se produire. ARMAND. Tout à fait car à l'instant même, monsieur me manifestait ses regrets de ne pouvoir se rencontrer avec vous... LE COMMANDANT, à Perrichon. Je n'ai jamais douté, monsieur, que vous ne fussiez un loyal adversaire. PERRICHON, avec hauteur. Je me plais à l'espérer, monsieur. JEAN, à part. Il est très-solide, le bourgeois. LE COMMANDANT. Mes témoins sont à la porte... partons ! PERRICHON. Partons ! LE COMMANDANT, tirant sa montre. Il est midi. PERRICHON, à part. Midi !... déjà ! LE COMMANDANT. Nous serons là-bas à deux heures... Jean, le Commandant, Perrichon, Armand. PERRICHON, à part. Deux heures ! ils seront partis.. ARMAND. Qu'avez-vous donc ? PERRICHON. J'ai... j'ai... messieurs, j'ai toujours pensé qu'il y avait quelque noblesse à reconnaître ses torts. LE COMMANDANT et JEAN, étonnés. Hein ? ARMAND. Que dit-il ? PERRICHON. Jean... laisse-nous ! ARMAND. Je me retire aussi. LE COMMANDANT. Oh ! pardon je désire que tout ceci se passe devant témoins. ARMAND. Mais... LE COMMANDANT. Je vous prie de rester. PERRICHON. Commandant... vous êtes un brave militaire... et moi... j'aime les militaires ! Je reconnais que j'ai eu des torts envers vous... et je vous prie de croire que. A part. Sapristi ! devant mon domestique ! Haut. Je vous prie de croire qu'il n'était ni dans mes intentions... Il fait signe de sortir à Jean, qui a l'air de ne pas comprendre. A part. Ça m'est égal, je le mettrai à la porte ce soir. Haut. ni dans ma pensée... d'offenser un homme que j'estime et que j'honore ! JEAN, à part. Il canne, le patron ! LE COMMANDANT. Alors, monsieur, ce sont des excuses. ARMAND, vivement. Oh ! des regrets !... PERRICHON. N'envenimez pas ! n'envenimez pas ! laissez parler le commandant. LE COMMANDANT. Sont-ce des regrets ou des excuses ? PERRICHON, hésitant. Mais... moitié l'un... moitié l'autre. LE COMMANDANT. Monsieur, vous avez écrit en toutes lettres sur le livre de Montanvert... le commandant est un. PERRICHON, vivement. Je retire le mot ! il est retiré ! LE COMMANDANT. Il est retiré... ici... mais là-bas ! il s'épanouit au beau milieu d'une page que tous les voyageurs peuvent lire. PERRICHON. Ah ! dam ! pour ça ! à moins que je ne retourne moi-même l'effacer. LE COMMANDANT. Je n'osais pas vous le demander, mais puisque vous me l'offrez... PERRICHON. Moi ? LE COMMANDANT. J'accepte. PERRICHON. Permettez... LE COMMANDANT. Oh je ne vous demande pas de repartir aujourd'hui... non !... mais demain. PERRICHON et ARMAND. Comment ? LE COMMANDANT. Comment ? Par le premier convoi, et vous bifferez vous-même, de bonne grâce, les deux méchantes lignes échappées à votre improvisation... ça m'obligera. PERRICHON. Oui... comme ça... il faut que je retourne en Suisse ? LE COMMANDANT. D'abord, le Montanvert était en Savoie... maintenant c'est la France ! PERRICHON. La France, reine des nations ! JEAN. C'est bien moins loin ! LE COMMANDANT, ironiquement. Il ne me reste plus qu'à rendre hommage à vos sentiments de conciliation. PERRICHON. Je n'aime pas à verser le sang ! LE COMMANDANT, riant. Je me déclare complétement satisfait. A Armand. Monsieur Desroches, j'ai encore quelques billets en circulation, s'il vous en passe un par les mains, je me recommande toujours à vous ! Saluant. Messieurs, j'ai bien l'honneur de vous saluer! PERRICHON, saluant. Commandant. Le commandant sort. JEAN, à Perrichon, tristement. Eh bien! monsieur... voilà votre affaire arrangée. Armand, Perrichon, Jean. PERRICHON, éclatant. Toi, je te donne ton compte ! va faire tes paquets, animal. JEAN, stupéfait. Ah ! bah ! qu'est-ce que j'ai fait ! Il sort à droite. SCÈNE VI ARMAND, PERRICHON. PERRICHON, à part. Il n'y a pas à dire... j'ai fait des excuses ! moi ! dont on verra le portrait au Musée... mais à qui la faute ? à ce M. Armand ! ARMAND, à part, au fond. Pauvre homme ! je ne sais que lui dire. PERRICHON, à part. Ah ! ça, est-ce qu'il ne va pas s'en aller ? Il a peut-être encore quelque service à me rendre... Ils sont jolis, ses services ! ARMAND. Monsieur Perrichon ! PERRICHON. Monsieur ? ARMAND. Hier, en vous quittant, je suis allé chez mon ami... l'employé à l'administration des douanes... Je lui ai parlé de votre affaire. PERRICHON, sèchement. Vous êtes trop bon. ARMAND. C'est arrangé !... on ne donnera pas suite au procès. PERRICHON. Ah! .£1 1 '-, V ijiaA Perrabon. ARMAND. Seulement, vous écrirez au douanier quelques mots de regrets. PERRICHON, éclatant. C'est ça ! des excuses ! encore des excuses !... De quoi vous mêlez-vous, à la fin ? ARMAND. Mais... PERRICHON. Est-ce que vous ne perdrez pas l'habitude de vous fourrer à chaque instant dans ma vie ? ARMAND. Comment ! PERRICHON. Oui, vous touchez à tout ! Qui est-ce qui vous a prié de faire arrêter le commandant ? Sans vous, nous étions tous là-bas, à midi ! ARMAND. Mais rien ne vous empêchait d'y être à deux heures... PERRICHON. Ce n'est pas la même chose. ARMAND. Pourquoi ? PERRICHON. Vous me demandez pourquoi ? Parce que. non ! Vous ne saurez pas pourquoi ! Avec colère. Assez de services, monsieur ! assez de services ! Désormais, si je tombe dans un trou, je vous prie de m'y laisser ! j'aime mieux donner cent francs au guide... car ça coûte cent francs... il n'y a pas de quoi être si fier ! Je vous prierai aussi de ne plus changer les heures de mes duels, et de me laisser aller en prison si c'est ma fantaisie. ARMAND. Mais, monsieur Perrichon. PERRICHON. Je n'aime pas les gens qui s'imposent... c'est de l'indiscrétion ! Vous m'envahissez !... ARMAND. Permettez... PERRICHON. Non, monsieur ! on ne me domine pas, moi ! Assez de services ! assez de services ! Il sort parle pavillon. SCÈNE VII ARMAND, puis HENRIETTE. ARMAND, seul. Je n'y comprends plus rien... je suis abasourdi ! HENRIETTE, entrant par la droite, au fond. Ah ! monsieur Armand ARMAND. Mademoiselle Henriette ! HENRIETTE. Avez-vous causé avec papa ? ARMAND. Oui, mademoiselle. HENRIETTE. Eh Lien ! ARMAND. Je viens d'acquérir la preuve de sa parfaite antipathie. HENRIETTE. Que dites-vous là ? C'est impossible. Armand, Henriette. ARMAND. Il a été jusqu'à me reprocher de l'avoir sauvé au Montanvert... J'ai cru qu'il allait m'offrir cent francs de récompense. HENRIETTE. Cent francs ! Par exemple ! ARMAND. Il dit que c'est le prix !... HENRIETTE. Mais c'est horrible !... c'est de l'ingratitude !... ARMAND. J'ai senti que ma présence le froissait, le blessait... et je n'ai plus, mademoiselle, qu'à vous faire mes adieux. HENRIETTE, vivement. Mais, pas du tout 1 restez ! ARMAND. A quoi bon ? c'est à Daniel qu'il réserve votre main. HENRIETTE. Monsieur Daniel ?... mais je ne veux pas ! ARMAND, avec joie. An ! HENRIETTE, se reprenant. Ma mère ne veut pas ! elle ne partage pas les sentiments de papa elle est reconnaissante, elle elle vous aime... Tout à l'heure elle me disait encore Monsieur Armand est un honnête homme... un homme de coeur, et ce que j'ai de plus cher au monde, je le lui donnerai... ARMAND Mais, ce qu'elle a de plus cher... c'est vous ! HENRIETTE, naïvement. Je le crois. ARMAND. Ah ! mademoiselle, que je vous remercie HENRIETTE. Mais, c'est maman qu'il faut remercier. ARMAND. Et vous, mademoiselle, me permettez-vous d'espérer que vous aurez pour moi la même bienveillance ? HENRIETTE, embarrassée. Moi, monsieur ?... ARMAND. Oh ! parlez ! je vous en supplie. HENRIETTE, baissant les yeux. Monsieur, lorsqu'une demoiselle est bien élevée, elle pense toujours comme sa maman. Elle se sauve. SCÈNE VIII ARMAND, puis DANIEL. ARMAND, seul. Elle m'aime ! elle me l'a dit !... Ah ! je suis trop heureux !... ah !... DANIEL, entrant. Bonjour, Armand. ARMAND. C'est vous... A part. Pauvre garçon ! DANIEL. Voici l'heure de la philosophie... Monsieur Perrichon se recueille... et dans dix minutes nous allons connaître sa réponse. Mon pauvre ami ! ARMAND. Quoi donc ? DANIEL. Dans la campagne que nous venons de faire, vous avez commis fautes sur fautes... Armand, Daniel. ARMAND, étonné. Moi ? DANIEL. Tenez, je vous aime, Armand... et je veux vous donner un bon avis qui vous servira... pour une autre fois ! vous avez un défaut mortel ! ARMAND. Lequel ? DANIEL. Vous aimez trop à rendre service... c'est une passion malheureuse ! ARMAND, riant. Ah ! par exemple ! DANIEL. Croyez-moi... j'ai vécu plus que vous, et dans un monde... plus avancé ! Avant d'obliger un homme, assurez-vous bien d'abord que cet homme n'est pas un imbécile. ARMAND. Pourquoi ? DANIEL. Parce qu'un imbécile est incapable de supporter longtemps cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance il y a même des gens d'esprit qui sont d'une constitution si délicate... ARMAND, riant. Allons ! développez votre paradoxe ! DANIEL. Voulez-vous un exemple monsieur Perrichon. PERRICHON, passant sa tête à la porte du pavillon. Mon nom ! DANIEL. Vous me permettrez de ne pas le ranger dans la catégorie des hommes supérieurs. Perrichon disparaît. DANIEL. Eh bien ! monsieur Perrichon vous a pris tout doucement en grippe. ARMAND. J'en ai bien peur. DANIEL. Et pourtant vous lui avez sauvé la vie. Vous croyez peut-être que ce souvenir lui rappelle un grand acte de dévouement ? Non ! il lui rappelle trois choses Primo, qu'il ne sait pas monter à cheval secundo, qu'il a eu tort de mettre des éperons, malgré l'avis de sa femme tertio, qu'il a fait en public une culbute ridicule... ARMAND. Soit, mais... DANIEL. Et comme il fallait un bouquet à ce beau feu d'artifice, vous lui avez démontré, comme deux et deux font quatre, que vous ne faisiez aucun cas de son courage, en empêchant un duel... qui n'aurait pas eu lieu. ARMAND. Comment ? DANIEL. J'avais pris mes mesures... Je rends aussi quelquefois des services... ARMAND. Ah ! vous voyez bien ! DANIEL. Oui, mais moi, je me cache... je me masque ! Quand je pénètre dans la misère de mon semblable, c'est avec des chaussons et sans lumière... comme dans une poudrière ! D'où je conclus... ARMAND. Qu'il ne faut obliger personne ? DANIEL. Oh ! non ! mais il faut opérer nuitamment et choisir sa victime ! D'où je conclus que ledit Perrichon vous déteste votre présence l'humilie, il est votre obligé, votre inférieur ! vous l'écrasez, cet homme ! ARMAND. Mais c'est de l'ingratitude !... DANIEL. L'ingratitude est une variété de l'orgueil... C'est l'indépendance du coeur, a dit un aimable philosophe. Or, monsieur Perrichon est le carrossier le plus indépendant de la carrosserie française ! J'ai flairé cela tout de suite... Aussi ai-je suivi une marche tout à fait opposée à la vôtre. ARMAND. Laquelle ? DANIEL. Je me suis laissé glisser... exprès ! dans une petite crevasse... pas méchante. ARMAND. Exprès ? DANIEL. Vous ne comprenez pas ? Donner à un carrossier l'occasion de sauver son semblable, sans danger pour lui, c'est un coup de maître ! Aussi, depuis ce jour, je suis sa joie, son triomphe, son fait d'armes ! Dès que je parais, sa figure s'épanouit, son estomac se gonfle, il lui pousse des plumes de paon ! dans sa redingote... Je le tiens ! comme la vanité tient l'homme... Quand il se refroidit, je le ranime, je le souffle... je l'imprime dans le journal. à trois francs la ligne ! ARMAND. Ah bah ! c'est vous ? DANIEL. Parbleu ! Demain je le fais peindre à l'huile... en tête-à-tête avec le mont Blanc ! J'ai demandé un tout petit mont Blanc et un immense Perrichon ! Enfin, mon uni, retenez bien ceci... et surtout gardez-moi le secret les hommes ne s'attachent point à nous en raison des services que nous leur rendons, mais en raison de ceux qu'ils nous rendent ! ARMAND. Les hommes... c'est possible... mais les femmes ! DANIEL. Eh bien ! les femmes... ARMAND. Elles comprennent la reconnaissance, elles savent garder au fond du coeur le souvenir du bienfait... DANIEL. Dieu ! la jolie phrase ! ARMAND. Heureusement, madame Perrichon, ne partage pas les sentiments de son mari. DANIEL. La maman est peut-être pour vous... mais j'ai pour moi l'orgueil du papa... du haut du Montanvert ma crevasse me protège ! SCÈNE IX LES MÊMES, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE. PERRICHON, entrant accompagné de sa femme et de sa fille, il est très-grave. Messieurs, je suis heureux de vous trouver ensemble... vous m'avez fait tous deux l'honneur de me demander la main de ma fille... vous allez connaître ma décision... ARMAND, à part. Voici le moment. PERRICHON, à Daniel souriant. Monsieur Daniel... mon ami ! Daniel, Armand, Perrichon, madame Perrichon, Henriette. ARMAND, à part. Je suis perdu ! PERRICHON. J'ai déjà fait beaucoup pour vous... je veux faire plus encore... Je veux vous donner. DANIEL, remerciant. Ah ! monsieur ! PERRICHON, froidement. Un conseil... Bas. Parlez moins haut quand vous serez près d'une porte. DANIEL, étonné. Ah ! bah ! PERRICHON. Oui... je vous remercie de la leçon. Haut. Monsieur Armand... vous avez moins vécu que votre ami... vous calculez moins, mais vous me plaisez davantage... je vous donne ma fille... ARMAND. Ah ! monsieur !... PERRICHON. Et remarquez que je ne cherche pas à m'acquitter envers vous... je désire rester votre obligé... Regardant Daniel. car il n'y a que les imbéciles qui ne savent pas supporter cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance, Il se dirige vers la droite, madame Perrichon fait passer sa fille du côté d'Armand, qui lui donne le bras. DANIEL, à part. Attrappe ! ARMAND, à part. Oh ! ce pauvre Daniel ! DANIEL. Je suis battu ! A Armand . Après comme avant, donnons-nous la main. Daniel, Perrichon, Armand, madame Perrichon, Henriette. Daniel, Armand, Henriette, madame Perrichon, Perrichon. ARMAND. Oh ! de grand coeur ! DANIEL, allant à Perrichon. Ah ! monsieur Perrichon, vous écoutez aux portes ! PERRICHON. Eh ! mon Dieu un père doit chercher à s'éclairer... Le prenant à part. Voyons là... vraiment, est-ce que vous vous y êtes jeté exprès ? DANIEL. Où ça ? PERRICHON. Dans le trou ? DANIEL. Oui... mais je ne le dirai à personne... PERRICHON. Je vous en prie. Poignées de main. SCÈNE X LES MÊMES MAJORIN. MAJORIN. Monsieur Perrichon, j'ai touché mon dividende à trois heures... et j'ai gardé la voiture de monsieur pour vous rapporter plus tôt vos six cents francs... les voici ! PERRICHON. Mais cela ne pressait pas. MAJORIN. Pardon, cela pressait. considérablement maintenant nous sommes quittes... complétement quittes ! PERRICHON, à part. Quand je pense que j'ai été comme ça !... Armand, Henriette, madame Perrichon, Daniel, Perrichon Armand, Henriette, madame Perrichon, Perrichon, Majorin, Daniel MAJORIN à Daniel. Voici le numéro de votre voiture, il y a sept quarts, d'heure. Il lui donne une carte. PERRICHON Monsieur Armand, nous resterons chez nous demain soir... et si vous voulez nous faire plaisir, vous viendrez prendre une tasse de thé. ARMAND, courant à Perrichon, bas. Demain ! vous n'y pensez pas... et votre promesse au commandant ! Il retourne près d'Henriette . PERRICHON. Ah ! c'est juste ! Haut. Ma femme... ma fille... nous repartons demain matin pour la mer de Glace. HENRIETTE, étonnée. Hein ? MADAME PERRICHON. Ah ! par exemple ! nous en arrivons ! pourquoi y retourner ? PERRICHON. Pourquoi ? peux-tu le demander ? tu ne devines pas que je veux revoir l'endroit où Armand m'a sauvé. MADAME PERRICHON. Cependant... PERRICHON. Assez ! ce voyage m'est commandants se reprenant commandé par la reconnaissance ! FIN. | 2,764 | 0.02733 | 0.110168 |
846.txt | 1,858 | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 453 respirait plus à Taise et éprouvait le même soulagement. Ce ménage était devenu le sien il n'eût pas essuyé d'émotions plus vives, quand même il se fût agi de sa mère et de sa soeur. s. D allait être payé de ces témoignages d'intérêt si sponta-nés et si sincères. La jeune fille avait tout vul tout entendu elle avait vu cet élan, elle avait entendu ce cri. Lorsque le danger eut cessé, elle releva la tête, et, pour la première fois, la tourna résolûment du côté de son voisin. Leurs yeux se rencontrèrent et tout un aveu passa dans ce premier regard. La glace était rompue. III Les amours aux croisée'S' ne sont qu'un prélude on sait où ils conduisent en se prolongeant. Ludovic eut bientôt ses entrées dans le ménage voisin il les avait conquises par sa persévérance. Ses visites furent rares d'abord, et elles avaient un prétexte naturel dans l'intérêt qu'il portait à la malade. Puis elles devinrent plus fréquentes, et en quelque sorte plus intimes on le reçut comme un ami, et cet intérieur n'eut plus de secrets pour lui. Ses pressentiments ne l'avaient pas trompé le ménage ne se composait que d'une jeune fille et d'une grand'mère point d'autres parents, si ce n'est des collatéraux qui habitaient la province. L'histoire de cette famille n'était d'ailleurs ni longue ni compliquée. Les Morin, on les nommait ainsi, avaient, de père en fils, occupé des emplois dans les administrations publiques pour eux c'était presque une destination hérédi-taire et dont ils n'avaient guère tiré profit. Malgré leur zèle et leur aptitude reconnue, aucun, dans le nombre, n'était par-venu à franchir les grades inférieurs ils avaient tous vécu, tant bien que mal, sur leurs modiques appointements, éle-vant leurs enfants à grand'peine et les vouant à une car-rière dont l'accès leur était naturellement ouvert. A défaut | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 453 respirait plus à @Taise et éprouvait le même soulagement. Ce ménage était devenu le sien il n'eût pas essuyé d'émotions plus vives, quand même il se fût agi de sa mère et de sa soeur. s. D allait être payé de ces témoignages d'intérêt si sponta-nés et si sincères. La jeune fille avait tout vul tout entendu elle avait vu cet élan, elle avait entendu ce cri. Lorsque le danger eut cessé, elle releva la tête, et, pour la première fois, la tourna résolûment du côté de son voisin. Leurs yeux se rencontrèrent et tout un aveu passa dans ce premier regard. La glace était rompue. III Les amours aux croisée'S' ne sont qu'un prélude on sait où ils conduisent en se prolongeant. Ludovic eut bientôt ses entrées dans le ménage voisin il les avait conquises par sa persévérance. Ses visites furent rares d'abord, et elles avaient un prétexte naturel dans l'intérêt qu'il portait à la malade. Puis elles devinrent plus fréquentes, et en quelque sorte plus intimes on le reçut comme un ami, et cet intérieur n'eut plus de secrets pour lui. Ses pressentiments ne l'avaient pas trompé le ménage ne se composait que d'une jeune fille et d'une grand'mère point d'autres parents, si ce n'est des collatéraux qui habitaient la province. L'histoire de cette famille n'était d'ailleurs ni longue ni compliquée. Les Morin, on les nommait ainsi, avaient, de père en fils, occupé des emplois dans les administrations publiques pour eux c'était presque une destination hérédi-taire et dont ils n'avaient guère tiré profit. Malgré leur zèle et leur aptitude reconnue, aucun, dans le nombre, n'était par-venu à franchir les grades inférieurs ils avaient tous vécu, tant bien que mal, sur leurs modiques appointements, éle-vant leurs enfants à grand'peine et les vouant à une car-rière dont l'accès leur était naturellement ouvert. A défaut | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 153 respirait plus à l'aise et éprouvait le même soulagement. Ce ménage était devenu le sien il n'eût pas essuyé d'émotions plus vives, quand même il se fût agi de sa mère et de sa soeur. @@Il allait être payé de ces témoignages d'intérêt si sponta-nés et si sincères. La jeune fille avait tout vu, tout entendu elle avait vu cet élan, elle avait entendu ce cri. Lorsque le danger eut cessé, elle releva la tête, et, pour la première fois, la tourna résolûment du côté de son voisin. Leurs yeux se rencontrèrent et tout un aveu passa dans ce premier regard. La glace était rompue. III Les amours aux croisée@s@ ne sont qu'un prélude on sait où ils conduisent en se prolongeant. Ludovic eut bientôt ses entrées dans le ménage voisin il les avait conquises par sa persévérance. Ses visites furent rares d'abord, et elles avaient un prétexte naturel dans l'intérêt qu'il portait à la malade. Puis elles devinrent plus fréquentes, et en quelque sorte plus intimes on le reçut comme un ami, et cet intérieur n'eut plus de secrets pour lui. Ses pressentiments ne l'avaient pas trompé le ménage ne se composait que d'une jeune fille et d'une grand'mère point d'autres parents, si ce n'est des collatéraux qui habitaient la province. L'histoire de cette famille n'était d'ailleurs ni longue ni compliquée. Les Morin, on les nommait ainsi, avaient, de père en fils, occupé des emplois dans les administrations publiques pour eux c'était presque une destination hérédi-taire et dont ils n'avaient guère tiré profit. Malgré leur zèle et leur aptitude reconnue, aucun, dans le nombre, n'était par-venu à franchir les grades inférieurs ils avaient tous vécu, tant bien que mal, sur leurs modiques appointements, éle-vant leurs enfants à grand peine et les vouant à une car-rière dont l'accès leur était naturellement ouvert. A défaut | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 153 respirait plus à l'aise et éprouvait le même soulagement. Ce ménage était devenu le sien il n'eût pas essuyé d'émotions plus vives, quand même il se fût agi de sa mère et de sa soeur. @@Il allait être payé de ces témoignages d'intérêt si sponta-nés et si sincères. La jeune fille avait tout vu, tout entendu elle avait vu cet élan, elle avait entendu ce cri. Lorsque le danger eut cessé, elle releva la tête, et, pour la première fois, la tourna résolûment du côté de son voisin. Leurs yeux se rencontrèrent et tout un aveu passa dans ce premier regard. La glace était rompue. III Les amours aux croisée@s@ ne sont qu'un prélude on sait où ils conduisent en se prolongeant. Ludovic eut bientôt ses entrées dans le ménage voisin il les avait conquises par sa persévérance. Ses visites furent rares d'abord, et elles avaient un prétexte naturel dans l'intérêt qu'il portait à la malade. Puis elles devinrent plus fréquentes, et en quelque sorte plus intimes on le reçut comme un ami, et cet intérieur n'eut plus de secrets pour lui. Ses pressentiments ne l'avaient pas trompé le ménage ne se composait que d'une jeune fille et d'une grand'mère point d'autres parents, si ce n'est des collatéraux qui habitaient la province. L'histoire de cette famille n'était d'ailleurs ni longue ni compliquée. Les Morin, on les nommait ainsi, avaient, de père en fils, occupé des emplois dans les administrations publiques pour eux c'était presque une destination hérédi-taire et dont ils n'avaient guère tiré profit. Malgré leur zèle et leur aptitude reconnue, aucun, dans le nombre, n'était par-venu à franchir les grades inférieurs ils avaient tous vécu, tant bien que mal, sur leurs modiques appointements, éle-vant leurs enfants à grand peine et les vouant à une car-rière dont l'accès leur était naturellement ouvert. A défaut | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 153 respirait plus à l'aise et éprouvait le même soulagement. Ce ménage était devenu le sien il n'eût pas essuyé d'émotions plus vives, quand même il se fût agi de sa mère et de sa soeur. Il allait être payé de ces témoignages d'intérêt si sponta-nés et si sincères. La jeune fille avait tout vu, tout entendu elle avait vu cet élan, elle avait entendu ce cri. Lorsque le danger eut cessé, elle releva la tête, et, pour la première fois, la tourna résolûment du côté de son voisin. Leurs yeux se rencontrèrent et tout un aveu passa dans ce premier regard. La glace était rompue. III Les amours aux croisées ne sont qu'un prélude on sait où ils conduisent en se prolongeant. Ludovic eut bientôt ses entrées dans le ménage voisin il les avait conquises par sa persévérance. Ses visites furent rares d'abord, et elles avaient un prétexte naturel dans l'intérêt qu'il portait à la malade. Puis elles devinrent plus fréquentes, et en quelque sorte plus intimes on le reçut comme un ami, et cet intérieur n'eut plus de secrets pour lui. Ses pressentiments ne l'avaient pas trompé le ménage ne se composait que d'une jeune fille et d'une grand'mère point d'autres parents, si ce n'est des collatéraux qui habitaient la province. L'histoire de cette famille n'était d'ailleurs ni longue ni compliquée. Les Morin, on les nommait ainsi, avaient, de père en fils, occupé des emplois dans les administrations publiques pour eux c'était presque une destination hérédi-taire et dont ils n'avaient guère tiré profit. Malgré leur zèle et leur aptitude reconnue, aucun, dans le nombre, n'était par-venu à franchir les grades inférieurs ils avaient tous vécu, tant bien que mal, sur leurs modiques appointements, éle-vant leurs enfants à grand peine et les vouant à une car-rière dont l'accès leur était naturellement ouvert. A défaut | 12 | 0.00649 | 0.045845 |
701.txt | 1,842 | 28 LA BRUYÈRE. le signalement de Théobalde sied assez, était mort était-ce Boursault qui, sans appartenir à l'Académie, avait pu se coaliser avec quelques-uns du dedans ? Était-ce le vieux Boyer t ou quelque autre de même force? D'Olivet montre trop de discrétion là-dessus. Les deux autres morceaux essentiels à lire sur La Bruyère sont une notice exquise de Suard, écrite en 1782, et un Éloge approfondi par Victorin pages d'un portrait qui ne demande point d'ordre. Il n'y a pas lieu de croire qu'un pareil recueil qui choque les bonnes moeurs ait fait obtenir à M. de La Bruyère la place qu'il a dans c l'Académie. Il a peint le.. autres dans son amas d'invectives, et dans le discours qu'il a prononcé il s'est peint lui-même. Fier de sept éditions que ses Portraits satyriques ont fait faire de son merveMtux ouvrage, il exagère son mérite EU le Mercure conclut, en remuant sottement sa propre injure, que tout le monde a jugé du discours qu'il étoit directement au-dessous de rien. Certes, l'exemple de telles injustices appliquées aux plus d. licuts et aux plus fins modèles serait capable de con-soler ceux qui ont, du moins, le culte du passé, de toutes les grossièretés qu'eux-mêmes ils ont souvent à essuyer dans le présent. l Ce serait plutôt Boursault que Boyer car je me rappelle que Segrais a dil à propos des épigrammes de Boileau contre Boyer Le pauvre M. Boyer n'a jamais offensé personne. -Je m'étais mis, comme on voit, fort en fraisjde conjectures, lorsque Trublet, dans ses Mémoires sur Fontenelle, page 225, m'est venu donner la clef de l'énigme et le nom des masques. Il paraît bien qu'il s'agit en effet de Thomas Corneille et de Fontenelle, ligués avec De Yisé. Fontenelle était de l'Académie à cette date. Lui et son oncle Thomas faisaient volontiers au dehors de la littérature de feuilletons et écrivaient, comme on dirait, dans les petits jour-naux. On sait le mot de Boileau à propos de La Motte C'est dommage qu'il ait été s'encanailler de ce petit Fontenelle. | 28 LA BRUYÈRE. le signalement de Théobalde sied assez, était mort était-ce Boursault qui, sans appartenir à l'Académie, avait pu se coaliser avec quelques-uns du dedans ? Était-ce le vieux Boyer t ou quelque autre de même force@? D'Olivet montre trop de discrétion là-dessus. Les deux autres morceaux essentiels à lire sur La Bruyère sont une notice exquise de Suard, écrite en 1782, et un Éloge approfondi par Victorin pages d'un portrait qui ne demande point d'ordre@@@. Il n'y a pas lieu de croire qu'un pareil recueil qui choque les bonnes moeurs ait fait obtenir à M. de La Bruyère la place qu'il a dans c l'Académie. Il a peint le.. autres dans son amas d'invectives, et dans le discours qu'il a prononcé il s'est peint lui-même@@. Fier de sept éditions que ses Portraits satyriques ont fait faire de son merve@@Mtux ouvrage, il exagère son mérite@@@@@ EU le Mercure conclut, en remuant sottement sa propre injure, que tout le monde a jugé du discours qu'il étoit directement au-dessous de rien. Certes, l'exemple de telles injustices appliquées aux plus d. licuts et aux plus fins modèles serait capable de con-soler ceux qui ont, du moins, le culte du passé, de toutes les grossièretés qu'eux-mêmes ils ont souvent à essuyer dans le présent. l Ce serait plutôt Boursault que Boyer car je me rappelle que Segrais a dil à propos des épigrammes de Boileau contre Boyer Le pauvre M. Boyer n'a jamais offensé personne. -Je m'étais mis, comme on voit, fort en fraisjde conjectures, lorsque Trublet, dans ses Mémoires sur Fontenelle, page 225, m'est venu donner la clef de l'énigme et le nom des masques. Il paraît bien qu'il s'agit en effet de Thomas Corneille et de Fontenelle, ligués avec De Yisé. Fontenelle était de l'Académie à cette date. Lui et son oncle Thomas faisaient volontiers au dehors de la littérature de feuilletons et écrivaient, comme on dirait, dans les petits jour-naux. On sait le mot de Boileau à propos de La Motte C'est dommage qu'il ait été s'encanailler de ce petit Fontenelle. | 28 LA BRUYÈRE. le signalement de Théobalde sied assez, était mort était-ce Boursault qui, sans appartenir à l'Académie, avait pu se coaliser avec quelques-uns du dedans ? Était-ce le vieux Boyer@1 ou quelque autre de même force ? D'Olivet montre trop de discrétion là-dessus. Les deux autres morceaux essentiels à lire sur La Bruyère sont une notice exquise de Suard, écrite en 1782, et un Éloge approfondi par Victorin pages d'un portrait qui ne demande point d'ordre.... Il n'y a pas lieu de croire qu'un pareil recueil qui choque les bonnes moeurs ait fait obtenir à M. de La Bruyère la place qu'il a dans @@l'Académie. Il a peint le@s autres dans son amas d'invectives, et dans le discours qu'il a prononcé il s'est peint lui-même... Fier de sept éditions que ses Portraits satyriques ont fait faire de son merveilleux ouvrage, il exagère son mérite..... Et le Mercure conclut, en remuant sottement sa propre injure, que tout le monde a jugé du discours qu'il étoit directement au-dessous de rien. Certes, l'exemple de telles injustices appliquées aux plus d@elicats et aux plus fins modèles serait capable de con-soler ceux qui ont, du moins, le culte du passé, de toutes les grossièretés qu'eux-mêmes ils ont souvent à essuyer dans le présent. 1 Ce serait plutôt Boursault que Boyer car je me rappelle que Segrais a dit à propos des épigrammes de Boileau contre Boyer Le pauvre M. Boyer n'a jamais offensé personne. -Je m'étais mis, comme on voit, fort en frais de conjectures, lorsque Trublet, dans ses Mémoires sur Fontenelle, page 225, m'est venu donner la clef de l'énigme et le nom des masques. Il paraît bien qu'il s'agit en effet de Thomas Corneille et de Fontenelle, ligués avec De Visé. Fontenelle était de l'Académie à cette date. Lui et son oncle Thomas faisaient volontiers au dehors de la littérature de feuilletons et écrivaient, comme on dirait, dans les petits jour-naux. On sait le mot de Boileau à propos de La Motte C'est dommage qu'il ait été s'encanailler de ce petit Fontenelle. | 28 LA BRUYÈRE. le signalement de Théobalde sied assez, était mort était-ce Boursault qui, sans appartenir à l'Académie, avait pu se coaliser avec quelques-uns du dedans ? Était-ce le vieux Boyer@1 ou quelque autre de même force ? D'Olivet montre trop de discrétion là-dessus. Les deux autres morceaux essentiels à lire sur La Bruyère sont une notice exquise de Suard, écrite en 1782, et un Éloge approfondi par Victorin pages d'un portrait qui ne demande point d'ordre.... Il n'y a pas lieu de croire qu'un pareil recueil qui choque les bonnes moeurs ait fait obtenir à M. de La Bruyère la place qu'il a dans @@l'Académie. Il a peint le@s autres dans son amas d'invectives, et dans le discours qu'il a prononcé il s'est peint lui-même... Fier de sept éditions que ses Portraits satyriques ont fait faire de son merveilleux ouvrage, il exagère son mérite..... Et le Mercure conclut, en remuant sottement sa propre injure, que tout le monde a jugé du discours qu'il étoit directement au-dessous de rien. Certes, l'exemple de telles injustices appliquées aux plus d@elicats et aux plus fins modèles serait capable de con-soler ceux qui ont, du moins, le culte du passé, de toutes les grossièretés qu'eux-mêmes ils ont souvent à essuyer dans le présent. 1 Ce serait plutôt Boursault que Boyer car je me rappelle que Segrais a dit à propos des épigrammes de Boileau contre Boyer Le pauvre M. Boyer n'a jamais offensé personne. -Je m'étais mis, comme on voit, fort en frais de conjectures, lorsque Trublet, dans ses Mémoires sur Fontenelle, page 225, m'est venu donner la clef de l'énigme et le nom des masques. Il paraît bien qu'il s'agit en effet de Thomas Corneille et de Fontenelle, ligués avec De Visé. Fontenelle était de l'Académie à cette date. Lui et son oncle Thomas faisaient volontiers au dehors de la littérature de feuilletons et écrivaient, comme on dirait, dans les petits jour-naux. On sait le mot de Boileau à propos de La Motte C'est dommage qu'il ait été s'encanailler de ce petit Fontenelle. | 28 LA BRUYÈRE. le signalement de Théobalde sied assez, était mort était-ce Boursault qui, sans appartenir à l'Académie, avait pu se coaliser avec quelques-uns du dedans ? Était-ce le vieux Boyer1 ou quelque autre de même force ? D'Olivet montre trop de discrétion là-dessus. Les deux autres morceaux essentiels à lire sur La Bruyère sont une notice exquise de Suard, écrite en 1782, et un Éloge approfondi par Victorin pages d'un portrait qui ne demande point d'ordre.... Il n'y a pas lieu de croire qu'un pareil recueil qui choque les bonnes moeurs ait fait obtenir à M. de La Bruyère la place qu'il a dans l'Académie. Il a peint les autres dans son amas d'invectives, et dans le discours qu'il a prononcé il s'est peint lui-même... Fier de sept éditions que ses Portraits satyriques ont fait faire de son merveilleux ouvrage, il exagère son mérite..... Et le Mercure conclut, en remuant sottement sa propre injure, que tout le monde a jugé du discours qu'il étoit directement au-dessous de rien. Certes, l'exemple de telles injustices appliquées aux plus delicats et aux plus fins modèles serait capable de con-soler ceux qui ont, du moins, le culte du passé, de toutes les grossièretés qu'eux-mêmes ils ont souvent à essuyer dans le présent. 1 Ce serait plutôt Boursault que Boyer car je me rappelle que Segrais a dit à propos des épigrammes de Boileau contre Boyer Le pauvre M. Boyer n'a jamais offensé personne. -Je m'étais mis, comme on voit, fort en frais de conjectures, lorsque Trublet, dans ses Mémoires sur Fontenelle, page 225, m'est venu donner la clef de l'énigme et le nom des masques. Il paraît bien qu'il s'agit en effet de Thomas Corneille et de Fontenelle, ligués avec De Visé. Fontenelle était de l'Académie à cette date. Lui et son oncle Thomas faisaient volontiers au dehors de la littérature de feuilletons et écrivaient, comme on dirait, dans les petits jour-naux. On sait le mot de Boileau à propos de La Motte C'est dommage qu'il ait été s'encanailler de ce petit Fontenelle. | 29 | 0.014493 | 0.078947 |
265.txt | 1,845 | -85 -fois que je vous écris. Si nous souffrons pour Jésus-Christ, nous nous réunirons tin jour avec lui mais persévérons dans le bien jusqu'à la fin, et travaillons à mourir de la mort des justes c'est la grâce que je demanderai pour vous sans cesse au Seigneur. Je me recommande aussi à vos prières. Je désire toujours vous être utile, et vous aider à mériter le ciel. Je dis dans toute la sin-cérité de mon âme au Seigneur, avec notre bien-heureux patron, S. Martin Si j'étais encore nécessaire à votre peuple, je ne refuserais pas le travail, je lui sacrifierais le désir de vous posséder actuellement dans la gloire mais s'il vous plaît de m'appeler à vous, et de me séparer des âmes que vous m'aviez confiées, que votre volonté soit faite. Ah! Seigneur, ayez-en pitié, et donnez-leur des pasteurs selon votre coeur ! Je vous fais à tous, mes chers et bien aimés paroissiens, et à chacun en particulier, mes der-niers adieux. Je vous recommande à Dieu et à sa sainte grâce si nous ne nous revoyons plus sur la terre, puissions-nous du moins nous revoir dans le ciel ! Ce bonheur dépendra de la vie que nous aurons menée ici-bas. Vivez dans la piété, dans la crainte du Seigneur. Soyez fidèles à la religion sainte que j'ai tâché de vous enseigner par mes instructions et par mes exemples. De- | -85 -fois que je vous écris. Si nous souffrons pour Jésus-Christ, nous nous réunirons tin jour avec lui mais persévérons dans le bien jusqu'à la fin, et travaillons à mourir de la mort des justes c'est la grâce que je demanderai pour vous sans cesse au Seigneur. Je me recommande aussi à vos prières. Je désire toujours vous être utile, et vous aider à mériter le ciel. Je dis dans toute la sin-cérité de mon âme au Seigneur, avec notre bien-heureux patron, S. Martin Si j'étais encore nécessaire à votre peuple, je ne refuserais pas le travail, je lui sacrifierais le désir de vous posséder actuellement dans la gloire mais s'il vous plaît de m'appeler à vous, et de me séparer des âmes que vous m'aviez confiées, que votre volonté soit faite. Ah! Seigneur, ayez-en pitié, et donnez-leur des pasteurs selon votre coeur ! Je vous fais à tous, mes chers et bien aimés paroissiens, et à chacun en particulier, mes der-niers adieux. Je vous recommande à Dieu et à sa sainte grâce si nous ne nous revoyons plus sur la terre, puissions-nous du moins nous revoir dans le ciel ! Ce bonheur dépendra de la vie que nous aurons menée ici-bas. Vivez dans la piété, dans la crainte du Seigneur. Soyez fidèles à la religion sainte que j'ai tâché de vous enseigner par mes instructions et par mes exemples. De- | ######### que je vous écris. Si nous souffrons pour Jésus-Christ, nous nous réunirons @un jour avec lui mais persévérons dans le bien jusqu'à la fin, et travaillons à mourir de la mort des justes c'est la grâce que je demanderai pour vous sans cesse au Seigneur. Je me recommande aussi à vos prières. Je désire toujours vous être utile, et vous aider à mériter le ciel. Je dis dans toute la sin-cérité de mon âme au Seigneur, avec notre bien-heureux patron, S. Martin Si j'étais encore nécessaire à votre peuple, je ne refuserais pas le travail, je lui sacrifierais le désir de vous posséder actuellement dans la gloire mais s'il vous plaît de m'appeler à vous, et de me séparer des âmes que vous m'aviez confiées, que votre volonté soit faite. Ah! Seigneur, ayez-en pitié, et donnez-leur des pasteurs selon votre coeur ! Je vous fais à tous, mes chers et bien aimés paroissiens, et à chacun en particulier, mes der-niers adieux. Je vous recommande à Dieu et à sa sainte grâce si nous ne nous revoyons plus sur la terre, puissions-nous du moins nous revoir dans le ciel ! Ce bonheur dépendra de la vie que nous aurons menée ici-bas. Vivez dans la piété, dans la crainte du Seigneur. Soyez fidèles à la religion sainte que j'ai tâché de vous enseigner par mes instructions et par mes exemples. De- | -85 -fois que je vous écris. Si nous souffrons pour Jésus-Christ, nous nous réunirons @un jour avec lui mais persévérons dans le bien jusqu'à la fin, et travaillons à mourir de la mort des justes c'est la grâce que je demanderai pour vous sans cesse au Seigneur. Je me recommande aussi à vos prières. Je désire toujours vous être utile, et vous aider à mériter le ciel. Je dis dans toute la sin-cérité de mon âme au Seigneur, avec notre bien-heureux patron, S. Martin Si j'étais encore nécessaire à votre peuple, je ne refuserais pas le travail, je lui sacrifierais le désir de vous posséder actuellement dans la gloire mais s'il vous plaît de m'appeler à vous, et de me séparer des âmes que vous m'aviez confiées, que votre volonté soit faite. Ah! Seigneur, ayez-en pitié, et donnez-leur des pasteurs selon votre coeur ! Je vous fais à tous, mes chers et bien aimés paroissiens, et à chacun en particulier, mes der-niers adieux. Je vous recommande à Dieu et à sa sainte grâce si nous ne nous revoyons plus sur la terre, puissions-nous du moins nous revoir dans le ciel ! Ce bonheur dépendra de la vie que nous aurons menée ici-bas. Vivez dans la piété, dans la crainte du Seigneur. Soyez fidèles à la religion sainte que j'ai tâché de vous enseigner par mes instructions et par mes exemples. De- | -85 -fois que je vous écris. Si nous souffrons pour Jésus-Christ, nous nous réunirons un jour avec lui mais persévérons dans le bien jusqu'à la fin, et travaillons à mourir de la mort des justes c'est la grâce que je demanderai pour vous sans cesse au Seigneur. Je me recommande aussi à vos prières. Je désire toujours vous être utile, et vous aider à mériter le ciel. Je dis dans toute la sin-cérité de mon âme au Seigneur, avec notre bien-heureux patron, S. Martin Si j'étais encore nécessaire à votre peuple, je ne refuserais pas le travail, je lui sacrifierais le désir de vous posséder actuellement dans la gloire mais s'il vous plaît de m'appeler à vous, et de me séparer des âmes que vous m'aviez confiées, que votre volonté soit faite. Ah! Seigneur, ayez-en pitié, et donnez-leur des pasteurs selon votre coeur ! Je vous fais à tous, mes chers et bien aimés paroissiens, et à chacun en particulier, mes der-niers adieux. Je vous recommande à Dieu et à sa sainte grâce si nous ne nous revoyons plus sur la terre, puissions-nous du moins nous revoir dans le ciel ! Ce bonheur dépendra de la vie que nous aurons menée ici-bas. Vivez dans la piété, dans la crainte du Seigneur. Soyez fidèles à la religion sainte que j'ai tâché de vous enseigner par mes instructions et par mes exemples. De- | 2 | 0.001544 | 0.007722 |
271.txt | 1,845 | -98-gneur, Voilà la prédiction l'auteur de la Vie de M. Musart en a vu de ses yeux, et bien d'au-tres avec lui, l'entier accomplissement, à Reims d'abord par les bonnes oeuvres de toute espèce, puis à Amiens, et enfin à Rome, où elle eut jus-qu'à sa mort une nombreuse famille à gouverner. 5° Voici un fait appuyé des témoignages les plus irrécusables. Mademoiselle Nicole Coyon, cette parente du saint prêtre, qui prit soin de lui dans sa prison et le suivit jusqu'à l'échafaud, avait laissé à Somme-Vesle une. soeur. Cette soeur était attaquée d'une humeur cancéreuse dont les progrès donnaient beaucoup d'inquiétude au médecin qui la traitait. La malade, encore plus inquiète, se sentit inspirée d'écrire à son véné-rable parent, pour l'informer de sa dangereuse position et se recommander à ses prières. Celui-ci, le 11 mars, jour de sa mort, lui répond qu'il ne l'oubliera pas devant Dieu ce sont les expres-sions de sa lettre. Le lendemain 1,2, la malade se trouva guérie, au grand étonnement de toutes bas personnes qui connaissaient sa pénible situa-tion et le genre de mort dont elle était menacée. 4° A Somme-Suippe, c'est une chose de no-toriété publique que des personnes qui passaient pour avoir concouru à faire arrêter M. Musart par la gendarmerie s'étaient montrées depuis, ainsi que leurs familles, les plus attachées à | -98-gneur, Voilà la prédiction l'auteur de la Vie de M. Musart en a vu de ses yeux, et bien d'au-tres avec lui, l'entier accomplissement, à Reims d'abord par les bonnes oeuvres de toute espèce, puis à Amiens, et enfin à Rome, où elle eut jus-qu'à sa mort une nombreuse famille à gouverner. 5° Voici un fait appuyé des témoignages les plus irrécusables. Mademoiselle Nicole Coyon, cette parente du saint prêtre, qui prit soin de lui dans sa prison et le suivit jusqu'à l'échafaud, avait laissé à Somme-Vesle une. soeur. Cette soeur était attaquée d'une humeur cancéreuse dont les progrès donnaient beaucoup d'inquiétude au médecin qui la traitait. La malade, encore plus inquiète, se sentit inspirée d'écrire à son véné-rable parent, pour l'informer de sa dangereuse position et se recommander à ses prières. Celui-ci, le 11 mars, jour de sa mort, lui répond qu'il ne l'oubliera pas devant Dieu ce sont les expres-sions de sa lettre. Le lendemain 1,2, la malade se trouva guérie, au grand étonnement de toutes bas personnes qui connaissaient sa pénible situa-tion et le genre de mort dont elle était menacée. 4° A Somme-Suippe, c'est une chose de no-toriété publique que des personnes qui passaient pour avoir concouru à faire arrêter M. Musart par la gendarmerie s'étaient montrées depuis, ainsi que leurs familles, les plus attachées à | ########## Voilà la prédiction l'auteur de la Vie de M. Musart en a vu de ses yeux, et bien d'au-tres avec lui, l'entier accomplissement, à Reims d'abord par les bonnes oeuvres de toute espèce, puis à Amiens, et enfin à Rome, où elle eut jus-qu'à sa mort une nombreuse famille à gouverner. 3° Voici un fait appuyé des témoignages les plus irrécusables. Mademoiselle Nicole Coyon, cette parente du saint prêtre, qui prit soin de lui dans sa prison et le suivit jusqu'à l'échafaud, avait laissé à Somme-Vesle une. soeur. Cette soeur était attaquée d'une humeur cancéreuse dont les progrès donnaient beaucoup d'inquiétude au médecin qui la traitait. La malade, encore plus inquiète, se sentit inspirée d'écrire à son véné-rable parent, pour l'informer de sa dangereuse position et se recommander à ses prières. Celui-ci, le 11 mars, jour de sa mort, lui répond qu'il ne l'oubliera pas devant Dieu ce sont les expres-sions de sa lettre. Le lendemain 1@2, la malade se trouva guérie, au grand étonnement de toutes les personnes qui connaissaient sa pénible situa-tion et le genre de mort dont elle était menacée. 4° A Somme-Suippe, c'est une chose de no-toriété publique que des personnes qui passaient pour avoir concouru à faire arrêter M. Musart par la gendarmerie s'étaient montrées depuis, ainsi que leurs familles, les plus attachées à | -98-gneur, Voilà la prédiction l'auteur de la Vie de M. Musart en a vu de ses yeux, et bien d'au-tres avec lui, l'entier accomplissement, à Reims d'abord par les bonnes oeuvres de toute espèce, puis à Amiens, et enfin à Rome, où elle eut jus-qu'à sa mort une nombreuse famille à gouverner. 3° Voici un fait appuyé des témoignages les plus irrécusables. Mademoiselle Nicole Coyon, cette parente du saint prêtre, qui prit soin de lui dans sa prison et le suivit jusqu'à l'échafaud, avait laissé à Somme-Vesle une. soeur. Cette soeur était attaquée d'une humeur cancéreuse dont les progrès donnaient beaucoup d'inquiétude au médecin qui la traitait. La malade, encore plus inquiète, se sentit inspirée d'écrire à son véné-rable parent, pour l'informer de sa dangereuse position et se recommander à ses prières. Celui-ci, le 11 mars, jour de sa mort, lui répond qu'il ne l'oubliera pas devant Dieu ce sont les expres-sions de sa lettre. Le lendemain 1@2, la malade se trouva guérie, au grand étonnement de toutes les personnes qui connaissaient sa pénible situa-tion et le genre de mort dont elle était menacée. 4° A Somme-Suippe, c'est une chose de no-toriété publique que des personnes qui passaient pour avoir concouru à faire arrêter M. Musart par la gendarmerie s'étaient montrées depuis, ainsi que leurs familles, les plus attachées à | -98-gneur, Voilà la prédiction l'auteur de la Vie de M. Musart en a vu de ses yeux, et bien d'au-tres avec lui, l'entier accomplissement, à Reims d'abord par les bonnes oeuvres de toute espèce, puis à Amiens, et enfin à Rome, où elle eut jus-qu'à sa mort une nombreuse famille à gouverner. 3° Voici un fait appuyé des témoignages les plus irrécusables. Mademoiselle Nicole Coyon, cette parente du saint prêtre, qui prit soin de lui dans sa prison et le suivit jusqu'à l'échafaud, avait laissé à Somme-Vesle une. soeur. Cette soeur était attaquée d'une humeur cancéreuse dont les progrès donnaient beaucoup d'inquiétude au médecin qui la traitait. La malade, encore plus inquiète, se sentit inspirée d'écrire à son véné-rable parent, pour l'informer de sa dangereuse position et se recommander à ses prières. Celui-ci, le 11 mars, jour de sa mort, lui répond qu'il ne l'oubliera pas devant Dieu ce sont les expres-sions de sa lettre. Le lendemain 12, la malade se trouva guérie, au grand étonnement de toutes les personnes qui connaissaient sa pénible situa-tion et le genre de mort dont elle était menacée. 4° A Somme-Suippe, c'est une chose de no-toriété publique que des personnes qui passaient pour avoir concouru à faire arrêter M. Musart par la gendarmerie s'étaient montrées depuis, ainsi que leurs familles, les plus attachées à | 4 | 0.002996 | 0.01581 |
517.txt | 1,873 | -21 -qui accompagne une maladie inflammatoire, et surtout dans les affections cérébrales et spinales aiguës ils diminuent dans les névroses, dans les affections spinales chroniques et les maladies des reins. b Les phosphates terreux augmentent dans la ménin-gite et en général dans toutes les affections cérébrales ai-guës, dans les rhumatismes ils diminuent dans les mala-dies des reins, les maladies spinales et les maladies ner-veuses en général. § 38. Recherche des phosphates. - Si on ajoute un ex-cès d'ammoniaque à une urine acide, on précipite le phos-phate de chaux et le phosphate de magnésie, le premier tel quel et le dernier à l'état de phosphate ammoniaco-magné-sien. L'acide phosphorique qui, après l'addition de l'am-moniaque, est resté encore en solution, se reconnaît facile-ment par le précipité blanc jaunâtre de phosphate ferrique qui se forme par l'addition de chlorure ferrique, après avoir acidulé l'urine avec de l'acide acétique. Dosage. - Le dosage de l'acide phosphorique se fait le mieux par la méthode des volumes, en employant une so-lution titrée d'acétate d'urane. Cette détermination repose sur le fait que le phosphate uranique est insoluble dans l'acide acétique et que le moindre excès de réactif.se fait reconnaître par la coloration rougeâtre que prend le li-quide, en ajoutant du ferrocyanure de potassium. On peut titrer le réactif de telle sorte que 1 CC corres-ponde à 5 milligrammes d'acide phosphorique. On opère ensuite de la manière suivante On introduit dans un vase à précipiter 50 CC d'urine, on ajoute 5 CC d'un mélange renfermant pour 1 litre de solu-tion, 100 grammes d'acétate de soude cristallisé et 100 CC d'acide acétique concentré on chauffe au bain-marie et on ajoute, au moyen d'une burette, de la solution titrée jus-qu'à ce qu'une goutte du liquide essayé donne, avec le cya-nure jaune, cette coloration rouge brunâtre caractéristique. | -21 -qui accompagne une maladie inflammatoire, et surtout dans les affections cérébrales et spinales aiguës ils diminuent dans les névroses, dans les affections spinales chroniques et les maladies des reins. b Les phosphates terreux augmentent dans la ménin-gite et en général dans toutes les affections cérébrales ai-guës, dans les rhumatismes ils diminuent dans les mala-dies des reins, les maladies spinales et les maladies ner-veuses en général. § 38. Recherche des phosphates. - Si on ajoute un ex-cès d'ammoniaque à une urine acide, on précipite le phos-phate de chaux et le phosphate de magnésie, le premier tel quel et le dernier à l'état de phosphate ammoniaco-magné-sien. L'acide phosphorique qui, après l'addition de l'am-moniaque, est resté encore en solution, se reconnaît facile-ment par le précipité blanc jaunâtre de phosphate ferrique qui se forme par l'addition de chlorure ferrique, après avoir acidulé l'urine avec de l'acide acétique. Dosage. - Le dosage de l'acide phosphorique se fait le mieux par la méthode des volumes, en employant une so-lution titrée d'acétate d'urane. Cette détermination repose sur le fait que le phosphate uranique est insoluble dans l'acide acétique et que le moindre excès de réactif.se fait reconnaître par la coloration rougeâtre que prend le li-quide, en ajoutant du ferrocyanure de potassium. On peut titrer le réactif de telle sorte que 1 CC corres-ponde à 5 milligrammes d'acide phosphorique. On opère ensuite de la manière suivante On introduit dans un vase à précipiter 50 CC d'urine, on ajoute 5 CC d'un mélange renfermant pour 1 litre de solu-tion, 100 grammes d'acétate de soude cristallisé et 100 CC d'acide acétique concentré on chauffe au bain-marie et on ajoute, au moyen d'une burette, de la solution titrée jus-qu'à ce qu'une goutte du liquide essayé donne, avec le cya-nure jaune, cette coloration rouge brunâtre caractéristique. | -21 -qui accompagne une maladie inflammatoire, et surtout dans les affections cérébrales et spinales aiguës ils diminuent dans les névroses, dans les affections spinales chroniques et les maladies des reins. b Les phosphates terreux augmentent dans la ménin-gite et en général dans toutes les affections cérébrales ai-guës, dans les rhumatismes ils diminuent dans les mala-dies des reins, les maladies spinales et les maladies ner-veuses en général. § 38. Recherche des phosphates. -@Si on ajoute un ex-cès d'ammoniaque à une urine acide, on précipite le phos-phate de chaux et le phosphate de magnésie, le premier tel quel et le dernier à l'état de phosphate ammoniaco-magné-sien. L'acide phosphorique qui, après l'addition de l'am-moniaque, est resté encore en solution, se reconnaît facile-ment par le précipité blanc jaunâtre de phosphate ferrique qui se forme par l'addition de chlorure ferrique, après avoir acidulé l'urine avec de l'acide acétique. Dosage. -@Le dosage de l'acide phosphorique se fait le mieux par la méthode des volumes, en employant une so-lution titrée d'acétate d'urane. Cette détermination repose sur le fait que le phosphate uranique est insoluble dans l'acide acétique et que le moindre excès de réactif se fait reconnaître par la coloration rougeâtre que prend le li-quide, en ajoutant du ferrocyanure de potassium. On peut titrer le réactif de telle sorte que 1 CC corres-ponde à 5 milligrammes d'acide phosphorique. On opère ensuite de la manière suivante On introduit dans un vase à précipiter 50 CC d'urine, on ajoute 5 CC d'un mélange renfermant pour 1 litre de solu-tion, 100 grammes d'acétate de soude cristallisé et 100 CC d'acide acétique concentré on chauffe au bain-marie et on ajoute, au moyen d'une burette, de la solution titrée jus-qu'à ce qu'une goutte du liquide essayé donne, avec le cya-nure jaune, cette coloration rouge brunâtre caractéristique. | -21 -qui accompagne une maladie inflammatoire, et surtout dans les affections cérébrales et spinales aiguës ils diminuent dans les névroses, dans les affections spinales chroniques et les maladies des reins. b Les phosphates terreux augmentent dans la ménin-gite et en général dans toutes les affections cérébrales ai-guës, dans les rhumatismes ils diminuent dans les mala-dies des reins, les maladies spinales et les maladies ner-veuses en général. § 38. Recherche des phosphates. -@Si on ajoute un ex-cès d'ammoniaque à une urine acide, on précipite le phos-phate de chaux et le phosphate de magnésie, le premier tel quel et le dernier à l'état de phosphate ammoniaco-magné-sien. L'acide phosphorique qui, après l'addition de l'am-moniaque, est resté encore en solution, se reconnaît facile-ment par le précipité blanc jaunâtre de phosphate ferrique qui se forme par l'addition de chlorure ferrique, après avoir acidulé l'urine avec de l'acide acétique. Dosage. -@Le dosage de l'acide phosphorique se fait le mieux par la méthode des volumes, en employant une so-lution titrée d'acétate d'urane. Cette détermination repose sur le fait que le phosphate uranique est insoluble dans l'acide acétique et que le moindre excès de réactif se fait reconnaître par la coloration rougeâtre que prend le li-quide, en ajoutant du ferrocyanure de potassium. On peut titrer le réactif de telle sorte que 1 CC corres-ponde à 5 milligrammes d'acide phosphorique. On opère ensuite de la manière suivante On introduit dans un vase à précipiter 50 CC d'urine, on ajoute 5 CC d'un mélange renfermant pour 1 litre de solu-tion, 100 grammes d'acétate de soude cristallisé et 100 CC d'acide acétique concentré on chauffe au bain-marie et on ajoute, au moyen d'une burette, de la solution titrée jus-qu'à ce qu'une goutte du liquide essayé donne, avec le cya-nure jaune, cette coloration rouge brunâtre caractéristique. | -21 -qui accompagne une maladie inflammatoire, et surtout dans les affections cérébrales et spinales aiguës ils diminuent dans les névroses, dans les affections spinales chroniques et les maladies des reins. b Les phosphates terreux augmentent dans la ménin-gite et en général dans toutes les affections cérébrales ai-guës, dans les rhumatismes ils diminuent dans les mala-dies des reins, les maladies spinales et les maladies ner-veuses en général. § 38. Recherche des phosphates. -Si on ajoute un ex-cès d'ammoniaque à une urine acide, on précipite le phos-phate de chaux et le phosphate de magnésie, le premier tel quel et le dernier à l'état de phosphate ammoniaco-magné-sien. L'acide phosphorique qui, après l'addition de l'am-moniaque, est resté encore en solution, se reconnaît facile-ment par le précipité blanc jaunâtre de phosphate ferrique qui se forme par l'addition de chlorure ferrique, après avoir acidulé l'urine avec de l'acide acétique. Dosage. -Le dosage de l'acide phosphorique se fait le mieux par la méthode des volumes, en employant une so-lution titrée d'acétate d'urane. Cette détermination repose sur le fait que le phosphate uranique est insoluble dans l'acide acétique et que le moindre excès de réactif se fait reconnaître par la coloration rougeâtre que prend le li-quide, en ajoutant du ferrocyanure de potassium. On peut titrer le réactif de telle sorte que 1 CC corres-ponde à 5 milligrammes d'acide phosphorique. On opère ensuite de la manière suivante On introduit dans un vase à précipiter 50 CC d'urine, on ajoute 5 CC d'un mélange renfermant pour 1 litre de solu-tion, 100 grammes d'acétate de soude cristallisé et 100 CC d'acide acétique concentré on chauffe au bain-marie et on ajoute, au moyen d'une burette, de la solution titrée jus-qu'à ce qu'une goutte du liquide essayé donne, avec le cya-nure jaune, cette coloration rouge brunâtre caractéristique. | 3 | 0.001583 | 0.009231 |
259.txt | 1,845 | -74 -apôtres, ses martyrs et presque tous les saints. Je regarde mon état comme la plus grande grâce qu'il puisse me faire. Remerciez-lé avec moi et, comme moi, priez pour ceux qui m'ont fait tant de bien en voulant me faire de la peine. Je leur pardonne de tout mon coeur je prie le Seigneur de leur pardonner et s'il veut me retirer de ce monde et me placer parmi ses élus, comme je l'espère fermement, je les recommanderai en-core à sa miséricorde. Souvenez-vous, mes enfants, mes chers pa-roissiens, que notre séparation ne doit pas être longue nous devons tous nous réunir dans le ciel si nous vivons chrétiennement. Efforcez-vous de marcher sur mes traces, comme j'ai tâ-ché de marcher moi-même sur celles de Jésus-Christ. Mon exemple vous apprend qu'un pasteur catholique, tenant dans ses mains et portant dans son coeur l'Évangile de Jésus-Christ, peut bien être persécuté, dépouillé de ses biens, chassé et mis à mort, mais qu'il ne peut être vaincu. Mes faibles bras peuvent plier sous les chaînes de l'oppression mais ma conscience, plus dure que le fer, n'obéira qu'à Dieu seul, comme je l'es-père de sa grâce. Faites-en de même, s'il le faut rendez à Dieu amour pour amour, sang pour sang, vie pour vie le ciel doit en être le prix. Si la peine vous effraie, que la récompense vous anime. | -74 -apôtres, ses martyrs et presque tous les saints. Je regarde mon état comme la plus grande grâce qu'il puisse me faire. Remerciez-lé avec moi et, comme moi, priez pour ceux qui m'ont fait tant de bien en voulant me faire de la peine. Je leur pardonne de tout mon coeur je prie le Seigneur de leur pardonner et s'il veut me retirer de ce monde et me placer parmi ses élus, comme je l'espère fermement, je les recommanderai en-core à sa miséricorde. Souvenez-vous, mes enfants, mes chers pa-roissiens, que notre séparation ne doit pas être longue nous devons tous nous réunir dans le ciel si nous vivons chrétiennement. Efforcez-vous de marcher sur mes traces, comme j'ai tâ-ché de marcher moi-même sur celles de Jésus-Christ. Mon exemple vous apprend qu'un pasteur catholique, tenant dans ses mains et portant dans son coeur l'Évangile de Jésus-Christ, peut bien être persécuté, dépouillé de ses biens, chassé et mis à mort, mais qu'il ne peut être vaincu. Mes faibles bras peuvent plier sous les chaînes de l'oppression mais ma conscience, plus dure que le fer, n'obéira qu'à Dieu seul, comme je l'es-père de sa grâce. Faites-en de même, s'il le faut rendez à Dieu amour pour amour, sang pour sang, vie pour vie le ciel doit en être le prix. Si la peine vous effraie, que la récompense vous anime. | ############# ses martyrs et presque tous les saints. Je regarde mon état comme la plus grande grâce qu'il puisse me faire. Remerciez-le avec moi et, comme moi, priez pour ceux qui m'ont fait tant de bien en voulant me faire de la peine. Je leur pardonne de tout mon coeur je prie le Seigneur de leur pardonner et s'il veut me retirer de ce monde et me placer parmi ses élus, comme je l'espère fermement, je les recommanderai en-core à sa miséricorde. Souvenez-vous, mes enfants, mes chers pa-roissiens, que notre séparation ne doit pas être longue nous devons tous nous réunir dans le ciel si nous vivons chrétiennement. Efforcez-vous de marcher sur mes traces, comme j'ai tâ-ché de marcher moi-même sur celles de Jésus-Christ. Mon exemple vous apprend qu'un pasteur catholique, tenant dans ses mains et portant dans son coeur l'Évangile de Jésus-Christ, peut bien être persécuté, dépouillé de ses biens, chassé et mis à mort, mais qu'il ne peut être vaincu. Mes faibles bras peuvent plier sous les chaînes de l'oppression mais ma conscience, plus dure que le fer, n'obéira qu'à Dieu seul, comme je l'es-père de sa grâce. Faites-en de même, s'il le faut rendez à Dieu amour pour amour, sang pour sang, vie pour vie le ciel doit en être le prix. Si la peine vous effraie, que la récompense vous anime. | -74 -apôtres, ses martyrs et presque tous les saints. Je regarde mon état comme la plus grande grâce qu'il puisse me faire. Remerciez-le avec moi et, comme moi, priez pour ceux qui m'ont fait tant de bien en voulant me faire de la peine. Je leur pardonne de tout mon coeur je prie le Seigneur de leur pardonner et s'il veut me retirer de ce monde et me placer parmi ses élus, comme je l'espère fermement, je les recommanderai en-core à sa miséricorde. Souvenez-vous, mes enfants, mes chers pa-roissiens, que notre séparation ne doit pas être longue nous devons tous nous réunir dans le ciel si nous vivons chrétiennement. Efforcez-vous de marcher sur mes traces, comme j'ai tâ-ché de marcher moi-même sur celles de Jésus-Christ. Mon exemple vous apprend qu'un pasteur catholique, tenant dans ses mains et portant dans son coeur l'Évangile de Jésus-Christ, peut bien être persécuté, dépouillé de ses biens, chassé et mis à mort, mais qu'il ne peut être vaincu. Mes faibles bras peuvent plier sous les chaînes de l'oppression mais ma conscience, plus dure que le fer, n'obéira qu'à Dieu seul, comme je l'es-père de sa grâce. Faites-en de même, s'il le faut rendez à Dieu amour pour amour, sang pour sang, vie pour vie le ciel doit en être le prix. Si la peine vous effraie, que la récompense vous anime. | -74 -apôtres, ses martyrs et presque tous les saints. Je regarde mon état comme la plus grande grâce qu'il puisse me faire. Remerciez-le avec moi et, comme moi, priez pour ceux qui m'ont fait tant de bien en voulant me faire de la peine. Je leur pardonne de tout mon coeur je prie le Seigneur de leur pardonner et s'il veut me retirer de ce monde et me placer parmi ses élus, comme je l'espère fermement, je les recommanderai en-core à sa miséricorde. Souvenez-vous, mes enfants, mes chers pa-roissiens, que notre séparation ne doit pas être longue nous devons tous nous réunir dans le ciel si nous vivons chrétiennement. Efforcez-vous de marcher sur mes traces, comme j'ai tâ-ché de marcher moi-même sur celles de Jésus-Christ. Mon exemple vous apprend qu'un pasteur catholique, tenant dans ses mains et portant dans son coeur l'Évangile de Jésus-Christ, peut bien être persécuté, dépouillé de ses biens, chassé et mis à mort, mais qu'il ne peut être vaincu. Mes faibles bras peuvent plier sous les chaînes de l'oppression mais ma conscience, plus dure que le fer, n'obéira qu'à Dieu seul, comme je l'es-père de sa grâce. Faites-en de même, s'il le faut rendez à Dieu amour pour amour, sang pour sang, vie pour vie le ciel doit en être le prix. Si la peine vous effraie, que la récompense vous anime. | 1 | 0.000769 | 0.003861 |
1054.txt | 1,864 | INTRODUCTION Quique aethera carpers possent Credidit esse deo8. Ils planaient dans les airs, on les prit pour des dieux! On me demande pour le GÉANT une Introduction auprès du public. Or, s'il y a une connaissance déjà faite, c'est évidemment celle-là. Aucune expérience aérostatique n'a eu un retentissement pareil aux deux ascensions de M. Nadar, qui, chose remarquable, avait pour but d'obtenir, au moyen d'un ballon, les sommes nécessaires à la construction d'une machine d'une tout autre espèce, destinée non plus à flotter, mais bien à voyager dans l'atmosphère. Convaincu par l'expérience comme par le raison-nement qu'il est impossible de diriger au travers de l'air un immense volume de même légèreté spéci-fique que cet élément mobile, M. Nadar s'arrêta à l'idée que, pour se mouvoir dans ce milieu, un corps devait être bien plus lourd que l'air, de manière à | INTRODUCTION Quique aethera carpers possent Credidit esse deo8. Ils planaient dans les airs, on les prit pour des dieux! On me demande pour le GÉANT une Introduction auprès du public. Or, s'il y a une connaissance déjà faite, c'est évidemment celle-là. Aucune expérience aérostatique n'a eu un retentissement pareil aux deux ascensions de M. Nadar, qui, chose remarquable, avait pour but d'obtenir, au moyen d'un ballon, les sommes nécessaires à la construction d'une machine d'une tout autre espèce, destinée non plus à flotter, mais bien à voyager dans l'atmosphère. Convaincu par l'expérience comme par le raison-nement qu'il est impossible de diriger au travers de l'air un immense volume de même légèreté spéci-fique que cet élément mobile, M. Nadar s'arrêta à l'idée que, pour se mouvoir dans ce milieu, un corps devait être bien plus lourd que l'air, de manière à | INTRODUCTION Quique aethera carpere possent Credidit esse deos. Ils planaient dans les airs, on les prit pour des dieux! On me demande pour le GÉANT une Introduction auprès du public. Or, s'il y a une connaissance déjà faite, c'est évidemment celle-là. Aucune expérience aérostatique n'a eu un retentissement pareil aux deux ascensions de M. Nadar, qui, chose remarquable, avait pour but d'obtenir, au moyen d'un ballon, les sommes nécessaires à la construction d'une machine d'une tout autre espèce, destinée non plus à flotter, mais bien à voyager dans l'atmosphère. Convaincu par l'expérience comme par le raison-nement qu'il est impossible de diriger au travers de l'air un immense volume de même légèreté spéci-fique que cet élément mobile, M. Nadar s'arrêta à l'idée que, pour se mouvoir dans ce milieu, un corps devait être bien plus lourd que l'air, de manière à | INTRODUCTION Quique aethera carpere possent Credidit esse deos. Ils planaient dans les airs, on les prit pour des dieux! On me demande pour le GÉANT une Introduction auprès du public. Or, s'il y a une connaissance déjà faite, c'est évidemment celle-là. Aucune expérience aérostatique n'a eu un retentissement pareil aux deux ascensions de M. Nadar, qui, chose remarquable, avait pour but d'obtenir, au moyen d'un ballon, les sommes nécessaires à la construction d'une machine d'une tout autre espèce, destinée non plus à flotter, mais bien à voyager dans l'atmosphère. Convaincu par l'expérience comme par le raison-nement qu'il est impossible de diriger au travers de l'air un immense volume de même légèreté spéci-fique que cet élément mobile, M. Nadar s'arrêta à l'idée que, pour se mouvoir dans ce milieu, un corps devait être bien plus lourd que l'air, de manière à | INTRODUCTION Quique aethera carpere possent Credidit esse deos. Ils planaient dans les airs, on les prit pour des dieux! On me demande pour le GÉANT une Introduction auprès du public. Or, s'il y a une connaissance déjà faite, c'est évidemment celle-là. Aucune expérience aérostatique n'a eu un retentissement pareil aux deux ascensions de M. Nadar, qui, chose remarquable, avait pour but d'obtenir, au moyen d'un ballon, les sommes nécessaires à la construction d'une machine d'une tout autre espèce, destinée non plus à flotter, mais bien à voyager dans l'atmosphère. Convaincu par l'expérience comme par le raison-nement qu'il est impossible de diriger au travers de l'air un immense volume de même légèreté spéci-fique que cet élément mobile, M. Nadar s'arrêta à l'idée que, pour se mouvoir dans ce milieu, un corps devait être bien plus lourd que l'air, de manière à | 2 | 0.002299 | 0.012422 |
1068.txt | 1,828 | 6 grels, peines et larmes les autres servent à nous consoler c'est pour diminuer ces re-grets, atténuer votre peine, et suspendre un instant le cours de vos larmes, que ma voix vient interrompre le silence des tombeaux c'est pour yous entretenir des souvenirs nom-breux qui nous restent de l'illustre Général dont nous déplorons la perte, que j'ose dis-traire un moment vos coeurs des religieuses pensées que ce lieu funéraire inspire. Le baron Jean-Pierre MARANSIN, qui main-tenant dort du sommeil des justes, était lieu-tenant-général, chevalier de St-Louis, com-mandant de la Légion-d'Honneur, etc. Né à Lourdes, dépariement des Hautes-Pyrénées, le 20 mars 1770,il entra au service le i3 février 1792 et, pour me servir des expressions du général Lamarque, il dit, comme les hé-ros d'Ossian, en embrassant la profession des armes Je serai grand ou mort! ... Fidèle à cette généreuse pensée, il devint grand. Ce ne l'ut pas en invoquant une nais-sance illustre qu'il s'illustra lut-môme et sut se placer au premier rang il obtint ses gra-des au péril de sa vie, ses décorations à la pointe de l'épée, et ses titres de noblesse fu-rent scellés du sang le plus pur. Si je me sentais de force à être son histo- | 6 grels, peines et larmes les autres servent à nous consoler c'est pour diminuer ces re-grets, atténuer votre peine, et suspendre un instant le cours de vos larmes, que ma voix vient interrompre le silence des tombeaux c'est pour yous entretenir des souvenirs nom-breux qui nous restent de l'illustre Général dont nous déplorons la perte, que j'ose dis-traire un moment vos coeurs des religieuses pensées que ce lieu funéraire inspire. Le baron Jean-Pierre MARANSIN, qui main-tenant dort du sommeil des justes, était lieu-tenant-général, chevalier de St-Louis, com-mandant de la Légion-d'Honneur, etc. Né à Lourdes, dépariement des Hautes-Pyrénées, le 20 mars 1770,@il entra au service le i3 février 1792 et, pour me servir des expressions du général Lamarque, il dit, comme les hé-ros d'Ossian, en embrassant la profession des armes Je serai grand ou mort! ... Fidèle à cette généreuse pensée, il devint grand. Ce ne l'ut pas en invoquant une nais-sance illustre qu'il s'illustra lut-môme et sut se placer au premier rang il obtint ses gra-des au péril de sa vie, ses décorations à la pointe de l'épée, et ses titres de noblesse fu-rent scellés du sang le plus pur. Si je me sentais de force à être son histo- | ######## peines et larmes les autres servent à nous consoler c'est pour diminuer ces re-grets, atténuer votre peine, et suspendre un instant le cours de vos larmes, que ma voix vient interrompre le silence des tombeaux c'est pour vous entretenir des souvenirs nom-breux qui nous restent de l'illustre Général dont nous déplorons la perte, que j'ose dis-traire un moment vos coeurs des religieuses pensées que ce lieu funéraire inspire. Le baron Jean-Pierre MARANSIN, qui main-tenant dort du sommeil des justes, était lieu-tenant-général, chevalier de St-Louis, com-mandant de la Légion-d'Honneur, etc. Né à Lourdes, département des Hautes-Pyrénées, le 20 mars 1770, il entra au service le 13 février 1792 et, pour me servir des expressions du général Lamarque, il dit, comme les hé-ros d'Ossian, en embrassant la profession des armes Je serai grand ou mort! ... Fidèle à cette généreuse pensée, il devint grand. Ce ne @fut pas en invoquant une nais-sance illustre qu'il s'illustra lui-même et sut se placer au premier rang il obtint ses gra-des au péril de sa vie, ses décorations à la pointe de l'épée, et ses titres de noblesse fu-rent scellés du sang le plus pur. Si je me sentais de force à être son histo- | 6 grels, peines et larmes les autres servent à nous consoler c'est pour diminuer ces re-grets, atténuer votre peine, et suspendre un instant le cours de vos larmes, que ma voix vient interrompre le silence des tombeaux c'est pour vous entretenir des souvenirs nom-breux qui nous restent de l'illustre Général dont nous déplorons la perte, que j'ose dis-traire un moment vos coeurs des religieuses pensées que ce lieu funéraire inspire. Le baron Jean-Pierre MARANSIN, qui main-tenant dort du sommeil des justes, était lieu-tenant-général, chevalier de St-Louis, com-mandant de la Légion-d'Honneur, etc. Né à Lourdes, département des Hautes-Pyrénées, le 20 mars 1770, il entra au service le 13 février 1792 et, pour me servir des expressions du général Lamarque, il dit, comme les hé-ros d'Ossian, en embrassant la profession des armes Je serai grand ou mort! ... Fidèle à cette généreuse pensée, il devint grand. Ce ne @fut pas en invoquant une nais-sance illustre qu'il s'illustra lui-même et sut se placer au premier rang il obtint ses gra-des au péril de sa vie, ses décorations à la pointe de l'épée, et ses titres de noblesse fu-rent scellés du sang le plus pur. Si je me sentais de force à être son histo- | 6 grels, peines et larmes les autres servent à nous consoler c'est pour diminuer ces re-grets, atténuer votre peine, et suspendre un instant le cours de vos larmes, que ma voix vient interrompre le silence des tombeaux c'est pour vous entretenir des souvenirs nom-breux qui nous restent de l'illustre Général dont nous déplorons la perte, que j'ose dis-traire un moment vos coeurs des religieuses pensées que ce lieu funéraire inspire. Le baron Jean-Pierre MARANSIN, qui main-tenant dort du sommeil des justes, était lieu-tenant-général, chevalier de St-Louis, com-mandant de la Légion-d'Honneur, etc. Né à Lourdes, département des Hautes-Pyrénées, le 20 mars 1770, il entra au service le 13 février 1792 et, pour me servir des expressions du général Lamarque, il dit, comme les hé-ros d'Ossian, en embrassant la profession des armes Je serai grand ou mort! ... Fidèle à cette généreuse pensée, il devint grand. Ce ne fut pas en invoquant une nais-sance illustre qu'il s'illustra lui-même et sut se placer au premier rang il obtint ses gra-des au péril de sa vie, ses décorations à la pointe de l'épée, et ses titres de noblesse fu-rent scellés du sang le plus pur. Si je me sentais de force à être son histo- | 8 | 0.006617 | 0.030973 |
298.txt | 1,845 | -483 -contre la religion et ses ministres, firent jeter en prison l'abbé de Monchy, en 1793, et l'envoyè-rent h Rochefort pour être déporté au-delà des mers, s'il résistait au méphytisme du Washing-ton. Il n'y put résister il succomba au mois d'octobre 1794 parmi tant d'autres victimes de la plus féroce impiété. 15. Neveu N. , prêtre et chanoine de Mont-faucon, si riche en confesseurs et en martyrs il ne quitta point ce bourg après la dispersion de son chapitre mais la rage anti-religieuse qui possédait les chefs du département de la Meuse ne leur permit pas d'épargner ce fidèle cha-noine plus que ses confrères. Il fut donc empri-sonné, et condamné comme eux à aller chercher la mort sur le Washington. Il y arriva au prin-temps de 1794, et y mourut au mois de sep-tembre suivant, à l'âge de cinquante ans. 16. Notin N. , prêtre, chanoine et chantre du chapitre de Montfaucon, resta dans son domi-cile, comme plusieurs autres de ses confrères. La même impiété qui persécutait ses amis ne l'é-pargna pas. Il fut comme eux emprisonné, traîné à Rochefort, et jeté sur le Washington, où il succomba au même âge et presque en même temps que le précédent. 17. Nonvelet N. , prêtre, chanoine et chan-tre du chapitre de Montfaucon. Les autorités | -483 -contre la religion et ses ministres, firent jeter en prison l'abbé de Monchy, en 1793, et l'envoyè-rent h Rochefort pour être déporté au-delà des mers, s'il résistait au méphytisme du Washing-ton. Il n'y put résister il succomba au mois d'octobre 1794 parmi tant d'autres victimes de la plus féroce impiété. 15. Neveu N. , prêtre et chanoine de Mont-faucon, si riche en confesseurs et en martyrs il ne quitta point ce bourg après la dispersion de son chapitre mais la rage anti-religieuse qui possédait les chefs du département de la Meuse ne leur permit pas d'épargner ce fidèle cha-noine plus que ses confrères. Il fut donc empri-sonné, et condamné comme eux à aller chercher la mort sur le Washington. Il y arriva au prin-temps de 1794, et y mourut au mois de sep-tembre suivant, à l'âge de cinquante ans. 16. Notin N. , prêtre, chanoine et chantre du chapitre de Montfaucon, resta dans son domi-cile, comme plusieurs autres de ses confrères. La même impiété qui persécutait ses amis ne l'é-pargna pas. Il fut comme eux emprisonné, traîné à Rochefort, et jeté sur le Washington, où il succomba au même âge et presque en même temps que le précédent. 17. Nonvelet N. , prêtre, chanoine et chan-tre du chapitre de Montfaucon. Les autorités | ############ la religion et ses ministres, firent jeter en prison l'abbé de Monchy, en 1793, et l'envoyè-rent à Rochefort pour être déporté au-delà des mers, s'il résistait au méphytisme du Washing-ton. Il n'y put résister il succomba au mois d'octobre 1794 parmi tant d'autres victimes de la plus féroce impiété. 15. Neveu N. , prêtre et chanoine de Mont-faucon, si riche en confesseurs et en martyrs il ne quitta point ce bourg après la dispersion de son chapitre mais la rage anti-religieuse qui possédait les chefs du département de la Meuse ne leur permit pas d'épargner ce fidèle cha-noine plus que ses confrères. Il fut donc empri-sonné, et condamné comme eux à aller chercher la mort sur le Washington. Il y arriva au prin-temps de 1794, et y mourut au mois de sep-tembre suivant, à l'âge de cinquante ans. 16. Notin N. , prêtre, chanoine et chantre du chapitre de Montfaucon, resta dans son domi-cile, comme plusieurs autres de ses confrères. La même impiété qui persécutait ses amis ne l'é-pargna pas. Il fut comme eux emprisonné, traîné à Rochefort, et jeté sur le Washington, où il succomba au même âge et presque en même temps que le précédent. 17. Nonvelet N. , prêtre, chanoine et chan-tre du chapitre de Montfaucon. Les autorités | -483 -contre la religion et ses ministres, firent jeter en prison l'abbé de Monchy, en 1793, et l'envoyè-rent à Rochefort pour être déporté au-delà des mers, s'il résistait au méphytisme du Washing-ton. Il n'y put résister il succomba au mois d'octobre 1794 parmi tant d'autres victimes de la plus féroce impiété. 15. Neveu N. , prêtre et chanoine de Mont-faucon, si riche en confesseurs et en martyrs il ne quitta point ce bourg après la dispersion de son chapitre mais la rage anti-religieuse qui possédait les chefs du département de la Meuse ne leur permit pas d'épargner ce fidèle cha-noine plus que ses confrères. Il fut donc empri-sonné, et condamné comme eux à aller chercher la mort sur le Washington. Il y arriva au prin-temps de 1794, et y mourut au mois de sep-tembre suivant, à l'âge de cinquante ans. 16. Notin N. , prêtre, chanoine et chantre du chapitre de Montfaucon, resta dans son domi-cile, comme plusieurs autres de ses confrères. La même impiété qui persécutait ses amis ne l'é-pargna pas. Il fut comme eux emprisonné, traîné à Rochefort, et jeté sur le Washington, où il succomba au même âge et presque en même temps que le précédent. 17. Nonvelet N. , prêtre, chanoine et chan-tre du chapitre de Montfaucon. Les autorités | -483 -contre la religion et ses ministres, firent jeter en prison l'abbé de Monchy, en 1793, et l'envoyè-rent à Rochefort pour être déporté au-delà des mers, s'il résistait au méphytisme du Washing-ton. Il n'y put résister il succomba au mois d'octobre 1794 parmi tant d'autres victimes de la plus féroce impiété. 15. Neveu N. , prêtre et chanoine de Mont-faucon, si riche en confesseurs et en martyrs il ne quitta point ce bourg après la dispersion de son chapitre mais la rage anti-religieuse qui possédait les chefs du département de la Meuse ne leur permit pas d'épargner ce fidèle cha-noine plus que ses confrères. Il fut donc empri-sonné, et condamné comme eux à aller chercher la mort sur le Washington. Il y arriva au prin-temps de 1794, et y mourut au mois de sep-tembre suivant, à l'âge de cinquante ans. 16. Notin N. , prêtre, chanoine et chantre du chapitre de Montfaucon, resta dans son domi-cile, comme plusieurs autres de ses confrères. La même impiété qui persécutait ses amis ne l'é-pargna pas. Il fut comme eux emprisonné, traîné à Rochefort, et jeté sur le Washington, où il succomba au même âge et presque en même temps que le précédent. 17. Nonvelet N. , prêtre, chanoine et chan-tre du chapitre de Montfaucon. Les autorités | 1 | 0.000803 | 0.004098 |
1056.txt | 1,864 | INTRODUCTION Quelle force motrice vapeur, gaz, action chimi-que, électricité, poudre à canon faudrait-il employer pour enlever le mécanisme lui-même et le poids qu'on voudrait lui faire soutenir en l'air? Quelle portion de la force motrice faudrait-il prendre pour que l'ensemble de ce qui est enlevé et porté puisse marcher avec une vitesse donnée ? Enfin pendant combien de temps un réservoir donné de force motrice fournirait-il à la consomma-tion de travail qu'exige la machine volante ? On me dira - Cette marche pas à pas serait fastidieuse ! - C'est possible, mais elle serait sûre. Voyez dans La Fontaine, la Tortue qui arrive au but avant le Lièvre. Le lecteur, bien mieux que moi, peuLdonner car-rière à son imagination pour les conséquences so-ciales de ce. vol des hommes. Les murs seraient insuffisants comme clôtures on ne trouverait de sûreté complète que dans des maisons recouvertes d'espèces de cages en fer à barreaux assez serrés. Mais on explorerait sans péril le monde entier, et on irait aux sources du Nil et à Tombouctou comme on va aujourd'hui au Mont Blanc, qui a maintenant l'honneur d'être français. J'ai vu avec peine qu'on rêvait déjà des batailles aériennes en revanche on a signalé tous les services que rendraient les hommes volants dans les cas de naufrage, d'incendie ou d'inondation. | INTRODUCTION Quelle force motrice vapeur, gaz, action chimi-que, électricité, poudre à canon faudrait-il employer pour enlever le mécanisme lui-même et le poids qu'on voudrait lui faire soutenir en l'air? Quelle portion de la force motrice faudrait-il prendre pour que l'ensemble de ce qui est enlevé et porté puisse marcher avec une vitesse donnée ? Enfin pendant combien de temps un réservoir donné de force motrice fournirait-il à la consomma-tion de travail qu'exige la machine volante ? On me dira - Cette marche pas à pas serait fastidieuse ! - C'est possible, mais elle serait sûre. Voyez dans La Fontaine, la Tortue qui arrive au but avant le Lièvre. Le lecteur, bien mieux que moi, peu@Ldonner car-rière à son imagination pour les conséquences so-ciales de ce. vol des hommes. Les murs seraient insuffisants comme clôtures on ne trouverait de sûreté complète que dans des maisons recouvertes d'espèces de cages en fer à barreaux assez serrés. Mais on explorerait sans péril le monde entier, et on irait aux sources du Nil et à Tombouctou comme on va aujourd'hui au Mont Blanc, qui a maintenant l'honneur d'être français. J'ai vu avec peine qu'on rêvait déjà des batailles aériennes en revanche on a signalé tous les services que rendraient les hommes volants dans les cas de naufrage, d'incendie ou d'inondation. | INTRODUCTION Quelle force motrice vapeur, gaz, action chimi-que, électricité, poudre à canon faudrait-il employer pour enlever le mécanisme lui-même et le poids qu'on voudrait lui faire soutenir en l'air? Quelle portion de la force motrice faudrait-il prendre pour que l'ensemble de ce qui est enlevé et porté puisse marcher avec une vitesse donnée ? Enfin pendant combien de temps un réservoir donné de force motrice fournirait-il à la consomma-tion de travail qu'exige la machine volante ? On me dira -@Cette marche pas à pas serait fastidieuse ! -@C'est possible, mais elle serait sûre. Voyez dans La Fontaine, la Tortue qui arrive au but avant le Lièvre. Le lecteur, bien mieux que moi, peut donner car-rière à son imagination pour les conséquences so-ciales de ce@ vol des hommes. Les murs seraient insuffisants comme clôtures on ne trouverait de sûreté complète que dans des maisons recouvertes d'espèces de cages en fer à barreaux assez serrés. Mais on explorerait sans péril le monde entier, et on irait aux sources du Nil et à Tombouctou comme on va aujourd'hui au Mont Blanc, qui a maintenant l'honneur d'être français. J'ai vu avec peine qu'on rêvait déjà des batailles aériennes en revanche on a signalé tous les services que rendraient les hommes volants dans les cas de naufrage, d'incendie ou d'inondation. | INTRODUCTION Quelle force motrice vapeur, gaz, action chimi-que, électricité, poudre à canon faudrait-il employer pour enlever le mécanisme lui-même et le poids qu'on voudrait lui faire soutenir en l'air? Quelle portion de la force motrice faudrait-il prendre pour que l'ensemble de ce qui est enlevé et porté puisse marcher avec une vitesse donnée ? Enfin pendant combien de temps un réservoir donné de force motrice fournirait-il à la consomma-tion de travail qu'exige la machine volante ? On me dira -@Cette marche pas à pas serait fastidieuse ! -@C'est possible, mais elle serait sûre. Voyez dans La Fontaine, la Tortue qui arrive au but avant le Lièvre. Le lecteur, bien mieux que moi, peut donner car-rière à son imagination pour les conséquences so-ciales de ce@ vol des hommes. Les murs seraient insuffisants comme clôtures on ne trouverait de sûreté complète que dans des maisons recouvertes d'espèces de cages en fer à barreaux assez serrés. Mais on explorerait sans péril le monde entier, et on irait aux sources du Nil et à Tombouctou comme on va aujourd'hui au Mont Blanc, qui a maintenant l'honneur d'être français. J'ai vu avec peine qu'on rêvait déjà des batailles aériennes en revanche on a signalé tous les services que rendraient les hommes volants dans les cas de naufrage, d'incendie ou d'inondation. | INTRODUCTION Quelle force motrice vapeur, gaz, action chimi-que, électricité, poudre à canon faudrait-il employer pour enlever le mécanisme lui-même et le poids qu'on voudrait lui faire soutenir en l'air? Quelle portion de la force motrice faudrait-il prendre pour que l'ensemble de ce qui est enlevé et porté puisse marcher avec une vitesse donnée ? Enfin pendant combien de temps un réservoir donné de force motrice fournirait-il à la consomma-tion de travail qu'exige la machine volante ? On me dira -Cette marche pas à pas serait fastidieuse ! -C'est possible, mais elle serait sûre. Voyez dans La Fontaine, la Tortue qui arrive au but avant le Lièvre. Le lecteur, bien mieux que moi, peut donner car-rière à son imagination pour les conséquences so-ciales de ce vol des hommes. Les murs seraient insuffisants comme clôtures on ne trouverait de sûreté complète que dans des maisons recouvertes d'espèces de cages en fer à barreaux assez serrés. Mais on explorerait sans péril le monde entier, et on irait aux sources du Nil et à Tombouctou comme on va aujourd'hui au Mont Blanc, qui a maintenant l'honneur d'être français. J'ai vu avec peine qu'on rêvait déjà des batailles aériennes en revanche on a signalé tous les services que rendraient les hommes volants dans les cas de naufrage, d'incendie ou d'inondation. | 5 | 0.003794 | 0.025751 |
529.txt | 1,873 | -Si -Par le refroidissement il se sépare de l'azotate ou de l'oxa-late d'urée sous forme d'écaillés blanches brillantes ou de tables hexagonales. L'oxalate d'urée forme quelquefois des prismes quadrangulaires. b Créatinine C8H7N203. - On traite la plus grande portion de la solution alcoolique avec quelques gouttes d'eau de chaux, et on ajoute ensuite une solution de chlo-rure de calcium, jusqu'à ce qu'il ne se forme plus de pré-cipité. On évapore le liquide filtré au bain-marie, jusqu'à ce qu'il ne présente plus qu'un volume de 10 à 12 CC, on l'introduit dans un petit vase à précipité, et après refroidis-sement on le décompose par 1 2 CC d'une solution alcoo-lique de chlorure de zinc pur. Après une forte agitation, il se forme bientôt un trouble et il se sépare un composé cristallin de créatinine et de chlorure de zinc. On examine au microscope le précipité cristallin, qui s'est déposé au bout de quelques heures. On remarque ainsi le plus sou-vent de fines aiguilles groupées concentriquement et pré-sentant des rosaces complètes ou des bouquets qui s'entre-croisent ou sont placés deux à deux, de telle sorte qu'ils ressemblent à des pinceaux qui sont collés l'un dans l'au-tre par leurs tuyaux. 2° Acide hippurique G18H8N05, HO. - Les deux tiers du résidu obtenu en III sont faiblement acidulés par l'acide chlorhydrique, ils sont ensuite triturés avec du sulfate de barite et épuisés avec de l'alcool. Le liquide alcoolique est saturé avec de la lessive de soude, l'alcool est retiré par dis-tillation, et le liquide sirupeux restant est évaporé à siccité au bain-marie, après avoir été additionné d'acide oxalique destiné à fixer l'urée. Le résidu, après avoir été pulvérisé, est épuisé avec l'éther, le liquide éthéré est soumis à la distillation, et ce nouveau résidu est traité à chaud par un lait de chaux, pour éliminer l'excès d'acide oxalique. On filtre, on réduit à un petit volume le liquide résultant et on acidule par l'acide chlorhydrique. Au bout de quelque | -Si -Par le refroidissement il se sépare de l'azotate ou de l'oxa-late d'urée sous forme d'écaillés blanches brillantes ou de tables hexagonales. L'oxalate d'urée forme quelquefois des prismes quadrangulaires. b Créatinine C8H7N203. - On traite la plus grande portion de la solution alcoolique avec quelques gouttes d'eau de chaux, et on ajoute ensuite une solution de chlo-rure de calcium, jusqu'à ce qu'il ne se forme plus de pré-cipité. On évapore le liquide filtré au bain-marie, jusqu'à ce qu'il ne présente plus qu'un volume de 10 à 12 CC, on l'introduit dans un petit vase à précipité, et après refroidis-sement on le décompose par 1 2 CC d'une solution alcoo-lique de chlorure de zinc pur. Après une forte agitation, il se forme bientôt un trouble et il se sépare un composé cristallin de créatinine et de chlorure de zinc. On examine au microscope le précipité cristallin, qui s'est déposé au bout de quelques heures. On remarque ainsi le plus sou-vent de fines aiguilles groupées concentriquement et pré-sentant des rosaces complètes ou des bouquets qui s'entre-croisent ou sont placés deux à deux, de telle sorte qu'ils ressemblent à des pinceaux qui sont collés l'un dans l'au-tre par leurs tuyaux. 2° Acide hippurique G18H8N05, HO. - Les deux tiers du résidu obtenu en III sont faiblement acidulés par l'acide chlorhydrique, ils sont ensuite triturés avec du sulfate de barite et épuisés avec de l'alcool. Le liquide alcoolique est saturé avec de la lessive de soude, l'alcool est retiré par dis-tillation, et le liquide sirupeux restant est évaporé à siccité au bain-marie, après avoir été additionné d'acide oxalique destiné à fixer l'urée. Le résidu, après avoir été pulvérisé, est épuisé avec l'éther, le liquide éthéré est soumis à la distillation, et ce nouveau résidu est traité à chaud par un lait de chaux, pour éliminer l'excès d'acide oxalique. On filtre, on réduit à un petit volume le liquide résultant et on acidule par l'acide chlorhydrique. Au bout de quelque | ### -Par le refroidissement il se sépare de l'azotate ou de l'oxa-late d'urée sous forme d'écailles blanches brillantes ou de tables hexagonales. L'oxalate d'urée forme quelquefois des prismes quadrangulaires. b Créatinine C8H7N2O3. -@On traite la plus grande portion de la solution alcoolique avec quelques gouttes d'eau de chaux, et on ajoute ensuite une solution de chlo-rure de calcium, jusqu'à ce qu'il ne se forme plus de pré-cipité. On évapore le liquide filtré au bain-marie, jusqu'à ce qu'il ne présente plus qu'un volume de 10 à 12 CC, on l'introduit dans un petit vase à précipité, et après refroidis-sement on le décompose par 1 2 CC d'une solution alcoo-lique de chlorure de zinc pur. Après une forte agitation, il se forme bientôt un trouble et il se sépare un composé cristallin de créatinine et de chlorure de zinc. On examine au microscope le précipité cristallin, qui s'est déposé au bout de quelques heures. On remarque ainsi le plus sou-vent de fines aiguilles groupées concentriquement et pré-sentant des rosaces complètes ou des bouquets qui s'entre-croisent ou sont placés deux à deux, de telle sorte qu'ils ressemblent à des pinceaux qui sont collés l'un dans l'au-tre par leurs tuyaux. 2° Acide hippurique C18H8NO5, HO. -@Les deux tiers du résidu obtenu en III sont faiblement acidulés par l'acide chlorhydrique, ils sont ensuite triturés avec du sulfate de barite et épuisés avec de l'alcool. Le liquide alcoolique est saturé avec de la lessive de soude, l'alcool est retiré par dis-tillation, et le liquide sirupeux restant est évaporé à siccité au bain-marie, après avoir été additionné d'acide oxalique destiné à fixer l'urée. Le résidu, après avoir été pulvérisé, est épuisé avec l'éther, le liquide éthéré est soumis à la distillation, et ce nouveau résidu est traité à chaud par un lait de chaux, pour éliminer l'excès d'acide oxalique. On filtre, on réduit à un petit volume le liquide résultant et on acidule par l'acide chlorhydrique. Au bout de quelque | -Si -Par le refroidissement il se sépare de l'azotate ou de l'oxa-late d'urée sous forme d'écailles blanches brillantes ou de tables hexagonales. L'oxalate d'urée forme quelquefois des prismes quadrangulaires. b Créatinine C8H7N2O3. -@On traite la plus grande portion de la solution alcoolique avec quelques gouttes d'eau de chaux, et on ajoute ensuite une solution de chlo-rure de calcium, jusqu'à ce qu'il ne se forme plus de pré-cipité. On évapore le liquide filtré au bain-marie, jusqu'à ce qu'il ne présente plus qu'un volume de 10 à 12 CC, on l'introduit dans un petit vase à précipité, et après refroidis-sement on le décompose par 1 2 CC d'une solution alcoo-lique de chlorure de zinc pur. Après une forte agitation, il se forme bientôt un trouble et il se sépare un composé cristallin de créatinine et de chlorure de zinc. On examine au microscope le précipité cristallin, qui s'est déposé au bout de quelques heures. On remarque ainsi le plus sou-vent de fines aiguilles groupées concentriquement et pré-sentant des rosaces complètes ou des bouquets qui s'entre-croisent ou sont placés deux à deux, de telle sorte qu'ils ressemblent à des pinceaux qui sont collés l'un dans l'au-tre par leurs tuyaux. 2° Acide hippurique C18H8NO5, HO. -@Les deux tiers du résidu obtenu en III sont faiblement acidulés par l'acide chlorhydrique, ils sont ensuite triturés avec du sulfate de barite et épuisés avec de l'alcool. Le liquide alcoolique est saturé avec de la lessive de soude, l'alcool est retiré par dis-tillation, et le liquide sirupeux restant est évaporé à siccité au bain-marie, après avoir été additionné d'acide oxalique destiné à fixer l'urée. Le résidu, après avoir été pulvérisé, est épuisé avec l'éther, le liquide éthéré est soumis à la distillation, et ce nouveau résidu est traité à chaud par un lait de chaux, pour éliminer l'excès d'acide oxalique. On filtre, on réduit à un petit volume le liquide résultant et on acidule par l'acide chlorhydrique. Au bout de quelque | -Si -Par le refroidissement il se sépare de l'azotate ou de l'oxa-late d'urée sous forme d'écailles blanches brillantes ou de tables hexagonales. L'oxalate d'urée forme quelquefois des prismes quadrangulaires. b Créatinine C8H7N2O3. -On traite la plus grande portion de la solution alcoolique avec quelques gouttes d'eau de chaux, et on ajoute ensuite une solution de chlo-rure de calcium, jusqu'à ce qu'il ne se forme plus de pré-cipité. On évapore le liquide filtré au bain-marie, jusqu'à ce qu'il ne présente plus qu'un volume de 10 à 12 CC, on l'introduit dans un petit vase à précipité, et après refroidis-sement on le décompose par 1 2 CC d'une solution alcoo-lique de chlorure de zinc pur. Après une forte agitation, il se forme bientôt un trouble et il se sépare un composé cristallin de créatinine et de chlorure de zinc. On examine au microscope le précipité cristallin, qui s'est déposé au bout de quelques heures. On remarque ainsi le plus sou-vent de fines aiguilles groupées concentriquement et pré-sentant des rosaces complètes ou des bouquets qui s'entre-croisent ou sont placés deux à deux, de telle sorte qu'ils ressemblent à des pinceaux qui sont collés l'un dans l'au-tre par leurs tuyaux. 2° Acide hippurique C18H8NO5, HO. -Les deux tiers du résidu obtenu en III sont faiblement acidulés par l'acide chlorhydrique, ils sont ensuite triturés avec du sulfate de barite et épuisés avec de l'alcool. Le liquide alcoolique est saturé avec de la lessive de soude, l'alcool est retiré par dis-tillation, et le liquide sirupeux restant est évaporé à siccité au bain-marie, après avoir été additionné d'acide oxalique destiné à fixer l'urée. Le résidu, après avoir été pulvérisé, est épuisé avec l'éther, le liquide éthéré est soumis à la distillation, et ce nouveau résidu est traité à chaud par un lait de chaux, pour éliminer l'excès d'acide oxalique. On filtre, on réduit à un petit volume le liquide résultant et on acidule par l'acide chlorhydrique. Au bout de quelque | 6 | 0.003021 | 0.016713 |
