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166 L'ART DE MAGNÉTISER Il y avait dix ans qu'il en était atteint, quand, le 1er novembre 1857, il vint me trouver. Je le magnétisai sans chercher à produire le sommeil. Pendant le traitement, qui dura jusqu'au mois de mai, il n'y eut qu'une seule crise, le 28 novembre, un mois après avoir commencé à être magnétisé depuis il n'en a jamais eu. Tous les malaises, les maux de tête, la constipation intense, etc., disparurent avec la maladie, et aujourd'hui le malade est parfaitement guéri. J'ai beaucoup d'autres cas que je pourrais citer sur des jeunes filles, sur des enfants de trois ans, de huit ans, sur des jeunes garçons, qui tous ont été guéris très prompte-ment et sans sommeil, par des magnétisations sur l'esto-mac, le cervelet et l'épine dorsale. Hystérie L'hystérie est encore une maladie nerveuse des plus épouvantables, et, dans certains pays, elle devient en quelque sorte constitutionnelle. Les accès, quoique n'offrant pas les mêmes symptômes que l'épilepsie, sont effrayants et par leur longueur et par leur violence. L'hystérie est un vrai Protée, elle change de forme à chaque instant, et lors-qu'on a fait disparaître un genre d'accès et que l'on espère la guérison, les crises se sont transformées, et l'on se trouve devant des accidents nouveaux qu'il faut combattre encore. Le magnétisme est peut-être le seul remède pour cette maladie toute nerveuse d'abord, et où l'imagination vient en auxiliaire augmenter les souffrances et multiplier les accès. A Caen, Mlle Hélène Sh. avait depuis cinq ans des accès d'hystérie, qui duraient six heures et qui se renouvelaient tous les trois ou quatre jours. Elle souffrait en outre d'une douleur au côté droit qui l'empêchait presque de marcher. Elle éprouvait aussi des douleurs dans les reins et des pal-pitations fréquentes de plus, elle avait une névralgie dans la tête. ,
166 L'ART DE MAGNÉTISER Il y avait dix ans qu'il en était atteint, quand, le 1er novembre 1857, il vint me trouver. Je le magnétisai sans chercher à produire le sommeil. Pendant le traitement, qui dura jusqu'au mois de mai, il n'y eut qu'une seule crise, le 28 novembre, un mois après avoir commencé à être magnétisé depuis il n'en a jamais eu. Tous les malaises, les maux de tête, la constipation intense, etc., disparurent avec la maladie, et aujourd'hui le malade est parfaitement guéri. J'ai beaucoup d'autres cas que je pourrais citer sur des jeunes filles, sur des enfants de trois ans, de huit ans, sur des jeunes garçons, qui tous ont été guéris très prompte-ment et sans sommeil, par des magnétisations sur l'esto-mac, le cervelet et l'épine dorsale. Hystérie L'hystérie est encore une maladie nerveuse des plus épouvantables, et, dans certains pays, elle devient en quelque sorte constitutionnelle. Les accès, quoique n'offrant pas les mêmes symptômes que l'épilepsie, sont effrayants et par leur longueur et par leur violence. L'hystérie est un vrai Protée, elle change de forme à chaque instant, et lors-qu'on a fait disparaître un genre d'accès et que l'on espère la guérison, les crises se sont transformées, et l'on se trouve devant des accidents nouveaux qu'il faut combattre encore. Le magnétisme est peut-être le seul remède pour cette maladie toute nerveuse d'abord, et où l'imagination vient en auxiliaire augmenter les souffrances et multiplier les accès. A Caen, Mlle Hélène Sh.@@ avait depuis cinq ans des accès d'hystérie, qui duraient six heures et qui se renouvelaient tous les trois ou quatre jours. Elle souffrait en outre d'une douleur au côté droit qui l'empêchait presque de marcher. Elle éprouvait aussi des douleurs dans les reins et des pal-pitations fréquentes de plus, elle avait une névralgie dans la tête. ,
166 L'ART DE MAGNÉTISER Il y avait dix ans qu'il en était atteint, quand, le 1er novembre 1837, il vint me trouver. Je le magnétisai sans chercher à produire le sommeil. Pendant le traitement, qui dura jusqu'au mois de mai, il n'y eut qu'une seule crise, le 28 novembre, un mois après avoir commencé à être magnétisé depuis il n'en a jamais eu. Tous les malaises, les maux de tête, la constipation intense, etc., disparurent avec la maladie, et aujourd'hui le malade est parfaitement guéri. J'ai beaucoup d'autres cas que je pourrais citer sur des jeunes filles, sur des enfants de trois ans, de huit ans, sur des jeunes garçons, qui tous ont été guéris très prompte-ment et sans sommeil, par des magnétisations sur l'esto-mac, le cervelet et l'épine dorsale. Hystérie L'hystérie est encore une maladie nerveuse des plus épouvantables, et, dans certains pays, elle devient en quelque sorte constitutionnelle. Les accès, quoique n'offrant pas les mêmes symptômes que l'épilepsie, sont effrayants et par leur longueur et par leur violence. L'hystérie est un vrai Protée, elle change de forme à chaque instant, et lors-qu'on a fait disparaitre un genre d'accès et que l'on espère la guérison, les crises se sont transformées, et l'on se trouve devant des accidents nouveaux qu'il faut combattre encore. Le magnétisme est peut-être le seul remède pour cette maladie toute nerveuse d'abord, et où l'imagination vient en auxiliaire augmenter les souffrances et multiplier les accès. A Caen, Mlle Hélène Sh... avait depuis cinq ans des accès d'hystérie, qui duraient six heures et qui se renouvelaient tous les trois ou quatre jours. Elle souffrait en outre d'une douleur au côté droit qui l'empêchait presque de marcher. Elle éprouvait aussi des douleurs dans les reins et des pal-pitations fréquentes de plus, elle avait une névralgie dans la #######
166 L'ART DE MAGNÉTISER Il y avait dix ans qu'il en était atteint, quand, le 1er novembre 1837, il vint me trouver. Je le magnétisai sans chercher à produire le sommeil. Pendant le traitement, qui dura jusqu'au mois de mai, il n'y eut qu'une seule crise, le 28 novembre, un mois après avoir commencé à être magnétisé depuis il n'en a jamais eu. Tous les malaises, les maux de tête, la constipation intense, etc., disparurent avec la maladie, et aujourd'hui le malade est parfaitement guéri. J'ai beaucoup d'autres cas que je pourrais citer sur des jeunes filles, sur des enfants de trois ans, de huit ans, sur des jeunes garçons, qui tous ont été guéris très prompte-ment et sans sommeil, par des magnétisations sur l'esto-mac, le cervelet et l'épine dorsale. Hystérie L'hystérie est encore une maladie nerveuse des plus épouvantables, et, dans certains pays, elle devient en quelque sorte constitutionnelle. Les accès, quoique n'offrant pas les mêmes symptômes que l'épilepsie, sont effrayants et par leur longueur et par leur violence. L'hystérie est un vrai Protée, elle change de forme à chaque instant, et lors-qu'on a fait disparaitre un genre d'accès et que l'on espère la guérison, les crises se sont transformées, et l'on se trouve devant des accidents nouveaux qu'il faut combattre encore. Le magnétisme est peut-être le seul remède pour cette maladie toute nerveuse d'abord, et où l'imagination vient en auxiliaire augmenter les souffrances et multiplier les accès. A Caen, Mlle Hélène Sh... avait depuis cinq ans des accès d'hystérie, qui duraient six heures et qui se renouvelaient tous les trois ou quatre jours. Elle souffrait en outre d'une douleur au côté droit qui l'empêchait presque de marcher. Elle éprouvait aussi des douleurs dans les reins et des pal-pitations fréquentes de plus, elle avait une névralgie dans la tête. ,
166 L'ART DE MAGNÉTISER Il y avait dix ans qu'il en était atteint, quand, le 1er novembre 1837, il vint me trouver. Je le magnétisai sans chercher à produire le sommeil. Pendant le traitement, qui dura jusqu'au mois de mai, il n'y eut qu'une seule crise, le 28 novembre, un mois après avoir commencé à être magnétisé depuis il n'en a jamais eu. Tous les malaises, les maux de tête, la constipation intense, etc., disparurent avec la maladie, et aujourd'hui le malade est parfaitement guéri. J'ai beaucoup d'autres cas que je pourrais citer sur des jeunes filles, sur des enfants de trois ans, de huit ans, sur des jeunes garçons, qui tous ont été guéris très prompte-ment et sans sommeil, par des magnétisations sur l'esto-mac, le cervelet et l'épine dorsale. Hystérie L'hystérie est encore une maladie nerveuse des plus épouvantables, et, dans certains pays, elle devient en quelque sorte constitutionnelle. Les accès, quoique n'offrant pas les mêmes symptômes que l'épilepsie, sont effrayants et par leur longueur et par leur violence. L'hystérie est un vrai Protée, elle change de forme à chaque instant, et lors-qu'on a fait disparaitre un genre d'accès et que l'on espère la guérison, les crises se sont transformées, et l'on se trouve devant des accidents nouveaux qu'il faut combattre encore. Le magnétisme est peut-être le seul remède pour cette maladie toute nerveuse d'abord, et où l'imagination vient en auxiliaire augmenter les souffrances et multiplier les accès. A Caen, Mlle Hélène Sh... avait depuis cinq ans des accès d'hystérie, qui duraient six heures et qui se renouvelaient tous les trois ou quatre jours. Elle souffrait en outre d'une douleur au côté droit qui l'empêchait presque de marcher. Elle éprouvait aussi des douleurs dans les reins et des pal-pitations fréquentes de plus, elle avait une névralgie dans la tête. ,
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-51 -Cette belle noblesse, Louis XV aimait à la voir autour de lui dans les rangs de ses gardes, parmi les officiers de ses armées il était fier de les commander. Il n'avait pas le même coeur pour la noblesse de robe et de parlement, qui pourtant aspirait à toute l'importance de la pairie. Sauf quelques exceptions, en fouillant un peu les gé-néalogies des magistrats, toutes se rattachaient à la bazoche ou à la finance, même les plus illustres d'entre ces familles les Harlay, les Mole, les La-moignon, qui ne remontaient pas au delà du XVe siècle. On trouvait souvent des origines de greffes en comparant les parchemins, témoin les Gilbert des Voisins ! Les magistrats présidents, conseillers, étaient généralement riches et fort éco-nomes de leurs deniers. Toutefois, à l'avénement de Louis XV, la magistrature participait aux moeurs générales du siècle, et le besoin de grandir sa ri-chesse l'entraînait à bien des oublis. On avait eu les loisirs de la Régence, la douce administra-tion de M. le Duc, les pacifiques commencements du ministère du cardinal Fleury il en était résulté un énervement des âmes. Le système de Law avait multiplié les fortunes financières, et de nombreux spirituel Rivarol l'aborda le lendemain en lui disant Bon-jour, monsieur Buchard, et se tournant vers Mirabeau Bonsoir, monsieur Riqueti.
-51 -Cette belle noblesse, Louis XV aimait à la voir autour de lui dans les rangs de ses gardes, parmi les officiers de ses armées il était fier de les commander. Il n'avait pas le même coeur pour la noblesse de robe et de parlement, qui pourtant aspirait à toute l'importance de la pairie. Sauf quelques exceptions, en fouillant un peu les gé-néalogies des magistrats, toutes se rattachaient à la bazoche ou à la finance, même les plus illustres d'entre ces familles les Harlay, les Mole, les La-moignon, qui ne remontaient pas au delà du XVe siècle. On trouvait souvent des origines de greffes en comparant les parchemins, témoin les Gilbert des Voisins ! Les magistrats présidents, conseillers, étaient généralement riches et fort éco-nomes de leurs deniers. Toutefois, à l'avénement de Louis XV, la magistrature participait aux moeurs générales du siècle, et le besoin de grandir sa ri-chesse l'entraînait à bien des oublis. On avait eu les loisirs de la Régence, la douce administra-tion de M. le Duc, les pacifiques commencements du ministère du cardinal Fleury il en était résulté un énervement des âmes. Le système de Law avait multiplié les fortunes financières, et de nombreux@@@@ @spirituel Rivarol l'aborda le lendemain en lui disant Bon-jour, monsieur Buchard, et se tournant vers Mirabeau Bonsoir, monsieur Riqueti.
########## belle noblesse, Louis XV aimait à la voir autour de lui dans les rangs de ses gardes, parmi les officiers de ses armées il était fier de les commander. Il n'avait pas le même coeur pour la noblesse de robe et de parlement, qui pourtant aspirait à toute l'importance de la pairie. Sauf quelques exceptions, en fouillant un peu les gé-néalogies des magistrats, toutes se rattachaient à la bazoche ou à la finance, même les plus illustres d'entre ces familles les Harlay, les Molé, les La-moignon, qui ne remontaient pas au delà du XVe siècle. On trouvait souvent des origines de greffes en comparant les parchemins, témoin les Gilbert des Voisins ! Les magistrats présidents, conseillers, étaient généralement riches et fort éco-nomes de leurs deniers. Toutefois, à l'avénement de Louis XV, la magistrature participait aux moeurs générales du siècle, et le besoin de grandir sa ri-chesse l'entraînait à bien des oublis. On avait eu les loisirs de la Régence, la douce administra-tion de M. le Duc, les pacifiques commencements du ministère du cardinal Fleury il en était résulté un énervement des âmes. Le système de Law avait multiplié les fortunes financières, et de nombreux -51 -spirituel Rivarol l'aborda le lendemain en lui disant Bon-jour, monsieur Buchard, et se tournant vers Mirabeau Bonsoir, monsieur Riqueti.
-51 -Cette belle noblesse, Louis XV aimait à la voir autour de lui dans les rangs de ses gardes, parmi les officiers de ses armées il était fier de les commander. Il n'avait pas le même coeur pour la noblesse de robe et de parlement, qui pourtant aspirait à toute l'importance de la pairie. Sauf quelques exceptions, en fouillant un peu les gé-néalogies des magistrats, toutes se rattachaient à la bazoche ou à la finance, même les plus illustres d'entre ces familles les Harlay, les Molé, les La-moignon, qui ne remontaient pas au delà du XVe siècle. On trouvait souvent des origines de greffes en comparant les parchemins, témoin les Gilbert des Voisins ! Les magistrats présidents, conseillers, étaient généralement riches et fort éco-nomes de leurs deniers. Toutefois, à l'avénement de Louis XV, la magistrature participait aux moeurs générales du siècle, et le besoin de grandir sa ri-chesse l'entraînait à bien des oublis. On avait eu les loisirs de la Régence, la douce administra-tion de M. le Duc, les pacifiques commencements du ministère du cardinal Fleury il en était résulté un énervement des âmes. Le système de Law avait multiplié les fortunes financières, et de nombreux -51 -spirituel Rivarol l'aborda le lendemain en lui disant Bon-jour, monsieur Buchard, et se tournant vers Mirabeau Bonsoir, monsieur Riqueti.
-51 -Cette belle noblesse, Louis XV aimait à la voir autour de lui dans les rangs de ses gardes, parmi les officiers de ses armées il était fier de les commander. Il n'avait pas le même coeur pour la noblesse de robe et de parlement, qui pourtant aspirait à toute l'importance de la pairie. Sauf quelques exceptions, en fouillant un peu les gé-néalogies des magistrats, toutes se rattachaient à la bazoche ou à la finance, même les plus illustres d'entre ces familles les Harlay, les Molé, les La-moignon, qui ne remontaient pas au delà du XVe siècle. On trouvait souvent des origines de greffes en comparant les parchemins, témoin les Gilbert des Voisins ! Les magistrats présidents, conseillers, étaient généralement riches et fort éco-nomes de leurs deniers. Toutefois, à l'avénement de Louis XV, la magistrature participait aux moeurs générales du siècle, et le besoin de grandir sa ri-chesse l'entraînait à bien des oublis. On avait eu les loisirs de la Régence, la douce administra-tion de M. le Duc, les pacifiques commencements du ministère du cardinal Fleury il en était résulté un énervement des âmes. Le système de Law avait multiplié les fortunes financières, et de nombreux -51 -spirituel Rivarol l'aborda le lendemain en lui disant Bon-jour, monsieur Buchard, et se tournant vers Mirabeau Bonsoir, monsieur Riqueti.
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-117 -narchie. Ce fut alors que le duc de Richelieu et le comté de Soubise jetèrent les yeux sur une belle veuve, toujours du sang des Nesle, une des cinq soeurs, Marie-Anne qui avait épousé le marquis des Tournelles privée de son mari et sans fortune, elle était venue habiter chez la duchesse deMaza-rin sa tante à la suite de quelques débats de famille elle quitta brusquement cet hôtel et ses amis lui conseillèrent de venir à la cour au-près de Madame de Mailly sa soeur. Les mémoires ont raconté mille détails sur la romanesque pré-sentation de la marquise des Tournelles, qui s'é-tait fait transporter en chaise à porteurs, jus-que dans la cour du château de Versailles 1 , et y était restée longtemps. Sa bonne fortune lui avait fait trouver quelques courtisans, Riche-lieu en tête, qui était venu raconter au roi, la capricieuse escapade de la marquise Louis XV, toujours galant, avait offert un appartement à Madame des Tournelles, qui avait accepté avec respect. Le roman n'était pas fini, la marquise ne voulait être au Roi qu'à des conditions de 1 Les prétendus mémoires du maréchal de Richelieu, fa-briqués en 1828 par une spéculation de libraire, font jouer un rôle ignoble au maréchal, s'abaissant presque aux service? d'un laquais le maréchal eut assurément bien des loris dans sa vie, mais il n'abdiqua jamais sa dignité et le roi Louis XV ne l'eut pas exigé d'un Richelieu.
-117 -narchie. Ce fut alors que le duc de Richelieu et le comté de Soubise jetèrent les yeux sur une belle veuve, toujours du sang des Nesle, une des cinq soeurs, Marie-Anne qui avait épousé le marquis des Tournelles privée de son mari et sans fortune, elle était venue habiter chez la duchesse deMaza-rin sa tante à la suite de quelques débats de famille elle quitta brusquement cet hôtel et ses amis lui conseillèrent de venir à la cour au-près de Madame de Mailly sa soeur. Les mémoires ont raconté mille détails sur la romanesque pré-sentation de la marquise des Tournelles, qui s'é-tait fait transporter en chaise à porteurs, jus-que dans la cour du château de Versailles 1 , et y était restée longtemps. Sa bonne fortune lui avait fait trouver quelques courtisans, Riche-lieu en tête, qui était venu raconter au roi, la capricieuse escapade de la marquise Louis XV, toujours galant, avait offert un appartement à Madame des Tournelles, qui avait accepté avec respect. Le roman n'était pas fini, la marquise ne voulait être au Roi qu'à des conditions de@@@@@@@ 1 Les prétendus mémoires du maréchal de Richelieu, fa-briqués en 1828 par une spéculation de libraire, font jouer un rôle ignoble au maréchal, s'abaissant presque aux service? d'un laquais le maréchal eut assurément bien des loris dans sa vie, mais il n'abdiqua jamais sa dignité et le roi Louis XV ne l'eut pas exigé d'un Richelieu.
############## Ce fut alors que le duc de Richelieu et le comté de Soubise jetèrent les yeux sur une belle veuve, toujours du sang des Nesle, une des cinq soeurs, Marie-Anne qui avait épousé le marquis des Tournelles privée de son mari et sans fortune, elle était venue habiter chez la duchesse deMaza-rin sa tante à la suite de quelques débats de famille elle quitta brusquement cet hôtel et ses amis lui conseillèrent de venir à la cour au-près de Madame de Mailly sa soeur. Les mémoires ont raconté mille détails sur la romanesque pré-sentation de la marquise des Tournelles, qui s'é-tait fait transporter en chaise à porteurs, jus-que dans la cour du château de Versailles 1 , et y était restée longtemps. Sa bonne fortune lui avait fait trouver quelques courtisans, Riche-lieu en tête, qui était venu raconter au roi, la capricieuse escapade de la marquise Louis XV, toujours galant, avait offert un appartement à Madame des Tournelles, qui avait accepté avec respect. Le roman n'était pas fini, la marquise ne voulait être au Roi qu'à des conditions de -117 - 1 Les prétendus mémoires du maréchal de Richelieu, fa-briqués en 1828 par une spéculation de libraire, font jouer un rôle ignoble au maréchal, s'abaissant presque aux services d'un laquais le maréchal eut assurément bien des torts dans sa vie, mais il n'abdiqua jamais sa dignité et le roi Louis XV ne l'eut pas exigé d'un Richelieu.
-117 -narchie. Ce fut alors que le duc de Richelieu et le comté de Soubise jetèrent les yeux sur une belle veuve, toujours du sang des Nesle, une des cinq soeurs, Marie-Anne qui avait épousé le marquis des Tournelles privée de son mari et sans fortune, elle était venue habiter chez la duchesse deMaza-rin sa tante à la suite de quelques débats de famille elle quitta brusquement cet hôtel et ses amis lui conseillèrent de venir à la cour au-près de Madame de Mailly sa soeur. Les mémoires ont raconté mille détails sur la romanesque pré-sentation de la marquise des Tournelles, qui s'é-tait fait transporter en chaise à porteurs, jus-que dans la cour du château de Versailles 1 , et y était restée longtemps. Sa bonne fortune lui avait fait trouver quelques courtisans, Riche-lieu en tête, qui était venu raconter au roi, la capricieuse escapade de la marquise Louis XV, toujours galant, avait offert un appartement à Madame des Tournelles, qui avait accepté avec respect. Le roman n'était pas fini, la marquise ne voulait être au Roi qu'à des conditions de -117 - 1 Les prétendus mémoires du maréchal de Richelieu, fa-briqués en 1828 par une spéculation de libraire, font jouer un rôle ignoble au maréchal, s'abaissant presque aux services d'un laquais le maréchal eut assurément bien des torts dans sa vie, mais il n'abdiqua jamais sa dignité et le roi Louis XV ne l'eut pas exigé d'un Richelieu.
-117 -narchie. Ce fut alors que le duc de Richelieu et le comté de Soubise jetèrent les yeux sur une belle veuve, toujours du sang des Nesle, une des cinq soeurs, Marie-Anne qui avait épousé le marquis des Tournelles privée de son mari et sans fortune, elle était venue habiter chez la duchesse deMaza-rin sa tante à la suite de quelques débats de famille elle quitta brusquement cet hôtel et ses amis lui conseillèrent de venir à la cour au-près de Madame de Mailly sa soeur. Les mémoires ont raconté mille détails sur la romanesque pré-sentation de la marquise des Tournelles, qui s'é-tait fait transporter en chaise à porteurs, jus-que dans la cour du château de Versailles 1 , et y était restée longtemps. Sa bonne fortune lui avait fait trouver quelques courtisans, Riche-lieu en tête, qui était venu raconter au roi, la capricieuse escapade de la marquise Louis XV, toujours galant, avait offert un appartement à Madame des Tournelles, qui avait accepté avec respect. Le roman n'était pas fini, la marquise ne voulait être au Roi qu'à des conditions de -117 - 1 Les prétendus mémoires du maréchal de Richelieu, fa-briqués en 1828 par une spéculation de libraire, font jouer un rôle ignoble au maréchal, s'abaissant presque aux services d'un laquais le maréchal eut assurément bien des torts dans sa vie, mais il n'abdiqua jamais sa dignité et le roi Louis XV ne l'eut pas exigé d'un Richelieu.
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THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 189 Avant le traitement magnétique, il y avait atonie générale et douleurs rhumatismales. J'ai revu M. le baron de Munchhausen en septembre 1844 et en août 1845, il n'avait éprouvé aucune rechute, le temps avait consolidé la guérison. M. Thilorier, dont le nom est européen, et auquel la science doit une des plus belles découvertes du siècle, la solidification de l'acide carbonique par l'air, était complète-ment sourd. M. Thilorier était âgé de cinquante-cinq ans à peu près depuis sa naissance, il n'entendit jamais de l'oreille gauche et, depuis vingt-cinq ans, cette surdité s'était aussi commu-niquée à l'oreille droite. Il fallait crier très haut dans cette oreille pour se faire entendre. Par suite d'un accident arrivé dans une de ses expériences, un malheureux jeune homme ayant été tué, M. Thilorier en éprouva un tel saisissement, qu'il devint complètement sourd et se vit obligé de renoncer à toute espèce de conver-sation. Il eut recours à plusieurs traitements, mais il n'en éprouva aucune amélioration. Je le magnétisai sans l'endormir et, après quelques séances, il éprouva diverses sensations dans les oreilles, une douce chaleur, des tournoiements, des picotements, des crispations intérieures. Ces sensations, qui d'abord furent à peine sensibles, augmentèrent de jour en jour sous l'in-fluence magnétique. Il sentit un grand calme dans la tête, ainsi qu'un grand dégagement ses idées furent plus nettes, son travail plus facile et sans fatigue. Il se leva à six heures du matin et se coucha à minuit, tandis qu'avant d'être magnétisé, il fallait qu'il dormît quatorze heures. Le G avril 1844, après six séances, il entendit le mouve-ment de ma pendule à la distance de six pouces de l'oreille droite, et, le 13, il put l'entendre des deux. A partir dé ce moment, l'amélioration alla toujours en augmentant il parvint à entendre une partie de la conver-
THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 189 Avant le traitement magnétique, il y avait atonie générale et douleurs rhumatismales. J'ai revu M. le baron de Munchhausen en septembre 1844 et en août 1845, il n'avait éprouvé aucune rechute, le temps avait consolidé la guérison. M. Thilorier, dont le nom est européen, et auquel la science doit une des plus belles découvertes du siècle, la solidification de l'acide carbonique par l'air, était complète-ment sourd. M. Thilorier était âgé de cinquante-cinq ans à peu près depuis sa naissance, il n'entendit jamais de l'oreille gauche et, depuis vingt-cinq ans, cette surdité s'était aussi commu-niquée à l'oreille droite. Il fallait crier très haut dans cette oreille pour se faire entendre. Par suite d'un accident arrivé dans une de ses expériences, un malheureux jeune homme ayant été tué, M. Thilorier en éprouva un tel saisissement, qu'il devint complètement sourd et se vit obligé de renoncer à toute espèce de conver-sation. Il eut recours à plusieurs traitements, mais il n'en éprouva aucune amélioration. Je le magnétisai sans l'endormir et, après quelques séances, il éprouva diverses sensations dans les oreilles, une douce chaleur, des tournoiements, des picotements, des crispations intérieures. Ces sensations, qui d'abord furent à peine sensibles, augmentèrent de jour en jour sous l'in-fluence magnétique. Il sentit un grand calme dans la tête, ainsi qu'un grand dégagement ses idées furent plus nettes, son travail plus facile et sans fatigue. Il se leva à six heures du matin et se coucha à minuit, tandis qu'avant d'être magnétisé, il fallait qu'il dormît quatorze heures. Le G avril 1844, après six séances, il entendit le mouve-ment de ma pendule à la distance de six pouces de l'oreille droite, et, le 13, il put l'entendre des deux. A partir dé ce moment, l'amélioration alla toujours en augmentant il parvint à entendre une partie de la conver-
THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 189 Avant le traitement magnétique, il y avait atonie générale et douleurs rhumatismales. J'ai revu M. le baron de Munchhausen en septembre 1844 et en août 1815, il n'avait éprouvé aucune rechute, le temps avait consolidé la guérison. M. Thilorier, dont le nom est européen, et auquel la science doit une des plus belles découvertes du siècle, la solidification de l'acide carbonique par l'air, était complète-ment sourd. M. Thilorier était âgé de cinquante-cinq ans à peu près depuis sa naissance, il n'entendit jamais de l'oreille gauche et, depuis vingt-cinq ans, cette surdité s'était aussi commu-niquée à l'oreille droite. Il fallait crier très haut dans cette oreille pour se faire entendre. Par suite d'un accident arrivé dans une de ses expériences, un malheureux jeune homme ayant été tué, M. Thilorier en éprouva un tel saisissement, qu'il devint complètement sourd et se vit obligé de renoncer à toute espèce de conver-sation. Il eut recours à plusieurs traitements, mais il n'en éprouva aucune amélioration. Je le magnétisai sans l'endormir et, après quelques séances, il éprouva diverses sensations dans les oreilles, une douce chaleur, des tournoiements, des picotements, des crispations intérieures. Ces sensations, qui d'abord furent à peine sensibles, augmentèrent de jour en jour sous l'in-fluence magnétique. Il sentit un grand calme dans la tête, ainsi qu'un grand dégagement ses idées furent plus nettes, son travail plus facile et sans fatigue. Il se leva à six heures du matin et se coucha à minuit, tandis qu'avant d'être magnétisé, il fallait qu'il dormit quatorze heures. Le 6 avril 1844, après six séances, il entendit le mouve-ment de ma pendule à la distance de six pouces de l'oreille droite, et, le 13, il put l'entendre des deux. A partir de ce moment, l'amélioration alla toujours en augmentant il parvint à entendre une partie de la conver-
THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 189 Avant le traitement magnétique, il y avait atonie générale et douleurs rhumatismales. J'ai revu M. le baron de Munchhausen en septembre 1844 et en août 1815, il n'avait éprouvé aucune rechute, le temps avait consolidé la guérison. M. Thilorier, dont le nom est européen, et auquel la science doit une des plus belles découvertes du siècle, la solidification de l'acide carbonique par l'air, était complète-ment sourd. M. Thilorier était âgé de cinquante-cinq ans à peu près depuis sa naissance, il n'entendit jamais de l'oreille gauche et, depuis vingt-cinq ans, cette surdité s'était aussi commu-niquée à l'oreille droite. Il fallait crier très haut dans cette oreille pour se faire entendre. Par suite d'un accident arrivé dans une de ses expériences, un malheureux jeune homme ayant été tué, M. Thilorier en éprouva un tel saisissement, qu'il devint complètement sourd et se vit obligé de renoncer à toute espèce de conver-sation. Il eut recours à plusieurs traitements, mais il n'en éprouva aucune amélioration. Je le magnétisai sans l'endormir et, après quelques séances, il éprouva diverses sensations dans les oreilles, une douce chaleur, des tournoiements, des picotements, des crispations intérieures. Ces sensations, qui d'abord furent à peine sensibles, augmentèrent de jour en jour sous l'in-fluence magnétique. Il sentit un grand calme dans la tête, ainsi qu'un grand dégagement ses idées furent plus nettes, son travail plus facile et sans fatigue. Il se leva à six heures du matin et se coucha à minuit, tandis qu'avant d'être magnétisé, il fallait qu'il dormit quatorze heures. Le 6 avril 1844, après six séances, il entendit le mouve-ment de ma pendule à la distance de six pouces de l'oreille droite, et, le 13, il put l'entendre des deux. A partir de ce moment, l'amélioration alla toujours en augmentant il parvint à entendre une partie de la conver-
THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 189 Avant le traitement magnétique, il y avait atonie générale et douleurs rhumatismales. J'ai revu M. le baron de Munchhausen en septembre 1844 et en août 1815, il n'avait éprouvé aucune rechute, le temps avait consolidé la guérison. M. Thilorier, dont le nom est européen, et auquel la science doit une des plus belles découvertes du siècle, la solidification de l'acide carbonique par l'air, était complète-ment sourd. M. Thilorier était âgé de cinquante-cinq ans à peu près depuis sa naissance, il n'entendit jamais de l'oreille gauche et, depuis vingt-cinq ans, cette surdité s'était aussi commu-niquée à l'oreille droite. Il fallait crier très haut dans cette oreille pour se faire entendre. Par suite d'un accident arrivé dans une de ses expériences, un malheureux jeune homme ayant été tué, M. Thilorier en éprouva un tel saisissement, qu'il devint complètement sourd et se vit obligé de renoncer à toute espèce de conver-sation. Il eut recours à plusieurs traitements, mais il n'en éprouva aucune amélioration. Je le magnétisai sans l'endormir et, après quelques séances, il éprouva diverses sensations dans les oreilles, une douce chaleur, des tournoiements, des picotements, des crispations intérieures. Ces sensations, qui d'abord furent à peine sensibles, augmentèrent de jour en jour sous l'in-fluence magnétique. Il sentit un grand calme dans la tête, ainsi qu'un grand dégagement ses idées furent plus nettes, son travail plus facile et sans fatigue. Il se leva à six heures du matin et se coucha à minuit, tandis qu'avant d'être magnétisé, il fallait qu'il dormit quatorze heures. Le 6 avril 1844, après six séances, il entendit le mouve-ment de ma pendule à la distance de six pouces de l'oreille droite, et, le 13, il put l'entendre des deux. A partir de ce moment, l'amélioration alla toujours en augmentant il parvint à entendre une partie de la conver-
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-188 -Qui ne sait pas faire d'abstinence Sait mal goûter la volupté, Et qui craint trop la pauvreté N'est pas digue de l'opulence. On était en plein quartier d'hiver. Le roi pré-parait sa campagne de Fontenoy avec une ardeur juvénile et brillante il avait goûté de la vie des camps et il y prenait un glorieux plaisir comme tous les caractères élevés Louis XV passait les re-vues de sa maison dans la plaine Satory quelques tableaux de Van der Meulen 1 , reproduisent ces splendides troupes gardes Françaises et Suisses, mousquetaires, chevaux-legers, gens d'armes aux costumes variés et scintillants. Le roi aimait à multiplier ces visites à sa noblesse armée. Richelieu, Soubise, d'Àyen avaient repris leur poste d'amitié auprès de Louis XV, et la causerie habituelle portait toujours sur la duchesse de Châteauroux n'était-ce pas l'amie la plus exaltée dans les idées de l'honneur et dé la gloire? seule elle avait inspiré de nobles et généreuses pensées au roi elle pouvait ressaisir cette couronne de roses et de lauriers qu'elle avait tressée sur le front de Louis XV. On espérait donc son prochain retour lorsque tout à coup la jeune duchesse fut 1 Ces tableaux sont conservés dans les galeries de Ver-sailles Les revues de la maison du Roi se passèrent plus tard dans la plaine des Sablons.
-188 -Qui ne sait pas faire d'abstinence Sait mal goûter la volupté, Et qui craint trop la pauvreté N'est pas digue de l'opulence. On était en plein quartier d'hiver. Le roi pré-parait sa campagne de Fontenoy avec une ardeur juvénile et brillante il avait goûté de la vie des camps et il y prenait un glorieux plaisir comme tous les caractères élevés Louis XV passait les re-vues de sa maison dans la plaine Satory quelques tableaux de Van der Meulen 1 , reproduisent ces splendides troupes gardes Françaises et Suisses, mousquetaires, chevaux-legers, gens d'armes aux costumes variés et scintillants. Le roi aimait à multiplier ces visites à sa noblesse armée. Richelieu, Soubise, d'Àyen avaient repris leur poste d'amitié auprès de Louis XV, et la causerie habituelle portait toujours sur la duchesse de Châteauroux n'était-ce pas l'amie la plus exaltée dans les idées de l'honneur et dé la gloire? seule elle avait inspiré de nobles et généreuses pensées au roi elle pouvait ressaisir cette couronne de roses et de lauriers qu'elle avait tressée sur le front de Louis XV. On espérait donc son prochain retour lorsque tout à coup la jeune duchesse fut@@@@@@@ 1 Ces tableaux sont conservés dans les galeries de Ver-sailles Les revues de la maison du Roi se passèrent plus tard dans la plaine des Sablons.
######### ne sait pas faire d'abstinence Sait mal goûter la volupté, Et qui craint trop la pauvreté N'est pas digne de l'opulence. On était en plein quartier d'hiver. Le roi pré-parait sa campagne de Fontenoy avec une ardeur juvénile et brillante il avait goûté de la vie des camps et il y prenait un glorieux plaisir comme tous les caractères élevés Louis XV passait les re-vues de sa maison dans la plaine Satory quelques tableaux de Van der Meulen 1 , reproduisent ces splendides troupes gardes Françaises et Suisses, mousquetaires, chevaux-legers, gens d'armes aux costumes variés et scintillants. Le roi aimait à multiplier ces visites à sa noblesse armée. Richelieu, Soubise, d'Ayen avaient repris leur poste d'amitié auprès de Louis XV, et la causerie habituelle portait toujours sur la duchesse de Châteauroux n'était-ce pas l'amie la plus exaltée dans les idées de l'honneur et de la gloire? seule elle avait inspiré de nobles et généreuses pensées au roi elle pouvait ressaisir cette couronne de roses et de lauriers qu'elle avait tressée sur le front de Louis XV. On espérait donc son prochain retour lorsque tout à coup la jeune duchesse fut -188 - 1 Ces tableaux sont conservés dans les galeries de Ver-sailles Les revues de la maison du Roi se passèrent plus tard dans la plaine des Sablons.
-188 -Qui ne sait pas faire d'abstinence Sait mal goûter la volupté, Et qui craint trop la pauvreté N'est pas digne de l'opulence. On était en plein quartier d'hiver. Le roi pré-parait sa campagne de Fontenoy avec une ardeur juvénile et brillante il avait goûté de la vie des camps et il y prenait un glorieux plaisir comme tous les caractères élevés Louis XV passait les re-vues de sa maison dans la plaine Satory quelques tableaux de Van der Meulen 1 , reproduisent ces splendides troupes gardes Françaises et Suisses, mousquetaires, chevaux-legers, gens d'armes aux costumes variés et scintillants. Le roi aimait à multiplier ces visites à sa noblesse armée. Richelieu, Soubise, d'Ayen avaient repris leur poste d'amitié auprès de Louis XV, et la causerie habituelle portait toujours sur la duchesse de Châteauroux n'était-ce pas l'amie la plus exaltée dans les idées de l'honneur et de la gloire? seule elle avait inspiré de nobles et généreuses pensées au roi elle pouvait ressaisir cette couronne de roses et de lauriers qu'elle avait tressée sur le front de Louis XV. On espérait donc son prochain retour lorsque tout à coup la jeune duchesse fut -188 - 1 Ces tableaux sont conservés dans les galeries de Ver-sailles Les revues de la maison du Roi se passèrent plus tard dans la plaine des Sablons.
-188 -Qui ne sait pas faire d'abstinence Sait mal goûter la volupté, Et qui craint trop la pauvreté N'est pas digne de l'opulence. On était en plein quartier d'hiver. Le roi pré-parait sa campagne de Fontenoy avec une ardeur juvénile et brillante il avait goûté de la vie des camps et il y prenait un glorieux plaisir comme tous les caractères élevés Louis XV passait les re-vues de sa maison dans la plaine Satory quelques tableaux de Van der Meulen 1 , reproduisent ces splendides troupes gardes Françaises et Suisses, mousquetaires, chevaux-legers, gens d'armes aux costumes variés et scintillants. Le roi aimait à multiplier ces visites à sa noblesse armée. Richelieu, Soubise, d'Ayen avaient repris leur poste d'amitié auprès de Louis XV, et la causerie habituelle portait toujours sur la duchesse de Châteauroux n'était-ce pas l'amie la plus exaltée dans les idées de l'honneur et de la gloire? seule elle avait inspiré de nobles et généreuses pensées au roi elle pouvait ressaisir cette couronne de roses et de lauriers qu'elle avait tressée sur le front de Louis XV. On espérait donc son prochain retour lorsque tout à coup la jeune duchesse fut -188 - 1 Ces tableaux sont conservés dans les galeries de Ver-sailles Les revues de la maison du Roi se passèrent plus tard dans la plaine des Sablons.
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442 L'ÉVASION. Je vous suivrai, me dit-il enfant du Midi, je ne sais de l'allemand que ce que j'ai appris en classe, et vous devez mieux que moi connaître les régions du Nord. Réconfortés par notre léger repas, après avoir bu de l'eau dans un ruisseau voisin, nous prîmes ensemble la route qui descendait vers le bas d'une longue et profonde vallée où, sur les bords de la Nahe , nous apercevions les maisons blanches d'une ville assez étendue et que je jugeai être Oberstein. Notre intention était de passer la rivière en cet endroit pour nous diriger en ligne droite vers Trêves , ou nous espérions arriver le lendemain dans la soirée. Avant tout, il était important de nepointtraverser Obers-tein, où certainement l'état de délabrement dans lequel se trouvaient nos vêtements, et surtout les restes d'uniforme de mon compagnon, auraient attiré l'attention et les soupçons de la population. Il fallait donc chercher à franchir la Nahe, soit en amont, soit en aval de la ville. Malheureuse-ment, nous n'apercevions qu'un seul petit pont et, pour y parvenir, il était nécessaire d'entrer dans Oberstein. Nous étions ainsi arrêtés par un obstacle matériel, et la nuit seule pouvait nous permettre d'arriver jusqu'au pont sans trop de danger mais nous étions au matin, et perdre toute une journée sans marcher en avant nous causait le plus grand ennui. Nous errions donc tristement le long des rives sinueuses de la rivière, dont le cours est très rapide et le lit très large en cet endroit, cherchant un moyen d'atteindre la rive op-posée. Nous allions çà et là à travers les saules et les joncs qui couvrent les bords de la Nahe, et nous regardions si un gué ne nous permettrait pas de passer à la nage sans trop de peine. Tout à coup, le lieutenant poussa un cri de joie. Une barque! me dit-il, voilà notre affaire ! Je m'approchai de l'endroit qu'il m'indiquait, et je vis en effet une de ces barques de pêcheur, étroites et sans gou-
442 L'ÉVASION. @Je vous suivrai, me dit-il enfant du Midi, je ne sais de l'allemand que ce que j'ai appris en classe, et vous devez mieux que moi connaître les régions du Nord. Réconfortés par notre léger repas, après avoir bu de l'eau dans un ruisseau voisin, nous prîmes ensemble la route qui descendait vers le bas d'une longue et profonde vallée où, sur les bords de la Nahe , nous apercevions les maisons blanches d'une ville assez étendue et que je jugeai être Oberstein. Notre intention était de passer la rivière en cet endroit pour nous diriger en ligne droite vers Trêves , ou nous espérions arriver le lendemain dans la soirée. Avant tout, il était important de ne@point@traverser Obers-tein, où certainement l'état de délabrement dans lequel se trouvaient nos vêtements, et surtout les restes d'uniforme de mon compagnon, auraient attiré l'attention et les soupçons de la population. Il fallait donc chercher à franchir la Nahe, soit en amont, soit en aval de la ville. Malheureuse-ment, nous n'apercevions qu'un seul petit pont et, pour y parvenir, il était nécessaire d'entrer dans Oberstein. Nous étions ainsi arrêtés par un obstacle matériel, et la nuit seule pouvait nous permettre d'arriver jusqu'au pont sans trop de danger mais nous étions au matin, et perdre toute une journée sans marcher en avant nous causait le plus grand ennui. Nous errions donc tristement le long des rives sinueuses de la rivière, dont le cours est très rapide et le lit très large en cet endroit, cherchant un moyen d'atteindre la rive op-posée. Nous allions çà et là à travers les saules et les joncs qui couvrent les bords de la Nahe, et nous regardions si un gué ne nous permettrait pas de passer à la nage sans trop de peine. Tout à coup, le lieutenant poussa un cri de joie. @Une barque! me dit-il, voilà notre affaire ! Je m'approchai de l'endroit qu'il m'indiquait, et je vis en effet une de ces barques de pêcheur, étroites et sans gou-
### L'ÉVASION. -Je vous suivrai, me dit-il enfant du Midi, je ne sais de l'allemand que ce que j'ai appris en classe, et vous devez mieux que moi connaître les régions du Nord. Réconfortés par notre léger repas, apres avoir bu de l'eau dans un ruisseau voisin, nous prîmes ensemble la route qui descendait vers le bas d'une longue et profonde vallée où, sur les bords de la Nahe , nous apercevions les maisons blanches d'une ville assez étendue et que je jugeai être Oberstein. Notre intention était de passer la rivière en cet endroit pour nous diriger en ligne droite vers Trèves , où nous espérions arriver le lendemain dans la soirée. Avant tout, il était important de ne point traverser Obers-tein, où certainement l'état de délabrement dans lequel se trouvaient nos vêtements, et surtout les restes d'uniforme de mon compagnon, auraient attiré l'attention et les soupçons de la population. Il fallait donc chercher à franchir la Nahe, soit en amont, soit en aval de la ville. Malheureuse-ment, nous n'apercevions qu'un seul petit pont et, pour y parvenir, il était nécessaire d'entrer dans Oberstein. Nous étions ainsi arrêtés par un obstacle matériel, et la nuit seule pouvait nous permettre d'arriver jusqu'au pont sans trop de danger mais nous étions au matin, et perdre toute une journée sans marcher en avant nous causait le plus grand ennui. Nous errions donc tristement le long des rives sinueuses de la rivière, dont le cours est très rapide et le lit très large en cet endroit, cherchant un moyen d'atteindre la rive op-posée. Nous allions çà et là à travers les saules et les jones qui couvrent les bords de la Nahe, et nous regardions si un gué ne nous permettrait pas de passer à la nage sans trop de peine. Tout à coup, le lieutenant poussa un cri de joie. -Une barque! me dit-il, voilà notre affaire ! Je m'approchai de l'endroit qu'il m'indiquait, et je vis en effet une de ces barques de pêcheur, étroites et sans gou-
442 L'ÉVASION. -Je vous suivrai, me dit-il enfant du Midi, je ne sais de l'allemand que ce que j'ai appris en classe, et vous devez mieux que moi connaître les régions du Nord. Réconfortés par notre léger repas, apres avoir bu de l'eau dans un ruisseau voisin, nous prîmes ensemble la route qui descendait vers le bas d'une longue et profonde vallée où, sur les bords de la Nahe , nous apercevions les maisons blanches d'une ville assez étendue et que je jugeai être Oberstein. Notre intention était de passer la rivière en cet endroit pour nous diriger en ligne droite vers Trèves , où nous espérions arriver le lendemain dans la soirée. Avant tout, il était important de ne point traverser Obers-tein, où certainement l'état de délabrement dans lequel se trouvaient nos vêtements, et surtout les restes d'uniforme de mon compagnon, auraient attiré l'attention et les soupçons de la population. Il fallait donc chercher à franchir la Nahe, soit en amont, soit en aval de la ville. Malheureuse-ment, nous n'apercevions qu'un seul petit pont et, pour y parvenir, il était nécessaire d'entrer dans Oberstein. Nous étions ainsi arrêtés par un obstacle matériel, et la nuit seule pouvait nous permettre d'arriver jusqu'au pont sans trop de danger mais nous étions au matin, et perdre toute une journée sans marcher en avant nous causait le plus grand ennui. Nous errions donc tristement le long des rives sinueuses de la rivière, dont le cours est très rapide et le lit très large en cet endroit, cherchant un moyen d'atteindre la rive op-posée. Nous allions çà et là à travers les saules et les jones qui couvrent les bords de la Nahe, et nous regardions si un gué ne nous permettrait pas de passer à la nage sans trop de peine. Tout à coup, le lieutenant poussa un cri de joie. -Une barque! me dit-il, voilà notre affaire ! Je m'approchai de l'endroit qu'il m'indiquait, et je vis en effet une de ces barques de pêcheur, étroites et sans gou-
442 L'ÉVASION. -Je vous suivrai, me dit-il enfant du Midi, je ne sais de l'allemand que ce que j'ai appris en classe, et vous devez mieux que moi connaître les régions du Nord. Réconfortés par notre léger repas, apres avoir bu de l'eau dans un ruisseau voisin, nous prîmes ensemble la route qui descendait vers le bas d'une longue et profonde vallée où, sur les bords de la Nahe , nous apercevions les maisons blanches d'une ville assez étendue et que je jugeai être Oberstein. Notre intention était de passer la rivière en cet endroit pour nous diriger en ligne droite vers Trèves , où nous espérions arriver le lendemain dans la soirée. Avant tout, il était important de ne point traverser Obers-tein, où certainement l'état de délabrement dans lequel se trouvaient nos vêtements, et surtout les restes d'uniforme de mon compagnon, auraient attiré l'attention et les soupçons de la population. Il fallait donc chercher à franchir la Nahe, soit en amont, soit en aval de la ville. Malheureuse-ment, nous n'apercevions qu'un seul petit pont et, pour y parvenir, il était nécessaire d'entrer dans Oberstein. Nous étions ainsi arrêtés par un obstacle matériel, et la nuit seule pouvait nous permettre d'arriver jusqu'au pont sans trop de danger mais nous étions au matin, et perdre toute une journée sans marcher en avant nous causait le plus grand ennui. Nous errions donc tristement le long des rives sinueuses de la rivière, dont le cours est très rapide et le lit très large en cet endroit, cherchant un moyen d'atteindre la rive op-posée. Nous allions çà et là à travers les saules et les jones qui couvrent les bords de la Nahe, et nous regardions si un gué ne nous permettrait pas de passer à la nage sans trop de peine. Tout à coup, le lieutenant poussa un cri de joie. -Une barque! me dit-il, voilà notre affaire ! Je m'approchai de l'endroit qu'il m'indiquait, et je vis en effet une de ces barques de pêcheur, étroites et sans gou-
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ET PIÈCES OFFICIELLES. 415 porter ensuite au Champ de la Fédération que la garde na-tionale avait été avertie de se trouver dans les différées en-droits qui ont été indiqués et qu'il y a lieu de croire qu'au moyen des précautions qui avaient éle prises , et des e-e-sures que la municipalité pourrait ordonner , la tranquillité publique ne serait point altérée. D'après cet exposé , le corps municipal a arrêté que les citoyens seraient, à l'instant, avertis par la vcie de la pro-mulgation, de l'impression et de l'affiche, des dispositions de la loi, et de l'obligation où ils sont de s'y conformer en conséquence l'arrêté suivant a été pris Le corps municipal, informé que des factieux, que des étrangers, payés pour semer le désordre , pour prêcher la rebellion, se proposent de former de grands rassernh'e-mens, dans le coupable espoir d'égarer le peuple, et de le porter à des excès repréhensibles Ouï le second substitut-adjoint du procureur de lacom-nrune Déclare que tous attroupemens, avec ou sans armes, sur les places publiques, dans les rues et les carrefours, sont Il contraires à la loi défend à toutes personnes de se réunir et de se former en groupes , dans aucun lieu public. Ordonne à tous ceux qui sont ainsi formés, de se sé-J parer à l'instant. Enjoint aux commissaires de police de se rendre, sans délai, dans tous les lieux de leur arrondissement, où la tranquillité publique pourrait être menacée, et d'employer, pour maintenir le calme, tous les moyens qui leur sont donnés par la loi. Mande au commandant-général de la garde nationale de donner à l'instant les ordres les plus précis, pour que tous les attroupemens soient divisés. Le corps municipal se réservant de prendre des mesures ultérieures, si le cas y échoit. Après ces premières dispositions, le corps municipal a
ET PIÈCES OFFICIELLES. 415 porter ensuite au Champ de la Fédération que la garde na-tionale avait été avertie de se trouver dans les différées en-droits qui ont été i@@ndiqués et qu'il y a lieu de croire qu'au moyen des précautions qui avaient éle prises , et des e-e-sures que la municipalité pourrait ordonner , la tranquillité publique ne serait point altérée. D'après cet exposé , le corps municipal a arrêté que les citoyens seraient, à l'instant, avertis par la vcie de la pro-mulgation@, de l'impression et de l'affiche@, des dispositions de la loi@, et de l'obligation où ils sont de s'y conformer en conséquence l'arrêté suivant a été pris Le corps municipal, informé que des factieux@, que des étrangers@, payés pour semer le désordre , pour prêcher la rebellion, se proposent de former de grands rassernh'e-@mens, dans le coupable espoir d'égarer le peuple, et de le porter à des excès repréhensibles Ouï le second substitut-adjoint du procureur de la@com-nrune Déclare que tous attroupemens, avec ou sans armes, sur les places publiques, dans les rues et les carrefours, sont Il contraires à la loi défend à toutes personnes de se réunir et de se former en groupes , dans aucun lieu public. Ordonne à tous ceux qui sont ainsi formés, de se sé-J parer à l'instant. Enjoint aux commissaires de police de se rendre, sans délai, dans tous les lieux de leur arrondissement, où la tranquillité publique pourrait être menacée, et d'employer, pour maintenir le calme, tous les moyens qui leur sont donnés par la loi. Mande au commandant-général de la garde nationale de donner à l'instant les ordres les plus précis, pour que tous les attroupemens soient divisés. Le corps municipal se réservant de prendre des mesures ultérieures, si le cas y échoit. Après ces premières dispositions, le corps municipal a
ET PIÈCES OFFICIELLES. 415 porter ensuite au Champ de la Fédération que la garde na-tionale avait été avertie de se trouver dans les différens en-droits qui ont été identiques et qu'il y a lieu de croire qu'au moyen des précautions qui avaient été prises@, et des @me-sures que la municipalité pourrait ordonner , la tranquillité publique ne serait point altérée. D'après cet exposé , le corps municipal a arrêté que les citoyens seraient, à l'instant, avertis par la voie de la pr -mulgation , de l'impression et de l'affiche , des dispositions de la loi , et de l'obligation où ils sont de s'y conformer en conséquence l'arrêté suivant a été pris Le corps municipal, informé que des factieux , que des étrangers , payés pour semer le désordre@, pour prêcher la rebellion, se proposent de former de grands rasse@mble- mens, dans le coupable espoir d'égarer le peuple, et de le porter à des excès repréhensibles Oui le second substitu@-adjoint du procureur de la com- mune Déclare que tous attroupemens, avec ou sans armes, sur les places publiques, dans les rues et les carrefours, sont@@@ contraires à la loi defend à toutes personnes de se réunir et de se former en groupes@, dans aucun lieu public. Ordonne à tous ceux qui sont ainsi formés, de se sé-@ parer à l'instant. Enjoint aux commissaires de police de se rendre, sans délai, dans tous les lieux de leur arrondissement, où la tranquillité publique pourrait être menacée, et d'employer, pour maintenir le calme, tous les moyens qui leur sont donnés par la loi. Mande eu commandant-général de la garde national@ de donner à l'instant les ordres les plus précis, pour que tous les attroupemens soient divisés. Le corps municipal@@e réservant de prendre des mesures ultérieures, si le cas y échoit. Après ces premières dispositions, le corps municipal a
ET PIÈCES OFFICIELLES. 415 porter ensuite au Champ de la Fédération que la garde na-tionale avait été avertie de se trouver dans les différens en-droits qui ont été identiques et qu'il y a lieu de croire qu'au moyen des précautions qui avaient été prises@, et des @me-sures que la municipalité pourrait ordonner , la tranquillité publique ne serait point altérée. D'après cet exposé , le corps municipal a arrêté que les citoyens seraient, à l'instant, avertis par la voie de la pr -mulgation , de l'impression et de l'affiche , des dispositions de la loi , et de l'obligation où ils sont de s'y conformer en conséquence l'arrêté suivant a été pris Le corps municipal, informé que des factieux , que des étrangers , payés pour semer le désordre@, pour prêcher la rebellion, se proposent de former de grands rasse@mble- mens, dans le coupable espoir d'égarer le peuple, et de le porter à des excès repréhensibles Oui le second substitu@-adjoint du procureur de la com- mune Déclare que tous attroupemens, avec ou sans armes, sur les places publiques, dans les rues et les carrefours, sont@@@ contraires à la loi defend à toutes personnes de se réunir et de se former en groupes@, dans aucun lieu public. Ordonne à tous ceux qui sont ainsi formés, de se sé-@ parer à l'instant. Enjoint aux commissaires de police de se rendre, sans délai, dans tous les lieux de leur arrondissement, où la tranquillité publique pourrait être menacée, et d'employer, pour maintenir le calme, tous les moyens qui leur sont donnés par la loi. Mande eu commandant-général de la garde national@ de donner à l'instant les ordres les plus précis, pour que tous les attroupemens soient divisés. Le corps municipal@@e réservant de prendre des mesures ultérieures, si le cas y échoit. Après ces premières dispositions, le corps municipal a
ET PIÈCES OFFICIELLES. 415 porter ensuite au Champ de la Fédération que la garde na-tionale avait été avertie de se trouver dans les différens en-droits qui ont été identiques et qu'il y a lieu de croire qu'au moyen des précautions qui avaient été prises, et des me-sures que la municipalité pourrait ordonner , la tranquillité publique ne serait point altérée. D'après cet exposé , le corps municipal a arrêté que les citoyens seraient, à l'instant, avertis par la voie de la pr -mulgation , de l'impression et de l'affiche , des dispositions de la loi , et de l'obligation où ils sont de s'y conformer en conséquence l'arrêté suivant a été pris Le corps municipal, informé que des factieux , que des étrangers , payés pour semer le désordre, pour prêcher la rebellion, se proposent de former de grands rassemble- mens, dans le coupable espoir d'égarer le peuple, et de le porter à des excès repréhensibles Oui le second substitu-adjoint du procureur de la com- mune Déclare que tous attroupemens, avec ou sans armes, sur les places publiques, dans les rues et les carrefours, sont contraires à la loi defend à toutes personnes de se réunir et de se former en groupes, dans aucun lieu public. Ordonne à tous ceux qui sont ainsi formés, de se sé- parer à l'instant. Enjoint aux commissaires de police de se rendre, sans délai, dans tous les lieux de leur arrondissement, où la tranquillité publique pourrait être menacée, et d'employer, pour maintenir le calme, tous les moyens qui leur sont donnés par la loi. Mande eu commandant-général de la garde national de donner à l'instant les ordres les plus précis, pour que tous les attroupemens soient divisés. Le corps municipale réservant de prendre des mesures ultérieures, si le cas y échoit. Après ces premières dispositions, le corps municipal a
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-40 -• dilations des pieds, dus genoux, des poignets et des épaules. Pouls. i 8 Lemp., 39°, 2. Le 12. Les bruits du coeur sont très-faibles et assez irréguliers. Pouls, 94 tcmp., 3811, 6. Le 16. Respiration plus facile. Les bruits du coeur sont très-sourds. On distingue un souffle au premier temps et à la pointe. Le 21 Un peu de dyspnée et de fièvre. Pouls, 9a temp., 38, 5. Le 22. Il n'y a plus de douleurs articulaires, mais on constate de Ja matité aux doux bases de la poitrine. L'épanchement paraît peu consi-dérable. Le 23. Pouls à peu près normal. On remarque un léger oedème des membres inférieurs et de la paroi abdominale. L'aspect du malade est celui d'un albuminurique, cependant l'examen des urines est négatif sur ce point. Même matité des deux bases et même souffle cardiaque. Le 24. Les bruits du coeur sont toujours très-peu nets cependant on distingue deux soutfles à la pointe, l'un systolique, l'autre présys-tolique. Le 25. Même oedème des membres inférieurs remontant dans la région lombaire, rien de changé dans les épanchements pleuraux. Pendant les quinze jours qui ont suivi, l'état du malade a présente très-peu de changements. Point de fièvre, aucun symptôme aigu. Sous l'influence d'un repos absolu, l'oedème de la partie inférieure du corps a presque disparu, mais les souffles cardiaques ont persisté et. lorsque le malade sort, 2 mai, le liquide épanché dans les plèvres n'est pas en-tièrement résorbé. OBS. IX. - Rhumatisme articulaire aigu. Lésion mitrale. Hydrothorax. La nommée Bourdon, âgée de 27 ans, entrée à l'hôpital Lariboisière, salle Sainte-Joséphine, n. 12, le 13 mars 1875. Cette femme est malade depuis 4 ans. Elle a eu un enfant qui est mort de convulsions dans sa première année. En 1871, elle fut atteinte d'un rhumatisme articulaire aigu, suivi d'anémie. On l'a soignée à la Pitié pour chlorose. Elle déclare s'enrhumer très-facilement. Depuis son attaqno de rhumatisme, elle est sujette aux oppressions, et elle se plaint de palpitations. Ses crachats sont parfois mêlés de sang. Elle se dit atteinte de leucorrhée et de dysménorrhée. A la date de son entrée à Necker, elle souffre de douleurs articu-laires dans les coudes et les poignets les douleurs sont peu vives et la fièvre très-modérée. Pas d'amaigrissement sensible la face est violacée, les digestions sont faciles. Elle n'éprouve pas de vomissements, sauf quelquefois dans les accès de toux. Les jambes sont oedématiées depuis quelques mois. On entend à la pointe du coeur un souflle mitral il est
-40 -• dilations des pieds, dus genoux, des poignets et des épaules. Pouls. i 8 Lemp., 39°, 2. Le 12. Les bruits du coeur sont très-faibles et assez irréguliers. Pouls, 94 tcmp., 3811, 6. Le 16. Respiration plus facile. Les bruits du coeur sont très-sourds. On distingue un souffle au premier temps et à la pointe. Le 21 Un peu de dyspnée et de fièvre. Pouls, 9a temp., 38, 5. Le 22. Il n'y a plus de douleurs articulaires, mais on constate de Ja matité aux doux bases de la poitrine. L'épanchement paraît peu consi-dérable. Le 23. Pouls à peu près normal. On remarque un léger oedème des membres inférieurs et de la paroi abdominale. L'aspect du malade est celui d'un albuminurique, cependant l'examen des urines est négatif sur ce point. Même matité des deux bases et même souffle cardiaque. Le 24. Les bruits du coeur sont toujours très-peu nets cependant on distingue deux soutfles à la pointe, l'un systolique, l'autre présys-tolique. Le 25. Même oedème des membres inférieurs remontant dans la région lombaire, rien de changé dans les épanchements pleuraux. Pendant les quinze jours qui ont suivi, l'état du malade a présente très-peu de changements. Point de fièvre, aucun symptôme aigu. Sous l'influence d'un repos absolu, l'oedème de la partie inférieure du corps a presque disparu, mais les souffles cardiaques ont persisté et. lorsque le malade sort, 2 mai, le liquide épanché dans les plèvres n'est pas en-tièrement résorbé. OBS. IX. - Rhumatisme articulaire aigu. Lésion mitrale. Hydrothorax. La nommée Bourdon, âgée de 27 ans, entrée à l'hôpital Lariboisière, salle Sainte-Joséphine, n. 12, le 13 mars 1875. Cette femme est malade depuis 4 ans. Elle a eu un enfant qui est mort de convulsions dans sa première année. En 1871, elle fut atteinte d'un rhumatisme articulaire aigu, suivi d'anémie. On l'a soignée à la Pitié pour chlorose. Elle déclare s'enrhumer très-facilement. Depuis son attaqno de rhumatisme, elle est sujette aux oppressions, et elle se plaint de palpitations. Ses crachats sont parfois mêlés de sang. Elle se dit atteinte de leucorrhée et de dysménorrhée. A la date de son entrée à Necker, elle souffre de douleurs articu-laires dans les coudes et les poignets les douleurs sont peu vives et la fièvre@ très-modérée. Pas d'amaigrissement sensible la face est violacée, les digestions sont faciles. Elle n'éprouve pas de vomissements, sauf quelquefois dans les accès de toux. Les jambes sont oedématiées depuis quelques mois. On entend à la pointe du coeur un souflle mitral il est
-40 -@@culations des pieds, des genoux, des poignets et des épaules. Pouls, @98 temp., 39°, 2. Le 12. Les bruits du coeur sont très faibles et assez irréguliers. Pouls, 94 temp., 38@°, 6. Le 16. Respiration plus facile. Les bruits du coeur sont très-sourds. On distingue un souffle au premier temps et à la pointe. Le 21 Un peu de dyspnée et de fièvre. Pouls, 95 temp., 38, 5. Le 22. Il n'y a plus de douleurs articulaires, mais on constate de la matité aux deux bases de la poitrine. L'épanchement paraît peu consi-dérable. Le 23. Pouls à peu près normal. On remarque un léger oedème des membres inférieurs et de la paroi abdominale. L'aspect du malade est celui d'un albuminurique, cependant l'examen des urines est négatif sur ce point. Même matité des deux bases et même souffle cardiaque. Le 24. Les bruits du coeur sont toujours très peu nets cependant on distingue deux souffles à la pointe, l'un systolique, l'autre présys-tolique. Le 25. Même oedème des membres inférieurs remontant dans la région lombaire, rien de changé dans les épanchements pleuraux. Pendant les quinze jours qui ont suivi, l'état du malade a présenté très-peu de changements. Point de fièvre, aucun symptôme aigu. Sous l'influence d'un repos absolu, l'oedème de la partie inférieure du corps a presque disparu, mais les souffles cardiaques ont persisté et, lorsque le malade sort, 2 mai, le liquide épanché dans les plèvres n'est pas en-tièrement résorbé. OBS. IX. -@Rhumatisme articulaire aigu. Lésion mitrale. Hydrothorax. La nommée Bourdon, âgée de 27 ans, entrée à l'hôpital Lariboisière, salle Sainte-Joséphine, n. 12, le 13 mars 1875. Cette femme est malade depuis 4 ans. Elle a eu un enfant qui est mort de convulsions dans sa première année. En 1871, elle fut atteinte d'un rhumatisme articulaire aigu, suivi d'anémie. On l'a soignée à la Pitié pour chlorose. Elle déclare s'enrhumer très-facilement. Depuis son attaque de rhumatisme, elle est sujette aux oppressions, et elle se plaint de palpitations. Ses crachats sont parfois mêlés de sang. Elle se dit atteinte de leucorrhée et de dysménorrhée. A la date de son entrée à Necker, elle souffre de douleurs articu-laires dans les coudes et les poignets les douleurs sont peu vives et la fièvres très-modérée. Pas d'amaigrissement sensible la face est violacée, les digestions sont faciles. Elle n'éprouve pas de vomissements, sauf quelquefois dans les accès de toux. Les jambes sont oedématiées depuis quelques mois. On entend à la pointe du coeur un souffle mitral il est
-40 -@@culations des pieds, des genoux, des poignets et des épaules. Pouls, @98 temp., 39°, 2. Le 12. Les bruits du coeur sont très faibles et assez irréguliers. Pouls, 94 temp., 38@°, 6. Le 16. Respiration plus facile. Les bruits du coeur sont très-sourds. On distingue un souffle au premier temps et à la pointe. Le 21 Un peu de dyspnée et de fièvre. Pouls, 95 temp., 38, 5. Le 22. Il n'y a plus de douleurs articulaires, mais on constate de la matité aux deux bases de la poitrine. L'épanchement paraît peu consi-dérable. Le 23. Pouls à peu près normal. On remarque un léger oedème des membres inférieurs et de la paroi abdominale. L'aspect du malade est celui d'un albuminurique, cependant l'examen des urines est négatif sur ce point. Même matité des deux bases et même souffle cardiaque. Le 24. Les bruits du coeur sont toujours très peu nets cependant on distingue deux souffles à la pointe, l'un systolique, l'autre présys-tolique. Le 25. Même oedème des membres inférieurs remontant dans la région lombaire, rien de changé dans les épanchements pleuraux. Pendant les quinze jours qui ont suivi, l'état du malade a présenté très-peu de changements. Point de fièvre, aucun symptôme aigu. Sous l'influence d'un repos absolu, l'oedème de la partie inférieure du corps a presque disparu, mais les souffles cardiaques ont persisté et, lorsque le malade sort, 2 mai, le liquide épanché dans les plèvres n'est pas en-tièrement résorbé. OBS. IX. -@Rhumatisme articulaire aigu. Lésion mitrale. Hydrothorax. La nommée Bourdon, âgée de 27 ans, entrée à l'hôpital Lariboisière, salle Sainte-Joséphine, n. 12, le 13 mars 1875. Cette femme est malade depuis 4 ans. Elle a eu un enfant qui est mort de convulsions dans sa première année. En 1871, elle fut atteinte d'un rhumatisme articulaire aigu, suivi d'anémie. On l'a soignée à la Pitié pour chlorose. Elle déclare s'enrhumer très-facilement. Depuis son attaque de rhumatisme, elle est sujette aux oppressions, et elle se plaint de palpitations. Ses crachats sont parfois mêlés de sang. Elle se dit atteinte de leucorrhée et de dysménorrhée. A la date de son entrée à Necker, elle souffre de douleurs articu-laires dans les coudes et les poignets les douleurs sont peu vives et la fièvres très-modérée. Pas d'amaigrissement sensible la face est violacée, les digestions sont faciles. Elle n'éprouve pas de vomissements, sauf quelquefois dans les accès de toux. Les jambes sont oedématiées depuis quelques mois. On entend à la pointe du coeur un souffle mitral il est
-40 -culations des pieds, des genoux, des poignets et des épaules. Pouls, 98 temp., 39°, 2. Le 12. Les bruits du coeur sont très faibles et assez irréguliers. Pouls, 94 temp., 38°, 6. Le 16. Respiration plus facile. Les bruits du coeur sont très-sourds. On distingue un souffle au premier temps et à la pointe. Le 21 Un peu de dyspnée et de fièvre. Pouls, 95 temp., 38, 5. Le 22. Il n'y a plus de douleurs articulaires, mais on constate de la matité aux deux bases de la poitrine. L'épanchement paraît peu consi-dérable. Le 23. Pouls à peu près normal. On remarque un léger oedème des membres inférieurs et de la paroi abdominale. L'aspect du malade est celui d'un albuminurique, cependant l'examen des urines est négatif sur ce point. Même matité des deux bases et même souffle cardiaque. Le 24. Les bruits du coeur sont toujours très peu nets cependant on distingue deux souffles à la pointe, l'un systolique, l'autre présys-tolique. Le 25. Même oedème des membres inférieurs remontant dans la région lombaire, rien de changé dans les épanchements pleuraux. Pendant les quinze jours qui ont suivi, l'état du malade a présenté très-peu de changements. Point de fièvre, aucun symptôme aigu. Sous l'influence d'un repos absolu, l'oedème de la partie inférieure du corps a presque disparu, mais les souffles cardiaques ont persisté et, lorsque le malade sort, 2 mai, le liquide épanché dans les plèvres n'est pas en-tièrement résorbé. OBS. IX. -Rhumatisme articulaire aigu. Lésion mitrale. Hydrothorax. La nommée Bourdon, âgée de 27 ans, entrée à l'hôpital Lariboisière, salle Sainte-Joséphine, n. 12, le 13 mars 1875. Cette femme est malade depuis 4 ans. Elle a eu un enfant qui est mort de convulsions dans sa première année. En 1871, elle fut atteinte d'un rhumatisme articulaire aigu, suivi d'anémie. On l'a soignée à la Pitié pour chlorose. Elle déclare s'enrhumer très-facilement. Depuis son attaque de rhumatisme, elle est sujette aux oppressions, et elle se plaint de palpitations. Ses crachats sont parfois mêlés de sang. Elle se dit atteinte de leucorrhée et de dysménorrhée. A la date de son entrée à Necker, elle souffre de douleurs articu-laires dans les coudes et les poignets les douleurs sont peu vives et la fièvres très-modérée. Pas d'amaigrissement sensible la face est violacée, les digestions sont faciles. Elle n'éprouve pas de vomissements, sauf quelquefois dans les accès de toux. Les jambes sont oedématiées depuis quelques mois. On entend à la pointe du coeur un souffle mitral il est
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0.009968
0.050302
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BRAQUE DUPUY Ce grand et splendide animal blanc et marron foncé, si gracieux et en même temps si vigoureux, rappelant par sa tête fine et la courbure élégante de sa croupe le lévrier, est pourtant bien aussi un chien français ! M. de la Rue, dans ses articles sur les chiens français, dit en effet. Nous tournerons nos regards vers le Poitou, la patrie des grands chasseurs et des bons chiens, nous y verrons un homme, occupé à refaire l'ancienne race de braques qu'il avait eue et appréciée autrefois. Cet homme est amateur passionné de la chasse au chien d'arrêt, c'est M. Dupuy qui a laissé son nom au chien qu'il a enfin re-constitué, son idéal perdu. M. Pineau, dans un excellent article sur le braque Dupuy, publié en 1887, dit que cette race a été créée vers 18-JO par M. Narcisse Dupuy et il a l'air d'admettre que ce chien provient du croisement du braque du Poitou avec un lévrier, tout en constatant avec juste raison qu'il est étonnant qu'un tel croisement ait pu donner des chiens si fins de nez et si fermes à l'arrêt. J'ajouterai que la manière parfaitement uniforme dont ces chiens se reproduisent comme type et comme couleur, tendrait à prouver, comme le dit M. de la Rue, que ces chiens proviennent plutôt d'une sélection de braques lé-gers qui existaient à cette époque et qui avaient beaucoup de ressemblance avec les Dupuy, ce qui du reste m'a été confirmé par un grand amateur de cette race, qui m'as-sure, d'après un ami même de M. Dupuy, que ce braque provient du croisement du braque du Poitou avec une grande chienne blanche et marron d'une espèce très estimée dans le Midi et tout à fait disparue aujourd'hui. Ainsi qu'on a pu le voir aux dernières expositions, il ne manque pas de spécimens de cette belle race, mais il est encore assez rare de rencontrer des sujets de valeur. Je dois pourtant constater qu'à la dernière exposition de Paris il y avait une petite collection de Dupuy très réussie, et parmi elle, deux sujets remarquables Sultan, au comte de Lastic Saint-Jal, qui, de l'aveu de tous, est un étalon hors ligne, et Cora, à M. le vicomte E. de la Besge, qui est une très belle chienne très bien typée. Cette race reprend à juste titre beaucoup de faveur il est donc assez facile de se procurer des chiots de race pure, en s'adressant à M. le comte de Lastic Saint-Jal, à Vouneuil-sous-Biard, près Poitiers, ou à M. Pineau, au Chenil de la Bussière, près Brion, par Gerçay Vienne . Quant aux qualités de chasse et au caractère du chien, voici comment s'exprime à ce sujet un aimable correspon-dant Très doux pour les enfants, d'une patience à toute épreuve dans ses jeux avec eux, terrible pour les rôdeurs, il est de vie facile, aime avec passion son maître et sa maison. C'est un gai compagnon, un serviteur dévoué et attentif. Fanatique de la chasse, d'une finesse de nez inouïe, il quête en plaine, la tête haute, au galop, très vite, puis, fort prudent au bois, ralentit son allure et ne perd jamais son maître de vue. Les arrêts sont inébranlables il va au piquant comme un griffon, à l'eau comme un épagneul et ne craint ni le froid ni la chaleur, un jarret d'enfer, la fatigue lui est in-connue.
BRAQUE DUPUY Ce grand et splendide animal blanc et marron foncé, si gracieux et en même temps si vigoureux, rappelant par sa tête fine et la courbure élégante de sa croupe le lévrier, est pourtant bien aussi un chien français ! M. de la Rue, dans ses articles sur les chiens français, dit en effet.@@ Nous tournerons nos regards vers le Poitou, la patrie des grands chasseurs et des bons chiens, nous y verrons un homme, occupé à refaire l'ancienne race de braques qu'il avait eue et appréciée autrefois. Cet homme est amateur passionné de la chasse au chien d'arrêt, c'est M. Dupuy qui a laissé son nom au chien qu'il a enfin re-constitué, son idéal perdu. M. Pineau, dans un excellent article sur le braque Dupuy, publié en 1887, dit que cette race a été créée vers 18-JO par M. Narcisse Dupuy et il a l'air d'admettre que ce chien provient du croisement du braque du Poitou avec un lévrier, tout en constatant avec juste raison qu'il est étonnant qu'un tel croisement ait pu donner des chiens si fins de nez et si fermes à l'arrêt. J'ajouterai que la manière parfaitement uniforme dont ces chiens se reproduisent comme type et comme couleur, tendrait à prouver, comme le dit M. de la Rue, que ces chiens proviennent plutôt d'une sélection de braques lé-gers qui existaient à cette époque et qui avaient beaucoup de ressemblance avec les Dupuy, ce qui du reste m'a été confirmé par un grand amateur de cette race, qui m'as-sure, d'après un ami même de M. Dupuy, que ce braque provient du croisement du braque du Poitou avec une grande chienne blanche et marron d'une espèce très estimée dans le Midi et tout à fait disparue aujourd'hui. Ainsi qu'on a pu le voir aux dernières expositions, il ne manque pas de spécimens de cette belle race, mais il est encore assez rare de rencontrer des sujets de valeur. Je dois pourtant constater qu'à la dernière exposition de Paris il y avait une petite collection de Dupuy très réussie, et parmi elle, deux sujets remarquables Sultan, au comte de Lastic Saint-Jal, qui, de l'aveu de tous, est un étalon hors ligne, et Cora, à M. le vicomte E. de la Besge, qui est une très belle chienne très bien typée. Cette race reprend à juste titre beaucoup de faveur il est donc assez facile de se procurer des chiots de race pure, en s'adressant à M. le comte de Lastic Saint-Jal, à Vouneuil-sous-Biard, près Poitiers, ou à M. Pineau, au Chenil de la Bussière, près Brion, par Gerçay Vienne . Quant aux qualités de chasse et au caractère du chien, voici comment s'exprime à ce sujet un aimable correspon-dant Très doux pour les enfants, d'une patience à toute épreuve dans ses jeux avec eux, terrible pour les rôdeurs, il est de vie facile, aime avec passion son maître et sa maison. C'est un gai compagnon, un serviteur dévoué et attentif. Fanatique de la chasse, d'une finesse de nez inouïe, il quête en plaine, la tête haute, au galop, très vite, puis, fort prudent au bois, ralentit son allure et ne perd jamais son maître de vue. Les arrêts sont inébranlables il va au piquant comme un griffon, à l'eau comme un épagneul et ne craint ni le froid ni la chaleur, un jarret d'enfer, la fatigue lui est in-connue.
BRAQUE DUPUY Ce grand et splendide animal blanc et marron foncé, si gracieux et en même temps si vigoureux, rappelant par sa tête fine et la courbure élégante de sa croupe le lévrier, est pourtant bien aussi un chien français ! M. de la Rue, dans ses articles sur les chiens français, dit en effet... Nous tournerons nos regards vers le Poitou, la patrie des grands chasseurs et des bons chiens, nous y verrons un homme, occupé à refaire l'ancienne race de braques qu'il avait eue et appréciée autrefois. Cet homme est amateur passionné de la chasse au chien d'arrêt, c'est M. Dupuy qui a laissé son nom au chien qu'il a enfin re-constitué, son idéal perdu. M. Pineau, dans un excellent article sur le braque Dupuy, publié en 1887, dit que cette race a été créée vers 18@20 par M. Narcisse Dupuy et il a l'air d'admettre que ce chien provient du croisement du braque du Poitou avec un lévrier, tout en constatant avec juste raison qu'il est étonnant qu'un tel croisement ait pu donner des chiens si fins de nez et si fermes à l'arrêt. J'ajouterai que la manière parfaitement uniforme dont ces chiens se reproduisent comme type et comme couleur, tendrait à prouver, comme le dit M. de la Rue, que ces chiens proviennent plutôt d'une sélection de braques lé-gers qui existaient à cette époque et qui avaient beaucoup de ressemblance avec les Dupuy, ce qui du reste m'a été confirmé par un grand amateur de cette race, qui m'as-sure, d'après un ami même de M. Dupuy, que ce braque provient du croisement du braque du Poitou avec une grande chienne blanche et marron d'une espèce très estimée dans le Midi et tout à fait disparue aujourd'hui. Ainsi qu'on a pu le voir aux dernières expositions, il ne manque pas de spécimens de cette belle race, mais il est encore assez rare de rencontrer des sujets de valeur. Je dois pourtant constater qu'à la dernière exposition de Paris il y avait une petite collection de Dupuy très réussie, et parmi elle, deux sujets remarquables Sultan, au comte de Lastic Saint-Jal, qui, de l'aveu de tous, est un étalon hors ligne, et Cora, à M. le vicomte E. de la Besge, qui est une très belle chienne très bien typée. Cette race reprend à juste titre beaucoup de faveur il est donc assez facile de se procurer des chiots de race pure, en s'adressant à M. le comte de Lastic Saint-Jal, à Vouneuil-sous-Biard, près Poitiers, ou à M. Pineau, au Chenil de la Bussière, près Brion, par Gerçay Vienne . Quant aux qualités de chasse et au caractère du chien, voici comment s'exprime à ce sujet un aimable correspon-dant Très doux pour les enfants, d'une patience à toute épreuve dans ses jeux avec eux, terrible pour les rôdeurs, il est de vie facile, aime avec passion son maître et sa maison. C'est un gai compagnon, un serviteur dévoué et attentif. Fanatique de la chasse, d'une finesse de nez inouïe, il quête en plaine, la tête haute, au galop, très vite, puis, fort prudent au bois, ralentit son allure et ne perd jamais son maître de vue. Les arrêts sont inébranlables il va au piquant comme un griffon, à l'eau comme un épagneul et ne craint ni le froid ni la chaleur, un jarret d'enfer, la fatigue lui est in-connue.
BRAQUE DUPUY Ce grand et splendide animal blanc et marron foncé, si gracieux et en même temps si vigoureux, rappelant par sa tête fine et la courbure élégante de sa croupe le lévrier, est pourtant bien aussi un chien français ! M. de la Rue, dans ses articles sur les chiens français, dit en effet... Nous tournerons nos regards vers le Poitou, la patrie des grands chasseurs et des bons chiens, nous y verrons un homme, occupé à refaire l'ancienne race de braques qu'il avait eue et appréciée autrefois. Cet homme est amateur passionné de la chasse au chien d'arrêt, c'est M. Dupuy qui a laissé son nom au chien qu'il a enfin re-constitué, son idéal perdu. M. Pineau, dans un excellent article sur le braque Dupuy, publié en 1887, dit que cette race a été créée vers 18@20 par M. Narcisse Dupuy et il a l'air d'admettre que ce chien provient du croisement du braque du Poitou avec un lévrier, tout en constatant avec juste raison qu'il est étonnant qu'un tel croisement ait pu donner des chiens si fins de nez et si fermes à l'arrêt. J'ajouterai que la manière parfaitement uniforme dont ces chiens se reproduisent comme type et comme couleur, tendrait à prouver, comme le dit M. de la Rue, que ces chiens proviennent plutôt d'une sélection de braques lé-gers qui existaient à cette époque et qui avaient beaucoup de ressemblance avec les Dupuy, ce qui du reste m'a été confirmé par un grand amateur de cette race, qui m'as-sure, d'après un ami même de M. Dupuy, que ce braque provient du croisement du braque du Poitou avec une grande chienne blanche et marron d'une espèce très estimée dans le Midi et tout à fait disparue aujourd'hui. Ainsi qu'on a pu le voir aux dernières expositions, il ne manque pas de spécimens de cette belle race, mais il est encore assez rare de rencontrer des sujets de valeur. Je dois pourtant constater qu'à la dernière exposition de Paris il y avait une petite collection de Dupuy très réussie, et parmi elle, deux sujets remarquables Sultan, au comte de Lastic Saint-Jal, qui, de l'aveu de tous, est un étalon hors ligne, et Cora, à M. le vicomte E. de la Besge, qui est une très belle chienne très bien typée. Cette race reprend à juste titre beaucoup de faveur il est donc assez facile de se procurer des chiots de race pure, en s'adressant à M. le comte de Lastic Saint-Jal, à Vouneuil-sous-Biard, près Poitiers, ou à M. Pineau, au Chenil de la Bussière, près Brion, par Gerçay Vienne . Quant aux qualités de chasse et au caractère du chien, voici comment s'exprime à ce sujet un aimable correspon-dant Très doux pour les enfants, d'une patience à toute épreuve dans ses jeux avec eux, terrible pour les rôdeurs, il est de vie facile, aime avec passion son maître et sa maison. C'est un gai compagnon, un serviteur dévoué et attentif. Fanatique de la chasse, d'une finesse de nez inouïe, il quête en plaine, la tête haute, au galop, très vite, puis, fort prudent au bois, ralentit son allure et ne perd jamais son maître de vue. Les arrêts sont inébranlables il va au piquant comme un griffon, à l'eau comme un épagneul et ne craint ni le froid ni la chaleur, un jarret d'enfer, la fatigue lui est in-connue.
BRAQUE DUPUY Ce grand et splendide animal blanc et marron foncé, si gracieux et en même temps si vigoureux, rappelant par sa tête fine et la courbure élégante de sa croupe le lévrier, est pourtant bien aussi un chien français ! M. de la Rue, dans ses articles sur les chiens français, dit en effet... Nous tournerons nos regards vers le Poitou, la patrie des grands chasseurs et des bons chiens, nous y verrons un homme, occupé à refaire l'ancienne race de braques qu'il avait eue et appréciée autrefois. Cet homme est amateur passionné de la chasse au chien d'arrêt, c'est M. Dupuy qui a laissé son nom au chien qu'il a enfin re-constitué, son idéal perdu. M. Pineau, dans un excellent article sur le braque Dupuy, publié en 1887, dit que cette race a été créée vers 1820 par M. Narcisse Dupuy et il a l'air d'admettre que ce chien provient du croisement du braque du Poitou avec un lévrier, tout en constatant avec juste raison qu'il est étonnant qu'un tel croisement ait pu donner des chiens si fins de nez et si fermes à l'arrêt. J'ajouterai que la manière parfaitement uniforme dont ces chiens se reproduisent comme type et comme couleur, tendrait à prouver, comme le dit M. de la Rue, que ces chiens proviennent plutôt d'une sélection de braques lé-gers qui existaient à cette époque et qui avaient beaucoup de ressemblance avec les Dupuy, ce qui du reste m'a été confirmé par un grand amateur de cette race, qui m'as-sure, d'après un ami même de M. Dupuy, que ce braque provient du croisement du braque du Poitou avec une grande chienne blanche et marron d'une espèce très estimée dans le Midi et tout à fait disparue aujourd'hui. Ainsi qu'on a pu le voir aux dernières expositions, il ne manque pas de spécimens de cette belle race, mais il est encore assez rare de rencontrer des sujets de valeur. Je dois pourtant constater qu'à la dernière exposition de Paris il y avait une petite collection de Dupuy très réussie, et parmi elle, deux sujets remarquables Sultan, au comte de Lastic Saint-Jal, qui, de l'aveu de tous, est un étalon hors ligne, et Cora, à M. le vicomte E. de la Besge, qui est une très belle chienne très bien typée. Cette race reprend à juste titre beaucoup de faveur il est donc assez facile de se procurer des chiots de race pure, en s'adressant à M. le comte de Lastic Saint-Jal, à Vouneuil-sous-Biard, près Poitiers, ou à M. Pineau, au Chenil de la Bussière, près Brion, par Gerçay Vienne . Quant aux qualités de chasse et au caractère du chien, voici comment s'exprime à ce sujet un aimable correspon-dant Très doux pour les enfants, d'une patience à toute épreuve dans ses jeux avec eux, terrible pour les rôdeurs, il est de vie facile, aime avec passion son maître et sa maison. C'est un gai compagnon, un serviteur dévoué et attentif. Fanatique de la chasse, d'une finesse de nez inouïe, il quête en plaine, la tête haute, au galop, très vite, puis, fort prudent au bois, ralentit son allure et ne perd jamais son maître de vue. Les arrêts sont inébranlables il va au piquant comme un griffon, à l'eau comme un épagneul et ne craint ni le froid ni la chaleur, un jarret d'enfer, la fatigue lui est in-connue.