267.txt | 1,845 | -89-J'espère être dans un quart d'heure auprès de Dieu je ne cesserai de le prier jusqu'à ce qu'il vous ait tous réunis avec moi. Il avait témoigné le désir d'aller à pied jus-qu'au lieu du supplice. Comme on le lui refusa, il monta sans insister dans la charrette destinée aux criminels. La multitude indignée commen-çait à murmurer M. Musart calma les esprits par ce peu de mots Point de bruit, mes amis, point de bruit en cela je puis obéir à la loi. Le bourreau lui enleva son chapeau, et le respec-table patient souffrit encore cette nouvelle igno-minie sans se plaindre. Ce fut en cet état qu'on lui fit prendre le chemin de la place de la Cou-turé. Au moment du départ, il entonna d'une voix ferme le Salve, Begina. Sa parente, made-moiselle Nicole Coyon, malgré la douleur dont elle ne pouvait se défendre, trouva la force de le continuer, avec beaucoup d'autres personnes courageuses qui escortèrent la charrette jusqu'au lieu du supplice. Le reste de la foule suivait dans un morne silence. Si l'on excepte quelques hom-mes de la révolution, qui croyaient sans doute en revoir les beaux jours, la douleur et la cons-ternation étaient peintes sur tous les visages. M. Musart seul, toujours semblable à lui-même, portait sur son front l'empreinte d'une joie cé-leste. Durant tout le trajet, sa bouche ne s'ou- | -89-J'espère être dans un quart d'heure auprès de Dieu je ne cesserai de le prier jusqu'à ce qu'il vous ait tous réunis avec moi. Il avait témoigné le désir d'aller à pied jus-qu'au lieu du supplice. Comme on le lui refusa, il monta sans insister dans la charrette destinée aux criminels. La multitude indignée commen-çait à murmurer M. Musart calma les esprits par ce peu de mots Point de bruit, mes amis, point de bruit en cela je puis obéir à la loi. Le bourreau lui enleva son chapeau, et le respec-table patient souffrit encore cette nouvelle igno-minie sans se plaindre. Ce fut en cet état qu'on lui fit prendre le chemin de la place de la Cou-turé. Au moment du départ, il entonna d'une voix ferme le Salve, Begina. Sa parente, made-moiselle Nicole Coyon, malgré la douleur dont elle ne pouvait se défendre, trouva la force de le continuer, avec beaucoup d'autres personnes courageuses qui escortèrent la charrette jusqu'au lieu du supplice. Le reste de la foule suivait dans un morne silence. Si l'on excepte quelques hom-mes de la révolution, qui croyaient sans doute en revoir les beaux jours, la douleur et la cons-ternation étaient peintes sur tous les visages. M. Musart seul, toujours semblable à lui-même, portait sur son front l'empreinte d'une joie cé-leste. Durant tout le trajet, sa bouche ne s'ou- | ############ être dans un quart d'heure auprès de Dieu je ne cesserai de le prier jusqu'à ce qu'il vous ait tous réunis avec moi. Il avait témoigné le désir d'aller à pied jus-qu'au lieu du supplice. Comme on le lui refusa, il monta sans insister dans la charrette destinée aux criminels. La multitude indignée commen-çait à murmurer M. Musart calma les esprits par ce peu de mots Point de bruit, mes amis, point de bruit en cela je puis obéir à la loi. Le bourreau lui enleva son chapeau, et le respec-table patient souffrit encore cette nouvelle igno-minie sans se plaindre. Ce fut en cet état qu'on lui fit prendre le chemin de la place de la Cou-ture. Au moment du départ, il entonna d'une voix ferme le Salve, Regina. Sa parente, made-moiselle Nicole Coyon, malgré la douleur dont elle ne pouvait se défendre, trouva la force de le continuer, avec beaucoup d'autres personnes courageuses qui escortèrent la charrette jusqu'au lieu du supplice. Le reste de la foule suivait dans un morne silence. Si l'on excepte quelques hom-mes de la révolution, qui croyaient sans doute en revoir les beaux jours, la douleur et la cons-ternation étaient peintes sur tous les visages. M. Musart seul, toujours semblable à lui-même, portait sur son front l'empreinte d'une joie cé-leste. Durant tout le trajet, sa bouche ne s'ou- | -89-J'espère être dans un quart d'heure auprès de Dieu je ne cesserai de le prier jusqu'à ce qu'il vous ait tous réunis avec moi. Il avait témoigné le désir d'aller à pied jus-qu'au lieu du supplice. Comme on le lui refusa, il monta sans insister dans la charrette destinée aux criminels. La multitude indignée commen-çait à murmurer M. Musart calma les esprits par ce peu de mots Point de bruit, mes amis, point de bruit en cela je puis obéir à la loi. Le bourreau lui enleva son chapeau, et le respec-table patient souffrit encore cette nouvelle igno-minie sans se plaindre. Ce fut en cet état qu'on lui fit prendre le chemin de la place de la Cou-ture. Au moment du départ, il entonna d'une voix ferme le Salve, Regina. Sa parente, made-moiselle Nicole Coyon, malgré la douleur dont elle ne pouvait se défendre, trouva la force de le continuer, avec beaucoup d'autres personnes courageuses qui escortèrent la charrette jusqu'au lieu du supplice. Le reste de la foule suivait dans un morne silence. Si l'on excepte quelques hom-mes de la révolution, qui croyaient sans doute en revoir les beaux jours, la douleur et la cons-ternation étaient peintes sur tous les visages. M. Musart seul, toujours semblable à lui-même, portait sur son front l'empreinte d'une joie cé-leste. Durant tout le trajet, sa bouche ne s'ou- | -89-J'espère être dans un quart d'heure auprès de Dieu je ne cesserai de le prier jusqu'à ce qu'il vous ait tous réunis avec moi. Il avait témoigné le désir d'aller à pied jus-qu'au lieu du supplice. Comme on le lui refusa, il monta sans insister dans la charrette destinée aux criminels. La multitude indignée commen-çait à murmurer M. Musart calma les esprits par ce peu de mots Point de bruit, mes amis, point de bruit en cela je puis obéir à la loi. Le bourreau lui enleva son chapeau, et le respec-table patient souffrit encore cette nouvelle igno-minie sans se plaindre. Ce fut en cet état qu'on lui fit prendre le chemin de la place de la Cou-ture. Au moment du départ, il entonna d'une voix ferme le Salve, Regina. Sa parente, made-moiselle Nicole Coyon, malgré la douleur dont elle ne pouvait se défendre, trouva la force de le continuer, avec beaucoup d'autres personnes courageuses qui escortèrent la charrette jusqu'au lieu du supplice. Le reste de la foule suivait dans un morne silence. Si l'on excepte quelques hom-mes de la révolution, qui croyaient sans doute en revoir les beaux jours, la douleur et la cons-ternation étaient peintes sur tous les visages. M. Musart seul, toujours semblable à lui-même, portait sur son front l'empreinte d'une joie cé-leste. Durant tout le trajet, sa bouche ne s'ou- | 2 | 0.001519 | 0.007937 |
515.txt | 1,873 | -18 -§ 31. Acide urique. - Proportion de l'acide urique dans l'urine normale et ïurine pathologique. - L'acide urique se trouve dans l'urine en partie libre et en partie à l'état d'urates, et sa quantité varie de ogr 2 à 1 gramme dans l'urine normale pour vingt-quatre heures. Augmentation. - Il augmente dans les digestions trou-blées, dans tous les états fiévreux, de même que dans les affections des voies respiratoires et dans les troubles sur-venus dans la circulation du sang. Diminution. - Il se comporte sous ce rapport comme l'urée, et, comme elle, il peut être transformé en ammo-niaque. § 32. Recherche chimique. - On évapore jusque con-sistance sirupeuse 100 à 200 grammes d'urine dont on a séparé préalablement par ébullition l'albumine, s'il y avait lieu. On épuise le résidu par l'alcool pour en retirer l'urée et les matières extractives, et le nouveau résidu ne contient plus que l'acide urique, le mucus et les sels. Une partie du résidu, traitée par l'acide nitrique à chaud, se dissout presque totalement, et la solution évaporée au bain-marie donne un résidu rougeâtre qui, humecté avec de l'ammoniaque en évitant un excès , donne la coloration rouge pourpre de la murexide, passant elle-même au bleu pourpre par l'addition d'une goutte de lessive de potasse. Une autre partie du résidu est dissoute dans la potasse, et la solution traitée par l'acide chlorhydrique est aban-donnée au repos pendant une demi-heure l'acide urique est séparé ainsi sous forme de cristaux visibles au micros-cope. Si l'acide urique existe en quantité notable, il suffit d'ajouter de l'acide chlorhydrique à 200 ou 300 grammes d'urine et d'abandonner le tout au repos pendant douze à vingt-quatre heures. Au bout de ce temps l'acide urique s'est séparé en cristaux colorés, faciles à reconnaître au mi-croscope. | -18 -§ 31. Acide urique. - Proportion de l'acide urique dans l'urine normale et @ïurine pathologique. - L'acide urique se trouve dans l'urine en partie libre et en partie à l'état d'urates, et sa quantité varie de ogr 2 à 1 gramme dans l'urine normale pour vingt-quatre heures. Augmentation. - Il augmente dans les digestions trou-blées, dans tous les états fiévreux, de même que dans les affections des voies respiratoires et dans les troubles sur-venus dans la circulation du sang. Diminution. - Il se comporte sous ce rapport comme l'urée, et, comme elle, il peut être transformé en ammo-niaque. § 32. Recherche chimique. - On évapore jusqu@e con-sistance sirupeuse 100 à 200 grammes d'urine dont on a séparé préalablement par ébullition l'albumine, s'il y avait lieu. On épuise le résidu par l'alcool pour en retirer l'urée et les matières extractives, et le nouveau résidu ne contient plus que l'acide urique, le mucus et les sels. Une partie du résidu, traitée par l'acide nitrique à chaud, se dissout presque totalement, et la solution évaporée au bain-marie donne un résidu rougeâtre qui, humecté avec de l'ammoniaque en évitant un excès , donne la coloration rouge pourpre de la murexide, passant elle-même au bleu pourpre par l'addition d'une goutte de lessive de potasse. Une autre partie du résidu est dissoute dans la potasse, et la solution traitée par l'acide chlorhydrique est aban-donnée au repos pendant une demi-heure l'acide urique est séparé ainsi sous forme de cristaux visibles au micros-cope. Si l'acide urique existe en quantité notable, il suffit d'ajouter de l'acide chlorhydrique à 200 ou 300 grammes d'urine et d'abandonner le tout au repos pendant douze à vingt-quatre heures. Au bout de ce temps l'acide urique s'est séparé en cristaux colorés, faciles à reconnaître au mi-croscope. | -18 -§ 31. Acide urique. -@Proportion de l'acide urique dans l'urine normale et l'urine pathologique. -@L'acide urique se trouve dans l'urine en partie libre et en partie à l'état d'urates, et sa quantité varie de 0gr 2 à 1 gramme dans l'urine normale pour vingt-quatre heures. Augmentation. -@Il augmente dans les digestions trou-blées, dans tous les états fiévreux, de même que dans les affections des voies respiratoires et dans les troubles sur-venus dans la circulation du sang. Diminution. -@Il se comporte sous ce rapport comme l'urée, et, comme elle, il peut être transformé en ammo-niaque. § 32. Recherche chimique. -@On évapore jusqu'à con-sistance sirupeuse 100 à 200 grammes d'urine dont on a séparé préalablement par ébullition l'albumine, s'il y avait lieu. On épuise le résidu par l'alcool pour en retirer l'urée et les matières extractives, et le nouveau résidu ne contient plus que l'acide urique, le mucus et les sels. Une partie du résidu, traitée par l'acide nitrique à chaud, se dissout presque totalement, et la solution évaporée au bain-marie donne un résidu rougeâtre qui, humecté avec de l'ammoniaque en évitant un excès , donne la coloration rouge pourpre de la murexide, passant elle-même au bleu pourpre par l'addition d'une goutte de lessive de potasse. Une autre partie du résidu est dissoute dans la potasse, et la solution traitée par l'acide chlorhydrique est aban-donnée au repos pendant une demi-heure l'acide urique est séparé ainsi sous forme de cristaux visibles au micros-cope. Si l'acide urique existe en quantité notable, il suffit d'ajouter de l'acide chlorhydrique à 200 ou 300 grammes d'urine et d'abandonner le tout au repos pendant douze à vingt-quatre heures. Au bout de ce temps l'acide urique s'est séparé en cristaux colorés, faciles à reconnaître au mi-croscope. | -18 -§ 31. Acide urique. -@Proportion de l'acide urique dans l'urine normale et l'urine pathologique. -@L'acide urique se trouve dans l'urine en partie libre et en partie à l'état d'urates, et sa quantité varie de 0gr 2 à 1 gramme dans l'urine normale pour vingt-quatre heures. Augmentation. -@Il augmente dans les digestions trou-blées, dans tous les états fiévreux, de même que dans les affections des voies respiratoires et dans les troubles sur-venus dans la circulation du sang. Diminution. -@Il se comporte sous ce rapport comme l'urée, et, comme elle, il peut être transformé en ammo-niaque. § 32. Recherche chimique. -@On évapore jusqu'à con-sistance sirupeuse 100 à 200 grammes d'urine dont on a séparé préalablement par ébullition l'albumine, s'il y avait lieu. On épuise le résidu par l'alcool pour en retirer l'urée et les matières extractives, et le nouveau résidu ne contient plus que l'acide urique, le mucus et les sels. Une partie du résidu, traitée par l'acide nitrique à chaud, se dissout presque totalement, et la solution évaporée au bain-marie donne un résidu rougeâtre qui, humecté avec de l'ammoniaque en évitant un excès , donne la coloration rouge pourpre de la murexide, passant elle-même au bleu pourpre par l'addition d'une goutte de lessive de potasse. Une autre partie du résidu est dissoute dans la potasse, et la solution traitée par l'acide chlorhydrique est aban-donnée au repos pendant une demi-heure l'acide urique est séparé ainsi sous forme de cristaux visibles au micros-cope. Si l'acide urique existe en quantité notable, il suffit d'ajouter de l'acide chlorhydrique à 200 ou 300 grammes d'urine et d'abandonner le tout au repos pendant douze à vingt-quatre heures. Au bout de ce temps l'acide urique s'est séparé en cristaux colorés, faciles à reconnaître au mi-croscope. | -18 -§ 31. Acide urique. -Proportion de l'acide urique dans l'urine normale et l'urine pathologique. -L'acide urique se trouve dans l'urine en partie libre et en partie à l'état d'urates, et sa quantité varie de 0gr 2 à 1 gramme dans l'urine normale pour vingt-quatre heures. Augmentation. -Il augmente dans les digestions trou-blées, dans tous les états fiévreux, de même que dans les affections des voies respiratoires et dans les troubles sur-venus dans la circulation du sang. Diminution. -Il se comporte sous ce rapport comme l'urée, et, comme elle, il peut être transformé en ammo-niaque. § 32. Recherche chimique. -On évapore jusqu'à con-sistance sirupeuse 100 à 200 grammes d'urine dont on a séparé préalablement par ébullition l'albumine, s'il y avait lieu. On épuise le résidu par l'alcool pour en retirer l'urée et les matières extractives, et le nouveau résidu ne contient plus que l'acide urique, le mucus et les sels. Une partie du résidu, traitée par l'acide nitrique à chaud, se dissout presque totalement, et la solution évaporée au bain-marie donne un résidu rougeâtre qui, humecté avec de l'ammoniaque en évitant un excès , donne la coloration rouge pourpre de la murexide, passant elle-même au bleu pourpre par l'addition d'une goutte de lessive de potasse. Une autre partie du résidu est dissoute dans la potasse, et la solution traitée par l'acide chlorhydrique est aban-donnée au repos pendant une demi-heure l'acide urique est séparé ainsi sous forme de cristaux visibles au micros-cope. Si l'acide urique existe en quantité notable, il suffit d'ajouter de l'acide chlorhydrique à 200 ou 300 grammes d'urine et d'abandonner le tout au repos pendant douze à vingt-quatre heures. Au bout de ce temps l'acide urique s'est séparé en cristaux colorés, faciles à reconnaître au mi-croscope. | 10 | 0.005531 | 0.037152 |
273.txt | 1,845 | -403-garde, lui, armé d'une truelle, se mit h fouiller la terre. Ce qu'il cherchait de préférence c'était la tête mais elle ne se trouva pas à sa place naturelle. Pressé par le temps et surtout par la crainte d'être surpris, il n'enleva qu'un morceau de chair que le fer de la guillotine avait tranché, et partagea avec ses complices cette petite por-tion, encore assez précieuse aux yeux de leur foi pour les payer amplement de la peine qu'ils s'étaient donnée. Cependant le premier anniversaire de la mort du vénérable Musart, le 11 mars 1797, arriva. Mais, quelque désir que les prêtres et les fidèles catholiques eussent d'en faire un jour de joie pieuse et de fête solennelle, la situation politique de la France amenait encore des agitations fré-quentes et soudaines, qui tenaient les amis de la religion dans la crainte de voir, du jour au len-demain, quelque nouvel orage embraser l'hori-zon et faire de nouvelles victimes. En effet, les lois révolutionnaires, remises en vigueur au gré des intérêts et des passions, étaient les armes favorites des divers partis qui se disputaient la France. Il n'en fut pas de même dans les pre-miers mois de 1798 tout paraissait calme et tran-quille. Pour plus de sûreté néanmoins on choi-sit pour la cérémonie de l'anniversaire un des oratoires les moins fréquentés et les moins con- | -403-garde, lui, armé d'une truelle, se mit h fouiller la terre. Ce qu'il cherchait de préférence c'était la tête mais elle ne se trouva pas à sa place naturelle. Pressé par le temps et surtout par la crainte d'être surpris, il n'enleva qu'un morceau de chair que le fer de la guillotine avait tranché, et partagea avec ses complices cette petite por-tion, encore assez précieuse aux yeux de leur foi pour les payer amplement de la peine qu'ils s'étaient donnée. Cependant le premier anniversaire de la mort du vénérable Musart, le 11 mars 1797, arriva. Mais, quelque désir que les prêtres et les fidèles catholiques eussent d'en faire un jour de joie pieuse et de fête solennelle, la situation politique de la France amenait encore des agitations fré-quentes et soudaines, qui tenaient les amis de la religion dans la crainte de voir, du jour au len-demain, quelque nouvel orage embraser l'hori-zon et faire de nouvelles victimes. En effet, les lois révolutionnaires, remises en vigueur au gré des intérêts et des passions, étaient les armes favorites des divers partis qui se disputaient la France. Il n'en fut pas de même dans les pre-miers mois de 1798 tout paraissait calme et tran-quille. Pour plus de sûreté néanmoins on choi-sit pour la cérémonie de l'anniversaire un des oratoires les moins fréquentés et les moins con- | ########### lui, armé d'une truelle, se mit à fouiller la terre. Ce qu'il cherchait de préférence c'était la tête mais elle ne se trouva pas à sa place naturelle. Pressé par le temps et surtout par la crainte d'être surpris, il n'enleva qu'un morceau de chair que le fer de la guillotine avait tranché, et partagea avec ses complices cette petite por-tion, encore assez précieuse aux yeux de leur foi pour les payer amplement de la peine qu'ils s'étaient donnée. Cependant le premier anniversaire de la mort du vénérable Musart, le 11 mars 1797, arriva. Mais, quelque désir que les prêtres et les fidèles catholiques eussent d'en faire un jour de joie pieuse et de fête solennelle, la situation politique de la France amenait encore des agitations fré-quentes et soudaines, qui tenaient les amis de la religion dans la crainte de voir, du jour au len-demain, quelque nouvel orage embraser l'hori-zon et faire de nouvelles victimes. En effet, les lois révolutionnaires, remises en vigueur au gré des intérêts et des passions, étaient les armes favorites des divers partis qui se disputaient la France. Il n'en fut pas de même dans les pre-miers mois de 1798 tout paraissait calme et tran-quille. Pour plus de sûreté néanmoins on choi-sit pour la cérémonie de l'anniversaire un des oratoires les moins fréquentés et les moins con- | -403-garde, lui, armé d'une truelle, se mit à fouiller la terre. Ce qu'il cherchait de préférence c'était la tête mais elle ne se trouva pas à sa place naturelle. Pressé par le temps et surtout par la crainte d'être surpris, il n'enleva qu'un morceau de chair que le fer de la guillotine avait tranché, et partagea avec ses complices cette petite por-tion, encore assez précieuse aux yeux de leur foi pour les payer amplement de la peine qu'ils s'étaient donnée. Cependant le premier anniversaire de la mort du vénérable Musart, le 11 mars 1797, arriva. Mais, quelque désir que les prêtres et les fidèles catholiques eussent d'en faire un jour de joie pieuse et de fête solennelle, la situation politique de la France amenait encore des agitations fré-quentes et soudaines, qui tenaient les amis de la religion dans la crainte de voir, du jour au len-demain, quelque nouvel orage embraser l'hori-zon et faire de nouvelles victimes. En effet, les lois révolutionnaires, remises en vigueur au gré des intérêts et des passions, étaient les armes favorites des divers partis qui se disputaient la France. Il n'en fut pas de même dans les pre-miers mois de 1798 tout paraissait calme et tran-quille. Pour plus de sûreté néanmoins on choi-sit pour la cérémonie de l'anniversaire un des oratoires les moins fréquentés et les moins con- | -403-garde, lui, armé d'une truelle, se mit à fouiller la terre. Ce qu'il cherchait de préférence c'était la tête mais elle ne se trouva pas à sa place naturelle. Pressé par le temps et surtout par la crainte d'être surpris, il n'enleva qu'un morceau de chair que le fer de la guillotine avait tranché, et partagea avec ses complices cette petite por-tion, encore assez précieuse aux yeux de leur foi pour les payer amplement de la peine qu'ils s'étaient donnée. Cependant le premier anniversaire de la mort du vénérable Musart, le 11 mars 1797, arriva. Mais, quelque désir que les prêtres et les fidèles catholiques eussent d'en faire un jour de joie pieuse et de fête solennelle, la situation politique de la France amenait encore des agitations fré-quentes et soudaines, qui tenaient les amis de la religion dans la crainte de voir, du jour au len-demain, quelque nouvel orage embraser l'hori-zon et faire de nouvelles victimes. En effet, les lois révolutionnaires, remises en vigueur au gré des intérêts et des passions, étaient les armes favorites des divers partis qui se disputaient la France. Il n'en fut pas de même dans les pre-miers mois de 1798 tout paraissait calme et tran-quille. Pour plus de sûreté néanmoins on choi-sit pour la cérémonie de l'anniversaire un des oratoires les moins fréquentés et les moins con- | 1 | 0.000753 | 0.004082 |
924.txt | 1,858 | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 243 buste en plein, et, tournant les yeux de mon côté, de manière à ce que je ne pusse me méprendre ni sur le geste, ni sur l'intention, il m'envoya un baiser à travers l'espace et au 1 milieu des rires de son sérail. Je me dérobai à l'instant à ces insolences, et, mourant de honte, je me jetai dans un fauteuil. Une pareille leçon -eût dû me suffirë elle dosait la mesure de l'homme et me dictait la conduite qu'il fallait ten'i f avec lui. Plus de curiosité déplacée ni de démarche imprudente mais de la réserve et une sorte d'interdit rigoureusement maintenu. Pendant quelques jours il en fut ainsi, ou, du moins, me tins-je a l'abri des surprises. Mais, par une contradiction sin-gulière, plus je me disais que ces spectacles étaient à fuir, plus je me sentais attirée vers éux. Même aujourd'hui que la réflexion m'éclaire, c'est à peine si je me rends compte des motifs qui me faisaient agir ainsi. Faut-il croire qu'il y a dans le mal on ne saurait dire quel attrait dont il est difficile de se défendre? La réputation de Melchior était faite dans le quartier pas une voix qui variât là-dessus. Il passait pour un mauvais sujet et s'en faisait gloire, portait ses vices à front découvert, et cherchait le scandale comme d'autres l'évitent. On citait de lui des esclandres, des aventures, et quand on se mettait à compter ses victimes, le chapelet en était long. Je savais tout cela, Ludovic, et plus j'en apprenais là-dessus, plus Je me croyais à l'abri d'une séduction aussi ba-nale. Si enfant que je fusse, Je raisonnais. Qu'était-ce, après tout, que ce Melchior? un poureur d'estamiiet, un débauché, un fainéant quelques avantages naturels, mais point de qualités Solides, rien de ce qui honore et assure la vie. Ainsi pensais-je, et c'était trop que d'y penser. J'eusse été mieux gardée r l'oubli que par cette obstination à m'occuper d,e de lui, même pour le voir en mal et pour mieux m'en dé-fendre. M'en dépendre, et pourquoi cela? Cet homme que je ju-geais i dépravé était donc dangereux pour mon repos? j'avais à prepdre des précautions contre lui? Hélas 1 oui, Lu-dovic, je rougis en l'avouant et déteste ma faiblesse. Oui, le périj rommençait, presque à mon insu. Oui, cet homme, si décrié pour ses moeurs, si notoirement vicieux, cet homïne | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 243 buste en plein, et, tournant les yeux de mon côté, de manière à ce que je ne pusse me méprendre ni sur le geste, ni sur l'intention, il m'envoya un baiser à travers l'espace et au 1 milieu des rires de son sérail. Je me dérobai à l'instant à ces insolences, et, mourant de honte, je me jetai dans un fauteuil. Une pareille leçon -eût dû me suffirë elle do@sait la mesure de l'homme et me dictait la conduite qu'il fallait ten'i f avec lui. Plus de curiosité déplacée ni de démarche imprudente mais de la réserve et une sorte d'interdit rigoureusement maintenu. Pendant quelques jours il en fut ainsi, ou, du moins, me tins-je a l'abri des surprises. Mais, par une contradiction sin-gulière, plus je me disais que ces spectacles étaient à fuir, plus je me sentais attirée vers éux. Même aujourd'hui que la réflexion m'éclaire, c'est à peine si je me rends compte des motifs qui me faisaient agir ainsi. Faut-il croire qu'il y a dans le mal on ne saurait dire quel attrait dont il est difficile de se défendre@? La réputation de Melchior était faite dans le quartier pas une voix qui variât là-dessus. Il passait pour un mauvais sujet et s'en faisait gloire, portait ses vices à front découvert, et cherchait le scandale comme d'autres l'évitent. On citait de lui des esclandres, des aventures, et quand on se mettait à compter ses victimes, le chapelet en était long. Je savais tout cela, Ludovic, et plus j'en apprenais là-dessus, plus Je me croyais à l'abri d'une séduction aussi ba-nale. Si enfant que je fusse, Je raisonnais. Qu'était-ce, après tout, que ce Melchior@? un poureur d'estamiiet, un débauché, un fainéant quelques avantages naturels, mais point de qualités Solides, rien de ce qui honore et assure la vie. Ainsi pensais-je, et c'était trop que d'y penser. J'eusse été mieux gardée @@r l'oubli que par cette obstination à m'occuper d,e de lui, même pour le voir en mal et pour mieux m'en dé-fendre. M'en dépendre, et pourquoi cela@? Cet homme que je ju-geais @i dépravé était donc dangereux pour mon repos@? j'avais à prepdre des précautions contre lui@? Hélas 1 oui, Lu-dovic, je rougis en l'avouant et déteste ma faiblesse. Oui, le périj rommençait, presque à mon insu. Oui, cet homme, si décrié pour ses moeurs, si notoirement vicieux, cet homïne | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 243 buste en plein, et, tournant les yeux de mon côté, de manière à ce que je ne pusse me méprendre ni sur le geste, ni sur l'intention, il m'envoya un baiser à travers l'espace et au@@ milieu des rires de son sérail. Je me dérobai à l'instant à ces insolences, et, mourant de honte, je me jetai dans un fauteuil. Une pareille leçon @eût dû me suffire elle donnait la mesure de l'homme et me dictait la conduite qu'il fallait ten@i@r avec lui. Plus de curiosité déplacée ni de démarche imprudente mais de la réserve et une sorte d'interdit rigoureusement maintenu. Pendant quelques jours il en fut ainsi, ou, du moins, me tins-je à l'abri des surprises. Mais, par une contradiction sin-gulière, plus je me disais que ces spectacles étaient à fuir, plus je me sentais attirée vers eux. Même aujourd'hui que la réflexion m'éclaire, c'est à peine si je me rends compte des motifs qui me faisaient agir ainsi. Faut-il croire qu'il y a dans le mal on ne saurait dire quel attrait dont il est difficile de se défendre ? La réputation de Melchior était faite dans le quartier pas une voix qui variât là-dessus. Il passait pour un mauvais sujet et s'en faisait gloire, portait ses vices à front découvert, et cherchait le scandale comme d'autres l'évitent. On citait de lui des esclandres, des aventures, et quand on se mettait à compter ses victimes, le chapelet en était long. Je savais tout cela, Ludovic, et plus j'en apprenais là-dessus, plus je me croyais à l'abri d'une séduction aussi ba-nale. Si enfant que je fusse, je raisonnais. Qu'était-ce, après tout, que ce Melchior ? un coureur d'estaminet, un débauché, un fainéant quelques avantages naturels, mais point de qualités solides, rien de ce qui honore et assure la vie. Ainsi pensais-je, et c'était trop que d'y penser. J'eusse été mieux gardée par l'oubli que par cette obstination à m'occuper d@e de lui, même pour le voir en mal et pour mieux m'en dé-fendre. M'en défendre, et pourquoi cela ? Cet homme que je ju-geais si dépravé était donc dangereux pour mon repos ? j'avais à prendre des précautions contre lui ? Hélas ! oui, Lu-dovic, je rougis en l'avouant et déteste ma faiblesse. Oui, le péril commençait, presque à mon insu. Oui, cet homme, si décrié pour ses moeurs, si notoirement vicieux, cet ###### | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 243 buste en plein, et, tournant les yeux de mon côté, de manière à ce que je ne pusse me méprendre ni sur le geste, ni sur l'intention, il m'envoya un baiser à travers l'espace et au@@ milieu des rires de son sérail. Je me dérobai à l'instant à ces insolences, et, mourant de honte, je me jetai dans un fauteuil. Une pareille leçon @eût dû me suffire elle donnait la mesure de l'homme et me dictait la conduite qu'il fallait ten@i@r avec lui. Plus de curiosité déplacée ni de démarche imprudente mais de la réserve et une sorte d'interdit rigoureusement maintenu. Pendant quelques jours il en fut ainsi, ou, du moins, me tins-je à l'abri des surprises. Mais, par une contradiction sin-gulière, plus je me disais que ces spectacles étaient à fuir, plus je me sentais attirée vers eux. Même aujourd'hui que la réflexion m'éclaire, c'est à peine si je me rends compte des motifs qui me faisaient agir ainsi. Faut-il croire qu'il y a dans le mal on ne saurait dire quel attrait dont il est difficile de se défendre ? La réputation de Melchior était faite dans le quartier pas une voix qui variât là-dessus. Il passait pour un mauvais sujet et s'en faisait gloire, portait ses vices à front découvert, et cherchait le scandale comme d'autres l'évitent. On citait de lui des esclandres, des aventures, et quand on se mettait à compter ses victimes, le chapelet en était long. Je savais tout cela, Ludovic, et plus j'en apprenais là-dessus, plus je me croyais à l'abri d'une séduction aussi ba-nale. Si enfant que je fusse, je raisonnais. Qu'était-ce, après tout, que ce Melchior ? un coureur d'estaminet, un débauché, un fainéant quelques avantages naturels, mais point de qualités solides, rien de ce qui honore et assure la vie. Ainsi pensais-je, et c'était trop que d'y penser. J'eusse été mieux gardée par l'oubli que par cette obstination à m'occuper d@e de lui, même pour le voir en mal et pour mieux m'en dé-fendre. M'en défendre, et pourquoi cela ? Cet homme que je ju-geais si dépravé était donc dangereux pour mon repos ? j'avais à prendre des précautions contre lui ? Hélas ! oui, Lu-dovic, je rougis en l'avouant et déteste ma faiblesse. Oui, le péril commençait, presque à mon insu. Oui, cet homme, si décrié pour ses moeurs, si notoirement vicieux, cet homïne | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 243 buste en plein, et, tournant les yeux de mon côté, de manière à ce que je ne pusse me méprendre ni sur le geste, ni sur l'intention, il m'envoya un baiser à travers l'espace et au milieu des rires de son sérail. Je me dérobai à l'instant à ces insolences, et, mourant de honte, je me jetai dans un fauteuil. Une pareille leçon eût dû me suffire elle donnait la mesure de l'homme et me dictait la conduite qu'il fallait tenir avec lui. Plus de curiosité déplacée ni de démarche imprudente mais de la réserve et une sorte d'interdit rigoureusement maintenu. Pendant quelques jours il en fut ainsi, ou, du moins, me tins-je à l'abri des surprises. Mais, par une contradiction sin-gulière, plus je me disais que ces spectacles étaient à fuir, plus je me sentais attirée vers eux. Même aujourd'hui que la réflexion m'éclaire, c'est à peine si je me rends compte des motifs qui me faisaient agir ainsi. Faut-il croire qu'il y a dans le mal on ne saurait dire quel attrait dont il est difficile de se défendre ? La réputation de Melchior était faite dans le quartier pas une voix qui variât là-dessus. Il passait pour un mauvais sujet et s'en faisait gloire, portait ses vices à front découvert, et cherchait le scandale comme d'autres l'évitent. On citait de lui des esclandres, des aventures, et quand on se mettait à compter ses victimes, le chapelet en était long. Je savais tout cela, Ludovic, et plus j'en apprenais là-dessus, plus je me croyais à l'abri d'une séduction aussi ba-nale. Si enfant que je fusse, je raisonnais. Qu'était-ce, après tout, que ce Melchior ? un coureur d'estaminet, un débauché, un fainéant quelques avantages naturels, mais point de qualités solides, rien de ce qui honore et assure la vie. Ainsi pensais-je, et c'était trop que d'y penser. J'eusse été mieux gardée par l'oubli que par cette obstination à m'occuper de de lui, même pour le voir en mal et pour mieux m'en dé-fendre. M'en défendre, et pourquoi cela ? Cet homme que je ju-geais si dépravé était donc dangereux pour mon repos ? j'avais à prendre des précautions contre lui ? Hélas ! oui, Lu-dovic, je rougis en l'avouant et déteste ma faiblesse. Oui, le péril commençait, presque à mon insu. Oui, cet homme, si décrié pour ses moeurs, si notoirement vicieux, cet homïne | 30 | 0.013072 | 0.0625 |
918.txt | 1,858 | 236 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. -pas aliéner sa liberté pour lui, le mariage était ce qu'est la. mer pour le naufragé de la veille, un épouvantail. Ayant de s'y risquer de nouveau, il fallait que le souvenir de son pre-mier naufrage fût un peu effacé. Les choses en restèrent donc là, et aucune de ces propo-sitions n'aboutit Ludovic semblait décidé à chercher la paix dans l'oubli, lorsqu'un événement singulier le rejeta dans le tourbillon d'où il venait de sortir à grand'peine. Un jour qu'il était dans son cabinet, occupé à un travail urgent, on vint le prévenir que quelqu'un demandait à lui parler. C'était une visite assez inopportune mais Ludovic n'avait pas, ne pouvait pas avoir encore la prétention de faire morfondre les gens dans son antichambre, ni de fermer sa porte sur un caprice, comme c'est d'usage chez les hommes en crédit il donna audience sur-le-champ à Ja personne an-noncée. Elle entra, et le jeune avocat ne vit pas d'abord à qui il avait affaire. La physionomie ne lui était pas inconnue. mais ce qui jetait du trouble dans ses souvenirs, c'était un habit noir, emprunté à quelque étalage de fripier, et un gilet à bouquets dont les proportions dépassaient de beaucoup celles de l'habit. Là-dessous, d'ailleurs, l'homme paraissait un peu gêné évidemment il ne s'ajustait ainsi que dans les grandes circonstances et pour se donner des airs plus imposants. Le complément de la toilette consistait en un chapeau dont les tons roux trahissaient la date, un col en crinoline presque arrogant dans sa raideur, et des culottes d'une nuance dou-teuse tombant sur des tiges de bottes cirées à l'oeuf. Le maintien de l'homme était à la hauteur d'un si bel en-semble il entra dans le cabinet avec un aplomb évident et une confiance que signalait la pesanteur de ses pas son talon ébranlait le parquet, ses coudes heurtaient les tables et les étagères. Il était comme chez lui. - Quel est donc cet original, se demanda Ludovic, et que peut-il me vouloir? L'inconnu venait de s'arrêter devant lui sans préambule, et était occupé à toute autre chose qu'à lui fournir des explica-tions. Il cherchait dans les profondeurs de son habit un pa-quet dont le développement des poches rendait l'extraction difficile. Enfin il vint à bout de cette opération, et un soupir, exhalé de ses poumons, témoigna le prix qu'il y attachait et | 236 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. -pas aliéner sa liberté pour lui, le mariage était ce qu'est la. mer pour le naufragé de la veille, un épouvantail. Ayant de s'y risquer de nouveau, il fallait que le souvenir de son pre-mier naufrage fût un peu effacé. Les choses en restèrent donc là, et aucune de ces propo-sitions n'aboutit Ludovic semblait décidé à chercher la paix dans l'oubli, lorsqu'un événement singulier le rejeta dans le tourbillon d'où il venait de sortir à grand'peine. Un jour qu'il était dans son cabinet, occupé à un travail urgent, on vint le prévenir que quelqu'un demandait à lui parler. C'était une visite assez inopportune mais Ludovic n'avait pas, ne pouvait pas avoir encore la prétention de faire morfondre les gens dans son antichambre, ni de fermer sa porte sur un caprice, comme c'est d'usage chez les hommes en crédit il donna audience sur-le-champ à Ja personne an-noncée. Elle entra, et le jeune avocat ne vit pas d'abord à qui il avait affaire. La physionomie ne lui était pas inconnue. mais ce qui jetait du trouble dans ses souvenirs, c'était un habit noir, emprunté à quelque étalage de fripier, et un gilet à bouquets dont les proportions dépassaient de beaucoup celles de l'habit. Là-dessous, d'ailleurs, l'homme paraissait un peu gêné évidemment il ne s'ajustait ainsi que dans les grandes circonstances et pour se donner des airs plus imposants. Le complément de la toilette consistait en un chapeau dont les tons roux trahissaient la date, un col en crinoline presque arrogant dans sa raideur, et des culottes d'une nuance dou-teuse tombant sur des tiges de bottes cirées à l'oeuf. Le maintien de l'homme était à la hauteur d'un si bel en-semble il entra dans le cabinet avec un aplomb évident et une confiance que signalait la pesanteur de ses pas son talon ébranlait le parquet, ses coudes heurtaient les tables et les étagères. Il était comme chez lui. - Quel est donc cet original, se demanda Ludovic, et que peut-il me vouloir@? L'inconnu venait de s'arrêter devant lui sans préambule, et était occupé à toute autre chose qu'à lui fournir des explica-tions. Il cherchait dans les profondeurs de son habit un pa-quet dont le développement des poches rendait l'extraction difficile. Enfin il vint à bout de cette opération, et un soupir, exhalé de ses poumons, témoigna le prix qu'il y attachait et | 236 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. @pas aliéner sa liberté pour lui, le mariage était ce qu'est la@ mer pour le naufragé de la veille, un épouvantail. Avant de s'y risquer de nouveau, il fallait que le souvenir de son pre-mier naufrage fût un peu effacé. Les choses en restèrent donc là, et aucune de ces propo-sitions n'aboutit Ludovic semblait décidé à chercher la paix dans l'oubli, lorsqu'un événement singulier le rejeta dans le tourbillon d'où il venait de sortir à grand'peine. Un jour qu'il était dans son cabinet, occupé à un travail urgent, on vint le prévenir que quelqu'un demandait à lui parler. C'était une visite assez inopportune mais Ludovic n'avait pas, ne pouvait pas avoir encore la prétention de faire morfondre les gens dans son antichambre, ni de fermer sa porte sur un caprice, comme c'est d'usage chez les hommes en crédit il donna audience sur-le-champ à la personne an-noncée. Elle entra, et le jeune avocat ne vit pas d'abord à qui il avait affaire. La physionomie ne lui était pas inconnue@ mais ce qui jetait du trouble dans ses souvenirs, c'était un habit noir, emprunté à quelque étalage de fripier, et un gilet à bouquets dont les proportions dépassaient de beaucoup celles de l'habit. Là-dessous, d'ailleurs, l'homme paraissait un peu gêné évidemment il ne s'ajustait ainsi que dans les grandes circonstances et pour se donner des airs plus imposants. Le complément de la toilette consistait en un chapeau dont les tons roux trahissaient la date, un col en crinoline presque arrogant dans sa raideur, et des culottes d'une nuance dou-teuse tombant sur des tiges de bottes cirées à l'oeuf. Le maintien de l'homme était à la hauteur d'un si bel en-semble il entra dans le cabinet avec un aplomb évident et une confiance que signalait la pesanteur de ses pas son talon ébranlait le parquet, ses coudes heurtaient les tables et les étagères. Il était comme chez lui. -@Quel est donc cet original, se demanda Ludovic, et que peut-il me vouloir ? L'inconnu venait de s'arrêter devant lui sans préambule, et était occupé à toute autre chose qu'à lui fournir des explica-tions. Il cherchait dans les profondeurs de son habit un pa-quet dont le développement des poches rendait l'extraction difficile. Enfin il vint à bout de cette opération, et un soupir, exhalé de ses poumons, témoigna le prix qu'il y attachait et | 236 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. @pas aliéner sa liberté pour lui, le mariage était ce qu'est la@ mer pour le naufragé de la veille, un épouvantail. Avant de s'y risquer de nouveau, il fallait que le souvenir de son pre-mier naufrage fût un peu effacé. Les choses en restèrent donc là, et aucune de ces propo-sitions n'aboutit Ludovic semblait décidé à chercher la paix dans l'oubli, lorsqu'un événement singulier le rejeta dans le tourbillon d'où il venait de sortir à grand'peine. Un jour qu'il était dans son cabinet, occupé à un travail urgent, on vint le prévenir que quelqu'un demandait à lui parler. C'était une visite assez inopportune mais Ludovic n'avait pas, ne pouvait pas avoir encore la prétention de faire morfondre les gens dans son antichambre, ni de fermer sa porte sur un caprice, comme c'est d'usage chez les hommes en crédit il donna audience sur-le-champ à la personne an-noncée. Elle entra, et le jeune avocat ne vit pas d'abord à qui il avait affaire. La physionomie ne lui était pas inconnue@ mais ce qui jetait du trouble dans ses souvenirs, c'était un habit noir, emprunté à quelque étalage de fripier, et un gilet à bouquets dont les proportions dépassaient de beaucoup celles de l'habit. Là-dessous, d'ailleurs, l'homme paraissait un peu gêné évidemment il ne s'ajustait ainsi que dans les grandes circonstances et pour se donner des airs plus imposants. Le complément de la toilette consistait en un chapeau dont les tons roux trahissaient la date, un col en crinoline presque arrogant dans sa raideur, et des culottes d'une nuance dou-teuse tombant sur des tiges de bottes cirées à l'oeuf. Le maintien de l'homme était à la hauteur d'un si bel en-semble il entra dans le cabinet avec un aplomb évident et une confiance que signalait la pesanteur de ses pas son talon ébranlait le parquet, ses coudes heurtaient les tables et les étagères. Il était comme chez lui. -@Quel est donc cet original, se demanda Ludovic, et que peut-il me vouloir ? L'inconnu venait de s'arrêter devant lui sans préambule, et était occupé à toute autre chose qu'à lui fournir des explica-tions. Il cherchait dans les profondeurs de son habit un pa-quet dont le développement des poches rendait l'extraction difficile. Enfin il vint à bout de cette opération, et un soupir, exhalé de ses poumons, témoigna le prix qu'il y attachait et | 236 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. pas aliéner sa liberté pour lui, le mariage était ce qu'est la mer pour le naufragé de la veille, un épouvantail. Avant de s'y risquer de nouveau, il fallait que le souvenir de son pre-mier naufrage fût un peu effacé. Les choses en restèrent donc là, et aucune de ces propo-sitions n'aboutit Ludovic semblait décidé à chercher la paix dans l'oubli, lorsqu'un événement singulier le rejeta dans le tourbillon d'où il venait de sortir à grand'peine. Un jour qu'il était dans son cabinet, occupé à un travail urgent, on vint le prévenir que quelqu'un demandait à lui parler. C'était une visite assez inopportune mais Ludovic n'avait pas, ne pouvait pas avoir encore la prétention de faire morfondre les gens dans son antichambre, ni de fermer sa porte sur un caprice, comme c'est d'usage chez les hommes en crédit il donna audience sur-le-champ à la personne an-noncée. Elle entra, et le jeune avocat ne vit pas d'abord à qui il avait affaire. La physionomie ne lui était pas inconnue mais ce qui jetait du trouble dans ses souvenirs, c'était un habit noir, emprunté à quelque étalage de fripier, et un gilet à bouquets dont les proportions dépassaient de beaucoup celles de l'habit. Là-dessous, d'ailleurs, l'homme paraissait un peu gêné évidemment il ne s'ajustait ainsi que dans les grandes circonstances et pour se donner des airs plus imposants. Le complément de la toilette consistait en un chapeau dont les tons roux trahissaient la date, un col en crinoline presque arrogant dans sa raideur, et des culottes d'une nuance dou-teuse tombant sur des tiges de bottes cirées à l'oeuf. Le maintien de l'homme était à la hauteur d'un si bel en-semble il entra dans le cabinet avec un aplomb évident et une confiance que signalait la pesanteur de ses pas son talon ébranlait le parquet, ses coudes heurtaient les tables et les étagères. Il était comme chez lui. -Quel est donc cet original, se demanda Ludovic, et que peut-il me vouloir ? L'inconnu venait de s'arrêter devant lui sans préambule, et était occupé à toute autre chose qu'à lui fournir des explica-tions. Il cherchait dans les profondeurs de son habit un pa-quet dont le développement des poches rendait l'extraction difficile. Enfin il vint à bout de cette opération, et un soupir, exhalé de ses poumons, témoigna le prix qu'il y attachait et | 11 | 0.004701 | 0.027273 |
703.txt | 1,842 | 102 MADAME DE LA FAYETTE. familiarité avec madame de la Fayette on des vers affectueux qu'il lui adressait en lui envoyant un petit billard ce devait être du temps où il. dédiait une fable à l'auteur des Maximes, et une autres mademoiselle de Sévigné1. Depuis la mort de M. de La Rochefoucauld, les idées de madame de La Fayette se tournèrent de plus en plus h la religion on en a un témoignage pré-cieux dans une belle et longue lettre de Du Guet, qui est à elle. Elle l'avait choisi pour directeur. Sens être liée directement avec Port-Royal, elle inclinait de ce côté, et l'hypocrisie de la cour l'y poussait 1 Madame de La Fayette était donc bien réellement du même groupe, et comme du même Parnasse que La Fonlaine Racine et Despréaux et le petit récit suivant n'est que l'image un peu enfantine du vrai En 4675, dit Ménage, madame de Thianges donna en étrennes une chambre toute dorée, grande comme une table, à M. le duc du Maine. Au-dessus de la porte, il y lVoit en grosses lettres Chambre du Sublime. Au dedans un lit et un balustre, avec un grand fauteuil, dans lequel étoit assis M. le duc du Maine fait en cire, fort ressemblant. Auprès de lui M. de La Rochefoucauld, auquel il donnoit des vers pour les examiner. Autour du fauteuil M. de Marsillac et M. Bossuet, aldri évéque de Condom. A rautre bout de l'alcôve, madame de Thianges et madame de La Fayette lisoient des vers ensemble. Au dehors du balustre, Despréaux avec une fourche empêchoit sept ou huit méchants poètes d'entrer. Racine étoit auprès de Despréaux, et un peu plus loin La Fontaine, auquel il faisoit signe d'avancer. Toutes ces figures étoient de cire, en petit, et chacun de ceux qu'elles représentoient avoit donné la sienne. Ménage M nous dit point s'il a posé pour l'un des cinq ou six mauvais poëtes cbasiéi par Boileau. | 102 MADAME DE LA FAYETTE. familiarité avec madame de la Fayette on @@des vers affectueux qu'il lui adressait en lui envoyant un petit billard ce devait être du temps où il. dédiait une fable à l'auteur des Maximes, et une autre@s mademoiselle de Sévigné1. Depuis la mort de M. de La Rochefoucauld, les idées de madame de La Fayette se tournèrent de plus en plus h la religion on en a un témoignage pré-cieux dans une belle et longue lettre de Du Guet, qui est à elle. Elle l'avait choisi pour directeur. Sens être liée directement avec Port-Royal, elle inclinait de ce côté, et l'hypocrisie de la cour l'y poussait 1 Madame de La Fayette était donc bien réellement du même groupe, et comme du même Parnasse que La Fonlaine@ Racine et Despréaux et le petit récit suivant n'est que l'image un peu enfantine du vrai En 4675, dit Ménage, madame de Thianges donna en étrennes une chambre toute dorée, grande comme une table, à M. le duc du Maine. Au-dessus de la porte, il y lVoit en grosses lettres Chambre@ du Sublime. Au dedans un lit et un balustre, avec un grand fauteuil, dans lequel étoit assis M. le duc du Maine fait en cire, fort ressemblant. Auprès de lui M. de La Rochefoucauld, auquel il donnoit des vers pour les examiner. Autour du fauteuil M. de Marsillac et M. Bossuet, aldri évéque de Condom. A @rautre bout de l'alcôve, madame de Thianges et madame de La Fayette lisoient des vers ensemble. Au dehors du balustre, Despréaux avec une fourche empêchoit sept ou huit méchants poètes d'entrer. Racine étoit auprès de Despréaux, et un peu plus loin La Fontaine, auquel il faisoit signe d'avancer. Toutes ces figures étoient de cire, en petit, et chacun de ceux qu'elles représentoient avoit donné la sienne. Ménage @M nous dit point s'il a posé pour l'un des cinq ou six mauvais poëtes cbasiéi par Boileau. | 102 MADAME DE LA FAYETTE. familiarité avec madame de La Fayette on a des vers affectueux qu'il lui adressait en lui envoyant un petit billard ce devait être du temps où il@ dédiait une fable à l'auteur des Maximes, et une autre à mademoiselle de Sévigné1. Depuis la mort de M. de La Rochefoucauld, les idées de madame de La Fayette se tournèrent de plus en plus à la religion on en a un témoignage pré-cieux dans une belle et longue lettre de Du Guet, qui est à elle. Elle l'avait choisi pour directeur. Sans être liée directement avec Port-Royal, elle inclinait de ce côté, et l'hypocrisie de la cour l'y poussait 1 Madame de La Fayette était donc bien réellement du même groupe, et comme du même Parnasse que La Fontaine, Racine et Despréaux et le petit récit suivant n'est que l'image un peu enfantine du vrai En 1675, dit Ménage, madame de Thianges donna en étrennes une chambre toute dorée, grande comme une table, à M. le duc du Maine. Au-dessus de la porte, il y avoit en grosses lettres Chambres du Sublime. Au dedans un lit et un balustre, avec un grand fauteuil, dans lequel étoit assis M. le duc du Maine fait en cire, fort ressemblant. Auprès de lui M. de La Rochefoucauld, auquel il donnoit des vers pour les examiner. Autour du fauteuil M. de Marsillac et M. Bossuet, alors évêque de Condom. A l'autre bout de l'alcôve, madame de Thianges et madame de La Fayette lisoient des vers ensemble. Au dehors du balustre, Despréaux avec une fourche empêchoit sept ou huit méchants poëtes d'entrer. Racine étoit auprès de Despréaux, et un peu plus loin La Fontaine, auquel il faisoit signe d'avancer. Toutes ces figures étoient de cire, en petit, et chacun de ceux qu'elles représentoient avoit donné la sienne. Ménage ne nous dit point s'il a posé pour l'un des cinq ou six mauvais poëtes chassés par Boileau. | 102 MADAME DE LA FAYETTE. familiarité avec madame de La Fayette on a des vers affectueux qu'il lui adressait en lui envoyant un petit billard ce devait être du temps où il@ dédiait une fable à l'auteur des Maximes, et une autre à mademoiselle de Sévigné1. Depuis la mort de M. de La Rochefoucauld, les idées de madame de La Fayette se tournèrent de plus en plus à la religion on en a un témoignage pré-cieux dans une belle et longue lettre de Du Guet, qui est à elle. Elle l'avait choisi pour directeur. Sans être liée directement avec Port-Royal, elle inclinait de ce côté, et l'hypocrisie de la cour l'y poussait 1 Madame de La Fayette était donc bien réellement du même groupe, et comme du même Parnasse que La Fontaine, Racine et Despréaux et le petit récit suivant n'est que l'image un peu enfantine du vrai En 1675, dit Ménage, madame de Thianges donna en étrennes une chambre toute dorée, grande comme une table, à M. le duc du Maine. Au-dessus de la porte, il y avoit en grosses lettres Chambres du Sublime. Au dedans un lit et un balustre, avec un grand fauteuil, dans lequel étoit assis M. le duc du Maine fait en cire, fort ressemblant. Auprès de lui M. de La Rochefoucauld, auquel il donnoit des vers pour les examiner. Autour du fauteuil M. de Marsillac et M. Bossuet, alors évêque de Condom. A l'autre bout de l'alcôve, madame de Thianges et madame de La Fayette lisoient des vers ensemble. Au dehors du balustre, Despréaux avec une fourche empêchoit sept ou huit méchants poëtes d'entrer. Racine étoit auprès de Despréaux, et un peu plus loin La Fontaine, auquel il faisoit signe d'avancer. Toutes ces figures étoient de cire, en petit, et chacun de ceux qu'elles représentoient avoit donné la sienne. Ménage ne nous dit point s'il a posé pour l'un des cinq ou six mauvais poëtes chassés par Boileau. | 102 MADAME DE LA FAYETTE. familiarité avec madame de La Fayette on a des vers affectueux qu'il lui adressait en lui envoyant un petit billard ce devait être du temps où il dédiait une fable à l'auteur des Maximes, et une autre à mademoiselle de Sévigné1. Depuis la mort de M. de La Rochefoucauld, les idées de madame de La Fayette se tournèrent de plus en plus à la religion on en a un témoignage pré-cieux dans une belle et longue lettre de Du Guet, qui est à elle. Elle l'avait choisi pour directeur. Sans être liée directement avec Port-Royal, elle inclinait de ce côté, et l'hypocrisie de la cour l'y poussait 1 Madame de La Fayette était donc bien réellement du même groupe, et comme du même Parnasse que La Fontaine, Racine et Despréaux et le petit récit suivant n'est que l'image un peu enfantine du vrai En 1675, dit Ménage, madame de Thianges donna en étrennes une chambre toute dorée, grande comme une table, à M. le duc du Maine. Au-dessus de la porte, il y avoit en grosses lettres Chambres du Sublime. Au dedans un lit et un balustre, avec un grand fauteuil, dans lequel étoit assis M. le duc du Maine fait en cire, fort ressemblant. Auprès de lui M. de La Rochefoucauld, auquel il donnoit des vers pour les examiner. Autour du fauteuil M. de Marsillac et M. Bossuet, alors évêque de Condom. A l'autre bout de l'alcôve, madame de Thianges et madame de La Fayette lisoient des vers ensemble. Au dehors du balustre, Despréaux avec une fourche empêchoit sept ou huit méchants poëtes d'entrer. Racine étoit auprès de Despréaux, et un peu plus loin La Fontaine, auquel il faisoit signe d'avancer. Toutes ces figures étoient de cire, en petit, et chacun de ceux qu'elles représentoient avoit donné la sienne. Ménage ne nous dit point s'il a posé pour l'un des cinq ou six mauvais poëtes chassés par Boileau. | 25 | 0.013782 | 0.07438 |
688.txt | 1,882 | VI-taticms d'impulsion dans des parties plus ou moins étendues du système sanguin, ni sur leur existence dans les affections que j'ai indiquées plus haut. 90 Il dit, page 482, ligne 17, du 2e volume de l'ouvrage cité Ce ne sont pas seulement les artérioles qui se dilatent des artères plus volumineuses se dilatent aussi leurs battements augmentent d'amplitude, d'autant plus qu'un certain nombre des capillaires auxquels elles conduisent le sang artériel se trouvent bientôt obturés par des concrétions sanguines, ou effacés par suite du gonflement du tissu extra-vasculaire et que l'obstacle ainsi opposé au cours du sang augmente là pression qu'il exerce contre les parois des artères dilatées. Voilà encore un argument que M. Vulpian nous fournit en faveur de ces excès d'impulsion qu'il ne veut pas admettre et contre la paralysie vasculaire qu'il suppose. Assurément, des artères paralysées ne reviendraient pas sur elles-mêmes, après chaque systole du coeur, avec assez d'énergie pour pré-senter cette augmentation qu'il signale dans l'amplitude de leurs battements. Mais cette amplitude des battements artériels mérite d'être considérée à un autre point de vue. Elle indique qu'il existe, dans ce cas, plus de diffé-rence, que dans l'état hygiénique, entre le diamètre de l'artère contractée et celui qu'elle acquiert au moment de sa dilatation. De là il résulte qu'au moment où elle se contracte, c'est-à-dire pendant chaque diastole du coeur, elle chasse, dans ses divisions, plus de sang qu'à l'ordinaire, ce qui produit nécessairement-la distension des capillaires, l'augmentation de la tension artérielle,, l'infiltration de lymphe plastique et de sang dans le tissu conjonctif, le gonflement et la tension de toute la partie enflammée et même des parties circonvoisines, le tiraillement douloureux des filets nerveux qui s'y trouvent, la rougeur, la chaleur, en un mot tous les phénomènes les plus saillants de l'inflammation. Quant aux actes les plus intimes, ce sont les actes habituels de la nutrition, mais plus ou moins troublés, suivant que l'action des nerfs et des vaisseaux l'est elle-même plus ou moins. 10° Il dit, p. 239, 1. 32, de ses LEÇONS SUR LES MALADIES DU SYSTÈME NERVEUX Il faut noter que la leuco-myélite systématique secondaire, ascendante ou descendante, est vraisemblablement précédée par un travail d'atrophie des fibres nerveuses. L'irritation inflammatoire de la gangue interstitielle ne naît qu'après le début de ce travail. C'est encore là une hypothèse qui ne pourra jamais être fondée sur l'obser-vation et qui est en contradiction, non-seulement avec les causes de la maladie, mais encore avec ce qui se passe sous nos yeux. Bien souvent, dans les maladies chirurgicales, nous voyons l'atrophie succéder à l'inflammation. Jamais nous ne voyons l'inflammation être déterminée par l'atrophie. Pour-quoi en serait-il autrement dans les maladies de la moelle épinière ? Or, c'est précisément cette hypothèse inadmissible d'une atrophie des cordons blancs postérieurs de la moelle épinière précédant leur inflammation, qui, étendue, par d'autres médecins, à tous les cas d'ataxie locomotrice, fait considérer cette affection comme fatalement incurable et empêche qu'on essaie de la traiter par des moyens franchement antiphlogistiques qui, | VI@-taticms d'impulsion dans des parties plus ou moins étendues du système sanguin, ni sur leur existence dans les affections que j'ai indiquées plus haut. 90 Il dit, page 482, ligne 17, du 2e volume de l'ouvrage cité Ce ne sont pas seulement les artérioles qui se dilatent des artères plus volumineuses se dilatent aussi leurs battements augmentent d'amplitude, d'autant plus qu'un certain nombre des capillaires auxquels elles conduisent le sang artériel se trouvent bientôt obturés par des concrétions sanguines, ou effacés par suite du gonflement du tissu extra-vasculaire et que l'obstacle ainsi opposé au cours du sang augmente là pression qu'il exerce contre les parois des artères dilatées.@@@@ Voilà encore un argument que M. Vulpian nous fournit en faveur de ces excès d'impulsion qu'il ne veut pas admettre et contre la paralysie vasculaire qu'il suppose. Assurément, des artères paralysées ne reviendraient pas sur elles-mêmes, après chaque systole du coeur, avec assez d'énergie pour pré-senter cette augmentation qu'il signale dans l'amplitude de leurs battements. Mais cette amplitude des battements artériels mérite d'être considérée à un autre point de vue. Elle indique qu'il existe, dans ce cas, plus de diffé-rence, que dans l'état hygiénique, entre le diamètre de l'artère contractée et celui qu'elle acquiert au moment de sa dilatation. De là il résulte qu'au moment où elle se contracte, c'est-à-dire pendant chaque diastole du coeur, elle chasse, dans ses divisions, plus de sang qu'à l'ordinaire, ce qui produit nécessairement-la distension des capillaires, l'augmentation de la tension artérielle,, l'infiltration de lymphe plastique et de sang dans le tissu conjonctif, le gonflement et la tension de toute la partie enflammée et même des parties circonvoisines, le tiraillement douloureux des filets nerveux qui s'y trouvent, la rougeur, la chaleur, en un mot tous les phénomènes les plus saillants de l'inflammation. Quant aux actes les plus intimes, ce sont les actes habituels de la nutrition, mais plus ou moins troublés, suivant que l'action des nerfs et des vaisseaux l'est elle-même plus ou moins. 10° Il dit, p. 239, 1. 32, de ses LEÇONS SUR LES MALADIES DU SYSTÈME NERVEUX Il faut noter que la leuco-myélite systématique secondaire, ascendante ou descendante, est vraisemblablement précédée par un travail d'atrophie des fibres nerveuses. L'irritation inflammatoire de la gangue interstitielle ne naît qu'après le début de ce travail. C'est encore là une hypothèse qui ne pourra jamais être fondée sur l'obser-vation et qui est en contradiction, non-seulement avec les causes de la maladie, mais encore avec ce qui se passe sous nos yeux. Bien souvent, dans les maladies chirurgicales, nous voyons l'atrophie succéder à l'inflammation. Jamais nous ne voyons l'inflammation être déterminée par l'atrophie. Pour-quoi en serait-il autrement dans les maladies de la moelle épinière ? Or, c'est précisément cette hypothèse inadmissible d'une atrophie des cordons blancs postérieurs de la moelle épinière précédant leur inflammation, qui, étendue, par d'autres médecins, à tous les cas d'ataxie locomotrice, fait considérer cette affection comme fatalement incurable et empêche qu'on essaie de la traiter par des moyens franchement antiphlogistiques qui, | VI -tations d'impulsion dans des parties plus ou moins étendues du système sanguin, ni sur leur existence dans les affections que j'ai indiquées plus haut. 9° Il dit, page 482, ligne 17, du 2e volume de l'ouvrage cité Ce ne sont pas seulement les artérioles qui se dilatent des artères plus volumineuses se dilatent aussi leurs battements augmentent d'amplitude, d'autant plus qu'un certain nombre des capillaires auxquels elles conduisent le sang artériel se trouvent bientôt obturés par des concrétions sanguines, ou effacés par suite du gonflement du tissu extra-vasculaire et que l'obstacle ainsi opposé au cours du sang augmente la pression qu'il exerce contre les parois des artères dilatées..... Voilà encore un argument que M. Vulpian nous fournit en faveur de ces excès d'impulsion qu'il ne veut pas admettre et contre la paralysie vasculaire qu'il suppose. Assurément, des artères paralysées ne reviendraient pas sur elles-mêmes, après chaque systole du coeur, avec assez d'énergie pour pré-senter cette augmentation qu'il signale dans l'amplitude de leurs battements. Mais cette amplitude des battements artériels mérite d'être considérée à un autre point de vue. Elle indique qu'il existe, dans ce cas, plus de diffé-rence, que dans l'état hygiénique, entre le diamètre de l'artère contractée et celui qu'elle acquiert au moment de sa dilatation. De là il résulte qu'au moment où elle se contracte, c'est-à-dire pendant chaque diastole du coeur, elle chasse, dans ses divisions, plus de sang qu'à l'ordinaire, ce qui produit nécessairement la distension des capillaires, l'augmentation de la tension artérielle@, l'infiltration de lymphe plastique et de sang dans le tissu conjonctif, le gonflement et la tension de toute la partie enflammée et même des parties circonvoisines, le tiraillement douloureux des filets nerveux qui s'y trouvent, la rougeur, la chaleur, en un mot tous les phénomènes les plus saillants de l'inflammation. Quant aux actes les plus intimes, ce sont les actes habituels de la nutrition, mais plus ou moins troublés, suivant que l'action des nerfs et des vaisseaux l'est elle-même plus ou moins. 10° Il dit, p. 239, 1. 32, de ses LEÇONS SUR LES MALADIES DU SYSTÈME NERVEUX Il faut noter que la leuco-myélite systématique secondaire, ascendante ou descendante, est vraisemblablement précédée par un travail d'atrophie des fibres nerveuses. L'irritation inflammatoire de la gangue interstitielle ne naît qu'après le début de ce travail. C'est encore là une hypothèse qui ne pourra jamais être fondée sur l'obser-vation et qui est en contradiction, non seulement avec les causes de la maladie, mais encore avec ce qui se passe sous nos yeux. Bien souvent, dans les maladies chirurgicales, nous voyons l'atrophie succéder à l'inflammation. Jamais nous ne voyons l'inflammation être déterminée par l'atrophie. Pour-quoi en serait-il autrement dans les maladies de la moelle épinière ? Or, c'est précisément cette hypothèse inadmissible d'une atrophie des cordons blancs postérieurs de la moelle épinière précédant leur inflammation, qui, étendue, par d'autres médecins, à tous les cas d'ataxie locomotrice, fait considérer cette affection comme fatalement incurable et empêche qu'on essaie de la traiter par des moyens franchement antiphlogistiques qui, | VI -tations d'impulsion dans des parties plus ou moins étendues du système sanguin, ni sur leur existence dans les affections que j'ai indiquées plus haut. 9° Il dit, page 482, ligne 17, du 2e volume de l'ouvrage cité Ce ne sont pas seulement les artérioles qui se dilatent des artères plus volumineuses se dilatent aussi leurs battements augmentent d'amplitude, d'autant plus qu'un certain nombre des capillaires auxquels elles conduisent le sang artériel se trouvent bientôt obturés par des concrétions sanguines, ou effacés par suite du gonflement du tissu extra-vasculaire et que l'obstacle ainsi opposé au cours du sang augmente la pression qu'il exerce contre les parois des artères dilatées..... Voilà encore un argument que M. Vulpian nous fournit en faveur de ces excès d'impulsion qu'il ne veut pas admettre et contre la paralysie vasculaire qu'il suppose. Assurément, des artères paralysées ne reviendraient pas sur elles-mêmes, après chaque systole du coeur, avec assez d'énergie pour pré-senter cette augmentation qu'il signale dans l'amplitude de leurs battements. Mais cette amplitude des battements artériels mérite d'être considérée à un autre point de vue. Elle indique qu'il existe, dans ce cas, plus de diffé-rence, que dans l'état hygiénique, entre le diamètre de l'artère contractée et celui qu'elle acquiert au moment de sa dilatation. De là il résulte qu'au moment où elle se contracte, c'est-à-dire pendant chaque diastole du coeur, elle chasse, dans ses divisions, plus de sang qu'à l'ordinaire, ce qui produit nécessairement la distension des capillaires, l'augmentation de la tension artérielle@, l'infiltration de lymphe plastique et de sang dans le tissu conjonctif, le gonflement et la tension de toute la partie enflammée et même des parties circonvoisines, le tiraillement douloureux des filets nerveux qui s'y trouvent, la rougeur, la chaleur, en un mot tous les phénomènes les plus saillants de l'inflammation. Quant aux actes les plus intimes, ce sont les actes habituels de la nutrition, mais plus ou moins troublés, suivant que l'action des nerfs et des vaisseaux l'est elle-même plus ou moins. 10° Il dit, p. 239, 1. 32, de ses LEÇONS SUR LES MALADIES DU SYSTÈME NERVEUX Il faut noter que la leuco-myélite systématique secondaire, ascendante ou descendante, est vraisemblablement précédée par un travail d'atrophie des fibres nerveuses. L'irritation inflammatoire de la gangue interstitielle ne naît qu'après le début de ce travail. C'est encore là une hypothèse qui ne pourra jamais être fondée sur l'obser-vation et qui est en contradiction, non seulement avec les causes de la maladie, mais encore avec ce qui se passe sous nos yeux. Bien souvent, dans les maladies chirurgicales, nous voyons l'atrophie succéder à l'inflammation. Jamais nous ne voyons l'inflammation être déterminée par l'atrophie. Pour-quoi en serait-il autrement dans les maladies de la moelle épinière ? Or, c'est précisément cette hypothèse inadmissible d'une atrophie des cordons blancs postérieurs de la moelle épinière précédant leur inflammation, qui, étendue, par d'autres médecins, à tous les cas d'ataxie locomotrice, fait considérer cette affection comme fatalement incurable et empêche qu'on essaie de la traiter par des moyens franchement antiphlogistiques qui, | VI -tations d'impulsion dans des parties plus ou moins étendues du système sanguin, ni sur leur existence dans les affections que j'ai indiquées plus haut. 9° Il dit, page 482, ligne 17, du 2e volume de l'ouvrage cité Ce ne sont pas seulement les artérioles qui se dilatent des artères plus volumineuses se dilatent aussi leurs battements augmentent d'amplitude, d'autant plus qu'un certain nombre des capillaires auxquels elles conduisent le sang artériel se trouvent bientôt obturés par des concrétions sanguines, ou effacés par suite du gonflement du tissu extra-vasculaire et que l'obstacle ainsi opposé au cours du sang augmente la pression qu'il exerce contre les parois des artères dilatées..... Voilà encore un argument que M. Vulpian nous fournit en faveur de ces excès d'impulsion qu'il ne veut pas admettre et contre la paralysie vasculaire qu'il suppose. Assurément, des artères paralysées ne reviendraient pas sur elles-mêmes, après chaque systole du coeur, avec assez d'énergie pour pré-senter cette augmentation qu'il signale dans l'amplitude de leurs battements. Mais cette amplitude des battements artériels mérite d'être considérée à un autre point de vue. Elle indique qu'il existe, dans ce cas, plus de diffé-rence, que dans l'état hygiénique, entre le diamètre de l'artère contractée et celui qu'elle acquiert au moment de sa dilatation. De là il résulte qu'au moment où elle se contracte, c'est-à-dire pendant chaque diastole du coeur, elle chasse, dans ses divisions, plus de sang qu'à l'ordinaire, ce qui produit nécessairement la distension des capillaires, l'augmentation de la tension artérielle, l'infiltration de lymphe plastique et de sang dans le tissu conjonctif, le gonflement et la tension de toute la partie enflammée et même des parties circonvoisines, le tiraillement douloureux des filets nerveux qui s'y trouvent, la rougeur, la chaleur, en un mot tous les phénomènes les plus saillants de l'inflammation. Quant aux actes les plus intimes, ce sont les actes habituels de la nutrition, mais plus ou moins troublés, suivant que l'action des nerfs et des vaisseaux l'est elle-même plus ou moins. 10° Il dit, p. 239, 1. 32, de ses LEÇONS SUR LES MALADIES DU SYSTÈME NERVEUX Il faut noter que la leuco-myélite systématique secondaire, ascendante ou descendante, est vraisemblablement précédée par un travail d'atrophie des fibres nerveuses. L'irritation inflammatoire de la gangue interstitielle ne naît qu'après le début de ce travail. C'est encore là une hypothèse qui ne pourra jamais être fondée sur l'obser-vation et qui est en contradiction, non seulement avec les causes de la maladie, mais encore avec ce qui se passe sous nos yeux. Bien souvent, dans les maladies chirurgicales, nous voyons l'atrophie succéder à l'inflammation. Jamais nous ne voyons l'inflammation être déterminée par l'atrophie. Pour-quoi en serait-il autrement dans les maladies de la moelle épinière ? Or, c'est précisément cette hypothèse inadmissible d'une atrophie des cordons blancs postérieurs de la moelle épinière précédant leur inflammation, qui, étendue, par d'autres médecins, à tous les cas d'ataxie locomotrice, fait considérer cette affection comme fatalement incurable et empêche qu'on essaie de la traiter par des moyens franchement antiphlogistiques qui, | 12 | 0.003654 | 0.023173 |
844.txt | 1,858 | 150 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. ajoutaient un nouveau prix. Il n'était pas jusqu'à la toilette qui ne valût, dans sa simplicité, tous les raffinements de l'art. Mieux que personne, Ludovic appréciait de tels avan-tages il n'aimait ni les colifichets ni le clinquant, préférait la robe d'indienne aux robes de soie et une collerette bien blanche à des rubans fanés. Est-il nécessaire de dire ce qui s'en suivit? C'est une his-toire aussi vieille que le monde et un chapitre ,de plus ajouté à l'éternel roman des amours. Le coeur de Ludovic franchit bientôt la distance qu'avait franchie son regard, et en vain eût-il essayé de le ressaisir. Les Pandectes en souffraient déjà, et l'imagination du jeune homme s'en allait bien loin des Institutes. Non pas qu'il se montrât moins exact aux .cours, ni moins attentif aux leçons des professeurs mais, sitôt rentré, il courait vers sa croisée, et là, malgré lui, il tombait dans une sorte d'extase. Point de mouvement qui lui échappât, point d'acte qui lui fût indifférent. Afin d'être plus à portée, il avait installé sa table de travail en face même du siège de sa voisine il la tenait comme en arrêt son oeil ne quittait ses livres que pour plonger sur elle. Il -s'enivrait ainsi de sa vue, et quand par hasard elle disparais-sait, il lui semblait qu'un vide se faisait autour de lui et que - l'air manquait à sa poitrine. Au début, la jeune fille ne remarqua rien de ces savantes manoeuvres, ou tout au moins feignit-elle de n'en rien re-marquer. On eût même juré qu'elle cherchait à les déjouer par un maintien plus réservé encore et une plus grande ap-plication à sa besogne. Au lieu de tenir sa chaise rapprochée de l'appui de la fenêtre, comme elle l'avait fait jusque-là, elle la plaça désormais à une distance plus grande et se fit un abri plus impénétrable de la verdure dont elle était envi-ronnée. Ces précautions jetèrent Ludovic dans un certain em-barras. Était-ce une alarme sincère de la pudeur ou bien le mouvement d'une Galatée qui fuit vers les saules et se cache pour exciter un poursuivant ? 11 l'ignorait peut-être l'ignorait-elle aussi. Ces ruses de l'amour n'étaient pas de leur âge ils n'y mettaient ni tant d'apprêt, ni tant de calcul. Seulement le jeune homme y vit un reproche à son adresse et un châtiment de son indiscrétion. A son tour, il y apporta | 150 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. ajoutaient un nouveau prix. Il n'était pas jusqu'à la toilette qui ne valût, dans sa simplicité, tous les raffinements de l'art. Mieux que personne, Ludovic appréciait de tels avan-tages il n'aimait ni les colifichets ni le clinquant, préférait la robe d'indienne aux robes de soie et une collerette bien blanche à des rubans fanés. Est-il nécessaire de dire ce qui s'en suivit@? C'est une his-toire aussi vieille que le monde et un chapitre ,de plus ajouté à l'éternel roman des amours. Le coeur de Ludovic franchit bientôt la distance qu'avait franchie son regard, et en vain eût-il essayé de le ressaisir. Les Pandectes en souffraient déjà, et l'imagination du jeune homme s'en allait bien loin des Institutes. Non pas qu'il se montrât moins exact aux .cours, ni moins attentif aux leçons des professeurs mais, sitôt rentré, il courait vers sa croisée, et là, malgré lui, il tombait dans une sorte d'extase. Point de mouvement qui lui échappât, point d'acte qui lui fût indifférent. Afin d'être plus à portée, il avait installé sa table de travail en face même du siège de sa voisine il la tenait comme en arrêt son oeil ne quittait ses livres que pour plonger sur elle. Il -s'enivrait ainsi de sa vue, et quand par hasard elle disparais-sait, il lui semblait qu'un vide se faisait autour de lui et que - l'air manquait à sa poitrine. Au début, la jeune fille ne remarqua rien de ces savantes manoeuvres, ou tout au moins feignit-elle de n'en rien re-marquer. On eût même juré qu'elle cherchait à les déjouer par un maintien plus réservé encore et une plus grande ap-plication à sa besogne. Au lieu de tenir sa chaise rapprochée de l'appui de la fenêtre, comme elle l'avait fait jusque-là, elle la plaça désormais à une distance plus grande et se fit un abri plus impénétrable de la verdure dont elle était envi-ronnée. Ces précautions jetèrent Ludovic dans un certain em-barras. Était-ce une alarme sincère de la pudeur ou bien le mouvement d'une Galatée qui fuit vers les saules et se cache pour exciter un poursuivant ? 11 l'ignorait peut-être l'ignorait-elle aussi. Ces ruses de l'amour n'étaient pas de leur âge ils n'y mettaient ni tant d'apprêt, ni tant de calcul. Seulement le jeune homme y vit un reproche à son adresse et un châtiment de son indiscrétion. A son tour, il y apporta | 150 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. ajoutaient un nouveau prix. Il n'était pas jusqu'à la toilette qui ne valût, dans sa simplicité, tous les raffinements de l'art. Mieux que personne, Ludovic appréciait de tels avan-tages il n'aimait ni les colifichets ni le clinquant, préférait la robe d'indienne aux robes de soie et une collerette bien blanche à des rubans fanés. Est-il nécessaire de dire ce qui s'en suivit ? C'est une his-toire aussi vieille que le monde et un chapitre @de plus ajouté à l'éternel roman des amours. Le coeur de Ludovic franchit bientôt la distance qu'avait franchie son regard, et en vain eût-il essayé de le ressaisir. Les Pandectes en souffraient déjà, et l'imagination du jeune homme s'en allait bien loin des Institutes. Non pas qu'il se montrât moins exact aux @cours, ni moins attentif aux leçons des professeurs mais, sitôt rentré, il courait vers sa croisée, et là, malgré lui, il tombait dans une sorte d'extase. Point de mouvement qui lui échappât, point d'acte qui lui fût indifférent. Afin d'être plus à portée, il avait installé sa table de travail en face même du siége de sa voisine il la tenait comme en arrêt son oeil ne quittait ses livres que pour plonger sur elle. Il @s'enivrait ainsi de sa vue, et quand par hasard elle disparais-sait, il lui semblait qu'un vide se faisait autour de lui et que@@ l'air manquait à sa poitrine. Au début, la jeune fille ne remarqua rien de ces savantes manoeuvres, ou tout au moins feignit-elle de n'en rien re-marquer. On eût même juré qu'elle cherchait à les déjouer par un maintien plus réservé encore et une plus grande ap-plication à sa besogne. Au lieu de tenir sa chaise rapprochée de l'appui de la fenêtre, comme elle l'avait fait jusque-là, elle la plaça désormais à une distance plus grande et se fit un abri plus impénétrable de la verdure dont elle était envi-ronnée. Ces précautions jetèrent Ludovic dans un certain em-barras. Était-ce une alarme sincère de la pudeur ou bien le mouvement d'une Galatée qui fuit vers les saules et se cache pour exciter un poursuivant ? Il l'ignorait peut-être l'ignorait-elle aussi. Ces ruses de l'amour n'étaient pas de leur âge ils n'y mettaient ni tant d'apprêt, ni tant de calcul. Seulement le jeune homme y vit un reproche à son adresse et un châtiment de son indiscrétion. A son tour, il y apporta | 150 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. ajoutaient un nouveau prix. Il n'était pas jusqu'à la toilette qui ne valût, dans sa simplicité, tous les raffinements de l'art. Mieux que personne, Ludovic appréciait de tels avan-tages il n'aimait ni les colifichets ni le clinquant, préférait la robe d'indienne aux robes de soie et une collerette bien blanche à des rubans fanés. Est-il nécessaire de dire ce qui s'en suivit ? C'est une his-toire aussi vieille que le monde et un chapitre @de plus ajouté à l'éternel roman des amours. Le coeur de Ludovic franchit bientôt la distance qu'avait franchie son regard, et en vain eût-il essayé de le ressaisir. Les Pandectes en souffraient déjà, et l'imagination du jeune homme s'en allait bien loin des Institutes. Non pas qu'il se montrât moins exact aux @cours, ni moins attentif aux leçons des professeurs mais, sitôt rentré, il courait vers sa croisée, et là, malgré lui, il tombait dans une sorte d'extase. Point de mouvement qui lui échappât, point d'acte qui lui fût indifférent. Afin d'être plus à portée, il avait installé sa table de travail en face même du siége de sa voisine il la tenait comme en arrêt son oeil ne quittait ses livres que pour plonger sur elle. Il @s'enivrait ainsi de sa vue, et quand par hasard elle disparais-sait, il lui semblait qu'un vide se faisait autour de lui et que@@ l'air manquait à sa poitrine. Au début, la jeune fille ne remarqua rien de ces savantes manoeuvres, ou tout au moins feignit-elle de n'en rien re-marquer. On eût même juré qu'elle cherchait à les déjouer par un maintien plus réservé encore et une plus grande ap-plication à sa besogne. Au lieu de tenir sa chaise rapprochée de l'appui de la fenêtre, comme elle l'avait fait jusque-là, elle la plaça désormais à une distance plus grande et se fit un abri plus impénétrable de la verdure dont elle était envi-ronnée. Ces précautions jetèrent Ludovic dans un certain em-barras. Était-ce une alarme sincère de la pudeur ou bien le mouvement d'une Galatée qui fuit vers les saules et se cache pour exciter un poursuivant ? Il l'ignorait peut-être l'ignorait-elle aussi. Ces ruses de l'amour n'étaient pas de leur âge ils n'y mettaient ni tant d'apprêt, ni tant de calcul. Seulement le jeune homme y vit un reproche à son adresse et un châtiment de son indiscrétion. A son tour, il y apporta | 150 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. ajoutaient un nouveau prix. Il n'était pas jusqu'à la toilette qui ne valût, dans sa simplicité, tous les raffinements de l'art. Mieux que personne, Ludovic appréciait de tels avan-tages il n'aimait ni les colifichets ni le clinquant, préférait la robe d'indienne aux robes de soie et une collerette bien blanche à des rubans fanés. Est-il nécessaire de dire ce qui s'en suivit ? C'est une his-toire aussi vieille que le monde et un chapitre de plus ajouté à l'éternel roman des amours. Le coeur de Ludovic franchit bientôt la distance qu'avait franchie son regard, et en vain eût-il essayé de le ressaisir. Les Pandectes en souffraient déjà, et l'imagination du jeune homme s'en allait bien loin des Institutes. Non pas qu'il se montrât moins exact aux cours, ni moins attentif aux leçons des professeurs mais, sitôt rentré, il courait vers sa croisée, et là, malgré lui, il tombait dans une sorte d'extase. Point de mouvement qui lui échappât, point d'acte qui lui fût indifférent. Afin d'être plus à portée, il avait installé sa table de travail en face même du siége de sa voisine il la tenait comme en arrêt son oeil ne quittait ses livres que pour plonger sur elle. Il s'enivrait ainsi de sa vue, et quand par hasard elle disparais-sait, il lui semblait qu'un vide se faisait autour de lui et que l'air manquait à sa poitrine. Au début, la jeune fille ne remarqua rien de ces savantes manoeuvres, ou tout au moins feignit-elle de n'en rien re-marquer. On eût même juré qu'elle cherchait à les déjouer par un maintien plus réservé encore et une plus grande ap-plication à sa besogne. Au lieu de tenir sa chaise rapprochée de l'appui de la fenêtre, comme elle l'avait fait jusque-là, elle la plaça désormais à une distance plus grande et se fit un abri plus impénétrable de la verdure dont elle était envi-ronnée. Ces précautions jetèrent Ludovic dans un certain em-barras. Était-ce une alarme sincère de la pudeur ou bien le mouvement d'une Galatée qui fuit vers les saules et se cache pour exciter un poursuivant ? Il l'ignorait peut-être l'ignorait-elle aussi. Ces ruses de l'amour n'étaient pas de leur âge ils n'y mettaient ni tant d'apprêt, ni tant de calcul. Seulement le jeune homme y vit un reproche à son adresse et un châtiment de son indiscrétion. A son tour, il y apporta | 9 | 0.003871 | 0.020134 |
38.txt | 1,863 | -52 -de mariages, et à ceux surtout où les parents consultent moins Dieu que leur ambition, ne manqua pas d'arriver ces premières dou-ceurs ne furent qu'un éclair, qui n'a pas plus tôt brillé , qu'il est suivi du tonnerre et de la foudre. Et si jamais on donne l'histoire des maris fameux par leur barbarie l'histoire qu'un volume n'épuisera pas , le sieur Du-bois y fera un personnage distingué heureu-sement, et grâce aux prières de son épouse, il ne le soutiendra pas jusqu'à la fin. Je ne suivrai pas ce monstre dans toutes les horreurs dont il se rendit coupable il est des détails qui coûtent à l'humanité. Je me con-tenterai donc de me transcrire moi-même, et de répéter ici ce que j'en ai dit dans un ou-vrage. Le voici, on peut compter que ce n'est qu'un très-faible abrégé. Au bout de quelques mois, la scène chan-gea. L'affection feinte ou réelle du nouveau mari disparut, et rien ne fut capable de la ramener. Ni la douceur, ni la complaisance, ni les grâces de sa femme, né purent toucher ce coeur indomptable. Il n'eut pour elle qu'une aversion pleine de mépris. Il donnait à d'au-tres , et sous ses propres yeux, les marques de tendresse qu'il lui dérobait. Malgré son | -52 -de mariages, et à ceux surtout où les parents consultent moins Dieu que leur ambition, ne manqua pas d'arriver ces premières dou-ceurs ne furent qu'un éclair, qui n'a pas plus tôt brillé , qu'il est suivi du tonnerre et de la foudre. Et si jamais on donne l'histoire des maris fameux par leur barbarie l'histoire qu'un volume n'épuisera pas , le sieur Du-bois y fera un personnage distingué heureu-sement, et grâce aux prières de son épouse, il ne le soutiendra pas jusqu'à la fin. Je ne suivrai pas ce monstre dans toutes les horreurs dont il se rendit coupable il est des détails qui coûtent à l'humanité. Je me con-tenterai donc de me transcrire moi-même, et de répéter ici ce que j'en ai dit dans un ou-vrage. Le voici, on peut compter que ce n'est qu'un très-faible abrégé. Au bout de quelques mois, la scène chan-gea. L'affection feinte ou réelle du nouveau mari disparut, et rien ne fut capable de la ramener. Ni la douceur, ni la complaisance, ni les grâces de sa femme, né purent toucher ce coeur indomptable. Il n'eut pour elle qu'une aversion pleine de mépris. Il donnait à d'au-tres , et sous ses propres yeux, les marques de tendresse qu'il lui dérobait. Malgré son | ####### mariages, et à ceux surtout où les parents consultent moins Dieu que leur ambition, ne manqua pas d'arriver ces premières dou-ceurs ne furent qu'un éclair, qui n'a pas plus tôt brillé , qu'il est suivi du tonnerre et de la foudre. Et si jamais on donne l'histoire des maris fameux par leur barbarie l'histoire qu'un volume n'épuisera pas , le sieur Du-bois y fera un personnage distingué heureu-sement, et grâce aux prières de son épouse, il ne le soutiendra pas jusqu'à la fin. Je ne suivrai pas ce monstre dans toutes les horreurs dont il se rendit coupable il est des détails qui coûtent à l'humanité. Je me con-tenterai donc de me transcrire moi-même, et de répéter ici ce que j'en ai dit dans un ou-vrage. Le voici, on peut compter que ce n'est qu'un très-faible abrégé. Au bout de quelques mois, la scène chan-gea. L'affection feinte ou réelle du nouveau mari disparut, et rien ne fut capable de la ramener. Ni la douceur, ni la complaisance, ni les grâces de sa femme, ne purent toucher ce coeur indomptable. Il n'eut pour elle qu'une aversion pleine de mépris. Il donnait à d'au-tres , et sous ses propres yeux, les marques de tendresse qu'il lui dérobait. Malgré son | -52 -de mariages, et à ceux surtout où les parents consultent moins Dieu que leur ambition, ne manqua pas d'arriver ces premières dou-ceurs ne furent qu'un éclair, qui n'a pas plus tôt brillé , qu'il est suivi du tonnerre et de la foudre. Et si jamais on donne l'histoire des maris fameux par leur barbarie l'histoire qu'un volume n'épuisera pas , le sieur Du-bois y fera un personnage distingué heureu-sement, et grâce aux prières de son épouse, il ne le soutiendra pas jusqu'à la fin. Je ne suivrai pas ce monstre dans toutes les horreurs dont il se rendit coupable il est des détails qui coûtent à l'humanité. Je me con-tenterai donc de me transcrire moi-même, et de répéter ici ce que j'en ai dit dans un ou-vrage. Le voici, on peut compter que ce n'est qu'un très-faible abrégé. Au bout de quelques mois, la scène chan-gea. L'affection feinte ou réelle du nouveau mari disparut, et rien ne fut capable de la ramener. Ni la douceur, ni la complaisance, ni les grâces de sa femme, ne purent toucher ce coeur indomptable. Il n'eut pour elle qu'une aversion pleine de mépris. Il donnait à d'au-tres , et sous ses propres yeux, les marques de tendresse qu'il lui dérobait. Malgré son | -52 -de mariages, et à ceux surtout où les parents consultent moins Dieu que leur ambition, ne manqua pas d'arriver ces premières dou-ceurs ne furent qu'un éclair, qui n'a pas plus tôt brillé , qu'il est suivi du tonnerre et de la foudre. Et si jamais on donne l'histoire des maris fameux par leur barbarie l'histoire qu'un volume n'épuisera pas , le sieur Du-bois y fera un personnage distingué heureu-sement, et grâce aux prières de son épouse, il ne le soutiendra pas jusqu'à la fin. Je ne suivrai pas ce monstre dans toutes les horreurs dont il se rendit coupable il est des détails qui coûtent à l'humanité. Je me con-tenterai donc de me transcrire moi-même, et de répéter ici ce que j'en ai dit dans un ou-vrage. Le voici, on peut compter que ce n'est qu'un très-faible abrégé. Au bout de quelques mois, la scène chan-gea. L'affection feinte ou réelle du nouveau mari disparut, et rien ne fut capable de la ramener. Ni la douceur, ni la complaisance, ni les grâces de sa femme, ne purent toucher ce coeur indomptable. Il n'eut pour elle qu'une aversion pleine de mépris. Il donnait à d'au-tres , et sous ses propres yeux, les marques de tendresse qu'il lui dérobait. Malgré son | 1 | 0.000845 | 0.004237 |
878.txt | 1,858 | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 189 -Comment ne le croirais-je pas quand je vous vois si différente de ce que vous étiez? C'est bien la même bonté, mais ce n'est plus le même élan. Avouez-le, je vous suis suspect on m'a calomnié près de vous. - Pas le moins du monde, et ma confiance est ce qu'elle était. Toutes ces réponses étaient faites d'une voix ferme et af-fectueuse à la fois, et pourtant il y régnait quelque chose de contraint qui ne pouvait échapper à Ludovic. C'était si nou-veau chez la jeune fille, et plus nouvelle encore était l'affec-talion qu'elle avait mise à ne pas se montrer à la croisée. Ludovic insista donc. - Écoutez, Marguerite, lui dit-il il ne faut pas qu'il existe de nuage entre nous. Sans confiance, point d'affection véri-table. Vous allez tout savoir, et, s'il vous reste quelque pré-vention, vous me le direz. Voici comment les choses se sont passées. Il lui fit alors le récit des scènes de la veille, entra dans les moindres circonstances, celles du moins dont sa mémoire avait gardé l'impression, ne cacha rien de ses faiblesses et des suites qu'elles avaient eues, expliqua comment il n'avait cédé qu'à des obsessions réitérées, croyant en être quitte au bout de quelques minutes, et retenu ensuite malgré lui et à son corps défendant. Il raconta ce qu'il avait souffert pendant cette séance si prolongée et si fatale combien de fois sa pensée s'était envolée vers elle avec des élans d'impatience et un sentiment de regret puis, quelle amertume avait inondé son âme lorsqu'il avait compris l'impuissance où il était de tenir la promesse et de lui porter la nouvelle qui était d'un si grand intérêt pour leur bonheur commun. Il dit tout cela avec un aecent si vrai et si ému, dans un langage si plein de tendresse, que la jeune fille ne chercha plus à se contenir et laissa couler ses larmes. - Vous le voyez, dit Ludovic en finissant, tout ceci est de la fatalité. Avec plus d'expérience j'aurais pu mieux m'en défendre mais on s'est joué de moi comme on a voulu. J'ai eu affaire à des roués et je suis bien novice. C'est une leçon qui me profitera. Maintenant, Marguerite, si on avait déna-turé les faits en vous les racontant, j'espère qu'entre les deux versions vous préférerez la mienne. | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 189 -Comment ne le croirais-je pas quand je vous vois si différente de ce que vous étiez@? C'est bien la même bonté, mais ce n'est plus le même élan. Avouez-le, je vous suis suspect on m'a calomnié près de vous. - Pas le moins du monde, et ma confiance est ce qu'elle était. Toutes ces réponses étaient faites d'une voix ferme et af-fectueuse à la fois, et pourtant il y régnait quelque chose de contraint qui ne pouvait échapper à Ludovic. C'était si nou-veau chez la jeune fille, et plus nouvelle encore était l'affec-talion qu'elle avait mise à ne pas se montrer à la croisée. Ludovic insista donc. - Écoutez, Marguerite, lui dit-il il ne faut pas qu'il existe de nuage entre nous. Sans confiance, point d'affection véri-table. Vous allez tout savoir, et, s'il vous reste quelque pré-vention, vous me le direz. Voici comment les choses se sont passées. Il lui fit alors le récit des scènes de la veille, entra dans les moindres circonstances, celles du moins dont sa mémoire avait gardé l'impression, ne cacha rien de ses faiblesses et des suites qu'elles avaient eues, expliqua comment il n'avait cédé qu'à des obsessions réitérées, croyant en être quitte au bout de quelques minutes, et retenu ensuite malgré lui et à son corps défendant. Il raconta ce qu'il avait souffert pendant cette séance si prolongée et si fatale combien de fois sa pensée s'était envolée vers elle avec des élans d'impatience et un sentiment de regret puis, quelle amertume avait inondé son âme lorsqu'il avait compris l'impuissance où il était de tenir la promesse et de lui porter la nouvelle qui était d'un si grand intérêt pour leur bonheur commun. Il dit tout cela avec un aecent si vrai et si ému, dans un langage si plein de tendresse, que la jeune fille ne chercha plus à se contenir et laissa couler ses larmes. - Vous le voyez, dit Ludovic en finissant, tout ceci est de la fatalité. Avec plus d'expérience j'aurais pu mieux m'en défendre mais on s'est joué de moi comme on a voulu. J'ai eu affaire à des roués et je suis bien novice. C'est une leçon qui me profitera. Maintenant, Marguerite, si on avait déna-turé les faits en vous les racontant, j'espère qu'entre les deux versions vous préférerez la mienne. | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 189 -Comment ne le croirais-je pas quand je vous vois si différente de ce que vous étiez ? C'est bien la même bonté, mais ce n'est plus le même élan. Avouez-le, je vous suis suspect on m'a calomnié près de vous. -@Pas le moins du monde, et ma confiance est ce qu'elle était. Toutes ces réponses étaient faites d'une voix ferme et af-fectueuse à la fois, et pourtant il y régnait quelque chose de contraint qui ne pouvait échapper à Ludovic. C'était si nou-veau chez la jeune fille, et plus nouvelle encore était l'affec-tation qu'elle avait mise à ne pas se montrer à la croisée. Ludovic insista donc. -@Écoutez, Marguerite, lui dit-il il ne faut pas qu'il existe de nuage entre nous. Sans confiance, point d'affection véri-table. Vous allez tout savoir, et, s'il vous reste quelque pré-vention, vous me le direz. Voici comment les choses se sont passées. Il lui fit alors le récit des scènes de la veille, entra dans les moindres circonstances, celles du moins dont sa mémoire avait gardé l'impression, ne cacha rien de ses faiblesses et des suites qu'elles avaient eues, expliqua comment il n'avait cédé qu'à des obsessions réitérées, croyant en être quitte au bout de quelques minutes, et retenu ensuite malgré lui et à son corps défendant. Il raconta ce qu'il avait souffert pendant cette séance si prolongée et si fatale combien de fois sa pensée s'était envolée vers elle avec des élans d'impatience et un sentiment de regret puis, quelle amertume avait inondé son âme lorsqu'il avait compris l'impuissance où il était de tenir la promesse et de lui porter la nouvelle qui était d'un si grand intérêt pour leur bonheur commun. Il dit tout cela avec un accent si vrai et si ému, dans un langage si plein de tendresse, que la jeune fille ne chercha plus à se contenir et laissa couler ses larmes. -@Vous le voyez, dit Ludovic en finissant, tout ceci est de la fatalité. Avec plus d'expérience j'aurais pu mieux m'en défendre mais on s'est joué de moi comme on a voulu. J'ai eu affaire à des roués et je suis bien novice. C'est une leçon qui me profitera. Maintenant, Marguerite, si on avait déna-turé les faits en vous les racontant, j'espère qu'entre les deux versions vous préférerez la mienne. | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 189 -Comment ne le croirais-je pas quand je vous vois si différente de ce que vous étiez ? C'est bien la même bonté, mais ce n'est plus le même élan. Avouez-le, je vous suis suspect on m'a calomnié près de vous. -@Pas le moins du monde, et ma confiance est ce qu'elle était. Toutes ces réponses étaient faites d'une voix ferme et af-fectueuse à la fois, et pourtant il y régnait quelque chose de contraint qui ne pouvait échapper à Ludovic. C'était si nou-veau chez la jeune fille, et plus nouvelle encore était l'affec-tation qu'elle avait mise à ne pas se montrer à la croisée. Ludovic insista donc. -@Écoutez, Marguerite, lui dit-il il ne faut pas qu'il existe de nuage entre nous. Sans confiance, point d'affection véri-table. Vous allez tout savoir, et, s'il vous reste quelque pré-vention, vous me le direz. Voici comment les choses se sont passées. Il lui fit alors le récit des scènes de la veille, entra dans les moindres circonstances, celles du moins dont sa mémoire avait gardé l'impression, ne cacha rien de ses faiblesses et des suites qu'elles avaient eues, expliqua comment il n'avait cédé qu'à des obsessions réitérées, croyant en être quitte au bout de quelques minutes, et retenu ensuite malgré lui et à son corps défendant. Il raconta ce qu'il avait souffert pendant cette séance si prolongée et si fatale combien de fois sa pensée s'était envolée vers elle avec des élans d'impatience et un sentiment de regret puis, quelle amertume avait inondé son âme lorsqu'il avait compris l'impuissance où il était de tenir la promesse et de lui porter la nouvelle qui était d'un si grand intérêt pour leur bonheur commun. Il dit tout cela avec un accent si vrai et si ému, dans un langage si plein de tendresse, que la jeune fille ne chercha plus à se contenir et laissa couler ses larmes. -@Vous le voyez, dit Ludovic en finissant, tout ceci est de la fatalité. Avec plus d'expérience j'aurais pu mieux m'en défendre mais on s'est joué de moi comme on a voulu. J'ai eu affaire à des roués et je suis bien novice. C'est une leçon qui me profitera. Maintenant, Marguerite, si on avait déna-turé les faits en vous les racontant, j'espère qu'entre les deux versions vous préférerez la mienne. | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 189 -Comment ne le croirais-je pas quand je vous vois si différente de ce que vous étiez ? C'est bien la même bonté, mais ce n'est plus le même élan. Avouez-le, je vous suis suspect on m'a calomnié près de vous. -Pas le moins du monde, et ma confiance est ce qu'elle était. Toutes ces réponses étaient faites d'une voix ferme et af-fectueuse à la fois, et pourtant il y régnait quelque chose de contraint qui ne pouvait échapper à Ludovic. C'était si nou-veau chez la jeune fille, et plus nouvelle encore était l'affec-tation qu'elle avait mise à ne pas se montrer à la croisée. Ludovic insista donc. -Écoutez, Marguerite, lui dit-il il ne faut pas qu'il existe de nuage entre nous. Sans confiance, point d'affection véri-table. Vous allez tout savoir, et, s'il vous reste quelque pré-vention, vous me le direz. Voici comment les choses se sont passées. Il lui fit alors le récit des scènes de la veille, entra dans les moindres circonstances, celles du moins dont sa mémoire avait gardé l'impression, ne cacha rien de ses faiblesses et des suites qu'elles avaient eues, expliqua comment il n'avait cédé qu'à des obsessions réitérées, croyant en être quitte au bout de quelques minutes, et retenu ensuite malgré lui et à son corps défendant. Il raconta ce qu'il avait souffert pendant cette séance si prolongée et si fatale combien de fois sa pensée s'était envolée vers elle avec des élans d'impatience et un sentiment de regret puis, quelle amertume avait inondé son âme lorsqu'il avait compris l'impuissance où il était de tenir la promesse et de lui porter la nouvelle qui était d'un si grand intérêt pour leur bonheur commun. Il dit tout cela avec un accent si vrai et si ému, dans un langage si plein de tendresse, que la jeune fille ne chercha plus à se contenir et laissa couler ses larmes. -Vous le voyez, dit Ludovic en finissant, tout ceci est de la fatalité. Avec plus d'expérience j'aurais pu mieux m'en défendre mais on s'est joué de moi comme on a voulu. J'ai eu affaire à des roués et je suis bien novice. C'est une leçon qui me profitera. Maintenant, Marguerite, si on avait déna-turé les faits en vous les racontant, j'espère qu'entre les deux versions vous préférerez la mienne. | 6 | 0.002691 | 0.011442 |