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432 ÉCLAIRCISSEMEKS HISTORIQUES qu'au moment où la paix sera établie, nous ne pouvons être remplacés qu'au risque d'augmenter le malheur de ce pays déchiré de tant de manières? Laissons de côté les discours des aristocrates mais ceux des gens modérés et de bonne foi méritent des égards, ne fût-ce qu'à cause de la nuance insensible qui les confond avec les patriotes les plus prononcés. Or, je ne doute pas que ces modérés ne trouvassent cette démarche assez ex-traordinaire dans ce moment-ci, pour suspecter nos inten-tions. On peut dire, qu'importe ! Mais alors , on oublie que, s'il y a du déshonneur à être ministre lorsqu'on ne peut plus faire le bien, il y a du patriotisme à ne pas provoquer des orages sans une véritable utilité, et à se maintenir , au-tant que notre devoir nous le permet, dans des rapports personnels avec le roi, qui, prévenant toute aversion de sa part, laissent à sa confiance , pour des ministres honnêtes gens , le moyen de naître ou de se fortifier. Je pense, et je ne m'en cache pas, qu'il serait heu-reux , nécessaire même , autant pour la sûreté publique que pour le roi, qu'il ne s'entourât que de patriotes sûrs et zélés pour la constitution mais, si le changement qu'il aurait à faire , quelque heureux qu'il fût, ne vient pas naturelle-ment, tant des propres réflexions du roi sur les événemens, que de celles que nous faisons en sa présence , il ne fera que jouer un rôle, plus ou moins adroitement car, pensez-vous que , d'a près votre lettre, il veuille de bonne foi renoncer à toutes ses anciennes liaisons, s'isoler absolument dans son château , et passer ainsi une triste vie, au milieu de figures étrangères à ses habitudes comme à ses goûts? Ou le roi ne le fera pas cP après ses propres réflexions, et voire lettre ne pourrait certainement pas le déterminer sincèrement à ces privations ou s'il cède , il n'est que trop probable qu'il conser-verait au fond de l'ame beaucoup de ressentiment de la con-trainte qu'on lui imposerait. Ainsi la démarche, ou serait inutile, ou, quand elle ne le serait pas, elle pourrait être
432 ÉCLAIRCISSEMEKS HISTORIQUES qu'au moment où la paix sera établie, nous ne pouvons être remplacés qu'au risque d'augmenter le malheur de ce pays déchiré de tant de manières? Laissons de côté les discours des aristocrates mais ceux des gens modérés et de bonne foi méritent des égards, ne fût-ce qu'à cause de la nuance insensible qui les confond avec les patriotes les plus prononcés. Or, je ne doute pas que ces modérés ne trouvassent cette démarche assez ex-traordinaire dans ce moment-ci, pour suspecter nos inten-tions. On peut dire, qu'importe ! Mais alors , on oublie que, s'il y a du déshonneur à être ministre lorsqu'on ne peut plus faire le bien, il y a du patriotisme à ne pas provoquer des orages sans une véritable utilité, et à se maintenir , au-tant que notre devoir nous le permet, dans des rapports personnels avec le roi, qui, prévenant toute aversion de sa part, laissent à sa confiance , pour des ministres honnêtes gens , le moyen de naître ou de se fortifier. Je pense, et je ne m'en cache pas, qu'il serait heu-reux , nécessaire même , autant pour la sûreté publique que pour le roi, qu'il ne s'entourât que de patriotes sûrs et zélés pour la constitution mais, si le changement qu'il aurait à faire , quelque heureux qu'il fût, ne vient pas naturelle-ment, tant des propres réflexions du roi sur les événemens, que de celles que nous faisons en sa présence , il ne fera que jouer un rôle, plus ou moins adroitement car, pensez-vous que , d'a près votre lettre, il veuille de bonne foi renoncer à toutes ses anciennes liaisons, s'isoler absolument dans son château , et passer ainsi une triste vie, au milieu de figures étrangères à ses habitudes comme à ses goûts? Ou le roi ne le fera pas cP après ses propres réflexions, et voire lettre ne pourrait certainement pas le déterminer sincèrement à ces privations ou s'il cède , il n'est que trop probable qu'il conser-verait au fond de l'ame beaucoup de ressentiment de la con-trainte qu'on lui imposerait. Ainsi la démarche, ou serait inutile, ou, quand elle ne le serait pas, elle pourrait être
432 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES qu'au moment où la paix sera établie, nous ne pouvons être remplacés qu'au risque d'augmenter le malheur de ce pays déchiré de tant de manières? Laissons de côté les discours des aristocrates mais ceux des gens modérés et de bonne foi méritent des égards, ne fût-ce qu'à cause de la nuance insensible qui les confond avec les patriotes les plus prononcés. Or, je ne doute pas que ces modérés ne trouvassent cette démarche assez ex-traordinaire dans ce moment-ci, pour suspecter nos inten-tions. On peut dire, qu'importe@! Mais alors@, on oublie que, s'il y a d@@@éshonneur à être ministre lorsqu'on ne peut plus faire le bien, il y a du patriotisme à ne pas provoquer des orages sans une véritable utilité, et à se maintenir@, au-tant que notre devoir nous le permet, dans des rapports personnels avec le roi, qui, prévenant toute aversion de sa part, laissent à sa confiance@, pour des ministres honnêtes gens@, le moyen de naître ou de se fortifier. Je pense, et je ne m'en cache pas, qu'il serait heu-reux@, nécessaire même@, autant pour la sûreté publique que pour le roi, qu'il ne s'entourât que de patriotes sûrs et zélés pour la constitution mais, si le changement qu'il aurait à faire@, quelque heureux qu'il fût, ne vient pas naturelle-ment, tant des propres réflexions du roi sur les événemens, que de celles que nous faisons en sa présence@, il ne fera que jouer un rôle, plus ou moins adroitement car, pensez-vous que@, d'a@près votre lettre, il veuille de bonne foi renoncer à toutes ses anciennes liaisons, s'isoler absolument dans son château@, et passer ainsi une triste vie, au milieu de figures étrangères à ses habitudes comme à ses goûts? Ou le roi ne le fera pas @d'après ses propres réflexions, et votre lettre ne pourrait certainement pas le déterminer sincèrement à ces privations ou s'il cède@, il n'est que trop probable qu'il conser-verait au fond de l'ame beaucoup de ressentiment de la con-trainte qu'on lui imposerait. Ainsi la démarche, ou serait inutile, ou, quand elle ne le serait pas, elle pourrait être
432 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES qu'au moment où la paix sera établie, nous ne pouvons être remplacés qu'au risque d'augmenter le malheur de ce pays déchiré de tant de manières? Laissons de côté les discours des aristocrates mais ceux des gens modérés et de bonne foi méritent des égards, ne fût-ce qu'à cause de la nuance insensible qui les confond avec les patriotes les plus prononcés. Or, je ne doute pas que ces modérés ne trouvassent cette démarche assez ex-traordinaire dans ce moment-ci, pour suspecter nos inten-tions. On peut dire, qu'importe@! Mais alors@, on oublie que, s'il y a d@@@éshonneur à être ministre lorsqu'on ne peut plus faire le bien, il y a du patriotisme à ne pas provoquer des orages sans une véritable utilité, et à se maintenir@, au-tant que notre devoir nous le permet, dans des rapports personnels avec le roi, qui, prévenant toute aversion de sa part, laissent à sa confiance@, pour des ministres honnêtes gens@, le moyen de naître ou de se fortifier. Je pense, et je ne m'en cache pas, qu'il serait heu-reux@, nécessaire même@, autant pour la sûreté publique que pour le roi, qu'il ne s'entourât que de patriotes sûrs et zélés pour la constitution mais, si le changement qu'il aurait à faire@, quelque heureux qu'il fût, ne vient pas naturelle-ment, tant des propres réflexions du roi sur les événemens, que de celles que nous faisons en sa présence@, il ne fera que jouer un rôle, plus ou moins adroitement car, pensez-vous que@, d'a@près votre lettre, il veuille de bonne foi renoncer à toutes ses anciennes liaisons, s'isoler absolument dans son château@, et passer ainsi une triste vie, au milieu de figures étrangères à ses habitudes comme à ses goûts? Ou le roi ne le fera pas @d'après ses propres réflexions, et votre lettre ne pourrait certainement pas le déterminer sincèrement à ces privations ou s'il cède@, il n'est que trop probable qu'il conser-verait au fond de l'ame beaucoup de ressentiment de la con-trainte qu'on lui imposerait. Ainsi la démarche, ou serait inutile, ou, quand elle ne le serait pas, elle pourrait être
432 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES qu'au moment où la paix sera établie, nous ne pouvons être remplacés qu'au risque d'augmenter le malheur de ce pays déchiré de tant de manières? Laissons de côté les discours des aristocrates mais ceux des gens modérés et de bonne foi méritent des égards, ne fût-ce qu'à cause de la nuance insensible qui les confond avec les patriotes les plus prononcés. Or, je ne doute pas que ces modérés ne trouvassent cette démarche assez ex-traordinaire dans ce moment-ci, pour suspecter nos inten-tions. On peut dire, qu'importe! Mais alors, on oublie que, s'il y a déshonneur à être ministre lorsqu'on ne peut plus faire le bien, il y a du patriotisme à ne pas provoquer des orages sans une véritable utilité, et à se maintenir, au-tant que notre devoir nous le permet, dans des rapports personnels avec le roi, qui, prévenant toute aversion de sa part, laissent à sa confiance, pour des ministres honnêtes gens, le moyen de naître ou de se fortifier. Je pense, et je ne m'en cache pas, qu'il serait heu-reux, nécessaire même, autant pour la sûreté publique que pour le roi, qu'il ne s'entourât que de patriotes sûrs et zélés pour la constitution mais, si le changement qu'il aurait à faire, quelque heureux qu'il fût, ne vient pas naturelle-ment, tant des propres réflexions du roi sur les événemens, que de celles que nous faisons en sa présence, il ne fera que jouer un rôle, plus ou moins adroitement car, pensez-vous que, d'après votre lettre, il veuille de bonne foi renoncer à toutes ses anciennes liaisons, s'isoler absolument dans son château, et passer ainsi une triste vie, au milieu de figures étrangères à ses habitudes comme à ses goûts? Ou le roi ne le fera pas d'après ses propres réflexions, et votre lettre ne pourrait certainement pas le déterminer sincèrement à ces privations ou s'il cède, il n'est que trop probable qu'il conser-verait au fond de l'ame beaucoup de ressentiment de la con-trainte qu'on lui imposerait. Ainsi la démarche, ou serait inutile, ou, quand elle ne le serait pas, elle pourrait être
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-¡C ,-frottements péricardiques constatés à la fin clo février rxistent encore , mais il est facile d0 reconnaître qu'un nouvel épanchement s'est fait dans le péricarde. 28 mars. Cette poussée de péricardite a pris fin le malade est dans un état d'anémie profonde. Il ne ressent aucune douleur dans les jointures Un léger souffle persiste à la pointe et au premier temps. 31 mars. Le malade a beaucoup toussé. L'auscultation de la poitrine permet de reconnaître quelques râles de bronchite pas de crachats san-guinolents. Le 9. Le malade sort de l'hôpital. L'anémie est grande encore Il éprouve très-vite de l'essoufflement, et l'on entend du frottement pleu-ral à gauche. OBS. III. - Rhumatisme articulaire aigu. Péricardite et peut-être endocardite. Pleurésie gauche. Auguste Lefranc., âgé de 30 ans, d'un tempérament lymphatique, d'une constitution peu vigoureuse, châtain, ayant la peau fine, mince, pâle, est admis à l'hôpital Necker, salle St-Ferdinand, le 22 mars 1873. Sa profession de cocher l'expose à toutes les vicissitudes atmosphéri-ques, et c'est à cette circonstance'qu'il attribue le rhumatisme articu-laire aigu dont il souffre actuellement. Ses douleurs remontent à quatre jours il était d'ailleurs atteint de malaise depuis plus d'une semaine il avait même éprouvé une sorte d'angine qu'on reconnaît à son récit pour une esquinancie l'amygdale gauche reste légèrement tuméfiée. Voici les symptômes qu'il présentait le lendemain de son arrivée, à la visite. Les articulations des membres inférieurs et supérieurs sont très-douloureuses le moindre mouvement arrache des cris au malade les jointures sont gonflées et la peau qui les recouvre est tendue, luisante, chaude. Face rouge, couverte de sueurs, fièvre vive. Pouls. 110 temp..39° 5. Le malade accuse une douleur assez vive dans la région précordiale notre attention étant attirée de ce côté, nous constatons par l'ausculta-tion l'existence d'un bruit de râpe diffus, masquant les bruits normaux du coeur. En percutant, on s'aperçoit que la matité précordiale est de B centimètres entravers et de haut en bas. Les battements du coeur sont à peine appréciables pour la main appliquée sur la région où siège cette matité. - En présence de ces symptômes, le chef de service n'hé-site pas à porter le diagnostic de rhumatisme articulaire aigu, avec péricardite et peut-être endocardite. Il institue le traitement suivant sulfate de quinine 0 gr. 60 eri trois paquets boissons légèrement dia-
-¡C ,-frottements péricardiques constatés à la fin clo février rxistent encore , mais il est facile d0 reconnaître qu'un nouvel épanchement s'est fait dans le péricarde. 28 mars. Cette poussée de péricardite a pris fin le malade est dans un état d'anémie profonde. Il ne ressent aucune douleur dans les jointures Un léger souffle persiste à la pointe et au premier temps. 31 mars. Le malade a beaucoup toussé. L'auscultation de la poitrine permet de reconnaître quelques râles de bronchite pas de crachats san-guinolents. Le 9. Le malade sort de l'hôpital. L'anémie est grande encore Il éprouve très-vite de l'essoufflement, et l'on entend du frottement pleu-ral à gauche. OBS. III. - Rhumatisme articulaire aigu. Péricardite et peut-être endocardite. Pleurésie gauche. Auguste Lefranc., âgé de 30 ans, d'un tempérament lymphatique, d'une constitution peu vigoureuse, châtain, ayant la peau fine, mince, pâle, est admis à l'hôpital Necker, salle St-Ferdinand, le 22 mars 1873. Sa profession de cocher l'expose à toutes les vicissitudes atmosphéri-ques, et c'est à cette circonstance'qu'il attribue le rhumatisme articu-laire aigu dont il souffre actuellement. Ses douleurs remontent à quatre jours il était d'ailleurs atteint de malaise depuis plus d'une semaine il avait même éprouvé une sorte d'angine qu'on reconnaît à son récit pour une esquinancie l'amygdale gauche reste légèrement tuméfiée. Voici les symptômes qu'il présentait le lendemain de son arrivée, à la visite. Les articulations des membres inférieurs et supérieurs sont très-douloureuses le moindre mouvement arrache des cris au malade les jointures sont gonflées et la peau qui les recouvre est tendue, luisante, chaude. Face rouge, couverte de sueurs, fièvre vive. Pouls. 110 temp..39° 5. Le malade accuse une douleur assez vive dans la région précordiale notre attention étant attirée de ce côté, nous constatons par l'ausculta-tion l'existence d'un bruit de râpe diffus, masquant les bruits normaux du coeur. En percutant, on s'aperçoit que la matité précordiale est de @B centimètres en@travers et de haut en bas. Les battements du coeur sont à peine appréciables pour la main appliquée sur la région où siège cette matité. - En présence de ces symptômes, le chef de service n'hé-site pas à porter le diagnostic de rhumatisme articulaire aigu, avec péricardite et peut-être endocardite. Il institue le traitement suivant sulfate de quinine 0 gr. 60 eri trois paquets boissons légèrement dia-
################# péricardiques constatés à la fin @de février existent encore@, mais il est facile de reconnaître qu'un nouvel épanchement s'est fait dans le péricarde. 28 mars. Cette poussée de péricardite a pris fin le malade est dans un état d'anémie profonde. Il ne ressent aucune douleur dans les jointures Un léger souffle persiste à la pointe et au premier temps. 31 mars. Le malade a beaucoup toussé. L'auscultation de la poitrine permet de reconnaître quelques râles de bronchite pas de crachats san-guinolents. Le 9. Le malade sort de l'hôpital. L'anémie est grande encore Il éprouve très-vite de l'essoufflement, et l'on entend du frottement pleu-ral à gauche. OBS. III. -@Rhumatisme articulaire aigu. Péricardite et peut-être endocardite. Pleurésie gauche. Auguste Lefranc@@ âgé de 30 ans, d'un tempérament lymphatique, d'une constitution peu vigoureuse, châtain, ayant la peau fine, mince, pâle, est admis à l'hôpital Necker, salle St-Ferdinand, le 22 mars 1873. Sa profession de cocher l'expose à toutes les vicissitudes atmosphéri-ques, et c'est à cette circonstance qu'il attribue le rhumatisme articu-laire aigu dont il souffre actuellement. Ses douleurs remontent à quatre jours il était d'ailleurs atteint de malaise depuis plus d'une semaine il avait même éprouvé une sorte d'angine qu'on reconnaît à son récit pour une esquinancie l'amygdale gauche reste légèrement tuméfiée. Voici les symptômes qu'il présentait le lendemain de son arrivée, à la visite. Les articulations des membres inférieurs et supérieurs sont très-douloureuses le moindre mouvement arrache des cris au malade les jointures sont gonflées et la peau qui les recouvre est tendue. luisante, chaude. Face rouge, couverte de sueurs, fièvre vive. Pouls, 110 temp. 39° 5. Le malade accuse une douleur assez vive dans la région précordiale notre attention étant attirée de ce côté, nous constatons par l'ausculta-tion l'existence d'un bruit de râpe diffus, masquant les bruits normaux du coeur. En percutant, on s'aperçoit que la matité précordiale est de 15 centimètres en travers et de haut en bas. Les battements du coeur sont à peine appréciables pour la main appliquée sur la région où siége cette matité. -@En présence de ces symptômes, le chef de service n'hé-site pas à porter le diagnostic de rhumatisme articulaire aigu, avec péricardite et peut-être endocardite. Il institue le traitement suivant sulfate de quinine 0 gr. 60 e@n trois paquets boissons légèrement dia-
-¡C ,-frottements péricardiques constatés à la fin @de février existent encore@, mais il est facile de reconnaître qu'un nouvel épanchement s'est fait dans le péricarde. 28 mars. Cette poussée de péricardite a pris fin le malade est dans un état d'anémie profonde. Il ne ressent aucune douleur dans les jointures Un léger souffle persiste à la pointe et au premier temps. 31 mars. Le malade a beaucoup toussé. L'auscultation de la poitrine permet de reconnaître quelques râles de bronchite pas de crachats san-guinolents. Le 9. Le malade sort de l'hôpital. L'anémie est grande encore Il éprouve très-vite de l'essoufflement, et l'on entend du frottement pleu-ral à gauche. OBS. III. -@Rhumatisme articulaire aigu. Péricardite et peut-être endocardite. Pleurésie gauche. Auguste Lefranc@@ âgé de 30 ans, d'un tempérament lymphatique, d'une constitution peu vigoureuse, châtain, ayant la peau fine, mince, pâle, est admis à l'hôpital Necker, salle St-Ferdinand, le 22 mars 1873. Sa profession de cocher l'expose à toutes les vicissitudes atmosphéri-ques, et c'est à cette circonstance qu'il attribue le rhumatisme articu-laire aigu dont il souffre actuellement. Ses douleurs remontent à quatre jours il était d'ailleurs atteint de malaise depuis plus d'une semaine il avait même éprouvé une sorte d'angine qu'on reconnaît à son récit pour une esquinancie l'amygdale gauche reste légèrement tuméfiée. Voici les symptômes qu'il présentait le lendemain de son arrivée, à la visite. Les articulations des membres inférieurs et supérieurs sont très-douloureuses le moindre mouvement arrache des cris au malade les jointures sont gonflées et la peau qui les recouvre est tendue. luisante, chaude. Face rouge, couverte de sueurs, fièvre vive. Pouls, 110 temp. 39° 5. Le malade accuse une douleur assez vive dans la région précordiale notre attention étant attirée de ce côté, nous constatons par l'ausculta-tion l'existence d'un bruit de râpe diffus, masquant les bruits normaux du coeur. En percutant, on s'aperçoit que la matité précordiale est de 15 centimètres en travers et de haut en bas. Les battements du coeur sont à peine appréciables pour la main appliquée sur la région où siége cette matité. -@En présence de ces symptômes, le chef de service n'hé-site pas à porter le diagnostic de rhumatisme articulaire aigu, avec péricardite et peut-être endocardite. Il institue le traitement suivant sulfate de quinine 0 gr. 60 e@n trois paquets boissons légèrement dia-
-¡C ,-frottements péricardiques constatés à la fin de février existent encore, mais il est facile de reconnaître qu'un nouvel épanchement s'est fait dans le péricarde. 28 mars. Cette poussée de péricardite a pris fin le malade est dans un état d'anémie profonde. Il ne ressent aucune douleur dans les jointures Un léger souffle persiste à la pointe et au premier temps. 31 mars. Le malade a beaucoup toussé. L'auscultation de la poitrine permet de reconnaître quelques râles de bronchite pas de crachats san-guinolents. Le 9. Le malade sort de l'hôpital. L'anémie est grande encore Il éprouve très-vite de l'essoufflement, et l'on entend du frottement pleu-ral à gauche. OBS. III. -Rhumatisme articulaire aigu. Péricardite et peut-être endocardite. Pleurésie gauche. Auguste Lefranc âgé de 30 ans, d'un tempérament lymphatique, d'une constitution peu vigoureuse, châtain, ayant la peau fine, mince, pâle, est admis à l'hôpital Necker, salle St-Ferdinand, le 22 mars 1873. Sa profession de cocher l'expose à toutes les vicissitudes atmosphéri-ques, et c'est à cette circonstance qu'il attribue le rhumatisme articu-laire aigu dont il souffre actuellement. Ses douleurs remontent à quatre jours il était d'ailleurs atteint de malaise depuis plus d'une semaine il avait même éprouvé une sorte d'angine qu'on reconnaît à son récit pour une esquinancie l'amygdale gauche reste légèrement tuméfiée. Voici les symptômes qu'il présentait le lendemain de son arrivée, à la visite. Les articulations des membres inférieurs et supérieurs sont très-douloureuses le moindre mouvement arrache des cris au malade les jointures sont gonflées et la peau qui les recouvre est tendue. luisante, chaude. Face rouge, couverte de sueurs, fièvre vive. Pouls, 110 temp. 39° 5. Le malade accuse une douleur assez vive dans la région précordiale notre attention étant attirée de ce côté, nous constatons par l'ausculta-tion l'existence d'un bruit de râpe diffus, masquant les bruits normaux du coeur. En percutant, on s'aperçoit que la matité précordiale est de 15 centimètres en travers et de haut en bas. Les battements du coeur sont à peine appréciables pour la main appliquée sur la région où siége cette matité. -En présence de ces symptômes, le chef de service n'hé-site pas à porter le diagnostic de rhumatisme articulaire aigu, avec péricardite et peut-être endocardite. Il institue le traitement suivant sulfate de quinine 0 gr. 60 en trois paquets boissons légèrement dia-
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-!33 -1 Ce malade est manifestement anémique teint pâle, muqueuses déco-lorées antécédents de rhumatisme dans sa famille. Lui-même a éprouvé dans le passé deux attaques de rhumatisme articulaire aigu. A son entrée à l'hôpital, il déclare que depuis 11 jours, il a vu les join-tures de ses membres inférieurs devenir douloureuses et se gonfler sa respiralion paraît très-gênée. 28 Janvier. L'oppression, la douleur respiratoire paraissent moins con-sidérables. On s'aperçoit en mème temps qu'un double épanchement pleural s'est très-rapidement formé. La matité, l'absence de murmure vésiculaire très-sensibles des deux côtés sont cependant plus manifestes à droite. On entend dans la fosse sous-épineuse de ce côté du souffle et de la bronchophonie. Pouls, -108 temp., 38, 7. Le 29. L'examen du coeur révèle un souffle présystolique irrégularité des bruits cardiaques. Soir. Les épanchements pleuraux persistent ils ont même augmenté et l'opression est grande. Pouls, HO temp., 38, 8. Le 30. Mieux sensible les éranchements pleuraux ont diminué. Il reste encore de la matité et du souffle pleurétique, mais la respiration est plus facile aucune douleur de côté. Les bruits du coeur sont plus réguliers on remarque des crachats striés de sang. Le malade urine bien il a eu deux selles en diarrhée. isr Février. L'épanchcment gauche est réduit à peu de chose à droite la respiration est encore assez soufflante oppression modérée. Les bruits du coeur redeviennent assez irréguliers et sourds la matité pré-cordiale est plus étendue que dans l'état physiologique. 2 pilules de poudre de digitale de 0 gr. 10. Pouls, 98, temp. 38° 6. Le 2. A droite comme à gauche l'épanchement pleural est à peu près disparu. On entend des râles de bronchite dans les deux poumons. Le 18. Après la disparition de la bronchite, le malade respire sans dif-ficulté mais à la date du 18 février les douleurs articulaires repa-raissent sans être aussi intenses qu'au. Jébu L t u. débu L. Le 28. Douleurs articulaires peu vives. En auscultant le coeur, on constate des frottements péricardiques à la base. L'étendue de la matité précordiale est très-réduite. 10r mars. Epanchement pleural gauche égophonie très-marquée. Beaucoup d'oppression on applique un vésicatoire en arrière et à gau-che. Pouls 96, temp. 38° 5. Le 4. L'épanchement a diminué encore un peu d'égophonie. Respira-tion plus facile. Le 7. Douleurs dans le poignet droit. Le 10. Douleurs dans les genoux. Soir Un peu de fièvre quelques frissons, douleurs plus vives. Les
-!33 -1 Ce malade est manifestement anémique teint pâle, muqueuses déco-lorées antécédents de rhumatisme dans sa famille. Lui-même a éprouvé dans le passé deux attaques de rhumatisme articulaire aigu. A son entrée à l'hôpital, il déclare que depuis 11 jours, il a vu les join-tures de ses membres inférieurs devenir douloureuses et se gonfler sa respiralion paraît très-gênée. 28 Janvier. L'oppression, la douleur respiratoire paraissent moins con-sidérables. On s'aperçoit en mème temps qu'un double épanchement pleural s'est très-rapidement formé. La matité, l'absence de murmure vésiculaire très-sensibles des deux côtés sont cependant plus manifestes à droite. On entend dans la fosse sous-épineuse de ce côté du souffle et de la bronchophonie. Pouls, -108 temp., 38, 7. Le 29. L'examen du coeur révèle un souffle présystolique irrégularité des bruits cardiaques. Soir. Les épanchements pleuraux persistent ils ont même augmenté et l'opression est grande. Pouls, @HO temp., 38, 8. Le 30. Mieux sensible les éranchements pleuraux ont diminué. Il reste encore de la matité et du souffle pleurétique, mais la respiration est plus facile aucune douleur de côté. Les bruits du coeur sont plus réguliers on remarque des crachats striés de sang. Le malade urine bien il a eu deux selles en diarrhée. isr Février. L'épanchcment gauche est réduit à peu de chose à droite la respiration est encore assez soufflante oppression modérée. Les bruits du coeur redeviennent assez irréguliers et sourds la matité pré-cordiale est plus étendue que dans l'état physiologique. 2 pilules de poudre de digitale de 0 gr. 10. Pouls, 98, temp. 38° 6. Le 2. A droite comme à gauche l'épanchement pleural est à peu près disparu. On entend des râles de bronchite dans les deux poumons. Le 18. Après la disparition de la bronchite, le malade respire sans dif-ficulté mais à la date du 18 février les douleurs articulaires repa-raissent sans être aussi intenses qu'au. Jébu L t u. débu L. Le 28. Douleurs articulaires peu vives. En auscultant le coeur, on constate des frottements péricardiques à la base. L'étendue de la matité précordiale est très-réduite. 10r mars. Epanchement pleural gauche égophonie très-marquée. Beaucoup d'oppression on applique un vésicatoire en arrière et à gau-che. Pouls 96, temp. 38° 5. Le 4. L'épanchement a diminué encore un peu d'égophonie. Respira-tion plus facile. Le 7. Douleurs dans le poignet droit. Le 10. Douleurs dans les genoux. Soir Un peu de fièvre quelques frissons, douleurs plus vives. Les
#### -@@Ce malade est manifestement anémique teint pâle, muqueuses déco-lorées antécédents de rhumatisme dans sa famille. Lui-même a éprouvé dans le passé deux attaques de rhumatisme articulaire aigu. A son entrée à l'hôpital, il déclare que depuis 12 jours, il a vu les join-tures de ses membres inférieurs devenir douloureuses et se gonfler sa respiration paraît très-gênée. 28 Janvier. L'oppression, la douleur respiratoire paraissent moins con-sidérables. On s'aperçoit en même temps qu'un double épanchement pleural s'est très-rapidement formé. La matité, l'absence de murmure vésiculaire très-sensibles des deux côtés sont cependant plus manifestes à droite. On entend dans la fosse sous-épineuse de ce côté du souffle et de la bronchophonie. Pouls, @108 temp., 38, 7. Le 29. L'examen du coeur révèle un souffle présystolique irrégularité des bruits cardiaques. Soir. Les épanchements pleuraux persistent ils ont même augmenté et l'opression est grande. Pouls, 110 temp., 38, 8. Le 30. Mieux sensible les éranchements pleuraux ont diminué. Il reste encore de la matité et du souffle pleurétique, mais la respiration est plus facile aucune douleur de côté. Les bruits du coeur sont plus réguliers on remarque des crachats striés de sang. Le malade urine bien il a eu deux selles en diarrhée. 1er Février. L'épanchement gauche est réduit à peu de chose à droite la respiration est encore assez soufflante oppression modérée. Les bruits du coeur redeviennent assez irréguliers et sourds la matité pré-cordiale est plus étendue que dans l'état physiologique. 2 pilules de poudre de digitale de 0 gr. 10. Pouls, 98. temp. 38° 6. Le 2. A droite comme à gauche l'épanchement pleural est à peu près disparu. On entend des râles de bronchite dans les deux poumons. Le 18. Après la disparition de la bronchite, le malade respire sans dif-ficulté mais à la date du 18 février les douleurs articulaires repa-raissent sans être aussi intenses ########################## Le 28. Douleurs articulaires peu vives. En auscultant le coeur, on constate des frottements péricardiques à la base. L'étendue de la matité précordiale est très-réduite. 1er mars. Epanchement pleural gauche égophonie très-marquée. Beaucoup d'oppression on applique un vésicatoire en arrière et à gau-che. Pouls 96, temp. 38° 5. Le 4. L'épanchement a diminué encore un peu d'égophonie. Respira-tion plus facile. Le 7. Douleurs dans le poignet droit. Le 10. Douleurs dans les genoux. Soir Un peu de fièvre quelques frissons, douleurs plus vives. Les
-!33 -@@Ce malade est manifestement anémique teint pâle, muqueuses déco-lorées antécédents de rhumatisme dans sa famille. Lui-même a éprouvé dans le passé deux attaques de rhumatisme articulaire aigu. A son entrée à l'hôpital, il déclare que depuis 12 jours, il a vu les join-tures de ses membres inférieurs devenir douloureuses et se gonfler sa respiration paraît très-gênée. 28 Janvier. L'oppression, la douleur respiratoire paraissent moins con-sidérables. On s'aperçoit en même temps qu'un double épanchement pleural s'est très-rapidement formé. La matité, l'absence de murmure vésiculaire très-sensibles des deux côtés sont cependant plus manifestes à droite. On entend dans la fosse sous-épineuse de ce côté du souffle et de la bronchophonie. Pouls, @108 temp., 38, 7. Le 29. L'examen du coeur révèle un souffle présystolique irrégularité des bruits cardiaques. Soir. Les épanchements pleuraux persistent ils ont même augmenté et l'opression est grande. Pouls, 110 temp., 38, 8. Le 30. Mieux sensible les éranchements pleuraux ont diminué. Il reste encore de la matité et du souffle pleurétique, mais la respiration est plus facile aucune douleur de côté. Les bruits du coeur sont plus réguliers on remarque des crachats striés de sang. Le malade urine bien il a eu deux selles en diarrhée. 1er Février. L'épanchement gauche est réduit à peu de chose à droite la respiration est encore assez soufflante oppression modérée. Les bruits du coeur redeviennent assez irréguliers et sourds la matité pré-cordiale est plus étendue que dans l'état physiologique. 2 pilules de poudre de digitale de 0 gr. 10. Pouls, 98. temp. 38° 6. Le 2. A droite comme à gauche l'épanchement pleural est à peu près disparu. On entend des râles de bronchite dans les deux poumons. Le 18. Après la disparition de la bronchite, le malade respire sans dif-ficulté mais à la date du 18 février les douleurs articulaires repa-raissent sans être aussi intenses qu'au. Jébu L t u. débu L. Le 28. Douleurs articulaires peu vives. En auscultant le coeur, on constate des frottements péricardiques à la base. L'étendue de la matité précordiale est très-réduite. 1er mars. Epanchement pleural gauche égophonie très-marquée. Beaucoup d'oppression on applique un vésicatoire en arrière et à gau-che. Pouls 96, temp. 38° 5. Le 4. L'épanchement a diminué encore un peu d'égophonie. Respira-tion plus facile. Le 7. Douleurs dans le poignet droit. Le 10. Douleurs dans les genoux. Soir Un peu de fièvre quelques frissons, douleurs plus vives. Les
-!33 -Ce malade est manifestement anémique teint pâle, muqueuses déco-lorées antécédents de rhumatisme dans sa famille. Lui-même a éprouvé dans le passé deux attaques de rhumatisme articulaire aigu. A son entrée à l'hôpital, il déclare que depuis 12 jours, il a vu les join-tures de ses membres inférieurs devenir douloureuses et se gonfler sa respiration paraît très-gênée. 28 Janvier. L'oppression, la douleur respiratoire paraissent moins con-sidérables. On s'aperçoit en même temps qu'un double épanchement pleural s'est très-rapidement formé. La matité, l'absence de murmure vésiculaire très-sensibles des deux côtés sont cependant plus manifestes à droite. On entend dans la fosse sous-épineuse de ce côté du souffle et de la bronchophonie. Pouls, 108 temp., 38, 7. Le 29. L'examen du coeur révèle un souffle présystolique irrégularité des bruits cardiaques. Soir. Les épanchements pleuraux persistent ils ont même augmenté et l'opression est grande. Pouls, 110 temp., 38, 8. Le 30. Mieux sensible les éranchements pleuraux ont diminué. Il reste encore de la matité et du souffle pleurétique, mais la respiration est plus facile aucune douleur de côté. Les bruits du coeur sont plus réguliers on remarque des crachats striés de sang. Le malade urine bien il a eu deux selles en diarrhée. 1er Février. L'épanchement gauche est réduit à peu de chose à droite la respiration est encore assez soufflante oppression modérée. Les bruits du coeur redeviennent assez irréguliers et sourds la matité pré-cordiale est plus étendue que dans l'état physiologique. 2 pilules de poudre de digitale de 0 gr. 10. Pouls, 98. temp. 38° 6. Le 2. A droite comme à gauche l'épanchement pleural est à peu près disparu. On entend des râles de bronchite dans les deux poumons. Le 18. Après la disparition de la bronchite, le malade respire sans dif-ficulté mais à la date du 18 février les douleurs articulaires repa-raissent sans être aussi intenses qu'au. Jébu L t u. débu L. Le 28. Douleurs articulaires peu vives. En auscultant le coeur, on constate des frottements péricardiques à la base. L'étendue de la matité précordiale est très-réduite. 1er mars. Epanchement pleural gauche égophonie très-marquée. Beaucoup d'oppression on applique un vésicatoire en arrière et à gau-che. Pouls 96, temp. 38° 5. Le 4. L'épanchement a diminué encore un peu d'égophonie. Respira-tion plus facile. Le 7. Douleurs dans le poignet droit. Le 10. Douleurs dans les genoux. Soir Un peu de fièvre quelques frissons, douleurs plus vives. Les
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ET TIÈGES OFFICIELLES. 451 tution est faite , la nation s'ensevelirait sous ses ruines , s'il était quelque puissance capable de renverser cette constitu-tion qu'elle veut maintenir. Vous-même, Sire, en acceptant cette constitution, vous avez lié votre sort au sien , d'une telle manière, que votre bonheur nepeut plus résulter que de sa parfaite observation l'attaquer, c'est ébranlervotre trône, offenser votre personne c'estsuppo-ser que vous avez pu jurer contre votre conscience, ou vouloir vous arracher à vos propres sermens, pour vous livrer con-tre le voeu de l'empire au soutien d'un parti qui n'est propre qu'à le troubler, et dont les desseins ambitieux ne sauraient avoir d'exécution que par les ravages et la mort. Nous dirons également la vérité à nos concitoyens, en leur protestant de la sagesse des discours de Votre Majesté, de sa manifestation soutenue des sentimens les plus purs et les plus constitutionnels. Nous la dirons à nous-mêmes en nous répétant qu'il importe peu àj'homme de bien d'occuper tel ou tel poste , pourvu qu'il y soit fidèle à son devoir et qu'il le remplisse jusqu'à la mort. Le ministre de l'intérieur, SlgnéRoLAND. A M. Roland, par un de ses collègues. 26 mai 1792, l'an IV de la liberté. J'aide nouveau médité, mon cher collègue, sur la lettre que vous vous proposez d'écrire au roi. Plus j'y réfléchis, moins je trouve de motifs suffisans en faveur de cette démar-che. Le ministère n'échapperait pas au reproche de s'être ligué avec les dénonciateurs de M. Montmorin. Ce reproche, me direz-vous , serait sans fondement mais , à quoi bon y donner lieu? Pourquoi aigrir le roi contre nous dès que nous n'avons accepté nos places que pour faire aller la chose pu-blique , dès que nous sommes moralement certains que jus-
ET TIÈGES OFFICIELLES. 451 tution est faite , la nation s'ensevelirait sous ses ruines , s'il était quelque puissance capable de renverser cette constitu-tion qu'elle veut maintenir. Vous-même, Sire, en acceptant cette constitution, vous avez lié votre sort au sien , d'une telle manière, que votre bonheur nepeut plus résulter que de sa parfaite observation l'attaquer, c'est ébranler@votre trône, offenser votre personne c'est@suppo-ser que vous avez pu jurer contre votre conscience, ou vouloir vous arracher à vos propres sermens, pour vous livrer con-tre le voeu de l'empire au soutien d'un parti qui n'est propre qu'à le troubler, et dont les desseins ambitieux ne sauraient avoir d'exécution que par les ravages et la mort. Nous dirons également la vérité à nos concitoyens, en leur protestant de la sagesse des discours de Votre Majesté, de sa manifestation soutenue des sentimens les plus purs et les plus constitutionnels. Nous la dirons à nous-mêmes en nous répétant qu'il importe peu à@j'homme de bien d'occuper tel ou tel poste , pourvu qu'il y soit fidèle à son devoir et qu'il le remplisse jusqu'à la mort. Le ministre de l'intérieur, Slgné@RoLAND. A M. Roland, par un de ses collègues. 26 mai 1792, l'an IV de la liberté. J'ai@de nouveau médité, mon cher collègue, sur la lettre que vous vous proposez d'écrire au roi. Plus j'y réfléchis, moins je trouve de motifs suffisans en faveur de cette démar-che. Le ministère n'échapperait pas au reproche de s'être ligué avec les dénonciateurs de M. Montmorin. Ce reproche, me direz-vous , serait sans fondement mais , à quoi bon y donner lieu? Pourquoi aigrir le roi contre nous dès que nous n'avons accepté nos places que pour faire aller la chose pu-blique , dès que nous sommes moralement certains que jus-
ET PIÈCES OFFICIELLES. 431 tution est faite@, la nation s'ensevelirait sous ses ruines@, s'il était quelque puissance capable de renverser cette constitu-tion qu'elle veut maintenir. Vous-même, Sire, en acceptant cette constitution, vous avez lié votre sort au s@ein, d'une telle manière, que votre bonheur nepeut plus résulter que de sa parfaite observation l'attaquer, c'est ébranler votre trône, offenser votre personne c'est suppo-ser que vous avez pu jurer contre votre conscience, ou vouloir vous arracher à vos propres sermens, pour vous livrer con-tre le voeu de l'empire au soutien d'un parti qui n'est propre qu'à le troubler, et dont les desseins ambitieux ne sauraient avoir d'exécution que par les ravages et la mort. Nous dirons également la vérité à nos concitoyens, en leur protestant de la sagesse des discours de Votre Majesté, de sa manifestation soutenue des sentimens les plus purs et les plus constitutionnels. Nous la dirons à nous-mêmes en nous répétant qu'il importe peu à l'homme de bien d'occuper tel ou tel poste , pourvu qu'il y soit fidèle à son devoir et qu'il le remplisse jusqu'à la mort. Le ministre de l'intérieur, Signé ROLAND. A@M. Roland, par un de ses collègues. 26 mai 1792, l'an IV de la liberté. J'ai de nouveau médité, mon cher collègue, sur la lettre que vous vous proposez d'écrire au roi. Plus j'y réfléchis, moins je trouve de motifs suffisans en faveur de cette démar-che. Le ministère n'échapperait pas au reproche de s'être ligué avec les dénonciateurs de M. Montmorin. Ce reproche, me direz-vous@, serait sans fondement mais , à quoi bon y donner lieu? Pourquoi aigrir le roi contre nous dès que nous n'avons accepté nos places que pour faire aller la chose pu-blique@, dès que nous sommes moralement certains que jus-
ET PIÈCES OFFICIELLES. 431 tution est faite@, la nation s'ensevelirait sous ses ruines@, s'il était quelque puissance capable de renverser cette constitu-tion qu'elle veut maintenir. Vous-même, Sire, en acceptant cette constitution, vous avez lié votre sort au s@ein, d'une telle manière, que votre bonheur nepeut plus résulter que de sa parfaite observation l'attaquer, c'est ébranler votre trône, offenser votre personne c'est suppo-ser que vous avez pu jurer contre votre conscience, ou vouloir vous arracher à vos propres sermens, pour vous livrer con-tre le voeu de l'empire au soutien d'un parti qui n'est propre qu'à le troubler, et dont les desseins ambitieux ne sauraient avoir d'exécution que par les ravages et la mort. Nous dirons également la vérité à nos concitoyens, en leur protestant de la sagesse des discours de Votre Majesté, de sa manifestation soutenue des sentimens les plus purs et les plus constitutionnels. Nous la dirons à nous-mêmes en nous répétant qu'il importe peu à l'homme de bien d'occuper tel ou tel poste , pourvu qu'il y soit fidèle à son devoir et qu'il le remplisse jusqu'à la mort. Le ministre de l'intérieur, Signé ROLAND. A@M. Roland, par un de ses collègues. 26 mai 1792, l'an IV de la liberté. J'ai de nouveau médité, mon cher collègue, sur la lettre que vous vous proposez d'écrire au roi. Plus j'y réfléchis, moins je trouve de motifs suffisans en faveur de cette démar-che. Le ministère n'échapperait pas au reproche de s'être ligué avec les dénonciateurs de M. Montmorin. Ce reproche, me direz-vous@, serait sans fondement mais , à quoi bon y donner lieu? Pourquoi aigrir le roi contre nous dès que nous n'avons accepté nos places que pour faire aller la chose pu-blique@, dès que nous sommes moralement certains que jus-
ET PIÈCES OFFICIELLES. 431 tution est faite, la nation s'ensevelirait sous ses ruines, s'il était quelque puissance capable de renverser cette constitu-tion qu'elle veut maintenir. Vous-même, Sire, en acceptant cette constitution, vous avez lié votre sort au sein, d'une telle manière, que votre bonheur nepeut plus résulter que de sa parfaite observation l'attaquer, c'est ébranler votre trône, offenser votre personne c'est suppo-ser que vous avez pu jurer contre votre conscience, ou vouloir vous arracher à vos propres sermens, pour vous livrer con-tre le voeu de l'empire au soutien d'un parti qui n'est propre qu'à le troubler, et dont les desseins ambitieux ne sauraient avoir d'exécution que par les ravages et la mort. Nous dirons également la vérité à nos concitoyens, en leur protestant de la sagesse des discours de Votre Majesté, de sa manifestation soutenue des sentimens les plus purs et les plus constitutionnels. Nous la dirons à nous-mêmes en nous répétant qu'il importe peu à l'homme de bien d'occuper tel ou tel poste , pourvu qu'il y soit fidèle à son devoir et qu'il le remplisse jusqu'à la mort. Le ministre de l'intérieur, Signé ROLAND. AM. Roland, par un de ses collègues. 26 mai 1792, l'an IV de la liberté. J'ai de nouveau médité, mon cher collègue, sur la lettre que vous vous proposez d'écrire au roi. Plus j'y réfléchis, moins je trouve de motifs suffisans en faveur de cette démar-che. Le ministère n'échapperait pas au reproche de s'être ligué avec les dénonciateurs de M. Montmorin. Ce reproche, me direz-vous, serait sans fondement mais , à quoi bon y donner lieu? Pourquoi aigrir le roi contre nous dès que nous n'avons accepté nos places que pour faire aller la chose pu-blique, dès que nous sommes moralement certains que jus-
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ET PIÈCES OFFICIELLES. 415 On a demandé l'impression du discours du maire, du procès-verbal de la municipalité et de la réponse du pré-sident. M. Barnave a dit que la réponse de M. le président étant l'expression fidèle des sentimens de l'Assemblée na-tionale dans un temps où les représentans de la nation devaient reconnaître la pénible nécessité de déployer la rigueur des lois pour les faire triompher des manoeuvres des factieux, il avait à lui proposer des vues relatives aux cir-constances, en attendant que l'Assemblée pêtt se livrer à la consolation de donner des témoignages de la gratitude nationale aux citoyens généreux qui s'étaient dévoués au maintien du bon ordre et qu'en conséquence il lui soumet-tait le projet de décret suivant L'Assemblée nationale ordonne l'impression du procès-verbal de la municipalité de Paris, qui a été lu à la barre par le maire décrète que le discours adressé par son prési-dent à la municipalité, et qui renferme l'expression de ses sentimens, sera pareillement imprimé et affiché dans toutes les rues de la capitale ordonne aux accusateurs publics auprès des tribunaux de Paris , de poursuivre avec la plus grande promptitude, la punition des auteurs des délits et des chefs des émeutes qui ont eu lieu dans la journée d'hier. Ce pro-jet a été décrété unanimement. M. André a proposé, et l'Assemblée a décrété que le co-mité des rapports et celui des recherches se réuniraient pour pouvoir suffire aux travaux que les circonstances nécessitent pour la tranquillité publique. MM. Treilhard et le Grand ont observé qu'il résultait du procès-verbal de. la municipalité, que M. Lafayette avait été couché en joue au Champ de la Fédération, et que l'as-sassin lui ayant été amené par la garde nationale , le gé-néral avait demandé qu'on lui donnât la liberté. JNous admirons, ont-ils dit, la générosité de M. Lafayette, nous nous honorerions sans doute de l'avoir exercée mais il faut
ET PIÈCES OFFICIELLES. 415 On a demandé l'impression du discours du maire, du procès-verbal de la municipalité et de la réponse du pré-sident. M. Barnave a dit que la réponse de M. le président étant l'expression fidèle des sentimens de l'Assemblée na-tionale dans un temps où les représentans de la nation devaient reconnaître la pénible nécessité de déployer la rigueur des lois pour les faire triompher des manoeuvres des factieux, il avait à lui proposer des vues relatives aux cir-constances, en attendant que l'Assemblée pêtt se livrer à la consolation de donner des témoignages de la gratitude nationale aux citoyens généreux qui s'étaient dévoués au maintien du bon ordre et qu'en conséquence il lui soumet-tait le projet de décret suivant L'Assemblée nationale ordonne l'impression du procès-verbal de la municipalité de Paris, qui a été lu à la barre par le maire décrète que le discours adressé par son prési-dent à la municipalité, et qui renferme l'expression de ses sentimens, sera pareillement imprimé et affiché dans toutes les rues de la capitale ordonne aux accusateurs publics auprès des tribunaux de Paris , de poursuivre avec la plus grande promptitude, la punition des auteurs des délits et des chefs des émeutes qui ont eu lieu dans la journée d'hier. Ce pro-jet a été décrété unanimement. M. André a proposé, et l'Assemblée a décrété que le co-mité des rapports et celui des recherches se réuniraient pour pouvoir suffire aux travaux que les circonstances nécessitent pour la tranquillité publique. MM. Treilhard et le Grand ont observé qu'il résultait du procès-verbal de. la municipalité, que M. Lafayette avait été couché en joue au Champ de la Fédération, et que l'as-sassin lui ayant été amené par la garde nationale , le gé-néral avait demandé qu'on lui donnât la liberté. JNous admirons, ont-ils dit, la générosité de M. Lafayette, nous nous honorerions sans doute de l'avoir exercée mais il faut
ET PIÈCES OFFICIELLES. 413 On a demandé l'impression du discours du maire, du procès-verbal de la municipalité et de la réponse du pré-sident. M. Barnave a dit que la réponse de M. le président étant l'expression fidèle des sentimens de l'Assemblée na-tionale dans un temps où les représentans de la nation devaient reconnaître la pénible nécessité de déployer la rigueur des lois pour les faire triompher des manoeuvres des factieux, il avait à lui proposer des vues relatives aux cir-constances, en attendant que l'Assemblée p@ût se livrer à la consolation de donner des témoignages de la gratitude nationale aux citoyens généreux qui s'étaient dévoués au maintien du bon ordre et qu'en conséquence il lui soumet-tait le projet de décret suivant L'Assemblée nationale ordonne l'impression du procès-verbal de la municipalité de Paris, qui a été lu à la barre par le maire décrète que le discours adressé par son prési-dent à la municipalité, et qui renferme l'expression de ses sentimens, sera pareillement imprimé et affiché dans toutes les rues de la capitale ordonne aux accusateurs publics auprès des tribunaux de Paris@, de poursuivre avec la plus grande promptitude, la punition des auteurs des délits et des chefs des émeutes qui ont eu lieu dans la journée d'hier. Ce pro-jet a été décrété unanimement. M. André a proposé, et l'Assemblée a décrété que le co-mité des rapports et celui des recherches se réuniraient pour pouvoir suffire aux travaux que les circonstances nécessitent pour la tranquillité publique. MM. Treilhard et le Grand ont observé qu'il résultait du procès-verbal de@ la municipalité, que M. Lafayette avait été couché en joue au Champ de la Fédération, et que l'as-sassin lui ayant été amené par la garde nationale@, le gé-néral avait demandé qu'on lui donnât la liberté. @Nous admirons, ont-ils dit, la générosité de M. Lafayette, nous nous honorerions sans doute de l'avoir exercée mais il faut
ET PIÈCES OFFICIELLES. 413 On a demandé l'impression du discours du maire, du procès-verbal de la municipalité et de la réponse du pré-sident. M. Barnave a dit que la réponse de M. le président étant l'expression fidèle des sentimens de l'Assemblée na-tionale dans un temps où les représentans de la nation devaient reconnaître la pénible nécessité de déployer la rigueur des lois pour les faire triompher des manoeuvres des factieux, il avait à lui proposer des vues relatives aux cir-constances, en attendant que l'Assemblée p@ût se livrer à la consolation de donner des témoignages de la gratitude nationale aux citoyens généreux qui s'étaient dévoués au maintien du bon ordre et qu'en conséquence il lui soumet-tait le projet de décret suivant L'Assemblée nationale ordonne l'impression du procès-verbal de la municipalité de Paris, qui a été lu à la barre par le maire décrète que le discours adressé par son prési-dent à la municipalité, et qui renferme l'expression de ses sentimens, sera pareillement imprimé et affiché dans toutes les rues de la capitale ordonne aux accusateurs publics auprès des tribunaux de Paris@, de poursuivre avec la plus grande promptitude, la punition des auteurs des délits et des chefs des émeutes qui ont eu lieu dans la journée d'hier. Ce pro-jet a été décrété unanimement. M. André a proposé, et l'Assemblée a décrété que le co-mité des rapports et celui des recherches se réuniraient pour pouvoir suffire aux travaux que les circonstances nécessitent pour la tranquillité publique. MM. Treilhard et le Grand ont observé qu'il résultait du procès-verbal de@ la municipalité, que M. Lafayette avait été couché en joue au Champ de la Fédération, et que l'as-sassin lui ayant été amené par la garde nationale@, le gé-néral avait demandé qu'on lui donnât la liberté. @Nous admirons, ont-ils dit, la générosité de M. Lafayette, nous nous honorerions sans doute de l'avoir exercée mais il faut
ET PIÈCES OFFICIELLES. 413 On a demandé l'impression du discours du maire, du procès-verbal de la municipalité et de la réponse du pré-sident. M. Barnave a dit que la réponse de M. le président étant l'expression fidèle des sentimens de l'Assemblée na-tionale dans un temps où les représentans de la nation devaient reconnaître la pénible nécessité de déployer la rigueur des lois pour les faire triompher des manoeuvres des factieux, il avait à lui proposer des vues relatives aux cir-constances, en attendant que l'Assemblée pût se livrer à la consolation de donner des témoignages de la gratitude nationale aux citoyens généreux qui s'étaient dévoués au maintien du bon ordre et qu'en conséquence il lui soumet-tait le projet de décret suivant L'Assemblée nationale ordonne l'impression du procès-verbal de la municipalité de Paris, qui a été lu à la barre par le maire décrète que le discours adressé par son prési-dent à la municipalité, et qui renferme l'expression de ses sentimens, sera pareillement imprimé et affiché dans toutes les rues de la capitale ordonne aux accusateurs publics auprès des tribunaux de Paris, de poursuivre avec la plus grande promptitude, la punition des auteurs des délits et des chefs des émeutes qui ont eu lieu dans la journée d'hier. Ce pro-jet a été décrété unanimement. M. André a proposé, et l'Assemblée a décrété que le co-mité des rapports et celui des recherches se réuniraient pour pouvoir suffire aux travaux que les circonstances nécessitent pour la tranquillité publique. MM. Treilhard et le Grand ont observé qu'il résultait du procès-verbal de la municipalité, que M. Lafayette avait été couché en joue au Champ de la Fédération, et que l'as-sassin lui ayant été amené par la garde nationale, le gé-néral avait demandé qu'on lui donnât la liberté. Nous admirons, ont-ils dit, la générosité de M. Lafayette, nous nous honorerions sans doute de l'avoir exercée mais il faut
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-3'J -Le 10. Epanchement pleural assez abondant a gauche ogophonie au dessous de l'épine de l'omoplate abolition du murmure vésiculaire et matité complète à la base du poumon du même côté. Lo 14. L'épanchement a beaucoup diminué sans aucun traitement. Le 16. Le liquide pleurétique est complétement resorbé et les dou-leurs articulaires n'ont pas reparu. Le malade entre en convalescence. OBS. VII. - Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie probablement sèche. Le nommé Dujardin, âgé de 25 ans, entré à l'hôpital Lariboisière. salle Saint-Vincent, le 21 mai 1875. Cet homme est rhumatisant dans le cours de l'année 1874, il avait déjà ressenti des douleurs rhumatismales. Depuis un mois ses forces ont diminué il a maigri et des sueurs abondantes sont survenues eu même temps de vives douleurs ont envahi plusieurs de ses articula-tions. Cependant il n'avait encore éprouvé aucun accès de fièvre, quand il y a huit jours, il fut pris de légers frissons souvent répétés un point de côté se fit sentir au côté. gauche, et sa respiration devint gênée. Au moment de son entrée à l'hôpital, on constate que le coeur ne présente aucun signe pathologique. Mais, en auscultant les organes thoraciques, on entend à gauche un frottement pleural très-prononce dans la moitié inférieure du thorax. Pouls, 90 temp., 38°, 2. Le 26. Le frottement pleural est toujours nettement entendu les douleurs articulaires persislenl, mais avec peu d'intensité. Pouls, 88 temp., 38. Le 28. Le malade respire assez bien, mais l'auscultation de la plèvre révèle toujours les mêmes bruits pathologiques. Le 29. Le malade, sans être complètement guéri, sort sur sa de-mande. OBS. VIII. - Rhumatisme articulaire aigu. Lésion mitrale. Pleurésie, ou peut-être hydrothorax. Le nommé Pécourt, âgé de 32 ans, entré à l'hôpital Lariboisière, salle Saint-Vincent, le 11 mars 1875. Ce malade, dont l'intelligence est assez développée, raconte avec des détails précis, qu'il y a 6 ans, il fut soigné dans le service de M. Axen-feld pour un rhumatisme articulaire aigu, suivi d'une pleurésie double de peu de durée. Depuis cette époque sa santé n'avait rien laissé à dé-sirer il éprouvait cependant de l'oppression avec lu plus grande facilité. A son entrée à l'hôpital, il se plaint de vives douleurs dans les arti-
-3'J -Le 10. Epanchement pleural assez abondant a gauche ogophonie au dessous de l'épine de l'omoplate abolition du murmure vésiculaire et matité complète à la base du poumon du même côté. Lo 14. L'épanchement a beaucoup diminué sans aucun traitement. Le 16. Le liquide pleurétique est complétement resorbé et les dou-leurs articulaires n'ont pas reparu. Le malade entre en convalescence. OBS. VII. - Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie probablement sèche. Le nommé Dujardin, âgé de 25 ans, entré à l'hôpital Lariboisière. salle Saint-Vincent, le 21 mai 1875. Cet homme est rhumatisant dans le cours de l'année 1874, il avait déjà ressenti des douleurs rhumatismales. Depuis un mois ses forces ont diminué il a maigri et des sueurs abondantes sont survenues eu même temps de vives douleurs ont envahi plusieurs de ses articula-tions. Cependant il n'avait encore éprouvé aucun accès de fièvre, quand il y a huit jours, il fut pris de légers frissons souvent répétés un point de côté se fit sentir au côté. gauche, et sa respiration devint gênée. Au moment de son entrée à l'hôpital, on constate que le coeur ne présente aucun signe pathologique. Mais, en auscultant les organes thoraciques, on entend à gauche un frottement pleural très-prononce dans la moitié inférieure du thorax. Pouls, 90 temp., 38°, 2. Le 26. Le frottement pleural est toujours nettement entendu les douleurs articulaires persislenl, mais avec peu d'intensité. Pouls, 88 temp., 38. Le 28. Le malade respire assez bien, mais l'auscultation de la plèvre révèle toujours les mêmes bruits pathologiques. Le 29. Le malade, sans être complètement guéri, sort sur sa de-mande. OBS. VIII. - Rhumatisme articulaire aigu. Lésion mitrale. Pleurésie, ou peut-être hydrothorax. Le nommé Pécourt, âgé de 32 ans, entré à l'hôpital Lariboisière, salle Saint-Vincent, le 11 mars 1875. Ce malade, dont l'intelligence est assez développée, raconte avec des détails précis, qu'il y a 6 ans, il fut soigné dans le service de M. Axen-feld pour un rhumatisme articulaire aigu, suivi d'une pleurésie double de peu de durée. Depuis cette époque sa santé n'avait rien laissé à dé-sirer il éprouvait cependant de l'oppression avec lu plus grande facilité. A son entrée à l'hôpital, il se plaint de vives douleurs dans les arti-
#### -Le 10. Epanchement pleural assez abondant à gauche égophonie au dessous de l'épine de l'omoplate abolition du murmure vésiculaire et matité complète à la base du poumon du même côté. Le 14. L'épanchement a beaucoup diminué sans aucun traitement. Le 16. Le liquide pleurétique est complétement resorbé et les dou-leurs articulaires n'ont pas reparu. Le malade entre en convalescence. OBS. VII. -@Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie probablement sèche. Le nommé Dujardin, âgé de 25 ans, entré à l'hôpital Lariboisière, salle Saint-Vincent, le 21 mai 1875. Cet homme est rhumatisant dans le cours de l'année 1874, il avait déjà ressenti des douleurs rhumatismales. Depuis un mois ses forces ont diminué il a maigri et des sueurs abondantes sont survenues en même temps de vives douleurs ont envahi plusieurs de ses articula-tions. Cependant il n'avait encore éprouvé aucun accès de fièvre, quand il y a huit jours, il fut pris de légers frissons souvent répétés un point de côté se fit sentir au côté@ gauche, et sa respiration devint gênée. Au moment de son entrée à l'hôpital, on constate que le coeur ne présente aucun signe pathologique. Mais, en auscultant les organes thoraciques, on entend à gauche un frottement pleural très-prononce dans la moitié inférieure du thorax. Pouls, 90 temp., 38°, 2. Le 26. Le frottement pleural est toujours nettement entendu les douleurs articulaires persistent, mais avec peu d'intensité. Pouls, 88 temp., 38. Le 28. Le malade respire assez bien, mais l'auscultation de la plèvre révèle toujours les mêmes bruits pathologiques. Le 29. Le malade, sans être complètement guéri, sort sur sa de-mande. OBS. VIII. -@Rhumatisme articulaire aigu. Lésion mitrale. Pleurésie, ou peut-être hydrothorax. Le nommé Pécourt, âgé de 32 ans, entré à l'hôpital Lariboisière, salle Saint-Vincent, le 11 mars 1875. Ce malade, dont l'intelligence est assez développée, raconte avec des détails précis, qu'il y a 6 ans, il fut soigné dans le service de M. Axen-feld pour un rhumatisme articulaire aigu, suivi d'une pleurésie double de peu de durée. Depuis cette époque sa santé n'avait rien laissé à dé-sirer il éprouvait cependant de l'oppression avec la plus grande facilité. A son entrée à l'hôpital, il se plaint de vives douleurs dans les arti-
-3'J -Le 10. Epanchement pleural assez abondant à gauche égophonie au dessous de l'épine de l'omoplate abolition du murmure vésiculaire et matité complète à la base du poumon du même côté. Le 14. L'épanchement a beaucoup diminué sans aucun traitement. Le 16. Le liquide pleurétique est complétement resorbé et les dou-leurs articulaires n'ont pas reparu. Le malade entre en convalescence. OBS. VII. -@Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie probablement sèche. Le nommé Dujardin, âgé de 25 ans, entré à l'hôpital Lariboisière, salle Saint-Vincent, le 21 mai 1875. Cet homme est rhumatisant dans le cours de l'année 1874, il avait déjà ressenti des douleurs rhumatismales. Depuis un mois ses forces ont diminué il a maigri et des sueurs abondantes sont survenues en même temps de vives douleurs ont envahi plusieurs de ses articula-tions. Cependant il n'avait encore éprouvé aucun accès de fièvre, quand il y a huit jours, il fut pris de légers frissons souvent répétés un point de côté se fit sentir au côté@ gauche, et sa respiration devint gênée. Au moment de son entrée à l'hôpital, on constate que le coeur ne présente aucun signe pathologique. Mais, en auscultant les organes thoraciques, on entend à gauche un frottement pleural très-prononce dans la moitié inférieure du thorax. Pouls, 90 temp., 38°, 2. Le 26. Le frottement pleural est toujours nettement entendu les douleurs articulaires persistent, mais avec peu d'intensité. Pouls, 88 temp., 38. Le 28. Le malade respire assez bien, mais l'auscultation de la plèvre révèle toujours les mêmes bruits pathologiques. Le 29. Le malade, sans être complètement guéri, sort sur sa de-mande. OBS. VIII. -@Rhumatisme articulaire aigu. Lésion mitrale. Pleurésie, ou peut-être hydrothorax. Le nommé Pécourt, âgé de 32 ans, entré à l'hôpital Lariboisière, salle Saint-Vincent, le 11 mars 1875. Ce malade, dont l'intelligence est assez développée, raconte avec des détails précis, qu'il y a 6 ans, il fut soigné dans le service de M. Axen-feld pour un rhumatisme articulaire aigu, suivi d'une pleurésie double de peu de durée. Depuis cette époque sa santé n'avait rien laissé à dé-sirer il éprouvait cependant de l'oppression avec la plus grande facilité. A son entrée à l'hôpital, il se plaint de vives douleurs dans les arti-
-3'J -Le 10. Epanchement pleural assez abondant à gauche égophonie au dessous de l'épine de l'omoplate abolition du murmure vésiculaire et matité complète à la base du poumon du même côté. Le 14. L'épanchement a beaucoup diminué sans aucun traitement. Le 16. Le liquide pleurétique est complétement resorbé et les dou-leurs articulaires n'ont pas reparu. Le malade entre en convalescence. OBS. VII. -Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie probablement sèche. Le nommé Dujardin, âgé de 25 ans, entré à l'hôpital Lariboisière, salle Saint-Vincent, le 21 mai 1875. Cet homme est rhumatisant dans le cours de l'année 1874, il avait déjà ressenti des douleurs rhumatismales. Depuis un mois ses forces ont diminué il a maigri et des sueurs abondantes sont survenues en même temps de vives douleurs ont envahi plusieurs de ses articula-tions. Cependant il n'avait encore éprouvé aucun accès de fièvre, quand il y a huit jours, il fut pris de légers frissons souvent répétés un point de côté se fit sentir au côté gauche, et sa respiration devint gênée. Au moment de son entrée à l'hôpital, on constate que le coeur ne présente aucun signe pathologique. Mais, en auscultant les organes thoraciques, on entend à gauche un frottement pleural très-prononce dans la moitié inférieure du thorax. Pouls, 90 temp., 38°, 2. Le 26. Le frottement pleural est toujours nettement entendu les douleurs articulaires persistent, mais avec peu d'intensité. Pouls, 88 temp., 38. Le 28. Le malade respire assez bien, mais l'auscultation de la plèvre révèle toujours les mêmes bruits pathologiques. Le 29. Le malade, sans être complètement guéri, sort sur sa de-mande. OBS. VIII. -Rhumatisme articulaire aigu. Lésion mitrale. Pleurésie, ou peut-être hydrothorax. Le nommé Pécourt, âgé de 32 ans, entré à l'hôpital Lariboisière, salle Saint-Vincent, le 11 mars 1875. Ce malade, dont l'intelligence est assez développée, raconte avec des détails précis, qu'il y a 6 ans, il fut soigné dans le service de M. Axen-feld pour un rhumatisme articulaire aigu, suivi d'une pleurésie double de peu de durée. Depuis cette époque sa santé n'avait rien laissé à dé-sirer il éprouvait cependant de l'oppression avec la plus grande facilité. A son entrée à l'hôpital, il se plaint de vives douleurs dans les arti-
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20 ÉTUDES DE PHYSIOLOGIE monde moral dans le monde réel, et qui, comme bien d'autres, ne se réalise pas. ■ Devant cette impossibilité qui est vraie, on pourrait aussi bien vouloir conserver le cerveau, réel centre des sensations et instru-ment vrai de la pensée. Il est facile de le rendre dur, par un mélange d'acide, et sa conservation dans l'alcool est au moins aussi aisée à obtenir que celle du coeur. Nous avons essayé de dire pour-quoi l'instinct de l'homme a préféré le coeur au cerveau et, tout à l'heure, nous achèverons de donner les motifs de cette préférence. Enfin, voulant conserver de notre corps une partie infiniment durable, que faudrait-il recueillir? Évidemment, ce sont les os, composés de terre et de chaux, que, dans tous les sols et à toute profondeur, on retrouve, après des siècles, avec leurs formes et leurs dimensions. Ils sont les vrais restes reliquiae de notre vie, et même la conformation du crâne révélerait des caractères de race et des indices d'intelligence mais on n'a pas pu avoir l'idée de conserver ces objets, qui, même durant la vie, sont à peine vivants. Seule, la piété religieuse a pu les rechercher et les recueillir pour les honorer comme des reliques, après que la légende de sainteté avait eu le temps de s'établir. Allez au fond de la pensée de celui qui fait un don de lui-même, dans le désir de ceux qui espèrent avoir une part de leur ami mort. Ce que tous veulent transmettre ou recevoir, ce n'est pas un objet qui ressemble à une pierre, à du bois, mais quelque chose qui a remué, qui a battu de joie ou de peine, qui a participé ou semble avoir participé au bien, au mal, aux sacrifices, à l'amour. Puisque pour l'humanité entière, le cer-veau semble être neutre ou inconnu, comment ne pas s'adresser au coeur avec lequel la vie commence, avec lequel elle finit primum movens, ultimum moriens? VII Un troisième motif a déterminé le choix du coeur entre toutes les parties du corps et ce dernier motif a été le plus vrai, le plus décisif. Cet organe s'agite, palpite, tressaille dans toutes impressions fortes. Regardez cet homme qui, subitement, apprend une nouvelle cruelle il pâlit, rougit son coeur soulève sa poitrine il va se trouver mal, ce qui tient à un arrêt momentané du coeur ou bien il s'agite, pousse des cris déchirants, est en proie à des mouvements convulsifs. Et si vous supposez d'autres émotions, toujours sous
20 ÉTUDES DE PHYSIOLOGIE monde moral dans le monde réel, et qui, comme bien d'autres, ne se réalise pas. ■ Devant cette impossibilité qui est vraie, on pourrait aussi bien vouloir conserver le cerveau, réel centre des sensations et instru-ment vrai de la pensée. Il est facile de le rendre dur, par un mélange d'acide, et sa conservation dans l'alcool est au moins aussi aisée à obtenir que celle du coeur. Nous avons essayé de dire pour-quoi l'instinct de l'homme a préféré le coeur au cerveau et, tout à l'heure, nous achèverons de donner les motifs de cette préférence. Enfin, voulant conserver de notre corps une partie infiniment durable, que faudrait-il recueillir? Évidemment, ce sont les os, composés de terre et de chaux, que, dans tous les sols et à toute profondeur, on retrouve, après des siècles, avec leurs formes et leurs dimensions. Ils sont les vrais restes reliquiae de notre vie, et même la conformation du crâne révélerait des caractères de race et des indices d'intelligence mais on n'a pas pu avoir l'idée de conserver ces objets, qui, même durant la vie, sont à peine vivants. Seule, la piété religieuse a pu les rechercher et les recueillir pour les honorer comme des reliques, après que la légende de sainteté avait eu le temps de s'établir. Allez au fond de la pensée de celui qui fait un don de lui-même, dans le désir de ceux qui espèrent avoir une part de leur ami mort. Ce que tous veulent transmettre ou recevoir, ce n'est pas un objet qui ressemble à une pierre, à du bois, mais quelque chose qui a remué, qui a battu de joie ou de peine, qui a participé ou semble avoir participé au bien, au mal, aux sacrifices, à l'amour. Puisque pour l'humanité entière, le cer-veau semble être neutre ou inconnu, comment ne pas s'adresser au coeur avec lequel la vie commence, avec lequel elle finit primum movens, ultimum moriens? VII Un troisième motif a déterminé le choix du coeur entre toutes les parties du corps et ce dernier motif a été le plus vrai, le plus décisif. Cet organe s'agite, palpite, tressaille dans toutes impressions fortes. Regardez cet homme qui, subitement, apprend une nouvelle cruelle il pâlit, rougit son coeur soulève sa poitrine il va se trouver mal, ce qui tient à un arrêt momentané du coeur ou bien il s'agite, pousse des cris déchirants, est en proie à des mouvements convulsifs. Et si vous supposez d'autres émotions, toujours sous
20 ÉTUDES DE PHYSIOLOGIE monde moral dans le monde réel, et qui, comme bien d'autres, ne se réalise pas.s. Devant cette impossibilité qui est vraie, on pourrait aussi bien vouloir conserver le cerveau, réel centre des sensations et instru-ment vrai de la pensée. Il est facile de le rendre dur, par un mélange d'acide, et sa conservation dans l'alcool est au moins aussi aisée à obtenir que celle du coeur. Nous avons essayé de dire pour-quoi l'instinct de l'homme a préféré le coeur au cerveau et, tout à l'heure, nous acheverons de donner les motifs de cette préférence. Enfin, voulant conserver de notre corps une partie infiniment durable, que faudrait-il recueillir? Évidemment, ce sont les os, composés de terre et de chaux, que, dans tous les sols et à toute profondeur, on retrouve, après des siècles, avec leurs formes et leurs dimensions. Ils sont les vrais restes reliquiae de notre vie, et même la conformation du crâne révélerait des caractères de race et des indices d'intelligence mais on n'a pas pu avoir l'idée de conserver ces objets, qui, même durant la vie, sont à peine vivants. Seule, la piété religieuse a pu les rechercher et les recueillir pour les honorer comme des reliques, après que la légende de sainteté avait eu le temps de s'établir. Allez au fond de la pensée de celui qui fait un don de lui-même, dans le désir de ceux qui espèrent avoir une part de leur ami mort. Ce que tous veulent transmettre ou recevoir, ce n'est pas un objet qui ressemble à une pierre, à du bois, mais quelque chose qui a remué, qui a battu de joie ou de peine, qui a participé ou semble avoir participé au bien, au mal, aux sacrifices, à l'amour. Puisque pour l'humanité entière, le cer-veau semble être neutre ou inconnu, comment ne pas s'adresser au coeur avec lequel la vie commence, avec lequel elle finit primum movens, ultimum moriens? VII Un troisième motif a déterminé le choix du coeur entre toutes les parties du corps et ce dernier motif a été le plus vrai, le plus décisif. Cet organe s'agite, palpite, tressaille dans toutes impressions fortes. Regardez cet homme qui, subitement, apprend une nouvelle cruelle il pâlit, rougit son coeur soulève sa poitrine il va se trouver mal, ce qui tient à un arrêt momentané du coeur ou bien il s'agite, pousse des cris déchirants, est en proie à des mouvements convulsifs. Et si vous supposez d'autres émotions, toujours sous
20 ÉTUDES DE PHYSIOLOGIE monde moral dans le monde réel, et qui, comme bien d'autres, ne se réalise pas.s. Devant cette impossibilité qui est vraie, on pourrait aussi bien vouloir conserver le cerveau, réel centre des sensations et instru-ment vrai de la pensée. Il est facile de le rendre dur, par un mélange d'acide, et sa conservation dans l'alcool est au moins aussi aisée à obtenir que celle du coeur. Nous avons essayé de dire pour-quoi l'instinct de l'homme a préféré le coeur au cerveau et, tout à l'heure, nous acheverons de donner les motifs de cette préférence. Enfin, voulant conserver de notre corps une partie infiniment durable, que faudrait-il recueillir? Évidemment, ce sont les os, composés de terre et de chaux, que, dans tous les sols et à toute profondeur, on retrouve, après des siècles, avec leurs formes et leurs dimensions. Ils sont les vrais restes reliquiae de notre vie, et même la conformation du crâne révélerait des caractères de race et des indices d'intelligence mais on n'a pas pu avoir l'idée de conserver ces objets, qui, même durant la vie, sont à peine vivants. Seule, la piété religieuse a pu les rechercher et les recueillir pour les honorer comme des reliques, après que la légende de sainteté avait eu le temps de s'établir. Allez au fond de la pensée de celui qui fait un don de lui-même, dans le désir de ceux qui espèrent avoir une part de leur ami mort. Ce que tous veulent transmettre ou recevoir, ce n'est pas un objet qui ressemble à une pierre, à du bois, mais quelque chose qui a remué, qui a battu de joie ou de peine, qui a participé ou semble avoir participé au bien, au mal, aux sacrifices, à l'amour. Puisque pour l'humanité entière, le cer-veau semble être neutre ou inconnu, comment ne pas s'adresser au coeur avec lequel la vie commence, avec lequel elle finit primum movens, ultimum moriens? VII Un troisième motif a déterminé le choix du coeur entre toutes les parties du corps et ce dernier motif a été le plus vrai, le plus décisif. Cet organe s'agite, palpite, tressaille dans toutes impressions fortes. Regardez cet homme qui, subitement, apprend une nouvelle cruelle il pâlit, rougit son coeur soulève sa poitrine il va se trouver mal, ce qui tient à un arrêt momentané du coeur ou bien il s'agite, pousse des cris déchirants, est en proie à des mouvements convulsifs. Et si vous supposez d'autres émotions, toujours sous
20 ÉTUDES DE PHYSIOLOGIE monde moral dans le monde réel, et qui, comme bien d'autres, ne se réalise pas.s. Devant cette impossibilité qui est vraie, on pourrait aussi bien vouloir conserver le cerveau, réel centre des sensations et instru-ment vrai de la pensée. Il est facile de le rendre dur, par un mélange d'acide, et sa conservation dans l'alcool est au moins aussi aisée à obtenir que celle du coeur. Nous avons essayé de dire pour-quoi l'instinct de l'homme a préféré le coeur au cerveau et, tout à l'heure, nous acheverons de donner les motifs de cette préférence. Enfin, voulant conserver de notre corps une partie infiniment durable, que faudrait-il recueillir? Évidemment, ce sont les os, composés de terre et de chaux, que, dans tous les sols et à toute profondeur, on retrouve, après des siècles, avec leurs formes et leurs dimensions. Ils sont les vrais restes reliquiae de notre vie, et même la conformation du crâne révélerait des caractères de race et des indices d'intelligence mais on n'a pas pu avoir l'idée de conserver ces objets, qui, même durant la vie, sont à peine vivants. Seule, la piété religieuse a pu les rechercher et les recueillir pour les honorer comme des reliques, après que la légende de sainteté avait eu le temps de s'établir. Allez au fond de la pensée de celui qui fait un don de lui-même, dans le désir de ceux qui espèrent avoir une part de leur ami mort. Ce que tous veulent transmettre ou recevoir, ce n'est pas un objet qui ressemble à une pierre, à du bois, mais quelque chose qui a remué, qui a battu de joie ou de peine, qui a participé ou semble avoir participé au bien, au mal, aux sacrifices, à l'amour. Puisque pour l'humanité entière, le cer-veau semble être neutre ou inconnu, comment ne pas s'adresser au coeur avec lequel la vie commence, avec lequel elle finit primum movens, ultimum moriens? VII Un troisième motif a déterminé le choix du coeur entre toutes les parties du corps et ce dernier motif a été le plus vrai, le plus décisif. Cet organe s'agite, palpite, tressaille dans toutes impressions fortes. Regardez cet homme qui, subitement, apprend une nouvelle cruelle il pâlit, rougit son coeur soulève sa poitrine il va se trouver mal, ce qui tient à un arrêt momentané du coeur ou bien il s'agite, pousse des cris déchirants, est en proie à des mouvements convulsifs. Et si vous supposez d'autres émotions, toujours sous
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-180 -monde se livrait à la joie j'ai voulu en avoir au moins le spectacle je me suis mise de manière à ne pas être reconnue et avec mademoiselle Hé-bert j'ai été sur son passage je l'ai vu, il avait l'air joyeux et attendri il est donc capable d'un sentiment tendre! Je l'ai fixé longtemps et voyez ce que c'est que l'imagination! J'ai cru qu'il avait jeté les yeux sur moi et qu'il cherchait à me reconnaître. Sa voilure allait si lentement que j'eus le temps de l'examiner longtemps, je ne puis vous exprimer ce qui passa en moi je me trouvais très-pressée dans la foule et je me repro-chais quelquefois celle démarche pour un homme par qui j'avais été traitée si inhumainement. Mais entraînée par les éloges qu'on faisait de lui, par les cris que l'ivresse arrachait à tous les spec-tateurs, je n'avais plus la force de m'occuper de moi. Une seule voix sortie de près de moi me rappela à mes malheurs en me nommant d'une manière bien injurieuse. Vous me blâmez sans doute, cher oncle, mais je n'ai pu résister à la tentation. Depuis ce temps je suis plus agitée que jamais, je compare mon état à celui que j'avais je n'ai de tout temps pas compté sur les amis, mais je vois avec peine l'abandon de plusieurs. Je crois que tôt ou tard je serai victime de quel-que malheur ou de quelques fausses accusations.
-180 -monde se livrait à la joie j'ai voulu en avoir au moins le spectacle je me suis mise de manière à ne pas être reconnue et avec mademoiselle Hé-bert j'ai été sur son passage je l'ai vu, il avait l'air joyeux et attendri il est donc capable d'un sentiment tendre! Je l'ai fixé longtemps et voyez ce que c'est que l'imagination! J'ai cru qu'il avait jeté les yeux sur moi et qu'il cherchait à me reconnaître. Sa voilure allait si lentement que j'eus le temps de l'examiner longtemps, je ne puis vous exprimer ce qui passa en moi je me trouvais très-pressée dans la foule et je me repro-chais quelquefois celle démarche pour un homme par qui j'avais été traitée si inhumainement. Mais entraînée par les éloges qu'on faisait de lui, par les cris que l'ivresse arrachait à tous les spec-tateurs, je n'avais plus la force de m'occuper de moi. Une seule voix sortie de près de moi me rappela à mes malheurs en me nommant d'une manière bien injurieuse. Vous me blâmez sans doute, cher oncle, mais je n'ai pu résister à la tentation. Depuis ce temps je suis plus agitée que jamais, je compare mon état à celui que j'avais je n'ai de tout temps pas compté sur les amis, mais je vois avec peine l'abandon de plusieurs. Je crois que tôt ou tard je serai victime de quel-que malheur ou de quelques fausses accusations.
########### se livrait à la joie j'ai voulu en avoir au moins le spectacle je me suis mise de manière à ne pas être reconnue et avec mademoiselle Hé-bert j'ai été sur son passage je l'ai vu, il avait l'air joyeux et attendri il est donc capable d'un sentiment tendre! Je l'ai fixé longtemps et voyez ce que c'est que l'imagination! J'ai cru qu'il avait jeté les yeux sur moi et qu'il cherchait à me reconnaître. Sa voilure allait si lentement que j'eus le temps de l'examiner longtemps, je ne puis vous exprimer ce qui passa en moi je me trouvais très-pressée dans la foule et je me repro-chais quelquefois cette démarche pour un homme par qui j'avais été traitée si inhumainement. Mais entraînée par les éloges qu'on faisait de lui, par les cris que l'ivresse arrachait à tous les spec-tateurs, je n'avais plus la force de m'occuper de moi. Une seule voix sortie de près de moi me rappela à mes malheurs en me nommant d'une manière bien injurieuse. Vous me blâmez sans doute, cher oncle, mais je n'ai pu résister à la tentation. Depuis ce temps je suis plus agitée que jamais, je compare mon état à celui que j'avais je n'ai de tout temps pas compté sur les amis, mais je vois avec peine l'abandon de plusieurs. Je crois que tôt ou tard je serai victime de quel-que malheur ou de quelques fausses accusations.
-180 -monde se livrait à la joie j'ai voulu en avoir au moins le spectacle je me suis mise de manière à ne pas être reconnue et avec mademoiselle Hé-bert j'ai été sur son passage je l'ai vu, il avait l'air joyeux et attendri il est donc capable d'un sentiment tendre! Je l'ai fixé longtemps et voyez ce que c'est que l'imagination! J'ai cru qu'il avait jeté les yeux sur moi et qu'il cherchait à me reconnaître. Sa voilure allait si lentement que j'eus le temps de l'examiner longtemps, je ne puis vous exprimer ce qui passa en moi je me trouvais très-pressée dans la foule et je me repro-chais quelquefois cette démarche pour un homme par qui j'avais été traitée si inhumainement. Mais entraînée par les éloges qu'on faisait de lui, par les cris que l'ivresse arrachait à tous les spec-tateurs, je n'avais plus la force de m'occuper de moi. Une seule voix sortie de près de moi me rappela à mes malheurs en me nommant d'une manière bien injurieuse. Vous me blâmez sans doute, cher oncle, mais je n'ai pu résister à la tentation. Depuis ce temps je suis plus agitée que jamais, je compare mon état à celui que j'avais je n'ai de tout temps pas compté sur les amis, mais je vois avec peine l'abandon de plusieurs. Je crois que tôt ou tard je serai victime de quel-que malheur ou de quelques fausses accusations.
-180 -monde se livrait à la joie j'ai voulu en avoir au moins le spectacle je me suis mise de manière à ne pas être reconnue et avec mademoiselle Hé-bert j'ai été sur son passage je l'ai vu, il avait l'air joyeux et attendri il est donc capable d'un sentiment tendre! Je l'ai fixé longtemps et voyez ce que c'est que l'imagination! J'ai cru qu'il avait jeté les yeux sur moi et qu'il cherchait à me reconnaître. Sa voilure allait si lentement que j'eus le temps de l'examiner longtemps, je ne puis vous exprimer ce qui passa en moi je me trouvais très-pressée dans la foule et je me repro-chais quelquefois cette démarche pour un homme par qui j'avais été traitée si inhumainement. Mais entraînée par les éloges qu'on faisait de lui, par les cris que l'ivresse arrachait à tous les spec-tateurs, je n'avais plus la force de m'occuper de moi. Une seule voix sortie de près de moi me rappela à mes malheurs en me nommant d'une manière bien injurieuse. Vous me blâmez sans doute, cher oncle, mais je n'ai pu résister à la tentation. Depuis ce temps je suis plus agitée que jamais, je compare mon état à celui que j'avais je n'ai de tout temps pas compté sur les amis, mais je vois avec peine l'abandon de plusieurs. Je crois que tôt ou tard je serai victime de quel-que malheur ou de quelques fausses accusations.
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47 ils en font du pain qu'ils ont l'art de varier en y mêlant des haricots ou du giraumont pepo oblongus , des pis-taches dé terre arachis■ hypogea , des patates douces convolvulus batatas ou des châtaignes. Ils font aussi avec les grains du maïs une boisSon aigre et très-désa-gréable. Les moyens qu'ils emploient pour la culture et l'usage de cette plante précieuse offrent des détails cu-rieux, puisqu'ils se rattachent aux moeurs. A l'époque des semailles et des récoltes , toutes les femmes d'un canton se réunissent chez le chef qui les conduit successivement sur les différens terrains que chaque famille a choisis et préparés , et dont l'étendue est toujours proportionnée au nombre des personnes qui la composent. Indépendamment dés terrains, ainsi cul-tivés en commun, il est libre à chaque famille d'avoir d'autres champs ou jardins particuliers, mais ils ne sont point placés sous la sauve-garde publique. Les terres en commun ne sont jamais pillées les autres le sont au con-traire presque toujours. Les femmes sont non-seulement chargées de tous les tra-vaux de culture, elles sont encore obligées chaque jour d'écraser à plusieurs reprises et pendant des heures en-tières , la quantité de maïs nécessaire à la consommation de la famille. Cette opération se fait dans un mortier de bois à l'aide d'un bâton terminé par une espèce de masse. La farine se passe dans des paniers qui servent de tamis, et lorsque le pain est cuit, celles qui l'ont préparé n'ont pas même la satisfaction de le manger en compagnie des hommes qu'elles sont obligées de servir Pendant qu'elles s'exténuent de la sorte, les hommes , sont toute la jour-née nonchalamment couchés sur une natte ou sur une peau de cerf ou d'ours, occupés à dormir, à fumer
47 ils en font du pain qu'ils ont l'art de varier en y mêlant des haricots ou du giraumont pepo oblongus , des pis-taches dé terre arachis■ hypogea , des patates douces convolvulus batatas ou des châtaignes. Ils font aussi avec les grains du maïs une boisSon aigre et très-désa-gréable. Les moyens qu'ils emploient pour la culture et l'usage de cette plante précieuse offrent des détails cu-rieux, puisqu'ils se rattachent aux moeurs. A l'époque des semailles et des récoltes , toutes les femmes d'un canton se réunissent chez le chef qui les conduit successivement sur les différens terrains que chaque famille a choisis et préparés , et dont l'étendue est toujours proportionnée au nombre des personnes qui la composent. Indépendamment dés terrains, ainsi cul-tivés en commun, il est libre à chaque famille d'avoir d'autres champs ou jardins particuliers, mais ils ne sont point placés sous la sauve-garde publique. Les terres en commun ne sont jamais pillées les autres le sont au con-traire presque toujours. Les femmes sont non-seulement chargées de tous les tra-vaux de culture, elles sont encore obligées chaque jour d'écraser à plusieurs reprises et pendant des heures en-tières , la quantité de maïs nécessaire à la consommation de la famille. Cette opération se fait dans un mortier de bois à l'aide d'un bâton terminé par une espèce de masse. La farine se passe dans des paniers qui servent de tamis, et lorsque le pain est cuit, celles qui l'ont préparé n'ont pas même la satisfaction de le manger en compagnie des hommes qu'elles sont obligées de servir@ Pendant qu'elles s'exténuent de la sorte, les hommes , sont toute la jour-née nonchalamment couchés sur une natte ou sur une peau de cerf ou d'ours, occupés à dormir, à fumer
###### en font du pain qu'ils ont l'art de varier en y mêlant des haricots ou du giraumont pepo oblongus , des pis-taches de terre arachis■ hypogea , des patates douces convolvulus batatas ou des châtaignes. Ils font aussi avec les grains du maïs une boisson aigre et très-désa-gréable. Les moyens qu'ils emploient pour la culture et l'usage de cette plante précieuse offrent des détails cu-rieux, puisqu'ils se rattachent aux moeurs. A l'époque des semailles et des récoltes , toutes les femmes d'un canton se réunissent chez le chef qui les conduit successivement sur les différens terrains que chaque famille a choisis et préparés , et dont l'étendue est toujours proportionnée au nombre des personnes qui la composent. Indépendamment des terrains, ainsi cul-tivés en commun, il est libre à chaque famille d'avoir d'autres champs ou jardins particuliers, mais ils ne sont point placés sous la sauve-garde publique. Les terres en commun ne sont jamais pillées les autres le sont au con-traire presque toujours. Les femmes sont non-seulement chargées de tous les tra-vaux de culture, elles sont encore obligées chaque jour d'écraser à plusieurs reprises et pendant des heures en-tières , la quantité de maïs nécessaire à la consommation de la famille. Cette opération se fait dans un mortier de bois à l'aide d'un bâton terminé par une espèce de masse. La farine se passe dans des paniers qui servent de tamis, et lorsque le pain est cuit, celles qui l'ont préparé n'ont pas même la satisfaction de le manger en compagnie des hommes qu'elles sont obligées de servir. Pendant qu'elles s'exténuent de la sorte, les hommes , sont toute la jour-née nonchalamment couchés sur une natte ou sur une peau de cerf ou d'ours, occupés à dormir, à fumer
47 ils en font du pain qu'ils ont l'art de varier en y mêlant des haricots ou du giraumont pepo oblongus , des pis-taches de terre arachis■ hypogea , des patates douces convolvulus batatas ou des châtaignes. Ils font aussi avec les grains du maïs une boisson aigre et très-désa-gréable. Les moyens qu'ils emploient pour la culture et l'usage de cette plante précieuse offrent des détails cu-rieux, puisqu'ils se rattachent aux moeurs. A l'époque des semailles et des récoltes , toutes les femmes d'un canton se réunissent chez le chef qui les conduit successivement sur les différens terrains que chaque famille a choisis et préparés , et dont l'étendue est toujours proportionnée au nombre des personnes qui la composent. Indépendamment des terrains, ainsi cul-tivés en commun, il est libre à chaque famille d'avoir d'autres champs ou jardins particuliers, mais ils ne sont point placés sous la sauve-garde publique. Les terres en commun ne sont jamais pillées les autres le sont au con-traire presque toujours. Les femmes sont non-seulement chargées de tous les tra-vaux de culture, elles sont encore obligées chaque jour d'écraser à plusieurs reprises et pendant des heures en-tières , la quantité de maïs nécessaire à la consommation de la famille. Cette opération se fait dans un mortier de bois à l'aide d'un bâton terminé par une espèce de masse. La farine se passe dans des paniers qui servent de tamis, et lorsque le pain est cuit, celles qui l'ont préparé n'ont pas même la satisfaction de le manger en compagnie des hommes qu'elles sont obligées de servir. Pendant qu'elles s'exténuent de la sorte, les hommes , sont toute la jour-née nonchalamment couchés sur une natte ou sur une peau de cerf ou d'ours, occupés à dormir, à fumer
47 ils en font du pain qu'ils ont l'art de varier en y mêlant des haricots ou du giraumont pepo oblongus , des pis-taches de terre arachis■ hypogea , des patates douces convolvulus batatas ou des châtaignes. Ils font aussi avec les grains du maïs une boisson aigre et très-désa-gréable. Les moyens qu'ils emploient pour la culture et l'usage de cette plante précieuse offrent des détails cu-rieux, puisqu'ils se rattachent aux moeurs. A l'époque des semailles et des récoltes , toutes les femmes d'un canton se réunissent chez le chef qui les conduit successivement sur les différens terrains que chaque famille a choisis et préparés , et dont l'étendue est toujours proportionnée au nombre des personnes qui la composent. Indépendamment des terrains, ainsi cul-tivés en commun, il est libre à chaque famille d'avoir d'autres champs ou jardins particuliers, mais ils ne sont point placés sous la sauve-garde publique. Les terres en commun ne sont jamais pillées les autres le sont au con-traire presque toujours. Les femmes sont non-seulement chargées de tous les tra-vaux de culture, elles sont encore obligées chaque jour d'écraser à plusieurs reprises et pendant des heures en-tières , la quantité de maïs nécessaire à la consommation de la famille. Cette opération se fait dans un mortier de bois à l'aide d'un bâton terminé par une espèce de masse. La farine se passe dans des paniers qui servent de tamis, et lorsque le pain est cuit, celles qui l'ont préparé n'ont pas même la satisfaction de le manger en compagnie des hommes qu'elles sont obligées de servir. Pendant qu'elles s'exténuent de la sorte, les hommes , sont toute la jour-née nonchalamment couchés sur une natte ou sur une peau de cerf ou d'ours, occupés à dormir, à fumer
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28 de l'équipage, et ne tarde pas à envelopper notre voya-geur lui-même. Le scorbut le plonge dans une prostration de forces complète il gagné la fièvre jaune, mais grâce à sa robuste constitution, à sa présence d'esprit et à cette force d'aine qui ne l'abandonna jamais , et semblait au contraire grandir avec les circonstances les plus fâcheu-ses , il échappe à deux reprises à ce fléau qui moissonné avec la plus grande rapidité les Européens de tout âge et de toute sorte dé tempérament. Trois fois il essuyé des maladies graves, auxquelles il échappe par miracle. Cepen-dant le scorbut ne le quitte plus, il mine les dernières ressources de ses forces délabrées, et comme sa sensibi-lité s'affecte profondément de la perte récente d'un beau frère et du domestique fidèle qui s'étaient attachés à ses destinées le capitaine LANDOLPHE l'oblige, par ses pres-santes sollicitations, à se réfugier sur un vaisseau négrier qui faisait voile pour Haïti, vulgairement appelé Saint-Do-mingue. PALISOT DE BEAUVOIS n'a pas la force de résister il renferme dans plusieurs caisses les précieuses récoltes qu'il avait faites sur le continent de l'Afrique en' garde quelques-unes, confie les autres à l'établissement fran-çais qui se formait à l'embouchure de la Formose 1 , et se sépare le 22 janvier 1788 pour toujours, d'un 1 Peu de temps après, et sans aucune déclaration de guerre préalable, un capitaine de vaisseau anglais entra dans le fleuve Formose, et dès la nuit, il canonna , fusilla l'établissement français, y mit le feu, pilla ce qui.avait pu échapper aux flammes, et tua sans pitié tous les habi-tans qui n'eurent pas le temps ou les moyens de. fuir. Le gouvernement anglais n'a jamais donné réparation de cet, attentat et n'en a point fait condamner l'auteur.
28 de l'équipage, et ne tarde pas à envelopper notre voya-geur lui-même. Le scorbut le plonge dans une prostration de forces complète il gagné la fièvre jaune, mais grâce à sa robuste constitution, à sa présence d'esprit et à cette force d'aine qui ne l'abandonna jamais , et semblait au contraire grandir avec les circonstances les plus fâcheu-ses , il échappe à deux reprises à ce fléau qui moissonné avec la plus grande rapidité les Européens de tout âge et de toute sorte dé tempérament. Trois fois il essuyé des maladies graves, auxquelles il échappe par miracle. Cepen-dant le scorbut ne le quitte plus, il mine les dernières ressources de ses forces délabrées, et comme sa sensibi-lité s'affecte profondément de la perte récente d'un beau frère et du domestique fidèle qui s'étaient attachés à ses destinées le capitaine LANDOLPHE l'oblige, par ses pres-santes sollicitations, à se réfugier sur un vaisseau négrier qui faisait voile pour Haïti, vulgairement appelé Saint-Do-mingue. PALISOT DE BEAUVOIS n'a pas la force de résister il renferme dans plusieurs caisses les précieuses récoltes qu'il avait faites sur le continent de l'Afrique en' garde quelques-unes, confie les autres à l'établissement fran-çais qui se formait à l'embouchure de la Formose 1 , et se sépare le 22 janvier 1788 pour toujours, d'un 1 Peu de temps après, et sans aucune déclaration de guerre préalable, un capitaine de vaisseau anglais entra dans le fleuve Formose, et dès la nuit, il canonna , fusilla l'établissement français, y mit le feu, pilla ce qui.avait pu échapper aux flammes, et tua sans pitié tous les habi-tans qui n'eurent pas le temps ou les moyens de. fuir. Le gouvernement anglais n'a jamais donné réparation de cet, attentat et n'en a point fait condamner l'auteur.
##### l'équipage, et ne tarde pas à envelopper notre voya-geur lui-même. Le scorbut le plonge dans une prostration de forces complète il gagné la fièvre jaune, mais grâce à sa robuste constitution, à sa présence d'esprit et à cette force d'a@me qui ne l'abandonna jamais , et semblait au contraire grandir avec les circonstances les plus fâcheu-ses , il échappe à deux reprises à ce fléau qui moissonné avec la plus grande rapidité les Européens de tout âge et de toute sorte de tempérament. Trois fois il essuyé des maladies graves, auxquelles il échappe par miracle. Cepen-dant le scorbut ne le quitte plus, il mine les dernières ressources de ses forces délabrées, et comme sa sensibi-lité s'affecte profondément de la perte récente d'un beau frère et du domestique fidèle qui s'étaient attachés à ses destinées le capitaine LANDOLPHE l'oblige, par ses pres-santes sollicitations, à se réfugier sur un vaisseau négrier qui faisait voile pour Haïti, vulgairement appelé Saint-Do-mingue. PALISOT DE BEAUVOIS n'a pas la force de résister il renferme dans plusieurs caisses les précieuses récoltes qu'il avait faites sur le continent de l'Afrique en' garde quelques-unes, confie les autres à l'établissement fran-çais qui se formait à l'embouchure de la Formose 1 , et se sépare le 22 janvier 1788 pour toujours, d'un 1 Peu de temps après, et sans aucune déclaration de guerre préalable, un capitaine de vaisseau anglais entra dans le fleuve Formose, et dès la nuit, il canonna , fusilla l'établissement français, y mit le feu, pilla ce qui.avait pu échapper aux flammes, et tua sans pitié tous les habi-tans qui n'eurent pas le temps ou les moyens de. fuir. Le gouvernement anglais n'a jamais donné réparation de cet, attentat et n'en a point fait condamner l'auteur.
28 de l'équipage, et ne tarde pas à envelopper notre voya-geur lui-même. Le scorbut le plonge dans une prostration de forces complète il gagné la fièvre jaune, mais grâce à sa robuste constitution, à sa présence d'esprit et à cette force d'a@me qui ne l'abandonna jamais , et semblait au contraire grandir avec les circonstances les plus fâcheu-ses , il échappe à deux reprises à ce fléau qui moissonné avec la plus grande rapidité les Européens de tout âge et de toute sorte de tempérament. Trois fois il essuyé des maladies graves, auxquelles il échappe par miracle. Cepen-dant le scorbut ne le quitte plus, il mine les dernières ressources de ses forces délabrées, et comme sa sensibi-lité s'affecte profondément de la perte récente d'un beau frère et du domestique fidèle qui s'étaient attachés à ses destinées le capitaine LANDOLPHE l'oblige, par ses pres-santes sollicitations, à se réfugier sur un vaisseau négrier qui faisait voile pour Haïti, vulgairement appelé Saint-Do-mingue. PALISOT DE BEAUVOIS n'a pas la force de résister il renferme dans plusieurs caisses les précieuses récoltes qu'il avait faites sur le continent de l'Afrique en' garde quelques-unes, confie les autres à l'établissement fran-çais qui se formait à l'embouchure de la Formose 1 , et se sépare le 22 janvier 1788 pour toujours, d'un 1 Peu de temps après, et sans aucune déclaration de guerre préalable, un capitaine de vaisseau anglais entra dans le fleuve Formose, et dès la nuit, il canonna , fusilla l'établissement français, y mit le feu, pilla ce qui.avait pu échapper aux flammes, et tua sans pitié tous les habi-tans qui n'eurent pas le temps ou les moyens de. fuir. Le gouvernement anglais n'a jamais donné réparation de cet, attentat et n'en a point fait condamner l'auteur.
28 de l'équipage, et ne tarde pas à envelopper notre voya-geur lui-même. Le scorbut le plonge dans une prostration de forces complète il gagné la fièvre jaune, mais grâce à sa robuste constitution, à sa présence d'esprit et à cette force d'ame qui ne l'abandonna jamais , et semblait au contraire grandir avec les circonstances les plus fâcheu-ses , il échappe à deux reprises à ce fléau qui moissonné avec la plus grande rapidité les Européens de tout âge et de toute sorte de tempérament. Trois fois il essuyé des maladies graves, auxquelles il échappe par miracle. Cepen-dant le scorbut ne le quitte plus, il mine les dernières ressources de ses forces délabrées, et comme sa sensibi-lité s'affecte profondément de la perte récente d'un beau frère et du domestique fidèle qui s'étaient attachés à ses destinées le capitaine LANDOLPHE l'oblige, par ses pres-santes sollicitations, à se réfugier sur un vaisseau négrier qui faisait voile pour Haïti, vulgairement appelé Saint-Do-mingue. PALISOT DE BEAUVOIS n'a pas la force de résister il renferme dans plusieurs caisses les précieuses récoltes qu'il avait faites sur le continent de l'Afrique en' garde quelques-unes, confie les autres à l'établissement fran-çais qui se formait à l'embouchure de la Formose 1 , et se sépare le 22 janvier 1788 pour toujours, d'un 1 Peu de temps après, et sans aucune déclaration de guerre préalable, un capitaine de vaisseau anglais entra dans le fleuve Formose, et dès la nuit, il canonna , fusilla l'établissement français, y mit le feu, pilla ce qui.avait pu échapper aux flammes, et tua sans pitié tous les habi-tans qui n'eurent pas le temps ou les moyens de. fuir. Le gouvernement anglais n'a jamais donné réparation de cet, attentat et n'en a point fait condamner l'auteur.
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0.009346
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-113 -dame, répondit M. de Maurepas je suis informé de ce que demande Fuzelier, cela n'a point de rapport avec M. de la Peyronie. Comment! il demande le privilège exclusif de distribuer le Mercure. Cela est vrai, lui répondit le ministre, le Mercure galant qui est un ouvrage d'esprit.-Ah ! dit-elle que ne s'explique-t-il donc cet animal. Si cela est ainsi je vous le recommande très-fort. Cette histoire qui roulait toute sur une équi-voque, si bien dans les moeurs du temps, peint la légèreté de la comtesse de Mailly, la na-ture la plus insouciante d'affaires et un tel es-prit convenait bien au ministre-cardinal il ne craignait pas qu'elle inspirât des résolutions trop violentes, qu'elle ne se prélat aux intrigues diri-gées contre lui. Madame de Mailly, l'amie de la comtesse de Toulouse, aimait le roi passionné-ment et cherchait à l'amuser par ses saillies, ses chansons de table si gaies dans les petites réu-nions du soir maission lui eut parlé d'une ques-tion de politique étrangère, ou des difficultés du parlement et du jansénisme, elle n'en eut pas. compris deux mots. C'était la favorite du Roi qui convenait au cardinal Fleury. Louis XV portait une affection très-vive aux Nesles, et l'on parla bientôt de la tendre passion que la plus jeune des soeurs, Adélaïde lui inspi-
-113 -dame, répondit M. de Maurepas je suis informé de ce que demande Fuzelier, cela n'a point de rapport avec M. de la Peyronie. Comment! il demande le privilège exclusif de distribuer le Mercure. Cela est vrai, lui répondit le ministre, le Mercure galant qui est un ouvrage d'esprit.-Ah ! dit-elle que ne s'explique-t-il donc cet animal. Si cela est ainsi je vous le recommande très-fort. Cette histoire qui roulait toute sur une équi-voque, si bien dans les moeurs du temps, peint la légèreté de la comtesse de Mailly, la na-ture la plus insouciante d'affaires et un tel es-prit convenait bien au ministre-cardinal il ne craignait pas qu'elle inspirât des résolutions trop violentes, qu'elle ne se prélat aux intrigues diri-gées contre lui. Madame de Mailly, l'amie de la comtesse de Toulouse, aimait le roi passionné-ment et cherchait à l'amuser par ses saillies, ses chansons de table si gaies dans les petites réu-nions du soir mais@si@on lui eut parlé d'une ques-tion de politique étrangère, ou des difficultés du parlement et du jansénisme, elle n'en eut pas. compris deux mots. C'était la favorite du Roi qui convenait au cardinal Fleury. Louis XV portait une affection très-vive aux Nesles, et l'on parla bientôt de la tendre passion que la plus jeune des soeurs, Adélaïde lui inspi-
########### répondit M. de Maurepas je suis informé de ce que demande Fuzelier, cela n'a point de rapport avec M. de la Peyronie. Comment! il demande le privilège exclusif de distribuer le Mercure. Cela est vrai, lui répondit le ministre, le Mercure galant qui est un ouvrage d'esprit.-Ah ! dit-elle que ne s'explique-t-il donc cet animal. Si cela est ainsi je vous le recommande très-fort. Cette histoire qui roulait toute sur une équi-voque, si bien dans les moeurs du temps, peint la légèreté de la comtesse de Mailly, la na-ture la plus insouciante d'affaires et un tel es-prit convenait bien au ministre-cardinal il ne craignait pas qu'elle inspirât des résolutions trop violentes, qu'elle ne se prétât aux intrigues diri-gées contre lui. Madame de Mailly, l'amie de la comtesse de Toulouse, aimait le roi passionné-ment et cherchait à l'amuser par ses saillies, ses chansons de table si gaies dans les petites réu-nions du soir mais si on lui eut parlé d'une ques-tion de politique étrangère, ou des difficultés du parlement et du jansénisme, elle n'en eut pas@ compris deux mots. C'était la favorite du Roi qui convenait au cardinal Fleury. Louis XV portait une affection très-vive aux Nesles, et l'on parla bientôt de la tendre passion que la plus jeune des soeurs, Adélaïde lui inspi-
-113 -dame, répondit M. de Maurepas je suis informé de ce que demande Fuzelier, cela n'a point de rapport avec M. de la Peyronie. Comment! il demande le privilège exclusif de distribuer le Mercure. Cela est vrai, lui répondit le ministre, le Mercure galant qui est un ouvrage d'esprit.-Ah ! dit-elle que ne s'explique-t-il donc cet animal. Si cela est ainsi je vous le recommande très-fort. Cette histoire qui roulait toute sur une équi-voque, si bien dans les moeurs du temps, peint la légèreté de la comtesse de Mailly, la na-ture la plus insouciante d'affaires et un tel es-prit convenait bien au ministre-cardinal il ne craignait pas qu'elle inspirât des résolutions trop violentes, qu'elle ne se prétât aux intrigues diri-gées contre lui. Madame de Mailly, l'amie de la comtesse de Toulouse, aimait le roi passionné-ment et cherchait à l'amuser par ses saillies, ses chansons de table si gaies dans les petites réu-nions du soir mais si on lui eut parlé d'une ques-tion de politique étrangère, ou des difficultés du parlement et du jansénisme, elle n'en eut pas@ compris deux mots. C'était la favorite du Roi qui convenait au cardinal Fleury. Louis XV portait une affection très-vive aux Nesles, et l'on parla bientôt de la tendre passion que la plus jeune des soeurs, Adélaïde lui inspi-
-113 -dame, répondit M. de Maurepas je suis informé de ce que demande Fuzelier, cela n'a point de rapport avec M. de la Peyronie. Comment! il demande le privilège exclusif de distribuer le Mercure. Cela est vrai, lui répondit le ministre, le Mercure galant qui est un ouvrage d'esprit.-Ah ! dit-elle que ne s'explique-t-il donc cet animal. Si cela est ainsi je vous le recommande très-fort. Cette histoire qui roulait toute sur une équi-voque, si bien dans les moeurs du temps, peint la légèreté de la comtesse de Mailly, la na-ture la plus insouciante d'affaires et un tel es-prit convenait bien au ministre-cardinal il ne craignait pas qu'elle inspirât des résolutions trop violentes, qu'elle ne se prétât aux intrigues diri-gées contre lui. Madame de Mailly, l'amie de la comtesse de Toulouse, aimait le roi passionné-ment et cherchait à l'amuser par ses saillies, ses chansons de table si gaies dans les petites réu-nions du soir mais si on lui eut parlé d'une ques-tion de politique étrangère, ou des difficultés du parlement et du jansénisme, elle n'en eut pas compris deux mots. C'était la favorite du Roi qui convenait au cardinal Fleury. Louis XV portait une affection très-vive aux Nesles, et l'on parla bientôt de la tendre passion que la plus jeune des soeurs, Adélaïde lui inspi-
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184 L'ART DE MAGNÉTISER Cécité. - Cataracte Lorsque la cécité est l'effet d'une paralysie ou d'une fai-blesse du nerf optique, elle peut être guérie par le magné-tisme, qui ramène la sensibilité et la force en rendant la - circulation plus active. Dans le cas d'amaurose, on réussira souvent en magnéti-sant seulement l'organe. Cependant peut-être obtiendrait-on plus de succès en provoquant le sommeil. Quoique mes observations de guérison portent sur autant de cas sans sommeil, toutefois je préférerais le produire, je serais plus sûr du succès. Dans la troisième édition 1860, page 248, j'écrivais encore Plusieurs magnétiseurs prétendent avoir guéri des cata-ractes il m'est impossible de me prononcer à ce sujet, je n'ai pas eu l'occasion d'essayer le magnétisme dans ce cas, et je me suis proposé de ne consigner dans cet ouvrage que les résultats de mes propres observations. Dès 1880, dans la 4e édition, j'aurais pu faire cette recti-fication. Je l'ai oublié, permettez-moi de la faire aujourd'hui et d'insérer ici la cure que j'ai faite en 1869 et que j'avais consignée dans le journal le Magnétiseur, année 1870, mois de février, aux pages 30, 31, 32, sous le nom de Mme la comtesse de X. et qui est Mme la comtesse de Roullée, femme du comte de Roullée, habitant Bayonne. Mme de Roullée avait sur les deux yeux une cataracte qui n'était pas complète, un oeil surtout était moins affecté que l'autre. Les principaux oculistes de Londres et de Paris, con-sultés, ne lui donnèrent aucune espérance de guérison et lui conseillèrent d'attendre quatre ou six mois que la cataracte fût entière, afin qu'elle pût être opérée. C'était lui dire qu'à cette époque elle serait complètement aveugle. Mrac de Roullée. n'accepta pas une décision pareille sans en appeler, et elle vint à Genève se faire magnétiser en attendant. Mme la comtesse voyait encore elle pouvait même écrire
184 L'ART DE MAGNÉTISER Cécité. - Cataracte Lorsque la cécité est l'effet d'une paralysie ou d'une fai-blesse du nerf optique, elle peut être guérie par le magné-tisme, qui ramène la sensibilité et la force en rendant la - circulation plus active. Dans le cas d'amaurose, on réussira souvent en magnéti-sant seulement l'organe. Cependant peut-être obtiendrait-on plus de succès en provoquant le sommeil. Quoique mes observations de guérison portent sur autant de cas sans sommeil, toutefois je préférerais le produire, je serais plus sûr du succès. Dans la troisième édition 1860, page 248, j'écrivais encore Plusieurs magnétiseurs prétendent avoir guéri des cata-ractes il m'est impossible de me prononcer à ce sujet, je n'ai pas eu l'occasion d'essayer le magnétisme dans ce cas, et je me suis proposé de ne consigner dans cet ouvrage que les résultats de mes propres observations. Dès 1880, dans la 4e édition, j'aurais pu faire cette recti-fication. Je l'ai oublié, permettez-moi de la faire aujourd'hui et d'insérer ici la cure que j'ai faite en 1869 et que j'avais consignée dans le journal le Magnétiseur, année 1870, mois de février, aux pages 30, 31, 32, sous le nom de Mme la comtesse de X.@@ et qui est Mme la comtesse de Roullée, femme du comte de Roullée, habitant Bayonne. Mme de Roullée avait sur les deux yeux une cataracte qui n'était pas complète, un oeil surtout était moins affecté que l'autre. Les principaux oculistes de Londres et de Paris, con-sultés, ne lui donnèrent aucune espérance de guérison et lui conseillèrent d'attendre quatre ou six mois que la cataracte fût entière, afin qu'elle pût être opérée. C'était lui dire qu'à cette époque elle serait complètement aveugle. Mrac de Roullée. n'accepta pas une décision pareille sans en appeler, et elle vint à Genève se faire magnétiser en attendant. Mme la comtesse voyait encore elle pouvait même écrire
184 L'ART DE MAGNÉTISER Cécité. -@Cataracte Lorsque la cécité est l'effet d'une paralysie ou d'une fai-blesse du nerf optique, elle peut être guérie par le magné-tisme, qui ramène la sensibilité et la force en rendant la@@ circulation plus active. Dans le cas d'amaurose, on réussira souvent en magnéti-sant seulement l'organe. Cependant peut-être obtiendrait-on plus de succès en provoquant le sommeil. Quoique mes observations de guérison portent sur autant de cas sans sommeil, toutefois je préfèrerais le produire, je serais plus sûr du succès. Dans la troisième édition 1860, page 248, j'écrivais encore Plusieurs magnétiseurs prétendent avoir guéri des cata-ractes il m'est impossible de me prononcer à ce sujet, je n'ai pas eu l'occasion d'essayer le magnétisme dans ce cas, et je me suis proposé de ne consigner dans cet ouvrage que les résultats de mes propres observations. Dès 1880, dans la 4e édition, j'aurais pu faire cette recti-fication. Je l'ai oublié, permettez-moi de la faire aujourd'hui et d'insérer ici la cure que j'ai faite en 1869 et que j'avais consignée dans le journal le Magnétiseur, année 1870, mois de février, aux pages 30, 31, 32, sous le nom de Mme la comtesse de X... et qui est Mme la comtesse de Roullée, femme du comte de Roullée, habitant Bayonne. Mme de Roullée avait sur les deux yeux une cataracte qui n'était pas complète, un oeil surtout était moins affecté que l'autre. Les principaux oculistes de Londres et de Paris, con-sultés, ne lui donnèrent aucune espérance de guérison et lui conseillèrent d'attendre quatre ou six mois que la cataracte fût entière, afin qu'elle pût être opérée. C'était lui dire qu'à cette époque elle serait complètement aveugle. M@me de Roullée@ n'accepta pas une décision pareille sans en appeler, et elle vint à Genève se faire magnétiser en attendant. Mme la comtesse voyait encore elle pouvait même écrire
184 L'ART DE MAGNÉTISER Cécité. -@Cataracte Lorsque la cécité est l'effet d'une paralysie ou d'une fai-blesse du nerf optique, elle peut être guérie par le magné-tisme, qui ramène la sensibilité et la force en rendant la@@ circulation plus active. Dans le cas d'amaurose, on réussira souvent en magnéti-sant seulement l'organe. Cependant peut-être obtiendrait-on plus de succès en provoquant le sommeil. Quoique mes observations de guérison portent sur autant de cas sans sommeil, toutefois je préfèrerais le produire, je serais plus sûr du succès. Dans la troisième édition 1860, page 248, j'écrivais encore Plusieurs magnétiseurs prétendent avoir guéri des cata-ractes il m'est impossible de me prononcer à ce sujet, je n'ai pas eu l'occasion d'essayer le magnétisme dans ce cas, et je me suis proposé de ne consigner dans cet ouvrage que les résultats de mes propres observations. Dès 1880, dans la 4e édition, j'aurais pu faire cette recti-fication. Je l'ai oublié, permettez-moi de la faire aujourd'hui et d'insérer ici la cure que j'ai faite en 1869 et que j'avais consignée dans le journal le Magnétiseur, année 1870, mois de février, aux pages 30, 31, 32, sous le nom de Mme la comtesse de X... et qui est Mme la comtesse de Roullée, femme du comte de Roullée, habitant Bayonne. Mme de Roullée avait sur les deux yeux une cataracte qui n'était pas complète, un oeil surtout était moins affecté que l'autre. Les principaux oculistes de Londres et de Paris, con-sultés, ne lui donnèrent aucune espérance de guérison et lui conseillèrent d'attendre quatre ou six mois que la cataracte fût entière, afin qu'elle pût être opérée. C'était lui dire qu'à cette époque elle serait complètement aveugle. M@me de Roullée@ n'accepta pas une décision pareille sans en appeler, et elle vint à Genève se faire magnétiser en attendant. Mme la comtesse voyait encore elle pouvait même écrire
184 L'ART DE MAGNÉTISER Cécité. -Cataracte Lorsque la cécité est l'effet d'une paralysie ou d'une fai-blesse du nerf optique, elle peut être guérie par le magné-tisme, qui ramène la sensibilité et la force en rendant la circulation plus active. Dans le cas d'amaurose, on réussira souvent en magnéti-sant seulement l'organe. Cependant peut-être obtiendrait-on plus de succès en provoquant le sommeil. Quoique mes observations de guérison portent sur autant de cas sans sommeil, toutefois je préfèrerais le produire, je serais plus sûr du succès. Dans la troisième édition 1860, page 248, j'écrivais encore Plusieurs magnétiseurs prétendent avoir guéri des cata-ractes il m'est impossible de me prononcer à ce sujet, je n'ai pas eu l'occasion d'essayer le magnétisme dans ce cas, et je me suis proposé de ne consigner dans cet ouvrage que les résultats de mes propres observations. Dès 1880, dans la 4e édition, j'aurais pu faire cette recti-fication. Je l'ai oublié, permettez-moi de la faire aujourd'hui et d'insérer ici la cure que j'ai faite en 1869 et que j'avais consignée dans le journal le Magnétiseur, année 1870, mois de février, aux pages 30, 31, 32, sous le nom de Mme la comtesse de X... et qui est Mme la comtesse de Roullée, femme du comte de Roullée, habitant Bayonne. Mme de Roullée avait sur les deux yeux une cataracte qui n'était pas complète, un oeil surtout était moins affecté que l'autre. Les principaux oculistes de Londres et de Paris, con-sultés, ne lui donnèrent aucune espérance de guérison et lui conseillèrent d'attendre quatre ou six mois que la cataracte fût entière, afin qu'elle pût être opérée. C'était lui dire qu'à cette époque elle serait complètement aveugle. Mme de Roullée n'accepta pas une décision pareille sans en appeler, et elle vint à Genève se faire magnétiser en attendant. Mme la comtesse voyait encore elle pouvait même écrire
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-50 -souveraines. Les Beauvoir Du Roure 1 avaient donné trois papes à l'Eglise romaine, Urbain V Guillaume Du Roure-Grimoard , Xiste IV et Jules II. Les d'Armentières de Champagne, dont la noblesse datait de 986 les Bauffremont, conn mandeurs-nés de l'ordre de Saint-Jean de Jérusa-lem les Narbonne-Pelet, dont l'origine remontait à910 les Sabran, anciens comtes d'Argane et de Forcalquier les Rochechouart de Mortemart et de Faudoas, qui provenaient des Austro-Francs de Limoges les Villeneuve de Trans, premiers marquis de Provence les Béranger et les Goyon de Bretagne. Illustres gentilshommes! Hélas! tous ont-ils conservé la loyauté et la fidélité à l'écusson fleurdelisé? et puisqu'ils ont laissé briser l'écu de France, peuvent-ils encore montrer leurs anti-ques pièces de blason 2 ? 1 La maison Du Roure a tristement marqué dans nos fastes révolutionnaires. Louis-Scipion Grimoard, comte de Beauvoir Du Roure, né à Marseille, fut président du club des Jacobins, membre de la Commune de Paris, l'ami du marquis d'Anto-nelle d'Arles grande famille aussi, membre du tribunal révo-lutionnaire et du comte de Barras. Nous étions alliés aux Du Roure. Enfant, j'avais rencontré le comte Du Roure chez un de mes oncles, Angles Capefigue sa mère était fille unique du comte Catherling, pair d'Irlande, et sa grand'mère soeur de lord Bolingbroke. Ce serait une histoire curieuse à faire que celle des nobles devenus Jacobins. 2 Dans la nuit un peu mascarade du mois d'août 1789, les grandes familles renoncèrent à leur privilège, a leur titre, à leur blason. Le vicomte de Montmorency prit l'initiative. Le
-50 -souveraines. Les Beauvoir Du Roure 1 avaient donné trois papes à l'Eglise romaine, Urbain V Guillaume Du Roure-Grimoard , Xiste IV et Jules II. Les d'Armentières de Champagne, dont la noblesse datait de 986 les Bauffremont, conn mandeurs-nés de l'ordre de Saint-Jean de Jérusa-lem les Narbonne-Pelet, dont l'origine remontait à910 les Sabran, anciens comtes d'Argane et de Forcalquier les Rochechouart de Mortemart et de Faudoas, qui provenaient des Austro-Francs de Limoges les Villeneuve de Trans, premiers marquis de Provence les Béranger et les Goyon de Bretagne. Illustres gentilshommes! Hélas! tous ont-ils conservé la loyauté et la fidélité à l'écusson fleurdelisé? et puisqu'ils ont laissé briser l'écu de France, peuvent-ils encore montrer leurs anti-ques pièces de blason 2 ? @@@@@@1 La maison Du Roure a tristement marqué dans nos fastes révolutionnaires. Louis-Scipion Grimoard, comte de Beauvoir Du Roure, né à Marseille, fut président du club des Jacobins, membre de la Commune de Paris, l'ami du marquis d'Anto-nelle d'Arles grande famille aussi, membre du tribunal révo-lutionnaire et du comte de Barras. Nous étions alliés aux Du Roure. Enfant, j'avais rencontré le comte Du Roure chez un de mes oncles, Angles Capefigue sa mère était fille unique du comte Catherling, pair d'Irlande, et sa grand'mère soeur de lord Bolingbroke. Ce serait une histoire curieuse à faire que celle des nobles devenus Jacobins. 2 Dans la nuit un peu mascarade du mois d'août 1789, les grandes familles renoncèrent à leur privilège, a leur titre, à leur blason. Le vicomte de Montmorency prit l'initiative. Le
################# Les Beauvoir Du Roure 1 avaient donné trois papes à l'Eglise romaine, Urbain V Guillaume Du Roure-Grimoard , Xiste IV et Jules II. Les d'Armentières de Champagne, dont la noblesse datait de 986 les Bauffremont, co@m mandeurs-nés de l'ordre de Saint-Jean de Jérusa-lem les Narbonne-Pelet, dont l'origine remontait à910 les Sabran, anciens comtes d'Argane et de Forcalquier les Rochechouart de Mortemart et de Faudoas, qui provenaient des Austro-Francs de Limoges les Villeneuve de Trans, premiers marquis de Provence les Béranger et les Goyon de Bretagne. Illustres gentilshommes! Hélas! tous ont-ils conservé la loyauté et la fidélité à l'écusson fleurdelisé? et puisqu'ils ont laissé briser l'écu de France, peuvent-ils encore montrer leurs anti-ques pièces de blason 2 ? -50 - 1 La maison Du Roure a tristement marqué dans nos fastes révolutionnaires. Louis-Scipion Grimoard, comte de Beauvoir Du Roure, né à Marseille, fut président du club des Jacobins, membre de la Commune de Paris, l'ami du marquis d'Anto-nelle d'Arles grande famille aussi, membre du tribunal révo-lutionnaire et du comte de Barras. Nous étions alliés aux Du Roure. Enfant, j'avais rencontré le comte Du Roure chez un de mes oncles, Angles Capefigue sa mère était fille unique du comte Catherling, pair d'Irlande, et sa grand'mère soeur de lord Bolingbroke. Ce serait une histoire curieuse à faire que celle des nobles devenus Jacobins. 2 Dans la nuit un peu mascarade du mois d'août 1789, les grandes familles renoncèrent à leur privilège, a leur titre, à leur blason. Le vicomte de Montmorency prit l'initiative. Le
-50 -souveraines. Les Beauvoir Du Roure 1 avaient donné trois papes à l'Eglise romaine, Urbain V Guillaume Du Roure-Grimoard , Xiste IV et Jules II. Les d'Armentières de Champagne, dont la noblesse datait de 986 les Bauffremont, co@m mandeurs-nés de l'ordre de Saint-Jean de Jérusa-lem les Narbonne-Pelet, dont l'origine remontait à910 les Sabran, anciens comtes d'Argane et de Forcalquier les Rochechouart de Mortemart et de Faudoas, qui provenaient des Austro-Francs de Limoges les Villeneuve de Trans, premiers marquis de Provence les Béranger et les Goyon de Bretagne. Illustres gentilshommes! Hélas! tous ont-ils conservé la loyauté et la fidélité à l'écusson fleurdelisé? et puisqu'ils ont laissé briser l'écu de France, peuvent-ils encore montrer leurs anti-ques pièces de blason 2 ? -50 - 1 La maison Du Roure a tristement marqué dans nos fastes révolutionnaires. Louis-Scipion Grimoard, comte de Beauvoir Du Roure, né à Marseille, fut président du club des Jacobins, membre de la Commune de Paris, l'ami du marquis d'Anto-nelle d'Arles grande famille aussi, membre du tribunal révo-lutionnaire et du comte de Barras. Nous étions alliés aux Du Roure. Enfant, j'avais rencontré le comte Du Roure chez un de mes oncles, Angles Capefigue sa mère était fille unique du comte Catherling, pair d'Irlande, et sa grand'mère soeur de lord Bolingbroke. Ce serait une histoire curieuse à faire que celle des nobles devenus Jacobins. 2 Dans la nuit un peu mascarade du mois d'août 1789, les grandes familles renoncèrent à leur privilège, a leur titre, à leur blason. Le vicomte de Montmorency prit l'initiative. Le
-50 -souveraines. Les Beauvoir Du Roure 1 avaient donné trois papes à l'Eglise romaine, Urbain V Guillaume Du Roure-Grimoard , Xiste IV et Jules II. Les d'Armentières de Champagne, dont la noblesse datait de 986 les Bauffremont, com mandeurs-nés de l'ordre de Saint-Jean de Jérusa-lem les Narbonne-Pelet, dont l'origine remontait à910 les Sabran, anciens comtes d'Argane et de Forcalquier les Rochechouart de Mortemart et de Faudoas, qui provenaient des Austro-Francs de Limoges les Villeneuve de Trans, premiers marquis de Provence les Béranger et les Goyon de Bretagne. Illustres gentilshommes! Hélas! tous ont-ils conservé la loyauté et la fidélité à l'écusson fleurdelisé? et puisqu'ils ont laissé briser l'écu de France, peuvent-ils encore montrer leurs anti-ques pièces de blason 2 ? -50 - 1 La maison Du Roure a tristement marqué dans nos fastes révolutionnaires. Louis-Scipion Grimoard, comte de Beauvoir Du Roure, né à Marseille, fut président du club des Jacobins, membre de la Commune de Paris, l'ami du marquis d'Anto-nelle d'Arles grande famille aussi, membre du tribunal révo-lutionnaire et du comte de Barras. Nous étions alliés aux Du Roure. Enfant, j'avais rencontré le comte Du Roure chez un de mes oncles, Angles Capefigue sa mère était fille unique du comte Catherling, pair d'Irlande, et sa grand'mère soeur de lord Bolingbroke. Ce serait une histoire curieuse à faire que celle des nobles devenus Jacobins. 2 Dans la nuit un peu mascarade du mois d'août 1789, les grandes familles renoncèrent à leur privilège, a leur titre, à leur blason. Le vicomte de Montmorency prit l'initiative. Le
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Ballade amoureuse Ne quier veoîr Médit ne Jason, Ne trop avant lire ens ou mapemonde, Ne la muisque Orpheûs ne le son, -Ne Herculès, qui cercha tout le monde, Ne Lucre Je, qui tant su bonne monde, Ne Penelope aussi, car, par saint Jame, fil voi assis, puisque je voi ma dame. Ne quier veoir Vregile ne Caton, Ne par quel art orent si grant jfUOnde, Ne Leaudar, qui tout sans naviron Nooit m mer, qui rade est parfonde, Tout pour Y amour de sa dame la blonde, Ne nuls rubis, saphir, perle ne jame Je voi affh, pui que je voi ma dame. ~~ e qtiier t,eol r le c h ei,a l Pe~,a son, Ne quier veolr -Qui plus iojl court en l'air ne vole aronde, Ne l'image que sijs Pygmalion, Qui n'ot pareil première ne jeconde, Ne Oleûs, qui en mer boute l'onde S'on vcet sçavoir pour qlloi POlir ce, par tiz'apiie Je l'oi asses, pm!quc Je voi ma dame. Jehan Froissart Ballade amoureuse On me diss, dont j'ai grant mertleille, Que de dormir efi temps perdus Tant qu'à moi, je m'en efmerveille, Car le dormir me vault trop plus Que le villier. C'efi mes argus, Dormir ejl grant aise de corps, A desplaisance ne vit nuls Je n'ai nul bien, se je ne dors. Car en dormant je me confeillt, Ce m'est vis, au dieu Morpheüs, Qui mes besongnes, qu'on toueille, Remet aJJés bellement sur, Car avoir me fait ris jus De ma dame pluifours depors, Dont en veillant fui moult enfus Je n'ai nul bien, se je ne dors. Encor ii boule il en l'oreille Qu'à merci foie receùs, Et celle qui efl non pareille De donner dangiers refus, Les met à sa proyere jus, Et me diss a M'amour s je t'acors. EIlJÏ en dormant voi verlus, Je n'ai nul bien, se je ne dors. Jehan Froissart. Ballade amoureuse Je puis moult bien ma dame comparer A la fille dou noble roy Priant Plufiors en ot, mais cejle floeil nommer Polixena la belle la riant, En qui de tous biens ot tant Que de bonté de bauté su plainnt. Tout ensi ejl ma dame souverainne, Car les grans biens que je perçoi en li M'ont pluifours fois en penlant reliai. Jonete efioit Polixena, défi cler, Quant Acillès l'ama en regardant Ensi amours m'ont pris par regarder De ma dame Ion gracieux semblant, Simple, jone attraint. Or sçai assés que j'en aurai grallt pamne, Mis j'ai espoir qu'elle en fera certainne En aucun temps, cil souvenir ci M'ont pluifours fois en pensant relioi. Chiere dame, voeilliéi confiitrer Que vojlre fui ferai mon vivant. Or ai volu vojlre corps figurer A la fille Jou noble roy Priant C'ejl tout en vous honnourant, Mes à lu fin que II e J'yés humainne, Polixena vojlre nom me ramainue Dedans le vojlre en V. lettres qui M'ont pluifours fois en penfaHt ref oî. Jehan Froissart. Ballade De grant honneur amoureux enrichir Ne peut, s'il n'a loiauté en s'aye Et pour ce fay dedens mon cuer florir Loial amour d'umilité garnie, Dont doucement, sans fauffeti, servie Sera la flour nonpareille d'onneur, De grant beauté, de bonté, de valeur, Qui de mon cuer souveraine maijlrejfe Est fera. J'aray Dame Seigneur, En ciel un Dieu, en terre une DéeJJe. A ce me veul tout mon vivant tenir, Sans raffambler la fausse compagnie De ceulx qui vont prier et requérir Dames plusieurs, font partout amie, A leur pouvoir, pour leur grant tricherie, Cil font vilain, envieux menteur, Oultrecuidez, félon, fol t'anteur, Toul leur désir à faux penser s'adreje, Tel gent reny sy pren pour le meilleur En ciel un Dieu, en terre une DlefJe. Car tel tricheur font l'onneur amenrir De mainte dame, en qui n'a villenie, Tant par JCII ler coin par leur foy mentir. L'un jure Dieu, l'aulre fainâe Marie, En promettant loiauté qu'ils n'ont mie, De faux jemblant font leur droit gouverneur, Li malofiru, li mefehant, li lourdeur Tous font parjur. Pour ce leur fay promesse Que j'aime mieux à servir, par douceur, En cicl un Dieu, en terre une Déesse. EN VOT. Prince, je tien que qui veult acqulrir De vraye Amour les liens la hautesse, Tant feulement doie en son tuer choisir En ciel un Dieu, en terre une Déesse. Guy de la Trémouille. Ballade amoureuse Gente de corps, face adroit coulourée Humble regart, front hault bien assis, Entrueil plaisant, bouche bien ordonnée, Petit menton, lefres nez traitis, Vos joettes font deux fosses toudis En foubzriant, S belle plus que belle! Vous regarder est un droit paradis De jour en jour vo beauté renouvelle. Car vostre chief a toute gent agrée, Blont com fin or, vairs oeulx, les fournis Avez petiz la denteure ferrée, Mannelte blanche corne fleur de lis, Et au feurplus ejl vos corps affenis De tous les biens qui font en flour nouvelle, De plus en plus, dame, ce m'est advis De jour en jour vo beauté renouvelle. Or ejies-vous donc de bonne heure née Quant grace avez, la louenge le pris D'llmilitl. Je nobles meurs parée, De beau maintien, de manière de vis Mais sur toufes portez bien vos habis, Plus que nulle dame ne damoiselle Qui fait vivant en terre n'en pays De jour en jour vo beauté renouvelle. Eustache Deschamps. Ballade Apprenez-moy comment j'auray ejiat Soudainement, dame, je vous en prie, Et en quel lieu je trouveray bon plat Pour gourmander mener glote vie. -Je le t'octroy Traison envie Te fault Jçavoir, ceuls le mettront avant Mentir, flater, parler de lécherie Va à la court, en use souvent. Pigne toi bel, ton chaperon abat, Soies vestus de robe tris jolie, Fourre-toy bien quoy qu'il fait de l'achat, Tien-toy brodé d'or de pierrerie Ment largement afin que chascuns rie, Promet assez, tien po de cornent. Fay tous ces poins ne te chaille qu'on die Va à la court, en u e souvent. A maint l'ay veu faire qui s'i embat, Soi acointer de l'eschançonnerie, Jouer aux dez tant qu'il gaingne ou soit mat, Qu'il jure fort, qu'il maugrie ou regnie Et lors fera de l'adtoite mefgnie. Fay donc a infis, met toy tou jours devant i Pour avoir nom tous ces vices n'oublie Va à la court, en Isse souvent. EN VOY. Princes, bien doy remercier folie, Qui m'a aprins ce beau gouvernement, Et qui m'a dit A ces poins ajfudie Va à la court, - en Ilfc souvent. Eustache Deschamps Ballade Or, n'est-il fleur, odour ne violette, Arbre, esglantier, tant ait douçour en lui, Beauté, bonté, ne chose tant parfaire, Homme, femme, tant fait blanc ne poli, Crespé ne blont, fort appert ne joli, Saige ne foui que Nature ait formé, Qui à son temps ne fait vieil usé, Et que la mort a sa fin ne le chace, Et, se viel efi, qu'il ne foit diffamé Viellesce efl fin, jeunefce efi en grâce. La fleur en may son odeur deleE e Aux odorans, non pas joûr demi En un moment vient li vens qui la guette Cheoir la fait ou la couppe par mi Arbres gens pajjent leur temps ainsi Riens ejlable n'a Nature ordonné Tout doit mourir ce qui a ejléné. Un povre acés dé fièvre l'omme efface, Ou aage viel, qui eji déterminé Vieillefce est fin, jeunefee ejl en grâce. Pour qtioy fail donc dalnt, ne pucellette, Si grant dangier de s'amour ii ami, Qui fichera, soubz le pié com l'erbelle ? C'est r,wt folour que n'avons IIOUS mercs L'un de l'autre ? Quant tout fera pourrJ, Ceulx qui n'aiment, ceulx qui ont amé, Ly refusant feront chétif clamé, Et Ii donnant aront vermeille face, Et si feront au monde renoenmé. Vieillefce est fin, jeunefee rft en grâce ENVOY. Prince, chascun doit en son jofne aé Prandre le temps qui lui ejl deftitlé j Eu l'aage vicl tout le contraire face Jinfis ara les deux temps en chiale, Ne face nul de s'amour grant firrti Vieilhfce est fin, jeunefce eji en grâce. Eustache Deschamps. Ballade sur la mort de sire Bertran Duguesclin Estoc d'Oneur, arbres de vaillance, Cuer de lyon cltrir S de hardiment, La four des freux la gloire de FranCs, Viâorieux hardi combalanl, Saige en voz fais, bien enlreprenant, Souverain home de guerre, Vainqueur de gens conquerreur de terre, Le plIa vaillant qui oneques fujl en vie, Chascun pour vous doit noir vessir querre Plourez, plourcz, four de chevalerie ! O Bretaingne, ploure ton esperance ! Normandie, fay son enlicremenl, Guyenne aujft, Auvergne, or t'avence, Et Languedoc, quier lui son monument Picardie, Champaigne OCCldwt, Doivent pour plourer acquerre Tragediens, Arethufa requerre Qui en eaue fut par plour convertie, Afin qu'à tour de sa mort les cuers serre Plourez, plourez, flour de chevalerie. Hi 1 gens d'armes, aiez en remembrance sofire pere vous estiez si enfant. Le bon Bertran, qui tant ot de puissance Qui vous amoit si amourcufement, Guesclin crioit. Priez dévotement Qu'il puiss paradis conquerre. Qui dueil n'en fait, à qui n'en prie, il erre, Car du monde ejl la lumiere faillie De toute honneur efioit la droiéle ferre Plourez, plourez, flour de chevalerie Eustache Deschamps. Ballade Maintes gentes me prie que je face Aucun beauh dis que je leur envoxe, Et de 1er dient que j'ay la grâce, Mais air c Joit leur paix. Je ne jçauroyc Ne puis à beaux !is donner sens ne jo e. Puis que prié m'en ont de leur Z,vll11, Peine y mettray, quoique ignorante foye, POlir accomplir leur bonne roulent, Mais je n'ay pas sentiment ne espace, De sa ix ais, ne de foulas, ne de jove, Car ma douleur qui toutes autres paje, Mon sentiment joyux tout le defvo e hlais du grand dutil qui Ille tiens morne coye, Puis bien parler '1,res apiter Bien diray plus vuu'entieis, plus seroye Pour accomplir leur bonne voulenté. Et qui voudra sçavoir pcurquoy efface Dueil, tout mon bien, de legier le diroy Ce sujt la mort qui fery sans menace Ctlluy de qui trefiout mon bien avoye, Laquelle mort m'a mis, met en voye De desespoir. Ne puis je n'oz fanté. De ce seraJ mes dis, puis qu'on ni en proye, Pour accomplir leur bonne voulenié, BNVOY. Princes, prenez en gré se ne failloye, Car le diaïer je n'ay mie hanté, Mais maint mien ont prié je l'octroye Pour accomplir leur bonne voulentè. Christine de Pisan, Ballade Mon doulx amI, n'ayez melancolte Se j'ai en moi si joyeuse matl iéré El se je fais en tous lieux chiere lie, Et de parler à maint fuis coutumiere Ne croyez pas pour ce, que plus legiere Soye envers t'ous. Car c'eji pour depceuoir Les médifans qui l'luloll tout sçavoir. Car se je fuis gaye, cointe jll ye, C'est tout pour vous qu'aime d'amour entiere, Se ne prenez nul foin qui contralie Votre bon cuer. Car pour nulle j'rierr, se n'ameray autre qui m'en requerre. Mais on doit moult Jouter, a dire voir, Les médifans qui veulent tout sçavoir. Sachiez devoir qu'amours feforl me lie, Que votre amour que n'ay chose tant chiere Mais ce ferait à moi trop grand folie De ne faire, fors à vous bonite chiere , Ce n'est pas droit, ne chose qui affiere, Devant les gens pour faire appcrcevoir Les miiifans qui veulent tout sçavoir. Christine de Pis an. Ballade T Ifl I avez l'ail par voire grant djul ûut, Très ¡ oulz amy, que i ous m'avez conquift-Plus it'y convient complainte, ne clameur Jà n'y aura par moy defense mise. Amours le veult par sa douîce maijlrife, Et moy aujji h l'ue.l car, se m'ait Dieu , Au fort e'efloil soleur, quand je m'avijc De refuser ami si gracieux. Et j'ay espoir qu'il a tant de valour En vous, que bien fera tn'amour ijjije Quand de beauté, de nracc toute bonnow, Il y a teinfj qllc C'tft droit qu'il foujfife, Si tft bien droit que sur tous vous elise, Car vous ejies bien digne d'avoir miel x Si ay eu tort, quant tant m'avez requise, De refuser ami si gracieux. Si vous rliell, et vous donne m'amour, Mon fin cuer doulz, ô- vous pri que faintije Ne treuve en vous, ne nul autre saulz tour, Car toute m'a entièrement acquise Va doulz maintieng, vo manière rassise, Et voz très doulz amoureux beaulx yeux Si auroye grant tort, en toute guise, De refuser ami si gracieux. EN VOY. Mon doulz a Ili, que j'ann sur tous prise, J'oy tant de bien Je vous dire, en tous lieux, Que par raifoll devroye ejire reprise De refuser ami si gracieux. Christine de Pisan. Ballade Seulelte fuis, seulette vucil ejlre, Seulctte m'a mon doulz ami laissèe, Seulette fuis, sans compaignon, ne maistre, Seulctte fuis, doulente courroucée, Seulette fuis, en langour mefaifée, Seulette fuis, plus que nulle efgarii, Seulette fuis, fOlz ami demourÙ. Seulette fuis à huiz, ou à fenejïre, Seulelte fuis en un anglct mucèe, Seulette fuis pour moi de pleurs repaiflre, Seulette fuis, doulente ou appai ée, Seulettefuis, rien n'cjl qui tant me fié Seulelte fuis en ma chambre enferrée, Seulette fuis senz ami demourée Seulette fuis partout, d' en tout ljlre, Seulette fuis, où je voise, où je fiée, Seulette fuis plus qu'autre rien terrejlre, Seulette fuis de chascun delaijJée, Seulette fuis, durement abaissie, Seulette fuis souvent toute efplorée, Seulette fuis fenx ami demourée. BNVOY. Princes, or efi ma douleur commencilt, Seulette fuis, de tout dueil mntaciée, Seulette fuis, plus tainte que morée, Seulette fuis, fera ami dtmourée. Christine de Pisan. Complainte sur la mort du duc de Bourgogne Phurez, Françoys, tout d'un commun vouloir Grans petis, phurez cesse grant perte ! Pleurez, boit roy, hten vous devez vouloir Plourcr devez vojlre grevance apperte ! Phurez la mort de cil qui, par desse te, Amer deviez par droit de lignuige, J njlre loyal no'le on, le, le très faire, n-S Bourguignons prince duc excellent Car je vous dy qu'en mainte grant berongne Encor dire trejiuit à citer dolent Ajfaire eujions dit bon duc de BJ r gongne Pleure , Bcrry, plouiez luit fy h t Car caisse avez, moit la vous a ouverte! Duc d'Orléans, moult vous en doit chaloir Car par son Jens mainte saulse efi couverte ! Duc des Bretons, plourez car je fuis certe Qu'affaire avez de luy en vo jeune âge ! Plourez, Flamenr, son noble feignourage ! Tout noble Jane, allez vous adoullant ! Plourez, ses gens ! car joie vous ejlongne Dont vous direz souvent en vous doublant Affaire eussions du bon duc de Bourgongne. Plourez, Royne, ayez le cuer noir Pour cil par qui fctifies on trofne offerte! Plourez, dames, sans en joie manoir 1 France, plourez d'un p'llier ef déferle, Dont tu reçoys esche à defeouverte Gar toy du mal ! quant mort par son oultrage Tel chevalier t'a toulu, c'efl dommaige 1 Plourez, pueple commun, sans ejlre lent Car moult perdez, chascun le lefmoingne, Dont vous direz souvent mate relent Affaire eussions du bon duc de Bourgongne. Christine de Pisan. Ballade O fol des fil., les folz mortel hommes, Qui vous fiez tant is liens de fortune En celle terre, ès pays où nous sommes, Y avez vous de chose propre aucune ! Vous n'y avez chose vostre litS-une, Fors les heatilx dons de grâce de nature. Se Fortune donc, par cas d'adventure Vous toult les liens que vojlres vous tenez, Tort ne vous fait, ainçois vous fait droiâure, Car vous n'aviez riens quand vous Iustes nez. Ne îaiffez plus le dormir à grans sommes En voflrc li3, par nui l ohfcure brrme, Pour acquefltr richesses à grans sommes. Ne convoite choses dessoubz la lune, Ne de Paris, jusques à Pampelune, Fors ce qu'il sauls, sans plus, à creature Pour recouvrer sa simple nourriture. Souffife vous d'efire bien rmommez, Et d'emporter bon loz en sepulture Car vous n'aviez riens quand vous fufits nez. Les joyeulx fruiât des arbres ô, les pommes, Au temps que fut toute chose coMmuru, Le beau miel les. glandes les gommes Soufflaient bien- à chascun chafaine Et pour ce fut sans IIoife sans rancune. Soyez contens des chaulx des froidures, Et me prenez Fortune doulce ô- feure.. Pour vos pertes, griefve dueil n'en menez, Fors à raison, à point, à vtefure, Car vous n'aviez riens quant vous fufits nez. Se fortune vous fait- aucune injure, C'est d fou droit, ji ne l'en reprenez, Et perdiffietjufques à la vefiute ■ Car vous n'aviet riens, quant vous fufits nez. Alain Chartier. Ballade sur le régime de Fortune Sur lac de ducil, sur riviere ennuieufe, Plaine de cris, de regrctz, de clains, Sur pcfant fourfe £ r melencoluufe, Plaine de plours, de souspirs de plait s Sur gratis ejiapl, s d'amertume tout plains, Et de doule ur sur abisme parfonde, Fortune la sa maison tousjours son, e A l'un g des lez de roche espouventable. El en pendant, ajfin que pluJlojl fonde, En dcmonjlrunt qu'elle n'ejl pas ejlable. D'une part clere, d'autre tenebreuse Ejl la maijon aux douloureux mefhains, D'une part riche d'auhe foujfrcteufe, CeJl du cossè où les champs font prochains, Et d'autre part a aJ ez fruiJz grains. LA fiel fortune ou tout en air habonde, D'une part noirt, de l'autre elle efi blonde D'une fart ferme, d'autre trefbuehable, Muette, sourde, aveugle, sans faconde En demonftrant qu'elle n'ejl pas estable. Et là endroit par sa dextre orgueilleuse Qui retenir ne veult brides ne frains, En sa maison doubtable perilleuse Sont les mefchiefz tout mouflez emprailu, Dont les deliaz font rompu enJrains, Et les honneurs gloire de ce monde. Car par le tour de sa grant rose ronde Fait à la fois d'ung palais une efiablt, Et auJft tost que le vol d'une aroiide, En demonfirmt qu'elle n 'ejl pas establ EN VOY. Que voulez vous que je die refponde f Se fortune efi une fois deleSable, Elle fera amere à la feconJe, En demonfirant qu'elle n'ejl pas eflabl.. Àlain Chartier. Ballade sur la mort de sa dame Fy de ce May qu'on clame si courtois, Fy de Venus de la beauli d'elle, Fy d'efperuiers, de faulcons, pivots Fy de harper, de chanter de t'ielle De tous oyseaulx, excepte' rarOffdelle. De moy-mesmes dif-je fy par mon ami, Si fais-je aitjji d'amours, aujJi de Dame. Fy de tous jeux, de chansons, de renvois, Fy de Pallas, de la beauté d'elle, Fy de joujles, de dances, de tournois. Et si dis fy de la façon nouvelle Si fais-je aussi de celuy vu de celle Qui loyaulte maintiendra jour ne lerme. Si fais-je aussi d'amours, aussi de Dame. Et s'en dis fy, se plus ne la revois, Pas ne feray comme la turterelle Ains sembler vueil au rossignol du bois. Car aussi tofl qu'a fait de sa femelle, Sifflant s'en va, luy monflre son aefle, Lireau luy fait, combien que foit diffame, Si fais-je aussi d'amours, aussi de Dame. Alain Chartier. Ballade Priez pour paix, douhe Vierge Mari, , Roytte des ciculx, ô du monde înaijîrejfc, huéles prier par voflre courtoisie, Sain As faillies, prenez vpjlre adreJ -Vers vojl-e fils, requerrait! sa l aullt'fTe Qu'il lui plaise fort peuple regarder, Que de on fan g a voulu racheter, En déboulant guerre qui tout defvnye De prieres ne vous veuilliez la fer, Priez pour paix, le vray tresor dt jOIt, Priez prclaz gens de fiimle vie, Religieux, ne dormez en pareTe, ' , Priez, maij res, tous suivans clergie, Car par guerre failli que l'ejlude cesse Moujiiers dejiruiz font sans qu'on Us redresse. ,~loujîiers deflriiiz jbpit satis qi~'on les re~ i t effe, Le service de Dieu vous fau.11 laisser, Quand ne povez en repos demourer Priez si fort que briefment Dieu vous oy, L'Eglift voult à ce vous ordonner, Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, princes qui avez frignwrie, Roys, ducs, contes, barons plains de nollcjfe , Gentils hommes avec chevalerie, Car meschans gens surmontent gentilleffc En leurs mains ont toute vojlre richesse, Desbatz les font en hault estat monter, Vous le povez chascun jour veoir au cler, Et son riches de vos biens monnoye, Dont vous deussiez le peuple supporter Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, peuple qui souffrez tirannie, Car vos seigneurs font en telle Joibleffe, Qu'ilz ne peuvent vous garder par maistrie, Ne vous aider en vojlre grant defireffe Loyaux marchans, la felle si vous blesse, Fort sur le doz chascun vous vient proffer, Et ne povez marchandise mener, Car vous n'avez feur passage, ne voye, Et rnatnt péril vous convient-il pajer Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, galans joyeulx en compaignie, Qui defpendre deJirez à iargejfe, Guerre vous tient la bourse Je garnie, Priez, amans, qui voulez en liesse Servir aIl OIIU, car guerre, par ruJejfe, Vous Jtjlourve Je voz James hanta, Qui maintejfoiz fait leurs voloirs torner, Et quant tenez le bout Je la courroye, Ung eJ rangier Ji le vous vient ojler Priez pour paix, le vray tresor Je joye. E N v o Y. Dieu tout puissant nous vueille conforter Toutes cho es en terie, ciel mer, Priez vers lui que brief en tout pourvoye, En luy seul eji Je tous maulx amender Priez pour paix, le vray tresor de joye. Charles d'Orléans. Ballade En regardant vers le pays de France Uflg jour m'avinl, à Dovre sur la mer, Qu'il me souvint de la doulce plaisance Que fouloie ou dit pays trouver Si cotnmençay de cueur à souspirer, Combien certes que grant bien me Jaisoil, De veoir France que mon cueur amer doit. Je m'avifay que c'estoit nonfavance, De telz souspirs dedans mon cueur garder, Veu que je voy que la voye commence De bonne paix, qui tous biens peut donner Pour ce tournay en confort mon penser, Mais non pourtant, mon cueur ne se lajfoit De veoir France que mon cueur amer doit. Alors chargeay, en la nef d'esperance, Tous mes fouhays en leur priant d'aler Oultre la mer, sans faire Jemollral ce, Et à France de me recommander Or nous doint Dieu bonne paix sans tarder, AJonc auray loisir, mais qu'ainsi fait, De veoir France que mon cucur amer doit. EN VO Y. Paix ejl irefor qu'on ne peut trop louer, Je hé gu erre, point ne la doit priser, Deflourle m'a longtemps, foit tort ou droit, De t'loir b rance que mon cueur amer doit. Charles d'Orléans. Ballade Le beau souleil, le jour saint Valent in, Qui apportoit sa chandelle alumée, N'a pas longtemps, entra un g bien matin Priveement en ma chambre fermée, Cette clarté, qu'il avoit apportée, Si m'esveilla du somme de souffy, Où j'avoye toute la nuit dormy Sur le dur liâ d'ennuieufe pensse. Ce jour aujJi, pour partir leur butin Des biens d'Amours, faisoient assemblée Tous les oyseaulx, qui parlans leur latin, Crioyent fort, demandans la livrée Que Nature leur avoit ordonnée C'ejloit d'un per comme chascun choisy, Si ne me peu rendormir, pour leur cry, Sur le dur lit d'ennuieufe pensée. Lors en maillant de larme mon coeffi i, Je reyrelay ma dure drjliuée, Dijant Oyfcaulx, je vont voy en chemin De tout plaisir joye àefrée Chascun de vous a per 'lui lui ayrér, El point n'en ay, car Mort, qui m'a Irah A prin mon per, dont en ducil jr languy Sur le dur lit d'rnnuie u se j enfée. E N v i v. Saint Valentin choiftjent, cejle année, Ceulx celles de l'amoureux party Seul me tendray, de confort defyarny, Sur le dur lit d'ennuieufe penjie. Charles d'Orléanj. Ballade Las 1 Mort qui t'a fait si hardie, De prendre la noble Princesse Qui efioit mon confort, ma vie, Mon bien, mon plaisir, ma richesse Puisque tu as prins ma maiflreffe Prens moy aussi fonferviteur, Car j'ayme mieulx prouchainement Mourir, que languir en tourment, En paine, fouffy doleur. Las 1 de tous biens e Las 1 de tous biens efioit garnie, Et en droiSe fleur de jeunesse Je pry à Dieu qu'il te maudie Faulse mort, plaine de rudesse Se prise l'eusses en vieillesse, Ce ne luft pas si grant rigueur Mais prise l'as haftivemenl, Et m'as laissié piteusement En paine, foufy doleur. Las! je fuis feu l, sans compaigu.'e, Adieu ma Dame, ma lie Je Or cjl nostre amour deparlie, Non pourtant, je vous fais promesse Que de prieres, à l,¡ygejJe, Morte vous ferviray de cueur, Sans oublier aucl nelllml, Et vous regreâeray souvent En paine, fouffy doleur. EN v o Y. Dieu, sur tout souverain Seigneur, Ordonnez, par grace doulcellr, De l'ame d'elle, tellement Qu'elle ne foit pas longuement En paine, foujfy doleur. Charles d'Orleans. Ballade Le premier jour du mois de May, Trouvé me fuis en compaignie Qui efloit, pour dire le vray, De gracieuseté garnie Et pour ojier merencolie, Fut ordonné qu'on choifiroit, Comme fortune donneroil, La fueille plaine de verdure, Ou la sieur pour toute l'année Si prins la feuille pour livree, Comme lors fut mon aventure. Tantost apres je m'avifay, Qu'a bon droit, je l'avoye choisie, Car, puisque par mort perdu ay La fleur, de tous biens enrichie, Qui efloit ma Dame, m'amie, Et qui de sa grace m'amoit, Et pour son amy me tenoit, Mon cueur d'autre fleur n'a plus cure Adonc congneu que ma pensee .4ccordoit à ma deflil Ù, Comme lors fui mon aventure. Pour ce, la Jueille porluay Cest an, sans que point je l'oublie Et A mon pouvoir me tendrai Entièrement de sa tartie je n'ay de nulle fleur envie, Porte la qui tortcr la doit, Car la fleurque mon cueur aimoit Plus que nulle autre creature, Eji hors de ce monde pajfc'e, Qui son amour m'avoit donnée, Comme lors fut mon aventure. EN vor. 11 n'ejl fueille, ne fleur qui dure Que pour ung temps, car efprouvée J'ay la chose que j'ay comptée, Comme lors fut mon aventure. Charles d'Orléans. Ballade intitulée les contredictz de Franc Gontier Sur mol duvet assis ung gras chanoine, Lez ung brasier, en chambre bien nattée A fan cojlé gisant dame Sydoine, Blanche, tendre, pollie, attaintée, Boire ypocras, à jour à uuyâée, Rire, jouer, mignonner baiser, Et nud à nud, pour mieulx les corps-s'ayfer, Les vy tous deux par ung trou de mortaise, Lors je congneu que pour dueil apaiser Il n'et ftrffor que de vivre à fan aise. Se Franc Gontier a compaigne Heleine Eussent cesse doulce vie hantée, lyaulx civotz qui cauftnt firte alaine N'en mengeaffent bife croufitre frottée. Tout leur mathon, ne toute leur potée Ne prise ung ail, je le dy sans noyfier. S'ils se vantent coucher soubz le rosier, Ne vault pas niieulx lict cojioxc de chaise f Qu'en dictes vous ? faut-il d ce muferl Il n'efl trésor que de vivre à son aise. De gros pain bis vivent, d'orge, d'avoyne El boivent eau tout au Ion? de l'année. Tous les oiseaulx d'icy en Babyloine, A tel efeot, une feule J,HO née Ne IIIC tiendraient, non une matinée. Or s'e, baie, de par Dieu, Franc Gantier, Hélène o luy, soubz le bel Esglantier, Si biCll leur ejl, n'ay caisse qu'il nie poise. Mais quoy qu'il foit du laboureux mestier, Il n'cft Iréfor que de vivre à son aise. EN VOY. Prince, jugez, pour tous nous accorder Quant efl à tnov, mais qu'à nul n'en desplaise, Petit enfant fay oüy recorder Qu'il n'efl trésor que de vivre à son aise. François Villon. L'épitaphe en forme de ballade que fit Villon pour luy et pour ses compaignons s'attendant à estre pendu avec eux Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les cueurs contre nous endllrClz i Car si pitié de nous pouvres avez, Dieu en aura plujlojl de vous merciz. Vous nous voyez cy attachez, cinq, six Quant de la chair, que trop avons nourne, Elle efi pieça dévorée pourrie Et nous les os, devenons cendre pouldre De nostre mal personne ne s'en rie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. Se vous clamons, frères, pas n'en devez Avoir defdaing, quoyque fufmes occis Par jujlice toutesfois vous sçavez Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis, întercedez doncques de cueur transis, Envers 1e Filz de la Vierge Marie Que sa grace ne foit pour nous tarie Nous prefervanl de l'infernalle fouldre. Nous sommes mors, ame ne nous harie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. La pluye nous a déluez lavez Et le soleil dessèchez lIoirciz Pies, corbeaux nous ont les yeux cavez, Et arraché la barbe les sourcilz Jamais nul temps nous ne sommes rassis Puis ça, puis là, comme le vent varie, A fou plaisir, sans cesser nous charif Plus becquetez d'oyseaulx que dez à couldre Hommes icy n'usez de mocquerie Mais priez Dieu que tous nou! vueille absouldre. EN VOV. Prince JÉSUS, qui sur tous seigneurie, Garde qu'Enfer n'ayt de nous la maijlrie, A luy n'ayons que faire, ne que fouldre Ne oyez donc de nofire confrairie Mais priez Dieu que tous nous,veuille absouldre. François Villon. Ballade et oraison Père Noé, qui planlaftes la l igne Vous aussi Loth, qui bu fie s au rocher, Par tel parîy, qu'amour qui gens cngeinglle, De vos filles si vous feit approcher Pas ne le dy pour le vous reprocher .4rchitriclin qui bien fceujles cejl art Tous trois vous pris, qu'o vous veut liiez percher L'amt du bon feu maijlre Jehan ColarJ. Jadis extraie1 il fut de vojlre ligne, Luy qui beuvoit du meilleur 6' plus cher Et ne deujl-il avoir vaillant qu'un pigne. Certes, sur tous, c'efloit un bon archer On ne luy sceus pol des mains arracher. De l ien boire ne fut oneques faitard. Nobles seigneurs, ne foujfrez empefeher L'ame du bon feu maijlre Jeha71 Cotard. Comme homme embeu, qui chancelle trépigne, L'ay veu fouvenl, quand il s'alloit coucher Et une foys il se fit une bigne, Bien m'en fOllvietlt, à l'étal d'ung boucher. Bref on n'eust sçeu en le monde cercher Meilleur pion, pour boire tojl tard Faiâes l'entrer, se vous l'oyez hucher, L'ame du bon feu maifire Jehan Colard. ENVOY, Prince, il n'eut sçeu jusqu'à terre cracher Toujours crioit, haro, la gorge m'ard Et si ne sceut cnq' sa fois estancher, L'ame du bon feu maijlre Jehan Cotard. François Villon. Ballade que Villon feit à la requeste de sa mère pour prier Nostre-Dame Dame des Ciwlx, régente tarierm hmpericre des in'eruaulx palux, Recevez moy, vofre hlllllble Chrefiiennt, Que compriu e foye entre vos Ejlciiz, Ce non olylat t qu'onques rien ne l'aluz. Les biens de vous, ma dame ma maijlrejfe, Sont trop plus gratis que ne fuis péchercjfe Sans lesquelz biens atne ne peult mériter, N entrer es Ciculx, je n'en fuis mentcrrejfe, En cejle foy je vueil vivre mourir. A voftrc fil diâes que je juis fiennc. De luy soient mes péchez aboîuz Qu'il me pardonne comme à l'Egyptienne, Ou comme il feit au clerc Théophilus, Lequel par vous fut quitte ablolllz, Combien qu'il el ft au diable Jaia protneffe Prsfervez moy, que point je ne face ce, Vierge portant, sans rompure encourir, Le sacrement qu'on célèbre d la messe En ceste foy, je vueil vivre mourir. Femme je fuis povrette ancienne, Ne riens ne sçay oncques lettre ne leuz Au mouflier voy, dont fuis parroiffiennc, Paradis painS, où font harpes luz, Et un g enfer ou damnez font bouilluz L'un g me saiâ paour, l'autre joye ô- liejfc. La joye avoir faictz moy, haulle iléeje, A qui pécheurs doivent tous recourir, Comblez de foy, sans sa in de ne paresse En ceste foy je vueil vivre 6 mourir. ENVOY. Vous portafles, vierge digne princesse, JÉsus régnant, qui n'a ne fin, ne cefft. Le tout puissans, prenant nofire faiblesse, Laissa les cieulx, nous vint secourir Offrifi à mort sa très chère jemejje Nojire Seigneur tel ejl, tel le confesse En ceste foy je vueil vivre mourir. François Villon. Ballade des dames du temps jadis Dictes moy, ou, n'en quel pays, Efi Flora la belle Romaine i Archipiada, ne Thaïs Qui fut sa cou fine germaine? Écho parlant quand bruyt on moitié Deffvs riviere, ou fus cjtan Qui beaulté eut trop plus qu'humaire ? Mais ou font les neiges d'antan ? Ou efi la trls-fage Helois, Pour qui fut chastré, puys moynr, Pierre Efbaillart, i sainct Denys. Pour son amour eut cette effoyne. Semblablement où efi la Royne, Qui commanda que Buridan Fut jetté, en ung sac, en Seine ? Mais ou font les neiges d'atitan ? La Roy ne blanche comme IIng lys, Qui chantait à voix de Sereine Balhe au grand pied, Biétris, AHys Harembouges qui tient le Mayne i Et fehanne Li bonne Lorraine, QI 'AI gr'yr Initièrent à RoussI Ou font i! , vierge souveraine ? M.ti ou font les neiges d'antan EKVO Y. Prince n'enquerez de sepmaine, Ou elles fOI l, ne de ce 1 an, Que ce rerraiu ne vous rentable Mais ou font les neiges d'antan ? François Villon. Doctrine de la belle- heaulmière aux filles de joie Or y pensez belle gantiére, Qui m'escoliére fouliez efire Et vous Blanche la favatiire, Or efi-il temps de vous congneifirc Prenez à dextre à fentftre N'efpargnez homme, je vous prie Car vieilles n'ont ne cours, n'y ejlre, -Ne que monnoye qu'on de crie. El vous la gente faulcijJiere Qui de dancer ejles à iefire Guillemette la tapissiére, Ne mefprenez vers vojlre maifire Tous vous fauldra clorre fenejlre, Quand deviendrez vieille, fleftrie Plus ne servirez qu'ung vieil prebstre, Ne que monnoye qu'on descrie. ehanneton la chaperonnicre, Gardez qu'amv ne vous empejlre Katherine Vefperonnière, N'envoyez plus les hommes paiflrt Clr qui ILÎIC n'tft ne perpètre Leur bonne gidce, niais leur rie, Laidde v'eiVeJc nll Olr n'impeln, Ne que monnaye qu'on deferie. LN V O Y. Fillest veuilles vous entremettre D'efeoutcr pour quoy pleure crie, Pour ce que je ne me puys mettre Ne que monnoyc qu'on de fer ic. François Villon. Ballade Effeminez, lasches amoliz, Plongés en baings, reposez en molz lie z, Ablandijfez, allachrz en re ail, Fuyans aSraiBz de vertus embelliz, Auâorizans voluptueux deliaz, Suyvans hancquelz par cilez pallais Comme abhortez, très difformes laids, Et de vices prophanez poilus, Premier que soyent leurs droiaz ans révolu , Et par finy leur terme limité, Ils ensuivront les fuppoflz deolus. Tost déperijl pusillanimité. Veneriens jeux plaisans polluz De délices, gras brochetz d- coulus, Baisers, embras, attouchemens folletx, Dances, efbas ô- telz ptlis messis Sont en moyens d'auoir enfepueli Honteusement mains, mai Ires ô- varlctz Car tous ceulz qu'oui suivi amoureux lai , Et les ont tliz conttie ils les ont voluz Mercenaires d'honneur ne font ejleuz, Ains périront en leur infir nitc Sans que de nulz oient pl.iingez ne dolluz. ToJÎ dcperifl pusillanimité. Sextus Tarquin fubjeâ a neu couliz A Ro.nme feijl tant richement crojlis, Qu'il abatit les royaulx chappelliz Et Rohoam par un g conseil couliz Meiji sur sa gent tribuz merencolis, Dont affaibly se trouva de tous lès Marc Anthoine, eu traynant les ballaiz, Clcopatra laissa se, s Marcelline '.1,, , .1 harpes ludi, Lubrique fit! jw'que à l'cxti imité. Peu dura l'heur de Sardanapalus, ToJI deperijl pufillanimiti. EN v O Y. Prince, voyez comme grans font aboliz, Tours chafleaulx pays defmoliz, Et tant de gens cheuz en calamité Quand les Vertus font mises en oublis, Et les vices ont les cuettrs affaiblis. Tost déperijl pusillanimité. Octavien de Sainct-Gelaiz. Le cymetière des Anglois Le mandement par Pruhuce transmis Ali, trois Hjhtls re ponce doit avoir. Elle nous mande qu'avons des tt llemis, C'II très bien fait nuis le faire asavoir. Pui qu'a tout mal ou voit Anglois mouvoir Contre Françoys, par la foy qu'à Dieu doibz, De tefijler contr'eulx feray debvoir, Car France ejl cimetiere aux Anglois. Elle nous mande '.l 'il ne font endormii A nous piller rober noflre avoir, Et qu'ilz ne jont trop la ches ni défais, Et que de brief nous doibvent venir veoit, CrJI très bien fait nous le ramentevoir Devant qu'en France viengnent faire effroi , A celle fin par bon ordre y pourvoir, Car Fratuc cfl cimetiere aux Anglois. De tout bienfait Anglois ont cueur remis. D'amfi vouloir trai on concepvoir, Et pour ce faire ilz ont tous leurs arts mis Mais qu'ilz se gardent François venir revoir, Car si la mort y debvroys rtcepvoir Ils comparront le mal fait aux FrancoJs. se leur eonftillc non bouger., mouvoir, Car France est cimetiere aux Anglais. ENVOY. Prince qu'on note que si debvoit pleuvoir Pilrres, cailloux, fiourlra blanche croix. Ne tafchent plus Anglois nous decepvoir. Car France efl cimetiere aux Anglois. Pierre Vach ot. Une pure et blanche licorne Qui se vint rendre à pureté Le grand veneur, qui tout tnal pourechaffe Portant epieux agus affilés, Tant pourchassa par sa mortelle chafTc, Qu'il print un cerf en ses lacz filrt I.efjueh avoit ' f grand derpit filles Pour le surprendre au beau parc d'innocence. Lors la licorne en forme belle effencc Saillant en l'air comme roync des befles, Sans craindre envieux can in, Monstrer se vint au veneur a sept tffles Pure licorne expcllant tout venin. Le faulx veneur, cornant par fiere audace, Les chiens mordans sur les cha nps arrangés, L'esperant prendre en quelque hl cac place, Par la fureur de tels chiens Cllragis Mais drfClmfits, las Jrcouragés, Ne luy ont said inorfeure ou i-iilence, Car le lyon de divine excellence La nourrissoit d'herbes fleurs cclefles, En la gardant par son plai ir benin, Sans endurer leurs abboys moltJles, Pure licorne expcllant tout venin. Sus elle ejioit prévention de grace, Portant les traits d'innocence empanés Pour repeller la vinéneufe trace De ce chasseur ses chiens obJlinés, Qui furent tous par elle exterminés Sans lui avoir inféré quelque offense. Sa dure corne ejlevoit pour deffen e, Donnant apport aux bejles trop fubjeâei A ce veneur cauteleux d- malin, Qui ne print onc par ses dards ni sagettes Pure licorne exptllant tout venin. Ainsi faillit pariejfus sa fallace Et dards pointus d'archer mortel ferrés, Se recevant sur haultaine tarrajfe Sans eJlre prinse en ses lacz ô- ses rhetz, Lesquelz avoit fort lyjjus ferrés Pour lui tenir par sa fiere insolence Mais par douceur par benivoletice Rendre les vint entre les bras honnejles De puritè plaine d'amour divin, Qui la gardait, sans taches dcshonnefles, Pure licorne expellant tout venin. Pour eilre es champs des l'c lcs l'oultrepajfc El conforter tnis humains Jefolès, Triomphalmcut feule efcliappe surpasse Les lac infecli par icelle adiril'e'f. Dont ici oas nous Jomines consoles Par la licorne où gi l toute ajjluence D'immortel hien par cèlejlc influence Car par ses saisis méritoires gejlcs A confervè tout l'orgueil serpentin En je monjhant par vertus manifestes Pure licorne expellant tout venn. E N V O Y. Veneur maudit, retourne .i les tempejleS, Va le pltll ga au gOi Jre julp Jllrill, Puifijue n'as prins, par les cors trompejles, Pure licorne expellant tout vellin. Pierre Fabri. Ballade à Christofle de Refuge Se de dix mille martyrs vous voulez rendre Pour ejlre mis en la rrnud'confrairie, Besoing fera premièrement aprendre L'heur malheur d'hoinn e qui se marye, Je prie à Dieu la Vierge Marie, Que à ce besoing vous doitit ayde secours Puisque le cuetir y a jà prins son cours, L'oeil y fera guet, embusche, ou efeoute Si faulte vient, pour principal recours, Faiaes semblant de jamais n'y veoir goutte. Vous avez sens engin pour apprendre Ce que au cas vous fert ou contrarie. Le plus fort n'ejl hault ouvraige entreprendre, Mais fault penser comment le vent varie Les faietz d'Amour font ceuvres de faerie, U lg jour croyjfans, l'autre fois en decours Soient çeus de ville, de cha'eaulx ou de c.vvs, Si quelqu'un g vient dont vous soyez en dOllble, Et fall 'le vient pour piincipal recours, FaiSles jemblant de jam i n'y veoir goutte. Conjiderez, si lemme on lez proldrc, Par qnel Jie uin il j-iult qu'on la cua- rte Si faulte fai.1, la vouLz reprendre, Elle fera forcenée u niarrye. Soyez dolent, il Jai Lira qu'elle r e Soyez joyeux, elle jera ses tours Si en usans de ruzes 6- dejlours, Bien cognoijfez que de vous Je defgoulte, Et faillie vient pour principal recours Fa.des semblant de jamais n'y veoir goulle. ENVOY. Coufitl, fâchez qui ii Paris a Tours, Foire à Lyon, chapperons ô- attours Sont haull de poil si coucludz, somme toutr Quant voilerez de faulxcous autours, Faiaes femhlant de jainais veoir goiitte. Guillaume Crétin. Ballade d'amours Qui en amours veult eflre heur,u Faull tenir train de .■ ne une, Efirc prompt adveutureux, Quant à monjlrer l'armaerie Porter drap d'or, orphaverie Car cela les Dames efmeiit. Tout fert mais, par fainte Marte, Il ve saiâ pas ce tour qui veult. Je fllz n tgueres amoureux De Dame en beaultè asouvie Qui me d, en mot savoureux, Afon a,nour e 1 en vous ravye Mais il sauls qu'el' foit dejervye Par cinquante escuz d'or, s'ori peult. Cinquante escuz bon grl ma vie ! Il ne faicl pas ce tour qui veult. Alors luy do mal, sur les lieux Où elle faisoit l'endormie. Quatre venues Je cueur joyeux, Voi re en moins d'une heure demie l.ors Ille diss, à voix efpamye, Encor ung coup le cueur me delllt, Encor ung coup ! helasl mamye, Il ne saiâ pas ce tour qui veult. ENVOY. Prince, combien qu'on ait envie D'engresner, quand le moulin meult, Si force puissance devie Il ne saiâ pas ce tour qui veult. Jehan Marot. Ballade d'amours Plaisant afftz des biens de fortune Un g peu garny, me trouvay amoureux, l'oit c si bien qu'en aymai tant fort une, Que nu tel 6- jour j'en eftoye douloureux Mais tant y a que je suis si heureux, Que moyennant vingtz escuz à la rose, Je fis cela que chascun bien suppose Alors je dis congnoissant ce passage Au sa ici d'amours, babil eJi peu de chose Riche amoureux a tousiours l'advantage. Or ejl aillfi que durant ma pectine le fuz retins pour amy precieux Mais quant j'euz faicl,sans dire chose aulcune Cejlc villaine alla jetter les yeux Sur ung i-ieiliart riche, mais cbaffieux, Laid ,- hideux, trop plus que ne propose. Ce non obfiant, il en jouit sa pose, Dont moy confllz voyant un g tel oultrage, Dessus ce texte allay bouter en glose, Riche amoureux a tousiours l'advantage. • Or elle a tort, car noyfe ne rancune N'eu si onc de moy tant luy su gracieux Que s'elle euJl dit, donnez-moi Je la lune, feuffe entreprins de monter jusqu'aux cieulx Et non obfiant son corps tant vicieulx Au service de ce vieillard expose, Dont ce voyant, ung rondeau je compose, Que luy transmis, mais en peu de langage Me respond franc, povrcti te depose Riche amoureux a tousiours l'advantage. EN VOY. Prince soyez bien parlant comme Orose, Bel entre tous, vermeil comme une rose, Sans dire tien, perdrez temps d- usage Parquoy je dis tant en ryme qu'en prose, Riche amoureux a tousiours l'advantage. Jehan Marot. Ballade On ne voit plus un tas Je faill! 'S gens Par les dcferts, comme au temps atleien Xi départir les biens aux indigens, Comme jadis faisoient les gens Je bien Aucun paf eur, sinon cOlutifien, On ne voit plus, ni qui presche eu la chaire .-lins presche au peuple un moine, ou gardim, Qui vit du faiu le ceux qui font du bien Et les prelatz, que font il ¡ groJTc chere. Pour observer les divins mandemens, Ne laisse nul fort avoir terrien, Et n'y a plus nuls bons entendement Qu'a l'acquerir par maint divers moyen A son salut aucun n'entend plus rien, Ains fenible à maints que de Dieu n'ont que faire Nul ne difprlle encore un arrien, Un UolaJlre ou un luthérien Et les prelatz, que font-ilz i grosse chère. De guerroyer les Turcs Mécreans, N'efl plus propos, quoi qu'ils nous pressent bien, Ni de mourir comme fit saint Laurens Autres auss, pour la foi d'un chretien, D'alimenler un pauvre comme un chien, Ou un oiseau ou quelque bourdeillere, Nul n'y a l'ail, ains d'un rude maintien, Sont dechaffés des huis sans dire rien Et les prelatz, que font-ilz ? grosse chere. EN V 0 Y. Prince, qui es maifire afirologien, Pour voir qui gijl au ctxur du peuple tien, Tu vois qu'on met ce de devant derriere Tout les eJlats, par méchant entretien, De t'effenfer font leur quotidien Et les prelatz, que font Hz 7 grofflt chere. Ensterge de Beaulieu. Ballade Quand j'air parler d'un prince de sa cour, El qu on me dit Fréquentez-y, beau jî,, Lors je réponds Mon argent eji trop court, J'y dipwJrois, sans cause, miel cire Et qui de cour la hantije dijire, Il n'ejl qu'un Jol fujl-ce Parceval Car on fx voit souvent, dont j'ai grand ire, Très bien monte, puis soudain sans cheval. Averti fuis que tout bien y accourt, Et que J'argellt on y trouve à suffire Mais je sçais bien qu'il dejlue ir iléeouri, Comme argent viffur pierre de porphyre. Argent ne craint fan maijire déconfire, Mais s'esjouir d'aller par mont val, En le rendant, pour en deuil le confire, Très bien monté, puis soudain sans cheval. Celui qui a l'entendement trop lourd N'y réussit, fors a souffrir martyre, Et qui l'esprit a trop gai, prompt gourd, Il perd son temps malheur à lui se tire. Esprit moyen, chevance à lui se tin Mais le danger est de ruer aval ,p de i-uer ava l Car la cour rend le mignon qu'elle attire Très bien monté, puis soudain sans cheval. BNVOY. Prince, vrai eji, on ne s'en peut dédire, Que la cour fert ses gens de bien mal, Et qu'elle rend l'homme, sans contredire, , Très bien monté, puis soudain sans cheval. Jehan Bouche t. Ballade touchant justice O jttjlieiers qui miuijhc jujlice, Pas n'cjî requis d'ejlre ioibles ne frein Quand vous devez corriger la malice Des vicieux plains de toutes cautellcs, Ni e lrt aujji trop ingratz ou rebelles Pitié y doit III air quelque regard Vous ejles cel lx a qui e ,1 demandé? Par les humains, c congnoijfez par art, Que Jujlice cil des f,ril¡'l cieux procéda Soulz vos manteaulx doit repojer police Comme au temple repojoicul les pucelles Car vous auez par les princes office De refpamlrc par tous ses eJlillcclles. Efpandez les sur tous ceulx sur cella Qui par larcin, tromperie Ó barat -L'oat chassée hors, pillée gourmandée, Car vous sçavez, corrigeant tout efiat Que fuj ice efi des faintlz cieulx procedée. N'efi si ferri, comme on dit, qui n, glijJe, Ne si saiges qui n'ayent faites cervelles, Si trefubtil qui ne face un tour nyce, Ne si jufies qui n'ayent faulses querelles, Mais geiter fault d'auto foy choses telles Se possïble efi, plus tost que plus iart, Ou de voz cueurs vertu efi clecedie, Rememorans en public d part Que Jujtite efi des fainElz cieulx procedée. BNVOY. Princes, faichez qui jussiee départ Peine eternelle luy fera euadée Car ce n'efi point menterie ou broquart Que fufiiee efi des fainfh cieulx procedée. Pierre Gringoire. D'un Chat d'un Milan le t'y n'aguere vn des plus beaux combats Qu'il eji possible, vaut bien qu'on le faclu, Vn milan vit vit chat dormant en bas, Si fond sur lu y, du poil luy arrache Le chat combal, au milan s'attache Si viuemenl, l'ejlraint si très fort, Que le milan faisant tout son effort De s'en voler, se tint pris à sa prinse, Lors me fouuint d'un qui a said le fort, Qui par son mal a sa foiblesse apprije. le laisse aux grands parler de grands débats le sens trop bien où mon soulier me mache, Et ne veux point que fous mon Jlile bas, Il foit penfi que rien de grand ie cache Ce que i'entens n'efl sinon qu'il me flUhe, Qu'en ce temps cy ou nous auons renfort, Aux bonnes arts, que le commun ItIc p, Yn fotbufard le molejie à grand tort, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. Pour ce coup cy son nom n'efcriray pas, Ce m'est assez qu'on l'entende à sa tache, Mais s'en auant il fait iamais vn pas, Qu'il ne s'essonne alors si on luy lasche Infinis traitz dont le moindre plus lache L'iroil trouuer iusques dedans son fort, De Lycambes taint au fang noir ord Pourtant qu'il preigne aduis sur l'entreprise Du fol milan volant pour chat qui dort, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. EN VOT. Vu bien fauant gueres ne poind ne mord, Et l'ignorant s'il peut nuit en surprise, Dont à la fin cesi enhuy le remord, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. Mellin de Saint-Gelais. Du temps que Marot estoit au Palais à Paris Musiciens à la voix argentine, Doresnavant comme un homme efpadll Je chanteray plus hault qu'une buccine • Hclasl si j'ay mon joly temps perdu. Puis que je n'ay ce que j'ay prétendu, C'eji ma ch an fort, pour moy elle eji bien deue Or je voys veoir si la guerre ejl perdue, Oil s'elle picqut ainsi qu'un henffon. A dieu vous dy, mon maifire Jehan Griffon Adieu Palais la perte Barbette, Où j'ay chïfHti mainte belle chanson Pour le plaijir d'une jeune filldle. Celle qui c'eji en jeunejje ejl bien fine, Où j'ay eJlé ajjez mal entendu, Mais si pour elle encores je chemine, Parmy les pieds je puisse ejlre pendu j C'eji trop chanté, fijjlè attendu Devant sa porte, en passant par la rue, Et mieux vauldro.'t tirer à lit charrue Qu'avoir tel' peine, ou servir lUi majjon. Bref, si jamais j'en trembl e de frisson, se fuis content qu'on m'appelle Caillette C'ejl trop souffert de peine marriffon Pour le plaisir d'une jeune fillette. se quicle tout, je donne, je resigne Le don d'ayma, qui eji si cher vendu, se ne dy pas que je me déterminé De vaincre Amour, cela ,'eJI JejJClldu, Car nul ne peult contre son arc tendu. Mais de souffrir chose si mal congrue, Par mon ferment,je ne fuis plus si grue. On m'a aprins tout par cueur ma leçon se crains le guet, c'ejl un maulvais garfOtl, Et puis de nuyél trouver une charrette, Vous vous cassez le nez comme un glaçon Pour le plaisir d'une jeune fillette. E N v O Y. Prince d'amour regnant dessoubz la nue, Livre la moy en un lia toute nue, Pour me payer de mes maulx la façoll, Ou la m'envoye à l'ombre d'un buyjfon Car s'elle ejloit avecques moy seulette TI, ne veis onc mieulx planter le cresson Pour le plaisir d'une jeune fillette. Clément Marot. A Madame d'Alençon pour estre couché en son Estat Prinuffc au cueur noble raJlis, La fortune que fay suivie Par force m'a fouvtPIt assis Au froid giron de trisse vie De m'y seoir encor me convie, Mais je respons comme fafchl D ejlre ajfs je n'ay plus d'envie Il n'est que d'ejlre bien couché. Je ne fuis point des excejffi Importuns, car j'ay la pePie, Dont fuis au vent comme un chaiflS, Et debout ainsi qu'une espie Mais s'une fois en la copie De vofire estat je fuis merchi, Je criray plus hault qu'une pie 1 Il n'efi que d'ejlre bien couché. L'un fouf ient contre cinq ou six Qu'eflre accouLU, c'ejl musardie, L'autre, qu'il n'ejl que d'ejire ajjis Pour bien tenir chere hardie L'autre dit que c'ejl mélodie D'un homme debout bien fiche Mais quelque chose que l'on die, Il n'ejl que d'ejire bien couché, ENVOL Princeffc Je vertu remplie Dire puis comme j'av tOI chi , Si promeje m'ejl ac ompte Il n'ejl que d'ejire bien couché. Clément Ma rot. De frere Lubin Pour courir en posse à la ville Pingt foys, cent foys, ne sçay combien Pour faire quelque chose vile, Frere Lubin le fera lien Mais d'avoir bonne fie entretien, Ou mener vie falutairt, C'efi à faire à un bon cbrtjiign, Frere Lubin ne le peult faire. Pour mettre comme fin homme habile Le bien d'autruy avec le seen, Et vous laisser sans croix ne pile, Freri Lubin le fera bien On a beau dire je le tien, Et le preffir de satisfaire, famais ne vous en rendra rien, Frere Lubin ne le peult faire. Pour desbaucher par un ioulx fiile Quelque fille de bon maintien, Point ne fault de vieille subtile, Frere Lubin le fera bien. Il presche en bon théologien, Mais pour boire de belle eau claire, Faiâes la boire à votre chien, Frere Lubin ne le peult faire. E N v o Y. Pour faire plus tofl mal que bie , Frere Lubin le fera bien ht si c'efl quelque bon affaire, Frere Lubin ne le peult faire. Clément Marot. Chant de May de Vertu Voulentiers en ce moys icy La terre mue renouvelle. Maintz amoureux en font ainsi, Subjeâz d faire amour nouvelle Par legiercté de cer velle, Ou pour eJlre ailleurs plus contens Ma façon d'aymer n'est pas telle, Mes amours durent en tout temps. N'y a si belle dame aussi De qui sa beauté ne chancelle Par temps, maladie ou soucy, Laydeur les tire en sa nasselle Mais rien ne peult enlaydir celle Que servir sans fin je pretens Et pour ce qI elle efi tousiours belle, Mes amours durent en tout temps. Celle dont je dy tout cecy, C'eji Vertu, la nymphe eterllelle, Qui au mont d'hùlmeur efclercy Tous les vrays amoureux appelle Venez amans, venez dit-elle , Venez à moi, je vous attens Venez ce dit la jùllvOIcclle , Mes amours durent en tout temps, j en vo Y. Prince, fais amye immortelle Et à la bien aimer entens, Lors pourras dire sans cautelle, - Mes amours durent en tout temps. Clément Marot. Ballade en faveur des oeuvres De Neuf-Germain Par tons les coins de runivors Le Cygne Mantouan resonne L'aveugle Thebain de ses vers Encor toute la Terre étonne, Mais je n'accorde la couronne, Pour le Grec, ny pour le Romain. En l'employant mieux je la donne Au beau Monsieur de Neuf-Germain. L'autre jour h grand Apollon Pert du jour de la gloire, Tenoit au Ciel un violon Marqueté d'ébene d'yvoire, Et dit aux filles de Memoite, Je le veux mettre en bvnnt main, Car je le garde pour la foire Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Mercure luy dit C'est un fou, Que de trop bon oeil tu regardes, Il fit des vers sur Tribardou, Avec des paroles Lombardes Mais J'cs rimes font trop hagardes, Le Afars jura par saint Firmin. Qu'il vouloit donner des nazardes Au beau Monsieur de Neu'-Germain. Les Mufes lors firent un cry Qui passa la dixieme Sphère Et défendant leur favory, Pleines d'une jufie colere, Jurèrent a Jupin leur pere, Qu'elles partiraient dès demain Si pas un d'eux osoit cliplaire Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Jupiter dit à haute voix, Mes chères filles, je me fie Entièrement à votre choix, Quel qu'il fail, je le deifie, Et veux, je vous le certifie, Que sur Parnasse ou en chemin, Cinquante veaux on sacrifie Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Voiture. Ballade du pays de Cocagne Ne louons l'Isle oit Fort line jadis Mijl ses trésors, ni la plaine Eliste, Ni de Mahom le tIoble Paradis, Car chacun fait que c'ejl hilleuefe'e. Par nous plutojl Cocagne foit privée C'efl bOIl Pais l'Ahnanach point ne ment, Où l'on le voit dépeint fort digllelnml, Or pour falloir où gisl cette campngtlt, le le diray disant Pays en Normand, Le Pays de Caux efi le Pays de Cocagne. Tous les Mardys y font de gras Mardys, De ces Mardys l'année rJi compofle. Cailles y vont dans le plat dix d dix, Et perdreaux sont tendres comme rosie. Le fruit y pleut, si que c'tfi chose aisée De le cueillir Je baissant fmlement. Poijjons en beurre y nagent largement, Fleuucs y font du meilleur t' d'Efpag e, Et tout cela fuit dire hardiment Le Pays de Caux ejl le Pays de Cocagne. Pour les Beautis de ces lieux, Amadis Eufi Oriane en son temps meftrifle, Bien donnerois quatre marauedis Si j'en auois vne feule baisée. Plus cointes font que n'est vne Espoufle, Et dans Palais f'esbatent noblement. Près leur déduit leur esbatement Rien n'eujl paru la Cour de Cliarlemagne, Quoy que Turpin en efcriue autrement. Le Pays de Caux ejl le Pays de Cocagne E N V O Y. Prince, ie iure icy foy de Normand Que mieux vaudroit eflre en Caux vn moment. Roy d'Yuetot, qu'Empereur d'Allemagne Et la raison, c'est que certainement Le Pays de Caux ejl le Pays de Cocagne Sarrasin. Ballade d'enlever en amour 'ur l'enlevement de Mademoiselle de Bouteville par Monsieur de Coligny Certes ce gentil jeu d'amours, Chacun le pratique à sa guise, Qui par Rondeaux beaux difeours, Chapeau de fleurs, gente cointfe, TOllrnoy, bal, feflin, nu deuirc, Pense les belles cr.ptiuer M air te pense, quoy qu'on en dise, Qu'il ti'efl rien tel que d'enleuer. C'efl bien des plus mcrueilleux tours La pa ITeroule la ma jlrifc Au mal d'aimer, c'efl bien tousiours Vnc prompte fouêfue crist, C'est au gasteau de friandise De Venus la feue trouuer. L'Amant ejî fol qui ne s'auifc Qu'il n'ei f rien tel que d'enlcucr. le fay bien que les premiers jours Que Becasse efl bridée prise, Elle invoque Dieu au secours Et ses parens à barbe grise Mais si l'amant qui l'a conquise Sait bien la Rose cultiuer, Elle chante en face d'Eglise Qu'il n'ei f rien tel que d'enleuer. ~M't tt'f! ! ENVOY, MO-Prince vfe tousiours de main mise, Et te souviens pouuant trouver Quelque jeune fille en ch emiCe. Qu'il n'tâ f fahiqurfjPiftleuer. Ja-rasin. Ballade L'Amour pour ma liberté Me promet un doux mar ire. Ma raison de son côté Me fait peur de son empire, Me dit que je m'en retire Mais mon coeur sans s'allarmcr, Me dit Aime, ose, desire, Il n'efl rien tel que J'aimer. Mon Cl eur, je fuis bien tenté, J'ai graud'peille à te dédire Mais enfin si la beauté A qui tu veux que j'aspire, Te rebute le déchire, Pourras-tu t'en retirer, Et viendras-tu me redire Il n'efl rien tel que d'aimer ? Oui, je te le redirai, Dit mon cluur, tant que j'expire, On ejl affcz fortuné D'aimer toujours Silvanire, Sans espoir de la réduire. Laisse moi donc enflammer, Si tu veux que je respire. Il n'efi rien tel que d'aimer. E N VOl. Biauté pour qui je soupire, Quoi qu'il en puisse arriver, N'aimer rien, c'ejl, sans trop dire, De tous les états le pire, Il n'est rien tel que d'aimer. Bussy-Rabutin. Ballade sur la lecture des romans et des livres d'amour Hier je mis, chez Cbloric, fil train de difeourir, Sur le fait des rOmal f, AUzon la jucrée. N't'jl-ce pas grand'pitie, dit-elle, de Jouffrir Que l'on meprije ainsi la Legende dorée, Tandis que les romans font si chete denret 7 Il vaudroit beaucoup lIIi,ux qu'avec maints vers du ten ps De Messire Honore l'bijloire fujl bmjlic. Ou pour vous, dit Chloris, qui pajez cinquante ans. . foi, qui n'en ai que vingt, je pretens que VAjlrée Fi jffe en mon cabinet encor quelque je jour Car, pour vous découvrir le fond de ni pCllfÙ, Je me plais aux Ii vres d'amour. Chloris eut quelque tort de parler si crûmmt Non que Monjleur d'Urfé n'aijl saiâ une ceuure exquise Etant petit garçon je lijois son roman Et je le lis encore ayant la bartre grise. AuJli contre Alizon je faillis d'avoir prise, Et soutins haut d- clair qu'Urfé, par-cy par-là, De preceptes moraux nous injiruit à sa guise. De quoy, dit Alizont peut servir tout cela ? Vous en voit on aller plus souvent d l'église ? Je hais tous les menteurs ,pour vous trancher court, Je ne puis endurer qu'tme femme me dise, Je me plais aux livres d'amour. Alizon dit ces mots avec tant de chaleur, Que je crus qu'elle estoit en vertus accomplie Mais ses péchez escrits tombèrent par malheur. Elle n'y prit pas garde. Enfin estans sortie, Nous vifntes que son fait efioit papelardie, Trouvant entre autres points dans sa conieffiotl J'ai lu maijlre Louis mille fois en ma vie Et mesme quelquefois j'entre en tentation Lorsque l'ermite trouve Angélique endormie, Refvanl à tel fatras souvent le long du jour. Bref, sans considerer censure ni demie, Je me plais aux livres d'amour. Ah ! ah ! dis-je, Alizon, vous lisez les romans, Et vous vous arreflez à l'endroiél de l'ermite ! Je crois qu'ainsi que vous pleine d'enseignemens Oriane prêchait, faisoit la chatltmite. Après millt façons, celte bonne hypocrite Un pain sur la fournée emprunta, dit l'auteur Pour un petit poupon l'on fiait qu'elle en fut quitte. Mainte belle sans doute en a ri dans son coeur. Cette hiJloire, Chloris, efl du pape maudite Quiconque y met le nez devient noir comme un fOUI, Parmi ceux qu'on peut lire dont voici l'élite, Je me plais aux livres d'amour. Clitophon a le pas par droit d'antiquité Heliodore peu par fort prix le prétendre Le roman d'Ariane ejl trés-bien inventé J'ai lu vingt vingt fois celuy de Pdexandre. En fait d'évenemens, Cleopatrc CaffanJre Entre les beaux premiers doivent ejlre rangez Chacun prise Cyrus la carte du Tendre, Et le frere la feur ont les coeurs partagez. Mesue dans les plus vieux je tiens qu'on peut apprendre. Pt'rc.val le Gallois vient encore à son tour, Cervantes me ravit, 6- pour tout y comprendre Je me J'llis aux l. vrc, d'amour. ENVOI. A Rome on ne lit point Boccace sans dispense Je trouve en ses pareils bien du contre du pour. Du surplus Honny foil quy mal Y pettfe Je me plais aux livres d'amour, Jean de La Fontaine. Sur Escobar C'efl bon droit que l'on condamne à Rome L'évéque d'Ypre, ali ellr de vains débat! Ses feclateurs nous défendent en somme Tous les plaijirs que l'on goûte ici-bas, Ett paradis allant au petit pas, On y parvient quoi que Arnauld nous en disc La volupté sans cause il a bal nie Veut-on monter sur les cllej e tours, •. Chemin pietTcllx ejl grande rêverie, Escobar fait un chemin de velours. Il ne dit pas qu'on peut tuer un i o nmr Qui, fins raison, nous tient en altèrent Pour un fit , ou bien pour une pomme Mats qu'on le peut pour quatre ou cinq ducats. Meine il soutient qu'on peut en certains cas Faire un ferment plein de supercherie, S'abandonner aux douceurs de la vie, S'il eji besoin, conserver ses amours. Ne faut-il pas apres cela qu'on crie Escobar fait un chemin de velours ? Au nom de Dieu, lisez-moi quelque somme De ces écrits dont chez lui l'on fait cas. Qu'efi-il besoin qu'à présent je les nomme ? Il en efi tant qu'on ne les connoit pas. De leurs avis servez-vous pour compas. N'admettez qu'eux en votre librairie Brûlez Arnauld avec sa coterie, .Pres d'Escobar ce nefont qu'esprits lourds. se vous le dis ce n'efi point raillerie, Escobar fait un chemin de velours. ENVOI. Toi, que l'orgueil pouffa dans la voirie, Qui tiens ùJ-bas noire conciergerie, Lucifer, chef des infernales cours, Pour éviter les traits de ta furie, Escobar fait un chemin de velours. Jean de La Fontaine. Sur le mal d'amour De tant de maux qui trivcrfenl la vie, Lequel île tous donne plus d'embarras De grands ' a lJt'lIlS la famine eji Juivie La guerre aussi cause bien des fracas La pejie en ore eji un dangereux cas Femme fàcheuse eji un méchant partage Faute d'argent cause bien du ravage Mais pas ne font là les plus douloureux Si m'en croye , aujji bien que le face, Le mal d'amour eji le plus rigoureux. De l'éprouver un jour me pl il envie, Mais auffitÓt adieu joie foulas Ennuis cuifans, noirs soupçons, jiloujie, Cent autres maux je vois venir à tas, Tous mes déduits furent de grands hélas! Liberté fit place à honteux servage, Tu us d'abordt pauvre coeur, mis en rage, D'où bien voudrais sortir, mais tu ne peux Lors tu chantas sur un piteux ramage Le mal d'amour e Le mal d'amour efi le plus rigoureux. Quand la beauté que vous avez servie A vos difirs parfois ne répond pas C'est bien alors que c'efi la diablerie Prendre on voudroit le parti de Judas. On se ptniroii pour moins de deux dllcats Sans cejft au coeur on a fureur rage Fer ô- poison, on met tout en usage Pour se tirer d'un pas si malheurCllx. Qui peut après douter de cet adage Le mal d'amour est le plus rigoureux ? J'excepte amour qui se traite en Turquie Dans les l'rails de ces heureux hachas D'oïl cruauté fut de tout temps bannie, Où douceur git toujours entre deux draps Plaisirs y font sur des lits de damas, Chagrins jamais jamais dame sauvage. Jusqu'aux tendrons qui font l'appretitilage, Tout est galant, traitable gracieux Partout ailleurs, dont de bon coeur j'enrage, Le mal d'amour efi des plus rigourellx. ENVOI. Objet charmant, de qui la belle image Tient des longtemps mon c eur en esclavage, Soulage un peu mon tourment amoureux. Si tu me fais un tour si généreux, Plus ne tiendrai ce déplai ant langage Le mal d'amour eji le plus rigourCllx. Jean de La Fontaine. Ballade à madame Fouquet pour le premier terme Comme je vois monseigneur voire époux Moins de loisir qu'homme qui fait en France, Au lieu de lui, puis-je payer à vous ? Seroit-ce aJJez d'avoir votre quittance ? Oui, je le crois rien ne tient en balance Sur ce point-là mon esprit soucieux, Je voudrois bien faire un don précieux Mais si mes vers ont l'honneur de vous plaire, Sur ce papier promenez vos beaux Jeux. En puissiez-vous dans cent ans autant faire 1 Je viens de Vaux, fâchant bien que sur tout Les Mufes font en ce lieu résidence Si leur ai dit, en ployant les genoux Mes vers voudroient faire la révérence A deux soleils de votre connoissance, Qui font plus beaux, plus clairs, plus radieux Que ctllli-Ià qui loge dans les cieux Partant, vous faut agir dans celle affaire, Non par acquit, mais de tout votre miiux. En puijjiez-vous dans cent ans autant faire ! L'une des neuf m'a dit d'un ton fort doux Et c'est Clio, j'en ai quelque croyance Espérez bien de ses yeux de nous.. J'ai cru la Mufe ftll cette assurance J'ai fait ces vers, tout rempli d'cfpèrance. Commandez donc en termes gracieux Que, sans lader, d'un foin officieux, Celui des Ris qu'avez pour secrétaire. M'ell expédie un acquit glorieux. En puijftez-ious dans cent ans autall! faire ! F. s v o T. Reine des l' lU, o jet délicieux, Que fuit l'enfant qu'on adore en des lieux Nommés Paphos, Amathonte, C there, Vous qui charmez les hommes les Dieux, En puijjiez-i ous d.ins cent ans autant faire! Jean de La Fontaine. Ballade A caution tous amants font fujeis, Cette maxime en ma tête ejl écrite Point n'ay de foi pour leurs tourment fccrcts Point auprès d'eux n'ay le foin d'eau billitc, Dans coeur humain probité plus n'habite, Trop bien encore a-t-on les mêmes dits Qu'avant qu'Afiuce au monde fut venue Mais pour d'effets, la mode en efi perdue, On n'aime plus comme on aimoit jadis. Riches atours, table, nombreux t'alets, Font aujourd'hui les trois quarts du mérite. Si des amans fouillis, confions, dijcrets, Il ejl encor, la troupe en efi petite. Amour d'un mois ejî amour clecrePite. Amans brutaux font les plus aplaudis. Soupirs pleurs feroient passer pour gruë, Faveur efl. dite aussi tôt qu'oblellue. On n'aime plus comme on aimoil jadis. Jeunes beautez en vain tendent fileh Les jouvenceaux, celle engeance maudite, Fait lande à part, pris des plus-doux objets D'être indolent chacun Je félicite, Nul en Amour ne daigne être hypocrite Ou si parfois un de ces étourdir A quelques foins s'abaisse, s'habitue, Don de Mercy seul il n'a pas en vû On Waîme plus comme on aimait jadis. Tous jeunes coeurs se trouvent ainsi faits. Telle denrée aux foies se débite. Coeurs de barbons font uu peu moins cofmts. Quand il fut vieux le diable fut hermite, Mais rien chez eux à tendresse n'invite. Par maints hyvers desirs font reftoidis. Par maux fréquent humeur devient bourrue Quand une fois on alite chmuë, On n'aime plus comme on aimoit jadis. ENVOY. Fils de Venus, fonge à tes intérêts, Je voy changer l'enuns en camouflets Tout efi perdu si ce train continui. Ramène nous le siecle d'Amadis. Il efi honteux qu'en cour d'attraits pour ldi Où polileffe au comble ejl parvenue, On n'aime plus comme on aimoit jadis. Madame Deshoulières. A Madame Deshoulières en réponse à la ballade dont le refrain est On n'aime plus comme on aimoit jadis Qu'à caution tous amans fOÍolt fujeh, C'ejl une erreur qui les bous dij. i éliu-. On voit au monde assez d'amans difcrtts La race cncor n'ejl pas toute détruite Quoi qu'en ait dit femme un peu trop dépite, Rien n'ejl changé du fie de d'Amadis, Hors que pour cjlre amitié maintenue Plus n'ejl besoin d'Urgande Def onnue On aime cncor comme on aimoit jadis. Il eJI bien vray qu'on choisit les objets, Plus n'ejl le temps de dame sans miritc Quand beauté luit fous fimpks bavolets, Plus font prisez que reine décrépite Sous quelque toit que Bonne-Grace habile, Chacun y court, jusqu'aux plus refroidis Depuis Adam cela se continue, Et quand Grâce eJi de Bonté foute lue, On aime encor comme on aimoit jadis. Quand Céladon au pays des Forets Étoit prôné comme un amant d'élite, On vit Hylas, patron des indiscrets, En plein marché tenir autre conduite. Bref en tout temps Amour eut à sa fuite Sujets loyaux sujets étourdis Or n'en est pas la coufiume perdue, Comme autrefois la mode en est venue On aime encor comme on aimoit jadis. ENVOI. Toi qui te plains d'Amour de Jes traits, Dame chagrine, apaise les regrets Si quelque ingrat rend ton humeur bourrue, Ne sen prends point d l'Enfant de Cypris Cause il n'est pas de ta déconvenue Quand la dame ejl d'attraits assez pourvue, On aime encor comme on aimoit jadis. Jean de La Fontaine. Ballade sur une vieille fille qui vouloit se remarier C'cfl tout de bon, l' mus aux cheveux grts Après vingt ans des glaces du veut âge Les feux d'Amour échauffent vos rfprits Quoi ! le Danton vous charme vous engage Ma is pour fixer ce coeur fier t'olùge, T rès-p tu vous fcrt de brûler comme un four Che un galant, chercheur de pucelage, Vieille femme t 1 un remeJe a l'Amour. Vous ne Jetez songer yuan Paradis La mort ejl proche, vous guette au passage Et cet amour dont vos sens font épris, Ne servira qu'à hâter le voyage. Jadis les coeurs vous rendirent bommage Jadis chez vous les ris firent sejour Mais maintenant il faut plier bagage Vieille femme ejî un remede à l'Amour. Il me souvient d'avoir là que jadis, Ainsi que vous sur le déclin de l'âge, Phèdre sentit de semblables soucis Mais chacun fait qu'Hipolite fut fage Ce Prince étoil delicat personnage Aussi d'abord, sans prendre un long détour, En peu de mots il lui tint ce langage Vieille femme ejl un remede à l'Amour. E N VOl. Pour réparer les défauts du visage, On peut user d'un assez plaisant tour Et c'eji l'argent mais sans cet avantage Vieille femme ejî un remede à l'Amour. Jean-Baptiste Rousseau. Ballade du Vieux Temps A qui mettoit tout dans l'amour, Quand l'amour lui-même décline, Il il une lente ruine, Un deuil amer sans retour, L'automne traînant s'achemine Chaque hiver s allon?e d'un tour Lu v.ui le f-rtn'etnfs s'illumine Sa luitn 're u'ej plus divine A qui mettoit tout dans l'amour 1 I n vain la Beauté sur sa tour. Où fleurit en bas l'auhépine, Monte avec l'aurore faÇeine Le regard qui rôde i Vcntour. En vain jur l'icume marine De jour encor souris Cyprine Ali! quand ce n'eji plus que de jour, Sa grâce elle-même ejî chagrine A qui mettait tout dans l'amour ! Sainte-Beuve. Ballade des Pendus Sur Jes larges bras étendus, La foret oti s'éve.'lle Flore, A des chapelets de pendus Que le malin eareffe dsre. Ce l,ois sombre, où le chêne arbore Des grappes de fruits inouïs Mime chez le Turc le More, C'est le verger du roi Louis. Tous ces pauvres gens mot fondus, Roulant des pensers qu'on ignore, Dans les tourbillons éperdus Voltigent, palpitants encore. Le soleil levant les dévore. Regardez-les, deux éblouis, Dan fer dans les feux de l'aurore. Cejl le verger du roi Louis. Ces pelldus, du diable entendus, Appellent des pendus encore. Tandis qu'aux cieux, d'azur telldus, Où semble luire un météore, La rojie en l'air s'évapore, Un eJJaim d'oiseaux réjouis Par dejjus leur tête picore. C'ejlle verger du roi Louis. ENVOI. Prince, il efl un bois que dicore Un tas de pendus enfouis Dans le doux feuillage sonore, C'ejlle verger du roi Louis. Théodore de Banville. Ballade des pauvres Gens Rois i ui ferez juges à voire tour, Songez à ceux qui n'ont ni fou ni maille .' ' pitié du peuple tout amour Bon pour fouiller le fol, bon pour la taille Et la charrue, d- bon pour la bataille. Les malheureux font damnés, - c'ejl ainsi ! -Et leur fardeau n'ejl jamais adouci. Les moins meurtris n'ont pas le ''¿Cr'l aire. Le froid, la pluie à le soleil aussi, .-lux pauvres gens tout rfi peine mi ne. Le pauvre hère en fou triJie séjour, Eji tout pareil à ses bêtes qu'on fouaille. Vendange-t-il, a-t-il chauffé le four Pour un fejl in ou pour une ipollfaille, Le seigneur vient, toujours plus endurci. Sur son vassal, J'ipouvanle saisi, Il met la main, comme un aigle sa ferre, Et lui prend tout, en disant Me voici ! Aux pauvres gens tout efi peine misère. Ayez pitié du pauvre fou de cour ! Ayez pitié du pécheur qui tressaille Quand l'éclair fond sur lui comme un vautour, Et de la vierge aux yeux bleus, qui travaille, Humble rêvant sur sa chaift de paille. Ayez pitié des mères! 0 souci, O deuil! L'enfant rose blond meurt auji. La mère en pleurs entre ses bras le ferre, Pour réchauffer son petit corps transi Aux pauvres gens tout ejl peine mifire. ENVOI. Prince 1 pour tous je demande merci ! Pour le manant fous le soleil noirci Et pour la nonne égrenant son rosaire Et pour tous ceux qui ne font pas d'ici Aux pauvres gens tout eg peine mifire. Théodore de Banville. Ballade des belles Châlonnai se s Pour boire j'aime un compagnon, Faime une franche gaillardise, J'aime un broc de vin bourguignon, J'aime de l'or dans ma valise, J'aime un verre fait à Venise, J'aime parfois les violons Et furlout, pour faire à ma guise, J'aime les filles de Châ ons. Ce n'ejl pis au bord du Lignon Qu'elles vont laver leur chemise. Elles ont un épais chignon Que tour à tour frise défrise L'aile du vent de la brife De la nuque jusqu'aux talons, Tout le rejie ejl neige cerise, J'aime les filles de Châlons. Même en revenant d'Avignon On admire leur vaillantise. Le fein riche le pied mignon, L'ail allumé de convoitise, C'ejl dans le vin qu'on les baplife. Vivent les cheveux drus longs ! Pour avoir bonne marchandée, J'aime les filles de Châlons ! ENVOI. Prince, un chevreau court au cytise 1 Matin foir, dans vos salons Vous raillez ma JainiantiJe J'aime les filles de Châlons. Théodore de Banville. Ballade pour ma commère Le beau baptême et l,z belle commère! Quels jolis yeux ! disaient les ajjijlants. On rôtissait les boeufs entiers d'Homère El l'on ouvrait la porte à deux battants. Bonne Alizon ! même après tant de temps, Quand je la vois, mon âme en ejl tout aije Elle a des yeux d'enfer, couleur de braise, Et le fein rose des lys à Joifon Elle ejl fanante avec lès airs de niaise. Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! Eu ce temps-là, mordant l'ècorce amère, Dans mail pays de forêt d'étangs, J'liais encore un coureur de chimère. Elle, on etil dit lm matin de printemps ! Mais, à la fin, voici qu'elle a trente ans. Ses grands cheveux font blmds, ne vous déplaifc Et longs ô- fins, lourds, par parenthèse, A n'y pas croire. 0 la riche loi on ! A la tenir on fait ce qu'elle pese. Le pou Dieu gard' ma commère Alizon ! Oh ! comme fuit cette enfance éphémère ! Mon Alizon, dont les cheveux flottants Étaient si fous, regarde, en bonne mère, Ses petits gars, forts comme des tilalls, Courir pieds nus dans les prés éclatants. Elle Iravaill assise sur sa chaise. Ne croyez pas surtout qu'elle se taise Plus qu'un oiseau dans la belle faison, El sa chanson n'efi pas la plus mauvaise. Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! ENVOI. Avec un rien, on la fâche, on l'apaise. Les belles dents à croquer une fraise ! J'en étais fou pendant la fCllaiJon. Elle efi mignonne rit quand on la baise, Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! Théodore de Banville. Ballade de la vraie Sagesse Mon bon ami, poëte aux longs cheveux, Joueur clt flûte à l'humeur vagabonde, Pour l'un qui vient le l'adresse mes vcrux Enivre-toi, dans une paix profonde, Du vin fan glatit de la beauté blondc, Comme à Noil, pour faire reveillon Près du foyer en flamme, où le grillon Chante à mi-voix pour charmer ta pareffc, Toi, vieux Gaulois fils du bon VillOlI, Vide ton verre baise ta maitrcfle. Chante, rimeur, la Jeanne es grands yeux Et cette lèvre où le sourire abonde Et que tes vers à nos derniers neveux, Sous la toifoii dont l'or sacré l'illollde, La fassent voir plus belle que Joconde. Les Amours nus, pressès en bataillon, Ont des roflers broyé le vermillon Sur le beau fein de cette enchanteresse. Ivre déjà de voir son cotillon, Vide ton verre ô- baise la mailreffe. Une bacchante, aux bras fuis nerveux, Sur les coteaux de la chaude Gironde, Avec ses saeurs, dans l'ardeur de ses jeux, Preffales flancs de sa grappe féconde D'où ce vin clair a coule comme une onde, Si le désir, aux yeux d'Imerillon, T'enfonce au coeur son divin aiguillon, Profites-en l'Ame, disait la Grèce, A pour nous fuir l'aile d'un papillon Vide ton verre baise la maîirtjfe. ENVOI. Ma mufe, ami, garde le pavillon. S'il ejl de pourpre, elle aime son haillon, Et me répite à travers son ivrejje, En secouant son léger carillon Vide ton verre hais, la maitresse. Théodore de Banville. Ballade des Enfants sans-souci Ils l'ont pieds nus le plus fOI vent. L'hiver Met à leurs doigts des mitaines d'onglée. Le soirs hclas ! ils foupenl du grand air, Et sur leur front la bife e'chevele'e Gronde, pareille au bruit d'utte mêlée. A peine un peu leur fort ejl adouci Quand avril fait la terre consolèe Ayez pitié des Enfants sans souci. Ils n'ont sur eux que le manteau du ver, Quand les frissons de la voûte étoilée Font trcffaillir briller leur oeil clair. Par la montagne abrupte la vallée, Ils vont, ils VOllt! A leur troupe affolée Chacun répond Vous n'êtes pas d'ici, Prenez ailleurs, oifeallx, votre t'olle.. Ayez pitié des Enfants sans souci. Un froid de mort fait dans leur pauvre chair Glacer le fang, leur veine efl gelée. Les coeurs pour eux se cuirassent de fer, Le trépas vient. Ils vont sans maufolce Pourrir au coin d'un champ ou d'une allie, Et les corbeaux mangent leur corps transi Que lavera la froide giboulée. Ayez pitié des Enfants sans souci. ENVOI. Pour celle vie effroyable, filie De .mal, de peine, ils te disent Merci ! Mufe, comme eux, avec eux exiiie. Ayez pitié des Enfants sans souci ! Albert Glatigny. Ballade de l'Amant inquiet Vous qui savez, Dames Damoi dlcs, Ce qu'ejl Amour, noirs gentil Ifigneur, Quand il lui fiait torturer ses fidèles, Ci eomiaijfez d'ort me vient ma frayeur. Rien parmi nous n'ei f plus beau ne meilleur Que Dame, hilas 1 dont fuis en dépendance Passion tendre ô- courtoise prudence Se font choisi pour asiles ses yeux, Et l'agrément de sa doua prèsence Ejl défré dans le plus haut des deux. Saint bataillon, milices eterncl es, O gardes-clefs du ciel supérieur, Éclatants d'or fous vos candides ailes, Vous enviez d'en haut noire bonheur De la bien voir de lui faire honneur. Jusqu'a ce jour, malgré voire puissance, Elle efl sur terre, sa magnificence Manque à l'éclat du Troue radieux, Et c'ejl pourquoi ce fleuron d'innocence Efl difiri dans le plus haut des cieux. Ains, Ó JéfllS ! leurs prières font telles Que moi, reflé dans ce monde trompeur, Verrai ses yeux, tout remplis d'étincelles, Tôt se voiler d'une terne t'apwr. Un Ange prompt de qui m'ejl grand'peur, En habit vert couleur de Vefpérance, Viendra lui dire Ici tout c 1 souffrance i Monter là-haut, sur mes ailes, vaut mieux, Car dès longtemps jour de ta furvcnance EjI désiré dans le plus haut des cieux. ENVO i. Dames, vous, Damol ellcs, je pense Puisque j'ai fait rencontre connaissance De celle Dame au coeur religieux Que le salus de mon intelligence EjI difiri dans le plus haut des cieux. Frédéric Plessis. NOTES BALLADES DE JEHAN FROISSART p. i et suivantes. OEuvres de Froissart. Poésies publiées par M. Aug. Scheler. Bruxelles, 1870 I11-80. Page 1, vers 6, saint Jatne, forme anglaise du nom de saint Jacques. Page 6, vers II. Le poëte fait entendre que le nom de celle qu'adorait Achille, renferme les cinq lettres qui composent celui de la Chiere Dame, à qui sa ballade est adressée, qui, par conséquent, suppose-s-on, s'est appelée AELIX. Auguste Scheler. BALLADE DE GUY DE LA TRÉMOUILLE p. 7. Le livre des cent ballades contenant des conseils à uu Chevalier pour aimer loialement les responses aux ballades, publii. par le marquis de Queux de Saint-Hilaire. Paris. Maillet, M D CCC LXVIII. La ballade En ciel un Dieu, en terre une DlefJe, est dans les. re pollfes . Elle a été compafée, félon les présomptions exposées par M. de Saint-Hilaire, entre les années 1386 1392. Messire Guy de la Trémouille, chevalier, était garde de l'oritlamme en 1383. Il mourut en 1398, laissant un beau renom de prud'homie. BALLADES D'ECSTACHE DESCHAMPS p. 9 et suivantes. Pocfies morales d- hijioriques d'Ensache Deschamps, publiées pour la première fois par G.-A. Crapelet, imprimeur. Paris, M. nccc XXXII. Gr. in-8°, Page 14, vers 9 suivants. Comprenez Pourquoi dames c' pucellettes font-elles si grande difficulté d aimer un ami, puifqu'tdlcs fcchercmt OiJjlNf l'herbe ? Page 4, vers 14 suivants. Comprenez Ceux qui ,,',ziHl 'rCll! pas qui ont dit non à l'amour, auront mai-gre gloire, mais ceux qui aimèrent genéreusement, appa-raîtront la face lumineuse alirotll renommée par le monde. Page 16, Ballade. Euflache Deschamps avait connu approché le bon connétable de France. Il n'est pas le seul poète qui ait chanté Duguesclin. Cuvelier, trouvère, rima une longue chanson des gestes de fire Bertran. BALLADES DB CmiSTtKB VIS PlSAN. p. 18 et suivantes Lté Toifiti de Christine de Pisan font conservée en manufcii à la Bibliothèque nationale. M01 7,087 7,217 - 7,223 - 7,641. Page 18, vers 2 3, dis, poëmes, diBier. Euflache Deschamps a composé un t Art de diaier de fere chançons, balades, virelais rondealx . Page 24, Ballade. Chriftne de PÍfan fut veuve, vingt-cinq ans, d'Estienne du Castel, notaire Se se.cré-taire du rQi Charles V. Page 2f, vers 10, plus affomhrie que teinture cou-leur d'un More. P. 2.6. Complainte sur la mort du duc de Bourgogne. Dame Christine-la-Désolée, qui pleura beaucoup en sa vie, ne pleura jamais plus qu'à la mort du duc Philippe, qui l'avait gratifiée de ses dons. Elle inter-rompit, à la triste nouvelle du meurtre, son livre de Mutation de Fortune, elle écrivit ces lamentations Comme obscurcie de plains, plours lermes, à cause de nouvelle mort, me convient faire douloureuse introyte commencement à la feconde partie de cette oeuvre, présente adoulée 1 bonne cause 4s fur-venue, perte, non mie- singuliere. 4 moy ou 4 aulcups, mais générale eapreffe en maintes terres plus ça cestuy royaume, comme derpouillié, déficit de l'um de. ses fouveraiiis pilliers. Le Livre des. fais bjHMMt murs u fage roy Char-les V., ¡' partie, BALLADES D'ALAIN CHARTIER p. 28 et suivantes. Les OEuvres de maiflre Alain Chartier. toutes nou-vellement réunies, par André du Chesne, Tourangeau. Paris, 1517. ln-fo, BALLADES DE CHARLES D'ORLÉANS p. 34 et suivantes. Poésies de Charles d'Orléans, publiées par J.-Marie Guichard. Paris, Gosselin, 184?. In-12. Pages 34 à 44. Ballades composées en Angleterre où le duc Charles était prisonnier. Page 39, vers I. La saint Valentin, fête anglaise, consacrée aux fiançailles. C'est le jour où l'on dit que les oiseaux s'apparient. Page 41. Ballade. Le duc Charles y déplore la mort de sa dame, qu'il nomme Beaulté, qui périt en droidc fleur de jeuncfle . BALLADES DE FRANÇOIS VILLON p. 4S et suivantes. OEuvres de maifire François Villon, corrigées aug-mentées d'après pluficurs manuscrits qui n'étoient pas connus, précédées d'un Mémoire., par J.-H.-R. Promp-fault. Paris, Ebrard, 1835. In-80. En attendant le texte qu'établit en ce moment M. Longnon, avec une méthode vraiment scientifique, nous avons suivi l'édition de l'abbé Prompfault. Page 45, Ballade intitulée les Contredictz de Franc Gontier. Voici le huitain qui, dans le texte de Villon, précède cette ballade Gontier ne crains, qui n'a nulz hommes Et mieulx que moy n'efl hlrité Mais en ce débat cy nous sommes Car il loüe sa pauvreté E Jlre pouvre y ver ejlé, A bonheur celà il repule Je le liens à maheureté, Lequel a tort? or en discute. Les Dits de Franc Gontier est un petit poëme du XIV. siècle. Page 45, vers n suiv. Le sens est Si Franc Gontier sa compagne eussent suivi cette douce vie, ils n'eussent point nfangé leur croule de pain bis, frottée d'ail de civelle. Page 45 vers 15. Mathon, lait caillé, - potée, boisson, On dit encore potion. Page 46, vers 7 suiv. Le sens est Le chant de tous les oiseaux qui font d'ici à Babylone ne me retien-drait pas un jour, pas une matinée à la campagne, s'il m'y fallait vivre en suivant un si maigre rlgime Page 50. Ballade et orasion. On trouve dans les re-gistres de l'Officialité parisienne de 1460 1461, une mention plusieurs fois répétée de Jean Cotard, qua-lissé de procuralor ou de promotor curia. P. 50, vers 6. Architriclin. Villon désigne ainsi l'in-tendant arehitriclinus des époux de Cana. Jean II, 9. P. 51, vers 10 Bref, il eu fut à grand peine au douzieme, Que s'escriant, Haro! la gorge m'ard! Tojl, loft, dit-il, que l'oit m'apporte à boire! La Fontaine. Contes Nouvelles, I, x, le Paysan qui avoit oflenfé l'on seigneur. P. 52. Balla.le ly.'ii' Villon feit à la rejueste de sa mère pour prier Nostre-Dame. Cf. le présent livre p. XXIII. P. 52, vers 13, l'Ejxpticnne, .tinte Marie 1'Kgypticnne. P. 52, vers 14. Théophilus. Cf. le miracle Theophi-lus, dans Gautier de Coin Ï. Rutbeuf en a fait une moralité. P. 55, vers 2. Flora, courtisane qui fut aimée de Pompée. P. 5 i, vers 3. Arshipiada est peut-être Archippa, dont le souvenir cil associé à la mémoire du poëte Sophocle. - Thaïs, courtisane qui brilla à Athéues au - milieu du Ve siècle. P. S 5, vers 4. Qui fut sa confine germaine, par la beauté. P. i 5, vers 5. La Nymphe Écho, J'après Ovide. P. 55, vers 9. Hélois, Héloise, nièce du chanoine Fulbert. P. 55, vers II. Pierre Efbaillard. Abailard, le doreur qui mourut en 1142. P. 55, vers 15 14. Cette Roytte est Marguerite de Bourgogne, première femme de Louis le Hutin. Elle débauchait les écoliers, dans la tour de Nefle, les faisait jeter dans la Seine. Buridan obtint ses dan-gereuses caresses il ne fut pas noyé il se retira à Vienne, en Autriche, où il fonda une université. Telle est la légende. P. 56, vers 1. La Royne blanche comme ung lys est Blanche de Bourbon, mariée, en 13 52, à Pierre le Cruel. P. 56, vers 3. Berthe, Bertrande, fille de Caribert, femme de Peppin, mère de Charlemagne, ou, pour mieux dire, la reine Pedauque, la fileuse qui contait les Contes de la mère POie Cf. Hyacinthe Husson, La Chaîne traditionnelle et les Contes de Perraull, édition Lefèvre, p. LVII. - Biétris, Béatrix de Pro-vence, mariée, en 1245, à Charles de France, fils de Louis VIII. - Allys, Alix de Champagne, mariée, en l'an 1160, à Louis le Jeune, roi de France. P. 56, vers 4. Haretnbouges, Eremburges, fille hé-ritière de Élie de La Flèche, comte du Maine, morteni no. P. 56, vers 5. Jehanne Darc, née à Dom-Remy, petit village des marches de Lorraine. P. 56. Envoi. Prince, quel que foit le jour de la semaine ou de cette année, que vous me demandiez où elles font, je vous répondrai en redisant ce refrain Mais où font. BALLADE D'OCIAVIEN de S ainct-G elaiz, P- 59. S'ensuyt la Chasse et le départ d'Amours, nouuelle-ment imprimé à Paris, où il y a de toutes les tailles de Rimes que l'on pourroit irouuer. Côpofic par Reueréd per en Dieu mrffire OSavien de Said-Gdaiz tllefq dâgou-sesme. Et par nchle home Biaise dauriol Bachelier en chascun droit, demeurât à Thoulollfe. On les vent à Paris en la rue neufue nofire dame A lenfcigne de lefcu de France. P. éo, vers 8. Sextus Tarquin. Tit.-Liv., l, 54. P. 60, vers 11. Roboam. Reg , m, 2. Paralip., n, 9. P. 60, vers 14, Marc Anthoinc. Plut. Anton. P. 60, vers 15. Cleopatra. l'lut. Anton. P. 60, vers 16. Marcelline. Fille de C. Marcellus d'CVtuvia, répudiée par Agrippa ? . LE CYMETIERE DES ANGLOIS, p. 62. La Déploration des Estatz de France. L'Ejlat de Kobldje, en apprenant une nouvelle entre-prise des Anglais, parle comme on voit en la Ballade. P. 62, vers 8. N'élulc pas IV muet dans L mot Irancc. P. 63. JInvoy, Kntundez Qaan.l il devrait pleuvoir des pierres, la croix Hanche fêta victoiieule. Au temp s du roi Charles VI, ceux d'Armagnac portaient la croix blanche , ceux de Bourgogne, alliés aux Anglais, la croix rouge. UNE l'URE ET BLANCHE LICORNE QU 1 SE VIENT RENDRE A PURETE, p. 64. Le Grant vrai Art de pleine rhétorique. tant en prose qu'en rime, ijai. Pierre Fabri, Rouennais, était curé de Meray. L'idée que la a fainte douceur de la vierge était supérieure au pouvoir du mal avait pris-alors une forme précise dans la légende tant répétée de la Vierge dé la Licorne. La Licorne, qu'on voyait des le XIe siècle Sculptée à cbté du Basilic, sur lçj murs des églises était, disent les Bestiaires, un cbcvd-chàvre d'une blan-cheur immaculée. Elle portait au front une merveil-leuse épée, Les veneurs la voyaient passer dans les clairières ils n'avaient jamais pu l'atteindre, tant elle était rapide. On savait toutefois que, si une vierge, assise dans la forêt, appelait la licorne, la bâte obéissait, inclinait la tête sur le giron de l'enfant, se laissait prendre, euchalner par d'aussi faibles mains. Mais la Licorne tuait la fille corrompue non pucelle . Voilà ce qui était conté par toutes gens, écouté en frissonnant, retenu rêvé pendant de longues veil-lées. Tous avaient vu la Licorne en quelque image taillée ou peinte quelques-uns l'avaient reconnue de loin, dans les halliers, aux heures douteuses. ANATOLE FRANCE, la Mission de Jeaime Darc. BALLADE A CHRI STOFLE -DE REFUGE, p. 67. Chants royaux, Oraisons autres petits Traités, par Guillaume Crétin. Paris, Simon du Bois, pour Galliot du Pré, 1527. ln-8° gothique. 1 BALLADES DE JEAN MAROT p. 70 et suivantes. OEuvres Se Clément Marot, avec les ouvrages de jehan Marot son père, à La Haye M. DCCo xxxi. in-40, tome 4. P. 73, vers 15. Paul Orose composa, vers l'an 416 de J.-C., une Hijloire universelle fort barbare. BALI.ADE DE EUSTORGE DE BEAULIEU, p. 74. Les divers Rapports contenant plusieurs Rondeauxt Ballades, Epijlres, ensemble une du Coq à lasne, une autre de 1 Asne au Coq sept Blasons anatomiques du corps féminin ta response du blafonneur .111.. à l'auteur de l'apologie contre luy. Lyon, P. de Sainte-Lucie, 1557. In-8°. BALLADE DE JEAN BOUCHET, p. 76. Opuscules du Traverseur des voyes périlleuses, nouvel-lement par luy reveuz, amandez corrigez contenant, Épifire de jussiee, le Chappelet des princes, Ballades mo-l'ales, Dcploration de l'Èglise. Poitiers, Jean Bouchet, 1526. 