893.txt | 1,858 | ai ou ION PEUT VOIR DAN S UNE RUE. 207 bienfait pour injure. Je vous ai donc suivi pas à pas, jour par jour, dans votre mansarde, dans votre étude, dans votre existence privée et publique. Vous êtes de verre pour moi j'ai une police qui vaut toutes celles du gouvernement. Qu'en est-il résulté ? que j'étais au Palais ce matin, et que je vous ai vu verser sur l'auditoire et sur la cour les flots de votre éloquence. Vous m'en voyez encore ému, grand homme, ému au point que j'éprouve le besoin de vous le témoigner par une accoladel Dans mes bras, Ludovic, dans mes bras ! Le jeune homme résista à l'appel, comme on le pense mais, au fond, il n'était pas fâché d'avoir sous la main un témoin qui pùt attester le succès de ses premières armes. Peu lui importaient les formes dont Melchior revêtait ses im-pressions, l'essentiel était que Marguerite apprît de sa bouche les détails d'une journée si honorable pour lui. Cette pensée fut une sorte de diversion à ses défiances il se sentit plus calme et comme radouci. - Sérieusement, dit-il en s'adressant au vétéran, vous étiez au Palais ce matin? - Vanrais-je su sans cela? répliqua celui-ci. Et puisque je vous en parle, ne fallait-il pas-que j'y fusse? Certes, j'ai plus d'un titre à la considération de mes eontemporains, et puis poser en plus d'un genre mais j'avoue que je ne suis ni devin, ni sorcier. Cette faculté me manque. J'étais donc au Palais, grand homme, et n'ai pas perdu une de vos syl-labes. Peste, comme' vous y alliez 1 Comme vous en déta-chiez, de ces textès d'arrêts 1 Comme vous trouviez Je fin du fin dans les commentaires ! Et une justice à vous rendre, c'est que vous n'avez pas même cité Justinien ! Je ne vous en ho-nore que plus, et c'est ce qui explique mon désir insensé de vous presser dans mes bras. Venez donc, venez. - Point d'excès, répondit Ludovic en se dérobant à l'é-treintp. - ABons 1 je vois que vous me boudez encore, grand homme. Ou plutôt l'odeur de vos lauriers vous monte au cer-veau vous faites le fier avec vos amis. Eh bien 1 franche-ment, il y a de quoi. - Quelle supposition ! - Je vous répète qu'il y a de quoi. A votre place, et après un exploit pareil, je regarderais le reste de l'univers comme | ai ou ION PEUT VOIR DAN S UNE RUE. 207 bienfait pour injure. Je vous ai donc suivi pas à pas, jour par jour, dans votre mansarde, dans votre étude, dans votre existence privée et publique. Vous êtes de verre pour moi j'ai une police qui vaut toutes celles du gouvernement. Qu'en est-il résulté ? que j'étais au Palais ce matin, et que je vous ai vu verser sur l'auditoire et sur la cour les flots de votre éloquence. Vous m'en voyez encore ému, grand homme, ému au point que j'éprouve le besoin de vous le témoigner par une accolade@l Dans mes bras, Ludovic, dans mes bras ! Le jeune homme résista à l'appel, comme on le pense mais, au fond, il n'était pas fâché d'avoir sous la main un témoin qui pùt attester le succès de ses premières armes. Peu lui importaient les formes dont Melchior revêtait ses im-pressions, l'essentiel était que Marguerite apprît de sa bouche les détails d'une journée si honorable pour lui. Cette pensée fut une sorte de diversion à ses défiances il se sentit plus calme et comme radouci. - Sérieusement, dit-il en s'adressant au vétéran, vous étiez au Palais ce matin@? - Vanrais-je su sans cela@? répliqua celui-ci. Et puisque je vous en parle, ne fallait-il pas-que j'y fusse@? Certes, j'ai plus d'un titre à la considération de mes eontemporains, et puis poser en plus d'un genre mais j'avoue que je ne suis ni devin, ni sorcier. Cette faculté me manque. J'étais donc au Palais, grand homme, et n'ai pas perdu une de vos syl-labes. Peste, comme' vous y alliez 1 Comme vous en déta-chiez, de ces textès d'arrêts 1 Comme vous trouviez Je fin du fin dans les commentaires ! Et une justice à vous rendre, c'est que vous n'avez pas même cité Justinien ! Je ne vous en ho-nore que plus, et c'est ce qui explique mon désir insensé de vous presser dans mes bras. Venez donc, venez. - Point d'excès, répondit Ludovic en se dérobant à l'é-treintp. - ABons 1 je vois que vous me boudez encore, grand homme. Ou plutôt l'odeur de vos lauriers vous monte au cer-veau vous faites le fier avec vos amis. Eh bien 1 franche-ment, il y a de quoi. - Quelle supposition ! - Je vous répète qu'il y a de quoi. A votre place, et après un exploit pareil, je regarderais le reste de l'univers comme | ######### PEUT VOIR DAN@S UNE RUE. 207 bienfait pour injure. Je vous ai donc suivi pas à pas, jour par jour, dans votre mansarde, dans votre étude, dans votre existence privée et publique. Vous êtes de verre pour moi j'ai une police qui vaut toutes celles du gouvernement. Qu'en est-il résulté ? que j'étais au Palais ce matin, et que je vous ai vu verser sur l'auditoire et sur la cour les flots de votre éloquence. Vous m'en voyez encore ému, grand homme, ému au point que j'éprouve le besoin de vous le témoigner par une accolade ! Dans mes bras, Ludovic, dans mes bras ! Le jeune homme résista à l'appel, comme on le pense mais, au fond, il n'était pas fâché d'avoir sous la main un témoin qui pût attester le succès de ses premières armes. Peu lui importaient les formes dont Melchior revêtait ses im-pressions, l'essentiel était que Marguerite apprît de sa bouche les détails d'une journée si honorable pour lui. Cette pensée fut une sorte de diversion à ses défiances il se sentit plus calme et comme radouci. -@Sérieusement, dit-il en s'adressant au vétéran, vous étiez au Palais ce matin ? -L'aurais-je su sans cela ? répliqua celui-ci. Et puisque je vous en parle, ne fallait-il pas que j'y fusse ? Certes, j'ai plus d'un titre à la considération de mes contemporains, et puis poser en plus d'un genre mais j'avoue que je ne suis ni devin, ni sorcier. Cette faculté me manque. J'étais donc au Palais, grand homme, et n'ai pas perdu une de vos syl-labes. Peste, comme@ vous y alliez ! Comme vous en déta-chiez, de ces textes d'arrêts ! Comme vous trouviez le fin du fin dans les commentaires ! Et une justice à vous rendre, c'est que vous n'avez pas même cité Justinien ! Je ne vous en ho-nore que plus, et c'est ce qui explique mon désir insensé de vous presser dans mes bras. Venez donc, venez. -@Point d'excès, répondit Ludovic en se dérobant à l'é-treinte. -Allons ! je vois que vous me boudez encore, grand homme. Ou plutôt l'odeur de vos lauriers vous monte au cer-veau vous faites le fier avec vos amis. Eh bien ! franche-ment, il y a de quoi. -@Quelle supposition ! -@Je vous répète qu'il y a de quoi. A votre place, et après un exploit pareil, je regarderais le reste de l'univers comme | ai ou ION PEUT VOIR DAN@S UNE RUE. 207 bienfait pour injure. Je vous ai donc suivi pas à pas, jour par jour, dans votre mansarde, dans votre étude, dans votre existence privée et publique. Vous êtes de verre pour moi j'ai une police qui vaut toutes celles du gouvernement. Qu'en est-il résulté ? que j'étais au Palais ce matin, et que je vous ai vu verser sur l'auditoire et sur la cour les flots de votre éloquence. Vous m'en voyez encore ému, grand homme, ému au point que j'éprouve le besoin de vous le témoigner par une accolade ! Dans mes bras, Ludovic, dans mes bras ! Le jeune homme résista à l'appel, comme on le pense mais, au fond, il n'était pas fâché d'avoir sous la main un témoin qui pût attester le succès de ses premières armes. Peu lui importaient les formes dont Melchior revêtait ses im-pressions, l'essentiel était que Marguerite apprît de sa bouche les détails d'une journée si honorable pour lui. Cette pensée fut une sorte de diversion à ses défiances il se sentit plus calme et comme radouci. -@Sérieusement, dit-il en s'adressant au vétéran, vous étiez au Palais ce matin ? -L'aurais-je su sans cela ? répliqua celui-ci. Et puisque je vous en parle, ne fallait-il pas que j'y fusse ? Certes, j'ai plus d'un titre à la considération de mes contemporains, et puis poser en plus d'un genre mais j'avoue que je ne suis ni devin, ni sorcier. Cette faculté me manque. J'étais donc au Palais, grand homme, et n'ai pas perdu une de vos syl-labes. Peste, comme@ vous y alliez ! Comme vous en déta-chiez, de ces textes d'arrêts ! Comme vous trouviez le fin du fin dans les commentaires ! Et une justice à vous rendre, c'est que vous n'avez pas même cité Justinien ! Je ne vous en ho-nore que plus, et c'est ce qui explique mon désir insensé de vous presser dans mes bras. Venez donc, venez. -@Point d'excès, répondit Ludovic en se dérobant à l'é-treinte. -Allons ! je vois que vous me boudez encore, grand homme. Ou plutôt l'odeur de vos lauriers vous monte au cer-veau vous faites le fier avec vos amis. Eh bien ! franche-ment, il y a de quoi. -@Quelle supposition ! -@Je vous répète qu'il y a de quoi. A votre place, et après un exploit pareil, je regarderais le reste de l'univers comme | ai ou ION PEUT VOIR DANS UNE RUE. 207 bienfait pour injure. Je vous ai donc suivi pas à pas, jour par jour, dans votre mansarde, dans votre étude, dans votre existence privée et publique. Vous êtes de verre pour moi j'ai une police qui vaut toutes celles du gouvernement. Qu'en est-il résulté ? que j'étais au Palais ce matin, et que je vous ai vu verser sur l'auditoire et sur la cour les flots de votre éloquence. Vous m'en voyez encore ému, grand homme, ému au point que j'éprouve le besoin de vous le témoigner par une accolade ! Dans mes bras, Ludovic, dans mes bras ! Le jeune homme résista à l'appel, comme on le pense mais, au fond, il n'était pas fâché d'avoir sous la main un témoin qui pût attester le succès de ses premières armes. Peu lui importaient les formes dont Melchior revêtait ses im-pressions, l'essentiel était que Marguerite apprît de sa bouche les détails d'une journée si honorable pour lui. Cette pensée fut une sorte de diversion à ses défiances il se sentit plus calme et comme radouci. -Sérieusement, dit-il en s'adressant au vétéran, vous étiez au Palais ce matin ? -L'aurais-je su sans cela ? répliqua celui-ci. Et puisque je vous en parle, ne fallait-il pas que j'y fusse ? Certes, j'ai plus d'un titre à la considération de mes contemporains, et puis poser en plus d'un genre mais j'avoue que je ne suis ni devin, ni sorcier. Cette faculté me manque. J'étais donc au Palais, grand homme, et n'ai pas perdu une de vos syl-labes. Peste, comme vous y alliez ! Comme vous en déta-chiez, de ces textes d'arrêts ! Comme vous trouviez le fin du fin dans les commentaires ! Et une justice à vous rendre, c'est que vous n'avez pas même cité Justinien ! Je ne vous en ho-nore que plus, et c'est ce qui explique mon désir insensé de vous presser dans mes bras. Venez donc, venez. -Point d'excès, répondit Ludovic en se dérobant à l'é-treinte. -Allons ! je vois que vous me boudez encore, grand homme. Ou plutôt l'odeur de vos lauriers vous monte au cer-veau vous faites le fier avec vos amis. Eh bien ! franche-ment, il y a de quoi. -Quelle supposition ! -Je vous répète qu'il y a de quoi. A votre place, et après un exploit pareil, je regarderais le reste de l'univers comme | 27 | 0.012284 | 0.055066 |
139.txt | 1,864 | -48 -eu cet honneur . Les Montmorency étaient issus de Burchard, célèbre déjà sous l'abbé Suger, qui avait assiégé leur château en Parisis près de Saint-Denis, l'Abbaye. Adélaïs de Savoie, veuve de Louis le Gros, mère de Louis le Jeune, avait épousé un Montmorency. Cette maison comptait un cardinal, un archevêque de Reims, cinq con-nétables, sept maréchaux, deux amiraux, des grands d'Espagne, des princes du Saint-Empire, des chevaliers de la Toison d'or et de la Jarretière. Les Clermont-Tonnerre avaient été tout dévoués au pontificat, grand honneur de chevalerie un Clermont-Tonnerre soutint les droits de Gélasell, et en récompense de ses brillants services, le pape lui conféra l'insigne honneur de porter dans son blason deux clefs d'argent en sautoir et pour cimier la thiare pontificale. Les Beauveau-Craon, issus du sire Foulque d'Anjou, avaient vu leur bannière flotter à côté de celle de Charles d'Anjou, frère de saint Louis 1 . Une chronique du Xe siècle fait mention déjà des ancêtres des Lévis-Mirepoix. Guy, sire de Lévis, fut un des barons de la croisade contre les Albigeois 1 Pour être exact en généalogie, nous devons dire qu'il existe aujourd'hui peu de descendance mire et directe de toutes ces grandes familles les uns portent les noms par substitution, d'autres par mariage et alliance, d'autres, enfin, on ne peut dire comment. | -48 -eu cet honneur . Les Montmorency étaient issus de Burchard, célèbre déjà sous l'abbé Suger, qui avait assiégé leur château en Parisis près de Saint-Denis, l'Abbaye. Adélaïs de Savoie, veuve de Louis le Gros, mère de Louis le Jeune, avait épousé un Montmorency. Cette maison comptait un cardinal, un archevêque de Reims, cinq con-nétables, sept maréchaux, deux amiraux, des grands d'Espagne, des princes du Saint-Empire, des chevaliers de la Toison d'or et de la Jarretière. Les Clermont-Tonnerre avaient été tout dévoués au pontificat, grand honneur de chevalerie un Clermont-Tonnerre soutint les droits de Gélase@ll, et en récompense de ses brillants services, le pape lui conféra l'insigne honneur de porter dans son blason deux clefs d'argent en sautoir et pour cimier la thiare pontificale. Les Beauveau-Craon, issus du sire Foulque d'Anjou, avaient vu leur bannière flotter à côté de celle de Charles d'Anjou, frère de saint Louis 1 . Une chronique du Xe siècle fait mention déjà des ancêtres des Lévis-Mirepoix. Guy, sire de Lévis, fut un des barons de la croisade contre les Albigeois @@@@@@1 Pour être exact en généalogie, nous devons dire qu'il existe aujourd'hui peu de descendance mire et directe de toutes ces grandes familles les uns portent les noms par substitution, d'autres par mariage et alliance, d'autres, enfin, on ne peut dire comment. | ####### cet honneur . Les Montmorency étaient issus de Burchard, célèbre déjà sous l'abbé Suger, qui avait assiégé leur château en Parisis près de Saint-Denis, l'Abbaye. Adélaïs de Savoie, veuve de Louis le Gros, mère de Louis le Jeune, avait épousé un Montmorency. Cette maison comptait un cardinal, un archevêque de Reims, cinq con-nétables, sept maréchaux, deux amiraux, des grands d'Espagne, des princes du Saint-Empire, des chevaliers de la Toison d'or et de la Jarretière. Les Clermont-Tonnerre avaient été tout dévoués au pontificat, grand honneur de chevalerie un Clermont-Tonnerre soutint les droits de Gélase II, et en récompense de ses brillants services, le pape lui conféra l'insigne honneur de porter dans son blason deux clefs d'argent en sautoir et pour cimier la thiare pontificale. Les Beauveau-Craon, issus du sire Foulque d'Anjou, avaient vu leur bannière flotter à côté de celle de Charles d'Anjou, frère de saint Louis 1 . Une chronique du Xe siècle fait mention déjà des ancêtres des Lévis-Mirepoix. Guy, sire de Lévis, fut un des barons de la croisade contre les Albigeois -48 - 1 Pour être exact en généalogie, nous devons dire qu'il existe aujourd'hui peu de descendance pure et directe de toutes ces grandes familles les uns portent les noms par substitution, d'autres par mariage et alliance, d'autres, enfin, on ne peut dire comment. | -48 -eu cet honneur . Les Montmorency étaient issus de Burchard, célèbre déjà sous l'abbé Suger, qui avait assiégé leur château en Parisis près de Saint-Denis, l'Abbaye. Adélaïs de Savoie, veuve de Louis le Gros, mère de Louis le Jeune, avait épousé un Montmorency. Cette maison comptait un cardinal, un archevêque de Reims, cinq con-nétables, sept maréchaux, deux amiraux, des grands d'Espagne, des princes du Saint-Empire, des chevaliers de la Toison d'or et de la Jarretière. Les Clermont-Tonnerre avaient été tout dévoués au pontificat, grand honneur de chevalerie un Clermont-Tonnerre soutint les droits de Gélase II, et en récompense de ses brillants services, le pape lui conféra l'insigne honneur de porter dans son blason deux clefs d'argent en sautoir et pour cimier la thiare pontificale. Les Beauveau-Craon, issus du sire Foulque d'Anjou, avaient vu leur bannière flotter à côté de celle de Charles d'Anjou, frère de saint Louis 1 . Une chronique du Xe siècle fait mention déjà des ancêtres des Lévis-Mirepoix. Guy, sire de Lévis, fut un des barons de la croisade contre les Albigeois -48 - 1 Pour être exact en généalogie, nous devons dire qu'il existe aujourd'hui peu de descendance pure et directe de toutes ces grandes familles les uns portent les noms par substitution, d'autres par mariage et alliance, d'autres, enfin, on ne peut dire comment. | -48 -eu cet honneur . Les Montmorency étaient issus de Burchard, célèbre déjà sous l'abbé Suger, qui avait assiégé leur château en Parisis près de Saint-Denis, l'Abbaye. Adélaïs de Savoie, veuve de Louis le Gros, mère de Louis le Jeune, avait épousé un Montmorency. Cette maison comptait un cardinal, un archevêque de Reims, cinq con-nétables, sept maréchaux, deux amiraux, des grands d'Espagne, des princes du Saint-Empire, des chevaliers de la Toison d'or et de la Jarretière. Les Clermont-Tonnerre avaient été tout dévoués au pontificat, grand honneur de chevalerie un Clermont-Tonnerre soutint les droits de Gélase II, et en récompense de ses brillants services, le pape lui conféra l'insigne honneur de porter dans son blason deux clefs d'argent en sautoir et pour cimier la thiare pontificale. Les Beauveau-Craon, issus du sire Foulque d'Anjou, avaient vu leur bannière flotter à côté de celle de Charles d'Anjou, frère de saint Louis 1 . Une chronique du Xe siècle fait mention déjà des ancêtres des Lévis-Mirepoix. Guy, sire de Lévis, fut un des barons de la croisade contre les Albigeois -48 - 1 Pour être exact en généalogie, nous devons dire qu'il existe aujourd'hui peu de descendance pure et directe de toutes ces grandes familles les uns portent les noms par substitution, d'autres par mariage et alliance, d'autres, enfin, on ne peut dire comment. | 11 | 0.008076 | 0.043651 |
677.txt | 1,852 | ACTE I, SCÈNE 111. Il..- - - -LA MARQUISE. Mais non. -LE MARQUIS. Tant mieux, cela me rassure. LA MARQUISE. Ah ça! monsieur, vous voulez donc plaire ? LE MARQUIS. Mais sans doute. LA MARQUISE. Et à qui, s'il vous platt? L LE MARQUrS-Mais à vous, si vous me le permettez. LA MARQUISE. Voilà un mensonge qui a presque l'accent june vérité. -LE MARQUIS. Dites plutôt que c'est une vérilé qui ressem-ble à un mensonge. LA MARQUISE. Si je n'étais pas votre femme, mon-cher marquis ! je vous croirais sur parole, tant vous ayez l'air de bonne fow- -, .. .-LE MABOUIS, lui. baisant 14 main. Méchante ! et cependant je vous Jii. ne tou-jours. LALMARQUISE. Comme une amie, oh ! je n'en doute pas. LE MARQUIS. Non, comme une amante. LA MARQUISE. Marquis, combien sommes-nous à être ai. mées ainsi ? LE MARQUIS. Il n'y a pas moyen de causer avec vous. LA MARQUISE. Dites qu'il n'y a pas moyenr.Q e me tromper. LE MARQUIS. , Vous tromper! savez-vôus pourtant que je n'y ai jamais pensé ?. LA MARQUISE. Vraiment ! c'est à n'y pas croire. LE MARQUIS. D'honneur ! je parle sérieusement. LA MARQUISE, en riant. Marquis, vous avez envie de rire ? LE MARQUIS. Non, non, je vous jure. LA MARQUISE. Tenez, vous mentez trop bien ne dites ja-mais la vérité. LE MARQUIS. Moquez-vous de moi mais il n'existe pas de bourgeois aunant du drap sous les piliers des halles qui soit plus vertueux. LA MARQUISE. Que vous! ah! ah! la charmante plaisante-rie! mais riez dono, monsieur, cela en vaut la peine. Prenez garde au moins, vos moeurs vous feront déroget. et ce serait dommage. # LE MABQUIS. Ah ! pour vous, marquise, que ne fetaj§-je pas ? Comment trouvez-vous ce point d'Alen-çon ? LA MARQUISE Õ # Magnifique. LE MARQUIS. R q Je suis charmé qu'il vous plaisfi. Maître Jourdain m'a dit que cette forme çl'b.abiJ, -m'allait à merveille. Votre avis ? -' LA MARQUISE. Maître Jourdain est un habile homme. LE MARQUIS. Aussi l'ai-je donné à d'Aubigny. Je l'aime beaucoup, ce cher cousin et vous? -LA, MARQUISE. Moi aussi. LE MARQUIS. C'est un garçon de mérite, au Baqins. T'ottf le monde en raffole chez la marquise de Pom- -. padour. LA MARQUISE. Vousie lui avez présenté? LE MARQUIS. Oui, comme mon élève. r LA MARQUISE, s'asseyant. Ah! vous faites des éducations à présent. je suis désolée de n'avoir plus rien à apprend dre. Et le chevalier a donc fait sensation chez la marquise? LE MARQUIS. Sensation ? Non mais il a plu j'en suis content, car je lui veux du bien. Hier, j'ai parlé de lui au maréchal de Villeneuve. - LA MARQUISE. Ah ! vraiment ! LE MARQUIS. M. de Villeneuve était déjà bien disposé en sa faveur. La maréclfcle avait passé par là. LA MARQUISE. Elle est si charitable, cette bonne maré-chale. LE MARQUIS. Le régiment du chevalier est ici pour quel-que temps c'est mon cousin, je veux lui être utile, et les d'Aubigny valent mieux qu'une lieutenance. Le maréchal m'a promis de s'oc-cuper de notre protégé. LA MARQUISE. Que n'avez - vous dit un mot en même temps à madame de Villeneuve? Vous lui eussiez fait apprécier mieux encore les méri-tes du chevalier. Le Marquis,.!a Marquise. | ACTE I, SCÈNE 111. Il..- - - -LA MARQUISE. Mais non. -LE MARQUIS. Tant mieux, cela me rassure. LA MARQUISE. Ah ça! monsieur, vous voulez donc plaire ? LE MARQUIS. Mais sans doute. LA MARQUISE. Et à qui, s'il vous platt? L LE MARQUrS@-Mais à vous, si vous me le permettez. LA MARQUISE. Voilà un mensonge qui a presque l'accent @june vérité. -LE MARQUIS. Dites plutôt que c'est une vérilé qui ressem-ble à un mensonge. LA MARQUISE. Si je n'étais pas votre femme, mon-cher marquis ! je vous croirais sur parole, tant vous ayez l'air de bonne fow- -, .. .-LE MABOUIS, lui. baisant 14 main. Méchante ! et cependant je vous Jii. ne tou-jours. LALMARQUISE. Comme une amie, oh ! je n'en doute pas. LE MARQUIS. Non, comme une amante. LA MARQUISE. Marquis, combien sommes-nous à être ai. mées ainsi ? LE MARQUIS. Il n'y a pas moyen de causer avec vous. LA MARQUISE. Dites qu'il n'y a pas moyenr.Q e me tromper. LE MARQUIS. , Vous tromper! savez-vôus pourtant que je n'y ai jamais pensé@ ?. LA MARQUISE. Vraiment ! c'est à n'y pas croire. LE MARQUIS. D'honneur ! je parle sérieusement. LA MARQUISE, en riant. Marquis, vous avez envie de rire ? LE MARQUIS. Non, non, je vous jure@@. LA MARQUISE. Tenez, vous mentez trop bien ne dites ja-mais la vérité. LE MARQUIS. Moquez-vous de moi mais il n'existe pas de bourgeois aunant du drap sous les piliers des halles qui soit plus vertueux@@. LA MARQUISE. Que vous@! ah@! ah@! la charmante plaisante-rie! mais riez dono, monsieur, cela en vaut la peine. Prenez garde au moins, vos moeurs vous feront déroge@@t. et ce serait dommage. # LE MABQUIS. Ah ! pour vous, marquise, que ne fetaj§-je pas ? Comment trouvez-vous ce point d'Alen-çon ? LA MARQUISE Õ # Magnifique. LE MARQUIS. R q Je suis charmé qu'il vous plaisfi. Maître Jourdain m'a dit que cette forme çl'b.abiJ, -m'allait à merveille. Votre avis ? -' LA MARQUISE. Maître Jourdain est un habile homme. LE MARQUIS. Aussi l'ai-je donné à d'Aubigny. Je l'aime beaucoup, ce cher cousin et vous? -LA, MARQUISE. Moi aussi. LE MARQUIS. C'est un garçon de mérite, au Baqins. T'ottf le monde en raffole chez la marquise de Pom- -. padour. LA MARQUISE. Vousie lui avez présenté? LE MARQUIS. Oui, comme mon élève. r LA MARQUISE, s'asseyant. Ah! vous faites des éducations à présent@@. je suis désolée de n'avoir plus rien à apprend dre. Et le chevalier a donc fait sensation chez la marquise? LE MARQUIS. Sensation ? Non mais il a plu j'en suis content, car je lui veux du bien. Hier, j'ai parlé de lui au maréchal de Villeneuve. - LA MARQUISE. Ah ! vraiment ! LE MARQUIS. M. de Villeneuve était déjà bien disposé en sa faveur. La maréclfcle avait passé par là. LA MARQUISE. Elle est si charitable, cette bonne maré-chale. LE MARQUIS. Le régiment du chevalier est ici pour quel-que temps c'est mon cousin, je veux lui être utile, et les d'Aubigny valent mieux qu'une lieutenance. Le maréchal m'a promis de s'oc-cuper de notre protégé. LA MARQUISE. Que n'avez - vous dit un mot en même temps à madame de Villeneuve? Vous lui eussiez fait apprécier mieux encore les méri-tes du chevalier. Le Marquis,.!a Marquise. | ACTE I, #################### @LA MARQUISE. Mais non. @LE MARQUIS. Tant mieux, cela me rassure. LA MARQUISE. Ah ça! monsieur, vous voulez donc plaire@? LE MARQUIS. Mais sans doute. LA MARQUISE. Et à qui, s'il vous plaît?@@ LE MARQUIS. Mais à vous, si vous me le permettez. LA MARQUISE. Voilà un mensonge qui a presque l'accent d'une vérité. @LE MARQUIS. Dites plutôt que c'est une vérité qui ressem-ble à un mensonge. LA MARQUISE. Si je n'étais pas votre femme, mon cher marquis@, je vous croirais sur parole, tant vous ayez l'air de bonne ############### MARQUIS, lui@ baisant la main. Méchante@! et cependant je vous @ai@@me tou-jours. LA MARQUISE. Comme une amie, oh@! je n'en doute pas. LE MARQUIS. Non, comme une amante. LA MARQUISE. Marquis, combien sommes-nous à être ai@-mées ainsi@? LE MARQUIS. Il n'y a pas moyen de causer avec vous. LA MARQUISE. Dites qu'il n'y a pas moyen@@ de me tromper. LE MARQUIS. @@Vous tromper! savez-vous pourtant que je n'y ai jamais pensé?... LA MARQUISE. Vraiment@! c'est à n'y pas croire. LE MARQUIS. D'honneur@! je parle sérieusement. LA MARQUISE, en riant. Marquis, vous avez envie de rire@? LE MARQUIS. Non, non, je vous jure... LA MARQUISE. Tenez, vous mentez trop bien ne dites ja-mais la vérité. LE MARQUIS. Moquez-vous de moi mais il n'existe pas de bourgeois aunant du drap sous les piliers des halles qui soit plus vertueux... LA MARQUISE. Que vous ! ah ! ah ! la charmante plaisante-rie! mais riez donc, monsieur, cela en vaut la peine. Prenez garde au moins, vos moeurs vous feront déroger... et ce serait dommage.@@ LE MARQUIS. Ah@! pour vous, marquise, que ne ferais-je pas@? Comment trouvez-vous ce point d'Alen-çon@? LA MARQUISE@@@. Magnifique. LE MARQUIS. @@@@Je suis charmé qu'il vous plais@e. Maître Jourdain m'a dit que cette forme @d'@habi@t @m'allait à merveille. Votre avis@?@@@ LA MARQUISE. Maître Jourdain est un habile homme. LE MARQUIS. Aussi l'ai-je donné à d'Aubigny. Je l'aime beaucoup, ce cher cousin et vous? @LA@ MARQUISE. Moi aussi. LE MARQUIS. C'est un garçon de mérite, au @@moms. T@out@ le monde en raffole chez la marquise de Pom-@@@@padour. LA MARQUISE. Vousle lui avez présenté? LE MARQUIS. Oui, comme mon élève. @@LA MARQUISE, s'asseyant. Ah! vous faites des éducations à présent... je suis désolée de n'avoir plus rien à appren@-dre. Et le chevalier a donc fait sensation chez la marquise? LE MARQUIS. Sensation@? Non mais il a plu j'en suis content, car je lui veux du bien. Hier, j'ai parlé de lui au maréchal de Villeneuve. @@LA MARQUISE. Ah@! vraiment@! LE MARQUIS. M. de Villeneuve était déjà bien disposé en sa faveur. La maréc@hale avait passé par là. LA MARQUISE. Elle est si charitable, cette bonne maré-chale. LE MARQUIS. Le régiment du chevalier est ici pour quel-que temps c'est mon cousin, je veux lui être utile, et les d'Aubigny valent mieux qu'une lieutenance. Le maréchal m'a promis de s'oc-cuper de notre protégé. LA MARQUISE. Que n'avez@-@vous dit un mot en même temps à madame de Villeneuve? Vous lui eussiez fait apprécier mieux encore les méri-tes du chevalier. Le Marquis, la Marquise. | ACTE I, SCÈNE 111. Il..- - - @LA MARQUISE. Mais non. @LE MARQUIS. Tant mieux, cela me rassure. LA MARQUISE. Ah ça! monsieur, vous voulez donc plaire@? LE MARQUIS. Mais sans doute. LA MARQUISE. Et à qui, s'il vous plaît?@@ LE MARQUIS. Mais à vous, si vous me le permettez. LA MARQUISE. Voilà un mensonge qui a presque l'accent d'une vérité. @LE MARQUIS. Dites plutôt que c'est une vérité qui ressem-ble à un mensonge. LA MARQUISE. Si je n'étais pas votre femme, mon cher marquis@, je vous croirais sur parole, tant vous ayez l'air de bonne fow- -, .. .-LE MARQUIS, lui@ baisant la main. Méchante@! et cependant je vous @ai@@me tou-jours. LA MARQUISE. Comme une amie, oh@! je n'en doute pas. LE MARQUIS. Non, comme une amante. LA MARQUISE. Marquis, combien sommes-nous à être ai@-mées ainsi@? LE MARQUIS. Il n'y a pas moyen de causer avec vous. LA MARQUISE. Dites qu'il n'y a pas moyen@@ de me tromper. LE MARQUIS. @@Vous tromper! savez-vous pourtant que je n'y ai jamais pensé?... LA MARQUISE. Vraiment@! c'est à n'y pas croire. LE MARQUIS. D'honneur@! je parle sérieusement. LA MARQUISE, en riant. Marquis, vous avez envie de rire@? LE MARQUIS. Non, non, je vous jure... LA MARQUISE. Tenez, vous mentez trop bien ne dites ja-mais la vérité. LE MARQUIS. Moquez-vous de moi mais il n'existe pas de bourgeois aunant du drap sous les piliers des halles qui soit plus vertueux... LA MARQUISE. Que vous ! ah ! ah ! la charmante plaisante-rie! mais riez donc, monsieur, cela en vaut la peine. Prenez garde au moins, vos moeurs vous feront déroger... et ce serait dommage.@@ LE MARQUIS. Ah@! pour vous, marquise, que ne ferais-je pas@? Comment trouvez-vous ce point d'Alen-çon@? LA MARQUISE@@@. Magnifique. LE MARQUIS. @@@@Je suis charmé qu'il vous plais@e. Maître Jourdain m'a dit que cette forme @d'@habi@t @m'allait à merveille. Votre avis@?@@@ LA MARQUISE. Maître Jourdain est un habile homme. LE MARQUIS. Aussi l'ai-je donné à d'Aubigny. Je l'aime beaucoup, ce cher cousin et vous? @LA@ MARQUISE. Moi aussi. LE MARQUIS. C'est un garçon de mérite, au @@moms. T@out@ le monde en raffole chez la marquise de Pom-@@@@padour. LA MARQUISE. Vousle lui avez présenté? LE MARQUIS. Oui, comme mon élève. @@LA MARQUISE, s'asseyant. Ah! vous faites des éducations à présent... je suis désolée de n'avoir plus rien à appren@-dre. Et le chevalier a donc fait sensation chez la marquise? LE MARQUIS. Sensation@? Non mais il a plu j'en suis content, car je lui veux du bien. Hier, j'ai parlé de lui au maréchal de Villeneuve. @@LA MARQUISE. Ah@! vraiment@! LE MARQUIS. M. de Villeneuve était déjà bien disposé en sa faveur. La maréc@hale avait passé par là. LA MARQUISE. Elle est si charitable, cette bonne maré-chale. LE MARQUIS. Le régiment du chevalier est ici pour quel-que temps c'est mon cousin, je veux lui être utile, et les d'Aubigny valent mieux qu'une lieutenance. Le maréchal m'a promis de s'oc-cuper de notre protégé. LA MARQUISE. Que n'avez@-@vous dit un mot en même temps à madame de Villeneuve? Vous lui eussiez fait apprécier mieux encore les méri-tes du chevalier. Le Marquis, la Marquise. | ACTE I, SCÈNE 111. Il..- - - LA MARQUISE. Mais non. LE MARQUIS. Tant mieux, cela me rassure. LA MARQUISE. Ah ça! monsieur, vous voulez donc plaire? LE MARQUIS. Mais sans doute. LA MARQUISE. Et à qui, s'il vous plaît? LE MARQUIS. Mais à vous, si vous me le permettez. LA MARQUISE. Voilà un mensonge qui a presque l'accent d'une vérité. LE MARQUIS. Dites plutôt que c'est une vérité qui ressem-ble à un mensonge. LA MARQUISE. Si je n'étais pas votre femme, mon cher marquis, je vous croirais sur parole, tant vous ayez l'air de bonne fow- -, .. .-LE MARQUIS, lui baisant la main. Méchante! et cependant je vous aime tou-jours. LA MARQUISE. Comme une amie, oh! je n'en doute pas. LE MARQUIS. Non, comme une amante. LA MARQUISE. Marquis, combien sommes-nous à être ai-mées ainsi? LE MARQUIS. Il n'y a pas moyen de causer avec vous. LA MARQUISE. Dites qu'il n'y a pas moyen de me tromper. LE MARQUIS. Vous tromper! savez-vous pourtant que je n'y ai jamais pensé?... LA MARQUISE. Vraiment! c'est à n'y pas croire. LE MARQUIS. D'honneur! je parle sérieusement. LA MARQUISE, en riant. Marquis, vous avez envie de rire? LE MARQUIS. Non, non, je vous jure... LA MARQUISE. Tenez, vous mentez trop bien ne dites ja-mais la vérité. LE MARQUIS. Moquez-vous de moi mais il n'existe pas de bourgeois aunant du drap sous les piliers des halles qui soit plus vertueux... LA MARQUISE. Que vous ! ah ! ah ! la charmante plaisante-rie! mais riez donc, monsieur, cela en vaut la peine. Prenez garde au moins, vos moeurs vous feront déroger... et ce serait dommage. LE MARQUIS. Ah! pour vous, marquise, que ne ferais-je pas? Comment trouvez-vous ce point d'Alen-çon? LA MARQUISE. Magnifique. LE MARQUIS. Je suis charmé qu'il vous plaise. Maître Jourdain m'a dit que cette forme d'habit m'allait à merveille. Votre avis? LA MARQUISE. Maître Jourdain est un habile homme. LE MARQUIS. Aussi l'ai-je donné à d'Aubigny. Je l'aime beaucoup, ce cher cousin et vous? LA MARQUISE. Moi aussi. LE MARQUIS. C'est un garçon de mérite, au moms. Tout le monde en raffole chez la marquise de Pom-padour. LA MARQUISE. Vousle lui avez présenté? LE MARQUIS. Oui, comme mon élève. LA MARQUISE, s'asseyant. Ah! vous faites des éducations à présent... je suis désolée de n'avoir plus rien à appren-dre. Et le chevalier a donc fait sensation chez la marquise? LE MARQUIS. Sensation? Non mais il a plu j'en suis content, car je lui veux du bien. Hier, j'ai parlé de lui au maréchal de Villeneuve. LA MARQUISE. Ah! vraiment! LE MARQUIS. M. de Villeneuve était déjà bien disposé en sa faveur. La maréchale avait passé par là. LA MARQUISE. Elle est si charitable, cette bonne maré-chale. LE MARQUIS. Le régiment du chevalier est ici pour quel-que temps c'est mon cousin, je veux lui être utile, et les d'Aubigny valent mieux qu'une lieutenance. Le maréchal m'a promis de s'oc-cuper de notre protégé. LA MARQUISE. Que n'avez-vous dit un mot en même temps à madame de Villeneuve? Vous lui eussiez fait apprécier mieux encore les méri-tes du chevalier. Le Marquis, la Marquise. | 119 | 0.039352 | 0.165919 |
111.txt | 1,821 | 65 le vague, l'incertitude qui régnent dans les caractères donnés jusqu'ici aux genres et aux espèces 1 . Au mois d'août de la même année, se trouvant alors à Douai, il eut l'occasion de remarquer une production peu commune de la famille des champignons, apparte-nant au genre merulius il rapporte à ce sujet une anec-dote fort piquante , nouvelle preuve de l'égarement des esprits qu'enchaînent la superstition et une dévotion irré-fléchie 2 . Peu de temps après , il fut appelé à l'Institut comme membre résident 3 . En s'asseyant dans le fau-teuil académique , que tant d'autres regardent comme le siège d'un éternel repos, il sentit toute l'obligation que lui imposait un litre aussi honorable, et on le vit doubler encore de-zèlë. Toujours et pour ainsi dire uniquement occupé à dé-terminer positivement si les mousses et les lycopodes se régénèrent Comme les autres végétaux staminifères, et quelle est la nature des organes que l'on croit être ceux de la fructification de ces sortes de plantes, PA-LISOT DE BEAUVOIS a offert, en 1811, sur ce problème important, une solution qui ne doit plus laisser prise auxpréjugés, auxpréventions et àl'esprit de système 4 . Il répondit à toutes les objections qui lui avaient été 1 Je me propose de donner suite aux recherches de PALISOT DE BEAUVOIS sur cette intéressante famille je re-cevrai avec reconnaissance toutes les communications qui me seront faites à ce sujet. 2 Journal de Botanique, tom. III le Ier. de la 2e. série , pag. 12-16. 3 Il a été élu le 17 novembre 1806, a la place vacante par la mort d'ADANSON. 4 Nouvelles observations sur la fructification des mousses et des lycopodes, lues à l'Institut le 22 avril | 65 le vague, l'incertitude qui régnent dans les caractères donnés jusqu'ici aux genres et aux espèces 1 . Au mois d'août de la même année, se trouvant alors à Douai, il eut l'occasion de remarquer une production peu commune de la famille des champignons, apparte-nant au genre merulius il rapporte à ce sujet une anec-dote fort piquante , nouvelle preuve de l'égarement des esprits qu'enchaînent la superstition et une dévotion irré-fléchie 2 . Peu de temps après , il fut appelé à l'Institut comme membre résident 3 . En s'asseyant dans le fau-teuil académique , que tant d'autres regardent comme le siège d'un éternel repos, il sentit toute l'obligation que lui imposait un litre aussi honorable, et on le vit doubler encore de-zèlë. Toujours et pour ainsi dire uniquement occupé à dé-terminer positivement si les mousses et les lycopodes se régénèrent Comme les autres végétaux staminifères, et quelle est la nature des organes que l'on croit être ceux de la fructification de ces sortes de plantes, PA-LISOT DE BEAUVOIS a offert, en 1811, sur ce problème important, une solution qui ne doit plus laisser prise aux@préjugés, aux@préventions et à@l'esprit de système 4 . Il répondit à toutes les objections qui lui avaient été 1 Je me propose de donner suite aux recherches de PALISOT DE BEAUVOIS sur cette intéressante famille je re-cevrai avec reconnaissance toutes les communications qui me seront faites à ce sujet. 2 Journal de Botanique, tom. III le Ier. de la 2e. série , pag. 12-16. 3 Il a été élu le 17 novembre 1806, a la place vacante par la mort d'ADANSON. 4 Nouvelles observations sur la fructification des mousses et des lycopodes, lues à l'Institut le 22 avril | ##### vague, l'incertitude qui régnent dans les caractères donnés jusqu'ici aux genres et aux espèces 1 . Au mois d'août de la même année, se trouvant alors à Douai, il eut l'occasion de remarquer une production peu commune de la famille des champignons, apparte-nant au genre merulius il rapporte à ce sujet une anec-dote fort piquante , nouvelle preuve de l'égarement des esprits qu'enchaînent la superstition et une dévotion irré-fléchie 2 . Peu de temps après , il fut appelé à l'Institut comme membre résident 3 . En s'asseyant dans le fau-teuil académique , que tant d'autres regardent comme le siège d'un éternel repos, il sentit toute l'obligation que lui imposait un litre aussi honorable, et on le vit doubler encore de-zèle. Toujours et pour ainsi dire uniquement occupé à dé-terminer positivement si les mousses et les lycopodes se régénèrent comme les autres végétaux staminifères, et quelle est la nature des organes que l'on croit être ceux de la fructification de ces sortes de plantes, PA-LISOT DE BEAUVOIS a offert, en 1811, sur ce problème important, une solution qui ne doit plus laisser prise aux préjugés, aux préventions et à l'esprit de système 4 . Il répondit à toutes les objections qui lui avaient été 1 Je me propose de donner suite aux recherches de PALISOT DE BEAUVOIS sur cette intéressante famille je re-cevrai avec reconnaissance toutes les communications qui me seront faites à ce sujet. 2 Journal de Botanique, tom. III le Ier. de la 2e. série , pag. 12-16. 3 Il a été élu le 17 novembre 1806, a la place vacante par la mort d'ADANSON. 4 Nouvelles observations sur la fructification des mousses et des lycopodes, lues à l'Institut le 22 avril | 65 le vague, l'incertitude qui régnent dans les caractères donnés jusqu'ici aux genres et aux espèces 1 . Au mois d'août de la même année, se trouvant alors à Douai, il eut l'occasion de remarquer une production peu commune de la famille des champignons, apparte-nant au genre merulius il rapporte à ce sujet une anec-dote fort piquante , nouvelle preuve de l'égarement des esprits qu'enchaînent la superstition et une dévotion irré-fléchie 2 . Peu de temps après , il fut appelé à l'Institut comme membre résident 3 . En s'asseyant dans le fau-teuil académique , que tant d'autres regardent comme le siège d'un éternel repos, il sentit toute l'obligation que lui imposait un litre aussi honorable, et on le vit doubler encore de-zèle. Toujours et pour ainsi dire uniquement occupé à dé-terminer positivement si les mousses et les lycopodes se régénèrent comme les autres végétaux staminifères, et quelle est la nature des organes que l'on croit être ceux de la fructification de ces sortes de plantes, PA-LISOT DE BEAUVOIS a offert, en 1811, sur ce problème important, une solution qui ne doit plus laisser prise aux préjugés, aux préventions et à l'esprit de système 4 . Il répondit à toutes les objections qui lui avaient été 1 Je me propose de donner suite aux recherches de PALISOT DE BEAUVOIS sur cette intéressante famille je re-cevrai avec reconnaissance toutes les communications qui me seront faites à ce sujet. 2 Journal de Botanique, tom. III le Ier. de la 2e. série , pag. 12-16. 3 Il a été élu le 17 novembre 1806, a la place vacante par la mort d'ADANSON. 4 Nouvelles observations sur la fructification des mousses et des lycopodes, lues à l'Institut le 22 avril | 65 le vague, l'incertitude qui régnent dans les caractères donnés jusqu'ici aux genres et aux espèces 1 . Au mois d'août de la même année, se trouvant alors à Douai, il eut l'occasion de remarquer une production peu commune de la famille des champignons, apparte-nant au genre merulius il rapporte à ce sujet une anec-dote fort piquante , nouvelle preuve de l'égarement des esprits qu'enchaînent la superstition et une dévotion irré-fléchie 2 . Peu de temps après , il fut appelé à l'Institut comme membre résident 3 . En s'asseyant dans le fau-teuil académique , que tant d'autres regardent comme le siège d'un éternel repos, il sentit toute l'obligation que lui imposait un litre aussi honorable, et on le vit doubler encore de-zèle. Toujours et pour ainsi dire uniquement occupé à dé-terminer positivement si les mousses et les lycopodes se régénèrent comme les autres végétaux staminifères, et quelle est la nature des organes que l'on croit être ceux de la fructification de ces sortes de plantes, PA-LISOT DE BEAUVOIS a offert, en 1811, sur ce problème important, une solution qui ne doit plus laisser prise aux préjugés, aux préventions et à l'esprit de système 4 . Il répondit à toutes les objections qui lui avaient été 1 Je me propose de donner suite aux recherches de PALISOT DE BEAUVOIS sur cette intéressante famille je re-cevrai avec reconnaissance toutes les communications qui me seront faites à ce sujet. 2 Journal de Botanique, tom. III le Ier. de la 2e. série , pag. 12-16. 3 Il a été élu le 17 novembre 1806, a la place vacante par la mort d'ADANSON. 4 Nouvelles observations sur la fructification des mousses et des lycopodes, lues à l'Institut le 22 avril | 5 | 0.002982 | 0.016181 |
105.txt | 1,821 | 57 ordinairement à substance membraneuse, coriace et di-versement colorée, dont les. organes reproducteurs sont presque toujours Contenus dans des tubercules extérieurs, plus ou moins apparens, tantôt ovales, tantôt plus ou moins arrondis 1 . Les champignons occupent la seconde place et sont analogues auxpolypes à rayons 2 . Il est bon de se rappe-ler ici que PALISOT DE BEAUVOIS a le premier en France préparé les progrès qu'on a faits dans cette partie de la botanique, et que ses recherches sont antérieures en publication à celles de PAULET et de BULLIARD. Il distingue les champignons parasites de ceux qui ne le sont pas il compare à certains animaux invertébrés les premiers qu'il a remarqués tant sur la plumule des plantes annuel-les , que sur les jeunes pousses des plantes pérennes et sur les bourgeons des arbres, sous forme de petits grains, tantôt jaunes, tantôt bruns, et tellement fixés que l'im-mersion et l'agitation dans l'eau ne peuvent les détacher. Les champignons parasites ne s'introduisent point par les racines avec les sucs nourriciers des végétaux sur lesquels ils vivent ils ne circulent point dans l'intérieur des vais-seaux à l'instar des vers intestinaux, ainsi que le pense un botaniste célèbre M. DE CANDOLLE , mais ils s'attachent à l'épiderme qu'ils traversent pour se loger dessous, ou 1 . Ce travail sur les algues, lu à l'Institut le 30 mars et le 13 avril 1807, est encore inédit il doit être accom-pagné de dix planches, qui sont toutes gravées et dont je possède un exemplaire. 2 Le travail sur les champignons, qui devait suivre immédiatement celui sur les algues, est malheureusement demeuré incomplet! | 57 ordinairement à substance membraneuse, coriace et di-versement colorée, dont les. organes reproducteurs sont presque toujours Contenus dans des tubercules extérieurs, plus ou moins apparens, tantôt ovales, tantôt plus ou moins arrondis 1 . Les champignons occupent la seconde place et sont analogues aux@polypes à rayons 2 . Il est bon de se rappe-ler ici que PALISOT DE BEAUVOIS a le premier en France préparé les progrès qu'on a faits dans cette partie de la botanique, et que ses recherches sont antérieures en publication à celles de PAULET et de BULLIARD. Il distingue les champignons parasites de ceux qui ne le sont pas il compare à certains animaux invertébrés les premiers qu'il a remarqués tant sur la plumule des plantes annuel-les , que sur les jeunes pousses des plantes pérennes et sur les bourgeons des arbres, sous forme de petits grains, tantôt jaunes, tantôt bruns, et tellement fixés que l'im-mersion et l'agitation dans l'eau ne peuvent les détacher. Les champignons parasites ne s'introduisent point par les racines avec les sucs nourriciers des végétaux sur lesquels ils vivent ils ne circulent point dans l'intérieur des vais-seaux à l'instar des vers intestinaux, ainsi que le pense un botaniste célèbre M. DE CANDOLLE , mais ils s'attachent à l'épiderme qu'ils traversent pour se loger dessous, ou @@@1 . Ce travail sur les algues, lu à l'Institut le 30 mars et le 13 avril 1807, est encore inédit il doit être accom-pagné de dix planches, qui sont toutes gravées et dont je possède un exemplaire. 2 Le travail sur les champignons, qui devait suivre immédiatement celui sur les algues, est malheureusement demeuré incomplet! | ################ à substance membraneuse, coriace et di-versement colorée, dont les. organes reproducteurs sont presque toujours contenus dans des tubercules extérieurs, plus ou moins apparens, tantôt ovales, tantôt plus ou moins arrondis 1 . Les champignons occupent la seconde place et sont analogues aux polypes à rayons 2 . Il est bon de se rappe-ler ici que PALISOT DE BEAUVOIS a le premier en France préparé les progrès qu'on a faits dans cette partie de la botanique, et que ses recherches sont antérieures en publication à celles de PAULET et de BULLIARD. Il distingue les champignons parasites de ceux qui ne le sont pas il compare à certains animaux invertébrés les premiers qu'il a remarqués tant sur la plumule des plantes annuel-les , que sur les jeunes pousses des plantes pérennes et sur les bourgeons des arbres, sous forme de petits grains, tantôt jaunes, tantôt bruns, et tellement fixés que l'im-mersion et l'agitation dans l'eau ne peuvent les détacher. Les champignons parasites ne s'introduisent point par les racines avec les sucs nourriciers des végétaux sur lesquels ils vivent ils ne circulent point dans l'intérieur des vais-seaux à l'instar des vers intestinaux, ainsi que le pense un botaniste célèbre M. DE CANDOLLE , mais ils s'attachent à l'épiderme qu'ils traversent pour se loger dessous, ou 57 1 . Ce travail sur les algues, lu à l'Institut le 30 mars et le 13 avril 1807, est encore inédit il doit être accom-pagné de dix planches, qui sont toutes gravées et dont je possède un exemplaire. 2 Le travail sur les champignons, qui devait suivre immédiatement celui sur les algues, est malheureusement demeuré ########## | 57 ordinairement à substance membraneuse, coriace et di-versement colorée, dont les. organes reproducteurs sont presque toujours contenus dans des tubercules extérieurs, plus ou moins apparens, tantôt ovales, tantôt plus ou moins arrondis 1 . Les champignons occupent la seconde place et sont analogues aux polypes à rayons 2 . Il est bon de se rappe-ler ici que PALISOT DE BEAUVOIS a le premier en France préparé les progrès qu'on a faits dans cette partie de la botanique, et que ses recherches sont antérieures en publication à celles de PAULET et de BULLIARD. Il distingue les champignons parasites de ceux qui ne le sont pas il compare à certains animaux invertébrés les premiers qu'il a remarqués tant sur la plumule des plantes annuel-les , que sur les jeunes pousses des plantes pérennes et sur les bourgeons des arbres, sous forme de petits grains, tantôt jaunes, tantôt bruns, et tellement fixés que l'im-mersion et l'agitation dans l'eau ne peuvent les détacher. Les champignons parasites ne s'introduisent point par les racines avec les sucs nourriciers des végétaux sur lesquels ils vivent ils ne circulent point dans l'intérieur des vais-seaux à l'instar des vers intestinaux, ainsi que le pense un botaniste célèbre M. DE CANDOLLE , mais ils s'attachent à l'épiderme qu'ils traversent pour se loger dessous, ou 57 1 . Ce travail sur les algues, lu à l'Institut le 30 mars et le 13 avril 1807, est encore inédit il doit être accom-pagné de dix planches, qui sont toutes gravées et dont je possède un exemplaire. 2 Le travail sur les champignons, qui devait suivre immédiatement celui sur les algues, est malheureusement demeuré incomplet! | 57 ordinairement à substance membraneuse, coriace et di-versement colorée, dont les. organes reproducteurs sont presque toujours contenus dans des tubercules extérieurs, plus ou moins apparens, tantôt ovales, tantôt plus ou moins arrondis 1 . Les champignons occupent la seconde place et sont analogues aux polypes à rayons 2 . Il est bon de se rappe-ler ici que PALISOT DE BEAUVOIS a le premier en France préparé les progrès qu'on a faits dans cette partie de la botanique, et que ses recherches sont antérieures en publication à celles de PAULET et de BULLIARD. Il distingue les champignons parasites de ceux qui ne le sont pas il compare à certains animaux invertébrés les premiers qu'il a remarqués tant sur la plumule des plantes annuel-les , que sur les jeunes pousses des plantes pérennes et sur les bourgeons des arbres, sous forme de petits grains, tantôt jaunes, tantôt bruns, et tellement fixés que l'im-mersion et l'agitation dans l'eau ne peuvent les détacher. Les champignons parasites ne s'introduisent point par les racines avec les sucs nourriciers des végétaux sur lesquels ils vivent ils ne circulent point dans l'intérieur des vais-seaux à l'instar des vers intestinaux, ainsi que le pense un botaniste célèbre M. DE CANDOLLE , mais ils s'attachent à l'épiderme qu'ils traversent pour se loger dessous, ou 57 1 . Ce travail sur les algues, lu à l'Institut le 30 mars et le 13 avril 1807, est encore inédit il doit être accom-pagné de dix planches, qui sont toutes gravées et dont je possède un exemplaire. 2 Le travail sur les champignons, qui devait suivre immédiatement celui sur les algues, est malheureusement demeuré incomplet! | 5 | 0.003027 | 0.017007 |
449.txt | 1,829 | PRÉLIMINAIRES. XXV c en donnera une foule d'exemples. Mais cela ne suffit pas. 11 faut les exercer à en trouver d'eux-mêmes c'est alors qu'on bera sur qu'ils conuaîtront clairement les NOMS. Ainsi Vous leur direz Trouvez-moi dix noms de CHOSES. qui soient dans le JARDIN? Ils vous diront bêche, terre, arbre, mur, elc. , etc. Trouvez-en autant dans la CHAMBRE, ensuite dans ta RUE , dans l'ÉGLISE, etc., etc. , elc. Pour peu que vous les aidiez, ils auront bien-tôt trouvé un grand nombre de KOMS de CHOSES. Qu'ils trouvent autant de NOMS DE PERSOKNES 1 en nommant celles qu'ils connaissent, comme Pierre, Jac-ques, etc., etc. oP en nommant celles qu'ils ne con-naissent que par leur état, leur profession, leur métier. Par exemple Roi, Prince, Evêque, Abbé, Jardinier, Tailleur, Domestique, etc., etc. Vous leur ferez a jouter ensuite des NOMS DE QUALITÉS à ces mêmes personnes et à ces mêmes choses qu'ils ont nommées déjà. Ainsi ils vous diront l'arbre est haut, le mur est blanc, etc. , etc., le Roi est bon , le Prince est clément, elc. - Pour le VERBE. On suivra le même procédé que pour le NOM- Après avoir expliqué aux. eufans que tous les mots qui expriment l'état ou l'existence, la possession, l'action, s'appellent des VERBES et après leur en avoir donnéplusieurs exemples , on leur en fera trouver à eux-mêmes un certain nombre de ceux qui marquent, 1° les actions extérieures, par exemple, de la MAIN, comme coudre , égratigner, battre, écrire, frapper, etc. de la BOUCHE, comme parler, crier, chanter, manger, boire, etc., etc. des JAMBES, et de tout le CORPS, comme danser, se promener, ccurir, etc., etc., 2° les actions des cinq sens du corps, comme voir, ouïr, flai-rer, toucher, goûter, sentir, etc., etc. 3° les opéra-tions de l'esprit, penser, douter, vouloir, etc. Pour la PARTICULE. On commencera par diie aux enfans que tous les mots qui restent dans la langue , et qui ne sont ni noms ni verbes, s'appellent des PARTI-CULES. | PRÉLIMINAIRES. XXV c en donnera une foule d'exemples. Mais cela ne suffit pas. 11 faut les exercer à en trouver d'eux-mêmes c'est alors qu'on bera sur qu'ils conuaîtront clairement les NOMS. Ainsi Vous leur direz Trouvez-moi dix noms de CHOSES. qui soient dans le JARDIN@? Ils vous diront bêche, terre, arbre, mur, elc. , etc. Trouvez-en autant dans la CHAMBRE, ensuite dans ta RUE , dans l'ÉGLISE, etc., etc. , elc. Pour peu que vous les aidiez, ils auront bien-tôt trouvé un grand nombre de KOMS de CHOSES. Qu'ils trouvent autant de NOMS DE PERSOKNES 1@ en nommant celles qu'ils connaissent, comme Pierre, Jac-ques, etc., etc. oP en nommant celles qu'ils ne con-naissent que par leur état, leur profession, leur métier. Par exemple Roi, Prince, Evêque, Abbé, Jardinier, Tailleur, Domestique, etc., etc. Vous leur ferez a jouter ensuite des NOMS DE QUALITÉS à ces mêmes personnes et à ces mêmes choses qu'ils ont nommées déjà. Ainsi ils vous diront l'arbre est haut, le mur est blanc, etc. , etc., le Roi est bon , le Prince est clément, elc. - Pour le VERBE. On suivra le même procédé que pour le NOM- Après avoir expliqué aux. eufans que tous les mots qui expriment l'état ou l'existence, la possession, l'action, s'appellent des VERBES et après leur en avoir donné@plusieurs exemples , on leur en fera trouver à eux-mêmes un certain nombre de ceux qui marquent, 1° les actions extérieures, par exemple, de la MAIN, comme coudre , égratigner, battre, écrire, frapper, etc. de la BOUCHE, comme parler, crier, chanter, manger, boire, etc., etc. des JAMBES, et de tout le CORPS, comme danser, se promener, ccurir, etc., etc., 2° les actions des cinq sens du corps, comme voir, ouïr, flai-rer, toucher, goûter, sentir, etc., etc. 3° les opéra-tions de l'esprit, penser, douter, vouloir, etc. Pour la PARTICULE. On commencera par diie aux enfans que tous les mots qui restent dans la langue , et qui ne sont ni noms ni verbes, s'appellent des PARTI-CULES. | PRÉLIMINAIRES. XXV@@ en donnera une foule d'exemples. Mais cela ne suffit pas. Il faut les exercer à en trouver d'eux-mêmes c'est alors qu'on sera sûr qu'ils connaîtront clairement les NOMS. Ainsi vous leur direz Trouvez-moi dix noms de CHOSES@ qui soient dans le JARDIN ? Ils vous diront bèche, terre, arbre, mur@@@@@@@, etc. Trouvez-en autant dans la CHAMBRE, ensuite dans la RUE@, dans l'EGLISE, etc., etc.@, etc. Pour peu que vous les aidiez, ils auront bien-tôt trouvé un grand nombre de NOMS de CHOSES. Qu'ils trouvent autant de NOMS DE PERSONNES 1° en nommant celles qu'ils connaissent, comme Pierre, Jac-ques, etc., etc. 2° en nommant celles qu'ils ne con-naissent que par leur état, leur profession, leur métier. Par exemple Roi, Prince, Evêque, Abbé, Jardinier, Tailleur, Domestique, etc., etc. Vous leur ferez a@jouter ensuite des NOMS DE QUALITÉS à ces mêmes personnes et à ces mêmes choses qu'ils ont nommées déjà. Ainsi ils vous diront l'arbre est haut, le mur est blanc, etc.@, etc., le Roi est bon@, le Prince est clément, etc.@@ Pour le VERBE. On suivra le même procédé que pour le NOM. Après avoir expliqué aux@ enfans que tous les mots qui expriment l'état ou l'existence, la possession, l'action, s'appellent des VERBES et après leur en avoir donné plusieurs exemples@, on leur en fera trouver à eux-mêmes un certain nombre de ceux qui marquent, 1° les actions extérieures, par exemple, de la MAIN, comme coudre@, égratigner, battre, écrire, frapper, etc. de la BOUCHE, comme parler, crier, chanter, manger, boire, etc., etc. des JAMBES, et de tout le CORPS, comme danser, se promener, courir, etc., etc., 2° les actions des cinq sens du corps, comme voir, ouïr, flai-rer, toucher, goûter, sentir, etc., etc. 3° les opéra-tions de l'esprit, penser, douter, vouloir, etc. Pour la PARTICULE. On commencera par dire aux enfans que tous les mots qui restent dans la langue@, et qui ne sont ni noms ni verbes, s'appellent des PARTI-CULES. | PRÉLIMINAIRES. XXV@@ en donnera une foule d'exemples. Mais cela ne suffit pas. Il faut les exercer à en trouver d'eux-mêmes c'est alors qu'on sera sûr qu'ils connaîtront clairement les NOMS. Ainsi vous leur direz Trouvez-moi dix noms de CHOSES@ qui soient dans le JARDIN ? Ils vous diront bèche, terre, arbre, mur@@@@@@@, etc. Trouvez-en autant dans la CHAMBRE, ensuite dans la RUE@, dans l'EGLISE, etc., etc.@, etc. Pour peu que vous les aidiez, ils auront bien-tôt trouvé un grand nombre de NOMS de CHOSES. Qu'ils trouvent autant de NOMS DE PERSONNES 1° en nommant celles qu'ils connaissent, comme Pierre, Jac-ques, etc., etc. 2° en nommant celles qu'ils ne con-naissent que par leur état, leur profession, leur métier. Par exemple Roi, Prince, Evêque, Abbé, Jardinier, Tailleur, Domestique, etc., etc. Vous leur ferez a@jouter ensuite des NOMS DE QUALITÉS à ces mêmes personnes et à ces mêmes choses qu'ils ont nommées déjà. Ainsi ils vous diront l'arbre est haut, le mur est blanc, etc.@, etc., le Roi est bon@, le Prince est clément, etc.@@ Pour le VERBE. On suivra le même procédé que pour le NOM. Après avoir expliqué aux@ enfans que tous les mots qui expriment l'état ou l'existence, la possession, l'action, s'appellent des VERBES et après leur en avoir donné plusieurs exemples@, on leur en fera trouver à eux-mêmes un certain nombre de ceux qui marquent, 1° les actions extérieures, par exemple, de la MAIN, comme coudre@, égratigner, battre, écrire, frapper, etc. de la BOUCHE, comme parler, crier, chanter, manger, boire, etc., etc. des JAMBES, et de tout le CORPS, comme danser, se promener, courir, etc., etc., 2° les actions des cinq sens du corps, comme voir, ouïr, flai-rer, toucher, goûter, sentir, etc., etc. 3° les opéra-tions de l'esprit, penser, douter, vouloir, etc. Pour la PARTICULE. On commencera par dire aux enfans que tous les mots qui restent dans la langue@, et qui ne sont ni noms ni verbes, s'appellent des PARTI-CULES. | PRÉLIMINAIRES. XXV en donnera une foule d'exemples. Mais cela ne suffit pas. Il faut les exercer à en trouver d'eux-mêmes c'est alors qu'on sera sûr qu'ils connaîtront clairement les NOMS. Ainsi vous leur direz Trouvez-moi dix noms de CHOSES qui soient dans le JARDIN ? Ils vous diront bèche, terre, arbre, mur, etc. Trouvez-en autant dans la CHAMBRE, ensuite dans la RUE, dans l'EGLISE, etc., etc., etc. Pour peu que vous les aidiez, ils auront bien-tôt trouvé un grand nombre de NOMS de CHOSES. Qu'ils trouvent autant de NOMS DE PERSONNES 1° en nommant celles qu'ils connaissent, comme Pierre, Jac-ques, etc., etc. 2° en nommant celles qu'ils ne con-naissent que par leur état, leur profession, leur métier. Par exemple Roi, Prince, Evêque, Abbé, Jardinier, Tailleur, Domestique, etc., etc. Vous leur ferez ajouter ensuite des NOMS DE QUALITÉS à ces mêmes personnes et à ces mêmes choses qu'ils ont nommées déjà. Ainsi ils vous diront l'arbre est haut, le mur est blanc, etc., etc., le Roi est bon, le Prince est clément, etc. Pour le VERBE. On suivra le même procédé que pour le NOM. Après avoir expliqué aux enfans que tous les mots qui expriment l'état ou l'existence, la possession, l'action, s'appellent des VERBES et après leur en avoir donné plusieurs exemples, on leur en fera trouver à eux-mêmes un certain nombre de ceux qui marquent, 1° les actions extérieures, par exemple, de la MAIN, comme coudre, égratigner, battre, écrire, frapper, etc. de la BOUCHE, comme parler, crier, chanter, manger, boire, etc., etc. des JAMBES, et de tout le CORPS, comme danser, se promener, courir, etc., etc., 2° les actions des cinq sens du corps, comme voir, ouïr, flai-rer, toucher, goûter, sentir, etc., etc. 3° les opéra-tions de l'esprit, penser, douter, vouloir, etc. Pour la PARTICULE. On commencera par dire aux enfans que tous les mots qui restent dans la langue, et qui ne sont ni noms ni verbes, s'appellent des PARTI-CULES. | 43 | 0.022257 | 0.095823 |
475.txt | 1,871 | 6UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. possible d'expliquer cette conformité autrement que par une origine com-mune et cela ne suffit pas encore, il a fallu que dans les commencements toutes les fractions du genre humain aient vécu d'une vie commune pen-dant plusieurs siècles, pour que tant de peuples répandus par toute la terre aient emporté tant de coutumes, d'idées, de pratiques semblables que le hasard ne peut expliquer il faut que tous aient puisé à une même source. Ce qui frappe un esprit superficiel dans la comparaison des nations, ce sont les différences mais l'observateur qui voit le fond des choses est bien plus étonné des similitudes. Est-ce par hasard que partout et toujours, sous toutes les latitudes, le fond de la religion a reposé sur le sacrifice sanglant? Est-ce par hasard que se sont établis tant d'usages parfaitement semblables dans la pratique et les détails du culte, que nous avons signalés dans nos écrits précédents ? Est-ce un effet du hasard que le genre humain soit tombé partout dans un absurde polythéisme, mais après avoir été monothéiste ? Est-ce que le monothéisme n'indique pas avec certitude une origine iden-tique ? Nous avons vu que partout les religions polythéistes ont pris naissance à peu près vers la même époque. Est-ce que ce synchronisme n'indique pas une marche parallèle dans l'histoire des nations, qui accuse un point de départ central ? Malgré la diversité très-marquée des langues, n'y a-t-il pas des traits de famille ineffaçables dans toutes les langues du monde ? La formule gram-maticale qu'on appelle une phrase, composée de ses trois termes, est l'uni'é invariable du langage de l'homme, et cela toujours et partout. Qui a inventé ce mécanisme si parfait et si un dans sa diversité ? Comment se fait-il que des nations profondément séparées par l'expres-sion de leur pensée, par leur langue, se trouvent avoir sur d'autres points les plus intimes et les plus nombreuses affinités, lesquelles remontent à l'origine même de leur histoire? Par exemple, les zodiaques ont évidemment une même origine dans tout l'Orient, et ce point est si imporlant que nous devons en fournir quel-ques preuves, d'après les fructueuses recherches de de Guignes. Mém. de l'Acad., t. XLVII, p. 400 et seq. Le zodiaque dont va parler ce savant n'est pas celui des demeures du soleil, mais celui des demeures quotidiennes de la lune partagé en 28 sta-tions, et beaucoup plus ancien et plus primitif que le second, qui n'a dû être observé qu un long temps après. Dans la plus haute antiquité, dit-il, les peuples de l'Orient se sont diri-gés par le cours de la lune combiné avec les étoiles, et ils ont appelé maison, habitation, palais de la lune, un certain amas d'étoiles dans lequel elle séjournait. Voilà, je crois, ce que nous pouvons appeler le vrai zodiaque ancien, avec lequel celui des Grecs n'a point de rapport. Ce zodiaque lunaire est encore connu de tous les Orientaux, et par une singularité extraordinaire, il s'est conservé chez tous le même et souvent avec les mêmes noms qui ne sont que traduits avec le même sens dans les différentes langues nous le | 6UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. possible d'expliquer cette conformité autrement que par une origine com-mune et cela ne suffit pas encore, il a fallu que dans les commencements toutes les fractions du genre humain aient vécu d'une vie commune pen-dant plusieurs siècles, pour que tant de peuples répandus par toute la terre aient emporté tant de coutumes, d'idées, de pratiques semblables que le hasard ne peut expliquer il faut que tous aient puisé à une même source. Ce qui frappe un esprit superficiel dans la comparaison des nations, ce sont les différences mais l'observateur qui voit le fond des choses est bien plus étonné des similitudes. Est-ce par hasard que partout et toujours, sous toutes les latitudes, le fond de la religion a reposé sur le sacrifice sanglant@? Est-ce par hasard que se sont établis tant d'usages parfaitement semblables dans la pratique et les détails du culte, que nous avons signalés dans nos écrits précédents ? Est-ce un effet du hasard que le genre humain soit tombé partout dans un absurde polythéisme, mais après avoir été monothéiste ? Est-ce que le monothéisme n'indique pas avec certitude une origine iden-tique ? Nous avons vu que partout les religions polythéistes ont pris naissance à peu près vers la même époque. Est-ce que ce synchronisme n'indique pas une marche parallèle dans l'histoire des nations, qui accuse un point de départ central ? Malgré la diversité très-marquée des langues, n'y a-t-il pas des traits de famille ineffaçables dans toutes les langues du monde ? La formule gram-maticale qu'on appelle une phrase, composée de ses trois termes, est l'uni'é invariable du langage de l'homme, et cela toujours et partout. Qui a inventé ce mécanisme si parfait et si un dans sa diversité ? Comment se fait-il que des nations profondément séparées par l'expres-sion de leur pensée, par leur langue, se trouvent avoir sur d'autres points les plus intimes et les plus nombreuses affinités, lesquelles remontent à l'origine même de leur histoire@? Par exemple, les zodiaques ont évidemment une même origine dans tout l'Orient, et ce point est si imporlant que nous devons en fournir quel-ques preuves, d'après les fructueuses recherches de de Guignes. Mém. de l'Acad., t. XLVII, p. 400 et seq. Le zodiaque dont va parler ce savant n'est pas celui des demeures du soleil, mais celui des demeures quotidiennes de la lune partagé en 28 sta-tions, et beaucoup plus ancien et plus primitif que le second, qui n'a dû être observé qu un long temps après. Dans la plus haute antiquité, dit-il, les peuples de l'Orient se sont diri-gés par le cours de la lune combiné avec les étoiles, et ils ont appelé maison, habitation, palais de la lune, un certain amas d'étoiles dans lequel elle séjournait. Voilà, je crois, ce que nous pouvons appeler le vrai zodiaque ancien, avec lequel celui des Grecs n'a point de rapport. Ce zodiaque lunaire est encore connu de tous les Orientaux, et par une singularité extraordinaire, il s'est conservé chez tous le même et souvent avec les mêmes noms qui ne sont que traduits avec le même sens dans les différentes langues nous le | 6UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. possible d'expliquer cette conformité autrement que par une origine com-mune et cela ne suffit pas encore, il a fallu que dans les commencements toutes les fractions du genre humain aient vécu d'une vie commune pen-dant plusieurs siècles, pour que tant de peuples répandus par toute la terre aient emporté tant de coutumes, d'idées, de pratiques semblables que le hasard ne peut expliquer il faut que tous aient puisé à une même source. Ce qui frappe un esprit superficiel dans la comparaison des nations, ce sont les différences mais l'observateur qui voit le fond des choses est bien plus étonné des similitudes. Est-ce par hasard que partout et toujours, sous toutes les latitudes, le fond de la religion a reposé sur le sacrifice sanglant ? Est-ce par hasard que se sont établis tant d'usages parfaitement semblables dans la pratique et les détails du culte, que nous avons signalés dans nos écrits précédents ? Est-ce un effet du hasard que le genre humain soit tombé partout dans un absurde polythéisme, mais après avoir été monothéiste ? Est-ce que le monothéisme n'indique pas avec certitude une origine iden-tique ? Nous avons vu que partout les religions polythéistes ont pris naissance à peu près vers la même époque. Est-ce que ce synchronisme n'indique pas une marche parallèle dans l'histoire des nations, qui accuse un point de départ central ? Malgré la diversité très-marquée des langues, n'y a t-il pas des traits de famille ineffaçables dans toutes les langues du monde ? La formule gram-maticale qu'on appelle une phrase, composée de ses trois termes, est l'unité invariable du langage de l'homme, et cela toujours et partout. Qui a inventé ce mécanisme si parfait et si un dans sa diversité ? Comment se fait-il que des nations profondément séparées par l'exprés-sion de leur pensée, par leur langue, se trouvent avoir sur d'autres points les plus intimes et les plus nombreuses affinités, lesquelles remontent à l'origine même de leur histoire ? Par exemple, les zodiaques ont évidem@ent une même origine dans tout l'Orient, et ce point est si important que nous devons en fournir quel-ques preuves, d'après les fructueuses recherches de de Guignes. Mém. de l'Acad., t. XLVII, p. 400 et seq. Le zodiaque dont va parler ce savant n'est pas celui des demeures du soleil, mais celui des demeures quotidiennes de la lune partagé en 28 sta-tions, et beaucoup plus ancien et plus primitif que le second, qui n'a dû être observé qu'un long temps après. Dans la plus haute antiquité, dit-il, les peuples de l'Orient se sont diri-gés par le cours de la lune combiné avec les étoiles, et ils ont appelé maison, habitation, palais de la lune, un certain amas d'étoiles dans lequel elle séjournait. Voilà, je crois, ce que nous pouvons appeler le vrai zodiaque ancien, avec lequel celui des Grecs n'a point de rapport. Ce zodiaque lunaire est encore connu de tous les Orientaux, et par une singularité extraordinaire, il s'est conservé chez tous le même et souvent avec les mêmes noms qui ne sont que traduits avec le même sens dans les différentes langues nous le | 6UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. possible d'expliquer cette conformité autrement que par une origine com-mune et cela ne suffit pas encore, il a fallu que dans les commencements toutes les fractions du genre humain aient vécu d'une vie commune pen-dant plusieurs siècles, pour que tant de peuples répandus par toute la terre aient emporté tant de coutumes, d'idées, de pratiques semblables que le hasard ne peut expliquer il faut que tous aient puisé à une même source. Ce qui frappe un esprit superficiel dans la comparaison des nations, ce sont les différences mais l'observateur qui voit le fond des choses est bien plus étonné des similitudes. Est-ce par hasard que partout et toujours, sous toutes les latitudes, le fond de la religion a reposé sur le sacrifice sanglant ? Est-ce par hasard que se sont établis tant d'usages parfaitement semblables dans la pratique et les détails du culte, que nous avons signalés dans nos écrits précédents ? Est-ce un effet du hasard que le genre humain soit tombé partout dans un absurde polythéisme, mais après avoir été monothéiste ? Est-ce que le monothéisme n'indique pas avec certitude une origine iden-tique ? Nous avons vu que partout les religions polythéistes ont pris naissance à peu près vers la même époque. Est-ce que ce synchronisme n'indique pas une marche parallèle dans l'histoire des nations, qui accuse un point de départ central ? Malgré la diversité très-marquée des langues, n'y a t-il pas des traits de famille ineffaçables dans toutes les langues du monde ? La formule gram-maticale qu'on appelle une phrase, composée de ses trois termes, est l'unité invariable du langage de l'homme, et cela toujours et partout. Qui a inventé ce mécanisme si parfait et si un dans sa diversité ? Comment se fait-il que des nations profondément séparées par l'exprés-sion de leur pensée, par leur langue, se trouvent avoir sur d'autres points les plus intimes et les plus nombreuses affinités, lesquelles remontent à l'origine même de leur histoire ? Par exemple, les zodiaques ont évidem@ent une même origine dans tout l'Orient, et ce point est si important que nous devons en fournir quel-ques preuves, d'après les fructueuses recherches de de Guignes. Mém. de l'Acad., t. XLVII, p. 400 et seq. Le zodiaque dont va parler ce savant n'est pas celui des demeures du soleil, mais celui des demeures quotidiennes de la lune partagé en 28 sta-tions, et beaucoup plus ancien et plus primitif que le second, qui n'a dû être observé qu'un long temps après. Dans la plus haute antiquité, dit-il, les peuples de l'Orient se sont diri-gés par le cours de la lune combiné avec les étoiles, et ils ont appelé maison, habitation, palais de la lune, un certain amas d'étoiles dans lequel elle séjournait. Voilà, je crois, ce que nous pouvons appeler le vrai zodiaque ancien, avec lequel celui des Grecs n'a point de rapport. Ce zodiaque lunaire est encore connu de tous les Orientaux, et par une singularité extraordinaire, il s'est conservé chez tous le même et souvent avec les mêmes noms qui ne sont que traduits avec le même sens dans les différentes langues nous le | 6UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. possible d'expliquer cette conformité autrement que par une origine com-mune et cela ne suffit pas encore, il a fallu que dans les commencements toutes les fractions du genre humain aient vécu d'une vie commune pen-dant plusieurs siècles, pour que tant de peuples répandus par toute la terre aient emporté tant de coutumes, d'idées, de pratiques semblables que le hasard ne peut expliquer il faut que tous aient puisé à une même source. Ce qui frappe un esprit superficiel dans la comparaison des nations, ce sont les différences mais l'observateur qui voit le fond des choses est bien plus étonné des similitudes. Est-ce par hasard que partout et toujours, sous toutes les latitudes, le fond de la religion a reposé sur le sacrifice sanglant ? Est-ce par hasard que se sont établis tant d'usages parfaitement semblables dans la pratique et les détails du culte, que nous avons signalés dans nos écrits précédents ? Est-ce un effet du hasard que le genre humain soit tombé partout dans un absurde polythéisme, mais après avoir été monothéiste ? Est-ce que le monothéisme n'indique pas avec certitude une origine iden-tique ? Nous avons vu que partout les religions polythéistes ont pris naissance à peu près vers la même époque. Est-ce que ce synchronisme n'indique pas une marche parallèle dans l'histoire des nations, qui accuse un point de départ central ? Malgré la diversité très-marquée des langues, n'y a t-il pas des traits de famille ineffaçables dans toutes les langues du monde ? La formule gram-maticale qu'on appelle une phrase, composée de ses trois termes, est l'unité invariable du langage de l'homme, et cela toujours et partout. Qui a inventé ce mécanisme si parfait et si un dans sa diversité ? Comment se fait-il que des nations profondément séparées par l'exprés-sion de leur pensée, par leur langue, se trouvent avoir sur d'autres points les plus intimes et les plus nombreuses affinités, lesquelles remontent à l'origine même de leur histoire ? Par exemple, les zodiaques ont évidement une même origine dans tout l'Orient, et ce point est si important que nous devons en fournir quel-ques preuves, d'après les fructueuses recherches de de Guignes. Mém. de l'Acad., t. XLVII, p. 400 et seq. Le zodiaque dont va parler ce savant n'est pas celui des demeures du soleil, mais celui des demeures quotidiennes de la lune partagé en 28 sta-tions, et beaucoup plus ancien et plus primitif que le second, qui n'a dû être observé qu'un long temps après. Dans la plus haute antiquité, dit-il, les peuples de l'Orient se sont diri-gés par le cours de la lune combiné avec les étoiles, et ils ont appelé maison, habitation, palais de la lune, un certain amas d'étoiles dans lequel elle séjournait. Voilà, je crois, ce que nous pouvons appeler le vrai zodiaque ancien, avec lequel celui des Grecs n'a point de rapport. Ce zodiaque lunaire est encore connu de tous les Orientaux, et par une singularité extraordinaire, il s'est conservé chez tous le même et souvent avec les mêmes noms qui ne sont que traduits avec le même sens dans les différentes langues nous le | 8 | 0.00258 | 0.013986 |
307.txt | 1,845 | -200 -autres, le mouvement de la pointe est de l'est à l'ouest. Mais que Ta-t-il arriver si l'on sonne les quatre cloches à la fois, et en suivant leur accord naturel, fa, mi, re, ut ? L'expérience en a été faite le hardi couvreur décrivait, avec la pointe de la flèche, autant de cercles dans les airs, que les cloches faisaient entendre de fois le fa, mi, re, ut. Il ne fallait rien moins que le marteau révolu-tionnaire pour attaquer et détruire ce merveilleux monument. Mais nous avons quelque chose de plus à déplorer. Dans l'ar-rière-choeur de l'abbaye de Saint-Remi s'élevait un monument si noble dans son architecture, et si riche par les précieux maté-riaux dont il se composait qu'il eût fallu parcourir la France entière pour trouver quelque objet du même genre qui pût lui être comparé c'était le mausolée de S. Rémi, l'apôtre des Français. Dans une châsse d'argent massif, dont la forme repré-sentait en petit celle du monument, et toute étincelante d'or et de pierreries, reposaient les restes vénérables de celui qui baptisa Clovis et ses Francs. D'un côté de la châsse, on voyait le bâton pastoral du saint et de l'autre côté la sainte Ampoule. C'était une fiole fort petite, contenant du baume coagulé une tradition constante, appuyée du témoignage positif d'Hincmar, l'un des plus illustres successeurs de S. Rémi, atteste que le saint chrême ayant manqué au moment du baptême et du sacre de Clovis, un ange apporta au saint prélat cette fiole miraculeuse. Une relique si auguste et qui rappelait de si légitimes souvenirs ne pouvait échapper aux fureurs révolutionnaires. Rulh, digne agent de la convention nationale, arrive à Reims, se fait livrer la sainte Ampoule, et la brise à coups de marteau sur la place royale, au cri de Vive la République ! 7 octobre 1793. Il croyait avoir anéanti la sainte Ampoule il ignorait qu'avant de la lui livrer on en avait extrait une partie du baume qu'elle contenait que ces précieuses parcelles seraient non seulement reconnues, mais aussi revêtues du sceau de l'authenticité, et reparaîtraient au sacre des rois très chrétiens. Reims, le 23 du même mois, revit cet Armonville, qui, élu membre de la convention le 3 septembre de l'année précédente, avait reçu le même jour, de la part des assassins, les honneurs | -200 -autres, le mouvement de la pointe est de l'est à l'ouest. Mais que Ta-t-il arriver si l'on sonne les quatre cloches à la fois, et en suivant leur accord naturel, fa, mi, re, ut ? L'expérience en a été faite le hardi couvreur décrivait, avec la pointe de la flèche, autant de cercles dans les airs, que les cloches faisaient entendre de fois le fa, mi, re, ut. Il ne fallait rien moins que le marteau révolu-tionnaire pour attaquer et détruire ce merveilleux monument. Mais nous avons quelque chose de plus à déplorer. Dans l'ar-rière-choeur de l'abbaye de Saint-Remi s'élevait un monument si noble dans son architecture, et si riche par les précieux maté-riaux dont il se composait qu'il eût fallu parcourir la France entière pour trouver quelque objet du même genre qui pût lui être comparé c'était le mausolée de S. Rémi, l'apôtre des Français. Dans une châsse d'argent massif, dont la forme repré-sentait en petit celle du monument, et toute étincelante d'or et de pierreries, reposaient les restes vénérables de celui qui baptisa Clovis et ses Francs. D'un côté de la châsse, on voyait le bâton pastoral du saint et de l'autre côté la sainte Ampoule. C'était une fiole fort petite, contenant du baume coagulé une tradition constante, appuyée du témoignage positif d'Hincmar, l'un des plus illustres successeurs de S. Rémi, atteste que le saint chrême ayant manqué au moment du baptême et du sacre de Clovis, un ange apporta au saint prélat cette fiole miraculeuse. Une relique si auguste et qui rappelait de si légitimes souvenirs ne pouvait échapper aux fureurs révolutionnaires. Rulh, digne agent de la convention nationale, arrive à Reims, se fait livrer la sainte Ampoule, et la brise à coups de marteau sur la place royale, au cri de Vive la République ! 7 octobre 1793. Il croyait avoir anéanti la sainte Ampoule il ignorait qu'avant de la lui livrer on en avait extrait une partie du baume qu'elle contenait que ces précieuses parcelles seraient non seulement reconnues, mais aussi revêtues du sceau de l'authenticité, et reparaîtraient au sacre des rois très chrétiens. Reims, le 23 du même mois, revit cet Armonville, qui, élu membre de la convention le 3 septembre de l'année précédente, avait reçu le même jour, de la part des assassins, les honneurs | ############# le mouvement de la pointe est de l'est à l'ouest. Mais que va-t-il arriver si l'on sonne les quatre cloches à la fois, et en suivant leur accord naturel, fa, mi, re, ut ? L'expérience en a été faite le hardi couvreur décrivait, avec la pointe de la flèche, autant de cercles dans les airs, que les cloches faisaient entendre de fois le fa, mi, re, ut. Il ne fallait rien moins que le marteau révolu-tionnaire pour attaquer et détruire ce merveilleux monument. Mais nous avons quelque chose de plus à déplorer. Dans l'ar-rière-choeur de l'abbaye de Saint-Remi s'élevait un monument si noble dans son architecture, et si riche par les précieux maté-riaux dont il se composait qu'il eût fallu parcourir la France entière pour trouver quelque objet du même genre qui pût lui être comparé c'était le mausolée de S. Rémi, l'apôtre des Français. Dans une châsse d'argent massif, dont la forme repré-sentait en petit celle du monument, et toute étincelante d'or et de pierreries, reposaient les restes vénérables de celui qui baptisa Clovis et ses Francs. D'un côté de la châsse, on voyait le bâton pastoral du saint et de l'autre côté la sainte Ampoule. C'était une fiole fort petite, contenant du baume coagulé une tradition constante, appuyée du témoignage positif d'Hincmar, l'un des plus illustres successeurs de S. Rémi, atteste que le saint chrême ayant manqué au moment du baptême et du sacre de Clovis, un ange apporta au saint prélat cette fiole miraculeuse. Une relique si auguste et qui rappelait de si légitimes souvenirs ne pouvait échapper aux fureurs révolutionnaires. Rulh, digne agent de la convention nationale, arrive à Reims, se fait livrer la sainte Ampoule, et la brise à coups de marteau sur la place royale, au cri de Vive la République ! 7 octobre 1793. Il croyait avoir anéanti la sainte Ampoule il ignorait qu'avant de la lui livrer on en avait extrait une partie du baume qu'elle contenait que ces précieuses parcelles seraient non seulement reconnues, mais aussi revêtues du sceau de l'authenticité, et reparaîtraient au sacre des rois très chrétiens. Reims, le 23 du même mois, revit cet Armonville, qui, élu membre de la convention le 3 septembre de l'année précédente, avait reçu le même jour, de la part des assassins, les honneurs | -200 -autres, le mouvement de la pointe est de l'est à l'ouest. Mais que va-t-il arriver si l'on sonne les quatre cloches à la fois, et en suivant leur accord naturel, fa, mi, re, ut ? L'expérience en a été faite le hardi couvreur décrivait, avec la pointe de la flèche, autant de cercles dans les airs, que les cloches faisaient entendre de fois le fa, mi, re, ut. Il ne fallait rien moins que le marteau révolu-tionnaire pour attaquer et détruire ce merveilleux monument. Mais nous avons quelque chose de plus à déplorer. Dans l'ar-rière-choeur de l'abbaye de Saint-Remi s'élevait un monument si noble dans son architecture, et si riche par les précieux maté-riaux dont il se composait qu'il eût fallu parcourir la France entière pour trouver quelque objet du même genre qui pût lui être comparé c'était le mausolée de S. Rémi, l'apôtre des Français. Dans une châsse d'argent massif, dont la forme repré-sentait en petit celle du monument, et toute étincelante d'or et de pierreries, reposaient les restes vénérables de celui qui baptisa Clovis et ses Francs. D'un côté de la châsse, on voyait le bâton pastoral du saint et de l'autre côté la sainte Ampoule. C'était une fiole fort petite, contenant du baume coagulé une tradition constante, appuyée du témoignage positif d'Hincmar, l'un des plus illustres successeurs de S. Rémi, atteste que le saint chrême ayant manqué au moment du baptême et du sacre de Clovis, un ange apporta au saint prélat cette fiole miraculeuse. Une relique si auguste et qui rappelait de si légitimes souvenirs ne pouvait échapper aux fureurs révolutionnaires. Rulh, digne agent de la convention nationale, arrive à Reims, se fait livrer la sainte Ampoule, et la brise à coups de marteau sur la place royale, au cri de Vive la République ! 7 octobre 1793. Il croyait avoir anéanti la sainte Ampoule il ignorait qu'avant de la lui livrer on en avait extrait une partie du baume qu'elle contenait que ces précieuses parcelles seraient non seulement reconnues, mais aussi revêtues du sceau de l'authenticité, et reparaîtraient au sacre des rois très chrétiens. Reims, le 23 du même mois, revit cet Armonville, qui, élu membre de la convention le 3 septembre de l'année précédente, avait reçu le même jour, de la part des assassins, les honneurs | -200 -autres, le mouvement de la pointe est de l'est à l'ouest. Mais que va-t-il arriver si l'on sonne les quatre cloches à la fois, et en suivant leur accord naturel, fa, mi, re, ut ? L'expérience en a été faite le hardi couvreur décrivait, avec la pointe de la flèche, autant de cercles dans les airs, que les cloches faisaient entendre de fois le fa, mi, re, ut. Il ne fallait rien moins que le marteau révolu-tionnaire pour attaquer et détruire ce merveilleux monument. Mais nous avons quelque chose de plus à déplorer. Dans l'ar-rière-choeur de l'abbaye de Saint-Remi s'élevait un monument si noble dans son architecture, et si riche par les précieux maté-riaux dont il se composait qu'il eût fallu parcourir la France entière pour trouver quelque objet du même genre qui pût lui être comparé c'était le mausolée de S. Rémi, l'apôtre des Français. Dans une châsse d'argent massif, dont la forme repré-sentait en petit celle du monument, et toute étincelante d'or et de pierreries, reposaient les restes vénérables de celui qui baptisa Clovis et ses Francs. D'un côté de la châsse, on voyait le bâton pastoral du saint et de l'autre côté la sainte Ampoule. C'était une fiole fort petite, contenant du baume coagulé une tradition constante, appuyée du témoignage positif d'Hincmar, l'un des plus illustres successeurs de S. Rémi, atteste que le saint chrême ayant manqué au moment du baptême et du sacre de Clovis, un ange apporta au saint prélat cette fiole miraculeuse. Une relique si auguste et qui rappelait de si légitimes souvenirs ne pouvait échapper aux fureurs révolutionnaires. Rulh, digne agent de la convention nationale, arrive à Reims, se fait livrer la sainte Ampoule, et la brise à coups de marteau sur la place royale, au cri de Vive la République ! 7 octobre 1793. Il croyait avoir anéanti la sainte Ampoule il ignorait qu'avant de la lui livrer on en avait extrait une partie du baume qu'elle contenait que ces précieuses parcelles seraient non seulement reconnues, mais aussi revêtues du sceau de l'authenticité, et reparaîtraient au sacre des rois très chrétiens. Reims, le 23 du même mois, revit cet Armonville, qui, élu membre de la convention le 3 septembre de l'année précédente, avait reçu le même jour, de la part des assassins, les honneurs | 1 | 0.00044 | 0.00232 |
306.txt | 1,845 | -199 -charité nouvellement créées et appropriées aux besoins de l'épo-que actuelle. Au reste, dans les nombreuses destructions que nous venons d'énumérer, il y a des pertes qui, même sous le rapport de l'art, ne seront jamais réparées. La plupart des églises remontaient très haut dans l'antiquité plusieurs offraient dans leur enceinte des monuments antérieurs même au moyen âge quelques-unes étaient d'une architecture remarquable, entre autres Saint-Pierre-les-Dames. Mais que dire de Saint-Nicaise, ce chef-d'oeuvre in-comparable d'architecture gothique pour l'étonnante hardiesse de ses voûtes, pour l'admirable légèreté de ses tours découpées en colonnettes et de ses flèches élancées dans les nues? On y remarquait d'ailleurs un phénomène toujours inexplicable c'était un arc-boutant d'un aplomb si parfait, que sa tête se balançait très visiblement au branle d'une des plus petites cloches placées dans la tour méridionale, dont il était d'ailleurs éloigné de quarante pieds au moins. De plus, il n'avait de communica-tion avec la tour, et n'en recevait le mouvement de vacillation que par l'intermédiaire du grand mur méridional de la nef, auquel aboutissait sa tête. Mais, ce qui complique singulière-ment la difficulté, ce même mur ne pouvait recevoir de la tour que l'impulsion de l'ouest à l'est, c'est a dire dans la direction, non de son épaisseur, mais de sa longueur supposition qui semble absurde, et que pourtant il faut admettre, sur la foi des milliers de témoins qui ont vu de leurs yeux le phénomène, qui l'ont revu, examiné, étudié durant plus d'un siècle, sans pouvoir s'en rendre un compte satisfaisant, même après les explications que le célèbre auteur du Spectacle de la nature a essayé d'en donner. D'autres expériences fort curieuses, et moins inconcevables, ont été faites sur la flèche même de la tour. Un couvreur monte jusqu'à la pointe de celte flèche la tour qui. le porte contient quatre cloches, dont deux mises en volée se balancent du nord au sud, et les deux autres mises à leur tour en volée vont de l'est à l'ouest. Au branle des deux premières, la pointe de la flèche suit le mouvement du nord au sud au branle des deux | -199 -charité nouvellement créées et appropriées aux besoins de l'épo-que actuelle. Au reste, dans les nombreuses destructions que nous venons d'énumérer, il y a des pertes qui, même sous le rapport de l'art, ne seront jamais réparées. La plupart des églises remontaient très haut dans l'antiquité plusieurs offraient dans leur enceinte des monuments antérieurs même au moyen âge quelques-unes étaient d'une architecture remarquable, entre autres Saint-Pierre-les-Dames. Mais que dire de Saint-Nicaise, ce chef-d'oeuvre in-comparable d'architecture gothique pour l'étonnante hardiesse de ses voûtes, pour l'admirable légèreté de ses tours découpées en colonnettes et de ses flèches élancées dans les nues? On y remarquait d'ailleurs un phénomène toujours inexplicable c'était un arc-boutant d'un aplomb si parfait, que sa tête se balançait très visiblement au branle d'une des plus petites cloches placées dans la tour méridionale, dont il était d'ailleurs éloigné de quarante pieds au moins. De plus, il n'avait de communica-tion avec la tour, et n'en recevait le mouvement de vacillation que par l'intermédiaire du grand mur méridional de la nef, auquel aboutissait sa tête. Mais, ce qui complique singulière-ment la difficulté, ce même mur ne pouvait recevoir de la tour que l'impulsion de l'ouest à l'est, c'est a dire dans la direction, non de son épaisseur, mais de sa longueur supposition qui semble absurde, et que pourtant il faut admettre, sur la foi des milliers de témoins qui ont vu de leurs yeux le phénomène, qui l'ont revu, examiné, étudié durant plus d'un siècle, sans pouvoir s'en rendre un compte satisfaisant, même après les explications que le célèbre auteur du Spectacle de la nature a essayé d'en donner. D'autres expériences fort curieuses, et moins inconcevables, ont été faites sur la flèche même de la tour. Un couvreur monte jusqu'à la pointe de celte flèche la tour qui. le porte contient quatre cloches, dont deux mises en volée se balancent du nord au sud, et les deux autres mises à leur tour en volée vont de l'est à l'ouest. Au branle des deux premières, la pointe de la flèche suit le mouvement du nord au sud au branle des deux | ############# nouvellement créées et appropriées aux besoins de l'épo-que actuelle. Au reste, dans les nombreuses destructions que nous venons d'énumérer, il y a des pertes qui, même sous le rapport de l'art, ne seront jamais réparées. La plupart des églises remontaient très haut dans l'antiquité plusieurs offraient dans leur enceinte des monuments antérieurs même au moyen âge quelques-unes étaient d'une architecture remarquable, entre autres Saint-Pierre-les-Dames. Mais que dire de Saint-Nicaise, ce chef-d'oeuvre in-comparable d'architecture gothique pour l'étonnante hardiesse de ses voûtes, pour l'admirable légèreté de ses tours découpées en colonnettes et de ses flèches élancées dans les nues? On y remarquait d'ailleurs un phénomène toujours inexplicable c'était un arc-boutant d'un aplomb si parfait, que sa tête se balançait très visiblement au branle d'une des plus petites cloches placées dans la tour méridionale, dont il était d'ailleurs éloigné de quarante pieds au moins. De plus, il n'avait de communica-tion avec la tour, et n'en recevait le mouvement de vacillation que par l'intermédiaire du grand mur méridional de la nef, auquel aboutissait sa tête. Mais, ce qui complique singulière-ment la difficulté, ce même mur ne pouvait recevoir de la tour que l'impulsion de l'ouest à l'est, c'est a dire dans la direction, non de son épaisseur, mais de sa longueur supposition qui semble absurde, et que pourtant il faut admettre, sur la foi des milliers de témoins qui ont vu de leurs yeux le phénomène, qui l'ont revu, examiné, étudié durant plus d'un siècle, sans pouvoir s'en rendre un compte satisfaisant, même après les explications que le célèbre auteur du Spectacle de la nature a essayé d'en donner. D'autres expériences fort curieuses, et moins inconcevables, ont été faites sur la flèche même de la tour. Un couvreur monte jusqu'à la pointe de cette flèche la tour qui. le porte contient quatre cloches, dont deux mises en volée se balancent du nord au sud, et les deux autres mises à leur tour en volée vont de l'est à l'ouest. Au branle des deux premières, la pointe de la flèche suit le mouvement du nord au sud au branle des deux | -199 -charité nouvellement créées et appropriées aux besoins de l'épo-que actuelle. Au reste, dans les nombreuses destructions que nous venons d'énumérer, il y a des pertes qui, même sous le rapport de l'art, ne seront jamais réparées. La plupart des églises remontaient très haut dans l'antiquité plusieurs offraient dans leur enceinte des monuments antérieurs même au moyen âge quelques-unes étaient d'une architecture remarquable, entre autres Saint-Pierre-les-Dames. Mais que dire de Saint-Nicaise, ce chef-d'oeuvre in-comparable d'architecture gothique pour l'étonnante hardiesse de ses voûtes, pour l'admirable légèreté de ses tours découpées en colonnettes et de ses flèches élancées dans les nues? On y remarquait d'ailleurs un phénomène toujours inexplicable c'était un arc-boutant d'un aplomb si parfait, que sa tête se balançait très visiblement au branle d'une des plus petites cloches placées dans la tour méridionale, dont il était d'ailleurs éloigné de quarante pieds au moins. De plus, il n'avait de communica-tion avec la tour, et n'en recevait le mouvement de vacillation que par l'intermédiaire du grand mur méridional de la nef, auquel aboutissait sa tête. Mais, ce qui complique singulière-ment la difficulté, ce même mur ne pouvait recevoir de la tour que l'impulsion de l'ouest à l'est, c'est a dire dans la direction, non de son épaisseur, mais de sa longueur supposition qui semble absurde, et que pourtant il faut admettre, sur la foi des milliers de témoins qui ont vu de leurs yeux le phénomène, qui l'ont revu, examiné, étudié durant plus d'un siècle, sans pouvoir s'en rendre un compte satisfaisant, même après les explications que le célèbre auteur du Spectacle de la nature a essayé d'en donner. D'autres expériences fort curieuses, et moins inconcevables, ont été faites sur la flèche même de la tour. Un couvreur monte jusqu'à la pointe de cette flèche la tour qui. le porte contient quatre cloches, dont deux mises en volée se balancent du nord au sud, et les deux autres mises à leur tour en volée vont de l'est à l'ouest. Au branle des deux premières, la pointe de la flèche suit le mouvement du nord au sud au branle des deux | -199 -charité nouvellement créées et appropriées aux besoins de l'épo-que actuelle. Au reste, dans les nombreuses destructions que nous venons d'énumérer, il y a des pertes qui, même sous le rapport de l'art, ne seront jamais réparées. La plupart des églises remontaient très haut dans l'antiquité plusieurs offraient dans leur enceinte des monuments antérieurs même au moyen âge quelques-unes étaient d'une architecture remarquable, entre autres Saint-Pierre-les-Dames. Mais que dire de Saint-Nicaise, ce chef-d'oeuvre in-comparable d'architecture gothique pour l'étonnante hardiesse de ses voûtes, pour l'admirable légèreté de ses tours découpées en colonnettes et de ses flèches élancées dans les nues? On y remarquait d'ailleurs un phénomène toujours inexplicable c'était un arc-boutant d'un aplomb si parfait, que sa tête se balançait très visiblement au branle d'une des plus petites cloches placées dans la tour méridionale, dont il était d'ailleurs éloigné de quarante pieds au moins. De plus, il n'avait de communica-tion avec la tour, et n'en recevait le mouvement de vacillation que par l'intermédiaire du grand mur méridional de la nef, auquel aboutissait sa tête. Mais, ce qui complique singulière-ment la difficulté, ce même mur ne pouvait recevoir de la tour que l'impulsion de l'ouest à l'est, c'est a dire dans la direction, non de son épaisseur, mais de sa longueur supposition qui semble absurde, et que pourtant il faut admettre, sur la foi des milliers de témoins qui ont vu de leurs yeux le phénomène, qui l'ont revu, examiné, étudié durant plus d'un siècle, sans pouvoir s'en rendre un compte satisfaisant, même après les explications que le célèbre auteur du Spectacle de la nature a essayé d'en donner. D'autres expériences fort curieuses, et moins inconcevables, ont été faites sur la flèche même de la tour. Un couvreur monte jusqu'à la pointe de cette flèche la tour qui. le porte contient quatre cloches, dont deux mises en volée se balancent du nord au sud, et les deux autres mises à leur tour en volée vont de l'est à l'ouest. Au branle des deux premières, la pointe de la flèche suit le mouvement du nord au sud au branle des deux | 1 | 0.000462 | 0.002571 |