111 -40 gothique. Le titre poétique de Jean Bouchet était, comme on voit le Traverseur des voyes périlleuses. Sa devile était ha bien touché. Jean Bouchet observe l'alternance des rimes mascu-lines des rimes féminines. BALLADE TOUCHANT JUSTICE, P-b 78. Les Abus Ju Monde. Paris, P. le. Dru, 1504. In-8° gothique. P. 78, vers 9. Psalm., LXXX fufiieia de ccelo prof-pexit. Cette glose est de Gringoire. Le texte ne s'en retrouve pas dans les psaumes. P. 78, vers xi. Comme au lemplt reposoient les pucelles. Peut-être les vestales. P. 79, vers 6. s Horatius Quandoque bonus dor-mitas bomerus. t Cette glose est de Gringoire. P. 79, vers 8. Horatius Nemo omni est ex patre beatus. Cette glose est de Gringoire. P. 79, vers II. Proverb., XI JufiiHa liberabis a morte. Cette glose est de Gringoire. D'UN CHAT ET D'UN MILAN, p. 80. OEuvres poétiques de Mellin de Sainl-Gelais. A Lyon, par Antoine de Harsy, 1574. In-80. BALLADES DE CLÉMENT MAROT p. 84 et suivantes. OEuvres de Marot, augmentées d'un grand nombre de ses comportions nouvelles. Lyon, Dolet, 1543. P. 82. Du temps que Marot cjloit au Palais à Paris. P. 82. Du temps que Marot efloit au Palais a Paris. Clément Marot, après avoir achevé ses études uni-versitaires, suivit le Palais. Mais il ne resta pas long-temps parmi les bafachiens. P. 82, vers 10. La porte Barbette, proche la rue l'hôtel Barbette. P. 85. A madame d'Alençon, pour efire couchée en son efiat. Ce fut en l'an 1519 que Clément Marot fut attaché à la cour de madame Marguerite de Valois, duchesse d'Alençon de Berry. On le trouve inscrit pour la première fois parmi les pensionnaires de la bonne duchesse de Valois, à la date de 1524. Cf. d'Héric ult, Nouvelle Collection Janel. Il recevait 95 livres par an. Il était en même temps attaché à la maison militaire du duc d'Alençon, mari. de Marguerite. P. 87, de Frère Lubin. Tu trouveras d'autres Balades à double refrain, l'un repeté au mylieu du couplet l'autre à la fin, comme en la Bakde de Marot à Frere Lubin, ceste maaitre de refrain dou-ble eftautant rare que plaifaute. 1 L'Art poétique fran-çois, par Thomas Sibilct. P. 89. Chant de May de Yenu. Consultez, sur le titre, le chapitre de l'Art poétique de Thomas Sibilet, -lequel nous donnons en Appendice, nO II. BALLADE EN FAVEUR Das OEUVRES DE NEUF-GERMAIN, p, 91. Les OEuvres de Monsieur de Voilure, à Paris, rue Saint-Jacques, chez Michel Guignard Claude Ro-bustes. M.DCC.XIII, in-8°, t. II. BALLADES DE SARRASIK p. 94 et suivantes. Les OEuvres de monsieur Sarasin. 4 Paris, chez Au-gustin Courbé, M.DC.LVI. In-40. BALLADE DE Bussy RABUTIN, p. 98. Les Lettres de mejjire Roger de Rabutin, amtic de Bussy, lieutenant général du armées du roi. A Paris, chez Florentin Pierre Delaume, JI. DC XCVIII. Cette Ballade est jointe à une lettre du comte de Bussy à M. de Se. Scudéry . A Bussy, ce 16 février 1676. Je vous envoyé la Balade que vous m'avez demandée. Elle a un petit air de Marot qui ne me déplait pas. BALLADES DE JEAN DE LA FONTAINE p. 130 et suivantes. Coules mis en vers par Jean de la Fonlaine. Paris, Claude Barbin, 166 . In-n. Ballade sur la leâure des romans de' livres d'amour. Ce poëme n'a de la ballade que le refrain. P. 100, vers 7. L'Apree, de Honoré d'Urfé. P. IOI, vers 16. Maître Louis, l'Arioste. P. 101, vers 17. Voici l'mdroit de l'ermite qui fit entrer en tentation Alizon la Sucrée De la cime d'un rocher élevé, l'ermite a vu Angé-lique, au comble de l'affliction et de l'épouvante, aborder à l'extrémité de l'écueil. Il était lui-même arrivé six jours avant, car un démon l'y avait porté par un chemin non frayé. Il vient à elle, avec un air plus dévot que n'en eurent jamais Paul ou Hilarion. A peine la dame l'a-t-elle aperçu que, ne le re-connaissant pas, elle reprend courage. Peu à peu, sa crainte s'apaise, bien qu'elle ait encore la pileur au visage. Dès qu'il est près d'elle, elle dit Ayez pitié de moi, mon père, car je fuis dans une malheureuse situation. - Et, d'une voix interrompue par les anglots, elle lui raconta ce qu'il avait parfaitement. L'ermite commence i la réconforter par de belles et dévotes paroles et, pendant qu'il parle, il promène des mains audacieules tantôt sur son fein, tantôt sur Ces joues humides. Puis, devenu plus hardi, il va pour l'embraser. Mais elle, tout indignée, lui porte violemment la main à la poitrine le repousse, son visage se couvre d'une honnête rougeur. Il avait à son côté droit une poche. Il l'ouvre il en tire une fiole pleine de liqueur. Sur ces yeux puissants, où Amour a allumé sa plus brûlante flamme il en jette légèrement une goutte qui suffit A endor-mir Angélique. La voilà, gisant renversée sur la table, livré, à tous les délirs du lubrique vieillard. Il l'embrasse sa palpe à plaisir elle dort, ne peut faire résistance. Il lui baile tantôt le fein tantôt la bouche. Personne ne peut le voir en ce lieu âpre et défert. Mais, dans cette rencontre, son destrier trébuche, car le corps débile ne répond point au déflr. Il avait peu de vigueur, ayant trop d'années, il peut d'autant moins, qu'il s'essouffle davantage. Il tente toutes les voies, tous les moyens, mais son paresseux roussin se refuse à auter. En vain il lui secoue le frein, en vain il le tourmente il ne peut lui faire tenir la téte haute. Enfin, il s'endort près de la dame qu'un nouveau danger menace encore. La fortune ne se contente pas de si peu, quand elle a pris un mortel pour jouet. Rolan¡t furieux, chant VIII, huitains 45 à 50. M. Framisque Reynard a bien voulu nous communi-quer ce fragment de sa belle traduction de l'Arioite, afluellement ious presse. P. 102, vers 3. Dans Amadis de Gau le, le Beau T énébreux on lit Chapitre xi.. Comment Amadis alla paffer une dennère nuit avecfa mie Orialle, à gui il avoua les rai fous Je fou départ-Chapitre XLII, Comment Oriane, se feulant greffe, avifu aux moyens de eéler son état. Dans Anadis, le Chevalier de la verte épée, fuite di prcé.1ent, on lit Chapitre xxix. Comment le roi Lifvart livra aux am-bassadeurs de l'Empereur sa fille Oriane autres detnoi-filles pour les conduire à Rome. P. 102, vers 12. Clitophon. Les Amours de Clitophon de Leucippe, par Achille Tatius. P. 102, vers 13. Les Amours de Théagène Chariclée, par HélioJore. P. 102, vers 14. Ariane, par Jean Desmarets. P. 102, vers 15. Polexandre, par Marin le Roy de Gomberville. P. 102, vers IG. Cliopâlrc, par la Calprencde. P. 102, vers 16. Cassandre, par le même. P. 102, vers 18. Cyrus, par Mlle d Scudéry. La Carte du Tendre est dans ce roman. P. 102, vers 19. Le roman de Cldie avait d'abord paru fous le nom de Georges Scudéry, bien qu'il fût de sa foeur Madeleine. P. 102, vers ai. Perceval le Gallvis, par Chriftien de Troyes. Ç. 104. Sur Efcebar. Quoiqu'il La Fontaine h'ait pris aucune part aux disputes religieuses qui alors agitaient la société, même ébranlaient l'État, cependant il résuma ea quelque forte toutes les rail-leries du janfénifle Pafcat sur les jésuites dans sa jolie Ballade sur Escobar. Histoire de la vie des ouvra-ges de Jean de La Fontaine, par C.-A. W. P. 106. Ballade sur le mal d'J.m tr. Cette Ballade a d'abord été imprimée dans un recueil de posses de Pavillon, avec la signature de La Fontaine. Elle est de 1684. P. 109. Ballade à madame Fouquei. La Fontaine plut au furintendaot Fouquet, qui le prit pour fou. poëte, se l'attacha lui fit urne pension de mille francs, à condition qu'il en acquitterait chaque quartier par une pièce de vers, condition qui fut exactement remplie. Pour le terme de la Saint-Jean de l'an 1659, le poête envoya la Ballade à madame Fouquet. Pellisson, secré-taire du surintendant, libella en vers une double quit-tance pour cette Ballade. Voici comment s'exprime le notaire du Parnasse Quittance publique pour la Ballade par Jean Pellisson. Par-devant moi, sur Parnasse notaire, Se prifenta la reine des bemtlti, Et des vertus le parfait exemplaire, Qui lut ces vers, puis les ayant COlrrpth, Pefis, revus, approuvés vantés, Pour le pajjé voulut s'en satisfaire Se rifervant le tribut ordinaire, Pour l'avenir, aux termes flrrllér, Mttfes de Vaux, vous leur secrètaire, Voilà l'acquit tel que vous fOllhaitez. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! Quittance fous seing privé pour la Ballade précédente, par Pellisson. De mes deux yeux, ou de mes deux soleils, J'ai lu vos vers qu'on trouve sans pareils, Et qui n'ont rien qui ne me doive plaire. Je vous tiens quitte - promets vous fournir De quoi partout vous le filirt tenir, Pour le paffé, mais non pour l'avenir. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! BALLADE DE Mme DESHOULIÈRES, p. III. C'est à propos de l'opéra d'Amadis, représenté en janvier 1684, que madame Deshoulières fit la Ballade On n'aime plus comme on aimoit jadis. Mme Deshoulières avait quelque raison de parler de la forte elle atteignait sa cinquantième année. Elle adressa son poëtne au duc de Montausier, qui était aussi furannt comme amant qu'elle l'était comme maltrefle. Une foule de poètes se présentèrent pour défendre le temps présent contre les attaques de celle qu'on appelait la dixième mufe, la Calliope française. Le duc de Saint-Aignan, qui jouissait de toute la fa-veur du roi, entra un des premiers dans la lice Mme De houlières, flattée d'avoir à combattre un tel champion, répondit à la Ballade qu'il avait composee, sur les mêmes rimes, avec le même refrain que la Tienne. Le duc de Saint-Aienan répliqua madame Des-houlières ripoiU de nouveau. Walckenaer. Voici ces diverses répliques Réponse de M. le duc de Saint-Aignan. Balade. A caution tous ne fiiit pas sujets. Autre maxime en ma tête cil écrite Et pour parler de vies tourmens secrets, Onc ues de cour ne connus l'eau l'wilt. Si dans mains coeurs probité plus n'habite, Au miell les faits fuirent toujours les dit,. Par moi l'A luce iiu inonde tt'e 1 venue. D'amans ' yaIlY si la mole est perdus, Moy j'aime encor comme on aimoit jadis. Nul riche atour, nul nombre de t'dets, Ne contribue à mon peu de mérite. Toujours me tiens au rang des plus difereis Tant mieux pour mov si la troupe el petite, Amour chez ntoy V ? jamais décrepite , Et quand les sots font les plus aplaudis DtÎljày-jc en tout patjcr pour une gruë, Faveur se cache aujji-tôt qu'obtenue, Tant j'aime encor comme on aimoit jadis. Jeunes bcautez qui tendez vos filets, ChaJJtz bien loin celle engeance maudite De jouvenceaux, quand pies des beaux objets D'être indolent chacun Je félitite. Je sens l'amour sans faire l'hypocrite, Et le fers mieux qu'wi de ces étourdis Mais si pour vous aux Joins je m'habitue, Don de rnercy j'auray toujours en vue, Car j'aime encor comme on aimoit jadis. Quand jeunes coeurs se trouvent ainsi faits, Prejeni meilleur ii Dame on ne débite. Coeurs de barbons peuvent itre coquets. Le diable eut tort quand il se fit hermite. Si ma personne à tendrejje Il'illvile, Mes feus au moins point ne fout refrofdis. Par aucuns maux mou humeur n'ejl bourrue, Et peu m'en chaut, si j'ay lejle chenuë, Car j'aime encor comme on aimoit jadis. Envoy Fils de Venus Jonge à tes intérêts, Reprends l'encens, rends les camous.ets, Accorde à tous que ce train conlinur, Nous reverrons le siecle d'Amadis Et si jamais Dame d'ultraits pourvue A m'enflâmer se trouve parvenue, Je l'aimerai comme on aimoit jadis. Réponse à M. le duc de Saint-Aignan. B a 1 a d e. Duc, plus vaillant que les fiers Paladins Qui de géans Clll!'1 c'lriOlt les armures Duc, plu r g.ilam que n'e'toioit Grenadins, Point contre vous ne Joui tues écritures. Grand tort aurais de blasonner ? ov feux. Hi qui lie sçait, l'eall .Ii., je vous prie, Qu'en !ait d'amour ¿ o- de chevalerie OlljlltJ ne fut J'lus véritable preux ? Vous pourjendet vous seus quatre alTafTms, Vous reparez les loris les injures, lieriez encor plus d'amoureux larcins Que jouvenceaux i blindes chrvelures Ce que jadis fil le beau tenebreux Près de T'im 1 i!J n'est que ba linerie, D encombr'ers vous jvtt ans Jéerie. Onques ne jut plus véritable preux. Jamais J'.4Ilr,,, , au , dDig s incarnadins En jours brillans ne change nuits obscures Que cault Amour Mars aux airs mutins Vous n'invoquiez pour avoir avaniures. Vous bravez tout, malgré des ails nombreux Qui volontiers empechent qu'on ne rie, Avez d'un fils augmente votre hoirie Onques ne fut plus veritable preux. Envoy Que puissiez-vous, Cheval'er valCllrcux, En tout combat, en butin amoureux, Ne vous Vouloir jamais de Iromperie, Et qu'à l'envi chez nos derniers neveux, Lisant vos faits hautement on s'écrie Onques ne fut plus véritable preux. Keponse de M. le duc de Saint-Aignan. Balade. O l'heureux temps où les fiers Paladins En toutes paris cherchaient les at'anturts, Où sans dormir non plus que font lutins Ja n'étaient las de porter leurs armures ! Princes Roy s par vins confitures Les rigaloient au sortir des feflins. Dame à bon droit des beaux esprits cherie, Qui faites cas des guerriers valeureux, Efl-il rien tel qu'art de chevalerie ? Fut-il jamais un métier plus heureux ? Ces Damoifels s'ébatoient es jardins Bien atournez de pompeuses vitures. Là, plus vermeils qu'on ne peint Chirubills, Chapeaux de fleurs mis sur leurs chevelures , St déduifaient en Juperbes parures. Riches plumais, telles d'or, falills, De les voir tels toute ame étoü ravie, Tant avoient l'air de gms viSorieux Dame sans pair, dites-nous, je vous prie Fut-il jamais un métier plus heureux S'il avenoit que félons a r,lill ! En dur e lour leur jifeut des He Turcs, Ja HU métier n'avaient de medccins , Filles de Ro s moult belles eiéaturcs Qu'on renommoit pour leurs f.-avanies eûtes Sur lits molets e, Cha, une à part Joi ncufe di Ido l ie, Les cjnfdant par lia is amoiti eux, Rendaient bien-tét leur personne urit Fut-il jamais lm métier plus heureux ? ifoy qui toujours urpajfant maints blondins Ell vrais cjjcts ainji qu'en écritures, .4y depuis peu mis au j ur deux banbins, Dont on feroit d'agréables peintuies, Dans la vigueur qu'on voit oz mes ¡ ur.r, Je veux auji par de no'les défaits, Des ennemis voir ltl jaci li mir, El leur livier un ajout vigoureux, Puis tôt après retourner -vers ma mie. Fui-il jamais un métier plus heureux? Envoy Que puijjiez-vous, Dame au coeur genereux, Voir en honneur toiijours vôtre mefgnie, Et qu'un germain moult digne de nos voeux Se trouve un peu revêtu d'Abaye De bon raport, commode, bien nombreux. Si que mitre, content glorieux En tel déduit quelquefois il s'écrie, Fut-il jamais un métier plus heureux ? Réponse à M. le duc de Saint-Aignan. Balade. Los immortel que par fait héroïque Chevalerie en tous lieux aqueroit, Vous fait aimer ce tell ps hyperbolique Quand est de IIIry ce qui plus m'en plairoit, Ce n'ejl combat, véture magnifique, Tournois fameux, tuais bien l'Amour antique Dont trijl, mort feule voyoit le bout. Bon Chevalier que tout craint révéré, Ainsi le monde en fcntimcnt differe Opinion chez les hommes fait tout. L'un rit de tout, l'autre mélancolique, D'Arlequin même en mille ans ne riroit, L'un pour jouer fait devenir éthique Son train lui, l'autre ne troqueroit Pour mines d'or sa verve poitique, L'un de tout auvre entreprend la criliqllt, Et fait souvent conte à dormir debout L'autre à son gré reglant le miniflere, De se regler ne s'embarasse guere Opinion cher les hommes fait tout. Espoir de gain fait faire aux fois la nique, Défit de gloire en périlleux endroit Conduit guerriers, nature pacifique Aux Magiflrats met en lejle le dro.'t. Ambition fait que le coffre on pique, Vanité fait que Philosophe explique Comment tout rient, en quny tout fc réJouI, Chaqu mortel coiffé de sa chi.nere, Croit à par fry ij ne tn'euv on ur peut faire Opinion chez les hommes fait tout. Non motus diverje en chique République lifl la coutume, icy puntr on voit Scuf avec qui son frere préva ique. ht la Perjane en son lit le reçoit Germains Jont cas de la liqueur lachijue Le Muj ulman en défend la pratique, Sul'Ii! 1,lreill Lacedemone ab out. Où le Soleil monte sur l'Emifphere t Par pieté le Jiis meurtrit on pere Opinion chez les hommes fait tout. E n v o y Duc dont le los vole du Jein Perfque Il'qu'otl Phébus finit son tmr oblique, De mon Germain point ne sçavez le goiil , Grosse Abaye à la mitre il pri ere. Trop lourd, dit-il, eji sacré ca aQer Opinion chez les hommes fait tout. Pavillon se joignit au défenfcur du temps présent, dans de fort jolies Ballades soutint Qu'on aime encor comme on aimoit jadis. D'autres convinrent avec l'apologiste du flècle d'A-madis Qu'on n'aime plus comme on aimoit jadis. Mais ils convertissaient galamment cet aveu en compliments pour la dixième Mufe. De Losme de Monchesnay, l'auteur connu du Boleana, lui disait Qui, f en conviens, charmante Deshoulieres Mais si chaque beauté poffcdoit vos lumieru, On revcrroit bientôt le ficcle d'Amadis. Si, comme vous, toutes nos dames Avoient l'art de toucher nos ames, On aimeroit bientôt comme on aimoit jadis. La Fontaine, qui était fortement prévenu contre madame Deshoulières depuis qu'elle avait cabalé con-tre les pièces de Racine, son ami, lui répondit sur un ton bien différent de celui de Monchernay. Walcke-nacr. La Fontaine ne fit point imprimer cette Bal-lade. P. 114, vers 8. Urgande Desconnue. On lit dans Amadis les Princes de l'Amour Chapitre xi. Comment Urgande la Deconnue, à laquelle on ne songeait pas, prouva qu'elle songeait à ses protégés, en survenant la veille des noces. BALLADE SUR UNE VIEILLE FILLE, p. 116. OEuvres diverses de M. Rousseau. Nouvelle édition. A Bruxelles aux dépens de la Compagnie, M. DCC. XLI. BALLADE DU VIEUX TEMPS, p. 118. Polfies complètes de Sainte-Beuve. Paris, Charpentier Cio, 1869. In-12. Ce petit poëme de Sainte-Beuve n'est qu'un tronçon de Ballade. Le XIXe ûècle est peu riche en Ballades. Nous aurions voulu mettre parmi nos pièces de choix un poëme à refrain d'Alfred de MuiTet, celui que le poète attribue à sa CarmoCne. Mais ce morceau n'a de la vieille Ballade que le refrain un certain air d'ar-cbaifmc. On en jugera voici ce poème Va dire Amour, ce qui cauJe ma peine, A mon seigneur, que je m'en vais mourir, Et, par pitié, venant me secourir, Qu'il m'eût rendu la Mort tncins inhumaine. A deux genoux je demande merci. Par grace, Amour, va-t'en vers sa demeure. Dis-lui comment je prie pleure ici, Tant si bien qu'il faudra que je meure Tout enflammée, ô- ne fachant point l'heure Où finira mon adoré souci. La Mort m'attend, s'il ne me relève De ce tombeau prêt à me recevoir, J'y vais dormir, emportant mon Jeux reve Hélas ! Amour, fais-lui mon mal avoir. Depuis le jour où le voyant vainqueur, D'être amoureuse, Amour, tu m'as forcée, Fût-ce un inflant, je n'ai pas eu le coeur De lui montrer ma craintive petlfle, Dont je me sens à tel point opprejfÙ, Mourant ain si, que la Mort me fait peur. Qui fait pourtrtllt, sur mon pcile viftge, Si ma douleur lui déplaira'-1 il 7lair! De l'avouer je n'ai pas le courage. Hélas ! Amour fais-lui mon mal savoir. Puis donc, Amour, que tu n'as pas voulu A ma trifleffe accorder celle joie, Que dans mon coeur mon doux seigneur ait lu, Ni vu les pleurs où mon chagrin fc noie, Dis-lui du moins, tâche qu'il le croie, Que je vivrais, si je ne l'avais vu. Dis lui qu'un jour, une Sicilienne Le vit combattre faire son devoir. Dans son pays, dis-lui qu'il s'en souvienne, Et que j'en meurs, faisant mon mal savoir. Carmofine, acte II, scène VII. BALLADES DE THÉODOBB DE BANVILLE. p. iao et suivantes. Gringoire, comédie en un acte, en prose, par Théo-dore de Banville. Paris, Michel Lévy. ln-12. Théodore de Banville. Trente-six Ballades joyeuses. Paris, Alphonse Lemerre, éditeur, 1873. In-12. BALLADE DES ENFAKTS SANS SOUCI, p. 130. Le Parnasse contemporain. Recueil de vers nouveaux. Deuxième férié, 1869-71. Paris, Aphonfe Lemerre, H. DCCC. LXX. In-Bo. BALLADE DE L'AMANT INQUIET, p. 132. Inédite. APPENDICE LES RÈGLES 'DE LCil BALLADE I Or fera dit escript cy-apres la façon des Balades premièrement est assavoir qu'il est Balade de huit vers dont la rubriche est pareille en ryme au ver ante-sequens, toutefois que le derrain mot du premier ver de la Ballade est de trois sillabes, il doit estre de onze piez, si comme il fera veu par exempleaucun ver coppé qui foit de cinq piez, cellui qui vient après doit estre de dix. Exemple sur ce qui dit est BALADE DE HUIT VERS COUPPBZ. Je liez mes jours ' ma vie dolente, Et je maudis l'eure que je su nez Et à la mort humblement me prefenie
Ballade amoureuse Ne quier veoîr Médit ne Jason, Ne trop avant lire ens ou mapemonde, Ne la muisque Orpheûs ne le son, -Ne Herculès, qui cercha tout le monde, Ne Lucre Je, qui tant su bonne monde, Ne Penelope aussi, car, par saint Jame, fil voi assis, puisque je voi ma dame. Ne quier veoir Vregile ne Caton, Ne par quel art orent si grant jfUOnde, Ne Leaudar, qui tout sans naviron Nooit @m mer, qui rade est parfonde, Tout pour @Y amour de sa dame la blonde, Ne nuls rubis, saphir, perle ne jame Je voi a@ffh, pui que je voi ma dame. ~~ e qtiier t,eol r le c h ei,a l Pe~,a son, Ne quier veolr -Qui plus iojl court en l'air ne vole aronde, Ne l'image que sijs Pygmalion, Qui n'ot pareil première ne jeconde, Ne Oleûs, qui en mer boute l'onde S'on vcet sçavoir pour qlloi@@ POlir ce, par tiz'apiie Je l'oi asses, p@m!quc Je voi ma dame. Jehan Froissart Ballade amoureuse On me diss, dont j'ai grant mertleille, Que de dormir efi temps perdus Tant qu'à moi, je m'en efmerveille, Car le dormir me vault trop plus Que le villier. C'efi mes argus, Dormir ejl grant aise de corps, A desplaisance ne vit nuls Je n'ai nul bien, se je ne dors. Car en dormant je me confeillt, Ce m'est vis, au dieu Morpheüs, Qui mes besongnes, qu'on toueille, Remet aJJés bellement sur, Car avoir me fait ris jus De ma dame pluifours depors, Dont en veillant fui moult enfus Je n'ai nul bien, se je ne dors. Encor ii boule il en l'oreille Qu'à merci foie receùs, Et celle qui efl non pareille De donner dangiers refus, Les met à sa proyere jus, Et me diss a M'amour s je t'acors. EIlJÏ en dormant voi verlus, Je n'ai nul bien, se je ne dors. Jehan Froissart. Ballade amoureuse Je puis moult bien ma dame comparer A la fille dou noble roy Priant Plufiors en ot, mais cejle floeil nommer Polixena la belle la riant, En qui de tous biens ot tant Que de bonté de bauté su plainnt. Tout ensi ejl ma dame souverainne, Car les grans biens que je perçoi en li M'ont pluifours fois en penlant reliai. Jonete efioit Polixena, @défi cler, Quant Acillès l'ama en regardant Ensi amours m'ont pris par regarder De ma dame Ion gracieux semblant, Simple, jone attraint. Or sçai assés que j'en aurai grallt pa@mne, Mis j'ai espoir qu'elle en fera certainne En aucun temps, cil souvenir ci M'ont pluifours fois en pensant relioi. Chiere dame, voeilliéi@ confiitrer Que vojlre fui ferai mon vivant. Or ai volu vojlre corps figurer A la fille Jou noble roy Priant C'ejl tout en vous honnourant, Mes à lu fin que II e J'yés humainne, Polixena vojlre nom me ramainue Dedans le vojlre en V. lettres qui M'ont pluifours fois en penfaHt ref oî. Jehan Froissart. Ballade De grant honneur amoureux enrichir Ne peut, s'il n'a loiauté en s'aye Et pour ce fay dedens mon cuer florir Loial amour d'umilité garnie, Dont doucement, sans fauffeti, servie Sera la flour nonpareille d'onneur, De grant beauté, de bonté, de valeur, Qui de mon cuer souveraine maijlrejfe Est fera. J'aray Dame Seigneur, En ciel un Dieu, en terre une DéeJJe. A ce me veul tout mon vivant tenir, Sans raffambler la fausse compagnie De ceulx qui vont prier et requérir Dames plusieurs, font partout amie, A leur pouvoir, pour leur grant tricherie, Cil font vilain, envieux menteur, Oultrecuidez, félon, fol t'anteur, Toul leur désir à faux penser s'adre@je, Tel gent reny sy pren pour le meilleur En ciel un Dieu, en terre une DlefJe. Car tel tricheur font l'onneur amenrir De mainte dame, en qui n'a villenie, Tant par JCII ler coin par leur foy mentir. L'un jure Dieu, l'aulre fain@âe Marie, En promettant loiauté qu'ils n'ont mie, De faux jemblant font leur droit gouverneur, Li malofiru, li mefehant, li lourdeur Tous font parjur. Pour ce leur fay promesse Que j'aime mieux à servir, par douceur, En cicl un Dieu, en terre une Déesse. EN VOT. Prince, je tien que qui veult acqulrir De vraye Amour les liens la hautesse, Tant feulement doie en son tuer choisir En ciel un Dieu, en terre une Déesse. Guy de la Trémouille. Ballade amoureuse Gente de corps, face adroit coulourée Humble regart, front hault bien assis, Entrueil plaisant, bouche bien ordonnée, Petit menton, lefres nez traitis, Vos joettes font deux fosses toudis En foubzriant, S belle plus que belle@! Vous regarder est un droit paradis De jour en jour vo beauté renouvelle. Car vostre chief a toute gent agrée, Blont com fin or, vairs oeulx, les fourni@s Avez petiz la denteure ferrée, Mannelte blanche corne fleur de lis, Et au feurplus ejl vos corps affenis De tous les biens qui font en flour nouvelle, De plus en plus, dame, ce m'est advis De jour en jour vo beauté renouvelle. Or ejies-vous donc de bonne heure née Quant grace avez, la louenge le pris D'llmilitl. Je nobles meurs parée, De beau maintien, de manière de vis Mais sur toufes portez bien vos habis, Plus que nulle dame ne damoiselle Qui fait vivant en terre n'en pays De jour en jour vo beauté renouvelle. Eustache Deschamps. Ballade Apprenez-moy comment j'auray ejiat Soudainement, dame, je vous en prie, Et en quel lieu je trouveray bon plat Pour gourmander mener glote vie. -Je le t'octroy Traison envie Te fault Jçavoir, ceuls le mettront avant Mentir, flater, parler de lécherie Va à la court, en use souvent. Pigne toi bel, ton chaperon abat, Soies vestus de robe tris jolie, Fourre-toy bien quoy qu'il fait de l'achat, Tien-toy brodé d'or de pierrerie Ment largement afin que chascuns rie, Promet assez, tien po de cornent. Fay tous ces poins ne te chaille qu'on die Va à la court, en u e souvent. A maint l'ay veu faire qui s'i embat, Soi acointer de l'eschançonnerie, Jouer aux dez tant qu'il gaingne ou soit mat, Qu'il jure fort, qu'il maugrie ou regnie Et lors fera de l'adtoite mefgnie. Fay donc a infis, met toy tou jours devant i Pour avoir nom tous ces vices n'oublie Va à la court, en Isse souvent. EN VOY. Princes, bien doy remercier folie, Qui m'a aprins ce beau gouvernement, Et qui m'a dit A ces poins ajfudie Va à la court, - en Ilfc souvent. Eustache Deschamps Ballade Or, n'est-il fleur, odour ne violette, Arbre, esglantier, tant ait douçour en lui, Beauté, bonté, ne chose tant parfai@re, Homme, femme, tant fait blanc ne poli, Crespé ne blont, fort appert ne joli, Saige ne foui que Nature ait formé, Qui à son temps ne fait vieil usé, Et que la mort a sa fin ne le chace, Et, se viel efi, qu'il ne foit diffamé Viellesce efl fin, jeunefce efi en grâce. La fleur en may son odeur deleE e Aux odorans, non pas joûr demi En un moment vient li vens qui la guette Cheoir la fait ou la couppe par mi Arbres gens pajjent leur temps ainsi Riens ejlable n'a Nature ordonné Tout doit mourir ce qui a ejlé@né. Un povre acés dé fièvre l'omme efface, Ou aage viel, qui eji déterminé Vieillefce est fin, jeunefee ejl en grâce. Pour qtioy fail donc dalnt, ne pucellette, Si grant dangier de s'amour ii ami, Qui fichera, soubz le pié com l'erbelle ? C'est @r,wt folour que n'avons IIOUS mercs L'un de l'autre ? Quant tout fera pourrJ, Ceulx qui n'aiment, ceulx qui ont amé, Ly refusant feront chétif clamé, Et Ii donnant aront vermeille face, Et si feront au monde renoenmé. Vieillefce est fin, jeunefee rft en grâce@ ENVOY. Prince, chascun doit en son jofne aé Prandre le temps qui lui ejl deftitlé j Eu l'aage vicl tout le contraire face Jinfis ara les deux temps en chi@ale, Ne face nul de s'amour grant firrti Viei@lhfce est fin, jeunefce eji en grâce. Eustache Deschamps. Ballade sur la mort de sire Bertran Duguesclin Estoc d'Oneur, arbres de vaillance, Cuer de lyon cltrir S de hardiment, La f@our des freux la gloire de FranCs, Vi@âorieux @hardi combalanl, Saige en voz fais, bien enlreprenant, Souverain home de guerre, Vainqueur de gens conquerreur de terre, Le plIa vaillant qui oneques fujl en vie, Chascun pour vous doit noir vessir querre Plourez, plourcz, f@our de chevalerie ! O Bretaingne, ploure ton esperance ! Normandie, fay son enlicremenl, Guyenne aujft, Auvergne, or t'avence, Et Languedoc, quier lui son monument Picardie, Champaigne OCCld@wt, Doivent pour plourer acquerre Tragediens, Arethufa requerre Qui en eaue fut par plour convertie, Afin qu'à tour de sa mort les cuers serre Plourez, plourez, flour de chevalerie. Hi 1 gens d'armes, aiez en remembrance sofire pere vous estiez si enfant. Le bon Bertran, qui tant ot de puissance Qui vous amoit si amourcufement, Guesclin crioit. Priez dévotement Qu'il puiss paradis conquerre. Qui dueil n'en fait, @à qui n'en prie, il erre, Car du monde ejl la lumiere faillie De toute honneur efioit la droiéle ferre Plourez, plourez, flour de chevalerie @@Eustache Deschamps. Ballade Maintes gentes me prie que je face Aucun beau@h dis que je leur envoxe, Et de@ 1er dient que j'ay la grâce, Mais air c Joit leur paix. Je ne jçauroyc Ne puis à beaux !is donner sens ne jo e. Puis que prié m'en ont de leur Z,vll11, Peine y mettray, quoique ignorante foye, POlir accomplir leur bonne roulent@, Mais je n'ay pas sentiment ne espace, De sa ix ais, ne de foulas, ne de jove, Car ma douleur qui toutes autres pa@je, Mon sentiment joy@ux tout le defvo e hlais du grand dutil qui Ille tiens morne coye, Puis bien parler '1,res apiter Bien diray plus vuu'entieis, plus seroye Pour accomplir leur bonne voulenté. Et qui voudra sçavoir pcurquoy efface Dueil, tout mon bien, de legier le diroy@@ Ce sujt la mort qui fery sans menace Ctlluy de qui trefiout mon bien avoye, Laquelle mort m'a mis, met en voye De desespoir. Ne puis je n'oz fanté. De ce seraJ mes dis, puis qu'on ni en proye, Pour accomplir leur bonne voulenié, BNVOY. Princes, prenez en gré se ne failloye, Car le di@aïer je n'ay mie hanté, Mais maint mien ont prié je l'octroye Pour accomplir leur bonne voulentè. Christine de Pisan, Ballade Mon doulx amI, n'ayez melancolte Se j'ai en moi si joyeuse matl iéré El se je fais en tous lieux chiere lie, Et de parler à maint fuis coutumiere Ne croyez pas pour ce, que plus legiere Soye envers t'ous. Car c'eji pour depceuoir Les médifans qui l'luloll tout sçavoir. Car se je fuis gaye, cointe jll ye, C'est tout pour vous qu'aime d'amour entiere, Se ne prenez nul@ foin qui contralie Votre bon cuer. Car pour nulle j'rierr, se n'ameray autre qui m'en requerre. Mais on doit moult Jouter, a dire voir, Les médifans qui veulent tout sçavoir. Sachiez devoir qu'amours @feforl me lie, Que votre amour que n'ay chose tant chiere@ Mais ce ferait à moi trop grand folie De ne faire, fors à vous bonite chiere , Ce n'est pas droit, ne chose qui affiere, Devant les gens pour faire appcrcevoir Les miiifans qui veulent tout sçavoir. Christine de Pis an. Ballade T Ifl I avez l'ail par voire grant djul ûut, Très ¡ oulz amy, que i ous m'avez conquift-Plus it'y convient complainte, ne clameur Jà n'y aura par moy defense mise. Amours le veult par sa douîce maijlrife, Et moy aujji h l'ue.l car, se m'ait Dieu , Au fort e'efloil soleur, quand je m'avijc De refuser ami si gracieux. Et j'ay espoir qu'il a tant de valour En vous, que bien fera tn'amour ijjije Quand de beauté, de nracc toute bonno@w, Il y a teinfj qllc C'tft droit qu'il foujfife, Si tft bien droit que sur tous vous e@lise, Car vous ejies bien digne d'avoir miel x Si ay eu tort, quant tant m'avez requise, De refuser ami si gracieux. Si vous r@liell, et vous donne m'amour, Mon fin cuer doulz, ô- vous pri que faintije Ne treuve en vous, ne nul autre saulz tour, Car toute m'a entièrement acquise Va doulz maintieng, vo manière rassise, Et voz très doulz amoureux beaulx yeux Si auroye grant tort, en toute guise, De refuser ami si gracieux. EN VOY. Mon doulz a Ili, que j'ann sur tous prise, J'oy tant de bien Je vous dire, en tous lieux, Que par raifoll devroye ejire reprise De refuser ami si gracieux. Christine de Pisan. Ballade Seulelte fuis, seulette vucil ejlre, Seulctte m'a mon doulz ami laissèe, Seulette fuis, sans compaignon, ne maistre, Seulctte fuis, doulente courroucée, Seulette fuis, en langour mefaifée, Seulette fuis, plus que nulle efgarii, Seulette fuis, fOlz ami demour@Ù. Seulette fuis à huiz, ou à fenejïre, Seulelte fuis en un anglct mucèe, Seulette fuis pour moi de pleurs repaiflre, Seulette fuis, doulente ou appai ée, Seulettefuis, rien n'cjl qui tant me fié Seulelte fuis en ma chambre enferrée, Seulette fuis senz ami demourée Seulette fuis partout, d' en tout ljlre, Seulette fuis, où je voise, où je fiée, Seulette fuis plus qu'au@tre rien terrejlre, Seulette fuis de chascun delaijJée, Seulette fuis, durement abaissie, Seulette fuis souvent toute efplorée, Seulette fuis fenx ami demourée. BNVOY. Princes, or efi ma douleur commencilt, Seulette fuis, de tout dueil mntaciée, Seulette fuis, plus tainte que morée, Seulette fuis, fera ami dtmourée. Christine de Pisan. Complainte sur la mort du duc de Bourgogne P@hurez, Françoys, tout d'un commun vouloir Grans petis, p@hurez cesse grant perte ! Pleurez, boit roy, hten vous devez vouloir Plourcr devez vojlre grevance apperte ! P@hurez la mort de cil qui, par desse te, Amer deviez par droit de lignuige, J njlre loyal no'le on, le, le très faire, n-S Bourguignons prince duc excellent Car je vous dy qu'en mainte grant berongne Encor dire@ trejiuit à citer dolent Ajfaire eu@jions dit bon duc de BJ r gongne Pleure , Bcrry, plouiez luit fy h t Car caisse avez, moit la vous a ouverte@! Duc d'Orléans, moult vous en doit chaloir Car par son Jens mainte saulse efi couverte ! Duc des Bretons, plourez car je fuis certe Qu'affaire avez de luy en vo jeune âge ! Plourez, Flamenr, son noble feignourage ! Tout noble Jane, allez vous adoullant ! Plourez, ses gens ! car joie vous ejlongne Dont vous direz souvent en vous doublant Affaire eussions du bon duc de Bourgongne. Plourez, Royne, ayez le cuer noir Pour cil par qui fctifies on trofne offerte@! Plourez, dames, sans en joie manoir 1 France, plourez d'un p'llier ef déferle, Dont tu reçoys esche@ à defeouverte Gar toy du mal ! quant mort par son oultrage Tel chevalier t'a toulu, c'efl dommaige 1 Plourez, pueple commun, sans ejlre lent Car moult perdez, chascun le l@@@efmoingne, Dont vous direz souvent mate relent Affaire eussions du bon duc de Bourgongne. Christine de Pisan. Ballade O fol@ des fil., les folz mortel@ hommes, Qui vous fiez tant is liens de fortune En celle terre, ès pays où nous sommes, Y avez vous de chose propre aucune ! Vous n'y avez chose vostre litS-une, Fors les heatilx dons de grâce de nature. Se Fortune donc, par cas d'adventure Vous toult les liens que vojlres vous tenez, Tort ne vous fait, ainçois vous fait droi@âure, Car vous n'aviez riens quand vous Iustes nez. Ne îaiffez plus le dormir à grans sommes En voflrc li@3, par nui l ohfcure brrme, Pour acquefltr richesses à grans sommes. Ne convoite@ choses dessoubz la lune, Ne de Paris, jusques à Pampelune, Fors ce qu'il sauls, sans plus, à creature Pour recouvrer sa simple nourriture. Souffife vous d'efire bien r@mommez, Et d'emporter bon loz en sepulture Car vous n'aviez riens quand vous fufits nez. Les joyeulx fruiât@ des arbres ô, les pommes, Au temps que fut toute chose coMmuru, Le beau miel@ les. glandes les gommes Souff@laient bien- à chascun chafaine Et pour ce fut sans IIoife sans rancune. Soyez contens des chaulx des froidures, Et me prenez Fortune doulce ô- feure.. Pour vos pertes, griefve dueil n'en menez, Fors à raison, à point, à vtefure, Car vous n'aviez riens quant vous fufits nez. Se fortune vous fait- aucune injure, C'est d@ fou droit, ji ne l'en reprenez, Et perdiffie@tjufques à la vefiute ■ Car vous n'aviet riens, quant vous fufits nez. Alain Chartier. Ballade sur le régime de Fortune Sur lac de ducil, sur riviere ennuieufe, Plaine de cris, de regrctz, de clains, Sur pcfant fourfe £ r melencol@uufe, Plaine de plours, de souspirs de plait s Sur gratis ejiapl, s d'amertume tout plains, Et de doule ur sur abisme parfonde, Fortune la sa maison tousjours son, e A l'un g des lez de roche espouventable. El en pendant, ajfin que pluJlojl fonde, En dcmonjlrunt qu'elle n'ejl pas ejlable. D'une part clere, d'autre tenebreuse Ejl la maijon aux douloureux mefhains, D'une part riche d'au@he foujfrcteufe, C@eJl du cossè où les champs font prochains, Et d'autre part a aJ ez frui@Jz grains. LA fiel fortune ou tout en air habonde, D'une part noirt, de l'autre elle efi blonde D'une fart ferme, d'autre trefbuehable, Muette, sourde, aveugle, sans faconde En demonftrant qu'elle n'ejl pas estable. Et là endroit par sa dextre orgueilleuse Qui retenir ne veult brides ne frains, En sa maison doubtable perilleuse Sont les mefchiefz tout mouflez emprailu, Dont les deli@az font rompu@ enJrains, Et les honneurs gloire de ce monde. Car par le tour de sa grant rose ronde Fait à la fois d'ung palais une efiablt, Et auJft tost que le vol d'une aroiide, En demonfir@mt qu'elle n 'ejl pas establ@@ EN VOY. Que voulez vous que je die refponde f Se fortune efi une fois dele@Sable, Elle fera amere à la feconJe, En demonfirant qu'elle n'ejl pas eflabl.. Àlain Chartier. Ballade sur la mort de sa dame Fy de ce May qu'on clame si courtois, Fy de Venus de la beauli d'elle, Fy d'efperuiers, de faulcons, pivots Fy de harper, de chanter de t'ielle De tous oyseaulx, excepte' rarOffdelle. De moy-mesmes dif-je fy par mon ami, Si fais-je aitjji d'amours, aujJi de Dame. Fy de tous jeux, de chansons, de renvois, Fy de Pallas, de la beauté d'elle, Fy de joujles, de dances, de tournois. Et si dis fy de la façon nouvelle Si fais-je aussi de celuy vu de celle Qui loyaulte maintiendra jour ne lerme. Si fais-je aussi d'amours, aussi de Dame. Et s'en dis fy, se plus ne la revois, Pas ne feray comme la turterelle Ains sembler vueil au rossignol du bois. Car aussi tofl qu'a fait de sa femelle, Sifflant s'en va, luy monflre son aefle, Lireau luy fait, combien que foit diffame, Si fais-je aussi d'amours, aussi de Dame. Alain Chartier. Ballade Priez pour paix, dou@he Vierge Mari, , Roytte des ciculx, ô du monde înaijîrejfc, huéles prier par voflre courtoisie, Sain As faillies, prenez vpjlre adreJ -Vers vojl-e fils, requerrait! sa l aullt'fTe Qu'il lui plaise fort peuple regarder, Que de @on fan g a voulu racheter, En déboulant guerre qui tout defvnye De prieres ne vous veuilliez la fer, Priez pour paix, le vray tresor dt jOIt, Priez prclaz gens de @fiimle vie, Religieux, ne dormez en pareTe, ' , Priez, maij res, tous suivans clergie, Car par guerre failli que l'ejlude cesse Moujiiers dejiruiz font sans qu'on @Us redresse. ,~loujîiers deflriiiz jbpit satis qi~'on les re~ i t effe, Le service de Dieu vous fau.11 laisser, Quand ne povez en repos demourer Priez si fort que briefment Dieu vous oy@, L'Eglift voult à ce vous ordonner, Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, princes qui avez frign@wrie, Roys, ducs, contes, barons plains de nollcjfe , Gentils hommes avec chevalerie, Car meschans gens surmontent gentilleffc En leurs mains ont toute vojlre richesse, Desbatz les font en hault estat monter, Vous le povez chascun jour veoir au cler, Et son riches de vos biens monnoye, Dont vous deussiez le peuple supporter Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, peuple qui souffrez tirannie, Car vos seigneurs font en telle Joibleffe, Qu'ilz ne peuvent vous garder par maistrie, Ne vous aider en vojlre grant defireffe Loyaux marchans, la felle si vous blesse, Fort sur le doz chascun vous vient proffer, Et ne povez marchandise mener, Car vous n'avez feur passage, ne voye, Et rnatnt péril vous convient-il pa@jer Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, galans joyeulx en compaignie, Qui defpendre deJirez à iargejfe, Guerre vous tient la bourse Je garnie, Priez, amans, qui voulez en liesse Servir aIl OIIU, car guerre, par ruJejfe, Vous Jtjlourve Je voz James hant@a, Qui maintejfoiz fait leurs voloirs torner, Et quant tenez le bout Je la courroye, Ung eJ rangier Ji le vous vient ojler Priez pour paix, le vray tresor Je joye. E N v o Y. Dieu tout puissant nous vueille conforter Toutes cho es en terie, ciel mer, Priez vers lui que brief en tout pourvoye, En luy seul eji Je tous maulx amender Priez pour paix, le vray tresor de joye. Charles d'Orléans. Ballade En regardant vers le pays de France Uflg jour m'avinl, à Dovre sur la mer, Qu'il me souvint de la doulce plaisance Que fouloie ou dit pays trouver Si cotnmençay de cueur à souspirer, Combien certes que grant bien me Jaisoil, De veoir France que mon cueur amer doit. Je m'avifay que c'estoit nonfavance, De telz souspirs dedans mon cueur garder, Veu que je voy que la voye commence De bonne paix, qui tous biens peut donner Pour ce tournay en confort mon penser, Mais non pourtant, mon cueur ne se lajfoit De veoir France que mon cueur amer doit. Alors chargeay, en la nef d'esperance, Tous mes fouhays en leur priant d'aler Oultre la mer, sans faire Jemollral ce, Et à France de me recommander Or nous doint Dieu bonne paix sans tarder, AJonc auray loisir, mais qu'ainsi fait@, De veoir France que mon cucur amer doit. EN VO Y. Paix ejl irefor qu'on ne peut trop louer, Je hé gu erre, point ne la doit priser, Deflourle m'a longtemps, foit tort ou droit, De t'loir b rance que mon cueur amer doit. Charles d'Orléans. Ballade Le beau souleil, le jour saint Valent in, Qui apportoit sa chandelle alumée, N'a pas longtemps, entra un g bien matin Priveement en ma chambre fermée, Cette clarté, qu'il avoit apportée, Si m'esveilla du somme de souffy, Où j'avoye toute la nuit dormy Sur le dur li@â d'ennuieufe pensse. Ce jour aujJi, pour partir leur butin Des biens d'Amours, faisoient assemblée Tous les oyseaulx, qui parlans leur latin, Crioyent fort, demandans la livrée Que Nature leur avoit ordonnée C'ejloit d'un per comme chascun choisy, Si ne me peu rendormir, pour leur cry, Sur le dur lit d'ennuieufe pensée. Lors en maillant de larme@ mon coeffi i, Je reyre@lay ma dure drjliuée, Dijant Oyfcaulx, je vont voy en chemin De tout plaisir joye àe@frée Chascun de vous a per 'lui lui ayrér, El point n'en ay, car Mort, qui m'a Irah@ A prin@ mon per, dont en ducil jr languy Sur le dur lit d'rnnuie u se j enfée. E N v i v. Saint Valentin choi@ftjent, cejle année, Ceulx celles de l'amoureux party Seul me tendray, de confort defyarny, Sur le dur lit d'ennuieufe penjie. Charles d'Orléanj. Ballade Las 1 Mort qui t'a fait si hardie, De prendre la noble Princesse Qui efioit mon confort, ma vie, Mon bien, mon plaisir, ma richesse@ Puisque tu as prins ma maiflreffe Prens moy aussi fon@ferviteur, Car j'ayme mieulx prouchainement Mourir, que languir en tourment, En paine, fouffy doleur. Las 1 de tous biens e Las 1 de tous biens efioit garnie, Et en droi@Se fleur de jeunesse Je pry à Dieu qu'il te maudie Faulse mort, plaine de rudesse Se prise l'eusses en vieillesse, Ce ne luft pas si grant rigueur Mais prise l'as haftivemenl, Et m'as laissié piteusement En paine, fou@fy doleur. Las@! je fuis feu l, sans compaigu.'e, Adieu ma Dame, ma lie Je Or cjl nostre amour deparlie, Non pourtant, je vous fais promesse Que de prieres, à l,¡ygejJe, Morte vous ferviray de cueur, Sans oublier aucl nelllml, Et vous regre@âeray souvent En paine, fouffy doleur. EN v o Y. Dieu, sur tout souverain Seigneur, Ordonnez, par grace doulcellr, De l'ame d'elle, tellement Qu'elle ne foit pas longuement En paine, foujfy doleur. Charles d'Orleans. Ballade Le premier jour du mois de May, Trouvé me fuis en compaignie Qui efloit, pour dire le vray, De gracieuseté garnie Et pour ojier merencolie, Fut ordonné qu'on choifiroit, Comme fortune donneroil, La fueille plaine de verdure, Ou la sieur pour toute l'année Si prins la feuille pour livree, Comme lors fut mon aventure. Tantost apres je m'avifay, Qu'a bon droit, je l'avoye choisie, Car, puisque par mort perdu ay La fleur, de tous biens enrichie, Qui efloit ma Dame, m'amie, Et qui de sa grace m'amoit, Et pour son amy me tenoit, Mon cueur d'autre fleur n'a plus cure Adonc congneu que ma pensee .4ccordoit à ma deflil Ù, Comme lors fui mon aventure. Pour ce, la Jueille por@luay Cest an, sans que point je l'oublie@ Et A mon pouvoir me tendrai Entièrement de sa tartie je n'ay de nulle fleur envie, Porte la qui tortcr la doit, Car la fleurque mon cueur aimoit Plus que nulle autre creature, Eji hors de ce monde pajfc'e, Qui son amour m'avoit donnée, Comme lors fut mon aventure. EN vor. 11 n'ejl fueille, ne fleur qui dure Que pour ung temps, car efprouvée J'ay la chose que j'ay comptée, Comme lors fut mon aventure. Charles d'Orléans. Ballade intitulée les contredictz de Franc Gontier Sur mol duvet assis ung gras chanoine, Lez ung brasier, en chambre bien nattée A fan cojlé gisant dame Sydoine, Blanche, tendre, pollie, attaintée, Boire ypocras, à jour à uuy@âée, Rire, jouer, mignonner baiser, Et nud à nud, pour mieulx les corps-s'ayfer, Les vy tous deux par ung trou de mortaise, Lors je congneu que pour dueil apaiser Il n'e@t ftrffor que de vivre à fan aise. Se Franc Gontier @a compaigne Heleine Eussent cesse doulce vie hantée, lyaulx civotz qui cauftnt firte alaine N'en mengeaffent bife croufitre frottée. Tout leur mathon, ne toute leur potée Ne prise ung ail, je le dy sans noyfier. S'ils se vantent coucher soubz le rosier, Ne vault pas niieulx lict cojioxc de chaise f Qu'en dictes vous ? faut-il d ce mufer@l Il n'efl trésor que de vivre à son aise. De gros pain bis vivent, d'orge, d'avoyne El boivent eau tout au Ion? de l'année. Tous les oiseaulx d'icy en Babyloine, A tel efeot, une feule J,HO née Ne IIIC tiendraient, non une matinée. Or s'e, baie, de par Dieu, Franc Gantier, Hélène o luy, soubz le bel Esglantier, Si biCll leur ejl, n'ay caisse qu'il nie poise. Mais quoy qu'il foit du laboureux mestier, Il n'cft Iréfor que de vivre à son aise. EN VOY. Prince, jugez, pour tous nous accorder Quant efl à tnov, mais qu'à nul n'en desplaise, Petit enfant @fay oüy recorder Qu'il n'efl trésor que de vivre à son aise. François Villon. L'épitaphe en forme de ballade que fit Villon pour luy et pour ses compaignons s'attendant à estre pendu avec eux Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les cueurs contre nous endllrClz i Car si pitié de nous pouvres avez, Dieu en aura plujlojl de vous merciz. Vous nous voyez cy attachez, cinq, six Quant de la chair, que trop avons nou@rne, Elle efi pieça dévorée pourrie Et nous les os, devenons cendre pouldre De nostre mal personne ne s'en rie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. Se vous clamons, frères, pas n'en devez Avoir defdaing, quoyque fufmes occis Par jujlice toutesfois vous sçavez Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis, întercedez doncques de cueur transis, Envers 1e Filz de la Vierge Marie Que sa grace ne foit pour nous tarie Nous prefervanl de l'infernalle fouldre. Nous sommes mors, ame ne nous harie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. La pluye nous a déluez lavez Et le soleil dessèchez lIoirciz Pies, corbeaux nous ont les yeux cavez, Et arraché la barbe les sourcilz Jamais nul temps nous ne sommes rassis Puis ça, puis là, comme le vent varie, A fou plaisir, sans cesser nous charif Plus becquetez d'oyseaulx que dez à couldre Hommes icy n'usez de mocquerie Mais priez Dieu que tous nou! vueille absouldre. EN VOV. Prince JÉSUS@, qui sur tous seigneurie, Garde qu'Enfer n'ayt de nous la maijlrie, A luy n'ayons que faire, ne que fouldre Ne @oyez donc de nofire confrairie Mais priez Dieu que tous nous,veuille absouldre. François Villon. Ballade et oraison Père Noé, qui planlaftes la l igne Vous aussi Loth, qui bu fie s au rocher, Par tel parîy, qu'amour qui gens cngeinglle, De vos filles si vous feit approcher Pas ne le dy pour le vous reprocher .4rchitriclin qui bien fceujles cejl art Tous trois vous pris, qu'o vous veut liiez percher L'amt du bon feu maijlre Jehan ColarJ. Jadis extraie1 il fut de vojlre ligne, Luy qui beuvoit du meilleur 6' plus cher Et ne deujl-il avoir vaillant qu'un pigne. Certes, sur tous, c'efloit un bon archer On ne luy sceus pol des mains arracher. De l ien boire ne fut oneques faitard. Nobles seigneurs, ne foujfrez empefeher L'ame du bon feu maijlre Jeha71 Cotard. Comme homme embeu, qui chancelle trépigne, L'ay veu fouvenl, quand il s'alloit coucher Et une foys il se fit une bigne, Bien m'en fOllvietlt, à l'étal d'ung boucher. Bref on n'eust sçeu en le monde cercher Meilleur pion, pour boire tojl tard Fai@âes l'entrer, se vous l'oyez hucher, L'ame du bon feu maifire Jehan Colard. ENVOY, Prince, il n'eut sçeu jusqu'à terre cracher Toujours crioit, haro, la gorge m'ard Et si ne sceut cnq' sa fois estancher, L'ame du bon feu maijlre Jehan Cotard. François Villon. Ballade que Villon feit à la requeste de sa mère pour prier Nostre-Dame Dame des Ci@wlx, régente tarierm hmpericre des in'eruaulx palux, Recevez moy, vo@fre hlllllble Chrefiiennt, Que compriu e foye entre vos Ejlciiz, Ce non olylat t qu'onques rien ne l'aluz. Les biens de vous, ma dame ma maijlrejfe, Sont trop plus gratis que ne fuis péchercjfe Sans lesquelz biens atne ne peult mériter, N entrer es Ciculx, je n'en fuis mentcrrejfe, En cejle foy je vueil vivre mourir. A voftrc fil@ di@âes que je juis fiennc. De luy soient mes péchez aboîuz Qu'il me pardonne comme à l'Egyptienne, Ou comme il feit au clerc Théophilus, Lequel par vous fut quitte ablolllz, Combien qu'il el ft au diable Jai@a protneffe Prsfervez moy, que point je ne face ce, Vierge portant, sans rompure encourir, Le sacrement qu'on célèbre d la messe En ceste foy, je vueil vivre mourir. Femme je fuis povrette ancienne, Ne riens ne sçay oncques lettre ne leuz Au mouflier voy, dont fuis parroiffiennc, Paradis pain@S, où font harpes luz, Et un g enfer ou damnez font bouilluz L'un g me sai@â paour, l'autre joye ô- liejfc. La joye avoir faictz moy, haulle ilée@je, A qui pécheurs doivent tous recourir, Comblez de foy, sans sa in de ne paresse En ceste foy je vueil vivre 6 mourir. ENVOY. Vous portafles, vierge digne princesse, JÉsus régnant, qui n'a ne fin, ne cefft. Le tout puissans, prenant nofire faiblesse, Laissa les cieulx, nous vint secourir Offrifi à mort sa très chère je@mejje Nojire Seigneur tel ejl, tel le confesse En ceste foy je vueil vivre mourir. François Villon. Ballade des dames du temps jadis Dictes moy, ou, n'en quel pays, Efi Flora la belle Romaine i Archipiada, ne Thaïs Qui fut sa cou fine germaine@? Écho parlant quand bruyt on moitié Deffvs riviere, ou fus cjtan Qui beaulté eut trop plus qu'humaire ? Mais ou font les neiges d'antan ? Ou efi la trls-fage Helois, Pour qui fut chastré, puys moynr, Pierre Efbaillart, i sainct Denys. Pour son amour eut cette effoyne. Semblablement où efi la Royne, Qui commanda que Buridan Fut jetté, en ung sac, en Seine ? Mais ou font les neiges d'atitan ? La Roy ne blanche comme IIng lys, Qui chantait à voix de Sereine B@alhe au grand pied, Biétris, A@Hys Harembouges qui tient le Mayne i Et fehanne Li bonne Lorraine, QI 'AI gr'yr Initièrent à RoussI Ou font i! , vierge souveraine ? M.ti ou font les neiges d'antan EKVO Y. Prince n'enquerez de sepmaine, Ou elles fOI l, ne de ce 1 an, Que ce rerraiu ne vous rentable Mais ou font les neiges d'antan ? François Villon. Doctrine de la belle- heaulmière aux filles de joie Or y pensez belle gantiére, Qui m'escoliére fouliez efire Et vous Blanche la favatiire, Or efi-il temps de vous congneifirc Prenez à dextre à fentftre N'efpargnez homme, je vous prie Car vieilles n'ont ne cours, n'y ejlre, -Ne que monnoye qu'on de crie. El vous la gente faulcijJiere Qui de dancer ejles à iefire Guillemette la tapissiére, Ne mefprenez vers vojlre maifire Tous vous fauldra clorre fenejlre, Quand deviendrez vieille, fleftrie Plus ne servirez qu'ung vieil prebstre, Ne que monnoye qu'on descrie. @e@hanneton la chaperonnicre, Gardez qu'amv ne vous empejlre Katherine @Vefperonnière, N'envoyez plus les hommes paiflrt Clr qui ILÎIC n'tft ne perpètre Leur bonne gidce, niais leur rie, Laidde v'eiVeJc nll Olr n'impeln, Ne que monnaye qu'on deferie. LN V O Y. Fillest veuilles vous entremettre D'efeoutcr pour quoy pleure crie, Pour ce que je ne me puys mettre Ne que monnoyc qu'on de fer ic. François Villon. Ballade Effeminez, lasches amoliz, Plongés en baings, reposez en molz lie z, Ablandijfez, allachrz en re ail, Fuyans a@Srai@Bz de vertus embelliz, Au@âorizans voluptueux deli@az, Suyvans hancquelz par cilez pallais Comme abhortez, très difformes laids, Et de vices prophanez poilus, Premier que soyent leurs droi@az ans révolu , Et par finy leur terme limité, Ils ensuivront les fuppoflz deolus. Tost déperijl pusillanimité. Veneriens jeux plaisans polluz De délices, gras brochetz d- coulus, Baisers, embras, attouchemens folletx, Dances, efbas ô- telz ptlis messis Sont en moyens d'auoir enfepueli@ Honteusement mains, mai Ires ô- varlctz Car tous ceulz qu'oui suivi amoureux lai , Et les ont tliz conttie ils les ont voluz Mercenaires d'honneur ne font ejleuz, Ains périront en leur infir nitc Sans que de nulz @oient pl.iingez ne dolluz. ToJÎ dcperifl pusillanimité. Sextus Tarquin fubje@â a neu couliz A Ro.nme feijl tant richement crojlis, Qu'il abatit les royaulx chappelliz Et Rohoam par un g conseil couliz Meiji sur sa gent tribuz merencolis, Dont affaibly se trouva de tous lès Marc Anthoine, eu traynant les ballaiz, Clcopatra laissa se, s Marcelline '.1,, , .1 harpes ludi, Lubrique fit! jw'que à l'cxti imité. Peu dura l'heur de Sardanapalus, ToJI deperijl pufillanimiti. EN v O Y. Prince, voyez comme grans font aboliz, Tours chafleaulx pays defmoliz, Et tant de gens cheuz en calamité Quand les Vertus font mises en oublis, Et les vices ont les cuettrs affaiblis. Tost déperijl pusillanimité. Octavien de Sainct-Gelaiz. Le cymetière des Anglois Le mandement par Pru@huce transmis Ali, trois Hjhtls re ponce doit avoir. Elle nous mande qu'avons des tt llemis, C'@II très bien fait nuis le faire a@savoir. Pui qu'a tout mal ou voit Anglois mouvoir Contre Françoys, par la foy qu'à Dieu doibz, De tefijler contr'eulx feray debvoir, Car France ejl cimetiere aux Anglois. Elle nous mande '.l 'il@ ne font endormii A nous piller rober noflre avoir, Et qu'ilz ne jont trop la ches ni défais, Et que de brief nous doibvent venir veoit, C@rJI très bien fait nous le ramentevoir Devant qu'en France viengnent faire effroi , A celle fin par bon ordre y pourvoir, Car Fratuc cfl cimetiere aux Anglois. De tout bienfait Anglois ont cueur remis. D'a@mfi vouloir trai on concepvoir, Et pour ce faire ilz ont tous leurs arts mis Mais qu'ilz se gardent François venir revoir, Car si la mort y debvroys rtcepvoir Ils comparront le mal fait aux FrancoJs. se leur eonftillc non bouger., mouvoir, Car France est cimetiere aux Anglais. ENVOY. Prince qu'on note que si debvoit pleuvoir Pilrres, cailloux, fiourlra blanche croix. Ne tafchent plus Anglois nous decepvoir. Car France efl cimetiere aux Anglois. Pierre Vach ot. Une pure et blanche licorne Qui se vint rendre à pureté Le grand veneur, qui tout tnal pourechaffe Portant epieux agus affilés, Tant pourchassa par sa mortelle chafTc, Qu'il print un cerf en ses lacz filrt I.efjueh avoit ' f grand derpit filles Pour le surprendre au beau parc d'innocence. Lors la licorne en forme belle effencc Saillant en l'air comme roync des befles, Sans craindre envieux can in, Monstrer se vint au veneur a sept tffles Pure licorne expcllant tout venin. Le faulx veneur, cornant par fiere audace, Les chiens mordans sur les cha nps arrangés, L'esperant prendre en quelque @hl cac place, Par la fureur de tels chiens Cllragis Mais drfClmfits, las Jrcouragés, Ne luy ont said inorfeure ou i-iilence, Car le lyon de divine excellence La nourrissoit d'herbes fleurs cclefles, En la gardant par son plai ir benin, Sans endurer leurs abboys moltJles, Pure licorne expcllant tout venin. Sus elle ejioit prévention de grace, Portant les traits d'innocence empanés Pour repeller la vinéneufe trace De ce chasseur ses chiens obJlinés, Qui furent tous par elle exterminés Sans lui avoir inféré quelque offense. Sa dure corne ejlevoit pour deffen e, Donnant @apport aux bejles trop fubje@âei A ce veneur cauteleux d- malin, Qui ne print onc par ses dards ni sagettes Pure licorne exptllant tout venin. Ainsi faillit pariejfus sa fallace Et dards pointus d'archer mortel ferrés, Se recevant sur haultaine tarrajfe Sans eJlre prinse en ses lacz ô- ses rhetz, Lesquelz avoit fort lyjjus ferrés Pour lui tenir par sa fiere insolence Mais par douceur par benivoletice Rendre les vint entre les bras honnejles De puritè plaine d'amour divin, Qui la gardait, sans taches dcshonnefles, Pure licorne expellant tout venin. Pour eilre es champs des l'c lcs l'oultrepajfc El conforter tnis humains Jefolès, Triomphalmcut feule efcliappe surpasse Les lac@ infecli par icelle adiril'e'f. Dont ici oas nous Jomines consoles Par la licorne où gi l toute ajjluence D'immortel hien par cèlejlc influence Car par ses saisis méritoires gejlcs A confervè tout l'orgueil serpentin En je mon@jhant par vertus manifestes Pure licorne expellant tout ven@n. E N V O Y. Veneur maudit, retourne .i les tempejleS, Va le pltll ga au gOi Jre julp Jllrill, Puifijue n'as prins, par les cors trompejles, Pure licorne expellant tout vellin. Pierre Fabri. Ballade à Christofle de Refuge Se de dix mille martyrs vous voulez rendre Pour ejlre mis en la rrnud'@confrairie, Besoing fera premièrement aprendre L'heur malheur d'hoinn e qui se marye, Je prie à Dieu la Vierge Marie, Que à ce besoing vous doitit ayde secours Puisque le cuetir y a jà prins son cours, L'oeil y fera guet, embusche, ou efeoute Si faulte vient, pour principal recours, Fai@aes semblant de jamais n'y veoir goutte. Vous avez sens engin pour apprendre Ce que au cas vous fert ou contrarie. Le plus fort n'ejl hault ouvraige entreprendre, Mais fault penser comment le vent varie Les faietz d'Amour font ceuvres de faerie, U lg jour croyjfans, l'autre fois en decours Soient çeus de ville, de cha@'eaulx ou de c.vvs, Si quelqu'un g vient dont vous soyez en dOllble, Et fall 'le vient pour piincipal recours, FaiSles jemblant de jam i@ n'y veoir goutte. Conjiderez, si lemme on lez proldrc, Par qnel Jie uin il j-iult qu'on la cua- rte Si faulte fai.1, la vouL@z reprendre, Elle fera forcenée u niarrye. Soyez dolent, il Jai Lira qu'elle r e Soyez joyeux, elle jera ses tours Si en usans de ruzes 6- dejlours, Bien cognoijfez que de vous Je defgoulte, Et faillie vient pour principal recours [email protected] semblant de jamais n'y veoir goulle. ENVOY. Coufitl, fâchez qui ii Paris a Tours, Foire à Lyon, chapperons ô- attours Sont haull de poil si coucludz, somme toutr Quant voilerez de faulxcous autours, Fai@aes femhlant de jainais veoir goiitte. Guillaume Crétin. Ballade d'amours Qui en amours veult eflre heur,u@ Faull tenir train de .■ ne une, Efirc prompt adveutureux, Quant à monjlrer l'armaerie Porter drap d'or, orphaverie Car cela les Dames efmeiit. Tout fert mais, par fainte Marte, Il ve sai@â pas ce tour qui veult. Je fllz n tgueres amoureux De Dame en beaultè as@ouvie Qui me d@@, en mot@ savoureux, Afon a,nour e 1 en vous ravye Mais il sauls qu'el' foit de@jervye Par cinquante escuz d'or, s'ori peult. Cinquante escuz bon grl ma vie ! Il ne faicl pas ce tour qui veult. Alors luy do mal, sur les lieux Où elle faisoit l'endormie. Quatre venues Je cueur joyeux, Voi re en moins d'une heure demie l.ors Ille diss, à voix efpamye, Encor ung coup le cueur me delllt, Encor ung coup ! helasl mamye, Il ne sai@â pas ce tour qui veult. ENVOY. Prince, combien qu'on ait envie D'engresner, quand le moulin meult, Si force puissance devie Il ne sai@â pas ce tour qui veult. Jehan Marot. Ballade d'amours Plaisant afftz des biens de fortune Un g peu garny, me trouvay amoureux, l'oit c si bien qu'en aymai tant fort une, Que nu tel 6- jour j'en eftoye douloureux Mais tant y a que je suis si heureux, Que moyennant vingtz escuz à la rose, Je fis cela que chascun bien suppose Alors je dis congnoissant ce passage Au sa ici d'amours, babil eJi peu de chose Riche amoureux a tousiours l'advantage. Or ejl aillfi que durant ma pectine le fuz retins pour amy precieux Mais quant j'euz faicl,@sans dire chose aulcune Cejlc villaine alla jetter les yeux Sur ung i-ieiliart riche, mais cbaffieux, Laid ,- hideux, trop plus que ne propose. Ce non obfiant, il en jouit sa pose, Dont moy confllz voyant un g tel oultrage, Dessus ce texte allay bouter en glose, Riche amoureux a tousiours l'advantage. • Or elle a tort, car noyfe ne rancune N'eu si onc de moy tant luy su@ gracieux Que s'elle euJl dit, donnez-moi Je la lune, @feuffe entreprins de monter jusqu'aux cieulx Et non obfiant son corps tant vicieulx Au service de ce vieillard expose, Dont ce voyant, ung rondeau je compose, Que luy transmis, mais en peu de langage Me respond franc, povrcti te depose Riche amoureux a tousiours l'advantage. EN VOY. Prince soyez bien parlant comme Orose, Bel entre tous, vermeil comme une rose, Sans dire tien, perdrez temps d- usage Parquoy je dis tant en ryme qu'en prose, Riche amoureux a tousiours l'advantage. Jehan Marot. Ballade On ne voit plus un tas Je faill! 'S gens Par les dcferts, comme au temps atleien Xi départir les biens aux indigens, Comme jadis faisoient les gens Je bien Aucun paf eur, sinon cOlutifien, On ne voit plus, ni qui presche eu la chaire .-lins presche au peuple un moine, ou gardi@m, Qui vit du faiu le ceux qui font du bien Et les prelatz, que font il@ ¡ groJTc chere. Pour observer les divins mandemens, Ne laisse nul fort avoir terrien, Et n'y a plus nuls bons entendement Qu'a l'acquerir par maint divers moyen A son salut aucun n'entend plus rien, Ains fenible à maints que de Dieu n'ont que faire@ Nul ne difprlle encore un arrien, Un @UolaJlre ou un luthérien Et les prelatz, que font-ilz i grosse chère. De guerroyer les Turcs Mécreans, N'efl plus propos, quoi qu'ils nous pressent bien, Ni de mourir comme fit saint Laurens Autres auss@, pour la foi d'un chretien, D'alimenler un pauvre comme un chien, Ou un oiseau ou quelque bourdeillere, Nul n'y a l'@ail, ains d'un rude maintien, Sont dechaffés des huis sans dire rien Et les prelatz, que font-ilz ? grosse chere. EN V 0 Y. Prince, qui es maifire afirologien, Pour voir qui gijl au ctxur du peuple tien, Tu vois qu'on met ce de devant derriere Tout les eJlats, par méchant entretien, De t'effenfer font leur quotidien Et les prelatz, que font @Hz 7 grofflt chere. Ensterge de Beaulieu. Ballade Quand j'air parler d'un prince de sa cour, El qu on me dit Fréquentez-y, beau jî,, Lors je réponds Mon argent eji trop court, J'y dip@wJrois, sans cause, miel cire Et qui de cour la hantije dijire, Il n'ejl qu'un Jol fujl-ce Parceval Car on fx voit souvent, dont j'ai grand ire, Très bien monte, puis soudain sans cheval. Averti fuis que tout bien y accourt, Et que J'argellt on y trouve à suffire Mais je sçais bien qu'il dejlue ir iléeouri, Comme argent vif@fur pierre de porphyre. Argent ne craint fan maijire déconfire, Mais s'esjouir d'aller par mont val, En le rendant, pour en deuil le confire, Très bien monté, puis soudain sans cheval. Celui qui a l'entendement trop lourd N'y réussit, fors a souffrir martyre, Et qui l'esprit a trop gai, prompt gourd, Il perd son temps malheur à lui se tire. Esprit moyen, chevance à lui se ti@n Mais le danger est de ruer aval ,p de i-uer ava l Car la cour rend le mignon qu'elle attire Très bien monté, puis soudain sans cheval. BNVOY. Prince, vrai eji, on ne s'en peut dédire, Que la cour fert ses gens de bien mal, Et qu'elle rend l'homme, sans contredire, , Très bien monté, puis soudain sans cheval. Jehan Bouche t. Ballade touchant justice O jttjlieiers qui miui@@jhc jujlice, Pas n'cjî requis d'ejlre ioibles ne fre@@in Quand vous devez corriger la malice Des vicieux plains de toutes cautellcs, Ni e lrt aujji trop ingratz ou rebelles Pitié y doit III air quelque regard Vous ejles cel lx a qui e ,1 demandé? Par les humains, c congnoijfez par art, Que Jujlice cil des f,ril¡'l cieux procéd@a Soulz vos manteaulx doit repojer police Comme au temple repojoicul les pucelles Car vous auez par les princes office De refpamlrc par tous ses eJlillcclles. Efpandez les sur tous ceulx sur cell@a Qui par larcin, tromperie Ó barat -L'oat chassée hors, pillée gourmandée, Car vous sçavez, corrigeant tout efiat Que fuj ice efi des faintlz cieulx procedée. N'efi si ferri, comme on dit, qui n, glijJe, Ne si saiges qui n'ayent faites cervelles, Si trefubtil qui ne face un tour nyce, Ne si jufies qui n'ayent faulses querelles, Mais geiter fault d'auto foy choses telles Se possïble efi, plus tost que plus iart, Ou de voz cueurs vertu efi clecedie, Rememorans en public d part Que Jujtite efi des fainElz cieulx procedée. BNVOY. Princes, faichez qui jussiee départ Peine eternelle luy fera euadée Car ce n'efi point menterie ou broquart Que fufiiee efi des fain@fh cieulx procedée. Pierre Gringoire. D'un Chat d'un Milan le t'y n'aguere vn des plus beaux combats Qu'il eji possible, vaut bien qu'on le faclu, Vn milan vit vit chat dormant en bas, Si fond sur lu y, du poil luy arrache Le chat combal, au milan s'attache Si viuemenl, l'ejlraint si très fort, Que le milan faisant tout son effort De s'en voler, se tint pris à sa prinse, Lors me fouuint d'un qui a sai@d le fort, Qui par son mal a sa foiblesse apprije. le laisse aux grands parler de grands débats le sens trop bien où mon soulier me mache, Et ne veux point que fous mon Jlile bas, Il foit penfi que rien de grand ie cache Ce que i'entens n'efl sinon qu'il me flUhe, Qu'en ce temps cy ou nous auons renfort, Aux bonnes arts, que le commun ItIc p, Yn fot@bufard le molejie à grand tort, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. Pour ce coup cy son nom n'efcriray pas, Ce m'est assez qu'on l'entende à sa tache, Mais s'en auant il fait iamais vn pas, Qu'il ne s'essonne alors si on luy lasche Infinis traitz dont le moindre plus lache L'iroil trouuer iusques dedans son fort, De Lycambes taint au fang noir ord Pourtant qu'il preigne aduis sur l'entreprise Du fol milan volant pour chat qui dort, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. EN VOT. Vu bien fauant gueres ne poind ne mord, Et l'ignorant s'il peut nuit en surprise, Dont à la fin cesi enhuy le remord, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. Mellin de Saint-Gelais. Du temps que Marot estoit au Palais à Paris Musiciens à la voix argentine, Doresnavant comme un homme efpadll Je chanteray plus hault qu'une buccine • Hclas@l si j'ay mon joly temps perdu. Puis que je n'ay ce que j'ay prétendu, C'eji ma ch an fort, pour moy elle eji bien deue Or je voys veoir si la guerre ejl perdue, Oil s'elle picqut ainsi qu'un he@nffon. A dieu vous dy, mon maifire Jehan Griffon Adieu Palais la perte Barbette, Où j'ay chïfHti mainte belle chanson Pour le plaijir d'une jeune fill@dle. Celle qui c'eji en jeunejje ejl bien fine, Où j'ay eJlé ajjez mal entendu, Mais si pour elle encores je chemine, Parmy les pieds je puisse ejlre pendu j C'eji trop chanté, fijjlè attendu Devant sa porte, en passant par la rue, Et mieux vauldro.'t tirer à lit charrue Qu'avoir tel' peine, ou servir lUi majjon. Bref, si jamais j'en trembl e de frisson, se fuis content qu'on m'appelle Caillette C'ejl trop souffert de peine marriffon Pour le plaisir d'une jeune fillette. se quicle tout, je donne, je resigne Le don d'aym@a, qui eji si cher vendu, se ne dy pas que je me déterminé De vaincre Amour, cela ,'eJI JejJClldu, Car nul ne peult contre son arc tendu. Mais de souffrir chose si mal congrue, Par mon ferment,@je ne fuis plus si grue. On m'a aprins tout par cueur ma leçon se crains le guet, c'ejl un maulvais garfOtl, Et puis de nuyél trouver une charrette, Vous vous cassez le nez comme un glaçon Pour le plaisir d'une jeune fillette. E N v O Y. Prince d'amour regnant dessoubz la nue, Livre la moy en un li@a toute nue, Pour me payer de mes maulx la façoll, Ou la m'envoye à l'ombre d'un buyjfon Car s'elle ejloit avecques moy seulette TI, ne veis onc mieulx planter le cresson Pour le plaisir d'une jeune fillette. Clément Marot. A Madame d'Alençon pour estre couché en son Estat Prin@uffc au cueur noble raJlis, La fortune que @fay suivie Par force m'a fouvtPIt assis Au froid giron de trisse vie De m'y seoir encor me convie, Mais je respons comme fafchl D ejlre a@jfs je n'ay plus d'envie Il n'est que d'ejlre bien couché. Je ne fuis point des exce@jffi Importuns, car j'ay la pePie, Dont fuis au vent comme un chaiflS, Et debout ainsi qu'une espie Mais s'une fois en la copie De vofire estat je fuis merchi, Je criray plus hault qu'une pie 1 Il n'efi que d'ejlre bien couché. L'un fouf ient contre cinq ou six Qu'eflre accouL@U, c'ejl musardie, L'autre, qu'il n'ejl que d'ejire ajjis Pour bien tenir chere hardie L'autre dit que c'ejl mélodie D'un homme debout bien fiche Mais quelque chose que l'on die, Il n'ejl que d'ejire bien couché, ENVO@L Princeffc Je vertu remplie Dire puis comme j'av tOI chi , Si prome@je m'ejl ac omp@te Il n'ejl que d'ejire bien couché. Clément Ma rot. De frere Lubin Pour courir en posse à la ville Pingt foys, cent foys, ne sçay combien Pour faire quelque chose vile, Frere Lubin le fera lien Mais d'avoir bonne fie entretien, Ou mener vie falutairt, C'efi à faire à un bon cbrtjiign, Frere Lubin ne le peult faire. Pour mettre comme fin homme habile Le bien d'autruy avec le seen, Et vous laisser sans croix ne pile, Freri Lubin le fera bien On a beau dire je le tien, Et le preffir de satisfaire, famais ne vous en rendra rien, Frere Lubin ne le peult faire. Pour desbaucher par un ioulx fiile Quelque fille de bon maintien, Point ne fault de vieille subtile, Frere Lubin le fera bien. Il presche en bon théologien, Mais pour boire de belle eau claire, Fai@âes la boire à votre chien, Frere Lubin ne le peult faire. E N v o Y. Pour faire plus tofl mal que bie , Frere Lubin le fera bien ht si c'efl quelque bon affaire, Frere Lubin ne le peult faire. Clément Marot. Chant de May de Vertu Voulentiers en ce moys icy La terre mue renouvelle. Maintz amoureux en font ainsi, Subje@âz d faire amour nouvelle Par legiercté de cer velle, Ou pour eJlre ailleurs plus contens Ma façon d'aymer n'est pas telle, Mes amours durent en tout temps. N'y a si belle dame aussi De qui sa beauté ne chancelle Par temps, maladie ou soucy, Laydeur les tire en sa nasselle Mais rien ne peult enlaydir celle Que servir sans fin je pretens Et pour ce qI elle efi tousiours belle, Mes amours durent en tout temps. Celle dont je dy tout cecy, C'eji Vertu, la nymphe eterllelle, Qui au mont d'hùlmeur efclercy Tous les vrays amoureux appelle Venez amans, venez dit-elle , Venez à moi, je vous attens Venez ce dit la jùllvOIcclle , Mes amours durent en tout temps, j en vo Y. Prince, fais amye immortelle Et à la bien aimer entens, Lors pourras dire sans cautelle, - Mes amours durent en tout temps. Clément Marot. Ballade en faveur des oeuvres De Neuf-Germain Par tons les coins de @runivors Le Cygne Mantouan resonne L'aveugle Thebain de ses vers Encor toute la Terre étonne, Mais je n'accorde la couronne, Pour le Grec, ny pour le Romain. En l'employant mieux je la donne Au beau Monsieur de Neuf-Germain. L'autre jour @h grand Apollon Pert du jour de la gloire, Tenoit au Ciel un violon Marqueté d'ébene d'yvoire, Et dit aux filles de Memoite, Je le veux mettre en bvnnt main, Car je le garde pour la foire Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Mercure luy dit C'est un fou, Que de trop bon oeil tu regardes, Il fit des vers sur Tribardou, Avec des paroles Lombardes Mais J'cs rimes font trop hagardes, Le Afars jura par saint Firmin. Qu'il vouloit donner des nazardes Au beau Monsieur de Neu'-Germain. Les Mufes lors firent un cry Qui passa la dixieme Sphère Et défendant leur favory, Pleines d'une jufie colere, Jurèrent a Jupin leur pere, Qu'elles partiraient dès demain Si pas un d'eux osoit cliplaire Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Jupiter dit à haute voix, Mes chères filles, je me fie Entièrement à votre choix, Quel qu'il fail, je le deifie, Et veux, je vous le certifie, Que sur Parnasse ou en chemin, Cinquante veaux on sacrifie Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Voiture. Ballade du pays de Cocagne Ne louons l'Isle oit Fort line jadis Mijl ses trésors, ni la plaine Eliste, Ni de Mahom le tIoble Paradis, Car chacun fait que c'ejl hilleuefe'e. Par nous plutojl Cocagne foit privée C'efl bOIl Pais l'Ahnanach point ne ment, Où l'on le voit dépeint fort digllelnml, Or pour falloir où gisl cette campngtlt, le le diray disant Pays en Normand, Le Pays de Caux efi le Pays de Cocagne. Tous les Mardys y font de gras Mardys, De ces Mardys l'année rJi compofle. Cailles y vont dans le plat dix d dix, Et perdreaux sont tendres comme rosie. Le fruit y pleut, si que c'tfi chose aisée De le cueillir Je baissant @fmlement. Poijjons en beurre y nagent largement, Fleuucs y font du meilleur @t' d'Efpag e, Et tout cela fuit dire hardiment Le Pays de Caux ejl le Pays de Cocagne. Pour les Beautis de ces lieux, Amadis Eufi Oriane en son temps meftrifle, Bien donnerois quatre marauedis Si j'en auois vne feule baisée. Plus cointes font que n'est vne Espoufle, Et dans Palais f'esbatent noblement. Près leur déduit leur esbatement Rien n'eujl paru la Cour de Cliarlemagne, Quoy que Turpin en efcriue autrement. Le Pays de Caux ejl le Pays de Cocagne E N V O Y. Prince, ie iure icy foy de Normand Que mieux vaudroit eflre en Caux vn moment. Roy d'Yuetot, qu'Empereur d'Allemagne Et la raison, c'est que certainement Le Pays de Caux ejl le Pays de Cocagne Sarrasin. Ballade d'enlever en amour 'ur l'enlevement de Mademoiselle de Bouteville par Monsieur de Coligny Certes ce gentil jeu d'amours, Chacun le pratique à sa guise, Qui par Rondeaux beaux difeours, Chapeau de fleurs, gente coint@fe, TOllrnoy, bal, feflin, nu deuirc, Pense les belles cr.ptiuer M air te pense, quoy qu'on en dise, Qu'il ti'efl rien tel que d'enleuer. C'efl bien des plus mcrueilleux tours La pa ITeroule la ma jlrifc Au mal d'aimer, c'efl bien tousiours Vnc prompte fouêfue crist, C'est au gasteau de friandise De Venus la feue trouuer. L'Amant ejî fol qui ne s'auifc Qu'il n'ei f rien tel que d'enlcucr. le @fay bien que les premiers jours Que Becasse efl bridée prise, Elle invoque Dieu au secours Et ses parens à barbe grise Mais si l'amant qui l'a conquise Sait bien la Rose cultiuer, Elle chante en face d'Eglise Qu'il n'ei f rien tel que d'enleuer. ~M't tt'f! ! ENVOY, MO-Prince vfe tousiours de main mise, Et te souviens pouuant trouver Quelque jeune fille en ch emiCe. Qu'il n'tâ f fahiqurfjPiftleuer. Ja-rasin. Ballade L'Amour pour ma liberté Me promet un doux mar ire. Ma raison de son côté Me fait peur de son empire, Me dit que je m'en retire Mais mon coeur sans s'allarmcr, Me dit Aime, ose, desire, Il n'efl rien tel que J'aimer. Mon Cl eur, je fuis bien tenté, J'ai graud'peille à te dédire Mais enfin si la beauté A qui tu veux que j'aspire, Te rebute le déchire, Pourras-tu t'en retirer, Et viendras-tu me redire Il n'efl rien tel que d'aimer ? Oui, je te le redirai, Dit mon cluur, tant que j'expire, On ejl affcz fortuné D'aimer toujours Silvanire, Sans espoir de la réduire. Laisse moi donc enflammer, Si tu veux que je respire. Il n'efi rien tel que d'aimer. E N VOl. Biauté pour qui je soupire, Quoi qu'il en puisse arriver, N'aimer rien, c'ejl, sans trop dire, De tous les états le pire, Il n'est rien tel que d'aimer. Bussy-Rabutin. Ballade sur la lecture des romans et des livres d'amour Hier je mis, chez Cbloric, fil train de difeourir, Sur le fait des rOmal f, A@Uzon la jucrée. N't'jl-ce pas grand'pitie, dit-elle, de Jouffrir Que l'on meprije ainsi la Legende dorée, Tandis que les romans font si chete denret 7 Il vaudroit beaucoup lIIi,ux qu'avec maints vers du ten ps De Messire Honore l'bijloire fujl b@mjlic. Ou@ pour vous, dit Chloris, qui pa@jez cinquante ans. . foi, qui n'en ai que vingt, je pretens que VAjlrée Fi jffe en mon cabinet encor quelque je jour Car, pour vous découvrir le fond de ni pCllfÙ, Je me plais aux Ii vres d'amour. Chloris eut quelque tort de parler si crûm@mt Non que Monjleur d'Urfé n'aijl sai@â une ceuure exquise Etant petit garçon je lijois son roman Et je le lis encore ayant la bartre grise. AuJli contre Alizon je faillis d'avoir prise, Et soutins haut d- clair qu'Urfé, par-cy par-là, De preceptes moraux nous injiruit à sa guise. De quoy, dit Alizont peut servir tout cela ? Vous en voit on aller plus souvent d l'église ? Je hais tous les menteurs ,@pour vous trancher court, Je ne puis endurer qu'tme femme me dise, Je me plais aux livres d'amour. Alizon dit ces mots avec tant de chaleur, Que je crus qu'elle estoit en vertus accomplie Mais ses péchez escrits tombèrent par malheur. Elle n'y prit pas garde. Enfin estans sortie, Nous vifntes que son fait efioit papelardie, Trouvant entre autres points dans sa conieffiotl J'ai lu maijlre Louis mille fois en ma vie Et mesme quelquefois j'entre en tentation Lorsque l'ermite trouve Angélique endormie, Refvanl à tel fatras souvent le long du jour. Bref, sans considerer censure ni demie, Je me plais aux livres d'amour. Ah ! ah ! dis-je, Alizon, vous lisez les romans, Et vous vous arreflez à l'endroiél de l'ermite ! Je crois qu'ainsi que vous pleine d'enseignemens Oriane prêchait, faisoit la chatltmite. Après millt façons, celte bonne hypocrite Un pain sur la fournée emprunta, dit l'auteur Pour un petit poupon l'on fiait qu'elle en fut quitte. Mainte belle sans doute en a ri dans son coeur. Cette hiJloire, Chloris, efl du pape maudite Quiconque y met le nez devient noir comme un fOUI, Parmi ceux qu'on peut lire dont voici l'élite, Je me plais aux livres d'amour. Clitophon a le pas par droit d'antiquité Heliodore peu@ par fort prix le prétendre Le roman d'Ariane ejl trés-bien inventé J'ai lu vingt vingt fois celuy de P@dexandre. En fait d'évenemens, Cleopatrc CaffanJre Entre les beaux premiers doivent ejlre rangez Chacun prise Cyrus la carte du Tendre, Et le frere la @feur ont les coeurs partagez. Mesue dans les plus vieux je tiens qu'on peut apprendre. Pt'rc.val le Gallois vient encore à son tour, Cervantes me ravit, 6- pour tout y comprendre Je me J'llis aux l. vrc, d'amour. ENVOI. A Rome on ne lit point Boccace sans dispense Je trouve en ses pareils bien du contre du pour. Du surplus Honny foil quy mal Y pe@ttfe Je me plais aux livres d'amour, Jean de La Fontaine. Sur Escobar C'efl bon droit que l'on condamne à Rome L'évéque d'Ypre, ali ellr de vains débat! Ses feclateurs nous défendent en somme Tous les plaijirs que l'on goûte ici-bas, Ett paradis allant au petit pas, On y parvient quoi que Arnauld nous en disc La volupté sans cause il a bal nie@ Veut-on monter sur les cllej e@ tours, •. Chemin pietTcllx ejl grande rêverie, Escobar fait un chemin de velours. Il ne dit pas qu'on peut tuer un i o nmr Qui, fins raison, nous tient en altèrent Pour un fit , ou bien pour une pomme Mats qu'on le peut pour quatre ou cinq ducats. Meine il soutient qu'on peut en certains cas Faire un ferment plein de supercherie, S'abandonner aux douceurs de la vie, S'il eji besoin, conserver ses amours. Ne faut-il pas apres cela qu'on crie Escobar fait un chemin de velours ? Au nom de Dieu, lisez-moi quelque somme De ces écrits dont chez lui l'on fait cas. Qu'efi-il besoin qu'à présent je les nomme ? Il en efi tant qu'on ne les connoit pas. De leurs avis servez-vous pour compas. N'admettez qu'eux en votre librairie Brûlez Arnauld avec sa coterie, .Pres d'Escobar ce ne@font qu'esprits lourds. se vous le dis ce n'efi point raillerie, Escobar fait un chemin de velours. ENVOI. Toi, que l'orgueil pouffa dans la voirie, Qui tiens ùJ-bas noire conciergerie, Lucifer, chef des infernales cours, Pour éviter les traits de ta furie, Escobar fait un chemin de velours. Jean de La Fontaine. Sur le mal d'amour De tant de maux qui trivcrfenl la vie, Lequel île tous donne plus d'embarras @@De grands ' a lJt'lIlS la famine eji Juivie La guerre aussi cause bien des fracas La pejie en ore eji un dangereux cas Femme fàcheuse eji un méchant partage Faute d'argent cause bien du ravage Mais pas ne font là les plus douloureux Si m'en croye , aujji bien que le face, Le mal d'amour eji le plus rigoureux. De l'éprouver un jour me pl il envie, Mais auffitÓt adieu joie foulas Ennuis cuifans, noirs soupçons, jiloujie, Cent autres maux je vois venir à tas, Tous mes déduits furent de grands hélas@! Liberté fit place à honteux servage, Tu us d'abordt pauvre coeur, mis en rage, D'où bien voudrais sortir, mais tu ne peux Lors tu chantas sur un piteux ramage Le mal d'amour e Le mal d'amour efi le plus rigoureux. Quand la beauté que vous avez servie A vos difirs parfois ne répond pas C'est bien alors que c'efi la diablerie Prendre on voudroit le parti de Judas. On se ptniroii pour moins de deux dllcats Sans cejft au coeur on a fureur rage Fer ô- poison, on met tout en usage Pour se tirer d'un pas si malheurCllx. Qui peut après douter de cet adage Le mal d'amour est le plus rigoureux ? J'excepte amour qui se traite en Turquie Dans les l'rails de ces heureux hachas D'oïl cruauté fut de tout temps bannie, Où douceur git toujours entre deux draps Plaisirs y font sur des lits de damas, Chagrins jamais jamais dame sauvage. Jusqu'aux tendrons qui font l'appre@titilage, Tout est galant, traitable gracieux Partout ailleurs, dont de bon coeur j'enrage, Le mal d'amour efi des plus rigourellx. ENVOI. Objet charmant, de qui la belle image Tient des longtemps mon c eur en esclavage, Soulage un peu mon tourment amoureux. Si tu me fais un tour si généreux, Plus ne tiendrai ce déplai ant langage Le mal d'amour eji le plus rigourCllx. Jean de La Fontaine. Ballade à madame Fouquet pour le premier terme Comme je vois monseigneur voire époux Moins de loisir qu'homme qui fait en France, Au lieu de lui, puis-je payer à vous ? Seroit-ce aJJez d'avoir votre quittance ? Oui, je le crois rien ne tient en balance Sur ce point-là mon esprit soucieux, Je voudrois bien faire un don précieux Mais si mes vers ont l'honneur de vous plaire, Sur ce papier promenez vos beaux Jeux. En puissiez-vous dans cent ans autant faire 1 Je viens de Vaux, fâchant bien que sur tout Les Mufes font en ce lieu résidence Si leur ai dit, en ployant les genoux Mes vers voudroient faire la révérence A deux soleils de votre connoissance, Qui font plus beaux, plus clairs, plus radieux Que ctllli-Ià qui loge dans les cieux Partant, vous faut agir dans celle affaire, Non par acquit, mais de tout votre miiux. En puijjiez-vous dans cent ans autant faire ! L'une des neuf m'a dit d'un ton fort doux Et c'est Clio, j'en ai quelque croyance Espérez bien de ses yeux de nous.. J'ai cru la Mufe ftll cette assurance J'ai fait ces vers, tout rempli d'cfpèrance. Commandez donc en termes gracieux Que, sans la@der, d'un foin officieux, Celui des Ris qu'avez pour secrétaire. M'ell expédie un acquit glorieux. En puijftez-ious dans cent ans autall! faire ! F. s v o T. Reine des @l' lU, o jet délicieux, Que fuit l'enfant qu'on adore en des lieux Nommés Paphos, Amathonte, C there, Vous qui charmez les hommes les Dieux, En puijjiez-i ous d.ins cent ans autant faire@! Jean de La Fontaine. Ballade A caution tous amants font fujeis, Cette maxime en ma tête ejl écrite Point n'ay de foi pour leurs tourment fccrcts Point auprès d'eux n'ay le foin d'eau billitc, Dans coeur humain probité plus n'habite, Trop bien encore a-t-on les mêmes dits Qu'avant qu'Afiuce au monde fut venue Mais pour d'effets, la mode en efi perdue, On n'aime plus comme on aimoit jadis. Riches atours, table, nombreux t'alets, Font aujourd'hui les trois quarts du mérite. Si des amans fouillis, confions, dijcrets, Il ejl encor, la troupe en efi petite. Amour d'un mois ejî amour clecrePite. Amans brutaux font les plus aplaudis. Soupirs pleurs feroient passer pour gruë, Faveur efl. dite aussi tôt qu'oblellue. On n'aime plus comme on aimoil jadis. Jeunes beautez en vain tendent file@h Les jouvenceaux, celle engeance maudite, Fait lande à part, pris des plus-doux objets D'être indolent chacun Je félicite, Nul en Amour ne daigne être hypocrite Ou si parfois un de ces étourdir A quelques foins s'abaisse, s'habitue, Don de Mercy seul il n'a pas en vû@ On @Waîme plus comme on aimait jadis. Tous jeunes coeurs se trouvent ainsi faits. Telle denrée aux foies se débite. Coeurs de barbons font uu peu moins co@fmts. Quand il fut vieux le diable fut hermite, Mais rien chez eux à tendresse n'invite. Par maints hyvers desirs font reftoidis. Par maux fréquent humeur devient bourrue Quand une fois on a@lite ch@muë, On n'aime plus comme on aimoit jadis. ENVOY. Fils de Venus, fonge à tes intérêts, Je voy changer l'en@uns en camouflets Tout efi perdu si ce train continui. Ramène nous le siecle d'Amadis. Il @@efi honteux qu'en cour d'attraits pour ldi Où polileffe au comble ejl parvenue, On n'aime plus comme on aimoit jadis. Madame Deshoulières. A Madame Deshoulières en réponse à la ballade dont le refrain est On n'aime plus comme on aimoit jadis Qu'à caution tous amans fOÍolt fujeh, C'ejl une erreur qui les bous dij. i éliu-. On voit au monde assez d'amans difcrtts La race cncor n'ejl pas toute détruite Quoi qu'en ait dit femme un peu trop dépite, Rien n'ejl changé du fie de d'Amadis, Hors que pour cjlre amitié maintenue Plus n'ejl besoin d'Urgande Def onnue On aime cncor comme on aimoit jadis. Il eJI bien vray qu'on choisit les objets, Plus n'ejl le temps de dame sans miritc Quand beauté luit fous fimp@ks bavolets, Plus font prisez que reine décrépite Sous quelque toit que Bonne-Grace habile, Chacun y court, jusqu'aux plus refroidis Depuis Adam cela se continue, Et quand Grâce eJi de Bonté foute lue, On aime encor comme on aimoit jadis. Quand Céladon au pays des Forets Étoit prôné comme un amant d'élite, On vit Hylas, patron des indiscrets, En plein marché tenir autre conduite. Bref en tout temps Amour eut à sa fuite Sujets loyaux sujets étourdis Or n'en est pas la coufiume perdue, Comme autrefois la mode en est venue On aime encor comme on aimoit jadis. ENVOI. Toi qui te plains d'Amour de Jes traits, Dame chagrine, apaise les regrets Si quelque ingrat rend ton humeur bourrue, Ne @sen prends point d l'Enfant de Cypris Cause il n'est pas de ta déconvenue Quand la dame ejl d'attraits assez pourvue, On aime encor comme on aimoit jadis. Jean de La Fontaine. Ballade sur une vieille fille qui vouloit se remarier C'cfl tout de bon, l' mus aux cheveux grts Après vingt ans des glaces du veut âge Les feux d'Amour échauffent vos rfprits Quoi ! le Danton vous charme vous engage Ma is pour fixer ce coeur fier t'olùge, T rès-p tu vous fcrt de brûler comme un four Che@ un galant, chercheur de pucelage, Vieille femme t 1 un remeJe a l'Amour. Vous ne Jetez songer yu@an Paradis La mort ejl proche, vous guette au passage Et cet amour dont vos sens font épris, Ne servira qu'à hâter le voyage. Jadis les coeurs vous rendirent bommage Jadis chez vous les ris firent sejour Mais maintenant il faut plier bagage Vieille femme ejî un remede à l'Amour. Il me souvient d'avoir là que jadis, Ainsi que vous sur le déclin de l'âge, Phèdre sentit de semblables soucis Mais chacun @fait qu'Hipolite fut fage Ce Prince étoil delicat personnage Aussi d'abord, sans prendre un long détour, En peu de mots il lui tint ce langage Vieille femme ejl un remede à l'Amour. E N VOl. Pour réparer les défauts du visage, On peut user d'un assez plaisant tour Et c'eji l'argent mais sans cet avantage@ Vieille femme ejî un remede à l'Amour. Jean-Baptiste Rousseau. Ballade du Vieux Temps A qui mettoit tout dans l'amour, Quand l'amour lui-même décline, Il @il une lente ruine, Un deuil amer sans retour, L'auto@mne traînant s'achemine Chaque hiver s allon?e d'un tour@ Lu v.ui le f-rtn'etnfs s'illumine Sa luitn 're u'e@j plus divine A qui mettoit tout dans l'amour 1 I n vain la Beauté sur sa tour. Où fleurit en bas l'auhépine, Monte avec l'aurore faÇeine Le regard qui rôde i @Vcntour. En vain jur l'icume marine De jour encor souris Cyprine Ali! quand ce n'eji plus que de jour, Sa grâce elle-même ejî chagrine A qui mettait tout dans l'amour ! Sainte-Beuve. Ballade des Pendus Sur Jes larges bras étendus, La foret oti s'éve.'lle Flore, A des chapelets de pendus Que le malin eareffe dsre. Ce l,ois sombre, où le chêne arbore Des grappes de fruits inouïs Mime chez le Turc le More, C'est le verger du roi Louis. Tous ces pauvres gens mot fondus, Roulant des pensers qu'on ignore, Dans les tourbillons éperdus Voltigent, palpitants encore. Le soleil levant les dévore. Regardez-les, @deux éblouis, Dan fer dans les feux de l'aurore. C@ejl le verger du roi Louis. Ces pelldus, du diable entendus, Appellent des pendus encore. Tandis qu'aux cieux, d'azur telldus, Où semble luire un météore, La rojie en l'air s'évapore, Un eJJaim d'oiseaux réjouis Par dejjus leur tête picore. C'e@jlle verger du roi Louis. ENVOI. Prince, il efl un bois que dicore Un tas de pendus enfouis Dans le doux feuillage sonore, C'e@jlle verger du roi Louis. Théodore de Banville. Ballade des pauvres Gens Rois i ui ferez juges à voire tour, Songez à ceux qui n'ont ni fou ni maille .' ' pitié du peuple tout amour Bon pour fouiller le fol, bon pour la taille Et la charrue, d- bon pour la bataille. Les malheureux font damnés, - c'ejl ainsi ! -Et leur fardeau n'ejl jamais adouci. Les moins meurtris n'ont pas le ''¿Cr'l aire. Le froid, la pluie à le soleil aussi, .-lux pauvres gens tout rfi peine mi@ ne. Le pauvre hère en fou triJie séjour, Eji tout pareil à ses bêtes qu'on fouaille. Vendange-t-il, a-t-il chauffé le four Pour un fejl in ou pour une ipollfaille, Le seigneur vient, toujours plus endurci. Sur son vassal, J'ipouvanle saisi, Il met la main, comme un aigle sa ferre, Et lui prend tout, en disant Me voici ! Aux pauvres gens tout efi peine misère. Ayez pitié du pauvre fou de cour ! Ayez pitié du pécheur qui tressaille Quand l'éclair fond sur lui comme un vautour, Et de la vierge aux yeux bleus, qui travaille, Humble rêvant sur sa chaift de paille. Ayez pitié des mères@! 0 souci, O deuil@! L'enfant rose blond meurt au@ji. La mère en pleurs entre ses bras le ferre, Pour réchauffer son petit corps transi Aux pauvres gens tout ejl peine mifire. ENVOI. Prince 1 pour tous je demande merci ! Pour le manant fous le soleil noirci Et pour la nonne égrenant son rosaire Et pour tous ceux qui ne font pas d'ici Aux pauvres gens tout e@g peine mifire. Théodore de Banville. Ballade des belles Châlonnai se s Pour boire j'aime un compagnon, @Faime une franche gaillardise, J'aime un broc de vin bourguignon, J'aime de l'or dans ma valise, J'aime un verre fait à Venise, J'aime parfois les violons Et furlout, pour faire à ma guise, J'aime les filles de Châ ons. Ce n'ejl pis au bord du Lignon Qu'elles vont laver leur chemise. Elles ont un épais chignon Que tour à tour frise défrise L'aile du vent de la brife De la nuque jusqu'aux talons, Tout le rejie ejl neige cerise, J'aime les filles de Châlons. Même en revenant d'Avignon On admire leur vaillantise. Le fein riche le pied mignon, L'@ail allumé de convoitise, C'ejl dans le vin qu'on les baplife. Vivent les cheveux drus longs ! Pour avoir bonne marchand@ée, J'aime les filles de Châlons ! ENVOI. Prince, un chevreau court au cytise 1 Matin foir, dans vos salons Vous raillez ma JainiantiJe J'aime les filles de Châlons. Théodore de Banville. Ballade pour ma commère Le beau baptême et l,z belle commère@! Quels jolis yeux ! disaient les ajjijlants. On rôtissait les boeufs entiers d'Homère El l'on ouvrait la porte à deux battants. Bonne Alizon ! même après tant de temps, Quand je la vois, mon âme en ejl tout aije@ Elle a des yeux d'enfer, couleur de braise, Et le fein rose des lys à Joifon Elle ejl fanante avec lès airs de niaise. Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! Eu ce temps-là, mordant l'ècorce amère, Dans mail pays de forêt@ d'étangs, J'liais encore un coureur de chimère. Elle, on etil dit lm matin de printemps ! Mais, à la fin, voici qu'elle a trente ans. Ses grands cheveux font bl@mds, ne vous déplaifc Et longs ô- fins, lourds, par parenthèse, A n'y pas croire. 0 la riche loi on ! A la tenir on fait ce qu'elle pese. Le pou Dieu gard' ma commère Alizon ! Oh ! comme fuit cette enfance éphémère ! Mon Alizon, dont les cheveux flottants Étaient si fous, regarde, en bonne mère, Ses petits gars, forts comme des tilalls, Courir pieds nus dans les prés éclatants. Elle Iravaill@@ assise sur sa chaise. Ne croyez pas surtout qu'elle se taise Plus qu'un oiseau dans la belle faison, El sa chanson n'efi pas la plus mauvaise. Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! ENVOI. Avec un rien, on la fâche, on l'apaise. Les belles dents à croquer une fraise ! J'en étais fou pendant la fCllaiJon. Elle efi mignonne rit quand on la baise, Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! Théodore de Banville. Ballade de la vraie Sagesse Mon bon ami, poëte aux longs cheveux, Joueur clt flûte à l'humeur vagabonde, Pour l'un qui vient le l'adresse mes vcrux Enivre-toi, dans une paix profonde, Du vin fan glatit de la beauté blondc, Comme à Noil, pour faire reveillon Près du foyer en flamme, où le grillon Chante à mi-voix pour charmer ta pareffc, Toi, vieux Gaulois fils du bon VillOlI, Vide ton verre baise ta maitrcfle. Chante, rimeur, la Jeanne @es grands yeux Et cette lèvre où le sourire abonde Et que tes vers à nos derniers neveux, Sous la toifoii dont l'or sacré l'illollde, La fassent voir plus belle que Joconde. Les Amours nus, pressès en bataillon, Ont des roflers broyé le vermillon Sur le beau fein de cette enchanteresse. Ivre déjà de voir son cotillon, Vide ton verre ô- baise la mailreffe. Une bacchante, aux bras fuis nerveux, Sur les coteaux de la chaude Gironde, Avec ses saeurs, dans l'ardeur de ses jeux, Preffa@les flancs de sa grappe féconde D'où ce vin clair a coule comme une onde, Si le désir, aux yeux d'Imerillon, T'enfonce au coeur son divin aiguillon, Profites-en l'Ame, disait la Grèce, A pour nous fuir l'aile d'un papillon Vide ton verre baise la maîirtjfe. ENVOI. Ma mufe, ami, garde le pavillon. S'il ejl de pourpre, elle aime son haillon, Et me répite à travers son ivrejje, En secouant son léger carillon Vide ton verre hais@, la maitresse. Théodore de Banville. Ballade des Enfants sans-souci Ils l'ont pieds nus le plus fOI vent. L'hiver Met à leurs doigts des mitaines d'onglée. Le soirs hclas ! ils foupenl du grand air, Et sur leur front la bife e'chevele'e Gronde, pareille au bruit d'utte mêlée. A peine un peu leur fort ejl adouci Quand avril fait la terre consolèe Ayez pitié des Enfants sans souci. Ils n'ont sur eux que le manteau du ver, Quand les frissons de la voûte étoilée Font trcffaillir briller leur oeil clair. Par la montagne abrupte la vallée, Ils vont, ils VOllt! A leur troupe affolée Chacun répond Vous n'êtes pas d'ici, Prenez ailleurs, oifeallx, votre t'olle.. Ayez pitié des Enfants sans souci. Un froid de mort fait dans leur pauvre chair Glacer le fang, leur veine efl gelée. Les coeurs pour eux se cuirassent de fer, Le trépas vient. Ils vont sans maufolce Pourrir au coin d'un champ ou d'une allie, Et les corbeaux mangent leur corps transi Que lavera la froide giboulée. Ayez pitié des Enfants sans souci. ENVOI. Pour celle vie effroyable, filie De .mal, de peine, ils te disent Merci ! Mufe, comme eux, avec eux exiiie. Ayez pitié des Enfants sans souci ! Albert Glatigny. Ballade de l'Amant inquiet Vous qui savez, Dames Damoi@ dlcs, Ce qu'ejl Amour, noirs gentil Ifigneur, Quand il lui fiait torturer ses fidèles, Ci eomiaijfez d'ort me vient ma frayeur. Rien parmi nous n'ei f plus beau ne meilleur Que Dame, hilas 1 dont fuis en dépendance Passion tendre ô- courtoise prudence Se font choisi pour asiles ses yeux, Et l'agrément de sa dou@a prèsence Ejl dé@fré dans le plus haut des @deux. Saint bataillon, milices eterncl es, O gardes-clefs du ciel supérieur, Éclatants d'or fous vos candides ailes, Vous enviez d'en haut noire bonheur De la bien voir de lui faire honneur. Jusqu'a ce jour, malgré voire puissance, Elle efl sur terre, sa magnificence Manque à l'éclat du Troue radieux, Et c'ejl pourquoi ce fleuron d'innocence Efl difiri dans le plus haut des cieux. Ains, Ó JéfllS ! leurs prières font telles Que moi, reflé dans ce monde trompeur, Verrai ses yeux, tout remplis d'étincelles, Tôt se voiler d'une terne t'ap@wr. Un Ange prompt de qui m'ejl grand'peur, En habit vert couleur de @Vefpérance, Viendra lui dire Ici tout c 1 souffrance i Monter là-haut, sur mes ailes, vaut mieux, Car dès longtemps jour de ta furvcnance EjI désiré dans le plus haut des cieux. ENVO i. Dames, vous, Damol ellcs, je pense Puisque j'ai fait rencontre connaissance De celle Dame au coeur religieux Que le salus de mon intelligence EjI difiri dans le plus haut des cieux. Frédéric Plessis. NOTES BALLADES DE JEHAN FROISSART p. i et suivantes. OEuvres de Froissart. Poésies publiées par M. Aug. Scheler. Bruxelles, 1870 I11-80. Page 1, vers 6, saint Jatne, forme anglaise du nom de saint Jacques. Page 6, vers II. Le poëte fait entendre que le nom de celle qu'adorait Achille, renferme les cinq lettres qui composent celui de la Chiere Dame, à qui sa ballade est adressée, qui, par conséquent, suppose-s-on, s'est appelée AELIX. Auguste Scheler. BALLADE DE GUY DE LA TRÉMOUILLE p. 7. Le livre des cent ballades contenant des conseils à uu Chevalier pour aimer loialement les responses aux ballades, publi@@i. par le marquis de Queux de Saint-Hilaire. Paris. Maillet, M D CCC LXVIII. La ballade En ciel un Dieu, en terre une DlefJe, est dans les. re pollfes . Elle a été compafée, félon les présomptions exposées par M. de Saint-Hilaire, entre les années 1386 1392. Messire Guy de la Trémouille, chevalier, était garde de l'oritlamme en 1383. Il mourut en 1398, laissant un beau renom de prud'homie. BALLADES D'ECSTACHE DESCHAMPS p. 9 et suivantes. Pocfies morales d- hijioriques d'Ens@ache Deschamps, publiées pour la première fois par G.-A. Crapelet, imprimeur. Paris, M. nccc XXXII. Gr. in-8°, Page 14, vers 9 suivants. Comprenez Pourquoi dames c' pucellettes font-elles si grande difficulté d aimer un ami, puifqu'tdlcs fcchercmt OiJjlNf l'herbe ? Page 4, vers 14 suivants. Comprenez Ceux qui ,,',ziHl 'rCll! pas qui ont dit non à l'amour, auront mai-gre gloire, mais ceux qui aimèrent genéreusement, appa-raîtront la face lumineuse alirotll renommée par le monde. Page 16, Ballade. Euflache Deschamps avait connu approché le bon connétable de France. Il n'est pas le seul poète qui ait chanté Duguesclin. Cuvelier, trouvère, rima une longue chanson des gestes de fire Bertran. BALLADES DB CmiSTtKB VIS PlSAN. p. 18 et suivantes Lté Toifiti de Christine de Pisan font conservée@ en manufc@ii à la Bibliothèque nationale. @M01 7,087 @@7,217 - 7,223 - 7,641. Page 18, vers 2 3, dis, poëmes@, di@Bier. Euflache Deschamps a composé un t Art de di@aier de fere chançons, balades, virelais rondea@lx . Page 24, Ballade. Chrift@ne de PÍfan fut veuve, @@vingt-cinq ans, d'Estienne du Castel, notaire Se se.cré-taire du rQi Charles V. Page 2f, vers 10, plus affomhrie que teinture cou-leur d'un More. P. 2.6. Complainte sur la mort du duc de Bourgogne. Dame Christine-la-Désolée, qui pleura beaucoup en sa vie, ne pleura jamais plus qu'à la mort du duc Philippe, qui l'avait gratifiée de ses dons. Elle inter-rompit, à la triste nouvelle du meurtre, son livre de Mutation de Fortune, elle écrivit ces lamentations Comme obscurcie de plains, plours lermes, à cause de nouvelle mort, me convient faire douloureuse introyte commencement à la feconde partie de cette oeuvre, présente adoulée 1 bonne cause 4s fur-venue, perte, non mie- singuliere. 4 moy ou 4 aulcups, mais générale eapreffe en maintes terres plus ça cestuy royaume, comme derpouillié, déficit de l'um de. ses fouveraiiis pilliers. Le Livre des. fais bjHMMt m@urs @u fage roy Char-les V., ¡' partie, BALLADES D'ALAIN CHARTIER p. 28 et suivantes. Les OEuvres de maiflre Alain Chartier@@. toutes nou-vellement réunies, par André du Chesne, Tourangeau. Paris, 1517. ln-fo, BALLADES DE CHARLES D'ORLÉANS p. 34 et suivantes. Poésies de Charles d'Orléans, publiées par J.@-Marie Guichard. Paris, Gosselin, 184?. In-12. Pages 34 à 44. Ballades composées en Angleterre où le duc Charles était prisonnier. Page 39, vers I. La saint Valentin, fête anglaise, consacrée aux fiançailles. C'est le jour où l'on dit que les oiseaux s'apparient. Page 41. Ballade. Le duc Charles y déplore la mort de sa dame, qu'il nomme Beaulté, qui périt en droi@dc fleur de jeuncfle . BALLADES DE FRANÇOIS VILLON p. 4S et suivantes. OEuvres de maifire François Villon, corrigées aug-mentées d'après pluficurs manuscrits qui n'étoient pas connus, précédées d'un Mémoire.@@, par J.@-H.@-R. Promp-fault. Paris, Ebrard, 1835. In-80. En attendant le texte qu'établit en ce moment M. Longnon, avec une méthode vraiment scientifique, nous avons suivi l'édition de l'abbé Prompfault. Page 45, Ballade intitulée les Contredictz de Franc Gontier. Voici le huitain qui, dans le texte de Villon, précède cette ballade Gontier ne crains, qui n'a nulz hommes Et mieulx que moy n'efl hlrité Mais en ce débat cy nous sommes Car il loüe sa pauvreté E Jlre pouvre y ver ejlé, A bonheur celà il repule Je le liens à maheureté, Lequel a tort@? or en discute. Les Dits de Franc Gontier est un petit poëme du XIV@. siècle. Page 45, vers @n suiv. Le sens est Si Franc Gontier sa compagne eussent suivi cette douce vie, ils n'eussent point nfangé leur croule de pain bis, frottée d'ail de civelle. Page 45 vers 15. Mathon, lait caillé, - potée, boisson, On dit encore potion. Page 46, vers 7 suiv. Le sens est Le chant de tous les oiseaux qui font d'ici à Babylone ne me retien-drait pas un jour, pas une matinée à la campagne, s'il m'y fallait vivre en suivant un si maigre rlgime@ Page 50. Ballade et orasion. On trouve dans les re-gistres de l'@Officialité parisienne de 1460 1461, une mention plusieurs fois répétée de Jean Cotard, qua-lissé de procuralor ou de promotor curi@a. P. 50, vers 6. Architriclin. Villon désigne ainsi l'in-tendant arehitriclinus des époux de Cana. Jean II, 9. P. 51, vers 10 Bref, il eu fut à grand peine au douzieme, Que s'escriant, Haro@! la gorge m'ard! Tojl, loft, dit-il, que l'oit m'apporte à boire@! La Fontaine. Contes Nouvelles, I, x, le Paysan qui avoit oflenfé l'on seigneur. P. 52. Balla.le ly.'ii' Villon feit à la rejueste de sa mère pour prier Nostre-Dame. Cf. le présent livre p. XXIII. P. 52, vers 13, l'Ejxpticnne, .tinte Marie 1'Kgypticnne. P. 52, vers 14. Théophilus. Cf. le miracle Theophi-lus, dans Gautier de Coin Ï. Rutbeuf en a fait une moralité. P. 55, vers 2. Flora, courtisane qui fut aimée de Pompée. P. 5 i, vers 3. Arshipiada est peut-être Archippa, dont le souvenir cil associé à la mémoire du poëte Sophocle. - Thaïs, courtisane qui brilla à Athéues au - milieu du V@e siècle. P. S 5, vers 4. Qui fut sa confine germaine, par la beauté. P. i 5, vers 5. La Nymphe Écho, J'après Ovide. P. 55, vers 9. Hélois, Héloise, nièce du chanoine Fulbert. P. 55, vers II. Pierre Efbaillard. Abailard, le do@reur qui mourut en 1142. P. 55, vers 15 14. Cette Roytte est Marguerite de Bourgogne, première femme de Louis le Hutin. Elle débauchait les écoliers, dans la tour de Nefle, les faisait jeter dans la Seine. Buridan obtint ses dan-gereuses caresses il ne fut pas noyé il se retira à Vienne, en Autriche, où il fonda une université. Telle est la légende. P. 56, vers 1. La Royne blanche comme ung lys est Blanche de Bourbon, mariée, en 13 52, à Pierre le Cruel. P. 56, vers 3. Berthe, Bertrande, fille de Caribert, femme de Peppin, mère de Charlemagne, ou, pour mieux dire, la reine Pedauque, la fileuse qui contait les Contes de la mère @POie Cf. Hyacinthe Husson, La Chaîne traditionnelle et les Contes de Perraull, édition Lefèvre, p. LVII. - Biétris, Béatrix de Pro-vence, mariée, en 1245, à Charles de France, fils de Louis VIII. - Allys@, Alix de Champagne, mariée, en l'an 1160, à Louis le Jeune, roi de France. P. 56, vers 4. Haretnbouges, Eremburges, fille hé-ritière de Élie de La Flèche, comte du Maine, morteni @no. P. 56, vers 5. Jehanne Darc, née à Dom-Remy, petit village des marches de Lorraine. P. 56. Envoi. Prince, quel que foit le jour de la semaine ou de cette année, que vous me demandiez où elles font, je vous répondrai en redisant ce refrain Mais où font@@. BALLADE D'OCIAVIEN de S ainct-G elaiz, P- 59. S'ensuyt la Chasse et le départ d'Amours, nouuelle-ment imprimé à Paris, où il y a de toutes les tailles de Rimes que l'on pourroit irouuer. Côpofic par Reueréd per en Dieu mrffire OSavien de Said-Gdaiz tllefq dâgou-sesme. Et par nchle home Biaise dauriol Bachelier en chascun droit, demeurât à Thoulollfe. On les vent à Paris en la rue neufue nofire dame A lenfcigne de lefcu de France. P. éo, vers 8. Sextus Tarquin. Tit.@-Liv., l, 54. P. 60, vers 11. Roboam. Reg@ , m, 2. Paralip., @n, 9. P. 60, vers 14, Marc Anthoinc. Plut. Anton. P. 60, vers 15. Cleopatra. l'lut. Anton. P. 60, vers 16. Marcelline. Fille de C. Marcellus d'CVtuvia, répudiée par Agrippa ? . LE CYMETIERE DES ANGLOIS, p. 62. La Déploration des Estatz de France@@. L'@Ejlat de Kobl@dje, en apprenant une nouvelle entre-prise des Anglais, parle comme on voit en la Ballade. P. 62, vers 8. N'él@ulc pas IV muet dans L@ mot Irancc. P. 63. JInvoy, Kntundez Qaan.l il devrait pleuvoir des pierres, la croix @Hanche fêta victoiieule. Au temp s du roi Charles VI, ceux d'Armagnac portaient la croix blanche , ceux de Bourgogne, alliés aux Anglais, la croix rouge. UNE l'URE ET BLANCHE LICORNE QU 1 SE VIENT RENDRE A PURETE, p. 64. Le Grant vrai Art de pleine rhétorique@@. tant en prose qu'en rime, ijai. Pierre Fabri, Rouennais, était curé de Meray. L'idée que la a fainte douceur de la vierge était supérieure au pouvoir du mal avait pris-alors une forme précise dans la légende tant répétée de la Vierge dé la Licorne. La Licorne, qu'on voyait des le XI@e siècle Sculptée à cbté du Basilic, sur lçj murs des églises était, disent les Bestiaires, un cbcv@d-chàvre d'une blan-cheur immaculée. Elle portait au front une merveil-leuse épée, Les veneurs la voyaient passer dans les clairières ils n'avaient jamais pu l'atteindre, tant elle était rapide. On savait toutefois que, si une vierge, assise dans la forêt, appelait la licorne, la bâte obéissait, inclinait la tête sur le giron de l'enfant, se laissait prendre, euchalner par d'aussi faibles mains. Mais la Licorne tuait la fille corrompue non pucelle . Voilà ce qui était conté par toutes gens, écouté en frissonnant, retenu rêvé pendant de longues veil-lées. Tous avaient vu la Licorne en quelque image taillée ou peinte quelques-uns l'avaient reconnue de loin, dans les halliers, aux heures douteuses. ANATOLE FRANCE, la Mission de Jeaime Darc. BALLADE A CHRI STOFLE -DE REFUGE, p. 67. Chants royaux, Oraisons autres petits Traités, par Guillaume Crétin. Paris, Simon du Bois, pour Galliot du Pré, 1527. ln-8° gothique. 1 BALLADES DE JEAN MAROT p. 70 et suivantes. OEuvres Se Clément Marot, avec les ouvrages de jehan Marot son père, à La Haye M. DCCo xxxi. in-40, tome 4. P. 73, vers 15. Paul Orose composa, vers l'an 416 de J.-C., une Hijloire universelle fort barbare. BALI.ADE DE EUSTORGE DE BEAULIEU, p. 74. Les divers Rapports contenant plusieurs Rondeauxt Ballades, Epijlres, ensemble une du Coq à l@asne, une autre de @1 Asne au Coq sept Blasons anatomiques du corps féminin ta response du blafonneur .111.. à l'auteur de l'apologie contre luy@@. Lyon, P. de Sainte-Lucie, 1557. In-8°. BALLADE DE JEAN BOUCHET, p. 76. Opuscules du Traverseur des voyes périlleuses, nouvel-lement par luy reveuz, amandez corrigez contenant, Épifire de jussiee, le Chappelet des princes, Ballades mo-l'ales, Dcploration de l'Èglise. Poitiers, Jean Bouchet, 1526. 111 -40 gothique. Le titre poétique de Jean Bouchet était, comme on voit le Traverseur des voyes périlleuses. Sa devile était ha bien touché. Jean Bouchet observe l'alternance des rimes mascu-lines des rimes féminines. BALLADE TOUCHANT JUSTICE, P-b 78. Les Abus Ju Monde. Paris, P. le. Dru, 1504. In-8° gothique. P. 78, vers 9. Psalm., LXXX fufiieia de ccelo prof-pexit. Cette glose est de Gringoire. Le texte ne s'en retrouve pas dans les psaumes. P. 78, vers xi. Comme au lemplt reposoient les pucelles. Peut-être les vestales. P. 79, vers 6. s Horatius Quandoque bonus dor-mitas bomerus. t Cette glose est de Gringoire. P. 79, vers 8. Horatius Nemo omni est ex patre beatu@s. Cette glose est de Gringoire. P. 79, vers II. Proverb., XI Ju@fiiHa liberabis a morte. Cette glose est de Gringoire. D'UN CHAT ET D'UN MILAN, p. 80. OEuvres poétiques de Mellin de Sainl-Gelais. A Lyon, par Antoine de Harsy, 1574. In-80. BALLADES DE CLÉMENT MAROT p. 84 et suivantes. OEuvres de Marot, augmentées d'un grand nombre de ses compo@rtions nouvelles. Lyon, Dolet, 1543. @@@@@@@P. 82. Du temps que Marot cjloit au Palais à Paris. P. 82. Du temps que Marot efloit au Palais a Paris. Clément Marot, après avoir achevé ses études uni-versitaires, suivit le Palais. Mais il ne resta pas long-temps parmi les bafachiens. P. 82, vers 10. La porte Barbette, proche la rue l'hôtel Barbette. P. 85. A madame d'Alençon, pour efire couchée en son efiat. Ce fut en l'an 1519 que Clément Marot fut attaché à la cour de madame Marguerite de Valois, duchesse d'Alençon de Berry. On le trouve inscrit pour la première fois parmi les pensionnaires de la bonne duchesse de Valois, à la date de 1524. Cf. d'Héric ult, Nouvelle Collection Janel. Il recevait 95 livres par an. Il était en même temps attaché à la maison militaire du duc d'Alençon, mari. de Marguerite. P. 87, de Frère Lubin. Tu trouveras d'autres Balades à double refrain, l'un repeté au mylieu du couplet l'autre à la fin, comme en la Ba@kde de Marot à Frere Lubin, ceste maaitre de refrain dou-ble eft@autant rare que plaifaute. 1 L'Art poétique fran-çois, par Thomas Sibilct. P. 89. Chant de May de Ye@nu. Consultez, sur le titre, le chapitre de l'@Art poétique de Thomas Sibilet, -lequel nous donnons en Appendice, nO II. BALLADE EN FAVEUR Das OEUVRES DE NEUF-GERMAIN, p, 91. Les OEuvres de Monsieur de Voilure, à Paris, rue Saint-Jacques, chez Michel Guignard Claude Ro-bustes. M.@DCC.@XIII, in-8°, t. II. BALLADES DE SARRASIK p. 94 et suivantes. Les OEuvres de monsieur Sarasin. 4 Paris, chez Au-gustin Courbé, M.@DC.@LVI. In-40. BALLADE DE Bussy RABUTIN, p. 98. Les Lettres de mejjire Roger de Rabutin, @amtic de Bussy, lieutenant général d@u armées du roi@.@@ A Paris, chez Florentin Pierre Delaume, JI. DC XCVIII. Cette Ballade est jointe à une lettre du comte de Bussy à M. de S@@e. Scudéry . A Bussy, ce 16 février 1676@@@@. Je vous envoyé la Balade que vous m'avez demandée. Elle a un petit air de Marot qui ne me déplait pas. BALLADES DE JEAN DE LA FONTAINE p. 130 et suivantes. Coules mis en vers par Jean de la Fonlaine. Paris, Claude Barbin, 166 . In-@n. Ballade sur la le@âure des romans de' livres d'amour. Ce poëme n'a de la ballade que le refrain. P. 100, vers 7. L'@A@pree@, de Honoré d'Urfé. P. IOI, vers 16. Maître Louis, l'Arioste. P. 101, vers 17. Voici l'@@mdroit de l'ermite qui fit entrer en tentation Alizon la Sucrée De la cime d'un rocher élevé, l'ermite a vu Angé-lique, au comble de l'affliction et de l'épouvante, aborder à l'extrémité de l'écueil. Il était lui-même arrivé six jours avant, car un démon l'y avait porté par un chemin non frayé. Il vient à elle, avec un air plus dévot que n'en eurent jamais Paul ou Hilarion. A peine la dame l'a-t-elle aperçu que, ne le re-connaissant pas, elle reprend courage. Peu à peu, sa crainte s'apaise, bien qu'elle ait encore la pileur au visage. Dès qu'il est près d'elle, elle dit Ayez pitié de moi, mon père, car je fuis dans une malheureuse situation. - Et, d'une voix interrompue par les @anglots, elle lui raconta ce qu'il @avait parfaitement. L'ermite commence i la réconforter par de belles et dévotes paroles et, pendant qu'il parle, il promène des mains audacieules tantôt sur son fein, tantôt sur Ces joues humides. Puis, devenu plus hardi, il va pour l'embras@er. Mais elle, tout indignée, lui porte violemment la main à la poitrine le repousse, son visage se couvre d'une honnête rougeur. Il avait à son côté droit une poche. Il l'ouvre il en tire une fiole pleine de liqueur. Sur ces yeux puissants, où Amour a allumé sa plus brûlante flamme il en jette légèrement une goutte qui suffit A endor-mir Angélique. La voilà, gisant renversée sur la table, livré, à tous les délirs du lubrique vieillard. Il l'embrasse sa palpe à plaisir elle dort, ne peut faire résistance. Il lui baile tantôt le fein tantôt la bouche. Personne ne peut le voir en ce lieu âpre et défert. Mais, dans cette rencontre, son destrier trébuche, car le corps débile ne répond point au déflr. Il avait peu de vigueur, ayant trop d'années, il peut d'autant moins, qu'il s'essouffle davantage. Il tente toutes les voies, tous les moyens, mais son paresseux roussin se refuse à @auter. En vain il lui secoue le frein, en vain il le tourmente il ne peut lui faire tenir la téte haute. Enfin, il s'endort près de la dame qu'un nouveau danger menace encore. La fortune ne se contente pas de si peu, quand elle a pris un mortel pour jouet. Rolan¡t furieux, chant VIII, huitains 45 à 50. M. Fra@misque Reynard a bien voulu nous communi-quer ce fragment de sa belle traduction de l'Arioite, afluellement ious presse. P. 102, vers 3. Dans Amadis de Gau le, le Beau T énébreux on lit Chapitre xi.. Comment Amadis alla paffer une de@nnère nuit avecfa mie Orialle, à gui il avoua les rai fous Je fou départ-Chapitre XLII, Comment Oriane, se feulant greffe, avifu aux moyens de eéler son état. Dans Anadis, le Chevalier de la verte épée, fuite di pr@cé.1ent, on lit Chapitre xxix. Comment le roi Lifvart livra aux am-bassadeurs de l'Empereur sa fille Oriane autres detnoi-filles pour les conduire à Rome. P. 102, vers 12. Clitophon. Les Amours de Clitophon de Leucippe, par Achille Tatius. P. 102, vers 13. Les Amours de Théagène Chariclée, par HélioJore. P. 102, vers 14. Ariane, par Jean Desmarets. P. 102, vers 15. Polexandre, par Marin le Roy de Gomberville. P. 102, vers IG. Cliopâlrc, par la Calprencde. P. 102, vers 16. Cassandre, par le même. P. 102, vers 18. Cyrus, par M@lle d@ Scudéry. La Carte du Tendre est dans ce roman. P. 102, vers 19. Le roman de Cl@die avait d'abord paru fous le nom de Georges Scudéry, bien qu'il fût de sa foeur Madeleine. P. 102, vers ai. Perceval le Gallvis, par Chriftien de Troyes. Ç. 104. Sur Efcebar. Quoiqu'il La Fontaine h'ait pris aucune part aux disputes religieuses qui alors agitaient la société, même ébranlaient l'État, cependant il résuma ea quelque forte toutes les rail-leries du janfénifle Pafcat sur les jésuites dans sa jolie Ballade sur Escobar. Histoire de la vie des ouvra-ges de Jean de La Fontaine, par C.-A. W. P. 106. Ballade sur le mal d'J.m tr. Cette Ballade a d'abord été imprimée dans un recueil de po@sses de Pavillon, avec la signature de La Fontaine. Elle est de 1684. P. 109. Ballade à madame Fouquei. La Fontaine plut au furintendaot Fouquet, qui le prit pour fou. poëte, se l'attacha lui fit urne pension de mille francs, à condition qu'il en acquitterait chaque quartier par une pièce de vers, condition qui fut exactement remplie. Pour le terme de la Saint-Jean de l'an 1659, le poête envoya la Ballade à madame Fouquet. Pellisson, secré-taire du surintendant, libella en vers une double quit-tance pour cette Ballade. Voici comment s'exprime le notaire du Parnasse Quittance publique pour la Ballade par Jean Pellisson. Par-devant moi, sur Parnasse notaire, Se prifenta la reine des bemtlti, Et des vertus le parfait exemplaire, Qui lut ces vers, puis les ayant COlrrpth, Pefis, revus, approuvés vantés, Pour le pajjé voulut s'en satisfaire Se rifervant le tribut ordinaire, Pour l'avenir, aux termes flrrllér, Mttfes de Vaux, vous leur secrètaire, Voilà l'acquit tel que vous fOllhaitez. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! Quittance fous seing privé pour la Ballade précédente, par Pellisson. De mes deux yeux, ou de mes deux soleils, J'ai lu vos vers qu'on trouve sans pareils, Et qui n'ont rien qui ne me doive plaire. Je vous tiens quitte - promets vous fournir De quoi partout vous le filirt tenir, Pour le paffé, mais non pour l'avenir. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! BALLADE DE Mme DESHOULIÈRES, p. III. C'est à propos de l'opéra d'@Amadis, représenté en janvier 1684, que madame Deshoulières fit la Ballade On n'aime plus comme on aimoit jadis. M@me Deshoulières avait quelque raison de parler de la forte elle atteignait sa cinquantième année. Elle adressa son poëtne au duc de Montausier, qui était aussi furannt comme amant qu'elle l'était comme maltrefle. Une foule de poètes se présentèrent pour défendre le temps présent contre les attaques de celle qu'on appelait la dixième mufe, la Calliope française. Le duc de Saint-Aignan, qui jouissait de toute la fa-veur du roi, entra un des premiers dans la lice M@me De houlières, flattée d'avoir à combattre un tel champion, répondit à la Ballade qu'il avait composee, sur les mêmes rimes, avec le même refrain que la Tienne. Le duc de Saint-Aienan répliqua madame Des-houlières ripo@iU de nouveau. Walckenaer. Voici ces diverses répliques Réponse de M. le duc de Saint-Aignan. Balade. A caution tous ne fiiit pas sujets. Autre maxime en ma tête cil écrite Et pour parler de vies tourmens secrets, Onc ues de cour ne connus l'eau l'wilt. Si dans mains coeurs probité plus n'habite, Au miell les faits fuirent toujours les dit,. Par moi l'A luce iiu inonde tt'e 1 venue. D'amans ' yaIlY si la mole est perdus, Moy j'aime encor comme on aimoit jadis. Nul riche atour, nul nombre de t'dets, Ne contribue à mon peu de mérite. Toujours me tiens au rang des plus difereis Tant mieux pour mov si la troupe e@l petite, Amour chez ntoy @@V ? jamais décrepite , Et quand les sots font les plus aplaudis DtÎljày-jc en tout patjcr pour une gruë, Faveur se cache aujji-tôt qu'obtenue, Tant j'aime encor comme on aimoit jadis. Jeunes bcautez qui tendez vos filets, ChaJJtz bien loin celle engeance maudite De jouvenceaux, quand pies des beaux objets D'être indolent chacun Je félitite. Je sens l'amour sans faire l'hypocrite, Et le fers mieux qu'wi de ces étourdis Mais si pour vous aux Joins je m'habitue, Don de rnercy j'auray toujours en vue, Car j'aime encor comme on aimoit jadis. Quand jeunes coeurs se trouvent ainsi faits, Prejeni meilleur ii Dame on ne débite. Coeurs de barbons peuvent itre coquets. Le diable eut tort quand il se fit hermite. Si ma personne à tendrejje Il'illvile, Mes feus au moins point ne fout refrofdis. Par aucuns maux mou humeur n'ejl bourrue, Et peu m'en chaut, si j'ay lejle chenuë, Car j'aime encor comme on aimoit jadis. Envoy Fils de Venus Jonge à tes intérêts, Reprends l'encens, rends les camous.ets, Accorde à tous que ce train conlinur, Nous reverrons le siecle d'Amadis Et si jamais Dame d'ultraits pourvue A m'enflâmer se trouve parvenue, Je l'aimerai comme on aimoit jadis. Réponse à M. le duc de Saint-Aignan. B a 1 a d e. Duc, plus vaillant que les fiers Paladins Qui de géans Clll!'1 c'lriOlt les armures Duc, plu r g.ila@m que n'e'toioit Grenadins, Point contre vous ne Joui tues écritures. Grand tort aurais de blasonner ? ov feux. Hi qui lie sçait, l'eall .Ii., je vous prie, Qu'en !ait d'amour ¿ o- de chevalerie OlljlltJ ne fut J'lus véritable preux ? Vous pourjendet vous seus quatre alTa@fTms, Vous reparez les loris les injures, lieriez encor plus d'amoureux larcins Que jouvenceaux i blindes chrvelures Ce que jadis fil le beau tenebreux Près de T'im 1 i!J n'est que ba linerie, D encombr'ers vous @jvt@t @ans Jéerie. Onques ne jut plus véritable preux. Jamais J'.4Ilr,,, , au , dDig s incarnadins En jours brillans ne change nuits obscures Que cault Amour Mars aux airs mutins Vous n'invoquiez pour avoir avaniures. Vous bravez tout, malgré des ails nombreux Qui volontiers empechent qu'on ne rie, Avez d'un fils augmente votre hoirie Onques ne fut plus veritable preux. Envoy Que puissiez-vous, Cheval'er valCllrcux, En tout combat, en butin amoureux, Ne vous Vouloir jamais de Iromperie, Et qu'à l'envi chez nos derniers neveux, Lisant vos faits hautement on s'écrie Onques ne fut plus véritable preux. Keponse de M. le duc de Saint-Aignan. Balade. O l'heureux temps où les fiers Paladins En toutes paris cherchaient les at'anturts, Où sans dormir non plus que font lutins Ja n'étaient las de porter leurs armures ! Princes Roy s par vins confitures Les rigaloient au sortir des feflins. Dame à bon droit des beaux esprits cherie, Qui faites cas des guerriers valeureux, Efl-il rien tel qu'art de chevalerie ? Fut-il jamais un métier plus heureux ? Ces Damoifels s'ébatoient es jardins Bien atournez de pompeuses vitures. Là, plus vermeils qu'on ne peint Chirubills, Chapeaux de fleurs mis sur leurs chevelures , St déduifaient en Juperbes parures. Riches plumais, telles d'or, falills, De les voir tels toute ame éto@ü ravie, Tant avoient l'air de g@ms vi@Sorieux Dame sans pair, dites-nous, je vous prie Fut-il jamais un métier plus heureux @@S'il avenoit que félons a r,lill ! En dur e lour leur ji@feut des @He Turcs, Ja HU@ métier n'avaient de medccins , Filles de Ro s moult belles eiéaturcs Qu'on renommoit pour leurs f.-avanies eûtes Sur lits molets e, Cha, une à part Joi ncufe di Ido l ie, Les cjn@fdant par lia is amoiti eux, Rendaient bien-tét leur personne @u@rit Fut-il jamais lm métier plus heureux ? ifoy qui toujours @urpajfant maints blondins Ell vrais cjjcts ainji qu'en écritures, .4y depuis peu mis au j ur deux banbins, Dont on feroit d'agréables peintuies, Dans la vigueur qu'on voit oz mes ¡ ur.r, Je veux au@ji par de no'les dé@faits, Des ennemis voir ltl jaci li mir, El leur livier un a@jout vigoureux, Puis tôt après retourner -vers ma mie. Fui-il jamais un métier plus heureux? Envoy Que puijjiez-vous, Dame au coeur genereux, Voir en honneur toiijours vôtre mefgnie, Et qu'un germain moult digne de nos voeux Se trouve un peu revêtu d'Abaye De bon raport, commode, bien nombreux. Si que mitre, content glorieux En tel déduit quelquefois il s'écrie, Fut-il jamais un métier plus heureux ? Réponse à M. le duc de Saint-Aignan. Balade. Los immortel que par fait héroïque Chevalerie en tous lieux aqueroit, Vous fait aimer ce tell ps hyperbolique Quand est de IIIry ce qui plus m'en plairoit, Ce n'ejl combat, véture magnifique, Tournois fameux, tuais bien l'Amour antique Dont tri@jl, mort feule voyoit le bout. Bon Chevalier que tout craint révéré, Ainsi le monde en fcntimcnt differe Opinion chez les hommes fait tout. L'un rit de tout, l'autre mélancolique, D'Arlequin même en mille ans ne riroit, L'un pour jouer fait devenir éthique Son train lui, l'autre ne troqueroit Pour mines d'or sa verve poitique, L'un de tout @auvre entreprend la criliqllt, Et fait souvent conte à dormir debout L'autre à son gré reglant le miniflere, De se regler ne s'embarasse guere Opinion cher les hommes fait tout. Espoir de gain fait faire aux f@ois la nique, Défit de gloire en périlleux endroit Conduit guerriers, nature pacifique Aux Magiflrats met en lejle le dro.'t. Ambition fait que le coffre on pique, Vanité fait que Philosophe explique Comment tout rient, en quny tout fc réJouI, Chaqu@ mortel coiffé de sa chi.nere, Croit à par fry ij ne tn'euv on ur peut faire Opinion chez les hommes fait tout. Non motus diverje en chique République lifl la coutume, icy puntr on voit S@cuf avec qui son frere préva ique. ht la Perjane en son lit le reçoit Germains Jont cas de la liqueur lachijue Le Muj ulman en défend la pratique, Sul'Ii! 1,lreill Lacedemone ab out. Où le Soleil monte sur l'Emifphere t Par pieté le Jiis meurtrit @on pere Opinion chez les hommes fait tout. E n v o y Duc dont le los vole du Jein Per@fque Il'qu'otl Phébus finit son t@mr oblique, De mon Germain point ne sçavez le goiil , Grosse Abaye à la mitre il pri ere. Trop lourd, dit-il, eji sacré ca a@Qer Opinion chez les hommes fait tout. Pavillon se joignit au défenfcur du temps présent, dans de fort jolies Ballades soutint Qu'on aime encor comme on aimoit jadis. D'autres convinrent avec l'apologiste du flècle d'A-madis Qu'on n'aime plus comme on aimoit jadis. Mais ils convertissaient galamment cet aveu en compliments pour la dixième Mufe. De Losme de Monchesnay, l'auteur connu du Boleana, lui disait Qui, f en conviens, charmante Deshoulieres Mais si chaque beauté poffcdoit vos lumier@u, On revcrroit bientôt le ficcle d'Amadis. Si, comme vous, toutes nos dames Avoient l'art de toucher nos ames, On aimeroit bientôt comme on aimoit jadis. La Fontaine, qui était fortement prévenu contre madame Deshoulières depuis qu'elle avait cabalé con-tre les pièces de Racine, son ami, lui répondit sur un ton bien différent de celui de Monchernay. Walcke-nacr. La Fontaine ne fit point imprimer cette Bal-lade. P. 114, vers 8. Urgande Desconnue. On lit dans Amadis les Princes de l'Amour Chapitre xi. Comment Urgande la Deconnue, à laquelle on ne songeait pas, prouva qu'elle songeait à ses protégés, en survenant la veille des noces. BALLADE SUR UNE VIEILLE FILLE, p. 116. OEuvres diverses de M. Rousseau. Nouvelle édition. A Bruxelles aux dépens de la Compagnie, M. DCC. XLI. BALLADE DU VIEUX TEMPS, p. 118. Polfies complètes de Sainte-Beuve. Paris, Charpentier C@i@o, 1869. In-12. Ce petit poëme de Sainte-Beuve n'est qu'un tronçon de Ballade. Le XIX@e @ûècle est peu riche en Ballades. Nous aurions voulu mettre parmi nos pièces de choix un poëme à refrain d'Alfred de MuiTet, celui que le poète attribue à sa Carmo@Cne. Mais ce morceau n'a de la vieille Ballade que le refrain un certain air d'ar-cbaifmc. On en jugera voici ce poème Va dire Amour, ce qui cauJe ma peine, A mon seigneur, que je m'en vais mourir, Et, par pitié, venant me secourir, Qu'il m'eût rendu la Mort tncins inhumaine. A deux genoux je demande merci. Par grace, Amour, va-t'en vers sa demeure. Dis-lui comment je prie pleure ici, Tant si bien qu'il faudra que je meure Tout enflammée, ô- ne fachant point l'heure Où finira mon adoré souci. La Mort m'attend, s'il ne me relève De ce tombeau prêt à me recevoir, J'y vais dormir, emportant mon Jeux reve Hélas ! Amour, fais-lui mon mal @avoir. Depuis le jour où le voyant vainqueur, D'être amoureuse, Amour, tu m'as forcée, Fût-ce un inflant, je n'ai pas eu le coeur De lui montrer ma craintive petlfle, Dont je me sens à tel point oppre@jfÙ, Mourant ain si, que la Mort me fait peur. Qui fait pourtrtllt, sur mon pcile viftge, Si ma douleur lui déplaira'-1 il 7lair@! De l'avouer je n'ai pas le courage. Hélas ! Amour fais-lui mon mal savoir. Puis donc, Amour, que tu n'as pas voulu A ma trifleffe accorder celle joie, Que dans mon coeur mon doux seigneur ait lu, Ni vu les pleurs où mon chagrin fc noie, Dis-lui du moins, tâche qu'il le croie, Que je vivrais, si je ne l'avais vu. Dis lui qu'un jour, une Sicilienne Le vit combattre faire son devoir. Dans son pays, dis-lui qu'il s'en souvienne, Et que j'en meurs, faisant mon mal savoir. Carmofine, acte II, scène VII. BALLADES DE THÉODOBB DE BANVILLE. p. iao et suivantes. Gringoire, comédie en un acte, en prose, par Théo-dore de Banville. Paris, Michel Lévy. ln-12. Théodore de Banville. Trente-six Ballades joyeuses. Paris, Alphonse Lemerre, éditeur, 1873. In-12. BALLADE DES ENFAKTS SANS SOUCI, p. 130. Le Parnasse contemporain. Recueil de vers nouveaux. Deuxième férié, 1869-71. Paris, Aphonfe Lemerre, H. DCCC. LXX. In-Bo. BALLADE DE L'AMANT INQUIET, p. 132. Inédite. APPENDICE LES RÈGLES 'DE LCil BALLADE I Or fera dit escript cy-apres la façon des Balades premièrement est assavoir qu'il est Balade de huit vers dont la rubriche est pareille en ryme au ver ante-sequens, toutefois que le derrain mot du premier ver de la Ballade est de trois sillabes, il doit estre de onze piez, si comme il fera veu par exempleaucun ver coppé qui foit de cinq piez, cellui qui vient après doit estre de dix. Exemple sur ce qui dit est BALADE DE HUIT VERS COUPPBZ. Je liez mes jours ' ma vie dolente, Et je maudis l'eure que je su nez Et à la mort humblement me prefenie
Ballade amoureuse Ne quier veoir Medée ne Jason, Ne trop avant lire ens ou mapemonde, Ne la musique Orpheüs ne le son, @Ne Herculès, qui cercha tout le monde, Ne Lucresse, qui tant su bonne monde, Ne Penelope aussi, car, par saint Jame, @Je voi assés, puisque je voi ma dame. Ne quier veoir Vregile ne Caton, Ne par quel art orent si grant faconde, Ne Leandar, qui tout sans naviron Nooit en mer, qui rade est parfonde, Tout pour l' amour de sa dame la blonde, Ne nuls rubis, saphir, perle ne jame Je voi assés, puisque je voi ma dame. @@Ne ########################################################### plus tost court en l'air ne vole aronde, Ne l'image que fist Pygmalion, Qui n'ot pareil première ne seconde, Ne Oleüs, qui en mer boute l'onde S'on voet sçavoir pour q@uoi ? Po@ur ce, par @@m'a@@me Je @voi assés, puisque je voi ma dame. Jehan Froissart Ballade amoureuse On me dist, dont j'ai grant mer@veille, Que de dormir est temps perdus Tant qu'à moi, je m'en esmerveille, Car le dormir me vault trop plus Que le villier. C'est mes argus, Dormir est grant aise de corps, A desplaisance ne vit nuls Je n'ai nul bien, se je ne dors. Car en dormant je me conseille, Ce m'est vis, au dieu Morpheüs, Qui mes besongnes, qu'on toueille, Remet assés bellement sus, Car avoir me fait ris jus De ma dame pluisours depors, Dont en veillant sui moult ensus Je n'ai nul bien, se je ne dors. Encor li boute il en l'oreille Qu'à merci soie receüs, Et celle qui est non pareille De donner dangiers refus, Les met à sa proyere jus, Et me dis@@t M'amour@s je t'acors. E@nsi en dormant voi vertus, Je n'ai nul bien, se je ne dors. Jehan Froissart. Ballade amoureuse Je puis moult bien ma dame comparer A la fille dou noble roy Priant Plusiors en ot, mais ceste @voeil nommer Polixena la belle la riant, En qui de tous biens ot tant Que de bonté de bauté fu plainne. Tout ensi est ma dame souverainne, Car les grans biens que je perçoi en li M'ont pluisours fois en pensant resjoï. Jonete estoit Polixena, c'est cler, Quant Acillès l'ama en regardant Ensi amours m'ont pris par regarder De ma dame son gracieux semblant, Simple, jone attraint. Or sçai assés que j'en aurai gra@nt painne, Mès j'ai espoir qu'elle en sera certainne En aucun temps, cil souvenir ci M'ont pluisours fois en pensant resjoï. Chiere dame, voeilliéis considerer Que vostre sui ferai mon vivant. Or ai volu vostre corps figurer A la fille dou noble roy Priant C'est tout en vous honnourant, Mès à la fin que @@me soyés humainne, Polixena vostre nom me ramainne Dedans le vostre en V. lettres qui M'ont pluisours fois en pensant resjoï. Jehan Froissart. Ballade De grant honneur amoureux enrichir Ne peut, s'il n'a loiauté en s'aye Et pour ce fay dedens mon cuer florir Loial amour d'umilité garnie, Dont doucement, sans fausseté, servie Sera la flour nonpareille d'onneur, De grant beauté, de bonté, de valeur, Qui de mon cuer souveraine maistresse Est sera. J'aray Dame Seigneur, En ciel un Dieu, en terre une Déesse. A ce me veul tout mon vivant tenir, Sans rassambler la fausse compagnie De ceulx qui vont prier et requérir Dames plusieurs, font partout amie, A leur pouvoir, pour leur grant tricherie, Cil sont vilain, envieux menteur, Oultrecuidez, sélon, fol @vanteur, Tout leur désir à faux penser s'adresse, Tel gent reny sy pren pour le meilleur En ciel un Dieu, en terre une Déesse. Car tel tricheur font l'onneur amenrir De mainte dame, en qui n'a villenie, Tant par j@engler coin par leur foy mentir. L'un jure Dieu, l'autre saincte Marie, En promettant loiauté qu'ils n'ont mie, De faux semblant font leur droit gouverneur, Li malostru, li meschant, li bourdeur Tous sont parjur. Pour ce leur fay promesse Que j'aime mieux à servir, par douceur, En ciel un Dieu, en terre une Déesse. EN@VOY. Prince, je tien que qui veult acquérir De vraye Amour les biens la hautesse, Tant seulement doie en son cuer choisir En ciel un Dieu, en terre une Déesse. Guy de la Trémouille. Ballade amoureuse Gente de corps, face adroit coulourée Humble regart, front hault bien assis, Entrueil plaisant, bouche bien ordonnée, Petit menton, lefres nez traitis, Vos joettes sont deux fosses toudis En soubzriant, ô belle plus que belle ! Vous regarder est un droit paradis De jour en jour vo beauté renouvelle. Car vostre chief a toute gent agrée, Blont com fin or, vairs oeulx, les sourcils Avez petiz la denteure serrée, Mannette blanche co@me fleur de lis, Et au seurplus est vos corps assenis De tous les biens qui sont en flour nouvelle, De plus en plus, dame, ce m'est advis De jour en jour vo beauté renouvelle. Or estes-vous donc de bonne heure née Quant grace avez, la louenge le pris D'@umilité, de nobles meurs parée, De beau maintien, de manière de vis Mais sur toutes portez bien vos habis, Plus que nulle dame ne damoiselle Qui soit vivant en terre n'en pays De jour en jour vo beauté renouvelle. Eustache Deschamps. Ballade Apprenez-moy comment j'auray estat Soudainement, dame, je vous en prie, Et en quel lieu je trouveray bon plat Pour gourmander mener glote vie. -Je le t'octroy Traïson envie Te fault sçavoir, ceuls le mettront avant Mentir, flater, parler de lécherie Va à la court, en use souvent. Pigne toi bel, ton chaperon abat, Soies vestus de robe très jolie, Fourre-toy bien quoy qu'il soit de l'achat, Tien-toy brodé d'or de pierrerie Ment largement afin que chascuns rie, Promet assez, tien po de convent. Fay tous ces poins ne te chaille qu'on die Va à la court, en use souvent. A maint l'ay veu faire qui s'i embat, Soi acointer de l'eschançonnerie, Jouer aux dez tant qu'il gaingne ou soit mat, Qu'il jure fort, qu'il maugrie ou regnie Et lors sera de l'adroite mesgnie. Fay donc a@insis, met toy tousjours devant @@Pour avoir nom tous ces vices n'oublie Va à la court, en @use souvent. EN@VOY. Princes, bien doy remercier folie, Qui m'a aprins ce beau gouvernement, Et qui m'a dit A ces poins assudie Va à la court, @@en @use souvent. Eustache Deschamps Ballade Or, n'est-il fleur, odour ne violette, Arbre, esglantier, tant ait douçour en lui, Beauté, bonté, ne chose tant parfaicte, Homme, femme, tant soit blanc ne poli, Crespé ne blont, fort appert ne joli, Saige ne foul que Nature ait formé, Qui à son temps ne soit vieil usé, Et que la mort a sa fin ne le chace, Et, se viel est, qu'il ne soit diffamé Viellesce est fin, jeunesce est en grâce. La fleur en may son odeur delecte Aux odorans, non pas joûr demi En un moment vient li vens qui la guette Cheoir la fait ou la couppe par mi Arbres gens passent leur temps ainsi Riens estable n'a Nature ordonné Tout doit mourir ce qui a esté né. Un povre acés de fièvre l'omme efface, Ou aage viel, qui est déterminé Vieillesce est fin, jeunesce est en grâce. Pour q@uoy fait donc da@me, ne pucellette, Si grant dangier de s'amour @à ami, Qui séchera, soubz le pié com l'erbette ? C'est grant folour que n'avons @nous mercy L'un de l'autre ? Quant tout sera pourry, Ceulx qui n'aiment, ceulx qui ont amé, Ly refusant seront chétif clamé, Et li donnant aront vermeille face, Et si seront au monde reno@mmé@ Vieillesce est fin, jeunesce est en grace. ENVOY. Prince, chascun doit en son josne aé Prandre le temps qui lui est desti@né@@ En l'aage viel tout le contraire face Ainsis ara les deux temps en chierté, Ne face nul de s'amour grant fierté Vieillesce est fin, jeunesce est en grâce. Eustache Deschamps. Ballade sur la mort de sire Bertran Duguesclin Estoc d'Oneur, arbres de vaillance, Cuer de lyon espri@ns de hardiment, La flour des preux la gloire de France, Victorieux phardi combatant, Saige en voz fais, bien entreprenant, Souverain home de guerre, Vainqueur de gens conquerreur de terre, Le plus vaillant qui oncques fust en vie, Chascun pour vous doit noir vestir querre Plourez, plourez, flour de chevalerie ! O Bretaingne, ploure ton esperance ! Normandie, fay son entièrement, Guyenne aussi, Auvergne, or t'avence, Et Languedoc, quier lui son monument Picardie, Champaigne Occident, Doivent pour plourer acquerre Tragediens, Arethusa requerre Qui en eaue fut par plour convertie, Afin qu'à tour de sa mort les cuers serre Plourez, plourez, flour de chevalerie. Hé ! gens d'armes, aiez en remembrance Vostre pere vous estiez si enfant. Le bon Bertran, qui tant ot de puissance Qui vous amoit si amoureusement, Guesclin crioit. Priez dévotement Qu'il puist paradis conquerre. Qui dueil n'en sait, et qui n'en prie, il erre, Car du monde est la lumiere faillie De toute honneur estoit la droicte serre Plourez, plourez, flour de chevalerie ! Eustache Deschamps. Ballade Maintes gentes me prie que je face Aucun beaute dis que je leur envoye, Et dectier dient que j'ay la grâce, Mais sauve soit leur paix. Je ne sçauroye Ne puis à beaux dis donner sens ne joye. Puis que prié m'en ont de leur @@bonté, Peine y mettray, quoique ignorante soye, Po@ur accomplir leur bonne voulenté, Mais je n'ay pas sentiment ne espace, De fa@ux dis, ne de soulas, ne de joye, Car ma douleur qui toutes autres passe, Mon sentiment joyeux tout le de@voye @Mais du grand dueil qui @@me tiens morne coye, Puis bien parler @asses apiter Bien diray plus voulentiers, plus seroye Pour accomplir leur bonne voulenté. Et qui voudra sçavoir pourquoy efface Dueil, tout mon bien, de legier le diroye, Ce su@s la mort qui fery sans menace Celluy de qui treftout mon bien avoye, Laquelle mort m'a mis, met en voye De desespoir. Ne puis je n'oz santé. De ce feray mes dis, puis qu'on m' en proye, Pour accomplir leur bonne voulenté, ENVOY. Princes, prenez en gré se ne failloye, Car le dictier je n'ay mie hanté, Mais maint m'en ont prié je l'octroye Pour accomplir leur bonne voulenté. Christine de Pisan, Ballade Mon doulx ami, n'ayez melancolie Se j'ai en moi si joyeuse ma@@niere Et se je fais en tous lieux chiere lie, Et de parler à maint suis coutumiere Ne croyez pas pour ce, que plus legiere Soye envers @vous. Car c'est pour depceuoir Les médifans qui @veulent tout sçavoir. Car se je suis gaye, cointe jol@ye, C'est tout pour vous qu'aime d'amour entiere, Se ne prenez nulz soin qui contralie Votre bon cuer. Car pour nulle @priere, Je n'ameray autre qui m'en requerre. Mais on doit moult douter, à dire voir, Les médifans qui veulent tout sçavoir. Sachiez devoir qu'amours si fort me lie, Que votre amour que n'ay chose tant chiere, Mais ce seroit à moi trop grand folie De ne faire, sors à vous bon@ne chiere@, Ce n'est pas droit, ne chose qui affiere, Devant les gens pour faire appercevoir Les médifans qui veulent tout sçavoir. Christine de Pis@an. Ballade T@@@ant #### @fait par votre grant doulçour, Très @doulz amy, que @vous m'avez conquise Plus @n'y convient complainte, ne clamour Jà n'y aura par moy defense mise. Amours le veult par sa doulce maistrise, Et moy aussi le vueil car, se m'ait Dieux, Au sort c'estoit soleur, quand je m'avise De refuser ami si gracieux. Et j'ay espoir qu'il a tant de valour En vous, que bien fera @m'amour assise Quand de beauté, de grace toute honnour, Il y a ################# droit qu'il soussise, Si est bien droit que sur tous vous eslise, Car vous estes bien digne d'avoir mie@ux Si ay eu tort, quant tant m'avez requise, De refuser ami si gracieux. Si vous retie@n, et vous donne m'amour, Mon fin cuer doulz,@@@ vous pri que faintise Ne treuve en vous, ne nul autre faulz tour, Car toute m'a entièrement acquise Va doulz maintieng, vo manière rassise, Et voz très doulz amoureux beaulx yeux Si auroye grant tort, en toute guise, De refuser ami si gracieux. EN@VOY. Mon doulz a @ni, que j'aim sur tous prise, J'oy tant de bien de vous dire, en tous lieux, Que par raiso@n devroye estre reprise De refuser ami si gracieux. Christine de Pisan. Ballade Seulelte suis, seulette vueil estre, Seulette m'a mon doulz ami laissée, Seulette suis, sans compaignon, ne maistre, Seulette suis, doulente courroucée, Seulette suis, en langour mesaisée, Seulette suis, plus que nulle esgarée, Seulette suis, senz ami demourée. Seulette suis à huiz, ou à fenestre, Seulelte suis en un anglet mucée, Seulette suis pour moi de pleurs repaistre, Seulette suis, doulente ou appaisée, Seulettesuis, rien n'est qui tant me fié Seulette suis en ma chambre enserrée, Seulette suis senz ami demourée Seulette suis partout,@@@ en tout estre, Seulette suis, où je voise, où je fiée, Seulette suis plus qu'auctre rien terrestre, Seulette suis de chascun delaissée, Seulette suis, durement abaissée, Seulette suis souvent toute esplorée, Seulette suis senz ami demourée. ENVOY. Princes, or est ma douleur commenciée, Seulette suis, de tout dueil menaciée, Seulette suis, plus tainte que morée, Seulette suis, senz ami demourée. Christine de Pisan. Complainte sur la mort du duc de Bourgogne Plourez, Françoys, tout d'un commun vouloir Grans petis, plourez ceste grant perte ! Plourez, bo@n roy, bien vous devez vouloir Plourer devez vostre grevance apperte ! Plourez la mort de cil qui, par desserte, Amer deviez par droit de lignaige, @Vostre loyal noble on@cle, le très saige, Des Bourguignons prince duc excellent Car je vous dy qu'en mainte grant besongne Encor direz trestuit à c@uer dolent Affaire cussions d@u bon duc de Bour@gongne Plourez, Berry, plourez tuit sy bci Car ca@use avez, mort la vous a ouverte ! Duc d'Orléans, moult vous en doit chaloir Car par son sens mainte faulte est couverte ! Duc des Bretons, plourez car je suis certe Qu'affaire avez de luy en vo jeune age ! Plourez, Flamens, son noble seignourage ! Tout noble sanc, allez vous adoullant ! Plourez, ses gens ! car joie vous eslongne Dont vous direz souvent en vous doullant Affaire eussions du bon duc de Bourgongne. Plourez, Royne, ayez le cuer noir Pour cil par qui f@eustes on trosne offerte ! Plourez, dames, sans en joie manoir ! France, plourez d'un pillier es déserte, Dont tu reçoys eschec à descouverte Gar toy du mal ! quant mort par son oultrage Tel chevalier t'a toulu, c'est dommaige ! Plourez, pueple commun, sans estre lent Car moult perdez, chascun le le tesmoingne, Dont vous direz souvent mate relent Affaire eussions du bon duc de Bourgongne. Christine de Pisan. Ballade O folz des folz, les folz mortelz hommes, Qui vous fiez tant ès biens de fortune En celle terre, ès pays où nous sommes, Y avez vous de chose propre aucune ! Vous n'y avez chose vostre @nes-une, Fors les bea@ulx dons de grace de nature. Se Fortune donc, par cas d'adventure Vous toult les biens que vostres vous tenez, Tort ne vous sait, ainçois vous fait droicture, Car vous n'aviez riens quand vous fustes nez. Ne laissez plus le dormir à grans sommes En vostre lict, par nuict obscure brune, Pour acquester richesses à grans sommes. Ne convoitez choses dessoubz la lune, Ne de Paris, jusques à Pampelune, Fors ce qu'il fault, sans plus, à creature Pour recouvrer sa simple nourriture. Souffise vous d'estre bien renommez, Et d'emporter bon loz en sepulture Car vous n'aviez riens quand vous fustes nez. Les joyeulx fruicts des arbres @@@les pommes, Au temps que fut toute chose commune, Le beau miel, les@ glandes les gommes Souffisoient bien@ à chascun chascune Et pour ce fut sans @noise sans rancune. Soyez contens des chaulx des froidures, Et me prenez Fortune doulce et seure@. Pour vos pertes, griefve dueil n'en menez, Fors à raison, à point, à @mesure, Car vous n'aviez riens quant vous fustes nez. Se fortune vous fait@ aucune injure, C'est de son droit, jà ne l'en reprenez, Et perdissiez jusques à la vesture@@ Car vous n'aviez riens, quant vous fustes nez. Alain Chartier. Ballade sur le régime de Fortune Sur lac de dueil, sur riviere ennuieuse, Plaine de cris, de regretz, de clains, Sur pesant sourse@@@@ melencolieuse, Plaine de plours, de souspirs de plai@ns Sur gra@ns esta@@ngs d'amertume tout plains, Et de doule@ur sur abisme parfonde, Fortune la sa maison tousjours son@de A l'un@g des lez de roche espouventable. Et en pendant, assin que plustost fonde, En demonstrant qu'elle n'est pas estable. D'une part clere, d'autre tenebreuse Est la maison aux douloureux meshains, D'une part riche d'autre souffreteuse, C'est du costé où les champs sont prochains, Et d'autre part a assez fruictz grains. Là fiet fortune ou tout en air habonde, D'une part noire, de l'autre elle est blonde D'une part ferme, d'autre tresbuchable, Muette, sourde, aveugle, sans faconde En demonstrant qu'elle n'est pas estable. Et là endroit par sa dextre orgueilleuse Qui retenir ne veult brides ne frains, En sa maison doubtable perilleuse Sont les meschiefz tout mouflez emprains, Dont les delictz sont rompuz enfrains, Et les honneurs gloire de ce monde. Car par le tour de sa grant robe ronde Fait à la fois d'ung palais une estable, Et aussi tost que le vol d'une aro@nde, En demonstrant qu'elle n 'est pas estable. EN@VOY. Que voulez vous que je die responde ? Se fortune est une fois delectable, Elle sera amere à la seconde, En demonstrant qu'elle n'est pas estable. Alain Chartier. Ballade sur la mort de sa dame Fy de ce May qu'on clame si courtois, Fy de Venus de la beauté d'elle, Fy d'esperuiers, de faulcons, pivois Fy de harper, de chanter de @vielle De tous oyseaulx, excepté l'aro@ndelle. De moy-mesmes dis-je fy par mon âme, Si fais-je a@ussi d'amours, aussi de Dame. Fy de tous jeux, de chansons, de renvois, Fy de Pallas, de la beauté d'elle, Fy de joustes, de dances, de tournois. Et si dis fy de la façon nouvelle Si fais-je aussi de celuy ou de celle Qui loyaulté maintiendra jour ne terme. Si sais-je aussi d'amours, aussi de Dame. Et s'en dis fy, se plus ne la revois, Pas ne feray comme la turterelle Ains sembler vueil au rossignol du bois. Car aussi tost qu'a fait de sa femelle, Sifflant s'en va, luy monstre son aesle, Lireau luy sait, combien que soit diffame, Si fais-je aussi d'amours, aussi de Dame. Alain Chartier. Ballade Priez pour paix, doulce Vierge Mari@@, Roy@ne des cieulx, @@du monde ################### prier par vostre courtoisie, Saincts fainctes, prenez vostre adress Vers vostre fils, requerrant@ sa @hau@ltesse Qu'il lui plaise so@n peuple regarder, Que de son san@g a voulu racheter, En deboutant guerre qui tout desvoye De prieres ne vous veuilliez lasser, Priez pour paix, le vray tresor de joye, Priez prelaz gens de saincte vie, Religieux, ne dormez en pare@ss @e, Priez, maistres, tous suivans clergie, Car par guerre fa@ult que l'estude cesse Moustiers destruiz sont sans qu'on les #################################################################### Le service de Dieu vous fau@lt laisser, Quand ne povez en repos demourer Priez si fort que briefment Dieu vous oye, L'Eglise voult à ce vous ordonner, Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, princes qui avez seigneurie, Roys, ducs, contes, barons plains de noblesse @@Gentils hommes avec chevalerie, Car meschans gens surmontent gentillesse En leurs mains ont toute vostre richesse, Desbatz les sont en hault estat monter, Vous le povez chascun jour veoir au cler, Et son riches de vos biens monnoye, Dont vous deussiez le peuple supporter Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, peuple qui souffrez tirannie, Car vos seigneurs sont en telle foiblesse, Qu'ilz ne peuvent vous garder par maistrie, Ne vous aider en vostre grant destresse Loyaux marchans, la selle si vous blesse, Fort sur le doz chascun vous vient presser, Et ne povez marchandise mener, Car vous n'avez seur passage, ne voye, Et @maint peril vous convient-il passer Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, galans joyeulx en compaignie, Qui despendre desirez à largesse, Guerre vous tient la bourse de garnie, Priez, amans, qui voulez en liesse Servir a@@mours, car guerre, par rudesse, Vous destourbe de voz dames hanter, Qui maintessoiz fait leurs voloirs torner, Et quant tenez le bout de la courroye, Ung estrangier si le vous vient oster Priez pour paix, le vray tresor de joye. E@N@V@O@Y. Dieu tout puissant nous vueille conforter Toutes choses en terre, ciel mer, Priez vers lui que brief en tout pourvoye, En luy seul est de tous maulx amender Priez pour paix, le vray tresor de joye. Charles d'Orléans. Ballade En regardant vers le pays de France U@ng jour m'avint, à Dovre sur la mer, Qu'il me souvint de la doulce plaisance Que souloie ou dit pays trouver Si co@mmençay de cueur à souspirer, Combien certes que grant bien me faisoit, De veoir France que mon cueur amer doit. Je m'avisay que c'estoit nonsavance, De telz souspirs dedans mon cueur garder, Veu que je voy que la voye commence De bonne paix, qui tous biens peut donner Pour ce tournay en confort mon penser, Mais non pourtant, mon cueur ne se lassoit De veoir France que mon cueur amer doit. Alors chargeay, en la nef d'esperance, Tous mes souhays en leur priant d'aler Oultre la mer, sans faire demo@ura@nce, Et à France de me recommander Or nous doint Dieu bonne paix sans tarder, Adonc auray loisir, mais qu'ainsi soit , De veoir France que mon cueur amer doit. EN@VO@Y. Paix est tresor qu'on ne peut trop louer, Je hé gu@erre, point ne la doit priser, Destourbé m'a longtemps, soit tort ou droit, De @veoir @France que mon cueur amer doit. Charles d'Orléans. Ballade Le beau souleil, le jour saint Valent@in, Qui apportoit sa chandelle alumée, N'a pas longtemps, entra un@g bien matin Priveement en ma chambre fermée, Cette clarté, qu'il avoit apportée, Si m'esveilla du somme de soussy, Où j'avoye toute la nuit dormy Sur le dur lict d'ennuieuse pensée. Ce jour aussi, pour partir leur butin Des biens d'Amours, faisoient assemblée Tous les oyseaulx, qui parlans leur latin, Crioyent fort, demandans la livrée Que Nature leur avoit ordonnée C'estoit d'un per comme chascun choisy, Si ne me peu rendormir, pour leur cry, Sur le dur lit d'ennuieuse pensée. Lors en moillant de larmes mon coessi@n, Je regrectay ma dure destinée, Disant Oyseaulx, je vous voy en chemin De tout plaisir joye desirée Chascun de vous a per @qui lui agrée, Et point n'en ay, car Mort, qui m'a trahy A prins mon per, dont en dueil je languy Sur le dur lit d'ennuie@u@se ################### Saint Valentin choisissent, ceste année, Ceulx celles de l'amoureux party Seul me tendray, de confort desgarny, Sur le dur lit d'ennuieuse pensée. Charles d'Orléans. Ballade Las ! Mort qui t'a fait si hardie, De prendre la noble Princesse Qui estoit mon confort, ma vie, Mon bien, mon plaisir, ma richesse, Puisque tu as prins ma maistresse Prens moy aussi son serviteur, Car j'ayme mieulx prouchainement Mourir, que languir en tourment, En paine, soussy doleur. Las ! de tous ##################### biens estoit garnie, Et en droicte fleur de jeunesse Je pry à Dieu qu'il te maudie Faulse mort, plaine de rudesse Se prise l'eusses en vieillesse, Ce ne sust pas si grant rigueur Mais prise l'as hastivement, Et m'as laissié piteusement En paine, soussy doleur. Las ! je suis seu@l, sans compaig@nie, Adieu ma Dame, ma liesse Or est nostre amour departie, Non pourtant, je vous fais promesse Que de prieres, à l@argesse, Morte vous serviray de cueur, Sans oublier auc@une@ment, Et vous regrecteray souvent En paine, soussy doleur. EN@V@O@Y. Dieu, sur tout souverain Seigneur, Ordonnez, par grace doulce@ur, De l'ame d'elle, tellement Qu'elle ne soit pas longuement En paine, soussy doleur. Charles d'Orleans. Ballade Le premier jour du mois de May, Trouvé me suis en compaignie Qui estoit, pour dire le vray, De gracieuseté garnie Et pour oster merencolie, Fut ordonné qu'on choisiroit, Comme fortune donneroit, La fueille plaine de verdure, Ou la fleur pour toute l'année Si prins la feuille pour livree, Comme lors fut mon aventure. Tantost apres je m'avisay, Qu'a bon droit, je l'avoye choisie, Car, puisque par mort perdu ay La fleur, de tous biens enrichie, Qui estoit ma Dame, m'amie, Et qui de sa grace m'amoit, Et pour son amy me tenoit, Mon cueur d'autre fleur n'a plus cure Adonc congneu que ma pensée @Accordoit à ma destinée, Comme lors fut mon aventure. Pour ce, la fueille porteray Cest an, sans que point je l'oublie. Et à mon pouvoir me tendray Entièrement de sa partie Je n'ay de nulle fleur envie, Porte la qui porter la doit, Car la fleurque mon cueur aimoit Plus que nulle autre creature, Est hors de ce monde pa@ssée, Qui son amour m'avoit donnée, Comme lors fut mon aventure. EN@VOY. il n'est fueille, ne fleur qui dure Que pour ung temps, car esprouvée J'ay la chose que j'ay comptée, Comme lors fut mon aventure. Charles d'Orléans. Ballade intitulée les contredictz de Franc Gontier Sur mol duvet assis ung gras chanoine, Lez ung brasier, en chambre bien nattée A son costé gisant dame Sydoine, Blanche, tendre, pollie, attaintée, Boire ypocras, à jour à nuyctée, Rire, jouer, mignonner baiser, Et nud à nud, pour mieulx les corps s'ayser, Les vy tous deux par ung trou de mortaise, Lors je congneu que pour dueil apaiser Il n'est @trésor que de vivre à son aise. Se Franc Gontier sa compaigne Heleine Eussent cesse doulce vie hantée, D'aulx civotz qui causent sorte alaine N'en mengeassent bise crousttre frottée. Tout leur mathon, ne toute leur potée Ne prise ung ail, je le dy sans noyfier. S'ils se vantent coucher soubz le rosier, Ne vault pas @mieulx lict costoyé de chaise ? Qu'en dictes vous ? faut-il à ce muser ? Il n'est trésor que de vivre à son aise. De gros pain bis vivent, d'orge, d'avoyne Et boivent eau tout au long de l'année. Tous les oiseaulx d'icy en Babyloine, A tel escot, une seule ########### @@me tiendroient, non une matinée. Or s'e@sbate, de par Dieu, Franc Gontier, Hélène o luy, soubz le bel Esglantier, Si bi@en leur est, n'ay ca@use qu'il @me poise. Mais quoy qu'il soit du laboureux mestier, Il n'est trésor que de vivre à son aise. EN@VOY. Prince, jugez, pour tous nous accorder Quant est à @moy, mais qu'à nul n'en desplaise, Petit enfant j'ay oüy recorder Qu'il n'est trésor que de vivre à son aise. François Villon. L'épitaphe en forme de ballade que fit Villon pour luy et pour ses compaignons s'attendant à estre pendu avec eux Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les cueurs contre nous end@urciz@@ Car si pitié de nous pouvres avez, Dieu en aura plustost de vous merciz. Vous nous voyez cy attachez, cinq, six Quant de la chair, que trop avons nourrie, Elle est pieça dévorée pourrie Et nous les os, devenons cendre pouldre De nostre mal personne ne s'en rie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. Se vous clamons, frères, pas n'en devez Avoir desdaing, quoyque fusmes occis Par justice toutesfois vous sçavez Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis, Intercédez doncques de cueur transis, Envers le Filz de la Vierge Marie Que sa grace ne soit pour nous tarie Nous preservant de l'infernalle fouldre. Nous sommes mors, ame ne nous harie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. La pluye nous a débuez lavez Et le soleil desséchez @noirciz Pies, corbeaux nous ont les yeux cavez, Et arraché la barbe les sourcils Jamais nul temps nous ne sommes rassis Puis ça, puis là, comme le vent varie, A son plaisir, sans cesser nous charie Plus becquetez d'oyseaulx que dez à couldre Hommes icy n'usez de mocquerie Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. EN@VOY. Prince JÉSUS , qui sur tous seigneurie, Garde qu'Enfer n'ayt de nous la maistrie, A luy n'ayons que faire, ne que fouldre Ne soyez donc de nostre confrairie Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre. François Villon. Ballade et oraison Père Noé, qui plantastes la @vigne Vous aussi Loth, qui bu@ste@s au rocher, Par tel party, qu'amour qui gens engeing@ne, De vos filles si vous feit approcher Pas ne le dy pour le vous reprocher @Architriclin qui bien sceustes cest art Tous trois vous pris, qu'o vous veu@illiez percher L'ame du bon feu maistre Jehan Cotard. Jadis extraict il fut de vostre ligne, Luy qui beuvoit du meilleur@@@ plus cher Et ne deust-il avoir vaillant qu'un pigne. Certes, sur tous, c'estoit un bon archer On ne luy sceus pot des mains arracher. De @bien boire ne fut oncques faitard. Nobles seigneurs, ne souffrez empêscher L'ame du bon feu maistre Jeha@n Cotard. Comme homme embeu, qui chancelle trépigne, L'ay veu souvent, quand il s'alloit coucher Et une foys il se fit une bigne, Bien m'en so@uvie@nt, à l'étal d'ung boucher. Bref on n'eust sçeu en le monde cercher Meilleur pion, pour boire tost tard Faictes l'entrer, se vous l'oyez hucher, L'ame du bon feu maistre Jehan Cotard. ENVOY, Prince, il n'eut sçeu jusqu'à terre cracher Toujours crioit, haro, la gorge m'ard Et si ne sceut cnq' sa soif estancher, L'ame du bon feu maistre Jehan Cotard. François Villon. Ballade que Villon feit à la requeste de sa mère pour prier Nostre-Dame Dame des Cieulx, régente ################# des infernaulx palux, Recevez moy, vostre h@@@umble Chrestienne, Que comprinse soye entre vos Esl@euz, Ce non obsta@nt qu'onques rien ne @valuz. Les biens de vous, ma dame ma maistresse, Sont trop plus gra@ns que ne suis pécheresse Sans lesquelz biens a@me ne peult mériter, N'entrer es Cieulx, je n'en suis menterresse, En ceste foy je vueil vivre mourir. A vostre filz dictes que je suis sienne. De luy soient mes péchez aboluz Qu'il me pardonne comme à l'Egyptienne, Ou comme il feit au clerc Théophilus, Lequel par vous fut quitte abso@luz, Combien qu'il e@ust au diable faict ######### Preservez moy, que point je ne face ce, Vierge portant, sans rompure encourir, Le sacrement qu'on célèbre à la messe En ceste foy, je vueil vivre mourir. Femme je suis povrette ancienne, Ne riens ne sçay oncques lettre ne leuz Au moustier voy, dont suis parroissienne, Paradis painct, où sont harpes luz, Et un@g enfer ou damnez font bouilluz L'un g me faict paour, l'autre joye et liesse. La joye avoir faictz moy, haulte @déesse, A qui pécheurs doivent tous recourir, Comblez de foy, sans sa@incte ne paresse En ceste foy je vueil vivre@@ mourir. ENVOY. Vous portastes, vierge digne princesse, JÉSUS régnant, qui n'a ne fin, ne cesse. Le tout puissant, prenant nostre faiblesse, Laissa les cieulx, nous vint secourir Offrist à mort sa très chère jeunesse Nostre seigneur tel est, tel le consesse En ceste foy je vueil vivre mourir. François Villon. Ballade des dames du temps jadis Dictes moy, ou, n'en quel pays, Est Flora la belle Romaine ? Archipiada, ne Thaïs Qui fut sa cou@sine germaine ? Écho parlant quand bruyt on mai@ne Dessus riviere, ou sus estan Qui beaulté eut trop plus qu'humaire ? Mais ou sont les neiges d'antan ? Ou est la très-sage Heloïs, Pour qui sut chastré, puys moyne, Pierre Esbaillart, à sainct Denys. Pour son amour eut cette essoyne. Semblablement où est la Royne, Qui commanda que Buridan Fut jetté, en ung sac, en Seine ? Mais ou sont les neiges d'a@ntan ? La Roy@ne blanche comme @ung lys, Qui chantait à voix de Sereine Berthe au grand pied, Biétris, Allys Harembouges qui tient le Mayne @@Et Jehanne la bonne Lorraine, ####################### à Rou@en Ou sont ilz, vierge souveraine ? Mais ou sont les neiges d'antan ENVO@Y. Prince n'enquerez de sepmaine, Ou elles so@nt, ne de cest an, Que ce refrain ne vous re@maine Mais ou sont les neiges d'antan ? François Villon. Doctrine de la belle@ heaulmière aux filles de joie Or y pensez belle gantiére, Qui m'escolière souliez estre Et vous Blanche la savatière, Or est-il temps de vous congnoistre Prenez à dextre à senestre N'espargnez homme, je vous prie Car vieilles n'ont ne cours, n'y estre, @Ne que monnoye qu'on descrie. Et vous la gente saulcissière Qui de dancer estes à deftre Guillemette la tapissière, Ne mesprenez vers vostre maistre Tous vous fauldra clorre fenestre, Quand deviendrez vieille, flestrie Plus ne servirez qu'ung vieil prebstre, Ne que monnoye qu'on descrie. Je hanneton la chaperonnière, Gardez qu'amy ne vous empestre Katherine l'esperonnière, N'envoyez plus les hommes paistre ####### ##### n'est ne perpètre Leur bonne grace, @mais leur rie. Laidde ########################## Ne que monnaye qu'on descrie. EN@V@O@Y. Filles, veuillés vous entremettre D'escouter pour quoy pleure crie, Pour ce que je ne me puys mettre Ne que monnoye qu'on de@fer@ie. François Villon. Ballade Effeminez, lasches amoliz, Plongés en baings, reposez en molz lictz, Ablandissez, actachez en relaiz, Fuyans actraictz de vertus embelliz, Auctorizans voluptueux delictz, Suyvans bancquetz par citez pallais Comme abhortez, très difformes laids, Et de vices prophanez pollus, Premier que soyent leurs droictz ans révoluz, Et par finy leur terme limité, Ils ensuivront les supposiz deolus. Tost déperist pusillanimité. Veneriens jeux plaisans polluz De délices, gras brochetz et coulus, Baisers, embras, attouchemens folletz, Dances, esbas@@@ telz petis meslis Sont en moyens d'auoir ensepueliz Honteusement mains, maistres et varletz Car tous ceulz qu'ont suivi amoureux laiz, Et les ont @diz co@@mme ils les ont voluz Mercenaires d'honneur ne sont esleuz, Ains périront en leur infir@mité Sans que de nulz soient pl@aingez ne dolluz. Tost déperist pusillanimité. Sextus Tarquin subject a neu couliz A Ro@mme feist tant richement crostis, Qu'il abatit les royaulx chappelliz Et Roboam par un@g conseil couliz Meist sur sa gent tribuz merencolis, Dont affaibly se trouva de tous lès Marc Anthoine, eu traynant les ballaiz, Cleopatra laissa ##### ############################ ludz, Lubrique fut@ jusque à l'ext@rémité. Peu dura l'heur de Sardanapalus, Tost déperist pusillanimité. EN@V@O@Y. Prince, voyez comme grans sont aboliz, Tours chasteaulx pays desmoliz, Et tant de gens cheuz en calamité Quand les Vertus sont mises en oublis, Et les vices ont les cue@urs affaiblis. Tost déperist pusillanimité. Octavien de Sainct-Gelaiz. Le cymetière des Anglois Le mandement par Prudence transmis Aux, trois Estats responce doit avoir. Elle nous mande qu'avons des @@ennemis, C'est très bien fait nous le faire assavoir. Puisqu'a tout mal ou voit Anglois mouvoir Contre Françoys, par la foy qu'à Dieu doibz, De resister contr'eulx feray debvoir, Car France est cimetiere aux Anglois. Elle nous mande @@qu'ilz ne sont endormis A nous piller rober nostre avoir, Et qu'ilz ne sont trop lasches ni désmis, Et que de brief nous doibvent venir veoir, C'est très bien fait nous le ramentevoir Devant qu'en France viengnent faire effrois, A celle fin par bon ordre y pourvoir, Car France est cimetiere aux Anglois. De tout bienfait Anglois ont cueur remis. D'ainsi vouloir traïson concepvoir, Et pour ce faire ilz ont tous leurs arts mis Mais qu'ilz se gardent François venir revoir, Car si la mort y debvroys recepvoir Ils comparront le mal fait aux Francoys. Je leur conseille non bouger@@ mouvoir, Car France est cimetiere aux Anglois. ENVOY. Prince qu'on note que si debvoit pleuvoir Pierres, cailloux, flourira blanche croix. Ne taschent plus Anglois nous decepvoir, Car France est cimetiere aux Anglois. Pierre Vach@ot. Une pure et blanche licorne Qui se vint rendre à pureté Le grand veneur, qui tout @mal pourechasse Portant epieux agus affilés, Tant pourchassa par sa mortelle chasse, Qu'il print un cerf en ses lacz filetz ############# par grand despit fillés Pour le surprendre au beau parc d'innocence. Lors la licorne en forme belle effence Saillant en l'air comme royne des bestes, Sans craindre envieux can in, Monstrer se vint au veneur à sept testes Pure licorne expellant tout venin. Le faulx veneur, cornant par fiere audace, Les chiens mordans sur les cha@mps@arrangés, L'esperant prendre en quelque infecte place, Par la fureur de tels chiens @enragés #### desconfits, las decouragés, Ne luy ont faict morseure ou @violence, Car le lyon de divine excellence La nourrissoit d'herbes fleurs celestes, En la gardant par son plaisir benin, Sans endurer leurs abboys molestes, Pure licorne expellant tout venin. Sus elle estoit prévention de grace, Portant les traits d'innocence empanés Pour repeller la vénéneuse trace De ce chasseur ses chiens obstinés, Qui furent tous par elle exterminés Sans lui avoir inféré quelque offense. Sa dure corne eslevoit pour deffense, Donnant support aux bestes trop subjectes A ce veneur cauteleux et malin, Qui ne print onc par ses dards ni sagettes Pure licorne expellant tout venin. Ainsi saillit pardessus sa fallace Et dards pointus d'archer mortel ferrés, Se recevant sur haultaine tarrasse Sans estre prinse en ses lacz @@@ses rhetz, Lesquelz avoit fort tyssus ferrés Pour lui tenir par sa fiere insolence Mais par douceur par benivole@nce Rendre les vint entre les bras honnestes De purité plaine d'amour divin, Qui la gardoit, sans taches deshonnestes, Pure licorne expellant tout venin. Pour estre ès champs des @bestes l'oultrepasse Et conforter tous humains désolés, Triomphalment seule esc@happe surpasse Les lacz infects par icelle ad@nul@lés. Dont ici bas nous som@mes consolés Par la licorne où gist toute affluence D'immortel bien par cèleste influence Car par ses fai@ts méritoires gestes A conservé tout l'orgueil serpentin En se monstrant par vertus manifestes Pure licorne expellant tout venin. E@N@V@O@Y. Veneur maudit, retourne @à les tempestes, Va ############################################# n'as prins, par les cors trompestes, Pure licorne expellant tout ve@nin. Pierre Fabri. Ballade à Christofle de Refuge Se de dix mille martyrs vous voulez rendre Pour estre mis en la grand' confrairie, Besoing sera premierement aprendre L'heur malheur d'ho@@mme qui se marye, Je prie à Dieu la Vierge Marie, Que à ce besoing vous doi@nt ayde secours Puisque le cue@ur y a jà prins son cours, L'oeil y fera guet, embusche, ou escoute Si faulte vient, pour principal recours, Faictes semblant de jamais n'y veoir goutte. Vous avez sens engin pour apprendre Ce que au cas vous sert ou contrarie. Le plus fort n'est hault ouvraige entreprendre, Mais fault penser comment le vent varie Les faictz d'Amour sont oeuvres de faerie, U@ng jour croyssans, l'autre fois en decours Soient gens de ville, de chafteaulx ou de cours, Si quelqu'un@g vient dont vous soyez en do@uble, Et faul@@te vient pour principal recours, Faictes semblant de jamais n'y veoir goutte. Considerez, si femme voulez prendre, Par quel che@min il @fault qu'on la cha@rrye Si faulte faict, la voulez reprendre, Elle sera forcenée@@ @marrye. Soyez dolent, il fa@uldra qu'elle rye Soyez joyeux, elle fera ses tours Si en usant de ruzes et destours, Bien cognoissez que de vous se desgoutte, Et fa@ulte vient pour principal recours Faictes semblant de jamais n'y veoir goutte. ENVOY. Cousi@n, sachez que @à Paris à Tours, Voire à Lyon, chapperons@@@ attours Sont hault de poil si coucludz, somme toute Quant vollerez de faulxcons autours, Faictes semblant de ja@mais veoir go@utte. Guillaume Crétin. Ballade d'amours Qui en amours veult estre heureux Faull tenir train de ################ prompt adventureux, Quant à monstrer l'armaerie Porter drap d'or, orphaverie Car cela les Dames esme@ut. Tout sert mais, par sainte Marie, Il ne faict pas ce tour qui veult. Je f@uz n@agueres amoureux De Dame en beaulté assouvie Qui me dist en motz savoureux, @Mon a@mour est en vous ravye Mais il fault qu'el' soit desservye Par cinquante escuz d'or, s'o@n peult. Cinquante escuz bon gré ma vie ! Il ne faict pas ce tour qui veult. Alors luy donnai, sur les lieux Où elle faisoit l'endormie, Quatre venues de cueur joyeux, Voi@re en moins d'une heure demie L@ors @@me dist, à voix espamye, Encor ung coup le cueur me de@ult. Encor ung coup ! helas! mamye, Il ne faict pas ce tour qui veult. ENVOY. Prince, combien qu'on ait envie D'engresner, quand le moulin meult, Si force puissance devie Il ne faict pas ce tour qui veult. Jehan Marot. Ballade d'amours Plaisant assez des biens de fortune Un@g peu garny, me trouvay amoureux, @Voi@re si bien qu'en aymai tant fort une, Que nu@@@@ict jour j'en estoye douloureux Mais tant y a que je suis si heureux, Que moyennant vingtz escuz à la rose, Je fis cela que chascun bien suppose Alors je dis congnoissant ce passage Au fa@ict d'amours, babil est peu de chose Riche amoureux a tousiours l'advantage. Or est ai@nsi que durant ma pec@une Je fuz retins pour amy precieux Mais quant j'euz faict, sans dire chose aulcune Ceste villaine alla jetter les yeux Sur ung @vieillart riche, mais chassieux, Laid et hideux, trop plus que ne propose. Ce non obstant, il en jouit sa pose, Dont moy conf@uz voyant un@g tel oultrage, Dessus ce texte allay bouter en glose, Riche amoureux a tousiours l'advantage. @@Or elle a tort, car noyse ne rancune N'eu@st onc de moy tant luy fuz gracieux Que s'elle eust dit, donnez-moi de la lune, J'eusse entreprins de monter jusqu'aux cieulx Et non obstant son corps tant vicieulx Au service de ce vieillard expose, Dont ce voyant, ung rondeau je compose, Que luy transmis, mais en peu de langage Me respond franc, povreté te depose Riche amoureux a tousiours l'advantage. EN@VOY. Prince soyez bien parlant comme Orose, Bel entre tous, vermeil comme une rose, Sans dire tien, perdrez temps @@@usage Parquoy je dis tant en ryme qu'en prose, Riche amoureux a tousiours l'advantage. Jehan Marot. Ballade On ne voit plus un tas de fai@@ntes gens Par les deserts, comme au temps a@ncien Ni départir les biens aux indigens, Comme jadis faisoient les gens de bien Aucun pasteur, sinon courtisien, On ne voit plus, ni qui presche en la chaire @@Ains presche au peuple un moine, ou gardien, Qui vit du pain de ceux qui font du bien Et les prelatz, que font ils ? grosse chere. Pour observer les divins mandemens, Ne laisse nul so@n avoir terrien, Et n'y a plus nuls bons entendement Qu'a l'acquerir par maint divers moyen A son salut aucun n'entend plus rien, Ains se@mble à maints que de Dieu n'ont que faire, Nul ne disp@ute encore un arrien, Un idolastre ou un luthérien Et les prelatz, que font-ilz ? grosse chere. De guerroyer les Turcs Mécreans, N'est plus propos, quoi qu'ils nous pressent bien, Ni de mourir comme fit saint Laurens Autres aussi, pour la foi d'un chretien, D'alimenter un pauvre comme un chien, Ou un oiseau ou quelque bourdeillere, Nul n'y a l'oeil, ains d'un rude maintien, Sont dechaffés des huis sans dire rien Et les prelatz, que font-ilz ? grosse chere. EN@V@@OY. Prince, qui es maistre astrologien, Pour voir qui gist au coeur du peuple tien, Tu vois qu'on met ce de devant derriere Tous les estats, par mechant entretien, De t'offenser font leur quotidien Et les prelatz, que font ilz ? gro@sse chere. Eustorge de Beaulieu. Ballade Quand j'ois parler d'un prince de sa cour, Et qu on me dit Fréquentez-y, beau sire Lors je réponds Mon argent est trop court, J'y dépendrois, sans cause, miel cire Et qui de cour la hantise désire, Il n'est qu'un fol fust-ce Parceval Car on se voit souvent, dont j'ai grand ire, Très bien monte, puis soudain sans cheval. Averti suis que tout bien y accourt, Et que d'arge@nt on y trouve à suffire Mais je sçais bien qu'il deflue@@@ @décourt, Comme argent vif sur pierre de porphyre. Argent ne craint son maistre déconfire, Mais s'esjouir d'aller par mont val, En le rendant, pour en deuil le confire, Très bien monté, puis soudain sans cheval. Celui qui a l'entendement trop lourd N'y réussit, sors a souffrir martyre, Et qui l'esprit a trop gai, prompt gourd, Il perd son temps malheur à lui se tire. Esprit moyen, chevance à lui se tire Mais le danger est de ruer aval@@@@@@ ##### ava@l Car la cour rend le mignon qu'elle attire Très bien monté, puis soudain sans cheval. ENVOY. Prince, vrai est, on ne s'en peut dédire, Que la cour sert ses gens de bien mal, Et qu'elle rend l'homme, sans contredire@@, Très bien monté, puis soudain sans cheval. Jehan Bouche@t. Ballade touchant justice O j@usticiers qui ministrez justice, Pas n'est requis d'estre foibles ne fresles Quand vous devez corriger la malice Des vicieux plains de toutes cautelles, Ni estre aussi trop ingratz ou rebelles Pitié y doit @@auoir quelque regard Vous estes ce@ulx à qui e@st demandée Par les humains, c@@ongnoissez par art@ Que Justice est ############ cieux procédée Soubz vos manteaulx doit reposer police Comme au temple reposoient les pucelles Car vous auez par les princes office De respandre par tous ses esti@ncelles. Espandez les sur tous ceulx sur celles Qui par larcin, tromperie @@barat @L'ont chassée hors, pillée gourmandée, Car vous sçavez, corrigeant tout estat Que Justice est des sainctz cieulx procedée. N'est si ferré, comme on dit, qui ne glisse, Ne si saiges qui n'ayent sottes cervelles, Si tresubtil qui ne face un tour nyce, Ne si justes qui n'ayent faulses querelles, Mais getter fault d'auec soy choses telles Se possible est, plus tost que plus tart, Ou de voz cueurs vertu est @decedée, Rememorans en public à part Que Justice est des sainctz cieulx procedée. ENVOY. Princes, saichez qui justice depart Peine eternelle luy sera euadée Car ce n'est point menterie ou broquart Que Justice est des sainctz cieulx procedée. Pierre Gringoire. D'un Chat d'un Milan Ie @vy n'aguere vn des plus beaux combats Qu'il est possible, vaut bien qu'on le sache, Vn milan vit @un chat dormant en bas, Si fond sur lu@y, du poil luy arrache Le chat combat, au milan s'attache Si viuement, l'estraint si très fort, Que le milan faisant tout son effort De s'en voler, se tint pris à sa prinse, Lors me souuint d'un qui a faict le fort, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. le laisse aux grands parler de grands debats le sens trop bien où mon soulier me mache, Et ne veux point que sous mon stile bas, Il soit pensé que rien de grand ie cache Ce que i'entens n'est sinon qu'il me fache, Qu'en ce temps cy ou nous auons renfort, Aux bonnes arts, que le commun ############## busard le moleste à grand tort, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. Pour ce coup cy son nom n'escriray pas, Ce m'est assez qu'on l'entende à sa tache, Mais s'en auant il fait iamais vn pas, Qu'il ne s'estonne alors si on luy lasche Infinis traitz dont le moindre plus lache L'iroit trouuer iusques dedans son fort, De Lycambes taint au sang noir ord Pourtant qu'il preigne aduis sur l'entreprise Du fol milan volant pour chat qui dort, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. EN@VOY. Vn bien sauant gueres ne poind ne mord, Et l'ignorant s'il peut nuit en surprise, Dont à la fin cest ennuy le remord, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. Mellin de Saint-Gelais. Du temps que Marot estoit au Palais à Paris Musiciens à la voix argentine, Doresnavant comme un homme esperdu Je chanteray plus hault qu'une buccine @@Hélas ! si j'ay mon joly temps perdu. Puis que je n'ay ce que j'ay prétendu, C'est ma ch@an@so@n, pour moy elle est bien deue Or je voys veoir si la guerre est perdue, O@u s'elle picque ainsi qu'un herisson. A@dieu vous dy, mon maistre Jehan Grisson Adieu Palais la porte Barbette, Où j'ay ch@anté mainte belle chanson Pour le plaisir d'une jeune fillette. Celle qui c'est en jeunesse est bien fine, Où j'ay esté assez mal entendu, Mais si pour elle encores je chemine, Parmy les pieds je puisse estre pendu @@C'est trop chanté, sifflé attendu Devant sa porte, en passant par la rue, Et mieux vauldro@it tirer à l@a charrue Qu'avoir tel' peine, ou servir @un masson. Bref, si jamais j'en trembl@e de frisson, Je suis content qu'on m'appelle Caillette C'est trop souffert de peine marrisson Pour le plaisir d'une jeune fillette. Je quicte tout, je donne, je resigne Le don d'aymer, qui est si cher vendu, Je ne dy pas que je me déterminé De vaincre Amour, cela ################ Car nul ne peult contre son arc tendu. Mais de souffrir chose si mal congrue, Par mon serment, je ne suis plus si grue. On m'a aprins tout par cueur ma leçon Je crains le guet, c'est un maulvais garso@n, Et puis de nuyct trouver une charrette, Vous vous cassez le nez comme un glaçon Pour le plaisir d'une jeune fillette. E@N@V@O@Y. Prince d'amour regnant dessoubz la nue, Livre la moy en un lict toute nue, Pour me payer de mes maulx la faço@n, Ou la m'envoye à l'ombre d'un buysson Car s'elle estoit avecques moy seulette T@u ne veis onc mieulx planter le cresson Pour le plaisir d'une jeune fillette. Clément Marot. A Madame d'Alençon pour estre couché en son Estat Princesse au cueur noble rassis, La fortune que j'ay suivie Par force m'a souv@ent assis Au froid giron de triste vie De m'y seoir encor me convie, Mais je respons comme fasché D'estre assis je n'ay plus d'envie Il n'est que d'estre bien couché. Je ne suis point des excessifz Importuns, car j'ay la pepie, Dont suis au vent comme un chassis, Et debout ainsi qu'une espie Mais s'une fois en la copie De vostre estat je suis merché, Je criray plus hault qu'une pie@@ Il n'est que d'estre bien couché. L'un soustient contre cinq ou six Qu'estre accouldé, c'est musardie, L'autre, qu'il n'est que d'estre assis Pour bien tenir chere hardie L'autre dit que c'est melodie D'un homme debout bien fiché Mais quelque chose que l'on die, Il n'est que d'estre bien couché. ENVOY. Princesse de vertu remplie Dire puis comme j'ay to@uché , Si promesse m'est accomplie Il n'est que d'estre bien couché. Clément Ma@rot. De frere Lubin Pour courir en poste à la ville Vingt foys, cent foys, ne sçay combien Pour faire quelque chose vile, Frere Lubin le fera bien Mais d'avoir honne@ste entretien, Ou mener vie salutaire, C'est à faire à un bon chrestien, Frere Lubin ne le peult faire. Pour mettre comme @un homme habile Le bien d'autruy avec le sien, Et vous laisser sans croix ne pile, Frere Lubin le fera bien On a beau dire je le tien, Et le presser de satisfaire, Jamais ne vous en rendra rien, Frere Lubin ne le peult faire. Pour desbaucher par un doulx stile Quelque fille de bon maintien, Point ne fault de vieille subtile, Frere Lubin le fera bien. Il presche en bon théologien, Mais pour boire de belle eau claire, Faictes la boire à votre chien, Frere Lubin ne le peult faire. E@N@V@O@Y. Pour faire plus tost mal que bien, Frere Lubin le fera bien Et si c'est quelque bon affaire, Frere Lubin ne le peult faire. Clément Marot. Chant de May de Vertu Voulentiers en ce moys icy La terre mue renouvelle. Maintz amoureux en font ainsi, Subjectz à faire amour nouvelle Par legiereté de cer@velle, Ou pour estre ailleurs plus contens Ma façon d'aymer n'est pas telle, Mes amours durent en tout temps. N'y a si belle dame aussi De qui sa beauté ne chancelle Par temps, maladie ou soucy, Laydeur les tire en sa nasselle Mais rien ne peult enlaydir celle Que servir sans fin je pretens Et pour ce qu'elle est tousiours belle, Mes amours durent en tout temps. Celle dont je dy tout cecy, C'est Vertu, la nymphe eter@nelle, Qui au mont d'honneur esclercy Tous les vrays amoureux appelle Venez amans, venez dit-elle , Venez à moi, je vous attens Venez ce dit la j@ouvencelle , Mes amours durent en tout ################# Prince, fais amye immortelle Et à la bien aimer entens, Lors pourras dire sans cautelle,@@ Mes amours durent en tout temps. Clément Marot. Ballade en faveur des oeuvres De Neuf-Germain Par tous les coins de l'Univers Le Cygne Mantouan resonne L'aveugle Thebain de ses vers Encor toute la Terre étonne, Mais je n'accorde la couronne, Pour le Grec, ny pour le Romain. En l'employant mieux je la donne Au beau Monsieur de Neuf-Germain. L'autre jour le grand Apollon Pere du jour de la gloire, Tenoit au Ciel un violon Marqueté d'ébene d'yvoire, Et dit aux filles de Memoire, Je le veux mettre en bonne main, Car je le garde pour la foire Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Mercure luy dit C'est un fou, Que de trop bon oeil tu regardes, Il fit des vers sur Tribardou, Avec des paroles Lombardes Mais @ses rimes sont trop hagardes, Le @Mars jura par saint Firmin. Qu'il vouloit donner des nazardes Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Les Muses lors firent un cry Qui passa la dixieme Sphére Et défendant leur favory, Pleines d'une juste colere, Jurerent à Jupin leur pere, Qu'elles partiroient dès demain Si pas un d'eux osoit @déplaire Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Jupiter dit à haute voix, Mes chères filles, je me fie Entièrement à votre choix, Quel qu'il soit, je le deïfie, Et veux, je vous le certifie, Que sur Parnasse ou en chemin, Cinquante veaux on sacrifie Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Voiture. Ballade du pays de Cocagne Ne louons l'Isle o@ù Fort tune jadis Misi ses trésors, ni la plaine Elisée, Ni de Mahom le @noble Paradis, Car chacun sait que c'est billeuef@ée. Par nous plutoft Cocagne soit privée C'est bo@n Païs l'Almanach point ne ment, Où l'on le voit depeint fort dig@nement, Or pour falloir où gist cette campag@ne, Ie le diray disant Pays en Normand, Le Pays de Caux est le Pays de Cocagne. Tous les Mardys y sont de gras Mardys, De ces Mardys l'année est compofée. Cailles y vont dans le plat dix à dix, Et perdreaux sont tendres comme rosée. Le fruit y pleut, si que c'est chose aisée De le cueillir se baissant seulement. Poissons en beurre y nagent largement, Fleuues y sont du meilleur vin d'Espagne, Et tout cela fait dire hardiment Le Pays de Caux est le Pays de Cocagne. Pour les Beautis de ces lieux, Amadis Eust Oriane en son temps mesprisée, Bien donnerois quatre marauedis Si i'en auois une seule baisée. Plus cointes sont que n'est une Espousée, Et dans Palais s'esbatent noblement. Près leur déduit leur esbatement Rien n'eust paru la Cour de C@harlemagne, Quoy que Turpin en escriue autrement. Le Pays de Caux est le Pays de Cocagne E@N@V@O@Y. Prince, ie iure icy foy de Normand Que mieux vaudroit estre en Caux vn moment. Roy d'Yuetot, qu'Empereur d'Allemagne Et la raison, c'est que certainement Le Pays de Caux est le Pays de Cocagne Sarrasin. Ballade d'enlever en amour sur l'enlevement de Mademoiselle de Bouteville par Monsieur de Coligny Certes ce gentil jeu d'amours, Chacun le pratique à sa guise, Qui par Rondeaux beaux discours, Chapeau de fleurs, gente cointise, To@urnoy, bal, festin, ou deuise, Pense les belles c@aptiuer M@ais ie pense, quoy qu'on en dise, Qu'il @n'est rien tel que d'enleuer. C'est bien des plus merueilleux tours La pa@sseroute la maistrise Au mal d'aimer, c'est bien tousiours Vne prompte souëfue crise, C'est au gasteau de friandise De Venus la féue trouuer. L'Amant est fol qui ne s'auise Qu'il n'e@st rien tel que d'enleuer. Ie j'ay bien que les premiers jours Que Becasse est bridée prise, Elle invoque Dieu au secours Et ses parens à barbe grise Mais si l'amant qui l'a conquise Sait bien la Rose cultiuer, Elle chante en face d'Eglise Qu'il n'e@st rien tel que ############################## @@@Prince vse tousiours de main mise, Et te souviens pouuant trouver Quelque jeune fille en ch@emise. Qu'il ########################## Sarrasin. Ballade L'Amour pour ma liberté Me promet un doux martire. Ma raison de son côté Me fait peur de son empire, Me dit que je m'en retire Mais mon coeur sans s'allarmer, Me dit Aime, ose, desire, Il n'est rien tel que d'aimer. Mon c@ueur, je suis bien tenté, J'ai grand'pei@ne à te dédire Mais enfin si la beauté A qui tu veux que j'aspire, Te rebute te déchire, Pourras-tu t'en retirer, Et viendras-tu me redire Il n'est rien tel que d'aimer ? Oui, je te le redirai, Dit mon cueur, tant que j'expire, On est assez fortuné D'aimer toujours Silvanire, Sans espoir de la réduire. Laisse moi donc enflammer, Si tu veux que je respire. Il n'est rien tel que d'aimer. E@N@VOI. Beauté pour qui je soupire, Quoi qu'il en puisse arriver, N'aimer rien, c'est, sans trop dire, De tous les états le pire, Il n'est rien tel que d'aimer. Bussy-Rabutin. Ballade sur la lecture des romans et des livres d'amour Hier je mis, chez Chloris, @en train de discourir, Sur le fait des roma@ns, Alizon la sucrée. N'@est-ce pas grand'pitié, dit-elle, de souffrir Que l'on meprise ainsi la Legende dorée, Tandis que les romans sont si chere denrée ? Il vaudroit beaucoup @@mieux qu'avec maints vers du te@mps De Messire Honoré l'histoire #### bruslée. Ouy pour vous, dit Chloris, qui passez cinquante ans@@. Moi, qui n'en ai que vingt, je pretens que ############### en mon cabinet encor quelque se@jour Car, pour vous découvrir le fond de ma pensée, Je me plais aux li@vres d'amour. Chloris eut quelque tort de parler si crûment Non que Monsieur d'Urfé n'aist faict une oeuure exquise Etant petit garçon je lisois son roman Et je le lis encore ayant la bar@ve grise. Aussi contre Alizon je faillis d'avoir prise, Et soutins haut@@@ clair qu'Urfé, par-cy par-là, De preceptes moraux nous instruit à sa guise. De quoy, dit Alizon, peut servir tout cela ? Vous en voit on aller plus souvent à l'église ? Je hais tous les menteurs , pour vous trancher court, Je ne puis endurer qu'une femme me dise, Je me plais aux livres d'amour. Alizon dit ces mots avec tant de chaleur, Que je crus qu'elle estoit en vertus accomplie Mais ses péchez escrits tomberent par malheur. Elle n'y prit pas garde. Enfin estans sortie, Nous vi@smes que son sait estoit papelardie, Trouvant entre autres points dans sa confessio@n J'ai lu maistre Louis mille fois en ma vie Et mesme quelquefois j'entre en tentation Lorsque l'ermite trouve Angélique endormie, Resvant à tel fatras souvent le long du jour. Bref, sans considerer censure ni demie, Je me plais aux livres d'amour. Ah ! ah ! dis-je, Alizon, vous lisez les romans, Et vous vous arrestez à l'endroict de l'ermite ! Je crois qu'ainsi que vous pleine d'enseignemens Oriane prêchoit, faisoit la chattemite. Après mille façons, cette bonne hypocrite Un pain sur la fournée emprunta, dit l'auteur Pour un petit poupon l'on sçait qu'elle en fut quitte@ Mainte belle sans doute en a ri dans son coeur. Cette histoire, Chloris, est du pape maudite Quiconque y met le nez devient noir comme un sour, Parmi ceux qu'on peut lire dont voici l'élite, Je me plais aux livres d'amour. Clitophon a le pas par droit d'antiquité Heliodore peut par so@n prix le prétendre Le roman d'Ariane est trés-bien inventé J'ai lu vingt vingt fois celuy de Polexandre. En fait d'évenemens, Cleopatre Caffandre Entre les beaux premiers doivent estre rangez Chacun prise Cyrus la carte du Tendre, Et le frere la soeur ont les coeurs partagez. Mesme dans les plus vieux je tiens qu'on peut apprendre@ P@erceval le Gallois vient encore à son tour, Cervantes me ravit,@@@ pour tout y comprendre Je me @plais aux l@ivres ############### A Rome on ne lit point Boccace sans dispense Je trouve en ses pareils bien du contre du pour. Du surplus Honny soit quy mal y pense ! Je me plais aux livres d'amour. Jean de La Fontaine. Sur Escobar C'est bon droit que l'on condamne à Rome L'évêque d'Ypre, a@ute@ur de vains débats Ses sectateurs nous défendent en somme Tous les plaisirs que l'on goûte ici-bas, E@n paradis allant au petit pas, On y parvient quoi que Arnauld nous en dise La volupté sans cause il a ba@nnie. Veut-on monter sur les célestes tours,rs, Chemin pie@rreux est grande rêverie. Escobar fait un chemin de velours. Il ne dit pas qu'on peut tuer un @ho@mme Qui, sans raison, nous tient en altercas Pour un fét@u ou bien pour une pomme Mais qu'on le peut pour quatre ou cinq ducats. M@ême il soutient qu'on peut en certains cas Faire un serment plein de supercherie, S'abandonner aux douceurs de la vie, S'il est besoin, conserver ses amours. Ne faut-il pas après cela qu'on crie Escobar fait un chemin de velours ? Au nom de Dieu, lisez-moi quelque somme De ces écrits dont chez lui l'on fait cas. Qu'est-il besoin qu'à présent je les nomme ? Il en est tant qu'on ne les connoît pas. De leurs avis servez-vous pour compas. N'admettez qu'eux en votre librairie Brûlez Arnauld avec sa coterie, @Près d'Escobar ce ne sont qu'esprits lourds. Je vous le dis ce n'est point raillerie, Escobar fait un chemin de velours. ENVOI. Toi, que l'orgueil poussa dans la voirie, Qui tiens là-bas noire conciergerie, Lucifer, chef des infernales cours, Pour éviter les traits de ta furie, Escobar sait un chemin de velours. Jean de La Fontaine. Sur le mal d'amour De tant de maux qui traversent la vie, Lequel @de tous donne plus d'embarras ? De grands ############ la famine est suivie La guerre aussi cause bien des fracas La peste encore est un dangereux cas Femme fâcheuse est un méchant partage Faute d'argent cause bien du ravage Mais pas ne sont là les plus douloureux Si m'en croyez, aussi bien que le sage, Le mal d'amour est le plus rigoureux. De l'éprouver un jour me p@rit envie, Mais aussitôt adieu joie soulas Ennuis cuisans, noirs soupçons, jalousie, Cent autres maux je vois venir à tas, Tous mes déduits furent de grands hélas ! Liberté fit place à honteux servage, Tu us d'abord, pauvre coeur, mis en cage, D'où bien voudrois sortir, mais tu ne peux Lors tu chantas sur un piteux ########################## mal d'amour est le plus rigoureux. Quand la beauté que vous avez servie A vos désirs parfois ne répond pas C'est bien alors que c'est la diablerie Prendre on voudroit le parti de Judas. On se pendroit pour moins de deux d@ucats Sans cesse au coeur on a fureur rage Fer et poison, on met tout en usage Pour se tirer d'un pas si malheur@eux. Qui peut après douter de cet adage Le mal d'amour est le plus rigoureux ? J'excepte amour qui se traite en Turquie Dans les sérails de ces heureux hachas D'o@ù cruauté fut de tout temps bannie, Où douceur gît toujours entre deux draps Plaisirs y sont sur des lits de damas, Chagrins jamais jamais dame sauvage. Jusqu'aux tendrons qui font l'apprenti@ssage, Tout est galant, traitable gracieux Partout ailleurs, dont de bon coeur j'enrage, Le mal d'amour est des plus rigoure@ux. ENVOI. Objet charmant, de qui la belle image Tient dès longtemps mon coeur en esclavage, Soulage un peu mon tourment amoureux. Si tu me fais un tour si généreux, Plus ne tiendrai ce déplaisant langage Le mal d'amour est le plus rigour@eux. Jean de La Fontaine. Ballade à madame Fouquet pour le premier terme Comme je vois monseigneur votre époux Moins de loisir qu'homme qui soit en France, Au lieu de lui, puis-je payer à vous ? Seroit-ce assez d'avoir votre quittance ? Oui, je le crois rien ne tient en balance Sur ce point-là mon esprit soucieux, Je voudrois bien faire un don précieux Mais si mes vers ont l'honneur de vous plaire, Sur ce papier promenez vos beaux yeux. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! Je viens de Vaux, sachant bien que sur tout Les Muses sont en ce lieu résidence Si leur ai dit, en ployant les genoux Mes vers voudroient faire la révérence A deux soleils de votre connoissance, Qui sont plus beaux, plus clairs, plus radieux Que c@elui-là qui loge dans les cieux Partant, vous faut agir dans cette affaire, Non par acquit, mais de tout votre mieux. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! L'une des neuf m'a dit d'un ton fort doux Et c'est Clio, j'en ai quelque croyance Espérez bien de ses yeux de nous.@ J'ai cru la Muse @sur cette assurance J'ai fait ces vers, tout rempli d'espérance. Commandez donc en termes gracieux Que, sans tarder, d'un soin officieux, Celui des Ris qu'avez pour secrétaire. M'e@n expédie un acquit glorieux. En puissiez-vous dans cent ans auta@nt ################### Reine des coeurs, objet délicieux, Que suit l'enfant qu'on adore en des lieux Nommés Paphos, Amathonte, Cythere, Vous qui charmez les hommes les Dieux, En puissiez-@vous d@ans cent ans autant faire ! Jean de La Fontaine. Ballade A caution tous amants sont sujets, Cette maxime en ma tête est écrite Point n'ay de foi pour leurs tourmens secrets Point auprès d'eux n'ay be@soin d'eau b@énite, Dans coeur humain probité plus n'habite, Trop bien encore a-t-on les mêmes dits Qu'avant qu'Astuce au monde fut venue Mais pour d'effets, la mode en est perdue, On n'aime plus comme on aimoit jadis. Riches atours, table, nombreux @valets, Font aujourd'hui les trois quarts du mérite. Si des amans sou@@mis, constans, discrets, Il est encor, la troupe en est petite. Amour d'un mois est amour @decrepite. Amans brutaux sont les plus aplaudis. Soupirs pleurs feroient passer pour gruë, Faveur e@st dite aussi tôt qu'obte@nue. On n'aime plus comme on aimoit jadis. Jeunes beautez en vain tendent filets Les jouvenceaux, cette engeance maudite, Fait bande à part, près des plus-doux objets D'être indolent chacun se félicite, Nul en Amour ne daigne être hypocrite Ou si parfois un de ces étourdis A quelques soins s'abaisse, s'habitue, Don de Mercy seul il n'a pas en vûe On n'aime plus comme on aimait jadis. Tous jeunes coeurs se trouvent ainsi faits. Telle denrée aux foses se débite. Coeurs de barbons sont un peu moins coquets@ Quand il fut vieux le diable fut hermite, Mais rien chez eux à tendresse n'invite. Par maints hyvers desirs sont refroidis. Par maux fréquens humeur devient bourrue Quand une fois on a tête chenuë, On n'aime plus comme on aimoit jadis. ENVOY. Fils de Venus, songe à tes intérêts, Je voy changer l'encens en camouflets Tout est perdu si ce train continuë. Ramène nous le siecle d'Amadis. Il t'est honteux qu'en cour d'attraits pour@vûë Où politesse au comble est parvenuë, On n'aime plus comme on aimoit jadis. Madame Deshoulières. A Madame Deshoulières en réponse à la ballade dont le refrain est On n'aime plus comme on aimoit jadis Qu'à caution tous amans soient ###### C'est une erreur qui les bons ############# On voit au monde assez d'amans discrets La race encor n'est pas toute détruite Quoi qu'en ait dit femme un peu trop dépite, Rien n'est changé du siècle d'Amadis, Hors que pour estre amitié maintenue Plus n'est besoin d'Urgande Desconnue On aime encor comme on aimoit jadis. Il est bien vray qu'on choisit les objets, Plus n'est le temps de dame sans mérite Quand beauté luit sous simples bavolets, Plus sont prisez que reine décrépite Sous quelque toit que Bonne-Grace habite, Chacun y court, jusqu'aux plus refroidis Depuis Adam cela se continue, Et quand Grâce est de Bonté soute@nue, On aime encor comme on aimoit jadis. Quand Celadon au pays des Forets Étoit prôné comme un amant d'élite, On vit Hylas, patron des indiscrets, En plein marché tenir autre conduite. Bref en tout temps Amour eut à sa suite Sujets loyaux sujets étourdis Or n'en est pas la coustume perdue, Comme autrefois la mode en est venue On aime encor comme on aimoit jadis. ENVOI. Toi qui te plains d'Amour de ses traits, Dame chagrine, apaise les regrets Si quelque ingrat rend ton humeur bourrue, Ne t'en prends point à l'Enfant de Cypris Cause il n'est pas de ta déconvenue Quand la dame est d'attraits assez pourvue, On aime encor comme on aimoit jadis. Jean de La Fontaine. Ballade sur une vieille fille qui vouloit se remarier C'est tout de bon, @Venus aux cheveux gris Après vingt ans des glaces du veu@vage Les feux d'Amour échauffent vos esprits Quoi ! le Da@mon vous charme vous engage Ma@is pour fixer ce coeur fier @volage, T@rès-p@eu vous sert de brûler comme un four Chez un galant, chercheur de pucelage, Vieille femme est un remede à l'Amour. Vous ne devez songer qu'au Paradis La mort est proche, vous guette au passage Et cet amour dont vos sens sont épris, Ne servira qu'à hâter le voyage. Jadis les coeurs vous rendirent hommage Jadis chez vous les ris firent sejour Mais maintenant il faut plier bagage Vieille femme est un remede à l'Amour. Il me souvient d'avoir lû que jadis, Ainsi que vous sur le déclin de l'âge, Phèdre sentit de semblables soucis Mais chacun sçait qu'Hipolite fut sage Ce Prince étoit delicat personnage Aussi d'abord, sans prendre un long détour, En peu de mots il lui tint ce langage Vieille femme est un remede à l'Amour. E@N@VOI. Pour réparer les défauts du visage, On peut user d'un assez plaisant tour Et c'est l'argent mais sans cet avantage, Vieille femme est un remede à l'Amour. Jean-Baptiste Rousseau. Ballade du Vieux Temps A qui mettoit tout dans l'amour, Quand l'amour lui-même décline, Il est une lente ruine, Un deuil amer sans retour, L'autoumne trainant s'achemine Chaque hiver s'allonge d'un tour, En ################### s'illumine Sa lu@@mière n'est plus divine A qui mettoit tout dans l'amour ! @En vain la Beauté sur sa tour, Où fleurit en bas l'aubépine, Monte avec l'aurore fascine Le regard qui rode d l'entour. En vain sur l'écume marine De jour encor sourit Cyprine Ah ! quand ce n'est plus que de jour, Sa grâce elle-même est chagrine A qui mettait tout dans l'amour ! Sainte-Beuve. Ballade des Pendus Sur ses larges bras étendus, La foret o@ù s'éve@ille Flore, A des chapelets de pendus Que le malin caresse dore. Ce @bois sombre, où le chêne arbore Des grappes de fruits inouïs Même chez le Turc le More, C'est le verger du roi Louis. Tous ces pauvres gens mo@rsondus, Roulant des pensers qu'on ignore, Dans les tourbillons éperdus Voltigent, palpitants encore. Le soleil levant les dévore. Regardez-les, cieux éblouis, Dan@ser dans les feux de l'aurore. C'est le verger du roi Louis. Ces pe@ndus, du diable entendus, Appellent des pendus encore. Tandis qu'aux cieux, d'azur te@ndus, Où semble luire un météore, La rosée en l'air s'évapore, Un essaim d'oiseaux réjouis Par dessus leur tête picore. C'est le verger du roi Louis. ENVOI. Prince, il est un bois que décore Un tas de pendus enfouis Dans le doux feuillage sonore, C'est le verger du roi Louis. Théodore de Banville. Ballade des pauvres Gens Rois @qui serez jugés à votre tour, Songez à ceux qui n'ont ni sou ni maille Ayez pitié du peuple tout amour Bon pour fouiller le sol, bon pour la taille Et la charrue, @@@bon pour la bataille. Les malheureux sont damnés, - c'est ainsi ! -Et leur fardeau n'est jamais adouci. Les moins meurtris n'ont pas le @néc@essaire. Le froid, la pluie à le soleil aussi, @@Aux pauvres gens tout est peine misère. Le pauvre hère en son triste séjour, Est tout pareil à ses bêtes qu'on fouaille. Vendange-t-il, a-t-il chauffé le four Pour un fe@stin ou pour une épo@usaille, Le seigneur vient, toujours plus endurci. Sur son vassal, d'épouvante saisi, Il met la main, comme un aigle sa serre, Et lui prend tout, en disant Me voici ! Aux pauvres gens tout est peine misère. Ayez pitié du pauvre fou de cour ! Ayez pitié du pêcheur qui tressaille Quand l'éclair fond sur lui comme un vautour, Et de la vierge aux yeux bleus, qui travaille, Humble révant sur sa chaise de paille. Ayez pitié des mères ! O souci, O deuil ! L'enfant rose blond meurt aussi. La mère en pleurs entre ses bras le serre, Pour réchauffer son petit corps transi Aux pauvres gens tout est peine misère. ENVOI. Prince ! pour tous je demande merci ! Pour le manant sous le soleil noirci Et pour la nonne égrenant son rosaire Et pour tous ceux qui ne sont pas d'ici Aux pauvres gens tout est peine misère. Théodore de Banville. Ballade des belles Châlonnai@se@s Pour boire j'aime un compagnon, J'aime une franche gaillardise, J'aime un broc de vin bourguignon, J'aime de l'or dans ma valise, J'aime un verre fait à Venise, J'aime parfois les violons Et surtout, pour faire à ma guise, J'aime les filles de Châlons. Ce n'est pas au bord du Lignon Qu'elles vont laver leur chemise. Elles ont un épais chignon Que tour à tour frise défrise L'aile du vent de la brise De la nuque jusqu'aux talons, Tout le reste est neige cerise, J'aime les filles de Châlons. Même en revenant d'Avignon On admire leur vaillantise. Le sein riche le pied mignon, L'oeil allumé de convoitise, C'est dans le vin qu'on les baptise. Vivent les cheveux drus longs ! Pour avoir bonne marchandise, J'aime les filles de Châlons ! ENVOI. Prince, un chevreau court au cytise ! Matin soir, dans vos salons Vous raillez ma fainéantise J'aime les filles de Châlons. Théodore de Banville. Ballade pour ma commère Le beau baptême et l@a belle commère ! Quels jolis yeux ! disaient les assistants. On rôtissait les boeufs entiers d'Homère Et l'on ouvrait la porte à deux battants. Bonne Alizon ! même après tant de temps, Quand je la vois, mon âme en est tout aise. Elle a des yeux d'enfer, couleur de braise, Et le sein rose des lys à foison Elle est savante avec ses airs de niaise. Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! En ce temps-là, mordant l'écorce amère, Dans m@on pays de forêts d'étangs, J'étais encore un coureur de chimère. Elle, on e@ût dit un matin de printemps ! Mais, à la fin, voici qu'elle a trente ans. Ses grands cheveux sont blonds, ne vous déplaise Et longs et fins, lourds, par parenthèse, A n'y pas croire. O la riche toison ! A la tenir on fait ce qu'elle pèse. Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! Oh ! comme suit cette enfance éphémère ! Mon Alizon, dont les cheveux flottants Étaient si sous, regarde, en bonne mère, Ses petits gars, forts comme des tita@ns, Courir pieds nus dans les prés éclatants. Elle travaille, assise sur sa chaise. Ne croyez pas surtout qu'elle se taise Plus qu'un oiseau dans la belle saison, Et sa chanson n'est pas la plus mauvaise. Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! ENVOI. Avec un rien, on la fâche, on l'apaise. Les belles dents à croquer une fraise ! J'en étais fou pendant la f@enaison. Elle est mignonne rit quand on la baise, Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! Théodore de Banville. Ballade de la vraie Sagesse Mon bon ami, poëte aux longs cheveux, Joueur @de flûte à l'humeur vagabonde, Pour l'un qui vient je l'adresse mes voeux Enivre-toi, dans une paix profonde, Du vin san@gla@nt de la beauté blonde, Comme à Noël, pour faire reveillon Près du foyer en flamme, où le grillon Chante à mi-voix pour charmer ta paresse, Toi, vieux Gaulois fils du bon Villo@n, Vide ton verre baise ta maitresse. Chante, rimeur, la Jeanne ses grands yeux Et cette lèvre où le sourire abonde Et que tes vers à nos derniers neveux, Sous la toiso@n dont l'or sacré l'i@no@nde, La fassent voir plus belle que Joconde. Les Amours nus, pressés en bataillon, Ont des rosiers broyé le vermillon Sur le beau sein de cette enchanteresse. Ivre déjà de voir son cotillon, Vide ton verre@@@ baise la maîtresse. Une bacchante, aux bras fins nerveux, Sur les coteaux de la chaude Gironde, Avec ses soeurs, dans l'ardeur de ses jeux, Pressa les flancs de sa grappe féconde D'où ce vin clair a coulé comme une onde, Si le désir, aux yeux d'émerillon, T'enfonce au coeur son divin aiguillon, Profites-en l'Ame, disait la Grèce, A pour nous fuir l'aile d'un papillon Vide ton verre baise la maîtresse. ENVOI. Ma muse, ami, garde le pavillon. S'il est de pourpre, elle aime son haillon, Et me répète à travers son ivresse, En secouant son léger carillon Vide ton verre baise, la maîtresse. Théodore de Banville. Ballade des Enfants sans-souci Ils @vont pieds nus le plus so@uvent. L'hiver Met à leurs doigts des mitaines d'onglée. Le soirs hélas ! ils soupent du grand air, Et sur leur front la bise @échevel@ée Gronde, pareille au bruit d'u@ne mêlée. A peine un peu leur sort est adouci Quand avril fait la terre consolée Ayez pitié des Enfants sans souci. Ils n'ont sur eux que le manteau du ver, Quand les frissons de la voûte étoilée Font tressaillir briller leur oeil clair. Par la montagne abrupte la vallée, Ils vont, ils vont ! A leur troupe affolée Chacun répond Vous n'êtes pas d'ici, Prenez ailleurs, oisea@ux, votre @volée@. Ayez pitié des Enfants sans souci. Un froid de mort fait dans leur pauvre chair Glacer le sang, leur veine est gelée. Les coeurs pour eux se cuirassent de fer, Le trépas vient. Ils vont sans mausolée Pourrir au coin d'un champ ou d'une allée, Et les corbeaux mangent leur corps transi Que lavera la froide giboulée. Ayez pitié des Enfants sans souci. ENVOI. Pour cette vie effroyable, filée De @mal, de peine, ils te disent Merci ! Muse, comme eux, avec eux exilée. Ayez pitié des Enfants sans souci ! Albert Glatigny. Ballade de l'Amant inquiet Vous qui savez, Dames Damoiselles, Ce qu'est Amour, notre gentil seigneur, Quand il lui plait torturer ses fidèles, Ci connaissez d'o@ù me vient ma frayeur. Rien parmi nous n'e@st plus beau ne meilleur Que Dame, hélas ! dont suis en dépendance Passion tendre@@@ courtoise prudence Se sont choisi pour asiles ses yeux, Et l'agrément de sa douce prèsence Est désiré dans le plus haut des cieux. Saint bataillon, milices éternelles, O gardes-clefs du ciel supérieur, Éclatants d'or sous vos candides ailes, Vous enviez d'en haut notre bonheur De la bien voir de lui faire honneur. Jusqu'a ce jour, malgré votre puissance, Elle est sur terre, sa magnificence Manque à l'éclat du Trône radieux, Et c'est pourquoi ce fleuron d'innocence Est désiré dans le plus haut des cieux. Ains, ò Jé@sus ! leurs prières sont telles Que moi, resté dans ce monde trompeur, Verrai ses yeux, tout remplis d'étincelles, Tôt se voiler d'une terne @vapeur. Un Ange prompt de qui m'est grand'peur, En habit vert couleur de l'espérance, Viendra lui dire Ici tout est souffrance@@ Monter là-haut, sur mes ailes, vaut mieux, Car dès longtemps jour de ta survenance Est désiré dans le plus haut des cieux. ENVO@I. Dames, vous, Damoiselles, je pense Puisque j'ai fait rencontre connaissance De cette Dame au coeur religieux Que le salut de mon intelligence Est désiré dans le plus haut des cieux. Frédéric Plessis. NOTES BALLADES DE JEHAN FROISSART p. i et suivantes. OEuvres de Froissart. Poésies publiées par M. Aug. Scheler. Bruxelles, 1870 I@n-8°. Page 1, vers 6, saint Ja@me, forme anglaise du nom de saint Jacques. Page 6, vers II. Le poëte fait entendre que le nom de celle qu'adorait Achille, renferme les cinq lettres qui composent celui de la Chiere Dame, à qui sa ballade est adressée, qui, par conséquent, suppose t-on, s'est appelée AELIX. Auguste Scheler. BALLADE DE GUY DE LA TRÉMOUILLE p. 7. Le livre des cent ballades contenant des conseils à un Chevalier pour aimer loialement les responses aux ballades, publié... par le marquis de Queux de Saint-Hilaire. Paris. Maillet, M D CCC LXVIII. La ballade En ciel un Dieu, en terre une Déesse, est dans les@ respo@nses . Elle a été composée, sélon les présomptions exposées par M. de Saint-Hilaire, entre les années 1386 1392. Messire Guy de la Trémouille, chevalier, était garde de l'oriflamme en 1383. Il mourut en 1398, laissant un beau renom de prud'homie. BALLADES D'EUSTACHE DESCHAMPS p. 9 et suivantes. Poésies morales et historiques d'Eustache Deschamps, publiées pour la première fois par G.-A. Crapelet, imprimeur. Paris, M. DCCC XXXII. Gr. in-8°, Page 14, vers 9 suivants. Comprenez Pourquoi dames @@@pucellettes font-elles si grande difficulté à aimer un ami, puisqu'elles ################# l'herbe ? Page 4, vers 14 suivants. Comprenez Ceux qui ############### pas qui ont dit non à l'amour, auront mai@gre gloire, mais ceux qui aimèrent généreusement, appa@raîtront la face lumineuse a@uro@nt renommée par le monde. Page 16, Ballade. Eustache Deschamps avait connu approché le bon connétable de France. Il n'est pas le seul poëte qui ait chanté Duguesclin. Cuvelier, trouvère, rima une longue chanson des gestes de sire Bertran. BALLADES DE ############ PISAN. p. 18 et suivantes Les Poésies de Christine de Pisan sont conservées en manuscrit à la Bibliothèque nationale. N os 7,087 - 7,217 - 7,223 - 7,641. Page 18, vers 2 3, dis, poëmes , dictier. Eustache Deschamps a composé un @@Art de dictier de fere chançons, balades, virelais rondeaulx . Page 24, Ballade. Christine de Pisan fut veuve, à vingt-cinq ans, d'Estienne du Caftel, notair@@@e se@cré@taire du roi Charles V. Page 25, vers 10, plus assombrie que teinture cou@leur d'un More. P. 2@6. Complainte sur la mort du duc de Bourgogne. Dame Christine-la-Désolée, qui pleura beaucoup en sa vie, ne pleura jamais plus qu'à la mort du duc Philippe, qui l'avait gratifiée de ses dons. Elle inter@rompit, à la triste nouvelle du meurtre, son livre de Mutation de Fortune, elle écrivit ces lamentations Comme obscurcie de plains, plours lermes, à cause de nouvelle mort, me convient faire douloureuse introyte commencement à la seconde partie de cette oeuvre, présente adoulée à bonne cause de sur@venue, perte, non mie@ singuliere. a moy ou a aulcuns, mais générale expresse en maintes terres plus en cestuy royaume, comme despouillié, deffait de l'un de. ses souverai@ns pilliers. Le Livre des. fais bonnes meurs du sage roy Char@les V. 2 e partie. BALLADES D'ALAIN CHARTIER p. 28 et suivantes. Les OEuvres de maistre Alain Chartier... toutes nou@vellement réunies, par André du Chesne, Tourangeau. Paris, 1517. In-f°, BALLADES DE CHARLES D'ORLÉANS p. 34 et suivantes. Poésies de Charles d'Orléans, publiées par J. -Marie Guichard. Paris, Gosselin, 1842. In-12. Pages 34 à 44. Ballades composées en Angleterre où le duc Charles était prisonnier. Page 39, vers I. La saint Valentin, fête anglaise, consacrée aux fiançailles. C'est le jour où l'on dit que les oiseaux s'apparient. Page 41. Ballade. Le duc Charles y déplore la mort de sa dame, qu'il nomme Beaulté, qui périt en droicte fleur de jeunesse . BALLADES DE FRANÇOIS VILLON p. 45 et suivantes. OEuvres de maistre François Villon, corrigées aug mentées d'après plusieurs manuscrits qui n'étoient pas connus, précédées d'un Mémoire..., par J. -H. -R. Promp@fault. Paris, Ebrard, 1835. In-8°. En attendant le texte qu'établit en ce moment M. Longnon, avec une méthode vraiment scientifique, nous avons suivi l'édition de l'abbé Prompfault. Page 45, Ballade intitulée les Contredictz de Franc Gontier. Voici le huitain qui, dans le texte de Villon, précède cette ballade Gontier ne crains, qui n'a nulz hommes Et mieulx que moy n'est hérité Mais en ce débat cy nous sommes Car il loüe sa pouvreté E@stre pouvre y@ver esté, A bonheur celà il repute Je le tiens à maheureté, Lequel a tort ? or en discute. Les Dits de Franc Gontier est un petit poëme du XIV e siècle. Page 45, vers 11 suiv. Le sens est Si Franc Gontier sa compagne eussent suivi cette douce vie, ils n'eussent point @mangé leur croute de pain bis, frottée d'ail de civette. Page 45 vers 15. Mathon, lait caillé, -@potée, boisson, On dit encore potion. Page 46, vers 7 suiv. Le sens est Le chant de tous les oiseaux qui sont d'ici à Babylone ne me retien@drait pas un jour, pas une matinée à la campagne, s'il m'y fallait vivre en suivant un si maigre régime. Page 50. Ballade et orasion. On trouve dans les re@gistres de l' Officialité parisienne de 1460 1461, une mention plusieurs fois répétée de Jean Cotard, qua lifié de procurator ou de promotor curioe. P. 50, vers 6. Architriclin. Villon désigne ainsi l'in tendant architriclinus des époux de Cana. Jean II, 9. P. 51, vers 10 Bref, il en fut à grand peine au douzieme, Que s'escriant, Haro ! la gorge m'ard! Tost, tost, dit-il, que l'o@n m'apporte à boire ! La Fontaine. Contes Nouvelles, I, X, le Paysan qui avoit offensé @son seigneur. P. 52. ################ Villon feit à la rejueste de sa mère pour prier Nostre-Dame. Cf. le présent livre p. XXIII. P. 52, vers 13, l'Egyptienne, sainte Marie l'Égyptienne. P. 52, vers 14. Théophilus. Cf. le miracle Theophi lus, dans Gautier de Coinfi. Rutbeuf en a fait une moralité. P. 55, vers 2. Flora, courtisane qui fut aimée de Pompée. P. 5 5, vers 3. Archipiada est peut-être Archippa, dont le souvenir est associé à la mémoire du poëte Sophocle. -@Thaïs, courtisane qui brilla à Athènes au@@ milieu du V e siècle. P. @55, vers 4. Qui fut sa cousine germaine, par la beauté. P. 5 5, vers 5. La Nymphe Écho, d'après Ovide. P. 55, vers 9. Héloïs, Héloïse, nièce du chanoine Fulbert. P. 55, vers 11. Pierre Esbaillard. Abailard, le docteur qui mourut en 1142. P. 55, vers 13 14. Cette Roy@ne est Marguerite de Bourgogne, première femme de Louis le Hutin. Elle débauchait les écoliers, dans la tour de Nesle, les faisait jeter dans la Seine. Buridan obtint ses dan@gereuses caresses il ne fut pas noyé il se retira à Vienne, en Autriche, où il fonda une université. Telle est la légende. P. 56, vers 1. La Royne blanche comme ung lys est Blanche de Bourbon, mariée, en 13 52, à Pierre le Cruel. P. 56, vers 3. Berthe, Bertrande, fille de Caribert, femme de Peppin, mère de Charlemagne, ou, pour mieux dire, la reine Pedauque, la fileuse qui contait les Contes de la mère l'Oie Cf. Hyacinthe Husson, La Chaîne traditionnelle et les Contes de Perrault, édition Lefèvre, p. LVII. -@Biétris, Béatrix de Pro@vence, mariée, en 1245, à Charles de France, fils de Louis VIII. -@Allys , Alix de Champagne, mariée, en l'an 1160, à Louis le Jeune, roi de France. P. 56, vers 4. Hare@mbouges, Eremburges, fille hé@ritière de Élie de La Flèche, comte du Maine, morteni 110. P. 56, vers 5. Jehanne Darc, née à Dom-Remy, petit village des marches de Lorraine. P. 56. Envoi. Prince, quel que soit le jour de la semaine ou de cette année, que vous me demandiez où elles sont, je vous répondrai en redisant ce refrain Mais où sont... BALLADE D'OCTAVIEN ###################### 59. S'ensuyt la Chasse et le départ d'Amours, nouuelle ment imprimé à Paris, où il y a de toutes les tailles de Rimes que l'on pourroit trouuer. Côposée par Reueréd per en Dieu messire Octvien de ################# dâgou lesme. Et par noble hôme Blaise dauriol Bachelier en chascun droit, demeurât à Thoulo@ufe. On les vent à Paris en la rue neufue nostre dame A lenseigne de lescu de France. P. 60, vers 8. Sextus Tarquin. Tit. -Liv., l, 54. P. 60, vers 11. Roboam. Reg, III, 2. Paralip., II, 9. P. 60, vers 14, Marc Anthoine. Plut. Anton. P. 60, vers 15. Cleopatra. @Plut. Anton. P. 60, vers 16. Marcelline. Fille de C. Marcellus d'Octavia, répudiée par Agrippa ? . LE CYMETIERE DES ANGLOIS, p. 62. La Déploration des Estatz de France... L' Eslat de Noblesse, en apprenant une nouvelle entre@prise des Anglais, parle comme on voit en la Ballade. P. 62, vers 8. N'élidez pas IV muet dans le mot France. P. 63. @Envoy. Entendez Quan@d il devrait pleuvoir des pierres, le croix blanche sera victorieuse. Au temp@s du roi Charles VI, ceux d'Armagnac portaient la croix blanche@, ceux de Bourgogne, alliés aux Anglais, la croix rouge. UNE @PURE ET BLANCHE LICORNE QU@I SE VIENT RENDRE A PURETÉ, p. 64. Le Grant vrai Art de pleine rhétorique... tant en prose qu'en rime, 1521. Pierre Fabri, Rouennais, était curé de Meray. L'idée que l@@a sainte douceur de la vierge était supérieure au pouvoir du mal avait pris alors une forme précise dans la légende tant répétée de la Vierge de la Licorne. La Licorne, qu'on voyait dès le XI e siècle Sculptée à côté du Basilic, sur les murs des églises était, disent les Bestiaires, un cheval-chèvre d'une blan@cheur immaculée. Elle portait au front une merveil@leuse épée, Les veneurs la voyaient passer dans les clairières ils n'avaient jamais pu l'atteindre, tant elle était rapide. On savait toutefois que, si une vierge, assise dans la forêt, appelait la licorne, la bête obéissait, inclinait la tête sur le giron de l'enfant, se laissait prendre, euchaîner par d'aussi faibles mains. Mais la Licorne tuait la fille corrompue non pucelle . Voilà ce qui était conté par toutes gens, écouté en frissonnant, retenu rêvé pendant de longues veil@lées. Tous avaient vu la Licorne en quelque image taillée ou peinte quelques-uns l'avaient reconnue de loin, dans les halliers, aux heures douteuses. ANATOLE FRANCE, la Mission de Jeanne Darc. BALLADE A CHRI@STOFLE @DE REFUGE, p. 67. Chants royaux, Oraisons autres petits Traités, par Guillaume Crétin. Paris, Simon du Bois, pour Galliot du Pré, 1527. In-8° gothique.