312.txt | 1,820 | XVIII NOTICE que, un ouvrage de philosophie, Clairault, Bayle et Saint-Augustin. Une tête moins bien organisée que la sienne n'eût rapporté , de pareilles lectures , que le zèle crédule d'une dévotion ascétique, ou le doute d'une philosophie désolante. Elle évita ces deux excès mais un autre ou-vrage avait déjà décidé pour jamais de ses goûts, de ses opinions, de sa vie entière. L'enfant qui, à huit ans, malgré sa piété fervente, portait à l'église les Vies des hommes illustres de Plutarque, au lietr de son livre de messe la jeune personne qui pleurait à quatorze ans de n'être pas Spartiate ou Romaine , ne semblait appartenir ni à son temps ni à son pays. La Grèce et l'Italie étaient sans cesse présentes à sa pensée elle vivait , pour ainsi dire, au milieu des républiques anciennes elle admirait la sagesse de leurs lois, la simplicité de leurs moeurs, la force de leurs institutions son coeur se sentait ému aux seuls mots de gloire , de liberté, de patrie en parcourant l'histoire des Romains et des Grecs, elle élevait son ame à la contemplation de tout ce qu'il y a de grand dans leurs vertus , de fier et d'héroïque dans leurs actions elle s'entretenait avec leurs grands hommes, elle assis-tait à leurs combats, à leurs triomphes , et son imagina-tion , tout occupée des honneurs immortels que décerne la reconnaissance des peuples libres , ne voyait que la gloire de Léonidas et les trophées de Miltiade elle ou-bliait l'exil d'Aristide et la mort de Phocion. Quand elle reportait ses idées et ses regards vers la Franee, son siècle et son pays n'avaient point à gagner à la comparaison. La monarchie était rapidement déchue ce n'était plus cet édifice que Louis XIV avait élevé de sa main puissante, avait entouré de tous les prestiges de sa gloire. Ce monarque, qui dans sa sollicitude pour la | XVIII NOTICE que, un ouvrage de philosophie, Clairault, Bayle et Saint-Augustin. Une tête moins bien organisée que la sienne n'eût rapporté , de pareilles lectures , que le zèle crédule d'une dévotion ascétique, ou le doute d'une philosophie désolante. Elle évita ces deux excès mais un autre ou-vrage avait déjà décidé pour jamais de ses goûts, de ses opinions, de sa vie entière. L'enfant qui, à huit ans, malgré sa piété fervente, portait à l'église les Vies des hommes illustres de Plutarque, au lietr de son livre de messe la jeune personne qui pleurait à quatorze ans de n'être pas Spartiate ou Romaine , ne semblait appartenir ni à son temps ni à son pays. La Grèce et l'Italie étaient sans cesse présentes à sa pensée elle vivait , pour ainsi dire, au milieu des républiques anciennes elle admirait la sagesse de leurs lois, la simplicité de leurs moeurs, la force de leurs institutions son coeur se sentait ému aux seuls mots de gloire , de liberté, de patrie en parcourant l'histoire des Romains et des Grecs, elle élevait son ame à la contemplation de tout ce qu'il y a de grand dans leurs vertus , de fier et d'héroïque dans leurs actions elle s'entretenait avec leurs grands hommes, elle assis-tait à leurs combats, à leurs triomphes , et son imagina-tion , tout occupée des honneurs immortels que décerne la reconnaissance des peuples libres , ne voyait que la gloire de Léonidas et les trophées de Miltiade elle ou-bliait l'exil d'Aristide et la mort de Phocion. Quand elle reportait ses idées et ses regards vers la Franee, son siècle et son pays n'avaient point à gagner à la comparaison. La monarchie était rapidement déchue ce n'était plus cet édifice que Louis XIV avait élevé de sa main puissante, avait entouré de tous les prestiges de sa gloire. Ce monarque, qui dans sa sollicitude pour la | XVIII NOTICE que, un ouvrage de philosophie, Clairault, Bayle et Saint-Augustin. Une tête moins bien organisée que la sienne n'eût rapporté@, de pareilles lectures@, que le zèle crédule d'une dévotion ascétique, ou le doute d'une philosophie désolante. Elle évita ces deux excès mais un autre ou-vrage avait déjà décidé pour jamais de ses goûts, de ses opinions, de sa vie entière. L'enfant qui, à huit ans, malgré sa piété fervente, portait à l'église les Vies des hommes illustres de Plutarque, au lie@u de son livre de messe la jeune personne qui pleurait à quatorze ans de n'être pas Spartiate ou Romaine@, ne semblait appartenir ni à son temps ni à son pays. La Grèce et l'Italie étaient sans cesse présentes à sa pensée elle vivait@, pour ainsi dire, au milieu des républiques anciennes elle admirait la sagesse de leurs lois, la simplicité de leurs moeurs, la force de leurs institutions son coeur se sentait ému aux seuls mots de gloire@, de liberté, de patrie en parcourant l'histoire des Romains et des Grecs, elle élevait son ame à la contemplation de tout ce qu'il y a de grand dans leurs vertus@, de fier et d'héroïque dans leurs actions elle s'entretenait avec leurs grands hommes, elle assis-tait à leurs combats, à leurs triomphes@, et son imagina-tion@, tout occupée des honneurs immortels que décerne la reconnaissance des peuples libres@, ne voyait que la gloire de Léonidas et les trophées de Miltiade elle ou-bliait l'exil d'Aristide et la mort de Phocion. Quand elle reportait ses idées et ses regards vers la France, son siècle et son pays n'avaient point à gagner à la comparaison. La monarchie était rapidement déchue ce n'était plus cet édifice que Louis XIV avait élevé de sa main puissante, avait entouré de tous les prestiges de sa gloire. Ce monarque, qui dans sa sollicitude pour la | XVIII NOTICE que, un ouvrage de philosophie, Clairault, Bayle et Saint-Augustin. Une tête moins bien organisée que la sienne n'eût rapporté@, de pareilles lectures@, que le zèle crédule d'une dévotion ascétique, ou le doute d'une philosophie désolante. Elle évita ces deux excès mais un autre ou-vrage avait déjà décidé pour jamais de ses goûts, de ses opinions, de sa vie entière. L'enfant qui, à huit ans, malgré sa piété fervente, portait à l'église les Vies des hommes illustres de Plutarque, au lie@u de son livre de messe la jeune personne qui pleurait à quatorze ans de n'être pas Spartiate ou Romaine@, ne semblait appartenir ni à son temps ni à son pays. La Grèce et l'Italie étaient sans cesse présentes à sa pensée elle vivait@, pour ainsi dire, au milieu des républiques anciennes elle admirait la sagesse de leurs lois, la simplicité de leurs moeurs, la force de leurs institutions son coeur se sentait ému aux seuls mots de gloire@, de liberté, de patrie en parcourant l'histoire des Romains et des Grecs, elle élevait son ame à la contemplation de tout ce qu'il y a de grand dans leurs vertus@, de fier et d'héroïque dans leurs actions elle s'entretenait avec leurs grands hommes, elle assis-tait à leurs combats, à leurs triomphes@, et son imagina-tion@, tout occupée des honneurs immortels que décerne la reconnaissance des peuples libres@, ne voyait que la gloire de Léonidas et les trophées de Miltiade elle ou-bliait l'exil d'Aristide et la mort de Phocion. Quand elle reportait ses idées et ses regards vers la France, son siècle et son pays n'avaient point à gagner à la comparaison. La monarchie était rapidement déchue ce n'était plus cet édifice que Louis XIV avait élevé de sa main puissante, avait entouré de tous les prestiges de sa gloire. Ce monarque, qui dans sa sollicitude pour la | XVIII NOTICE que, un ouvrage de philosophie, Clairault, Bayle et Saint-Augustin. Une tête moins bien organisée que la sienne n'eût rapporté, de pareilles lectures, que le zèle crédule d'une dévotion ascétique, ou le doute d'une philosophie désolante. Elle évita ces deux excès mais un autre ou-vrage avait déjà décidé pour jamais de ses goûts, de ses opinions, de sa vie entière. L'enfant qui, à huit ans, malgré sa piété fervente, portait à l'église les Vies des hommes illustres de Plutarque, au lieu de son livre de messe la jeune personne qui pleurait à quatorze ans de n'être pas Spartiate ou Romaine, ne semblait appartenir ni à son temps ni à son pays. La Grèce et l'Italie étaient sans cesse présentes à sa pensée elle vivait, pour ainsi dire, au milieu des républiques anciennes elle admirait la sagesse de leurs lois, la simplicité de leurs moeurs, la force de leurs institutions son coeur se sentait ému aux seuls mots de gloire, de liberté, de patrie en parcourant l'histoire des Romains et des Grecs, elle élevait son ame à la contemplation de tout ce qu'il y a de grand dans leurs vertus, de fier et d'héroïque dans leurs actions elle s'entretenait avec leurs grands hommes, elle assis-tait à leurs combats, à leurs triomphes, et son imagina-tion, tout occupée des honneurs immortels que décerne la reconnaissance des peuples libres, ne voyait que la gloire de Léonidas et les trophées de Miltiade elle ou-bliait l'exil d'Aristide et la mort de Phocion. Quand elle reportait ses idées et ses regards vers la France, son siècle et son pays n'avaient point à gagner à la comparaison. La monarchie était rapidement déchue ce n'était plus cet édifice que Louis XIV avait élevé de sa main puissante, avait entouré de tous les prestiges de sa gloire. Ce monarque, qui dans sa sollicitude pour la | 12 | 0.006656 | 0.008772 |
448.txt | 1,829 | XXIV INSTRUCTIONS semhle, pour que la connaissance ries parties se déve-loppe plus clairement. Eu ciriet , comme l'a observé Con-dillac, nous n'analyserions jamais nn objet qui s'offre à nos yeux, par exemple, la vue d'une campagne, si nous ne voulions en voir qu'une partie à-la-fois il faut que l'oeil embrasse d'abord toure cette vue et qu'ensuite, eu la partageant dans ses parties principales savoir en une plaine d'un côté, une montagne de l'autre, et un bois dans le milieu , il finisse par attribuer à chacune de ces parties principales les objets qui lui sont propres. C'est aiusi que tout peintre n'achète les traits particuliers qu'après avoir fixé l'ensemble de la figure dans ses grandes parties. J'entrerais peut-être dans un détail trop long et trop minutieux, si, pour justifier la nouveauté de ma me-thnde, je voulais faire connaître comment l'analogie de toutes les sciences et de tous les arls m'a conduit à l'adop-ter mais ce n'est pas seulement l'analogie, c'est encore l'expérience qui démontre la vérité de ce principe, de ne présenter aux enfans la grammaire que sous les trois branches générales de NOM, VERBE, PARTICULE, pour leur faire connaître ensuite li s autres qui en dépendent. J'ai long-temps suivi le développement des facultés des enfaus ils m'ont beaucoup intéressé, je n'ai pas man-que de les consulter souvent je me suis convaincu tou-jours avec satisfaction que les enfans, étant familiarisés, dès les premières semaines, avec cette division primitive ét méthodique du langage, étaient en état de démêler en-suite, presque d'eux-mêmes, les règles des grammaires ordinaires. En effet, ils ne faisaient qu'ajouter sur un fon ?s qu'ils connaissaient déjà les idées qui s'y rapportaient. Voici quelles sont les règles à suivre pour foriher les en-fans d'une manière claire, expérimentale, et même amu-sante , à la connaissance de cette division générale des trois parties du discours. , Pour le NOM , on commencera'par enseigner aux enfans que tons les mots qui expriment une personne, une chose, une qualité, s'appellent des noms, el on leur | XXIV INSTRUCTIONS semhle, pour que la connaissance ries parties se déve-loppe plus clairement. Eu ciriet , comme l'a observé Con-dillac, nous n'analyserions jamais nn objet qui s'offre à nos yeux, par exemple, la vue d'une campagne, si nous ne voulions en voir qu'une partie à-la-fois il faut que l'oeil embrasse d'abord toure cette vue et qu'ensuite, eu la partageant dans ses parties principales savoir en une plaine d'un côté, une montagne de l'autre, et un bois dans le milieu , il finisse par attribuer à chacune de ces parties principales les objets qui lui sont propres. C'est aiusi que tout peintre n'achète les traits particuliers qu'après avoir fixé l'ensemble de la figure dans ses grandes parties. J'entrerais peut-être dans un détail trop long et trop minutieux, si, pour justifier la nouveauté de ma me-thnde, je voulais faire connaître comment l'analogie de toutes les sciences et de tous les arls m'a conduit à l'adop-ter mais ce n'est pas seulement l'analogie, c'est encore l'expérience qui démontre la vérité de ce principe, de ne présenter aux enfans la grammaire que sous les trois branches générales de NOM, VERBE, PARTICULE, pour leur faire connaître ensuite li s autres qui en dépendent. J'ai long-temps suivi le développement des facultés des enfaus ils m'ont beaucoup intéressé, je n'ai pas man-que de les consulter souvent je me suis convaincu tou-jours avec satisfaction que les enfans, étant familiarisés, dès les premières semaines, avec cette division primitive ét méthodique du langage, étaient en état de démêler en-suite, presque d'eux-mêmes, les règles des grammaires ordinaires. En effet, ils ne faisaient qu'ajouter sur un fon ?s qu'ils connaissaient déjà les idées qui s'y rapportaient. Voici quelles sont les règles à suivre pour foriher les en-fans d'une manière claire, expérimentale, et même amu-sante , à la connaissance de cette division générale des trois parties du discours. , Pour le NOM , on commencera'par enseigner aux enfans que tons les mots qui expriment une personne, une chose, une qualité, s'appellent des noms, el on leur | ################# semble, pour que la connaissance @des parties se déve-loppe plus clairement. En @effet@, comme l'a observé Con-dillac, nous n'analyserions jamais un objet qui s'offre à nos yeux, par exemple, la vue d'une campagne, si nous ne voulions en voir qu'une partie à-la-fois il faut que l'oeil embrasse d'abord toute cette vue et qu'ensuite, en la partageant dans ses parties principales savoir en une plaine d'un côté, une montagne de l'autre, et un bois dans le milieu , il finisse par attribuer à chacune de ces parties principales les objets qui lui sont propres. C'est ainsi que tout peintre n'achève les traits particuliers qu'après avoir fixé l'ensemble de la figure dans ses grandes parties. J'entrerais peut-être dans un détail trop long et trop minutieux, si, pour justifier la nouveauté de ma mé-thode, je voulais faire connaître comment l'analogie de toutes les sciences et de tous les arts m'a conduit à l'adop-ter mais ce n'est pas seulement l'analogie, c'est encore l'expérience qui démontre la vérité de ce principe, de ne présenter aux enfans la grammaire que sous les trois branches générales de NOM, VERBE, PARTICULE, pour leur faire connaître ensuite l@es autres qui en dépendent. J'ai long-temps suivi le développement des facultés des enfans ils m'ont beaucoup intéressé, je n'ai pas man-qué de les consulter souvent je me suis convaincu tou-jours avec satisfaction que les enfans, étant familiarisés, dès les premières semaines, avec cette division primitive et méthodique du langage, étaient en état de démêler en-suite, presque d'eux-mêmes, les règles des grammaires ordinaires. En effet, ils ne faisaient qu'ajouter sur un fon@ds qu'ils connaissaient déjà les idées qui s'y rapportaient. Voici quelles sont les règles à suivre pour for@mer les en-fans d'une manière claire, expérimentale, et même amu-sante@, à la connaissance de cette division générale des trois parties du discours.s. Pour le NOM@, on commencera par enseigner aux enfans que tous les mots qui expriment une personne, une chose, une qualité, s'appellent des noms, et on leur | XXIV INSTRUCTIONS semble, pour que la connaissance @des parties se déve-loppe plus clairement. En @effet@, comme l'a observé Con-dillac, nous n'analyserions jamais un objet qui s'offre à nos yeux, par exemple, la vue d'une campagne, si nous ne voulions en voir qu'une partie à-la-fois il faut que l'oeil embrasse d'abord toute cette vue et qu'ensuite, en la partageant dans ses parties principales savoir en une plaine d'un côté, une montagne de l'autre, et un bois dans le milieu , il finisse par attribuer à chacune de ces parties principales les objets qui lui sont propres. C'est ainsi que tout peintre n'achève les traits particuliers qu'après avoir fixé l'ensemble de la figure dans ses grandes parties. J'entrerais peut-être dans un détail trop long et trop minutieux, si, pour justifier la nouveauté de ma mé-thode, je voulais faire connaître comment l'analogie de toutes les sciences et de tous les arts m'a conduit à l'adop-ter mais ce n'est pas seulement l'analogie, c'est encore l'expérience qui démontre la vérité de ce principe, de ne présenter aux enfans la grammaire que sous les trois branches générales de NOM, VERBE, PARTICULE, pour leur faire connaître ensuite l@es autres qui en dépendent. J'ai long-temps suivi le développement des facultés des enfans ils m'ont beaucoup intéressé, je n'ai pas man-qué de les consulter souvent je me suis convaincu tou-jours avec satisfaction que les enfans, étant familiarisés, dès les premières semaines, avec cette division primitive et méthodique du langage, étaient en état de démêler en-suite, presque d'eux-mêmes, les règles des grammaires ordinaires. En effet, ils ne faisaient qu'ajouter sur un fon@ds qu'ils connaissaient déjà les idées qui s'y rapportaient. Voici quelles sont les règles à suivre pour for@mer les en-fans d'une manière claire, expérimentale, et même amu-sante@, à la connaissance de cette division générale des trois parties du discours.s. Pour le NOM@, on commencera par enseigner aux enfans que tous les mots qui expriment une personne, une chose, une qualité, s'appellent des noms, et on leur | XXIV INSTRUCTIONS semble, pour que la connaissance des parties se déve-loppe plus clairement. En effet, comme l'a observé Con-dillac, nous n'analyserions jamais un objet qui s'offre à nos yeux, par exemple, la vue d'une campagne, si nous ne voulions en voir qu'une partie à-la-fois il faut que l'oeil embrasse d'abord toute cette vue et qu'ensuite, en la partageant dans ses parties principales savoir en une plaine d'un côté, une montagne de l'autre, et un bois dans le milieu , il finisse par attribuer à chacune de ces parties principales les objets qui lui sont propres. C'est ainsi que tout peintre n'achève les traits particuliers qu'après avoir fixé l'ensemble de la figure dans ses grandes parties. J'entrerais peut-être dans un détail trop long et trop minutieux, si, pour justifier la nouveauté de ma mé-thode, je voulais faire connaître comment l'analogie de toutes les sciences et de tous les arts m'a conduit à l'adop-ter mais ce n'est pas seulement l'analogie, c'est encore l'expérience qui démontre la vérité de ce principe, de ne présenter aux enfans la grammaire que sous les trois branches générales de NOM, VERBE, PARTICULE, pour leur faire connaître ensuite les autres qui en dépendent. J'ai long-temps suivi le développement des facultés des enfans ils m'ont beaucoup intéressé, je n'ai pas man-qué de les consulter souvent je me suis convaincu tou-jours avec satisfaction que les enfans, étant familiarisés, dès les premières semaines, avec cette division primitive et méthodique du langage, étaient en état de démêler en-suite, presque d'eux-mêmes, les règles des grammaires ordinaires. En effet, ils ne faisaient qu'ajouter sur un fonds qu'ils connaissaient déjà les idées qui s'y rapportaient. Voici quelles sont les règles à suivre pour former les en-fans d'une manière claire, expérimentale, et même amu-sante, à la connaissance de cette division générale des trois parties du discours.s. Pour le NOM, on commencera par enseigner aux enfans que tous les mots qui expriment une personne, une chose, une qualité, s'appellent des noms, et on leur | 33 | 0.015942 | 0.085791 |
104.txt | 1,821 | 56 matière tend à s'organiser. En effet, les algues sont aux autres végétaux , ce que les polypes amorphes de M. DE LAMARCK , sont aux autres animaux elles sont dépour-vues de racines proprement dites, de tiges de feuilles , de fibres ou tubes et de trachées qui composent en grande partie l'organisation des plantes phanérogames 1 . RÉACMUR , mon savant correspondant M. STACKHOUSE et ROTH , DlLLEN , MULLER , DlLLEVIN , DRAPARNAUD -, GIROD-CHANTRANS et VAUCHER , ont remarqué , les trois premiers dans le plus grand nombre des fucus, et les autres dans les conferves , des parties distinctes de la substance et qu'ils regardent comme étant leurs organes reproducteurs. PALISOT DE BEAUVOIS étudie les algues sous un autre point de vue il s'occupe de l'organisation intérieure de toutes les parties et plus spécialement de la conlexture de leur substance et, marchant toujours du simple au composé, il divise cette famille en trois sections bien distinctes , les iliodées, qui naissent toujours ou au bord ou au fond des eaux stagnantes sur la vase, et dont toutes les parties plus ou moins filamenteuses, sont enve-loppées par. une matière molle, muqueuse les trichoma-tes, dont la suhstance , toute filamenteuse, herbacée commence à prendre la forme arborescente que la nature ne doit plus abandonner et les fucées ou scutoïdes 2 , 1 Mon ami, M. DE SAINT-AMANS, d'Agen dans le Journal des sciences utiles, de BERTHOLON, n°. 17 et 18 de 1791 , a-le premier proposé ce mot pour désigner toutes les espèces de plantes dont les organes sexuels son apparens. Le motphanérogame est composé de deux racines, grecques visible et noce, a M. LAMOUROUX les nomme thalassiophytss, et a publié sur ces plantes un ouvrage fort estimable., | 56 matière tend à s'organiser. En effet, les algues sont aux autres végétaux , ce que les polypes amorphes de M. DE LAMARCK , sont aux autres animaux elles sont dépour-vues de racines proprement dites, de tiges de feuilles , de fibres ou tubes et de trachées qui composent en grande partie l'organisation des plantes phanérogames 1 . RÉACMUR , mon savant correspondant M. STACKHOUSE et ROTH , DlLLEN , MULLER , DlLLEVIN , DRAPARNAUD -, GIROD-CHANTRANS et VAUCHER , ont remarqué , les trois premiers dans le plus grand nombre des fucus, et les autres dans les conferves , des parties distinctes de la substance et qu'ils regardent comme étant leurs organes reproducteurs. PALISOT DE BEAUVOIS étudie les algues sous un autre point de vue il s'occupe de l'organisation intérieure de toutes les parties et plus spécialement de la conlexture de leur substance et, marchant toujours du simple au composé, il divise cette famille en trois sections bien distinctes , les iliodées, qui naissent toujours ou au bord ou au fond des eaux stagnantes sur la vase, et dont toutes les parties plus ou moins filamenteuses, sont enve-loppées par. une matière molle, muqueuse les trichoma-tes, dont la suhstance , toute filamenteuse, herbacée commence à prendre la forme arborescente que la nature ne doit plus abandonner et les fucées ou scutoïdes 2 , @@@1 Mon ami, M. DE SAINT-AMANS, d'Agen dans le Journal des sciences utiles, de BERTHOLON, n°. 17 et 18 de 1791 , a-le premier proposé ce mot pour désigner toutes les espèces de plantes dont les organes sexuels son apparens. Le mot@phanérogame est composé de deux racines, grecques visible et noce, a M. LAMOUROUX les nomme thalassiophytss, et a publié sur ces plantes un ouvrage fort estimable., | ########## tend à s'organiser. En effet, les algues sont aux autres végétaux , ce que les polypes amorphes de M. DE LAMARCK , sont aux autres animaux elles sont dépour-vues de racines proprement dites, de tiges de feuilles , de fibres ou tubes et de trachées qui composent en grande partie l'organisation des plantes phanérogames 1 . RÉAUMUR , mon savant correspondant M. STACKHOUSE et ROTH , DlLLEN , MULLER , DlLLEVIN , DRAPARNAUD -, GIROD-CHANTRANS et VAUCHER , ont remarqué , les trois premiers dans le plus grand nombre des fucus, et les autres dans les conferves , des parties distinctes de la substance et qu'ils regardent comme étant leurs organes reproducteurs. PALISOT DE BEAUVOIS étudie les algues sous un autre point de vue il s'occupe de l'organisation intérieure de toutes les parties et plus spécialement de la contexture de leur substance et, marchant toujours du simple au composé, il divise cette famille en trois sections bien distinctes , les iliodées, qui naissent toujours ou au bord ou au fond des eaux stagnantes sur la vase, et dont toutes les parties plus ou moins filamenteuses, sont enve-loppées par. une matière molle, muqueuse les trichoma-tes, dont la substance , toute filamenteuse, herbacée commence à prendre la forme arborescente que la nature ne doit plus abandonner et les fucées ou scutoïdes 2 , 56 1 Mon ami, M. DE SAINT-AMANS, d'Agen dans le Journal des sciences utiles, de BERTHOLON, n°. 17 et 18 de 1791 , a-le premier proposé ce mot pour désigner toutes les espèces de plantes dont les organes sexuels son apparens. Le mot phanérogame est composé de deux racines, grecques visible et noce, a M. LAMOUROUX les nomme thalassiophytes, et a publié sur ces plantes un ouvrage fort ########### | 56 matière tend à s'organiser. En effet, les algues sont aux autres végétaux , ce que les polypes amorphes de M. DE LAMARCK , sont aux autres animaux elles sont dépour-vues de racines proprement dites, de tiges de feuilles , de fibres ou tubes et de trachées qui composent en grande partie l'organisation des plantes phanérogames 1 . RÉAUMUR , mon savant correspondant M. STACKHOUSE et ROTH , DlLLEN , MULLER , DlLLEVIN , DRAPARNAUD -, GIROD-CHANTRANS et VAUCHER , ont remarqué , les trois premiers dans le plus grand nombre des fucus, et les autres dans les conferves , des parties distinctes de la substance et qu'ils regardent comme étant leurs organes reproducteurs. PALISOT DE BEAUVOIS étudie les algues sous un autre point de vue il s'occupe de l'organisation intérieure de toutes les parties et plus spécialement de la contexture de leur substance et, marchant toujours du simple au composé, il divise cette famille en trois sections bien distinctes , les iliodées, qui naissent toujours ou au bord ou au fond des eaux stagnantes sur la vase, et dont toutes les parties plus ou moins filamenteuses, sont enve-loppées par. une matière molle, muqueuse les trichoma-tes, dont la substance , toute filamenteuse, herbacée commence à prendre la forme arborescente que la nature ne doit plus abandonner et les fucées ou scutoïdes 2 , 56 1 Mon ami, M. DE SAINT-AMANS, d'Agen dans le Journal des sciences utiles, de BERTHOLON, n°. 17 et 18 de 1791 , a-le premier proposé ce mot pour désigner toutes les espèces de plantes dont les organes sexuels son apparens. Le mot phanérogame est composé de deux racines, grecques visible et noce, a M. LAMOUROUX les nomme thalassiophytes, et a publié sur ces plantes un ouvrage fort estimable., | 56 matière tend à s'organiser. En effet, les algues sont aux autres végétaux , ce que les polypes amorphes de M. DE LAMARCK , sont aux autres animaux elles sont dépour-vues de racines proprement dites, de tiges de feuilles , de fibres ou tubes et de trachées qui composent en grande partie l'organisation des plantes phanérogames 1 . RÉAUMUR , mon savant correspondant M. STACKHOUSE et ROTH , DlLLEN , MULLER , DlLLEVIN , DRAPARNAUD -, GIROD-CHANTRANS et VAUCHER , ont remarqué , les trois premiers dans le plus grand nombre des fucus, et les autres dans les conferves , des parties distinctes de la substance et qu'ils regardent comme étant leurs organes reproducteurs. PALISOT DE BEAUVOIS étudie les algues sous un autre point de vue il s'occupe de l'organisation intérieure de toutes les parties et plus spécialement de la contexture de leur substance et, marchant toujours du simple au composé, il divise cette famille en trois sections bien distinctes , les iliodées, qui naissent toujours ou au bord ou au fond des eaux stagnantes sur la vase, et dont toutes les parties plus ou moins filamenteuses, sont enve-loppées par. une matière molle, muqueuse les trichoma-tes, dont la substance , toute filamenteuse, herbacée commence à prendre la forme arborescente que la nature ne doit plus abandonner et les fucées ou scutoïdes 2 , 56 1 Mon ami, M. DE SAINT-AMANS, d'Agen dans le Journal des sciences utiles, de BERTHOLON, n°. 17 et 18 de 1791 , a-le premier proposé ce mot pour désigner toutes les espèces de plantes dont les organes sexuels son apparens. Le mot phanérogame est composé de deux racines, grecques visible et noce, a M. LAMOUROUX les nomme thalassiophytes, et a publié sur ces plantes un ouvrage fort estimable., | 8 | 0.004624 | 0.025078 |
676.txt | 1,820 | 43 micides, armeraient les bras des citoyens contre les autres? Ses premiers regards, au sortir de l'enfance, furent épouvantés des massacres de Nantes , et cette vue a laissé sur lui une ineffaçable et terrible impression. Qui plus que lui pouvait redouter les complots qui paralyseraient l'autorité royale et la puissance constitu-tionnelle du monarque ? Il a traversé les révolutions de l'anarchie et la servilité du despotisme, sans places et sans emploi, méditant sur les pages de notre histoire. C'est là qu'il apprit à connaître toute l'étendue des maux qui sui vent les dissensions intestines, qu'il apprit à détester les ligues secrètes et les sourdes intrigues qui minent le pouvoir royal c'est là qu'il vit entr'autres les maux de la ligue appelée guerre du bien public, où les princes etles seigneurs, s'intitulant les défenseurs du pauvre peuple r , conspiraient contre le pouvoir de Louis XI, et s'efforçaient de fonder leur puissance aux dépens du trône et de l'Etat. L'histoire lui apprit quels malheurs pesèrent sur la France, lorsque les Guises, établissant partout des associations secrètes, et commençant la ligue, fondaient un gouverne-ment occulte pour miner le trône des Valois et l'histoire lui apprit enfin que si le courage et la bonté de Henri lui ouvrirent les portes de Paris et dissipèrent la ligue, la satire d'un écrivain fidèle porta les premiers coups à la faction des seize en dévoilant leurs complots. Les malheurs qu'il a vus dans l'histoire, il a voulu les éloigner le bien que des écrits peuvent produire, il a voulu le faire. S'il est coupable d'avoir cru, punissez-le mais déclarez du moins que l'homme ne doit pas être sujet à erreur. Ce n'est pas par des poursuites et des condamnations i Histoire de France, par Velly et VUlaret, tom. XVII, pag. 60. | 43 micides, armeraient les bras des citoyens contre les autres? Ses premiers regards, au sortir de l'enfance, furent épouvantés des massacres de Nantes , et cette vue a laissé sur lui une ineffaçable et terrible impression. Qui plus que lui pouvait redouter les complots qui paralyseraient l'autorité royale et la puissance constitu-tionnelle du monarque ? Il a traversé les révolutions de l'anarchie et la servilité du despotisme, sans places et sans emploi, méditant sur les pages de notre histoire. C'est là qu'il apprit à connaître toute l'étendue des maux qui sui vent les dissensions intestines, qu'il apprit à détester les ligues secrètes et les sourdes intrigues qui minent le pouvoir royal c'est là qu'il vit entr'autres les maux de la ligue appelée guerre du bien public, où les princes et@les seigneurs, s'intitulant les défenseurs du pauvre peuple r , conspiraient contre le pouvoir de Louis XI, et s'efforçaient de fonder leur puissance aux dépens du trône et de l'Etat. L'histoire lui apprit quels malheurs pesèrent sur la France, lorsque les Guises, établissant partout des associations secrètes, et commençant la ligue, fondaient un gouverne-ment occulte pour miner le trône des Valois et l'histoire lui apprit enfin que si le courage et la bonté de Henri lui ouvrirent les portes de Paris et dissipèrent la ligue, la satire d'un écrivain fidèle porta les premiers coups à la faction des seize en dévoilant leurs complots. Les malheurs qu'il a vus dans l'histoire, il a voulu les éloigner le bien que des écrits peuvent produire, il a voulu le faire. S'il est coupable d'avoir cru, punissez-le mais déclarez du moins que l'homme ne doit pas être sujet à erreur. Ce n'est pas par des poursuites et des condamnations i Histoire de France, par Velly et V@Ularet, tom. XVII, pag. 60. | 43 micides, armeraient les bras des citoyens contre les autres? Ses premiers regards, au sortir de l'enfance, furent épouvantés des massacres de Nantes@, et cette vue a laissé sur lui une ineffaçable et terrible impression. Qui plus que lui pouvait redouter les complots qui paralyseraient l'autorité royale et la puissance constitu-tionnelle du monarque@? Il a traversé les révolutions de l'anarchie et la servilité du despotisme, sans places et sans emploi, méditant sur les pages de notre histoire. C'est là qu'il apprit à connaître toute l'étendue des maux qui sui@vent les dissensions intestines, qu'il apprit à détester les ligues secrètes et les sourdes intrigues qui minent le pouvoir royal c'est là qu'il vit entr'autres les maux de la ligue appelée guerre du bien public, où les princes et les seigneurs, s'intitulant les défenseurs du pauvre peuple 1 , conspiraient contre le pouvoir de Louis XI, et s'efforçaient de fonder leur puissance aux dépens du trône et de l'Etat. L'histoire lui apprit quels malheurs pesèrent sur la France, lorsque les Guises, établissant partout des associations secrètes, et commençant la ligue, fondaient un gouverne-ment occulte pour miner le trône des Valois et l'histoire lui apprit enfin que si le courage et la bonté de Henri lui ouvrirent les portes de Paris et dissipèrent la ligue, la satire d'un écrivain fidèle porta les premiers coups à la faction des seize en dévoilant leurs complots. Les malheurs qu'il a vus dans l'histoire, il a voulu les éloigner le bien que des écrits peuvent produire, il a voulu le faire. S'il est coupable d'avoir cru, punissez-le mais déclarez du moins que l'homme ne doit pas être sujet à erreur. Ce n'est pas par des poursuites et des condamnations 1 Histoire de France, par Velly et Villaret, tom. XVII, pag. 60. | 43 micides, armeraient les bras des citoyens contre les autres? Ses premiers regards, au sortir de l'enfance, furent épouvantés des massacres de Nantes@, et cette vue a laissé sur lui une ineffaçable et terrible impression. Qui plus que lui pouvait redouter les complots qui paralyseraient l'autorité royale et la puissance constitu-tionnelle du monarque@? Il a traversé les révolutions de l'anarchie et la servilité du despotisme, sans places et sans emploi, méditant sur les pages de notre histoire. C'est là qu'il apprit à connaître toute l'étendue des maux qui sui@vent les dissensions intestines, qu'il apprit à détester les ligues secrètes et les sourdes intrigues qui minent le pouvoir royal c'est là qu'il vit entr'autres les maux de la ligue appelée guerre du bien public, où les princes et les seigneurs, s'intitulant les défenseurs du pauvre peuple 1 , conspiraient contre le pouvoir de Louis XI, et s'efforçaient de fonder leur puissance aux dépens du trône et de l'Etat. L'histoire lui apprit quels malheurs pesèrent sur la France, lorsque les Guises, établissant partout des associations secrètes, et commençant la ligue, fondaient un gouverne-ment occulte pour miner le trône des Valois et l'histoire lui apprit enfin que si le courage et la bonté de Henri lui ouvrirent les portes de Paris et dissipèrent la ligue, la satire d'un écrivain fidèle porta les premiers coups à la faction des seize en dévoilant leurs complots. Les malheurs qu'il a vus dans l'histoire, il a voulu les éloigner le bien que des écrits peuvent produire, il a voulu le faire. S'il est coupable d'avoir cru, punissez-le mais déclarez du moins que l'homme ne doit pas être sujet à erreur. Ce n'est pas par des poursuites et des condamnations 1 Histoire de France, par Velly et Villaret, tom. XVII, pag. 60. | 43 micides, armeraient les bras des citoyens contre les autres? Ses premiers regards, au sortir de l'enfance, furent épouvantés des massacres de Nantes, et cette vue a laissé sur lui une ineffaçable et terrible impression. Qui plus que lui pouvait redouter les complots qui paralyseraient l'autorité royale et la puissance constitu-tionnelle du monarque? Il a traversé les révolutions de l'anarchie et la servilité du despotisme, sans places et sans emploi, méditant sur les pages de notre histoire. C'est là qu'il apprit à connaître toute l'étendue des maux qui suivent les dissensions intestines, qu'il apprit à détester les ligues secrètes et les sourdes intrigues qui minent le pouvoir royal c'est là qu'il vit entr'autres les maux de la ligue appelée guerre du bien public, où les princes et les seigneurs, s'intitulant les défenseurs du pauvre peuple 1 , conspiraient contre le pouvoir de Louis XI, et s'efforçaient de fonder leur puissance aux dépens du trône et de l'Etat. L'histoire lui apprit quels malheurs pesèrent sur la France, lorsque les Guises, établissant partout des associations secrètes, et commençant la ligue, fondaient un gouverne-ment occulte pour miner le trône des Valois et l'histoire lui apprit enfin que si le courage et la bonté de Henri lui ouvrirent les portes de Paris et dissipèrent la ligue, la satire d'un écrivain fidèle porta les premiers coups à la faction des seize en dévoilant leurs complots. Les malheurs qu'il a vus dans l'histoire, il a voulu les éloigner le bien que des écrits peuvent produire, il a voulu le faire. S'il est coupable d'avoir cru, punissez-le mais déclarez du moins que l'homme ne doit pas être sujet à erreur. Ce n'est pas par des poursuites et des condamnations 1 Histoire de France, par Velly et Villaret, tom. XVII, pag. 60. | 8 | 0.004464 | 0.018405 |
110.txt | 1,821 | 62 rendu à la science, et en même temps le plus beau titre de gloire de PALISOT DE BEAUVOIS. La table qui l'accom-pagne, et dans laquelle il décrit les espèces nouvelles, indique le nom que chaque auteur a donné à tel ou tel genre, et à telle ou telle espèce , offre la synonymie la plus complète , et un modèle à imiter pour arracher en-fin la botanique à ce dédale de noms qui font le désespoir des maîtres, et dégoûtent l'élève de l'étude la plus ai-mable. En 1806, PALISOT DE BEAUVOIS publia quelques no-tions générales sur la famille des palmiers 1 , dont le port imposant et majestueux, dont les formes agréables et les fruits délicieux les placeraient seuls au nombre des premiers bienfaits accordés à l'homme par la nature, si d'autres qualités non moins précieusesne les rendaient essentiellement utiles aux usages et à la vie des peuples qui habitent les climats chauds. Ce mémoire n'est que débauche d'une monographie détaillée, dont FOURCROY l'avait engagé à s'occuper, et pour laquelle il se livra à des recherches langues et pénibles, mais qui sont loin d'être complètes. Il a sollicité tous les savans 2 pour qu'ils lui fournissent les moyens de fixer irrévocable-ment la place que les palmiers doivent occuper dans un système artificiel, et de faire cesser la grande confusion, 1 Mémoire sur les palmiers en général, et en par-ticulier sur un nouveau genre de cette famille , lu à l'Institut le 26 septembre 1806, et inséré dans le. Journal de Botanique, tom. II, p. 74-87. 2 Notice préliminaire sur les palmiers, inséréa dans le 1er. cahier juillet 1816 des Ephémérides des sciences naturelles et médicales, pag. 23-28. | 62 rendu à la science, et en même temps le plus beau titre de gloire de PALISOT DE BEAUVOIS. La table qui l'accom-pagne, et dans laquelle il décrit les espèces nouvelles, indique le nom que chaque auteur a donné à tel ou tel genre, et à telle ou telle espèce , offre la synonymie la plus complète , et un modèle à imiter pour arracher en-fin la botanique à ce dédale de noms qui font le désespoir des maîtres, et dégoûtent l'élève de l'étude la plus ai-mable. En 1806, PALISOT DE BEAUVOIS publia quelques no-tions générales sur la famille des palmiers 1 , dont le port imposant et majestueux, dont les formes agréables et les fruits délicieux les placeraient seuls au nombre des premiers bienfaits accordés à l'homme par la nature, si d'autres qualités non moins précieusesne les rendaient essentiellement utiles aux usages et à la vie des peuples qui habitent les climats chauds. Ce mémoire n'est que débauche d'une monographie détaillée, dont FOURCROY l'avait engagé à s'occuper, et pour laquelle il se livra à des recherches langues et pénibles, mais qui sont loin d'être complètes. Il a sollicité tous les savans 2 pour qu'ils lui fournissent les moyens de fixer irrévocable-ment la place que les palmiers doivent occuper dans un système artificiel, et de faire cesser la grande confusion,@@@ 1 Mémoire sur les palmiers en général, et en par-ticulier sur un nouveau genre de cette famille , lu à l'Institut le 26 septembre 1806, et inséré dans le. Journal de Botanique, tom. II, p. 74-87. 2 Notice préliminaire sur les palmiers, inséréa dans le 1er. cahier juillet 1816 des Ephémérides des sciences naturelles et médicales, pag. 23-28. | ######## à la science, et en même temps le plus beau titre de gloire de PALISOT DE BEAUVOIS. La table qui l'accom-pagne, et dans laquelle il décrit les espèces nouvelles, indique le nom que chaque auteur a donné à tel ou tel genre, et à telle ou telle espèce , offre la synonymie la plus complète , et un modèle à imiter pour arracher en-fin la botanique à ce dédale de noms qui font le désespoir des maîtres, et dégoûtent l'élève de l'étude la plus ai-mable. En 1806, PALISOT DE BEAUVOIS publia quelques no-tions générales sur la famille des palmiers 1 , dont le port imposant et majestueux, dont les formes agréables et les fruits délicieux les placeraient seuls au nombre des premiers bienfaits accordés à l'homme par la nature, si d'autres qualités non moins précieusesne les rendaient essentiellement utiles aux usages et à la vie des peuples qui habitent les climats chauds. Ce mémoire n'est que débauche d'une monographie détaillée, dont FOURCROY l'avait engagé à s'occuper, et pour laquelle il se livra à des recherches longues et pénibles, mais qui sont loin d'être complètes. Il a sollicité tous les savans 2 pour qu'ils lui fournissent les moyens de fixer irrévocable-ment la place que les palmiers doivent occuper dans un système artificiel, et de faire cesser la grande confusion, 62 1 Mémoire sur les palmiers en général, et en par-ticulier sur un nouveau genre de cette famille , lu à l'Institut le 26 septembre 1806, et inséré dans le@ Journal de Botanique, tom. II, p. 74-87. 2 Notice préliminaire sur les palmiers, insérée dans le 1er. cahier juillet 1816 des Ephémérides des sciences naturelles et médicales, pag. 23-28. | 62 rendu à la science, et en même temps le plus beau titre de gloire de PALISOT DE BEAUVOIS. La table qui l'accom-pagne, et dans laquelle il décrit les espèces nouvelles, indique le nom que chaque auteur a donné à tel ou tel genre, et à telle ou telle espèce , offre la synonymie la plus complète , et un modèle à imiter pour arracher en-fin la botanique à ce dédale de noms qui font le désespoir des maîtres, et dégoûtent l'élève de l'étude la plus ai-mable. En 1806, PALISOT DE BEAUVOIS publia quelques no-tions générales sur la famille des palmiers 1 , dont le port imposant et majestueux, dont les formes agréables et les fruits délicieux les placeraient seuls au nombre des premiers bienfaits accordés à l'homme par la nature, si d'autres qualités non moins précieusesne les rendaient essentiellement utiles aux usages et à la vie des peuples qui habitent les climats chauds. Ce mémoire n'est que débauche d'une monographie détaillée, dont FOURCROY l'avait engagé à s'occuper, et pour laquelle il se livra à des recherches longues et pénibles, mais qui sont loin d'être complètes. Il a sollicité tous les savans 2 pour qu'ils lui fournissent les moyens de fixer irrévocable-ment la place que les palmiers doivent occuper dans un système artificiel, et de faire cesser la grande confusion, 62 1 Mémoire sur les palmiers en général, et en par-ticulier sur un nouveau genre de cette famille , lu à l'Institut le 26 septembre 1806, et inséré dans le@ Journal de Botanique, tom. II, p. 74-87. 2 Notice préliminaire sur les palmiers, insérée dans le 1er. cahier juillet 1816 des Ephémérides des sciences naturelles et médicales, pag. 23-28. | 62 rendu à la science, et en même temps le plus beau titre de gloire de PALISOT DE BEAUVOIS. La table qui l'accom-pagne, et dans laquelle il décrit les espèces nouvelles, indique le nom que chaque auteur a donné à tel ou tel genre, et à telle ou telle espèce , offre la synonymie la plus complète , et un modèle à imiter pour arracher en-fin la botanique à ce dédale de noms qui font le désespoir des maîtres, et dégoûtent l'élève de l'étude la plus ai-mable. En 1806, PALISOT DE BEAUVOIS publia quelques no-tions générales sur la famille des palmiers 1 , dont le port imposant et majestueux, dont les formes agréables et les fruits délicieux les placeraient seuls au nombre des premiers bienfaits accordés à l'homme par la nature, si d'autres qualités non moins précieusesne les rendaient essentiellement utiles aux usages et à la vie des peuples qui habitent les climats chauds. Ce mémoire n'est que débauche d'une monographie détaillée, dont FOURCROY l'avait engagé à s'occuper, et pour laquelle il se livra à des recherches longues et pénibles, mais qui sont loin d'être complètes. Il a sollicité tous les savans 2 pour qu'ils lui fournissent les moyens de fixer irrévocable-ment la place que les palmiers doivent occuper dans un système artificiel, et de faire cesser la grande confusion, 62 1 Mémoire sur les palmiers en général, et en par-ticulier sur un nouveau genre de cette famille , lu à l'Institut le 26 septembre 1806, et inséré dans le Journal de Botanique, tom. II, p. 74-87. 2 Notice préliminaire sur les palmiers, insérée dans le 1er. cahier juillet 1816 des Ephémérides des sciences naturelles et médicales, pag. 23-28. | 6 | 0.003663 | 0.022801 |
138.txt | 1,864 | -45 -que beaucoup de ducs et pairs qui sortent de la boutique d'un marchand les ancêtres de ce gen-tilhomme commandaient à cent hommes d'armes à la croisade. Le roi avait lui-même dressé l'ar-bre généalogique de sa noblesse. Au moment où la science du blason se perd, où les émaux sont si grolesquement accouplés et les pièces de l'écu fa-çonnées avec tant d'ignorance, il nous paraît in-téressant de mettre en lumière l'illustre galerie de noms perdus et qu'en vain d'autres ont repris quand les vieux troncs de la féodalité ont été déracinés! On ne reconstruit pas des armoiries comme on peint la salle des Croisa des à Versailles. En tête de la noblesse de France il faut placer les princes de Lorraine, race majestueuse qui avait son origine dans la nuit des Carlovingiens. Les princes lorrains avaient joué un rôle si considéra-ble dans notre histoire ! Après bien des vicissitudes, on les retrouverait le front ceint de la couronne impériale 1 ! A côté du blason de Lorraine, bril-lait l'antique écusson des Rohan 2 de Bretagne, 1 L'origine de la maison de Lorraine remontait à Charles le Gros Gérard fut institué, en 1058, duc de Lorraine. Cette grande famille avait donné deux reines de France, cinq empe-reurs germaniques, quatre rois de Bohême, quinze ducs de Bar rois de Jérusalem . 2 Les Rohan éiaient issus de Judicael, comte de Bretagne, en 897, ils étaient ducs de Montbazon, de Londunais, de Joyeuse, princes de Guémenée, de Léon, de Soubise, de Maubuisson, 3. | -45 -que beaucoup de ducs et pairs qui sortent de la boutique d'un marchand les ancêtres de ce gen-tilhomme commandaient à cent hommes d'armes à la croisade. Le roi avait lui-même dressé l'ar-bre généalogique de sa noblesse. Au moment où la science du blason se perd, où les émaux sont si grolesquement accouplés et les pièces de l'écu fa-çonnées avec tant d'ignorance, il nous paraît in-téressant de mettre en lumière l'illustre galerie de noms perdus et qu'en vain d'autres ont repris quand les vieux troncs de la féodalité ont été déracinés! On ne reconstruit pas des armoiries comme on peint la salle des Croisa des à Versailles. En tête de la noblesse de France il faut placer les princes de Lorraine, race majestueuse qui avait son origine dans la nuit des Carlovingiens. Les princes lorrains avaient joué un rôle si considéra-ble dans notre histoire ! Après bien des vicissitudes, on les retrouverait le front ceint de la couronne impériale 1 ! A côté du blason de Lorraine, bril-lait l'antique écusson des Rohan 2 de Bretagne, @@@@@@1 L'origine de la maison de Lorraine remontait à Charles le Gros Gérard fut institué, en 1058, duc de Lorraine. Cette grande famille avait donné deux reines de France, cinq empe-reurs germaniques, quatre rois de Bohême, quinze ducs de Bar rois de Jérusalem . 2 Les Rohan éiaient issus de Judicael, comte de Bretagne, en 897, ils étaient ducs de Montbazon, de Londunais, de Joyeuse, princes de Guémenée, de Léon, de Soubise, de Maubuisson, 3. | ######## beaucoup de ducs et pairs qui sortent de la boutique d'un marchand les ancêtres de ce gen-tilhomme commandaient à cent hommes d'armes à la croisade. Le roi avait lui-même dressé l'ar-bre généalogique de sa noblesse. Au moment où la science du blason se perd, où les émaux sont si grotesquement accouplés et les pièces de l'écu fa-çonnées avec tant d'ignorance, il nous paraît in-téressant de mettre en lumière l'illustre galerie de noms perdus et qu'en vain d'autres ont repris quand les vieux troncs de la féodalité ont été déracinés! On ne reconstruit pas des armoiries comme on peint la salle des Croisa des à Versailles. En tête de la noblesse de France il faut placer les princes de Lorraine, race majestueuse qui avait son origine dans la nuit des Carlovingiens. Les princes lorrains avaient joué un rôle si considéra-ble dans notre histoire ! Après bien des vicissitudes, on les retrouverait le front ceint de la couronne impériale 1 ! A côté du blason de Lorraine, bril-lait l'antique écusson des Rohan 2 de Bretagne, -45 - 1 L'origine de la maison de Lorraine remontait à Charles le Gros Gérard fut institué, en 1058, duc de Lorraine. Cette grande famille avait donné deux reines de France, cinq empe-reurs germaniques, quatre rois de Bohême, quinze ducs de Bar rois de Jérusalem . 2 Les Rohan éiaient issus de Judicael, comte de Bretagne, en 897, ils étaient ducs de Montbazon, de Londunais, de Joyeuse, princes de Guémenée, de Léon, de Soubise, de Maubuisson, 3. | -45 -que beaucoup de ducs et pairs qui sortent de la boutique d'un marchand les ancêtres de ce gen-tilhomme commandaient à cent hommes d'armes à la croisade. Le roi avait lui-même dressé l'ar-bre généalogique de sa noblesse. Au moment où la science du blason se perd, où les émaux sont si grotesquement accouplés et les pièces de l'écu fa-çonnées avec tant d'ignorance, il nous paraît in-téressant de mettre en lumière l'illustre galerie de noms perdus et qu'en vain d'autres ont repris quand les vieux troncs de la féodalité ont été déracinés! On ne reconstruit pas des armoiries comme on peint la salle des Croisa des à Versailles. En tête de la noblesse de France il faut placer les princes de Lorraine, race majestueuse qui avait son origine dans la nuit des Carlovingiens. Les princes lorrains avaient joué un rôle si considéra-ble dans notre histoire ! Après bien des vicissitudes, on les retrouverait le front ceint de la couronne impériale 1 ! A côté du blason de Lorraine, bril-lait l'antique écusson des Rohan 2 de Bretagne, -45 - 1 L'origine de la maison de Lorraine remontait à Charles le Gros Gérard fut institué, en 1058, duc de Lorraine. Cette grande famille avait donné deux reines de France, cinq empe-reurs germaniques, quatre rois de Bohême, quinze ducs de Bar rois de Jérusalem . 2 Les Rohan éiaient issus de Judicael, comte de Bretagne, en 897, ils étaient ducs de Montbazon, de Londunais, de Joyeuse, princes de Guémenée, de Léon, de Soubise, de Maubuisson, 3. | -45 -que beaucoup de ducs et pairs qui sortent de la boutique d'un marchand les ancêtres de ce gen-tilhomme commandaient à cent hommes d'armes à la croisade. Le roi avait lui-même dressé l'ar-bre généalogique de sa noblesse. Au moment où la science du blason se perd, où les émaux sont si grotesquement accouplés et les pièces de l'écu fa-çonnées avec tant d'ignorance, il nous paraît in-téressant de mettre en lumière l'illustre galerie de noms perdus et qu'en vain d'autres ont repris quand les vieux troncs de la féodalité ont été déracinés! On ne reconstruit pas des armoiries comme on peint la salle des Croisa des à Versailles. En tête de la noblesse de France il faut placer les princes de Lorraine, race majestueuse qui avait son origine dans la nuit des Carlovingiens. Les princes lorrains avaient joué un rôle si considéra-ble dans notre histoire ! Après bien des vicissitudes, on les retrouverait le front ceint de la couronne impériale 1 ! A côté du blason de Lorraine, bril-lait l'antique écusson des Rohan 2 de Bretagne, -45 - 1 L'origine de la maison de Lorraine remontait à Charles le Gros Gérard fut institué, en 1058, duc de Lorraine. Cette grande famille avait donné deux reines de France, cinq empe-reurs germaniques, quatre rois de Bohême, quinze ducs de Bar rois de Jérusalem . 2 Les Rohan éiaient issus de Judicael, comte de Bretagne, en 897, ils étaient ducs de Montbazon, de Londunais, de Joyeuse, princes de Guémenée, de Léon, de Soubise, de Maubuisson, 3. | 7 | 0.004723 | 0.025 |
886.txt | 1,858 | 198 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. initiation complète il ne désespérait plus du succès, et pa-raissait disposé à y aider de tout son pouvoir. C'était déjà beaucoup que de Yavoir amené là. Plaider une cause n'est rien il faut l'épouser, et les grands noms épousent peu le métier blase. Ludovic avait donc sujet de s'enorgueillir du résultat qu'il avait obtenu quant au reste, ce n'était plus de son domaine, son rôle cessait il était dessaisi pour ainsi dire. Ce fut alors que le hasard s'en mêla pour le pousser plus haut encore. Le jour de l'audience était fixé tout était ar-rêté les mémoires avaient été distribués et l'effet en parais-sait bon d'un commun accord, les parties avaient résolu de ne point reculer le débat et de se tenir prêtes au moment assigné par le rôle. De part et d'autre on avait fourbi les armes de combat et endossé le costume de guerre. La cour y était préparée, les greffiers aussi avocats, avoués, champions et juges du camp, tout le monde y comptait et s'était arrangé en conséquence. Qu'on juge du désappointement de l'étude lorsque le ma-tin même un mal imprévu surprit l'avocat célèbre et le mit dans l'impuissance de se rendre au Palais. En vain lui dé-pêcha-t-on émissaire sur émissaire ce n'était point une in-disposition de commande, comme il y en a tant au service de ces messieurs. L'homme illustre était au lit, avec une fièvre bien caractérisée. Que faire? Demander un sursis, ajourner le débat, on l'aurait certainement pu, et les cours ne se refusent jamais à des remises, appuyées sur des motifs sérieux. Mais n'était-ce pas mettre les apparences contre soi? N'était-ce pas perdre les bénéfices de la position? La partie qui soulève de pareils incidents a toujours l'air de cher-cher des défaites, de douter d'elle-même et de fuir devant l'ennemi. Le cas était grave et, qui plus est, urgent. Il fal-lait se décider à l'instant même l'audience allait s'ouvrir. Ludovic eut une inspiration qui, de toute autre part, eut semblé téméraire, et qui n'était chez lui que l'effet d'une pro-fonde conviction. Il s'offrit à plaider l'affaire, et y mit tant de chaleur, que son patron en fut ébranlé. A entendre Ludovic, il y avait plus d'inconvénients à demander un renvoi qu'à -confier la défense à un débutant, et il appuya cette opinion de motifs péremptoires. Puis il ajouta qu'il avait étudié le | 198 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. initiation complète il ne désespérait plus du succès, et pa-raissait disposé à y aider de tout son pouvoir. C'était déjà beaucoup que de @Yavoir amené là. Plaider une cause n'est rien il faut l'épouser, et les grands noms épousent peu le métier blase. Ludovic avait donc sujet de s'enorgueillir du résultat qu'il avait obtenu quant au reste, ce n'était plus de son domaine, son rôle cessait il était dessaisi pour ainsi dire. Ce fut alors que le hasard s'en mêla pour le pousser plus haut encore. Le jour de l'audience était fixé tout était ar-rêté les mémoires avaient été distribués et l'effet en parais-sait bon d'un commun accord, les parties avaient résolu de ne point reculer le débat et de se tenir prêtes au moment assigné par le rôle. De part et d'autre on avait fourbi les armes de combat et endossé le costume de guerre. La cour y était préparée, les greffiers aussi avocats, avoués, champions et juges du camp, tout le monde y comptait et s'était arrangé en conséquence. Qu'on juge du désappointement de l'étude lorsque le ma-tin même un mal imprévu surprit l'avocat célèbre et le mit dans l'impuissance de se rendre au Palais. En vain lui dé-pêcha-t-on émissaire sur émissaire ce n'était point une in-disposition de commande, comme il y en a tant au service de ces messieurs. L'homme illustre était au lit, avec une fièvre bien caractérisée. Que faire@? Demander un sursis, ajourner le débat, on l'aurait certainement pu, et les cours ne se refusent jamais à des remises, appuyées sur des motifs sérieux. Mais n'était-ce pas mettre les apparences contre soi@? N'était-ce pas perdre les bénéfices de la position@? La partie qui soulève de pareils incidents a toujours l'air de cher-cher des défaites, de douter d'elle-même et de fuir devant l'ennemi. Le cas était grave et, qui plus est, urgent. Il fal-lait se décider à l'instant même l'audience allait s'ouvrir. Ludovic eut une inspiration qui, de toute autre part, eut semblé téméraire, et qui n'était chez lui que l'effet d'une pro-fonde conviction. Il s'offrit à plaider l'affaire, et y mit tant de chaleur, que son patron en fut ébranlé. A entendre Ludovic, il y avait plus d'inconvénients à demander un renvoi qu'à -confier la défense à un débutant, et il appuya cette opinion de motifs péremptoires. Puis il ajouta qu'il avait étudié le | 198 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. initiation complète il ne désespérait plus du succès, et pa-raissait disposé à y aider de tout son pouvoir. C'était déjà beaucoup que de l'avoir amené là. Plaider une cause n'est rien il faut l'épouser, et les grands noms épousent peu le métier blase. Ludovic avait donc sujet de s'enorgueillir du résultat qu'il avait obtenu quant au reste, ce n'était plus de son domaine, son rôle cessait il était dessaisi pour ainsi dire. Ce fut alors que le hasard s'en mêla pour le pousser plus haut encore. Le jour de l'audience était fixé tout était ar-rêté les mémoires avaient été distribués et l'effet en parais-sait bon d'un commun accord, les parties avaient résolu de ne point reculer le débat et de se tenir prêtes au moment assigné par le rôle. De part et d'autre on avait fourbi les armes de combat et endossé le costume de guerre. La cour y était préparée, les greffiers aussi avocats, avoués, champions et juges du camp, tout le monde y comptait et s'était arrangé en conséquence. Qu'on juge du désappointement de l'étude lorsque le ma-tin même un mal imprévu surprit l'avocat célèbre et le mit dans l'impuissance de se rendre au Palais. En vain lui dé-pêcha-t-on émissaire sur émissaire ce n'était point une in-disposition de commande, comme il y en a tant au service de ces messieurs. L'homme illustre était au lit, avec une fièvre bien caractérisée. Que faire ? Demander un sursis, ajourner le débat, on l'aurait certainement pu, et les cours ne se refusent jamais à des remises, appuyées sur des motifs sérieux. Mais n'était-ce pas mettre les apparences contre soi ? N'était-ce pas perdre les bénéfices de la position ? La partie qui soulève de pareils incidents a toujours l'air de cher-cher des défaites, de douter d'elle-même et de fuir devant l'ennemi. Le cas était grave et, qui plus est, urgent. Il fal-lait se décider à l'instant même l'audience allait s'ouvrir. Ludovic eut une inspiration qui, de toute autre part, eût semblé téméraire, et qui n'était chez lui que l'effet d'une pro-fonde conviction. Il s'offrit à plaider l'affaire, et y mit tant de chaleur, que son patron en fut ébranlé. A entendre Ludovic, il y avait plus d'inconvénients à demander un renvoi qu'à @confier la défense à un débutant, et il appuya cette opinion de motifs péremptoires. Puis il ajouta qu'il avait étudié le | 198 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. initiation complète il ne désespérait plus du succès, et pa-raissait disposé à y aider de tout son pouvoir. C'était déjà beaucoup que de l'avoir amené là. Plaider une cause n'est rien il faut l'épouser, et les grands noms épousent peu le métier blase. Ludovic avait donc sujet de s'enorgueillir du résultat qu'il avait obtenu quant au reste, ce n'était plus de son domaine, son rôle cessait il était dessaisi pour ainsi dire. Ce fut alors que le hasard s'en mêla pour le pousser plus haut encore. Le jour de l'audience était fixé tout était ar-rêté les mémoires avaient été distribués et l'effet en parais-sait bon d'un commun accord, les parties avaient résolu de ne point reculer le débat et de se tenir prêtes au moment assigné par le rôle. De part et d'autre on avait fourbi les armes de combat et endossé le costume de guerre. La cour y était préparée, les greffiers aussi avocats, avoués, champions et juges du camp, tout le monde y comptait et s'était arrangé en conséquence. Qu'on juge du désappointement de l'étude lorsque le ma-tin même un mal imprévu surprit l'avocat célèbre et le mit dans l'impuissance de se rendre au Palais. En vain lui dé-pêcha-t-on émissaire sur émissaire ce n'était point une in-disposition de commande, comme il y en a tant au service de ces messieurs. L'homme illustre était au lit, avec une fièvre bien caractérisée. Que faire ? Demander un sursis, ajourner le débat, on l'aurait certainement pu, et les cours ne se refusent jamais à des remises, appuyées sur des motifs sérieux. Mais n'était-ce pas mettre les apparences contre soi ? N'était-ce pas perdre les bénéfices de la position ? La partie qui soulève de pareils incidents a toujours l'air de cher-cher des défaites, de douter d'elle-même et de fuir devant l'ennemi. Le cas était grave et, qui plus est, urgent. Il fal-lait se décider à l'instant même l'audience allait s'ouvrir. Ludovic eut une inspiration qui, de toute autre part, eût semblé téméraire, et qui n'était chez lui que l'effet d'une pro-fonde conviction. Il s'offrit à plaider l'affaire, et y mit tant de chaleur, que son patron en fut ébranlé. A entendre Ludovic, il y avait plus d'inconvénients à demander un renvoi qu'à @confier la défense à un débutant, et il appuya cette opinion de motifs péremptoires. Puis il ajouta qu'il avait étudié le | 198 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. initiation complète il ne désespérait plus du succès, et pa-raissait disposé à y aider de tout son pouvoir. C'était déjà beaucoup que de l'avoir amené là. Plaider une cause n'est rien il faut l'épouser, et les grands noms épousent peu le métier blase. Ludovic avait donc sujet de s'enorgueillir du résultat qu'il avait obtenu quant au reste, ce n'était plus de son domaine, son rôle cessait il était dessaisi pour ainsi dire. Ce fut alors que le hasard s'en mêla pour le pousser plus haut encore. Le jour de l'audience était fixé tout était ar-rêté les mémoires avaient été distribués et l'effet en parais-sait bon d'un commun accord, les parties avaient résolu de ne point reculer le débat et de se tenir prêtes au moment assigné par le rôle. De part et d'autre on avait fourbi les armes de combat et endossé le costume de guerre. La cour y était préparée, les greffiers aussi avocats, avoués, champions et juges du camp, tout le monde y comptait et s'était arrangé en conséquence. Qu'on juge du désappointement de l'étude lorsque le ma-tin même un mal imprévu surprit l'avocat célèbre et le mit dans l'impuissance de se rendre au Palais. En vain lui dé-pêcha-t-on émissaire sur émissaire ce n'était point une in-disposition de commande, comme il y en a tant au service de ces messieurs. L'homme illustre était au lit, avec une fièvre bien caractérisée. Que faire ? Demander un sursis, ajourner le débat, on l'aurait certainement pu, et les cours ne se refusent jamais à des remises, appuyées sur des motifs sérieux. Mais n'était-ce pas mettre les apparences contre soi ? N'était-ce pas perdre les bénéfices de la position ? La partie qui soulève de pareils incidents a toujours l'air de cher-cher des défaites, de douter d'elle-même et de fuir devant l'ennemi. Le cas était grave et, qui plus est, urgent. Il fal-lait se décider à l'instant même l'audience allait s'ouvrir. Ludovic eut une inspiration qui, de toute autre part, eût semblé téméraire, et qui n'était chez lui que l'effet d'une pro-fonde conviction. Il s'offrit à plaider l'affaire, et y mit tant de chaleur, que son patron en fut ébranlé. A entendre Ludovic, il y avait plus d'inconvénients à demander un renvoi qu'à confier la défense à un débutant, et il appuya cette opinion de motifs péremptoires. Puis il ajouta qu'il avait étudié le | 7 | 0.002989 | 0.008969 |
879.txt | 1,858 | 190 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Il y avait dans ces derniers mots un reproche et une allu-sion. Ludovic y désignait Melchior sans le nommer. C'était un des tourments de son esprit, mais il n'osait s'en ouvrir à Marguerite surtout il se fût bien gardé de l'interroger il at-tendait et devait attendre que la confidence vînt d'elle. Et pourtant Dieu sait combien ses préoccupations étaient vives - à ce sujet 1 Le vétéran était venu dans cet intérieur il s'y était assis, il avait parlé, tout le témoignait. Mais qu'avait-il dit? comment s'était passé l'entrevue? combien de temps - avait-elle duré? Voilà ce que Marguerite seule pouvait lui apprendre et ce qu'il espérait recueillir de sa bouche en échange de cette confession si complète et si humble qu'il venait d'achever. Et cependant la jeune fille ne semblait pas disposée à se prêter à ce désir ni aller d'elle-même au-devant d'une explication. Visiblement touchée, elle se contentait de mettre dans ses yeux toute la bienveillance dont elle était animée elle ne rompait pas le silence ce fut encore Ludo-vic qui insista. - N'est-ce pas, dit-il, que vous me croyez? - Oui, certes, je vous crois, répondit-elle avec un élan très-marqué. Oui, mon ami, je vous crois. Vous êtes la sin-cérité même. Comment douter de vous ? -Merci, Marguerite, reprit Ludovic en lui prenant la main et en la portant à ses lèvres voilà des mots dont j'avais be-soin et qui me font du bien. Que voulez-vous ? L'amour est ainsi fait qu'un rien lui porte ombrage. Maintenant, plus d'idées noires oublions tout ce qui s'est passé hier. - C'est cela oublions, dit Marguerite avec empressement et comme pour chasser une pensée importune. - Ne songeons qu'à l'avenir, reprit Ludovic il nous est ouvert désormais le grand pas est franchi. Voyez-vous, Mar-guerite, ce qu'on veut fortement, il est rare qu'on ne l'ob-tienne pas. Or, il y a deux choses que je veux aussi forte-ment qu'il est possible de vouloir. La première, vous savez ce que c'est ? Il attachait en même temps sur elle un regard dont l'expres-sion ne pouvait laisser de doute sur sa pensée et qui remplit la jeune fille de trouble et de confusion. Elle inclina la tête. - C'est bon, dit-elle, c'est bon. Passons à la seconde, Monsieur. | 190 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Il y avait dans ces derniers mots un reproche et une allu-sion. Ludovic y désignait Melchior sans le nommer. C'était un des tourments de son esprit, mais il n'osait s'en ouvrir à Marguerite surtout il se fût bien gardé de l'interroger il at-tendait et devait attendre que la confidence vînt d'elle. Et pourtant Dieu sait combien ses préoccupations étaient vives - à ce sujet 1 Le vétéran était venu dans cet intérieur il s'y était assis, il avait parlé, tout le témoignait. Mais qu'avait-il dit@? comment s'était passé l'entrevue@? combien de temps - avait-elle duré? Voilà ce que Marguerite seule pouvait lui apprendre et ce qu'il espérait recueillir de sa bouche en échange de cette confession si complète et si humble qu'il venait d'achever. Et cependant la jeune fille ne semblait pas disposée à se prêter à ce désir ni aller d'elle-même au-devant d'une explication. Visiblement touchée, elle se contentait de mettre dans ses yeux toute la bienveillance dont elle était animée elle ne rompait pas le silence ce fut encore Ludo-vic qui insista. - N'est-ce pas, dit-il, que vous me croyez? - Oui, certes, je vous crois, répondit-elle avec un élan très-marqué. Oui, mon ami, je vous crois. Vous êtes la sin-cérité même. Comment douter de vous ? -Merci, Marguerite, reprit Ludovic en lui prenant la main et en la portant à ses lèvres voilà des mots dont j'avais be-soin et qui me font du bien. Que voulez-vous ? L'amour est ainsi fait qu'un rien lui porte ombrage. Maintenant, plus d'idées noires oublions tout ce qui s'est passé hier. - C'est cela oublions, dit Marguerite avec empressement et comme pour chasser une pensée importune. - Ne songeons qu'à l'avenir, reprit Ludovic il nous est ouvert désormais le grand pas est franchi. Voyez-vous, Mar-guerite, ce qu'on veut fortement, il est rare qu'on ne l'ob-tienne pas. Or, il y a deux choses que je veux aussi forte-ment qu'il est possible de vouloir. La première, vous savez ce que c'est ? Il attachait en même temps sur elle un regard dont l'expres-sion ne pouvait laisser de doute sur sa pensée et qui remplit la jeune fille de trouble et de confusion. Elle inclina la tête. - C'est bon, dit-elle, c'est bon. Passons à la seconde, Monsieur. | 190 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Il y avait dans ces derniers mots un reproche et une allu-sion. Ludovic y désignait Melchior sans le nommer. C'était un des tourments de son esprit, mais il n'osait s'en ouvrir à Marguerite surtout il se fût bien gardé de l'interroger il at-tendait et devait attendre que la confidence vînt d'elle. Et pourtant Dieu sait combien ses préoccupations étaient viveses à ce sujet ! Le vétéran était venu dans cet intérieur il s'y était assis, il avait parlé, tout le témoignait. Mais qu'avait-il dit ? comment s'était passé l'entrevue ? combien de temps @@avait-elle duré? Voilà ce que Marguerite seule pouvait lui apprendre et ce qu'il espérait recueillir de sa bouche en échange de cette confession si complète et si humble qu'il venait d'achever. Et cependant la jeune fille ne semblait pas disposée à se prêter à ce désir ni aller d'elle-même au-devant d'une explication. Visiblement touchée, elle se contentait de mettre dans ses yeux toute la bienveillance dont elle était animée elle ne rompait pas le silence ce fut encore Ludo-vic qui insista. -@N'est-ce pas, dit-il, que vous me croyez? -@Oui, certes, je vous crois, répondit-elle avec un élan très-marqué. Oui, mon ami, je vous crois. Vous êtes la sin-cérité même. Comment douter de vous ? -Merci, Marguerite, reprit Ludovic en lui prenant la main et en la portant à ses lèvres voilà des mots dont j'avais be-soin et qui me font du bien. Que voulez-vous ? L'amour est ainsi fait qu'un rien lui porte ombrage. Maintenant, plus d'idées noires oublions tout ce qui s'est passé hier. -@C'est cela oublions, dit Marguerite avec empressement et comme pour chasser une pensée importune. -@Ne songeons qu'à l'avenir, reprit Ludovic il nous est ouvert désormais le grand pas est franchi. Voyez-vous, Mar-guerite, ce qu'on veut fortement, il est rare qu'on ne l'ob-tienne pas. Or, il y a deux choses que je veux aussi forte-ment qu'il est possible de vouloir. La première, vous savez ce que c'est ? Il attachait en même temps sur elle un regard dont l'expres-sion ne pouvait laisser de doute sur sa pensée et qui remplit la jeune fille de trouble et de confusion. Elle inclina la tête. -@C'est bon, dit-elle, c'est bon. Passons à la seconde, Monsieur. | 190 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Il y avait dans ces derniers mots un reproche et une allu-sion. Ludovic y désignait Melchior sans le nommer. C'était un des tourments de son esprit, mais il n'osait s'en ouvrir à Marguerite surtout il se fût bien gardé de l'interroger il at-tendait et devait attendre que la confidence vînt d'elle. Et pourtant Dieu sait combien ses préoccupations étaient viveses à ce sujet ! Le vétéran était venu dans cet intérieur il s'y était assis, il avait parlé, tout le témoignait. Mais qu'avait-il dit ? comment s'était passé l'entrevue ? combien de temps @@avait-elle duré? Voilà ce que Marguerite seule pouvait lui apprendre et ce qu'il espérait recueillir de sa bouche en échange de cette confession si complète et si humble qu'il venait d'achever. Et cependant la jeune fille ne semblait pas disposée à se prêter à ce désir ni aller d'elle-même au-devant d'une explication. Visiblement touchée, elle se contentait de mettre dans ses yeux toute la bienveillance dont elle était animée elle ne rompait pas le silence ce fut encore Ludo-vic qui insista. -@N'est-ce pas, dit-il, que vous me croyez? -@Oui, certes, je vous crois, répondit-elle avec un élan très-marqué. Oui, mon ami, je vous crois. Vous êtes la sin-cérité même. Comment douter de vous ? -Merci, Marguerite, reprit Ludovic en lui prenant la main et en la portant à ses lèvres voilà des mots dont j'avais be-soin et qui me font du bien. Que voulez-vous ? L'amour est ainsi fait qu'un rien lui porte ombrage. Maintenant, plus d'idées noires oublions tout ce qui s'est passé hier. -@C'est cela oublions, dit Marguerite avec empressement et comme pour chasser une pensée importune. -@Ne songeons qu'à l'avenir, reprit Ludovic il nous est ouvert désormais le grand pas est franchi. Voyez-vous, Mar-guerite, ce qu'on veut fortement, il est rare qu'on ne l'ob-tienne pas. Or, il y a deux choses que je veux aussi forte-ment qu'il est possible de vouloir. La première, vous savez ce que c'est ? Il attachait en même temps sur elle un regard dont l'expres-sion ne pouvait laisser de doute sur sa pensée et qui remplit la jeune fille de trouble et de confusion. Elle inclina la tête. -@C'est bon, dit-elle, c'est bon. Passons à la seconde, Monsieur. | 190 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Il y avait dans ces derniers mots un reproche et une allu-sion. Ludovic y désignait Melchior sans le nommer. C'était un des tourments de son esprit, mais il n'osait s'en ouvrir à Marguerite surtout il se fût bien gardé de l'interroger il at-tendait et devait attendre que la confidence vînt d'elle. Et pourtant Dieu sait combien ses préoccupations étaient viveses à ce sujet ! Le vétéran était venu dans cet intérieur il s'y était assis, il avait parlé, tout le témoignait. Mais qu'avait-il dit ? comment s'était passé l'entrevue ? combien de temps avait-elle duré? Voilà ce que Marguerite seule pouvait lui apprendre et ce qu'il espérait recueillir de sa bouche en échange de cette confession si complète et si humble qu'il venait d'achever. Et cependant la jeune fille ne semblait pas disposée à se prêter à ce désir ni aller d'elle-même au-devant d'une explication. Visiblement touchée, elle se contentait de mettre dans ses yeux toute la bienveillance dont elle était animée elle ne rompait pas le silence ce fut encore Ludo-vic qui insista. -N'est-ce pas, dit-il, que vous me croyez? -Oui, certes, je vous crois, répondit-elle avec un élan très-marqué. Oui, mon ami, je vous crois. Vous êtes la sin-cérité même. Comment douter de vous ? -Merci, Marguerite, reprit Ludovic en lui prenant la main et en la portant à ses lèvres voilà des mots dont j'avais be-soin et qui me font du bien. Que voulez-vous ? L'amour est ainsi fait qu'un rien lui porte ombrage. Maintenant, plus d'idées noires oublions tout ce qui s'est passé hier. -C'est cela oublions, dit Marguerite avec empressement et comme pour chasser une pensée importune. -Ne songeons qu'à l'avenir, reprit Ludovic il nous est ouvert désormais le grand pas est franchi. Voyez-vous, Mar-guerite, ce qu'on veut fortement, il est rare qu'on ne l'ob-tienne pas. Or, il y a deux choses que je veux aussi forte-ment qu'il est possible de vouloir. La première, vous savez ce que c'est ? Il attachait en même temps sur elle un regard dont l'expres-sion ne pouvait laisser de doute sur sa pensée et qui remplit la jeune fille de trouble et de confusion. Elle inclina la tête. -C'est bon, dit-elle, c'est bon. Passons à la seconde, Monsieur. | 12 | 0.005388 | 0.02331 |
39.txt | 1,863 | -55 -habileté connue, il lui ôta la conduite de sa maison, pour la livrer à des valets et à des servantes, qui, à la vue de leur maîtresse, faisaient une dissipation épouvantable. Son mépris devint colère, et sa colère fureur bru-tale. Tantôt, malgré la délicatesse de sa vic-time, il lui faisait faire comme à la plus vile des servantes, deux ou trois lieues à pied , pour lui aller chercher des bagatelles dont il prétendait avoir besoin. Tantôt, et presque à la veille de ses couches, il la faisait mon-ter sur des chevaux que de bons cavaliers n'auraient essayés qu'avec précaution, et dont il n'eût n'as osé se servir lui-même. II est vrai que ces animaux, oubliant sous sa main leur férocité naturelle, semblèrent plus d'une fois connaître et respecter la charge qu'ils por-taient. Mais il n'en est pas moins vrai que tous ceux qui la voyaient tremblaient pour elle et qu'il n'y avait que sa confiance en Dieu qui pût la soutenir. Elle en eut besoin plus que jamais dans une occasion dont je Vais parler , et où elle fut à deux doigts de sa perte. Un jour, il prit fantaisie à son mari de la mener à Arches, dans un temps où le ciel fondait sur eux. Les torrents multipliés, les ravins, les débordements, rendaient'leï | -55 -habileté connue, il lui ôta la conduite de sa maison, pour la livrer à des valets et à des servantes, qui, à la vue de leur maîtresse, faisaient une dissipation épouvantable. Son mépris devint colère, et sa colère fureur bru-tale. Tantôt, malgré la délicatesse de sa vic-time, il lui faisait faire comme à la plus vile des servantes, deux ou trois lieues à pied , pour lui aller chercher des bagatelles dont il prétendait avoir besoin. Tantôt, et presque à la veille de ses couches, il la faisait mon-ter sur des chevaux que de bons cavaliers n'auraient essayés qu'avec précaution, et dont il n'eût n'as osé se servir lui-même. II est vrai que ces animaux, oubliant sous sa main leur férocité naturelle, semblèrent plus d'une fois connaître et respecter la charge qu'ils por-taient. Mais il n'en est pas moins vrai que tous ceux qui la voyaient tremblaient pour elle et qu'il n'y avait que sa confiance en Dieu qui pût la soutenir. Elle en eut besoin plus que jamais dans une occasion dont je Vais parler , et où elle fut à deux doigts de sa perte. Un jour, il prit fantaisie à son mari de la mener à Arches, dans un temps où le ciel fondait sur eux. Les torrents multipliés, les ravins, les débordements, rendaient'leï | ############# connue, il lui ôta la conduite de sa maison, pour la livrer à des valets et à des servantes, qui, à la vue de leur maîtresse, faisaient une dissipation épouvantable. Son mépris devint colère, et sa colère fureur bru-tale. Tantôt, malgré la délicatesse de sa vic-time, il lui faisait faire comme à la plus vile des servantes, deux ou trois lieues à pied , pour lui aller chercher des bagatelles dont il prétendait avoir besoin. Tantôt, et presque à la veille de ses couches, il la faisait mon-ter sur des chevaux que de bons cavaliers n'auraient essayés qu'avec précaution, et dont il n'eût n'as osé se servir lui-même. II est vrai que ces animaux, oubliant sous sa main leur férocité naturelle, semblèrent plus d'une fois connaître et respecter la charge qu'ils por-taient. Mais il n'en est pas moins vrai que tous ceux qui la voyaient tremblaient pour elle et qu'il n'y avait que sa confiance en Dieu qui pût la soutenir. Elle en eut besoin plus que jamais dans une occasion dont je vais parler , et où elle fut à deux doigts de sa perte. Un jour, il prit fantaisie à son mari de la mener à Arches, dans un temps où le ciel fondait sur eux. Les torrents multipliés, les ravins, les débordements, rendaient ### | -55 -habileté connue, il lui ôta la conduite de sa maison, pour la livrer à des valets et à des servantes, qui, à la vue de leur maîtresse, faisaient une dissipation épouvantable. Son mépris devint colère, et sa colère fureur bru-tale. Tantôt, malgré la délicatesse de sa vic-time, il lui faisait faire comme à la plus vile des servantes, deux ou trois lieues à pied , pour lui aller chercher des bagatelles dont il prétendait avoir besoin. Tantôt, et presque à la veille de ses couches, il la faisait mon-ter sur des chevaux que de bons cavaliers n'auraient essayés qu'avec précaution, et dont il n'eût n'as osé se servir lui-même. II est vrai que ces animaux, oubliant sous sa main leur férocité naturelle, semblèrent plus d'une fois connaître et respecter la charge qu'ils por-taient. Mais il n'en est pas moins vrai que tous ceux qui la voyaient tremblaient pour elle et qu'il n'y avait que sa confiance en Dieu qui pût la soutenir. Elle en eut besoin plus que jamais dans une occasion dont je vais parler , et où elle fut à deux doigts de sa perte. Un jour, il prit fantaisie à son mari de la mener à Arches, dans un temps où le ciel fondait sur eux. Les torrents multipliés, les ravins, les débordements, rendaient leï | -55 -habileté connue, il lui ôta la conduite de sa maison, pour la livrer à des valets et à des servantes, qui, à la vue de leur maîtresse, faisaient une dissipation épouvantable. Son mépris devint colère, et sa colère fureur bru-tale. Tantôt, malgré la délicatesse de sa vic-time, il lui faisait faire comme à la plus vile des servantes, deux ou trois lieues à pied , pour lui aller chercher des bagatelles dont il prétendait avoir besoin. Tantôt, et presque à la veille de ses couches, il la faisait mon-ter sur des chevaux que de bons cavaliers n'auraient essayés qu'avec précaution, et dont il n'eût n'as osé se servir lui-même. II est vrai que ces animaux, oubliant sous sa main leur férocité naturelle, semblèrent plus d'une fois connaître et respecter la charge qu'ils por-taient. Mais il n'en est pas moins vrai que tous ceux qui la voyaient tremblaient pour elle et qu'il n'y avait que sa confiance en Dieu qui pût la soutenir. Elle en eut besoin plus que jamais dans une occasion dont je vais parler , et où elle fut à deux doigts de sa perte. Un jour, il prit fantaisie à son mari de la mener à Arches, dans un temps où le ciel fondait sur eux. Les torrents multipliés, les ravins, les débordements, rendaient leï | 2 | 0.001634 | 0.008065 |
845.txt | 1,858 | 152 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. ment ne pas l'être, en effet? Il régnait dans tout cela une bonté si naturelle, un tel sentiment de pieuse affection, un soin si attentif et' si compatissant 1 Pas un mouvement d'hu-meur ni d'impatience, rien qui fit ombre dans l'accomplisse-ment de ce devoir. On voyait bien que la tendresse seule-y présidait. De temps en temps, comme pour encourager l'in-firme, la jeune fille portait à ses lèvres sa main décharnée et débile, ou bien lui disait à l'oreille et en forçant la voix quelques mots affectueux. Celle-ci alors se tournait vers-elle et la remerciait d'un regard triste et profond puis, comme si elle eût retrouvé des forces dans la vue de son ange gardien, elle faisait encore un pas en avant. Ludovic ne se possédait plus lui aussi eût voulu venir en aide à cette créature souffrante, la soutenir, la porter jus-qu'au fauteuil où elle devait s'asseoir. Il lui eût semblé doux de partager avec la jeune fille la tâche qu'elle remplissait si bien, de s'associer à son zèle, de s'identifier à son dévoue-ment. Il s'agitait, il trépignait, il était presque honteux de son rôle de spectateur, il eût donné tout au monde pour pou-voir franchir la distance et offrir le secours de son bras. La sympathie parlait plus haut que jamais au premier prétexte-elle devait éclater ce prétexte s'offrit bientôt. Après de longs efforts, la vieille femme allait atteindre le siège qui lui était destiné encore un ou deux pas et elle arrivait. Mais là un incident imprévu vint interrompre sa marche. Son pied avait-il heurté quelque objet, ou bien se dëclara-t-il chez elle une défaillance subite ? Ludovic ne put l'apprécier de loin seulement il la vit chanceler et s'affaisser sur elle-même. La jeune fille poussa un cri, et involontairement Ludovic y répondit par un autre cri plus puissant et plus énergique. Le corps penché hors de la croisée, on eût dit qu'il allait prendre son élan dans l'espace. Son visage exprimait la com-passion la plus profonde et un désir ardènt de se porter au secours. Cependant la crise dura peu la jeune fille releva l'infirme et l'assit -sur son siège où elle l'entoura de coussins. Sans doute elle était habituée à ces syncopes et savait comment les combatre avec efficacité. La vieille femme revfnt à elle et parut se ranimer à l'air doux et pur du soir. Ludovic aussi | 152 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. ment ne pas l'être, en effet@? Il régnait dans tout cela une bonté si naturelle, un tel sentiment de pieuse affection, un soin si attentif et' si compatissant 1 Pas un mouvement d'hu-meur ni d'impatience, rien qui fit ombre dans l'accomplisse-ment de ce devoir. On voyait bien que la tendresse seule-y présidait. De temps en temps, comme pour encourager l'in-firme, la jeune fille portait à ses lèvres sa main décharnée et débile, ou bien lui disait à l'oreille et en forçant la voix quelques mots affectueux. Celle-ci alors se tournait vers-elle et la remerciait d'un regard triste et profond puis, comme si elle eût retrouvé des forces dans la vue de son ange gardien, elle faisait encore un pas en avant. Ludovic ne se possédait plus lui aussi eût voulu venir en aide à cette créature souffrante, la soutenir, la porter jus-qu'au fauteuil où elle devait s'asseoir. Il lui eût semblé doux de partager avec la jeune fille la tâche qu'elle remplissait si bien, de s'associer à son zèle, de s'identifier à son dévoue-ment. Il s'agitait, il trépignait, il était presque honteux de son rôle de spectateur, il eût donné tout au monde pour pou-voir franchir la distance et offrir le secours de son bras. La sympathie parlait plus haut que jamais au premier prétexte-elle devait éclater ce prétexte s'offrit bientôt. Après de longs efforts, la vieille femme allait atteindre le siège qui lui était destiné encore un ou deux pas et elle arrivait. Mais là un incident imprévu vint interrompre sa marche. Son pied avait-il heurté quelque objet, ou bien se dëclara-t-il chez elle une défaillance subite ? Ludovic ne put l'apprécier de loin seulement il la vit chanceler et s'affaisser sur elle-même. La jeune fille poussa un cri, et involontairement Ludovic y répondit par un autre cri plus puissant et plus énergique. Le corps penché hors de la croisée, on eût dit qu'il allait prendre son élan dans l'espace. Son visage exprimait la com-passion la plus profonde et un désir ardènt de se porter au secours. Cependant la crise dura peu la jeune fille releva l'infirme et l'assit -sur son siège où elle l'entoura de coussins. Sans doute elle était habituée à ces syncopes et savait comment les combatre avec efficacité. La vieille femme revfnt à elle et parut se ranimer à l'air doux et pur du soir. Ludovic aussi | 152 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. ment ne pas l'être, en effet ? Il régnait dans tout cela une bonté si naturelle, un tel sentiment de pieuse affection, un soin si attentif et@ si compatissant ! Pas un mouvement d'hu-meur ni d'impatience, rien qui fit ombre dans l'accomplisse-ment de ce devoir. On voyait bien que la tendresse seule y présidait. De temps en temps, comme pour encourager l'in-firme, la jeune fille portait à ses lèvres sa main décharnée et débile, ou bien lui disait à l'oreille et en forçant la voix quelques mots affectueux. Celle-ci alors se tournait vers elle et la remerciait d'un regard triste et profond puis, comme si elle eût retrouvé des forces dans la vue de son ange gardien, elle faisait encore un pas en avant. Ludovic ne se possédait plus lui aussi eût voulu venir en aide à cette créature souffrante, la soutenir, la porter jus-qu'au fauteuil où elle devait s'asseoir. Il lui eût semblé doux de partager avec la jeune fille la tâche qu'elle remplissait si bien, de s'associer à son zèle, de s'identifier à son dévoue-ment. Il s'agitait, il trépignait, il était presque honteux de son rôle de spectateur, il eût donné tout au monde pour pou-voir franchir la distance et offrir le secours de son bras. La sympathie parlait plus haut que jamais au premier prétexte elle devait éclater ce prétexte s'offrit bientôt. Après de longs efforts, la vieille femme allait atteindre le siége qui lui était destiné encore un ou deux pas et elle arrivait. Mais là un incident imprévu vint interrompre sa marche. Son pied avait-il heurté quelque objet, ou bien se déclara-t-il chez elle une défaillance subite ? Ludovic ne put l'apprécier de loin seulement il la vit chanceler et s'affaisser sur elle même. La jeune fille poussa un cri, et involontairement Ludovic y répondit par un autre cri plus puissant et plus énergique. Le corps penché hors de la croisée, on eût dit qu'il allait prendre son élan dans l'espace. Son visage exprimait la com-passion la plus profonde et un désir ardent de se porter au secours. Cependant la crise dura peu la jeune fille releva l'infirme et l'assit @sur son siége où elle l'entoura de coussins. Sans doute elle était habituée à ces syncopes et savait comment les combatre avec efficacité. La vieille femme revint à elle et parut se ranimer à l'air doux et pur du soir. Ludovic aussi | 152 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. ment ne pas l'être, en effet ? Il régnait dans tout cela une bonté si naturelle, un tel sentiment de pieuse affection, un soin si attentif et@ si compatissant ! Pas un mouvement d'hu-meur ni d'impatience, rien qui fit ombre dans l'accomplisse-ment de ce devoir. On voyait bien que la tendresse seule y présidait. De temps en temps, comme pour encourager l'in-firme, la jeune fille portait à ses lèvres sa main décharnée et débile, ou bien lui disait à l'oreille et en forçant la voix quelques mots affectueux. Celle-ci alors se tournait vers elle et la remerciait d'un regard triste et profond puis, comme si elle eût retrouvé des forces dans la vue de son ange gardien, elle faisait encore un pas en avant. Ludovic ne se possédait plus lui aussi eût voulu venir en aide à cette créature souffrante, la soutenir, la porter jus-qu'au fauteuil où elle devait s'asseoir. Il lui eût semblé doux de partager avec la jeune fille la tâche qu'elle remplissait si bien, de s'associer à son zèle, de s'identifier à son dévoue-ment. Il s'agitait, il trépignait, il était presque honteux de son rôle de spectateur, il eût donné tout au monde pour pou-voir franchir la distance et offrir le secours de son bras. La sympathie parlait plus haut que jamais au premier prétexte elle devait éclater ce prétexte s'offrit bientôt. Après de longs efforts, la vieille femme allait atteindre le siége qui lui était destiné encore un ou deux pas et elle arrivait. Mais là un incident imprévu vint interrompre sa marche. Son pied avait-il heurté quelque objet, ou bien se déclara-t-il chez elle une défaillance subite ? Ludovic ne put l'apprécier de loin seulement il la vit chanceler et s'affaisser sur elle même. La jeune fille poussa un cri, et involontairement Ludovic y répondit par un autre cri plus puissant et plus énergique. Le corps penché hors de la croisée, on eût dit qu'il allait prendre son élan dans l'espace. Son visage exprimait la com-passion la plus profonde et un désir ardent de se porter au secours. Cependant la crise dura peu la jeune fille releva l'infirme et l'assit @sur son siége où elle l'entoura de coussins. Sans doute elle était habituée à ces syncopes et savait comment les combatre avec efficacité. La vieille femme revint à elle et parut se ranimer à l'air doux et pur du soir. Ludovic aussi | 152 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. ment ne pas l'être, en effet ? Il régnait dans tout cela une bonté si naturelle, un tel sentiment de pieuse affection, un soin si attentif et si compatissant ! Pas un mouvement d'hu-meur ni d'impatience, rien qui fit ombre dans l'accomplisse-ment de ce devoir. On voyait bien que la tendresse seule y présidait. De temps en temps, comme pour encourager l'in-firme, la jeune fille portait à ses lèvres sa main décharnée et débile, ou bien lui disait à l'oreille et en forçant la voix quelques mots affectueux. Celle-ci alors se tournait vers elle et la remerciait d'un regard triste et profond puis, comme si elle eût retrouvé des forces dans la vue de son ange gardien, elle faisait encore un pas en avant. Ludovic ne se possédait plus lui aussi eût voulu venir en aide à cette créature souffrante, la soutenir, la porter jus-qu'au fauteuil où elle devait s'asseoir. Il lui eût semblé doux de partager avec la jeune fille la tâche qu'elle remplissait si bien, de s'associer à son zèle, de s'identifier à son dévoue-ment. Il s'agitait, il trépignait, il était presque honteux de son rôle de spectateur, il eût donné tout au monde pour pou-voir franchir la distance et offrir le secours de son bras. La sympathie parlait plus haut que jamais au premier prétexte elle devait éclater ce prétexte s'offrit bientôt. Après de longs efforts, la vieille femme allait atteindre le siége qui lui était destiné encore un ou deux pas et elle arrivait. Mais là un incident imprévu vint interrompre sa marche. Son pied avait-il heurté quelque objet, ou bien se déclara-t-il chez elle une défaillance subite ? Ludovic ne put l'apprécier de loin seulement il la vit chanceler et s'affaisser sur elle même. La jeune fille poussa un cri, et involontairement Ludovic y répondit par un autre cri plus puissant et plus énergique. Le corps penché hors de la croisée, on eût dit qu'il allait prendre son élan dans l'espace. Son visage exprimait la com-passion la plus profonde et un désir ardent de se porter au secours. Cependant la crise dura peu la jeune fille releva l'infirme et l'assit sur son siége où elle l'entoura de coussins. Sans doute elle était habituée à ces syncopes et savait comment les combatre avec efficacité. La vieille femme revint à elle et parut se ranimer à l'air doux et pur du soir. Ludovic aussi | 17 | 0.007274 | 0.038375 |
851.txt | 1,858 | 458 CE QU'ON- PEUT VOIR DANS UNE RUE. race éteinte. Autant Ludovic attachait de prix au commerce des anciens jurisconsultes, autant Melchior en faisait boiimar-ché. Là-dessus son opinion était des plus fermes que l'on pût voir, et il avait à l'appui des arguments d'un tour original. Il prétendait que Justinien était un vieux ladre, un cuistre et rien de plus que ses Codes si vantés n'avaient été imaginés que dans l'intérêt des grands propriétaires, ce qui les rendait indignes de l'attention d'un être pensant. Il ajoutait que cet empereur abusait du droit qu'a tout homme dé faire parler de lui, et qu'il était temps de protester contre cette réputation usurpée qu'après tout, rien n'était plus ridicule que de se meubler la tête de billevesées inventées il y a quinze cents ans, et de se composer un habit avec des loques empruntées aux Grecs et aux Romains. De.là cette conclusion que tous les bouquins du monde ne valent pas une pipe. On devine où peut conduire un système aussi ingénieux, et Melchior n'en démordit pas. Peu lui importait de rester à l'état de fruit sec et de voir se succéder les générations des écoles il n'était pas courtisan du succès et mettait les hon-neurs de la licence bien au-dessous des chevrons 4e l'étu-diant. Sa pôsition n'était d'ailleurs ni sans gloire, ni sans éclat il devenait, dans la carrière de l'enseignement, une exception dé plus en plus caractérisée qu'il y persistàt quelques années encore , et il fondait un parti, une école dans l'école, il inaugurait un droit nouveau. Que de schis-mes n'ont pas commencé autrement! Chaque pipe qu'il fumait était une insulte aux vieilles méthodes et un sa-crifice aux réformes entrevues il y mettrait le temps et le tabac qu'il faudrait, mais il resterait fidèle à sa mission. La fortune n'aime pas qu'on la brusque, et dans ses retours elle va vers les coeurs opiniâtres et patients. Melchior était de ceux-là. Il s'était promis d'avoir raison de Justinien et de l'accabler sous un dédain ptolûngé coûte que coûte, l'empe-reur grec n'aurait pas le dernier mot. -Ce fut ainsi que notre vétéran parvint à se maintenir, sur les bancs du quartier Latin, pendant une période indétermi-née. Aucun des élèves ne l'avait vu débuter, et aucun d'eux ne devait le voir aboutir. On le voyait passer d'une pipe à une autre, rien de plus. Pour le reste, il restait immuable, ou, pour employer son langage, il avait mis un clou. Il est | 458 CE QU'ON- PEUT VOIR DANS UNE RUE. race éteinte. Autant Ludovic attachait de prix au commerce des anciens jurisconsultes, autant Melchior en faisait boiimar-ché. Là-dessus son opinion était des plus fermes que l'on pût voir, et il avait à l'appui des arguments d'un tour original. Il prétendait que Justinien était un vieux ladre, un cuistre et rien de plus que ses Codes si vantés n'avaient été imaginés que dans l'intérêt des grands propriétaires, ce qui les rendait indignes de l'attention d'un être pensant. Il ajoutait que cet empereur abusait du droit qu'a tout homme dé faire parler de lui, et qu'il était temps de protester contre cette réputation usurpée qu'après tout, rien n'était plus ridicule que de se meubler la tête de billevesées inventées il y a quinze cents ans, et de se composer un habit avec des loques empruntées aux Grecs et aux Romains. De.là cette conclusion que tous les bouquins du monde ne valent pas une pipe. On devine où peut conduire un système aussi ingénieux, et Melchior n'en démordit pas. Peu lui importait de rester à l'état de fruit sec et de voir se succéder les générations des écoles il n'était pas courtisan du succès et mettait les hon-neurs de la licence bien au-dessous des chevrons 4e l'étu-diant. Sa pôsition n'était d'ailleurs ni sans gloire, ni sans éclat il devenait, dans la carrière de l'enseignement, une exception dé plus en plus caractérisée qu'il y persistàt quelques années encore , et il fondait un parti, une école dans l'école, il inaugurait un droit nouveau. Que de schis-mes n'ont pas commencé autrement@! Chaque pipe qu'il fumait était une insulte aux vieilles méthodes et un sa-crifice aux réformes entrevues il y mettrait le temps et le tabac qu'il faudrait, mais il resterait fidèle à sa mission. La fortune n'aime pas qu'on la brusque, et dans ses retours elle va vers les coeurs opiniâtres et patients. Melchior était de ceux-là. Il s'était promis d'avoir raison de Justinien et de l'accabler sous un dédain ptolûngé coûte que coûte, l'empe-reur grec n'aurait pas le dernier mot. -Ce fut ainsi que notre vétéran parvint à se maintenir, sur les bancs du quartier Latin, pendant une période indétermi-née. Aucun des élèves ne l'avait vu débuter, et aucun d'eux ne devait le voir aboutir. On le voyait passer d'une pipe à une autre, rien de plus. Pour le reste, il restait immuable, ou, pour employer son langage, il avait mis un clou. Il est | ### CE QU'ON@ PEUT VOIR DANS UNE RUE. race éteinte. Autant Ludovic attachait de prix au commerce des anciens jurisconsultes, autant Melchior en faisait bon mar-ché. Là-dessus son opinion était des plus fermes que l'on pût voir, et il avait à l'appui des arguments d'un tour original. Il prétendait que Justinien était un vieux ladre, un cuistre et rien de plus que ses Codes si vantés n'avaient été imaginés que dans l'intérêt des grands propriétaires, ce qui les rendait indignes de l'attention d'un être pensant. Il ajoutait que cet empereur abusait du droit qu'a tout homme de faire parler de lui, et qu'il était temps de protester contre cette réputation usurpée qu'après tout, rien n'était plus ridicule que de se meubler la tête de billevesées inventées il y a quinze cents ans, et de se composer un habit avec des loques empruntées aux Grecs et aux Romains. De là cette conclusion que tous les bouquins du monde ne valent pas une pipe. On devine où peut conduire un système aussi ingénieux, et Melchior n'en démordit pas. Peu lui importait de rester à l'état de fruit sec et de voir se succéder les générations des écoles il n'était pas courtisan du succès et mettait les hon-neurs de la licence bien au-dessous des chevrons de l'étu-diant. Sa position n'était d'ailleurs ni sans gloire, ni sans éclat il devenait, dans la carrière de l'enseignement, une exception de plus en plus caractérisée qu'il y persistât quelques années encore@, et il fondait un parti, une école dans l'école, il inaugurait un droit nouveau. Que de schis-mes n'ont pas commencé autrement ! Chaque pipe qu'il fumait était une insulte aux vieilles méthodes et un sa-crifice aux réformes entrevues il y mettrait le temps et le tabac qu'il faudrait, mais il resterait fidèle à sa mission. La fortune n'aime pas qu'on la brusque, et dans ses retours elle va vers les coeurs opiniâtres et patients. Melchior était de ceux-là. Il s'était promis d'avoir raison de Justinien et de l'accabler sous un dédain prolongé coûte que coûte, l'empe-reur grec n'aurait pas le dernier mot. @Ce fut ainsi que notre vétéran parvint à se maintenir, sur les bancs du quartier Latin, pendant une période indétermi-née. Aucun des élèves ne l'avait vu débuter, et aucun d'eux ne devait le voir aboutir. On le voyait passer d'une pipe à une autre, rien de plus. Pour le reste, il restait immuable, ou, pour employer son langage, il avait mis un clou. Il est | 458 CE QU'ON@ PEUT VOIR DANS UNE RUE. race éteinte. Autant Ludovic attachait de prix au commerce des anciens jurisconsultes, autant Melchior en faisait bon mar-ché. Là-dessus son opinion était des plus fermes que l'on pût voir, et il avait à l'appui des arguments d'un tour original. Il prétendait que Justinien était un vieux ladre, un cuistre et rien de plus que ses Codes si vantés n'avaient été imaginés que dans l'intérêt des grands propriétaires, ce qui les rendait indignes de l'attention d'un être pensant. Il ajoutait que cet empereur abusait du droit qu'a tout homme de faire parler de lui, et qu'il était temps de protester contre cette réputation usurpée qu'après tout, rien n'était plus ridicule que de se meubler la tête de billevesées inventées il y a quinze cents ans, et de se composer un habit avec des loques empruntées aux Grecs et aux Romains. De là cette conclusion que tous les bouquins du monde ne valent pas une pipe. On devine où peut conduire un système aussi ingénieux, et Melchior n'en démordit pas. Peu lui importait de rester à l'état de fruit sec et de voir se succéder les générations des écoles il n'était pas courtisan du succès et mettait les hon-neurs de la licence bien au-dessous des chevrons de l'étu-diant. Sa position n'était d'ailleurs ni sans gloire, ni sans éclat il devenait, dans la carrière de l'enseignement, une exception de plus en plus caractérisée qu'il y persistât quelques années encore@, et il fondait un parti, une école dans l'école, il inaugurait un droit nouveau. Que de schis-mes n'ont pas commencé autrement ! Chaque pipe qu'il fumait était une insulte aux vieilles méthodes et un sa-crifice aux réformes entrevues il y mettrait le temps et le tabac qu'il faudrait, mais il resterait fidèle à sa mission. La fortune n'aime pas qu'on la brusque, et dans ses retours elle va vers les coeurs opiniâtres et patients. Melchior était de ceux-là. Il s'était promis d'avoir raison de Justinien et de l'accabler sous un dédain prolongé coûte que coûte, l'empe-reur grec n'aurait pas le dernier mot. @Ce fut ainsi que notre vétéran parvint à se maintenir, sur les bancs du quartier Latin, pendant une période indétermi-née. Aucun des élèves ne l'avait vu débuter, et aucun d'eux ne devait le voir aboutir. On le voyait passer d'une pipe à une autre, rien de plus. Pour le reste, il restait immuable, ou, pour employer son langage, il avait mis un clou. Il est | 458 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. race éteinte. Autant Ludovic attachait de prix au commerce des anciens jurisconsultes, autant Melchior en faisait bon mar-ché. Là-dessus son opinion était des plus fermes que l'on pût voir, et il avait à l'appui des arguments d'un tour original. Il prétendait que Justinien était un vieux ladre, un cuistre et rien de plus que ses Codes si vantés n'avaient été imaginés que dans l'intérêt des grands propriétaires, ce qui les rendait indignes de l'attention d'un être pensant. Il ajoutait que cet empereur abusait du droit qu'a tout homme de faire parler de lui, et qu'il était temps de protester contre cette réputation usurpée qu'après tout, rien n'était plus ridicule que de se meubler la tête de billevesées inventées il y a quinze cents ans, et de se composer un habit avec des loques empruntées aux Grecs et aux Romains. De là cette conclusion que tous les bouquins du monde ne valent pas une pipe. On devine où peut conduire un système aussi ingénieux, et Melchior n'en démordit pas. Peu lui importait de rester à l'état de fruit sec et de voir se succéder les générations des écoles il n'était pas courtisan du succès et mettait les hon-neurs de la licence bien au-dessous des chevrons de l'étu-diant. Sa position n'était d'ailleurs ni sans gloire, ni sans éclat il devenait, dans la carrière de l'enseignement, une exception de plus en plus caractérisée qu'il y persistât quelques années encore, et il fondait un parti, une école dans l'école, il inaugurait un droit nouveau. Que de schis-mes n'ont pas commencé autrement ! Chaque pipe qu'il fumait était une insulte aux vieilles méthodes et un sa-crifice aux réformes entrevues il y mettrait le temps et le tabac qu'il faudrait, mais il resterait fidèle à sa mission. La fortune n'aime pas qu'on la brusque, et dans ses retours elle va vers les coeurs opiniâtres et patients. Melchior était de ceux-là. Il s'était promis d'avoir raison de Justinien et de l'accabler sous un dédain prolongé coûte que coûte, l'empe-reur grec n'aurait pas le dernier mot. Ce fut ainsi que notre vétéran parvint à se maintenir, sur les bancs du quartier Latin, pendant une période indétermi-née. Aucun des élèves ne l'avait vu débuter, et aucun d'eux ne devait le voir aboutir. On le voyait passer d'une pipe à une autre, rien de plus. Pour le reste, il restait immuable, ou, pour employer son langage, il avait mis un clou. Il est | 14 | 0.005814 | 0.026316 |
689.txt | 1,882 | VII probablement, la guériraient, surtout s'ils étaient employés aussitôt que la maladie aurait été reconnue. Presque tous les médecins., depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, ont considéré l'inflammation comme due à un excès d'action. Ils fon-daient leur opinion sur les symptômes qui caractérisent cette affection et sur les avantages que procurent, dans son traitement, le repos des organes malades, les émollients et les pertes de sang, soit spontanées, soit artificielles. Quelles raisons a-t-on eues pour abandonner, depuis quelques années, une opinion si ancienne et si générale? Une seule, la première interprétation donnée par Claude Bernard aux résultats de ses expériences et de celles de M. Brown-Séquard sur les nerfs vaso-moteurs. Il avait d'abord considéré comme inflammatoire la dilatation vasculaire qui résulte de la section du cordon du trisplanchnique et de l'arrachement de ses ganglions. Il avait cru pouvoir produire ainsi des pleurésies et d'autres affections viscérales. A cette époque, personne, parmi les jeunes médecins, n'a mis en doute le caractère passif de l'inflammation tous ont cru qu'elle était due à une paralysie des vaisseaux, et M. Vulpian a adopté, à cet égard, l'opinion qui était régnante, en 1863, et que représente fidèlement l'ouvrage du docteur Marey sur la circulation du sang, ouvrage qui a été imprimé dans le courant de ladite année. Mais, bientôt Claude Bernard a reconnu qu'il s'était trompé et l'a avoué franchement. M. Vulpian dit lui-même p. 104, 1. 25 du 1er vol. de ses LEÇONS SUR LES VAso-MoTEURS La vascularisation qui se développe lorsque les nerfs vaso-moteurs sont coupés, n'est pas une congestion inflam-matoire et peut durer des jours et des semaines sans qu'il se produise une véritable inflammation dans les parties où les vaisseaux sont dilatés, Tous les physiologistes ont insisté sur ce point, signalé d'abord par Claude Bernard. M. Vulpian revient encore p. 139, 1. 13 du même volume , sur l'absence d'inflammation dans des cas de paralysie vasculaire de date ancienne. Après des aveux aussi précis, on devait s'attendre à voir un savant pro-fesseur, un expérimentateur habile et consciencieux tel que M. Vulpian, rejeter bien loin une opinion qui est en contradiction avec une grande partie des faits consignés dans ses ouvrages, opinion abandonnée par Claude Bernard qui l'avait émise, et dont M. Vulpian lui-même a fortement contri-bué., par ses expériences, à détruire l'unique base. Eh bien ! c'est le contraire qui est arrive. M. Vulpian a continué à penser que. l'inflammation ne peut être due qu'à une paralysie des vaisseaux et, la paralysie expérimentale lui échappant, il.en a inventé une entièrement nouvelle, la paralysie par irri-tation, à laquelle il s'est attaché, comme un père s'attache à ses enfants, malgré leurs défauts et quelquefois même à cause de leurs défauts. Pour se déguiser à soi-même le peu de fondement et l'invraisemblance de sa manière de penser sur ce sujet, il a été obligé d'imaginer tant d'explications hypothé-tiques qu'il y tient en raison même de la peine qu'il s'est donnée pour ne pas être forcé de l'abandonner. On a pu voir, par tout ce que j'ai dit jusqu'ici, qu'il eût mieux fait de suivre l'exemple de Claude Bernard, et d'avouer, dans l'intérêt de la science et de l'humanité, qu'il s'est trompé sur ce point. Il l'aurait fait sans doute s'il se fût rappelé qu'une grande partie des nerfs du | VII @probablement, la guériraient, surtout s'ils étaient employés aussitôt que la maladie aurait été reconnue. Presque tous les médecins., depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, ont considéré l'inflammation comme due à un excès d'action. Ils fon-daient leur opinion sur les symptômes qui caractérisent cette affection et sur les avantages que procurent, dans son traitement, le repos des organes malades, les émollients et les pertes de sang, soit spontanées, soit artificielles. Quelles raisons a-t-on eues pour abandonner, depuis quelques années, une opinion si ancienne et si générale@? Une seule, la première interprétation donnée par Claude Bernard aux résultats de ses expériences et de celles de M. Brown-Séquard sur les nerfs vaso-moteurs. Il avait d'abord considéré comme inflammatoire la dilatation vasculaire qui résulte de la section du cordon du trisplanchnique et de l'arrachement de ses ganglions. Il avait cru pouvoir produire ainsi des pleurésies et d'autres affections viscérales. A cette époque, personne, parmi les jeunes médecins, n'a mis en doute le caractère passif de l'inflammation tous ont cru qu'elle était due à une paralysie des vaisseaux, et M. Vulpian a adopté, à cet égard, l'opinion qui était régnante, en 1863, et que représente fidèlement l'ouvrage du docteur Marey sur la circulation du sang, ouvrage qui a été imprimé dans le courant de ladite année. Mais, bientôt Claude Bernard a reconnu qu'il s'était trompé et l'a avoué franchement. M. Vulpian dit lui-même p. 104, 1. 25 du 1er vol. de ses LEÇONS SUR LES VAso-MoTEURS La vascularisation qui se développe lorsque les nerfs vaso-moteurs sont coupés, n'est pas une congestion inflam-matoire et peut durer des jours et des semaines sans qu'il se produise une véritable inflammation dans les parties où les vaisseaux sont dilatés, Tous les physiologistes ont insisté sur ce point, signalé d'abord par Claude Bernard. M. Vulpian revient encore p. 139, 1. 13 du même volume , sur l'abs@ence d'inflammation dans des cas de paralysie vasculaire de date ancienne. Après des aveux aussi précis, on devait s'attendre à voir un savant pro-fesseur, un expérimentateur habile et consciencieux tel que M. Vulpian, rejeter bien loin une opinion qui est en contradiction avec une grande partie des faits consignés dans ses ouvrages, opinion abandonnée par Claude Bernard qui l'avait émise, et dont M. Vulpian lui-même a fortement contri-bué., par ses expériences, à détruire l'unique base. Eh bien ! c'est le contraire qui est arrive. M. Vulpian a continué à penser que. l'inflammation ne peut être due qu'à une paralysie des vaisseaux et, la paralysie expérimentale lui échappant, il.en a inventé une entièrement nouvelle, la paralysie par irri-tation, à laquelle il s'est attaché, comme un père s'attache à ses enfants, malgré leurs défauts et quelquefois même à cause de leurs défauts. Pour se déguiser à soi-même le peu de fondement et l'invraisemblance de sa manière de penser sur ce sujet, il a été obligé d'imaginer tant d'explications hypothé-tiques qu'il y tient en raison même de la peine qu'il s'est donnée pour ne pas être forcé de l'abandonner. On a pu voir, par tout ce que j'ai dit jusqu'ici, qu'il eût mieux fait de suivre l'exemple de Claude Bernard, et d'avouer, dans l'intérêt de la science et de l'humanité, qu'il s'est trompé sur ce point. Il l'aurait fait sans doute s'il se fût rappelé qu'une grande partie des nerfs du | VII -probablement, la guériraient, surtout s'ils étaient employés aussitôt que la maladie aurait été reconnue. Presque tous les médecins@, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, ont considéré l'inflammation comme due à un excès d'action. Ils fon-daient leur opinion sur les symptômes qui caractérisent cette affection et sur les avantages que procurent, dans son traitement, le repos des organes malades, les émollients et les pertes de sang, soit spontanées, soit artificielles. Quelles raisons a-t-on eues pour abandonner, depuis quelques années, une opinion si ancienne et si générale ? Une seule, la première interprétation donnée par Claude Bernard aux résultats de ses expériences et de celles de M. Brown-Séquard sur les nerfs vaso-moteurs. Il avait d'abord considéré comme inflammatoire la dilatation vasculaire qui résulte de la section du cordon du trisplanchnique et de l'arrachement de ses ganglions. Il avait cru pouvoir produire ainsi des pleurésies et d'autres affections viscérales. A cette époque, personne, parmi les jeunes médecins, n'a mis en doute le caractère passif de l'inflammation tous ont cru qu'elle était due à une paralysie des vaisseaux, et M. Vulpian a adopté, à cet égard, l'opinion qui était régnante@ en 1863, et que représente fidèlement l'ouvrage du docteur Marey sur la circulation du sang, ouvrage qui a été imprimé dans le courant de ladite année. Mais, bientôt Claude Bernard a reconnu qu'il s'était trompé et l'a avoué franchement. M. Vulpian dit lui-même p. 104, I. 25 du 1er vol. de ses LEÇONS SUR LES VASO-MOTEURS La vascularisation qui se développe lorsque les nerfs vaso-moteurs sont coupés, n'est pas une congestion inflam-matoire et peut durer des jours et des semaines sans qu'il se produise une véritable inflammation dans les parties où les vaisseaux sont dilatés. Tous les physiologistes ont insisté sur ce point@ signalé d'abord par Claude Bernard. M. Vulpian revient encore p. 139, I. 13 du même volume , sur l'abscence d'inflammation dans des cas de paralysie vasculaire de date ancienne. Après des aveux aussi précis, on devait s'attendre à voir un savant pro-fesseur, un expérimentateur habile et consciencieux tel que M. Vulpian, rejeter bien loin une opinion qui est en contradiction avec une grande partie des faits consignés dans ses ouvrages, opinion abandonnée par Claude Bernard qui l'avait émise, et dont M. Vulpain lui-même a fortement contri-bué@, par ses expériences, à détruire l'unique base. Eh bien ! c'est le contraire qui est arrivé. M. Vulpian a continué à penser que@ l'inflammation ne peut être due qu'à une paralysie des vaisseaux et, la paralysie expérimentale lui échappant, il en a inventé une entièrement nouvelle, la paralysie par irri-tation, à laquelle il s'est attaché, comme un père s'attache à ses enfants, malgré leurs défauts et quelquefois même à cause de leurs défauts. Pour se déguiser à soi-même le peu de fondement et l'invraisemblance de sa manière de penser sur ce sujet, il a été obligé d'imaginer tant d'explications hypothé-tiques qu'il y tient en raison même de la peine qu'il s'est donnée pour ne pas être forcé de l'abandonner. On a pu voir, par tout ce que j'ai dit jusqu'ici, qu'il eût mieux fait de suivre l'exemple de Claude Bernard, et d'avouer, dans l'intérêt de la science et de l'humanité, qu'il s'est trompé sur ce point. Il l'aurait fait sans doute s'il se fût rappelé qu'une grande partie des nerfs du | VII -probablement, la guériraient, surtout s'ils étaient employés aussitôt que la maladie aurait été reconnue. Presque tous les médecins@, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, ont considéré l'inflammation comme due à un excès d'action. Ils fon-daient leur opinion sur les symptômes qui caractérisent cette affection et sur les avantages que procurent, dans son traitement, le repos des organes malades, les émollients et les pertes de sang, soit spontanées, soit artificielles. Quelles raisons a-t-on eues pour abandonner, depuis quelques années, une opinion si ancienne et si générale ? Une seule, la première interprétation donnée par Claude Bernard aux résultats de ses expériences et de celles de M. Brown-Séquard sur les nerfs vaso-moteurs. Il avait d'abord considéré comme inflammatoire la dilatation vasculaire qui résulte de la section du cordon du trisplanchnique et de l'arrachement de ses ganglions. Il avait cru pouvoir produire ainsi des pleurésies et d'autres affections viscérales. A cette époque, personne, parmi les jeunes médecins, n'a mis en doute le caractère passif de l'inflammation tous ont cru qu'elle était due à une paralysie des vaisseaux, et M. Vulpian a adopté, à cet égard, l'opinion qui était régnante@ en 1863, et que représente fidèlement l'ouvrage du docteur Marey sur la circulation du sang, ouvrage qui a été imprimé dans le courant de ladite année. Mais, bientôt Claude Bernard a reconnu qu'il s'était trompé et l'a avoué franchement. M. Vulpian dit lui-même p. 104, I. 25 du 1er vol. de ses LEÇONS SUR LES VASO-MOTEURS La vascularisation qui se développe lorsque les nerfs vaso-moteurs sont coupés, n'est pas une congestion inflam-matoire et peut durer des jours et des semaines sans qu'il se produise une véritable inflammation dans les parties où les vaisseaux sont dilatés. Tous les physiologistes ont insisté sur ce point@ signalé d'abord par Claude Bernard. M. Vulpian revient encore p. 139, I. 13 du même volume , sur l'abscence d'inflammation dans des cas de paralysie vasculaire de date ancienne. Après des aveux aussi précis, on devait s'attendre à voir un savant pro-fesseur, un expérimentateur habile et consciencieux tel que M. Vulpian, rejeter bien loin une opinion qui est en contradiction avec une grande partie des faits consignés dans ses ouvrages, opinion abandonnée par Claude Bernard qui l'avait émise, et dont M. Vulpain lui-même a fortement contri-bué@, par ses expériences, à détruire l'unique base. Eh bien ! c'est le contraire qui est arrivé. M. Vulpian a continué à penser que@ l'inflammation ne peut être due qu'à une paralysie des vaisseaux et, la paralysie expérimentale lui échappant, il en a inventé une entièrement nouvelle, la paralysie par irri-tation, à laquelle il s'est attaché, comme un père s'attache à ses enfants, malgré leurs défauts et quelquefois même à cause de leurs défauts. Pour se déguiser à soi-même le peu de fondement et l'invraisemblance de sa manière de penser sur ce sujet, il a été obligé d'imaginer tant d'explications hypothé-tiques qu'il y tient en raison même de la peine qu'il s'est donnée pour ne pas être forcé de l'abandonner. On a pu voir, par tout ce que j'ai dit jusqu'ici, qu'il eût mieux fait de suivre l'exemple de Claude Bernard, et d'avouer, dans l'intérêt de la science et de l'humanité, qu'il s'est trompé sur ce point. Il l'aurait fait sans doute s'il se fût rappelé qu'une grande partie des nerfs du | VII -probablement, la guériraient, surtout s'ils étaient employés aussitôt que la maladie aurait été reconnue. Presque tous les médecins, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, ont considéré l'inflammation comme due à un excès d'action. Ils fon-daient leur opinion sur les symptômes qui caractérisent cette affection et sur les avantages que procurent, dans son traitement, le repos des organes malades, les émollients et les pertes de sang, soit spontanées, soit artificielles. Quelles raisons a-t-on eues pour abandonner, depuis quelques années, une opinion si ancienne et si générale ? Une seule, la première interprétation donnée par Claude Bernard aux résultats de ses expériences et de celles de M. Brown-Séquard sur les nerfs vaso-moteurs. Il avait d'abord considéré comme inflammatoire la dilatation vasculaire qui résulte de la section du cordon du trisplanchnique et de l'arrachement de ses ganglions. Il avait cru pouvoir produire ainsi des pleurésies et d'autres affections viscérales. A cette époque, personne, parmi les jeunes médecins, n'a mis en doute le caractère passif de l'inflammation tous ont cru qu'elle était due à une paralysie des vaisseaux, et M. Vulpian a adopté, à cet égard, l'opinion qui était régnante en 1863, et que représente fidèlement l'ouvrage du docteur Marey sur la circulation du sang, ouvrage qui a été imprimé dans le courant de ladite année. Mais, bientôt Claude Bernard a reconnu qu'il s'était trompé et l'a avoué franchement. M. Vulpian dit lui-même p. 104, I. 25 du 1er vol. de ses LEÇONS SUR LES VASO-MOTEURS La vascularisation qui se développe lorsque les nerfs vaso-moteurs sont coupés, n'est pas une congestion inflam-matoire et peut durer des jours et des semaines sans qu'il se produise une véritable inflammation dans les parties où les vaisseaux sont dilatés. Tous les physiologistes ont insisté sur ce point signalé d'abord par Claude Bernard. M. Vulpian revient encore p. 139, I. 13 du même volume , sur l'abscence d'inflammation dans des cas de paralysie vasculaire de date ancienne. Après des aveux aussi précis, on devait s'attendre à voir un savant pro-fesseur, un expérimentateur habile et consciencieux tel que M. Vulpian, rejeter bien loin une opinion qui est en contradiction avec une grande partie des faits consignés dans ses ouvrages, opinion abandonnée par Claude Bernard qui l'avait émise, et dont M. Vulpain lui-même a fortement contri-bué, par ses expériences, à détruire l'unique base. Eh bien ! c'est le contraire qui est arrivé. M. Vulpian a continué à penser que l'inflammation ne peut être due qu'à une paralysie des vaisseaux et, la paralysie expérimentale lui échappant, il en a inventé une entièrement nouvelle, la paralysie par irri-tation, à laquelle il s'est attaché, comme un père s'attache à ses enfants, malgré leurs défauts et quelquefois même à cause de leurs défauts. Pour se déguiser à soi-même le peu de fondement et l'invraisemblance de sa manière de penser sur ce sujet, il a été obligé d'imaginer tant d'explications hypothé-tiques qu'il y tient en raison même de la peine qu'il s'est donnée pour ne pas être forcé de l'abandonner. On a pu voir, par tout ce que j'ai dit jusqu'ici, qu'il eût mieux fait de suivre l'exemple de Claude Bernard, et d'avouer, dans l'intérêt de la science et de l'humanité, qu'il s'est trompé sur ce point. Il l'aurait fait sans doute s'il se fût rappelé qu'une grande partie des nerfs du | 18 | 0.005257 | 0.032258 |
702.txt | 1,842 | 88 MADAME DE LA FAYETTE. l'hiver qui suivit, que M. de La Rochefoucauld et elle s'occupèrent finalement de ce joli roman qui parut chez Barbin le -16 mars 4678'. Segrais, que nous trouvons encore sur notre chemin, dit en un endroit, qu'il n'a pas pris la peine de répondre a la critique que l'on fit de ce roman 8 et à un autre endroit, que madame de La Fayette a dédaigné d'y répondre de sorte qu'il y aurait doute, si on le voulait, sur son degré de coopération. Mais, pour le coup, nous ne le discuterons pas, et ce roman est trop supérieur à tout ce qu'il a jamais écrit pour 1 Dans une lettre de madame de Sévigné à sa fille 16 mars 1672 , on lit Je suis au désespoir que vous ayez eu Bajazet par d'autres que par moi c'est ce chien de Barbin qui me hait, parce que je ne fais pas des princesses de Clèves et de Montpen-sier. Il en faut conclure que le roman de la Princesse de Cléves était déjà au moins en projet et en ébauche à cette première dàte, qu'il en avait été question dans la société intime de rao-teur, que mesdames de Sévigné et de Grignan en avaient peut-être entendu le commencement. Dans une lettre, je crois, de madame de Scudery à Bussy, on voit, d'ailleurs, que, pendant l'hiver qui précède la publication, M. de La Rochefoucauld et madame de La Fayette s'enferment et préparent quelque choie. La conciliation est simple la Princesse de Clèves ébauchée som-meilla de 1671 à 4677, et alors seulement l'auteur s'y remft de concert avec M. La Rochefoucauld, pour l'achever. 2 Il esl remarquer qu'à l'endroit où on lui fait dire cela, dans le Segraisiana, on lui prête une erreur au sujet du roman qui aurait été le sien il parle en effet de la rencontre de M. de Ne-mours et de madame de Clèves chez le joaillier, tandis que c'est M. de Clèves qui y rencontre celle qui doit être sa femme. On ne peut donc prendre ce propos, mal recueilli, pour une autorité. | 88 MADAME DE LA FAYETTE. l'hiver qui suivit, que M. de La Rochefoucauld et elle s'occupèrent finalement de ce joli roman qui parut chez Barbin le -16 mars 4678@'. Segrais, que nous trouvons encore sur notre chemin, dit en un endroit, qu'il n'a pas pris la peine de répondre a la critique que l'on fit de ce roman 8 et à un autre endroit, que madame de La Fayette a dédaigné d'y répondre de sorte qu'il y aurait doute, si on le voulait, sur son degré de coopération. Mais, pour le coup, nous ne le discuterons pas, et ce roman est trop supérieur à tout ce qu'il a jamais écrit pour 1 Dans une lettre de madame de Sévigné à sa fille 16 mars 1672 , on lit Je suis au désespoir que vous ayez eu Bajazet par d'autres que par moi c'est ce chien de Barbin qui me hait, parce que je ne fais pas des princesses de Clèves et de Montpen-sier. Il en faut conclure que le roman de la Princesse de Cléves était déjà au moins en projet et en ébauche à cette première dàte, qu'il en avait été question dans la société intime de @rao-teur, que mesdames de Sévigné et de Grignan en avaient peut-être entendu le commencement. Dans une lettre, je crois, de madame de Scudery à Bussy, on voit, d'ailleurs, que, pendant l'hiver qui précède la publication, M. de La Rochefoucauld et madame de La Fayette s'enferment et préparent quelque choie. La conciliation est simple la Princesse de Clèves ébauchée som-meilla de 1671 à 4677, et alors seulement l'auteur s'y remft de concert avec M. La Rochefoucauld, pour l'achever. 2 Il esl remarquer qu'à l'endroit où on lui fait dire cela, dans le Segraisiana, on lui prête une erreur au sujet du roman qui aurait été le sien il parle en effet de la rencontre de M. de Ne-mours et de madame de Clèves chez le joaillier, tandis que c'est M. de Clèves qui y rencontre celle qui doit être sa femme. On ne peut donc prendre ce propos, mal recueilli, pour une autorité. | 88 MADAME DE LA FAYETTE. l'hiver qui suivit, que M. de La Rochefoucauld et elle s'occupèrent finalement de ce joli roman qui parut chez Barbin le @16 mars 1678 1. Segrais, que nous trouvons encore sur notre chemin, dit en un endroit, qu'il n'a pas pris la peine de répondre à la critique que l'on fit de ce roman 2 et à un autre endroit, que madame de La Fayette a dédaigné d'y répondre de sorte qu'il y aurait doute, si on le voulait, sur son degré de coopération. Mais, pour le coup, nous ne le discuterons pas, et ce roman est trop supérieur à tout ce qu'il a jamais écrit pour 1 Dans une lettre de madame de Sévigné à sa fille 16 mars 1672 , on lit Je suis au désespoir que vous ayez eu Bajazet par d'autres que par moi c'est ce chien de Barbin qui me hait, parce que je ne fais pas des princesses de Clèves et de Montpen-sier. Il en faut conclure que le roman de la Princesse de Clèves était déjà au moins en projet et en ébauche à cette première date, qu'il en avait été question dans la société intime de l'au-teur, que mesdames de Sévigné et de Grignan en avaient peut-être entendu le commencement. Dans une lettre, je crois, de madame de Scudery à Bussy, on voit, d'ailleurs, que, pendant l'hiver qui précède la publication, M. de La Rochefoucauld et madame de La Fayette s'enferment et préparent quelque chose. La conciliation est simple la Princesse de Clèves ébauchée som-meilla de 1672 à 1677, et alors seulement l'auteur s'y remit de concert avec M. La Rochefoucauld, pour l'achever. 2 Il est remarquer qu'à l'endroit où on lui fait dire cela, dans le Segraisiana, on lui prête une erreur au sujet du roman qui aurait été le sien il parle en effet de la rencontre de M. de Ne-mours et de madame de Clèves chez le joaillier, tandis que c'est M. de Clèves qui y rencontre celle qui doit être sa femme. On ne peut donc prendre ce propos, mal recueilli, pour une autorité. | 88 MADAME DE LA FAYETTE. l'hiver qui suivit, que M. de La Rochefoucauld et elle s'occupèrent finalement de ce joli roman qui parut chez Barbin le @16 mars 1678 1. Segrais, que nous trouvons encore sur notre chemin, dit en un endroit, qu'il n'a pas pris la peine de répondre à la critique que l'on fit de ce roman 2 et à un autre endroit, que madame de La Fayette a dédaigné d'y répondre de sorte qu'il y aurait doute, si on le voulait, sur son degré de coopération. Mais, pour le coup, nous ne le discuterons pas, et ce roman est trop supérieur à tout ce qu'il a jamais écrit pour 1 Dans une lettre de madame de Sévigné à sa fille 16 mars 1672 , on lit Je suis au désespoir que vous ayez eu Bajazet par d'autres que par moi c'est ce chien de Barbin qui me hait, parce que je ne fais pas des princesses de Clèves et de Montpen-sier. Il en faut conclure que le roman de la Princesse de Clèves était déjà au moins en projet et en ébauche à cette première date, qu'il en avait été question dans la société intime de l'au-teur, que mesdames de Sévigné et de Grignan en avaient peut-être entendu le commencement. Dans une lettre, je crois, de madame de Scudery à Bussy, on voit, d'ailleurs, que, pendant l'hiver qui précède la publication, M. de La Rochefoucauld et madame de La Fayette s'enferment et préparent quelque chose. La conciliation est simple la Princesse de Clèves ébauchée som-meilla de 1672 à 1677, et alors seulement l'auteur s'y remit de concert avec M. La Rochefoucauld, pour l'achever. 2 Il est remarquer qu'à l'endroit où on lui fait dire cela, dans le Segraisiana, on lui prête une erreur au sujet du roman qui aurait été le sien il parle en effet de la rencontre de M. de Ne-mours et de madame de Clèves chez le joaillier, tandis que c'est M. de Clèves qui y rencontre celle qui doit être sa femme. On ne peut donc prendre ce propos, mal recueilli, pour une autorité. | 88 MADAME DE LA FAYETTE. l'hiver qui suivit, que M. de La Rochefoucauld et elle s'occupèrent finalement de ce joli roman qui parut chez Barbin le 16 mars 1678 1. Segrais, que nous trouvons encore sur notre chemin, dit en un endroit, qu'il n'a pas pris la peine de répondre à la critique que l'on fit de ce roman 2 et à un autre endroit, que madame de La Fayette a dédaigné d'y répondre de sorte qu'il y aurait doute, si on le voulait, sur son degré de coopération. Mais, pour le coup, nous ne le discuterons pas, et ce roman est trop supérieur à tout ce qu'il a jamais écrit pour 1 Dans une lettre de madame de Sévigné à sa fille 16 mars 1672 , on lit Je suis au désespoir que vous ayez eu Bajazet par d'autres que par moi c'est ce chien de Barbin qui me hait, parce que je ne fais pas des princesses de Clèves et de Montpen-sier. Il en faut conclure que le roman de la Princesse de Clèves était déjà au moins en projet et en ébauche à cette première date, qu'il en avait été question dans la société intime de l'au-teur, que mesdames de Sévigné et de Grignan en avaient peut-être entendu le commencement. Dans une lettre, je crois, de madame de Scudery à Bussy, on voit, d'ailleurs, que, pendant l'hiver qui précède la publication, M. de La Rochefoucauld et madame de La Fayette s'enferment et préparent quelque chose. La conciliation est simple la Princesse de Clèves ébauchée som-meilla de 1672 à 1677, et alors seulement l'auteur s'y remit de concert avec M. La Rochefoucauld, pour l'achever. 2 Il est remarquer qu'à l'endroit où on lui fait dire cela, dans le Segraisiana, on lui prête une erreur au sujet du roman qui aurait été le sien il parle en effet de la rencontre de M. de Ne-mours et de madame de Clèves chez le joaillier, tandis que c'est M. de Clèves qui y rencontre celle qui doit être sa femme. On ne peut donc prendre ce propos, mal recueilli, pour une autorité. | 16 | 0.008506 | 0.037879 |
931.txt | 1,858 | 252 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. mettait chez lui. Plutôt que de supporter de semblables ma-nières, j'aurais fait un éclat. Quelle fut ma surprise, lorsque je fixai sur lui un regard ferme et assuré ! Ce n'était plus le même homme. Il m'avait fait les honneurs d'une toilette du meilleur goût du noir de la tête aux pieds, des gants clairs, une cravate blanche la tenue de rigueur. Puis, au lieu de façons arrogantes, une politesse et une réserve bien faites pour étonner de la part d'un tel sujet. Je n'en revenais pas, et nous restions debout l'un devant l'autre, lui avec son chapeau à la main, moi armée de mon chandelier. Ce fut Melchior qui rompit le silence. - Made-moiselle Marguerite? dit-il. - C'est moi, Monsieur, repondis-je d'un ton sec. - Excusez-moi, reprit-il, de m'ètre présenté chez vous à une heure aussi indue mais il s'agit d'un mes-sage pressant. - Un message 1 dis-je, et de la part de qui? -De la part de mon camarade Ludovic. - Ne pouvait-il venir lui-même? - Impossible, Mademoiselle. - Et qui l'en em-pêche? - Vous allez le savoir si vous voulez bien me donner audience pendant quelques minutes seulement. Il était impossible de prolonger l'entretien sur le seuil de la porte bon gré mal gré il fallait accorder à cet homme l'en-trée de mon logement, et ce ne fut pas sans une lutte secrète et des pressentiments fâcheux. Une aussi triste journée ne pouvait se terminer que tristement. Il entra et je lui iridiquai un siège à mes côtés. La.grand'mère était dans son fauteuil, et, à la vue de cet étranger, son oeil prit une expression sin-gulière. Elle paraissait aussi surprise et aussi gênée que moi de cette visite tardive et imprévue. C'était l'heure où j'avais l'habitude de la coucher, et il en résultait un petit dérange-ment dans notre intérieur. Vous le voyez, Ludovic, votre ambassadeur avait bien des préventions à vaincre et débutait sous des auspices peu favorables. Pour conjurer tout cela, il lui fallait de grandes ressources dans l'esprit et une prodi-gieuse souplesse de langage. Nous étions ddeux contre lui, et aussi mal disposées l'une que l'autre. J'ignore comment il s'y prit, Ludovic mais, au bout de quelques minutes, je l'écoutai avec plus de faveur. D'abord il me parla de -vous, et, au lieu d'abuser de votre position, il arrangea les choses de manière à mettre les torts_de son côté. Je fus d'autant plus touchée. de cette délicatesse, que je | 252 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. mettait chez lui. Plutôt que de supporter de semblables ma-nières, j'aurais fait un éclat. Quelle fut ma surprise, lorsque je fixai sur lui un regard ferme et assuré ! Ce n'était plus le même homme. Il m'avait fait les honneurs d'une toilette du meilleur goût du noir de la tête aux pieds, des gants clairs, une cravate blanche la tenue de rigueur. Puis, au lieu de façons arrogantes, une politesse et une réserve bien faites pour étonner de la part d'un tel sujet. Je n'en revenais pas, et nous restions debout l'un devant l'autre, lui avec son chapeau à la main, moi armée de mon chandelier. Ce fut Melchior qui rompit le silence. - Made-moiselle Marguerite@? dit-il. - C'est moi, Monsieur, repondis-je d'un ton sec. - Excusez-moi, reprit-il, de m'ètre présenté chez vous à une heure aussi indue mais il s'agit d'un mes-sage pressant. - Un message 1 dis-je, et de la part de qui? -De la part de mon camarade Ludovic. - Ne pouvait-il venir lui-même@? - Impossible, Mademoiselle. - Et qui l'en em-pêche@? - Vous allez le savoir si vous voulez bien me donner audience pendant quelques minutes seulement. Il était impossible de prolonger l'entretien sur le seuil de la porte bon gré mal gré il fallait accorder à cet homme l'en-trée de mon logement, et ce ne fut pas sans une lutte secrète et des pressentiments fâcheux. Une aussi triste journée ne pouvait se terminer que tristement. Il entra et je lui iridiquai un siège à mes côtés. La.grand'mère était dans son fauteuil, et, à la vue de cet étranger, son oeil prit une expression sin-gulière. Elle paraissait aussi surprise et aussi gênée que moi de cette visite tardive et imprévue. C'était l'heure où j'avais l'habitude de la coucher, et il en résultait un petit dérange-ment dans notre intérieur. Vous le voyez, Ludovic, votre ambassadeur avait bien des préventions à vaincre et débutait sous des auspices peu favorables. Pour conjurer tout cela, il lui fallait de grandes ressources dans l'esprit et une prodi-gieuse souplesse de langage. Nous étions ddeux contre lui, et aussi mal disposées l'une que l'autre. J'ignore comment il s'y prit, Ludovic mais, au bout de quelques minutes, je l'écoutai avec plus de faveur. D'abord il me parla de -vous, et, au lieu d'abuser de votre position, il arrangea les choses de manière à mettre les torts_de son côté. Je fus d'autant plus touchée. de cette délicatesse, que je | 252 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. mettait chez lui. Plutôt que de supporter de semblables ma-nières, j'aurais fait un éclat. Quelle fut ma surprise, lorsque je fixai sur lui un regard ferme et assuré ! Ce n'était plus le même homme. Il m'avait fait les honneurs d'une toilette du meilleur goût du noir de la tête aux pieds, des gants clairs, une cravate blanche la tenue de rigueur. Puis, au lieu de façons arrogantes, une politesse et une réserve bien faites pour étonner de la part d'un tel sujet. Je n'en revenais pas, et nous restions debout l'un devant l'autre, lui avec son chapeau à la main, moi armée de mon chandelier. Ce fut Melchior qui rompit le silence. -@Made-moiselle Marguerite ? dit-il. -@C'est moi, Monsieur, repondis-je d'un ton sec. -@Excusez-moi, reprit-il, de m'être présenté chez vous à une heure aussi indue mais il s'agit d'un mes-sage pressant. -@Un message ! dis-je, et de la part de qui? -De la part de mon camarade Ludovic. -@Ne pouvait-il venir lui-même ? -@Impossible, Mademoiselle. -@Et qui l'en em-pêche ? -@Vous allez le savoir si vous voulez bien me donner audience pendant quelques minutes seulement. Il était impossible de prolonger l'entretien sur le seuil de la porte bon gré mal gré il fallait accorder à cet homme l'en-trée de mon logement, et ce ne fut pas sans une lutte secrète et des pressentiments fâcheux. Une aussi triste journée ne pouvait se terminer que tristement. Il entra et je lui i@ndiquai un siége à mes côtés. La grand'mère était dans son fauteuil, et, à la vue de cet étranger, son oeil prit une expression sin-gulière. Elle paraissait aussi surprise et aussi gênée que moi de cette visite tardive et imprévue. C'était l'heure où j'avais l'habitude de la coucher, et il en résultait un petit dérange-ment dans notre intérieur. Vous le voyez, Ludovic, votre ambassadeur avait bien des préventions à vaincre et débutait sous des auspices peu favorables. Pour conjurer tout cela, il lui fallait de grandes ressources dans l'esprit et une prodi-gieuse souplesse de langage. Nous étions @deux contre lui, et aussi mal disposées l'une que l'autre. J'ignore comment il s'y prit, Ludovic mais, au bout de quelques minutes, je l'écoutai avec plus de faveur. D'abord il me parla de @vous, et, au lieu d'abuser de votre position, il arrangea les choses de manière à mettre les torts de son côté. Je fus d'autant plus touchée@ de cette délicatesse, que je | 252 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. mettait chez lui. Plutôt que de supporter de semblables ma-nières, j'aurais fait un éclat. Quelle fut ma surprise, lorsque je fixai sur lui un regard ferme et assuré ! Ce n'était plus le même homme. Il m'avait fait les honneurs d'une toilette du meilleur goût du noir de la tête aux pieds, des gants clairs, une cravate blanche la tenue de rigueur. Puis, au lieu de façons arrogantes, une politesse et une réserve bien faites pour étonner de la part d'un tel sujet. Je n'en revenais pas, et nous restions debout l'un devant l'autre, lui avec son chapeau à la main, moi armée de mon chandelier. Ce fut Melchior qui rompit le silence. -@Made-moiselle Marguerite ? dit-il. -@C'est moi, Monsieur, repondis-je d'un ton sec. -@Excusez-moi, reprit-il, de m'être présenté chez vous à une heure aussi indue mais il s'agit d'un mes-sage pressant. -@Un message ! dis-je, et de la part de qui? -De la part de mon camarade Ludovic. -@Ne pouvait-il venir lui-même ? -@Impossible, Mademoiselle. -@Et qui l'en em-pêche ? -@Vous allez le savoir si vous voulez bien me donner audience pendant quelques minutes seulement. Il était impossible de prolonger l'entretien sur le seuil de la porte bon gré mal gré il fallait accorder à cet homme l'en-trée de mon logement, et ce ne fut pas sans une lutte secrète et des pressentiments fâcheux. Une aussi triste journée ne pouvait se terminer que tristement. Il entra et je lui i@ndiquai un siége à mes côtés. La grand'mère était dans son fauteuil, et, à la vue de cet étranger, son oeil prit une expression sin-gulière. Elle paraissait aussi surprise et aussi gênée que moi de cette visite tardive et imprévue. C'était l'heure où j'avais l'habitude de la coucher, et il en résultait un petit dérange-ment dans notre intérieur. Vous le voyez, Ludovic, votre ambassadeur avait bien des préventions à vaincre et débutait sous des auspices peu favorables. Pour conjurer tout cela, il lui fallait de grandes ressources dans l'esprit et une prodi-gieuse souplesse de langage. Nous étions @deux contre lui, et aussi mal disposées l'une que l'autre. J'ignore comment il s'y prit, Ludovic mais, au bout de quelques minutes, je l'écoutai avec plus de faveur. D'abord il me parla de @vous, et, au lieu d'abuser de votre position, il arrangea les choses de manière à mettre les torts de son côté. Je fus d'autant plus touchée@ de cette délicatesse, que je | 252 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. mettait chez lui. Plutôt que de supporter de semblables ma-nières, j'aurais fait un éclat. Quelle fut ma surprise, lorsque je fixai sur lui un regard ferme et assuré ! Ce n'était plus le même homme. Il m'avait fait les honneurs d'une toilette du meilleur goût du noir de la tête aux pieds, des gants clairs, une cravate blanche la tenue de rigueur. Puis, au lieu de façons arrogantes, une politesse et une réserve bien faites pour étonner de la part d'un tel sujet. Je n'en revenais pas, et nous restions debout l'un devant l'autre, lui avec son chapeau à la main, moi armée de mon chandelier. Ce fut Melchior qui rompit le silence. -Made-moiselle Marguerite ? dit-il. -C'est moi, Monsieur, repondis-je d'un ton sec. -Excusez-moi, reprit-il, de m'être présenté chez vous à une heure aussi indue mais il s'agit d'un mes-sage pressant. -Un message ! dis-je, et de la part de qui? -De la part de mon camarade Ludovic. -Ne pouvait-il venir lui-même ? -Impossible, Mademoiselle. -Et qui l'en em-pêche ? -Vous allez le savoir si vous voulez bien me donner audience pendant quelques minutes seulement. Il était impossible de prolonger l'entretien sur le seuil de la porte bon gré mal gré il fallait accorder à cet homme l'en-trée de mon logement, et ce ne fut pas sans une lutte secrète et des pressentiments fâcheux. Une aussi triste journée ne pouvait se terminer que tristement. Il entra et je lui indiquai un siége à mes côtés. La grand'mère était dans son fauteuil, et, à la vue de cet étranger, son oeil prit une expression sin-gulière. Elle paraissait aussi surprise et aussi gênée que moi de cette visite tardive et imprévue. C'était l'heure où j'avais l'habitude de la coucher, et il en résultait un petit dérange-ment dans notre intérieur. Vous le voyez, Ludovic, votre ambassadeur avait bien des préventions à vaincre et débutait sous des auspices peu favorables. Pour conjurer tout cela, il lui fallait de grandes ressources dans l'esprit et une prodi-gieuse souplesse de langage. Nous étions deux contre lui, et aussi mal disposées l'une que l'autre. J'ignore comment il s'y prit, Ludovic mais, au bout de quelques minutes, je l'écoutai avec plus de faveur. D'abord il me parla de vous, et, au lieu d'abuser de votre position, il arrangea les choses de manière à mettre les torts de son côté. Je fus d'autant plus touchée de cette délicatesse, que je | 25 | 0.010447 | 0.049145 |
514.txt | 1,873 | -16 -curique pour former un composé de 4 éq. HgO 1 éq. d'urée. Pour pouvoir déterminer immédiatement cette propor-tion d'urée, on emploie une solution titrée de nitrate mer-curique dont 1 centimètre cube correspond à 1 centigramme d'urée. Mais, avant de faire cette détermination, il est né-cessaire de précipiter l'acide, phosphorique contenu dans l'urine par un mélange composé de 1 p. de solution de Nos Ba 0 saturée à froid et de 2 p. de solution de BaO, HO, également saturée à froid. Préparation du réactif de Liebig. - On dissout dans la plus petite quantité possible d'acide nitrique 77,2 grammes d'oxyde mercurique pur obtenu en précipitant 96,855 grammes de sublimé pur avec une lessive étendue de soude caustique, lavant et desséchant le précipité on évapore jusqu'à consistance sirupeuse et on étend d'eau pour faire 1 litre de solution. § 29. Manière d'opérer. - On mesure exactement dans une éprouvette graduée une certaine quantité d'urine qu'on introduit dans un vase à précipiter, on y ajoute la moitié de son volume du mélange barytique on agite, on filtre et on mesure 15 CC du liquide obtenu, correspondant à 10 CC d'urine l'urine ayant été étendue de la moitié de son vo-lume de solution barytique . On remplit ensuite une bu-rette de Mohr jusqu'au 0 avec le réactif mercuriel qu'on laisse couler dans la solution d'urée jusqu'à ce que le pré-cipité n'augmente plus. On introduit ensuite au moyen d'une baguette de verre une goutte du liquide mélangé dans un verre de montre , et on y ajoute une goutte de la solution de soude. Si le mélange reste blanc, on continue d'ajouter de la liqueur titrée et on essaye de nouveau. On continue ainsi l'opération jusqu'à ce que dans le verre de montre on obtienne, par le mélange d'une goutte du liquide essayé et d'une goutte de solution alcaline, une coloration jaune bien nette. Le nombre de centimètres cubes de réac- | -16 -curique pour former un composé de 4 éq. HgO 1 éq. d'urée. Pour pouvoir déterminer immédiatement cette propor-tion d'urée, on emploie une solution titrée de nitrate mer-curique dont 1 centimètre cube correspond à 1 centigramme d'urée. Mais, avant de faire cette détermination, il est né-cessaire de précipiter l'acide, phosphorique contenu dans l'urine par un mélange composé de 1 p. de solution de Nos Ba 0 saturée à froid et de 2 p. de solution de BaO, HO, également saturée à froid. Préparation du réactif de Liebig. - On dissout dans la plus petite quantité possible d'acide nitrique 77,2 grammes d'oxyde mercurique pur obtenu en précipitant 96,855 grammes de sublimé pur avec une lessive étendue de soude caustique, lavant et desséchant le précipité on évapore jusqu'à consistance sirupeuse et on étend d'eau pour faire 1 litre de solution. § 29. Manière d'opérer. - On mesure exactement dans une éprouvette graduée une certaine quantité d'urine qu'on introduit dans un vase à précipiter, on y ajoute la moitié de son volume du mélange barytique on agite, on filtre et on mesure 15 CC du liquide obtenu, correspondant à 10 CC d'urine l'urine ayant été étendue de la moitié de son vo-lume de solution barytique . On remplit ensuite une bu-rette de Mohr jusqu'au 0 avec le réactif mercuriel qu'on laisse couler dans la solution d'urée jusqu'à ce que le pré-cipité n'augmente plus. On introduit ensuite au moyen d'une baguette de verre une goutte du liquide mélangé dans un verre de montre , et on y ajoute une goutte de la solution de soude. Si le mélange reste blanc, on continue d'ajouter de la liqueur titrée et on essaye de nouveau. On continue ainsi l'opération jusqu'à ce que dans le verre de montre on obtienne, par le mélange d'une goutte du liquide essayé et d'une goutte de solution alcaline, une coloration jaune bien nette. Le nombre de centimètres cubes de réac- | -16 -curique pour former un composé de 4 éq. HgO 1 éq. d'urée. Pour pouvoir déterminer immédiatement cette propor-tion d'urée, on emploie une solution titrée de nitrate mer-curique dont 1 centimètre cube correspond à 1 centigramme d'urée. Mais, avant de faire cette détermination, il est né-cessaire de précipiter l'acide@ phosphorique contenu dans l'urine par un mélange composé de 1 p. de solution de No5 Ba O saturée à froid et de 2 p. de solution de BaO, HO, également saturée à froid. Préparation du réactif de Liebig. -@On dissout dans la plus petite quantité possible d'acide nitrique 77,2 grammes d'oxyde mercurique pur obtenu en précipitant 96,855 grammes de sublimé pur avec une lessive étendue de soude caustique, lavant et desséchant le précipité on évapore jusqu'à consistance sirupeuse et on étend d'eau pour faire 1 litre de solution. § 29. Manière d'opérer. -@On mesure exactement dans une éprouvette graduée une certaine quantité d'urine qu'on introduit dans un vase à précipiter, on y ajoute la moitié de son volume du mélange barytique on agite, on filtre et on mesure 15 CC du liquide obtenu, correspondant à 10 CC d'urine l'urine ayant été étendue de la moitié de son vo-lume de solution barytique . On remplit ensuite une bu-rette de Mohr jusqu'au 0 avec le réactif mercuriel qu'on laisse couler dans la solution d'urée jusqu'à ce que le pré-cipité n'augmente plus. On introduit ensuite au moyen d'une baguette de verre une goutte du liquide mélangé dans un verre de montre@, et on y ajoute une goutte de la solution de soude. Si le mélange reste blanc, on continue d'ajouter de la liqueur titrée et on essaye de nouveau. On continue ainsi l'opération jusqu'à ce que dans le verre de montre on obtienne, par le mélange d'une goutte du liquide essayé et d'une goutte de solution alcaline, une coloration jaune bien nette. Le nombre de centimètres cubes de réac- | -16 -curique pour former un composé de 4 éq. HgO 1 éq. d'urée. Pour pouvoir déterminer immédiatement cette propor-tion d'urée, on emploie une solution titrée de nitrate mer-curique dont 1 centimètre cube correspond à 1 centigramme d'urée. Mais, avant de faire cette détermination, il est né-cessaire de précipiter l'acide@ phosphorique contenu dans l'urine par un mélange composé de 1 p. de solution de No5 Ba O saturée à froid et de 2 p. de solution de BaO, HO, également saturée à froid. Préparation du réactif de Liebig. -@On dissout dans la plus petite quantité possible d'acide nitrique 77,2 grammes d'oxyde mercurique pur obtenu en précipitant 96,855 grammes de sublimé pur avec une lessive étendue de soude caustique, lavant et desséchant le précipité on évapore jusqu'à consistance sirupeuse et on étend d'eau pour faire 1 litre de solution. § 29. Manière d'opérer. -@On mesure exactement dans une éprouvette graduée une certaine quantité d'urine qu'on introduit dans un vase à précipiter, on y ajoute la moitié de son volume du mélange barytique on agite, on filtre et on mesure 15 CC du liquide obtenu, correspondant à 10 CC d'urine l'urine ayant été étendue de la moitié de son vo-lume de solution barytique . On remplit ensuite une bu-rette de Mohr jusqu'au 0 avec le réactif mercuriel qu'on laisse couler dans la solution d'urée jusqu'à ce que le pré-cipité n'augmente plus. On introduit ensuite au moyen d'une baguette de verre une goutte du liquide mélangé dans un verre de montre@, et on y ajoute une goutte de la solution de soude. Si le mélange reste blanc, on continue d'ajouter de la liqueur titrée et on essaye de nouveau. On continue ainsi l'opération jusqu'à ce que dans le verre de montre on obtienne, par le mélange d'une goutte du liquide essayé et d'une goutte de solution alcaline, une coloration jaune bien nette. Le nombre de centimètres cubes de réac- | -16 -curique pour former un composé de 4 éq. HgO 1 éq. d'urée. Pour pouvoir déterminer immédiatement cette propor-tion d'urée, on emploie une solution titrée de nitrate mer-curique dont 1 centimètre cube correspond à 1 centigramme d'urée. Mais, avant de faire cette détermination, il est né-cessaire de précipiter l'acide phosphorique contenu dans l'urine par un mélange composé de 1 p. de solution de No5 Ba O saturée à froid et de 2 p. de solution de BaO, HO, également saturée à froid. Préparation du réactif de Liebig. -On dissout dans la plus petite quantité possible d'acide nitrique 77,2 grammes d'oxyde mercurique pur obtenu en précipitant 96,855 grammes de sublimé pur avec une lessive étendue de soude caustique, lavant et desséchant le précipité on évapore jusqu'à consistance sirupeuse et on étend d'eau pour faire 1 litre de solution. § 29. Manière d'opérer. -On mesure exactement dans une éprouvette graduée une certaine quantité d'urine qu'on introduit dans un vase à précipiter, on y ajoute la moitié de son volume du mélange barytique on agite, on filtre et on mesure 15 CC du liquide obtenu, correspondant à 10 CC d'urine l'urine ayant été étendue de la moitié de son vo-lume de solution barytique . On remplit ensuite une bu-rette de Mohr jusqu'au 0 avec le réactif mercuriel qu'on laisse couler dans la solution d'urée jusqu'à ce que le pré-cipité n'augmente plus. On introduit ensuite au moyen d'une baguette de verre une goutte du liquide mélangé dans un verre de montre, et on y ajoute une goutte de la solution de soude. Si le mélange reste blanc, on continue d'ajouter de la liqueur titrée et on essaye de nouveau. On continue ainsi l'opération jusqu'à ce que dans le verre de montre on obtienne, par le mélange d'une goutte du liquide essayé et d'une goutte de solution alcaline, une coloration jaune bien nette. Le nombre de centimètres cubes de réac- | 6 | 0.003195 | 0.017291 |
272.txt | 1,845 | -99 -l'Église catholique, lès plus zélées pour les bonnes oeuvres, les plus édifiantes dans leur conduite, les plus constamment fidèles à remplir tous les devoirs de la religion. On n'en est pas surpris car d'un côté l'on sait que le vénérable martyr a prié spécialement pour ces personnes, et de l'autre on voit de ses yeux l'effet permanent de sa prière. 5° Le curé d'une paroisse voisine de Somme-Vesle, mort en 1838 âgé de quatre-vingts ans, a plusieurs fois déclaré publiquement que c'était à la puissante intercession de M. Musart auprès de Dieu qu'il devait d'être revenu des fatales er-reurs dans lesquelles la constitution prétendue civile du clergé l'avait entraîné. Ce fait et le pré-cédent ont été certifiés en 1840 par M. Hubert, ancien chirurgien de Somme-Suippe, chez qui M. Musart fut arrêté en 1796, pour aller cueillir à Reims la palme du martyre. 6° Le bruit de son héroïque mort ne se borna ni aux deux diocèses de Reims et de Châlons, ni même à l'intérieur de la France il en fran-chit rapidement les limites, et retentit dans les contrées étrangères, où il fit une vive impression, non seulement sur les catholiques, mais aussi parmi les sectes malheureusement séparées de l'Église romaine. La traduction allemande d'un fragment de notre ouvrage, qui ne contenait | -99 -l'Église catholique, lès plus zélées pour les bonnes oeuvres, les plus édifiantes dans leur conduite, les plus constamment fidèles à remplir tous les devoirs de la religion. On n'en est pas surpris car d'un côté l'on sait que le vénérable martyr a prié spécialement pour ces personnes, et de l'autre on voit de ses yeux l'effet permanent de sa prière. 5° Le curé d'une paroisse voisine de Somme-Vesle, mort en 1838 âgé de quatre-vingts ans, a plusieurs fois déclaré publiquement que c'était à la puissante intercession de M. Musart auprès de Dieu qu'il devait d'être revenu des fatales er-reurs dans lesquelles la constitution prétendue civile du clergé l'avait entraîné. Ce fait et le pré-cédent ont été certifiés en 1840 par M. Hubert, ancien chirurgien de Somme-Suippe, chez qui M. Musart fut arrêté en 1796, pour aller cueillir à Reims la palme du martyre. 6° Le bruit de son héroïque mort ne se borna ni aux deux diocèses de Reims et de Châlons, ni même à l'intérieur de la France il en fran-chit rapidement les limites, et retentit dans les contrées étrangères, où il fit une vive impression, non seulement sur les catholiques, mais aussi parmi les sectes malheureusement séparées de l'Église romaine. La traduction allemande d'un fragment de notre ouvrage, qui ne contenait | ############# catholique, les plus zélées pour les bonnes oeuvres, les plus édifiantes dans leur conduite, les plus constamment fidèles à remplir tous les devoirs de la religion. On n'en est pas surpris car d'un côté l'on sait que le vénérable martyr a prié spécialement pour ces personnes, et de l'autre on voit de ses yeux l'effet permanent de sa prière. 5° Le curé d'une paroisse voisine de Somme-Vesle, mort en 1838 âgé de quatre-vingts ans, a plusieurs fois déclaré publiquement que c'était à la puissante intercession de M. Musart auprès de Dieu qu'il devait d'être revenu des fatales er-reurs dans lesquelles la constitution prétendue civile du clergé l'avait entraîné. Ce fait et le pré-cédent ont été certifiés en 1840 par M. Hubert, ancien chirurgien de Somme-Suippe, chez qui M. Musart fut arrêté en 1796, pour aller cueillir à Reims la palme du martyre. 6° Le bruit de son héroïque mort ne se borna ni aux deux diocèses de Reims et de Châlons, ni même à l'intérieur de la France il en fran-chit rapidement les limites, et retentit dans les contrées étrangères, où il fit une vive impression, non seulement sur les catholiques, mais aussi parmi les sectes malheureusement séparées de l'Église romaine. La traduction allemande d'un fragment de notre ouvrage, qui ne contenait | -99 -l'Église catholique, les plus zélées pour les bonnes oeuvres, les plus édifiantes dans leur conduite, les plus constamment fidèles à remplir tous les devoirs de la religion. On n'en est pas surpris car d'un côté l'on sait que le vénérable martyr a prié spécialement pour ces personnes, et de l'autre on voit de ses yeux l'effet permanent de sa prière. 5° Le curé d'une paroisse voisine de Somme-Vesle, mort en 1838 âgé de quatre-vingts ans, a plusieurs fois déclaré publiquement que c'était à la puissante intercession de M. Musart auprès de Dieu qu'il devait d'être revenu des fatales er-reurs dans lesquelles la constitution prétendue civile du clergé l'avait entraîné. Ce fait et le pré-cédent ont été certifiés en 1840 par M. Hubert, ancien chirurgien de Somme-Suippe, chez qui M. Musart fut arrêté en 1796, pour aller cueillir à Reims la palme du martyre. 6° Le bruit de son héroïque mort ne se borna ni aux deux diocèses de Reims et de Châlons, ni même à l'intérieur de la France il en fran-chit rapidement les limites, et retentit dans les contrées étrangères, où il fit une vive impression, non seulement sur les catholiques, mais aussi parmi les sectes malheureusement séparées de l'Église romaine. La traduction allemande d'un fragment de notre ouvrage, qui ne contenait | -99 -l'Église catholique, les plus zélées pour les bonnes oeuvres, les plus édifiantes dans leur conduite, les plus constamment fidèles à remplir tous les devoirs de la religion. On n'en est pas surpris car d'un côté l'on sait que le vénérable martyr a prié spécialement pour ces personnes, et de l'autre on voit de ses yeux l'effet permanent de sa prière. 5° Le curé d'une paroisse voisine de Somme-Vesle, mort en 1838 âgé de quatre-vingts ans, a plusieurs fois déclaré publiquement que c'était à la puissante intercession de M. Musart auprès de Dieu qu'il devait d'être revenu des fatales er-reurs dans lesquelles la constitution prétendue civile du clergé l'avait entraîné. Ce fait et le pré-cédent ont été certifiés en 1840 par M. Hubert, ancien chirurgien de Somme-Suippe, chez qui M. Musart fut arrêté en 1796, pour aller cueillir à Reims la palme du martyre. 6° Le bruit de son héroïque mort ne se borna ni aux deux diocèses de Reims et de Châlons, ni même à l'intérieur de la France il en fran-chit rapidement les limites, et retentit dans les contrées étrangères, où il fit une vive impression, non seulement sur les catholiques, mais aussi parmi les sectes malheureusement séparées de l'Église romaine. La traduction allemande d'un fragment de notre ouvrage, qui ne contenait | 1 | 0.000778 | 0.004274 |
266.txt | 1,845 | -80-meurez fermes dans la foi de vos pères. Obéissez toujours à Dieu plutôt qu'aux hommes. Dans quelques heures je paraîtrai au pied du trône de l'Éternel je vous recommanderai à sa miséri-corde je le prierai d'avoir pitié de vous, de vous donner des pasteurs catholiques, qui soient selon son coeur. Hier j'ai vu une épine de la couronne de notre divin Sauveur aujourd'hui je verrai celui qui a été couronné d'épines. Je regarde ce jour comme le plus beau et le plus heureux de ma vie. Mon sort n'est point à plaindre il est digne d'envie. Ceux qui sont à plaindre sont plutôt ceux qui restent. Aussi n'est-ce point la mort qui me fait de la peine, c'est de vous abandon-ner, vous que j'aime de toute la tendresse de mon coeur je ne regrette la vie que par rapport à vous. Je crois avoir fait tout le bien qui était en mon pouvoir mon intention était de conti-nuer. J'ai toujours fait ma consolation de faire la vôtre. Aujourd'hui Dieu nous sépare, mais je vous laisse sa grâce et sa paix, et vous recom-mande à sa miséricorde. Le peu de temps qui me reste, l'aflluence du monde qui vient en foule nous visiter et implorer le secours de nos priè-res, m'empêchent de vous en dire davantage. Adieu donc encore une fois, adieu pour la der-nière fois. | -80-meurez fermes dans la foi de vos pères. Obéissez toujours à Dieu plutôt qu'aux hommes. Dans quelques heures je paraîtrai au pied du trône de l'Éternel je vous recommanderai à sa miséri-corde je le prierai d'avoir pitié de vous, de vous donner des pasteurs catholiques, qui soient selon son coeur. Hier j'ai vu une épine de la couronne de notre divin Sauveur aujourd'hui je verrai celui qui a été couronné d'épines. Je regarde ce jour comme le plus beau et le plus heureux de ma vie. Mon sort n'est point à plaindre il est digne d'envie. Ceux qui sont à plaindre sont plutôt ceux qui restent. Aussi n'est-ce point la mort qui me fait de la peine, c'est de vous abandon-ner, vous que j'aime de toute la tendresse de mon coeur je ne regrette la vie que par rapport à vous. Je crois avoir fait tout le bien qui était en mon pouvoir mon intention était de conti-nuer. J'ai toujours fait ma consolation de faire la vôtre. Aujourd'hui Dieu nous sépare, mais je vous laisse sa grâce et sa paix, et vous recom-mande à sa miséricorde. Le peu de temps qui me reste, l'aflluence du monde qui vient en foule nous visiter et implorer le secours de nos priè-res, m'empêchent de vous en dire davantage. Adieu donc encore une fois, adieu pour la der-nière fois. | ########## fermes dans la foi de vos pères. Obéissez toujours à Dieu plutôt qu'aux hommes. Dans quelques heures je paraîtrai au pied du trône de l'Éternel je vous recommanderai à sa miséri-corde je le prierai d'avoir pitié de vous, de vous donner des pasteurs catholiques, qui soient selon son coeur. Hier j'ai vu une épine de la couronne de notre divin Sauveur aujourd'hui je verrai celui qui a été couronné d'épines. Je regarde ce jour comme le plus beau et le plus heureux de ma vie. Mon sort n'est point à plaindre il est digne d'envie. Ceux qui sont à plaindre sont plutôt ceux qui restent. Aussi n'est-ce point la mort qui me fait de la peine, c'est de vous abandon-ner, vous que j'aime de toute la tendresse de mon coeur je ne regrette la vie que par rapport à vous. Je crois avoir fait tout le bien qui était en mon pouvoir mon intention était de conti-nuer. J'ai toujours fait ma consolation de faire la vôtre. Aujourd'hui Dieu nous sépare, mais je vous laisse sa grâce et sa paix, et vous recom-mande à sa miséricorde. Le peu de temps qui me reste, l'affluence du monde qui vient en foule nous visiter et implorer le secours de nos priè-res, m'empêchent de vous en dire davantage. Adieu donc encore une fois, adieu pour la der-nière fois. | -80-meurez fermes dans la foi de vos pères. Obéissez toujours à Dieu plutôt qu'aux hommes. Dans quelques heures je paraîtrai au pied du trône de l'Éternel je vous recommanderai à sa miséri-corde je le prierai d'avoir pitié de vous, de vous donner des pasteurs catholiques, qui soient selon son coeur. Hier j'ai vu une épine de la couronne de notre divin Sauveur aujourd'hui je verrai celui qui a été couronné d'épines. Je regarde ce jour comme le plus beau et le plus heureux de ma vie. Mon sort n'est point à plaindre il est digne d'envie. Ceux qui sont à plaindre sont plutôt ceux qui restent. Aussi n'est-ce point la mort qui me fait de la peine, c'est de vous abandon-ner, vous que j'aime de toute la tendresse de mon coeur je ne regrette la vie que par rapport à vous. Je crois avoir fait tout le bien qui était en mon pouvoir mon intention était de conti-nuer. J'ai toujours fait ma consolation de faire la vôtre. Aujourd'hui Dieu nous sépare, mais je vous laisse sa grâce et sa paix, et vous recom-mande à sa miséricorde. Le peu de temps qui me reste, l'affluence du monde qui vient en foule nous visiter et implorer le secours de nos priè-res, m'empêchent de vous en dire davantage. Adieu donc encore une fois, adieu pour la der-nière fois. | -80-meurez fermes dans la foi de vos pères. Obéissez toujours à Dieu plutôt qu'aux hommes. Dans quelques heures je paraîtrai au pied du trône de l'Éternel je vous recommanderai à sa miséri-corde je le prierai d'avoir pitié de vous, de vous donner des pasteurs catholiques, qui soient selon son coeur. Hier j'ai vu une épine de la couronne de notre divin Sauveur aujourd'hui je verrai celui qui a été couronné d'épines. Je regarde ce jour comme le plus beau et le plus heureux de ma vie. Mon sort n'est point à plaindre il est digne d'envie. Ceux qui sont à plaindre sont plutôt ceux qui restent. Aussi n'est-ce point la mort qui me fait de la peine, c'est de vous abandon-ner, vous que j'aime de toute la tendresse de mon coeur je ne regrette la vie que par rapport à vous. Je crois avoir fait tout le bien qui était en mon pouvoir mon intention était de conti-nuer. J'ai toujours fait ma consolation de faire la vôtre. Aujourd'hui Dieu nous sépare, mais je vous laisse sa grâce et sa paix, et vous recom-mande à sa miséricorde. Le peu de temps qui me reste, l'affluence du monde qui vient en foule nous visiter et implorer le secours de nos priè-res, m'empêchent de vous en dire davantage. Adieu donc encore une fois, adieu pour la der-nière fois. | 1 | 0.000801 | 0.004049 |
500.txt | 1,871 | 42 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Malheureusement nous voyons par plusieurs exemples des civilisés, que dans les siècles les plus vantés nous sommes capables, quelquefois, de des-cendre presqu'aussi bas. Qu'avons-nous vu de la part des septembriseurs de 93, et de quels crimes nos capitales ne sont-elles pas épouvantées de temps en temps? Qu'on donne la liberté à certains forcenés, et on verra qu'il ne manque pas de nègres parmi nous. De quelles insultes cette malheureuse race n'a-t-elle pas été l'objet au dernier siècle on déclarait incivilisables ces hommes à museau 1 Mais écoutons à leur tour des voyageurs plus récents qui ont vécu dans leur intérieur et ont sympathisé avec eux. Pour être juste, il faut tenir compte de tout dans son jugement. Les Hottentots qui résident sur les terres du gouvernement du Cap jo, dit Casalès, peuvent être regardés comme acquis à la civilisation. Ils ren-dent de grands services à la population blanche en qualité d'agriculteurs, d'artisans, de domestiques. Il y a des écoles, des catéchismes, des temples. Ils ne parlent presque plus dans la colonie que le hollandais et l'anglais D. Voici un fait bien caractéristique à plus d'un titre Les Bouschimens encore plus petits que les Lapons, ont des traits hideux par suite de leur misère. Un chef Mochmana, dit Casalès, avait donné des bestiaux et avait réussi à leur faire cultiver la terre. Après deux ou trois générations cette population se trouva régénérée elle ne différait en rien pour la taille et les contours musculaires des Hottentots les mieux consti-tués, on les amène à écrire et à lire le hollandais passablement. La race cafre se rapproche beaucoup de la race caucasique. Il est tel de ces indigènes que son port noble et assuré, la symétrie de ses membres feraient prendre pour une statue de bronze descendue de son piédestal. Les uns sont basanés, les autres d'un noir foncé. Le cafre est courageux, hardi, comme un européen. M. Casalès les connaissait, et voilà son jugement mais continuons à l'écouter. Les Cafres convertis montrent beaucoup de persévérance et de dévoue-ment. Après avoir séjourné pendant vingt-trois ans parmi les descendants de Chama, dit Casalès, a et avoir cherché à leur faire quelque bien, je suis revenu avec le désir d'être encore utile à une race dont les malheurs ont pro-fondément remué mon âme, et que je vois en dépit de son avilissement tout aussi bien douée que la nôtre sous le rapport du coeur et de l'intelligence . Grâce à la religion catholique, par le zèle de ses apôtres et par les aumônes de la propagation de la foi, des missions régulières ont été établies dans ces régions. Les missions, en dépit des plus grandes difficultés, bâtis-sent des chapelles, ouvrent des écoles, forment des forgerons, des tailleurs, des tisserands, des jardiniers ils empêchent les sacrifices humains, bannis-sent la polygamie, et ils déclarent la race noire très-civilisable. On sait par l'exemple du vénérable Licborman que cette mission a d'abord été périlleuse mais l'entreprise des missionnaires est aujourd'hui pleine d'avenir. Le supérieur d'un établissement de frères, consulté sur le progrès de l'enseignement des nègres, répondait qu'ail était très-satisfait que les petits | 42 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Malheureusement nous voyons par plusieurs exemples des civilisés, que dans les siècles les plus vantés nous sommes capables, quelquefois, de des-cendre presqu'aussi bas. Qu'avons-nous vu de la part des septembriseurs de 93, et de quels crimes nos capitales ne sont-elles pas épouvantées de temps en temps? Qu'on donne la liberté à certains forcenés, et on verra qu'il ne manque pas de nègres parmi nous. De quelles insultes cette malheureuse race n'a-t-elle pas été l'objet au dernier siècle on déclarait incivilisables ces hommes à museau 1 Mais écoutons à leur tour des voyageurs plus récents qui ont vécu dans leur intérieur et ont sympathisé avec eux. Pour être juste, il faut tenir compte de tout dans son jugement. Les Hottentots qui résident sur les terres du gouvernement du Cap jo, dit Casalès, peuvent être regardés comme acquis à la civilisation. Ils ren-dent de grands services à la population blanche en qualité d'agriculteurs, d'artisans, de domestiques. Il y a des écoles, des catéchismes, des temples. Ils ne parlent presque plus dans la colonie que le hollandais et l'anglais D. Voici un fait bien caractéristique à plus d'un titre Les Bouschimens encore plus petits que les Lapons, ont des traits hideux par suite de leur misère. Un chef Mochmana, dit Casalès, avait donné des bestiaux et avait réussi à leur faire cultiver la terre. Après deux ou trois générations cette population se trouva régénérée elle ne différait en rien pour la taille et les contours musculaires des Hottentots les mieux consti-tués, on les amène à écrire et à lire le hollandais passablement. La race cafre se rapproche beaucoup de la race caucasique. Il est tel de ces indigènes que son port noble et assuré, la symétrie de ses membres feraient prendre pour une statue de bronze descendue de son piédestal. Les uns sont basanés, les autres d'un noir foncé. Le cafre est courageux, hardi, comme un européen. M. Casalès les connaissait, et voilà son jugement mais continuons à l'écouter. Les Cafres convertis montrent beaucoup de persévérance et de dévoue-ment. Après avoir séjourné pendant vingt-trois ans parmi les descendants de Cha@ma, dit Casalès, a et avoir cherché à leur faire quelque bien, je suis revenu avec le désir d'être encore utile à une race dont les malheurs ont pro-fondément remué mon âme, et que je vois en dépit de son avilissement tout aussi bien douée que la nôtre sous le rapport du coeur et de l'intelligence . Grâce à la religion catholique, par le zèle de ses apôtres et par les aumônes de la propagation de la foi, des missions régulières ont été établies dans ces régions. Les missions, en dépit des plus grandes difficultés, bâtis-sent des chapelles, ouvrent des écoles, forment des forgerons, des tailleurs, des tisserands, des jardiniers ils empêchent les sacrifices humains, bannis-sent la polygamie, et ils déclarent la race noire très-civilisable. On sait par l'exemple du vénérable Licborman que cette mission a d'abord été périlleuse mais l'entreprise des missionnaires est aujourd'hui pleine d'avenir. Le supérieur d'un établissement de frères, consulté sur le progrès de l'enseignement des nègres, répondait qu'ail était très-satisfait que les petits | 42 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Malheureusement nous voyons par plusieurs exemples des civilisés, que dans les siècles les plus vantés nous sommes capables, quelquefois, de des-cendre presqu'aussi bas. Qu'avons-nous vu de la part des septembriseurs de 93, et de quels crimes nos capitales ne sont-elles pas épouvantées de temps en temps? Qu'on donne la liberté à certains forcenés, et on verra qu'il ne manque pas de nègres parmi nous. De quelles insultes cette malheureuse race n'a-t-elle pas été l'objet au dernier siècle on déclarait incivilisables ces hommes à museau ! Mais écoutons à leur tour des voyageurs plus récents qui ont vécu dans leur intérieur et ont sympathisé avec eux. Pour être juste, il faut tenir compte de tout dans son jugement. Les Hottentots qui résident sur les terres du gouvernement du Cap @@, dit Casalès, peuvent être regardés comme acquis à la civilisation. Ils ren-dent de grands services à la population blanche en qualité d'agriculteurs, d'artisans, de domestiques. Il y a des écoles, des catéchismes, des temples. Ils ne parlent presque plus dans la colonie que le hollandais et l'anglais @. Voici un fait bien caractéristique à plus d'un titre Les Bouschimens encore plus petits que les Lapons, ont des traits hideux par suite de leur misère. Un chef Mochmana, dit Casalès, avait donné des bestiaux et avait réussi à leur faire cultiver la terre. Après deux ou trois générations cette population se trouva régénérée elle ne différait en rien pour la taille et les contours musculaires des Hottentots les mieux consti-tués, on les amène à écrire et à lire le hollandais passablement. La race cafre se rapproche beaucoup de la race caucasique. Il est tel de ces indigènes que son port noble et assuré, la symétrie de ses membres feraient prendre pour une statue de bronze descendue de son piédestal. Les uns sont basanés, les autres d'un noir foncé. Le cafre est courageux, hardi, comme un européen. M. Casalès les connaissait, et voilà son jugement mais continuons à l'écouter. Les Cafres convertis montrent beaucoup de persévérance et de dévoue-ment. Après avoir séjourné pendant vingt-trois ans parmi les descendants de Chain , dit Casalès,s, et avoir cherché à leur faire quelque bien, je suis revenu avec le désir d'être encore utile à une race dont les malheurs ont pro-fondément remué mon âme, et que je vois en dépit de son avilissement tout aussi bien douée que la nôtre sous le rapport du coeur et de l'intelligence . Grâce à la religion catholique, par le zèle de ses apôtres et par les aumônes de la propagation de la foi, des missions régulières ont été établies dans ces régions. Les missions, en dépit des plus grandes difficultés, bâtis-sent des chapelles, ouvrent des écoles, forment des forgerons, des tailleurs, des tisserands, des jardiniers ils empêchent les sacrifices humains, bannis-sent la polygamie, et ils déclarent la race noire très civilisable. On sait par l'exemple du vénérable Licborman que cette mission a d'abord été périlleuse mais l'entreprise des missionnaires est aujourd'hui pleine d'avenir. Le supérieur d'un établissement de frères, consulté sur le progrès de l'enseignement des nègres, répondait qu' il était très-satisfait que les petits | 42 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Malheureusement nous voyons par plusieurs exemples des civilisés, que dans les siècles les plus vantés nous sommes capables, quelquefois, de des-cendre presqu'aussi bas. Qu'avons-nous vu de la part des septembriseurs de 93, et de quels crimes nos capitales ne sont-elles pas épouvantées de temps en temps? Qu'on donne la liberté à certains forcenés, et on verra qu'il ne manque pas de nègres parmi nous. De quelles insultes cette malheureuse race n'a-t-elle pas été l'objet au dernier siècle on déclarait incivilisables ces hommes à museau ! Mais écoutons à leur tour des voyageurs plus récents qui ont vécu dans leur intérieur et ont sympathisé avec eux. Pour être juste, il faut tenir compte de tout dans son jugement. Les Hottentots qui résident sur les terres du gouvernement du Cap @@, dit Casalès, peuvent être regardés comme acquis à la civilisation. Ils ren-dent de grands services à la population blanche en qualité d'agriculteurs, d'artisans, de domestiques. Il y a des écoles, des catéchismes, des temples. Ils ne parlent presque plus dans la colonie que le hollandais et l'anglais @. Voici un fait bien caractéristique à plus d'un titre Les Bouschimens encore plus petits que les Lapons, ont des traits hideux par suite de leur misère. Un chef Mochmana, dit Casalès, avait donné des bestiaux et avait réussi à leur faire cultiver la terre. Après deux ou trois générations cette population se trouva régénérée elle ne différait en rien pour la taille et les contours musculaires des Hottentots les mieux consti-tués, on les amène à écrire et à lire le hollandais passablement. La race cafre se rapproche beaucoup de la race caucasique. Il est tel de ces indigènes que son port noble et assuré, la symétrie de ses membres feraient prendre pour une statue de bronze descendue de son piédestal. Les uns sont basanés, les autres d'un noir foncé. Le cafre est courageux, hardi, comme un européen. M. Casalès les connaissait, et voilà son jugement mais continuons à l'écouter. Les Cafres convertis montrent beaucoup de persévérance et de dévoue-ment. Après avoir séjourné pendant vingt-trois ans parmi les descendants de Chain , dit Casalès,s, et avoir cherché à leur faire quelque bien, je suis revenu avec le désir d'être encore utile à une race dont les malheurs ont pro-fondément remué mon âme, et que je vois en dépit de son avilissement tout aussi bien douée que la nôtre sous le rapport du coeur et de l'intelligence . Grâce à la religion catholique, par le zèle de ses apôtres et par les aumônes de la propagation de la foi, des missions régulières ont été établies dans ces régions. Les missions, en dépit des plus grandes difficultés, bâtis-sent des chapelles, ouvrent des écoles, forment des forgerons, des tailleurs, des tisserands, des jardiniers ils empêchent les sacrifices humains, bannis-sent la polygamie, et ils déclarent la race noire très civilisable. On sait par l'exemple du vénérable Licborman que cette mission a d'abord été périlleuse mais l'entreprise des missionnaires est aujourd'hui pleine d'avenir. Le supérieur d'un établissement de frères, consulté sur le progrès de l'enseignement des nègres, répondait qu' il était très-satisfait que les petits | 42 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Malheureusement nous voyons par plusieurs exemples des civilisés, que dans les siècles les plus vantés nous sommes capables, quelquefois, de des-cendre presqu'aussi bas. Qu'avons-nous vu de la part des septembriseurs de 93, et de quels crimes nos capitales ne sont-elles pas épouvantées de temps en temps? Qu'on donne la liberté à certains forcenés, et on verra qu'il ne manque pas de nègres parmi nous. De quelles insultes cette malheureuse race n'a-t-elle pas été l'objet au dernier siècle on déclarait incivilisables ces hommes à museau ! Mais écoutons à leur tour des voyageurs plus récents qui ont vécu dans leur intérieur et ont sympathisé avec eux. Pour être juste, il faut tenir compte de tout dans son jugement. Les Hottentots qui résident sur les terres du gouvernement du Cap , dit Casalès, peuvent être regardés comme acquis à la civilisation. Ils ren-dent de grands services à la population blanche en qualité d'agriculteurs, d'artisans, de domestiques. Il y a des écoles, des catéchismes, des temples. Ils ne parlent presque plus dans la colonie que le hollandais et l'anglais . Voici un fait bien caractéristique à plus d'un titre Les Bouschimens encore plus petits que les Lapons, ont des traits hideux par suite de leur misère. Un chef Mochmana, dit Casalès, avait donné des bestiaux et avait réussi à leur faire cultiver la terre. Après deux ou trois générations cette population se trouva régénérée elle ne différait en rien pour la taille et les contours musculaires des Hottentots les mieux consti-tués, on les amène à écrire et à lire le hollandais passablement. La race cafre se rapproche beaucoup de la race caucasique. Il est tel de ces indigènes que son port noble et assuré, la symétrie de ses membres feraient prendre pour une statue de bronze descendue de son piédestal. Les uns sont basanés, les autres d'un noir foncé. Le cafre est courageux, hardi, comme un européen. M. Casalès les connaissait, et voilà son jugement mais continuons à l'écouter. Les Cafres convertis montrent beaucoup de persévérance et de dévoue-ment. Après avoir séjourné pendant vingt-trois ans parmi les descendants de Chain , dit Casalès,s, et avoir cherché à leur faire quelque bien, je suis revenu avec le désir d'être encore utile à une race dont les malheurs ont pro-fondément remué mon âme, et que je vois en dépit de son avilissement tout aussi bien douée que la nôtre sous le rapport du coeur et de l'intelligence . Grâce à la religion catholique, par le zèle de ses apôtres et par les aumônes de la propagation de la foi, des missions régulières ont été établies dans ces régions. Les missions, en dépit des plus grandes difficultés, bâtis-sent des chapelles, ouvrent des écoles, forment des forgerons, des tailleurs, des tisserands, des jardiniers ils empêchent les sacrifices humains, bannis-sent la polygamie, et ils déclarent la race noire très civilisable. On sait par l'exemple du vénérable Licborman que cette mission a d'abord été périlleuse mais l'entreprise des missionnaires est aujourd'hui pleine d'avenir. Le supérieur d'un établissement de frères, consulté sur le progrès de l'enseignement des nègres, répondait qu' il était très-satisfait que les petits | 11 | 0.003426 | 0.024014 |
528.txt | 1,873 | -46 -une urine quelconque dépose des cristaux de cet acide. Les sédiments qui se composent d'urates, surtout de potasse et de soude, sont très-fréquents et représentent pour les mé-decins les sédiments de fièvre connus depuis longtemps sedimenta lateritia . Ils ressemblent souvent à s'y mé-prendre à du mucus, du pus et du sang, et ne peuvent être reconnus que par leurs caractères microscopiques. 2° Oxalate de chaux. - Ces sédiments se présentent également dans l'urine normale comme dans l'urine patho-logique. Même quand ce sel se trouve en très-grande quan-tité comme dans l'oxalurie, cela n'a pas une grande impor-tance pour le diagnostic, quoiqu'il se présente souvent dans certaines affections comme dans la dyspepsie, la sperma-torrhée et les maladies de la moelle épinière. Dans l'oxa-lurie, l'urine présente ordinairement une coloration foncée. 3° Acide hippurique. - Les sédiments d'acide hippuri-que se forment souvent après avoir mangé des fruits et avoir absorbé de l'acide benzoïque et cinnamique, de même que dans certaines maladies mais ils ne présentent pas d'intérêt pour le diagnostic. 40 Cystine. - Les sédiments de cystine, très-rarement observés, ne présentent pas de valeur diagnostique. On les rencontre le plus souvent dans la lithiasie. 5° Tyrosine. - Ce corps a été observé dans l'atrophie ai-guë du foie. 6° Le phosphate ammoniaco-magnésien se trouve cons-tamment quand l'urine est devenue alcaline par suite de la décomposition de l'urée en acide carbonique et en ammo-niaque. Dans le diabète, les maladies de la vessie et de la moelle épinière. On les trouve déjà dans l'urine fraîche-ment émise qui alors présente toujours une réaction neutre ou faiblement alcaline. 7° Le phosphate de chaux se trouve dans les mêmes circonstances que le corps précédent. 8° Mucus. - Les corpuscules muqueux se trouvent tou- | -46 -une urine quelconque dépose des cristaux de cet acide. Les sédiments qui se composent d'urates, surtout de potasse et de soude, sont très-fréquents et représentent pour les mé-decins les sédiments de fièvre connus depuis longtemps sedimenta lateritia . Ils ressemblent souvent à s'y mé-prendre à du mucus, du pus et du sang, et ne peuvent être reconnus que par leurs caractères microscopiques. 2° Oxalate de chaux. - Ces sédiments se présentent également dans l'urine normale comme dans l'urine patho-logique. Même quand ce sel se trouve en très-grande quan-tité comme dans l'oxalurie, cela n'a pas une grande impor-tance pour le diagnostic, quoiqu'il se présente souvent dans certaines affections comme dans la dyspepsie, la sperma-torrhée et les maladies de la moelle épinière. Dans l'oxa-lurie, l'urine présente ordinairement une coloration foncée. 3° Acide hippurique. - Les sédiments d'acide hippuri-que se forment souvent après avoir mangé des fruits et avoir absorbé de l'acide benzoïque et cinnamique, de même que dans certaines maladies mais ils ne présentent pas d'intérêt pour le diagnostic. 40 Cystine. - Les sédiments de cystine, très-rarement observés, ne présentent pas de valeur diagnostique. On les rencontre le plus souvent dans la lithiasie. 5° Tyrosine. - Ce corps a été observé dans l'atrophie ai-guë du foie. 6° Le phosphate ammoniaco-magnésien se trouve cons-tamment quand l'urine est devenue alcaline par suite de la décomposition de l'urée en acide carbonique et en ammo-niaque. Dans le diabète, les maladies de la vessie et de la moelle épinière. On les trouve déjà dans l'urine fraîche-ment émise qui alors présente toujours une réaction neutre ou faiblement alcaline. 7° Le phosphate de chaux se trouve dans les mêmes circonstances que le corps précédent. 8° Mucus. - Les corpuscules muqueux se trouvent tou- | -46 -une urine quelconque dépose des cristaux de cet acide. Les sédiments qui se composent d'urates, surtout de potasse et de soude, sont très-fréquents et représentent pour les mé-decins les sédiments de fièvre connus depuis longtemps sedimenta lateritia . Ils ressemblent souvent à s'y mé-prendre à du mucus, du pus et du sang, et ne peuvent être reconnus que par leurs caractères microscopiques. 2° Oxalate de chaux. -@Ces sédiments se présentent également dans l'urine normale comme dans l'urine patho-logique. Même quand ce sel se trouve en très-grande quan-tité comme dans l'oxalurie, cela n'a pas une grande impor-tance pour le diagnostic, quoiqu'il se présente souvent dans certaines affections comme dans la dyspepsie, la sperma-torrhée et les maladies de la moelle épinière. Dans l'oxa-lurie, l'urine présente ordinairement une coloration foncée. 3° Acide hippurique. -@Les sédiments d'acide hippuri-que se forment souvent après avoir mangé des fruits et avoir absorbé de l'acide benzoïque et cinnamique, de même que dans certaines maladies mais ils ne présentent pas d'intérêt pour le diagnostic. 4° Cystine. -@Les sédiments de cystine, très-rarement observés, ne présentent pas de valeur diagnostique. On les rencontre le plus souvent dans la lithiasie. 5° Tyrosine. -@Ce corps a été observé dans l'atrophie ai-guë du foie. 6° Le phosphate ammoniaco-magnésien se trouve cons-tamment quand l'urine est devenue alcaline par suite de la décomposition de l'urée en acide carbonique et en ammo-niaque. Dans le diabète, les maladies de la vessie et de la moelle épinière. On les trouve déjà dans l'urine fraîche-ment émise qui alors présente toujours une réaction neutre ou faiblement alcaline. 7° Le phosphate de chaux se trouve dans les mêmes circonstances que le corps précédent. 8° Mucus. -@Les corpuscules muqueux se trouvent tou- | -46 -une urine quelconque dépose des cristaux de cet acide. Les sédiments qui se composent d'urates, surtout de potasse et de soude, sont très-fréquents et représentent pour les mé-decins les sédiments de fièvre connus depuis longtemps sedimenta lateritia . Ils ressemblent souvent à s'y mé-prendre à du mucus, du pus et du sang, et ne peuvent être reconnus que par leurs caractères microscopiques. 2° Oxalate de chaux. -@Ces sédiments se présentent également dans l'urine normale comme dans l'urine patho-logique. Même quand ce sel se trouve en très-grande quan-tité comme dans l'oxalurie, cela n'a pas une grande impor-tance pour le diagnostic, quoiqu'il se présente souvent dans certaines affections comme dans la dyspepsie, la sperma-torrhée et les maladies de la moelle épinière. Dans l'oxa-lurie, l'urine présente ordinairement une coloration foncée. 3° Acide hippurique. -@Les sédiments d'acide hippuri-que se forment souvent après avoir mangé des fruits et avoir absorbé de l'acide benzoïque et cinnamique, de même que dans certaines maladies mais ils ne présentent pas d'intérêt pour le diagnostic. 4° Cystine. -@Les sédiments de cystine, très-rarement observés, ne présentent pas de valeur diagnostique. On les rencontre le plus souvent dans la lithiasie. 5° Tyrosine. -@Ce corps a été observé dans l'atrophie ai-guë du foie. 6° Le phosphate ammoniaco-magnésien se trouve cons-tamment quand l'urine est devenue alcaline par suite de la décomposition de l'urée en acide carbonique et en ammo-niaque. Dans le diabète, les maladies de la vessie et de la moelle épinière. On les trouve déjà dans l'urine fraîche-ment émise qui alors présente toujours une réaction neutre ou faiblement alcaline. 7° Le phosphate de chaux se trouve dans les mêmes circonstances que le corps précédent. 8° Mucus. -@Les corpuscules muqueux se trouvent tou- | -46 -une urine quelconque dépose des cristaux de cet acide. Les sédiments qui se composent d'urates, surtout de potasse et de soude, sont très-fréquents et représentent pour les mé-decins les sédiments de fièvre connus depuis longtemps sedimenta lateritia . Ils ressemblent souvent à s'y mé-prendre à du mucus, du pus et du sang, et ne peuvent être reconnus que par leurs caractères microscopiques. 2° Oxalate de chaux. -Ces sédiments se présentent également dans l'urine normale comme dans l'urine patho-logique. Même quand ce sel se trouve en très-grande quan-tité comme dans l'oxalurie, cela n'a pas une grande impor-tance pour le diagnostic, quoiqu'il se présente souvent dans certaines affections comme dans la dyspepsie, la sperma-torrhée et les maladies de la moelle épinière. Dans l'oxa-lurie, l'urine présente ordinairement une coloration foncée. 3° Acide hippurique. -Les sédiments d'acide hippuri-que se forment souvent après avoir mangé des fruits et avoir absorbé de l'acide benzoïque et cinnamique, de même que dans certaines maladies mais ils ne présentent pas d'intérêt pour le diagnostic. 4° Cystine. -Les sédiments de cystine, très-rarement observés, ne présentent pas de valeur diagnostique. On les rencontre le plus souvent dans la lithiasie. 5° Tyrosine. -Ce corps a été observé dans l'atrophie ai-guë du foie. 6° Le phosphate ammoniaco-magnésien se trouve cons-tamment quand l'urine est devenue alcaline par suite de la décomposition de l'urée en acide carbonique et en ammo-niaque. Dans le diabète, les maladies de la vessie et de la moelle épinière. On les trouve déjà dans l'urine fraîche-ment émise qui alors présente toujours une réaction neutre ou faiblement alcaline. 7° Le phosphate de chaux se trouve dans les mêmes circonstances que le corps précédent. 8° Mucus. -Les corpuscules muqueux se trouvent tou- | 6 | 0.003268 | 0.019108 |