@@ BALLADES DE JEAN MAROT p. 70 et suivantes. OEuvres de Clément Marot, avec les ouvrages de Jehan Marot son père, à La Haye M. DCC. XXXI. in-4°, tome 4. P. 73, vers 15. Paul Orose composa, vers l'an 416 de J.-C., une Histoire universelle fort barbare. BAL@LADE DE EUSTORGE DE BEAULIEU, p. 74. Les divers Rapports contenant plusieurs Rondeaux, Ballades, Epistres, ensemble une du Coq à l'Asne, une autre de l' Asne au Coq sept Blasons anatomiques du corps féminin la response du blasonneur @du... à l'auteur de l'apologie contre luy... Lyon, P. de Sainte-Lucie, 1537. In-8°. BALLADE DE JEAN BOUCHET, p. 76. Opuscules du Traverseur des voyes périlleuses, nouvel@lement par luy reveuz, amandez corrigez contenant, Épistre de justice, le Chappelet des princes, Ballades mo@@rales, Deploration de l'Église. Poitiers, Jean Bouchet, 1526. @@In-4° gothique. Le titre poétique de Jean Bouchet était, comme on voit le Traverseur des voyes périlleuses. Sa devise était ha bien touché. Jean Bouchet observe l'alternance des rimes mascu@lines des rimes féminines. BALLADE TOUCHANT JUSTICE, P@. 78. Les Abus du Monde. Paris, P. le@ Dru, 1504. In-8° gothique. P. 78, vers 9. Psalm., LXXX Justicia de coelo prof pexit. Cette glose est de Gringoire. Le texte ne s'en retrouve pas dans les psaumes. P. 78, vers II. Comme au temple reposoient les pucelles. Peut-être les vestales. P. 79, vers 6. @@Horatius Quandoque bonus dor mitas homerus.s. Cette glose est de Gringoire. P. 79, vers 8. Horatius Nemo omni est ex patre beatu s. Cette glose est de Gringoire. P. 79, vers II. Proverb., XI Justitia liberabis a morte. Cette glose est de Gringoire. D'UN CHAT ET D'UN MILAN, p. 80. OEuvres poétiques de Mellin de Saint-Gelais. A Lyon, par Antoine de Harsy, 1574. In-8°. BALLADES DE CLÉMENT MAROT p. 84 et suivantes. OEuvres de Marot, augmentées d'un grand nombre de ses compositions nouvelles. Lyon, Dolet, 1543. In-8°. P. 82. Du temps que Marot estoit au Palais à ######################################################################### après avoir achevé ses études uni@versitaires, suivit le Palais. Mais il ne resta pas long@temps parmi les bafochiens. P. 82, vers 10. La porte Barbette, proche la rue l'hôtel Barbette. P. 85. A madame d'Alençon, pour estre couchée en son estat. Ce fut en l'an 1519 que Clément Marot fut attaché à la cour de madame Marguerite de Valois, duchesse d'Alençon de Berry. On le trouve inscrit pour la première fois parmi les pensionnaires de la bonne duchesse de Valois, à la date de 1524. Cf. d'Héricault, Nouvelle Collection Janet. Il recevait 95 livres par an. Il était en même temps attaché à la maison militaire du duc d'Alençon, mari@ de Marguerite. P. 87, de Frère Lubin. Tu trouveras d'autres Balades à double refrain, l'un repeté au mylieu du couplet l'autre à la fin, comme en la Balade de Marot à Frere Lubin, ceste maniere de refrain dou@ble est autant rare que plaisante.@@ L'Art poétique fran@çois, par Thomas Sibilet. P. 89. Chant de May de Vertu. Consultez, sur le titre, le chapitre de l' Art poétique de Thomas Sibilet, @lequel nous donnons en Appendice, n° 11. BALLADE EN FAVEUR DES OEUVRES DE NEUF-GERMAIN, p, 91. Les OEuvres de Monsieur de Voiture, à Paris, rue Saint-Jacques, chez Michel Guignard Claude Ro@buftel. M. DCC. XIII, in-8°, t. II. BALLADES DE SARRASIN p. 94 et suivantes. Les OEuvres de monsieur Sarasin. A Paris, chez Au@gustin Courbé, M. DC. LVI. In-4°. BALLADE DE BUSSY RABUTIN, p. 98. Les Lettres de messire Roger de Rabutin, comt@e de Bussy, lieutenant général des armées du roi ... A Paris, chez Florentin Pierre Delaume, @M. DC XCVIII. Cette Ballade est jointe à une lettre du comte de Bussy à M. de Sc... Scudéry . A Bussy, ce 16 février 1676. ... Je vous envoyé la Balade que vous m'avez demandée. Elle a un petit air de Marot qui ne me déplait pas. BALLADES DE JEAN DE LA FONTAINE p. 100 et suivantes. Contes mis en vers par Jean de la Fontaine. Paris, Claude Barbin, 1665. In-12. Ballade sur la lecture des romans des livres d'amour. Ce poëme n'a de la ballade que le refrain. P. 100, vers 7. L' Astree , de Honoré d'Urfé. P. 101, vers 16. Maître Louis, l'Arioste. P. 101, vers 17. Voici l' endroit de l'ermite qui fit entrer en tentation Alizon la Sucrée De la cime d'un rocher élevé, l'ermite a vu Angé lique, au comble de l'affliction et de l'épouvante, aborder à l'extrémité de l'écueil. Il était lui-même arrivé six jours avant, car un démon l'y avait porté par un chemin non frayé. Il vient à elle, avec un air plus dévot que n'en eurent jamais Paul ou Hilarion. A peine la dame l'a-t-elle aperçu que, ne le re@connaissant pas, elle reprend courage. Peu à peu, sa crainte s'apaise, bien qu'elle ait encore la pâleur au visage. Dès qu'il est près d'elle, elle dit Ayez pitié de moi, mon père, car je fuis dans une malheureuse situation. - Et, d'une voix interrompue par les sanglots, elle lui raconta ce qu'il savait parfaitement. L'ermite commence à la réconforter par de belles et dévotes paroles et, pendant qu'il parle, il promène des mains audacieuses tantôt sur son sein, tantôt sur ses joues humides. Puis, devenu plus hardi, il va pour l'embrasser. Mais elle, tout indignée, lui porte violemment la main à la poitrine le repousse, son visage se couvre d'une honnête rougeur. Il avait à son côté droit une poche. Il l'ouvre il en tire une fiole pleine de liqueur. Sur ces yeux puissants, où Amour a allumé sa plus brûlante flamme il en jette légèrement une goutte qui suffit à endor@mir Angélique. La voilà, gisant renversée sur la table, livrée à tous les désirs du lubrique vieillard. Il l'embrasse sa palpe à plaisir elle dort, ne peut faire résistance. Il lui baise tantôt le sein tantôt la bouche. Personne ne peut le voir en ce lieu âpre et désert. Mais, dans cette rencontre, son destrier trébuche, car le corps débile ne répond point au désir. Il avait peu de vigueur, ayant trop d'années, il peut d'autant moins, qu'il s'essouffle davantage. Il tente toutes les voies, tous les moyens, mais son paresseux roussin se refuse à sauter. En vain il lui secoue le frein, en vain il le tourmente il ne peut lui faire tenir la tête haute. Enfin, il s'endort près de la dame qu'un nouveau danger menace encore. La fortune ne se contente pas de si peu, quand elle a pris un mortel pour jouet. Rolan@d furieux, chant VIII, huitains 45 à 50. M. Francisque Reynard a bien voulu nous communi@quer ce fragment de sa belle traduction de l'Arioste, actuellement sous presse. P. 102, vers 3. Dans Amadis de Gau@le, le Beau T@énébreux on lit Chapitre XI., Comment Amadis alla passer une dernière nuit avecsa mie Oria@ne, à qui il avoua les rai@sons de son départ Chapitre XLII. Comment Oriane, se sentant groffe, avisa aux moyens de céler son état. Dans Amadis, le Chevalier de la verte épée, fuite du précé@dent, on lit Chapitre XXIX. Comment le roi Lisvart livra aux am@bassadeurs de l'Empereur sa fille Oriane autres de@moi selles pour les conduire à Rome. P. 102, vers 12. Clitophon. Les Amours de Clitophon de Leucippe, par Achille Tatius. P. 102, vers 13. Les Amours de Théagène Chariclée, par Héliodore. P. 102, vers 14. Ariane, par Jean Desmarets. P. 102, vers 15. Polexandre, par Marin le Roy de Gomberville. P. 102, vers 16. Cliopâtre, par la Calprenède. P. 102, vers 16. Cassandre, par le même. P. 102, vers 18. Cyrus, par M lle de Scudéry. La Carte du Tendre est dans ce roman. P. 102, vers 19. Le roman de Clélie avait d'abord paru sous le nom de Georges Scudéry, bien qu'il fût de sa soeur Madeleine. P. 102, vers 21. Perceval le Gallois, par Christien de Troyes. P. 104. Sur Escobar. Quoiqu'il La Fontaine n'ait pris aucune part aux disputes religieuses qui alors agitaient la société, même ébranlaient l'État, cependant il résuma en quelque sorte toutes les rail@leries du janséniste Pascal sur les jésuites dans sa jolie Ballade sur Escobar. Histoire de la vie des ouvra@ges de Jean de La Fontaine, par C.-A. ##### 106. Ballade sur le mal d'@Amour. Cette Ballade a d'abord été imprimée dans un recueil de poésies de Pavillon, avec la signature de La Fontaine. Elle est de 1684. P. 109. Ballade à madame Fouquet. La Fontaine plut au surintendant Fouquet, qui le prit pour so@n poëte, se l'attacha lui fit u@ne pension de mille francs, à condition qu'il en acquitterait chaque quartier par une pièce de vers, condition qui fut exactement remplie. Pour le terme de la Saint-Jean de l'an 1659, le poëte envoya la Ballade à madame Fouquet. Pellisson, secré@taire du surintendant, libella en vers une double quit@tance pour cette Ballade. Voici comment s'exprime le notaire du Parnasse Quittance publique pour la Ballade par Jean Pellisson. Par-devant moi, sur Parnasse notaire, se présenta la reine des beautés, Et des vertus le parfait exemplaire, Qui lut ces vers, puis les ayant ################ revus, approuvés vantés, Pour le passé voulut s'en satisfaire Se réservant le tribut ordinaire, Pour l'avenir, aux termes @arrêtés, M@uses de Vaux, vous leur secrètaire, Voilà l'acquit tel que vous so@uhaitez. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! Quittance sous seing privé pour la Ballade précédente, par Pellisson. De mes deux yeux, ou de mes deux soleils, J'ai lu vos vers qu'on trouve sans pareils, Et qui n'ont rien qui ne me doive plaire. Je vous tiens quitte@@ promets vous fournir De quoi partout vous le f@aire tenir, Pour le passé, mais non pour l'avenir. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! BALLADE DE Mme DESHOULIÈRES, p. III. C'est à propos de l'opéra d' Amadis, représenté en janvier 1684, que madame Deshoulières fit la Ballade On n'aime plus comme on aimoit jadis. M me Deshoulières avait quelque raison de parler de la sorte elle atteignait sa cinquantième année. Elle adressa son poë@me au duc de Montausier, qui était aussi suranné comme amant qu'elle l'était comme maîtresse. Une foule de poëtes se présentèrent pour défendre le temps présent contre les attaques de celle qu'on appelait la dixième muse, la Calliope française. Le duc de Saint-Aignan, qui jouissait de toute la fa veur du roi, entra un des premiers dans la lice M me Deshoulières, flattée d'avoir à combattre un tel champion, répondit à la Ballade qu'il avait composée, sur les mêmes rimes, avec le même refrain que la sienne. Le duc de Saint-Aignan répliqua madame Des@houlières riposta de nouveau. Walckenaer. Voici ces diverses répliques Réponse de M. le duc de Saint-Aignan. Balade. A caution tous ne @sont pas sujets. Autre maxime en ma tête est écrite Et pour parler de @mes tourmens secrets, Oncques de cour ne connus l'eau benite. Si dans mains coeurs probité plus n'habite, Au mie@n les faits suivent toujours les dits. Par moi l'Astuce @au @monde @n'est venue. D'amans loya@ux si la mode est perduë, Moy j'aime encor comme on aimoit jadis. Nul riche atour, nul nombre de valets, Ne contribue à mon peu de mérite. Toujours me tiens au rang des plus discrets Tant mieux pour moy si la troupe est petite, Amour chez @moy n'est jamais décrepite@, Et quand les sots sont les plus aplaudis D@ûffay-je en tout passer pour une gruë, Faveur se cache aussi-tôt qu'obtenuë, Tant j'aime encor comme on aimoit jadis. Jeunes beautez qui tendez vos filets, Chassez bien loin cette engeance maudite De jouvenceaux, quand près des beaux objets D'être indolent chacun se félicite. Je sens l'amour sans faire l'hypocrite, Et le sers mieux qu'un de ces étourdis Mais si pour vous aux soins je m'habituë, Don de @mercy j'auray toujours en vûë, Car j'aime encor comme on aimoit jadis. Quand jeunes coeurs se trouvent ainsi faits, Present meilleur @à Dame on ne débite. Coeurs de barbons peuvent être coquets. Le diable eut tort quand il se fit hermite. Si ma personne à tendresse @n'i@nvite, Mes sens au moins point ne sont refroidis. Par aucuns maux mon humeur n'est bourruë, Et peu m'en chaut, si j'ay teste chenuë, Car j'aime encor comme on aimoit jadis. Envoy Fils de Venus songe à tes intérêts, Reprends l'encens, rends les camouflets, Accorde à tous que ce train continuë, Nous reverrons le siecle d'Amadis Et si jamais Dame d'attraits pourvûë A m'enflâmer se trouve parvenûë, Je l'aimerai comme on aimoit jadis. Réponse à M. le duc de Saint-Aignan. B@a@@la@d@e. Duc, plus vaillant que les fiers Paladins Qui de ###################### les armures Duc, plu@s g@alant que n'@étoient Grenadins, Point contre vous ne sont @mes écritures. Grand tort aurois de blasonner @vos feux. Hé qui @ne sçait, @bea@u fire, je vous prie, Qu'en fait d'amour@@@@@ de chevalerie ############### @plus véritable preux ? Vous poursendez vous seul quatre assassins, Vous réparez les torts les injures, @Feriez encor plus d'amoureux larcins Que jouvenceaux à blondes chevelures Ce que jadis fit le beau tenebreux Près de @vos faits n'est que ba@dinerie, D'encombriers vous sortez sans féerie. Onques ne fut plus véritable preux. Jamais ######################## incarnadins En jours brillans ne change nuits obscures Que cault Amour Mars aux airs mutins Vous n'invoquiez pour avoir avantures. Vous bravez tout, malgré des a@ns nombreux Qui volontiers empêchent qu'on ne rie, Avez d'un fils augmente votre hoirie Onques ne fut plus veritable preux. Envoy Que puissiez-vous, Chevalier val@eureux, En tout combat, en butin amoureux, Ne vous douloir jamais de tromperie, Et qu'à l'envi chez nos derniers neveux, Lisant vos faits hautement on s'écrie Onques ne fut plus véritable preux. Réponse de M. le duc de Saint-Aignan. Balade. O l'heureux temps où les fiers Paladins En toutes parts cherchaient les a@vantures, Où sans dormir non plus que font lutins Ja n'étoient las de porter leurs armures ! Princes Roy@s par vins confitures Les régaloient au sortir des festins. Dame à bon droit des beaux esprits cherie, Qui faites cas des guerriers valeureux, Est-il rien tel qu'art de chevalerie ? Fut-il jamais un métier plus heureux ? Ces Damoisels s'ébatoient ès jardins Bien atournez de pompeuses vêtures. Là, plus vermeils qu'on ne peint Chérubi@ns, Chapeaux de fleurs mis sur leurs chevelures@, Se déduisoient en superbes parures. Riches plumats, telles d'or, sati@ns, De les voir tels toute ame étoit ravie, Tant avoient l'air de gens victorieux Dame sans pair, dites-nous, je vous prie Fut-il jamais un métier plus heureux ? S'il avenoit que ######################## estour leur fissent ### blessures, Ja nul métier n'avoient de medecins@, Filles de Roys moult belles créatures Qu'on renommoit pour leurs @sçavantes cures Sur lits molets ########### à part ################# ######## consolant par @devis amo@@ureux, Rendoient bien-tôt leur personne guerie Fut-il jamais un métier plus heureux ? @Moy qui toujours surpassant maints blondins E@n vrais effets ainsi qu'en écritures, @Ay depuis peu mis au jour deux banbins, Dont on seroit d'agréables peintures, Dans la vigueur qu'on voit en mes alures, Je veux aussi par de nobles désseins, Des ennemis voir l@a fact ####### Et leur livrer un assaut vigoureux, Puis tôt après retourner @vers ma mie. Fut-il jamais un métier plus heureux? Envoy Que puissiez-vous, Dame au coeur genereux, Voir en honneur to@ûjours vôtre mesgnie, Et qu'un germain moult digne de nos voeux Se trouve un peu revêtu d'Abaye De bon raport, commode, bien nombreux. Si que mitré, content glorieux En tel déduit quelquefois il s'écrie, Fut-il jamais un métier plus heureux ? Réponse à M. le duc de Saint-Aignan. Balade. Los immortel que par fait héroïque Chevalerie en tous lieux aqueroit, Vous fait aimer ce te@@mps hyperbolique Quand est de @@moy ce qui plus m'en plairoit, Ce n'est combat, véture magnifique, Tournois fameux, @mais bien l'Amour antique Dont triste, mort seule voyoit le bout. Bon Chevalier que tout craint révere, Ainsi le monde en sentiment differe Opinion chez les hommes sait tout. L'un rit de tout, l'autre mélancolique, D'Arlequin même en mille ans ne riroit, L'un pour joüer fait devenir éthique Son train lui, l'autre ne troqueroit Pour mines d'or sa verve poëtique, L'un de tout oeuvre entreprend la critiq@ue, Et fait souvent conte à dormir debout L'autre à son gré reglant le ministere, De se regler ne s'embarasse guere Opinion chez les hommes fait tout. Espoir de gain fait faire aux flots la nique, Désir de gloire en périlleux endroit Conduit guerriers, nature pacifique Aux Magistrats met en teste le dro@it. Ambition fait que le coffre on pique, Vanité fait que Philosophe explique Comment tout vient, en quoy tout se résout, Chaque mortel coiffé de sa chi@mere, Croit à par ################ on ne peut faire Opinion chez les hommes fait tout. Non moins diverse en chaque République @Est la coûtume, icy punir on voit Soeur avec qui son frere prévarique. Et la Persane en son lit le reçoit Germains font cas de la liqueur bachique Le Mu@sulman en défend la pratique, ################ Lacedemone absout. Où le Soleil monte sur l'Emisphere@, Par pieté le fils meurtrit son pere Opinion chez les hommes fait tout. E@n@v@o@y Duc dont le los vole du sein Persique Jusqu'o@ù Phébus finit son tour oblique, De mon Germain point ne sçavez le go@@ût, Grosse Abaye à la mitre il préfere. Trop lourd, dit-il, est sacré caracter Opinion chez les hommes fait tout. Pavillon se joignit au défenseur du temps présent, dans de fort jolies Ballades soutint Qu'on aime encor comme on aimoit jadis. D'autres convi@rent avec l'apologiste du siècle d'A@madis Qu'on n'aime plus comme on aimoit jadis. Mais ils convertissaient galamment cet aveu en compliments pour la dixième Muse. De Losme de Monchesnay, l'auteur connu du Boleana, lui disait Qui, j'en conviens, charmante Deshoulieres Mais si chaque beauté possedoit vos lumieres, On reverroit bientôt le siecle ############# comme vous, toutes nos dames Avoient l'art de toucher nos ames, On aimeroit bientôt comme on aimoit jadis. La Fontaine, qui était fortement prévenu contre madame Deshoulières depuis qu'elle avait cabalé con@tre les pièces de Racine, son ami, lui répondit sur un ton bien différent de celui de Monchesnay. Walcke@naer. La Fontaine ne fit point imprimer cette Bal@lade. P. 114, vers 8. Urgande Desconnue. On lit dans Amadis les Princes de l'Amour Chapitre II. Comment Urgande la Deconnue, à laquelle on ne songeait pas, prouva qu'elle songeait à ses protégés, en survenant la veille des noces. BALLADE SUR UNE VIEILLE FILLE, p. 116. OEuvres diverses de M. Rousseau. Nouvelle édition. A Bruxelles aux dépens de la Compagnie, M. DCC. XLI. BALLADE DU VIEUX TEMPS, p. 118. Poésies complètes de Sainte-Beuve. Paris, Charpentier C ie , 1869. In-12. Ce petit poëme de Sainte-Beuve n'est qu'un tronçon de Ballade. Le XIX e siècle est peu riche en Ballades. Nous aurions voulu mettre parmi nos pièces de choix un poëme à refrain d'Alfred de Muffet, celui que le poëte attribue à sa Carmosine. Mais ce morceau n'a de la vieille Ballade que le refrain un certain air d'ar@chaïsme. On en jugera voici ce poëme Va dire Amour, ce qui cause ma peine, A mon seigneur, que je m'en vais mourir, Et, par pitié, venant me secourir, Qu'il m'eût rendu la Mort @moins inhumaine. A deux genoux je demande merci. Par grace, Amour, va-t'en vers sa demeure. Dis-lui comment je prie pleure ici, Tant si bien qu'il faudra que je meure Tout enflammée,ée, ne sachant point l'heure Où finira mon adoré souci. La Mort m'attend, s'il ne me relève De ce tombeau prêt à me recevoir, J'y vais dormir, emportant mon doux rêve Hélas ! Amour, fais-lui mon mal savoir. Depuis le jour où le voyant vainqueur, D'être amoureuse, Amour, tu m'as forcée, Fût-ce un instant, je n'ai pas eu le coeur De lui montrer ma craintive pe@nsée, Dont je me sens à tel point oppressée, Mourant ain si, que la Mort me fait peur. Qui sait pou@@rtant, sur mon p@âle visage, Si ma douleur lui #################### ! De l'avouer je n'ai pas le courage. Hélas ! Amour fais-lui mon mal savoir. Puis donc, Amour, que tu n'as pas voulu A ma tristesse accorder cette joie, Que dans mon coeur mon doux seigneur ait lu, Ni vu les pleurs où mon chagrin se noie, Dis-lui du moins, tâche qu'il le croie, Que je vivrais, si je ne l'avais vu. Dis lui qu'un jour, une Sicilienne Le vit combattre faire son devoir. Dans son pays, dis-lui qu'il s'en souvienne, Et que j'en meurs, faisant mon mal savoir. Carmofine, acte II, scène VII. BALLADES DE THÉODORE DE BANVILLE, p. 120 et suivantes. Gringoire, comédie en un acte, en prose, par Théo@dore de Banville. Paris, Michel Lévy. In-12. Théodore de Banville. Trente-six Ballades joyeuses. Paris, Alphonse Lemerre, éditeur, 1873. In-12. BALLADE DES ENFANTS SANS SOUCI, p. 130. Le Parnasse contemporain. Recueil de vers nouveaux. Deuxième sérié, 1869-71. Paris, Aphonse Lemerre, M. DCCC. LXX. In-8°. BALLADE DE L'AMANT INQUIET, p. ##########################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################
Ballade amoureuse Ne quier veoir Medée ne Jason, Ne trop avant lire ens ou mapemonde, Ne la musique Orpheüs ne le son, @Ne Herculès, qui cercha tout le monde, Ne Lucresse, qui tant su bonne monde, Ne Penelope aussi, car, par saint Jame, @Je voi assés, puisque je voi ma dame. Ne quier veoir Vregile ne Caton, Ne par quel art orent si grant faconde, Ne Leandar, qui tout sans naviron Nooit en mer, qui rade est parfonde, Tout pour l' amour de sa dame la blonde, Ne nuls rubis, saphir, perle ne jame Je voi assés, puisque je voi ma dame. @@Ne qtiier t,eol r le c h ei,a l Pe~,a son, Ne quier veolr -Qui plus tost court en l'air ne vole aronde, Ne l'image que fist Pygmalion, Qui n'ot pareil première ne seconde, Ne Oleüs, qui en mer boute l'onde S'on voet sçavoir pour q@uoi ? Po@ur ce, par @@m'a@@me Je @voi assés, puisque je voi ma dame. Jehan Froissart Ballade amoureuse On me dist, dont j'ai grant mer@veille, Que de dormir est temps perdus Tant qu'à moi, je m'en esmerveille, Car le dormir me vault trop plus Que le villier. C'est mes argus, Dormir est grant aise de corps, A desplaisance ne vit nuls Je n'ai nul bien, se je ne dors. Car en dormant je me conseille, Ce m'est vis, au dieu Morpheüs, Qui mes besongnes, qu'on toueille, Remet assés bellement sus, Car avoir me fait ris jus De ma dame pluisours depors, Dont en veillant sui moult ensus Je n'ai nul bien, se je ne dors. Encor li boute il en l'oreille Qu'à merci soie receüs, Et celle qui est non pareille De donner dangiers refus, Les met à sa proyere jus, Et me dis@@t M'amour@s je t'acors. E@nsi en dormant voi vertus, Je n'ai nul bien, se je ne dors. Jehan Froissart. Ballade amoureuse Je puis moult bien ma dame comparer A la fille dou noble roy Priant Plusiors en ot, mais ceste @voeil nommer Polixena la belle la riant, En qui de tous biens ot tant Que de bonté de bauté fu plainne. Tout ensi est ma dame souverainne, Car les grans biens que je perçoi en li M'ont pluisours fois en pensant resjoï. Jonete estoit Polixena, c'est cler, Quant Acillès l'ama en regardant Ensi amours m'ont pris par regarder De ma dame son gracieux semblant, Simple, jone attraint. Or sçai assés que j'en aurai gra@nt painne, Mès j'ai espoir qu'elle en sera certainne En aucun temps, cil souvenir ci M'ont pluisours fois en pensant resjoï. Chiere dame, voeilliéis considerer Que vostre sui ferai mon vivant. Or ai volu vostre corps figurer A la fille dou noble roy Priant C'est tout en vous honnourant, Mès à la fin que @@me soyés humainne, Polixena vostre nom me ramainne Dedans le vostre en V. lettres qui M'ont pluisours fois en pensant resjoï. Jehan Froissart. Ballade De grant honneur amoureux enrichir Ne peut, s'il n'a loiauté en s'aye Et pour ce fay dedens mon cuer florir Loial amour d'umilité garnie, Dont doucement, sans fausseté, servie Sera la flour nonpareille d'onneur, De grant beauté, de bonté, de valeur, Qui de mon cuer souveraine maistresse Est sera. J'aray Dame Seigneur, En ciel un Dieu, en terre une Déesse. A ce me veul tout mon vivant tenir, Sans rassambler la fausse compagnie De ceulx qui vont prier et requérir Dames plusieurs, font partout amie, A leur pouvoir, pour leur grant tricherie, Cil sont vilain, envieux menteur, Oultrecuidez, sélon, fol @vanteur, Tout leur désir à faux penser s'adresse, Tel gent reny sy pren pour le meilleur En ciel un Dieu, en terre une Déesse. Car tel tricheur font l'onneur amenrir De mainte dame, en qui n'a villenie, Tant par j@engler coin par leur foy mentir. L'un jure Dieu, l'autre saincte Marie, En promettant loiauté qu'ils n'ont mie, De faux semblant font leur droit gouverneur, Li malostru, li meschant, li bourdeur Tous sont parjur. Pour ce leur fay promesse Que j'aime mieux à servir, par douceur, En ciel un Dieu, en terre une Déesse. EN@VOY. Prince, je tien que qui veult acquérir De vraye Amour les biens la hautesse, Tant seulement doie en son cuer choisir En ciel un Dieu, en terre une Déesse. Guy de la Trémouille. Ballade amoureuse Gente de corps, face adroit coulourée Humble regart, front hault bien assis, Entrueil plaisant, bouche bien ordonnée, Petit menton, lefres nez traitis, Vos joettes sont deux fosses toudis En soubzriant, ô belle plus que belle ! Vous regarder est un droit paradis De jour en jour vo beauté renouvelle. Car vostre chief a toute gent agrée, Blont com fin or, vairs oeulx, les sourcils Avez petiz la denteure serrée, Mannette blanche co@me fleur de lis, Et au seurplus est vos corps assenis De tous les biens qui sont en flour nouvelle, De plus en plus, dame, ce m'est advis De jour en jour vo beauté renouvelle. Or estes-vous donc de bonne heure née Quant grace avez, la louenge le pris D'@umilité, de nobles meurs parée, De beau maintien, de manière de vis Mais sur toutes portez bien vos habis, Plus que nulle dame ne damoiselle Qui soit vivant en terre n'en pays De jour en jour vo beauté renouvelle. Eustache Deschamps. Ballade Apprenez-moy comment j'auray estat Soudainement, dame, je vous en prie, Et en quel lieu je trouveray bon plat Pour gourmander mener glote vie. -Je le t'octroy Traïson envie Te fault sçavoir, ceuls le mettront avant Mentir, flater, parler de lécherie Va à la court, en use souvent. Pigne toi bel, ton chaperon abat, Soies vestus de robe très jolie, Fourre-toy bien quoy qu'il soit de l'achat, Tien-toy brodé d'or de pierrerie Ment largement afin que chascuns rie, Promet assez, tien po de convent. Fay tous ces poins ne te chaille qu'on die Va à la court, en use souvent. A maint l'ay veu faire qui s'i embat, Soi acointer de l'eschançonnerie, Jouer aux dez tant qu'il gaingne ou soit mat, Qu'il jure fort, qu'il maugrie ou regnie Et lors sera de l'adroite mesgnie. Fay donc a@insis, met toy tousjours devant @@Pour avoir nom tous ces vices n'oublie Va à la court, en @use souvent. EN@VOY. Princes, bien doy remercier folie, Qui m'a aprins ce beau gouvernement, Et qui m'a dit A ces poins assudie Va à la court, @@en @use souvent. Eustache Deschamps Ballade Or, n'est-il fleur, odour ne violette, Arbre, esglantier, tant ait douçour en lui, Beauté, bonté, ne chose tant parfaicte, Homme, femme, tant soit blanc ne poli, Crespé ne blont, fort appert ne joli, Saige ne foul que Nature ait formé, Qui à son temps ne soit vieil usé, Et que la mort a sa fin ne le chace, Et, se viel est, qu'il ne soit diffamé Viellesce est fin, jeunesce est en grâce. La fleur en may son odeur delecte Aux odorans, non pas joûr demi En un moment vient li vens qui la guette Cheoir la fait ou la couppe par mi Arbres gens passent leur temps ainsi Riens estable n'a Nature ordonné Tout doit mourir ce qui a esté né. Un povre acés de fièvre l'omme efface, Ou aage viel, qui est déterminé Vieillesce est fin, jeunesce est en grâce. Pour q@uoy fait donc da@me, ne pucellette, Si grant dangier de s'amour @à ami, Qui séchera, soubz le pié com l'erbette ? C'est grant folour que n'avons @nous mercy L'un de l'autre ? Quant tout sera pourry, Ceulx qui n'aiment, ceulx qui ont amé, Ly refusant seront chétif clamé, Et li donnant aront vermeille face, Et si seront au monde reno@mmé@ Vieillesce est fin, jeunesce est en grace. ENVOY. Prince, chascun doit en son josne aé Prandre le temps qui lui est desti@né@@ En l'aage viel tout le contraire face Ainsis ara les deux temps en chierté, Ne face nul de s'amour grant fierté Vieillesce est fin, jeunesce est en grâce. Eustache Deschamps. Ballade sur la mort de sire Bertran Duguesclin Estoc d'Oneur, arbres de vaillance, Cuer de lyon espri@ns de hardiment, La flour des preux la gloire de France, Victorieux phardi combatant, Saige en voz fais, bien entreprenant, Souverain home de guerre, Vainqueur de gens conquerreur de terre, Le plus vaillant qui oncques fust en vie, Chascun pour vous doit noir vestir querre Plourez, plourez, flour de chevalerie ! O Bretaingne, ploure ton esperance ! Normandie, fay son entièrement, Guyenne aussi, Auvergne, or t'avence, Et Languedoc, quier lui son monument Picardie, Champaigne Occident, Doivent pour plourer acquerre Tragediens, Arethusa requerre Qui en eaue fut par plour convertie, Afin qu'à tour de sa mort les cuers serre Plourez, plourez, flour de chevalerie. Hé ! gens d'armes, aiez en remembrance Vostre pere vous estiez si enfant. Le bon Bertran, qui tant ot de puissance Qui vous amoit si amoureusement, Guesclin crioit. Priez dévotement Qu'il puist paradis conquerre. Qui dueil n'en sait, et qui n'en prie, il erre, Car du monde est la lumiere faillie De toute honneur estoit la droicte serre Plourez, plourez, flour de chevalerie ! Eustache Deschamps. Ballade Maintes gentes me prie que je face Aucun beaute dis que je leur envoye, Et dectier dient que j'ay la grâce, Mais sauve soit leur paix. Je ne sçauroye Ne puis à beaux dis donner sens ne joye. Puis que prié m'en ont de leur @@bonté, Peine y mettray, quoique ignorante soye, Po@ur accomplir leur bonne voulenté, Mais je n'ay pas sentiment ne espace, De fa@ux dis, ne de soulas, ne de joye, Car ma douleur qui toutes autres passe, Mon sentiment joyeux tout le de@voye @Mais du grand dueil qui @@me tiens morne coye, Puis bien parler @asses apiter Bien diray plus voulentiers, plus seroye Pour accomplir leur bonne voulenté. Et qui voudra sçavoir pourquoy efface Dueil, tout mon bien, de legier le diroye, Ce su@s la mort qui fery sans menace Celluy de qui treftout mon bien avoye, Laquelle mort m'a mis, met en voye De desespoir. Ne puis je n'oz santé. De ce feray mes dis, puis qu'on m' en proye, Pour accomplir leur bonne voulenté, ENVOY. Princes, prenez en gré se ne failloye, Car le dictier je n'ay mie hanté, Mais maint m'en ont prié je l'octroye Pour accomplir leur bonne voulenté. Christine de Pisan, Ballade Mon doulx ami, n'ayez melancolie Se j'ai en moi si joyeuse ma@@niere Et se je fais en tous lieux chiere lie, Et de parler à maint suis coutumiere Ne croyez pas pour ce, que plus legiere Soye envers @vous. Car c'est pour depceuoir Les médifans qui @veulent tout sçavoir. Car se je suis gaye, cointe jol@ye, C'est tout pour vous qu'aime d'amour entiere, Se ne prenez nulz soin qui contralie Votre bon cuer. Car pour nulle @priere, Je n'ameray autre qui m'en requerre. Mais on doit moult douter, à dire voir, Les médifans qui veulent tout sçavoir. Sachiez devoir qu'amours si fort me lie, Que votre amour que n'ay chose tant chiere, Mais ce seroit à moi trop grand folie De ne faire, sors à vous bon@ne chiere@, Ce n'est pas droit, ne chose qui affiere, Devant les gens pour faire appercevoir Les médifans qui veulent tout sçavoir. Christine de Pis@an. Ballade T@@@ant avez @fait par votre grant doulçour, Très @doulz amy, que @vous m'avez conquise Plus @n'y convient complainte, ne clamour Jà n'y aura par moy defense mise. Amours le veult par sa doulce maistrise, Et moy aussi le vueil car, se m'ait Dieux, Au sort c'estoit soleur, quand je m'avise De refuser ami si gracieux. Et j'ay espoir qu'il a tant de valour En vous, que bien fera @m'amour assise Quand de beauté, de grace toute honnour, Il y a teinfj qllc C'tft droit qu'il soussise, Si est bien droit que sur tous vous eslise, Car vous estes bien digne d'avoir mie@ux Si ay eu tort, quant tant m'avez requise, De refuser ami si gracieux. Si vous retie@n, et vous donne m'amour, Mon fin cuer doulz,@@@ vous pri que faintise Ne treuve en vous, ne nul autre faulz tour, Car toute m'a entièrement acquise Va doulz maintieng, vo manière rassise, Et voz très doulz amoureux beaulx yeux Si auroye grant tort, en toute guise, De refuser ami si gracieux. EN@VOY. Mon doulz a @ni, que j'aim sur tous prise, J'oy tant de bien de vous dire, en tous lieux, Que par raiso@n devroye estre reprise De refuser ami si gracieux. Christine de Pisan. Ballade Seulelte suis, seulette vueil estre, Seulette m'a mon doulz ami laissée, Seulette suis, sans compaignon, ne maistre, Seulette suis, doulente courroucée, Seulette suis, en langour mesaisée, Seulette suis, plus que nulle esgarée, Seulette suis, senz ami demourée. Seulette suis à huiz, ou à fenestre, Seulelte suis en un anglet mucée, Seulette suis pour moi de pleurs repaistre, Seulette suis, doulente ou appaisée, Seulettesuis, rien n'est qui tant me fié Seulette suis en ma chambre enserrée, Seulette suis senz ami demourée Seulette suis partout,@@@ en tout estre, Seulette suis, où je voise, où je fiée, Seulette suis plus qu'auctre rien terrestre, Seulette suis de chascun delaissée, Seulette suis, durement abaissée, Seulette suis souvent toute esplorée, Seulette suis senz ami demourée. ENVOY. Princes, or est ma douleur commenciée, Seulette suis, de tout dueil menaciée, Seulette suis, plus tainte que morée, Seulette suis, senz ami demourée. Christine de Pisan. Complainte sur la mort du duc de Bourgogne Plourez, Françoys, tout d'un commun vouloir Grans petis, plourez ceste grant perte ! Plourez, bo@n roy, bien vous devez vouloir Plourer devez vostre grevance apperte ! Plourez la mort de cil qui, par desserte, Amer deviez par droit de lignaige, @Vostre loyal noble on@cle, le très saige, Des Bourguignons prince duc excellent Car je vous dy qu'en mainte grant besongne Encor direz trestuit à c@uer dolent Affaire cussions d@u bon duc de Bour@gongne Plourez, Berry, plourez tuit sy bci Car ca@use avez, mort la vous a ouverte ! Duc d'Orléans, moult vous en doit chaloir Car par son sens mainte faulte est couverte ! Duc des Bretons, plourez car je suis certe Qu'affaire avez de luy en vo jeune age ! Plourez, Flamens, son noble seignourage ! Tout noble sanc, allez vous adoullant ! Plourez, ses gens ! car joie vous eslongne Dont vous direz souvent en vous doullant Affaire eussions du bon duc de Bourgongne. Plourez, Royne, ayez le cuer noir Pour cil par qui f@eustes on trosne offerte ! Plourez, dames, sans en joie manoir ! France, plourez d'un pillier es déserte, Dont tu reçoys eschec à descouverte Gar toy du mal ! quant mort par son oultrage Tel chevalier t'a toulu, c'est dommaige ! Plourez, pueple commun, sans estre lent Car moult perdez, chascun le le tesmoingne, Dont vous direz souvent mate relent Affaire eussions du bon duc de Bourgongne. Christine de Pisan. Ballade O folz des folz, les folz mortelz hommes, Qui vous fiez tant ès biens de fortune En celle terre, ès pays où nous sommes, Y avez vous de chose propre aucune ! Vous n'y avez chose vostre @nes-une, Fors les bea@ulx dons de grace de nature. Se Fortune donc, par cas d'adventure Vous toult les biens que vostres vous tenez, Tort ne vous sait, ainçois vous fait droicture, Car vous n'aviez riens quand vous fustes nez. Ne laissez plus le dormir à grans sommes En vostre lict, par nuict obscure brune, Pour acquester richesses à grans sommes. Ne convoitez choses dessoubz la lune, Ne de Paris, jusques à Pampelune, Fors ce qu'il fault, sans plus, à creature Pour recouvrer sa simple nourriture. Souffise vous d'estre bien renommez, Et d'emporter bon loz en sepulture Car vous n'aviez riens quand vous fustes nez. Les joyeulx fruicts des arbres @@@les pommes, Au temps que fut toute chose commune, Le beau miel, les@ glandes les gommes Souffisoient bien@ à chascun chascune Et pour ce fut sans @noise sans rancune. Soyez contens des chaulx des froidures, Et me prenez Fortune doulce et seure@. Pour vos pertes, griefve dueil n'en menez, Fors à raison, à point, à @mesure, Car vous n'aviez riens quant vous fustes nez. Se fortune vous fait@ aucune injure, C'est de son droit, jà ne l'en reprenez, Et perdissiez jusques à la vesture@@ Car vous n'aviez riens, quant vous fustes nez. Alain Chartier. Ballade sur le régime de Fortune Sur lac de dueil, sur riviere ennuieuse, Plaine de cris, de regretz, de clains, Sur pesant sourse@@@@ melencolieuse, Plaine de plours, de souspirs de plai@ns Sur gra@ns esta@@ngs d'amertume tout plains, Et de doule@ur sur abisme parfonde, Fortune la sa maison tousjours son@de A l'un@g des lez de roche espouventable. Et en pendant, assin que plustost fonde, En demonstrant qu'elle n'est pas estable. D'une part clere, d'autre tenebreuse Est la maison aux douloureux meshains, D'une part riche d'autre souffreteuse, C'est du costé où les champs sont prochains, Et d'autre part a assez fruictz grains. Là fiet fortune ou tout en air habonde, D'une part noire, de l'autre elle est blonde D'une part ferme, d'autre tresbuchable, Muette, sourde, aveugle, sans faconde En demonstrant qu'elle n'est pas estable. Et là endroit par sa dextre orgueilleuse Qui retenir ne veult brides ne frains, En sa maison doubtable perilleuse Sont les meschiefz tout mouflez emprains, Dont les delictz sont rompuz enfrains, Et les honneurs gloire de ce monde. Car par le tour de sa grant robe ronde Fait à la fois d'ung palais une estable, Et aussi tost que le vol d'une aro@nde, En demonstrant qu'elle n 'est pas estable. EN@VOY. Que voulez vous que je die responde ? Se fortune est une fois delectable, Elle sera amere à la seconde, En demonstrant qu'elle n'est pas estable. Alain Chartier. Ballade sur la mort de sa dame Fy de ce May qu'on clame si courtois, Fy de Venus de la beauté d'elle, Fy d'esperuiers, de faulcons, pivois Fy de harper, de chanter de @vielle De tous oyseaulx, excepté l'aro@ndelle. De moy-mesmes dis-je fy par mon âme, Si fais-je a@ussi d'amours, aussi de Dame. Fy de tous jeux, de chansons, de renvois, Fy de Pallas, de la beauté d'elle, Fy de joustes, de dances, de tournois. Et si dis fy de la façon nouvelle Si fais-je aussi de celuy ou de celle Qui loyaulté maintiendra jour ne terme. Si sais-je aussi d'amours, aussi de Dame. Et s'en dis fy, se plus ne la revois, Pas ne feray comme la turterelle Ains sembler vueil au rossignol du bois. Car aussi tost qu'a fait de sa femelle, Sifflant s'en va, luy monstre son aesle, Lireau luy sait, combien que soit diffame, Si fais-je aussi d'amours, aussi de Dame. Alain Chartier. Ballade Priez pour paix, doulce Vierge Mari@@, Roy@ne des cieulx, @@du monde înaijîrejfc, huéles prier par vostre courtoisie, Saincts fainctes, prenez vostre adress Vers vostre fils, requerrant@ sa @hau@ltesse Qu'il lui plaise so@n peuple regarder, Que de son san@g a voulu racheter, En deboutant guerre qui tout desvoye De prieres ne vous veuilliez lasser, Priez pour paix, le vray tresor de joye, Priez prelaz gens de saincte vie, Religieux, ne dormez en pare@ss @e, Priez, maistres, tous suivans clergie, Car par guerre fa@ult que l'estude cesse Moustiers destruiz sont sans qu'on les redresse. ,~loujîiers deflriiiz jbpit satis qi~'on les re~ i t effe, Le service de Dieu vous fau@lt laisser, Quand ne povez en repos demourer Priez si fort que briefment Dieu vous oye, L'Eglise voult à ce vous ordonner, Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, princes qui avez seigneurie, Roys, ducs, contes, barons plains de noblesse @@Gentils hommes avec chevalerie, Car meschans gens surmontent gentillesse En leurs mains ont toute vostre richesse, Desbatz les sont en hault estat monter, Vous le povez chascun jour veoir au cler, Et son riches de vos biens monnoye, Dont vous deussiez le peuple supporter Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, peuple qui souffrez tirannie, Car vos seigneurs sont en telle foiblesse, Qu'ilz ne peuvent vous garder par maistrie, Ne vous aider en vostre grant destresse Loyaux marchans, la selle si vous blesse, Fort sur le doz chascun vous vient presser, Et ne povez marchandise mener, Car vous n'avez seur passage, ne voye, Et @maint peril vous convient-il passer Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, galans joyeulx en compaignie, Qui despendre desirez à largesse, Guerre vous tient la bourse de garnie, Priez, amans, qui voulez en liesse Servir a@@mours, car guerre, par rudesse, Vous destourbe de voz dames hanter, Qui maintessoiz fait leurs voloirs torner, Et quant tenez le bout de la courroye, Ung estrangier si le vous vient oster Priez pour paix, le vray tresor de joye. E@N@V@O@Y. Dieu tout puissant nous vueille conforter Toutes choses en terre, ciel mer, Priez vers lui que brief en tout pourvoye, En luy seul est de tous maulx amender Priez pour paix, le vray tresor de joye. Charles d'Orléans. Ballade En regardant vers le pays de France U@ng jour m'avint, à Dovre sur la mer, Qu'il me souvint de la doulce plaisance Que souloie ou dit pays trouver Si co@mmençay de cueur à souspirer, Combien certes que grant bien me faisoit, De veoir France que mon cueur amer doit. Je m'avisay que c'estoit nonsavance, De telz souspirs dedans mon cueur garder, Veu que je voy que la voye commence De bonne paix, qui tous biens peut donner Pour ce tournay en confort mon penser, Mais non pourtant, mon cueur ne se lassoit De veoir France que mon cueur amer doit. Alors chargeay, en la nef d'esperance, Tous mes souhays en leur priant d'aler Oultre la mer, sans faire demo@ura@nce, Et à France de me recommander Or nous doint Dieu bonne paix sans tarder, Adonc auray loisir, mais qu'ainsi soit , De veoir France que mon cueur amer doit. EN@VO@Y. Paix est tresor qu'on ne peut trop louer, Je hé gu@erre, point ne la doit priser, Destourbé m'a longtemps, soit tort ou droit, De @veoir @France que mon cueur amer doit. Charles d'Orléans. Ballade Le beau souleil, le jour saint Valent@in, Qui apportoit sa chandelle alumée, N'a pas longtemps, entra un@g bien matin Priveement en ma chambre fermée, Cette clarté, qu'il avoit apportée, Si m'esveilla du somme de soussy, Où j'avoye toute la nuit dormy Sur le dur lict d'ennuieuse pensée. Ce jour aussi, pour partir leur butin Des biens d'Amours, faisoient assemblée Tous les oyseaulx, qui parlans leur latin, Crioyent fort, demandans la livrée Que Nature leur avoit ordonnée C'estoit d'un per comme chascun choisy, Si ne me peu rendormir, pour leur cry, Sur le dur lit d'ennuieuse pensée. Lors en moillant de larmes mon coessi@n, Je regrectay ma dure destinée, Disant Oyseaulx, je vous voy en chemin De tout plaisir joye desirée Chascun de vous a per @qui lui agrée, Et point n'en ay, car Mort, qui m'a trahy A prins mon per, dont en dueil je languy Sur le dur lit d'ennuie@u@se j enfée. E N v i v. Saint Valentin choisissent, ceste année, Ceulx celles de l'amoureux party Seul me tendray, de confort desgarny, Sur le dur lit d'ennuieuse pensée. Charles d'Orléans. Ballade Las ! Mort qui t'a fait si hardie, De prendre la noble Princesse Qui estoit mon confort, ma vie, Mon bien, mon plaisir, ma richesse, Puisque tu as prins ma maistresse Prens moy aussi son serviteur, Car j'ayme mieulx prouchainement Mourir, que languir en tourment, En paine, soussy doleur. Las ! de tous biens e Las 1 de tous biens estoit garnie, Et en droicte fleur de jeunesse Je pry à Dieu qu'il te maudie Faulse mort, plaine de rudesse Se prise l'eusses en vieillesse, Ce ne sust pas si grant rigueur Mais prise l'as hastivement, Et m'as laissié piteusement En paine, soussy doleur. Las ! je suis seu@l, sans compaig@nie, Adieu ma Dame, ma liesse Or est nostre amour departie, Non pourtant, je vous fais promesse Que de prieres, à l@argesse, Morte vous serviray de cueur, Sans oublier auc@une@ment, Et vous regrecteray souvent En paine, soussy doleur. EN@V@O@Y. Dieu, sur tout souverain Seigneur, Ordonnez, par grace doulce@ur, De l'ame d'elle, tellement Qu'elle ne soit pas longuement En paine, soussy doleur. Charles d'Orleans. Ballade Le premier jour du mois de May, Trouvé me suis en compaignie Qui estoit, pour dire le vray, De gracieuseté garnie Et pour oster merencolie, Fut ordonné qu'on choisiroit, Comme fortune donneroit, La fueille plaine de verdure, Ou la fleur pour toute l'année Si prins la feuille pour livree, Comme lors fut mon aventure. Tantost apres je m'avisay, Qu'a bon droit, je l'avoye choisie, Car, puisque par mort perdu ay La fleur, de tous biens enrichie, Qui estoit ma Dame, m'amie, Et qui de sa grace m'amoit, Et pour son amy me tenoit, Mon cueur d'autre fleur n'a plus cure Adonc congneu que ma pensée @Accordoit à ma destinée, Comme lors fut mon aventure. Pour ce, la fueille porteray Cest an, sans que point je l'oublie. Et à mon pouvoir me tendray Entièrement de sa partie Je n'ay de nulle fleur envie, Porte la qui porter la doit, Car la fleurque mon cueur aimoit Plus que nulle autre creature, Est hors de ce monde pa@ssée, Qui son amour m'avoit donnée, Comme lors fut mon aventure. EN@VOY. il n'est fueille, ne fleur qui dure Que pour ung temps, car esprouvée J'ay la chose que j'ay comptée, Comme lors fut mon aventure. Charles d'Orléans. Ballade intitulée les contredictz de Franc Gontier Sur mol duvet assis ung gras chanoine, Lez ung brasier, en chambre bien nattée A son costé gisant dame Sydoine, Blanche, tendre, pollie, attaintée, Boire ypocras, à jour à nuyctée, Rire, jouer, mignonner baiser, Et nud à nud, pour mieulx les corps s'ayser, Les vy tous deux par ung trou de mortaise, Lors je congneu que pour dueil apaiser Il n'est @trésor que de vivre à son aise. Se Franc Gontier sa compaigne Heleine Eussent cesse doulce vie hantée, D'aulx civotz qui causent sorte alaine N'en mengeassent bise crousttre frottée. Tout leur mathon, ne toute leur potée Ne prise ung ail, je le dy sans noyfier. S'ils se vantent coucher soubz le rosier, Ne vault pas @mieulx lict costoyé de chaise ? Qu'en dictes vous ? faut-il à ce muser ? Il n'est trésor que de vivre à son aise. De gros pain bis vivent, d'orge, d'avoyne Et boivent eau tout au long de l'année. Tous les oiseaulx d'icy en Babyloine, A tel escot, une seule J,HO née Ne @@me tiendroient, non une matinée. Or s'e@sbate, de par Dieu, Franc Gontier, Hélène o luy, soubz le bel Esglantier, Si bi@en leur est, n'ay ca@use qu'il @me poise. Mais quoy qu'il soit du laboureux mestier, Il n'est trésor que de vivre à son aise. EN@VOY. Prince, jugez, pour tous nous accorder Quant est à @moy, mais qu'à nul n'en desplaise, Petit enfant j'ay oüy recorder Qu'il n'est trésor que de vivre à son aise. François Villon. L'épitaphe en forme de ballade que fit Villon pour luy et pour ses compaignons s'attendant à estre pendu avec eux Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les cueurs contre nous end@urciz@@ Car si pitié de nous pouvres avez, Dieu en aura plustost de vous merciz. Vous nous voyez cy attachez, cinq, six Quant de la chair, que trop avons nourrie, Elle est pieça dévorée pourrie Et nous les os, devenons cendre pouldre De nostre mal personne ne s'en rie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. Se vous clamons, frères, pas n'en devez Avoir desdaing, quoyque fusmes occis Par justice toutesfois vous sçavez Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis, Intercédez doncques de cueur transis, Envers le Filz de la Vierge Marie Que sa grace ne soit pour nous tarie Nous preservant de l'infernalle fouldre. Nous sommes mors, ame ne nous harie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. La pluye nous a débuez lavez Et le soleil desséchez @noirciz Pies, corbeaux nous ont les yeux cavez, Et arraché la barbe les sourcils Jamais nul temps nous ne sommes rassis Puis ça, puis là, comme le vent varie, A son plaisir, sans cesser nous charie Plus becquetez d'oyseaulx que dez à couldre Hommes icy n'usez de mocquerie Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. EN@VOY. Prince JÉSUS , qui sur tous seigneurie, Garde qu'Enfer n'ayt de nous la maistrie, A luy n'ayons que faire, ne que fouldre Ne soyez donc de nostre confrairie Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre. François Villon. Ballade et oraison Père Noé, qui plantastes la @vigne Vous aussi Loth, qui bu@ste@s au rocher, Par tel party, qu'amour qui gens engeing@ne, De vos filles si vous feit approcher Pas ne le dy pour le vous reprocher @Architriclin qui bien sceustes cest art Tous trois vous pris, qu'o vous veu@illiez percher L'ame du bon feu maistre Jehan Cotard. Jadis extraict il fut de vostre ligne, Luy qui beuvoit du meilleur@@@ plus cher Et ne deust-il avoir vaillant qu'un pigne. Certes, sur tous, c'estoit un bon archer On ne luy sceus pot des mains arracher. De @bien boire ne fut oncques faitard. Nobles seigneurs, ne souffrez empêscher L'ame du bon feu maistre Jeha@n Cotard. Comme homme embeu, qui chancelle trépigne, L'ay veu souvent, quand il s'alloit coucher Et une foys il se fit une bigne, Bien m'en so@uvie@nt, à l'étal d'ung boucher. Bref on n'eust sçeu en le monde cercher Meilleur pion, pour boire tost tard Faictes l'entrer, se vous l'oyez hucher, L'ame du bon feu maistre Jehan Cotard. ENVOY, Prince, il n'eut sçeu jusqu'à terre cracher Toujours crioit, haro, la gorge m'ard Et si ne sceut cnq' sa soif estancher, L'ame du bon feu maistre Jehan Cotard. François Villon. Ballade que Villon feit à la requeste de sa mère pour prier Nostre-Dame Dame des Cieulx, régente tarierm hmpericre des infernaulx palux, Recevez moy, vostre h@@@umble Chrestienne, Que comprinse soye entre vos Esl@euz, Ce non obsta@nt qu'onques rien ne @valuz. Les biens de vous, ma dame ma maistresse, Sont trop plus gra@ns que ne suis pécheresse Sans lesquelz biens a@me ne peult mériter, N'entrer es Cieulx, je n'en suis menterresse, En ceste foy je vueil vivre mourir. A vostre filz dictes que je suis sienne. De luy soient mes péchez aboluz Qu'il me pardonne comme à l'Egyptienne, Ou comme il feit au clerc Théophilus, Lequel par vous fut quitte abso@luz, Combien qu'il e@ust au diable faict protneffe Preservez moy, que point je ne face ce, Vierge portant, sans rompure encourir, Le sacrement qu'on célèbre à la messe En ceste foy, je vueil vivre mourir. Femme je suis povrette ancienne, Ne riens ne sçay oncques lettre ne leuz Au moustier voy, dont suis parroissienne, Paradis painct, où sont harpes luz, Et un@g enfer ou damnez font bouilluz L'un g me faict paour, l'autre joye et liesse. La joye avoir faictz moy, haulte @déesse, A qui pécheurs doivent tous recourir, Comblez de foy, sans sa@incte ne paresse En ceste foy je vueil vivre@@ mourir. ENVOY. Vous portastes, vierge digne princesse, JÉSUS régnant, qui n'a ne fin, ne cesse. Le tout puissant, prenant nostre faiblesse, Laissa les cieulx, nous vint secourir Offrist à mort sa très chère jeunesse Nostre seigneur tel est, tel le consesse En ceste foy je vueil vivre mourir. François Villon. Ballade des dames du temps jadis Dictes moy, ou, n'en quel pays, Est Flora la belle Romaine ? Archipiada, ne Thaïs Qui fut sa cou@sine germaine ? Écho parlant quand bruyt on mai@ne Dessus riviere, ou sus estan Qui beaulté eut trop plus qu'humaire ? Mais ou sont les neiges d'antan ? Ou est la très-sage Heloïs, Pour qui sut chastré, puys moyne, Pierre Esbaillart, à sainct Denys. Pour son amour eut cette essoyne. Semblablement où est la Royne, Qui commanda que Buridan Fut jetté, en ung sac, en Seine ? Mais ou sont les neiges d'a@ntan ? La Roy@ne blanche comme @ung lys, Qui chantait à voix de Sereine Berthe au grand pied, Biétris, Allys Harembouges qui tient le Mayne @@Et Jehanne la bonne Lorraine, QI 'AI gr'yr Initièrent à Rou@en Ou sont ilz, vierge souveraine ? Mais ou sont les neiges d'antan ENVO@Y. Prince n'enquerez de sepmaine, Ou elles so@nt, ne de cest an, Que ce refrain ne vous re@maine Mais ou sont les neiges d'antan ? François Villon. Doctrine de la belle@ heaulmière aux filles de joie Or y pensez belle gantiére, Qui m'escolière souliez estre Et vous Blanche la savatière, Or est-il temps de vous congnoistre Prenez à dextre à senestre N'espargnez homme, je vous prie Car vieilles n'ont ne cours, n'y estre, @Ne que monnoye qu'on descrie. Et vous la gente saulcissière Qui de dancer estes à deftre Guillemette la tapissière, Ne mesprenez vers vostre maistre Tous vous fauldra clorre fenestre, Quand deviendrez vieille, flestrie Plus ne servirez qu'ung vieil prebstre, Ne que monnoye qu'on descrie. Je hanneton la chaperonnière, Gardez qu'amy ne vous empestre Katherine l'esperonnière, N'envoyez plus les hommes paistre Clr qui ILÎIC n'est ne perpètre Leur bonne grace, @mais leur rie. Laidde v'eiVeJc nll Olr n'impeln, Ne que monnaye qu'on descrie. EN@V@O@Y. Filles, veuillés vous entremettre D'escouter pour quoy pleure crie, Pour ce que je ne me puys mettre Ne que monnoye qu'on de@fer@ie. François Villon. Ballade Effeminez, lasches amoliz, Plongés en baings, reposez en molz lictz, Ablandissez, actachez en relaiz, Fuyans actraictz de vertus embelliz, Auctorizans voluptueux delictz, Suyvans bancquetz par citez pallais Comme abhortez, très difformes laids, Et de vices prophanez pollus, Premier que soyent leurs droictz ans révoluz, Et par finy leur terme limité, Ils ensuivront les supposiz deolus. Tost déperist pusillanimité. Veneriens jeux plaisans polluz De délices, gras brochetz et coulus, Baisers, embras, attouchemens folletz, Dances, esbas@@@ telz petis meslis Sont en moyens d'auoir ensepueliz Honteusement mains, maistres et varletz Car tous ceulz qu'ont suivi amoureux laiz, Et les ont @diz co@@mme ils les ont voluz Mercenaires d'honneur ne sont esleuz, Ains périront en leur infir@mité Sans que de nulz soient pl@aingez ne dolluz. Tost déperist pusillanimité. Sextus Tarquin subject a neu couliz A Ro@mme feist tant richement crostis, Qu'il abatit les royaulx chappelliz Et Roboam par un@g conseil couliz Meist sur sa gent tribuz merencolis, Dont affaibly se trouva de tous lès Marc Anthoine, eu traynant les ballaiz, Cleopatra laissa se, s Marcelline '.1,, , .1 harpes ludz, Lubrique fut@ jusque à l'ext@rémité. Peu dura l'heur de Sardanapalus, Tost déperist pusillanimité. EN@V@O@Y. Prince, voyez comme grans sont aboliz, Tours chasteaulx pays desmoliz, Et tant de gens cheuz en calamité Quand les Vertus sont mises en oublis, Et les vices ont les cue@urs affaiblis. Tost déperist pusillanimité. Octavien de Sainct-Gelaiz. Le cymetière des Anglois Le mandement par Prudence transmis Aux, trois Estats responce doit avoir. Elle nous mande qu'avons des @@ennemis, C'est très bien fait nous le faire assavoir. Puisqu'a tout mal ou voit Anglois mouvoir Contre Françoys, par la foy qu'à Dieu doibz, De resister contr'eulx feray debvoir, Car France est cimetiere aux Anglois. Elle nous mande @@qu'ilz ne sont endormis A nous piller rober nostre avoir, Et qu'ilz ne sont trop lasches ni désmis, Et que de brief nous doibvent venir veoir, C'est très bien fait nous le ramentevoir Devant qu'en France viengnent faire effrois, A celle fin par bon ordre y pourvoir, Car France est cimetiere aux Anglois. De tout bienfait Anglois ont cueur remis. D'ainsi vouloir traïson concepvoir, Et pour ce faire ilz ont tous leurs arts mis Mais qu'ilz se gardent François venir revoir, Car si la mort y debvroys recepvoir Ils comparront le mal fait aux Francoys. Je leur conseille non bouger@@ mouvoir, Car France est cimetiere aux Anglois. ENVOY. Prince qu'on note que si debvoit pleuvoir Pierres, cailloux, flourira blanche croix. Ne taschent plus Anglois nous decepvoir, Car France est cimetiere aux Anglois. Pierre Vach@ot. Une pure et blanche licorne Qui se vint rendre à pureté Le grand veneur, qui tout @mal pourechasse Portant epieux agus affilés, Tant pourchassa par sa mortelle chasse, Qu'il print un cerf en ses lacz filetz .efjueh avoit par grand despit fillés Pour le surprendre au beau parc d'innocence. Lors la licorne en forme belle effence Saillant en l'air comme royne des bestes, Sans craindre envieux can in, Monstrer se vint au veneur à sept testes Pure licorne expellant tout venin. Le faulx veneur, cornant par fiere audace, Les chiens mordans sur les cha@mps@arrangés, L'esperant prendre en quelque infecte place, Par la fureur de tels chiens @enragés Mais desconfits, las decouragés, Ne luy ont faict morseure ou @violence, Car le lyon de divine excellence La nourrissoit d'herbes fleurs celestes, En la gardant par son plaisir benin, Sans endurer leurs abboys molestes, Pure licorne expellant tout venin. Sus elle estoit prévention de grace, Portant les traits d'innocence empanés Pour repeller la vénéneuse trace De ce chasseur ses chiens obstinés, Qui furent tous par elle exterminés Sans lui avoir inféré quelque offense. Sa dure corne eslevoit pour deffense, Donnant support aux bestes trop subjectes A ce veneur cauteleux et malin, Qui ne print onc par ses dards ni sagettes Pure licorne expellant tout venin. Ainsi saillit pardessus sa fallace Et dards pointus d'archer mortel ferrés, Se recevant sur haultaine tarrasse Sans estre prinse en ses lacz @@@ses rhetz, Lesquelz avoit fort tyssus ferrés Pour lui tenir par sa fiere insolence Mais par douceur par benivole@nce Rendre les vint entre les bras honnestes De purité plaine d'amour divin, Qui la gardoit, sans taches deshonnestes, Pure licorne expellant tout venin. Pour estre ès champs des @bestes l'oultrepasse Et conforter tous humains désolés, Triomphalment seule esc@happe surpasse Les lacz infects par icelle ad@nul@lés. Dont ici bas nous som@mes consolés Par la licorne où gist toute affluence D'immortel bien par cèleste influence Car par ses fai@ts méritoires gestes A conservé tout l'orgueil serpentin En se monstrant par vertus manifestes Pure licorne expellant tout venin. E@N@V@O@Y. Veneur maudit, retourne @à les tempestes, Va le pltll ga au gOi Jre julp Jllrill, Puifijue n'as prins, par les cors trompestes, Pure licorne expellant tout ve@nin. Pierre Fabri. Ballade à Christofle de Refuge Se de dix mille martyrs vous voulez rendre Pour estre mis en la grand' confrairie, Besoing sera premierement aprendre L'heur malheur d'ho@@mme qui se marye, Je prie à Dieu la Vierge Marie, Que à ce besoing vous doi@nt ayde secours Puisque le cue@ur y a jà prins son cours, L'oeil y fera guet, embusche, ou escoute Si faulte vient, pour principal recours, Faictes semblant de jamais n'y veoir goutte. Vous avez sens engin pour apprendre Ce que au cas vous sert ou contrarie. Le plus fort n'est hault ouvraige entreprendre, Mais fault penser comment le vent varie Les faictz d'Amour sont oeuvres de faerie, U@ng jour croyssans, l'autre fois en decours Soient gens de ville, de chafteaulx ou de cours, Si quelqu'un@g vient dont vous soyez en do@uble, Et faul@@te vient pour principal recours, Faictes semblant de jamais n'y veoir goutte. Considerez, si femme voulez prendre, Par quel che@min il @fault qu'on la cha@rrye Si faulte faict, la voulez reprendre, Elle sera forcenée@@ @marrye. Soyez dolent, il fa@uldra qu'elle rye Soyez joyeux, elle fera ses tours Si en usant de ruzes et destours, Bien cognoissez que de vous se desgoutte, Et fa@ulte vient pour principal recours Faictes semblant de jamais n'y veoir goutte. ENVOY. Cousi@n, sachez que @à Paris à Tours, Voire à Lyon, chapperons@@@ attours Sont hault de poil si coucludz, somme toute Quant vollerez de faulxcons autours, Faictes semblant de ja@mais veoir go@utte. Guillaume Crétin. Ballade d'amours Qui en amours veult estre heureux Faull tenir train de .■ ne une, Efirc prompt adventureux, Quant à monstrer l'armaerie Porter drap d'or, orphaverie Car cela les Dames esme@ut. Tout sert mais, par sainte Marie, Il ne faict pas ce tour qui veult. Je f@uz n@agueres amoureux De Dame en beaulté assouvie Qui me dist en motz savoureux, @Mon a@mour est en vous ravye Mais il fault qu'el' soit desservye Par cinquante escuz d'or, s'o@n peult. Cinquante escuz bon gré ma vie ! Il ne faict pas ce tour qui veult. Alors luy donnai, sur les lieux Où elle faisoit l'endormie, Quatre venues de cueur joyeux, Voi@re en moins d'une heure demie L@ors @@me dist, à voix espamye, Encor ung coup le cueur me de@ult. Encor ung coup ! helas! mamye, Il ne faict pas ce tour qui veult. ENVOY. Prince, combien qu'on ait envie D'engresner, quand le moulin meult, Si force puissance devie Il ne faict pas ce tour qui veult. Jehan Marot. Ballade d'amours Plaisant assez des biens de fortune Un@g peu garny, me trouvay amoureux, @Voi@re si bien qu'en aymai tant fort une, Que nu@@@@ict jour j'en estoye douloureux Mais tant y a que je suis si heureux, Que moyennant vingtz escuz à la rose, Je fis cela que chascun bien suppose Alors je dis congnoissant ce passage Au fa@ict d'amours, babil est peu de chose Riche amoureux a tousiours l'advantage. Or est ai@nsi que durant ma pec@une Je fuz retins pour amy precieux Mais quant j'euz faict, sans dire chose aulcune Ceste villaine alla jetter les yeux Sur ung @vieillart riche, mais chassieux, Laid et hideux, trop plus que ne propose. Ce non obstant, il en jouit sa pose, Dont moy conf@uz voyant un@g tel oultrage, Dessus ce texte allay bouter en glose, Riche amoureux a tousiours l'advantage. @@Or elle a tort, car noyse ne rancune N'eu@st onc de moy tant luy fuz gracieux Que s'elle eust dit, donnez-moi de la lune, J'eusse entreprins de monter jusqu'aux cieulx Et non obstant son corps tant vicieulx Au service de ce vieillard expose, Dont ce voyant, ung rondeau je compose, Que luy transmis, mais en peu de langage Me respond franc, povreté te depose Riche amoureux a tousiours l'advantage. EN@VOY. Prince soyez bien parlant comme Orose, Bel entre tous, vermeil comme une rose, Sans dire tien, perdrez temps @@@usage Parquoy je dis tant en ryme qu'en prose, Riche amoureux a tousiours l'advantage. Jehan Marot. Ballade On ne voit plus un tas de fai@@ntes gens Par les deserts, comme au temps a@ncien Ni départir les biens aux indigens, Comme jadis faisoient les gens de bien Aucun pasteur, sinon courtisien, On ne voit plus, ni qui presche en la chaire @@Ains presche au peuple un moine, ou gardien, Qui vit du pain de ceux qui font du bien Et les prelatz, que font ils ? grosse chere. Pour observer les divins mandemens, Ne laisse nul so@n avoir terrien, Et n'y a plus nuls bons entendement Qu'a l'acquerir par maint divers moyen A son salut aucun n'entend plus rien, Ains se@mble à maints que de Dieu n'ont que faire, Nul ne disp@ute encore un arrien, Un idolastre ou un luthérien Et les prelatz, que font-ilz ? grosse chere. De guerroyer les Turcs Mécreans, N'est plus propos, quoi qu'ils nous pressent bien, Ni de mourir comme fit saint Laurens Autres aussi, pour la foi d'un chretien, D'alimenter un pauvre comme un chien, Ou un oiseau ou quelque bourdeillere, Nul n'y a l'oeil, ains d'un rude maintien, Sont dechaffés des huis sans dire rien Et les prelatz, que font-ilz ? grosse chere. EN@V@@OY. Prince, qui es maistre astrologien, Pour voir qui gist au coeur du peuple tien, Tu vois qu'on met ce de devant derriere Tous les estats, par mechant entretien, De t'offenser font leur quotidien Et les prelatz, que font ilz ? gro@sse chere. Eustorge de Beaulieu. Ballade Quand j'ois parler d'un prince de sa cour, Et qu on me dit Fréquentez-y, beau sire Lors je réponds Mon argent est trop court, J'y dépendrois, sans cause, miel cire Et qui de cour la hantise désire, Il n'est qu'un fol fust-ce Parceval Car on se voit souvent, dont j'ai grand ire, Très bien monte, puis soudain sans cheval. Averti suis que tout bien y accourt, Et que d'arge@nt on y trouve à suffire Mais je sçais bien qu'il deflue@@@ @décourt, Comme argent vif sur pierre de porphyre. Argent ne craint son maistre déconfire, Mais s'esjouir d'aller par mont val, En le rendant, pour en deuil le confire, Très bien monté, puis soudain sans cheval. Celui qui a l'entendement trop lourd N'y réussit, sors a souffrir martyre, Et qui l'esprit a trop gai, prompt gourd, Il perd son temps malheur à lui se tire. Esprit moyen, chevance à lui se tire Mais le danger est de ruer aval@@@@@@ i-uer ava@l Car la cour rend le mignon qu'elle attire Très bien monté, puis soudain sans cheval. ENVOY. Prince, vrai est, on ne s'en peut dédire, Que la cour sert ses gens de bien mal, Et qu'elle rend l'homme, sans contredire@@, Très bien monté, puis soudain sans cheval. Jehan Bouche@t. Ballade touchant justice O j@usticiers qui ministrez justice, Pas n'est requis d'estre foibles ne fresles Quand vous devez corriger la malice Des vicieux plains de toutes cautelles, Ni estre aussi trop ingratz ou rebelles Pitié y doit @@auoir quelque regard Vous estes ce@ulx à qui e@st demandée Par les humains, c@@ongnoissez par art@ Que Justice est des f,ril¡'l cieux procédée Soubz vos manteaulx doit reposer police Comme au temple reposoient les pucelles Car vous auez par les princes office De respandre par tous ses esti@ncelles. Espandez les sur tous ceulx sur celles Qui par larcin, tromperie @@barat @L'ont chassée hors, pillée gourmandée, Car vous sçavez, corrigeant tout estat Que Justice est des sainctz cieulx procedée. N'est si ferré, comme on dit, qui ne glisse, Ne si saiges qui n'ayent sottes cervelles, Si tresubtil qui ne face un tour nyce, Ne si justes qui n'ayent faulses querelles, Mais getter fault d'auec soy choses telles Se possible est, plus tost que plus tart, Ou de voz cueurs vertu est @decedée, Rememorans en public à part Que Justice est des sainctz cieulx procedée. ENVOY. Princes, saichez qui justice depart Peine eternelle luy sera euadée Car ce n'est point menterie ou broquart Que Justice est des sainctz cieulx procedée. Pierre Gringoire. D'un Chat d'un Milan Ie @vy n'aguere vn des plus beaux combats Qu'il est possible, vaut bien qu'on le sache, Vn milan vit @un chat dormant en bas, Si fond sur lu@y, du poil luy arrache Le chat combat, au milan s'attache Si viuement, l'estraint si très fort, Que le milan faisant tout son effort De s'en voler, se tint pris à sa prinse, Lors me souuint d'un qui a faict le fort, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. le laisse aux grands parler de grands debats le sens trop bien où mon soulier me mache, Et ne veux point que sous mon stile bas, Il soit pensé que rien de grand ie cache Ce que i'entens n'est sinon qu'il me fache, Qu'en ce temps cy ou nous auons renfort, Aux bonnes arts, que le commun ItIc p, Yn fot busard le moleste à grand tort, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. Pour ce coup cy son nom n'escriray pas, Ce m'est assez qu'on l'entende à sa tache, Mais s'en auant il fait iamais vn pas, Qu'il ne s'estonne alors si on luy lasche Infinis traitz dont le moindre plus lache L'iroit trouuer iusques dedans son fort, De Lycambes taint au sang noir ord Pourtant qu'il preigne aduis sur l'entreprise Du fol milan volant pour chat qui dort, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. EN@VOY. Vn bien sauant gueres ne poind ne mord, Et l'ignorant s'il peut nuit en surprise, Dont à la fin cest ennuy le remord, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. Mellin de Saint-Gelais. Du temps que Marot estoit au Palais à Paris Musiciens à la voix argentine, Doresnavant comme un homme esperdu Je chanteray plus hault qu'une buccine @@Hélas ! si j'ay mon joly temps perdu. Puis que je n'ay ce que j'ay prétendu, C'est ma ch@an@so@n, pour moy elle est bien deue Or je voys veoir si la guerre est perdue, O@u s'elle picque ainsi qu'un herisson. A@dieu vous dy, mon maistre Jehan Grisson Adieu Palais la porte Barbette, Où j'ay ch@anté mainte belle chanson Pour le plaisir d'une jeune fillette. Celle qui c'est en jeunesse est bien fine, Où j'ay esté assez mal entendu, Mais si pour elle encores je chemine, Parmy les pieds je puisse estre pendu @@C'est trop chanté, sifflé attendu Devant sa porte, en passant par la rue, Et mieux vauldro@it tirer à l@a charrue Qu'avoir tel' peine, ou servir @un masson. Bref, si jamais j'en trembl@e de frisson, Je suis content qu'on m'appelle Caillette C'est trop souffert de peine marrisson Pour le plaisir d'une jeune fillette. Je quicte tout, je donne, je resigne Le don d'aymer, qui est si cher vendu, Je ne dy pas que je me déterminé De vaincre Amour, cela ,'eJI JejJClldu, Car nul ne peult contre son arc tendu. Mais de souffrir chose si mal congrue, Par mon serment, je ne suis plus si grue. On m'a aprins tout par cueur ma leçon Je crains le guet, c'est un maulvais garso@n, Et puis de nuyct trouver une charrette, Vous vous cassez le nez comme un glaçon Pour le plaisir d'une jeune fillette. E@N@V@O@Y. Prince d'amour regnant dessoubz la nue, Livre la moy en un lict toute nue, Pour me payer de mes maulx la faço@n, Ou la m'envoye à l'ombre d'un buysson Car s'elle estoit avecques moy seulette T@u ne veis onc mieulx planter le cresson Pour le plaisir d'une jeune fillette. Clément Marot. A Madame d'Alençon pour estre couché en son Estat Princesse au cueur noble rassis, La fortune que j'ay suivie Par force m'a souv@ent assis Au froid giron de triste vie De m'y seoir encor me convie, Mais je respons comme fasché D'estre assis je n'ay plus d'envie Il n'est que d'estre bien couché. Je ne suis point des excessifz Importuns, car j'ay la pepie, Dont suis au vent comme un chassis, Et debout ainsi qu'une espie Mais s'une fois en la copie De vostre estat je suis merché, Je criray plus hault qu'une pie@@ Il n'est que d'estre bien couché. L'un soustient contre cinq ou six Qu'estre accouldé, c'est musardie, L'autre, qu'il n'est que d'estre assis Pour bien tenir chere hardie L'autre dit que c'est melodie D'un homme debout bien fiché Mais quelque chose que l'on die, Il n'est que d'estre bien couché. ENVOY. Princesse de vertu remplie Dire puis comme j'ay to@uché , Si promesse m'est accomplie Il n'est que d'estre bien couché. Clément Ma@rot. De frere Lubin Pour courir en poste à la ville Vingt foys, cent foys, ne sçay combien Pour faire quelque chose vile, Frere Lubin le fera bien Mais d'avoir honne@ste entretien, Ou mener vie salutaire, C'est à faire à un bon chrestien, Frere Lubin ne le peult faire. Pour mettre comme @un homme habile Le bien d'autruy avec le sien, Et vous laisser sans croix ne pile, Frere Lubin le fera bien On a beau dire je le tien, Et le presser de satisfaire, Jamais ne vous en rendra rien, Frere Lubin ne le peult faire. Pour desbaucher par un doulx stile Quelque fille de bon maintien, Point ne fault de vieille subtile, Frere Lubin le fera bien. Il presche en bon théologien, Mais pour boire de belle eau claire, Faictes la boire à votre chien, Frere Lubin ne le peult faire. E@N@V@O@Y. Pour faire plus tost mal que bien, Frere Lubin le fera bien Et si c'est quelque bon affaire, Frere Lubin ne le peult faire. Clément Marot. Chant de May de Vertu Voulentiers en ce moys icy La terre mue renouvelle. Maintz amoureux en font ainsi, Subjectz à faire amour nouvelle Par legiereté de cer@velle, Ou pour estre ailleurs plus contens Ma façon d'aymer n'est pas telle, Mes amours durent en tout temps. N'y a si belle dame aussi De qui sa beauté ne chancelle Par temps, maladie ou soucy, Laydeur les tire en sa nasselle Mais rien ne peult enlaydir celle Que servir sans fin je pretens Et pour ce qu'elle est tousiours belle, Mes amours durent en tout temps. Celle dont je dy tout cecy, C'est Vertu, la nymphe eter@nelle, Qui au mont d'honneur esclercy Tous les vrays amoureux appelle Venez amans, venez dit-elle , Venez à moi, je vous attens Venez ce dit la j@ouvencelle , Mes amours durent en tout temps, j en vo Y. Prince, fais amye immortelle Et à la bien aimer entens, Lors pourras dire sans cautelle,@@ Mes amours durent en tout temps. Clément Marot. Ballade en faveur des oeuvres De Neuf-Germain Par tous les coins de l'Univers Le Cygne Mantouan resonne L'aveugle Thebain de ses vers Encor toute la Terre étonne, Mais je n'accorde la couronne, Pour le Grec, ny pour le Romain. En l'employant mieux je la donne Au beau Monsieur de Neuf-Germain. L'autre jour le grand Apollon Pere du jour de la gloire, Tenoit au Ciel un violon Marqueté d'ébene d'yvoire, Et dit aux filles de Memoire, Je le veux mettre en bonne main, Car je le garde pour la foire Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Mercure luy dit C'est un fou, Que de trop bon oeil tu regardes, Il fit des vers sur Tribardou, Avec des paroles Lombardes Mais @ses rimes sont trop hagardes, Le @Mars jura par saint Firmin. Qu'il vouloit donner des nazardes Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Les Muses lors firent un cry Qui passa la dixieme Sphére Et défendant leur favory, Pleines d'une juste colere, Jurerent à Jupin leur pere, Qu'elles partiroient dès demain Si pas un d'eux osoit @déplaire Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Jupiter dit à haute voix, Mes chères filles, je me fie Entièrement à votre choix, Quel qu'il soit, je le deïfie, Et veux, je vous le certifie, Que sur Parnasse ou en chemin, Cinquante veaux on sacrifie Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Voiture. Ballade du pays de Cocagne Ne louons l'Isle o@ù Fort tune jadis Misi ses trésors, ni la plaine Elisée, Ni de Mahom le @noble Paradis, Car chacun sait que c'est billeuef@ée. Par nous plutoft Cocagne soit privée C'est bo@n Païs l'Almanach point ne ment, Où l'on le voit depeint fort dig@nement, Or pour falloir où gist cette campag@ne, Ie le diray disant Pays en Normand, Le Pays de Caux est le Pays de Cocagne. Tous les Mardys y sont de gras Mardys, De ces Mardys l'année est compofée. Cailles y vont dans le plat dix à dix, Et perdreaux sont tendres comme rosée. Le fruit y pleut, si que c'est chose aisée De le cueillir se baissant seulement. Poissons en beurre y nagent largement, Fleuues y sont du meilleur vin d'Espagne, Et tout cela fait dire hardiment Le Pays de Caux est le Pays de Cocagne. Pour les Beautis de ces lieux, Amadis Eust Oriane en son temps mesprisée, Bien donnerois quatre marauedis Si i'en auois une seule baisée. Plus cointes sont que n'est une Espousée, Et dans Palais s'esbatent noblement. Près leur déduit leur esbatement Rien n'eust paru la Cour de C@harlemagne, Quoy que Turpin en escriue autrement. Le Pays de Caux est le Pays de Cocagne E@N@V@O@Y. Prince, ie iure icy foy de Normand Que mieux vaudroit estre en Caux vn moment. Roy d'Yuetot, qu'Empereur d'Allemagne Et la raison, c'est que certainement Le Pays de Caux est le Pays de Cocagne Sarrasin. Ballade d'enlever en amour sur l'enlevement de Mademoiselle de Bouteville par Monsieur de Coligny Certes ce gentil jeu d'amours, Chacun le pratique à sa guise, Qui par Rondeaux beaux discours, Chapeau de fleurs, gente cointise, To@urnoy, bal, festin, ou deuise, Pense les belles c@aptiuer M@ais ie pense, quoy qu'on en dise, Qu'il @n'est rien tel que d'enleuer. C'est bien des plus merueilleux tours La pa@sseroute la maistrise Au mal d'aimer, c'est bien tousiours Vne prompte souëfue crise, C'est au gasteau de friandise De Venus la féue trouuer. L'Amant est fol qui ne s'auise Qu'il n'e@st rien tel que d'enleuer. Ie j'ay bien que les premiers jours Que Becasse est bridée prise, Elle invoque Dieu au secours Et ses parens à barbe grise Mais si l'amant qui l'a conquise Sait bien la Rose cultiuer, Elle chante en face d'Eglise Qu'il n'e@st rien tel que d'enleuer. ~M't tt'f! ! ENVOY, @@@Prince vse tousiours de main mise, Et te souviens pouuant trouver Quelque jeune fille en ch@emise. Qu'il n'tâ f fahiqurfjPiftleuer. Sarrasin. Ballade L'Amour pour ma liberté Me promet un doux martire. Ma raison de son côté Me fait peur de son empire, Me dit que je m'en retire Mais mon coeur sans s'allarmer, Me dit Aime, ose, desire, Il n'est rien tel que d'aimer. Mon c@ueur, je suis bien tenté, J'ai grand'pei@ne à te dédire Mais enfin si la beauté A qui tu veux que j'aspire, Te rebute te déchire, Pourras-tu t'en retirer, Et viendras-tu me redire Il n'est rien tel que d'aimer ? Oui, je te le redirai, Dit mon cueur, tant que j'expire, On est assez fortuné D'aimer toujours Silvanire, Sans espoir de la réduire. Laisse moi donc enflammer, Si tu veux que je respire. Il n'est rien tel que d'aimer. E@N@VOI. Beauté pour qui je soupire, Quoi qu'il en puisse arriver, N'aimer rien, c'est, sans trop dire, De tous les états le pire, Il n'est rien tel que d'aimer. Bussy-Rabutin. Ballade sur la lecture des romans et des livres d'amour Hier je mis, chez Chloris, @en train de discourir, Sur le fait des roma@ns, Alizon la sucrée. N'@est-ce pas grand'pitié, dit-elle, de souffrir Que l'on meprise ainsi la Legende dorée, Tandis que les romans sont si chere denrée ? Il vaudroit beaucoup @@mieux qu'avec maints vers du te@mps De Messire Honoré l'histoire fujl bruslée. Ouy pour vous, dit Chloris, qui passez cinquante ans@@. Moi, qui n'en ai que vingt, je pretens que VAjlrée Fi jffe en mon cabinet encor quelque se@jour Car, pour vous découvrir le fond de ma pensée, Je me plais aux li@vres d'amour. Chloris eut quelque tort de parler si crûment Non que Monsieur d'Urfé n'aist faict une oeuure exquise Etant petit garçon je lisois son roman Et je le lis encore ayant la bar@ve grise. Aussi contre Alizon je faillis d'avoir prise, Et soutins haut@@@ clair qu'Urfé, par-cy par-là, De preceptes moraux nous instruit à sa guise. De quoy, dit Alizon, peut servir tout cela ? Vous en voit on aller plus souvent à l'église ? Je hais tous les menteurs , pour vous trancher court, Je ne puis endurer qu'une femme me dise, Je me plais aux livres d'amour. Alizon dit ces mots avec tant de chaleur, Que je crus qu'elle estoit en vertus accomplie Mais ses péchez escrits tomberent par malheur. Elle n'y prit pas garde. Enfin estans sortie, Nous vi@smes que son sait estoit papelardie, Trouvant entre autres points dans sa confessio@n J'ai lu maistre Louis mille fois en ma vie Et mesme quelquefois j'entre en tentation Lorsque l'ermite trouve Angélique endormie, Resvant à tel fatras souvent le long du jour. Bref, sans considerer censure ni demie, Je me plais aux livres d'amour. Ah ! ah ! dis-je, Alizon, vous lisez les romans, Et vous vous arrestez à l'endroict de l'ermite ! Je crois qu'ainsi que vous pleine d'enseignemens Oriane prêchoit, faisoit la chattemite. Après mille façons, cette bonne hypocrite Un pain sur la fournée emprunta, dit l'auteur Pour un petit poupon l'on sçait qu'elle en fut quitte@ Mainte belle sans doute en a ri dans son coeur. Cette histoire, Chloris, est du pape maudite Quiconque y met le nez devient noir comme un sour, Parmi ceux qu'on peut lire dont voici l'élite, Je me plais aux livres d'amour. Clitophon a le pas par droit d'antiquité Heliodore peut par so@n prix le prétendre Le roman d'Ariane est trés-bien inventé J'ai lu vingt vingt fois celuy de Polexandre. En fait d'évenemens, Cleopatre Caffandre Entre les beaux premiers doivent estre rangez Chacun prise Cyrus la carte du Tendre, Et le frere la soeur ont les coeurs partagez. Mesme dans les plus vieux je tiens qu'on peut apprendre@ P@erceval le Gallois vient encore à son tour, Cervantes me ravit,@@@ pour tout y comprendre Je me @plais aux l@ivres d'amour. ENVOI. A Rome on ne lit point Boccace sans dispense Je trouve en ses pareils bien du contre du pour. Du surplus Honny soit quy mal y pense ! Je me plais aux livres d'amour. Jean de La Fontaine. Sur Escobar C'est bon droit que l'on condamne à Rome L'évêque d'Ypre, a@ute@ur de vains débats Ses sectateurs nous défendent en somme Tous les plaisirs que l'on goûte ici-bas, E@n paradis allant au petit pas, On y parvient quoi que Arnauld nous en dise La volupté sans cause il a ba@nnie. Veut-on monter sur les célestes tours,rs, Chemin pie@rreux est grande rêverie. Escobar fait un chemin de velours. Il ne dit pas qu'on peut tuer un @ho@mme Qui, sans raison, nous tient en altercas Pour un fét@u ou bien pour une pomme Mais qu'on le peut pour quatre ou cinq ducats. M@ême il soutient qu'on peut en certains cas Faire un serment plein de supercherie, S'abandonner aux douceurs de la vie, S'il est besoin, conserver ses amours. Ne faut-il pas après cela qu'on crie Escobar fait un chemin de velours ? Au nom de Dieu, lisez-moi quelque somme De ces écrits dont chez lui l'on fait cas. Qu'est-il besoin qu'à présent je les nomme ? Il en est tant qu'on ne les connoît pas. De leurs avis servez-vous pour compas. N'admettez qu'eux en votre librairie Brûlez Arnauld avec sa coterie, @Près d'Escobar ce ne sont qu'esprits lourds. Je vous le dis ce n'est point raillerie, Escobar fait un chemin de velours. ENVOI. Toi, que l'orgueil poussa dans la voirie, Qui tiens là-bas noire conciergerie, Lucifer, chef des infernales cours, Pour éviter les traits de ta furie, Escobar sait un chemin de velours. Jean de La Fontaine. Sur le mal d'amour De tant de maux qui traversent la vie, Lequel @de tous donne plus d'embarras ? De grands ' a lJt'lIlS la famine est suivie La guerre aussi cause bien des fracas La peste encore est un dangereux cas Femme fâcheuse est un méchant partage Faute d'argent cause bien du ravage Mais pas ne sont là les plus douloureux Si m'en croyez, aussi bien que le sage, Le mal d'amour est le plus rigoureux. De l'éprouver un jour me p@rit envie, Mais aussitôt adieu joie soulas Ennuis cuisans, noirs soupçons, jalousie, Cent autres maux je vois venir à tas, Tous mes déduits furent de grands hélas ! Liberté fit place à honteux servage, Tu us d'abord, pauvre coeur, mis en cage, D'où bien voudrois sortir, mais tu ne peux Lors tu chantas sur un piteux ramage Le mal d'amour e Le mal d'amour est le plus rigoureux. Quand la beauté que vous avez servie A vos désirs parfois ne répond pas C'est bien alors que c'est la diablerie Prendre on voudroit le parti de Judas. On se pendroit pour moins de deux d@ucats Sans cesse au coeur on a fureur rage Fer et poison, on met tout en usage Pour se tirer d'un pas si malheur@eux. Qui peut après douter de cet adage Le mal d'amour est le plus rigoureux ? J'excepte amour qui se traite en Turquie Dans les sérails de ces heureux hachas D'o@ù cruauté fut de tout temps bannie, Où douceur gît toujours entre deux draps Plaisirs y sont sur des lits de damas, Chagrins jamais jamais dame sauvage. Jusqu'aux tendrons qui font l'apprenti@ssage, Tout est galant, traitable gracieux Partout ailleurs, dont de bon coeur j'enrage, Le mal d'amour est des plus rigoure@ux. ENVOI. Objet charmant, de qui la belle image Tient dès longtemps mon coeur en esclavage, Soulage un peu mon tourment amoureux. Si tu me fais un tour si généreux, Plus ne tiendrai ce déplaisant langage Le mal d'amour est le plus rigour@eux. Jean de La Fontaine. Ballade à madame Fouquet pour le premier terme Comme je vois monseigneur votre époux Moins de loisir qu'homme qui soit en France, Au lieu de lui, puis-je payer à vous ? Seroit-ce assez d'avoir votre quittance ? Oui, je le crois rien ne tient en balance Sur ce point-là mon esprit soucieux, Je voudrois bien faire un don précieux Mais si mes vers ont l'honneur de vous plaire, Sur ce papier promenez vos beaux yeux. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! Je viens de Vaux, sachant bien que sur tout Les Muses sont en ce lieu résidence Si leur ai dit, en ployant les genoux Mes vers voudroient faire la révérence A deux soleils de votre connoissance, Qui sont plus beaux, plus clairs, plus radieux Que c@elui-là qui loge dans les cieux Partant, vous faut agir dans cette affaire, Non par acquit, mais de tout votre mieux. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! L'une des neuf m'a dit d'un ton fort doux Et c'est Clio, j'en ai quelque croyance Espérez bien de ses yeux de nous.@ J'ai cru la Muse @sur cette assurance J'ai fait ces vers, tout rempli d'espérance. Commandez donc en termes gracieux Que, sans tarder, d'un soin officieux, Celui des Ris qu'avez pour secrétaire. M'e@n expédie un acquit glorieux. En puissiez-vous dans cent ans auta@nt faire ! F. s v o T. Reine des coeurs, objet délicieux, Que suit l'enfant qu'on adore en des lieux Nommés Paphos, Amathonte, Cythere, Vous qui charmez les hommes les Dieux, En puissiez-@vous d@ans cent ans autant faire ! Jean de La Fontaine. Ballade A caution tous amants sont sujets, Cette maxime en ma tête est écrite Point n'ay de foi pour leurs tourmens secrets Point auprès d'eux n'ay be@soin d'eau b@énite, Dans coeur humain probité plus n'habite, Trop bien encore a-t-on les mêmes dits Qu'avant qu'Astuce au monde fut venue Mais pour d'effets, la mode en est perdue, On n'aime plus comme on aimoit jadis. Riches atours, table, nombreux @valets, Font aujourd'hui les trois quarts du mérite. Si des amans sou@@mis, constans, discrets, Il est encor, la troupe en est petite. Amour d'un mois est amour @decrepite. Amans brutaux sont les plus aplaudis. Soupirs pleurs feroient passer pour gruë, Faveur e@st dite aussi tôt qu'obte@nue. On n'aime plus comme on aimoit jadis. Jeunes beautez en vain tendent filets Les jouvenceaux, cette engeance maudite, Fait bande à part, près des plus-doux objets D'être indolent chacun se félicite, Nul en Amour ne daigne être hypocrite Ou si parfois un de ces étourdis A quelques soins s'abaisse, s'habitue, Don de Mercy seul il n'a pas en vûe On n'aime plus comme on aimait jadis. Tous jeunes coeurs se trouvent ainsi faits. Telle denrée aux foses se débite. Coeurs de barbons sont un peu moins coquets@ Quand il fut vieux le diable fut hermite, Mais rien chez eux à tendresse n'invite. Par maints hyvers desirs sont refroidis. Par maux fréquens humeur devient bourrue Quand une fois on a tête chenuë, On n'aime plus comme on aimoit jadis. ENVOY. Fils de Venus, songe à tes intérêts, Je voy changer l'encens en camouflets Tout est perdu si ce train continuë. Ramène nous le siecle d'Amadis. Il t'est honteux qu'en cour d'attraits pour@vûë Où politesse au comble est parvenuë, On n'aime plus comme on aimoit jadis. Madame Deshoulières. A Madame Deshoulières en réponse à la ballade dont le refrain est On n'aime plus comme on aimoit jadis Qu'à caution tous amans soient fujeh, C'est une erreur qui les bons dij. i éliu-. On voit au monde assez d'amans discrets La race encor n'est pas toute détruite Quoi qu'en ait dit femme un peu trop dépite, Rien n'est changé du siècle d'Amadis, Hors que pour estre amitié maintenue Plus n'est besoin d'Urgande Desconnue On aime encor comme on aimoit jadis. Il est bien vray qu'on choisit les objets, Plus n'est le temps de dame sans mérite Quand beauté luit sous simples bavolets, Plus sont prisez que reine décrépite Sous quelque toit que Bonne-Grace habite, Chacun y court, jusqu'aux plus refroidis Depuis Adam cela se continue, Et quand Grâce est de Bonté soute@nue, On aime encor comme on aimoit jadis. Quand Celadon au pays des Forets Étoit prôné comme un amant d'élite, On vit Hylas, patron des indiscrets, En plein marché tenir autre conduite. Bref en tout temps Amour eut à sa suite Sujets loyaux sujets étourdis Or n'en est pas la coustume perdue, Comme autrefois la mode en est venue On aime encor comme on aimoit jadis. ENVOI. Toi qui te plains d'Amour de ses traits, Dame chagrine, apaise les regrets Si quelque ingrat rend ton humeur bourrue, Ne t'en prends point à l'Enfant de Cypris Cause il n'est pas de ta déconvenue Quand la dame est d'attraits assez pourvue, On aime encor comme on aimoit jadis. Jean de La Fontaine. Ballade sur une vieille fille qui vouloit se remarier C'est tout de bon, @Venus aux cheveux gris Après vingt ans des glaces du veu@vage Les feux d'Amour échauffent vos esprits Quoi ! le Da@mon vous charme vous engage Ma@is pour fixer ce coeur fier @volage, T@rès-p@eu vous sert de brûler comme un four Chez un galant, chercheur de pucelage, Vieille femme est un remede à l'Amour. Vous ne devez songer qu'au Paradis La mort est proche, vous guette au passage Et cet amour dont vos sens sont épris, Ne servira qu'à hâter le voyage. Jadis les coeurs vous rendirent hommage Jadis chez vous les ris firent sejour Mais maintenant il faut plier bagage Vieille femme est un remede à l'Amour. Il me souvient d'avoir lû que jadis, Ainsi que vous sur le déclin de l'âge, Phèdre sentit de semblables soucis Mais chacun sçait qu'Hipolite fut sage Ce Prince étoit delicat personnage Aussi d'abord, sans prendre un long détour, En peu de mots il lui tint ce langage Vieille femme est un remede à l'Amour. E@N@VOI. Pour réparer les défauts du visage, On peut user d'un assez plaisant tour Et c'est l'argent mais sans cet avantage, Vieille femme est un remede à l'Amour. Jean-Baptiste Rousseau. Ballade du Vieux Temps A qui mettoit tout dans l'amour, Quand l'amour lui-même décline, Il est une lente ruine, Un deuil amer sans retour, L'autoumne trainant s'achemine Chaque hiver s'allonge d'un tour, En v.ui le f-rtn'etnfs s'illumine Sa lu@@mière n'est plus divine A qui mettoit tout dans l'amour ! @En vain la Beauté sur sa tour, Où fleurit en bas l'aubépine, Monte avec l'aurore fascine Le regard qui rode d l'entour. En vain sur l'écume marine De jour encor sourit Cyprine Ah ! quand ce n'est plus que de jour, Sa grâce elle-même est chagrine A qui mettait tout dans l'amour ! Sainte-Beuve. Ballade des Pendus Sur ses larges bras étendus, La foret o@ù s'éve@ille Flore, A des chapelets de pendus Que le malin caresse dore. Ce @bois sombre, où le chêne arbore Des grappes de fruits inouïs Même chez le Turc le More, C'est le verger du roi Louis. Tous ces pauvres gens mo@rsondus, Roulant des pensers qu'on ignore, Dans les tourbillons éperdus Voltigent, palpitants encore. Le soleil levant les dévore. Regardez-les, cieux éblouis, Dan@ser dans les feux de l'aurore. C'est le verger du roi Louis. Ces pe@ndus, du diable entendus, Appellent des pendus encore. Tandis qu'aux cieux, d'azur te@ndus, Où semble luire un météore, La rosée en l'air s'évapore, Un essaim d'oiseaux réjouis Par dessus leur tête picore. C'est le verger du roi Louis. ENVOI. Prince, il est un bois que décore Un tas de pendus enfouis Dans le doux feuillage sonore, C'est le verger du roi Louis. Théodore de Banville. Ballade des pauvres Gens Rois @qui serez jugés à votre tour, Songez à ceux qui n'ont ni sou ni maille Ayez pitié du peuple tout amour Bon pour fouiller le sol, bon pour la taille Et la charrue, @@@bon pour la bataille. Les malheureux sont damnés, - c'est ainsi ! -Et leur fardeau n'est jamais adouci. Les moins meurtris n'ont pas le @néc@essaire. Le froid, la pluie à le soleil aussi, @@Aux pauvres gens tout est peine misère. Le pauvre hère en son triste séjour, Est tout pareil à ses bêtes qu'on fouaille. Vendange-t-il, a-t-il chauffé le four Pour un fe@stin ou pour une épo@usaille, Le seigneur vient, toujours plus endurci. Sur son vassal, d'épouvante saisi, Il met la main, comme un aigle sa serre, Et lui prend tout, en disant Me voici ! Aux pauvres gens tout est peine misère. Ayez pitié du pauvre fou de cour ! Ayez pitié du pêcheur qui tressaille Quand l'éclair fond sur lui comme un vautour, Et de la vierge aux yeux bleus, qui travaille, Humble révant sur sa chaise de paille. Ayez pitié des mères ! O souci, O deuil ! L'enfant rose blond meurt aussi. La mère en pleurs entre ses bras le serre, Pour réchauffer son petit corps transi Aux pauvres gens tout est peine misère. ENVOI. Prince ! pour tous je demande merci ! Pour le manant sous le soleil noirci Et pour la nonne égrenant son rosaire Et pour tous ceux qui ne sont pas d'ici Aux pauvres gens tout est peine misère. Théodore de Banville. Ballade des belles Châlonnai@se@s Pour boire j'aime un compagnon, J'aime une franche gaillardise, J'aime un broc de vin bourguignon, J'aime de l'or dans ma valise, J'aime un verre fait à Venise, J'aime parfois les violons Et surtout, pour faire à ma guise, J'aime les filles de Châlons. Ce n'est pas au bord du Lignon Qu'elles vont laver leur chemise. Elles ont un épais chignon Que tour à tour frise défrise L'aile du vent de la brise De la nuque jusqu'aux talons, Tout le reste est neige cerise, J'aime les filles de Châlons. Même en revenant d'Avignon On admire leur vaillantise. Le sein riche le pied mignon, L'oeil allumé de convoitise, C'est dans le vin qu'on les baptise. Vivent les cheveux drus longs ! Pour avoir bonne marchandise, J'aime les filles de Châlons ! ENVOI. Prince, un chevreau court au cytise ! Matin soir, dans vos salons Vous raillez ma fainéantise J'aime les filles de Châlons. Théodore de Banville. Ballade pour ma commère Le beau baptême et l@a belle commère ! Quels jolis yeux ! disaient les assistants. On rôtissait les boeufs entiers d'Homère Et l'on ouvrait la porte à deux battants. Bonne Alizon ! même après tant de temps, Quand je la vois, mon âme en est tout aise. Elle a des yeux d'enfer, couleur de braise, Et le sein rose des lys à foison Elle est savante avec ses airs de niaise. Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! En ce temps-là, mordant l'écorce amère, Dans m@on pays de forêts d'étangs, J'étais encore un coureur de chimère. Elle, on e@ût dit un matin de printemps ! Mais, à la fin, voici qu'elle a trente ans. Ses grands cheveux sont blonds, ne vous déplaise Et longs et fins, lourds, par parenthèse, A n'y pas croire. O la riche toison ! A la tenir on fait ce qu'elle pèse. Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! Oh ! comme suit cette enfance éphémère ! Mon Alizon, dont les cheveux flottants Étaient si sous, regarde, en bonne mère, Ses petits gars, forts comme des tita@ns, Courir pieds nus dans les prés éclatants. Elle travaille, assise sur sa chaise. Ne croyez pas surtout qu'elle se taise Plus qu'un oiseau dans la belle saison, Et sa chanson n'est pas la plus mauvaise. Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! ENVOI. Avec un rien, on la fâche, on l'apaise. Les belles dents à croquer une fraise ! J'en étais fou pendant la f@enaison. Elle est mignonne rit quand on la baise, Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! Théodore de Banville. Ballade de la vraie Sagesse Mon bon ami, poëte aux longs cheveux, Joueur @de flûte à l'humeur vagabonde, Pour l'un qui vient je l'adresse mes voeux Enivre-toi, dans une paix profonde, Du vin san@gla@nt de la beauté blonde, Comme à Noël, pour faire reveillon Près du foyer en flamme, où le grillon Chante à mi-voix pour charmer ta paresse, Toi, vieux Gaulois fils du bon Villo@n, Vide ton verre baise ta maitresse. Chante, rimeur, la Jeanne ses grands yeux Et cette lèvre où le sourire abonde Et que tes vers à nos derniers neveux, Sous la toiso@n dont l'or sacré l'i@no@nde, La fassent voir plus belle que Joconde. Les Amours nus, pressés en bataillon, Ont des rosiers broyé le vermillon Sur le beau sein de cette enchanteresse. Ivre déjà de voir son cotillon, Vide ton verre@@@ baise la maîtresse. Une bacchante, aux bras fins nerveux, Sur les coteaux de la chaude Gironde, Avec ses soeurs, dans l'ardeur de ses jeux, Pressa les flancs de sa grappe féconde D'où ce vin clair a coulé comme une onde, Si le désir, aux yeux d'émerillon, T'enfonce au coeur son divin aiguillon, Profites-en l'Ame, disait la Grèce, A pour nous fuir l'aile d'un papillon Vide ton verre baise la maîtresse. ENVOI. Ma muse, ami, garde le pavillon. S'il est de pourpre, elle aime son haillon, Et me répète à travers son ivresse, En secouant son léger carillon Vide ton verre baise, la maîtresse. Théodore de Banville. Ballade des Enfants sans-souci Ils @vont pieds nus le plus so@uvent. L'hiver Met à leurs doigts des mitaines d'onglée. Le soirs hélas ! ils soupent du grand air, Et sur leur front la bise @échevel@ée Gronde, pareille au bruit d'u@ne mêlée. A peine un peu leur sort est adouci Quand avril fait la terre consolée Ayez pitié des Enfants sans souci. Ils n'ont sur eux que le manteau du ver, Quand les frissons de la voûte étoilée Font tressaillir briller leur oeil clair. Par la montagne abrupte la vallée, Ils vont, ils vont ! A leur troupe affolée Chacun répond Vous n'êtes pas d'ici, Prenez ailleurs, oisea@ux, votre @volée@. Ayez pitié des Enfants sans souci. Un froid de mort fait dans leur pauvre chair Glacer le sang, leur veine est gelée. Les coeurs pour eux se cuirassent de fer, Le trépas vient. Ils vont sans mausolée Pourrir au coin d'un champ ou d'une allée, Et les corbeaux mangent leur corps transi Que lavera la froide giboulée. Ayez pitié des Enfants sans souci. ENVOI. Pour cette vie effroyable, filée De @mal, de peine, ils te disent Merci ! Muse, comme eux, avec eux exilée. Ayez pitié des Enfants sans souci ! Albert Glatigny. Ballade de l'Amant inquiet Vous qui savez, Dames Damoiselles, Ce qu'est Amour, notre gentil seigneur, Quand il lui plait torturer ses fidèles, Ci connaissez d'o@ù me vient ma frayeur. Rien parmi nous n'e@st plus beau ne meilleur Que Dame, hélas ! dont suis en dépendance Passion tendre@@@ courtoise prudence Se sont choisi pour asiles ses yeux, Et l'agrément de sa douce prèsence Est désiré dans le plus haut des cieux. Saint bataillon, milices éternelles, O gardes-clefs du ciel supérieur, Éclatants d'or sous vos candides ailes, Vous enviez d'en haut notre bonheur De la bien voir de lui faire honneur. Jusqu'a ce jour, malgré votre puissance, Elle est sur terre, sa magnificence Manque à l'éclat du Trône radieux, Et c'est pourquoi ce fleuron d'innocence Est désiré dans le plus haut des cieux. Ains, ò Jé@sus ! leurs prières sont telles Que moi, resté dans ce monde trompeur, Verrai ses yeux, tout remplis d'étincelles, Tôt se voiler d'une terne @vapeur. Un Ange prompt de qui m'est grand'peur, En habit vert couleur de l'espérance, Viendra lui dire Ici tout est souffrance@@ Monter là-haut, sur mes ailes, vaut mieux, Car dès longtemps jour de ta survenance Est désiré dans le plus haut des cieux. ENVO@I. Dames, vous, Damoiselles, je pense Puisque j'ai fait rencontre connaissance De cette Dame au coeur religieux Que le salut de mon intelligence Est désiré dans le plus haut des cieux. Frédéric Plessis. NOTES BALLADES DE JEHAN FROISSART p. i et suivantes. OEuvres de Froissart. Poésies publiées par M. Aug. Scheler. Bruxelles, 1870 I@n-8°. Page 1, vers 6, saint Ja@me, forme anglaise du nom de saint Jacques. Page 6, vers II. Le poëte fait entendre que le nom de celle qu'adorait Achille, renferme les cinq lettres qui composent celui de la Chiere Dame, à qui sa ballade est adressée, qui, par conséquent, suppose t-on, s'est appelée AELIX. Auguste Scheler. BALLADE DE GUY DE LA TRÉMOUILLE p. 7. Le livre des cent ballades contenant des conseils à un Chevalier pour aimer loialement les responses aux ballades, publié... par le marquis de Queux de Saint-Hilaire. Paris. Maillet, M D CCC LXVIII. La ballade En ciel un Dieu, en terre une Déesse, est dans les@ respo@nses . Elle a été composée, sélon les présomptions exposées par M. de Saint-Hilaire, entre les années 1386 1392. Messire Guy de la Trémouille, chevalier, était garde de l'oriflamme en 1383. Il mourut en 1398, laissant un beau renom de prud'homie. BALLADES D'EUSTACHE DESCHAMPS p. 9 et suivantes. Poésies morales et historiques d'Eustache Deschamps, publiées pour la première fois par G.-A. Crapelet, imprimeur. Paris, M. DCCC XXXII. Gr. in-8°, Page 14, vers 9 suivants. Comprenez Pourquoi dames @@@pucellettes font-elles si grande difficulté à aimer un ami, puisqu'elles fcchercmt OiJjlNf l'herbe ? Page 4, vers 14 suivants. Comprenez Ceux qui ,,',ziHl 'rCll! pas qui ont dit non à l'amour, auront mai@gre gloire, mais ceux qui aimèrent généreusement, appa@raîtront la face lumineuse a@uro@nt renommée par le monde. Page 16, Ballade. Eustache Deschamps avait connu approché le bon connétable de France. Il n'est pas le seul poëte qui ait chanté Duguesclin. Cuvelier, trouvère, rima une longue chanson des gestes de sire Bertran. BALLADES DE CmiSTtKB VIS PISAN. p. 18 et suivantes Les Poésies de Christine de Pisan sont conservées en manuscrit à la Bibliothèque nationale. N os 7,087 - 7,217 - 7,223 - 7,641. Page 18, vers 2 3, dis, poëmes , dictier. Eustache Deschamps a composé un @@Art de dictier de fere chançons, balades, virelais rondeaulx . Page 24, Ballade. Christine de Pisan fut veuve, à vingt-cinq ans, d'Estienne du Caftel, notair@@@e se@cré@taire du roi Charles V. Page 25, vers 10, plus assombrie que teinture cou@leur d'un More. P. 2@6. Complainte sur la mort du duc de Bourgogne. Dame Christine-la-Désolée, qui pleura beaucoup en sa vie, ne pleura jamais plus qu'à la mort du duc Philippe, qui l'avait gratifiée de ses dons. Elle inter@rompit, à la triste nouvelle du meurtre, son livre de Mutation de Fortune, elle écrivit ces lamentations Comme obscurcie de plains, plours lermes, à cause de nouvelle mort, me convient faire douloureuse introyte commencement à la seconde partie de cette oeuvre, présente adoulée à bonne cause de sur@venue, perte, non mie@ singuliere. a moy ou a aulcuns, mais générale expresse en maintes terres plus en cestuy royaume, comme despouillié, deffait de l'un de. ses souverai@ns pilliers. Le Livre des. fais bonnes meurs du sage roy Char@les V. 2 e partie. BALLADES D'ALAIN CHARTIER p. 28 et suivantes. Les OEuvres de maistre Alain Chartier... toutes nou@vellement réunies, par André du Chesne, Tourangeau. Paris, 1517. In-f°, BALLADES DE CHARLES D'ORLÉANS p. 34 et suivantes. Poésies de Charles d'Orléans, publiées par J. -Marie Guichard. Paris, Gosselin, 1842. In-12. Pages 34 à 44. Ballades composées en Angleterre où le duc Charles était prisonnier. Page 39, vers I. La saint Valentin, fête anglaise, consacrée aux fiançailles. C'est le jour où l'on dit que les oiseaux s'apparient. Page 41. Ballade. Le duc Charles y déplore la mort de sa dame, qu'il nomme Beaulté, qui périt en droicte fleur de jeunesse . BALLADES DE FRANÇOIS VILLON p. 45 et suivantes. OEuvres de maistre François Villon, corrigées aug mentées d'après plusieurs manuscrits qui n'étoient pas connus, précédées d'un Mémoire..., par J. -H. -R. Promp@fault. Paris, Ebrard, 1835. In-8°. En attendant le texte qu'établit en ce moment M. Longnon, avec une méthode vraiment scientifique, nous avons suivi l'édition de l'abbé Prompfault. Page 45, Ballade intitulée les Contredictz de Franc Gontier. Voici le huitain qui, dans le texte de Villon, précède cette ballade Gontier ne crains, qui n'a nulz hommes Et mieulx que moy n'est hérité Mais en ce débat cy nous sommes Car il loüe sa pouvreté E@stre pouvre y@ver esté, A bonheur celà il repute Je le tiens à maheureté, Lequel a tort ? or en discute. Les Dits de Franc Gontier est un petit poëme du XIV e siècle. Page 45, vers 11 suiv. Le sens est Si Franc Gontier sa compagne eussent suivi cette douce vie, ils n'eussent point @mangé leur croute de pain bis, frottée d'ail de civette. Page 45 vers 15. Mathon, lait caillé, -@potée, boisson, On dit encore potion. Page 46, vers 7 suiv. Le sens est Le chant de tous les oiseaux qui sont d'ici à Babylone ne me retien@drait pas un jour, pas une matinée à la campagne, s'il m'y fallait vivre en suivant un si maigre régime. Page 50. Ballade et orasion. On trouve dans les re@gistres de l' Officialité parisienne de 1460 1461, une mention plusieurs fois répétée de Jean Cotard, qua lifié de procurator ou de promotor curioe. P. 50, vers 6. Architriclin. Villon désigne ainsi l'in tendant architriclinus des époux de Cana. Jean II, 9. P. 51, vers 10 Bref, il en fut à grand peine au douzieme, Que s'escriant, Haro ! la gorge m'ard! Tost, tost, dit-il, que l'o@n m'apporte à boire ! La Fontaine. Contes Nouvelles, I, X, le Paysan qui avoit offensé @son seigneur. P. 52. Balla.le ly.'ii' Villon feit à la rejueste de sa mère pour prier Nostre-Dame. Cf. le présent livre p. XXIII. P. 52, vers 13, l'Egyptienne, sainte Marie l'Égyptienne. P. 52, vers 14. Théophilus. Cf. le miracle Theophi lus, dans Gautier de Coinfi. Rutbeuf en a fait une moralité. P. 55, vers 2. Flora, courtisane qui fut aimée de Pompée. P. 5 5, vers 3. Archipiada est peut-être Archippa, dont le souvenir est associé à la mémoire du poëte Sophocle. -@Thaïs, courtisane qui brilla à Athènes au@@ milieu du V e siècle. P. @55, vers 4. Qui fut sa cousine germaine, par la beauté. P. 5 5, vers 5. La Nymphe Écho, d'après Ovide. P. 55, vers 9. Héloïs, Héloïse, nièce du chanoine Fulbert. P. 55, vers 11. Pierre Esbaillard. Abailard, le docteur qui mourut en 1142. P. 55, vers 13 14. Cette Roy@ne est Marguerite de Bourgogne, première femme de Louis le Hutin. Elle débauchait les écoliers, dans la tour de Nesle, les faisait jeter dans la Seine. Buridan obtint ses dan@gereuses caresses il ne fut pas noyé il se retira à Vienne, en Autriche, où il fonda une université. Telle est la légende. P. 56, vers 1. La Royne blanche comme ung lys est Blanche de Bourbon, mariée, en 13 52, à Pierre le Cruel. P. 56, vers 3. Berthe, Bertrande, fille de Caribert, femme de Peppin, mère de Charlemagne, ou, pour mieux dire, la reine Pedauque, la fileuse qui contait les Contes de la mère l'Oie Cf. Hyacinthe Husson, La Chaîne traditionnelle et les Contes de Perrault, édition Lefèvre, p. LVII. -@Biétris, Béatrix de Pro@vence, mariée, en 1245, à Charles de France, fils de Louis VIII. -@Allys , Alix de Champagne, mariée, en l'an 1160, à Louis le Jeune, roi de France. P. 56, vers 4. Hare@mbouges, Eremburges, fille hé@ritière de Élie de La Flèche, comte du Maine, morteni 110. P. 56, vers 5. Jehanne Darc, née à Dom-Remy, petit village des marches de Lorraine. P. 56. Envoi. Prince, quel que soit le jour de la semaine ou de cette année, que vous me demandiez où elles sont, je vous répondrai en redisant ce refrain Mais où sont... BALLADE D'OCTAVIEN de S ainct-G elaiz, P- 59. S'ensuyt la Chasse et le départ d'Amours, nouuelle ment imprimé à Paris, où il y a de toutes les tailles de Rimes que l'on pourroit trouuer. Côposée par Reueréd per en Dieu messire Octvien de Said-Gdaiz tllefq dâgou lesme. Et par noble hôme Blaise dauriol Bachelier en chascun droit, demeurât à Thoulo@ufe. On les vent à Paris en la rue neufue nostre dame A lenseigne de lescu de France. P. 60, vers 8. Sextus Tarquin. Tit. -Liv., l, 54. P. 60, vers 11. Roboam. Reg, III, 2. Paralip., II, 9. P. 60, vers 14, Marc Anthoine. Plut. Anton. P. 60, vers 15. Cleopatra. @Plut. Anton. P. 60, vers 16. Marcelline. Fille de C. Marcellus d'Octavia, répudiée par Agrippa ? . LE CYMETIERE DES ANGLOIS, p. 62. La Déploration des Estatz de France... L' Eslat de Noblesse, en apprenant une nouvelle entre@prise des Anglais, parle comme on voit en la Ballade. P. 62, vers 8. N'élidez pas IV muet dans le mot France. P. 63. @Envoy. Entendez Quan@d il devrait pleuvoir des pierres, le croix blanche sera victorieuse. Au temp@s du roi Charles VI, ceux d'Armagnac portaient la croix blanche@, ceux de Bourgogne, alliés aux Anglais, la croix rouge. UNE @PURE ET BLANCHE LICORNE QU@I SE VIENT RENDRE A PURETÉ, p. 64. Le Grant vrai Art de pleine rhétorique... tant en prose qu'en rime, 1521. Pierre Fabri, Rouennais, était curé de Meray. L'idée que l@@a sainte douceur de la vierge était supérieure au pouvoir du mal avait pris alors une forme précise dans la légende tant répétée de la Vierge de la Licorne. La Licorne, qu'on voyait dès le XI e siècle Sculptée à côté du Basilic, sur les murs des églises était, disent les Bestiaires, un cheval-chèvre d'une blan@cheur immaculée. Elle portait au front une merveil@leuse épée, Les veneurs la voyaient passer dans les clairières ils n'avaient jamais pu l'atteindre, tant elle était rapide. On savait toutefois que, si une vierge, assise dans la forêt, appelait la licorne, la bête obéissait, inclinait la tête sur le giron de l'enfant, se laissait prendre, euchaîner par d'aussi faibles mains. Mais la Licorne tuait la fille corrompue non pucelle . Voilà ce qui était conté par toutes gens, écouté en frissonnant, retenu rêvé pendant de longues veil@lées. Tous avaient vu la Licorne en quelque image taillée ou peinte quelques-uns l'avaient reconnue de loin, dans les halliers, aux heures douteuses. ANATOLE FRANCE, la Mission de Jeanne Darc. BALLADE A CHRI@STOFLE @DE REFUGE, p. 67. Chants royaux, Oraisons autres petits Traités, par Guillaume Crétin. Paris, Simon du Bois, pour Galliot du Pré, 1527. In-8° gothique.