299.txt | 1,845 | -184 -impies du département de la Meuse le mirent dans les fers, en même temps que ceux dont nous venons de parler. Il fit avec eux le voyage de Rochefort, eut aussi bien qu'eux l'entrepont du Washington pour cachot, et succomba en même temps qu'eux au mois de septembre 1794-N. B. Quoique l'on manqué de renseigne-ments positifs sur la plupart des membres du chapitre de Montfaucon, en ce qui tient au ser-ment constitutionnel, il faut bien qu'ils l'aient refusé, ou du moins hautement rétracté, pour avoir mérité, avec la haine révolutionnaire, la lente et douloureuse mort qui en fut la suite. 18. Périnet Jean , né à Reims, curé de Mou-lins en-Puysaye, diocèse d'Auxerre, resta caché dans le voisinage de sa paroisse, où on le dé-couvrit en 1793. Il fut aussitôt arrêté et con-damné à la déportation au-delà des mers. Em-barqué comme les précédents sur le Washington il partagea leurs angoisses , et les suivit de près dans la tombe, en octobre 1794, âgé d'environ quarante ans. 19. Tronçon Jean-Baptiste , prêtre et cha-noine de Montfaucon, fermera dignement la liste des membres de ce courageux chapitre, qui en-voya au ciel tant de témoins de la foi catholique. Resté à Montfaucon avec plusieurs de ses con-frères, il ne prêta point le serment constitution- | -184 -impies du département de la Meuse le mirent dans les fers, en même temps que ceux dont nous venons de parler. Il fit avec eux le voyage de Rochefort, eut aussi bien qu'eux l'entrepont du Washington pour cachot, et succomba en même temps qu'eux au mois de septembre 1794-N. B. Quoique l'on manqué de renseigne-ments positifs sur la plupart des membres du chapitre de Montfaucon, en ce qui tient au ser-ment constitutionnel, il faut bien qu'ils l'aient refusé, ou du moins hautement rétracté, pour avoir mérité, avec la haine révolutionnaire, la lente et douloureuse mort qui en fut la suite. 18. Périnet Jean , né à Reims, curé de Mou-lins en-Puysaye, diocèse d'Auxerre, resta caché dans le voisinage de sa paroisse, où on le dé-couvrit en 1793. Il fut aussitôt arrêté et con-damné à la déportation au-delà des mers. Em-barqué comme les précédents sur le Washington il partagea leurs angoisses , et les suivit de près dans la tombe, en octobre 1794, âgé d'environ quarante ans. 19. Tronçon Jean-Baptiste , prêtre et cha-noine de Montfaucon, fermera dignement la liste des membres de ce courageux chapitre, qui en-voya au ciel tant de témoins de la foi catholique. Resté à Montfaucon avec plusieurs de ses con-frères, il ne prêta point le serment constitution- | ############ du département de la Meuse le mirent dans les fers, en même temps que ceux dont nous venons de parler. Il fit avec eux le voyage de Rochefort, eut aussi bien qu'eux l'entrepont du Washington pour cachot, et succomba en même temps qu'eux au mois de septembre 1794-N. B. Quoique l'on manque de renseigne-ments positifs sur la plupart des membres du chapitre de Montfaucon, en ce qui tient au ser-ment constitutionnel, il faut bien qu'ils l'aient refusé, ou du moins hautement rétracté, pour avoir mérité, avec la haine révolutionnaire, la lente et douloureuse mort qui en fut la suite. 18. Périnet Jean , né à Reims, curé de Mou-lins en-Puysaye, diocèse d'Auxerre, resta caché dans le voisinage de sa paroisse, où on le dé-couvrit en 1793. Il fut aussitôt arrêté et con-damné à la déportation au-delà des mers. Em-barqué comme les précédents sur le Washington il partagea leurs angoisses , et les suivit de près dans la tombe, en octobre 1794, âgé d'environ quarante ans. 19. Tronçon Jean-Baptiste , prêtre et cha-noine de Montfaucon, fermera dignement la liste des membres de ce courageux chapitre, qui en-voya au ciel tant de témoins de la foi catholique. Resté à Montfaucon avec plusieurs de ses con-frères, il ne prêta point le serment constitution- | -184 -impies du département de la Meuse le mirent dans les fers, en même temps que ceux dont nous venons de parler. Il fit avec eux le voyage de Rochefort, eut aussi bien qu'eux l'entrepont du Washington pour cachot, et succomba en même temps qu'eux au mois de septembre 1794-N. B. Quoique l'on manque de renseigne-ments positifs sur la plupart des membres du chapitre de Montfaucon, en ce qui tient au ser-ment constitutionnel, il faut bien qu'ils l'aient refusé, ou du moins hautement rétracté, pour avoir mérité, avec la haine révolutionnaire, la lente et douloureuse mort qui en fut la suite. 18. Périnet Jean , né à Reims, curé de Mou-lins en-Puysaye, diocèse d'Auxerre, resta caché dans le voisinage de sa paroisse, où on le dé-couvrit en 1793. Il fut aussitôt arrêté et con-damné à la déportation au-delà des mers. Em-barqué comme les précédents sur le Washington il partagea leurs angoisses , et les suivit de près dans la tombe, en octobre 1794, âgé d'environ quarante ans. 19. Tronçon Jean-Baptiste , prêtre et cha-noine de Montfaucon, fermera dignement la liste des membres de ce courageux chapitre, qui en-voya au ciel tant de témoins de la foi catholique. Resté à Montfaucon avec plusieurs de ses con-frères, il ne prêta point le serment constitution- | -184 -impies du département de la Meuse le mirent dans les fers, en même temps que ceux dont nous venons de parler. Il fit avec eux le voyage de Rochefort, eut aussi bien qu'eux l'entrepont du Washington pour cachot, et succomba en même temps qu'eux au mois de septembre 1794-N. B. Quoique l'on manque de renseigne-ments positifs sur la plupart des membres du chapitre de Montfaucon, en ce qui tient au ser-ment constitutionnel, il faut bien qu'ils l'aient refusé, ou du moins hautement rétracté, pour avoir mérité, avec la haine révolutionnaire, la lente et douloureuse mort qui en fut la suite. 18. Périnet Jean , né à Reims, curé de Mou-lins en-Puysaye, diocèse d'Auxerre, resta caché dans le voisinage de sa paroisse, où on le dé-couvrit en 1793. Il fut aussitôt arrêté et con-damné à la déportation au-delà des mers. Em-barqué comme les précédents sur le Washington il partagea leurs angoisses , et les suivit de près dans la tombe, en octobre 1794, âgé d'environ quarante ans. 19. Tronçon Jean-Baptiste , prêtre et cha-noine de Montfaucon, fermera dignement la liste des membres de ce courageux chapitre, qui en-voya au ciel tant de témoins de la foi catholique. Resté à Montfaucon avec plusieurs de ses con-frères, il ne prêta point le serment constitution- | 1 | 0.000791 | 0.004184 |
598.txt | 1,886 | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 105 LAFONTAINE. 8 peut ni exprimer, ni définir. Pour nous, nous n'avons ici qu'à rapporter les faits. Mardi, avant la séance publique, M. Lafontaine réunit à l'hôtel de Londres quelques personnes, parmi lesquelles se trouvaient plusieurs médecins de notre ville en deux ou trois minutes, il a endormi la jeune fille dont il a fait, depuis qu'il est à Tours, le sujet de ses expériences. Peu d'instants après, elle était à l'état de somnambulisme, et sa clair-voyance était telle, qu'elle a pu lire sans hésitation, dans un journal qui lui a été présenté, ces mots Avis et Demandes, bien qu'elle eût un bandeau sur les yeux et qu'un des assis-tants, qui certes n'était pas compère, appuyât fortement ses doigts sur le bandeau. La somnambule a joué ensuite une partie de dominos et ne s'est trompée qu'une fois. Un de ces messieurs, pour éprouver par lui-même la réalité -des faits dont il venait d'être témoin, demanda à être mis en rapport avec la som-nambule. L'opérateur communiqua alors tout son pouvoir, et, sans geste ni parole, M. Renard fit exécuter un ordre. Le sujet est d'une telle sensibilité nerveuse, que personne autre que le magnétiseur ou la personne mise en rapport ne peut la toucher sans provoquer les plus violentes convul-sions. M. Caillaud l'ayant par hasard atteinte d'un léger contact, la somnambule tomba comme frappée de la foudre, et ses convulsions ne cessèrent que par le secours de M. Lafontaine. Nous n'entrerons pas dans de longs détails sur les expé-riences de la séance publique, qui n'ont pas toutes complè-tement réussi. Il faut en attribuer la cause à la chaleur excessive que le gaz répandait dans la salle. L'expérience qui a fait le plus de plaisir, fut celle du chant. Sur l'invita-tion de M., la somnambule se mit à chanter, et, sur un signe qu'un des spectateurs fit à M. Lafontaine, elle s'arrêta puis, à un autre signe, elle reprit à la syllabe où elle avait été interrompue. L'absence de l'ouïe a été constatée par un coup de pistolet tiré à l'oreille, comme l'absence d'odorat par une allumette mise en combustion et passée sous le nez de la | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 105 LAFONTAINE. 8 peut ni exprimer, ni définir. Pour nous, nous n'avons ici qu'à rapporter les faits. Mardi, avant la séance publique, M. Lafontaine réunit à l'hôtel de Londres quelques personnes, parmi lesquelles se trouvaient plusieurs médecins de notre ville en deux ou trois minutes, il a endormi la jeune fille dont il a fait, depuis qu'il est à Tours, le sujet de ses expériences. Peu d'instants après, elle était à l'état de somnambulisme, et sa clair-voyance était telle, qu'elle a pu lire sans hésitation, dans un journal qui lui a été présenté, ces mots Avis et Demandes, bien qu'elle eût un bandeau sur les yeux et qu'un des assis-tants, qui certes n'était pas compère, appuyât fortement ses doigts sur le bandeau. La somnambule a joué ensuite une partie de dominos et ne s'est trompée qu'une fois. Un de ces messieurs, pour éprouver par lui-même la réalité -des faits dont il venait d'être témoin, demanda à être mis en rapport avec la som-nambule. L'opérateur communiqua alors tout son pouvoir, et, sans geste ni parole, M. Renard fit exécuter un ordre. Le sujet est d'une telle sensibilité nerveuse, que personne autre que le magnétiseur ou la personne mise en rapport ne peut la toucher sans provoquer les plus violentes convul-sions. M. Caillaud l'ayant par hasard atteinte d'un léger contact, la somnambule tomba comme frappée de la foudre, et ses convulsions ne cessèrent que par le secours de M. Lafontaine. Nous n'entrerons pas dans de longs détails sur les expé-riences de la séance publique, qui n'ont pas toutes complè-tement réussi. Il faut en attribuer la cause à la chaleur excessive que le gaz répandait dans la salle. L'expérience qui a fait le plus de plaisir, fut celle du chant. Sur l'invita-tion de M@@., la somnambule se mit à chanter, et, sur un signe qu'un des spectateurs fit à M. Lafontaine, elle s'arrêta puis, à un autre signe, elle reprit à la syllabe où elle avait été interrompue. L'absence de l'ouïe a été constatée par un coup de pistolet tiré à l'oreille, comme l'absence d'odorat par une allumette mise en combustion et passée sous le nez de la | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME ###################### ni exprimer, ni définir. Pour nous, nous n'avons ici qu'à rapporter les faits. Mardi, avant la séance publique, M. Lafontaine réunit à l'hôtel de Londres quelques personnes, parmi lesquelles se trouvaient plusieurs médecins de notre ville en deux ou trois minutes, il a endormi la jeune fille dont il a fait, depuis qu'il est à Tours, le sujet de ses expériences. Peu d'instants après, elle était à l'état de somnambulisme, et sa clair-voyance était telle, qu'elle a pu lire sans hésitation, dans un journal qui lui a été présenté, ces mots Avis et Demandes, bien qu'elle eût un bandeau sur les yeux et qu'un des assis-tants, qui certes n'était pas compère, appuyât fortement ses doigts sur le bandeau. La somnambule a joué ensuite une partie de dominos et ne s'est trompée qu'une fois. Un de ces messieurs, pour éprouver par lui-même la réalité @des faits dont il venait d'être témoin, demanda à être mis en rapport avec la som-nambule. L'opérateur communiqua alors tout son pouvoir, et, sans geste ni parole, M. Renard fit exécuter un ordre. Le sujet est d'une telle sensibilité nerveuse, que personne autre que le magnétiseur ou la personne mise en rapport ne peut la toucher sans provoquer les plus violentes convul-sions. M. Caillaud l'ayant par hasard atteinte d'un léger contact, la somnambule tomba comme frappée de la foudre, et ses convulsions ne cessèrent que par le secours de M. Lafontaine. Nous n'entrerons pas dans de longs détails sur les expé-riences de la séance publique, qui n'ont pas toutes complè-tement réussi. Il faut en attribuer la cause à la chaleur excessive que le gaz répandait dans la salle. L'expérience qui a fait le plus de plaisir, fut celle du chant. Sur l'invita-tion de M..., la somnambule se mit à chanter, et, sur un signe qu'un des spéctateurs fit à M. Lafontaine, elle s'arrêta puis, à un autre signe, elle reprit à la syllabe où elle avait été interrompue. L'absence de l'ouïe a été constatée par un coup de pistolet tiré à l'oreille, comme l'absence d'odorat par une allumette mise en combustion et passée sous le nez de la | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 105 LAFONTAINE. 8 peut ni exprimer, ni définir. Pour nous, nous n'avons ici qu'à rapporter les faits. Mardi, avant la séance publique, M. Lafontaine réunit à l'hôtel de Londres quelques personnes, parmi lesquelles se trouvaient plusieurs médecins de notre ville en deux ou trois minutes, il a endormi la jeune fille dont il a fait, depuis qu'il est à Tours, le sujet de ses expériences. Peu d'instants après, elle était à l'état de somnambulisme, et sa clair-voyance était telle, qu'elle a pu lire sans hésitation, dans un journal qui lui a été présenté, ces mots Avis et Demandes, bien qu'elle eût un bandeau sur les yeux et qu'un des assis-tants, qui certes n'était pas compère, appuyât fortement ses doigts sur le bandeau. La somnambule a joué ensuite une partie de dominos et ne s'est trompée qu'une fois. Un de ces messieurs, pour éprouver par lui-même la réalité @des faits dont il venait d'être témoin, demanda à être mis en rapport avec la som-nambule. L'opérateur communiqua alors tout son pouvoir, et, sans geste ni parole, M. Renard fit exécuter un ordre. Le sujet est d'une telle sensibilité nerveuse, que personne autre que le magnétiseur ou la personne mise en rapport ne peut la toucher sans provoquer les plus violentes convul-sions. M. Caillaud l'ayant par hasard atteinte d'un léger contact, la somnambule tomba comme frappée de la foudre, et ses convulsions ne cessèrent que par le secours de M. Lafontaine. Nous n'entrerons pas dans de longs détails sur les expé-riences de la séance publique, qui n'ont pas toutes complè-tement réussi. Il faut en attribuer la cause à la chaleur excessive que le gaz répandait dans la salle. L'expérience qui a fait le plus de plaisir, fut celle du chant. Sur l'invita-tion de M..., la somnambule se mit à chanter, et, sur un signe qu'un des spéctateurs fit à M. Lafontaine, elle s'arrêta puis, à un autre signe, elle reprit à la syllabe où elle avait été interrompue. L'absence de l'ouïe a été constatée par un coup de pistolet tiré à l'oreille, comme l'absence d'odorat par une allumette mise en combustion et passée sous le nez de la | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 105 LAFONTAINE. 8 peut ni exprimer, ni définir. Pour nous, nous n'avons ici qu'à rapporter les faits. Mardi, avant la séance publique, M. Lafontaine réunit à l'hôtel de Londres quelques personnes, parmi lesquelles se trouvaient plusieurs médecins de notre ville en deux ou trois minutes, il a endormi la jeune fille dont il a fait, depuis qu'il est à Tours, le sujet de ses expériences. Peu d'instants après, elle était à l'état de somnambulisme, et sa clair-voyance était telle, qu'elle a pu lire sans hésitation, dans un journal qui lui a été présenté, ces mots Avis et Demandes, bien qu'elle eût un bandeau sur les yeux et qu'un des assis-tants, qui certes n'était pas compère, appuyât fortement ses doigts sur le bandeau. La somnambule a joué ensuite une partie de dominos et ne s'est trompée qu'une fois. Un de ces messieurs, pour éprouver par lui-même la réalité des faits dont il venait d'être témoin, demanda à être mis en rapport avec la som-nambule. L'opérateur communiqua alors tout son pouvoir, et, sans geste ni parole, M. Renard fit exécuter un ordre. Le sujet est d'une telle sensibilité nerveuse, que personne autre que le magnétiseur ou la personne mise en rapport ne peut la toucher sans provoquer les plus violentes convul-sions. M. Caillaud l'ayant par hasard atteinte d'un léger contact, la somnambule tomba comme frappée de la foudre, et ses convulsions ne cessèrent que par le secours de M. Lafontaine. Nous n'entrerons pas dans de longs détails sur les expé-riences de la séance publique, qui n'ont pas toutes complè-tement réussi. Il faut en attribuer la cause à la chaleur excessive que le gaz répandait dans la salle. L'expérience qui a fait le plus de plaisir, fut celle du chant. Sur l'invita-tion de M..., la somnambule se mit à chanter, et, sur un signe qu'un des spéctateurs fit à M. Lafontaine, elle s'arrêta puis, à un autre signe, elle reprit à la syllabe où elle avait été interrompue. L'absence de l'ouïe a été constatée par un coup de pistolet tiré à l'oreille, comme l'absence d'odorat par une allumette mise en combustion et passée sous le nez de la | 4 | 0.001875 | 0.012195 |
567.txt | 1,886 | THÉORIE DU MAGNÉTISME 29 l'empire de la volonté, nous pouvons transmettre le fluide vital. Les nerfs servent de conducteurs, d'abord chez nous pour l'émettre, ensuite chez le magnétisé, pour le recevoir et le communiquer aux centres nerveux. La volonté est la concentration des idées intellectuelles sur une seule elle agit sur les principaux centres nerveux du magnétiseur, sur le cerveau surtout elle provoque l'émission du fluide vital en plus ou moins grande quantité, et c'est par elle que ce fluide est communiqué au système nerveux du patient, qui l'envahit et l'engourdit, et qu'il développe ces effets que l'on observe généralement chez les personnes magnétisées. Les phénomènes du magnétisme sont donc la conséquence de l'envahissement du système nerveux du magnétisé par le fluide vital du magnétiseur. La volonté ne peut agir matériellement sur un autre corps la volonté est en nous, et elle préside à tous les actes de notre existence. Nous faisons acte de volonté en levant le pied, en donnant la main, en clignant de l'oeil en toute occasion enfin cette volonté se manifeste, même quand son influence semble échapper à notre pensée. Notre volonté n'agit que sur nous-mêmes, enpioduisant une sécrétion plus active au cerveau et des contractions au plexus de là l'émission d'une plus grande quantité de fluide et plus d'intensité dans l'action plus cette volonté est exprimée avec fermeté et continuité, plus l'émission se fait abondante et intense. Nous pouvons donc dire avec raison que les phénomènes magnétiques ont une seule et unique cause, le fluide vital, et que la volonté n'est ici qu'un accessoire, comme en toutes choses. Ce qui a fait penser que la volonté agissait sur le magné-tisé, c'est un des effets qui se présentent dans l'état som-nambulique. Un somnambule dont la lucidité est développée voit la pensée du magnétiseur, et obéit à l'ordre mental qui lui est donné par lui. C'est une transmission de pensée on a conclu de là que la volonté à laquelle le sujet était ainsi soumis devait être la cause mais on a fait erreur, on a | THÉORIE DU MAGNÉTISME 29 l'empire de la volonté, nous pouvons transmettre le fluide vital. Les nerfs servent de conducteurs, d'abord chez nous pour l'émettre, ensuite chez le magnétisé, pour le recevoir et le communiquer aux centres nerveux. La volonté est la concentration des idées intellectuelles sur une seule elle agit sur les principaux centres nerveux du magnétiseur, sur le cerveau surtout elle provoque l'émission du fluide vital en plus ou moins grande quantité, et c'est par elle que ce fluide est communiqué au système nerveux du patient, qui l'envahit et l'engourdit, et qu'il développe ces effets que l'on observe généralement chez les personnes magnétisées. Les phénomènes du magnétisme sont donc la conséquence de l'envahissement du système nerveux du magnétisé par le fluide vital du magnétiseur. La volonté ne peut agir matériellement sur un autre corps la volonté est en nous, et elle préside à tous les actes de notre existence. Nous faisons acte de volonté en levant le pied, en donnant la main, en clignant de l'oeil en toute occasion enfin cette volonté se manifeste, même quand son influence semble échapper à notre pensée. Notre volonté n'agit que sur nous-mêmes, en@pioduisant une sécrétion plus active au cerveau et des contractions au plexus de là l'émission d'une plus grande quantité de fluide et plus d'intensité dans l'action plus cette volonté est exprimée avec fermeté et continuité, plus l'émission se fait abondante et intense. Nous pouvons donc dire avec raison que les phénomènes magnétiques ont une seule et unique cause, le fluide vital, et que la volonté n'est ici qu'un accessoire, comme en toutes choses. Ce qui a fait penser que la volonté agissait sur le magné-tisé, c'est un des effets qui se présentent dans l'état som-nambulique. Un somnambule dont la lucidité est développée voit la pensée du magnétiseur, et obéit à l'ordre mental qui lui est donné par lui. C'est une transmission de pensée on a conclu de là que la volonté à laquelle le sujet était ainsi soumis devait être la cause mais on a fait erreur, on a | THÉORIE DU MAGNÉTISME 29 l'empire de la volonté, nous pouvons transmettre le fluide vital. Les nerfs servent de conducteurs, d'abord chez nous pour l'émettre, ensuite chez le magnétisé, pour le recevoir et le communiquer aux centres nerveux. La volonté est la concentration des idées intellectuelles sur une seule elle agit sur les principaux centres nerveux du magnétiseur, sur le cerveau surtout elle provoque l'émission du fluide vital en plus ou moins grande quantité, et c'est par elle que ce fluide est communiqué au système nerveux du patient, qui l'envahit et l'engourdit, et qu'il développe ces effets que l'on observe généralement chez les personnes magnétisées. Les phénomènes du magnétisme sont donc la conséquence de l'envahissement du système nerveux du magnétisé par le fluide vital du magnétiseur. La volonté ne peut agir matériellement sur un autre corps la volonté est en nous, et elle préside à tous les actes de notre existence. Nous faisons acte de volonté en levant le pied, en donnant la main, en clignant de l'oeil en toute occasion enfin cette volonté se manifeste, même quand son influence semble échapper à notre pensée. Notre volonté n'agit que sur nous-mêmes, en produisant une sécrétion plus active au cerveau et des contractions au plexus de là l'émission d'une plus grande quantité de fluide et plus d'intensité dans l'action plus cette volonté est exprimée avec fermeté et continuité, plus l'émission se fait abondante et intense. Nous pouvons donc dire avec raison que les phénomènes magnétiques ont une seule et unique cause, le fluide vital, et que la volonté n'est ici qu'un accessoire, comme en toutes choses. Ce qui a fait penser que la volonté agissait sur le magné-tisé, c'est un des effets qui se présentent dans l'état som-nambulique. Un somnambule dont la lucidité est developpée voit la pensée du magnétiseur, et obéit à l'ordre mental qui lui est donné par lui. C'est une transmission de pensée on a conclu de là que la volonté à laquelle le sujet était ainsi soumis devait être la cause mais on a fait erreur, on a | THÉORIE DU MAGNÉTISME 29 l'empire de la volonté, nous pouvons transmettre le fluide vital. Les nerfs servent de conducteurs, d'abord chez nous pour l'émettre, ensuite chez le magnétisé, pour le recevoir et le communiquer aux centres nerveux. La volonté est la concentration des idées intellectuelles sur une seule elle agit sur les principaux centres nerveux du magnétiseur, sur le cerveau surtout elle provoque l'émission du fluide vital en plus ou moins grande quantité, et c'est par elle que ce fluide est communiqué au système nerveux du patient, qui l'envahit et l'engourdit, et qu'il développe ces effets que l'on observe généralement chez les personnes magnétisées. Les phénomènes du magnétisme sont donc la conséquence de l'envahissement du système nerveux du magnétisé par le fluide vital du magnétiseur. La volonté ne peut agir matériellement sur un autre corps la volonté est en nous, et elle préside à tous les actes de notre existence. Nous faisons acte de volonté en levant le pied, en donnant la main, en clignant de l'oeil en toute occasion enfin cette volonté se manifeste, même quand son influence semble échapper à notre pensée. Notre volonté n'agit que sur nous-mêmes, en produisant une sécrétion plus active au cerveau et des contractions au plexus de là l'émission d'une plus grande quantité de fluide et plus d'intensité dans l'action plus cette volonté est exprimée avec fermeté et continuité, plus l'émission se fait abondante et intense. Nous pouvons donc dire avec raison que les phénomènes magnétiques ont une seule et unique cause, le fluide vital, et que la volonté n'est ici qu'un accessoire, comme en toutes choses. Ce qui a fait penser que la volonté agissait sur le magné-tisé, c'est un des effets qui se présentent dans l'état som-nambulique. Un somnambule dont la lucidité est developpée voit la pensée du magnétiseur, et obéit à l'ordre mental qui lui est donné par lui. C'est une transmission de pensée on a conclu de là que la volonté à laquelle le sujet était ainsi soumis devait être la cause mais on a fait erreur, on a | THÉORIE DU MAGNÉTISME 29 l'empire de la volonté, nous pouvons transmettre le fluide vital. Les nerfs servent de conducteurs, d'abord chez nous pour l'émettre, ensuite chez le magnétisé, pour le recevoir et le communiquer aux centres nerveux. La volonté est la concentration des idées intellectuelles sur une seule elle agit sur les principaux centres nerveux du magnétiseur, sur le cerveau surtout elle provoque l'émission du fluide vital en plus ou moins grande quantité, et c'est par elle que ce fluide est communiqué au système nerveux du patient, qui l'envahit et l'engourdit, et qu'il développe ces effets que l'on observe généralement chez les personnes magnétisées. Les phénomènes du magnétisme sont donc la conséquence de l'envahissement du système nerveux du magnétisé par le fluide vital du magnétiseur. La volonté ne peut agir matériellement sur un autre corps la volonté est en nous, et elle préside à tous les actes de notre existence. Nous faisons acte de volonté en levant le pied, en donnant la main, en clignant de l'oeil en toute occasion enfin cette volonté se manifeste, même quand son influence semble échapper à notre pensée. Notre volonté n'agit que sur nous-mêmes, en produisant une sécrétion plus active au cerveau et des contractions au plexus de là l'émission d'une plus grande quantité de fluide et plus d'intensité dans l'action plus cette volonté est exprimée avec fermeté et continuité, plus l'émission se fait abondante et intense. Nous pouvons donc dire avec raison que les phénomènes magnétiques ont une seule et unique cause, le fluide vital, et que la volonté n'est ici qu'un accessoire, comme en toutes choses. Ce qui a fait penser que la volonté agissait sur le magné-tisé, c'est un des effets qui se présentent dans l'état som-nambulique. Un somnambule dont la lucidité est developpée voit la pensée du magnétiseur, et obéit à l'ordre mental qui lui est donné par lui. C'est une transmission de pensée on a conclu de là que la volonté à laquelle le sujet était ainsi soumis devait être la cause mais on a fait erreur, on a | 3 | 0.001456 | 0.008108 |
215.txt | 1,857 | 52 VIE DE L'ABBE NICOLLE seule lettre suffira elle sera.le témoignage du prix qu'on attachait, à Paris même, à sa recommandation.. Bernardin de Saint - Pierre lui écrivait, le 21 no-vembre 1805 Monsieur l'abbé, un officier russe, de mes amis, m'ayant fait le plaisir d'engager M. votre frère à m'offrir ses bons offices pour Saint-Pétersbourg, j'ai cru ne pouvoir en faire un meilleur usage que de lui remettre deux paquets de lettres, à votre adresse, pour lès deux secrétaires de Leurs Majestés Impériales, aux-quelles je prends la liberté d'envoyer des prospectus et des lettrés, au sujet d'une belle édition de Paul et Virginie, que je ne peux entreprendre qu'à la faveur de quelques souscriptions. J'ai cru ne pouvoir encore les faire appuyer d'une meilleure recommandation qu'en sollicitant celle d'un de mes compatriotes qui porte avec tant d'honneur, en Russie, un nom cher aux hommes de tous les pays qui cultivent les lettres et la vertu. Je pense donc, monsieur l'abbé, que vous voudrez bien faire usage de la vôtre pour mon entre-prise, non-seulement auprès des secrétaires de Leurs Majestés Impériales et de Leurs Majestés elles-mêmes, mais aussi auprès de ceux de vos amis qui, si j'ose le ce dire, sont capables comme moi de vous apprécier, Tous ces hommages étaient assurément pour son coeur la plus flatteuse compensation que pussent lui donner les fatigues inséparables de son institut mais tout ce qui est au monde est marqué du sceau de sa | 52 VIE DE L'ABBE NICOLLE seule lettre suffira elle sera.le témoignage du prix qu'on attachait, à Paris même, à sa recommandation.. Bernardin de Saint - Pierre lui écrivait, le 21 no-vembre 1805 Monsieur l'abbé, un officier russe, de mes amis, m'ayant fait le plaisir d'engager M. votre frère à m'offrir ses bons offices pour Saint-Pétersbourg, j'ai cru ne pouvoir en faire un meilleur usage que de lui remettre deux paquets de lettres, à votre adresse, pour lès deux secrétaires de Leurs Majestés Impériales, aux-@quelles je prends la liberté d'envoyer des prospectus et des lettrés, au sujet d'une belle édition de Paul et Virginie, que je ne peux entreprendre qu'à la faveur de quelques souscriptions. J'ai cru ne pouvoir encore les faire appuyer d'une meilleure recommandation qu'en sollicitant celle d'un de mes compatriotes qui porte avec tant d'honneur, en Russie, un nom cher aux hommes de tous les pays qui cultivent les lettres et la vertu. Je pense donc, monsieur l'abbé, que vous voudrez bien faire usage de la vôtre pour mon entre-@prise, non-seulement auprès des secrétaires de Leurs Majestés Impériales et de Leurs Majestés elles-mêmes, mais aussi auprès de ceux de vos amis qui, si j'ose le ce dire, sont capables comme moi de vous apprécier, Tous ces hommages étaient assurément pour son coeur la plus flatteuse compensation que pussent lui donner les fatigues inséparables de son institut mais tout ce qui est au monde est marqué du sceau de sa | ############################## lettre suffira elle sera le témoignage du prix qu'on attachait, à Paris même, à sa recommandation@. Bernardin de Saint -@Pierre lui écrivait, le 21 no-vembre 1805 Monsieur l'abbé, un officier russe, de mes amis, m'ayant fait le plaisir d'engager M. votre frère à m'offrir ses bons offices pour Saint-Pétersbourg, j'ai cru ne pouvoir en faire un meilleur usage que de lui remettre deux paquets de lettres, à votre adresse, pour les deux secrétaires de Leurs Majestés Impériales, aux- quelles je prends la liberté d'envoyer des prospectus et des lettres, au sujet d'une belle édition de Paul et Virginie, que je ne peux entreprendre qu'à la faveur de quelques souscriptions. J'ai cru ne pouvoir encore les faire appuyer d'une meilleure recommandation qu'en sollicitant celle d'un de mes compatriotes qui porte avec tant d'honneur, en Russie, un nom cher aux hommes de tous les pays qui cultivent les lettres et la vertu. Je pense donc, monsieur l'abbé, que vous voudrez bien faire usage de la vôtre pour mon entre- prise, non-seulement auprès des secrétaires de Leurs Majestés Impériales et de Leurs Majestés elles-mêmes, mais aussi auprès de ceux de vos amis qui, si j'ose le @@@dire, sont capables comme moi de vous apprécier, Tous ces hommages étaient assurément pour son coeur la plus flatteuse compensation que pussent lui donner les fatigues inséparables de son institut mais tout ce qui est au monde est marqué du sceau de sa | 52 VIE DE L'ABBE NICOLLE seule lettre suffira elle sera le témoignage du prix qu'on attachait, à Paris même, à sa recommandation@. Bernardin de Saint -@Pierre lui écrivait, le 21 no-vembre 1805 Monsieur l'abbé, un officier russe, de mes amis, m'ayant fait le plaisir d'engager M. votre frère à m'offrir ses bons offices pour Saint-Pétersbourg, j'ai cru ne pouvoir en faire un meilleur usage que de lui remettre deux paquets de lettres, à votre adresse, pour les deux secrétaires de Leurs Majestés Impériales, aux- quelles je prends la liberté d'envoyer des prospectus et des lettres, au sujet d'une belle édition de Paul et Virginie, que je ne peux entreprendre qu'à la faveur de quelques souscriptions. J'ai cru ne pouvoir encore les faire appuyer d'une meilleure recommandation qu'en sollicitant celle d'un de mes compatriotes qui porte avec tant d'honneur, en Russie, un nom cher aux hommes de tous les pays qui cultivent les lettres et la vertu. Je pense donc, monsieur l'abbé, que vous voudrez bien faire usage de la vôtre pour mon entre- prise, non-seulement auprès des secrétaires de Leurs Majestés Impériales et de Leurs Majestés elles-mêmes, mais aussi auprès de ceux de vos amis qui, si j'ose le @@@dire, sont capables comme moi de vous apprécier, Tous ces hommages étaient assurément pour son coeur la plus flatteuse compensation que pussent lui donner les fatigues inséparables de son institut mais tout ce qui est au monde est marqué du sceau de sa | 52 VIE DE L'ABBE NICOLLE seule lettre suffira elle sera le témoignage du prix qu'on attachait, à Paris même, à sa recommandation. Bernardin de Saint -Pierre lui écrivait, le 21 no-vembre 1805 Monsieur l'abbé, un officier russe, de mes amis, m'ayant fait le plaisir d'engager M. votre frère à m'offrir ses bons offices pour Saint-Pétersbourg, j'ai cru ne pouvoir en faire un meilleur usage que de lui remettre deux paquets de lettres, à votre adresse, pour les deux secrétaires de Leurs Majestés Impériales, aux- quelles je prends la liberté d'envoyer des prospectus et des lettres, au sujet d'une belle édition de Paul et Virginie, que je ne peux entreprendre qu'à la faveur de quelques souscriptions. J'ai cru ne pouvoir encore les faire appuyer d'une meilleure recommandation qu'en sollicitant celle d'un de mes compatriotes qui porte avec tant d'honneur, en Russie, un nom cher aux hommes de tous les pays qui cultivent les lettres et la vertu. Je pense donc, monsieur l'abbé, que vous voudrez bien faire usage de la vôtre pour mon entre- prise, non-seulement auprès des secrétaires de Leurs Majestés Impériales et de Leurs Majestés elles-mêmes, mais aussi auprès de ceux de vos amis qui, si j'ose le dire, sont capables comme moi de vous apprécier, Tous ces hommages étaient assurément pour son coeur la plus flatteuse compensation que pussent lui donner les fatigues inséparables de son institut mais tout ce qui est au monde est marqué du sceau de sa | 10 | 0.006868 | 0.037313 |
229.txt | 1,845 | -3 -dans ces derniers temps, et qu'elle a immorta-lisés en essayant de les anéantir, nous pouvons, sans contredit, placer M. Musart. Les diocèses de Reims et de Châlons comptent encore une multitude de personnes qui l'ont connu et qui ont été témoins de ce qu'il a fait et de ce qu'il a souffert pour la foi 1 . Trente ans écoulés de-puis sa mort n'ont point effacé le souvenir du grand spectacle qu'elle donna parmi nous et l'on se rappelle encore aujourd'hui avec admi-ration et attendrissement ses vertus et la fia bienheureuse dont elles furent couronnées. Nous espérons donc que l'on verra avec plaisir que sa vie soit enfin mise au jour. Nous l'offrons aux fidèles des deux diocèses, qu'elle doit particu-lièrement intéresser, mais plus spécialement en-core aux ecclésiastiques déjà initiés au saint ministère et aux jeunes gens qui s'y destinent dans les collèges et dans les séminaires. Tous, jusqu'à l'enfance elle-même, y trouveront un sujet ■'édification et un modèle de conduite en considérant M. Musart, soit dans l'innocence du premier âge et dans sa fidélité à corres-pondre à la grâce de sa vocation, soit dans l'exercice des fonctions pastorales et dans son inébranlable fermeté à repousser des serments 1 Ceci s'écrivait en 1827. | -3 -dans ces derniers temps, et qu'elle a immorta-lisés en essayant de les anéantir, nous pouvons, sans contredit, placer M. Musart. Les diocèses de Reims et de Châlons comptent encore une multitude de personnes qui l'ont connu et qui ont été témoins de ce qu'il a fait et de ce qu'il a souffert pour la foi 1 . Trente ans écoulés de-puis sa mort n'ont point effacé le souvenir du grand spectacle qu'elle donna parmi nous et l'on se rappelle encore aujourd'hui avec admi-ration et attendrissement ses vertus et la fia bienheureuse dont elles furent couronnées. Nous espérons donc que l'on verra avec plaisir que sa vie soit enfin mise au jour. Nous l'offrons aux fidèles des deux diocèses, qu'elle doit particu-lièrement intéresser, mais plus spécialement en-core aux ecclésiastiques déjà initiés au saint ministère et aux jeunes gens qui s'y destinent dans les collèges et dans les séminaires. Tous, jusqu'à l'enfance elle-même, y trouveront un sujet ■'édification et un modèle de conduite en considérant M. Musart, soit dans l'innocence du premier âge et dans sa fidélité à corres-pondre à la grâce de sa vocation, soit dans l'exercice des fonctions pastorales et dans son inébranlable fermeté à repousser des serments @@@@@1 Ceci s'écrivait en 1827. | ######## ces derniers temps, et qu'elle a immorta-lisés en essayant de les anéantir, nous pouvons, sans contredit, placer M. Musart. Les diocèses de Reims et de Châlons comptent encore une multitude de personnes qui l'ont connu et qui ont été témoins de ce qu'il a fait et de ce qu'il a souffert pour la foi 1 . Trente ans écoulés de-puis sa mort n'ont point effacé le souvenir du grand spectacle qu'elle donna parmi nous et l'on se rappelle encore aujourd'hui avec admi-ration et attendrissement ses vertus et la fin bienheureuse dont elles furent couronnées. Nous espérons donc que l'on verra avec plaisir que sa vie soit enfin mise au jour. Nous l'offrons aux fidèles des deux diocèses, qu'elle doit particu-lièrement intéresser, mais plus spécialement en-core aux ecclésiastiques déjà initiés au saint ministère et aux jeunes gens qui s'y destinent dans les collèges et dans les séminaires. Tous, jusqu'à l'enfance elle-même, y trouveront un sujet d'édification et un modèle de conduite en considérant M. Musart, soit dans l'innocence du premier âge et dans sa fidélité à corres-pondre à la grâce de sa vocation, soit dans l'exercice des fonctions pastorales et dans son inébranlable fermeté à repousser des serments -3 - 1 Ceci s'écrivait en 1827. | -3 -dans ces derniers temps, et qu'elle a immorta-lisés en essayant de les anéantir, nous pouvons, sans contredit, placer M. Musart. Les diocèses de Reims et de Châlons comptent encore une multitude de personnes qui l'ont connu et qui ont été témoins de ce qu'il a fait et de ce qu'il a souffert pour la foi 1 . Trente ans écoulés de-puis sa mort n'ont point effacé le souvenir du grand spectacle qu'elle donna parmi nous et l'on se rappelle encore aujourd'hui avec admi-ration et attendrissement ses vertus et la fin bienheureuse dont elles furent couronnées. Nous espérons donc que l'on verra avec plaisir que sa vie soit enfin mise au jour. Nous l'offrons aux fidèles des deux diocèses, qu'elle doit particu-lièrement intéresser, mais plus spécialement en-core aux ecclésiastiques déjà initiés au saint ministère et aux jeunes gens qui s'y destinent dans les collèges et dans les séminaires. Tous, jusqu'à l'enfance elle-même, y trouveront un sujet d'édification et un modèle de conduite en considérant M. Musart, soit dans l'innocence du premier âge et dans sa fidélité à corres-pondre à la grâce de sa vocation, soit dans l'exercice des fonctions pastorales et dans son inébranlable fermeté à repousser des serments -3 - 1 Ceci s'écrivait en 1827. | -3 -dans ces derniers temps, et qu'elle a immorta-lisés en essayant de les anéantir, nous pouvons, sans contredit, placer M. Musart. Les diocèses de Reims et de Châlons comptent encore une multitude de personnes qui l'ont connu et qui ont été témoins de ce qu'il a fait et de ce qu'il a souffert pour la foi 1 . Trente ans écoulés de-puis sa mort n'ont point effacé le souvenir du grand spectacle qu'elle donna parmi nous et l'on se rappelle encore aujourd'hui avec admi-ration et attendrissement ses vertus et la fin bienheureuse dont elles furent couronnées. Nous espérons donc que l'on verra avec plaisir que sa vie soit enfin mise au jour. Nous l'offrons aux fidèles des deux diocèses, qu'elle doit particu-lièrement intéresser, mais plus spécialement en-core aux ecclésiastiques déjà initiés au saint ministère et aux jeunes gens qui s'y destinent dans les collèges et dans les séminaires. Tous, jusqu'à l'enfance elle-même, y trouveront un sujet d'édification et un modèle de conduite en considérant M. Musart, soit dans l'innocence du premier âge et dans sa fidélité à corres-pondre à la grâce de sa vocation, soit dans l'exercice des fonctions pastorales et dans son inébranlable fermeté à repousser des serments -3 - 1 Ceci s'écrivait en 1827. | 7 | 0.005591 | 0.031111 |
942.txt | 1,858 | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 263 sur son fauteuil comme si elle eût voulu se porter à mon sepours. Cette tutelle causait à Melchior up dépit dont il ne se défendait pas, et plus d'une fois, à voix basse, il s'çfforça de m'engager dans des plans de révolte.-Suivez-vous qu'elle devient ennuyeuse, la vieille femme! me disait-il. - Ne parlez pas ainsi, ou je vous copgédie, lui répondais-je. - A la bpnne heure, ajoutait-il mais si ses yeux étaient des pis-tolets, je serais criblé comme une cible. Quelle que fût ma faiblesse, jamais je ne transigeai sur ce Wint jamais je ne souffris1 sans le relever, un propos désobligeant pour ma grand'mère. C'est qu'elle était seule - l'honneur de la maison, c'est que, infirme, mourante, un pied dans la tombe, elle pépétrait dans s projets de cet homme, lisait dans son pceur et yoyait ma perte écrite sur son front c'est qu'au moment de me quitter, elle avait une illumination d'en haut et une sorte de révélation dé ma destinée. Melchior était pour elle un ennemi et si sa force eût été à la hauteur de sa volonté, elle l'eût chassé de la maison qu écrsé sous ses pieds comme une bête impure, Pauvre grapd'mère 1 que n'ai-je compris alors d'où venaient ses répugnances et com-bien elles étaient fondées 1 Je n'y vis d'abord qq'un effet de sa maladie et un caprice d'infirme, et quand je jugeai mieux les choses, il était, hélas 1 trop tard. Cependant cette aversion incurable de l'aïeule, cette opiniâtreté p, assister à nos entrevues eurent pour résultat de contenir Melchior et d'empêcher qu'il n'abusât de mon inexpé-rience. Il le sentait et redoublait do ruses et d'efforts. Il voyait bien que, restée seule, je serais à sa merci et incapable de pie défendre. Aussi que de petits manéges pour m'entraîner à des rendez-vous loin de la maison que de plaintes sur la gène à laquelle nous étions assujettis 1 Il avait tant à me dire, la4t de projets à me communiquer il devait me faire des cOllfidence si intéressantes ! Je résistai par instinct, et ne voulus me prêter à rien. Qu'il vint au logis Dl s'expliquât devant la grand'mère, voilà où j'en revenais sans en dé-mordre. S'il n'avait à me dire que des choses que je pusse entendre, la grand'mère n'était pas de trop, et d'ailleurs, avec son infirmité, elle était peu embarrassante. Que si, au con-traire, il avait à tenir un langage dont je dusse rougir, c'était | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 263 sur son fauteuil comme si elle eût voulu se porter à mon sepours. Cette tutelle causait à Melchior up dépit dont il ne se défendait pas, et plus d'une fois, à voix basse, il s'çfforça de m'engager dans des plans de révolte.@-Suivez-vous qu'elle devient ennuyeuse, la vieille femme@! me disait-il. - Ne parlez pas ainsi, ou je vous copgédie, lui répondais-je. - A la bpnne heure, ajoutait-il mais si ses yeux étaient des pis-tolets, je serais criblé comme une cible. Quelle que fût ma faiblesse, jamais je ne transigeai sur ce @Wint jamais je ne souffris1 sans le relever, un propos désobligeant pour ma grand'mère. C'est qu'elle était seule - l'honneur de la maison, c'est que, infirme, mourante, un pied dans la tombe, elle pépétrait dans @@s projets de cet homme, lisait dans son pceur et yoyait ma perte écrite sur son front c'est qu'au moment de me quitter, elle avait une illumination d'en haut et une sorte de révélation dé ma destinée. Melchior était pour elle un ennemi@ et si sa force eût été à la hauteur de sa volonté, elle l'eût chassé de la maison qu écr@sé sous ses pieds comme une bête impure, Pauvre grapd'mère 1 que n'ai-je compris alors d'où venaient ses répugnances et com-bien elles étaient fondées 1 Je n'y vis d'abord qq'un effet de sa maladie et un caprice d'infirme, et quand je jugeai mieux les choses, il était, hélas 1 trop tard. Cependant cette aversion incurable de l'aïeule, cette opiniâtreté p, assister à nos entrevues eurent pour résultat de contenir Melchior et d'empêcher qu'il n'abusât de mon inexpé-rience. Il le sentait et redoublait do ruses et d'efforts. Il voyait bien que, restée seule, je serais à sa merci et incapable de pie défendre. Aussi que de petits manéges pour m'entraîner à des rendez-vous loin de la maison que de plaintes sur la gène à laquelle nous étions assujettis 1 Il avait tant à me dire, la4t de projets à me communiquer il devait me faire des cOllfidence@ si intéressantes ! Je résistai@ par instinct, et ne voulus me prêter à rien. Qu'il vint au logis Dl s'expliquât devant la grand'mère, voilà où j'en revenais sans en dé-mordre. S'il n'avait à me dire que des choses que je pusse entendre, la grand'mère n'était pas de trop, et d'ailleurs, avec son infirmité, elle était peu embarrassante. Que si, au con-traire, il avait à tenir un langage dont je dusse rougir, c'était | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 263 sur son fauteuil comme si elle eût voulu se porter à mon secours. Cette tutelle causait à Melchior un dépit dont il ne se défendait pas, et plus d'une fois, à voix basse, il s'efforça de m'engager dans des plans de révolte. -S@avez-vous qu'elle devient ennuyeuse, la vieille femme ! me disait-il. -@Ne parlez pas ainsi, ou je vous congédie, lui répondais-je. -@A la bonne heure, ajoutait-il mais si ses yeux étaient des pis-tolets, je serais criblé comme une cible. Quelle que fût ma faiblesse, jamais je ne transigeai sur ce point jamais je ne souffris, sans le relever, un propos désobligeant pour ma grand'mère. C'est qu'elle était seule @@l'honneur de la maison, c'est que, infirme, mourante, un pied dans la tombe, elle pénétrait dans les projets de cet homme, lisait dans son coeur et voyait ma perte écrite sur son front c'est qu'au moment de me quitter, elle avait une illumination d'en haut et une sorte de révélation de ma destinée. Melchior était pour elle un ennemi, et si sa force eût été à la hauteur de sa volonté, elle l'eût chassé de la maison ou écrasé sous ses pieds comme une bête impure. Pauvre grand'mère ! que n'ai-je compris alors d'où venaient ses répugnances et com-bien elles étaient fondées ! Je n'y vis d'abord qu'un effet de sa maladie et un caprice d'infirme, et quand je jugeai mieux les choses, il était, hélas ! trop tard. Cependant cette aversion incurable de l'aïeule, cette opiniâtreté @à assister à nos entrevues eurent pour résultat de contenir Melchior et d'empêcher qu'il n'abusât de mon inexpé-rience. Il le sentait et redoublait de ruses et d'efforts. Il voyait bien que, restée seule, je serais à sa merci et incapable de @me défendre. Aussi que de petits manéges pour m'entraîner à des rendez-vous loin de la maison que de plaintes sur la gêne à laquelle nous étions assujettis ! Il avait tant à me dire, tant de projets à me communiquer il devait me faire des co@nfidences si intéressantes ! Je résistait par instinct, et ne voulus me prêter à rien. Qu'il vînt au logis et s'expliquât devant la grand'mère, voilà où j'en revenais sans en dé-mordre. S'il n'avait à me dire que des choses que je pusse entendre, la grand'mère n'était pas de trop, et d'ailleurs, avec son infirmité, elle était peu embarrassante. Que si, au con-traire, il avait à tenir un langage dont je dusse rougir, c'était | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 263 sur son fauteuil comme si elle eût voulu se porter à mon secours. Cette tutelle causait à Melchior un dépit dont il ne se défendait pas, et plus d'une fois, à voix basse, il s'efforça de m'engager dans des plans de révolte. -S@avez-vous qu'elle devient ennuyeuse, la vieille femme ! me disait-il. -@Ne parlez pas ainsi, ou je vous congédie, lui répondais-je. -@A la bonne heure, ajoutait-il mais si ses yeux étaient des pis-tolets, je serais criblé comme une cible. Quelle que fût ma faiblesse, jamais je ne transigeai sur ce point jamais je ne souffris, sans le relever, un propos désobligeant pour ma grand'mère. C'est qu'elle était seule @@l'honneur de la maison, c'est que, infirme, mourante, un pied dans la tombe, elle pénétrait dans les projets de cet homme, lisait dans son coeur et voyait ma perte écrite sur son front c'est qu'au moment de me quitter, elle avait une illumination d'en haut et une sorte de révélation de ma destinée. Melchior était pour elle un ennemi, et si sa force eût été à la hauteur de sa volonté, elle l'eût chassé de la maison ou écrasé sous ses pieds comme une bête impure. Pauvre grand'mère ! que n'ai-je compris alors d'où venaient ses répugnances et com-bien elles étaient fondées ! Je n'y vis d'abord qu'un effet de sa maladie et un caprice d'infirme, et quand je jugeai mieux les choses, il était, hélas ! trop tard. Cependant cette aversion incurable de l'aïeule, cette opiniâtreté @à assister à nos entrevues eurent pour résultat de contenir Melchior et d'empêcher qu'il n'abusât de mon inexpé-rience. Il le sentait et redoublait de ruses et d'efforts. Il voyait bien que, restée seule, je serais à sa merci et incapable de @me défendre. Aussi que de petits manéges pour m'entraîner à des rendez-vous loin de la maison que de plaintes sur la gêne à laquelle nous étions assujettis ! Il avait tant à me dire, tant de projets à me communiquer il devait me faire des co@nfidences si intéressantes ! Je résistait par instinct, et ne voulus me prêter à rien. Qu'il vînt au logis et s'expliquât devant la grand'mère, voilà où j'en revenais sans en dé-mordre. S'il n'avait à me dire que des choses que je pusse entendre, la grand'mère n'était pas de trop, et d'ailleurs, avec son infirmité, elle était peu embarrassante. Que si, au con-traire, il avait à tenir un langage dont je dusse rougir, c'était | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 263 sur son fauteuil comme si elle eût voulu se porter à mon secours. Cette tutelle causait à Melchior un dépit dont il ne se défendait pas, et plus d'une fois, à voix basse, il s'efforça de m'engager dans des plans de révolte. -Savez-vous qu'elle devient ennuyeuse, la vieille femme ! me disait-il. -Ne parlez pas ainsi, ou je vous congédie, lui répondais-je. -A la bonne heure, ajoutait-il mais si ses yeux étaient des pis-tolets, je serais criblé comme une cible. Quelle que fût ma faiblesse, jamais je ne transigeai sur ce point jamais je ne souffris, sans le relever, un propos désobligeant pour ma grand'mère. C'est qu'elle était seule l'honneur de la maison, c'est que, infirme, mourante, un pied dans la tombe, elle pénétrait dans les projets de cet homme, lisait dans son coeur et voyait ma perte écrite sur son front c'est qu'au moment de me quitter, elle avait une illumination d'en haut et une sorte de révélation de ma destinée. Melchior était pour elle un ennemi, et si sa force eût été à la hauteur de sa volonté, elle l'eût chassé de la maison ou écrasé sous ses pieds comme une bête impure. Pauvre grand'mère ! que n'ai-je compris alors d'où venaient ses répugnances et com-bien elles étaient fondées ! Je n'y vis d'abord qu'un effet de sa maladie et un caprice d'infirme, et quand je jugeai mieux les choses, il était, hélas ! trop tard. Cependant cette aversion incurable de l'aïeule, cette opiniâtreté à assister à nos entrevues eurent pour résultat de contenir Melchior et d'empêcher qu'il n'abusât de mon inexpé-rience. Il le sentait et redoublait de ruses et d'efforts. Il voyait bien que, restée seule, je serais à sa merci et incapable de me défendre. Aussi que de petits manéges pour m'entraîner à des rendez-vous loin de la maison que de plaintes sur la gêne à laquelle nous étions assujettis ! Il avait tant à me dire, tant de projets à me communiquer il devait me faire des confidences si intéressantes ! Je résistait par instinct, et ne voulus me prêter à rien. Qu'il vînt au logis et s'expliquât devant la grand'mère, voilà où j'en revenais sans en dé-mordre. S'il n'avait à me dire que des choses que je pusse entendre, la grand'mère n'était pas de trop, et d'ailleurs, avec son infirmité, elle était peu embarrassante. Que si, au con-traire, il avait à tenir un langage dont je dusse rougir, c'était | 49 | 0.020719 | 0.111349 |
956.txt | 1,858 | 282 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. déclarait parfois chez elle d'invincibles dégoûts, et, si elle y avait résisté, c'était pour ne pas quitter la première le champ de bataille. Il est des êtres destinés à mourir jeunes, et qui en portent le signe sur le front Marguerite était de ce nombre. Elle allait vers la mort comme on va vers le re-pos après une journée de fatigues. Elle était lasse de souf-frir et trouvait naturel d'en finir avec la souffrance. À quoi aurait-elle pu se rattacher? Plus de famille, plus une âme au monde pour la plaindre et la consoler. Tous ses souvenirs étaient navrants, toutes ses espérances éteintes. Quand elle s'interrogeait, le désespoir seul lui répondait quand elle je-tait les yeux autour d'elle, elle n'apercevait que le vide. Que de motifs et que d'excuses pour se réfugier dans l'oubli ! Ce qui lui manquait le moins, c'était le courage elle en montra jusqu'au bout. Le peu de minutes qui lui restaient, elle les employa à mettre tout en ordre dans son logement elle voulut que Ludovic le retrouvât tel qu'il l'avait toujours vu, aussi propre, aussi décent, aussi minutieusement rangé. Déjà elle avait fait justice de ce qui rappelait sa faute et ses écarts ce que Melchior n'avait pas emporté elle l'avait dé-truit poqr qu'il n'y eût plus de vestige de son funeste pas-sage. Il lui avait fait, durant leur courte liaison, quelques-uns de ces cadeaux qui tirent leur prix de la main qui les offre elle les avait anéantis. Bijoux, vêtements, objets de toilette, tout ce qui lui venait de là avait pour elle un sens odieux c'était la livrée du déshonneur. En revanche, elle avait, par un sentiment délicat, remis en leur place tous les objets qui étaient familiers à Ludovic sur sa cheminée, de petits vases bleus garnis des fleurs qu'il aimait en face du lit, le portrait de sa grand'mère, un mo-ment exilé sur sa table, quelques livres donnés en étrennes, et la thèse de l'avocat avec une dédicace empreinte d'un amour respectueux. Rien ne manquait à cet arrangement, ni le buis près du bénitier, ni l'image du Christ dans le fond de l'alcôve. C'était la chambre des beaux jours, la chambre virginale, restaurée, renouvelée, affranchie de tout souffle impur. On a vu comment Marguerite disposait de ce mobilier et de tout ce qui lui avait appartenu. C'est Ludovic qui devait tout recueillir. Cependant la jeune fille en avait excepté quelques bjets sur lesquels elle avait fixé une étiquette pour mar- | 282 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. déclarait parfois chez elle d'invincibles dégoûts, et, si elle y avait résisté, c'était pour ne pas quitter la première le champ de bataille. Il est des êtres destinés à mourir jeunes, et qui en portent le signe sur le front Marguerite était de ce nombre. Elle allait vers la mort comme on va vers le re-pos après une journée de fatigues. Elle était lasse de souf-frir et trouvait naturel d'en finir avec la souffrance. À quoi aurait-elle pu se rattacher@? Plus de famille, plus une âme au monde pour la plaindre et la consoler. Tous ses souvenirs étaient navrants, toutes ses espérances éteintes. Quand elle s'interrogeait, le désespoir seul lui répondait quand elle je-tait les yeux autour d'elle, elle n'apercevait que le vide. Que de motifs et que d'excuses pour se réfugier dans l'oubli ! Ce qui lui manquait le moins, c'était le courage elle en montra jusqu'au bout. Le peu de minutes qui lui restaient, elle les employa à mettre tout en ordre dans son logement elle voulut que Ludovic le retrouvât tel qu'il l'avait toujours vu, aussi propre, aussi décent, aussi minutieusement rangé. Déjà elle avait fait justice de ce qui rappelait sa faute et ses écarts ce que Melchior n'avait pas emporté elle l'avait dé-truit poqr qu'il n'y eût plus de vestige de son funeste pas-sage. Il lui avait fait, durant leur courte liaison, quelques-uns de ces cadeaux qui tirent leur prix de la main qui les offre elle les avait anéantis. Bijoux, vêtements, objets de toilette, tout ce qui lui venait de là avait pour elle un sens odieux c'était la livrée du déshonneur. En revanche, elle avait, par un sentiment délicat, remis en leur place tous les objets qui étaient familiers à Ludovic sur sa cheminée, de petits vases bleus garnis des fleurs qu'il aimait en face du lit, le portrait de sa grand'mère, un mo-ment exilé sur sa table, quelques livres donnés en étrennes, et la thèse de l'avocat avec une dédicace empreinte d'un amour respectueux. Rien ne manquait à cet arrangement, ni le buis près du bénitier, ni l'image du Christ dans le fond de l'alcôve. C'était la chambre des beaux jours, la chambre virginale, restaurée, renouvelée, affranchie de tout souffle impur. On a vu comment Marguerite disposait de ce mobilier et de tout ce qui lui avait appartenu. C'est Ludovic qui devait tout recueillir. Cependant la jeune fille en avait excepté quelques bjets sur lesquels elle avait fixé une étiquette pour mar- | 282 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. déclarait parfois chez elle d'invincibles dégoûts, et, si elle y avait résisté, c'était pour ne pas quitter la première le champ de bataille. Il est des êtres destinés à mourir jeunes, et qui en portent le signe sur le front Marguerite était de ce nombre. Elle allait vers la mort comme on va vers le re-pos après une journée de fatigues. Elle était lasse de souf-frir et trouvait naturel d'en finir avec la souffrance. A quoi aurait-elle pu se rattacher ? Plus de famille, plus une âme au monde pour la plaindre et la consoler. Tous ses souvenirs étaient navrants, toutes ses espérances éteintes. Quand elle s'interrogeait, le désespoir seul lui répondait quand elle je-tait les yeux autour d'elle, elle n'apercevait que le vide. Que de motifs et que d'excuses pour se réfugier dans l'oubli ! Ce qui lui manquait le moins, c'était le courage elle en montra jusqu'au bout. Le peu de minutes qui lui restaient, elle les employa à mettre tout en ordre dans son logement elle voulut que Ludovic le retrouvât tel qu'il l'avait toujours vu, aussi propre, aussi décent, aussi minutieusement rangé. Déjà elle avait fait justice de ce qui rappelait sa faute et ses écarts ce que Melchior n'avait pas emporté elle l'avait dé-truit pour qu'il n'y eût plus de vestige de son funeste pas-sage. Il lui avait fait, durant leur courte liaison, quelques-uns de ces cadeaux qui tirent leur prix de la main qui les offre elle les avait anéantis. Bijoux, vêtements, objets de toilette, tout ce qui lui venait de là avait pour elle un sens odieux c'était la livrée du déshonneur. En revanche, elle avait, par un sentiment délicat, remis en leur place tous les objets qui étaient familiers à Ludovic sur sa cheminée, de petits vases bleus garnis des fleurs qu'il aimait en face du lit, le portrait de sa grand'mère, un mo-ment exilé sur sa table, quelques livres donnés en étrennes, et la thèse de l'avocat avec une dédicace empreinte d'un amour respectueux. Rien ne manquait à cet arrangement, ni le buis près du bénitier, ni l'image du Christ dans le fond de l'alcôve. C'était la chambre des beaux jours, la chambre virginale, restaurée, renouvelée, affranchie de tout souffle impur. On a vu comment Marguerite disposait de ce mobilier et de tout ce qui lui avait appartenu. C'est Ludovic qui devait tout recueillir. Cependant la jeune fille en avait excepté quelques bjets sur lesquels elle avait fixé une étiquette pour mar- | 282 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. déclarait parfois chez elle d'invincibles dégoûts, et, si elle y avait résisté, c'était pour ne pas quitter la première le champ de bataille. Il est des êtres destinés à mourir jeunes, et qui en portent le signe sur le front Marguerite était de ce nombre. Elle allait vers la mort comme on va vers le re-pos après une journée de fatigues. Elle était lasse de souf-frir et trouvait naturel d'en finir avec la souffrance. A quoi aurait-elle pu se rattacher ? Plus de famille, plus une âme au monde pour la plaindre et la consoler. Tous ses souvenirs étaient navrants, toutes ses espérances éteintes. Quand elle s'interrogeait, le désespoir seul lui répondait quand elle je-tait les yeux autour d'elle, elle n'apercevait que le vide. Que de motifs et que d'excuses pour se réfugier dans l'oubli ! Ce qui lui manquait le moins, c'était le courage elle en montra jusqu'au bout. Le peu de minutes qui lui restaient, elle les employa à mettre tout en ordre dans son logement elle voulut que Ludovic le retrouvât tel qu'il l'avait toujours vu, aussi propre, aussi décent, aussi minutieusement rangé. Déjà elle avait fait justice de ce qui rappelait sa faute et ses écarts ce que Melchior n'avait pas emporté elle l'avait dé-truit pour qu'il n'y eût plus de vestige de son funeste pas-sage. Il lui avait fait, durant leur courte liaison, quelques-uns de ces cadeaux qui tirent leur prix de la main qui les offre elle les avait anéantis. Bijoux, vêtements, objets de toilette, tout ce qui lui venait de là avait pour elle un sens odieux c'était la livrée du déshonneur. En revanche, elle avait, par un sentiment délicat, remis en leur place tous les objets qui étaient familiers à Ludovic sur sa cheminée, de petits vases bleus garnis des fleurs qu'il aimait en face du lit, le portrait de sa grand'mère, un mo-ment exilé sur sa table, quelques livres donnés en étrennes, et la thèse de l'avocat avec une dédicace empreinte d'un amour respectueux. Rien ne manquait à cet arrangement, ni le buis près du bénitier, ni l'image du Christ dans le fond de l'alcôve. C'était la chambre des beaux jours, la chambre virginale, restaurée, renouvelée, affranchie de tout souffle impur. On a vu comment Marguerite disposait de ce mobilier et de tout ce qui lui avait appartenu. C'est Ludovic qui devait tout recueillir. Cependant la jeune fille en avait excepté quelques bjets sur lesquels elle avait fixé une étiquette pour mar- | 282 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. déclarait parfois chez elle d'invincibles dégoûts, et, si elle y avait résisté, c'était pour ne pas quitter la première le champ de bataille. Il est des êtres destinés à mourir jeunes, et qui en portent le signe sur le front Marguerite était de ce nombre. Elle allait vers la mort comme on va vers le re-pos après une journée de fatigues. Elle était lasse de souf-frir et trouvait naturel d'en finir avec la souffrance. A quoi aurait-elle pu se rattacher ? Plus de famille, plus une âme au monde pour la plaindre et la consoler. Tous ses souvenirs étaient navrants, toutes ses espérances éteintes. Quand elle s'interrogeait, le désespoir seul lui répondait quand elle je-tait les yeux autour d'elle, elle n'apercevait que le vide. Que de motifs et que d'excuses pour se réfugier dans l'oubli ! Ce qui lui manquait le moins, c'était le courage elle en montra jusqu'au bout. Le peu de minutes qui lui restaient, elle les employa à mettre tout en ordre dans son logement elle voulut que Ludovic le retrouvât tel qu'il l'avait toujours vu, aussi propre, aussi décent, aussi minutieusement rangé. Déjà elle avait fait justice de ce qui rappelait sa faute et ses écarts ce que Melchior n'avait pas emporté elle l'avait dé-truit pour qu'il n'y eût plus de vestige de son funeste pas-sage. Il lui avait fait, durant leur courte liaison, quelques-uns de ces cadeaux qui tirent leur prix de la main qui les offre elle les avait anéantis. Bijoux, vêtements, objets de toilette, tout ce qui lui venait de là avait pour elle un sens odieux c'était la livrée du déshonneur. En revanche, elle avait, par un sentiment délicat, remis en leur place tous les objets qui étaient familiers à Ludovic sur sa cheminée, de petits vases bleus garnis des fleurs qu'il aimait en face du lit, le portrait de sa grand'mère, un mo-ment exilé sur sa table, quelques livres donnés en étrennes, et la thèse de l'avocat avec une dédicace empreinte d'un amour respectueux. Rien ne manquait à cet arrangement, ni le buis près du bénitier, ni l'image du Christ dans le fond de l'alcôve. C'était la chambre des beaux jours, la chambre virginale, restaurée, renouvelée, affranchie de tout souffle impur. On a vu comment Marguerite disposait de ce mobilier et de tout ce qui lui avait appartenu. C'est Ludovic qui devait tout recueillir. Cependant la jeune fille en avait excepté quelques bjets sur lesquels elle avait fixé une étiquette pour mar- | 3 | 0.001227 | 0.004246 |
765.txt | 1,858 | 56 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. maintenir. Ces échecs, au lieu de l'abattre, allumèrent dans son coeur une colère qui ne savait comment s'exhaler il ne se possédait plus et adressait d'impérieux défis à la vague. En-tin, quand, pour la quatrième fois, il se sentif porté du côté du bassin intérieur, au lieu d'attendre le retour du flot et de s'exposer à une nouvelle déconvenue, il plongea et alla se cramponner au fond de la mer, sur la roche même puis, par un mouvement oblique, il regagna la surface. Son calcul ne fut point trompé il avait dépassé l'arête de l'écueil, et se trouvait dans des parages plus tranquilles. Une fois dégagé, son premier coup d'oeil se porta vers Clémence. Il l'aperçut encore, mais comme une vision, comme une ombre c'était la minute suprême, le moment fatal, sa main venait d'abandonner le rocher où, un instant, elle avait trouvé un appui elle flottait comme une masse inerte et disparut bientôt après avoir poussé un dernier cri, un cri de plainte et de regret, un adieu désespéré à la vie. Gaston assistait à ce spectacle comme un homme en proie à un mauvais rêve reperdu, hors de lui, il ne nagea plus, il bondit sur l'eau. - Que je la sauve, s'écria-t-il, ou que j'aille la.rejoindre ! -Le hasard avait voulu que le théâtre de la catastrophe fût parfaitement déterminé le jeune homme n'eut donc point à hésiter dans ses recherches. Le rocher que la marée laissait à découvert lui servait de jalon et de but c'était à sa base même qu'il avait vu la victime se débattre, rouler et s'en-gloutir. C'est vers ce rocher qu'il se dirigea d'une main ferme. Tous ces courants intérieurs, qui étaient un obstacle pour une femme, n'étaient rien pour lui, qui en avait af-fronté de bien autrement redoutables il les traversa sans -peine et comme en se jouant jamais ses muscles n'avaient eu un tel ressort, ni ses bras une vigueur plus grande. Par-venu au but, il interrogea de l'oeil les profondeurs du bassin. L'eau était d'une limpidité extrême, et-, à quelques pieds de lui, il aperçut d'une manière très-distincte le corps de la jeune femme étendu sur une couche d'algues marines comme sur un lit de repos. On eût dit la fiancée des ondes dormant sur sa couche nuptiale, ou une Amphitrite bercée par les vagues dans son palais transparent. | 56 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. maintenir. Ces échecs, au lieu de l'abattre, allumèrent dans son coeur une colère qui ne savait comment s'exhaler il ne se possédait plus et adressait d'impérieux défis à la vague. En-tin, quand, pour la quatrième fois, il se sentif porté du côté du bassin intérieur, au lieu d'attendre le retour du flot et de s'exposer à une nouvelle déconvenue, il plongea et alla se cramponner au fond de la mer, sur la roche même puis, par un mouvement oblique, il regagna la surface. Son calcul ne fut point trompé il avait dépassé l'arête de l'écueil, et se trouvait dans des parages plus tranquilles. Une fois dégagé, son premier coup d'oeil se porta vers Clémence. Il l'aperçut encore, mais comme une vision, comme une ombre c'était la minute suprême, le moment fatal, sa main venait d'abandonner le rocher où, un instant, elle avait trouvé un appui elle flottait comme une masse inerte et disparut bientôt après avoir poussé un dernier cri, un cri de plainte et de regret, un adieu désespéré à la vie. Gaston assistait à ce spectacle comme un homme en proie à un mauvais rêve reperdu, hors de lui, il ne nagea plus, il bondit sur l'eau. - Que je la sauve, s'écria-t-il, ou que j'aille la.rejoindre ! -Le hasard avait voulu que le théâtre de la catastrophe fût parfaitement déterminé le jeune homme n'eut donc point à hésiter dans ses recherches. Le rocher que la marée laissait à découvert lui servait de jalon et de but c'était à sa base même qu'il avait vu la victime se débattre, rouler et s'en-gloutir. C'est vers ce rocher qu'il se dirigea d'une main ferme. Tous ces courants intérieurs, qui étaient un obstacle pour une femme, n'étaient rien pour lui, qui en avait af-fronté de bien autrement redoutables il les traversa sans -peine et comme en se jouant jamais ses muscles n'avaient eu un tel ressort, ni ses bras une vigueur plus grande. Par-venu au but, il interrogea de l'oeil les profondeurs du bassin. L'eau était d'une limpidité extrême, et-, à quelques pieds de lui, il aperçut d'une manière très-distincte le corps de la jeune femme étendu sur une couche d'algues marines comme sur un lit de repos. On eût dit la fiancée des ondes dormant sur sa couche nuptiale, ou une Amphitrite bercée par les vagues dans son palais transparent. | 56 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. maintenir. Ces échecs, au lieu de l'abattre, allumèrent dans son coeur une colère qui ne savait comment s'exhaler il ne se possédait plus et adressait d'impérieux défis à la vague. En-fin, quand, pour la quatrième fois, il se sentit porté du côté du bassin intérieur, au lieu d'attendre le retour du flot et de s'exposer à une nouvelle déconvenue, il plongea et alla se cramponner au fond de la mer, sur la roche même puis, par un mouvement oblique, il regagna la surface. Son calcul ne fut point trompé il avait dépassé l'arête de l'écueil, et se trouvait dans des parages plus tranquilles. Une fois dégagé, son premier coup d'oeil se porta vers Clémence. Il l'aperçut encore, mais comme une vision, comme une ombre c'était la minute suprême, le moment fatal, sa main venait d'abandonner le rocher où, un instant, elle avait trouvé un appui elle flottait comme une masse inerte et disparut bientôt après avoir poussé un dernier cri, un cri de plainte et de regret, un adieu désespéré à la vie. Gaston assistait à ce spectacle comme un homme en proie à un mauvais rêve @éperdu, hors de lui, il ne nagea plus, il bondit sur l'eau. -@Que je la sauve, s'écria-t-il, ou que j'aille la rejoindre ! @Le hasard avait voulu que le théâtre de la catastrophe fût parfaitement déterminé le jeune homme n'eut donc point à hésiter dans ses recherches. Le rocher que la marée laissait à découvert lui servait de jalon et de but c'était à sa base même qu'il avait vu la victime se débattre, rouler et s'en-gloutir. C'est vers ce rocher qu'il se dirigea d'une main ferme. Tous ces courants intérieurs, qui étaient un obstacle pour une femme, n'étaient rien pour lui, qui en avait af-fronté de bien autrement redoutables il les traversa sans @peine et comme en se jouant jamais ses muscles n'avaient eu un tel ressort, ni ses bras une vigueur plus grande. Par-venu au but, il interrogea de l'oeil les profondeurs du bassin. L'eau était d'une limpidité extrême, et@, à quelques pieds de lui, il aperçut d'une manière très-distincte le corps de la jeune femme étendu sur une couche d'algues marines comme sur un lit de repos. On eût dit la fiancée des ondes dormant sur sa couche nuptiale, ou une Amphitrite bercée par les vagues dans son palais transparent. | 56 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. maintenir. Ces échecs, au lieu de l'abattre, allumèrent dans son coeur une colère qui ne savait comment s'exhaler il ne se possédait plus et adressait d'impérieux défis à la vague. En-fin, quand, pour la quatrième fois, il se sentit porté du côté du bassin intérieur, au lieu d'attendre le retour du flot et de s'exposer à une nouvelle déconvenue, il plongea et alla se cramponner au fond de la mer, sur la roche même puis, par un mouvement oblique, il regagna la surface. Son calcul ne fut point trompé il avait dépassé l'arête de l'écueil, et se trouvait dans des parages plus tranquilles. Une fois dégagé, son premier coup d'oeil se porta vers Clémence. Il l'aperçut encore, mais comme une vision, comme une ombre c'était la minute suprême, le moment fatal, sa main venait d'abandonner le rocher où, un instant, elle avait trouvé un appui elle flottait comme une masse inerte et disparut bientôt après avoir poussé un dernier cri, un cri de plainte et de regret, un adieu désespéré à la vie. Gaston assistait à ce spectacle comme un homme en proie à un mauvais rêve @éperdu, hors de lui, il ne nagea plus, il bondit sur l'eau. -@Que je la sauve, s'écria-t-il, ou que j'aille la rejoindre ! @Le hasard avait voulu que le théâtre de la catastrophe fût parfaitement déterminé le jeune homme n'eut donc point à hésiter dans ses recherches. Le rocher que la marée laissait à découvert lui servait de jalon et de but c'était à sa base même qu'il avait vu la victime se débattre, rouler et s'en-gloutir. C'est vers ce rocher qu'il se dirigea d'une main ferme. Tous ces courants intérieurs, qui étaient un obstacle pour une femme, n'étaient rien pour lui, qui en avait af-fronté de bien autrement redoutables il les traversa sans @peine et comme en se jouant jamais ses muscles n'avaient eu un tel ressort, ni ses bras une vigueur plus grande. Par-venu au but, il interrogea de l'oeil les profondeurs du bassin. L'eau était d'une limpidité extrême, et@, à quelques pieds de lui, il aperçut d'une manière très-distincte le corps de la jeune femme étendu sur une couche d'algues marines comme sur un lit de repos. On eût dit la fiancée des ondes dormant sur sa couche nuptiale, ou une Amphitrite bercée par les vagues dans son palais transparent. | 56 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. maintenir. Ces échecs, au lieu de l'abattre, allumèrent dans son coeur une colère qui ne savait comment s'exhaler il ne se possédait plus et adressait d'impérieux défis à la vague. En-fin, quand, pour la quatrième fois, il se sentit porté du côté du bassin intérieur, au lieu d'attendre le retour du flot et de s'exposer à une nouvelle déconvenue, il plongea et alla se cramponner au fond de la mer, sur la roche même puis, par un mouvement oblique, il regagna la surface. Son calcul ne fut point trompé il avait dépassé l'arête de l'écueil, et se trouvait dans des parages plus tranquilles. Une fois dégagé, son premier coup d'oeil se porta vers Clémence. Il l'aperçut encore, mais comme une vision, comme une ombre c'était la minute suprême, le moment fatal, sa main venait d'abandonner le rocher où, un instant, elle avait trouvé un appui elle flottait comme une masse inerte et disparut bientôt après avoir poussé un dernier cri, un cri de plainte et de regret, un adieu désespéré à la vie. Gaston assistait à ce spectacle comme un homme en proie à un mauvais rêve éperdu, hors de lui, il ne nagea plus, il bondit sur l'eau. -Que je la sauve, s'écria-t-il, ou que j'aille la rejoindre ! Le hasard avait voulu que le théâtre de la catastrophe fût parfaitement déterminé le jeune homme n'eut donc point à hésiter dans ses recherches. Le rocher que la marée laissait à découvert lui servait de jalon et de but c'était à sa base même qu'il avait vu la victime se débattre, rouler et s'en-gloutir. C'est vers ce rocher qu'il se dirigea d'une main ferme. Tous ces courants intérieurs, qui étaient un obstacle pour une femme, n'étaient rien pour lui, qui en avait af-fronté de bien autrement redoutables il les traversa sans peine et comme en se jouant jamais ses muscles n'avaient eu un tel ressort, ni ses bras une vigueur plus grande. Par-venu au but, il interrogea de l'oeil les profondeurs du bassin. L'eau était d'une limpidité extrême, et, à quelques pieds de lui, il aperçut d'une manière très-distincte le corps de la jeune femme étendu sur une couche d'algues marines comme sur un lit de repos. On eût dit la fiancée des ondes dormant sur sa couche nuptiale, ou une Amphitrite bercée par les vagues dans son palais transparent. | 9 | 0.003965 | 0.020089 |
771.txt | 1,858 | 62 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. toises plus loin, à quoi yous amusez-vous, monsieur de Saint-Pons? Arrivez donc par ici. - Merci, monsieur le comte, lui répondit-il je ne rentre pas par le même chemin que vous. Et il se dirigea vers le large avec la même agilité que s'il n'avait pas déjà fait ce trajet. Clémence le suivit du regard son attention était toute làr, et son âme aussi. Elle le vit franchir le récif, puis sé rabattre sur la plage où il aboutit sain e où il aboutit sain et sauf. Alors elle respira plus librement. Quelles épreuves elle venait d'essuyer coup sur coup, et quelle terrible -journée 1 C'était, dans la vie de la jeune femme, une de ces dates qui restent tracées en caractères de feu et que rien ne peut plus effacer ni du coeur ni de la mémoire. Ce fut une date aussi et des plus sombres pour Sigismond, qui perdit l'empire ce jour-là et ne devait plus le ressaisir. XIV Cet événement eut des suites bien plus graves qu'on ne le présumait, et amena à quelques mois de là des change-ments considérables dans la situation des deux familles. Clémence, la première, en éprouvaJ'influence et en resta profondément affectée. Cette force déployée pendant la lutte avait tous les caractères d'un excès, et elle s'en ressentit longtemps. Ce n'était pas une maladie caractérisée, mais un état de langueur d'autant plus dangereux -que la cause en était moins apparente. Point d'organe atteint, point de lésion sensible, et pourtant la jeune femme ne se rétablissait pas son visage gardait l'empreinte d'une souffrance qui résistait aux soins les plus ingénieux. Adieu les vives atiurez et les grâces d'autrefois Clémence s'était pour ainsi dire trans-formée. Sa beauté restait la même mais elle avait quelque chose de plus calme, de plus sérieux, de plus réfléchi. Cette flamme qui, naguère, répandait autour d'elle de si doux rayons, était devenue un feu intérieur, mêlé d'éclairs et | 62 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. toises plus loin, à quoi yous amusez-vous, monsieur de Saint-Pons? Arrivez donc par ici. - Merci, monsieur le comte, lui répondit-il@ je ne rentre pas par le même chemin que vous. Et il se dirigea vers le large avec la même agilité que s'il n'avait pas déjà fait ce trajet. Clémence le suivit du regard son attention était toute làr, et son âme aussi. Elle le vit franchir le récif, puis sé rabattre sur la plage où il aboutit sain e où il aboutit sain et sauf. Alors elle respira plus librement. Quelles épreuves elle venait d'essuyer coup sur coup, et quelle terrible -journée 1 C'était, dans la vie de la jeune femme, une de ces dates qui restent tracées en caractères de feu et que rien ne peut plus effacer ni du coeur ni de la mémoire. Ce fut une date aussi et des plus sombres pour Sigismond, qui perdit l'empire ce jour-là et ne devait plus le ressaisir. XIV Cet événement eut des suites bien plus graves qu'on ne le présumait, et amena à quelques mois de là des change-ments considérables dans la situation des deux familles. Clémence, la première, en éprouva@J'influence et en resta profondément affectée. Cette force déployée pendant la lutte avait tous les caractères d'un excès, et elle s'en ressentit longtemps. Ce n'était pas une maladie caractérisée, mais un état de langueur d'autant plus dangereux -que la cause en était moins apparente. Point d'organe atteint, point de lésion sensible, et pourtant la jeune femme ne se rétablissait pas son visage gardait l'empreinte d'une souffrance qui résistait aux soins les plus ingénieux. Adieu les vives atiurez et les grâces d'autrefois Clémence s'était pour ainsi dire trans-formée. Sa beauté restait la même mais elle avait quelque chose de plus calme, de plus sérieux, de plus réfléchi. Cette flamme qui, naguère, répandait autour d'elle de si doux rayons, était devenue un feu intérieur, mêlé d'éclairs et | 62 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. toises plus loin, à quoi vous amusez-vous, monsieur de Saint-Pons? Arrivez donc par ici. -@Merci, monsieur le comte, lui répondit-il, je ne rentre pas par le même chemin que vous. Et il se dirigea vers le large avec la même agilité que s'il n'avait pas déjà fait ce trajet. Clémence le suivit du regard son attention était toute là@, et son âme aussi. Elle le vit franchir le récif, puis se rabattre sur la plage où il aboutit #################### sain et sauf. Alors elle respira plus librement. Quelles épreuves elle venait d'essuyer coup sur coup, et quelle terrible @journée ! C'était, dans la vie de la jeune femme, une de ces dates qui restent tracées en caractères de feu et que rien ne peut plus effacer ni du coeur ni de la mémoire. Ce fut une date aussi et des plus sombres pour Sigismond, qui perdit l'empire ce jour-là et ne devait plus le ressaisir. XIV Cet événement eut des suites bien plus graves qu'on ne le présumait, et amena à quelques mois de là des change-ments considérables dans la situation des deux familles. Clémence, la première, en éprouva l'influence et en resta profondément affectée. Cette force déployée pendant la lutte avait tous les caractères d'un excès, et elle s'en ressentit longtemps. Ce n'était pas une maladie caractérisée, mais un état de langueur d'autant plus dangereux @que la cause en était moins apparente. Point d'organe atteint, point de lésion sensible, et pourtant la jeune femme ne se rétablissait pas son visage gardait l'empreinte d'une souffrance qui résistait aux soins les plus ingénieux. Adieu les vives allures et les grâces d'autrefois Clémence s'était pour ainsi dire trans-formée. Sa beauté restait la même mais elle avait quelque chose de plus calme, de plus sérieux, de plus réfléchi. Cette flamme qui, naguère, répandait autour d'elle de si doux rayons, était devenue un feu intérieur, mélé d'éclairs et | 62 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. toises plus loin, à quoi vous amusez-vous, monsieur de Saint-Pons? Arrivez donc par ici. -@Merci, monsieur le comte, lui répondit-il, je ne rentre pas par le même chemin que vous. Et il se dirigea vers le large avec la même agilité que s'il n'avait pas déjà fait ce trajet. Clémence le suivit du regard son attention était toute là@, et son âme aussi. Elle le vit franchir le récif, puis se rabattre sur la plage où il aboutit sain e où il aboutit sain et sauf. Alors elle respira plus librement. Quelles épreuves elle venait d'essuyer coup sur coup, et quelle terrible @journée ! C'était, dans la vie de la jeune femme, une de ces dates qui restent tracées en caractères de feu et que rien ne peut plus effacer ni du coeur ni de la mémoire. Ce fut une date aussi et des plus sombres pour Sigismond, qui perdit l'empire ce jour-là et ne devait plus le ressaisir. XIV Cet événement eut des suites bien plus graves qu'on ne le présumait, et amena à quelques mois de là des change-ments considérables dans la situation des deux familles. Clémence, la première, en éprouva l'influence et en resta profondément affectée. Cette force déployée pendant la lutte avait tous les caractères d'un excès, et elle s'en ressentit longtemps. Ce n'était pas une maladie caractérisée, mais un état de langueur d'autant plus dangereux @que la cause en était moins apparente. Point d'organe atteint, point de lésion sensible, et pourtant la jeune femme ne se rétablissait pas son visage gardait l'empreinte d'une souffrance qui résistait aux soins les plus ingénieux. Adieu les vives allures et les grâces d'autrefois Clémence s'était pour ainsi dire trans-formée. Sa beauté restait la même mais elle avait quelque chose de plus calme, de plus sérieux, de plus réfléchi. Cette flamme qui, naguère, répandait autour d'elle de si doux rayons, était devenue un feu intérieur, mélé d'éclairs et | 62 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. toises plus loin, à quoi vous amusez-vous, monsieur de Saint-Pons? Arrivez donc par ici. -Merci, monsieur le comte, lui répondit-il, je ne rentre pas par le même chemin que vous. Et il se dirigea vers le large avec la même agilité que s'il n'avait pas déjà fait ce trajet. Clémence le suivit du regard son attention était toute là, et son âme aussi. Elle le vit franchir le récif, puis se rabattre sur la plage où il aboutit sain e où il aboutit sain et sauf. Alors elle respira plus librement. Quelles épreuves elle venait d'essuyer coup sur coup, et quelle terrible journée ! C'était, dans la vie de la jeune femme, une de ces dates qui restent tracées en caractères de feu et que rien ne peut plus effacer ni du coeur ni de la mémoire. Ce fut une date aussi et des plus sombres pour Sigismond, qui perdit l'empire ce jour-là et ne devait plus le ressaisir. XIV Cet événement eut des suites bien plus graves qu'on ne le présumait, et amena à quelques mois de là des change-ments considérables dans la situation des deux familles. Clémence, la première, en éprouva l'influence et en resta profondément affectée. Cette force déployée pendant la lutte avait tous les caractères d'un excès, et elle s'en ressentit longtemps. Ce n'était pas une maladie caractérisée, mais un état de langueur d'autant plus dangereux que la cause en était moins apparente. Point d'organe atteint, point de lésion sensible, et pourtant la jeune femme ne se rétablissait pas son visage gardait l'empreinte d'une souffrance qui résistait aux soins les plus ingénieux. Adieu les vives allures et les grâces d'autrefois Clémence s'était pour ainsi dire trans-formée. Sa beauté restait la même mais elle avait quelque chose de plus calme, de plus sérieux, de plus réfléchi. Cette flamme qui, naguère, répandait autour d'elle de si doux rayons, était devenue un feu intérieur, mélé d'éclairs et | 14 | 0.007361 | 0.040872 |
76.txt | 1,821 | 22 parut une grosse couleuvre du genre boa il lui jette quelques morceaux de bananes, d'ignames et de chair d'hippopotame. Pendant que le serpent mangeait fort paisiblement, OKORO avait les yeux fixés contre terre, les bras croisés sur la poitrine, et marmottait de longues prières pour préserver l'Oïbo 1 de tous les dangers. Le repas fini, le reptile leva la tête en signé de contente-ment, et regagna sa retraite inconnue. Tout le temps que dura cette cérémonie, le roi tenait son fétiche par-? liculier embrassé, et paraissait prier à voix basse.,On se fit ensuite mutuellement divers présens six Nègres et l'un des fils du roi furent désignés pour servir d'escorte à notre voyageur. PALISOT DE BEAUVOIS parcourt aussitôt lé pays en tous sens, depuis les terres argileuses du Galbar, où les Nègres mettent à ,mort leurs prisonniers, et en vendent les tristes débris dans les marchés publics, jusques au-delà de Buonopazo, l'un des derniers établissemens du royaume d'Oware s'enfonçant dans les bois, remontant les rivières , se frayant un chemin à travers un, désert immense, peuplé de lions, de panthères , de léopards, de hyènes tigrées qui s'entre - déchirent, de chakals et de serpens-géans les plus redoutés de tous ces animaux féroces. Tout semblait répondre à son avidité de connaî-tre le succès lui faisait oublier les fatigues et les dan-gers il souriait aux victoires, qu'il remportait à chaque pas sur une nature toute vierge. Mais ses voeux ne de-vaient point s'accomplir entièrement. Tout-à-coup il est. arrêté dans sa marche les Nègres refusent de le suivre 1 Ce nom est celui que les Nègres donnent aux blancs. | 22 parut une grosse couleuvre du genre boa il lui jette quelques morceaux de bananes, d'ignames et de chair d'hippopotame. Pendant que le serpent mangeait fort paisiblement, OKORO avait les yeux fixés contre terre, les bras croisés sur la poitrine, et marmottait de longues prières pour préserver l'Oïbo 1 de tous les dangers. Le repas fini, le reptile leva la tête en signé de contente-ment, et regagna sa retraite inconnue. Tout le temps que dura cette cérémonie, le roi tenait son fétiche par-? liculier embrassé, et paraissait prier à voix basse.,On se fit ensuite mutuellement divers présens six Nègres et l'un des fils du roi furent désignés pour servir d'escorte à notre voyageur. PALISOT DE BEAUVOIS parcourt aussitôt lé pays en tous sens, depuis les terres argileuses du Galbar, où les Nègres mettent à ,mort leurs prisonniers, et en vendent les tristes débris dans les marchés publics, jusques au-delà de Buonopazo, l'un des derniers établissemens du royaume d'Oware s'enfonçant dans les bois, remontant les rivières , se frayant un chemin à travers un, désert immense, peuplé de lions, de panthères , de léopards, de hyènes tigrées qui s'entre - déchirent, de chakals et de serpens-géans les plus redoutés de tous ces animaux féroces. Tout semblait répondre à son avidité de connaî-tre le succès lui faisait oublier les fatigues et les dan-gers il souriait aux victoires, qu'il remportait à chaque pas sur une nature toute vierge. Mais ses voeux ne de-vaient point s'accomplir entièrement. Tout-à-coup il est. arrêté dans sa marche les Nègres refusent de le suivre 1 Ce nom est celui que les Nègres donnent aux blancs. | ######## une grosse couleuvre du genre boa il lui jette quelques morceaux de bananes, d'ignames et de chair d'hippopotame. Pendant que le serpent mangeait fort paisiblement, OKORO avait les yeux fixés contre terre, les bras croisés sur la poitrine, et marmottait de longues prières pour préserver l'Oïbo 1 de tous les dangers. Le repas fini, le reptile leva la tête en signé de contente-ment, et regagna sa retraite inconnue. Tout le temps que dura cette cérémonie, le roi tenait son fétiche par-@@ticulier embrassé, et paraissait prier à voix basse.,On se fit ensuite mutuellement divers présens six Nègres et l'un des fils du roi furent désignés pour servir d'escorte à notre voyageur. PALISOT DE BEAUVOIS parcourt aussitôt le pays en tous sens, depuis les terres argileuses du Galbar, où les Nègres mettent à ,mort leurs prisonniers, et en vendent les tristes débris dans les marchés publics, jusques au-delà de Buonopazo, l'un des derniers établissemens du royaume d'Oware s'enfonçant dans les bois, remontant les rivières , se frayant un chemin à travers un@ désert immense, peuplé de lions, de panthères , de léopards, de hyènes tigrées qui s'entre -@déchirent, de chakals et de serpens-géans les plus redoutés de tous ces animaux féroces. Tout semblait répondre à son avidité de connaî-tre le succès lui faisait oublier les fatigues et les dan-gers il souriait aux victoires, qu'il remportait à chaque pas sur une nature toute vierge. Mais ses voeux ne de-vaient point s'accomplir entièrement. Tout-à-coup il est. arrêté dans sa marche les Nègres refusent de le suivre 1 Ce nom est celui que les Nègres donnent aux blancs. | 22 parut une grosse couleuvre du genre boa il lui jette quelques morceaux de bananes, d'ignames et de chair d'hippopotame. Pendant que le serpent mangeait fort paisiblement, OKORO avait les yeux fixés contre terre, les bras croisés sur la poitrine, et marmottait de longues prières pour préserver l'Oïbo 1 de tous les dangers. Le repas fini, le reptile leva la tête en signé de contente-ment, et regagna sa retraite inconnue. Tout le temps que dura cette cérémonie, le roi tenait son fétiche par-@@ticulier embrassé, et paraissait prier à voix basse.,On se fit ensuite mutuellement divers présens six Nègres et l'un des fils du roi furent désignés pour servir d'escorte à notre voyageur. PALISOT DE BEAUVOIS parcourt aussitôt le pays en tous sens, depuis les terres argileuses du Galbar, où les Nègres mettent à ,mort leurs prisonniers, et en vendent les tristes débris dans les marchés publics, jusques au-delà de Buonopazo, l'un des derniers établissemens du royaume d'Oware s'enfonçant dans les bois, remontant les rivières , se frayant un chemin à travers un@ désert immense, peuplé de lions, de panthères , de léopards, de hyènes tigrées qui s'entre -@déchirent, de chakals et de serpens-géans les plus redoutés de tous ces animaux féroces. Tout semblait répondre à son avidité de connaî-tre le succès lui faisait oublier les fatigues et les dan-gers il souriait aux victoires, qu'il remportait à chaque pas sur une nature toute vierge. Mais ses voeux ne de-vaient point s'accomplir entièrement. Tout-à-coup il est. arrêté dans sa marche les Nègres refusent de le suivre 1 Ce nom est celui que les Nègres donnent aux blancs. | 22 parut une grosse couleuvre du genre boa il lui jette quelques morceaux de bananes, d'ignames et de chair d'hippopotame. Pendant que le serpent mangeait fort paisiblement, OKORO avait les yeux fixés contre terre, les bras croisés sur la poitrine, et marmottait de longues prières pour préserver l'Oïbo 1 de tous les dangers. Le repas fini, le reptile leva la tête en signé de contente-ment, et regagna sa retraite inconnue. Tout le temps que dura cette cérémonie, le roi tenait son fétiche par-ticulier embrassé, et paraissait prier à voix basse.,On se fit ensuite mutuellement divers présens six Nègres et l'un des fils du roi furent désignés pour servir d'escorte à notre voyageur. PALISOT DE BEAUVOIS parcourt aussitôt le pays en tous sens, depuis les terres argileuses du Galbar, où les Nègres mettent à ,mort leurs prisonniers, et en vendent les tristes débris dans les marchés publics, jusques au-delà de Buonopazo, l'un des derniers établissemens du royaume d'Oware s'enfonçant dans les bois, remontant les rivières , se frayant un chemin à travers un désert immense, peuplé de lions, de panthères , de léopards, de hyènes tigrées qui s'entre -déchirent, de chakals et de serpens-géans les plus redoutés de tous ces animaux féroces. Tout semblait répondre à son avidité de connaî-tre le succès lui faisait oublier les fatigues et les dan-gers il souriait aux victoires, qu'il remportait à chaque pas sur une nature toute vierge. Mais ses voeux ne de-vaient point s'accomplir entièrement. Tout-à-coup il est. arrêté dans sa marche les Nègres refusent de le suivre 1 Ce nom est celui que les Nègres donnent aux blancs. | 6 | 0.003692 | 0.027027 |
836.txt | 1,858 | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 137 il y a une faute que j'expie et dont personne ne doit ré-pondre, si ce n'est moi. J'en répondrai probablement devant Dieu, et j'espère qu'il ne me refusera pas sa miséricorde. - C'-est vous alors qui auriez attenté à votre vie, monsieur le marquis. Parlez, précisez mieux. - De grâce ! Monsieur, n'insistez pas. Il s'agit d'une af-faire d'honneur, où tous les torts étaient de mon côté, et qui ne doit donner lieu ni à des réparations publiques, ni à des réparations de famille. J'ai été frappé justement j'ai mérité mon sort. Qu'on oublie comme j'oublie voilà la prière d'un mourant. Vous m'entendez, ma mère? La marquise succombait sous le poids de ses émotions les magistrats .se sentaient désarmés ils revinrent pourtant à la charge leur devoir l'exigeait. La société a des droits qu'un pardon personnel ne saurait ni enchaîner ni prescrire. Était-ce une vengeance? était-ce un duel? Et dans ce cas quelles en étaient les circonstances, le lieu, les actions, les témoins. Toutes ces demandes furent faites au blessé sans qu'on pût le tirer de la réserve dans laquelle il s'était renfermé. Il n'y répondit que par un silence calme et digne, et, pressé trop vivement, il ajouta - Assez, Messieurs, laissez-moi les quelques moments qui me restent j'ai d'autres comptes à régler. Il y aurait eu de la cruauté à pousser les choses plus loin, et une cruauté gratuite. Il fallut se résigner devant cette volonté qui ne se laissait pas fléchir et laisser l'instruction à l'état d'ébauche, faute de l'élément principal. C'est ce qu'a-vait voulu Gaston et ce qui l'avait soutenu dans cette épreuve. Sur le seuil même de la mort, il avait rassemblé ses forces afin d'épargner à Clémence l'affront et la douleur d'un procès où son nom eût été mêlé. -Pour soutenir son rôle jusqu'au bout, il avait pour ainsi dite retenu la vie qui lui échappait. Dès qu'il se retrouva seul avec la marquise, une crise affreuse commença. La tête se reprit de nouveau la fièvre redoubla de violence. On voyait s'engager la lotte finale où les ressources de la jeu-nesse allaient être aux prises avec des causes invincibles de destruction. L'art humain était désormais impuissant, et la nature ne fait pas toujours des miracles. Vers le soir, le mo-ment fatal s'annonça par un de ces retours trompeurs qui | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 137 il y a une faute que j'expie et dont personne ne doit ré-pondre, si ce n'est moi. J'en répondrai probablement devant Dieu, et j'espère qu'il ne me refusera pas sa miséricorde. - C'-est vous alors qui auriez attenté à votre vie, monsieur le marquis. Parlez, précisez mieux. - De grâce ! Monsieur, n'insistez pas. Il s'agit d'une af-faire d'honneur, où tous les torts étaient de mon côté, et qui ne doit donner lieu ni à des réparations publiques, ni à des réparations de famille. J'ai été frappé justement j'ai mérité mon sort. Qu'on oublie comme j'oublie voilà la prière d'un mourant. Vous m'entendez, ma mère@? La marquise succombait sous le poids de ses émotions les magistrats .se sentaient désarmés ils revinrent pourtant à la charge leur devoir l'exigeait. La société a des droits qu'un pardon personnel ne saurait ni enchaîner ni prescrire. Était-ce une vengeance? était-ce un duel? Et dans ce cas quelles en étaient les circonstances, le lieu, les actions, les témoins. Toutes ces demandes furent faites au blessé sans qu'on pût le tirer de la réserve dans laquelle il s'était renfermé. Il n'y répondit que par un silence calme et digne, et, pressé trop vivement, il ajouta - Assez, Messieurs, laissez-moi les quelques moments qui me restent j'ai d'autres comptes à régler. Il y aurait eu de la cruauté à pousser les choses plus loin, et une cruauté gratuite. Il fallut se résigner devant cette volonté qui ne se laissait pas fléchir et laisser l'instruction à l'état d'ébauche, faute de l'élément principal. C'est ce qu'a-vait voulu Gaston et ce qui l'avait soutenu dans cette épreuve. Sur le seuil même de la mort, il avait rassemblé ses forces afin d'épargner à Clémence l'affront et la douleur d'un procès où son nom eût été mêlé. -Pour soutenir son rôle jusqu'au bout, il avait pour ainsi dite retenu la vie qui lui échappait. Dès qu'il se retrouva seul avec la marquise, une crise affreuse commença. La tête se reprit de nouveau la fièvre redoubla de violence. On voyait s'engager la lotte finale où les ressources de la jeu-nesse allaient être aux prises avec des causes invincibles de destruction. L'art humain était désormais impuissant, et la nature ne fait pas toujours des miracles. Vers le soir, le mo-ment fatal s'annonça par un de ces retours trompeurs qui | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 137 il y a une faute que j'expie et dont personne ne doit ré-pondre, si ce n'est moi. J'en répondrai probablement devant Dieu, et j'espère qu'il ne me refusera pas sa miséricorde. -@C'@est vous alors qui auriez attenté à votre vie, monsieur le marquis. Parlez, précisez mieux. -@De grâce ! Monsieur, n'insistez pas. Il s'agit d'une af-faire d'honneur, où tous les torts étaient de mon côté, et qui ne doit donner lieu ni à des réparations publiques, ni à des réparations de famille. J'ai été frappé justement j'ai mérité mon sort. Qu'on oublie comme j'oublie voilà la prière d'un mourant. Vous m'entendez, ma mère ? La marquise succombait sous le poids de ses émotions les magistrats @se sentaient désarmés ils revinrent pourtant à la charge leur devoir l'exigeait. La société a des droits qu'un pardon personnel ne saurait ni enchaîner ni prescrire. Était-ce une vengeance? était-ce un duel? Et dans ce cas quelles en étaient les circonstances, le lieu, les actions, les témoins. Toutes ces demandes furent faites au blessé sans qu'on pût le tirer de la réserve dans laquelle il s'était renfermé. Il n'y répondit que par un silence calme et digne, et, pressé trop vivement, il ajouta -@Assez, Messieurs, laissez-moi les quelques moments qui me restent j'ai d'autres comptes à régler. Il y aurait eu de la cruauté à pousser les choses plus loin, et une cruauté gratuite. Il fallut se résigner devant cette volonté qui ne se laissait pas fléchir et laisser l'instruction à l'état d'ébauche, faute de l'élément principal. C'est ce qu'a-vait voulu Gaston et ce qui l'avait soutenu dans cette épreuve. Sur le seuil même de la mort, il avait rassemblé ses forces afin d'épargner à Clémence l'affront et la douleur d'un procès où son nom eût été mêlé. @Pour soutenir son rôle jusqu'au bout, il avait pour ainsi dire retenu la vie qui lui échappait. Dès qu'il se retrouva seul avec la marquise, une crise affreuse commença. La tête se reprit de nouveau la fièvre redoubla de violence. On voyait s'engager la lutte finale où les ressources de la jeu-nesse allaient être aux prises avec des causes invincibles de destruction. L'art humain était désormais impuissant, et la nature ne fait pas toujours des miracles. Vers le soir, le mo-ment fatal s'annonça par un de ces retours trompeurs qui | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 137 il y a une faute que j'expie et dont personne ne doit ré-pondre, si ce n'est moi. J'en répondrai probablement devant Dieu, et j'espère qu'il ne me refusera pas sa miséricorde. -@C'@est vous alors qui auriez attenté à votre vie, monsieur le marquis. Parlez, précisez mieux. -@De grâce ! Monsieur, n'insistez pas. Il s'agit d'une af-faire d'honneur, où tous les torts étaient de mon côté, et qui ne doit donner lieu ni à des réparations publiques, ni à des réparations de famille. J'ai été frappé justement j'ai mérité mon sort. Qu'on oublie comme j'oublie voilà la prière d'un mourant. Vous m'entendez, ma mère ? La marquise succombait sous le poids de ses émotions les magistrats @se sentaient désarmés ils revinrent pourtant à la charge leur devoir l'exigeait. La société a des droits qu'un pardon personnel ne saurait ni enchaîner ni prescrire. Était-ce une vengeance? était-ce un duel? Et dans ce cas quelles en étaient les circonstances, le lieu, les actions, les témoins. Toutes ces demandes furent faites au blessé sans qu'on pût le tirer de la réserve dans laquelle il s'était renfermé. Il n'y répondit que par un silence calme et digne, et, pressé trop vivement, il ajouta -@Assez, Messieurs, laissez-moi les quelques moments qui me restent j'ai d'autres comptes à régler. Il y aurait eu de la cruauté à pousser les choses plus loin, et une cruauté gratuite. Il fallut se résigner devant cette volonté qui ne se laissait pas fléchir et laisser l'instruction à l'état d'ébauche, faute de l'élément principal. C'est ce qu'a-vait voulu Gaston et ce qui l'avait soutenu dans cette épreuve. Sur le seuil même de la mort, il avait rassemblé ses forces afin d'épargner à Clémence l'affront et la douleur d'un procès où son nom eût été mêlé. @Pour soutenir son rôle jusqu'au bout, il avait pour ainsi dire retenu la vie qui lui échappait. Dès qu'il se retrouva seul avec la marquise, une crise affreuse commença. La tête se reprit de nouveau la fièvre redoubla de violence. On voyait s'engager la lutte finale où les ressources de la jeu-nesse allaient être aux prises avec des causes invincibles de destruction. L'art humain était désormais impuissant, et la nature ne fait pas toujours des miracles. Vers le soir, le mo-ment fatal s'annonça par un de ces retours trompeurs qui | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 137 il y a une faute que j'expie et dont personne ne doit ré-pondre, si ce n'est moi. J'en répondrai probablement devant Dieu, et j'espère qu'il ne me refusera pas sa miséricorde. -C'est vous alors qui auriez attenté à votre vie, monsieur le marquis. Parlez, précisez mieux. -De grâce ! Monsieur, n'insistez pas. Il s'agit d'une af-faire d'honneur, où tous les torts étaient de mon côté, et qui ne doit donner lieu ni à des réparations publiques, ni à des réparations de famille. J'ai été frappé justement j'ai mérité mon sort. Qu'on oublie comme j'oublie voilà la prière d'un mourant. Vous m'entendez, ma mère ? La marquise succombait sous le poids de ses émotions les magistrats se sentaient désarmés ils revinrent pourtant à la charge leur devoir l'exigeait. La société a des droits qu'un pardon personnel ne saurait ni enchaîner ni prescrire. Était-ce une vengeance? était-ce un duel? Et dans ce cas quelles en étaient les circonstances, le lieu, les actions, les témoins. Toutes ces demandes furent faites au blessé sans qu'on pût le tirer de la réserve dans laquelle il s'était renfermé. Il n'y répondit que par un silence calme et digne, et, pressé trop vivement, il ajouta -Assez, Messieurs, laissez-moi les quelques moments qui me restent j'ai d'autres comptes à régler. Il y aurait eu de la cruauté à pousser les choses plus loin, et une cruauté gratuite. Il fallut se résigner devant cette volonté qui ne se laissait pas fléchir et laisser l'instruction à l'état d'ébauche, faute de l'élément principal. C'est ce qu'a-vait voulu Gaston et ce qui l'avait soutenu dans cette épreuve. Sur le seuil même de la mort, il avait rassemblé ses forces afin d'épargner à Clémence l'affront et la douleur d'un procès où son nom eût été mêlé. Pour soutenir son rôle jusqu'au bout, il avait pour ainsi dire retenu la vie qui lui échappait. Dès qu'il se retrouva seul avec la marquise, une crise affreuse commença. La tête se reprit de nouveau la fièvre redoubla de violence. On voyait s'engager la lutte finale où les ressources de la jeu-nesse allaient être aux prises avec des causes invincibles de destruction. L'art humain était désormais impuissant, et la nature ne fait pas toujours des miracles. Vers le soir, le mo-ment fatal s'annonça par un de ces retours trompeurs qui | 9 | 0.003898 | 0.018018 |
188.txt | 1,857 | 18 VIE DE L'ABBE NICOLLE de cette scientifique excursion. L'Académie le reçut en 1784 il y succéda à d'Alembert. Ce fut dans cette même année que le roi le nomma son ambassadeur à Constantinople. Heureux dans ses négociations politiques, le nouvel ambassadeur assura dans le Divan l'influence de la France il lit refleurir le commerce français dans lé Levant il protégea contre les vexations des mahomé-tans les chrétiens., ses compatriotes, et souvent même il étendit sa protection sur les chrétiens de toutes les nations. Le premier, il apprit aux Turcs à respecter le droit des gens, et peut-être est-il permis d'ajouter qu'il fut le premier moteur des idées de réforme qui germè-rent plus tard dans l'empire ottoman nous en con-naissons aujourd'hui les heureux résultats. Par ses conseils, des officiers français furent appelés à Constan-tinople dans le but d'instruire les Turcs dans la science militaire, et, dans son zèle éclairé pour les lettres, il fonda une imprimerie dans le palais de France. Le noble comte passait ainsi ses jours dans les tra-vaux de l'homme d'État et dans les études de l'acadé-micien, lorsque la Révolution française vint l'arracher à sa douce vie, et lui créer des embarras infinis. Sa po-sition devenait critique, mais sans crainte du danger, il attendit des ordres de son gouvernement, et il resta fidèle à son poste. Bientôt après il connut son sort. Une correspondance avec les Frères du roi fut saisie dans sa retraite de Champagne, et le 22 décembre 1792, un | 18 VIE DE L'ABBE NICOLLE de cette scientifique excursion. L'Académie le reçut en 1784 il y succéda à d'Alembert. Ce fut dans cette même année que le roi le nomma son ambassadeur à Constantinople. Heureux dans ses négociations politiques, le nouvel ambassadeur assura dans le Divan l'influence de la France il lit refleurir le commerce français dans lé Levant il protégea contre les vexations des mahomé-tans les chrétiens., ses compatriotes, et souvent même il étendit sa protection sur les chrétiens de toutes les nations. Le premier, il apprit aux Turcs à respecter le droit des gens, et peut-être est-il permis d'ajouter qu'il fut le premier moteur des idées de réforme qui germè-rent plus tard dans l'empire ottoman nous en con-naissons aujourd'hui les heureux résultats. Par ses conseils, des officiers français furent appelés à Constan-tinople dans le but d'instruire les Turcs dans la science militaire, et, dans son zèle éclairé pour les lettres, il fonda une imprimerie dans le palais de France. Le noble comte passait ainsi ses jours dans les tra-vaux de l'homme d'État et dans les études de l'acadé-micien, lorsque la Révolution française vint l'arracher à sa douce vie, et lui créer des embarras infinis. Sa po-sition devenait critique, mais sans crainte du danger, il attendit des ordres de son gouvernement, et il resta fidèle à son poste. Bientôt après il connut son sort. Une correspondance avec les Frères du roi fut saisie dans sa retraite de Champagne, et le 22 décembre 1792, un | ########################### cette scientifique excursion. L'Académie le reçut en 1784 il y succéda à d'Alembert. Ce fut dans cette même année que le roi le nomma son ambassadeur à Constantinople. Heureux dans ses négociations politiques, le nouvel ambassadeur assura dans le Divan l'influence de la France il fit refleurir le commerce français dans le Levant il protégea contre les vexations des mahomé-tans les chrétiens , ses compatriotes, et souvent même il étendit sa protection sur les chrétiens de toutes les nations. Le premier, il apprit aux Turcs à respecter le droit des gens, et peut-être est-il permis d'ajouter qu'il fut le premier moteur des idées de réforme qui germè-rent plus tard dans l'empire ottoman nous en con-naissons aujourd'hui les heureux résultats. Par ses conseils, des officiers français furent appelés à Constan-tinople dans le but d'instruire les Turcs dans la science militaire, et, dans son zèle éclairé pour les lettres, il fonda une imprimerie dans le palais de France. Le noble comte passait ainsi ses jours dans les tra-vaux de l'homme d'État et dans les études de l'acadé-micien, lorsque la Révolution française vint l'arracher à sa douce vie, et lui créer des embarras infinis. Sa po-sition devenait critique, mais sans crainte du danger, il attendit des ordres de son gouvernement, et il resta fidèle à son poste. Bientôt après il connut son sort. Une correspondance avec les Frères du roi fut saisie dans sa retraite de Champagne, et le 22 décembre 1792, un | 18 VIE DE L'ABBE NICOLLE de cette scientifique excursion. L'Académie le reçut en 1784 il y succéda à d'Alembert. Ce fut dans cette même année que le roi le nomma son ambassadeur à Constantinople. Heureux dans ses négociations politiques, le nouvel ambassadeur assura dans le Divan l'influence de la France il fit refleurir le commerce français dans le Levant il protégea contre les vexations des mahomé-tans les chrétiens , ses compatriotes, et souvent même il étendit sa protection sur les chrétiens de toutes les nations. Le premier, il apprit aux Turcs à respecter le droit des gens, et peut-être est-il permis d'ajouter qu'il fut le premier moteur des idées de réforme qui germè-rent plus tard dans l'empire ottoman nous en con-naissons aujourd'hui les heureux résultats. Par ses conseils, des officiers français furent appelés à Constan-tinople dans le but d'instruire les Turcs dans la science militaire, et, dans son zèle éclairé pour les lettres, il fonda une imprimerie dans le palais de France. Le noble comte passait ainsi ses jours dans les tra-vaux de l'homme d'État et dans les études de l'acadé-micien, lorsque la Révolution française vint l'arracher à sa douce vie, et lui créer des embarras infinis. Sa po-sition devenait critique, mais sans crainte du danger, il attendit des ordres de son gouvernement, et il resta fidèle à son poste. Bientôt après il connut son sort. Une correspondance avec les Frères du roi fut saisie dans sa retraite de Champagne, et le 22 décembre 1792, un | 18 VIE DE L'ABBE NICOLLE de cette scientifique excursion. L'Académie le reçut en 1784 il y succéda à d'Alembert. Ce fut dans cette même année que le roi le nomma son ambassadeur à Constantinople. Heureux dans ses négociations politiques, le nouvel ambassadeur assura dans le Divan l'influence de la France il fit refleurir le commerce français dans le Levant il protégea contre les vexations des mahomé-tans les chrétiens , ses compatriotes, et souvent même il étendit sa protection sur les chrétiens de toutes les nations. Le premier, il apprit aux Turcs à respecter le droit des gens, et peut-être est-il permis d'ajouter qu'il fut le premier moteur des idées de réforme qui germè-rent plus tard dans l'empire ottoman nous en con-naissons aujourd'hui les heureux résultats. Par ses conseils, des officiers français furent appelés à Constan-tinople dans le but d'instruire les Turcs dans la science militaire, et, dans son zèle éclairé pour les lettres, il fonda une imprimerie dans le palais de France. Le noble comte passait ainsi ses jours dans les tra-vaux de l'homme d'État et dans les études de l'acadé-micien, lorsque la Révolution française vint l'arracher à sa douce vie, et lui créer des embarras infinis. Sa po-sition devenait critique, mais sans crainte du danger, il attendit des ordres de son gouvernement, et il resta fidèle à son poste. Bientôt après il connut son sort. Une correspondance avec les Frères du roi fut saisie dans sa retraite de Champagne, et le 22 décembre 1792, un | 3 | 0.002003 | 0.011111 |
62.txt | 1,821 | 4 lorsqu'il se sentit entraîné comme par enchantement vers la botanique il se lia très-intimement avec le docteur J. B. LESTIBOUDOIS I qui, depuis 1770, professait cette science à Lille, et s'était fait un nom cher aux amis de la nature , en révélant, dès 1737 , les propriétés de la pomme de terre, et en devinant les grandes ressources que PARMENTIER devait plus tard découvrir dans ce tu-bercule , auquel le vulgaire venait d'imputer la naissance d'une épidémie désastreuse. Alors , une révolution mémorable avait arraché la bo-tanique à l'instabilité d'une nomenclature vague, aux tristes livrées que lui avaient imposées le XVIe. siècle. LINNÉ dictait les lois qui devaient la régir, lui frayait une route nouvelle dont il sut rendre l'accès agréable et fa-cile autour du genre créé par TOURNEFORT , il rangeait des groupes de plantes qui lui révélaient elles-mêmes leurs aimables analogies dans le mystère de leurs amours, dans le mode de leur reproduction sublime dans son entre-, prise , et cédant à son imagination brillante, pleine de feu, il donnait aux confidens de Flore , pour s'entendre entre eux, un langage technique, simple et d'une éner-gique précision, que d'indiscrets disciples détruisent de 1 Né a Douai en 1715, et mort à Lille, le 20 mars 1804, Sgé de 90 ans. Cethabile botaniste, auteur de la Bo-tanographie belgigue, 4 vol. in-8°., dressa , en mai 1776, pour son élève, un Botanicum Insuie, avec une dédi-cace. L'ouvrage est demeuré manuscrit. LESTIBOUDOIS a le premier montré, dans sa Carte botanique, l'union phi-losophique que l'on peut faire de la méthode de TOURNEFORT , avec le système de LINNÉ , union que M. LEFÉBURE a su réaliser, et à laquelle la Société Linnéenne de Paris tra-vaille à donner toute la perfection dont elle est susceptible. | 4 lorsqu'il se sentit entraîné comme par enchantement vers la botanique il se lia très-intimement avec le docteur J. B. LESTIBOUDOIS I qui, depuis 1770, professait cette science à Lille, et s'était fait un nom cher aux amis de la nature , en révélant, dès 1737 , les propriétés de la pomme de terre, et en devinant les grandes ressources que PARMENTIER devait plus tard découvrir dans ce tu-bercule , auquel le vulgaire venait d'imputer la naissance d'une épidémie désastreuse. Alors , une révolution mémorable avait arraché la bo-tanique à l'instabilité d'une nomenclature vague, aux tristes livrées que lui avaient imposées le XVIe. siècle. LINNÉ dictait les lois qui devaient la régir, lui frayait une route nouvelle dont il sut rendre l'accès agréable et fa-cile autour du genre créé par TOURNEFORT , il rangeait des groupes de plantes qui lui révélaient elles-mêmes leurs aimables analogies dans le mystère de leurs amours, dans le mode de leur reproduction sublime dans son entre-, prise , et cédant à son imagination brillante, pleine de feu, il donnait aux confidens de Flore , pour s'entendre entre eux, un langage technique, simple et d'une éner-gique précision, que d'indiscrets disciples détruisent de 1 Né a Douai en 1715, et mort à Lille, le 20 mars 1804, Sgé de 90 ans. Cethabile botaniste, auteur de la Bo-tanographie belgigue, 4 vol. in-8°., dressa , en mai 1776, pour son élève, un Botanicum Insuie, avec une dédi-cace. L'ouvrage est demeuré manuscrit. LESTIBOUDOIS a le premier montré, dans sa Carte botanique, l'union phi-losophique que l'on peut faire de la méthode de TOURNEFORT , avec le système de LINNÉ , union que M. LEFÉBURE a su réaliser, et à laquelle la Société Linnéenne de Paris tra-vaille à donner toute la perfection dont elle est susceptible. | ########### se sentit entraîné comme par enchantement vers la botanique il se lia très-intimement avec le docteur J. B. LESTIBOUDOIS I qui, depuis 1770, professait cette science à Lille, et s'était fait un nom cher aux amis de la nature , en révélant, dès 1737 , les propriétés de la pomme de terre, et en devinant les grandes ressources que PARMENTIER devait plus tard découvrir dans ce tu-bercule , auquel le vulgaire venait d'imputer la naissance d'une épidémie désastreuse. Alors , une révolution mémorable avait arraché la bo-tanique à l'instabilité d'une nomenclature vague, aux tristes livrées que lui avaient imposées le XVIe. siècle. LINNÉ dictait les lois qui devaient la régir, lui frayait une route nouvelle dont il sut rendre l'accès agréable et fa-cile autour du genre créé par TOURNEFORT , il rangeait des groupes de plantes qui lui révélaient elles-mêmes leurs aimables analogies dans le mystère de leurs amours, dans le mode de leur reproduction sublime dans son entre-, prise , et cédant à son imagination brillante, pleine de feu, il donnait aux confidens de Flore , pour s'entendre entre eux, un langage technique, simple et d'une éner-gique précision, que d'indiscrets disciples détruisent de 1 Né a Douai en 1715, et mort à Lille, le 20 mars 1804, âgé de 90 ans. Cethabile botaniste, auteur de la Bo-tanographie belgigue, 4 vol. in-8°., dressa , en mai 1776, pour son élève, un Botanicum Insule, avec une dédi-cace. L'ouvrage est demeuré manuscrit. LESTIBOUDOIS a le premier montré, dans sa Carte botanique, l'union phi-losophique que l'on peut faire de la méthode de TOURNEFORT , avec le système de LINNÉ , union que M. LEFÉBURE a su réaliser, et à laquelle la Société Linnéenne de Paris tra-vaille à donner toute la perfection dont elle est susceptible. | 4 lorsqu'il se sentit entraîné comme par enchantement vers la botanique il se lia très-intimement avec le docteur J. B. LESTIBOUDOIS I qui, depuis 1770, professait cette science à Lille, et s'était fait un nom cher aux amis de la nature , en révélant, dès 1737 , les propriétés de la pomme de terre, et en devinant les grandes ressources que PARMENTIER devait plus tard découvrir dans ce tu-bercule , auquel le vulgaire venait d'imputer la naissance d'une épidémie désastreuse. Alors , une révolution mémorable avait arraché la bo-tanique à l'instabilité d'une nomenclature vague, aux tristes livrées que lui avaient imposées le XVIe. siècle. LINNÉ dictait les lois qui devaient la régir, lui frayait une route nouvelle dont il sut rendre l'accès agréable et fa-cile autour du genre créé par TOURNEFORT , il rangeait des groupes de plantes qui lui révélaient elles-mêmes leurs aimables analogies dans le mystère de leurs amours, dans le mode de leur reproduction sublime dans son entre-, prise , et cédant à son imagination brillante, pleine de feu, il donnait aux confidens de Flore , pour s'entendre entre eux, un langage technique, simple et d'une éner-gique précision, que d'indiscrets disciples détruisent de 1 Né a Douai en 1715, et mort à Lille, le 20 mars 1804, âgé de 90 ans. Cethabile botaniste, auteur de la Bo-tanographie belgigue, 4 vol. in-8°., dressa , en mai 1776, pour son élève, un Botanicum Insule, avec une dédi-cace. L'ouvrage est demeuré manuscrit. LESTIBOUDOIS a le premier montré, dans sa Carte botanique, l'union phi-losophique que l'on peut faire de la méthode de TOURNEFORT , avec le système de LINNÉ , union que M. LEFÉBURE a su réaliser, et à laquelle la Société Linnéenne de Paris tra-vaille à donner toute la perfection dont elle est susceptible. | 4 lorsqu'il se sentit entraîné comme par enchantement vers la botanique il se lia très-intimement avec le docteur J. B. LESTIBOUDOIS I qui, depuis 1770, professait cette science à Lille, et s'était fait un nom cher aux amis de la nature , en révélant, dès 1737 , les propriétés de la pomme de terre, et en devinant les grandes ressources que PARMENTIER devait plus tard découvrir dans ce tu-bercule , auquel le vulgaire venait d'imputer la naissance d'une épidémie désastreuse. Alors , une révolution mémorable avait arraché la bo-tanique à l'instabilité d'une nomenclature vague, aux tristes livrées que lui avaient imposées le XVIe. siècle. LINNÉ dictait les lois qui devaient la régir, lui frayait une route nouvelle dont il sut rendre l'accès agréable et fa-cile autour du genre créé par TOURNEFORT , il rangeait des groupes de plantes qui lui révélaient elles-mêmes leurs aimables analogies dans le mystère de leurs amours, dans le mode de leur reproduction sublime dans son entre-, prise , et cédant à son imagination brillante, pleine de feu, il donnait aux confidens de Flore , pour s'entendre entre eux, un langage technique, simple et d'une éner-gique précision, que d'indiscrets disciples détruisent de 1 Né a Douai en 1715, et mort à Lille, le 20 mars 1804, âgé de 90 ans. Cethabile botaniste, auteur de la Bo-tanographie belgigue, 4 vol. in-8°., dressa , en mai 1776, pour son élève, un Botanicum Insule, avec une dédi-cace. L'ouvrage est demeuré manuscrit. LESTIBOUDOIS a le premier montré, dans sa Carte botanique, l'union phi-losophique que l'on peut faire de la méthode de TOURNEFORT , avec le système de LINNÉ , union que M. LEFÉBURE a su réaliser, et à laquelle la Société Linnéenne de Paris tra-vaille à donner toute la perfection dont elle est susceptible. | 2 | 0.001125 | 0.006079 |
822.txt | 1,858 | 120 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. des grandeurs de la branche aînée. Vous payez pour dix géné-rations, Clémence ceux dont vous essuyez les morsures, c'est votre père qui les a réchauffés dans son sein. Cette situation ne peut durer mieux vaut un éclat que de se laisser étouffer entre quatre murs. Je ne vous parle pas de moi, à qui vous êtes nécessaire comme l'air que je res-pire, de moi qui aurai tout perdu si je vous perds. Je ne yeux. penser qu'à vous, Clémence, et ne veux parler que de vous. Eh bien! pour vous, pour votre sûreté, il faut que vous quittiez cet hôtel maudit où se consume votre jeunesse. Il faut que vous revoyiez le soleil, que vous retrouviez l'es-pace , la liberté, et des physionomies moins moroses que celles dont vous êtes environnée. Oh! si vous me croyiez, il en serait vite ainsi. Quelque surveillée que vous puissiez être, je saurais bien vous arra-cher aux écrv js de vos guichetiers. Ne vous inquiétez pas des moyens j'en trouverai de sûrs. J'irai vous prendre dans mes bras et nous fuirons si loin qu'aucune puissance hu-maine ne pourra nous atteindre. Vivre avec vous, près de vous, seul avec vous, tenez, Clémence, c'est là une de ces pensées qui me rendent fou de bonheur, quand j'y songe, et qui me donneraient des forces surnaturelles pour y arriver. Détachés du monde, inconnus à lui, oubliant, oubliés, qui pourrait nous troubler dans nos extases? Nous demanderions à la nature ce que la civilisation nous refuse, le droit de nous aimèr, de nous dévouer l'un à l'autre, de rester unis par le plus puissant des liens, celui d'un choix volontaire et d'un libre consentement. Nous aurions le ciel pour témoin, et notre vie entière pour nous absoudre. Mais je m'égare ce serait trop de joie pour un homme il n'y a de ces ivresses que dans le ciel. Dites, Clémence, auriez-vous la force d'être heureuse et de me rendre heureux ainsi ? Un mot, et j'agis, et je réussis , et nous nous envo-lons vers les solitudes comme deux ramiers amoureux. Mais - si. votre coeur faiblit devant cette destinée , il n'en faut pas moins que xous sortiez de cette maison où l'on vous tue à pètit feu il le faut pour vous si ce n'est pour moi. Choisis-sez alors ce qu'il vous convient de faire. Ni ma mère, ni ma soeur ne savent rien de tout ceci mais je suis assuré que si je vous remettais entre leurs mains, elles vous garderaient | 120 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. des grandeurs de la branche aînée. Vous payez pour dix géné-rations, Clémence ceux dont vous essuyez les morsures, c'est votre père qui les a réchauffés dans son sein. Cette situation ne peut durer mieux vaut un éclat que de se laisser étouffer entre quatre murs. Je ne vous parle pas de moi, à qui vous êtes nécessaire comme l'air que je res-pire, de moi qui aurai tout perdu si je vous perds. Je ne yeux. penser qu'à vous, Clémence, et ne veux parler que de vous. Eh bien@! pour vous, pour votre sûreté, il faut que vous quittiez cet hôtel maudit où se consume votre jeunesse. Il faut que vous revoyiez le soleil, que vous retrouviez l'es-pace , la liberté, et des physionomies moins moroses que celles dont vous êtes environnée. Oh@! si vous me croyiez, il en serait vite ainsi. Quelque surveillée que vous puissiez être, je saurais bien vous arra-cher aux écrv js de vos guichetiers. Ne vous inquiétez pas des moyens j'en trouverai de sûrs. J'irai vous prendre dans mes bras et nous fuirons si loin qu'aucune puissance hu-maine ne pourra nous atteindre. Vivre avec vous, près de vous, seul avec vous, tenez, Clémence, c'est là une de ces pensées qui me rendent fou de bonheur, quand j'y songe, et qui me donneraient des forces surnaturelles pour y arriver. Détachés du monde, inconnus à lui, oubliant, oubliés, qui pourrait nous troubler dans nos extases@? Nous demanderions à la nature ce que la civilisation nous refuse, le droit de nous aimèr, de nous dévouer l'un à l'autre, de rester unis par le plus puissant des liens, celui d'un choix volontaire et d'un libre consentement. Nous aurions le ciel pour témoin, et notre vie entière pour nous absoudre. Mais je m'égare ce serait trop de joie pour un homme il n'y a de ces ivresses que dans le ciel. Dites, Clémence, auriez-vous la force d'être heureuse et de me rendre heureux ainsi ? Un mot, et j'agis, et je réussis , et nous nous envo-lons vers les solitudes comme deux ramiers amoureux. Mais - si. votre coeur faiblit devant cette destinée , il n'en faut pas moins que xous sortiez de cette maison où l'on vous tue à pètit feu il le faut pour vous si ce n'est pour moi. Choisis-sez alors ce qu'il vous convient de faire. Ni ma mère, ni ma soeur ne savent rien de tout ceci mais je suis assuré que si je vous remettais entre leurs mains, elles vous garderaient | 120 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. des grandeurs de la branche aînée. Vous payez pour dix géné-rations, Clémence ceux dont vous essuyez les morsures, c'est votre père qui les a réchauffés dans son sein. Cette situation ne peut durer mieux vaut un éclat que de se laisser étouffer entre quatre murs. Je ne vous parle pas de moi, à qui vous êtes nécessaire comme l'air que je res-pire, de moi qui aurai tout perdu si je vous perds. Je ne veux@ penser qu'à vous, Clémence, et ne veux parler que de vous. Eh bien ! pour vous, pour votre sûreté, il faut que vous quittiez cet hôtel maudit où se consume votre jeunesse. Il faut que vous revoyiez le soleil, que vous retrouviez l'es-pace@, la liberté, et des physionomies moins moroses que celles dont vous êtes environnée. Oh ! si vous me croyiez, il en serait vite ainsi. Quelque surveillée que vous puissiez être, je saurais bien vous arra-cher aux écr@ @s de vos guichetiers. Ne vous inquiétez pas des moyens j'en trouverai de sûrs. J'irai vous prendre dans mes bras et nous fuirons si loin qu'aucune puissance hu-maine ne pourra nous atteindre. Vivre avec vous, près de vous, seul avec vous, tenez, Clémence, c'est là une de ces pensées qui me rendent fou de bonheur, quand j'y songe, et qui me donneraient des forces surnaturelles pour y arriver. Détachés du monde, inconnus à lui, oubliant, oubliés, qui pourrait nous troubler dans nos extases ? Nous demanderions à la nature ce que la civilisation nous refuse, le droit de nous aimer, de nous dévouer l'un à l'autre, de rester unis par le plus puissant des liens, celui d'un choix volontaire et d'un libre consentement. Nous aurions le ciel pour témoin, et notre vie entière pour nous absoudre. Mais je m'égare ce serait trop de joie pour un homme il n'y a de ces ivresses que dans le ciel. Dites, Clémence, auriez-vous la force d'être heureuse et de me rendre heureux ainsi ? Un mot, et j'agis, et je réussis@, et nous nous envo-lons vers les solitudes comme deux ramiers amoureux. Mais@@ si@ votre coeur faiblit devant cette destinée@, il n'en faut pas moins que vous sortiez de cette maison où l'on vous tue à petit feu il le faut pour vous si ce n'est pour moi. Choisis-sez alors ce qu'il vous convient de faire. Ni ma mère, ni ma soeur ne savent rien de tout ceci mais je suis assuré que si je vous remettais entre leurs mains, elles vous garderaient | 120 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. des grandeurs de la branche aînée. Vous payez pour dix géné-rations, Clémence ceux dont vous essuyez les morsures, c'est votre père qui les a réchauffés dans son sein. Cette situation ne peut durer mieux vaut un éclat que de se laisser étouffer entre quatre murs. Je ne vous parle pas de moi, à qui vous êtes nécessaire comme l'air que je res-pire, de moi qui aurai tout perdu si je vous perds. Je ne veux@ penser qu'à vous, Clémence, et ne veux parler que de vous. Eh bien ! pour vous, pour votre sûreté, il faut que vous quittiez cet hôtel maudit où se consume votre jeunesse. Il faut que vous revoyiez le soleil, que vous retrouviez l'es-pace@, la liberté, et des physionomies moins moroses que celles dont vous êtes environnée. Oh ! si vous me croyiez, il en serait vite ainsi. Quelque surveillée que vous puissiez être, je saurais bien vous arra-cher aux écr@ @s de vos guichetiers. Ne vous inquiétez pas des moyens j'en trouverai de sûrs. J'irai vous prendre dans mes bras et nous fuirons si loin qu'aucune puissance hu-maine ne pourra nous atteindre. Vivre avec vous, près de vous, seul avec vous, tenez, Clémence, c'est là une de ces pensées qui me rendent fou de bonheur, quand j'y songe, et qui me donneraient des forces surnaturelles pour y arriver. Détachés du monde, inconnus à lui, oubliant, oubliés, qui pourrait nous troubler dans nos extases ? Nous demanderions à la nature ce que la civilisation nous refuse, le droit de nous aimer, de nous dévouer l'un à l'autre, de rester unis par le plus puissant des liens, celui d'un choix volontaire et d'un libre consentement. Nous aurions le ciel pour témoin, et notre vie entière pour nous absoudre. Mais je m'égare ce serait trop de joie pour un homme il n'y a de ces ivresses que dans le ciel. Dites, Clémence, auriez-vous la force d'être heureuse et de me rendre heureux ainsi ? Un mot, et j'agis, et je réussis@, et nous nous envo-lons vers les solitudes comme deux ramiers amoureux. Mais@@ si@ votre coeur faiblit devant cette destinée@, il n'en faut pas moins que vous sortiez de cette maison où l'on vous tue à petit feu il le faut pour vous si ce n'est pour moi. Choisis-sez alors ce qu'il vous convient de faire. Ni ma mère, ni ma soeur ne savent rien de tout ceci mais je suis assuré que si je vous remettais entre leurs mains, elles vous garderaient | 120 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. des grandeurs de la branche aînée. Vous payez pour dix géné-rations, Clémence ceux dont vous essuyez les morsures, c'est votre père qui les a réchauffés dans son sein. Cette situation ne peut durer mieux vaut un éclat que de se laisser étouffer entre quatre murs. Je ne vous parle pas de moi, à qui vous êtes nécessaire comme l'air que je res-pire, de moi qui aurai tout perdu si je vous perds. Je ne veux penser qu'à vous, Clémence, et ne veux parler que de vous. Eh bien ! pour vous, pour votre sûreté, il faut que vous quittiez cet hôtel maudit où se consume votre jeunesse. Il faut que vous revoyiez le soleil, que vous retrouviez l'es-pace, la liberté, et des physionomies moins moroses que celles dont vous êtes environnée. Oh ! si vous me croyiez, il en serait vite ainsi. Quelque surveillée que vous puissiez être, je saurais bien vous arra-cher aux écr s de vos guichetiers. Ne vous inquiétez pas des moyens j'en trouverai de sûrs. J'irai vous prendre dans mes bras et nous fuirons si loin qu'aucune puissance hu-maine ne pourra nous atteindre. Vivre avec vous, près de vous, seul avec vous, tenez, Clémence, c'est là une de ces pensées qui me rendent fou de bonheur, quand j'y songe, et qui me donneraient des forces surnaturelles pour y arriver. Détachés du monde, inconnus à lui, oubliant, oubliés, qui pourrait nous troubler dans nos extases ? Nous demanderions à la nature ce que la civilisation nous refuse, le droit de nous aimer, de nous dévouer l'un à l'autre, de rester unis par le plus puissant des liens, celui d'un choix volontaire et d'un libre consentement. Nous aurions le ciel pour témoin, et notre vie entière pour nous absoudre. Mais je m'égare ce serait trop de joie pour un homme il n'y a de ces ivresses que dans le ciel. Dites, Clémence, auriez-vous la force d'être heureuse et de me rendre heureux ainsi ? Un mot, et j'agis, et je réussis, et nous nous envo-lons vers les solitudes comme deux ramiers amoureux. Mais si votre coeur faiblit devant cette destinée, il n'en faut pas moins que vous sortiez de cette maison où l'on vous tue à petit feu il le faut pour vous si ce n'est pour moi. Choisis-sez alors ce qu'il vous convient de faire. Ni ma mère, ni ma soeur ne savent rien de tout ceci mais je suis assuré que si je vous remettais entre leurs mains, elles vous garderaient | 20 | 0.008514 | 0.03299 |
89.txt | 1,821 | 38 même Etat lui ont facilité les moyens de faire quelques observations curieuses sur l'extrême irritabilité de l'at-trape-mouche dioncea muscipula , dont les, feuilles radicales un peu charnues, bordées de longs cils épi-neux se contractent, se plient, se serrent de manière a servir de tombeau à l'insecte imprudent venu dans son sein pour y recueillir la liqueur sucrée qu'elle distille. Cette plante abonde tellement auprès de Wilmington, qu'elle y paraît exclusive, et si l'on en rencontre parfois dans les endroits bourbeux et inondés de la Géorgie, de la Caroline du sud et de la Virginie , elle y est toujours rare et comme importée- L'irritabilité de la dionée de-venant nulle lorsque la fructification est entièrement ter-minée , notre voyageur en conclut qu'elle est due à une force interne qui n'est point connue , et qui se lie étroi-tement au mouvement de la sève et à l'entretien de la vie végétale i . Auprès de Charleston, dans la Caroline du sud, il a reconnu., sur les bords de la Santé, des os et des dents de l'éléphant que l'on ne trouve plus qu'aux Indes-Orien-tales ils gisaient au-dessus d'un grand banc de coquillages fossiles, parmi lesquels se rencontrent des huîtres très-épaisses, circulaires, et de 18 à 21 centimètres 7 à 8 pouces de diamètre. Ils avaient été mis à découvert parle débordement extraordinaire du mois de janvier 1796, qui éleva tout-à-eoup les eaux de la rivière à dix mètres ou 3o.pieds au-dessus de leur niveau accoutumé 2 . 1 Notes recueillies dans le journal inédit de ses Voya-ges en Amérique, 2 Mémoire inédit lu à l'Institut le 6 frimaire an VIII, ou 27 novembre 1799. | 38 même Etat lui ont facilité les moyens de faire quelques observations curieuses sur l'extrême irritabilité de l'at-trape-mouche dion@@cea muscipula , dont les, feuilles radicales un peu charnues, bordées de longs cils épi-neux se contractent, se plient, se serrent de manière a servir de tombeau à l'insecte imprudent venu dans son sein pour y recueillir la liqueur sucrée qu'elle distille. Cette plante abonde tellement auprès de Wilmington, qu'elle y paraît exclusive, et si l'on en rencontre parfois dans les endroits bourbeux et inondés de la Géorgie, de la Caroline du sud et de la Virginie , elle y est toujours rare et comme importée- L'irritabilité de la dionée de-venant nulle lorsque la fructification est entièrement ter-minée , notre voyageur en conclut qu'elle est due à une force interne qui n'est point connue , et qui se lie étroi-tement au mouvement de la sève et à l'entretien de la vie végétale i . Auprès de Charleston, dans la Caroline du sud, il a reconnu., sur les bords de la Santé, des os et des dents de l'éléphant que l'on ne trouve plus qu'aux Indes-Orien-tales ils gisaient au-dessus d'un grand banc de coquillages fossiles, parmi lesquels se rencontrent des huîtres très-épaisses, circulaires, et de 18 à 21 centimètres 7 à 8 pouces de diamètre. Ils avaient été mis à découvert par@le débordement extraordinaire du mois de janvier 1796, qui éleva tout-à-eoup les eaux de la rivière à dix mètres ou 3o.pieds au-dessus de leur niveau accoutumé 2 .@@@ 1 Notes recueillies dans le journal inédit de ses Voya-ges en Amérique, 2 Mémoire inédit lu à l'Institut le 6 frimaire an VIII, ou 27 novembre 1799. | ####### Etat lui ont facilité les moyens de faire quelques observations curieuses sur l'extrême irritabilité de l'at-trape-mouche dionoecea muscipula , dont les, feuilles radicales un peu charnues, bordées de longs cils épi-neux se contractent, se plient, se serrent de manière a servir de tombeau à l'insecte imprudent venu dans son sein pour y recueillir la liqueur sucrée qu'elle distille. Cette plante abonde tellement auprès de Wilmington, qu'elle y paraît exclusive, et si l'on en rencontre parfois dans les endroits bourbeux et inondés de la Géorgie, de la Caroline du sud et de la Virginie , elle y est toujours rare et comme importée. L'irritabilité de la dionée de-venant nulle lorsque la fructification est entièrement ter-minée , notre voyageur en conclut qu'elle est due à une force interne qui n'est point connue , et qui se lie étroi-tement au mouvement de la sève et à l'entretien de la vie végétale 1 . Auprès de Charleston, dans la Caroline du sud, il a reconnu., sur les bords de la Santé, des os et des dents de l'éléphant que l'on ne trouve plus qu'aux Indes-Orien-tales ils gisaient au-dessus d'un grand banc de coquillages fossiles, parmi lesquels se rencontrent des huîtres très-épaisses, circulaires, et de 18 à 21 centimètres 7 à 8 pouces de diamètre. Ils avaient été mis à découvert par le débordement extraordinaire du mois de janvier 1796, qui éleva tout-à-eoup les eaux de la rivière à dix mètres ou 3o.pieds au-dessus de leur niveau accoutumé 2 . 38 1 Notes recueillies dans le journal inédit de ses Voya-ges en Amérique, 2 Mémoire inédit lu à l'Institut le 6 frimaire an VIII, ou 27 novembre 1799. | 38 même Etat lui ont facilité les moyens de faire quelques observations curieuses sur l'extrême irritabilité de l'at-trape-mouche dionoecea muscipula , dont les, feuilles radicales un peu charnues, bordées de longs cils épi-neux se contractent, se plient, se serrent de manière a servir de tombeau à l'insecte imprudent venu dans son sein pour y recueillir la liqueur sucrée qu'elle distille. Cette plante abonde tellement auprès de Wilmington, qu'elle y paraît exclusive, et si l'on en rencontre parfois dans les endroits bourbeux et inondés de la Géorgie, de la Caroline du sud et de la Virginie , elle y est toujours rare et comme importée. L'irritabilité de la dionée de-venant nulle lorsque la fructification est entièrement ter-minée , notre voyageur en conclut qu'elle est due à une force interne qui n'est point connue , et qui se lie étroi-tement au mouvement de la sève et à l'entretien de la vie végétale 1 . Auprès de Charleston, dans la Caroline du sud, il a reconnu., sur les bords de la Santé, des os et des dents de l'éléphant que l'on ne trouve plus qu'aux Indes-Orien-tales ils gisaient au-dessus d'un grand banc de coquillages fossiles, parmi lesquels se rencontrent des huîtres très-épaisses, circulaires, et de 18 à 21 centimètres 7 à 8 pouces de diamètre. Ils avaient été mis à découvert par le débordement extraordinaire du mois de janvier 1796, qui éleva tout-à-eoup les eaux de la rivière à dix mètres ou 3o.pieds au-dessus de leur niveau accoutumé 2 . 38 1 Notes recueillies dans le journal inédit de ses Voya-ges en Amérique, 2 Mémoire inédit lu à l'Institut le 6 frimaire an VIII, ou 27 novembre 1799. | 38 même Etat lui ont facilité les moyens de faire quelques observations curieuses sur l'extrême irritabilité de l'at-trape-mouche dionoecea muscipula , dont les, feuilles radicales un peu charnues, bordées de longs cils épi-neux se contractent, se plient, se serrent de manière a servir de tombeau à l'insecte imprudent venu dans son sein pour y recueillir la liqueur sucrée qu'elle distille. Cette plante abonde tellement auprès de Wilmington, qu'elle y paraît exclusive, et si l'on en rencontre parfois dans les endroits bourbeux et inondés de la Géorgie, de la Caroline du sud et de la Virginie , elle y est toujours rare et comme importée. L'irritabilité de la dionée de-venant nulle lorsque la fructification est entièrement ter-minée , notre voyageur en conclut qu'elle est due à une force interne qui n'est point connue , et qui se lie étroi-tement au mouvement de la sève et à l'entretien de la vie végétale 1 . Auprès de Charleston, dans la Caroline du sud, il a reconnu., sur les bords de la Santé, des os et des dents de l'éléphant que l'on ne trouve plus qu'aux Indes-Orien-tales ils gisaient au-dessus d'un grand banc de coquillages fossiles, parmi lesquels se rencontrent des huîtres très-épaisses, circulaires, et de 18 à 21 centimètres 7 à 8 pouces de diamètre. Ils avaient été mis à découvert par le débordement extraordinaire du mois de janvier 1796, qui éleva tout-à-eoup les eaux de la rivière à dix mètres ou 3o.pieds au-dessus de leur niveau accoutumé 2 . 38 1 Notes recueillies dans le journal inédit de ses Voya-ges en Amérique, 2 Mémoire inédit lu à l'Institut le 6 frimaire an VIII, ou 27 novembre 1799. | 8 | 0.004911 | 0.030405 |
611.txt | 1,886 | 136 L'ART DE MAGNÉTISER qui, par une pratique suivie, a pu acquérir une connaissance profonde des lois qui président aux développements des phé-nomènes magnétiques. Dans ce chapitre, je passe sous silence les maux de tête, les petits engourdissements, les malaises, qui sont presque toujours la suite d'une magnétisation mal entendue. Quelquefois il se présente un autre danger.. A Nantes, devant une trentaine de médecins et plusieurs autres personnes, parmi lesquelles se trouvaient quelques dames, je magnétisais une jeune fille nommée Manette, que j'endormais à distance le docteur Guépinme conduisit dans une salle à côté, et me pria d'endormir la somnambule je le fis à l'instant, et cela fut si prompt, que la jeune fille, qui marchait dans la salle en causant avec une dame, s'arrêta tout à coup, ses yeux se fermèrent et ses mains devinrent froides. La dame qui causait avec elle, et qui lui tenait la main, la lâcha en la sentant glacée et humide à l'intérieur. La sensation est semblable à celle qu'on éprouve en touchant à un reptile. S'apercevant que la jeune fille était endormie, elle fut tellement impressionnée qu'elle eut une violente attaque de nerfs. On la transporta dans une autre pièce, et je l'accompagnai pour faire cesser les accidents. Pendant que je m'occupais d'elle, une des demoiselles de la maison, qui la soutenait, eut une crise nerveuse. La soeur de cette demoiselle en eut une aussi, et la mère, grosse et bonne maman, plus large que haute, s'affaissa sur elle-même en voyant l'état de ses deux jeunes filles et roula par terre une troisième soeur éprouva les mêmes atteintes cinq personnes enfin, toutes impres-sionnées les unes par les autres, tombèrent dans des atta-ques violentes. Je renvoyai toutes les autres dames pour éviter que la contagion du mal ne les gagnât les une après les autres, ce qui serait infailliblement arrivé si elles fussent restées je 11s mettre chacune des malades dans une chambre séparée, et, en moins de sept à huit minutes, j'avais ramené partout le calme en allant les magnétiser alternativement. Le docteur Guépin nous fit remarquer combien l'imitation et l'imagination ont de puissance sur le .physique, et il nous | 136 L'ART DE MAGNÉTISER qui, par une pratique suivie, a pu acquérir une connaissance profonde des lois qui président aux développements des phé-nomènes magnétiques. Dans ce chapitre, je passe sous silence les maux de tête, les petits engourdissements, les malaises, qui sont presque toujours la suite d'une magnétisation mal entendue. Quelquefois il se présente un autre danger.. A Nantes, devant une trentaine de médecins et plusieurs autres personnes, parmi lesquelles se trouvaient quelques dames, je magnétisais une jeune fille nommée Manette, que j'endormais à distance le docteur Guépin@me conduisit dans une salle à côté, et me pria d'endormir la somnambule je le fis à l'instant, et cela fut si prompt, que la jeune fille, qui marchait dans la salle en causant avec une dame, s'arrêta tout à coup, ses yeux se fermèrent et ses mains devinrent froides. La dame qui causait avec elle, et qui lui tenait la main, la lâcha en la sentant glacée et humide à l'intérieur. La sensation est semblable à celle qu'on éprouve en touchant à un reptile. S'apercevant que la jeune fille était endormie, elle fut tellement impressionnée qu'elle eut une violente attaque de nerfs. On la transporta dans une autre pièce, et je l'accompagnai pour faire cesser les accidents. Pendant que je m'occupais d'elle, une des demoiselles de la maison, qui la soutenait, eut une crise nerveuse. La soeur de cette demoiselle en eut une aussi, et la mère, grosse et bonne maman, plus large que haute, s'affaissa sur elle-même en voyant l'état de ses deux jeunes filles et roula par terre une troisième soeur éprouva les mêmes atteintes cinq personnes enfin, toutes impres-sionnées les unes par les autres, tombèrent dans des atta-ques violentes. Je renvoyai toutes les autres dames pour éviter que la contagion du mal ne les gagnât les une après les autres, ce qui serait infailliblement arrivé si elles fussent restées je 11s mettre chacune des malades dans une chambre séparée, et, en moins de sept à huit minutes, j'avais ramené partout le calme en allant les magnétiser alternativement. Le docteur Guépin nous fit remarquer combien l'imitation et l'imagination ont de puissance sur le .physique, et il nous | 136 L'ART DE MAGNÉTISER qui, par une pratique suivie, a pu acquérir une connaissance profonde des lois qui président aux développements des phé-nomènes magnétiques. Dans ce chapitre, je passe sous silence les maux de tête, les petits engourdissements, les malaises, qui sont presque toujours la suite d'une magnétisation mal entendue. Quelquefois il se présente un autre danger.@ A Nantes, devant une trentaine de médecins et plusieurs autres personnes, parmi lesquelles se trouvaient quelques dames, je magnétisais une jeune fille nommée Manette, que j'endormais à distance le docteur Guépin me conduisit dans une salle à côté, et me pria d'endormir la somnambule je le fis à l'instant, et cela fut si prompt, que la jeune fille, qui marchait dans la salle en causant avec une dame, s'arrêta tout à coup, ses yeux se fermèrent et ses mains devinrent froides. La dame qui causait avec elle, et qui lui tenait la main, la lâcha en la sentant glacée et humide à l'intérieur. La sensation est semblable à celle qu'on éprouve en touchant à un reptile. S'apercevant que la jeune fille était endormie, elle fut tellement impressionnée qu'elle eut une violente attaque de nerfs. On la transporta dans une autre pièce, et je l'accompagnai pour faire cesser les accidents. Pendant que je m'occupais d'elle, une des demoiselles de la maison, qui la soutenait, eut une crise nerveuse. La soeur de cette demoiselle en eut une aussi, et la mère, grosse et bonne maman, plus large que haute, s'affaissa sur elle-même en voyant l'état de ses deux jeunes filles et roula par terre une troisième soeur éprouva les mêmes atteintes cinq personnes enfin, toutes impres-sionnées les unes par les autres, tombèrent dans des atta-ques violentes. Je renvoyai toutes les autres dames pour éviter que la contagion du mal ne les gagnât les une après les autres, ce qui serait infailliblement arrivé si elles fussent restées je fis mettre chacune des malades dans une chambre séparée, et, en moins de sept à huit minutes, j'avais ramené partout le calme en allant les magnétiser alternativement. Le docteur Guépin nous fit remarquer combien l'imitation et l'imagination ont de puissance sur le @physique, et il nous | 136 L'ART DE MAGNÉTISER qui, par une pratique suivie, a pu acquérir une connaissance profonde des lois qui président aux développements des phé-nomènes magnétiques. Dans ce chapitre, je passe sous silence les maux de tête, les petits engourdissements, les malaises, qui sont presque toujours la suite d'une magnétisation mal entendue. Quelquefois il se présente un autre danger.@ A Nantes, devant une trentaine de médecins et plusieurs autres personnes, parmi lesquelles se trouvaient quelques dames, je magnétisais une jeune fille nommée Manette, que j'endormais à distance le docteur Guépin me conduisit dans une salle à côté, et me pria d'endormir la somnambule je le fis à l'instant, et cela fut si prompt, que la jeune fille, qui marchait dans la salle en causant avec une dame, s'arrêta tout à coup, ses yeux se fermèrent et ses mains devinrent froides. La dame qui causait avec elle, et qui lui tenait la main, la lâcha en la sentant glacée et humide à l'intérieur. La sensation est semblable à celle qu'on éprouve en touchant à un reptile. S'apercevant que la jeune fille était endormie, elle fut tellement impressionnée qu'elle eut une violente attaque de nerfs. On la transporta dans une autre pièce, et je l'accompagnai pour faire cesser les accidents. Pendant que je m'occupais d'elle, une des demoiselles de la maison, qui la soutenait, eut une crise nerveuse. La soeur de cette demoiselle en eut une aussi, et la mère, grosse et bonne maman, plus large que haute, s'affaissa sur elle-même en voyant l'état de ses deux jeunes filles et roula par terre une troisième soeur éprouva les mêmes atteintes cinq personnes enfin, toutes impres-sionnées les unes par les autres, tombèrent dans des atta-ques violentes. Je renvoyai toutes les autres dames pour éviter que la contagion du mal ne les gagnât les une après les autres, ce qui serait infailliblement arrivé si elles fussent restées je fis mettre chacune des malades dans une chambre séparée, et, en moins de sept à huit minutes, j'avais ramené partout le calme en allant les magnétiser alternativement. Le docteur Guépin nous fit remarquer combien l'imitation et l'imagination ont de puissance sur le @physique, et il nous | 136 L'ART DE MAGNÉTISER qui, par une pratique suivie, a pu acquérir une connaissance profonde des lois qui président aux développements des phé-nomènes magnétiques. Dans ce chapitre, je passe sous silence les maux de tête, les petits engourdissements, les malaises, qui sont presque toujours la suite d'une magnétisation mal entendue. Quelquefois il se présente un autre danger. A Nantes, devant une trentaine de médecins et plusieurs autres personnes, parmi lesquelles se trouvaient quelques dames, je magnétisais une jeune fille nommée Manette, que j'endormais à distance le docteur Guépin me conduisit dans une salle à côté, et me pria d'endormir la somnambule je le fis à l'instant, et cela fut si prompt, que la jeune fille, qui marchait dans la salle en causant avec une dame, s'arrêta tout à coup, ses yeux se fermèrent et ses mains devinrent froides. La dame qui causait avec elle, et qui lui tenait la main, la lâcha en la sentant glacée et humide à l'intérieur. La sensation est semblable à celle qu'on éprouve en touchant à un reptile. S'apercevant que la jeune fille était endormie, elle fut tellement impressionnée qu'elle eut une violente attaque de nerfs. On la transporta dans une autre pièce, et je l'accompagnai pour faire cesser les accidents. Pendant que je m'occupais d'elle, une des demoiselles de la maison, qui la soutenait, eut une crise nerveuse. La soeur de cette demoiselle en eut une aussi, et la mère, grosse et bonne maman, plus large que haute, s'affaissa sur elle-même en voyant l'état de ses deux jeunes filles et roula par terre une troisième soeur éprouva les mêmes atteintes cinq personnes enfin, toutes impres-sionnées les unes par les autres, tombèrent dans des atta-ques violentes. Je renvoyai toutes les autres dames pour éviter que la contagion du mal ne les gagnât les une après les autres, ce qui serait infailliblement arrivé si elles fussent restées je fis mettre chacune des malades dans une chambre séparée, et, en moins de sept à huit minutes, j'avais ramené partout le calme en allant les magnétiser alternativement. Le docteur Guépin nous fit remarquer combien l'imitation et l'imagination ont de puissance sur le physique, et il nous | 5 | 0.002288 | 0.012407 |
177.txt | 1,864 | -211 -roi quelques uns même l'ont comparée à Agnès Sorel, rapprochement plus ingénieux que vrai les idées du XIVe siècle ne ressemblaient pas plus à celles du XVIIIe que Chenonceaux ne peut être comparé à Choisy. Ce qui rendit plus triste et plus intéressante la mémoire de Madame de Châteauroux ce fut sa mort si soudaine, le lendemain de son triomphe. Les poètes lui faisaient dire Sans relever l'éclat de mon illustre sang Un seul trait fera vivre à jamais ma mémoire, Louis revoit le jour pour me rendre mon rang Et je meurs sans regret pour lui rendre sa gloire. Il reste de la vie de Madame de Châteauroux bien peu de traces tout ce qu'on sait d'elle a été conservé dans les récits contemporains. Ces existences éphémères de favorites spirituelles, délicates ne laissent pas plus de trace que les bouquets de roses qui naissent, se fanent et s'ef-feuillent en quelques jours le rouge et le blanc s'éraillent, les mouches disparaissent Boucher seul les a fait revivre dans ses inimitables toiles. Les collecteurs d'autographes, gardent quelques lettres de Madame de Châteauroux dont l'authen-ticité n'est pas plus prouvée que celle de tant de pièces, mensonges de l'histoire. On lui a fait écrire aussi des mémoires à cette époque de | -211 -roi quelques uns même l'ont comparée à Agnès Sorel, rapprochement plus ingénieux que vrai les idées du XIVe siècle ne ressemblaient pas plus à celles du XVIIIe que Chenonceaux ne peut être comparé à Choisy. Ce qui rendit plus triste et plus intéressante la mémoire de Madame de Châteauroux ce fut sa mort si soudaine, le lendemain de son triomphe. Les poètes lui faisaient dire Sans relever l'éclat de mon illustre sang Un seul trait fera vivre à jamais ma mémoire, Louis revoit le jour pour me rendre mon rang Et je meurs sans regret pour lui rendre sa gloire. Il reste de la vie de Madame de Châteauroux bien peu de traces tout ce qu'on sait d'elle a été conservé dans les récits contemporains. Ces existences éphémères de favorites spirituelles, délicates ne laissent pas plus de trace que les bouquets de roses qui naissent, se fanent et s'ef-feuillent en quelques jours le rouge et le blanc s'éraillent, les mouches disparaissent Boucher seul les a fait revivre dans ses inimitables toiles. Les collecteurs d'autographes, gardent quelques lettres de Madame de Châteauroux dont l'authen-ticité n'est pas plus prouvée que celle de tant de pièces, mensonges de l'histoire. On lui a fait écrire aussi des mémoires à cette époque de | ######### quelques uns même l'ont comparée à Agnès Sorel, rapprochement plus ingénieux que vrai les idées du XIVe siècle ne ressemblaient pas plus à celles du XVIIIe que Chenonceaux ne peut être comparé à Choisy. Ce qui rendit plus triste et plus intéressante la mémoire de Madame de Châteauroux ce fut sa mort si soudaine, le lendemain de son triomphe. Les poëtes lui faisaient dire Sans relever l'éclat de mon illustre sang Un seul trait fera vivre à jamais ma mémoire, Louis revoit le jour pour me rendre mon rang Et je meurs sans regret pour lui rendre sa gloire. Il reste de la vie de Madame de Châteauroux bien peu de traces tout ce qu'on sait d'elle a été conservé dans les récits contemporains. Ces existences éphémères de favorites spirituelles, délicates ne laissent pas plus de trace que les bouquets de roses qui naissent, se fanent et s'ef-feuillent en quelques jours le rouge et le blanc s'éraillent, les mouches disparaissent Boucher seul les a fait revivre dans ses inimitables toiles. Les collecteurs d'autographes, gardent quelques lettres de Madame de Châteauroux dont l'authen-ticité n'est pas plus prouvée que celle de tant de pièces, mensonges de l'histoire. On lui a fait écrire aussi des mémoires à cette époque de | -211 -roi quelques uns même l'ont comparée à Agnès Sorel, rapprochement plus ingénieux que vrai les idées du XIVe siècle ne ressemblaient pas plus à celles du XVIIIe que Chenonceaux ne peut être comparé à Choisy. Ce qui rendit plus triste et plus intéressante la mémoire de Madame de Châteauroux ce fut sa mort si soudaine, le lendemain de son triomphe. Les poëtes lui faisaient dire Sans relever l'éclat de mon illustre sang Un seul trait fera vivre à jamais ma mémoire, Louis revoit le jour pour me rendre mon rang Et je meurs sans regret pour lui rendre sa gloire. Il reste de la vie de Madame de Châteauroux bien peu de traces tout ce qu'on sait d'elle a été conservé dans les récits contemporains. Ces existences éphémères de favorites spirituelles, délicates ne laissent pas plus de trace que les bouquets de roses qui naissent, se fanent et s'ef-feuillent en quelques jours le rouge et le blanc s'éraillent, les mouches disparaissent Boucher seul les a fait revivre dans ses inimitables toiles. Les collecteurs d'autographes, gardent quelques lettres de Madame de Châteauroux dont l'authen-ticité n'est pas plus prouvée que celle de tant de pièces, mensonges de l'histoire. On lui a fait écrire aussi des mémoires à cette époque de | -211 -roi quelques uns même l'ont comparée à Agnès Sorel, rapprochement plus ingénieux que vrai les idées du XIVe siècle ne ressemblaient pas plus à celles du XVIIIe que Chenonceaux ne peut être comparé à Choisy. Ce qui rendit plus triste et plus intéressante la mémoire de Madame de Châteauroux ce fut sa mort si soudaine, le lendemain de son triomphe. Les poëtes lui faisaient dire Sans relever l'éclat de mon illustre sang Un seul trait fera vivre à jamais ma mémoire, Louis revoit le jour pour me rendre mon rang Et je meurs sans regret pour lui rendre sa gloire. Il reste de la vie de Madame de Châteauroux bien peu de traces tout ce qu'on sait d'elle a été conservé dans les récits contemporains. Ces existences éphémères de favorites spirituelles, délicates ne laissent pas plus de trace que les bouquets de roses qui naissent, se fanent et s'ef-feuillent en quelques jours le rouge et le blanc s'éraillent, les mouches disparaissent Boucher seul les a fait revivre dans ses inimitables toiles. Les collecteurs d'autographes, gardent quelques lettres de Madame de Châteauroux dont l'authen-ticité n'est pas plus prouvée que celle de tant de pièces, mensonges de l'histoire. On lui a fait écrire aussi des mémoires à cette époque de | 1 | 0.000808 | 0.004484 |
605.txt | 1,886 | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 119 ces matières se trouvent dans le petit intestin, elles y sé-journent longtemps. - Je vois une petite chose ronde, blanche - c'est vieux, c'est rond, gris je ne vois ni tête, ni queue, ce ne sont pas des vers attendez que je voie bien. - Oh! ce sont des vers, il n'y en a pas qu'un. - Dans l'intestin qui reçoit la nourriture, ce n'est'plus la même chose cela a une forme de ver cela a une tête qui est grosse comme le pouce elle tourne jusqu'à l'intestin grêle c'est attaché après c'est long d'un mètre, - ça a des yeux ronds, gros, une bouche large comme le pouce il se nourrit de sang et du suc des aliments. - Il est né avec l'individu et il s'est développé en lui. - Si on l'empoisonne, je crains qu'il ne l'étouffé. Lorsque je vis que cette seconde somnambule m'accusait la même chose que la première, je commençai à être ébranlé et je pensai qu'elles pouvaient à elles deux avoir raison la seconde ordonna un traitement qui fut approuvé par la première. D'autres consultations eurent lieu, et toujours les deux somnambules virent l'animal, elles accusèrent sa mort et sa sortie mais, hélas ! s'il sortit, il se fit invisible, ce qui était difficile, puisque toutes les deux l'avaient désigné comme ayant un mètre de long. Ces deux somnambules se trompaient il n'y avait pas de ver, et c'était un effet de leur imagination la coïncidence d'opinion et de vue est difficile à expliquer mais enfin le fait est là il n'y a pas eu le plus petit indice de ver, je le répète, elles s'étaient trompées. Si deux somnambules peuvent se tromper sur les cheveux de la même personne, si leur imagination peut divaguer comme dans le cas ci-dessus, n'est-on pas autorisé à dire que le somnambulisme ne peut être de quelque utilité? Quant à moi, je l'affirme dans toute la franchise de mon âme, non, le somnambulisme n'est pas utile, il est plutôt dangereux dans l'état actuel des choses. Lorsque je fais des expériences de lucidité, je ne mets point de bandeau sur les yeux ni sur la figure cette pratique fatigue et échauffe inutilement les somnambules, et n'est | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 119 ces matières se trouvent dans le petit intestin, elles y sé-journent longtemps. - Je vois une petite chose ronde, blanche - c'est vieux, c'est rond, gris je ne vois ni tête, ni queue, ce ne sont pas des vers attendez que je voie bien. - Oh! ce sont des vers, il n'y en a pas qu'un. - Dans l'intestin qui reçoit la nourriture, ce n'est'plus la même chose cela a une forme de ver cela a une tête qui est grosse comme le pouce elle tourne jusqu'à l'intestin grêle c'est attaché après c'est long d'un mètre, - ça a des yeux ronds, gros, une bouche large comme le pouce il se nourrit de sang et du suc des aliments. - Il est né avec l'individu et il s'est développé en lui. - Si on l'empoisonne, je crains qu'il ne l'étouffé. Lorsque je vis que cette seconde somnambule m'accusait la même chose que la première, je commençai à être ébranlé et je pensai qu'elles pouvaient à elles deux avoir raison la seconde ordonna un traitement qui fut approuvé par la première. D'autres consultations eurent lieu, et toujours les deux somnambules virent l'animal, elles accusèrent sa mort et sa sortie mais, hélas ! s'il sortit, il se fit invisible, ce qui était difficile, puisque toutes les deux l'avaient désigné comme ayant un mètre de long. Ces deux somnambules se trompaient il n'y avait pas de ver, et c'était un effet de leur imagination la coïncidence d'opinion et de vue est difficile à expliquer mais enfin le fait est là il n'y a pas eu le plus petit indice de ver, je le répète, elles s'étaient trompées. Si deux somnambules peuvent se tromper sur les cheveux de la même personne, si leur imagination peut divaguer comme dans le cas ci-dessus, n'est-on pas autorisé à dire que le somnambulisme ne peut être de quelque utilité@? Quant à moi, je l'affirme dans toute la franchise de mon âme, non, le somnambulisme n'est pas utile, il est plutôt dangereux dans l'état actuel des choses. Lorsque je fais des expériences de lucidité, je ne mets point de bandeau sur les yeux ni sur la figure cette pratique fatigue et échauffe inutilement les somnambules, et n'est | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 119 ces matières se trouvent dans le petit intestin, elles y sé-journent longtemps. -@Je vois une petite chose ronde, blanche -@c'est vieux, c'est rond, gris je ne vois ni tête, ni queue, ce ne sont pas des vers attendez que je voie bien. -@Oh! ce sont des vers, il n'y en a pas qu'un. -@Dans l'intestin qui reçoit la nourriture, ce n'est plus la même chose cela a une forme de ver cela a une tête qui est grosse comme le pouce elle tourne jusqu'à l'intestin grêle c'est attaché après c'est long d'un mètre, -@ça a des yeux ronds, gros, une bouche large comme le pouce il se nourrit de sang et du suc des aliments. -@Il est né avec l'individu et il s'est développé en lui. -@Si on l'empoisonne, je crains qu'il ne l'étouffe. Lorsque je vis que cette seconde somnambule m'accusait la même chose que la première, je commençai à être ébranlé et je pensai qu'elles pouvaient à elles deux avoir raison la seconde ordonna un traitement qui fut approuvé par la première. D'autres consultations eurent lieu, et toujours les deux somnambules virent l'animal, elles accusèrent sa mort et sa sortie mais, hélas ! s'il sortit, il se fit invisible, ce qui était difficile, puisque toutes les deux l'avaient désigné comme ayant un mètre de long. Ces deux somnambules se trompaient il n'y avait pas de ver, et c'était un effet de leur imagination la coïncidence d'opinion et de vue est difficile à expliquer mais enfin le fait est là il n'y a pas eu le plus petit indice de ver, je le répète, elles s'étaient trompées. Si deux somnambules peuvent se tromper sur les cheveux de la même personne, si leur imagination peut divaguer comme dans le cas ci-dessus, n'est-on pas autorisé à dire que le somnambulisme ne peut être de quelque utilité ? Quant à moi, je l'affirme dans toute la franchise de mon âme, non, le somnambulisme n'est pas utile, il est plutôt dangereux dans l'état actuel des choses. Lorsque je fais des expériences de lucidité, je ne mets point de bandeau sur les yeux ni sur la figure cette pratique fatigue et échauffe inutilement les somnambules, et n'est | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 119 ces matières se trouvent dans le petit intestin, elles y sé-journent longtemps. -@Je vois une petite chose ronde, blanche -@c'est vieux, c'est rond, gris je ne vois ni tête, ni queue, ce ne sont pas des vers attendez que je voie bien. -@Oh! ce sont des vers, il n'y en a pas qu'un. -@Dans l'intestin qui reçoit la nourriture, ce n'est plus la même chose cela a une forme de ver cela a une tête qui est grosse comme le pouce elle tourne jusqu'à l'intestin grêle c'est attaché après c'est long d'un mètre, -@ça a des yeux ronds, gros, une bouche large comme le pouce il se nourrit de sang et du suc des aliments. -@Il est né avec l'individu et il s'est développé en lui. -@Si on l'empoisonne, je crains qu'il ne l'étouffe. Lorsque je vis que cette seconde somnambule m'accusait la même chose que la première, je commençai à être ébranlé et je pensai qu'elles pouvaient à elles deux avoir raison la seconde ordonna un traitement qui fut approuvé par la première. D'autres consultations eurent lieu, et toujours les deux somnambules virent l'animal, elles accusèrent sa mort et sa sortie mais, hélas ! s'il sortit, il se fit invisible, ce qui était difficile, puisque toutes les deux l'avaient désigné comme ayant un mètre de long. Ces deux somnambules se trompaient il n'y avait pas de ver, et c'était un effet de leur imagination la coïncidence d'opinion et de vue est difficile à expliquer mais enfin le fait est là il n'y a pas eu le plus petit indice de ver, je le répète, elles s'étaient trompées. Si deux somnambules peuvent se tromper sur les cheveux de la même personne, si leur imagination peut divaguer comme dans le cas ci-dessus, n'est-on pas autorisé à dire que le somnambulisme ne peut être de quelque utilité ? Quant à moi, je l'affirme dans toute la franchise de mon âme, non, le somnambulisme n'est pas utile, il est plutôt dangereux dans l'état actuel des choses. Lorsque je fais des expériences de lucidité, je ne mets point de bandeau sur les yeux ni sur la figure cette pratique fatigue et échauffe inutilement les somnambules, et n'est | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 119 ces matières se trouvent dans le petit intestin, elles y sé-journent longtemps. -Je vois une petite chose ronde, blanche -c'est vieux, c'est rond, gris je ne vois ni tête, ni queue, ce ne sont pas des vers attendez que je voie bien. -Oh! ce sont des vers, il n'y en a pas qu'un. -Dans l'intestin qui reçoit la nourriture, ce n'est plus la même chose cela a une forme de ver cela a une tête qui est grosse comme le pouce elle tourne jusqu'à l'intestin grêle c'est attaché après c'est long d'un mètre, -ça a des yeux ronds, gros, une bouche large comme le pouce il se nourrit de sang et du suc des aliments. -Il est né avec l'individu et il s'est développé en lui. -Si on l'empoisonne, je crains qu'il ne l'étouffe. Lorsque je vis que cette seconde somnambule m'accusait la même chose que la première, je commençai à être ébranlé et je pensai qu'elles pouvaient à elles deux avoir raison la seconde ordonna un traitement qui fut approuvé par la première. D'autres consultations eurent lieu, et toujours les deux somnambules virent l'animal, elles accusèrent sa mort et sa sortie mais, hélas ! s'il sortit, il se fit invisible, ce qui était difficile, puisque toutes les deux l'avaient désigné comme ayant un mètre de long. Ces deux somnambules se trompaient il n'y avait pas de ver, et c'était un effet de leur imagination la coïncidence d'opinion et de vue est difficile à expliquer mais enfin le fait est là il n'y a pas eu le plus petit indice de ver, je le répète, elles s'étaient trompées. Si deux somnambules peuvent se tromper sur les cheveux de la même personne, si leur imagination peut divaguer comme dans le cas ci-dessus, n'est-on pas autorisé à dire que le somnambulisme ne peut être de quelque utilité ? Quant à moi, je l'affirme dans toute la franchise de mon âme, non, le somnambulisme n'est pas utile, il est plutôt dangereux dans l'état actuel des choses. Lorsque je fais des expériences de lucidité, je ne mets point de bandeau sur les yeux ni sur la figure cette pratique fatigue et échauffe inutilement les somnambules, et n'est | 10 | 0.004773 | 0.021531 |
639.txt | 1,886 | 220 L'ART DE MAGNÉTISER l'eau ruisselait sur tout le corps. Cette transpiration extra-ordinaire portait avec elle une odeur âcre, fauve. Mmede L. était d'autant plus étonnée que sa mémoire ne lui rappelait pas que sa fille eût jamais eu, soit de la transpiration, soit de la moiteur. J'avais souvent observé, dans des maladies semblables, que l'on faisait mal d'arrêter dès son début une crise de cette sorte, et qu'il était plus rationnel de la laisser se développer en cherchant à la diriger. C'est ce que je fis en soutenant la malade par quelques passes. Après cinquante-deux minutes, m'apercevant que les forces allaient manquer, je magnétisai, et aussitôt le calme reparut. Je produisis ensuite le sommeil, et par des passes je ramenai les forces dans le corps épuisé par cette lutte terrible. Bientôt après le somnambulisme se manifesta, et, le sourire sur les lèvres, la pauvre enfant déclara qu'elle était contente, et que j'avais raison d'être satisfait, que les résultats de cette crise seraient excellents que la transpi-ration avait dégagé le corps des miasmes morbides. Il n'en fallait pas moins, en vérité, pour que la mère fût un peu tranquillisée, et qu'elle me pardonnât mon inaction pendant l'état horrible par lequel avait passé sa fille. Je prolongeai le sommeil jusqu'à neuf heures lorsque notre malade fut réveillée, elle se trouva bien, quoiqu'un peu fatiguée je la laissai, elle passa une bonne nuit. Le lendemain 21 elle fut calme, et il n'y eut que très peu de malaise. Jusque-là je m'étais occupé à calmer le système nerveux et à faire disparaître ces crises périodiques qui duraient depuis six ans. J'y parvins en vingt jours c'était encoura-geant, si l'on veut bien réfléchir que rien de tout ce qu'on avait employé n'avait produit le plus petit changement. Il n'y eut plus de crises, nous' continuâmes les magnéti-sations, le mieux se soutint d'une manière sensible, et les forces revinrent peu à peu. Le 9 septembre la crise annoncée eut lieu à l'heure indi-quée, six heures elle fut plus violente que la première les | 220 L'ART DE MAGNÉTISER l'eau ruisselait sur tout le corps. Cette transpiration extra-ordinaire portait avec elle une odeur âcre, fauve. Mme@de L@@. était d'autant plus étonnée que sa mémoire ne lui rappelait pas que sa fille eût jamais eu, soit de la transpiration, soit de la moiteur. J'avais souvent observé, dans des maladies semblables, que l'on faisait mal d'arrêter dès son début une crise de cette sorte, et qu'il était plus rationnel de la laisser se développer en cherchant à la diriger. C'est ce que je fis en soutenant la malade par quelques passes. Après cinquante-deux minutes, m'apercevant que les forces allaient manquer, je magnétisai, et aussitôt le calme reparut. Je produisis ensuite le sommeil, et par des passes je ramenai les forces dans le corps épuisé par cette lutte terrible. Bientôt après le somnambulisme se manifesta, et, le sourire sur les lèvres, la pauvre enfant déclara qu'elle était contente, et que j'avais raison d'être satisfait, que les résultats de cette crise seraient excellents que la transpi-ration avait dégagé le corps des miasmes morbides. Il n'en fallait pas moins, en vérité, pour que la mère fût un peu tranquillisée, et qu'elle me pardonnât mon inaction pendant l'état horrible par lequel avait passé sa fille. Je prolongeai le sommeil jusqu'à neuf heures lorsque notre malade fut réveillée, elle se trouva bien, quoiqu'un peu fatiguée je la laissai, elle passa une bonne nuit. Le lendemain 21 elle fut calme, et il n'y eut que très peu de malaise. Jusque-là je m'étais occupé à calmer le système nerveux et à faire disparaître ces crises périodiques qui duraient depuis six ans. J'y parvins en vingt jours c'était encoura-geant, si l'on veut bien réfléchir que rien de tout ce qu'on avait employé n'avait produit le plus petit changement. Il n'y eut plus de crises, nous' continuâmes les magnéti-sations, le mieux se soutint d'une manière sensible, et les forces revinrent peu à peu. Le 9 septembre la crise annoncée eut lieu à l'heure indi-quée, six heures elle fut plus violente que la première les | 220 L'ART DE MAGNÉTISER l'eau ruisselait sur tout le corps. Cette transpiration extra-ordinaire portait avec elle une odeur âcre, fauve. Mme de L... était d'autant plus étonnée que sa mémoire ne lui rappelait pas que sa fille eût jamais eu, soit de la transpiration, soit de la moiteur. J'avais souvant observé, dans des maladies semblables, que l'on faisait mal d'arrêter dès son début une crise de cette sorte, et qu'il était plus rationnel de la laisser se développer en cherchant à la diriger. C'est ce que je fis en soutenant la malade par quelques passes. Après cinquante-deux minutes, m'apercevant que les forces allaient manquer, je magnétisai, et aussitôt le calme reparut. Je produisis ensuite le sommeil, et par des passes je ramenai les forces dans le corps épuisé par cette lutte terrible. Bientôt après le somnambulisme se manifesta, et, le sourire sur les lèvres, la pauvre enfant déclara qu'elle était contente, et que j'avais raison d'être satisfait, que les résultats de cette crise seraient excellents que la transpi-ration avait dégagé le corps des miasmes morbides. Il n'en fallait pas moins, en vérité, pour que la mère fût un peu tranquillisée, et qu'elle me pardonnât mon inaction pendant l'état horrible par lequel avait passé sa fille. Je prolongeai le sommeil jusqu'à neuf heures lorsque notre malade fut réveillée, elle se trouva bien, quoiqu'un peu fatiguée je la laissai, elle passa une bonne nuit. Le lendemain 21 elle fut calme, et il n'y eut que très peu de malaise. Jusque-là je m'étais occupé à calmer le système nerveux et à faire disparaitre ces crises périodiques qui duraient depuis six ans. J'y parvins en vingt jours c'était encoura-geant, si l'on veut bien réfléchir que rien de tout ce qu'on avait employé n'avait produit le plus petit changement. Il n'y eut plus de crises, nous@ continuâmes les magnéti-sations, le mieux se soutint d'une manière sensible, et les forces revinrent peu à peu. Le 9 septembre la crise annoncée eut lieu à l'heure indi-quée, six heures elle fut plus violente que la première les | 220 L'ART DE MAGNÉTISER l'eau ruisselait sur tout le corps. Cette transpiration extra-ordinaire portait avec elle une odeur âcre, fauve. Mme de L... était d'autant plus étonnée que sa mémoire ne lui rappelait pas que sa fille eût jamais eu, soit de la transpiration, soit de la moiteur. J'avais souvant observé, dans des maladies semblables, que l'on faisait mal d'arrêter dès son début une crise de cette sorte, et qu'il était plus rationnel de la laisser se développer en cherchant à la diriger. C'est ce que je fis en soutenant la malade par quelques passes. Après cinquante-deux minutes, m'apercevant que les forces allaient manquer, je magnétisai, et aussitôt le calme reparut. Je produisis ensuite le sommeil, et par des passes je ramenai les forces dans le corps épuisé par cette lutte terrible. Bientôt après le somnambulisme se manifesta, et, le sourire sur les lèvres, la pauvre enfant déclara qu'elle était contente, et que j'avais raison d'être satisfait, que les résultats de cette crise seraient excellents que la transpi-ration avait dégagé le corps des miasmes morbides. Il n'en fallait pas moins, en vérité, pour que la mère fût un peu tranquillisée, et qu'elle me pardonnât mon inaction pendant l'état horrible par lequel avait passé sa fille. Je prolongeai le sommeil jusqu'à neuf heures lorsque notre malade fut réveillée, elle se trouva bien, quoiqu'un peu fatiguée je la laissai, elle passa une bonne nuit. Le lendemain 21 elle fut calme, et il n'y eut que très peu de malaise. Jusque-là je m'étais occupé à calmer le système nerveux et à faire disparaitre ces crises périodiques qui duraient depuis six ans. J'y parvins en vingt jours c'était encoura-geant, si l'on veut bien réfléchir que rien de tout ce qu'on avait employé n'avait produit le plus petit changement. Il n'y eut plus de crises, nous@ continuâmes les magnéti-sations, le mieux se soutint d'une manière sensible, et les forces revinrent peu à peu. Le 9 septembre la crise annoncée eut lieu à l'heure indi-quée, six heures elle fut plus violente que la première les | 220 L'ART DE MAGNÉTISER l'eau ruisselait sur tout le corps. Cette transpiration extra-ordinaire portait avec elle une odeur âcre, fauve. Mme de L... était d'autant plus étonnée que sa mémoire ne lui rappelait pas que sa fille eût jamais eu, soit de la transpiration, soit de la moiteur. J'avais souvant observé, dans des maladies semblables, que l'on faisait mal d'arrêter dès son début une crise de cette sorte, et qu'il était plus rationnel de la laisser se développer en cherchant à la diriger. C'est ce que je fis en soutenant la malade par quelques passes. Après cinquante-deux minutes, m'apercevant que les forces allaient manquer, je magnétisai, et aussitôt le calme reparut. Je produisis ensuite le sommeil, et par des passes je ramenai les forces dans le corps épuisé par cette lutte terrible. Bientôt après le somnambulisme se manifesta, et, le sourire sur les lèvres, la pauvre enfant déclara qu'elle était contente, et que j'avais raison d'être satisfait, que les résultats de cette crise seraient excellents que la transpi-ration avait dégagé le corps des miasmes morbides. Il n'en fallait pas moins, en vérité, pour que la mère fût un peu tranquillisée, et qu'elle me pardonnât mon inaction pendant l'état horrible par lequel avait passé sa fille. Je prolongeai le sommeil jusqu'à neuf heures lorsque notre malade fut réveillée, elle se trouva bien, quoiqu'un peu fatiguée je la laissai, elle passa une bonne nuit. Le lendemain 21 elle fut calme, et il n'y eut que très peu de malaise. Jusque-là je m'étais occupé à calmer le système nerveux et à faire disparaitre ces crises périodiques qui duraient depuis six ans. J'y parvins en vingt jours c'était encoura-geant, si l'on veut bien réfléchir que rien de tout ce qu'on avait employé n'avait produit le plus petit changement. Il n'y eut plus de crises, nous continuâmes les magnéti-sations, le mieux se soutint d'une manière sensible, et les forces revinrent peu à peu. Le 9 septembre la crise annoncée eut lieu à l'heure indi-quée, six heures elle fut plus violente que la première les | 6 | 0.002925 | 0.020566 |
413.txt | 1,876 | -i-, -telle forme, à prendre une marche lente ou rapide, etc. L'âge également doit être pris en considération. Vogel trouvait un rapport entre la période de la vie du malade et le siège du rhumatisme. D'après lui, les affections rhumatismales atteindraient le vieillard surtout dans le segment inférieur et dans les viscères abdominaux tandis que, chez les jeunes sujets, elles occupent plutôt la partie supérieure du corps et les viscères encéphalique et tho-raciques. Mes observations particulières ne me permettent pas de poser une conclusion aussi absolue. Les causes intrinsèques pathologiques ont une grande importance. Sous cette dénomination, je comprends les manifestations rhumatismales qui précèdent générale-ment la pleurésie, en particulier, les déterminations car-diaques et les déterminations articulaires. Le fait de la pleurésie succédant à un rhumatisme articulaire, avait tellement frappé les observateurs d'autrefois, qu'ils dé-crivaient cette maladie comme une simple complication du rhumatisme des articulations. Je ne puis accepter cette interprétation, car, poar moi, l'inflammation de la plèvre, survenant dans ces circonstances, est une manifestation rhumatique indépendante, au même titre que le rhumatisme articulaire aigu. Néanmoins, comme l'a dit M. Chauffard, le rhumatisme articulaire aigu con-stitue le grand côté des affections rhumatismales. S'il m'était permis de m'exprimer ainsi, je dirais que les articulations sont l'entrée par où les manifestations du rhumatisme s'introduisent dans l'économie, pour se por-ter ensuite sur les autres organes. Telle personne, née rhumatisante, n'aurait jamais eu de pleurésie tenant à cette diathèse il lui survient un rhumatisme des jointures, consécutivement elle aura une pleurésie de même nature. Il existe donc ici une relation | -i-, -telle forme, à prendre une marche lente ou rapide, etc. L'âge également doit être pris en considération. Vogel trouvait un rapport entre la période de la vie du malade et le siège du rhumatisme. D'après lui, les affections rhumatismales atteindraient le vieillard surtout dans le segment inférieur et dans les viscères abdominaux tandis que, chez les jeunes sujets, elles occupent plutôt la partie supérieure du corps et les viscères encéphalique et tho-raciques. Mes observations particulières ne me permettent pas de poser une conclusion aussi absolue. Les causes intrinsèques pathologiques ont une grande importance. Sous cette dénomination, je comprends les manifestations rhumatismales qui précèdent générale-ment la pleurésie, en particulier, les déterminations car-diaques et les déterminations articulaires. Le fait de la pleurésie succédant à un rhumatisme articulaire, avait tellement frappé les observateurs d'autrefois, qu'ils dé-crivaient cette maladie comme une simple complication du rhumatisme des articulations. Je ne puis accepter cette interprétation, car, poar moi, l'inflammation de la plèvre, survenant dans ces circonstances, est une manifestation rhumatique indépendante, au même titre que le rhumatisme articulaire aigu. Néanmoins, comme l'a dit M. Chauffard, le rhumatisme articulaire aigu con-stitue le grand côté des affections rhumatismales. S'il m'était permis de m'exprimer ainsi, je dirais que les articulations sont l'entrée par où les manifestations du rhumatisme s'introduisent dans l'économie, pour se por-ter ensuite sur les autres organes. Telle personne, née rhumatisante, n'aurait jamais eu de pleurésie tenant à cette diathèse il lui survient un rhumatisme des jointures, consécutivement elle aura une pleurésie de même nature. Il existe donc ici une relation | #### -telle forme, à prendre une marche lente ou rapide, etc. L'âge également doit être pris en considération. Vogel trouvait un rapport entre la période de la vie du malade et le siége du rhumatisme. D'après lui, les affections rhumatismales atteindraient le vieillard surtout dans le segment inférieur et dans les viscères abdominaux tandis que, chez les jeunes sujets, elles occupent plutôt la partie supérieure du corps et les viscères encéphalique et tho-raciques. Mes observations particulières ne me permettent pas de poser une conclusion aussi absolue. Les causes intrinsèques pathologiques ont une grande importance. Sous cette dénomination, je comprends les manifestations rhumatismales qui précèdent générale-ment la pleurésie, en particulier, les déterminations car-diaques et les déterminations articulaires. Le fait de la pleurésie succédant à un rhumatisme articulaire, avait tellement frappé les observateurs d'autrefois, qu'ils dé-crivaient cette maladie comme une simple complication du rhumatisme des articulations. Je ne puis accepter cette interprétation, car, pour moi, l'inflammation de la plèvre, survenant dans ces circonstances, est une manifestation rhumatique indépendante, au même titre que le rhumatisme articulaire aigu. Néanmoins, comme l'a dit M. Chauffard, le rhumatisme articulaire aigu con-stitue le grand côté des affections rhumatismales. S'il m'était permis de m'exprimer ainsi, je dirais que les articulations sont l'entrée par où les manifestations du rhumatisme s'introduisent dans l'économie, pour se por-ter ensuite sur les autres organes. Telle personne, née rhumatisante, n'aurait jamais eu de pleurésie tenant à cette diathèse il lui survient un rhumatisme des jointures, consécutivement elle aura une pleurésie de même nature. Il existe donc ici une relation | -i-, -telle forme, à prendre une marche lente ou rapide, etc. L'âge également doit être pris en considération. Vogel trouvait un rapport entre la période de la vie du malade et le siége du rhumatisme. D'après lui, les affections rhumatismales atteindraient le vieillard surtout dans le segment inférieur et dans les viscères abdominaux tandis que, chez les jeunes sujets, elles occupent plutôt la partie supérieure du corps et les viscères encéphalique et tho-raciques. Mes observations particulières ne me permettent pas de poser une conclusion aussi absolue. Les causes intrinsèques pathologiques ont une grande importance. Sous cette dénomination, je comprends les manifestations rhumatismales qui précèdent générale-ment la pleurésie, en particulier, les déterminations car-diaques et les déterminations articulaires. Le fait de la pleurésie succédant à un rhumatisme articulaire, avait tellement frappé les observateurs d'autrefois, qu'ils dé-crivaient cette maladie comme une simple complication du rhumatisme des articulations. Je ne puis accepter cette interprétation, car, pour moi, l'inflammation de la plèvre, survenant dans ces circonstances, est une manifestation rhumatique indépendante, au même titre que le rhumatisme articulaire aigu. Néanmoins, comme l'a dit M. Chauffard, le rhumatisme articulaire aigu con-stitue le grand côté des affections rhumatismales. S'il m'était permis de m'exprimer ainsi, je dirais que les articulations sont l'entrée par où les manifestations du rhumatisme s'introduisent dans l'économie, pour se por-ter ensuite sur les autres organes. Telle personne, née rhumatisante, n'aurait jamais eu de pleurésie tenant à cette diathèse il lui survient un rhumatisme des jointures, consécutivement elle aura une pleurésie de même nature. Il existe donc ici une relation | -i-, -telle forme, à prendre une marche lente ou rapide, etc. L'âge également doit être pris en considération. Vogel trouvait un rapport entre la période de la vie du malade et le siége du rhumatisme. D'après lui, les affections rhumatismales atteindraient le vieillard surtout dans le segment inférieur et dans les viscères abdominaux tandis que, chez les jeunes sujets, elles occupent plutôt la partie supérieure du corps et les viscères encéphalique et tho-raciques. Mes observations particulières ne me permettent pas de poser une conclusion aussi absolue. Les causes intrinsèques pathologiques ont une grande importance. Sous cette dénomination, je comprends les manifestations rhumatismales qui précèdent générale-ment la pleurésie, en particulier, les déterminations car-diaques et les déterminations articulaires. Le fait de la pleurésie succédant à un rhumatisme articulaire, avait tellement frappé les observateurs d'autrefois, qu'ils dé-crivaient cette maladie comme une simple complication du rhumatisme des articulations. Je ne puis accepter cette interprétation, car, pour moi, l'inflammation de la plèvre, survenant dans ces circonstances, est une manifestation rhumatique indépendante, au même titre que le rhumatisme articulaire aigu. Néanmoins, comme l'a dit M. Chauffard, le rhumatisme articulaire aigu con-stitue le grand côté des affections rhumatismales. S'il m'était permis de m'exprimer ainsi, je dirais que les articulations sont l'entrée par où les manifestations du rhumatisme s'introduisent dans l'économie, pour se por-ter ensuite sur les autres organes. Telle personne, née rhumatisante, n'aurait jamais eu de pleurésie tenant à cette diathèse il lui survient un rhumatisme des jointures, consécutivement elle aura une pleurésie de même nature. Il existe donc ici une relation | 2 | 0.001107 | 0.006826 |
349.txt | 1,820 | ET PIÈCES OFFICIELLES. 421 mais il a appris qu'ils s'étaient retirés, et il a présumé qu'ils étaient retournés au Champ de la Fédération, pour y an-noncer la proclamation de la loi martiale. Le corps municipal est parti, précédé d'un détachement d'infanterie, de trois pièces de canon, ayant à sa tête un drapeau rouge déployé, porté par le colonel des gardes de la ville et suivi de plusieurs corps de cavalerie et d'infan-terie et de deux canons. En arrivant par le chemin qui traverse le Grbs-Caillôu, le corps municipal a remarqué un .très-grand nombre de per-sonnes des deux sexes qui sortaient du Champ de la Fédé-ration. Lorsque le corps municipal est entré, il était sept heures et demie ou huit heures moins un quart ainsi plus de deux heures s'étaient écoulées depuis la proclamation de la loi martiale. L'intention du corps municipal était de se porter d'abord vers l'autel de la patrie, qui était couvert de personnes des deux sexes , ensuite à l'École militaire. Mais à peine le corps municipal était-il engagé dans le passage qui conduit au Champ de la Fédération, qu'un grand nombre de particuliers qui s'étaient placés au haut des glacis à droite et à gauche, qui conséquemment domi-naient la garde nationale , se sont mis à crier à différentes reprises A bas le drapeau rouge! à bas les baïonnettes! Alors M. le maire s'est arrêté , et il a ordonné de faire halte. Le corps municipal voulait faire sur-le-champ les trois som-mations prescrites par la loi déjà même trois de ses mem-bres s'avançaient la loi à la main mais les insultes et les provocations ont continué les particuliers attroupés, sur-tout du côté droit, ont montré des bâtons, ont jeté des pierres et l'un d'eux a tiré un coup de pistolet dirigé contre la municipalité , et dont la balle , après avoir passé devant M. le maire, a été percer la cuisse d'un dragon de la troupe de ligne qui s'était réuni à la garde nationale. | ET PIÈCES OFFICIELLES. 421 mais il a appris qu'ils s'étaient retirés, et il a présumé qu'ils étaient retournés au Champ de la Fédération, pour y an-noncer la proclamation de la loi martiale. Le corps municipal est parti, précédé d'un détachement d'infanterie, de trois pièces de canon, ayant à sa tête un drapeau rouge déployé, porté par le colonel des gardes de la ville et suivi de plusieurs corps de cavalerie et d'infan-terie et de deux canons. En arrivant par le chemin qui traverse le Grbs-Caillôu, le corps municipal a remarqué un .très-grand nombre de per-sonnes des deux sexes qui sortaient du Champ de la Fédé-ration. Lorsque le corps municipal est entré, il était sept heures et demie ou huit heures moins un quart ainsi plus de deux heures s'étaient écoulées depuis la proclamation de la loi martiale. L'intention du corps municipal était de se porter d'abord vers l'autel de la patrie, qui était couvert de personnes des deux sexes , ensuite à l'École militaire. Mais à peine le corps municipal était-il engagé dans le passage qui conduit au Champ de la Fédération, qu'un grand nombre de particuliers qui s'étaient placés au haut des glacis à droite et à gauche, qui conséquemment domi-naient la garde nationale , se sont mis à crier à différentes reprises A bas le drapeau rouge! à bas les baïonnettes! Alors M. le maire s'est arrêté , et il a ordonné de faire halte. Le corps municipal voulait faire sur-le-champ les trois som-mations prescrites par la loi déjà même trois de ses mem-bres s'avançaient la loi à la main mais les insultes et les provocations ont continué les particuliers attroupés, sur-tout du côté droit, ont montré des bâtons, ont jeté des pierres@ et l'un d'eux a tiré un coup de pistolet dirigé contre la municipalité , et dont la balle , après avoir passé devant M. le maire, a été percer la cuisse d'un dragon de la troupe de ligne qui s'était réuni à la garde nationale. | ET PIÈCES OFFICIELLES. 421 mais il a appris qu'ils s'étaient retirés, et il a présumé qu'ils étaient retournés au Champ de la Fédération, pour y an-noncer la proclamation de la loi martiale. Le corps municipal est parti, précédé d'un détachement d'infanterie, de trois pièces de canon, ayant à sa tête un drapeau rouge déployé, porté par le colonel des gardes de la ville et suivi de plusieurs corps de cavalerie et d'infan-terie et de deux canons. En arrivant par le chemin qui traverse le Gros-Caillou, le corps municipal a remarqué un @très-grand nombre de per-sonnes des deux sexes qui sortaient du Champ de la Fédé-ration. Lorsque le corps municipal est entré, il était sept heures et demie ou huit heures moins un quart ainsi plus de deux heures s'étaient écoulées depuis la proclamation de la loi martiale. L'intention du corps municipal était de se porter d'abord vers l'autel de la patrie, qui était couvert de personnes des deux sexes@, ensuite à l'École militaire. Mais à peine le corps municipal était-il engagé dans le passage qui conduit au Champ de la Fédération, qu'un grand nombre de particuliers qui s'étaient placés au haut des glacis à droite et à gauche, qui conséquemment domi-naient la garde nationale@, se sont mis à crier à différentes reprises A bas le drapeau rouge! à bas les baïonnettes! Alors M. le maire s'est arrêté@, et il a ordonné de faire halte. Le corps municipal voulait faire sur-le-champ les trois som-mations prescrites par la loi déjà même trois de ses mem-bres s'avançaient la loi à la main mais les insultes et les provocations ont continué les particuliers attroupés, sur-tout du côté droit, ont montré des bâtons, ont jeté des pierres, et l'un d'eux a tiré un coup de pistolet dirigé contre la municipalité@, et dont la balle@, après avoir passé devant M. le maire, a été percer la cuisse d'un dragon de la troupe de ligne qui s'était réuni à la garde nationale. | ET PIÈCES OFFICIELLES. 421 mais il a appris qu'ils s'étaient retirés, et il a présumé qu'ils étaient retournés au Champ de la Fédération, pour y an-noncer la proclamation de la loi martiale. Le corps municipal est parti, précédé d'un détachement d'infanterie, de trois pièces de canon, ayant à sa tête un drapeau rouge déployé, porté par le colonel des gardes de la ville et suivi de plusieurs corps de cavalerie et d'infan-terie et de deux canons. En arrivant par le chemin qui traverse le Gros-Caillou, le corps municipal a remarqué un @très-grand nombre de per-sonnes des deux sexes qui sortaient du Champ de la Fédé-ration. Lorsque le corps municipal est entré, il était sept heures et demie ou huit heures moins un quart ainsi plus de deux heures s'étaient écoulées depuis la proclamation de la loi martiale. L'intention du corps municipal était de se porter d'abord vers l'autel de la patrie, qui était couvert de personnes des deux sexes@, ensuite à l'École militaire. Mais à peine le corps municipal était-il engagé dans le passage qui conduit au Champ de la Fédération, qu'un grand nombre de particuliers qui s'étaient placés au haut des glacis à droite et à gauche, qui conséquemment domi-naient la garde nationale@, se sont mis à crier à différentes reprises A bas le drapeau rouge! à bas les baïonnettes! Alors M. le maire s'est arrêté@, et il a ordonné de faire halte. Le corps municipal voulait faire sur-le-champ les trois som-mations prescrites par la loi déjà même trois de ses mem-bres s'avançaient la loi à la main mais les insultes et les provocations ont continué les particuliers attroupés, sur-tout du côté droit, ont montré des bâtons, ont jeté des pierres, et l'un d'eux a tiré un coup de pistolet dirigé contre la municipalité@, et dont la balle@, après avoir passé devant M. le maire, a été percer la cuisse d'un dragon de la troupe de ligne qui s'était réuni à la garde nationale. | ET PIÈCES OFFICIELLES. 421 mais il a appris qu'ils s'étaient retirés, et il a présumé qu'ils étaient retournés au Champ de la Fédération, pour y an-noncer la proclamation de la loi martiale. Le corps municipal est parti, précédé d'un détachement d'infanterie, de trois pièces de canon, ayant à sa tête un drapeau rouge déployé, porté par le colonel des gardes de la ville et suivi de plusieurs corps de cavalerie et d'infan-terie et de deux canons. En arrivant par le chemin qui traverse le Gros-Caillou, le corps municipal a remarqué un très-grand nombre de per-sonnes des deux sexes qui sortaient du Champ de la Fédé-ration. Lorsque le corps municipal est entré, il était sept heures et demie ou huit heures moins un quart ainsi plus de deux heures s'étaient écoulées depuis la proclamation de la loi martiale. L'intention du corps municipal était de se porter d'abord vers l'autel de la patrie, qui était couvert de personnes des deux sexes, ensuite à l'École militaire. Mais à peine le corps municipal était-il engagé dans le passage qui conduit au Champ de la Fédération, qu'un grand nombre de particuliers qui s'étaient placés au haut des glacis à droite et à gauche, qui conséquemment domi-naient la garde nationale, se sont mis à crier à différentes reprises A bas le drapeau rouge! à bas les baïonnettes! Alors M. le maire s'est arrêté, et il a ordonné de faire halte. Le corps municipal voulait faire sur-le-champ les trois som-mations prescrites par la loi déjà même trois de ses mem-bres s'avançaient la loi à la main mais les insultes et les provocations ont continué les particuliers attroupés, sur-tout du côté droit, ont montré des bâtons, ont jeté des pierres, et l'un d'eux a tiré un coup de pistolet dirigé contre la municipalité, et dont la balle, après avoir passé devant M. le maire, a été percer la cuisse d'un dragon de la troupe de ligne qui s'était réuni à la garde nationale. | 9 | 0.004732 | 0.014045 |