@@ BALLADES DE JEAN MAROT p. 70 et suivantes. OEuvres de Clément Marot, avec les ouvrages de Jehan Marot son père, à La Haye M. DCC. XXXI. in-4°, tome 4. P. 73, vers 15. Paul Orose composa, vers l'an 416 de J.-C., une Histoire universelle fort barbare. BAL@LADE DE EUSTORGE DE BEAULIEU, p. 74. Les divers Rapports contenant plusieurs Rondeaux, Ballades, Epistres, ensemble une du Coq à l'Asne, une autre de l' Asne au Coq sept Blasons anatomiques du corps féminin la response du blasonneur @du... à l'auteur de l'apologie contre luy... Lyon, P. de Sainte-Lucie, 1537. In-8°. BALLADE DE JEAN BOUCHET, p. 76. Opuscules du Traverseur des voyes périlleuses, nouvel@lement par luy reveuz, amandez corrigez contenant, Épistre de justice, le Chappelet des princes, Ballades mo@@rales, Deploration de l'Église. Poitiers, Jean Bouchet, 1526. @@In-4° gothique. Le titre poétique de Jean Bouchet était, comme on voit le Traverseur des voyes périlleuses. Sa devise était ha bien touché. Jean Bouchet observe l'alternance des rimes mascu@lines des rimes féminines. BALLADE TOUCHANT JUSTICE, P@. 78. Les Abus du Monde. Paris, P. le@ Dru, 1504. In-8° gothique. P. 78, vers 9. Psalm., LXXX Justicia de coelo prof pexit. Cette glose est de Gringoire. Le texte ne s'en retrouve pas dans les psaumes. P. 78, vers II. Comme au temple reposoient les pucelles. Peut-être les vestales. P. 79, vers 6. @@Horatius Quandoque bonus dor mitas homerus.s. Cette glose est de Gringoire. P. 79, vers 8. Horatius Nemo omni est ex patre beatu s. Cette glose est de Gringoire. P. 79, vers II. Proverb., XI Justitia liberabis a morte. Cette glose est de Gringoire. D'UN CHAT ET D'UN MILAN, p. 80. OEuvres poétiques de Mellin de Saint-Gelais. A Lyon, par Antoine de Harsy, 1574. In-8°. BALLADES DE CLÉMENT MAROT p. 84 et suivantes. OEuvres de Marot, augmentées d'un grand nombre de ses compositions nouvelles. Lyon, Dolet, 1543. In-8°. P. 82. Du temps que Marot estoit au Palais à Paris. P. 82. Du temps que Marot efloit au Palais a Paris. Clément Marot, après avoir achevé ses études uni@versitaires, suivit le Palais. Mais il ne resta pas long@temps parmi les bafochiens. P. 82, vers 10. La porte Barbette, proche la rue l'hôtel Barbette. P. 85. A madame d'Alençon, pour estre couchée en son estat. Ce fut en l'an 1519 que Clément Marot fut attaché à la cour de madame Marguerite de Valois, duchesse d'Alençon de Berry. On le trouve inscrit pour la première fois parmi les pensionnaires de la bonne duchesse de Valois, à la date de 1524. Cf. d'Héricault, Nouvelle Collection Janet. Il recevait 95 livres par an. Il était en même temps attaché à la maison militaire du duc d'Alençon, mari@ de Marguerite. P. 87, de Frère Lubin. Tu trouveras d'autres Balades à double refrain, l'un repeté au mylieu du couplet l'autre à la fin, comme en la Balade de Marot à Frere Lubin, ceste maniere de refrain dou@ble est autant rare que plaisante.@@ L'Art poétique fran@çois, par Thomas Sibilet. P. 89. Chant de May de Vertu. Consultez, sur le titre, le chapitre de l' Art poétique de Thomas Sibilet, @lequel nous donnons en Appendice, n° 11. BALLADE EN FAVEUR DES OEUVRES DE NEUF-GERMAIN, p, 91. Les OEuvres de Monsieur de Voiture, à Paris, rue Saint-Jacques, chez Michel Guignard Claude Ro@buftel. M. DCC. XIII, in-8°, t. II. BALLADES DE SARRASIN p. 94 et suivantes. Les OEuvres de monsieur Sarasin. A Paris, chez Au@gustin Courbé, M. DC. LVI. In-4°. BALLADE DE BUSSY RABUTIN, p. 98. Les Lettres de messire Roger de Rabutin, comt@e de Bussy, lieutenant général des armées du roi ... A Paris, chez Florentin Pierre Delaume, @M. DC XCVIII. Cette Ballade est jointe à une lettre du comte de Bussy à M. de Sc... Scudéry . A Bussy, ce 16 février 1676. ... Je vous envoyé la Balade que vous m'avez demandée. Elle a un petit air de Marot qui ne me déplait pas. BALLADES DE JEAN DE LA FONTAINE p. 100 et suivantes. Contes mis en vers par Jean de la Fontaine. Paris, Claude Barbin, 1665. In-12. Ballade sur la lecture des romans des livres d'amour. Ce poëme n'a de la ballade que le refrain. P. 100, vers 7. L' Astree , de Honoré d'Urfé. P. 101, vers 16. Maître Louis, l'Arioste. P. 101, vers 17. Voici l' endroit de l'ermite qui fit entrer en tentation Alizon la Sucrée De la cime d'un rocher élevé, l'ermite a vu Angé lique, au comble de l'affliction et de l'épouvante, aborder à l'extrémité de l'écueil. Il était lui-même arrivé six jours avant, car un démon l'y avait porté par un chemin non frayé. Il vient à elle, avec un air plus dévot que n'en eurent jamais Paul ou Hilarion. A peine la dame l'a-t-elle aperçu que, ne le re@connaissant pas, elle reprend courage. Peu à peu, sa crainte s'apaise, bien qu'elle ait encore la pâleur au visage. Dès qu'il est près d'elle, elle dit Ayez pitié de moi, mon père, car je fuis dans une malheureuse situation. - Et, d'une voix interrompue par les sanglots, elle lui raconta ce qu'il savait parfaitement. L'ermite commence à la réconforter par de belles et dévotes paroles et, pendant qu'il parle, il promène des mains audacieuses tantôt sur son sein, tantôt sur ses joues humides. Puis, devenu plus hardi, il va pour l'embrasser. Mais elle, tout indignée, lui porte violemment la main à la poitrine le repousse, son visage se couvre d'une honnête rougeur. Il avait à son côté droit une poche. Il l'ouvre il en tire une fiole pleine de liqueur. Sur ces yeux puissants, où Amour a allumé sa plus brûlante flamme il en jette légèrement une goutte qui suffit à endor@mir Angélique. La voilà, gisant renversée sur la table, livrée à tous les désirs du lubrique vieillard. Il l'embrasse sa palpe à plaisir elle dort, ne peut faire résistance. Il lui baise tantôt le sein tantôt la bouche. Personne ne peut le voir en ce lieu âpre et désert. Mais, dans cette rencontre, son destrier trébuche, car le corps débile ne répond point au désir. Il avait peu de vigueur, ayant trop d'années, il peut d'autant moins, qu'il s'essouffle davantage. Il tente toutes les voies, tous les moyens, mais son paresseux roussin se refuse à sauter. En vain il lui secoue le frein, en vain il le tourmente il ne peut lui faire tenir la tête haute. Enfin, il s'endort près de la dame qu'un nouveau danger menace encore. La fortune ne se contente pas de si peu, quand elle a pris un mortel pour jouet. Rolan@d furieux, chant VIII, huitains 45 à 50. M. Francisque Reynard a bien voulu nous communi@quer ce fragment de sa belle traduction de l'Arioste, actuellement sous presse. P. 102, vers 3. Dans Amadis de Gau@le, le Beau T@énébreux on lit Chapitre XI., Comment Amadis alla passer une dernière nuit avecsa mie Oria@ne, à qui il avoua les rai@sons de son départ Chapitre XLII. Comment Oriane, se sentant groffe, avisa aux moyens de céler son état. Dans Amadis, le Chevalier de la verte épée, fuite du précé@dent, on lit Chapitre XXIX. Comment le roi Lisvart livra aux am@bassadeurs de l'Empereur sa fille Oriane autres de@moi selles pour les conduire à Rome. P. 102, vers 12. Clitophon. Les Amours de Clitophon de Leucippe, par Achille Tatius. P. 102, vers 13. Les Amours de Théagène Chariclée, par Héliodore. P. 102, vers 14. Ariane, par Jean Desmarets. P. 102, vers 15. Polexandre, par Marin le Roy de Gomberville. P. 102, vers 16. Cliopâtre, par la Calprenède. P. 102, vers 16. Cassandre, par le même. P. 102, vers 18. Cyrus, par M lle de Scudéry. La Carte du Tendre est dans ce roman. P. 102, vers 19. Le roman de Clélie avait d'abord paru sous le nom de Georges Scudéry, bien qu'il fût de sa soeur Madeleine. P. 102, vers 21. Perceval le Gallois, par Christien de Troyes. P. 104. Sur Escobar. Quoiqu'il La Fontaine n'ait pris aucune part aux disputes religieuses qui alors agitaient la société, même ébranlaient l'État, cependant il résuma en quelque sorte toutes les rail@leries du janséniste Pascal sur les jésuites dans sa jolie Ballade sur Escobar. Histoire de la vie des ouvra@ges de Jean de La Fontaine, par C.-A. W. P. 106. Ballade sur le mal d'@Amour. Cette Ballade a d'abord été imprimée dans un recueil de poésies de Pavillon, avec la signature de La Fontaine. Elle est de 1684. P. 109. Ballade à madame Fouquet. La Fontaine plut au surintendant Fouquet, qui le prit pour so@n poëte, se l'attacha lui fit u@ne pension de mille francs, à condition qu'il en acquitterait chaque quartier par une pièce de vers, condition qui fut exactement remplie. Pour le terme de la Saint-Jean de l'an 1659, le poëte envoya la Ballade à madame Fouquet. Pellisson, secré@taire du surintendant, libella en vers une double quit@tance pour cette Ballade. Voici comment s'exprime le notaire du Parnasse Quittance publique pour la Ballade par Jean Pellisson. Par-devant moi, sur Parnasse notaire, se présenta la reine des beautés, Et des vertus le parfait exemplaire, Qui lut ces vers, puis les ayant COlrrpth, Pefis, revus, approuvés vantés, Pour le passé voulut s'en satisfaire Se réservant le tribut ordinaire, Pour l'avenir, aux termes @arrêtés, M@uses de Vaux, vous leur secrètaire, Voilà l'acquit tel que vous so@uhaitez. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! Quittance sous seing privé pour la Ballade précédente, par Pellisson. De mes deux yeux, ou de mes deux soleils, J'ai lu vos vers qu'on trouve sans pareils, Et qui n'ont rien qui ne me doive plaire. Je vous tiens quitte@@ promets vous fournir De quoi partout vous le f@aire tenir, Pour le passé, mais non pour l'avenir. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! BALLADE DE Mme DESHOULIÈRES, p. III. C'est à propos de l'opéra d' Amadis, représenté en janvier 1684, que madame Deshoulières fit la Ballade On n'aime plus comme on aimoit jadis. M me Deshoulières avait quelque raison de parler de la sorte elle atteignait sa cinquantième année. Elle adressa son poë@me au duc de Montausier, qui était aussi suranné comme amant qu'elle l'était comme maîtresse. Une foule de poëtes se présentèrent pour défendre le temps présent contre les attaques de celle qu'on appelait la dixième muse, la Calliope française. Le duc de Saint-Aignan, qui jouissait de toute la fa veur du roi, entra un des premiers dans la lice M me Deshoulières, flattée d'avoir à combattre un tel champion, répondit à la Ballade qu'il avait composée, sur les mêmes rimes, avec le même refrain que la sienne. Le duc de Saint-Aignan répliqua madame Des@houlières riposta de nouveau. Walckenaer. Voici ces diverses répliques Réponse de M. le duc de Saint-Aignan. Balade. A caution tous ne @sont pas sujets. Autre maxime en ma tête est écrite Et pour parler de @mes tourmens secrets, Oncques de cour ne connus l'eau benite. Si dans mains coeurs probité plus n'habite, Au mie@n les faits suivent toujours les dits. Par moi l'Astuce @au @monde @n'est venue. D'amans loya@ux si la mode est perduë, Moy j'aime encor comme on aimoit jadis. Nul riche atour, nul nombre de valets, Ne contribue à mon peu de mérite. Toujours me tiens au rang des plus discrets Tant mieux pour moy si la troupe est petite, Amour chez @moy n'est jamais décrepite@, Et quand les sots sont les plus aplaudis D@ûffay-je en tout passer pour une gruë, Faveur se cache aussi-tôt qu'obtenuë, Tant j'aime encor comme on aimoit jadis. Jeunes beautez qui tendez vos filets, Chassez bien loin cette engeance maudite De jouvenceaux, quand près des beaux objets D'être indolent chacun se félicite. Je sens l'amour sans faire l'hypocrite, Et le sers mieux qu'un de ces étourdis Mais si pour vous aux soins je m'habituë, Don de @mercy j'auray toujours en vûë, Car j'aime encor comme on aimoit jadis. Quand jeunes coeurs se trouvent ainsi faits, Present meilleur @à Dame on ne débite. Coeurs de barbons peuvent être coquets. Le diable eut tort quand il se fit hermite. Si ma personne à tendresse @n'i@nvite, Mes sens au moins point ne sont refroidis. Par aucuns maux mon humeur n'est bourruë, Et peu m'en chaut, si j'ay teste chenuë, Car j'aime encor comme on aimoit jadis. Envoy Fils de Venus songe à tes intérêts, Reprends l'encens, rends les camouflets, Accorde à tous que ce train continuë, Nous reverrons le siecle d'Amadis Et si jamais Dame d'attraits pourvûë A m'enflâmer se trouve parvenûë, Je l'aimerai comme on aimoit jadis. Réponse à M. le duc de Saint-Aignan. B@a@@la@d@e. Duc, plus vaillant que les fiers Paladins Qui de géans Clll!'1 c'lriOlt les armures Duc, plu@s g@alant que n'@étoient Grenadins, Point contre vous ne sont @mes écritures. Grand tort aurois de blasonner @vos feux. Hé qui @ne sçait, @bea@u fire, je vous prie, Qu'en fait d'amour@@@@@ de chevalerie OlljlltJ ne fut @plus véritable preux ? Vous poursendez vous seul quatre assassins, Vous réparez les torts les injures, @Feriez encor plus d'amoureux larcins Que jouvenceaux à blondes chevelures Ce que jadis fit le beau tenebreux Près de @vos faits n'est que ba@dinerie, D'encombriers vous sortez sans féerie. Onques ne fut plus véritable preux. Jamais J'.4Ilr,,, , au , dDig s incarnadins En jours brillans ne change nuits obscures Que cault Amour Mars aux airs mutins Vous n'invoquiez pour avoir avantures. Vous bravez tout, malgré des a@ns nombreux Qui volontiers empêchent qu'on ne rie, Avez d'un fils augmente votre hoirie Onques ne fut plus veritable preux. Envoy Que puissiez-vous, Chevalier val@eureux, En tout combat, en butin amoureux, Ne vous douloir jamais de tromperie, Et qu'à l'envi chez nos derniers neveux, Lisant vos faits hautement on s'écrie Onques ne fut plus véritable preux. Réponse de M. le duc de Saint-Aignan. Balade. O l'heureux temps où les fiers Paladins En toutes parts cherchaient les a@vantures, Où sans dormir non plus que font lutins Ja n'étoient las de porter leurs armures ! Princes Roy@s par vins confitures Les régaloient au sortir des festins. Dame à bon droit des beaux esprits cherie, Qui faites cas des guerriers valeureux, Est-il rien tel qu'art de chevalerie ? Fut-il jamais un métier plus heureux ? Ces Damoisels s'ébatoient ès jardins Bien atournez de pompeuses vêtures. Là, plus vermeils qu'on ne peint Chérubi@ns, Chapeaux de fleurs mis sur leurs chevelures@, Se déduisoient en superbes parures. Riches plumats, telles d'or, sati@ns, De les voir tels toute ame étoit ravie, Tant avoient l'air de gens victorieux Dame sans pair, dites-nous, je vous prie Fut-il jamais un métier plus heureux ? S'il avenoit que félons a r,lill ! En dur estour leur fissent des blessures, Ja nul métier n'avoient de medecins@, Filles de Roys moult belles créatures Qu'on renommoit pour leurs @sçavantes cures Sur lits molets e, Cha, une à part Joi ncufe di Ido ie, Les consolant par @devis amo@@ureux, Rendoient bien-tôt leur personne guerie Fut-il jamais un métier plus heureux ? @Moy qui toujours surpassant maints blondins E@n vrais effets ainsi qu'en écritures, @Ay depuis peu mis au jour deux banbins, Dont on seroit d'agréables peintures, Dans la vigueur qu'on voit en mes alures, Je veux aussi par de nobles désseins, Des ennemis voir l@a fact li mir, Et leur livrer un assaut vigoureux, Puis tôt après retourner @vers ma mie. Fut-il jamais un métier plus heureux? Envoy Que puissiez-vous, Dame au coeur genereux, Voir en honneur to@ûjours vôtre mesgnie, Et qu'un germain moult digne de nos voeux Se trouve un peu revêtu d'Abaye De bon raport, commode, bien nombreux. Si que mitré, content glorieux En tel déduit quelquefois il s'écrie, Fut-il jamais un métier plus heureux ? Réponse à M. le duc de Saint-Aignan. Balade. Los immortel que par fait héroïque Chevalerie en tous lieux aqueroit, Vous fait aimer ce te@@mps hyperbolique Quand est de @@moy ce qui plus m'en plairoit, Ce n'est combat, véture magnifique, Tournois fameux, @mais bien l'Amour antique Dont triste, mort seule voyoit le bout. Bon Chevalier que tout craint révere, Ainsi le monde en sentiment differe Opinion chez les hommes sait tout. L'un rit de tout, l'autre mélancolique, D'Arlequin même en mille ans ne riroit, L'un pour joüer fait devenir éthique Son train lui, l'autre ne troqueroit Pour mines d'or sa verve poëtique, L'un de tout oeuvre entreprend la critiq@ue, Et fait souvent conte à dormir debout L'autre à son gré reglant le ministere, De se regler ne s'embarasse guere Opinion chez les hommes fait tout. Espoir de gain fait faire aux flots la nique, Désir de gloire en périlleux endroit Conduit guerriers, nature pacifique Aux Magistrats met en teste le dro@it. Ambition fait que le coffre on pique, Vanité fait que Philosophe explique Comment tout vient, en quoy tout se résout, Chaque mortel coiffé de sa chi@mere, Croit à par fry ij ne tn'euv on ne peut faire Opinion chez les hommes fait tout. Non moins diverse en chaque République @Est la coûtume, icy punir on voit Soeur avec qui son frere prévarique. Et la Persane en son lit le reçoit Germains font cas de la liqueur bachique Le Mu@sulman en défend la pratique, Sul'Ii! 1,lreill Lacedemone absout. Où le Soleil monte sur l'Emisphere@, Par pieté le fils meurtrit son pere Opinion chez les hommes fait tout. E@n@v@o@y Duc dont le los vole du sein Persique Jusqu'o@ù Phébus finit son tour oblique, De mon Germain point ne sçavez le go@@ût, Grosse Abaye à la mitre il préfere. Trop lourd, dit-il, est sacré caracter Opinion chez les hommes fait tout. Pavillon se joignit au défenseur du temps présent, dans de fort jolies Ballades soutint Qu'on aime encor comme on aimoit jadis. D'autres convi@rent avec l'apologiste du siècle d'A@madis Qu'on n'aime plus comme on aimoit jadis. Mais ils convertissaient galamment cet aveu en compliments pour la dixième Muse. De Losme de Monchesnay, l'auteur connu du Boleana, lui disait Qui, j'en conviens, charmante Deshoulieres Mais si chaque beauté possedoit vos lumieres, On reverroit bientôt le siecle d'Amadis. Si, comme vous, toutes nos dames Avoient l'art de toucher nos ames, On aimeroit bientôt comme on aimoit jadis. La Fontaine, qui était fortement prévenu contre madame Deshoulières depuis qu'elle avait cabalé con@tre les pièces de Racine, son ami, lui répondit sur un ton bien différent de celui de Monchesnay. Walcke@naer. La Fontaine ne fit point imprimer cette Bal@lade. P. 114, vers 8. Urgande Desconnue. On lit dans Amadis les Princes de l'Amour Chapitre II. Comment Urgande la Deconnue, à laquelle on ne songeait pas, prouva qu'elle songeait à ses protégés, en survenant la veille des noces. BALLADE SUR UNE VIEILLE FILLE, p. 116. OEuvres diverses de M. Rousseau. Nouvelle édition. A Bruxelles aux dépens de la Compagnie, M. DCC. XLI. BALLADE DU VIEUX TEMPS, p. 118. Poésies complètes de Sainte-Beuve. Paris, Charpentier C ie , 1869. In-12. Ce petit poëme de Sainte-Beuve n'est qu'un tronçon de Ballade. Le XIX e siècle est peu riche en Ballades. Nous aurions voulu mettre parmi nos pièces de choix un poëme à refrain d'Alfred de Muffet, celui que le poëte attribue à sa Carmosine. Mais ce morceau n'a de la vieille Ballade que le refrain un certain air d'ar@chaïsme. On en jugera voici ce poëme Va dire Amour, ce qui cause ma peine, A mon seigneur, que je m'en vais mourir, Et, par pitié, venant me secourir, Qu'il m'eût rendu la Mort @moins inhumaine. A deux genoux je demande merci. Par grace, Amour, va-t'en vers sa demeure. Dis-lui comment je prie pleure ici, Tant si bien qu'il faudra que je meure Tout enflammée,ée, ne sachant point l'heure Où finira mon adoré souci. La Mort m'attend, s'il ne me relève De ce tombeau prêt à me recevoir, J'y vais dormir, emportant mon doux rêve Hélas ! Amour, fais-lui mon mal savoir. Depuis le jour où le voyant vainqueur, D'être amoureuse, Amour, tu m'as forcée, Fût-ce un instant, je n'ai pas eu le coeur De lui montrer ma craintive pe@nsée, Dont je me sens à tel point oppressée, Mourant ain si, que la Mort me fait peur. Qui sait pou@@rtant, sur mon p@âle visage, Si ma douleur lui déplaira'-1 il 7lair ! De l'avouer je n'ai pas le courage. Hélas ! Amour fais-lui mon mal savoir. Puis donc, Amour, que tu n'as pas voulu A ma tristesse accorder cette joie, Que dans mon coeur mon doux seigneur ait lu, Ni vu les pleurs où mon chagrin se noie, Dis-lui du moins, tâche qu'il le croie, Que je vivrais, si je ne l'avais vu. Dis lui qu'un jour, une Sicilienne Le vit combattre faire son devoir. Dans son pays, dis-lui qu'il s'en souvienne, Et que j'en meurs, faisant mon mal savoir. Carmofine, acte II, scène VII. BALLADES DE THÉODORE DE BANVILLE, p. 120 et suivantes. Gringoire, comédie en un acte, en prose, par Théo@dore de Banville. Paris, Michel Lévy. In-12. Théodore de Banville. Trente-six Ballades joyeuses. Paris, Alphonse Lemerre, éditeur, 1873. In-12. BALLADE DES ENFANTS SANS SOUCI, p. 130. Le Parnasse contemporain. Recueil de vers nouveaux. Deuxième sérié, 1869-71. Paris, Aphonse Lemerre, M. DCCC. LXX. In-8°. BALLADE DE L'AMANT INQUIET, p. 132. Inédite. APPENDICE LES RÈGLES 'DE LCil BALLADE I Or fera dit escript cy-apres la façon des Balades premièrement est assavoir qu'il est Balade de huit vers dont la rubriche est pareille en ryme au ver ante-sequens, toutefois que le derrain mot du premier ver de la Ballade est de trois sillabes, il doit estre de onze piez, si comme il fera veu par exempleaucun ver coppé qui foit de cinq piez, cellui qui vient après doit estre de dix. Exemple sur ce qui dit est BALADE DE HUIT VERS COUPPBZ. Je liez mes jours ' ma vie dolente, Et je maudis l'eure que je su nez Et à la mort humblement me prefenie
Ballade amoureuse Ne quier veoir Medée ne Jason, Ne trop avant lire ens ou mapemonde, Ne la musique Orpheüs ne le son, Ne Herculès, qui cercha tout le monde, Ne Lucresse, qui tant su bonne monde, Ne Penelope aussi, car, par saint Jame, Je voi assés, puisque je voi ma dame. Ne quier veoir Vregile ne Caton, Ne par quel art orent si grant faconde, Ne Leandar, qui tout sans naviron Nooit en mer, qui rade est parfonde, Tout pour l' amour de sa dame la blonde, Ne nuls rubis, saphir, perle ne jame Je voi assés, puisque je voi ma dame. Ne qtiier t,eol r le c h ei,a l Pe~,a son, Ne quier veolr -Qui plus tost court en l'air ne vole aronde, Ne l'image que fist Pygmalion, Qui n'ot pareil première ne seconde, Ne Oleüs, qui en mer boute l'onde S'on voet sçavoir pour quoi ? Pour ce, par m'ame Je voi assés, puisque je voi ma dame. Jehan Froissart Ballade amoureuse On me dist, dont j'ai grant merveille, Que de dormir est temps perdus Tant qu'à moi, je m'en esmerveille, Car le dormir me vault trop plus Que le villier. C'est mes argus, Dormir est grant aise de corps, A desplaisance ne vit nuls Je n'ai nul bien, se je ne dors. Car en dormant je me conseille, Ce m'est vis, au dieu Morpheüs, Qui mes besongnes, qu'on toueille, Remet assés bellement sus, Car avoir me fait ris jus De ma dame pluisours depors, Dont en veillant sui moult ensus Je n'ai nul bien, se je ne dors. Encor li boute il en l'oreille Qu'à merci soie receüs, Et celle qui est non pareille De donner dangiers refus, Les met à sa proyere jus, Et me dist M'amours je t'acors. Ensi en dormant voi vertus, Je n'ai nul bien, se je ne dors. Jehan Froissart. Ballade amoureuse Je puis moult bien ma dame comparer A la fille dou noble roy Priant Plusiors en ot, mais ceste voeil nommer Polixena la belle la riant, En qui de tous biens ot tant Que de bonté de bauté fu plainne. Tout ensi est ma dame souverainne, Car les grans biens que je perçoi en li M'ont pluisours fois en pensant resjoï. Jonete estoit Polixena, c'est cler, Quant Acillès l'ama en regardant Ensi amours m'ont pris par regarder De ma dame son gracieux semblant, Simple, jone attraint. Or sçai assés que j'en aurai grant painne, Mès j'ai espoir qu'elle en sera certainne En aucun temps, cil souvenir ci M'ont pluisours fois en pensant resjoï. Chiere dame, voeilliéis considerer Que vostre sui ferai mon vivant. Or ai volu vostre corps figurer A la fille dou noble roy Priant C'est tout en vous honnourant, Mès à la fin que me soyés humainne, Polixena vostre nom me ramainne Dedans le vostre en V. lettres qui M'ont pluisours fois en pensant resjoï. Jehan Froissart. Ballade De grant honneur amoureux enrichir Ne peut, s'il n'a loiauté en s'aye Et pour ce fay dedens mon cuer florir Loial amour d'umilité garnie, Dont doucement, sans fausseté, servie Sera la flour nonpareille d'onneur, De grant beauté, de bonté, de valeur, Qui de mon cuer souveraine maistresse Est sera. J'aray Dame Seigneur, En ciel un Dieu, en terre une Déesse. A ce me veul tout mon vivant tenir, Sans rassambler la fausse compagnie De ceulx qui vont prier et requérir Dames plusieurs, font partout amie, A leur pouvoir, pour leur grant tricherie, Cil sont vilain, envieux menteur, Oultrecuidez, sélon, fol vanteur, Tout leur désir à faux penser s'adresse, Tel gent reny sy pren pour le meilleur En ciel un Dieu, en terre une Déesse. Car tel tricheur font l'onneur amenrir De mainte dame, en qui n'a villenie, Tant par jengler coin par leur foy mentir. L'un jure Dieu, l'autre saincte Marie, En promettant loiauté qu'ils n'ont mie, De faux semblant font leur droit gouverneur, Li malostru, li meschant, li bourdeur Tous sont parjur. Pour ce leur fay promesse Que j'aime mieux à servir, par douceur, En ciel un Dieu, en terre une Déesse. ENVOY. Prince, je tien que qui veult acquérir De vraye Amour les biens la hautesse, Tant seulement doie en son cuer choisir En ciel un Dieu, en terre une Déesse. Guy de la Trémouille. Ballade amoureuse Gente de corps, face adroit coulourée Humble regart, front hault bien assis, Entrueil plaisant, bouche bien ordonnée, Petit menton, lefres nez traitis, Vos joettes sont deux fosses toudis En soubzriant, ô belle plus que belle ! Vous regarder est un droit paradis De jour en jour vo beauté renouvelle. Car vostre chief a toute gent agrée, Blont com fin or, vairs oeulx, les sourcils Avez petiz la denteure serrée, Mannette blanche come fleur de lis, Et au seurplus est vos corps assenis De tous les biens qui sont en flour nouvelle, De plus en plus, dame, ce m'est advis De jour en jour vo beauté renouvelle. Or estes-vous donc de bonne heure née Quant grace avez, la louenge le pris D'umilité, de nobles meurs parée, De beau maintien, de manière de vis Mais sur toutes portez bien vos habis, Plus que nulle dame ne damoiselle Qui soit vivant en terre n'en pays De jour en jour vo beauté renouvelle. Eustache Deschamps. Ballade Apprenez-moy comment j'auray estat Soudainement, dame, je vous en prie, Et en quel lieu je trouveray bon plat Pour gourmander mener glote vie. -Je le t'octroy Traïson envie Te fault sçavoir, ceuls le mettront avant Mentir, flater, parler de lécherie Va à la court, en use souvent. Pigne toi bel, ton chaperon abat, Soies vestus de robe très jolie, Fourre-toy bien quoy qu'il soit de l'achat, Tien-toy brodé d'or de pierrerie Ment largement afin que chascuns rie, Promet assez, tien po de convent. Fay tous ces poins ne te chaille qu'on die Va à la court, en use souvent. A maint l'ay veu faire qui s'i embat, Soi acointer de l'eschançonnerie, Jouer aux dez tant qu'il gaingne ou soit mat, Qu'il jure fort, qu'il maugrie ou regnie Et lors sera de l'adroite mesgnie. Fay donc ainsis, met toy tousjours devant Pour avoir nom tous ces vices n'oublie Va à la court, en use souvent. ENVOY. Princes, bien doy remercier folie, Qui m'a aprins ce beau gouvernement, Et qui m'a dit A ces poins assudie Va à la court, en use souvent. Eustache Deschamps Ballade Or, n'est-il fleur, odour ne violette, Arbre, esglantier, tant ait douçour en lui, Beauté, bonté, ne chose tant parfaicte, Homme, femme, tant soit blanc ne poli, Crespé ne blont, fort appert ne joli, Saige ne foul que Nature ait formé, Qui à son temps ne soit vieil usé, Et que la mort a sa fin ne le chace, Et, se viel est, qu'il ne soit diffamé Viellesce est fin, jeunesce est en grâce. La fleur en may son odeur delecte Aux odorans, non pas joûr demi En un moment vient li vens qui la guette Cheoir la fait ou la couppe par mi Arbres gens passent leur temps ainsi Riens estable n'a Nature ordonné Tout doit mourir ce qui a esté né. Un povre acés de fièvre l'omme efface, Ou aage viel, qui est déterminé Vieillesce est fin, jeunesce est en grâce. Pour quoy fait donc dame, ne pucellette, Si grant dangier de s'amour à ami, Qui séchera, soubz le pié com l'erbette ? C'est grant folour que n'avons nous mercy L'un de l'autre ? Quant tout sera pourry, Ceulx qui n'aiment, ceulx qui ont amé, Ly refusant seront chétif clamé, Et li donnant aront vermeille face, Et si seront au monde renommé Vieillesce est fin, jeunesce est en grace. ENVOY. Prince, chascun doit en son josne aé Prandre le temps qui lui est destiné En l'aage viel tout le contraire face Ainsis ara les deux temps en chierté, Ne face nul de s'amour grant fierté Vieillesce est fin, jeunesce est en grâce. Eustache Deschamps. Ballade sur la mort de sire Bertran Duguesclin Estoc d'Oneur, arbres de vaillance, Cuer de lyon esprins de hardiment, La flour des preux la gloire de France, Victorieux phardi combatant, Saige en voz fais, bien entreprenant, Souverain home de guerre, Vainqueur de gens conquerreur de terre, Le plus vaillant qui oncques fust en vie, Chascun pour vous doit noir vestir querre Plourez, plourez, flour de chevalerie ! O Bretaingne, ploure ton esperance ! Normandie, fay son entièrement, Guyenne aussi, Auvergne, or t'avence, Et Languedoc, quier lui son monument Picardie, Champaigne Occident, Doivent pour plourer acquerre Tragediens, Arethusa requerre Qui en eaue fut par plour convertie, Afin qu'à tour de sa mort les cuers serre Plourez, plourez, flour de chevalerie. Hé ! gens d'armes, aiez en remembrance Vostre pere vous estiez si enfant. Le bon Bertran, qui tant ot de puissance Qui vous amoit si amoureusement, Guesclin crioit. Priez dévotement Qu'il puist paradis conquerre. Qui dueil n'en sait, et qui n'en prie, il erre, Car du monde est la lumiere faillie De toute honneur estoit la droicte serre Plourez, plourez, flour de chevalerie ! Eustache Deschamps. Ballade Maintes gentes me prie que je face Aucun beaute dis que je leur envoye, Et dectier dient que j'ay la grâce, Mais sauve soit leur paix. Je ne sçauroye Ne puis à beaux dis donner sens ne joye. Puis que prié m'en ont de leur bonté, Peine y mettray, quoique ignorante soye, Pour accomplir leur bonne voulenté, Mais je n'ay pas sentiment ne espace, De faux dis, ne de soulas, ne de joye, Car ma douleur qui toutes autres passe, Mon sentiment joyeux tout le devoye Mais du grand dueil qui me tiens morne coye, Puis bien parler asses apiter Bien diray plus voulentiers, plus seroye Pour accomplir leur bonne voulenté. Et qui voudra sçavoir pourquoy efface Dueil, tout mon bien, de legier le diroye, Ce sus la mort qui fery sans menace Celluy de qui treftout mon bien avoye, Laquelle mort m'a mis, met en voye De desespoir. Ne puis je n'oz santé. De ce feray mes dis, puis qu'on m' en proye, Pour accomplir leur bonne voulenté, ENVOY. Princes, prenez en gré se ne failloye, Car le dictier je n'ay mie hanté, Mais maint m'en ont prié je l'octroye Pour accomplir leur bonne voulenté. Christine de Pisan, Ballade Mon doulx ami, n'ayez melancolie Se j'ai en moi si joyeuse maniere Et se je fais en tous lieux chiere lie, Et de parler à maint suis coutumiere Ne croyez pas pour ce, que plus legiere Soye envers vous. Car c'est pour depceuoir Les médifans qui veulent tout sçavoir. Car se je suis gaye, cointe jolye, C'est tout pour vous qu'aime d'amour entiere, Se ne prenez nulz soin qui contralie Votre bon cuer. Car pour nulle priere, Je n'ameray autre qui m'en requerre. Mais on doit moult douter, à dire voir, Les médifans qui veulent tout sçavoir. Sachiez devoir qu'amours si fort me lie, Que votre amour que n'ay chose tant chiere, Mais ce seroit à moi trop grand folie De ne faire, sors à vous bonne chiere, Ce n'est pas droit, ne chose qui affiere, Devant les gens pour faire appercevoir Les médifans qui veulent tout sçavoir. Christine de Pisan. Ballade Tant avez fait par votre grant doulçour, Très doulz amy, que vous m'avez conquise Plus n'y convient complainte, ne clamour Jà n'y aura par moy defense mise. Amours le veult par sa doulce maistrise, Et moy aussi le vueil car, se m'ait Dieux, Au sort c'estoit soleur, quand je m'avise De refuser ami si gracieux. Et j'ay espoir qu'il a tant de valour En vous, que bien fera m'amour assise Quand de beauté, de grace toute honnour, Il y a teinfj qllc C'tft droit qu'il soussise, Si est bien droit que sur tous vous eslise, Car vous estes bien digne d'avoir mieux Si ay eu tort, quant tant m'avez requise, De refuser ami si gracieux. Si vous retien, et vous donne m'amour, Mon fin cuer doulz, vous pri que faintise Ne treuve en vous, ne nul autre faulz tour, Car toute m'a entièrement acquise Va doulz maintieng, vo manière rassise, Et voz très doulz amoureux beaulx yeux Si auroye grant tort, en toute guise, De refuser ami si gracieux. ENVOY. Mon doulz a ni, que j'aim sur tous prise, J'oy tant de bien de vous dire, en tous lieux, Que par raison devroye estre reprise De refuser ami si gracieux. Christine de Pisan. Ballade Seulelte suis, seulette vueil estre, Seulette m'a mon doulz ami laissée, Seulette suis, sans compaignon, ne maistre, Seulette suis, doulente courroucée, Seulette suis, en langour mesaisée, Seulette suis, plus que nulle esgarée, Seulette suis, senz ami demourée. Seulette suis à huiz, ou à fenestre, Seulelte suis en un anglet mucée, Seulette suis pour moi de pleurs repaistre, Seulette suis, doulente ou appaisée, Seulettesuis, rien n'est qui tant me fié Seulette suis en ma chambre enserrée, Seulette suis senz ami demourée Seulette suis partout, en tout estre, Seulette suis, où je voise, où je fiée, Seulette suis plus qu'auctre rien terrestre, Seulette suis de chascun delaissée, Seulette suis, durement abaissée, Seulette suis souvent toute esplorée, Seulette suis senz ami demourée. ENVOY. Princes, or est ma douleur commenciée, Seulette suis, de tout dueil menaciée, Seulette suis, plus tainte que morée, Seulette suis, senz ami demourée. Christine de Pisan. Complainte sur la mort du duc de Bourgogne Plourez, Françoys, tout d'un commun vouloir Grans petis, plourez ceste grant perte ! Plourez, bon roy, bien vous devez vouloir Plourer devez vostre grevance apperte ! Plourez la mort de cil qui, par desserte, Amer deviez par droit de lignaige, Vostre loyal noble oncle, le très saige, Des Bourguignons prince duc excellent Car je vous dy qu'en mainte grant besongne Encor direz trestuit à cuer dolent Affaire cussions du bon duc de Bourgongne Plourez, Berry, plourez tuit sy bci Car cause avez, mort la vous a ouverte ! Duc d'Orléans, moult vous en doit chaloir Car par son sens mainte faulte est couverte ! Duc des Bretons, plourez car je suis certe Qu'affaire avez de luy en vo jeune age ! Plourez, Flamens, son noble seignourage ! Tout noble sanc, allez vous adoullant ! Plourez, ses gens ! car joie vous eslongne Dont vous direz souvent en vous doullant Affaire eussions du bon duc de Bourgongne. Plourez, Royne, ayez le cuer noir Pour cil par qui feustes on trosne offerte ! Plourez, dames, sans en joie manoir ! France, plourez d'un pillier es déserte, Dont tu reçoys eschec à descouverte Gar toy du mal ! quant mort par son oultrage Tel chevalier t'a toulu, c'est dommaige ! Plourez, pueple commun, sans estre lent Car moult perdez, chascun le le tesmoingne, Dont vous direz souvent mate relent Affaire eussions du bon duc de Bourgongne. Christine de Pisan. Ballade O folz des folz, les folz mortelz hommes, Qui vous fiez tant ès biens de fortune En celle terre, ès pays où nous sommes, Y avez vous de chose propre aucune ! Vous n'y avez chose vostre nes-une, Fors les beaulx dons de grace de nature. Se Fortune donc, par cas d'adventure Vous toult les biens que vostres vous tenez, Tort ne vous sait, ainçois vous fait droicture, Car vous n'aviez riens quand vous fustes nez. Ne laissez plus le dormir à grans sommes En vostre lict, par nuict obscure brune, Pour acquester richesses à grans sommes. Ne convoitez choses dessoubz la lune, Ne de Paris, jusques à Pampelune, Fors ce qu'il fault, sans plus, à creature Pour recouvrer sa simple nourriture. Souffise vous d'estre bien renommez, Et d'emporter bon loz en sepulture Car vous n'aviez riens quand vous fustes nez. Les joyeulx fruicts des arbres les pommes, Au temps que fut toute chose commune, Le beau miel, les glandes les gommes Souffisoient bien à chascun chascune Et pour ce fut sans noise sans rancune. Soyez contens des chaulx des froidures, Et me prenez Fortune doulce et seure. Pour vos pertes, griefve dueil n'en menez, Fors à raison, à point, à mesure, Car vous n'aviez riens quant vous fustes nez. Se fortune vous fait aucune injure, C'est de son droit, jà ne l'en reprenez, Et perdissiez jusques à la vesture Car vous n'aviez riens, quant vous fustes nez. Alain Chartier. Ballade sur le régime de Fortune Sur lac de dueil, sur riviere ennuieuse, Plaine de cris, de regretz, de clains, Sur pesant sourse melencolieuse, Plaine de plours, de souspirs de plains Sur grans estangs d'amertume tout plains, Et de douleur sur abisme parfonde, Fortune la sa maison tousjours sonde A l'ung des lez de roche espouventable. Et en pendant, assin que plustost fonde, En demonstrant qu'elle n'est pas estable. D'une part clere, d'autre tenebreuse Est la maison aux douloureux meshains, D'une part riche d'autre souffreteuse, C'est du costé où les champs sont prochains, Et d'autre part a assez fruictz grains. Là fiet fortune ou tout en air habonde, D'une part noire, de l'autre elle est blonde D'une part ferme, d'autre tresbuchable, Muette, sourde, aveugle, sans faconde En demonstrant qu'elle n'est pas estable. Et là endroit par sa dextre orgueilleuse Qui retenir ne veult brides ne frains, En sa maison doubtable perilleuse Sont les meschiefz tout mouflez emprains, Dont les delictz sont rompuz enfrains, Et les honneurs gloire de ce monde. Car par le tour de sa grant robe ronde Fait à la fois d'ung palais une estable, Et aussi tost que le vol d'une aronde, En demonstrant qu'elle n 'est pas estable. ENVOY. Que voulez vous que je die responde ? Se fortune est une fois delectable, Elle sera amere à la seconde, En demonstrant qu'elle n'est pas estable. Alain Chartier. Ballade sur la mort de sa dame Fy de ce May qu'on clame si courtois, Fy de Venus de la beauté d'elle, Fy d'esperuiers, de faulcons, pivois Fy de harper, de chanter de vielle De tous oyseaulx, excepté l'arondelle. De moy-mesmes dis-je fy par mon âme, Si fais-je aussi d'amours, aussi de Dame. Fy de tous jeux, de chansons, de renvois, Fy de Pallas, de la beauté d'elle, Fy de joustes, de dances, de tournois. Et si dis fy de la façon nouvelle Si fais-je aussi de celuy ou de celle Qui loyaulté maintiendra jour ne terme. Si sais-je aussi d'amours, aussi de Dame. Et s'en dis fy, se plus ne la revois, Pas ne feray comme la turterelle Ains sembler vueil au rossignol du bois. Car aussi tost qu'a fait de sa femelle, Sifflant s'en va, luy monstre son aesle, Lireau luy sait, combien que soit diffame, Si fais-je aussi d'amours, aussi de Dame. Alain Chartier. Ballade Priez pour paix, doulce Vierge Mari, Royne des cieulx, du monde înaijîrejfc, huéles prier par vostre courtoisie, Saincts fainctes, prenez vostre adress Vers vostre fils, requerrant sa haultesse Qu'il lui plaise son peuple regarder, Que de son sang a voulu racheter, En deboutant guerre qui tout desvoye De prieres ne vous veuilliez lasser, Priez pour paix, le vray tresor de joye, Priez prelaz gens de saincte vie, Religieux, ne dormez en paress e, Priez, maistres, tous suivans clergie, Car par guerre fault que l'estude cesse Moustiers destruiz sont sans qu'on les redresse. ,~loujîiers deflriiiz jbpit satis qi~'on les re~ i t effe, Le service de Dieu vous fault laisser, Quand ne povez en repos demourer Priez si fort que briefment Dieu vous oye, L'Eglise voult à ce vous ordonner, Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, princes qui avez seigneurie, Roys, ducs, contes, barons plains de noblesse Gentils hommes avec chevalerie, Car meschans gens surmontent gentillesse En leurs mains ont toute vostre richesse, Desbatz les sont en hault estat monter, Vous le povez chascun jour veoir au cler, Et son riches de vos biens monnoye, Dont vous deussiez le peuple supporter Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, peuple qui souffrez tirannie, Car vos seigneurs sont en telle foiblesse, Qu'ilz ne peuvent vous garder par maistrie, Ne vous aider en vostre grant destresse Loyaux marchans, la selle si vous blesse, Fort sur le doz chascun vous vient presser, Et ne povez marchandise mener, Car vous n'avez seur passage, ne voye, Et maint peril vous convient-il passer Priez pour paix, le vray tresor de joye. Priez, galans joyeulx en compaignie, Qui despendre desirez à largesse, Guerre vous tient la bourse de garnie, Priez, amans, qui voulez en liesse Servir amours, car guerre, par rudesse, Vous destourbe de voz dames hanter, Qui maintessoiz fait leurs voloirs torner, Et quant tenez le bout de la courroye, Ung estrangier si le vous vient oster Priez pour paix, le vray tresor de joye. ENVOY. Dieu tout puissant nous vueille conforter Toutes choses en terre, ciel mer, Priez vers lui que brief en tout pourvoye, En luy seul est de tous maulx amender Priez pour paix, le vray tresor de joye. Charles d'Orléans. Ballade En regardant vers le pays de France Ung jour m'avint, à Dovre sur la mer, Qu'il me souvint de la doulce plaisance Que souloie ou dit pays trouver Si commençay de cueur à souspirer, Combien certes que grant bien me faisoit, De veoir France que mon cueur amer doit. Je m'avisay que c'estoit nonsavance, De telz souspirs dedans mon cueur garder, Veu que je voy que la voye commence De bonne paix, qui tous biens peut donner Pour ce tournay en confort mon penser, Mais non pourtant, mon cueur ne se lassoit De veoir France que mon cueur amer doit. Alors chargeay, en la nef d'esperance, Tous mes souhays en leur priant d'aler Oultre la mer, sans faire demourance, Et à France de me recommander Or nous doint Dieu bonne paix sans tarder, Adonc auray loisir, mais qu'ainsi soit , De veoir France que mon cueur amer doit. ENVOY. Paix est tresor qu'on ne peut trop louer, Je hé guerre, point ne la doit priser, Destourbé m'a longtemps, soit tort ou droit, De veoir France que mon cueur amer doit. Charles d'Orléans. Ballade Le beau souleil, le jour saint Valentin, Qui apportoit sa chandelle alumée, N'a pas longtemps, entra ung bien matin Priveement en ma chambre fermée, Cette clarté, qu'il avoit apportée, Si m'esveilla du somme de soussy, Où j'avoye toute la nuit dormy Sur le dur lict d'ennuieuse pensée. Ce jour aussi, pour partir leur butin Des biens d'Amours, faisoient assemblée Tous les oyseaulx, qui parlans leur latin, Crioyent fort, demandans la livrée Que Nature leur avoit ordonnée C'estoit d'un per comme chascun choisy, Si ne me peu rendormir, pour leur cry, Sur le dur lit d'ennuieuse pensée. Lors en moillant de larmes mon coessin, Je regrectay ma dure destinée, Disant Oyseaulx, je vous voy en chemin De tout plaisir joye desirée Chascun de vous a per qui lui agrée, Et point n'en ay, car Mort, qui m'a trahy A prins mon per, dont en dueil je languy Sur le dur lit d'ennuieuse j enfée. E N v i v. Saint Valentin choisissent, ceste année, Ceulx celles de l'amoureux party Seul me tendray, de confort desgarny, Sur le dur lit d'ennuieuse pensée. Charles d'Orléans. Ballade Las ! Mort qui t'a fait si hardie, De prendre la noble Princesse Qui estoit mon confort, ma vie, Mon bien, mon plaisir, ma richesse, Puisque tu as prins ma maistresse Prens moy aussi son serviteur, Car j'ayme mieulx prouchainement Mourir, que languir en tourment, En paine, soussy doleur. Las ! de tous biens e Las 1 de tous biens estoit garnie, Et en droicte fleur de jeunesse Je pry à Dieu qu'il te maudie Faulse mort, plaine de rudesse Se prise l'eusses en vieillesse, Ce ne sust pas si grant rigueur Mais prise l'as hastivement, Et m'as laissié piteusement En paine, soussy doleur. Las ! je suis seul, sans compaignie, Adieu ma Dame, ma liesse Or est nostre amour departie, Non pourtant, je vous fais promesse Que de prieres, à largesse, Morte vous serviray de cueur, Sans oublier aucunement, Et vous regrecteray souvent En paine, soussy doleur. ENVOY. Dieu, sur tout souverain Seigneur, Ordonnez, par grace doulceur, De l'ame d'elle, tellement Qu'elle ne soit pas longuement En paine, soussy doleur. Charles d'Orleans. Ballade Le premier jour du mois de May, Trouvé me suis en compaignie Qui estoit, pour dire le vray, De gracieuseté garnie Et pour oster merencolie, Fut ordonné qu'on choisiroit, Comme fortune donneroit, La fueille plaine de verdure, Ou la fleur pour toute l'année Si prins la feuille pour livree, Comme lors fut mon aventure. Tantost apres je m'avisay, Qu'a bon droit, je l'avoye choisie, Car, puisque par mort perdu ay La fleur, de tous biens enrichie, Qui estoit ma Dame, m'amie, Et qui de sa grace m'amoit, Et pour son amy me tenoit, Mon cueur d'autre fleur n'a plus cure Adonc congneu que ma pensée Accordoit à ma destinée, Comme lors fut mon aventure. Pour ce, la fueille porteray Cest an, sans que point je l'oublie. Et à mon pouvoir me tendray Entièrement de sa partie Je n'ay de nulle fleur envie, Porte la qui porter la doit, Car la fleurque mon cueur aimoit Plus que nulle autre creature, Est hors de ce monde passée, Qui son amour m'avoit donnée, Comme lors fut mon aventure. ENVOY. il n'est fueille, ne fleur qui dure Que pour ung temps, car esprouvée J'ay la chose que j'ay comptée, Comme lors fut mon aventure. Charles d'Orléans. Ballade intitulée les contredictz de Franc Gontier Sur mol duvet assis ung gras chanoine, Lez ung brasier, en chambre bien nattée A son costé gisant dame Sydoine, Blanche, tendre, pollie, attaintée, Boire ypocras, à jour à nuyctée, Rire, jouer, mignonner baiser, Et nud à nud, pour mieulx les corps s'ayser, Les vy tous deux par ung trou de mortaise, Lors je congneu que pour dueil apaiser Il n'est trésor que de vivre à son aise. Se Franc Gontier sa compaigne Heleine Eussent cesse doulce vie hantée, D'aulx civotz qui causent sorte alaine N'en mengeassent bise crousttre frottée. Tout leur mathon, ne toute leur potée Ne prise ung ail, je le dy sans noyfier. S'ils se vantent coucher soubz le rosier, Ne vault pas mieulx lict costoyé de chaise ? Qu'en dictes vous ? faut-il à ce muser ? Il n'est trésor que de vivre à son aise. De gros pain bis vivent, d'orge, d'avoyne Et boivent eau tout au long de l'année. Tous les oiseaulx d'icy en Babyloine, A tel escot, une seule J,HO née Ne me tiendroient, non une matinée. Or s'esbate, de par Dieu, Franc Gontier, Hélène o luy, soubz le bel Esglantier, Si bien leur est, n'ay cause qu'il me poise. Mais quoy qu'il soit du laboureux mestier, Il n'est trésor que de vivre à son aise. ENVOY. Prince, jugez, pour tous nous accorder Quant est à moy, mais qu'à nul n'en desplaise, Petit enfant j'ay oüy recorder Qu'il n'est trésor que de vivre à son aise. François Villon. L'épitaphe en forme de ballade que fit Villon pour luy et pour ses compaignons s'attendant à estre pendu avec eux Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les cueurs contre nous endurciz Car si pitié de nous pouvres avez, Dieu en aura plustost de vous merciz. Vous nous voyez cy attachez, cinq, six Quant de la chair, que trop avons nourrie, Elle est pieça dévorée pourrie Et nous les os, devenons cendre pouldre De nostre mal personne ne s'en rie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. Se vous clamons, frères, pas n'en devez Avoir desdaing, quoyque fusmes occis Par justice toutesfois vous sçavez Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis, Intercédez doncques de cueur transis, Envers le Filz de la Vierge Marie Que sa grace ne soit pour nous tarie Nous preservant de l'infernalle fouldre. Nous sommes mors, ame ne nous harie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. La pluye nous a débuez lavez Et le soleil desséchez noirciz Pies, corbeaux nous ont les yeux cavez, Et arraché la barbe les sourcils Jamais nul temps nous ne sommes rassis Puis ça, puis là, comme le vent varie, A son plaisir, sans cesser nous charie Plus becquetez d'oyseaulx que dez à couldre Hommes icy n'usez de mocquerie Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. ENVOY. Prince JÉSUS , qui sur tous seigneurie, Garde qu'Enfer n'ayt de nous la maistrie, A luy n'ayons que faire, ne que fouldre Ne soyez donc de nostre confrairie Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre. François Villon. Ballade et oraison Père Noé, qui plantastes la vigne Vous aussi Loth, qui bustes au rocher, Par tel party, qu'amour qui gens engeingne, De vos filles si vous feit approcher Pas ne le dy pour le vous reprocher Architriclin qui bien sceustes cest art Tous trois vous pris, qu'o vous veuilliez percher L'ame du bon feu maistre Jehan Cotard. Jadis extraict il fut de vostre ligne, Luy qui beuvoit du meilleur plus cher Et ne deust-il avoir vaillant qu'un pigne. Certes, sur tous, c'estoit un bon archer On ne luy sceus pot des mains arracher. De bien boire ne fut oncques faitard. Nobles seigneurs, ne souffrez empêscher L'ame du bon feu maistre Jehan Cotard. Comme homme embeu, qui chancelle trépigne, L'ay veu souvent, quand il s'alloit coucher Et une foys il se fit une bigne, Bien m'en souvient, à l'étal d'ung boucher. Bref on n'eust sçeu en le monde cercher Meilleur pion, pour boire tost tard Faictes l'entrer, se vous l'oyez hucher, L'ame du bon feu maistre Jehan Cotard. ENVOY, Prince, il n'eut sçeu jusqu'à terre cracher Toujours crioit, haro, la gorge m'ard Et si ne sceut cnq' sa soif estancher, L'ame du bon feu maistre Jehan Cotard. François Villon. Ballade que Villon feit à la requeste de sa mère pour prier Nostre-Dame Dame des Cieulx, régente tarierm hmpericre des infernaulx palux, Recevez moy, vostre humble Chrestienne, Que comprinse soye entre vos Esleuz, Ce non obstant qu'onques rien ne valuz. Les biens de vous, ma dame ma maistresse, Sont trop plus grans que ne suis pécheresse Sans lesquelz biens ame ne peult mériter, N'entrer es Cieulx, je n'en suis menterresse, En ceste foy je vueil vivre mourir. A vostre filz dictes que je suis sienne. De luy soient mes péchez aboluz Qu'il me pardonne comme à l'Egyptienne, Ou comme il feit au clerc Théophilus, Lequel par vous fut quitte absoluz, Combien qu'il eust au diable faict protneffe Preservez moy, que point je ne face ce, Vierge portant, sans rompure encourir, Le sacrement qu'on célèbre à la messe En ceste foy, je vueil vivre mourir. Femme je suis povrette ancienne, Ne riens ne sçay oncques lettre ne leuz Au moustier voy, dont suis parroissienne, Paradis painct, où sont harpes luz, Et ung enfer ou damnez font bouilluz L'un g me faict paour, l'autre joye et liesse. La joye avoir faictz moy, haulte déesse, A qui pécheurs doivent tous recourir, Comblez de foy, sans saincte ne paresse En ceste foy je vueil vivre mourir. ENVOY. Vous portastes, vierge digne princesse, JÉSUS régnant, qui n'a ne fin, ne cesse. Le tout puissant, prenant nostre faiblesse, Laissa les cieulx, nous vint secourir Offrist à mort sa très chère jeunesse Nostre seigneur tel est, tel le consesse En ceste foy je vueil vivre mourir. François Villon. Ballade des dames du temps jadis Dictes moy, ou, n'en quel pays, Est Flora la belle Romaine ? Archipiada, ne Thaïs Qui fut sa cousine germaine ? Écho parlant quand bruyt on maine Dessus riviere, ou sus estan Qui beaulté eut trop plus qu'humaire ? Mais ou sont les neiges d'antan ? Ou est la très-sage Heloïs, Pour qui sut chastré, puys moyne, Pierre Esbaillart, à sainct Denys. Pour son amour eut cette essoyne. Semblablement où est la Royne, Qui commanda que Buridan Fut jetté, en ung sac, en Seine ? Mais ou sont les neiges d'antan ? La Royne blanche comme ung lys, Qui chantait à voix de Sereine Berthe au grand pied, Biétris, Allys Harembouges qui tient le Mayne Et Jehanne la bonne Lorraine, QI 'AI gr'yr Initièrent à Rouen Ou sont ilz, vierge souveraine ? Mais ou sont les neiges d'antan ENVOY. Prince n'enquerez de sepmaine, Ou elles sont, ne de cest an, Que ce refrain ne vous remaine Mais ou sont les neiges d'antan ? François Villon. Doctrine de la belle heaulmière aux filles de joie Or y pensez belle gantiére, Qui m'escolière souliez estre Et vous Blanche la savatière, Or est-il temps de vous congnoistre Prenez à dextre à senestre N'espargnez homme, je vous prie Car vieilles n'ont ne cours, n'y estre, Ne que monnoye qu'on descrie. Et vous la gente saulcissière Qui de dancer estes à deftre Guillemette la tapissière, Ne mesprenez vers vostre maistre Tous vous fauldra clorre fenestre, Quand deviendrez vieille, flestrie Plus ne servirez qu'ung vieil prebstre, Ne que monnoye qu'on descrie. Je hanneton la chaperonnière, Gardez qu'amy ne vous empestre Katherine l'esperonnière, N'envoyez plus les hommes paistre Clr qui ILÎIC n'est ne perpètre Leur bonne grace, mais leur rie. Laidde v'eiVeJc nll Olr n'impeln, Ne que monnaye qu'on descrie. ENVOY. Filles, veuillés vous entremettre D'escouter pour quoy pleure crie, Pour ce que je ne me puys mettre Ne que monnoye qu'on deferie. François Villon. Ballade Effeminez, lasches amoliz, Plongés en baings, reposez en molz lictz, Ablandissez, actachez en relaiz, Fuyans actraictz de vertus embelliz, Auctorizans voluptueux delictz, Suyvans bancquetz par citez pallais Comme abhortez, très difformes laids, Et de vices prophanez pollus, Premier que soyent leurs droictz ans révoluz, Et par finy leur terme limité, Ils ensuivront les supposiz deolus. Tost déperist pusillanimité. Veneriens jeux plaisans polluz De délices, gras brochetz et coulus, Baisers, embras, attouchemens folletz, Dances, esbas telz petis meslis Sont en moyens d'auoir ensepueliz Honteusement mains, maistres et varletz Car tous ceulz qu'ont suivi amoureux laiz, Et les ont diz comme ils les ont voluz Mercenaires d'honneur ne sont esleuz, Ains périront en leur infirmité Sans que de nulz soient plaingez ne dolluz. Tost déperist pusillanimité. Sextus Tarquin subject a neu couliz A Romme feist tant richement crostis, Qu'il abatit les royaulx chappelliz Et Roboam par ung conseil couliz Meist sur sa gent tribuz merencolis, Dont affaibly se trouva de tous lès Marc Anthoine, eu traynant les ballaiz, Cleopatra laissa se, s Marcelline '.1,, , .1 harpes ludz, Lubrique fut jusque à l'extrémité. Peu dura l'heur de Sardanapalus, Tost déperist pusillanimité. ENVOY. Prince, voyez comme grans sont aboliz, Tours chasteaulx pays desmoliz, Et tant de gens cheuz en calamité Quand les Vertus sont mises en oublis, Et les vices ont les cueurs affaiblis. Tost déperist pusillanimité. Octavien de Sainct-Gelaiz. Le cymetière des Anglois Le mandement par Prudence transmis Aux, trois Estats responce doit avoir. Elle nous mande qu'avons des ennemis, C'est très bien fait nous le faire assavoir. Puisqu'a tout mal ou voit Anglois mouvoir Contre Françoys, par la foy qu'à Dieu doibz, De resister contr'eulx feray debvoir, Car France est cimetiere aux Anglois. Elle nous mande qu'ilz ne sont endormis A nous piller rober nostre avoir, Et qu'ilz ne sont trop lasches ni désmis, Et que de brief nous doibvent venir veoir, C'est très bien fait nous le ramentevoir Devant qu'en France viengnent faire effrois, A celle fin par bon ordre y pourvoir, Car France est cimetiere aux Anglois. De tout bienfait Anglois ont cueur remis. D'ainsi vouloir traïson concepvoir, Et pour ce faire ilz ont tous leurs arts mis Mais qu'ilz se gardent François venir revoir, Car si la mort y debvroys recepvoir Ils comparront le mal fait aux Francoys. Je leur conseille non bouger mouvoir, Car France est cimetiere aux Anglois. ENVOY. Prince qu'on note que si debvoit pleuvoir Pierres, cailloux, flourira blanche croix. Ne taschent plus Anglois nous decepvoir, Car France est cimetiere aux Anglois. Pierre Vachot. Une pure et blanche licorne Qui se vint rendre à pureté Le grand veneur, qui tout mal pourechasse Portant epieux agus affilés, Tant pourchassa par sa mortelle chasse, Qu'il print un cerf en ses lacz filetz .efjueh avoit par grand despit fillés Pour le surprendre au beau parc d'innocence. Lors la licorne en forme belle effence Saillant en l'air comme royne des bestes, Sans craindre envieux can in, Monstrer se vint au veneur à sept testes Pure licorne expellant tout venin. Le faulx veneur, cornant par fiere audace, Les chiens mordans sur les champsarrangés, L'esperant prendre en quelque infecte place, Par la fureur de tels chiens enragés Mais desconfits, las decouragés, Ne luy ont faict morseure ou violence, Car le lyon de divine excellence La nourrissoit d'herbes fleurs celestes, En la gardant par son plaisir benin, Sans endurer leurs abboys molestes, Pure licorne expellant tout venin. Sus elle estoit prévention de grace, Portant les traits d'innocence empanés Pour repeller la vénéneuse trace De ce chasseur ses chiens obstinés, Qui furent tous par elle exterminés Sans lui avoir inféré quelque offense. Sa dure corne eslevoit pour deffense, Donnant support aux bestes trop subjectes A ce veneur cauteleux et malin, Qui ne print onc par ses dards ni sagettes Pure licorne expellant tout venin. Ainsi saillit pardessus sa fallace Et dards pointus d'archer mortel ferrés, Se recevant sur haultaine tarrasse Sans estre prinse en ses lacz ses rhetz, Lesquelz avoit fort tyssus ferrés Pour lui tenir par sa fiere insolence Mais par douceur par benivolence Rendre les vint entre les bras honnestes De purité plaine d'amour divin, Qui la gardoit, sans taches deshonnestes, Pure licorne expellant tout venin. Pour estre ès champs des bestes l'oultrepasse Et conforter tous humains désolés, Triomphalment seule eschappe surpasse Les lacz infects par icelle adnullés. Dont ici bas nous sommes consolés Par la licorne où gist toute affluence D'immortel bien par cèleste influence Car par ses faits méritoires gestes A conservé tout l'orgueil serpentin En se monstrant par vertus manifestes Pure licorne expellant tout venin. ENVOY. Veneur maudit, retourne à les tempestes, Va le pltll ga au gOi Jre julp Jllrill, Puifijue n'as prins, par les cors trompestes, Pure licorne expellant tout venin. Pierre Fabri. Ballade à Christofle de Refuge Se de dix mille martyrs vous voulez rendre Pour estre mis en la grand' confrairie, Besoing sera premierement aprendre L'heur malheur d'homme qui se marye, Je prie à Dieu la Vierge Marie, Que à ce besoing vous doint ayde secours Puisque le cueur y a jà prins son cours, L'oeil y fera guet, embusche, ou escoute Si faulte vient, pour principal recours, Faictes semblant de jamais n'y veoir goutte. Vous avez sens engin pour apprendre Ce que au cas vous sert ou contrarie. Le plus fort n'est hault ouvraige entreprendre, Mais fault penser comment le vent varie Les faictz d'Amour sont oeuvres de faerie, Ung jour croyssans, l'autre fois en decours Soient gens de ville, de chafteaulx ou de cours, Si quelqu'ung vient dont vous soyez en double, Et faulte vient pour principal recours, Faictes semblant de jamais n'y veoir goutte. Considerez, si femme voulez prendre, Par quel chemin il fault qu'on la charrye Si faulte faict, la voulez reprendre, Elle sera forcenée marrye. Soyez dolent, il fauldra qu'elle rye Soyez joyeux, elle fera ses tours Si en usant de ruzes et destours, Bien cognoissez que de vous se desgoutte, Et faulte vient pour principal recours Faictes semblant de jamais n'y veoir goutte. ENVOY. Cousin, sachez que à Paris à Tours, Voire à Lyon, chapperons attours Sont hault de poil si coucludz, somme toute Quant vollerez de faulxcons autours, Faictes semblant de jamais veoir goutte. Guillaume Crétin. Ballade d'amours Qui en amours veult estre heureux Faull tenir train de .■ ne une, Efirc prompt adventureux, Quant à monstrer l'armaerie Porter drap d'or, orphaverie Car cela les Dames esmeut. Tout sert mais, par sainte Marie, Il ne faict pas ce tour qui veult. Je fuz nagueres amoureux De Dame en beaulté assouvie Qui me dist en motz savoureux, Mon amour est en vous ravye Mais il fault qu'el' soit desservye Par cinquante escuz d'or, s'on peult. Cinquante escuz bon gré ma vie ! Il ne faict pas ce tour qui veult. Alors luy donnai, sur les lieux Où elle faisoit l'endormie, Quatre venues de cueur joyeux, Voire en moins d'une heure demie Lors me dist, à voix espamye, Encor ung coup le cueur me deult. Encor ung coup ! helas! mamye, Il ne faict pas ce tour qui veult. ENVOY. Prince, combien qu'on ait envie D'engresner, quand le moulin meult, Si force puissance devie Il ne faict pas ce tour qui veult. Jehan Marot. Ballade d'amours Plaisant assez des biens de fortune Ung peu garny, me trouvay amoureux, Voire si bien qu'en aymai tant fort une, Que nuict jour j'en estoye douloureux Mais tant y a que je suis si heureux, Que moyennant vingtz escuz à la rose, Je fis cela que chascun bien suppose Alors je dis congnoissant ce passage Au faict d'amours, babil est peu de chose Riche amoureux a tousiours l'advantage. Or est ainsi que durant ma pecune Je fuz retins pour amy precieux Mais quant j'euz faict, sans dire chose aulcune Ceste villaine alla jetter les yeux Sur ung vieillart riche, mais chassieux, Laid et hideux, trop plus que ne propose. Ce non obstant, il en jouit sa pose, Dont moy confuz voyant ung tel oultrage, Dessus ce texte allay bouter en glose, Riche amoureux a tousiours l'advantage. Or elle a tort, car noyse ne rancune N'eust onc de moy tant luy fuz gracieux Que s'elle eust dit, donnez-moi de la lune, J'eusse entreprins de monter jusqu'aux cieulx Et non obstant son corps tant vicieulx Au service de ce vieillard expose, Dont ce voyant, ung rondeau je compose, Que luy transmis, mais en peu de langage Me respond franc, povreté te depose Riche amoureux a tousiours l'advantage. ENVOY. Prince soyez bien parlant comme Orose, Bel entre tous, vermeil comme une rose, Sans dire tien, perdrez temps usage Parquoy je dis tant en ryme qu'en prose, Riche amoureux a tousiours l'advantage. Jehan Marot. Ballade On ne voit plus un tas de faintes gens Par les deserts, comme au temps ancien Ni départir les biens aux indigens, Comme jadis faisoient les gens de bien Aucun pasteur, sinon courtisien, On ne voit plus, ni qui presche en la chaire Ains presche au peuple un moine, ou gardien, Qui vit du pain de ceux qui font du bien Et les prelatz, que font ils ? grosse chere. Pour observer les divins mandemens, Ne laisse nul son avoir terrien, Et n'y a plus nuls bons entendement Qu'a l'acquerir par maint divers moyen A son salut aucun n'entend plus rien, Ains semble à maints que de Dieu n'ont que faire, Nul ne dispute encore un arrien, Un idolastre ou un luthérien Et les prelatz, que font-ilz ? grosse chere. De guerroyer les Turcs Mécreans, N'est plus propos, quoi qu'ils nous pressent bien, Ni de mourir comme fit saint Laurens Autres aussi, pour la foi d'un chretien, D'alimenter un pauvre comme un chien, Ou un oiseau ou quelque bourdeillere, Nul n'y a l'oeil, ains d'un rude maintien, Sont dechaffés des huis sans dire rien Et les prelatz, que font-ilz ? grosse chere. ENVOY. Prince, qui es maistre astrologien, Pour voir qui gist au coeur du peuple tien, Tu vois qu'on met ce de devant derriere Tous les estats, par mechant entretien, De t'offenser font leur quotidien Et les prelatz, que font ilz ? grosse chere. Eustorge de Beaulieu. Ballade Quand j'ois parler d'un prince de sa cour, Et qu on me dit Fréquentez-y, beau sire Lors je réponds Mon argent est trop court, J'y dépendrois, sans cause, miel cire Et qui de cour la hantise désire, Il n'est qu'un fol fust-ce Parceval Car on se voit souvent, dont j'ai grand ire, Très bien monte, puis soudain sans cheval. Averti suis que tout bien y accourt, Et que d'argent on y trouve à suffire Mais je sçais bien qu'il deflue décourt, Comme argent vif sur pierre de porphyre. Argent ne craint son maistre déconfire, Mais s'esjouir d'aller par mont val, En le rendant, pour en deuil le confire, Très bien monté, puis soudain sans cheval. Celui qui a l'entendement trop lourd N'y réussit, sors a souffrir martyre, Et qui l'esprit a trop gai, prompt gourd, Il perd son temps malheur à lui se tire. Esprit moyen, chevance à lui se tire Mais le danger est de ruer aval i-uer aval Car la cour rend le mignon qu'elle attire Très bien monté, puis soudain sans cheval. ENVOY. Prince, vrai est, on ne s'en peut dédire, Que la cour sert ses gens de bien mal, Et qu'elle rend l'homme, sans contredire, Très bien monté, puis soudain sans cheval. Jehan Bouchet. Ballade touchant justice O justiciers qui ministrez justice, Pas n'est requis d'estre foibles ne fresles Quand vous devez corriger la malice Des vicieux plains de toutes cautelles, Ni estre aussi trop ingratz ou rebelles Pitié y doit auoir quelque regard Vous estes ceulx à qui est demandée Par les humains, congnoissez par art Que Justice est des f,ril¡'l cieux procédée Soubz vos manteaulx doit reposer police Comme au temple reposoient les pucelles Car vous auez par les princes office De respandre par tous ses estincelles. Espandez les sur tous ceulx sur celles Qui par larcin, tromperie barat L'ont chassée hors, pillée gourmandée, Car vous sçavez, corrigeant tout estat Que Justice est des sainctz cieulx procedée. N'est si ferré, comme on dit, qui ne glisse, Ne si saiges qui n'ayent sottes cervelles, Si tresubtil qui ne face un tour nyce, Ne si justes qui n'ayent faulses querelles, Mais getter fault d'auec soy choses telles Se possible est, plus tost que plus tart, Ou de voz cueurs vertu est decedée, Rememorans en public à part Que Justice est des sainctz cieulx procedée. ENVOY. Princes, saichez qui justice depart Peine eternelle luy sera euadée Car ce n'est point menterie ou broquart Que Justice est des sainctz cieulx procedée. Pierre Gringoire. D'un Chat d'un Milan Ie vy n'aguere vn des plus beaux combats Qu'il est possible, vaut bien qu'on le sache, Vn milan vit un chat dormant en bas, Si fond sur luy, du poil luy arrache Le chat combat, au milan s'attache Si viuement, l'estraint si très fort, Que le milan faisant tout son effort De s'en voler, se tint pris à sa prinse, Lors me souuint d'un qui a faict le fort, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. le laisse aux grands parler de grands debats le sens trop bien où mon soulier me mache, Et ne veux point que sous mon stile bas, Il soit pensé que rien de grand ie cache Ce que i'entens n'est sinon qu'il me fache, Qu'en ce temps cy ou nous auons renfort, Aux bonnes arts, que le commun ItIc p, Yn fot busard le moleste à grand tort, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. Pour ce coup cy son nom n'escriray pas, Ce m'est assez qu'on l'entende à sa tache, Mais s'en auant il fait iamais vn pas, Qu'il ne s'estonne alors si on luy lasche Infinis traitz dont le moindre plus lache L'iroit trouuer iusques dedans son fort, De Lycambes taint au sang noir ord Pourtant qu'il preigne aduis sur l'entreprise Du fol milan volant pour chat qui dort, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. ENVOY. Vn bien sauant gueres ne poind ne mord, Et l'ignorant s'il peut nuit en surprise, Dont à la fin cest ennuy le remord, Qui par son mal a sa foiblesse apprise. Mellin de Saint-Gelais. Du temps que Marot estoit au Palais à Paris Musiciens à la voix argentine, Doresnavant comme un homme esperdu Je chanteray plus hault qu'une buccine Hélas ! si j'ay mon joly temps perdu. Puis que je n'ay ce que j'ay prétendu, C'est ma chanson, pour moy elle est bien deue Or je voys veoir si la guerre est perdue, Ou s'elle picque ainsi qu'un herisson. Adieu vous dy, mon maistre Jehan Grisson Adieu Palais la porte Barbette, Où j'ay chanté mainte belle chanson Pour le plaisir d'une jeune fillette. Celle qui c'est en jeunesse est bien fine, Où j'ay esté assez mal entendu, Mais si pour elle encores je chemine, Parmy les pieds je puisse estre pendu C'est trop chanté, sifflé attendu Devant sa porte, en passant par la rue, Et mieux vauldroit tirer à la charrue Qu'avoir tel' peine, ou servir un masson. Bref, si jamais j'en tremble de frisson, Je suis content qu'on m'appelle Caillette C'est trop souffert de peine marrisson Pour le plaisir d'une jeune fillette. Je quicte tout, je donne, je resigne Le don d'aymer, qui est si cher vendu, Je ne dy pas que je me déterminé De vaincre Amour, cela ,'eJI JejJClldu, Car nul ne peult contre son arc tendu. Mais de souffrir chose si mal congrue, Par mon serment, je ne suis plus si grue. On m'a aprins tout par cueur ma leçon Je crains le guet, c'est un maulvais garson, Et puis de nuyct trouver une charrette, Vous vous cassez le nez comme un glaçon Pour le plaisir d'une jeune fillette. ENVOY. Prince d'amour regnant dessoubz la nue, Livre la moy en un lict toute nue, Pour me payer de mes maulx la façon, Ou la m'envoye à l'ombre d'un buysson Car s'elle estoit avecques moy seulette Tu ne veis onc mieulx planter le cresson Pour le plaisir d'une jeune fillette. Clément Marot. A Madame d'Alençon pour estre couché en son Estat Princesse au cueur noble rassis, La fortune que j'ay suivie Par force m'a souvent assis Au froid giron de triste vie De m'y seoir encor me convie, Mais je respons comme fasché D'estre assis je n'ay plus d'envie Il n'est que d'estre bien couché. Je ne suis point des excessifz Importuns, car j'ay la pepie, Dont suis au vent comme un chassis, Et debout ainsi qu'une espie Mais s'une fois en la copie De vostre estat je suis merché, Je criray plus hault qu'une pie Il n'est que d'estre bien couché. L'un soustient contre cinq ou six Qu'estre accouldé, c'est musardie, L'autre, qu'il n'est que d'estre assis Pour bien tenir chere hardie L'autre dit que c'est melodie D'un homme debout bien fiché Mais quelque chose que l'on die, Il n'est que d'estre bien couché. ENVOY. Princesse de vertu remplie Dire puis comme j'ay touché , Si promesse m'est accomplie Il n'est que d'estre bien couché. Clément Marot. De frere Lubin Pour courir en poste à la ville Vingt foys, cent foys, ne sçay combien Pour faire quelque chose vile, Frere Lubin le fera bien Mais d'avoir honneste entretien, Ou mener vie salutaire, C'est à faire à un bon chrestien, Frere Lubin ne le peult faire. Pour mettre comme un homme habile Le bien d'autruy avec le sien, Et vous laisser sans croix ne pile, Frere Lubin le fera bien On a beau dire je le tien, Et le presser de satisfaire, Jamais ne vous en rendra rien, Frere Lubin ne le peult faire. Pour desbaucher par un doulx stile Quelque fille de bon maintien, Point ne fault de vieille subtile, Frere Lubin le fera bien. Il presche en bon théologien, Mais pour boire de belle eau claire, Faictes la boire à votre chien, Frere Lubin ne le peult faire. ENVOY. Pour faire plus tost mal que bien, Frere Lubin le fera bien Et si c'est quelque bon affaire, Frere Lubin ne le peult faire. Clément Marot. Chant de May de Vertu Voulentiers en ce moys icy La terre mue renouvelle. Maintz amoureux en font ainsi, Subjectz à faire amour nouvelle Par legiereté de cervelle, Ou pour estre ailleurs plus contens Ma façon d'aymer n'est pas telle, Mes amours durent en tout temps. N'y a si belle dame aussi De qui sa beauté ne chancelle Par temps, maladie ou soucy, Laydeur les tire en sa nasselle Mais rien ne peult enlaydir celle Que servir sans fin je pretens Et pour ce qu'elle est tousiours belle, Mes amours durent en tout temps. Celle dont je dy tout cecy, C'est Vertu, la nymphe eternelle, Qui au mont d'honneur esclercy Tous les vrays amoureux appelle Venez amans, venez dit-elle , Venez à moi, je vous attens Venez ce dit la jouvencelle , Mes amours durent en tout temps, j en vo Y. Prince, fais amye immortelle Et à la bien aimer entens, Lors pourras dire sans cautelle, Mes amours durent en tout temps. Clément Marot. Ballade en faveur des oeuvres De Neuf-Germain Par tous les coins de l'Univers Le Cygne Mantouan resonne L'aveugle Thebain de ses vers Encor toute la Terre étonne, Mais je n'accorde la couronne, Pour le Grec, ny pour le Romain. En l'employant mieux je la donne Au beau Monsieur de Neuf-Germain. L'autre jour le grand Apollon Pere du jour de la gloire, Tenoit au Ciel un violon Marqueté d'ébene d'yvoire, Et dit aux filles de Memoire, Je le veux mettre en bonne main, Car je le garde pour la foire Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Mercure luy dit C'est un fou, Que de trop bon oeil tu regardes, Il fit des vers sur Tribardou, Avec des paroles Lombardes Mais ses rimes sont trop hagardes, Le Mars jura par saint Firmin. Qu'il vouloit donner des nazardes Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Les Muses lors firent un cry Qui passa la dixieme Sphére Et défendant leur favory, Pleines d'une juste colere, Jurerent à Jupin leur pere, Qu'elles partiroient dès demain Si pas un d'eux osoit déplaire Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Jupiter dit à haute voix, Mes chères filles, je me fie Entièrement à votre choix, Quel qu'il soit, je le deïfie, Et veux, je vous le certifie, Que sur Parnasse ou en chemin, Cinquante veaux on sacrifie Au beau Monsieur de Neuf-Germain. Voiture. Ballade du pays de Cocagne Ne louons l'Isle où Fort tune jadis Misi ses trésors, ni la plaine Elisée, Ni de Mahom le noble Paradis, Car chacun sait que c'est billeuefée. Par nous plutoft Cocagne soit privée C'est bon Païs l'Almanach point ne ment, Où l'on le voit depeint fort dignement, Or pour falloir où gist cette campagne, Ie le diray disant Pays en Normand, Le Pays de Caux est le Pays de Cocagne. Tous les Mardys y sont de gras Mardys, De ces Mardys l'année est compofée. Cailles y vont dans le plat dix à dix, Et perdreaux sont tendres comme rosée. Le fruit y pleut, si que c'est chose aisée De le cueillir se baissant seulement. Poissons en beurre y nagent largement, Fleuues y sont du meilleur vin d'Espagne, Et tout cela fait dire hardiment Le Pays de Caux est le Pays de Cocagne. Pour les Beautis de ces lieux, Amadis Eust Oriane en son temps mesprisée, Bien donnerois quatre marauedis Si i'en auois une seule baisée. Plus cointes sont que n'est une Espousée, Et dans Palais s'esbatent noblement. Près leur déduit leur esbatement Rien n'eust paru la Cour de Charlemagne, Quoy que Turpin en escriue autrement. Le Pays de Caux est le Pays de Cocagne ENVOY. Prince, ie iure icy foy de Normand Que mieux vaudroit estre en Caux vn moment. Roy d'Yuetot, qu'Empereur d'Allemagne Et la raison, c'est que certainement Le Pays de Caux est le Pays de Cocagne Sarrasin. Ballade d'enlever en amour sur l'enlevement de Mademoiselle de Bouteville par Monsieur de Coligny Certes ce gentil jeu d'amours, Chacun le pratique à sa guise, Qui par Rondeaux beaux discours, Chapeau de fleurs, gente cointise, Tournoy, bal, festin, ou deuise, Pense les belles captiuer Mais ie pense, quoy qu'on en dise, Qu'il n'est rien tel que d'enleuer. C'est bien des plus merueilleux tours La passeroute la maistrise Au mal d'aimer, c'est bien tousiours Vne prompte souëfue crise, C'est au gasteau de friandise De Venus la féue trouuer. L'Amant est fol qui ne s'auise Qu'il n'est rien tel que d'enleuer. Ie j'ay bien que les premiers jours Que Becasse est bridée prise, Elle invoque Dieu au secours Et ses parens à barbe grise Mais si l'amant qui l'a conquise Sait bien la Rose cultiuer, Elle chante en face d'Eglise Qu'il n'est rien tel que d'enleuer. ~M't tt'f! ! ENVOY, Prince vse tousiours de main mise, Et te souviens pouuant trouver Quelque jeune fille en chemise. Qu'il n'tâ f fahiqurfjPiftleuer. Sarrasin. Ballade L'Amour pour ma liberté Me promet un doux martire. Ma raison de son côté Me fait peur de son empire, Me dit que je m'en retire Mais mon coeur sans s'allarmer, Me dit Aime, ose, desire, Il n'est rien tel que d'aimer. Mon cueur, je suis bien tenté, J'ai grand'peine à te dédire Mais enfin si la beauté A qui tu veux que j'aspire, Te rebute te déchire, Pourras-tu t'en retirer, Et viendras-tu me redire Il n'est rien tel que d'aimer ? Oui, je te le redirai, Dit mon cueur, tant que j'expire, On est assez fortuné D'aimer toujours Silvanire, Sans espoir de la réduire. Laisse moi donc enflammer, Si tu veux que je respire. Il n'est rien tel que d'aimer. ENVOI. Beauté pour qui je soupire, Quoi qu'il en puisse arriver, N'aimer rien, c'est, sans trop dire, De tous les états le pire, Il n'est rien tel que d'aimer. Bussy-Rabutin. Ballade sur la lecture des romans et des livres d'amour Hier je mis, chez Chloris, en train de discourir, Sur le fait des romans, Alizon la sucrée. N'est-ce pas grand'pitié, dit-elle, de souffrir Que l'on meprise ainsi la Legende dorée, Tandis que les romans sont si chere denrée ? Il vaudroit beaucoup mieux qu'avec maints vers du temps De Messire Honoré l'histoire fujl bruslée. Ouy pour vous, dit Chloris, qui passez cinquante ans. Moi, qui n'en ai que vingt, je pretens que VAjlrée Fi jffe en mon cabinet encor quelque sejour Car, pour vous découvrir le fond de ma pensée, Je me plais aux livres d'amour. Chloris eut quelque tort de parler si crûment Non que Monsieur d'Urfé n'aist faict une oeuure exquise Etant petit garçon je lisois son roman Et je le lis encore ayant la barve grise. Aussi contre Alizon je faillis d'avoir prise, Et soutins haut clair qu'Urfé, par-cy par-là, De preceptes moraux nous instruit à sa guise. De quoy, dit Alizon, peut servir tout cela ? Vous en voit on aller plus souvent à l'église ? Je hais tous les menteurs , pour vous trancher court, Je ne puis endurer qu'une femme me dise, Je me plais aux livres d'amour. Alizon dit ces mots avec tant de chaleur, Que je crus qu'elle estoit en vertus accomplie Mais ses péchez escrits tomberent par malheur. Elle n'y prit pas garde. Enfin estans sortie, Nous vismes que son sait estoit papelardie, Trouvant entre autres points dans sa confession J'ai lu maistre Louis mille fois en ma vie Et mesme quelquefois j'entre en tentation Lorsque l'ermite trouve Angélique endormie, Resvant à tel fatras souvent le long du jour. Bref, sans considerer censure ni demie, Je me plais aux livres d'amour. Ah ! ah ! dis-je, Alizon, vous lisez les romans, Et vous vous arrestez à l'endroict de l'ermite ! Je crois qu'ainsi que vous pleine d'enseignemens Oriane prêchoit, faisoit la chattemite. Après mille façons, cette bonne hypocrite Un pain sur la fournée emprunta, dit l'auteur Pour un petit poupon l'on sçait qu'elle en fut quitte Mainte belle sans doute en a ri dans son coeur. Cette histoire, Chloris, est du pape maudite Quiconque y met le nez devient noir comme un sour, Parmi ceux qu'on peut lire dont voici l'élite, Je me plais aux livres d'amour. Clitophon a le pas par droit d'antiquité Heliodore peut par son prix le prétendre Le roman d'Ariane est trés-bien inventé J'ai lu vingt vingt fois celuy de Polexandre. En fait d'évenemens, Cleopatre Caffandre Entre les beaux premiers doivent estre rangez Chacun prise Cyrus la carte du Tendre, Et le frere la soeur ont les coeurs partagez. Mesme dans les plus vieux je tiens qu'on peut apprendre Perceval le Gallois vient encore à son tour, Cervantes me ravit, pour tout y comprendre Je me plais aux livres d'amour. ENVOI. A Rome on ne lit point Boccace sans dispense Je trouve en ses pareils bien du contre du pour. Du surplus Honny soit quy mal y pense ! Je me plais aux livres d'amour. Jean de La Fontaine. Sur Escobar C'est bon droit que l'on condamne à Rome L'évêque d'Ypre, auteur de vains débats Ses sectateurs nous défendent en somme Tous les plaisirs que l'on goûte ici-bas, En paradis allant au petit pas, On y parvient quoi que Arnauld nous en dise La volupté sans cause il a bannie. Veut-on monter sur les célestes tours,rs, Chemin pierreux est grande rêverie. Escobar fait un chemin de velours. Il ne dit pas qu'on peut tuer un homme Qui, sans raison, nous tient en altercas Pour un fétu ou bien pour une pomme Mais qu'on le peut pour quatre ou cinq ducats. Même il soutient qu'on peut en certains cas Faire un serment plein de supercherie, S'abandonner aux douceurs de la vie, S'il est besoin, conserver ses amours. Ne faut-il pas après cela qu'on crie Escobar fait un chemin de velours ? Au nom de Dieu, lisez-moi quelque somme De ces écrits dont chez lui l'on fait cas. Qu'est-il besoin qu'à présent je les nomme ? Il en est tant qu'on ne les connoît pas. De leurs avis servez-vous pour compas. N'admettez qu'eux en votre librairie Brûlez Arnauld avec sa coterie, Près d'Escobar ce ne sont qu'esprits lourds. Je vous le dis ce n'est point raillerie, Escobar fait un chemin de velours. ENVOI. Toi, que l'orgueil poussa dans la voirie, Qui tiens là-bas noire conciergerie, Lucifer, chef des infernales cours, Pour éviter les traits de ta furie, Escobar sait un chemin de velours. Jean de La Fontaine. Sur le mal d'amour De tant de maux qui traversent la vie, Lequel de tous donne plus d'embarras ? De grands ' a lJt'lIlS la famine est suivie La guerre aussi cause bien des fracas La peste encore est un dangereux cas Femme fâcheuse est un méchant partage Faute d'argent cause bien du ravage Mais pas ne sont là les plus douloureux Si m'en croyez, aussi bien que le sage, Le mal d'amour est le plus rigoureux. De l'éprouver un jour me prit envie, Mais aussitôt adieu joie soulas Ennuis cuisans, noirs soupçons, jalousie, Cent autres maux je vois venir à tas, Tous mes déduits furent de grands hélas ! Liberté fit place à honteux servage, Tu us d'abord, pauvre coeur, mis en cage, D'où bien voudrois sortir, mais tu ne peux Lors tu chantas sur un piteux ramage Le mal d'amour e Le mal d'amour est le plus rigoureux. Quand la beauté que vous avez servie A vos désirs parfois ne répond pas C'est bien alors que c'est la diablerie Prendre on voudroit le parti de Judas. On se pendroit pour moins de deux ducats Sans cesse au coeur on a fureur rage Fer et poison, on met tout en usage Pour se tirer d'un pas si malheureux. Qui peut après douter de cet adage Le mal d'amour est le plus rigoureux ? J'excepte amour qui se traite en Turquie Dans les sérails de ces heureux hachas D'où cruauté fut de tout temps bannie, Où douceur gît toujours entre deux draps Plaisirs y sont sur des lits de damas, Chagrins jamais jamais dame sauvage. Jusqu'aux tendrons qui font l'apprentissage, Tout est galant, traitable gracieux Partout ailleurs, dont de bon coeur j'enrage, Le mal d'amour est des plus rigoureux. ENVOI. Objet charmant, de qui la belle image Tient dès longtemps mon coeur en esclavage, Soulage un peu mon tourment amoureux. Si tu me fais un tour si généreux, Plus ne tiendrai ce déplaisant langage Le mal d'amour est le plus rigoureux. Jean de La Fontaine. Ballade à madame Fouquet pour le premier terme Comme je vois monseigneur votre époux Moins de loisir qu'homme qui soit en France, Au lieu de lui, puis-je payer à vous ? Seroit-ce assez d'avoir votre quittance ? Oui, je le crois rien ne tient en balance Sur ce point-là mon esprit soucieux, Je voudrois bien faire un don précieux Mais si mes vers ont l'honneur de vous plaire, Sur ce papier promenez vos beaux yeux. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! Je viens de Vaux, sachant bien que sur tout Les Muses sont en ce lieu résidence Si leur ai dit, en ployant les genoux Mes vers voudroient faire la révérence A deux soleils de votre connoissance, Qui sont plus beaux, plus clairs, plus radieux Que celui-là qui loge dans les cieux Partant, vous faut agir dans cette affaire, Non par acquit, mais de tout votre mieux. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! L'une des neuf m'a dit d'un ton fort doux Et c'est Clio, j'en ai quelque croyance Espérez bien de ses yeux de nous. J'ai cru la Muse sur cette assurance J'ai fait ces vers, tout rempli d'espérance. Commandez donc en termes gracieux Que, sans tarder, d'un soin officieux, Celui des Ris qu'avez pour secrétaire. M'en expédie un acquit glorieux. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! F. s v o T. Reine des coeurs, objet délicieux, Que suit l'enfant qu'on adore en des lieux Nommés Paphos, Amathonte, Cythere, Vous qui charmez les hommes les Dieux, En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! Jean de La Fontaine. Ballade A caution tous amants sont sujets, Cette maxime en ma tête est écrite Point n'ay de foi pour leurs tourmens secrets Point auprès d'eux n'ay besoin d'eau bénite, Dans coeur humain probité plus n'habite, Trop bien encore a-t-on les mêmes dits Qu'avant qu'Astuce au monde fut venue Mais pour d'effets, la mode en est perdue, On n'aime plus comme on aimoit jadis. Riches atours, table, nombreux valets, Font aujourd'hui les trois quarts du mérite. Si des amans soumis, constans, discrets, Il est encor, la troupe en est petite. Amour d'un mois est amour decrepite. Amans brutaux sont les plus aplaudis. Soupirs pleurs feroient passer pour gruë, Faveur est dite aussi tôt qu'obtenue. On n'aime plus comme on aimoit jadis. Jeunes beautez en vain tendent filets Les jouvenceaux, cette engeance maudite, Fait bande à part, près des plus-doux objets D'être indolent chacun se félicite, Nul en Amour ne daigne être hypocrite Ou si parfois un de ces étourdis A quelques soins s'abaisse, s'habitue, Don de Mercy seul il n'a pas en vûe On n'aime plus comme on aimait jadis. Tous jeunes coeurs se trouvent ainsi faits. Telle denrée aux foses se débite. Coeurs de barbons sont un peu moins coquets Quand il fut vieux le diable fut hermite, Mais rien chez eux à tendresse n'invite. Par maints hyvers desirs sont refroidis. Par maux fréquens humeur devient bourrue Quand une fois on a tête chenuë, On n'aime plus comme on aimoit jadis. ENVOY. Fils de Venus, songe à tes intérêts, Je voy changer l'encens en camouflets Tout est perdu si ce train continuë. Ramène nous le siecle d'Amadis. Il t'est honteux qu'en cour d'attraits pourvûë Où politesse au comble est parvenuë, On n'aime plus comme on aimoit jadis. Madame Deshoulières. A Madame Deshoulières en réponse à la ballade dont le refrain est On n'aime plus comme on aimoit jadis Qu'à caution tous amans soient fujeh, C'est une erreur qui les bons dij. i éliu-. On voit au monde assez d'amans discrets La race encor n'est pas toute détruite Quoi qu'en ait dit femme un peu trop dépite, Rien n'est changé du siècle d'Amadis, Hors que pour estre amitié maintenue Plus n'est besoin d'Urgande Desconnue On aime encor comme on aimoit jadis. Il est bien vray qu'on choisit les objets, Plus n'est le temps de dame sans mérite Quand beauté luit sous simples bavolets, Plus sont prisez que reine décrépite Sous quelque toit que Bonne-Grace habite, Chacun y court, jusqu'aux plus refroidis Depuis Adam cela se continue, Et quand Grâce est de Bonté soutenue, On aime encor comme on aimoit jadis. Quand Celadon au pays des Forets Étoit prôné comme un amant d'élite, On vit Hylas, patron des indiscrets, En plein marché tenir autre conduite. Bref en tout temps Amour eut à sa suite Sujets loyaux sujets étourdis Or n'en est pas la coustume perdue, Comme autrefois la mode en est venue On aime encor comme on aimoit jadis. ENVOI. Toi qui te plains d'Amour de ses traits, Dame chagrine, apaise les regrets Si quelque ingrat rend ton humeur bourrue, Ne t'en prends point à l'Enfant de Cypris Cause il n'est pas de ta déconvenue Quand la dame est d'attraits assez pourvue, On aime encor comme on aimoit jadis. Jean de La Fontaine. Ballade sur une vieille fille qui vouloit se remarier C'est tout de bon, Venus aux cheveux gris Après vingt ans des glaces du veuvage Les feux d'Amour échauffent vos esprits Quoi ! le Damon vous charme vous engage Mais pour fixer ce coeur fier volage, Très-peu vous sert de brûler comme un four Chez un galant, chercheur de pucelage, Vieille femme est un remede à l'Amour. Vous ne devez songer qu'au Paradis La mort est proche, vous guette au passage Et cet amour dont vos sens sont épris, Ne servira qu'à hâter le voyage. Jadis les coeurs vous rendirent hommage Jadis chez vous les ris firent sejour Mais maintenant il faut plier bagage Vieille femme est un remede à l'Amour. Il me souvient d'avoir lû que jadis, Ainsi que vous sur le déclin de l'âge, Phèdre sentit de semblables soucis Mais chacun sçait qu'Hipolite fut sage Ce Prince étoit delicat personnage Aussi d'abord, sans prendre un long détour, En peu de mots il lui tint ce langage Vieille femme est un remede à l'Amour. ENVOI. Pour réparer les défauts du visage, On peut user d'un assez plaisant tour Et c'est l'argent mais sans cet avantage, Vieille femme est un remede à l'Amour. Jean-Baptiste Rousseau. Ballade du Vieux Temps A qui mettoit tout dans l'amour, Quand l'amour lui-même décline, Il est une lente ruine, Un deuil amer sans retour, L'autoumne trainant s'achemine Chaque hiver s'allonge d'un tour, En v.ui le f-rtn'etnfs s'illumine Sa lumière n'est plus divine A qui mettoit tout dans l'amour ! En vain la Beauté sur sa tour, Où fleurit en bas l'aubépine, Monte avec l'aurore fascine Le regard qui rode d l'entour. En vain sur l'écume marine De jour encor sourit Cyprine Ah ! quand ce n'est plus que de jour, Sa grâce elle-même est chagrine A qui mettait tout dans l'amour ! Sainte-Beuve. Ballade des Pendus Sur ses larges bras étendus, La foret où s'éveille Flore, A des chapelets de pendus Que le malin caresse dore. Ce bois sombre, où le chêne arbore Des grappes de fruits inouïs Même chez le Turc le More, C'est le verger du roi Louis. Tous ces pauvres gens morsondus, Roulant des pensers qu'on ignore, Dans les tourbillons éperdus Voltigent, palpitants encore. Le soleil levant les dévore. Regardez-les, cieux éblouis, Danser dans les feux de l'aurore. C'est le verger du roi Louis. Ces pendus, du diable entendus, Appellent des pendus encore. Tandis qu'aux cieux, d'azur tendus, Où semble luire un météore, La rosée en l'air s'évapore, Un essaim d'oiseaux réjouis Par dessus leur tête picore. C'est le verger du roi Louis. ENVOI. Prince, il est un bois que décore Un tas de pendus enfouis Dans le doux feuillage sonore, C'est le verger du roi Louis. Théodore de Banville. Ballade des pauvres Gens Rois qui serez jugés à votre tour, Songez à ceux qui n'ont ni sou ni maille Ayez pitié du peuple tout amour Bon pour fouiller le sol, bon pour la taille Et la charrue, bon pour la bataille. Les malheureux sont damnés, - c'est ainsi ! -Et leur fardeau n'est jamais adouci. Les moins meurtris n'ont pas le nécessaire. Le froid, la pluie à le soleil aussi, Aux pauvres gens tout est peine misère. Le pauvre hère en son triste séjour, Est tout pareil à ses bêtes qu'on fouaille. Vendange-t-il, a-t-il chauffé le four Pour un festin ou pour une épousaille, Le seigneur vient, toujours plus endurci. Sur son vassal, d'épouvante saisi, Il met la main, comme un aigle sa serre, Et lui prend tout, en disant Me voici ! Aux pauvres gens tout est peine misère. Ayez pitié du pauvre fou de cour ! Ayez pitié du pêcheur qui tressaille Quand l'éclair fond sur lui comme un vautour, Et de la vierge aux yeux bleus, qui travaille, Humble révant sur sa chaise de paille. Ayez pitié des mères ! O souci, O deuil ! L'enfant rose blond meurt aussi. La mère en pleurs entre ses bras le serre, Pour réchauffer son petit corps transi Aux pauvres gens tout est peine misère. ENVOI. Prince ! pour tous je demande merci ! Pour le manant sous le soleil noirci Et pour la nonne égrenant son rosaire Et pour tous ceux qui ne sont pas d'ici Aux pauvres gens tout est peine misère. Théodore de Banville. Ballade des belles Châlonnaises Pour boire j'aime un compagnon, J'aime une franche gaillardise, J'aime un broc de vin bourguignon, J'aime de l'or dans ma valise, J'aime un verre fait à Venise, J'aime parfois les violons Et surtout, pour faire à ma guise, J'aime les filles de Châlons. Ce n'est pas au bord du Lignon Qu'elles vont laver leur chemise. Elles ont un épais chignon Que tour à tour frise défrise L'aile du vent de la brise De la nuque jusqu'aux talons, Tout le reste est neige cerise, J'aime les filles de Châlons. Même en revenant d'Avignon On admire leur vaillantise. Le sein riche le pied mignon, L'oeil allumé de convoitise, C'est dans le vin qu'on les baptise. Vivent les cheveux drus longs ! Pour avoir bonne marchandise, J'aime les filles de Châlons ! ENVOI. Prince, un chevreau court au cytise ! Matin soir, dans vos salons Vous raillez ma fainéantise J'aime les filles de Châlons. Théodore de Banville. Ballade pour ma commère Le beau baptême et la belle commère ! Quels jolis yeux ! disaient les assistants. On rôtissait les boeufs entiers d'Homère Et l'on ouvrait la porte à deux battants. Bonne Alizon ! même après tant de temps, Quand je la vois, mon âme en est tout aise. Elle a des yeux d'enfer, couleur de braise, Et le sein rose des lys à foison Elle est savante avec ses airs de niaise. Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! En ce temps-là, mordant l'écorce amère, Dans mon pays de forêts d'étangs, J'étais encore un coureur de chimère. Elle, on eût dit un matin de printemps ! Mais, à la fin, voici qu'elle a trente ans. Ses grands cheveux sont blonds, ne vous déplaise Et longs et fins, lourds, par parenthèse, A n'y pas croire. O la riche toison ! A la tenir on fait ce qu'elle pèse. Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! Oh ! comme suit cette enfance éphémère ! Mon Alizon, dont les cheveux flottants Étaient si sous, regarde, en bonne mère, Ses petits gars, forts comme des titans, Courir pieds nus dans les prés éclatants. Elle travaille, assise sur sa chaise. Ne croyez pas surtout qu'elle se taise Plus qu'un oiseau dans la belle saison, Et sa chanson n'est pas la plus mauvaise. Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! ENVOI. Avec un rien, on la fâche, on l'apaise. Les belles dents à croquer une fraise ! J'en étais fou pendant la fenaison. Elle est mignonne rit quand on la baise, Le bon Dieu gard' ma commère Alizon ! Théodore de Banville. Ballade de la vraie Sagesse Mon bon ami, poëte aux longs cheveux, Joueur de flûte à l'humeur vagabonde, Pour l'un qui vient je l'adresse mes voeux Enivre-toi, dans une paix profonde, Du vin sanglant de la beauté blonde, Comme à Noël, pour faire reveillon Près du foyer en flamme, où le grillon Chante à mi-voix pour charmer ta paresse, Toi, vieux Gaulois fils du bon Villon, Vide ton verre baise ta maitresse. Chante, rimeur, la Jeanne ses grands yeux Et cette lèvre où le sourire abonde Et que tes vers à nos derniers neveux, Sous la toison dont l'or sacré l'inonde, La fassent voir plus belle que Joconde. Les Amours nus, pressés en bataillon, Ont des rosiers broyé le vermillon Sur le beau sein de cette enchanteresse. Ivre déjà de voir son cotillon, Vide ton verre baise la maîtresse. Une bacchante, aux bras fins nerveux, Sur les coteaux de la chaude Gironde, Avec ses soeurs, dans l'ardeur de ses jeux, Pressa les flancs de sa grappe féconde D'où ce vin clair a coulé comme une onde, Si le désir, aux yeux d'émerillon, T'enfonce au coeur son divin aiguillon, Profites-en l'Ame, disait la Grèce, A pour nous fuir l'aile d'un papillon Vide ton verre baise la maîtresse. ENVOI. Ma muse, ami, garde le pavillon. S'il est de pourpre, elle aime son haillon, Et me répète à travers son ivresse, En secouant son léger carillon Vide ton verre baise, la maîtresse. Théodore de Banville. Ballade des Enfants sans-souci Ils vont pieds nus le plus souvent. L'hiver Met à leurs doigts des mitaines d'onglée. Le soirs hélas ! ils soupent du grand air, Et sur leur front la bise échevelée Gronde, pareille au bruit d'une mêlée. A peine un peu leur sort est adouci Quand avril fait la terre consolée Ayez pitié des Enfants sans souci. Ils n'ont sur eux que le manteau du ver, Quand les frissons de la voûte étoilée Font tressaillir briller leur oeil clair. Par la montagne abrupte la vallée, Ils vont, ils vont ! A leur troupe affolée Chacun répond Vous n'êtes pas d'ici, Prenez ailleurs, oiseaux, votre volée. Ayez pitié des Enfants sans souci. Un froid de mort fait dans leur pauvre chair Glacer le sang, leur veine est gelée. Les coeurs pour eux se cuirassent de fer, Le trépas vient. Ils vont sans mausolée Pourrir au coin d'un champ ou d'une allée, Et les corbeaux mangent leur corps transi Que lavera la froide giboulée. Ayez pitié des Enfants sans souci. ENVOI. Pour cette vie effroyable, filée De mal, de peine, ils te disent Merci ! Muse, comme eux, avec eux exilée. Ayez pitié des Enfants sans souci ! Albert Glatigny. Ballade de l'Amant inquiet Vous qui savez, Dames Damoiselles, Ce qu'est Amour, notre gentil seigneur, Quand il lui plait torturer ses fidèles, Ci connaissez d'où me vient ma frayeur. Rien parmi nous n'est plus beau ne meilleur Que Dame, hélas ! dont suis en dépendance Passion tendre courtoise prudence Se sont choisi pour asiles ses yeux, Et l'agrément de sa douce prèsence Est désiré dans le plus haut des cieux. Saint bataillon, milices éternelles, O gardes-clefs du ciel supérieur, Éclatants d'or sous vos candides ailes, Vous enviez d'en haut notre bonheur De la bien voir de lui faire honneur. Jusqu'a ce jour, malgré votre puissance, Elle est sur terre, sa magnificence Manque à l'éclat du Trône radieux, Et c'est pourquoi ce fleuron d'innocence Est désiré dans le plus haut des cieux. Ains, ò Jésus ! leurs prières sont telles Que moi, resté dans ce monde trompeur, Verrai ses yeux, tout remplis d'étincelles, Tôt se voiler d'une terne vapeur. Un Ange prompt de qui m'est grand'peur, En habit vert couleur de l'espérance, Viendra lui dire Ici tout est souffrance Monter là-haut, sur mes ailes, vaut mieux, Car dès longtemps jour de ta survenance Est désiré dans le plus haut des cieux. ENVOI. Dames, vous, Damoiselles, je pense Puisque j'ai fait rencontre connaissance De cette Dame au coeur religieux Que le salut de mon intelligence Est désiré dans le plus haut des cieux. Frédéric Plessis. NOTES BALLADES DE JEHAN FROISSART p. i et suivantes. OEuvres de Froissart. Poésies publiées par M. Aug. Scheler. Bruxelles, 1870 In-8°. Page 1, vers 6, saint Jame, forme anglaise du nom de saint Jacques. Page 6, vers II. Le poëte fait entendre que le nom de celle qu'adorait Achille, renferme les cinq lettres qui composent celui de la Chiere Dame, à qui sa ballade est adressée, qui, par conséquent, suppose t-on, s'est appelée AELIX. Auguste Scheler. BALLADE DE GUY DE LA TRÉMOUILLE p. 7. Le livre des cent ballades contenant des conseils à un Chevalier pour aimer loialement les responses aux ballades, publié... par le marquis de Queux de Saint-Hilaire. Paris. Maillet, M D CCC LXVIII. La ballade En ciel un Dieu, en terre une Déesse, est dans les responses . Elle a été composée, sélon les présomptions exposées par M. de Saint-Hilaire, entre les années 1386 1392. Messire Guy de la Trémouille, chevalier, était garde de l'oriflamme en 1383. Il mourut en 1398, laissant un beau renom de prud'homie. BALLADES D'EUSTACHE DESCHAMPS p. 9 et suivantes. Poésies morales et historiques d'Eustache Deschamps, publiées pour la première fois par G.-A. Crapelet, imprimeur. Paris, M. DCCC XXXII. Gr. in-8°, Page 14, vers 9 suivants. Comprenez Pourquoi dames pucellettes font-elles si grande difficulté à aimer un ami, puisqu'elles fcchercmt OiJjlNf l'herbe ? Page 4, vers 14 suivants. Comprenez Ceux qui ,,',ziHl 'rCll! pas qui ont dit non à l'amour, auront maigre gloire, mais ceux qui aimèrent généreusement, apparaîtront la face lumineuse auront renommée par le monde. Page 16, Ballade. Eustache Deschamps avait connu approché le bon connétable de France. Il n'est pas le seul poëte qui ait chanté Duguesclin. Cuvelier, trouvère, rima une longue chanson des gestes de sire Bertran. BALLADES DE CmiSTtKB VIS PISAN. p. 18 et suivantes Les Poésies de Christine de Pisan sont conservées en manuscrit à la Bibliothèque nationale. N os 7,087 - 7,217 - 7,223 - 7,641. Page 18, vers 2 3, dis, poëmes , dictier. Eustache Deschamps a composé un Art de dictier de fere chançons, balades, virelais rondeaulx . Page 24, Ballade. Christine de Pisan fut veuve, à vingt-cinq ans, d'Estienne du Caftel, notaire secrétaire du roi Charles V. Page 25, vers 10, plus assombrie que teinture couleur d'un More. P. 26. Complainte sur la mort du duc de Bourgogne. Dame Christine-la-Désolée, qui pleura beaucoup en sa vie, ne pleura jamais plus qu'à la mort du duc Philippe, qui l'avait gratifiée de ses dons. Elle interrompit, à la triste nouvelle du meurtre, son livre de Mutation de Fortune, elle écrivit ces lamentations Comme obscurcie de plains, plours lermes, à cause de nouvelle mort, me convient faire douloureuse introyte commencement à la seconde partie de cette oeuvre, présente adoulée à bonne cause de survenue, perte, non mie singuliere. a moy ou a aulcuns, mais générale expresse en maintes terres plus en cestuy royaume, comme despouillié, deffait de l'un de. ses souverains pilliers. Le Livre des. fais bonnes meurs du sage roy Charles V. 2 e partie. BALLADES D'ALAIN CHARTIER p. 28 et suivantes. Les OEuvres de maistre Alain Chartier... toutes nouvellement réunies, par André du Chesne, Tourangeau. Paris, 1517. In-f°, BALLADES DE CHARLES D'ORLÉANS p. 34 et suivantes. Poésies de Charles d'Orléans, publiées par J. -Marie Guichard. Paris, Gosselin, 1842. In-12. Pages 34 à 44. Ballades composées en Angleterre où le duc Charles était prisonnier. Page 39, vers I. La saint Valentin, fête anglaise, consacrée aux fiançailles. C'est le jour où l'on dit que les oiseaux s'apparient. Page 41. Ballade. Le duc Charles y déplore la mort de sa dame, qu'il nomme Beaulté, qui périt en droicte fleur de jeunesse . BALLADES DE FRANÇOIS VILLON p. 45 et suivantes. OEuvres de maistre François Villon, corrigées aug mentées d'après plusieurs manuscrits qui n'étoient pas connus, précédées d'un Mémoire..., par J. -H. -R. Prompfault. Paris, Ebrard, 1835. In-8°. En attendant le texte qu'établit en ce moment M. Longnon, avec une méthode vraiment scientifique, nous avons suivi l'édition de l'abbé Prompfault. Page 45, Ballade intitulée les Contredictz de Franc Gontier. Voici le huitain qui, dans le texte de Villon, précède cette ballade Gontier ne crains, qui n'a nulz hommes Et mieulx que moy n'est hérité Mais en ce débat cy nous sommes Car il loüe sa pouvreté Estre pouvre yver esté, A bonheur celà il repute Je le tiens à maheureté, Lequel a tort ? or en discute. Les Dits de Franc Gontier est un petit poëme du XIV e siècle. Page 45, vers 11 suiv. Le sens est Si Franc Gontier sa compagne eussent suivi cette douce vie, ils n'eussent point mangé leur croute de pain bis, frottée d'ail de civette. Page 45 vers 15. Mathon, lait caillé, -potée, boisson, On dit encore potion. Page 46, vers 7 suiv. Le sens est Le chant de tous les oiseaux qui sont d'ici à Babylone ne me retiendrait pas un jour, pas une matinée à la campagne, s'il m'y fallait vivre en suivant un si maigre régime. Page 50. Ballade et orasion. On trouve dans les registres de l' Officialité parisienne de 1460 1461, une mention plusieurs fois répétée de Jean Cotard, qua lifié de procurator ou de promotor curioe. P. 50, vers 6. Architriclin. Villon désigne ainsi l'in tendant architriclinus des époux de Cana. Jean II, 9. P. 51, vers 10 Bref, il en fut à grand peine au douzieme, Que s'escriant, Haro ! la gorge m'ard! Tost, tost, dit-il, que l'on m'apporte à boire ! La Fontaine. Contes Nouvelles, I, X, le Paysan qui avoit offensé son seigneur. P. 52. Balla.le ly.'ii' Villon feit à la rejueste de sa mère pour prier Nostre-Dame. Cf. le présent livre p. XXIII. P. 52, vers 13, l'Egyptienne, sainte Marie l'Égyptienne. P. 52, vers 14. Théophilus. Cf. le miracle Theophi lus, dans Gautier de Coinfi. Rutbeuf en a fait une moralité. P. 55, vers 2. Flora, courtisane qui fut aimée de Pompée. P. 5 5, vers 3. Archipiada est peut-être Archippa, dont le souvenir est associé à la mémoire du poëte Sophocle. -Thaïs, courtisane qui brilla à Athènes au milieu du V e siècle. P. 55, vers 4. Qui fut sa cousine germaine, par la beauté. P. 5 5, vers 5. La Nymphe Écho, d'après Ovide. P. 55, vers 9. Héloïs, Héloïse, nièce du chanoine Fulbert. P. 55, vers 11. Pierre Esbaillard. Abailard, le docteur qui mourut en 1142. P. 55, vers 13 14. Cette Royne est Marguerite de Bourgogne, première femme de Louis le Hutin. Elle débauchait les écoliers, dans la tour de Nesle, les faisait jeter dans la Seine. Buridan obtint ses dangereuses caresses il ne fut pas noyé il se retira à Vienne, en Autriche, où il fonda une université. Telle est la légende. P. 56, vers 1. La Royne blanche comme ung lys est Blanche de Bourbon, mariée, en 13 52, à Pierre le Cruel. P. 56, vers 3. Berthe, Bertrande, fille de Caribert, femme de Peppin, mère de Charlemagne, ou, pour mieux dire, la reine Pedauque, la fileuse qui contait les Contes de la mère l'Oie Cf. Hyacinthe Husson, La Chaîne traditionnelle et les Contes de Perrault, édition Lefèvre, p. LVII. -Biétris, Béatrix de Provence, mariée, en 1245, à Charles de France, fils de Louis VIII. -Allys , Alix de Champagne, mariée, en l'an 1160, à Louis le Jeune, roi de France. P. 56, vers 4. Harembouges, Eremburges, fille héritière de Élie de La Flèche, comte du Maine, morteni 110. P. 56, vers 5. Jehanne Darc, née à Dom-Remy, petit village des marches de Lorraine. P. 56. Envoi. Prince, quel que soit le jour de la semaine ou de cette année, que vous me demandiez où elles sont, je vous répondrai en redisant ce refrain Mais où sont... BALLADE D'OCTAVIEN de S ainct-G elaiz, P- 59. S'ensuyt la Chasse et le départ d'Amours, nouuelle ment imprimé à Paris, où il y a de toutes les tailles de Rimes que l'on pourroit trouuer. Côposée par Reueréd per en Dieu messire Octvien de Said-Gdaiz tllefq dâgou lesme. Et par noble hôme Blaise dauriol Bachelier en chascun droit, demeurât à Thouloufe. On les vent à Paris en la rue neufue nostre dame A lenseigne de lescu de France. P. 60, vers 8. Sextus Tarquin. Tit. -Liv., l, 54. P. 60, vers 11. Roboam. Reg, III, 2. Paralip., II, 9. P. 60, vers 14, Marc Anthoine. Plut. Anton. P. 60, vers 15. Cleopatra. Plut. Anton. P. 60, vers 16. Marcelline. Fille de C. Marcellus d'Octavia, répudiée par Agrippa ? . LE CYMETIERE DES ANGLOIS, p. 62. La Déploration des Estatz de France... L' Eslat de Noblesse, en apprenant une nouvelle entreprise des Anglais, parle comme on voit en la Ballade. P. 62, vers 8. N'élidez pas IV muet dans le mot France. P. 63. Envoy. Entendez Quand il devrait pleuvoir des pierres, le croix blanche sera victorieuse. Au temps du roi Charles VI, ceux d'Armagnac portaient la croix blanche, ceux de Bourgogne, alliés aux Anglais, la croix rouge. UNE PURE ET BLANCHE LICORNE QUI SE VIENT RENDRE A PURETÉ, p. 64. Le Grant vrai Art de pleine rhétorique... tant en prose qu'en rime, 1521. Pierre Fabri, Rouennais, était curé de Meray. L'idée que la sainte douceur de la vierge était supérieure au pouvoir du mal avait pris alors une forme précise dans la légende tant répétée de la Vierge de la Licorne. La Licorne, qu'on voyait dès le XI e siècle Sculptée à côté du Basilic, sur les murs des églises était, disent les Bestiaires, un cheval-chèvre d'une blancheur immaculée. Elle portait au front une merveilleuse épée, Les veneurs la voyaient passer dans les clairières ils n'avaient jamais pu l'atteindre, tant elle était rapide. On savait toutefois que, si une vierge, assise dans la forêt, appelait la licorne, la bête obéissait, inclinait la tête sur le giron de l'enfant, se laissait prendre, euchaîner par d'aussi faibles mains. Mais la Licorne tuait la fille corrompue non pucelle . Voilà ce qui était conté par toutes gens, écouté en frissonnant, retenu rêvé pendant de longues veillées. Tous avaient vu la Licorne en quelque image taillée ou peinte quelques-uns l'avaient reconnue de loin, dans les halliers, aux heures douteuses. ANATOLE FRANCE, la Mission de Jeanne Darc. BALLADE A CHRISTOFLE DE REFUGE, p. 67. Chants royaux, Oraisons autres petits Traités, par Guillaume Crétin. Paris, Simon du Bois, pour Galliot du Pré, 1527. In-8° gothique. BALLADES DE JEAN MAROT p. 70 et suivantes. OEuvres de Clément Marot, avec les ouvrages de Jehan Marot son père, à La Haye M. DCC. XXXI. in-4°, tome 4. P. 73, vers 15. Paul Orose composa, vers l'an 416 de J.