348.txt | 1,820 | 420 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES mens alarment tous les citoyens, mettent en péril la tran-quillité publique, et forcent tous les hommes paisibles à sortir de la capitale 2°. Que l'événement affreux arrivé ce matin est l'effet de ces rassemblemens désordonnés 3°. Que tous les rapports qui lui parviennent annoncent une conjuration bien caractérisée contre la constitution et la patrie 4°. Que des étrangers, payés pour nous diviser, sont ré-cemment arrivés à Paris , et que, tant par eux que par des émissaires, tous fomentent, sous différens déguisemens , des mouvemens populaires 5°. Que la municipalité , responsable par la loi du main-tien de l'ordre public, chargée expressément, tant par le discours prononcé hier par M. le président de l'Assemblée nationale, que par la lettre de ce matin, de prendre les mesures les plus rigoureuses pour arrêter les désordres après avoir inutilement, par plusieurs proclamations, rap-pelé à la paix les hommes égarés par les factieux, et lorsque la garde nationale n'est plus respectée, ne peut plus dif-férer de remplir le devoir qui lui est imposé , tout affligeant qu'il est, sans se rendre coupable de prévarication 6°. Qu'enfin la proclamation de la loi martiale doit in-failliblement arrêter les soulèvemens qui, depuis quelques jours, se manifestent, et assurer la liberté des délibérations de l'Assemblée nationale que la municipalité et. les bonsci-toyens doivent invariablement soutenir Arrête que la délibération précédente sera exécutée sur-le-champ, et que cependant quatre de ses membres reste-ront à l'hotel-de-ville pour pourvoir à ce que les circons-tances pourraient exiger. Il était alors six heures et demie. Avant de se mettre en marche. le corps municipal a voulu entendre les députés des pétitionnaires qui avaient suivi les commissaires dans leur retour dju Champ de la. Fédération à l'hotel-de-ville | 420 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES mens alarment tous les citoyens, mettent en péril la tran-quillité publique, et forcent tous les hommes paisibles à sortir de la capitale 2°. Que l'événement affreux arrivé ce matin est l'effet de ces rassemblemens désordonnés 3°. Que tous les rapports qui lui parviennent annoncent une conjuration bien caractérisée contre la constitution et la patrie 4°. Que des étrangers, payés pour nous diviser, sont ré-cemment arrivés à Paris , et que, tant par eux que par des émissaires, tous fomentent, sous différens déguisemens , des mouvemens populaires 5°. Que la municipalité , responsable par la loi du main-tien de l'ordre public, chargée expressément, tant par le discours prononcé hier par M. le président de l'Assemblée nationale, que par la lettre de ce matin, de prendre les mesures les plus rigoureuses pour arrêter les désordres après avoir inutilement, par plusieurs proclamations, rap-pelé à la paix les hommes égarés par les factieux, et lorsque la garde nationale n'est plus respectée, ne peut plus dif-férer de remplir le devoir qui lui est imposé , tout affligeant qu'il est, sans se rendre coupable de prévarication 6°. Qu'enfin la proclamation de la loi martiale doit in-failliblement arrêter les soulèvemens qui, depuis quelques jours, se manifestent, et assurer la liberté des délibérations de l'Assemblée nationale que la municipalité et. les bons@ci-toyens doivent invariablement soutenir Arrête que la délibération précédente sera exécutée sur-le-champ, et que cependant quatre de ses membres reste-ront à l'hotel-de-ville pour pourvoir à ce que les circons-tances pourraient exiger. Il était alors six heures et demie. Avant de se mettre en marche. le corps municipal a voulu entendre les députés des pétitionnaires qui avaient suivi les commissaires dans leur retour dju Champ de la. Fédération à l'hotel-de-ville | 420 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES mens alarment tous les citoyens, mettent en péril la tran-quillité publique, et forcent tous les hommes paisibles à sortir de la capitale 2°. Que l'événement affreux arrivé ce matin est l'effet de ces rassemblemens désordonnés 3°. Que tous les rapports qui lui parviennent annoncent une conjuration bien caractérisée contre la constitution et la patrie 4°. Que des étrangers, payés pour nous diviser, sont ré-cemment arrivés à Paris@, et que, tant par eux que par des émissaires, tous fomentent, sous différens déguisemens@, des mouvemens populaires 5°. Que la municipalité@, responsable par la loi du main-tien de l'ordre public, chargée expressément, tant par le discours prononcé hier par M. le président de l'Assemblée nationale, que par la lettre de ce matin, de prendre les mesures les plus rigoureuses pour arrêter les désordres après avoir inutilement, par plusieurs proclamations, rap-pelé à la paix les hommes égarés par les factieux, et lorsque la garde nationale n'est plus respectée, ne peut plus dif-férer de remplir le devoir qui lui est imposé@, tout affligeant qu'il est, sans se rendre coupable de prévarication 6°. Qu'enfin la proclamation de la loi martiale doit in-failliblement arrêter les soulèvemens qui, depuis quelques jours, se manifestent, et assurer la liberté des délibérations de l'Assemblée nationale que la municipalité et@ les bons ci-toyens doivent invariablement soutenir Arrête que la délibération précédente sera exécutée sur-le-champ, et que cependant quatre de ses membres reste-ront à l'hôtel-de-ville pour pourvoir à ce que les circons-tances pourraient exiger. Il était alors six heures et demie. Avant de se mettre en marche, le corps municipal a voulu entendre les députés des pétitionnaires qui avaient suivi les commissaires dans leur retour d@u Champ de la@ Fédération à l'hôtel-de-ville | 420 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES mens alarment tous les citoyens, mettent en péril la tran-quillité publique, et forcent tous les hommes paisibles à sortir de la capitale 2°. Que l'événement affreux arrivé ce matin est l'effet de ces rassemblemens désordonnés 3°. Que tous les rapports qui lui parviennent annoncent une conjuration bien caractérisée contre la constitution et la patrie 4°. Que des étrangers, payés pour nous diviser, sont ré-cemment arrivés à Paris@, et que, tant par eux que par des émissaires, tous fomentent, sous différens déguisemens@, des mouvemens populaires 5°. Que la municipalité@, responsable par la loi du main-tien de l'ordre public, chargée expressément, tant par le discours prononcé hier par M. le président de l'Assemblée nationale, que par la lettre de ce matin, de prendre les mesures les plus rigoureuses pour arrêter les désordres après avoir inutilement, par plusieurs proclamations, rap-pelé à la paix les hommes égarés par les factieux, et lorsque la garde nationale n'est plus respectée, ne peut plus dif-férer de remplir le devoir qui lui est imposé@, tout affligeant qu'il est, sans se rendre coupable de prévarication 6°. Qu'enfin la proclamation de la loi martiale doit in-failliblement arrêter les soulèvemens qui, depuis quelques jours, se manifestent, et assurer la liberté des délibérations de l'Assemblée nationale que la municipalité et@ les bons ci-toyens doivent invariablement soutenir Arrête que la délibération précédente sera exécutée sur-le-champ, et que cependant quatre de ses membres reste-ront à l'hôtel-de-ville pour pourvoir à ce que les circons-tances pourraient exiger. Il était alors six heures et demie. Avant de se mettre en marche, le corps municipal a voulu entendre les députés des pétitionnaires qui avaient suivi les commissaires dans leur retour d@u Champ de la@ Fédération à l'hôtel-de-ville | 420 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES mens alarment tous les citoyens, mettent en péril la tran-quillité publique, et forcent tous les hommes paisibles à sortir de la capitale 2°. Que l'événement affreux arrivé ce matin est l'effet de ces rassemblemens désordonnés 3°. Que tous les rapports qui lui parviennent annoncent une conjuration bien caractérisée contre la constitution et la patrie 4°. Que des étrangers, payés pour nous diviser, sont ré-cemment arrivés à Paris, et que, tant par eux que par des émissaires, tous fomentent, sous différens déguisemens, des mouvemens populaires 5°. Que la municipalité, responsable par la loi du main-tien de l'ordre public, chargée expressément, tant par le discours prononcé hier par M. le président de l'Assemblée nationale, que par la lettre de ce matin, de prendre les mesures les plus rigoureuses pour arrêter les désordres après avoir inutilement, par plusieurs proclamations, rap-pelé à la paix les hommes égarés par les factieux, et lorsque la garde nationale n'est plus respectée, ne peut plus dif-férer de remplir le devoir qui lui est imposé, tout affligeant qu'il est, sans se rendre coupable de prévarication 6°. Qu'enfin la proclamation de la loi martiale doit in-failliblement arrêter les soulèvemens qui, depuis quelques jours, se manifestent, et assurer la liberté des délibérations de l'Assemblée nationale que la municipalité et les bons ci-toyens doivent invariablement soutenir Arrête que la délibération précédente sera exécutée sur-le-champ, et que cependant quatre de ses membres reste-ront à l'hôtel-de-ville pour pourvoir à ce que les circons-tances pourraient exiger. Il était alors six heures et demie. Avant de se mettre en marche, le corps municipal a voulu entendre les députés des pétitionnaires qui avaient suivi les commissaires dans leur retour du Champ de la Fédération à l'hôtel-de-ville | 11 | 0.005914 | 0.028662 |
360.txt | 1,820 | 438 ECLAIRCISSEMENS HISTORIQUES perpétuellement, qu'on vous a porté à une conduite propre à l'alarmer lui-même. Qu'il voie que vous êtes résolu à faire marcher cette constitution à laquelle il a attaché sa félicité et bientôt vous deviendrez le sujet de ses actions de grâces. La conduite des prêtres en beaucoup d'endroits , les prétextes que fournissait le fanatisme aux mécontens, ont fait porter une loi sage contre les perturbateurs que Votre Majesté lui donne sa sanction ! la tranquillité publique la réclame, et le salut des prêtres la sollicite. Si cette loi n'est en vigueur, les départemens seront forcés de lui substituer, comme ils font de toutes parts , des mesures violentes et le peuple irrité y suppléera par des excès. Les tentatives de nos ennemis, les agitations qui se sont ma-nifestées dans la capitale , l'extrême inquiétude qu'avait excitée la conduite de votre garde , et qu'entretiennent en-core les témoignages de satisfaction qu'on lui a-fait donner, par Votre Majesté, par une proclamation vraiment impoli-tique dans la circonstance la situation de Paris , sa proxi-mité des frontières , ont fait sentir le .besoin d'un camp dans son voisinage. Cette mesure dont la sagesse et l'urgence ont frappé tous les bons esprits, n'attend encore que la sanction de Votre Majesté. Pourquoi faut-il que des retards lui donnent l'air du regret, lorsque la célérité lui gagnerait tous les coeurs ! Déjà, les tentatives de l'état-major de la garde nationale parisienne contre cette mesure, ont fait soupçonner qu'il agissait par une inspiration supérieure déjà les déclamations de quelques démagogistes outrés , ré-veillent les soupçons de leurs rapports avec les intéressés au renversement de la constitution déjà l'opinion compromet les intentions de Votre Majesté encore quelque délai, et le peuple contristé verra dans son roi l'ami et le complice des conspirateurs ! Juste ciel ! auriez-vous frappé d'aveuglement les puis-sances de la terre 1 et n'auront-elles jamais que des conseils qui les entraînent à leur ruine 1 | 438 ECLAIRCISSEMENS HISTORIQUES perpétuellement, qu'on vous a porté à une conduite propre à l'alarmer lui-même. Qu'il voie que vous êtes résolu à faire marcher cette constitution à laquelle il a attaché sa félicité et bientôt vous deviendrez le sujet de ses actions de grâces. La conduite des prêtres en beaucoup d'endroits , les prétextes que fournissait le fanatisme aux mécontens, ont fait porter une loi sage contre les perturbateurs que Votre Majesté lui donne sa sanction ! la tranquillité publique la réclame, et le salut des prêtres la sollicite. Si cette loi n'est en vigueur, les départemens seront forcés de lui substituer, comme ils font de toutes parts , des mesures violentes et le peuple irrité y suppléera par des excès. Les tentatives de nos ennemis, les agitations qui se sont ma-nifestées dans la capitale , l'extrême inquiétude qu'avait excitée la conduite de votre garde , et qu'entretiennent en-core les témoignages de satisfaction qu'on lui a-fait donner, par Votre Majesté, par une proclamation vraiment impoli-tique dans la circonstance la situation de Paris , sa proxi-mité des frontières , ont fait sentir le .besoin d'un camp dans son voisinage. Cette mesure dont la sagesse et l'urgence ont frappé tous les bons esprits, n'attend encore que la sanction de Votre Majesté. Pourquoi faut-il que des retards lui donnent l'air du regret, lorsque la célérité lui gagnerait tous les coeurs ! Déjà, les tentatives de l'état-major de la garde nationale parisienne contre cette mesure, ont fait soupçonner qu'il agissait par une inspiration supérieure déjà les déclamations de quelques démagogistes outrés , ré-veillent les soupçons de leurs rapports avec les intéressés au renversement de la constitution déjà l'opinion compromet les intentions de Votre Majesté encore quelque délai, et le peuple contristé verra dans son roi l'ami et le complice des conspirateurs ! Juste ciel ! auriez-vous frappé d'aveuglement les puis-sances de la terre 1 et n'auront-elles jamais que des conseils qui les entraînent à leur ruine 1 | 438 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES perpétuellement, qu'on vous a porté à une conduite propre à l'alarmer lui-même. Qu'il voie que vous êtes résolu à faire marcher cette constitution à laquelle il a attaché sa félicité et bientôt vous deviendrez le sujet de ses actions de grâces. La conduite des prêtres en beaucoup d'endroits@, les prétextes que fournissait le fanatisme aux mécontens, ont fait porter une loi sage contre les perturbateurs que Votre Majesté lui donne sa sanction ! la tranquillité publique la réclame, et le salut des prêtres la sollicite. Si cette loi n'est en vigueur, les départemens seront forcés de lui substituer, comme ils font de toutes paris@, des mesures violentes et le peuple irrité y suppléera par des excès. Les tentatives de nos ennemis, les agitations qui se sont ma@nifestées dans la capitale@, l'extrême inquiétude qu'avait excitée la conduite de votre garde@, et qu'entretiennent en-core les témoignages de satisfaction qu'on lui a fait donner, par Votre Majesté, par une proclamation vraiment impoli-tique dans la circonstance la situation de Paris@, sa proxi-mité des frontières@, ont fait sentir le @besoin d'un camp dans son voisinage. Cette mesure dont la sagesse et l'urgence ont frappé tous les bons esprits, n'attend encore que la sanction de Votre Majesté. Pourquoi faut-il que des retards lui donnent l'air du regret, lorsque la célérité lui gagnerait tous les coeurs ! Déjà, les tentatives de l'état-major de la garde nationale parisienne contre cette mesure, ont fait soupçonner qu'il agissait par une inspiration supérieure déjà les déclamations de quelques démagogistes outrés@, ré-veillent les soupçons de leurs rapports avec les intéressés au renversement de la constitution déjà l'opinion compromet les intentions de Votre Majesté encore quelque délai, et le peuple contristé verra dans son roi l'ami et le complice des conspirateurs ! Juste ciel ! auriez-vous frappé d'aveuglement les puis-sances de la terre ! et n'auront-elles jamais que des conseils qui les entraînent à leur ruine # | 438 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES perpétuellement, qu'on vous a porté à une conduite propre à l'alarmer lui-même. Qu'il voie que vous êtes résolu à faire marcher cette constitution à laquelle il a attaché sa félicité et bientôt vous deviendrez le sujet de ses actions de grâces. La conduite des prêtres en beaucoup d'endroits@, les prétextes que fournissait le fanatisme aux mécontens, ont fait porter une loi sage contre les perturbateurs que Votre Majesté lui donne sa sanction ! la tranquillité publique la réclame, et le salut des prêtres la sollicite. Si cette loi n'est en vigueur, les départemens seront forcés de lui substituer, comme ils font de toutes paris@, des mesures violentes et le peuple irrité y suppléera par des excès. Les tentatives de nos ennemis, les agitations qui se sont ma@nifestées dans la capitale@, l'extrême inquiétude qu'avait excitée la conduite de votre garde@, et qu'entretiennent en-core les témoignages de satisfaction qu'on lui a fait donner, par Votre Majesté, par une proclamation vraiment impoli-tique dans la circonstance la situation de Paris@, sa proxi-mité des frontières@, ont fait sentir le @besoin d'un camp dans son voisinage. Cette mesure dont la sagesse et l'urgence ont frappé tous les bons esprits, n'attend encore que la sanction de Votre Majesté. Pourquoi faut-il que des retards lui donnent l'air du regret, lorsque la célérité lui gagnerait tous les coeurs ! Déjà, les tentatives de l'état-major de la garde nationale parisienne contre cette mesure, ont fait soupçonner qu'il agissait par une inspiration supérieure déjà les déclamations de quelques démagogistes outrés@, ré-veillent les soupçons de leurs rapports avec les intéressés au renversement de la constitution déjà l'opinion compromet les intentions de Votre Majesté encore quelque délai, et le peuple contristé verra dans son roi l'ami et le complice des conspirateurs ! Juste ciel ! auriez-vous frappé d'aveuglement les puis-sances de la terre ! et n'auront-elles jamais que des conseils qui les entraînent à leur ruine 1 | 438 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES perpétuellement, qu'on vous a porté à une conduite propre à l'alarmer lui-même. Qu'il voie que vous êtes résolu à faire marcher cette constitution à laquelle il a attaché sa félicité et bientôt vous deviendrez le sujet de ses actions de grâces. La conduite des prêtres en beaucoup d'endroits, les prétextes que fournissait le fanatisme aux mécontens, ont fait porter une loi sage contre les perturbateurs que Votre Majesté lui donne sa sanction ! la tranquillité publique la réclame, et le salut des prêtres la sollicite. Si cette loi n'est en vigueur, les départemens seront forcés de lui substituer, comme ils font de toutes paris, des mesures violentes et le peuple irrité y suppléera par des excès. Les tentatives de nos ennemis, les agitations qui se sont manifestées dans la capitale, l'extrême inquiétude qu'avait excitée la conduite de votre garde, et qu'entretiennent en-core les témoignages de satisfaction qu'on lui a fait donner, par Votre Majesté, par une proclamation vraiment impoli-tique dans la circonstance la situation de Paris, sa proxi-mité des frontières, ont fait sentir le besoin d'un camp dans son voisinage. Cette mesure dont la sagesse et l'urgence ont frappé tous les bons esprits, n'attend encore que la sanction de Votre Majesté. Pourquoi faut-il que des retards lui donnent l'air du regret, lorsque la célérité lui gagnerait tous les coeurs ! Déjà, les tentatives de l'état-major de la garde nationale parisienne contre cette mesure, ont fait soupçonner qu'il agissait par une inspiration supérieure déjà les déclamations de quelques démagogistes outrés, ré-veillent les soupçons de leurs rapports avec les intéressés au renversement de la constitution déjà l'opinion compromet les intentions de Votre Majesté encore quelque délai, et le peuple contristé verra dans son roi l'ami et le complice des conspirateurs ! Juste ciel ! auriez-vous frappé d'aveuglement les puis-sances de la terre ! et n'auront-elles jamais que des conseils qui les entraînent à leur ruine 1 | 13 | 0.006407 | 0.017493 |
374.txt | 1,890 | 1 EVASION. 115 Un matin, un officier supérieur vint à l'ambulance avec plusieurs soldats. On fit ranger au dehors les Français qui n'avaient plus besoin des secours des chirurgiens, et je fus compris parmi eux. Beaucoup avaient encore les bras en écharpe , d'autres ne pouvaient marcher qu'avec des bé-quilles. Pour moi, j'étais presque entièrement guéri de ma blessure et je me sentais plus que jamais prêt à combattre pour mon pays mais, hélas ! nous n'avions plus de nou-velles des armées françaises c'est à peine si, de temps à autre, le canon se faisait encore entendre autour de Metz. On aurait pu penser que tout était endormi dans la vieille citadelle et que la guerre avait cessé. Silence trompeurl Les ennemis veillaient dans les camps et les villages voisins. Ils guettaient une proie qui devait infailliblement tomber entre leurs mains, puisqu'un traître se préparait à leur livrer la cité vierge, la cité que jamais un pied ennemi n'avait foulée depuis les temps les plus anciens. On nous fit mettre en rang dans la rue principale du village , et un major prussien fit l'appel des prisonniers. Autour de nous étaient les enfants et les femmes qùi pleu-raient en pensant que peut-être ailleurs leurs fils étaient aussi, comme nous, emmenés au loin par les Allemands. Pour moi , je songeais à ma pauvre mère. Que faisait-elle, là-bas , dans notre petite maison de Sierck ? Ah ! si elle m'avait vu pâle et faible, bousculé par les baïonnettes des landwehrs, quel chagrin pour elle ! Et mes frères ! qu'é-taient-ils devenus ? L'un était dans l'armée de Mac-Mahon. Où? nous n'en savions rien. L'autre était officier à Pans. Puissent-ils être plus heureux que moi ! pensai-je. On nous conduisit à marches forcées jusqu'au village de Courcelles-sur-Nied, en faisant un grand détour par Gorze, Verny et Peltre, pour éviter la ville de Metz, tou-jours redoutée des Allemands, malgré son silence. | 1 EVASION. 115 Un matin, un officier supérieur vint à l'ambulance avec plusieurs soldats. On fit ranger au dehors les Français qui n'avaient plus besoin des secours des chirurgiens, et je fus compris parmi eux. Beaucoup avaient encore les bras en écharpe , d'autres ne pouvaient marcher qu'avec des bé-quilles. Pour moi, j'étais presque entièrement guéri de ma blessure et je me sentais plus que jamais prêt à combattre pour mon pays mais, hélas ! nous n'avions plus de nou-velles des armées françaises c'est à peine si, de temps à autre, le canon se faisait encore entendre autour de Metz. On aurait pu penser que tout était endormi dans la vieille citadelle et que la guerre avait cessé. Silence trompeurl Les ennemis veillaient dans les camps et les villages voisins. Ils guettaient une proie qui devait infailliblement tomber entre leurs mains, puisqu'un traître se préparait à leur livrer la cité vierge, la cité que jamais un pied ennemi n'avait foulée depuis les temps les plus anciens. On nous fit mettre en rang dans la rue principale du village , et un major prussien fit l'appel des prisonniers. Autour de nous étaient les enfants et les femmes qùi pleu-raient en pensant que peut-être ailleurs leurs fils étaient aussi, comme nous, emmenés au loin par les Allemands. Pour moi , je songeais à ma pauvre mère. Que faisait-elle, là-bas , dans notre petite maison de Sierck ? Ah ! si elle m'avait vu pâle et faible, bousculé par les baïonnettes des landwehrs, quel chagrin pour elle ! Et mes frères ! qu'é-taient-ils devenus ? L'un était dans l'armée de Mac-Mahon. Où@? nous n'en savions rien. L'autre était officier à Pa@ns. Puissent-ils être plus heureux que moi ! pensai-je. On nous conduisit à marches forcées jusqu'au village de Courcelles-sur-Nied, en faisant un grand détour par Gorze, Verny et Peltre, pour éviter la ville de Metz, tou-jours redoutée des Allemands, malgré son silence. | ########## 115 Un matin, un officier supérieur vint à l'ambulance avec plusieurs soldats. On fit ranger au dehors les Français qui n'avaient plus besoin des secours des chirurgiens, et je fus compris parmi eux. Beaucoup avaient encore les bras en écharpe@, d'autres ne pouvaient marcher qu'avec des bé-quilles. Pour moi, j'étais presque entièrement guéri de ma blessure et je me sentais plus que jamais prêt à combattre pour mon pays mais, hélas ! nous n'avions plus de nou-velles des armées françaises c'est à peine si, de temps à autre, le canon se faisait encore entendre autour de Metz. On aurait pu penser que tout était endormi dans la vieille citadelle et que la guerre avait cessé. Silence trompeur! Les ennemis veillaient dans les camps et les villages voisins. Ils guettaient une proie qui devait infailliblement tomber entre leurs mains, puisqu'un traître se préparait à leur livrer la cité vierge, la cité que jamais un pied ennemi n'avait foulée depuis les temps les plus anciens. On nous fit mettre en rang dans la rue principale du village@, et un major prussien fit l'appel des prisonniers. Autour de nous étaient les enfants et les femmes qui pleu-raient en pensant que peut-être ailleurs leurs fils étaient aussi, comme nous, emmenés au loin par les Allemands. Pour moi@, je songeais à ma pauvre mère. Que faisait-elle, là-bas@, dans notre petite maison de Sierck ? Ah ! si elle m'avait vu pâle et faible, bousculé par les baïonnettes des landwehrs, quel chagrin pour elle ! Et mes frères ! qu'é-taient-ils devenus ? L'un était dans l'armée de Mac-Mahon. Où ? nous n'en savions rien. L'autre était officier à Paris. Puissent-ils être plus heureux que moi ! pensai-je. On nous conduisit à marches forcées jusqu'au village de Courcelles-sur-Nied, en faisant un grand détour par Gorze, Verny et Peltre, pour éviter la ville de Metz, tou-jours redoutée des Allemands, malgré son silence. | 1 EVASION. 115 Un matin, un officier supérieur vint à l'ambulance avec plusieurs soldats. On fit ranger au dehors les Français qui n'avaient plus besoin des secours des chirurgiens, et je fus compris parmi eux. Beaucoup avaient encore les bras en écharpe@, d'autres ne pouvaient marcher qu'avec des bé-quilles. Pour moi, j'étais presque entièrement guéri de ma blessure et je me sentais plus que jamais prêt à combattre pour mon pays mais, hélas ! nous n'avions plus de nou-velles des armées françaises c'est à peine si, de temps à autre, le canon se faisait encore entendre autour de Metz. On aurait pu penser que tout était endormi dans la vieille citadelle et que la guerre avait cessé. Silence trompeur! Les ennemis veillaient dans les camps et les villages voisins. Ils guettaient une proie qui devait infailliblement tomber entre leurs mains, puisqu'un traître se préparait à leur livrer la cité vierge, la cité que jamais un pied ennemi n'avait foulée depuis les temps les plus anciens. On nous fit mettre en rang dans la rue principale du village@, et un major prussien fit l'appel des prisonniers. Autour de nous étaient les enfants et les femmes qui pleu-raient en pensant que peut-être ailleurs leurs fils étaient aussi, comme nous, emmenés au loin par les Allemands. Pour moi@, je songeais à ma pauvre mère. Que faisait-elle, là-bas@, dans notre petite maison de Sierck ? Ah ! si elle m'avait vu pâle et faible, bousculé par les baïonnettes des landwehrs, quel chagrin pour elle ! Et mes frères ! qu'é-taient-ils devenus ? L'un était dans l'armée de Mac-Mahon. Où ? nous n'en savions rien. L'autre était officier à Paris. Puissent-ils être plus heureux que moi ! pensai-je. On nous conduisit à marches forcées jusqu'au village de Courcelles-sur-Nied, en faisant un grand détour par Gorze, Verny et Peltre, pour éviter la ville de Metz, tou-jours redoutée des Allemands, malgré son silence. | 1 EVASION. 115 Un matin, un officier supérieur vint à l'ambulance avec plusieurs soldats. On fit ranger au dehors les Français qui n'avaient plus besoin des secours des chirurgiens, et je fus compris parmi eux. Beaucoup avaient encore les bras en écharpe, d'autres ne pouvaient marcher qu'avec des bé-quilles. Pour moi, j'étais presque entièrement guéri de ma blessure et je me sentais plus que jamais prêt à combattre pour mon pays mais, hélas ! nous n'avions plus de nou-velles des armées françaises c'est à peine si, de temps à autre, le canon se faisait encore entendre autour de Metz. On aurait pu penser que tout était endormi dans la vieille citadelle et que la guerre avait cessé. Silence trompeur! Les ennemis veillaient dans les camps et les villages voisins. Ils guettaient une proie qui devait infailliblement tomber entre leurs mains, puisqu'un traître se préparait à leur livrer la cité vierge, la cité que jamais un pied ennemi n'avait foulée depuis les temps les plus anciens. On nous fit mettre en rang dans la rue principale du village, et un major prussien fit l'appel des prisonniers. Autour de nous étaient les enfants et les femmes qui pleu-raient en pensant que peut-être ailleurs leurs fils étaient aussi, comme nous, emmenés au loin par les Allemands. Pour moi, je songeais à ma pauvre mère. Que faisait-elle, là-bas, dans notre petite maison de Sierck ? Ah ! si elle m'avait vu pâle et faible, bousculé par les baïonnettes des landwehrs, quel chagrin pour elle ! Et mes frères ! qu'é-taient-ils devenus ? L'un était dans l'armée de Mac-Mahon. Où ? nous n'en savions rien. L'autre était officier à Paris. Puissent-ils être plus heureux que moi ! pensai-je. On nous conduisit à marches forcées jusqu'au village de Courcelles-sur-Nied, en faisant un grand détour par Gorze, Verny et Peltre, pour éviter la ville de Metz, tou-jours redoutée des Allemands, malgré son silence. | 9 | 0.004744 | 0.014006 |
412.txt | 1,876 | -1-2 -chées deux personnes atteintes de pleurésies, l'une a fri-gore, l'autre survenue dans le cours d'un rhumatisme. En interrogeant la première, nous apprenons qu'à la suite d'un refroidissement, elle a été prise d'un violent frisson, puis d'un point de côté fixe, accompagné d'une toux très-pénible. On constate de l'oppression et une grande difficulté à respirer l'épanchement, qui est pro-gressivement devenu considérable, reste stationnaire de-puis quelques jours. On peut même craindre une termi-naison funeste, ou le passage à l'état chronique. L'autre malade souffrait d'un rhumatisme articulaire aigu lorsqu'un jour le médecin, mis sur la voie par un certain degré de dyspnée, s'aperçut en l'auscultant qu'un épanchement venait de se former dans la plèvre. Il n'y a pas eu de prodromes, ni de frisson somme toute, les sym-ptômes généraux sont assez bénins et, trois ou quatre jours après le début, les signes observés la veille encore ont complètement disparu sans laisser de trace. Quelle pensée ces faits peuvent-ils suggérer au clini-cien? Dira-t-on que les deux pleurésies sont identiques qu'un simple hasard a voulu que chez le second malade, l'affection de la plèvre coïncidât avec un rhumatisme articulaire? Non il est cent fois plus rationnel d'admettre que si dans l'un de ces cas l'inflammation pleurale était tout ordinaire, dans l'autre elle procédait de la diathèse rhumatique, et empruntait à cette origine un ensemble de caractères spéciaux. C'est la pleurésie rhumatismale. En donnant ces exemples supposés, j'ai fait plus qu'une simple hypothèse car de pareilles observations se ren-contrent souvent dans les services hospitaliers. J'en rapr porterai quelques-unes à la fin de ce travail mais il est à propos de rechercher dès maintenant la fréquence rela-tive de la pleurésie'rhumatismale. | -1-2 -chées deux personnes atteintes de pleurésies, l'une a fri-gore, l'autre survenue dans le cours d'un rhumatisme. En interrogeant la première, nous apprenons qu'à la suite d'un refroidissement, elle a été prise d'un violent frisson, puis d'un point de côté fixe, accompagné d'une toux très-pénible. On constate de l'oppression et une grande difficulté à respirer l'épanchement, qui est pro-gressivement devenu considérable, reste stationnaire de-puis quelques jours. On peut même craindre une termi-naison funeste, ou le passage à l'état chronique. L'autre malade souffrait d'un rhumatisme articulaire aigu lorsqu'un jour le médecin, mis sur la voie par un certain degré de dyspnée, s'aperçut en l'auscultant qu'un épanchement venait de se former dans la plèvre. Il n'y a pas eu de prodromes, ni de frisson somme toute, les sym-ptômes généraux sont assez bénins et, trois ou quatre jours après le début, les signes observés la veille encore ont complètement disparu sans laisser de trace. Quelle pensée ces faits peuvent-ils suggérer au clini-cien? Dira-t-on que les deux pleurésies sont identiques qu'un simple hasard a voulu que chez le second malade, l'affection de la plèvre coïncidât avec un rhumatisme articulaire? Non il est cent fois plus rationnel d'admettre que si dans l'un de ces cas l'inflammation pleurale était tout ordinaire, dans l'autre elle procédait de la diathèse rhumatique, et empruntait à cette origine un ensemble de caractères spéciaux. C'est la pleurésie rhumatismale. En donnant ces exemples supposés, j'ai fait plus qu'une simple hypothèse car de pareilles observations se ren-contrent souvent dans les services hospitaliers. J'en rapr porterai quelques-unes à la fin de ce travail mais il est à propos de rechercher dès maintenant la fréquence rela-tive de la pleurésie'rhumatismale. | -1@2 -chées deux personnes atteintes de pleurésies, l'une a fri-gore, l'autre survenue dans le cours d'un rhumatisme. En interrogeant la première, nous apprenons qu'à la suite d'un refroidissement, elle a été prise d'un violent frisson, puis d'un point de côté fixe, accompagné d'une toux très-pénible. On constate de l'oppression et une grande difficulté à respirer l'épanchement, qui est pro-gressivement devenu considérable, reste stationnaire de-puis quelques jours. On peut même craindre une termi-naison funeste, ou le passage à l'état chronique. L'autre malade souffrait d'un rhumatisme articulaire aigu lorsqu'un jour le médecin, mis sur la voie par un certain degré de dyspnée, s'aperçut en l'auscultant qu'un épanchement venait de se former dans la plèvre. Il n'y a pas eu de prodromes, ni de frisson somme toute, les sym-ptômes généraux sont assez bénins et, trois ou quatre jours après le début, les signes observés la veille encore ont complètement disparu sans laisser de trace. Quelle pensée ces faits peuvent-ils suggérer au clini-cien? Dira-t-on que les deux pleurésies sont identiques qu'un simple hasard a voulu que chez le second malade, l'affection de la plèvre coïncidât avec un rhumatisme articulaire? Non il est cent fois plus rationnel d'admettre que si dans l'un de ces cas l'inflammation pleurale était tout ordinaire, dans l'autre elle procédait de la diathèse rhumatique, et empruntait à cette origine un ensemble de caractères spéciaux. C'est la pleurésie rhumatismale. En donnant ces exemples supposés, j'ai fait plus qu'une simple hypothèse car de pareilles observations se ren-contrent souvent dans les services hospitaliers. J'en rap@-porterai quelques-unes à la fin de ce travail mais il est à propos de rechercher dès maintenant la fréquence rela-tive de la pleurésie rhumatismale. | -1@2 -chées deux personnes atteintes de pleurésies, l'une a fri-gore, l'autre survenue dans le cours d'un rhumatisme. En interrogeant la première, nous apprenons qu'à la suite d'un refroidissement, elle a été prise d'un violent frisson, puis d'un point de côté fixe, accompagné d'une toux très-pénible. On constate de l'oppression et une grande difficulté à respirer l'épanchement, qui est pro-gressivement devenu considérable, reste stationnaire de-puis quelques jours. On peut même craindre une termi-naison funeste, ou le passage à l'état chronique. L'autre malade souffrait d'un rhumatisme articulaire aigu lorsqu'un jour le médecin, mis sur la voie par un certain degré de dyspnée, s'aperçut en l'auscultant qu'un épanchement venait de se former dans la plèvre. Il n'y a pas eu de prodromes, ni de frisson somme toute, les sym-ptômes généraux sont assez bénins et, trois ou quatre jours après le début, les signes observés la veille encore ont complètement disparu sans laisser de trace. Quelle pensée ces faits peuvent-ils suggérer au clini-cien? Dira-t-on que les deux pleurésies sont identiques qu'un simple hasard a voulu que chez le second malade, l'affection de la plèvre coïncidât avec un rhumatisme articulaire? Non il est cent fois plus rationnel d'admettre que si dans l'un de ces cas l'inflammation pleurale était tout ordinaire, dans l'autre elle procédait de la diathèse rhumatique, et empruntait à cette origine un ensemble de caractères spéciaux. C'est la pleurésie rhumatismale. En donnant ces exemples supposés, j'ai fait plus qu'une simple hypothèse car de pareilles observations se ren-contrent souvent dans les services hospitaliers. J'en rap@-porterai quelques-unes à la fin de ce travail mais il est à propos de rechercher dès maintenant la fréquence rela-tive de la pleurésie rhumatismale. | -12 -chées deux personnes atteintes de pleurésies, l'une a fri-gore, l'autre survenue dans le cours d'un rhumatisme. En interrogeant la première, nous apprenons qu'à la suite d'un refroidissement, elle a été prise d'un violent frisson, puis d'un point de côté fixe, accompagné d'une toux très-pénible. On constate de l'oppression et une grande difficulté à respirer l'épanchement, qui est pro-gressivement devenu considérable, reste stationnaire de-puis quelques jours. On peut même craindre une termi-naison funeste, ou le passage à l'état chronique. L'autre malade souffrait d'un rhumatisme articulaire aigu lorsqu'un jour le médecin, mis sur la voie par un certain degré de dyspnée, s'aperçut en l'auscultant qu'un épanchement venait de se former dans la plèvre. Il n'y a pas eu de prodromes, ni de frisson somme toute, les sym-ptômes généraux sont assez bénins et, trois ou quatre jours après le début, les signes observés la veille encore ont complètement disparu sans laisser de trace. Quelle pensée ces faits peuvent-ils suggérer au clini-cien? Dira-t-on que les deux pleurésies sont identiques qu'un simple hasard a voulu que chez le second malade, l'affection de la plèvre coïncidât avec un rhumatisme articulaire? Non il est cent fois plus rationnel d'admettre que si dans l'un de ces cas l'inflammation pleurale était tout ordinaire, dans l'autre elle procédait de la diathèse rhumatique, et empruntait à cette origine un ensemble de caractères spéciaux. C'est la pleurésie rhumatismale. En donnant ces exemples supposés, j'ai fait plus qu'une simple hypothèse car de pareilles observations se ren-contrent souvent dans les services hospitaliers. J'en rap-porterai quelques-unes à la fin de ce travail mais il est à propos de rechercher dès maintenant la fréquence rela-tive de la pleurésie rhumatismale. | 4 | 0.002204 | 0.012945 |
638.txt | 1,886 | 21 L'ART DE MAGNÉTISER fut que s'il voulait donner des concerts, il devait s'abstenir des douches, attendu qu'elles lui raidiraient le poignet pour un mois ou deux. Sivori se'le tint pour dit, donna un concert et repartit pour Genève, où il était de retour le 20 août. Nous l'avons tous entendu aux concerts qu'il donna, pendant le mois de septembre, au Casino et au théâtre, concerts dans lesquels il obtint les plus brillants succès. Paraplégie ancienne ayant pour cause une affection de la moelle épinière, compliquée de crises d'hystérie régulières et sous toutes les formes. Ce fut dans les premiers jours de mon arrivée à Genève, en juillet 1851, que je vis Mlle de L. pour la première fois. Mme de L. me donna d'abord quelques renseignements que voici, sur la maladie de son enfant. La maladie de ma fille, peu connue par les nombreux médecins consultés, est très ancienne, et les causes remon-tent peut-être jusqu'au berceau. Dès l'âge de six ans, elle eut des convulsions au couvent, mais elles disparurent. Ce fut à l'âge de dix ans, c'est-à-dire en 1844, que la maladie se manifesta complètement, et amena avec elle les mille bizarreries que l'on remarque quelquefois dans les maladies nerveuses danse de Saint-Guy, crises nerveuses, frayeurs sans motifs, puis une sorte de paralysie dans les hanches et dans les jambes, qui paraissait provenir de l'épine dorsale un peu déviée, et douloureuse dans certaine partie. Cette paralysie, qui d'abord ne se montrait que passa-gère et presque toujours à la suite de fatigue d'estomac ou de digestion troublée, est devenue continue il y a six ans, en 1845, pendant que ma fille prenait des bains froids qui lui firent beaucoup de mal. Les crises devinrent dès lors journalières et réglées comme un chronomètre commençant chaque jour à quatre heures de l'après-midi et finissant à sept heures du soir. | 21 L'ART DE MAGNÉTISER fut que s'il voulait donner des concerts, il devait s'abstenir des douches, attendu qu'elles lui raidiraient le poignet pour un mois ou deux. Sivori se'le tint pour dit, donna un concert et repartit pour Genève, où il était de retour le 20 août. Nous l'avons tous entendu aux concerts qu'il donna, pendant le mois de septembre, au Casino et au théâtre, concerts dans lesquels il obtint les plus brillants succès. Paraplégie ancienne ayant pour cause une affection de la moelle épinière, compliquée de crises d'hystérie régulières et sous toutes les formes. Ce fut dans les premiers jours de mon arrivée à Genève, en juillet 1851, que je vis Mlle de L@@. pour la première fois. Mme de L.@@ me donna d'abord quelques renseignements que voici, sur la maladie de son enfant. La maladie de ma fille, peu connue par les nombreux médecins consultés, est très ancienne, et les causes remon-tent peut-être jusqu'au berceau. Dès l'âge de six ans, elle eut des convulsions au couvent, mais elles disparurent. Ce fut à l'âge de dix ans, c'est-à-dire en 1844, que la maladie se manifesta complètement, et amena avec elle les mille bizarreries que l'on remarque quelquefois dans les maladies nerveuses danse de Saint-Guy, crises nerveuses, frayeurs sans motifs, puis une sorte de paralysie dans les hanches et dans les jambes, qui paraissait provenir de l'épine dorsale un peu déviée, et douloureuse dans certaine partie. Cette paralysie, qui d'abord ne se montrait que passa-gère et presque toujours à la suite de fatigue d'estomac ou de digestion troublée, est devenue continue il y a six ans, en 1845, pendant que ma fille prenait des bains froids qui lui firent beaucoup de mal. Les crises devinrent dès lors journalières et réglées comme un chronomètre commençant chaque jour à quatre heures de l'après-midi et finissant à sept heures du soir. | 21 L'ART DE MAGNÉTISER fut que s'il voulait donner des concerts, il devait s'abstenir des douches, attendu qu'elles lui raidiraient le poignet pour un mois ou deux. Sivori se le tint pour dit, donna un concert et repartit pour Genève, où il était de retour le 20 août. Nous l'avons tous entendu aux concerts qu'il donna, pendant le mois de septembre, au Casino et au théâtre, concerts dans lesquels il obtint les plus brillants succès. Paraplégie ancienne ayant pour cause une affection de la moelle épinière, compliquée de crises d'hystérie régulières et sous toutes les formes. Ce fut dans les premiers jours de mon arrivée à Genève, en juillet 1851, que je vis Mlle de L... pour la première fois. Mme de L... me donna d'abord quelques renseignements que voici, sur la maladie de son enfant. La maladie de ma fille, peu connue par les nombreux médecins consultés, est très ancienne, et les causes remon-tent peut-être jusqu'au berceau. Dès l'âge de six ans, elle eut des convulsions au couvent, mais elles disparurent. Ce fut à l'âge de dix ans, c'est-à-dire en 1844, que la maladie se manifesta complètement, et amena avec elle les mille bizarreries que l'on remarque quelquefois dans les maladies nerveuse@ danse de Saint-Guy, crises nerveuses, frayeurs sans motifs, puis une sorte de paralysie dans les hanches et dans les jambes, qui paraissait provenir de l'épine dorsale un peu déviée, et douloureuse dans certaine partie. Cette paralysie, qui d'abord ne se montrait que passa-gère et presque toujours à la suite de fatigue d'estomac ou de digestion troublée, est devenue continue il y a six ans, en 1843, pendant que ma fille prenait des bains froids qui lui firent beaucoup de mal. Les crises devinrent dès lors journalières et réglées comme un chronomètre commençant chaque jour à quatre heures de l'après-midi et finissant à sept heures du soir. | 21 L'ART DE MAGNÉTISER fut que s'il voulait donner des concerts, il devait s'abstenir des douches, attendu qu'elles lui raidiraient le poignet pour un mois ou deux. Sivori se le tint pour dit, donna un concert et repartit pour Genève, où il était de retour le 20 août. Nous l'avons tous entendu aux concerts qu'il donna, pendant le mois de septembre, au Casino et au théâtre, concerts dans lesquels il obtint les plus brillants succès. Paraplégie ancienne ayant pour cause une affection de la moelle épinière, compliquée de crises d'hystérie régulières et sous toutes les formes. Ce fut dans les premiers jours de mon arrivée à Genève, en juillet 1851, que je vis Mlle de L... pour la première fois. Mme de L... me donna d'abord quelques renseignements que voici, sur la maladie de son enfant. La maladie de ma fille, peu connue par les nombreux médecins consultés, est très ancienne, et les causes remon-tent peut-être jusqu'au berceau. Dès l'âge de six ans, elle eut des convulsions au couvent, mais elles disparurent. Ce fut à l'âge de dix ans, c'est-à-dire en 1844, que la maladie se manifesta complètement, et amena avec elle les mille bizarreries que l'on remarque quelquefois dans les maladies nerveuse@ danse de Saint-Guy, crises nerveuses, frayeurs sans motifs, puis une sorte de paralysie dans les hanches et dans les jambes, qui paraissait provenir de l'épine dorsale un peu déviée, et douloureuse dans certaine partie. Cette paralysie, qui d'abord ne se montrait que passa-gère et presque toujours à la suite de fatigue d'estomac ou de digestion troublée, est devenue continue il y a six ans, en 1843, pendant que ma fille prenait des bains froids qui lui firent beaucoup de mal. Les crises devinrent dès lors journalières et réglées comme un chronomètre commençant chaque jour à quatre heures de l'après-midi et finissant à sept heures du soir. | 21 L'ART DE MAGNÉTISER fut que s'il voulait donner des concerts, il devait s'abstenir des douches, attendu qu'elles lui raidiraient le poignet pour un mois ou deux. Sivori se le tint pour dit, donna un concert et repartit pour Genève, où il était de retour le 20 août. Nous l'avons tous entendu aux concerts qu'il donna, pendant le mois de septembre, au Casino et au théâtre, concerts dans lesquels il obtint les plus brillants succès. Paraplégie ancienne ayant pour cause une affection de la moelle épinière, compliquée de crises d'hystérie régulières et sous toutes les formes. Ce fut dans les premiers jours de mon arrivée à Genève, en juillet 1851, que je vis Mlle de L... pour la première fois. Mme de L... me donna d'abord quelques renseignements que voici, sur la maladie de son enfant. La maladie de ma fille, peu connue par les nombreux médecins consultés, est très ancienne, et les causes remon-tent peut-être jusqu'au berceau. Dès l'âge de six ans, elle eut des convulsions au couvent, mais elles disparurent. Ce fut à l'âge de dix ans, c'est-à-dire en 1844, que la maladie se manifesta complètement, et amena avec elle les mille bizarreries que l'on remarque quelquefois dans les maladies nerveuse danse de Saint-Guy, crises nerveuses, frayeurs sans motifs, puis une sorte de paralysie dans les hanches et dans les jambes, qui paraissait provenir de l'épine dorsale un peu déviée, et douloureuse dans certaine partie. Cette paralysie, qui d'abord ne se montrait que passa-gère et presque toujours à la suite de fatigue d'estomac ou de digestion troublée, est devenue continue il y a six ans, en 1843, pendant que ma fille prenait des bains froids qui lui firent beaucoup de mal. Les crises devinrent dès lors journalières et réglées comme un chronomètre commençant chaque jour à quatre heures de l'après-midi et finissant à sept heures du soir. | 7 | 0.003772 | 0.025714 |
162.txt | 1,864 | -162 -raison hiérarchique et politique n'existait plus désormais le dauphin était grand, bien élevé, majeur de quatorze ans, et quand l'ennemi dé-bordait les frontières, il fallait marcher à lui sans. hésiter. La duchesse de Châteauroux déclara que toute autre conduite serait lâche, indigne, et Louis XV accueillit cette impulsion glorieuse il n'avait jamais manqué de coeur, ni de courage, il avait le sentiment de ses devoirs, de son métier de Roi. Entouré de ses brillants aides de camp 1 , il partit de Versailles tout joyeux à l'aspect d'une vie nouvelle il menait avec lui la duchesse de Châteauroux, l'héroïne de cette ré-solution, l'âme qui avait inspiré le roi dans ses plus loyales résolutions 2 . Madame de Vinti-mille était morte, la comtesse de Mailly se reti-rait du monde sans bruit, sans éclat, pour pleurer ses amours et son égarement. Le roi avait besoin de se séparer de son passé par la gloire on voyait déjà sur son front les premières rides et la vie des camps devait les effacer, ses troupes étaient si belles, si élégantes, si dévouées ! on n'avait pas 1 Les aides de camp du Roi étaient les ducs de Richelieu, de Luxembourg, de Boufiers, d'Aumont, d'Ayen, de Soubise, de Péquigny. 2 La duchesse de Châteauroux n'habitait pas avec le Roi mais chaque ville dans laquelle elle passait devait lui fournir un logement comme appartenant à la maison de S. M. | -162 -raison hiérarchique et politique n'existait plus désormais le dauphin était grand, bien élevé, majeur de quatorze ans, et quand l'ennemi dé-bordait les frontières, il fallait marcher à lui sans. hésiter. La duchesse de Châteauroux déclara que toute autre conduite serait lâche, indigne, et Louis XV accueillit cette impulsion glorieuse il n'avait jamais manqué de coeur, ni de courage, il avait le sentiment de ses devoirs, de son métier de Roi. Entouré de ses brillants aides de camp 1 , il partit de Versailles tout joyeux à l'aspect d'une vie nouvelle il menait avec lui la duchesse de Châteauroux, l'héroïne de cette ré-solution, l'âme qui avait inspiré le roi dans ses plus loyales résolutions 2 . Madame de Vinti-mille était morte, la comtesse de Mailly se reti-rait du monde sans bruit, sans éclat, pour pleurer ses amours et son égarement. Le roi avait besoin de se séparer de son passé par la gloire on voyait déjà sur son front les premières rides et la vie des camps devait les effacer, ses troupes étaient si belles, si élégantes, si dévouées ! on n'avait pas @1@@ @@@@Les aides de camp du Roi étaient les ducs de Richelieu, de Luxembourg, de Boufiers, d'Aumont, d'Ayen, de Soubise, de Péquigny. 2 La duchesse de Châteauroux n'habitait pas avec le Roi mais chaque ville dans laquelle elle passait devait lui fournir un logement comme appartenant à la maison de S. M. | ############ hiérarchique et politique n'existait plus désormais le dauphin était grand, bien élevé, majeur de quatorze ans, et quand l'ennemi dé-bordait les frontières, il fallait marcher à lui sans. hésiter. La duchesse de Châteauroux déclara que toute autre conduite serait lâche, indigne, et Louis XV accueillit cette impulsion glorieuse il n'avait jamais manqué de coeur, ni de courage, il avait le sentiment de ses devoirs, de son métier de Roi. Entouré de ses brillants aides de camp 1 , il partit de Versailles tout joyeux à l'aspect d'une vie nouvelle il menait avec lui la duchesse de Châteauroux, l'héroïne de cette ré-solution, l'âme qui avait inspiré le roi dans ses plus loyales résolutions 2 . Madame de Vinti-mille était morte, la comtesse de Mailly se reti-rait du monde sans bruit, sans éclat, pour pleurer ses amours et son égarement. Le roi avait besoin de se séparer de son passé par la gloire on voyait déjà sur son front les premières rides et la vie des camps devait les effacer, ses troupes étaient si belles, si élégantes, si dévouées ! on n'avait pas -162 - 1 Les aides de camp du Roi étaient les ducs de Richelieu, de Luxembourg, de Bouflers, d'Aumont, d'Ayen, de Soubise, de Péquigny. 2 La duchesse de Châteauroux n'habitait pas avec le Roi mais chaque ville dans laquelle elle passait devait lui fournir un logement comme appartenant à la maison de S. M. | -162 -raison hiérarchique et politique n'existait plus désormais le dauphin était grand, bien élevé, majeur de quatorze ans, et quand l'ennemi dé-bordait les frontières, il fallait marcher à lui sans. hésiter. La duchesse de Châteauroux déclara que toute autre conduite serait lâche, indigne, et Louis XV accueillit cette impulsion glorieuse il n'avait jamais manqué de coeur, ni de courage, il avait le sentiment de ses devoirs, de son métier de Roi. Entouré de ses brillants aides de camp 1 , il partit de Versailles tout joyeux à l'aspect d'une vie nouvelle il menait avec lui la duchesse de Châteauroux, l'héroïne de cette ré-solution, l'âme qui avait inspiré le roi dans ses plus loyales résolutions 2 . Madame de Vinti-mille était morte, la comtesse de Mailly se reti-rait du monde sans bruit, sans éclat, pour pleurer ses amours et son égarement. Le roi avait besoin de se séparer de son passé par la gloire on voyait déjà sur son front les premières rides et la vie des camps devait les effacer, ses troupes étaient si belles, si élégantes, si dévouées ! on n'avait pas -162 - 1 Les aides de camp du Roi étaient les ducs de Richelieu, de Luxembourg, de Bouflers, d'Aumont, d'Ayen, de Soubise, de Péquigny. 2 La duchesse de Châteauroux n'habitait pas avec le Roi mais chaque ville dans laquelle elle passait devait lui fournir un logement comme appartenant à la maison de S. M. | -162 -raison hiérarchique et politique n'existait plus désormais le dauphin était grand, bien élevé, majeur de quatorze ans, et quand l'ennemi dé-bordait les frontières, il fallait marcher à lui sans. hésiter. La duchesse de Châteauroux déclara que toute autre conduite serait lâche, indigne, et Louis XV accueillit cette impulsion glorieuse il n'avait jamais manqué de coeur, ni de courage, il avait le sentiment de ses devoirs, de son métier de Roi. Entouré de ses brillants aides de camp 1 , il partit de Versailles tout joyeux à l'aspect d'une vie nouvelle il menait avec lui la duchesse de Châteauroux, l'héroïne de cette ré-solution, l'âme qui avait inspiré le roi dans ses plus loyales résolutions 2 . Madame de Vinti-mille était morte, la comtesse de Mailly se reti-rait du monde sans bruit, sans éclat, pour pleurer ses amours et son égarement. Le roi avait besoin de se séparer de son passé par la gloire on voyait déjà sur son front les premières rides et la vie des camps devait les effacer, ses troupes étaient si belles, si élégantes, si dévouées ! on n'avait pas -162 - 1 Les aides de camp du Roi étaient les ducs de Richelieu, de Luxembourg, de Bouflers, d'Aumont, d'Ayen, de Soubise, de Péquigny. 2 La duchesse de Châteauroux n'habitait pas avec le Roi mais chaque ville dans laquelle elle passait devait lui fournir un logement comme appartenant à la maison de S. M. | 8 | 0.00578 | 0.029963 |
604.txt | 1,886 | 116 L'ART DE MAGNÉTISER Nous en profitâmes aussitôt, et voici ce qu'elle nous - dit, après avoir confirmé ce qu'avait avancé la. première som-nambule Elle ajouta que ce qui la faisait souffrir lorsqu'on la touchait, était un cordon blanc creux, qui partait du milieu d'un organe brun en forme de croissant, et qui arrivait à la vessie que, dans ce cordon, circulait une liqueur blanchâtre comme de l'urine, et que l'intérieur en était écorché par deux corps durs en forme de gravier. Un autre corps dur, plus petit, se forme au haut du rein. On peut les entraîner par le magnétisme en magnétisant deux fois par jour. La malade nous annonce qu'il y a six ans, elle a déjà eu des coliques néphrétiques. Le reste de la tumeur s'en ira par le rectum, ce soir dans la première selle. Le lendemain elle nous dit Je me suis trompée, le rectum n'est pas encore perforé, il n'y a qu'amincissement ce soir seulement il y aura com-mencement d'évacuation. En effet, le médecin reconnut le lendemain beaucoup de pus rendu. Les calculs commencent à sortir de la vessie il y en avait ce matin dans les urines ce que le médecin avait constaté . Il existe dans la crosse de l'aorte des petits boutons semblables à de petites verrues, et, cette nuit, il y a eu une secousse violente par suite d'un engorgement de sang rouge dans la crosse de l'aorte, et la rupture en a été imminente. Ce n'est que par un régime doux que l'on peut ces jours-ci combattre cette affection. - Il faut agir entièrement sur la tumeur. A force de magnétisation locale, la tumeur fut entièrement vidée par le rectum le docteur trouvait tous les jours une grande quantité de pus bientôt les petites peaux qui entou-rent une plaie apparurent, et la tumeur se cicatrisa. Pendant ce temps, les crises nerveuses avaient disparu les forces, la gaieté, l'appétit étaient revenus les soubresauts | 116 L'ART DE MAGNÉTISER Nous en profitâmes aussitôt, et voici ce qu'elle nous - dit, après avoir confirmé ce qu'avait avancé la. première som-nambule Elle ajouta que ce qui la faisait souffrir lorsqu'on la touchait, était un cordon blanc creux, qui partait du milieu d'un organe brun en forme de croissant, et qui arrivait à la vessie que, dans ce cordon, circulait une liqueur blanchâtre comme de l'urine, et que l'intérieur en était écorché par deux corps durs en forme de gravier. Un autre corps dur, plus petit, se forme au haut du rein. On peut les entraîner par le magnétisme en magnétisant deux fois par jour. La malade nous annonce qu'il y a six ans, elle a déjà eu des coliques néphrétiques. Le reste de la tumeur s'en ira par le rectum, ce soir dans la première selle. Le lendemain elle nous dit Je me suis trompée, le rectum n'est pas encore perforé, il n'y a qu'amincissement ce soir seulement il y aura com-mencement d'évacuation. En effet, le médecin reconnut le lendemain beaucoup de pus rendu. Les calculs commencent à sortir de la vessie il y en avait ce matin dans les urines ce que le médecin avait constaté . Il existe dans la crosse de l'aorte des petits boutons semblables à de petites verrues, et, cette nuit, il y a eu une secousse violente par suite d'un engorgement de sang rouge dans la crosse de l'aorte, et la rupture en a été imminente. Ce n'est que par un régime doux que l'on peut ces jours-ci combattre cette affection. - Il faut agir entièrement sur la tumeur. A force de magnétisation locale, la tumeur fut entièrement vidée par le rectum le docteur trouvait tous les jours une grande quantité de pus bientôt les petites peaux qui entou-rent une plaie apparurent, et la tumeur se cicatrisa. Pendant ce temps, les crises nerveuses avaient disparu les forces, la gaieté, l'appétit étaient revenus les soubresauts | 116 L'ART DE MAGNÉTISER Nous en profitâmes aussitôt, et voici ce qu'elle nous @@dit, après avoir confirmé ce qu'avait avancé la@ première som-nambule Elle ajouta que ce qui la faisait souffrir lorsqu'on la touchait, était un cordon blanc creux, qui partait du milieu d'un organe brun en forme de croissant, et qui arrivait à la vessie que, dans ce cordon, circulait une liqueur blanchâtre comme de l'urine, et que l'intérieur en était écorché par deux corps durs en forme de gravier. Un autre corps dur, plus petit, se forme au haut du rein. On peut les entrainer par le magnétisme en magnétisant deux fois par jour. La malade nous annonce qu'il y a six ans, elle a déjà eu des coliques néphrétiques. Le reste de la tumeur s'en ira par le rectum, ce soir dans la première selle. Le lendemain elle nous dit Je me suis trompée, le rectum n'est pas encore perforé, il n'y a qu'amincissement ce soir seulement il y aura com-mencement d'évacuation. En effet, le médecin reconnut le lendemain beaucoup de pus rendu. Les calculs commencent à sortir de la vessie il y en avait ce matin dans les urines ce que le médecin avait constaté . Il existe dans la crosse de l'aorte des petits boutons semblables à de petites verrues, et, cette nuit, il y a eu une secousse violente par suite d'un engorgement de sang rouge dans la crosse de l'aorte, et la rupture en a été imminente. Ce n'est que par un régime doux que l'on peut ces jours-ci combattre cette affection. -@Il faut agir entièrement sur la tumeur. A force de magnétisation locale, la tumeur fut entièrement vidée par le rectum le docteur trouvait tous les jours une grande quantité de pus bientôt les petites peaux qui entou-rent une plaie apparurent, et la tumeur se cicatrisa. Pendant ce temps, les crises nerveuses avaient disparu les forces, la gaieté, l'appétit étaient revenus les soubresauts | 116 L'ART DE MAGNÉTISER Nous en profitâmes aussitôt, et voici ce qu'elle nous @@dit, après avoir confirmé ce qu'avait avancé la@ première som-nambule Elle ajouta que ce qui la faisait souffrir lorsqu'on la touchait, était un cordon blanc creux, qui partait du milieu d'un organe brun en forme de croissant, et qui arrivait à la vessie que, dans ce cordon, circulait une liqueur blanchâtre comme de l'urine, et que l'intérieur en était écorché par deux corps durs en forme de gravier. Un autre corps dur, plus petit, se forme au haut du rein. On peut les entrainer par le magnétisme en magnétisant deux fois par jour. La malade nous annonce qu'il y a six ans, elle a déjà eu des coliques néphrétiques. Le reste de la tumeur s'en ira par le rectum, ce soir dans la première selle. Le lendemain elle nous dit Je me suis trompée, le rectum n'est pas encore perforé, il n'y a qu'amincissement ce soir seulement il y aura com-mencement d'évacuation. En effet, le médecin reconnut le lendemain beaucoup de pus rendu. Les calculs commencent à sortir de la vessie il y en avait ce matin dans les urines ce que le médecin avait constaté . Il existe dans la crosse de l'aorte des petits boutons semblables à de petites verrues, et, cette nuit, il y a eu une secousse violente par suite d'un engorgement de sang rouge dans la crosse de l'aorte, et la rupture en a été imminente. Ce n'est que par un régime doux que l'on peut ces jours-ci combattre cette affection. -@Il faut agir entièrement sur la tumeur. A force de magnétisation locale, la tumeur fut entièrement vidée par le rectum le docteur trouvait tous les jours une grande quantité de pus bientôt les petites peaux qui entou-rent une plaie apparurent, et la tumeur se cicatrisa. Pendant ce temps, les crises nerveuses avaient disparu les forces, la gaieté, l'appétit étaient revenus les soubresauts | 116 L'ART DE MAGNÉTISER Nous en profitâmes aussitôt, et voici ce qu'elle nous dit, après avoir confirmé ce qu'avait avancé la première som-nambule Elle ajouta que ce qui la faisait souffrir lorsqu'on la touchait, était un cordon blanc creux, qui partait du milieu d'un organe brun en forme de croissant, et qui arrivait à la vessie que, dans ce cordon, circulait une liqueur blanchâtre comme de l'urine, et que l'intérieur en était écorché par deux corps durs en forme de gravier. Un autre corps dur, plus petit, se forme au haut du rein. On peut les entrainer par le magnétisme en magnétisant deux fois par jour. La malade nous annonce qu'il y a six ans, elle a déjà eu des coliques néphrétiques. Le reste de la tumeur s'en ira par le rectum, ce soir dans la première selle. Le lendemain elle nous dit Je me suis trompée, le rectum n'est pas encore perforé, il n'y a qu'amincissement ce soir seulement il y aura com-mencement d'évacuation. En effet, le médecin reconnut le lendemain beaucoup de pus rendu. Les calculs commencent à sortir de la vessie il y en avait ce matin dans les urines ce que le médecin avait constaté . Il existe dans la crosse de l'aorte des petits boutons semblables à de petites verrues, et, cette nuit, il y a eu une secousse violente par suite d'un engorgement de sang rouge dans la crosse de l'aorte, et la rupture en a été imminente. Ce n'est que par un régime doux que l'on peut ces jours-ci combattre cette affection. -Il faut agir entièrement sur la tumeur. A force de magnétisation locale, la tumeur fut entièrement vidée par le rectum le docteur trouvait tous les jours une grande quantité de pus bientôt les petites peaux qui entou-rent une plaie apparurent, et la tumeur se cicatrisa. Pendant ce temps, les crises nerveuses avaient disparu les forces, la gaieté, l'appétit étaient revenus les soubresauts | 5 | 0.002716 | 0.01676 |
610.txt | 1,886 | DANGERS ET ACCIDENTS DU MAGNÉTISME 135 je la réveillai, et j'eus le bonheur de la voir entièrement revenue à la raison, et n'ayant aucun souvenir de ce qui lui était arrivé. Cet accident peut se présenter souvent lorsque, magné-tisant une femme nerveuse,, vous porterez votre action sur un autre sujet et que, surtout, vous ferez de violents efforts pour produire un effet. Mme Azéma non seulement ne s'est jamais aperçue de ce qui s'était passé, mais elle ne l'a jamais su. A Manchester, le docteur N., magnétisant un jeune homme, produisit la folie furieuse et l'épilepsie. Il fallut l'emporter, le hisser dans une voiture et le transporter chez - lui. Nous nous mîmes à quatre pour cette difficile opération, et il fallut huit hommes pour le monter dans sa chambre il nous renversa tous dans l'escalier, ses forces étaient centuplées. Fort heureusement, dans ce moment, je pus m'emparer de l'estomac et appuyer mes doigts sur l'épigas-tre je le maintins, et nous arrivâmes dans sa chambre, où nous eûmes toutes les peines du monde à le coucher. Je l'endormis à force de magnétisation alors je fus maître et des convulsions et de la folie mais, lorsque je le réveillai après quelques heures, la folie se représenta dans toute sa fureur puis il y eut un accès d'épilepsie, avec con-vulsions et écume à la bouche. Ce fut pendant cette crise épileptique que je parvins à l'endormir de nouveau il me fallut trois jours et trois nuits, sans le quitter et en le maintenant toujours dans le sommeil, pour ramener la raison et faire cesser les crises épileptiques. Lorsqu'il fut rétabli, je restai quelque temps sans pouvoir le magnétiser à peine l'avais-je endormi qu'il s'éveillait aussitôt comme s'il éprouvait une secousse violente. On peut voir, par les exemples que je viens de citer, que le magnétisme peut offrir des dangers dans des mains inexpérimentées. En effet, si le magnétiseur ne connaît pas la force dont il dispose, s'il ne sait comment la diriger, il peut faire beaucoup plus de mal que de bien. C'est pour cela que le choix d'un magnétiseur ne doit point se faire légère-ment, et qu'avant tout il faut chercher l'homme expérimenté | DANGERS ET ACCIDENTS DU MAGNÉTISME 135 je la réveillai, et j'eus le bonheur de la voir entièrement revenue à la raison, et n'ayant aucun souvenir de ce qui lui était arrivé. Cet accident peut se présenter souvent lorsque, magné-tisant une femme ne@rveuse,, vous porterez votre action sur un autre sujet et que, surtout, vous ferez de violents efforts pour produire un effet. Mme Azéma non seulement ne s'est jamais aperçue de ce qui s'était passé, mais elle ne l'a jamais su. A Manchester, le docteur N., magnétisant un jeune homme, produisit la folie furieuse et l'épilepsie. Il fallut l'emporter, le hisser dans une voiture et le transporter chez - lui. Nous nous mîmes à quatre pour cette difficile opération, et il fallut huit hommes pour le monter dans sa chambre il nous renversa tous dans l'escalier, ses forces étaient centuplées. Fort heureusement, dans ce moment, je pus m'emparer de l'estomac et appuyer mes doigts sur l'épigas-tre je le maintins, et nous arrivâmes dans sa chambre, où nous eûmes toutes les peines du monde à le coucher. Je l'endormis à force de magnétisation alors je fus maître et des convulsions et de la folie mais, lorsque je le réveillai après quelques heures, la folie se représenta dans toute sa fureur puis il y eut un accès d'épilepsie, avec con-vulsions et écume à la bouche. Ce fut pendant cette crise épileptique que je parvins à l'endormir de nouveau il me fallut trois jours et trois nuits, sans le quitter et en le maintenant toujours dans le sommeil, pour ramener la raison et faire cesser les crises épileptiques. Lorsqu'il fut rétabli, je restai quelque temps sans pouvoir le magnétiser à peine l'avais-je endormi qu'il s'éveillait aussitôt comme s'il éprouvait une secousse violente. On peut voir, par les exemples que je viens de citer, que le magnétisme peut offrir des dangers dans des mains inexpérimentées. En effet, si le magnétiseur ne connaît pas la force dont il dispose, s'il ne sait comment la diriger, il peut faire beaucoup plus de mal que de bien. C'est pour cela que le choix d'un magnétiseur ne doit point se faire légère-ment, et qu'avant tout il faut chercher l'homme expérimenté | DANGERS ET ACCIDENTS DU MAGNÉTISME 135 je la réveillai, et j'eus le bonheur de la voir entièrement revenue à la raison, et n'ayant aucun souvenir de ce qui lui était arrivé. Cet accident peut se présenter souvent lorsque, magné-tisant une femme neurveuse@, vous porterez votre action sur un autre sujet et que, surtout, vous ferez de violents efforts pour produire un effet. Mme Azéma non seulement ne s'est jamais aperçue de ce qui s'était passé, mais elle ne l'a jamais su. A Manchester, le docteur N., magnétisant un jeune homme, produisit la folie furieuse et l'épilepsie. Il fallut l'emporter, le hisser dans une voiture et le transporter chez@@ lui. Nous nous mimes à quatre pour cette difficile opération, et il fallut huit hommes pour le monter dans sa chambre il nous renversa tous dans l'escalier, ses forces étaient centuplées. Fort heureusement, dans ce moment, je pus m'emparer de l'estomac et appuyer mes doigts sur l'épigas-tre je le maintins, et nous arrivâmes dans sa chambre, où nous eûmes toutes les peines du monde à le coucher. Je l'endormis à force de magnétisation alors je fus maitre et des convulsions et de la folie mais, lorsque je le réveillai après quelques heures, la folie se représenta dans toute sa fureur puis il y eut un accès d'épilepsie, avec con-vulsions et écume à la bouche. Ce fut pendant cette crise épileptique que je parvins à l'endormir de nouveau il me fallut trois jours et trois nuits, sans le quitter et en le maintenant toujours dans le sommeil, pour ramener la raison et faire cesser les crises épileptiques. Lorsqu'il fut rétabli, je restai quelque temps sans pouvoir le magnétiser à peine l'avais-je endormi qu'il s'éveillait aussitôt comme s'il éprouvait une secousse violente. On peut voir, par les exemples que je viens de citer, que le magnétisme peut offrir des dangers dans des mains inexpérimentées. En effet, si le magnétiseur ne connait pas la force dont il dispose, s'il ne sait comment la diriger, il peut faire beaucoup plus de mal que de bien. C'est pour cela que le choix d'un magnétiseur ne doit point se faire légère-ment, et qu'avant tout il faut chercher l'homme expérimenté | DANGERS ET ACCIDENTS DU MAGNÉTISME 135 je la réveillai, et j'eus le bonheur de la voir entièrement revenue à la raison, et n'ayant aucun souvenir de ce qui lui était arrivé. Cet accident peut se présenter souvent lorsque, magné-tisant une femme neurveuse@, vous porterez votre action sur un autre sujet et que, surtout, vous ferez de violents efforts pour produire un effet. Mme Azéma non seulement ne s'est jamais aperçue de ce qui s'était passé, mais elle ne l'a jamais su. A Manchester, le docteur N., magnétisant un jeune homme, produisit la folie furieuse et l'épilepsie. Il fallut l'emporter, le hisser dans une voiture et le transporter chez@@ lui. Nous nous mimes à quatre pour cette difficile opération, et il fallut huit hommes pour le monter dans sa chambre il nous renversa tous dans l'escalier, ses forces étaient centuplées. Fort heureusement, dans ce moment, je pus m'emparer de l'estomac et appuyer mes doigts sur l'épigas-tre je le maintins, et nous arrivâmes dans sa chambre, où nous eûmes toutes les peines du monde à le coucher. Je l'endormis à force de magnétisation alors je fus maitre et des convulsions et de la folie mais, lorsque je le réveillai après quelques heures, la folie se représenta dans toute sa fureur puis il y eut un accès d'épilepsie, avec con-vulsions et écume à la bouche. Ce fut pendant cette crise épileptique que je parvins à l'endormir de nouveau il me fallut trois jours et trois nuits, sans le quitter et en le maintenant toujours dans le sommeil, pour ramener la raison et faire cesser les crises épileptiques. Lorsqu'il fut rétabli, je restai quelque temps sans pouvoir le magnétiser à peine l'avais-je endormi qu'il s'éveillait aussitôt comme s'il éprouvait une secousse violente. On peut voir, par les exemples que je viens de citer, que le magnétisme peut offrir des dangers dans des mains inexpérimentées. En effet, si le magnétiseur ne connait pas la force dont il dispose, s'il ne sait comment la diriger, il peut faire beaucoup plus de mal que de bien. C'est pour cela que le choix d'un magnétiseur ne doit point se faire légère-ment, et qu'avant tout il faut chercher l'homme expérimenté | DANGERS ET ACCIDENTS DU MAGNÉTISME 135 je la réveillai, et j'eus le bonheur de la voir entièrement revenue à la raison, et n'ayant aucun souvenir de ce qui lui était arrivé. Cet accident peut se présenter souvent lorsque, magné-tisant une femme neurveuse, vous porterez votre action sur un autre sujet et que, surtout, vous ferez de violents efforts pour produire un effet. Mme Azéma non seulement ne s'est jamais aperçue de ce qui s'était passé, mais elle ne l'a jamais su. A Manchester, le docteur N., magnétisant un jeune homme, produisit la folie furieuse et l'épilepsie. Il fallut l'emporter, le hisser dans une voiture et le transporter chez lui. Nous nous mimes à quatre pour cette difficile opération, et il fallut huit hommes pour le monter dans sa chambre il nous renversa tous dans l'escalier, ses forces étaient centuplées. Fort heureusement, dans ce moment, je pus m'emparer de l'estomac et appuyer mes doigts sur l'épigas-tre je le maintins, et nous arrivâmes dans sa chambre, où nous eûmes toutes les peines du monde à le coucher. Je l'endormis à force de magnétisation alors je fus maitre et des convulsions et de la folie mais, lorsque je le réveillai après quelques heures, la folie se représenta dans toute sa fureur puis il y eut un accès d'épilepsie, avec con-vulsions et écume à la bouche. Ce fut pendant cette crise épileptique que je parvins à l'endormir de nouveau il me fallut trois jours et trois nuits, sans le quitter et en le maintenant toujours dans le sommeil, pour ramener la raison et faire cesser les crises épileptiques. Lorsqu'il fut rétabli, je restai quelque temps sans pouvoir le magnétiser à peine l'avais-je endormi qu'il s'éveillait aussitôt comme s'il éprouvait une secousse violente. On peut voir, par les exemples que je viens de citer, que le magnétisme peut offrir des dangers dans des mains inexpérimentées. En effet, si le magnétiseur ne connait pas la force dont il dispose, s'il ne sait comment la diriger, il peut faire beaucoup plus de mal que de bien. C'est pour cela que le choix d'un magnétiseur ne doit point se faire légère-ment, et qu'avant tout il faut chercher l'homme expérimenté | 7 | 0.003268 | 0.019802 |
88.txt | 1,821 | Aux environs de Salisbury, dans la Caroline du Nord, non loin de là rivière Catawba, il examine le premier et décrit avec exactitude une agrégation régulière et symé-trique de roches basaltiques ou du moins qui en offrent toutes les apparences 1 . Les indigènes lui donnent le nom de mur naturel natural wall il est placé dans un monticule de quartz et de sable, au pied duquel un ruisseau promène ses ondes paisibles. Sa longueur est de cent mètres, et sa profondeur hors de terré, où il s'en-fonce, est dé quatre mètres toutes ses parties sont unies par une espèce de ciment qui donne aux roches quàdran-gulaires dont il est formé l'aspect réel d'une muraille 2 . Ce monument dès âges perdus dans là huit dès siècles est d'autant plus extraordinaire , qu'il.est isolé 3 , et qu'où ne trouve aucune sorte de basalte, aucun vestige de volcan dans toute l'Amérique septentrionale. Les marécages voisins de la ville de Wilmingtoh 1 Elles en ont là couleur, et la cassure mais lés con-naissances des minéralogistes sont encore trop récentes pour établir une distinction réelle entre lés basaltes propre-ment dits et les autres substances qui leur ressemblent. 2 On en trouvera la description dans les Mémoires de l'Institut , Académie des Sciences, vol. de 1818, pag. 109-119, et dans la Description des Etats-Unis de l'Amérique septentrionale , par D. B. WARDEN, tom. I, pag. 80-89., 3 Depuis 1800, on en a découvert un autre pareil à six ou huit milles du premier. Il lui ressemble en tous points mais il n'a que treize décimètres de long sur seize de hauteur 4 à 5 pieds . Son épaisseur a seulement 18. centimètres 7 pouces . Voyez à ce sujet le Médical re-pository de New-Yorck, IVe. vol., pag. 227. | Aux environs de Salisbury, dans la Caroline du Nord, non loin de là rivière Catawba, il examine le premier et décrit avec exactitude une agrégation régulière et symé-trique de roches basaltiques ou du moins qui en offrent toutes les apparences 1 . Les indigènes lui donnent le nom de mur naturel natural wall il est placé dans un monticule de quartz et de sable, au pied duquel un ruisseau promène ses ondes paisibles. Sa longueur est de cent mètres, et sa profondeur hors de terré, où il s'en-fonce, est dé quatre mètres toutes ses parties sont unies par une espèce de ciment qui donne aux roches quàdran-gulaires dont il est formé l'aspect réel d'une muraille 2 . Ce monument dès âges perdus dans là huit dès siècles est d'autant plus extraordinaire , qu'il.est isolé 3 , et qu'où ne trouve aucune sorte de basalte, aucun vestige de volcan dans toute l'Amérique septentrionale. Les marécages voisins de la ville de Wilmingto@@@h 1 Elles en ont là couleur, et la cassure mais lés con-naissances des minéralogistes sont encore trop récentes pour établir une distinction réelle entre lés basaltes propre-ment dits et les autres substances qui leur ressemblent. 2 On en trouvera la description dans les Mémoires de l'Institut , Académie des Sciences, vol. de 1818, pag. 109-119, et dans la Description des Etats-Unis de l'Amérique septentrionale , par D. B. WARDEN, tom. I, pag. 80-89., 3 Depuis 1800, on en a découvert un autre pareil à six ou huit milles du premier. Il lui ressemble en tous points mais il n'a que treize décimètres de long sur seize de hauteur 4 à 5 pieds . Son épaisseur a seulement 18. centimètres 7 pouces . Voyez à ce sujet le Médical re-pository de New-Yorck, IVe. vol., pag. 227. | Aux environs de Salisbury, dans la Caroline du Nord, non loin de là rivière Catawba, il examine le premier et décrit avec exactitude une agrégation régulière et symé-trique de roches basaltiques ou du moins qui en offrent toutes les apparences 1 . Les indigènes lui donnent le nom de mur naturel natural wall il est placé dans un monticule de quartz et de sable, au pied duquel un ruisseau promène ses ondes paisibles. Sa longueur est de cent mètres, et sa profondeur hors de terre, où il s'en-fonce, est de quatre mètres toutes ses parties sont unies par une espèce de ciment qui donne aux roches quadran-gulaires dont il est formé l'aspect réel d'une muraille 2 . Ce monument des âges perdus dans la nuit des siècles est d'autant plus extraordinaire , qu'il est isolé 3 , et qu'où ne trouve aucune sorte de basalte, aucun vestige de volcan dans toute l'Amérique septentrionale. Les marécages voisins de la ville de Wilmington 37 1 Elles en ont la couleur, et la cassure mais les con-naissances des minéralogistes sont encore trop récentes pour établir une distinction réelle entre les basaltes propre-ment dits et les autres substances qui leur ressemblent. 2 On en trouvera la description dans les Mémoires de l'Institut , Académie des Sciences, vol. de 1818, pag. 109-119, et dans la Description des Etats-Unis de l'Amérique septentrionale , par D. B. WARDEN, tom. I, pag. 80-89.@ 3 Depuis 1800, on en a découvert un autre pareil à six ou huit milles du premier. Il lui ressemble en tous points mais il n'a que treize décimètres de long sur seize de hauteur 4 à 5 pieds . Son épaisseur a seulement 18. centimètres 7 pouces . Voyez à ce sujet le Médical re-pository de New-Yorck, IVe. vol., pag. 227. | Aux environs de Salisbury, dans la Caroline du Nord, non loin de là rivière Catawba, il examine le premier et décrit avec exactitude une agrégation régulière et symé-trique de roches basaltiques ou du moins qui en offrent toutes les apparences 1 . Les indigènes lui donnent le nom de mur naturel natural wall il est placé dans un monticule de quartz et de sable, au pied duquel un ruisseau promène ses ondes paisibles. Sa longueur est de cent mètres, et sa profondeur hors de terre, où il s'en-fonce, est de quatre mètres toutes ses parties sont unies par une espèce de ciment qui donne aux roches quadran-gulaires dont il est formé l'aspect réel d'une muraille 2 . Ce monument des âges perdus dans la nuit des siècles est d'autant plus extraordinaire , qu'il est isolé 3 , et qu'où ne trouve aucune sorte de basalte, aucun vestige de volcan dans toute l'Amérique septentrionale. Les marécages voisins de la ville de Wilmington 37 1 Elles en ont la couleur, et la cassure mais les con-naissances des minéralogistes sont encore trop récentes pour établir une distinction réelle entre les basaltes propre-ment dits et les autres substances qui leur ressemblent. 2 On en trouvera la description dans les Mémoires de l'Institut , Académie des Sciences, vol. de 1818, pag. 109-119, et dans la Description des Etats-Unis de l'Amérique septentrionale , par D. B. WARDEN, tom. I, pag. 80-89.@ 3 Depuis 1800, on en a découvert un autre pareil à six ou huit milles du premier. Il lui ressemble en tous points mais il n'a que treize décimètres de long sur seize de hauteur 4 à 5 pieds . Son épaisseur a seulement 18. centimètres 7 pouces . Voyez à ce sujet le Médical re-pository de New-Yorck, IVe. vol., pag. 227. | Aux environs de Salisbury, dans la Caroline du Nord, non loin de là rivière Catawba, il examine le premier et décrit avec exactitude une agrégation régulière et symé-trique de roches basaltiques ou du moins qui en offrent toutes les apparences 1 . Les indigènes lui donnent le nom de mur naturel natural wall il est placé dans un monticule de quartz et de sable, au pied duquel un ruisseau promène ses ondes paisibles. Sa longueur est de cent mètres, et sa profondeur hors de terre, où il s'en-fonce, est de quatre mètres toutes ses parties sont unies par une espèce de ciment qui donne aux roches quadran-gulaires dont il est formé l'aspect réel d'une muraille 2 . Ce monument des âges perdus dans la nuit des siècles est d'autant plus extraordinaire , qu'il est isolé 3 , et qu'où ne trouve aucune sorte de basalte, aucun vestige de volcan dans toute l'Amérique septentrionale. Les marécages voisins de la ville de Wilmington 37 1 Elles en ont la couleur, et la cassure mais les con-naissances des minéralogistes sont encore trop récentes pour établir une distinction réelle entre les basaltes propre-ment dits et les autres substances qui leur ressemblent. 2 On en trouvera la description dans les Mémoires de l'Institut , Académie des Sciences, vol. de 1818, pag. 109-119, et dans la Description des Etats-Unis de l'Amérique septentrionale , par D. B. WARDEN, tom. I, pag. 80-89. 3 Depuis 1800, on en a découvert un autre pareil à six ou huit milles du premier. Il lui ressemble en tous points mais il n'a que treize décimètres de long sur seize de hauteur 4 à 5 pieds . Son épaisseur a seulement 18. centimètres 7 pouces . Voyez à ce sujet le Médical re-pository de New-Yorck, IVe. vol., pag. 227. | 16 | 0.009401 | 0.051672 |
823.txt | 1,858 | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 421 et vous défendraient envers et contre tous, et même contre les calomnies du monde. Préférez-vous un couvent ? Voulez-vous que je vous conduise à Beaupré ? Dites, ordonnez, signi-fiez votre volonté elle sera obéie. Une fois que vous serez libre, je m'éloignerai afin que la médisance reste sans pré-texte. J'irai aussi loin qu'il le faudra, je mettrai l'Océan entre nous, si cela est nécessaire mais, en me condamnant à cet exil, je saurai du moins qu'il vous profite et que vous y trou-verez une force et une tranquillité de plus. De toutes les manières, dites-moi ce que vous pensez de mes projets je serai dans les transes jusqu'à ce que j'aie une réponse. Cette lettre jeta Clémence dans une profonde terreur elle voyait enfin où une première faiblesse devait la conduire. Sur ce langage insensé, elle mesurait le degré d'effervescence dans lequel se trouvait la tête de Gaston. Un enlèvement! un éclat public 1 Elle ne pouvait y croire et se demandait si elle était vraiment descendue jusque-là et comment elle avait pu y descendre. Dans le premier moment, elle prit la plume pour répondre elle l'eût fait avec fermeté, avec sincérité. Puis elle songea à la douleur qu'elle allait lui causer, et se montra miséricordieuse. Elle se dit que le silence serait un châtiment moins cruel et en même temps une arme plus sûre. Au fond, c'était son coeur qui l'emportait. Les égarements de l'amour sont de ceux que Tamour excuse l'excès même n'en déplaît pas. Elle se tut donc. Se taire, c'était un refus adouci elle se fiait au temps et l'appelait à son aide pour calmer ces impétuosités juvéniles. Le calcul'eùt été juste pour tout autre que Gaston il porta à faux cette fois. De toutes les épreuves, il n'en était point de pire que celle que Clémence lui infligeait. Depuis le moment où il avait écrit sa lettre, il comptait les jours, les heures, presque les minutes. Il lui semblait impossible que Clémence refusât de s'associer à ses plans de délivrance. Et pourtant, à mesure que le temps s'écoulait, cette confiance allait dimi-nuant. Point d'avis, point de signe de vie. Gaston n'y tint plus son impatience prit le dessus, et il écrivit de nouveau ■ Que dois-je penser? Que dois-je craindre, Clémence? A-t-on surpris mon dernier billet ou bien est-ce vous qui | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 421 et vous défendraient envers et contre tous, et même contre les calomnies du monde. Préférez-vous un couvent ? Voulez-vous que je vous conduise à Beaupré ? Dites, ordonnez, signi-fiez votre volonté elle sera obéie. Une fois que vous serez libre, je m'éloignerai afin que la médisance reste sans pré-texte. J'irai aussi loin qu'il le faudra, je mettrai l'Océan entre nous, si cela est nécessaire mais, en me condamnant à cet exil, je saurai du moins qu'il vous profite et que vous y trou-verez une force et une tranquillité de plus. De toutes les manières, dites-moi ce que vous pensez de mes projets je serai dans les transes jusqu'à ce que j'aie une réponse. Cette lettre jeta Clémence dans une profonde terreur elle voyait enfin où une première faiblesse devait la conduire. Sur ce langage insensé, elle mesurait le degré d'effervescence dans lequel se trouvait la tête de Gaston. Un enlèvement@! un éclat public 1 Elle ne pouvait y croire et se demandait si elle était vraiment descendue jusque-là et comment elle avait pu y descendre. Dans le premier moment, elle prit la plume pour répondre elle l'eût fait avec fermeté, avec sincérité. Puis elle songea à la douleur qu'elle allait lui causer, et se montra miséricordieuse. Elle se dit que le silence serait un châtiment moins cruel et en même temps une arme plus sûre. Au fond, c'était son coeur qui l'emportait. Les égarements de l'amour sont de ceux que @Tamour excuse l'excès même n'en déplaît pas. Elle se tut donc. Se taire, c'était un refus adouci elle se fiait au temps et l'appelait à son aide pour calmer ces impétuosités juvéniles. Le calcul'eùt été juste pour tout autre que Gaston il porta à faux cette fois. De toutes les épreuves, il n'en était point de pire que celle que Clémence lui infligeait. Depuis le moment où il avait écrit sa lettre, il comptait les jours, les heures, presque les minutes. Il lui semblait impossible que Clémence refusât de s'associer à ses plans de délivrance. Et pourtant, à mesure que le temps s'écoulait, cette confiance allait dimi-nuant. Point d'avis, point de signe de vie. Gaston n'y tint plus son impatience prit le dessus, et il écrivit de nouveau ■ Que dois-je penser@? Que dois-je craindre, Clémence@? A-t-on surpris mon dernier billet ou bien est-ce vous qui | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 121 et vous défendraient envers et contre tous, et même contre les calomnies du monde. Préférez-vous un couvent ? Voulez-vous que je vous conduise à Beaupré ? Dites, ordonnez, signi-fiez votre volonté elle sera obéie. Une fois que vous serez libre, je m'éloignerai afin que la médisance reste sans pré-texte. J'irai aussi loin qu'il le faudra, je mettrai l'Océan entre nous, si cela est nécessaire mais, en me condamnant à cet exil, je saurai du moins qu'il vous profite et que vous y trou-verez une force et une tranquillité de plus. De toutes les manières, dites-moi ce que vous pensez de mes projets je serai dans les transes jusqu'à ce que j'aie une réponse. Cette lettre jeta Clémence dans une profonde terreur elle voyait enfin où une première faiblesse devait la conduire. Sur ce langage insensé, elle mesurait le degré d'effervescence dans lequel se trouvait la tête de Gaston. Un enlèvement ! un éclat public ! Elle ne pouvait y croire et se demandait si elle était vraiment descendue jusque-là et comment elle avait pu y descendre. Dans le premier moment, elle prit la plume pour répondre elle l'eût fait avec fermeté, avec sincérité. Puis elle songea à la douleur qu'elle allait lui causer, et se montra miséricordieuse. Elle se dit que le silence serait un châtiment moins cruel et en même temps une arme plus sûre. Au fond, c'était son coeur qui l'emportait. Les égarements de l'amour sont de ceux que l'amour excuse l'excès même n'en déplaît pas. Elle se tut donc. Se taire, c'était un refus adouci elle se fiait au temps et l'appelait à son aide pour calmer ces impétuosités juvéniles. Le calcul eût été juste pour tout autre que Gaston il porta à faux cette fois. De toutes les épreuves, il n'en était point de pire que celle que Clémence lui infligeait. Depuis le moment où il avait écrit sa lettre, il comptait les jours, les heures, presque les minutes. Il lui semblait impossible que Clémence refusât de s'associer à ses plans de délivrance. Et pourtant, à mesure que le temps s'écoulait, cette confiance allait dimi-nuant. Point d'avis, point de signe de vie. Gaston n'y tint plus son impatience prit le dessus, et il écrivit de nouveau@@ Que dois-je penser ? Que dois-je craindre, Clémence ? A-t-on surpris mon dernier billet ou bien est-ce vous qui | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 121 et vous défendraient envers et contre tous, et même contre les calomnies du monde. Préférez-vous un couvent ? Voulez-vous que je vous conduise à Beaupré ? Dites, ordonnez, signi-fiez votre volonté elle sera obéie. Une fois que vous serez libre, je m'éloignerai afin que la médisance reste sans pré-texte. J'irai aussi loin qu'il le faudra, je mettrai l'Océan entre nous, si cela est nécessaire mais, en me condamnant à cet exil, je saurai du moins qu'il vous profite et que vous y trou-verez une force et une tranquillité de plus. De toutes les manières, dites-moi ce que vous pensez de mes projets je serai dans les transes jusqu'à ce que j'aie une réponse. Cette lettre jeta Clémence dans une profonde terreur elle voyait enfin où une première faiblesse devait la conduire. Sur ce langage insensé, elle mesurait le degré d'effervescence dans lequel se trouvait la tête de Gaston. Un enlèvement ! un éclat public ! Elle ne pouvait y croire et se demandait si elle était vraiment descendue jusque-là et comment elle avait pu y descendre. Dans le premier moment, elle prit la plume pour répondre elle l'eût fait avec fermeté, avec sincérité. Puis elle songea à la douleur qu'elle allait lui causer, et se montra miséricordieuse. Elle se dit que le silence serait un châtiment moins cruel et en même temps une arme plus sûre. Au fond, c'était son coeur qui l'emportait. Les égarements de l'amour sont de ceux que l'amour excuse l'excès même n'en déplaît pas. Elle se tut donc. Se taire, c'était un refus adouci elle se fiait au temps et l'appelait à son aide pour calmer ces impétuosités juvéniles. Le calcul eût été juste pour tout autre que Gaston il porta à faux cette fois. De toutes les épreuves, il n'en était point de pire que celle que Clémence lui infligeait. Depuis le moment où il avait écrit sa lettre, il comptait les jours, les heures, presque les minutes. Il lui semblait impossible que Clémence refusât de s'associer à ses plans de délivrance. Et pourtant, à mesure que le temps s'écoulait, cette confiance allait dimi-nuant. Point d'avis, point de signe de vie. Gaston n'y tint plus son impatience prit le dessus, et il écrivit de nouveau@@ Que dois-je penser ? Que dois-je craindre, Clémence ? A-t-on surpris mon dernier billet ou bien est-ce vous qui | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 121 et vous défendraient envers et contre tous, et même contre les calomnies du monde. Préférez-vous un couvent ? Voulez-vous que je vous conduise à Beaupré ? Dites, ordonnez, signi-fiez votre volonté elle sera obéie. Une fois que vous serez libre, je m'éloignerai afin que la médisance reste sans pré-texte. J'irai aussi loin qu'il le faudra, je mettrai l'Océan entre nous, si cela est nécessaire mais, en me condamnant à cet exil, je saurai du moins qu'il vous profite et que vous y trou-verez une force et une tranquillité de plus. De toutes les manières, dites-moi ce que vous pensez de mes projets je serai dans les transes jusqu'à ce que j'aie une réponse. Cette lettre jeta Clémence dans une profonde terreur elle voyait enfin où une première faiblesse devait la conduire. Sur ce langage insensé, elle mesurait le degré d'effervescence dans lequel se trouvait la tête de Gaston. Un enlèvement ! un éclat public ! Elle ne pouvait y croire et se demandait si elle était vraiment descendue jusque-là et comment elle avait pu y descendre. Dans le premier moment, elle prit la plume pour répondre elle l'eût fait avec fermeté, avec sincérité. Puis elle songea à la douleur qu'elle allait lui causer, et se montra miséricordieuse. Elle se dit que le silence serait un châtiment moins cruel et en même temps une arme plus sûre. Au fond, c'était son coeur qui l'emportait. Les égarements de l'amour sont de ceux que l'amour excuse l'excès même n'en déplaît pas. Elle se tut donc. Se taire, c'était un refus adouci elle se fiait au temps et l'appelait à son aide pour calmer ces impétuosités juvéniles. Le calcul eût été juste pour tout autre que Gaston il porta à faux cette fois. De toutes les épreuves, il n'en était point de pire que celle que Clémence lui infligeait. Depuis le moment où il avait écrit sa lettre, il comptait les jours, les heures, presque les minutes. Il lui semblait impossible que Clémence refusât de s'associer à ses plans de délivrance. Et pourtant, à mesure que le temps s'écoulait, cette confiance allait dimi-nuant. Point d'avis, point de signe de vie. Gaston n'y tint plus son impatience prit le dessus, et il écrivit de nouveau Que dois-je penser ? Que dois-je craindre, Clémence ? A-t-on surpris mon dernier billet ou bien est-ce vous qui | 11 | 0.004778 | 0.017897 |