-C., une Histoire universelle fort barbare. BALLADE DE EUSTORGE DE BEAULIEU, p. 74. Les divers Rapports contenant plusieurs Rondeaux, Ballades, Epistres, ensemble une du Coq à l'Asne, une autre de l' Asne au Coq sept Blasons anatomiques du corps féminin la response du blasonneur du... à l'auteur de l'apologie contre luy... Lyon, P. de Sainte-Lucie, 1537. In-8°. BALLADE DE JEAN BOUCHET, p. 76. Opuscules du Traverseur des voyes périlleuses, nouvellement par luy reveuz, amandez corrigez contenant, Épistre de justice, le Chappelet des princes, Ballades morales, Deploration de l'Église. Poitiers, Jean Bouchet, 1526. In-4° gothique. Le titre poétique de Jean Bouchet était, comme on voit le Traverseur des voyes périlleuses. Sa devise était ha bien touché. Jean Bouchet observe l'alternance des rimes masculines des rimes féminines. BALLADE TOUCHANT JUSTICE, P. 78. Les Abus du Monde. Paris, P. le Dru, 1504. In-8° gothique. P. 78, vers 9. Psalm., LXXX Justicia de coelo prof pexit. Cette glose est de Gringoire. Le texte ne s'en retrouve pas dans les psaumes. P. 78, vers II. Comme au temple reposoient les pucelles. Peut-être les vestales. P. 79, vers 6. Horatius Quandoque bonus dor mitas homerus.s. Cette glose est de Gringoire. P. 79, vers 8. Horatius Nemo omni est ex patre beatu s. Cette glose est de Gringoire. P. 79, vers II. Proverb., XI Justitia liberabis a morte. Cette glose est de Gringoire. D'UN CHAT ET D'UN MILAN, p. 80. OEuvres poétiques de Mellin de Saint-Gelais. A Lyon, par Antoine de Harsy, 1574. In-8°. BALLADES DE CLÉMENT MAROT p. 84 et suivantes. OEuvres de Marot, augmentées d'un grand nombre de ses compositions nouvelles. Lyon, Dolet, 1543. In-8°. P. 82. Du temps que Marot estoit au Palais à Paris. P. 82. Du temps que Marot efloit au Palais a Paris. Clément Marot, après avoir achevé ses études universitaires, suivit le Palais. Mais il ne resta pas longtemps parmi les bafochiens. P. 82, vers 10. La porte Barbette, proche la rue l'hôtel Barbette. P. 85. A madame d'Alençon, pour estre couchée en son estat. Ce fut en l'an 1519 que Clément Marot fut attaché à la cour de madame Marguerite de Valois, duchesse d'Alençon de Berry. On le trouve inscrit pour la première fois parmi les pensionnaires de la bonne duchesse de Valois, à la date de 1524. Cf. d'Héricault, Nouvelle Collection Janet. Il recevait 95 livres par an. Il était en même temps attaché à la maison militaire du duc d'Alençon, mari de Marguerite. P. 87, de Frère Lubin. Tu trouveras d'autres Balades à double refrain, l'un repeté au mylieu du couplet l'autre à la fin, comme en la Balade de Marot à Frere Lubin, ceste maniere de refrain double est autant rare que plaisante. L'Art poétique françois, par Thomas Sibilet. P. 89. Chant de May de Vertu. Consultez, sur le titre, le chapitre de l' Art poétique de Thomas Sibilet, lequel nous donnons en Appendice, n° 11. BALLADE EN FAVEUR DES OEUVRES DE NEUF-GERMAIN, p, 91. Les OEuvres de Monsieur de Voiture, à Paris, rue Saint-Jacques, chez Michel Guignard Claude Robuftel. M. DCC. XIII, in-8°, t. II. BALLADES DE SARRASIN p. 94 et suivantes. Les OEuvres de monsieur Sarasin. A Paris, chez Augustin Courbé, M. DC. LVI. In-4°. BALLADE DE BUSSY RABUTIN, p. 98. Les Lettres de messire Roger de Rabutin, comte de Bussy, lieutenant général des armées du roi ... A Paris, chez Florentin Pierre Delaume, M. DC XCVIII. Cette Ballade est jointe à une lettre du comte de Bussy à M. de Sc... Scudéry . A Bussy, ce 16 février 1676. ... Je vous envoyé la Balade que vous m'avez demandée. Elle a un petit air de Marot qui ne me déplait pas. BALLADES DE JEAN DE LA FONTAINE p. 100 et suivantes. Contes mis en vers par Jean de la Fontaine. Paris, Claude Barbin, 1665. In-12. Ballade sur la lecture des romans des livres d'amour. Ce poëme n'a de la ballade que le refrain. P. 100, vers 7. L' Astree , de Honoré d'Urfé. P. 101, vers 16. Maître Louis, l'Arioste. P. 101, vers 17. Voici l' endroit de l'ermite qui fit entrer en tentation Alizon la Sucrée De la cime d'un rocher élevé, l'ermite a vu Angé lique, au comble de l'affliction et de l'épouvante, aborder à l'extrémité de l'écueil. Il était lui-même arrivé six jours avant, car un démon l'y avait porté par un chemin non frayé. Il vient à elle, avec un air plus dévot que n'en eurent jamais Paul ou Hilarion. A peine la dame l'a-t-elle aperçu que, ne le reconnaissant pas, elle reprend courage. Peu à peu, sa crainte s'apaise, bien qu'elle ait encore la pâleur au visage. Dès qu'il est près d'elle, elle dit Ayez pitié de moi, mon père, car je fuis dans une malheureuse situation. - Et, d'une voix interrompue par les sanglots, elle lui raconta ce qu'il savait parfaitement. L'ermite commence à la réconforter par de belles et dévotes paroles et, pendant qu'il parle, il promène des mains audacieuses tantôt sur son sein, tantôt sur ses joues humides. Puis, devenu plus hardi, il va pour l'embrasser. Mais elle, tout indignée, lui porte violemment la main à la poitrine le repousse, son visage se couvre d'une honnête rougeur. Il avait à son côté droit une poche. Il l'ouvre il en tire une fiole pleine de liqueur. Sur ces yeux puissants, où Amour a allumé sa plus brûlante flamme il en jette légèrement une goutte qui suffit à endormir Angélique. La voilà, gisant renversée sur la table, livrée à tous les désirs du lubrique vieillard. Il l'embrasse sa palpe à plaisir elle dort, ne peut faire résistance. Il lui baise tantôt le sein tantôt la bouche. Personne ne peut le voir en ce lieu âpre et désert. Mais, dans cette rencontre, son destrier trébuche, car le corps débile ne répond point au désir. Il avait peu de vigueur, ayant trop d'années, il peut d'autant moins, qu'il s'essouffle davantage. Il tente toutes les voies, tous les moyens, mais son paresseux roussin se refuse à sauter. En vain il lui secoue le frein, en vain il le tourmente il ne peut lui faire tenir la tête haute. Enfin, il s'endort près de la dame qu'un nouveau danger menace encore. La fortune ne se contente pas de si peu, quand elle a pris un mortel pour jouet. Roland furieux, chant VIII, huitains 45 à 50. M. Francisque Reynard a bien voulu nous communiquer ce fragment de sa belle traduction de l'Arioste, actuellement sous presse. P. 102, vers 3. Dans Amadis de Gaule, le Beau Ténébreux on lit Chapitre XI., Comment Amadis alla passer une dernière nuit avecsa mie Oriane, à qui il avoua les raisons de son départ Chapitre XLII. Comment Oriane, se sentant groffe, avisa aux moyens de céler son état. Dans Amadis, le Chevalier de la verte épée, fuite du précédent, on lit Chapitre XXIX. Comment le roi Lisvart livra aux ambassadeurs de l'Empereur sa fille Oriane autres demoi selles pour les conduire à Rome. P. 102, vers 12. Clitophon. Les Amours de Clitophon de Leucippe, par Achille Tatius. P. 102, vers 13. Les Amours de Théagène Chariclée, par Héliodore. P. 102, vers 14. Ariane, par Jean Desmarets. P. 102, vers 15. Polexandre, par Marin le Roy de Gomberville. P. 102, vers 16. Cliopâtre, par la Calprenède. P. 102, vers 16. Cassandre, par le même. P. 102, vers 18. Cyrus, par M lle de Scudéry. La Carte du Tendre est dans ce roman. P. 102, vers 19. Le roman de Clélie avait d'abord paru sous le nom de Georges Scudéry, bien qu'il fût de sa soeur Madeleine. P. 102, vers 21. Perceval le Gallois, par Christien de Troyes. P. 104. Sur Escobar. Quoiqu'il La Fontaine n'ait pris aucune part aux disputes religieuses qui alors agitaient la société, même ébranlaient l'État, cependant il résuma en quelque sorte toutes les railleries du janséniste Pascal sur les jésuites dans sa jolie Ballade sur Escobar. Histoire de la vie des ouvrages de Jean de La Fontaine, par C.-A. W. P. 106. Ballade sur le mal d'Amour. Cette Ballade a d'abord été imprimée dans un recueil de poésies de Pavillon, avec la signature de La Fontaine. Elle est de 1684. P. 109. Ballade à madame Fouquet. La Fontaine plut au surintendant Fouquet, qui le prit pour son poëte, se l'attacha lui fit une pension de mille francs, à condition qu'il en acquitterait chaque quartier par une pièce de vers, condition qui fut exactement remplie. Pour le terme de la Saint-Jean de l'an 1659, le poëte envoya la Ballade à madame Fouquet. Pellisson, secrétaire du surintendant, libella en vers une double quittance pour cette Ballade. Voici comment s'exprime le notaire du Parnasse Quittance publique pour la Ballade par Jean Pellisson. Par-devant moi, sur Parnasse notaire, se présenta la reine des beautés, Et des vertus le parfait exemplaire, Qui lut ces vers, puis les ayant COlrrpth, Pefis, revus, approuvés vantés, Pour le passé voulut s'en satisfaire Se réservant le tribut ordinaire, Pour l'avenir, aux termes arrêtés, Muses de Vaux, vous leur secrètaire, Voilà l'acquit tel que vous souhaitez. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! Quittance sous seing privé pour la Ballade précédente, par Pellisson. De mes deux yeux, ou de mes deux soleils, J'ai lu vos vers qu'on trouve sans pareils, Et qui n'ont rien qui ne me doive plaire. Je vous tiens quitte promets vous fournir De quoi partout vous le faire tenir, Pour le passé, mais non pour l'avenir. En puissiez-vous dans cent ans autant faire ! BALLADE DE Mme DESHOULIÈRES, p. III. C'est à propos de l'opéra d' Amadis, représenté en janvier 1684, que madame Deshoulières fit la Ballade On n'aime plus comme on aimoit jadis. M me Deshoulières avait quelque raison de parler de la sorte elle atteignait sa cinquantième année. Elle adressa son poëme au duc de Montausier, qui était aussi suranné comme amant qu'elle l'était comme maîtresse. Une foule de poëtes se présentèrent pour défendre le temps présent contre les attaques de celle qu'on appelait la dixième muse, la Calliope française. Le duc de Saint-Aignan, qui jouissait de toute la fa veur du roi, entra un des premiers dans la lice M me Deshoulières, flattée d'avoir à combattre un tel champion, répondit à la Ballade qu'il avait composée, sur les mêmes rimes, avec le même refrain que la sienne. Le duc de Saint-Aignan répliqua madame Deshoulières riposta de nouveau. Walckenaer. Voici ces diverses répliques Réponse de M. le duc de Saint-Aignan. Balade. A caution tous ne sont pas sujets. Autre maxime en ma tête est écrite Et pour parler de mes tourmens secrets, Oncques de cour ne connus l'eau benite. Si dans mains coeurs probité plus n'habite, Au mien les faits suivent toujours les dits. Par moi l'Astuce au monde n'est venue. D'amans loyaux si la mode est perduë, Moy j'aime encor comme on aimoit jadis. Nul riche atour, nul nombre de valets, Ne contribue à mon peu de mérite. Toujours me tiens au rang des plus discrets Tant mieux pour moy si la troupe est petite, Amour chez moy n'est jamais décrepite, Et quand les sots sont les plus aplaudis Dûffay-je en tout passer pour une gruë, Faveur se cache aussi-tôt qu'obtenuë, Tant j'aime encor comme on aimoit jadis. Jeunes beautez qui tendez vos filets, Chassez bien loin cette engeance maudite De jouvenceaux, quand près des beaux objets D'être indolent chacun se félicite. Je sens l'amour sans faire l'hypocrite, Et le sers mieux qu'un de ces étourdis Mais si pour vous aux soins je m'habituë, Don de mercy j'auray toujours en vûë, Car j'aime encor comme on aimoit jadis. Quand jeunes coeurs se trouvent ainsi faits, Present meilleur à Dame on ne débite. Coeurs de barbons peuvent être coquets. Le diable eut tort quand il se fit hermite. Si ma personne à tendresse n'invite, Mes sens au moins point ne sont refroidis. Par aucuns maux mon humeur n'est bourruë, Et peu m'en chaut, si j'ay teste chenuë, Car j'aime encor comme on aimoit jadis. Envoy Fils de Venus songe à tes intérêts, Reprends l'encens, rends les camouflets, Accorde à tous que ce train continuë, Nous reverrons le siecle d'Amadis Et si jamais Dame d'attraits pourvûë A m'enflâmer se trouve parvenûë, Je l'aimerai comme on aimoit jadis. Réponse à M. le duc de Saint-Aignan. Balade. Duc, plus vaillant que les fiers Paladins Qui de géans Clll!'1 c'lriOlt les armures Duc, plus galant que n'étoient Grenadins, Point contre vous ne sont mes écritures. Grand tort aurois de blasonner vos feux. Hé qui ne sçait, beau fire, je vous prie, Qu'en fait d'amour de chevalerie OlljlltJ ne fut plus véritable preux ? Vous poursendez vous seul quatre assassins, Vous réparez les torts les injures, Feriez encor plus d'amoureux larcins Que jouvenceaux à blondes chevelures Ce que jadis fit le beau tenebreux Près de vos faits n'est que badinerie, D'encombriers vous sortez sans féerie. Onques ne fut plus véritable preux. Jamais J'.4Ilr,,, , au , dDig s incarnadins En jours brillans ne change nuits obscures Que cault Amour Mars aux airs mutins Vous n'invoquiez pour avoir avantures. Vous bravez tout, malgré des ans nombreux Qui volontiers empêchent qu'on ne rie, Avez d'un fils augmente votre hoirie Onques ne fut plus veritable preux. Envoy Que puissiez-vous, Chevalier valeureux, En tout combat, en butin amoureux, Ne vous douloir jamais de tromperie, Et qu'à l'envi chez nos derniers neveux, Lisant vos faits hautement on s'écrie Onques ne fut plus véritable preux. Réponse de M. le duc de Saint-Aignan. Balade. O l'heureux temps où les fiers Paladins En toutes parts cherchaient les avantures, Où sans dormir non plus que font lutins Ja n'étoient las de porter leurs armures ! Princes Roys par vins confitures Les régaloient au sortir des festins. Dame à bon droit des beaux esprits cherie, Qui faites cas des guerriers valeureux, Est-il rien tel qu'art de chevalerie ? Fut-il jamais un métier plus heureux ? Ces Damoisels s'ébatoient ès jardins Bien atournez de pompeuses vêtures. Là, plus vermeils qu'on ne peint Chérubins, Chapeaux de fleurs mis sur leurs chevelures, Se déduisoient en superbes parures. Riches plumats, telles d'or, satins, De les voir tels toute ame étoit ravie, Tant avoient l'air de gens victorieux Dame sans pair, dites-nous, je vous prie Fut-il jamais un métier plus heureux ? S'il avenoit que félons a r,lill ! En dur estour leur fissent des blessures, Ja nul métier n'avoient de medecins, Filles de Roys moult belles créatures Qu'on renommoit pour leurs sçavantes cures Sur lits molets e, Cha, une à part Joi ncufe di Ido ie, Les consolant par devis amoureux, Rendoient bien-tôt leur personne guerie Fut-il jamais un métier plus heureux ? Moy qui toujours surpassant maints blondins En vrais effets ainsi qu'en écritures, Ay depuis peu mis au jour deux banbins, Dont on seroit d'agréables peintures, Dans la vigueur qu'on voit en mes alures, Je veux aussi par de nobles désseins, Des ennemis voir la fact li mir, Et leur livrer un assaut vigoureux, Puis tôt après retourner vers ma mie. Fut-il jamais un métier plus heureux? Envoy Que puissiez-vous, Dame au coeur genereux, Voir en honneur toûjours vôtre mesgnie, Et qu'un germain moult digne de nos voeux Se trouve un peu revêtu d'Abaye De bon raport, commode, bien nombreux. Si que mitré, content glorieux En tel déduit quelquefois il s'écrie, Fut-il jamais un métier plus heureux ? Réponse à M. le duc de Saint-Aignan. Balade. Los immortel que par fait héroïque Chevalerie en tous lieux aqueroit, Vous fait aimer ce temps hyperbolique Quand est de moy ce qui plus m'en plairoit, Ce n'est combat, véture magnifique, Tournois fameux, mais bien l'Amour antique Dont triste, mort seule voyoit le bout. Bon Chevalier que tout craint révere, Ainsi le monde en sentiment differe Opinion chez les hommes sait tout. L'un rit de tout, l'autre mélancolique, D'Arlequin même en mille ans ne riroit, L'un pour joüer fait devenir éthique Son train lui, l'autre ne troqueroit Pour mines d'or sa verve poëtique, L'un de tout oeuvre entreprend la critique, Et fait souvent conte à dormir debout L'autre à son gré reglant le ministere, De se regler ne s'embarasse guere Opinion chez les hommes fait tout. Espoir de gain fait faire aux flots la nique, Désir de gloire en périlleux endroit Conduit guerriers, nature pacifique Aux Magistrats met en teste le droit. Ambition fait que le coffre on pique, Vanité fait que Philosophe explique Comment tout vient, en quoy tout se résout, Chaque mortel coiffé de sa chimere, Croit à par fry ij ne tn'euv on ne peut faire Opinion chez les hommes fait tout. Non moins diverse en chaque République Est la coûtume, icy punir on voit Soeur avec qui son frere prévarique. Et la Persane en son lit le reçoit Germains font cas de la liqueur bachique Le Musulman en défend la pratique, Sul'Ii! 1,lreill Lacedemone absout. Où le Soleil monte sur l'Emisphere, Par pieté le fils meurtrit son pere Opinion chez les hommes fait tout. Envoy Duc dont le los vole du sein Persique Jusqu'où Phébus finit son tour oblique, De mon Germain point ne sçavez le goût, Grosse Abaye à la mitre il préfere. Trop lourd, dit-il, est sacré caracter Opinion chez les hommes fait tout. Pavillon se joignit au défenseur du temps présent, dans de fort jolies Ballades soutint Qu'on aime encor comme on aimoit jadis. D'autres convirent avec l'apologiste du siècle d'Amadis Qu'on n'aime plus comme on aimoit jadis. Mais ils convertissaient galamment cet aveu en compliments pour la dixième Muse. De Losme de Monchesnay, l'auteur connu du Boleana, lui disait Qui, j'en conviens, charmante Deshoulieres Mais si chaque beauté possedoit vos lumieres, On reverroit bientôt le siecle d'Amadis. Si, comme vous, toutes nos dames Avoient l'art de toucher nos ames, On aimeroit bientôt comme on aimoit jadis. La Fontaine, qui était fortement prévenu contre madame Deshoulières depuis qu'elle avait cabalé contre les pièces de Racine, son ami, lui répondit sur un ton bien différent de celui de Monchesnay. Walckenaer. La Fontaine ne fit point imprimer cette Ballade. P. 114, vers 8. Urgande Desconnue. On lit dans Amadis les Princes de l'Amour Chapitre II. Comment Urgande la Deconnue, à laquelle on ne songeait pas, prouva qu'elle songeait à ses protégés, en survenant la veille des noces. BALLADE SUR UNE VIEILLE FILLE, p. 116. OEuvres diverses de M. Rousseau. Nouvelle édition. A Bruxelles aux dépens de la Compagnie, M. DCC. XLI. BALLADE DU VIEUX TEMPS, p. 118. Poésies complètes de Sainte-Beuve. Paris, Charpentier C ie , 1869. In-12. Ce petit poëme de Sainte-Beuve n'est qu'un tronçon de Ballade. Le XIX e siècle est peu riche en Ballades. Nous aurions voulu mettre parmi nos pièces de choix un poëme à refrain d'Alfred de Muffet, celui que le poëte attribue à sa Carmosine. Mais ce morceau n'a de la vieille Ballade que le refrain un certain air d'archaïsme. On en jugera voici ce poëme Va dire Amour, ce qui cause ma peine, A mon seigneur, que je m'en vais mourir, Et, par pitié, venant me secourir, Qu'il m'eût rendu la Mort moins inhumaine. A deux genoux je demande merci. Par grace, Amour, va-t'en vers sa demeure. Dis-lui comment je prie pleure ici, Tant si bien qu'il faudra que je meure Tout enflammée,ée, ne sachant point l'heure Où finira mon adoré souci. La Mort m'attend, s'il ne me relève De ce tombeau prêt à me recevoir, J'y vais dormir, emportant mon doux rêve Hélas ! Amour, fais-lui mon mal savoir. Depuis le jour où le voyant vainqueur, D'être amoureuse, Amour, tu m'as forcée, Fût-ce un instant, je n'ai pas eu le coeur De lui montrer ma craintive pensée, Dont je me sens à tel point oppressée, Mourant ain si, que la Mort me fait peur. Qui sait pourtant, sur mon pâle visage, Si ma douleur lui déplaira'-1 il 7lair ! De l'avouer je n'ai pas le courage. Hélas ! Amour fais-lui mon mal savoir. Puis donc, Amour, que tu n'as pas voulu A ma tristesse accorder cette joie, Que dans mon coeur mon doux seigneur ait lu, Ni vu les pleurs où mon chagrin se noie, Dis-lui du moins, tâche qu'il le croie, Que je vivrais, si je ne l'avais vu. Dis lui qu'un jour, une Sicilienne Le vit combattre faire son devoir. Dans son pays, dis-lui qu'il s'en souvienne, Et que j'en meurs, faisant mon mal savoir. Carmofine, acte II, scène VII. BALLADES DE THÉODORE DE BANVILLE, p. 120 et suivantes. Gringoire, comédie en un acte, en prose, par Théodore de Banville. Paris, Michel Lévy. In-12. Théodore de Banville. Trente-six Ballades joyeuses. Paris, Alphonse Lemerre, éditeur, 1873. In-12. BALLADE DES ENFANTS SANS SOUCI, p. 130. Le Parnasse contemporain. Recueil de vers nouveaux. Deuxième sérié, 1869-71. Paris, Aphonse Lemerre, M. DCCC. LXX. In-8°. BALLADE DE L'AMANT INQUIET, p. 132. Inédite. APPENDICE LES RÈGLES 'DE LCil BALLADE I Or fera dit escript cy-apres la façon des Balades premièrement est assavoir qu'il est Balade de huit vers dont la rubriche est pareille en ryme au ver ante-sequens, toutefois que le derrain mot du premier ver de la Ballade est de trois sillabes, il doit estre de onze piez, si comme il fera veu par exempleaucun ver coppé qui foit de cinq piez, cellui qui vient après doit estre de dix. Exemple sur ce qui dit est BALADE DE HUIT VERS COUPPBZ. Je liez mes jours ' ma vie dolente, Et je maudis l'eure que je su nez Et à la mort humblement me prefenie
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H2 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. tout l'invitait au contraire à persévérer. Il avait vu les com-bats de Clémence et ne se méprenait pas aux signes évidents de sa défaite. Et c'était alors que tout lui échappait. Cette idée le mettait hors de lui, et ses désirs ne faisaient que s'en accroître. Non! il ne rendrait pas les armes non! il ne re-noncerait pas à un bonheur placé sous sa main. Que lui im-portaient les obstacles? Un amour comme le sien y regarde-t-il seulement? Plus ils étaient grands, plus il devait mettre d'opiniâtreté dans sa poursuite. Ce fut sous cet aiguillon qu'il agit. Comme il ne trouvait plus Clémence sur son chemin, il fit de l'hôtel Montréal l'objet d'un siège dans toutes les formes et, pour échapper aux remarques, plus d'une fois il eut recours à des déguise-ments. Il espérait que la fortune lui enverrait à point nommé quelque dédommagement et lui livrerait l'accès de la place. Jamais investissement ne se fit d'une manière plus savante ni à l'aide de plus ingénieuses combinaisons. Tous les abords de l'hôtel furent reconnus, toutes les physionomies étudiées au passage. Point de mouvement qui lui échappât, point de détail dont il ne tirât parti. Il s'initia aux habitudes de la maison et sut comment les choses y étalent réglées. Ses as-siduités, d'ailleurs, n'excluaient pas une certaine prudence, et il mettait un soin infini à déjouer les curieux. -Qui aurait pu soupçonner qu'un marquis de Saint-Pons se cachait sous la blouse et la casquette d'un ouvrier? Peu de jours après que ce système d'opérations offensives eut été adopté, il se passa dans l'intérieur de l'hôtel une scène singulière, et qui causa à Clémence une surprise mê-lée d'étonnement. Parmi les femmes attachées à son service et à celui de sa belle-soeur, il en était une qui paraissait ani-mée d'un zèle plus grand pour sa personne, et qui l'entourait de soins particuliers. Dans l'existence qu'on lui avait arran-gée et où sa volonté n'avait qu'une faible part, il était rare que la comtesse se trouvât seule, même pour quelques ins-tants. Mademoiselle Pulchérie était pour elle ce que l'ombre est au corps, ce que le diacre est au prêtre un témoin toujours présent, toujours attentif. Dans le salon comme dans le ca-binet de travail, aux repas comme au jardin, oisive ou occu-pée', Clémence ne marchait, n'agissait que sous les yeux de cet argus, deux yeux qui en valaient cent. S'éloignait-elle
H2 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. tout l'invitait au contraire à persévérer. Il avait vu les com-bats de Clémence et ne se méprenait pas aux signes évidents de sa défaite. Et c'était alors que tout lui échappait. Cette idée le mettait hors de lui, et ses désirs ne faisaient que s'en accroître. Non! il ne rendrait pas les armes non@! il ne re-noncerait pas à un bonheur placé sous sa main. Que lui im-portaient les obstacles@? Un amour comme le sien y regarde-t-il seulement@? Plus ils étaient grands, plus il devait mettre d'opiniâtreté dans sa poursuite. Ce fut sous cet aiguillon qu'il agit. Comme il ne trouvait plus Clémence sur son chemin, il fit de l'hôtel Montréal l'objet d'un siège dans toutes les formes et, pour échapper aux remarques, plus d'une fois il eut recours à des déguise-ments. Il espérait que la fortune lui enverrait à point nommé quelque dédommagement et lui livrerait l'accès de la place. Jamais investissement ne se fit d'une manière plus savante ni à l'aide de plus ingénieuses combinaisons. Tous les abords de l'hôtel furent reconnus, toutes les physionomies étudiées au passage. Point de mouvement qui lui échappât, point de détail dont il ne tirât parti. Il s'initia aux habitudes de la maison et sut comment les choses y étalent réglées. Ses as-siduités, d'ailleurs, n'excluaient pas une certaine prudence, et il mettait un soin infini à déjouer les curieux. -Qui aurait pu soupçonner qu'un marquis de Saint-Pons se cachait sous la blouse et la casquette d'un ouvrier@? Peu de jours après que ce système d'opérations offensives eut été adopté, il se passa dans l'intérieur de l'hôtel une scène singulière, et qui causa à Clémence une surprise mê-lée d'étonnement. Parmi les femmes attachées à son service et à celui de sa belle-soeur, il en était une qui paraissait ani-mée d'un zèle plus grand pour sa personne, et qui l'entourait de soins particuliers. Dans l'existence qu'on lui avait arran-gée et où sa volonté n'avait qu'une faible part, il était rare que la comtesse se trouvât seule, même pour quelques ins-tants. Mademoiselle Pulchérie était pour elle ce que l'ombre est au corps, ce que le diacre est au prêtre un témoin toujours présent, toujours attentif. Dans le salon comme dans le ca-binet de travail, aux repas comme au jardin, oisive ou occu-pée', Clémence ne marchait, n'agissait que sous les yeux de cet argus, deux yeux qui en valaient cent. S'éloignait-elle
## CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. tout l'invitait au contraire à persévérer. Il avait vu les com-bats de Clémence et ne se méprenait pas aux signes évidents de sa défaite. Et c'était alors que tout lui échappait. Cette idée le mettait hors de lui, et ses désirs ne faisaient que s'en accroître. Non! il ne rendrait pas les armes non ! il ne re-noncerait pas à un bonheur placé sous sa main. Que lui im-portaient les obstacles ? Un amour comme le sien y regarde-t-il seulement ? Plus ils étaient grands, plus il devait mettre d'opiniâtreté dans sa poursuite. Ce fut sous cet aiguillon qu'il agit. Comme il ne trouvait plus Clémence sur son chemin, il fit de l'hôtel Montréal l'objet d'un siége dans toutes les formes et, pour échapper aux remarques, plus d'une fois il eut recours à des déguise-ments. Il espérait que la fortune lui enverrait à point nommé quelque dédommagement et lui livrerait l'accès de la place. Jamais investissement ne se fit d'une manière plus savante ni à l'aide de plus ingénieuses combinaisons. Tous les abords de l'hôtel furent reconnus, toutes les physionomies étudiées au passage. Point de mouvement qui lui échappât, point de détail dont il ne tirât parti. Il s'initia aux habitudes de la maison et sut comment les choses y étaient réglées. Ses as-siduités, d'ailleurs, n'excluaient pas une certaine prudence, et il mettait un soin infini à déjouer les curieux. @Qui aurait pu soupçonner qu'un marquis de Saint-Pons se cachait sous la blouse et la casquette d'un ouvrier ? Peu de jours après que ce système d'opérations offensives eut été adopté, il se passa dans l'intérieur de l'hôtel une scène singulière, et qui causa à Clémence une surprise mê-lée d'étonnement. Parmi les femmes attachées à son service et à celui de sa belle-soeur, il en était une qui paraissait ani-mée d'un zèle plus grand pour sa personne, et qui l'entourait de soins particuliers. Dans l'existence qu'on lui avait arran-gée et où sa volonté n'avait qu'une faible part, il était rare que la comtesse se trouvât seule, même pour quelques ins-tants. Mademoiselle Pulchérie était pour elle ce que l'ombre est au corps, ce que le diacre est au prêtre un témoin toujours présent, toujours attentif. Dans le salon comme dans le ca-binet de travail, aux repas comme au jardin, oisive ou occu-pée@, Clémence ne marchait, n'agissait que sous les yeux de cet argus, deux yeux qui en valaient cent. S'éloignait-elle
H2 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. tout l'invitait au contraire à persévérer. Il avait vu les com-bats de Clémence et ne se méprenait pas aux signes évidents de sa défaite. Et c'était alors que tout lui échappait. Cette idée le mettait hors de lui, et ses désirs ne faisaient que s'en accroître. Non! il ne rendrait pas les armes non ! il ne re-noncerait pas à un bonheur placé sous sa main. Que lui im-portaient les obstacles ? Un amour comme le sien y regarde-t-il seulement ? Plus ils étaient grands, plus il devait mettre d'opiniâtreté dans sa poursuite. Ce fut sous cet aiguillon qu'il agit. Comme il ne trouvait plus Clémence sur son chemin, il fit de l'hôtel Montréal l'objet d'un siége dans toutes les formes et, pour échapper aux remarques, plus d'une fois il eut recours à des déguise-ments. Il espérait que la fortune lui enverrait à point nommé quelque dédommagement et lui livrerait l'accès de la place. Jamais investissement ne se fit d'une manière plus savante ni à l'aide de plus ingénieuses combinaisons. Tous les abords de l'hôtel furent reconnus, toutes les physionomies étudiées au passage. Point de mouvement qui lui échappât, point de détail dont il ne tirât parti. Il s'initia aux habitudes de la maison et sut comment les choses y étaient réglées. Ses as-siduités, d'ailleurs, n'excluaient pas une certaine prudence, et il mettait un soin infini à déjouer les curieux. @Qui aurait pu soupçonner qu'un marquis de Saint-Pons se cachait sous la blouse et la casquette d'un ouvrier ? Peu de jours après que ce système d'opérations offensives eut été adopté, il se passa dans l'intérieur de l'hôtel une scène singulière, et qui causa à Clémence une surprise mê-lée d'étonnement. Parmi les femmes attachées à son service et à celui de sa belle-soeur, il en était une qui paraissait ani-mée d'un zèle plus grand pour sa personne, et qui l'entourait de soins particuliers. Dans l'existence qu'on lui avait arran-gée et où sa volonté n'avait qu'une faible part, il était rare que la comtesse se trouvât seule, même pour quelques ins-tants. Mademoiselle Pulchérie était pour elle ce que l'ombre est au corps, ce que le diacre est au prêtre un témoin toujours présent, toujours attentif. Dans le salon comme dans le ca-binet de travail, aux repas comme au jardin, oisive ou occu-pée@, Clémence ne marchait, n'agissait que sous les yeux de cet argus, deux yeux qui en valaient cent. S'éloignait-elle
H2 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. tout l'invitait au contraire à persévérer. Il avait vu les com-bats de Clémence et ne se méprenait pas aux signes évidents de sa défaite. Et c'était alors que tout lui échappait. Cette idée le mettait hors de lui, et ses désirs ne faisaient que s'en accroître. Non! il ne rendrait pas les armes non ! il ne re-noncerait pas à un bonheur placé sous sa main. Que lui im-portaient les obstacles ? Un amour comme le sien y regarde-t-il seulement ? Plus ils étaient grands, plus il devait mettre d'opiniâtreté dans sa poursuite. Ce fut sous cet aiguillon qu'il agit. Comme il ne trouvait plus Clémence sur son chemin, il fit de l'hôtel Montréal l'objet d'un siége dans toutes les formes et, pour échapper aux remarques, plus d'une fois il eut recours à des déguise-ments. Il espérait que la fortune lui enverrait à point nommé quelque dédommagement et lui livrerait l'accès de la place. Jamais investissement ne se fit d'une manière plus savante ni à l'aide de plus ingénieuses combinaisons. Tous les abords de l'hôtel furent reconnus, toutes les physionomies étudiées au passage. Point de mouvement qui lui échappât, point de détail dont il ne tirât parti. Il s'initia aux habitudes de la maison et sut comment les choses y étaient réglées. Ses as-siduités, d'ailleurs, n'excluaient pas une certaine prudence, et il mettait un soin infini à déjouer les curieux. Qui aurait pu soupçonner qu'un marquis de Saint-Pons se cachait sous la blouse et la casquette d'un ouvrier ? Peu de jours après que ce système d'opérations offensives eut été adopté, il se passa dans l'intérieur de l'hôtel une scène singulière, et qui causa à Clémence une surprise mê-lée d'étonnement. Parmi les femmes attachées à son service et à celui de sa belle-soeur, il en était une qui paraissait ani-mée d'un zèle plus grand pour sa personne, et qui l'entourait de soins particuliers. Dans l'existence qu'on lui avait arran-gée et où sa volonté n'avait qu'une faible part, il était rare que la comtesse se trouvât seule, même pour quelques ins-tants. Mademoiselle Pulchérie était pour elle ce que l'ombre est au corps, ce que le diacre est au prêtre un témoin toujours présent, toujours attentif. Dans le salon comme dans le ca-binet de travail, aux repas comme au jardin, oisive ou occu-pée, Clémence ne marchait, n'agissait que sous les yeux de cet argus, deux yeux qui en valaient cent. S'éloignait-elle
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98 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. était vouée à quelque chose de plus terrible encore et de plus cruel on l'avait liée à un corps vivant, niais insensible et froid comme un cadavre elle n'avait pas seulement une masse inerte à ses côtés el e sentait palpiter un coeur enne-mi et ne pouvait échapper à d'odieuses étreintes. Dès ce moment, il se fit dans son état un changement tous les jours plus marqué. Ce fut d'abord un ébranlement moral et une grande lassitude de vivre. Pourquoi aurait-elle vécu ? Quel intérêt la rattachait à une existence aussi dépourvue et aussi tourmentée? Si elle y tenait par quelques liens encore, - c'était dans le passé. Elle se souvenait de ces temps où, heu-reuse' et libre, elle n'avait autour d'elle que des visages affec-tueux et des volontés empressées. Elle se souvenait de son père, dont elle était l'idole, et qui se faisait une fête de lui obéir, même dans ses caprices. Elle se souyenait aussi, et c'était le rêve secret, de ce compagnon de sa jeunesse dont l'image et le nom se mêlaient aux événements et aux jois des anciens jours. Il lui semblait alors qu'elle se retrouvait, qu'elle reprenait possession d'elle-même son imagination l'emportait loin de cette prison où on la tenait enfermée, loin de ce joug de fer qui pesait sur elle jusqu'à l'abrutisse-ment. Elle était à cheval, près de lui, courant dans les bois ou sur la grève,-aspirant l'air à pleins poumons, parcourant les sites familiers et chantant l'hymne de la délivrance avec une ivresse qu'elle contenait mal. Douces chimères, hélas 1 trop courtes, et d'où elle revenait plus triste et plus délais-sée que jamais. Il était impossible que cet état de choses, en se prolon-geant, n'amenât pas une crise. Quelle que fût la résignation de la victime, un moment devait arriver où sa fierté et sa dignité blessées parleraient encore plus haut. Au début, elle avait pu croire que le système d'étouffement à huis clos dont on usait envers elle cesserait, faute de résistance et d'ali-ment elle comptait sur les bénéfices du temps et sur une patience si exemplaire, qu'elle eût désarmé le persécuteur le plus acharné c'était mal connaître sa belle-soeur. Pulchéa rie se lasserf allons donc.! Elle avait pour le mal une vigueur et des ressources, que rien ne pouvait épuiser à peine en était-elle à ses préludes. Les coups qu'elle avait portés n'é-taient qu'un aiguillon pour porter des coups nouveaux et
98 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. était vouée à quelque chose de plus terrible encore et de plus cruel on l'avait liée à un corps vivant, niais insensible et froid comme un cadavre elle n'avait pas seulement une masse inerte à ses côtés el e sentait palpiter un coeur enne-mi et ne pouvait échapper à d'odieuses étreintes. Dès ce moment, il se fit dans son état un changement tous les jours plus marqué. Ce fut d'abord un ébranlement moral et une grande lassitude de vivre. Pourquoi aurait-elle vécu ? Quel intérêt la rattachait à une existence aussi dépourvue et aussi tourmentée@? Si elle y tenait par quelques liens encore, - c'était dans le passé. Elle se souvenait de ces temps où, heu-reuse' et libre, elle n'avait autour d'elle que des visages affec-tueux et des volontés empressées. Elle se souvenait de son père, dont elle était l'idole, et qui se faisait une fête de lui obéir, même dans ses caprices. Elle se souyenait aussi, et c'était le rêve secret, de ce compagnon de sa jeunesse dont l'image et le nom se mêlaient aux événements et aux joi@s des anciens jours. Il lui semblait alors qu'elle se retrouvait, qu'elle reprenait possession d'elle-même son imagination l'emportait loin de cette prison où on la tenait enfermée, loin de ce joug de fer qui pesait sur elle jusqu'à l'abrutisse-ment. Elle était à cheval, près de lui, courant dans les bois ou sur la grève,-aspirant l'air à pleins poumons, parcourant les sites familiers et chantant l'hymne de la délivrance avec une ivresse qu'elle contenait mal. Douces chimères, hélas 1 trop courtes, et d'où elle revenait plus triste et plus délais-sée que jamais. Il était impossible que cet état de choses, en se prolon-geant, n'amenât pas une crise. Quelle que fût la résignation de la victime, un moment devait arriver où sa fierté et sa dignité blessées parleraient encore plus haut. Au début, elle avait pu croire que le système d'étouffement à huis clos dont on usait envers elle cesserait, faute de résistance et d'ali-ment elle comptait sur les bénéfices du temps et sur une patience si exemplaire, qu'elle eût désarmé le persécuteur le plus acharné c'était mal connaître sa belle-soeur. Pulchéa rie se lasserf allons donc.! Elle avait pour le mal une vigueur et des ressources, que rien ne pouvait épuiser à peine en était-elle à ses préludes. Les coups qu'elle avait portés n'é-taient qu'un aiguillon pour porter des coups nouveaux et
98 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. était vouée à quelque chose de plus terrible encore et de plus cruel on l'avait liée à un corps vivant, @mais insensible et froid comme un cadavre elle n'avait pas seulement une masse inerte à ses côtés elle sentait palpiter un coeur enne-mi et ne pouvait échapper à d'odieuses étreintes. Dès ce moment, il se fit dans son état un changement tous les jours plus marqué. Ce fut d'abord un ébranlement moral et une grande lassitude de vivre. Pourquoi aurait-elle vécu ? Quel intérêt la rattachait à une existence aussi dépourvue et aussi tourmentée ? Si elle y tenait par quelques liens encore, @@c'était dans le passé. Elle se souvenait de ces temps où, heu-reuse@ et libre, elle n'avait autour d'elle que des visages affec-tueux et des volontés empressées. Elle se souvenait de son père, dont elle était l'idole, et qui se faisait une fête de lui obéir, même dans ses caprices. Elle se souvenait aussi, et c'était le rêve secret, de ce compagnon de sa jeunesse dont l'image et le nom se mêlaient aux événements et aux joies des anciens jours. Il lui semblait alors qu'elle se retrouvait, qu'elle reprenait possession d'elle-même son imagination l'emportait loin de cette prison où on la tenait enfermée, loin de ce joug de fer qui pesait sur elle jusqu'à l'abrutisse-ment. Elle était à cheval, près de lui, courant dans les bois ou sur la grève, aspirant l'air à pleins poumons, parcourant les sites familiers et chantant l'hymne de la délivrance avec une ivresse qu'elle contenait mal. Douces chimères, hélas ! trop courtes, et d'où elle revenait plus triste et plus délais-sée que jamais. Il était impossible que cet état de choses, en se prolon-geant, n'amenât pas une crise. Quelle que fût la résignation de la victime, un moment devait arriver où sa fierté et sa dignité blessées parleraient encore plus haut. Au début, elle avait pu croire que le système d'étouffement à huis clos dont on usait envers elle cesserait, faute de résistance et d'ali-ment elle comptait sur les bénéfices du temps et sur une patience si exemplaire, qu'elle eût désarmé le persécuteur le plus acharné c'était mal connaître sa belle-soeur. Pulché@-rie se lasser, allons donc ! Elle avait pour le mal une vigueur et des ressources@ que rien ne pouvait épuiser à peine en était-elle à ses préludes. Les coups qu'elle avait portés n'é-taient qu'un aiguillon pour porter des coups nouveaux et
98 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. était vouée à quelque chose de plus terrible encore et de plus cruel on l'avait liée à un corps vivant, @mais insensible et froid comme un cadavre elle n'avait pas seulement une masse inerte à ses côtés elle sentait palpiter un coeur enne-mi et ne pouvait échapper à d'odieuses étreintes. Dès ce moment, il se fit dans son état un changement tous les jours plus marqué. Ce fut d'abord un ébranlement moral et une grande lassitude de vivre. Pourquoi aurait-elle vécu ? Quel intérêt la rattachait à une existence aussi dépourvue et aussi tourmentée ? Si elle y tenait par quelques liens encore, @@c'était dans le passé. Elle se souvenait de ces temps où, heu-reuse@ et libre, elle n'avait autour d'elle que des visages affec-tueux et des volontés empressées. Elle se souvenait de son père, dont elle était l'idole, et qui se faisait une fête de lui obéir, même dans ses caprices. Elle se souvenait aussi, et c'était le rêve secret, de ce compagnon de sa jeunesse dont l'image et le nom se mêlaient aux événements et aux joies des anciens jours. Il lui semblait alors qu'elle se retrouvait, qu'elle reprenait possession d'elle-même son imagination l'emportait loin de cette prison où on la tenait enfermée, loin de ce joug de fer qui pesait sur elle jusqu'à l'abrutisse-ment. Elle était à cheval, près de lui, courant dans les bois ou sur la grève, aspirant l'air à pleins poumons, parcourant les sites familiers et chantant l'hymne de la délivrance avec une ivresse qu'elle contenait mal. Douces chimères, hélas ! trop courtes, et d'où elle revenait plus triste et plus délais-sée que jamais. Il était impossible que cet état de choses, en se prolon-geant, n'amenât pas une crise. Quelle que fût la résignation de la victime, un moment devait arriver où sa fierté et sa dignité blessées parleraient encore plus haut. Au début, elle avait pu croire que le système d'étouffement à huis clos dont on usait envers elle cesserait, faute de résistance et d'ali-ment elle comptait sur les bénéfices du temps et sur une patience si exemplaire, qu'elle eût désarmé le persécuteur le plus acharné c'était mal connaître sa belle-soeur. Pulché@-rie se lasser, allons donc ! Elle avait pour le mal une vigueur et des ressources@ que rien ne pouvait épuiser à peine en était-elle à ses préludes. Les coups qu'elle avait portés n'é-taient qu'un aiguillon pour porter des coups nouveaux et
98 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. était vouée à quelque chose de plus terrible encore et de plus cruel on l'avait liée à un corps vivant, mais insensible et froid comme un cadavre elle n'avait pas seulement une masse inerte à ses côtés elle sentait palpiter un coeur enne-mi et ne pouvait échapper à d'odieuses étreintes. Dès ce moment, il se fit dans son état un changement tous les jours plus marqué. Ce fut d'abord un ébranlement moral et une grande lassitude de vivre. Pourquoi aurait-elle vécu ? Quel intérêt la rattachait à une existence aussi dépourvue et aussi tourmentée ? Si elle y tenait par quelques liens encore, c'était dans le passé. Elle se souvenait de ces temps où, heu-reuse et libre, elle n'avait autour d'elle que des visages affec-tueux et des volontés empressées. Elle se souvenait de son père, dont elle était l'idole, et qui se faisait une fête de lui obéir, même dans ses caprices. Elle se souvenait aussi, et c'était le rêve secret, de ce compagnon de sa jeunesse dont l'image et le nom se mêlaient aux événements et aux joies des anciens jours. Il lui semblait alors qu'elle se retrouvait, qu'elle reprenait possession d'elle-même son imagination l'emportait loin de cette prison où on la tenait enfermée, loin de ce joug de fer qui pesait sur elle jusqu'à l'abrutisse-ment. Elle était à cheval, près de lui, courant dans les bois ou sur la grève, aspirant l'air à pleins poumons, parcourant les sites familiers et chantant l'hymne de la délivrance avec une ivresse qu'elle contenait mal. Douces chimères, hélas ! trop courtes, et d'où elle revenait plus triste et plus délais-sée que jamais. Il était impossible que cet état de choses, en se prolon-geant, n'amenât pas une crise. Quelle que fût la résignation de la victime, un moment devait arriver où sa fierté et sa dignité blessées parleraient encore plus haut. Au début, elle avait pu croire que le système d'étouffement à huis clos dont on usait envers elle cesserait, faute de résistance et d'ali-ment elle comptait sur les bénéfices du temps et sur une patience si exemplaire, qu'elle eût désarmé le persécuteur le plus acharné c'était mal connaître sa belle-soeur. Pulché-rie se lasser, allons donc ! Elle avait pour le mal une vigueur et des ressources que rien ne pouvait épuiser à peine en était-elle à ses préludes. Les coups qu'elle avait portés n'é-taient qu'un aiguillon pour porter des coups nouveaux et
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VIE DE L'ABBE NICOLLE 51 mais dans la plus grande splendeur, enfin que tout ce que je t'ai annoncé est solide, permanent, béni du Ciel. Cette lettre coupa court à toutes les hésitations de l'abbé Septavaux il partit- La réunion des deux amis fut utile à l'institut. Le zèle, la science, l'expérience de la jeunesse, étaient des dons que tous les deux avaient également reçus de Dieu. Dévoués à leur oeuvre, ils je-tèrent la bonne semence dans ces jeunes coeurs, capa-bles delà faire fructifier et grâce à leur concours réci-proque, grâce à l'aide des, prêtres savants et proscrits que le zélé fondateur avait appelés à le seconder, l'in-stitut attira sur l'abbé Nicolle une confiance, une es-time, un dévouement dont il put dire avec vérité que c'était là un vrai prodige. Un des seigneurs les plus distingués de l'empire lui écrivait un jour ces lignes flatteuses, qui résument celte opinion si favorable qu'il inspirait à tous Monsieur l'abbé, je me persuade de plus en plus, chaque jour, que la Providence vous a conduit en Rus-sie pour le soulagement et le bonheur de plusieurs, Les bienfaits que vous répandez sur ceux qui vous eri-tourent et qui dépendent immédiatement, de vous, influent et agissent puissamment, quoique indirecte-ment, sur le moral de tous ceux qui voient votre marche, qui en connaissent les principes et qui sont insensiblement séduits par votre exemple.
VIE DE L'ABBE NICOLLE 51 mais dans la plus grande splendeur, enfin que tout ce que je t'ai annoncé est solide, permanent, béni du Ciel. Cette lettre coupa court à toutes les hésitations de l'abbé Septavaux il partit- La réunion des deux amis fut utile à l'institut. Le zèle, la science, l'expérience de la jeunesse, étaient des dons que tous les deux avaient également reçus de Dieu. Dévoués à leur oeuvre, ils je-tèrent la bonne semence dans ces jeunes coeurs, capa-bles de@là faire fructifier et grâce à leur concours réci-proque, grâce à l'aide des, prêtres savants et proscrits que le zélé fondateur avait appelés à le seconder, l'in-stitut attira sur l'abbé Nicolle une confiance, une es-time, un dévouement dont il put dire avec vérité que c'était là un vrai prodige. Un des seigneurs les plus distingués de l'empire lui écrivait un jour ces lignes flatteuses, qui résument celte opinion si favorable qu'il inspirait à tous Monsieur l'abbé, je me persuade de plus en plus, chaque jour, que la Providence vous a conduit en Rus-@sie pour le soulagement et le bonheur de plusieurs, Les bienfaits que vous répandez sur ceux qui vous eri-tourent et qui dépendent immédiatement, de vous, influent et agissent puissamment, quoique indirecte-@ment, sur le moral de tous ceux qui voient votre marche, qui en connaissent les principes et qui sont insensiblement séduits par votre exemple.
############################# dans la plus grande splendeur, enfin que tout ce que je t'ai annoncé est solide, permanent, béni du Ciel. Cette lettre coupa court à toutes les hésitations de l'abbé Septavaux il partit. La réunion des deux amis fut utile à l'institut. Le zèle, la science, l'expérience de la jeunesse, étaient des dons que tous les deux avaient également reçus de Dieu. Dévoués à leur oeuvre, ils je-tèrent la bonne semence dans ces jeunes coeurs, capa-bles de la faire fructifier et grâce à leur concours réci-proque, grâce à l'aide des@ prêtres savants et proscrits que le zélé fondateur avait appelés à le seconder, l'in-stitut attira sur l'abbé Nicolle une confiance, une es-time, un dévouement dont il put dire avec vérité que c'était là un vrai prodige. Un des seigneurs les plus distingués de l'empire lui écrivait un jour ces lignes flatteuses, qui résument cette opinion si favorable qu'il inspirait à tous Monsieur l'abbé, je me persuade de plus en plus, chaque jour, que la Providence vous a conduit en Rus- sie pour le soulagement et le bonheur de plusieurs, Les bienfaits que vous répandez sur ceux qui vous en- tourent et qui dépendent immédiatement, de vous, influent et agissent puissamment, quoique indirecte- ment, sur le moral de tous ceux qui voient votre marche, qui en connaissent les principes et qui sont insensiblement séduits par votre exemple.
VIE DE L'ABBE NICOLLE 51 mais dans la plus grande splendeur, enfin que tout ce que je t'ai annoncé est solide, permanent, béni du Ciel. Cette lettre coupa court à toutes les hésitations de l'abbé Septavaux il partit. La réunion des deux amis fut utile à l'institut. Le zèle, la science, l'expérience de la jeunesse, étaient des dons que tous les deux avaient également reçus de Dieu. Dévoués à leur oeuvre, ils je-tèrent la bonne semence dans ces jeunes coeurs, capa-bles de la faire fructifier et grâce à leur concours réci-proque, grâce à l'aide des@ prêtres savants et proscrits que le zélé fondateur avait appelés à le seconder, l'in-stitut attira sur l'abbé Nicolle une confiance, une es-time, un dévouement dont il put dire avec vérité que c'était là un vrai prodige. Un des seigneurs les plus distingués de l'empire lui écrivait un jour ces lignes flatteuses, qui résument cette opinion si favorable qu'il inspirait à tous Monsieur l'abbé, je me persuade de plus en plus, chaque jour, que la Providence vous a conduit en Rus- sie pour le soulagement et le bonheur de plusieurs, Les bienfaits que vous répandez sur ceux qui vous en- tourent et qui dépendent immédiatement, de vous, influent et agissent puissamment, quoique indirecte- ment, sur le moral de tous ceux qui voient votre marche, qui en connaissent les principes et qui sont insensiblement séduits par votre exemple.
VIE DE L'ABBE NICOLLE 51 mais dans la plus grande splendeur, enfin que tout ce que je t'ai annoncé est solide, permanent, béni du Ciel. Cette lettre coupa court à toutes les hésitations de l'abbé Septavaux il partit. La réunion des deux amis fut utile à l'institut. Le zèle, la science, l'expérience de la jeunesse, étaient des dons que tous les deux avaient également reçus de Dieu. Dévoués à leur oeuvre, ils je-tèrent la bonne semence dans ces jeunes coeurs, capa-bles de la faire fructifier et grâce à leur concours réci-proque, grâce à l'aide des prêtres savants et proscrits que le zélé fondateur avait appelés à le seconder, l'in-stitut attira sur l'abbé Nicolle une confiance, une es-time, un dévouement dont il put dire avec vérité que c'était là un vrai prodige. Un des seigneurs les plus distingués de l'empire lui écrivait un jour ces lignes flatteuses, qui résument cette opinion si favorable qu'il inspirait à tous Monsieur l'abbé, je me persuade de plus en plus, chaque jour, que la Providence vous a conduit en Rus- sie pour le soulagement et le bonheur de plusieurs, Les bienfaits que vous répandez sur ceux qui vous en- tourent et qui dépendent immédiatement, de vous, influent et agissent puissamment, quoique indirecte- ment, sur le moral de tous ceux qui voient votre marche, qui en connaissent les principes et qui sont insensiblement séduits par votre exemple.
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128 CE QU'ON PEÙT VOIR DANS UNE RUE. qu'il avait mis le pied dans le jardin, sa confiance avait bien diminué. Des clartés brillaient encore dans la chambre à cou-cher, mais aucun autre indice n'était venu appuyer celui-là. Le roman paraissait suspendu, faute d'héroine. Point de robe de femme visible à l'horizon, pas même de silhouette der-rière les persiennes des croisées. Tout n'était pas perdu ce-pendant tant de motifs avaient pu amener un retard L La nuit n'était pas avancée, et 'peut-être- Clémence avait-elle différé à dessein, afin que les gens de l'hôtel dormissent d'un som-meil plus profond. Ainsi pensait Gaston en quête de proba-bilités favorables, et il s'en autorisait pour persévérer jus-qu'au bout. Une heure se passa ainsi sans amener de changement sen-sible seulement la lumière qui veillait dans la chambre s'é-teignit tout à coup, et l'obscurité devint uniforme sur toute la façade de l'hôtel. Opiniâtre dans ses illusions, Gaston en tira un bon pronostic. Clémence était debout, rien de plus évident il en avait désormais la preuve. L'acte, d'ailleurs, s'expliquait avant de descendre, elle avait supprimé cette clarté qui aurait pu la trahir. Plus de doute, elle allait pa-raître et terminer son angoisse. Toutes ses facultés, toute son âme étaient tendues de ce côté il accusait ses -yeux et ses oreilles de ne pas découvrir plus vite ce qu'il désirait aussi ardemment. Au milieu de cet éréthisme, un bruit le frappa, le premier bruit qui ne fût pas celui de l'orage c'était comme une marche lente et mesurée accompagnée de quelques éclats secs, comme si l'on se fût frayé un chemin à travers des broussailles. Gaston tressaillit et s'effaça derrière l'arbre sur lequel il s'appuyait. Il y avait lieu en effet de redoubler de prudence. Le bruit qu'il avait entendu provenait de la zone boisée, c'est-à-dire de la partie des jardins qui touchait aux clôtures et qui, dans ses calculs, devait être complétement déserte. Comment Clémence serait-elle parvenue jusque-là sans qu'il l'eût aperçue? Impossible et si ce n'était pas elle, qui pouvait-ce être? Son esprit s'y perdait et il eût douté du témoignage de ses sens, si le bruit n'avait recommencé à di-verses reprises et sur plusieurs points. Que faire? L'entreprise semblait mal tourner. Depuis deux heures environ, il .prolongeait cette attente infructueuse
128 CE QU'ON PEÙT VOIR DANS UNE RUE. qu'il avait mis le pied dans le jardin, sa confiance avait bien diminué. Des clartés brillaient encore dans la chambre à cou-cher, mais aucun autre indice n'était venu appuyer celui-là. Le roman paraissait suspendu, faute d'héroine. Point de robe de femme visible à l'horizon, pas même de silhouette der-rière les persiennes des croisées. Tout n'était pas perdu ce-pendant tant de motifs avaient pu amener un retard L La nuit n'était pas avancée, et 'peut-être- Clémence avait-elle différé à dessein, afin que les gens de l'hôtel dormissent d'un som-meil plus profond. Ainsi pensait Gaston en quête de proba-bilités favorables, et il s'en autorisait pour persévérer jus-qu'au bout. Une heure se passa ainsi sans amener de changement sen-sible seulement la lumière qui veillait dans la chambre s'é-teignit tout à coup, et l'obscurité devint uniforme sur toute la façade de l'hôtel. Opiniâtre dans ses illusions, Gaston en tira un bon pronostic. Clémence était debout, rien de plus évident il en avait désormais la preuve. L'acte, d'ailleurs, s'expliquait avant de descendre, elle avait supprimé cette clarté qui aurait pu la trahir. Plus de doute, elle allait pa-raître et terminer son angoisse. Toutes ses facultés, toute son âme étaient tendues de ce côté il accusait ses -yeux et ses oreilles de ne pas découvrir plus vite ce qu'il désirait aussi ardemment. Au milieu de cet éréthisme, un bruit le frappa, le premier bruit qui ne fût pas celui de l'orage c'était comme une marche lente et mesurée accompagnée de quelques éclats secs, comme si l'on se fût frayé un chemin à travers des broussailles. Gaston tressaillit et s'effaça derrière l'arbre sur lequel il s'appuyait. Il y avait lieu en effet de redoubler de prudence. Le bruit qu'il avait entendu provenait de la zone boisée, c'est-à-dire de la partie des jardins qui touchait aux clôtures et qui, dans ses calculs, devait être complétement déserte. Comment Clémence serait-elle parvenue jusque-là sans qu'il l'eût aperçue@? Impossible et si ce n'était pas elle, qui pouvait-ce être@? Son esprit s'y perdait et il eût douté du témoignage de ses sens, si le bruit n'avait recommencé à di-verses reprises et sur plusieurs points. Que faire@? L'entreprise semblait mal tourner. Depuis deux heures environ, il .prolongeait cette attente infructueuse
128 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. qu'il avait mis le pied dans le jardin, sa confiance avait bien diminué. Des clartés brillaient encore dans la chambre à cou-cher, mais aucun autre indice n'était venu appuyer celui-là. Le roman paraissait suspendu, faute d'héroïne. Point de robe de femme visible à l'horizon, pas même de silhouette der-rière les persiennes des croisées. Tout n'était pas perdu ce-pendant tant de motifs avaient pu amener un retard ! La nuit n'était pas avancée, et @peut-être@ Clémence avait-elle différé à dessein, afin que les gens de l'hôtel dormissent d'un som-meil plus profond. Ainsi pensait Gaston en quête de proba-bilités favorables, et il s'en autorisait pour persévérer jus-qu'au bout. Une heure se passa ainsi sans amener de changement sen-sible seulement la lumière qui veillait dans la chambre s'é-teignit tout à coup, et l'obscurité devint uniforme sur toute la façade de l'hôtel. Opiniâtre dans ses illusions, Gaston en tira un bon pronostic. Clémence était debout, rien de plus évident il en avait désormais la preuve. L'acte, d'ailleurs, s'expliquait avant de descendre, elle avait supprimé cette clarté qui aurait pu la trahir. Plus de doute, elle allait pa-raître et terminer son angoisse. Toutes ses facultés, toute son âme étaient tendues de ce côté il accusait ses @yeux et ses oreilles de ne pas découvrir plus vite ce qu'il désirait aussi ardemment. Au milieu de cet éréthisme, un bruit le frappa, le premier bruit qui ne fût pas celui de l'orage c'était comme une marche lente et mesurée accompagnée de quelques éclats secs, comme si l'on se fût frayé un chemin à travers des broussailles. Gaston tressaillit et s'effaça derrière l'arbre sur lequel il s'appuyait. Il y avait lieu en effet de redoubler de prudence. Le bruit qu'il avait entendu provenait de la zone boisée, c'est-à-dire de la partie des jardins qui touchait aux clôtures et qui, dans ses calculs, devait être complétement déserte. Comment Clémence serait-elle parvenue jusque-là sans qu'il l'eût aperçue ? Impossible et si ce n'était pas elle, qui pouvait-ce être ? Son esprit s'y perdait et il eût douté du témoignage de ses sens, si le bruit n'avait recommencé à di-verses reprises et sur plusieurs points. Que faire ? L'entreprise semblait mal tourner. Depuis deux heures environ, il @prolongeait cette attente infructueuse
128 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. qu'il avait mis le pied dans le jardin, sa confiance avait bien diminué. Des clartés brillaient encore dans la chambre à cou-cher, mais aucun autre indice n'était venu appuyer celui-là. Le roman paraissait suspendu, faute d'héroïne. Point de robe de femme visible à l'horizon, pas même de silhouette der-rière les persiennes des croisées. Tout n'était pas perdu ce-pendant tant de motifs avaient pu amener un retard ! La nuit n'était pas avancée, et @peut-être@ Clémence avait-elle différé à dessein, afin que les gens de l'hôtel dormissent d'un som-meil plus profond. Ainsi pensait Gaston en quête de proba-bilités favorables, et il s'en autorisait pour persévérer jus-qu'au bout. Une heure se passa ainsi sans amener de changement sen-sible seulement la lumière qui veillait dans la chambre s'é-teignit tout à coup, et l'obscurité devint uniforme sur toute la façade de l'hôtel. Opiniâtre dans ses illusions, Gaston en tira un bon pronostic. Clémence était debout, rien de plus évident il en avait désormais la preuve. L'acte, d'ailleurs, s'expliquait avant de descendre, elle avait supprimé cette clarté qui aurait pu la trahir. Plus de doute, elle allait pa-raître et terminer son angoisse. Toutes ses facultés, toute son âme étaient tendues de ce côté il accusait ses @yeux et ses oreilles de ne pas découvrir plus vite ce qu'il désirait aussi ardemment. Au milieu de cet éréthisme, un bruit le frappa, le premier bruit qui ne fût pas celui de l'orage c'était comme une marche lente et mesurée accompagnée de quelques éclats secs, comme si l'on se fût frayé un chemin à travers des broussailles. Gaston tressaillit et s'effaça derrière l'arbre sur lequel il s'appuyait. Il y avait lieu en effet de redoubler de prudence. Le bruit qu'il avait entendu provenait de la zone boisée, c'est-à-dire de la partie des jardins qui touchait aux clôtures et qui, dans ses calculs, devait être complétement déserte. Comment Clémence serait-elle parvenue jusque-là sans qu'il l'eût aperçue ? Impossible et si ce n'était pas elle, qui pouvait-ce être ? Son esprit s'y perdait et il eût douté du témoignage de ses sens, si le bruit n'avait recommencé à di-verses reprises et sur plusieurs points. Que faire ? L'entreprise semblait mal tourner. Depuis deux heures environ, il @prolongeait cette attente infructueuse
128 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. qu'il avait mis le pied dans le jardin, sa confiance avait bien diminué. Des clartés brillaient encore dans la chambre à cou-cher, mais aucun autre indice n'était venu appuyer celui-là. Le roman paraissait suspendu, faute d'héroïne. Point de robe de femme visible à l'horizon, pas même de silhouette der-rière les persiennes des croisées. Tout n'était pas perdu ce-pendant tant de motifs avaient pu amener un retard ! La nuit n'était pas avancée, et peut-être Clémence avait-elle différé à dessein, afin que les gens de l'hôtel dormissent d'un som-meil plus profond. Ainsi pensait Gaston en quête de proba-bilités favorables, et il s'en autorisait pour persévérer jus-qu'au bout. Une heure se passa ainsi sans amener de changement sen-sible seulement la lumière qui veillait dans la chambre s'é-teignit tout à coup, et l'obscurité devint uniforme sur toute la façade de l'hôtel. Opiniâtre dans ses illusions, Gaston en tira un bon pronostic. Clémence était debout, rien de plus évident il en avait désormais la preuve. L'acte, d'ailleurs, s'expliquait avant de descendre, elle avait supprimé cette clarté qui aurait pu la trahir. Plus de doute, elle allait pa-raître et terminer son angoisse. Toutes ses facultés, toute son âme étaient tendues de ce côté il accusait ses yeux et ses oreilles de ne pas découvrir plus vite ce qu'il désirait aussi ardemment. Au milieu de cet éréthisme, un bruit le frappa, le premier bruit qui ne fût pas celui de l'orage c'était comme une marche lente et mesurée accompagnée de quelques éclats secs, comme si l'on se fût frayé un chemin à travers des broussailles. Gaston tressaillit et s'effaça derrière l'arbre sur lequel il s'appuyait. Il y avait lieu en effet de redoubler de prudence. Le bruit qu'il avait entendu provenait de la zone boisée, c'est-à-dire de la partie des jardins qui touchait aux clôtures et qui, dans ses calculs, devait être complétement déserte. Comment Clémence serait-elle parvenue jusque-là sans qu'il l'eût aperçue ? Impossible et si ce n'était pas elle, qui pouvait-ce être ? Son esprit s'y perdait et il eût douté du témoignage de ses sens, si le bruit n'avait recommencé à di-verses reprises et sur plusieurs points. Que faire ? L'entreprise semblait mal tourner. Depuis deux heures environ, il prolongeait cette attente infructueuse
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14 de ce que les marins ne font aucun usage de ce varec car il est bon à manger. A la hauteur du Cap-Vert, où ADANSON fit de si amples récoltes et où GOLBERRY mesura le tronc d'un baobab , ce géant des solitudes dont l'âge épouvante l'imagination quand elle calcule les siècles par le long accroissement qu'exige sa grosseur monstrueuse 1 , PALISOT DE BEAU-VOIS vit pour la première fois le requin-marteau squalus zygcena, L. , l'espèce la plus audacieuse et la plus vorace, et le poisson-scie squalus pristis, L. , l'ennemi le plus acharné de la baleine et qui périt en même temps que sa victime. Le phénomène de la phosphorescence de la mer, si parfaitement décrit par MARCHAND 2 , dû, selon les uns, aux méduses ou bien au frai des poissons aux insectes lumineux, aux mollusques et zoophytes mous, selon les autres au frottement et à l'électricité des cou-rans marins, suivant ceux-ci enfin à des substances animales et végétales en putréfaction , suivant ceux-là, fixa son attention, et comme la question était difficile et demeurée indécise, il voulut en pénétrer le mystère. Fut-il plus heureux que ses devanciers ? Je l'ignore, mais il estime 1 Cet arbre qui, d'après les observations les plus exactes, paraît mettre trois siècles pour atteindre à sa hau-teur ordinaire, avait, en 1800, onze mètres 34 pieds de circonférence. Si l'on compare cette mesure à celle prise' par ADANSON, quarante-six ans auparavant, on voit qu'il n'avait gagné en diamètre, durant cet intervalle, que 16 à 18 millimètres 7 à 8 lignes . 2 Voyage autour du monde pendant les années 1790 1791 ef 1792 tom. II pag 34o - 344.
14 de ce que les marins ne font aucun usage de ce varec car il est bon à manger. A la hauteur du Cap-Vert, où ADANSON fit de si amples récoltes et où GOLBERRY mesura le tronc d'un baobab , ce géant des solitudes dont l'âge épouvante l'imagination quand elle calcule les siècles par le long accroissement qu'exige sa grosseur monstrueuse 1 , PALISOT DE BEAU-VOIS vit pour la première fois le requin-marteau squalus zygcena, L. , l'espèce la plus audacieuse et la plus vorace, et le poisson-scie squalus pristis, L. , l'ennemi le plus acharné de la baleine et qui périt en même temps que sa victime. Le phénomène de la phosphorescence de la mer, si parfaitement décrit par MARCHAND 2 , dû, selon les uns, aux méduses ou bien au frai des poissons aux insectes lumineux, aux mollusques et zoophytes mous, selon les autres au frottement et à l'électricité des cou-rans marins, suivant ceux-ci enfin à des substances animales et végétales en putréfaction , suivant ceux-là, fixa son attention, et comme la question était difficile et demeurée indécise, il voulut en pénétrer le mystère. Fut-il plus heureux que ses devanciers ? Je l'ignore, mais il estime@@@ 1 Cet arbre qui, d'après les observations les plus exactes, paraît mettre trois siècles pour atteindre à sa hau-teur ordinaire, avait, en 1800, onze mètres 34 pieds de circonférence. Si l'on compare cette mesure à celle prise' par ADANSON, quarante-six ans auparavant, on voit qu'il n'avait gagné en diamètre, durant cet intervalle, que 16 à 18 millimètres 7 à 8 lignes . 2 Voyage autour du monde pendant les années 1790 1791 ef 1792 tom. II pag 34o - 344.
##### ce que les marins ne font aucun usage de ce varec car il est bon à manger. A la hauteur du Cap-Vert, où ADANSON fit de si amples récoltes et où GOLBERRY mesura le tronc d'un baobab , ce géant des solitudes dont l'âge épouvante l'imagination quand elle calcule les siècles par le long accroissement qu'exige sa grosseur monstrueuse 1 , PALISOT DE BEAU-VOIS vit pour la première fois le requin-marteau squalus zygoena, L. , l'espèce la plus audacieuse et la plus vorace, et le poisson-scie squalus pristis, L. , l'ennemi le plus acharné de la baleine et qui périt en même temps que sa victime. Le phénomène de la phosphorescence de la mer, si parfaitement décrit par MARCHAND 2 , dû, selon les uns, aux méduses ou bien au frai des poissons aux insectes lumineux, aux mollusques et zoophytes mous, selon les autres au frottement et à l'électricité des cou-rans marins, suivant ceux-ci enfin à des substances animales et végétales en putréfaction , suivant ceux-là, fixa son attention, et comme la question était difficile et demeurée indécise, il voulut en pénétrer le mystère. Fut-il plus heureux que ses devanciers ? Je l'ignore, mais il estime 14 1 Cet arbre qui, d'après les observations les plus exactes, paraît mettre trois siècles pour atteindre à sa hau-teur ordinaire, avait, en 1800, onze mètres 34 pieds de circonférence. Si l'on compare cette mesure à celle prise' par ADANSON, quarante-six ans auparavant, on voit qu'il n'avait gagné en diamètre, durant cet intervalle, que 16 à 18 millimètres 7 à 8 lignes . 2 Voyage autour du monde pendant les années 1790 1791 ef 1792 tom. II pag 34o -@344.
14 de ce que les marins ne font aucun usage de ce varec car il est bon à manger. A la hauteur du Cap-Vert, où ADANSON fit de si amples récoltes et où GOLBERRY mesura le tronc d'un baobab , ce géant des solitudes dont l'âge épouvante l'imagination quand elle calcule les siècles par le long accroissement qu'exige sa grosseur monstrueuse 1 , PALISOT DE BEAU-VOIS vit pour la première fois le requin-marteau squalus zygoena, L. , l'espèce la plus audacieuse et la plus vorace, et le poisson-scie squalus pristis, L. , l'ennemi le plus acharné de la baleine et qui périt en même temps que sa victime. Le phénomène de la phosphorescence de la mer, si parfaitement décrit par MARCHAND 2 , dû, selon les uns, aux méduses ou bien au frai des poissons aux insectes lumineux, aux mollusques et zoophytes mous, selon les autres au frottement et à l'électricité des cou-rans marins, suivant ceux-ci enfin à des substances animales et végétales en putréfaction , suivant ceux-là, fixa son attention, et comme la question était difficile et demeurée indécise, il voulut en pénétrer le mystère. Fut-il plus heureux que ses devanciers ? Je l'ignore, mais il estime 14 1 Cet arbre qui, d'après les observations les plus exactes, paraît mettre trois siècles pour atteindre à sa hau-teur ordinaire, avait, en 1800, onze mètres 34 pieds de circonférence. Si l'on compare cette mesure à celle prise' par ADANSON, quarante-six ans auparavant, on voit qu'il n'avait gagné en diamètre, durant cet intervalle, que 16 à 18 millimètres 7 à 8 lignes . 2 Voyage autour du monde pendant les années 1790 1791 ef 1792 tom. II pag 34o -@344.
14 de ce que les marins ne font aucun usage de ce varec car il est bon à manger. A la hauteur du Cap-Vert, où ADANSON fit de si amples récoltes et où GOLBERRY mesura le tronc d'un baobab , ce géant des solitudes dont l'âge épouvante l'imagination quand elle calcule les siècles par le long accroissement qu'exige sa grosseur monstrueuse 1 , PALISOT DE BEAU-VOIS vit pour la première fois le requin-marteau squalus zygoena, L. , l'espèce la plus audacieuse et la plus vorace, et le poisson-scie squalus pristis, L. , l'ennemi le plus acharné de la baleine et qui périt en même temps que sa victime. Le phénomène de la phosphorescence de la mer, si parfaitement décrit par MARCHAND 2 , dû, selon les uns, aux méduses ou bien au frai des poissons aux insectes lumineux, aux mollusques et zoophytes mous, selon les autres au frottement et à l'électricité des cou-rans marins, suivant ceux-ci enfin à des substances animales et végétales en putréfaction , suivant ceux-là, fixa son attention, et comme la question était difficile et demeurée indécise, il voulut en pénétrer le mystère. Fut-il plus heureux que ses devanciers ? Je l'ignore, mais il estime 14 1 Cet arbre qui, d'après les observations les plus exactes, paraît mettre trois siècles pour atteindre à sa hau-teur ordinaire, avait, en 1800, onze mètres 34 pieds de circonférence. Si l'on compare cette mesure à celle prise' par ADANSON, quarante-six ans auparavant, on voit qu'il n'avait gagné en diamètre, durant cet intervalle, que 16 à 18 millimètres 7 à 8 lignes . 2 Voyage autour du monde pendant les années 1790 1791 ef 1792 tom. II pag 34o -344.
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12 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE fuse la décision légale. La peur de se compromettre on disant une vérité favorable à une aristocrate qui a toute la physionomie d'une émigrée arrête toutes lés langues... Pleurez avec moi cette mort cruelle de ce M. de Brissac, et pardonnons à ceux qui l'ont tué. Le duc Louis-Hercule-Timoléon de Cossé-Brissac était, en 1791, commandant général de la garde constitution-nelle de Louis XVI. Son attachement inviolable au roi dut le rendre suspect il fut accusé, mis en état d'arres-tation et transféré à Versailles c'était peu de jours avant les massacres de septembre. A cette époque, le peuple, ivre de sang, court à la prison, en ouvre les portes et frappe chaque prisonnier à son passage. Le duc de Brissac résiste, il se défend mille cris deman-dent sa tête mille fers sont sur sa poitrine il se défend toujours. Un coup de sabre le fait tomber, et il meurt. On cite un mot digne de lui. Son dévouement au roi était cité avec éloge, il répond avec noblesse ce Je ce ne fais que ce que je dois à ses ancêtres et aux ce miens. Cette nouvelle affligea profondément le coeur de l'abbé Nicolle. Au même moment, une autre mort le frappa de stupeur, ce fut celle d'un de ses amis, le comte Desqueyrac, d'une famille noble du Quercy à la tête d'une petite troupe de gentilshommes, ses voisins, il avait voulu défendre contre le pillage ses propriétés et celles de ses amis. La garde nationale s'en indigne elle s'arme et vient à leur rencontre. Desqueyrac est ar-
12 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE fuse la décision légale. La peur de se compromettre on disant une vérité favorable à une aristocrate qui a toute la physionomie d'une émigrée arrête toutes lés langues... Pleurez avec moi cette mort cruelle de ce M. de Brissac, et pardonnons à ceux qui l'ont tué. Le duc Louis-Hercule-Timoléon de Cossé-Brissac était, en 1791, commandant général de la garde constitution-nelle de Louis XVI. Son attachement inviolable au roi dut le rendre suspect il fut accusé, mis en état d'arres-tation et transféré à Versailles c'était peu de jours avant les massacres de septembre. A cette époque, le peuple, ivre de sang, court à la prison, en ouvre les portes et frappe chaque prisonnier à son passage. Le duc de Brissac résiste, il se défend mille cris deman-dent sa tête mille fers sont sur sa poitrine il se défend toujours. Un coup de sabre le fait tomber, et il meurt. On cite un mot digne de lui. Son dévouement au roi était cité avec éloge, il répond avec noblesse ce Je ce ne fais que ce que je dois à ses ancêtres et aux ce miens. Cette nouvelle affligea profondément le coeur de l'abbé Nicolle. Au même moment, une autre mort le frappa de stupeur, ce fut celle d'un de ses amis, le comte Desqueyrac, d'une famille noble du Quercy à la tête d'une petite troupe de gentilshommes, ses voisins, il avait voulu défendre contre le pillage ses propriétés et celles de ses amis. La garde nationale s'en indigne elle s'arme et vient à leur rencontre. Desqueyrac est ar-
############################# la décision légale. La peur de se compromettre on disant une vérité favorable à une aristocrate qui a toute la physionomie d'une émigrée arrête toutes les langues... Pleurez avec moi cette mort cruelle de ce M. de Brissac, et pardonnons à ceux qui l'ont tué. Le duc Louis-Hercule-Timoléon de Cossé-Brissac était, en 1791, commandant général de la garde constitution-nelle de Louis XVI. Son attachement inviolable au roi dut le rendre suspect il fut accusé, mis en état d'arres-tation et transféré à Versailles c'était peu de jours avant les massacres de septembre. A cette époque, le peuple, ivre de sang, court à la prison, en ouvre les portes et frappe chaque prisonnier à son passage. Le duc de Brissac résiste, il se défend mille cris deman-dent sa tête mille fers sont sur sa poitrine il se défend toujours. Un coup de sabre le fait tomber, et il meurt. On cite un mot digne de lui. Son dévouement au roi était cité avec éloge, il répond avec nobless@@@e Je ce ne fais que ce que je dois à ses ancêtres et aux ce miens. Cette nouvelle affligea profondément le coeur de l'abbé Nicolle. Au même moment, une autre mort le frappa de stupeur, ce fut celle d'un de ses amis, le comte Desqueyrac, d'une famille noble du Quercy à la tête d'une petite troupe de gentilshommes, ses voisins, il avait voulu défendre contre le pillage ses propriétés et celles de ses amis. La garde nationale s'en indigne elle s'arme et vient à leur rencontre. Desqueyrac est ar-
12 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE fuse la décision légale. La peur de se compromettre on disant une vérité favorable à une aristocrate qui a toute la physionomie d'une émigrée arrête toutes les langues... Pleurez avec moi cette mort cruelle de ce M. de Brissac, et pardonnons à ceux qui l'ont tué. Le duc Louis-Hercule-Timoléon de Cossé-Brissac était, en 1791, commandant général de la garde constitution-nelle de Louis XVI. Son attachement inviolable au roi dut le rendre suspect il fut accusé, mis en état d'arres-tation et transféré à Versailles c'était peu de jours avant les massacres de septembre. A cette époque, le peuple, ivre de sang, court à la prison, en ouvre les portes et frappe chaque prisonnier à son passage. Le duc de Brissac résiste, il se défend mille cris deman-dent sa tête mille fers sont sur sa poitrine il se défend toujours. Un coup de sabre le fait tomber, et il meurt. On cite un mot digne de lui. Son dévouement au roi était cité avec éloge, il répond avec nobless@@@e Je ce ne fais que ce que je dois à ses ancêtres et aux ce miens. Cette nouvelle affligea profondément le coeur de l'abbé Nicolle. Au même moment, une autre mort le frappa de stupeur, ce fut celle d'un de ses amis, le comte Desqueyrac, d'une famille noble du Quercy à la tête d'une petite troupe de gentilshommes, ses voisins, il avait voulu défendre contre le pillage ses propriétés et celles de ses amis. La garde nationale s'en indigne elle s'arme et vient à leur rencontre. Desqueyrac est ar-
12 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE fuse la décision légale. La peur de se compromettre on disant une vérité favorable à une aristocrate qui a toute la physionomie d'une émigrée arrête toutes les langues... Pleurez avec moi cette mort cruelle de ce M. de Brissac, et pardonnons à ceux qui l'ont tué. Le duc Louis-Hercule-Timoléon de Cossé-Brissac était, en 1791, commandant général de la garde constitution-nelle de Louis XVI. Son attachement inviolable au roi dut le rendre suspect il fut accusé, mis en état d'arres-tation et transféré à Versailles c'était peu de jours avant les massacres de septembre. A cette époque, le peuple, ivre de sang, court à la prison, en ouvre les portes et frappe chaque prisonnier à son passage. Le duc de Brissac résiste, il se défend mille cris deman-dent sa tête mille fers sont sur sa poitrine il se défend toujours. Un coup de sabre le fait tomber, et il meurt. On cite un mot digne de lui. Son dévouement au roi était cité avec éloge, il répond avec noblesse Je ce ne fais que ce que je dois à ses ancêtres et aux ce miens. Cette nouvelle affligea profondément le coeur de l'abbé Nicolle. Au même moment, une autre mort le frappa de stupeur, ce fut celle d'un de ses amis, le comte Desqueyrac, d'une famille noble du Quercy à la tête d'une petite troupe de gentilshommes, ses voisins, il avait voulu défendre contre le pillage ses propriétés et celles de ses amis. La garde nationale s'en indigne elle s'arme et vient à leur rencontre. Desqueyrac est ar-
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CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RnE. -35 château, la joie et l'orgueil du vieux comte. Sigismond s'en vil un peu éclipsé, et une jalousie sourde s'empara de lui, presque à son insu. On devine combien ses relations avec sa cousine en furent affectées. Au lieu de s'associer à l'idolâ-trie dont elle était l'objet, il se créa un rôle à part, en manière de contraste et de contre-poids, et affecta des airs grondeurs qui ne convenaient ni à sa position ni à son âge. Tandis que la jeune fille ne rencontrait sur son passage que des coeurs ouverts etdes visages radieux, son cousin semblait prendre à tâche de jeter quelques ombres sur ce tableau. Il trouvait à redire à tout, cherchait des querelles sur le moindre dé-tail, et témoignait de l'humeur quand elle s'abandonnait aux jeux et aux joies de l'enfance. Devant le vieux comte, ces mauvais sentiments ne transpiraient pas, mais ils reprenaient Je dessus hors de sa présence. Ce qu'amena cette conduite, il est facile de le prévoir de pareilles impressions sont de celles que rien n'efface. Dès que Clémence fut en état de juger, elle eut sur Sigismond une - opinion dont elle ne devait plus revenir. Ce qui la guidait, c'était cet instinct qui nous fait aimer ceux qui nous aiment. Elle eût oublié peut-être les petites picoteries, les airs maussades et frondeurs, si un sentiment vrai se fût mêlé à tout cela. Mais il y avait là-dessous un manque de coeur et une hypocrisie qu'elle n'oublia ni ne pardonna jamais. Plus elle avança en âge, plus elle sentit s'accroître cet éloigne-ment les efforts même qu'elle faisait pour le vaincre ne ser-vaient qu'à prouver combien il était enraciné. Cependant elle n'ignorait rien des projets de son père ce n'était, à Beaupré, un mystère pour personne que Clémence devait être la femme de Sigismond on en parlait ouverte-ment comme d'une chose arrêtée et irrévocable. Dans les entretiens de famille, il se mêlait toujours quelque allusion là-dessus, et le vieux comte aimait à y revenir comme à une pensée favorite. Peut-être, voyant que le goût n'y était pas, insistait-il à dessein sur la convenance il fallait que toute ré-volte fût étouffée en germe, et que l'orgueil du sang eût le der-nier mot. Clémence n'avaitaucun motif de résister et ne résista pas à des arrangements auxquels tout le monde autour d'elle paraissait souscrire enfant, elle n'en comprenait pas la va-leur, et quand elle en eut une idée plus juste, son esprit y
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RnE. -35 château, la joie et l'orgueil du vieux comte. Sigismond s'en vil un peu éclipsé, et une jalousie sourde s'empara de lui, presque à son insu. On devine combien ses relations avec sa cousine en furent affectées. Au lieu de s'associer à l'idolâ-trie dont elle était l'objet, il se créa un rôle à part, en manière de contraste et de contre-poids, et affecta des airs grondeurs qui ne convenaient ni à sa position ni à son âge. Tandis que la jeune fille ne rencontrait sur son passage que des coeurs ouverts et@des visages radieux, son cousin semblait prendre à tâche de jeter quelques ombres sur ce tableau. Il trouvait à redire à tout, cherchait des querelles sur le moindre dé-tail, et témoignait de l'humeur quand elle s'abandonnait aux jeux et aux joies de l'enfance. Devant le vieux comte, ces mauvais sentiments ne transpiraient pas, mais ils reprenaient Je dessus hors de sa présence. Ce qu'amena cette conduite, il est facile de le prévoir de pareilles impressions sont de celles que rien n'efface. Dès que Clémence fut en état de juger, elle eut sur Sigismond une - opinion dont elle ne devait plus revenir. Ce qui la guidait, c'était cet instinct qui nous fait aimer ceux qui nous aiment. Elle eût oublié peut-être les petites picoteries, les airs maussades et frondeurs, si un sentiment vrai se fût mêlé à tout cela. Mais il y avait là-dessous un manque de coeur et une hypocrisie qu'elle n'oublia ni ne pardonna jamais. Plus elle avança en âge, plus elle sentit s'accroître cet éloigne-ment les efforts même qu'elle faisait pour le vaincre ne ser-vaient qu'à prouver combien il était enraciné. Cependant elle n'ignorait rien des projets de son père ce n'était, à Beaupré, un mystère pour personne que Clémence devait être la femme de Sigismond on en parlait ouverte-ment comme d'une chose arrêtée et irrévocable. Dans les entretiens de famille, il se mêlait toujours quelque allusion là-dessus, et le vieux comte aimait à y revenir comme à une pensée favorite. Peut-être, voyant que le goût n'y était pas, insistait-il à dessein sur la convenance il fallait que toute ré-volte fût étouffée en germe, et que l'orgueil du sang eût le der-nier mot. Clémence n'avait@aucun motif de résister et ne résista pas à des arrangements auxquels tout le monde autour d'elle paraissait souscrire enfant, elle n'en comprenait pas la va-leur, et quand elle en eut une idée plus juste, son esprit y
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. @35 château, la joie et l'orgueil du vieux comte. Sigismond s'en vit un peu éclipsé, et une jalousie sourde s'empara de lui, presque à son insu. On devine combien ses relations avec sa cousine en furent affectées. Au lieu de s'associer à l'idolâ-trie dont elle était l'objet, il se créa un rôle à part, en manière de contraste et de contre-poids, et affecta des airs grondeurs qui ne convenaient ni à sa position ni à son âge. Tandis que la jeune fille ne rencontrait sur son passage que des coeurs ouverts et des visages radieux, son cousin semblait prendre à tâche de jeter quelques ombres sur ce tableau. Il trouvait à redire à tout, cherchait des querelles sur le moindre dé-tail, et témoignait de l'humeur quand elle s'abandonnait aux jeux et aux joies de l'enfance. Devant le vieux comte, ces mauvais sentiments ne transpiraient pas, mais ils reprenaient le dessus hors de sa présence. Ce qu'amena cette conduite, il est facile de le prévoir de pareilles impressions sont de celles que rien n'efface. Dès que Clémence fut en état de juger, elle eut sur Sigismond une @@opinion dont elle ne devait plus revenir. Ce qui la guidait, c'était cet instinct qui nous fait aimer ceux qui nous aiment. Elle eût oublié peut-être les petites picoteries, les airs maussades et frondeurs, si un sentiment vrai se fût mêlé à tout cela. Mais il y avait là-dessous un manque de coeur et une hypocrisie qu'elle n'oublia ni ne pardonna jamais. Plus elle avança en âge, plus elle sentit s'accroître cet éloigne-ment les efforts même qu'elle faisait pour le vaincre ne ser-vaient qu'à prouver combien il était enraciné. Cependant elle n'ignorait rien des projets de son père ce n'était, à Beaupré, un mystère pour personne que Clémence devait être la femme de Sigismond on en parlait ouverte-ment comme d'une chose arrêtée et irrévocable. Dans les entretiens de famille, il se mêlait toujours quelque allusion là-dessus, et le vieux comte aimait à y revenir comme à une pensée favorite. Peut-être, voyant que le goût n'y était pas, insistait-il à dessein sur la convenance il fallait que toute ré-volte fût étouffée en germe, et que l'orgueil du sang eût le der-nier mot. Clémence n'avait aucun motif de résister et ne résista pas à des arrangements auxquels tout le monde autour d'elle paraissait souscrire enfant, elle n'en comprenait pas la va-leur, et quand elle en eût une idée plus juste, son esprit y
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. @35 château, la joie et l'orgueil du vieux comte. Sigismond s'en vit un peu éclipsé, et une jalousie sourde s'empara de lui, presque à son insu. On devine combien ses relations avec sa cousine en furent affectées. Au lieu de s'associer à l'idolâ-trie dont elle était l'objet, il se créa un rôle à part, en manière de contraste et de contre-poids, et affecta des airs grondeurs qui ne convenaient ni à sa position ni à son âge. Tandis que la jeune fille ne rencontrait sur son passage que des coeurs ouverts et des visages radieux, son cousin semblait prendre à tâche de jeter quelques ombres sur ce tableau. Il trouvait à redire à tout, cherchait des querelles sur le moindre dé-tail, et témoignait de l'humeur quand elle s'abandonnait aux jeux et aux joies de l'enfance. Devant le vieux comte, ces mauvais sentiments ne transpiraient pas, mais ils reprenaient le dessus hors de sa présence. Ce qu'amena cette conduite, il est facile de le prévoir de pareilles impressions sont de celles que rien n'efface. Dès que Clémence fut en état de juger, elle eut sur Sigismond une @@opinion dont elle ne devait plus revenir. Ce qui la guidait, c'était cet instinct qui nous fait aimer ceux qui nous aiment. Elle eût oublié peut-être les petites picoteries, les airs maussades et frondeurs, si un sentiment vrai se fût mêlé à tout cela. Mais il y avait là-dessous un manque de coeur et une hypocrisie qu'elle n'oublia ni ne pardonna jamais. Plus elle avança en âge, plus elle sentit s'accroître cet éloigne-ment les efforts même qu'elle faisait pour le vaincre ne ser-vaient qu'à prouver combien il était enraciné. Cependant elle n'ignorait rien des projets de son père ce n'était, à Beaupré, un mystère pour personne que Clémence devait être la femme de Sigismond on en parlait ouverte-ment comme d'une chose arrêtée et irrévocable. Dans les entretiens de famille, il se mêlait toujours quelque allusion là-dessus, et le vieux comte aimait à y revenir comme à une pensée favorite. Peut-être, voyant que le goût n'y était pas, insistait-il à dessein sur la convenance il fallait que toute ré-volte fût étouffée en germe, et que l'orgueil du sang eût le der-nier mot. Clémence n'avait aucun motif de résister et ne résista pas à des arrangements auxquels tout le monde autour d'elle paraissait souscrire enfant, elle n'en comprenait pas la va-leur, et quand elle en eût une idée plus juste, son esprit y
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 35 château, la joie et l'orgueil du vieux comte. Sigismond s'en vit un peu éclipsé, et une jalousie sourde s'empara de lui, presque à son insu. On devine combien ses relations avec sa cousine en furent affectées. Au lieu de s'associer à l'idolâ-trie dont elle était l'objet, il se créa un rôle à part, en manière de contraste et de contre-poids, et affecta des airs grondeurs qui ne convenaient ni à sa position ni à son âge. Tandis que la jeune fille ne rencontrait sur son passage que des coeurs ouverts et des visages radieux, son cousin semblait prendre à tâche de jeter quelques ombres sur ce tableau. Il trouvait à redire à tout, cherchait des querelles sur le moindre dé-tail, et témoignait de l'humeur quand elle s'abandonnait aux jeux et aux joies de l'enfance. Devant le vieux comte, ces mauvais sentiments ne transpiraient pas, mais ils reprenaient le dessus hors de sa présence. Ce qu'amena cette conduite, il est facile de le prévoir de pareilles impressions sont de celles que rien n'efface. Dès que Clémence fut en état de juger, elle eut sur Sigismond une opinion dont elle ne devait plus revenir. Ce qui la guidait, c'était cet instinct qui nous fait aimer ceux qui nous aiment. Elle eût oublié peut-être les petites picoteries, les airs maussades et frondeurs, si un sentiment vrai se fût mêlé à tout cela. Mais il y avait là-dessous un manque de coeur et une hypocrisie qu'elle n'oublia ni ne pardonna jamais. Plus elle avança en âge, plus elle sentit s'accroître cet éloigne-ment les efforts même qu'elle faisait pour le vaincre ne ser-vaient qu'à prouver combien il était enraciné. Cependant elle n'ignorait rien des projets de son père ce n'était, à Beaupré, un mystère pour personne que Clémence devait être la femme de Sigismond on en parlait ouverte-ment comme d'une chose arrêtée et irrévocable. Dans les entretiens de famille, il se mêlait toujours quelque allusion là-dessus, et le vieux comte aimait à y revenir comme à une pensée favorite. Peut-être, voyant que le goût n'y était pas, insistait-il à dessein sur la convenance il fallait que toute ré-volte fût étouffée en germe, et que l'orgueil du sang eût le der-nier mot. Clémence n'avait aucun motif de résister et ne résista pas à des arrangements auxquels tout le monde autour d'elle paraissait souscrire enfant, elle n'en comprenait pas la va-leur, et quand elle en eût une idée plus juste, son esprit y
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CE qu'on PEUT VOIR DANS une RUE. 41 réprimandait suivant le cas, la traitait en un mot sans façon et un peu en petite fille. Et pourtant la petite fille s'épanouis-sait à vue d'oeil chaque mois, chaque jour, chaque heure la dotait d'une grâce et d'un charme nouveau. Tout le monde le sentait et le voyait on eût dit que Gaston était seul à ne pas le sentir et le voir. Élçvé près de Clémence, il s'était ac-coutumé à la regarder sans arrière-pensée, - et comme on re-garde une soeur il ne croyait pas qu'elle pût devenir pour lui ni un trouble, ni un danger. Tel fut l'état de son âme jusqu'au jour où il apprit que l'héritière des Montréal allait devenir la femme de Sigismond. Dès ce moment, Clémence cessa d'être protégée par les sou-venirs d'autrefois elle était sur le point d'appartenir à un - autre, le voile tomba Gaston la vit avec d'autres yeux, et quand, à l'issue de la cérémonie, elle sortit de la chapelle au bruit4es cloches et .des mousquets, une réflexion involon-taire s'éebappa de ses lèvres et de son coeur - Comme cette enfant est devenue belle ! dit-il. C'était rendre à la mariée une justice un peu tardive heu-reux encore s'il s'en fût tenu là. f IX On devine le tour que durent prendre les choses. Entre Clémence et Gaston toute familiarité cessa les situations avaient changé. Mais à l'instant même et sans aucun concert, un sentiment nouveau s'éleva sur les ruines de l'ancien, d'autant plus profond qu'il était moins avoué, et que dés deux parts on n'en avait pas l'entière conscience. C'était comme un regard jeté en arrière et un souvenir mêlé de re-gret, souvenir plus vif chez Gaston, plus contenu chez Clé-mence. Dans cette disposition d'esprit, des relations qui naguère n'offraient aucun danger, prirent peu à peu un autre carac-tère. Non pas que ces coeurs naïfs y missent la moindre pré-
CE qu'on PEUT VOIR DANS une RUE. 41 réprimandait suivant le cas, la traitait en un mot sans façon et un peu en petite fille. Et pourtant la petite fille s'épanouis-sait à vue d'oeil chaque mois, chaque jour, chaque heure la dotait d'une grâce et d'un charme nouveau. Tout le monde le sentait et le voyait on eût dit que Gaston était seul à ne pas le sentir et le voir. Élçvé près de Clémence, il s'était ac-coutumé à la regarder sans arrière-pensée, - et comme on re-garde une soeur il ne croyait pas qu'elle pût devenir pour lui ni un trouble, ni un danger. Tel fut l'état de son âme jusqu'au jour où il apprit que l'héritière des Montréal allait devenir la femme de Sigismond. Dès ce moment, Clémence cessa d'être protégée par les sou-venirs d'autrefois elle était sur le point d'appartenir à un - autre, le voile tomba Gaston la vit avec d'autres yeux, et quand, à l'issue de la cérémonie, elle sortit de la chapelle au bruit4es cloches et .des mousquets, une réflexion involon-taire s'éebappa de ses lèvres et de son coeur - Comme cette enfant est devenue belle ! dit-il. C'était rendre à la mariée une justice un peu tardive heu-reux encore s'il s'en fût tenu là. f IX On devine le tour que durent prendre les choses. Entre Clémence et Gaston toute familiarité cessa les situations avaient changé. Mais à l'instant même et sans aucun concert, un sentiment nouveau s'éleva sur les ruines de l'ancien, d'autant plus profond qu'il était moins avoué, et que dés deux parts on n'en avait pas l'entière conscience. C'était comme un regard jeté en arrière et un souvenir mêlé de re-gret, souvenir plus vif chez Gaston, plus contenu chez Clé-mence. Dans cette disposition d'esprit, des relations qui naguère n'offraient aucun danger, prirent peu à peu un autre carac-tère. Non pas que ces coeurs naïfs y missent la moindre pré-
CE ##### PEUT VOIR DANS UNE RUE. 41 réprimandait suivant le cas, la traitait en un mot sans façon et un peu en petite fille. Et pourtant la petite fille s'épanouis-sait à vue d'oeil chaque mois, chaque jour, chaque heure la dotait d'une grâce et d'un charme nouveau. Tout le monde le sentait et le voyait on eût dit que Gaston était seul à ne pas le sentir et le voir. Élevé près de Clémence, il s'était ac-coutumé à la regarder sans arrière-pensée,@@ et comme on re-garde une soeur il ne croyait pas qu'elle pût devenir pour lui ni un trouble, ni un danger. Tel fut l'état de son âme jusqu'au jour où il apprit que l'héritière de@ Montréal allait devenir la femme de Sigismond. Dès ce moment, Clémence cessa d'être protégée par les sou-venirs d'autrefois elle était sur le point d'appartenir à un @@autre, le voile tomba Gaston la vit avec d'autres yeux, et quand, à l'issue de la cérémonie, elle sortit de la chapelle au bruitdes cloches et @des mousquets, une réflexion involon-taire s'échappa de ses lèvres et de son coeur -@Comme cette enfant est devenue belle ! dit-il. C'était rendre à la mariée une justice un peu tardive heu-reux encore s'il s'en fût tenu là.@@ IX On devine le tour que durent prendre les choses. Entre Clémence et Gaston toute familiarité cessa les situations avaient changé. Mais à l'instant même et sans aucun concert, un sentiment nouveau s'éleva sur les ruines de l'ancien, d'autant plus profond qu'il était moins avoué, et que des deux parts on n'en avait pas l'entière conscience. C'était comme un regard jeté en arrière et un souvenir mêlé de re-gret, souvenir plus vif chez Gaston, plus contenu chez Clé-mence. Dans cette disposition d'esprit, des relations qui naguère n'offraient aucun danger, prirent peu à peu un autre carac-tère. Non pas que ces coeurs naïfs y missent la moindre pré-
CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 41 réprimandait suivant le cas, la traitait en un mot sans façon et un peu en petite fille. Et pourtant la petite fille s'épanouis-sait à vue d'oeil chaque mois, chaque jour, chaque heure la dotait d'une grâce et d'un charme nouveau. Tout le monde le sentait et le voyait on eût dit que Gaston était seul à ne pas le sentir et le voir. Élevé près de Clémence, il s'était ac-coutumé à la regarder sans arrière-pensée,@@ et comme on re-garde une soeur il ne croyait pas qu'elle pût devenir pour lui ni un trouble, ni un danger. Tel fut l'état de son âme jusqu'au jour où il apprit que l'héritière de@ Montréal allait devenir la femme de Sigismond. Dès ce moment, Clémence cessa d'être protégée par les sou-venirs d'autrefois elle était sur le point d'appartenir à un @@autre, le voile tomba Gaston la vit avec d'autres yeux, et quand, à l'issue de la cérémonie, elle sortit de la chapelle au bruitdes cloches et @des mousquets, une réflexion involon-taire s'échappa de ses lèvres et de son coeur -@Comme cette enfant est devenue belle ! dit-il. C'était rendre à la mariée une justice un peu tardive heu-reux encore s'il s'en fût tenu là.@@ IX On devine le tour que durent prendre les choses. Entre Clémence et Gaston toute familiarité cessa les situations avaient changé. Mais à l'instant même et sans aucun concert, un sentiment nouveau s'éleva sur les ruines de l'ancien, d'autant plus profond qu'il était moins avoué, et que des deux parts on n'en avait pas l'entière conscience. C'était comme un regard jeté en arrière et un souvenir mêlé de re-gret, souvenir plus vif chez Gaston, plus contenu chez Clé-mence. Dans cette disposition d'esprit, des relations qui naguère n'offraient aucun danger, prirent peu à peu un autre carac-tère. Non pas que ces coeurs naïfs y missent la moindre pré-
CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 41 réprimandait suivant le cas, la traitait en un mot sans façon et un peu en petite fille. Et pourtant la petite fille s'épanouis-sait à vue d'oeil chaque mois, chaque jour, chaque heure la dotait d'une grâce et d'un charme nouveau. Tout le monde le sentait et le voyait on eût dit que Gaston était seul à ne pas le sentir et le voir. Élevé près de Clémence, il s'était ac-coutumé à la regarder sans arrière-pensée, et comme on re-garde une soeur il ne croyait pas qu'elle pût devenir pour lui ni un trouble, ni un danger. Tel fut l'état de son âme jusqu'au jour où il apprit que l'héritière de Montréal allait devenir la femme de Sigismond. Dès ce moment, Clémence cessa d'être protégée par les sou-venirs d'autrefois elle était sur le point d'appartenir à un autre, le voile tomba Gaston la vit avec d'autres yeux, et quand, à l'issue de la cérémonie, elle sortit de la chapelle au bruitdes cloches et des mousquets, une réflexion involon-taire s'échappa de ses lèvres et de son coeur -Comme cette enfant est devenue belle ! dit-il. C'était rendre à la mariée une justice un peu tardive heu-reux encore s'il s'en fût tenu là. IX On devine le tour que durent prendre les choses. Entre Clémence et Gaston toute familiarité cessa les situations avaient changé. Mais à l'instant même et sans aucun concert, un sentiment nouveau s'éleva sur les ruines de l'ancien, d'autant plus profond qu'il était moins avoué, et que des deux parts on n'en avait pas l'entière conscience. C'était comme un regard jeté en arrière et un souvenir mêlé de re-gret, souvenir plus vif chez Gaston, plus contenu chez Clé-mence. Dans cette disposition d'esprit, des relations qui naguère n'offraient aucun danger, prirent peu à peu un autre carac-tère. Non pas que ces coeurs naïfs y missent la moindre pré-
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288 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE, cherchait à ressaisir le fil de ses souvenirs. Des trois person-nages qui se trouvaient dans sa chambre, le docteur seul était en vue il se raprocha du lit Marguerite parut étonnée de le voir. -- Qui êtes-vous? lui dit-elle. - Un ami, répondit-il avec un accent affectueux. Elle l'examina d'un air curieux et égaré, puis, le repous-sant avec un geste d'incrédulité .-- Un ami? reprit-elle, allons donc! - Oui, un ami, dit-il un ami qui espère vous sauver. Dans cet état des facultés, souvent un mot suffit pour ren-dre à l'intelligence son ressort et déchirer le voile qui la cou-vre. Ce mot venait d'être prononcé. A l'instant, comme si une force surnaturelle l'eût fait se mouvoir, Marguerite se mit sur son séant, et, promenant ses regards autour d'elle - Ah 1 mon Dieu ! s'écria-t-elle, je ne suis pas morte! Elle retomba presque anéantie et accablée par l'horreur de la lumière qu'elle venait de retrouver. Son existence pas-sée, son sacrifice inutile, lui étaient apparus comme des fan-tômes importuns elle se réfugia dans le néant pour les évi-ter et les fuir. -Le docteur avait prévu cette crise il la combattit par quelques soins. Sa tâche n'était point aisée d'un côté, il lui fallait secourir la patiente de l'autre, contenir.Ludovic qui voulait à toute force se montrer et se déclarer. - Laissez-moi faire, disait le jeune homme je la sauve-rai c'est son âme qui souffre, seul je puis la guérir. -- Pas encore, répondait le médecin elle est trop faible le cerveau est engagé toute émotion lui serait fatale. At-tendez, je vous en conjure, attendez. Votre tour viendra plus tard. Tenez, ajouta-Hl, la voici qui se ranime, ce n'est qu'un accident sans gravité. En effet, Marguerite reprit connaissance après un court évanouissement mais, au lieu de chercher des explications, elle sembla désormais vouloir s'y soustraire. Elle n'ouvrait les yeux que pour les refermer sur-le-champ, et s'épuisait en mouvements désespérés. Cet état avait ses dangers il pouvait aggraver les désordres existants et amener un délire dangereux. Le docteur essaya de tirer la jeune fille de cette torpeur, et l'interrogea doucement.
288 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE, cherchait à ressaisir le fil de ses souvenirs. Des trois person-nages qui se trouvaient dans sa chambre, le docteur seul était en vue il se raprocha du lit Marguerite parut étonnée de le voir. -- Qui êtes-vous@? lui dit-elle. - Un ami, répondit-il avec un accent affectueux. Elle l'examina d'un air curieux et égaré, puis, le repous-sant avec un geste d'incrédulité .-- Un ami? reprit-elle, allons donc@! - Oui, un ami, dit-il un ami qui espère vous sauver. Dans cet état des facultés, souvent un mot suffit pour ren-dre à l'intelligence son ressort et déchirer le voile qui la cou-vre. Ce mot venait d'être prononcé. A l'instant, comme si une force surnaturelle l'eût fait se mouvoir, Marguerite se mit sur son séant, et, promenant ses regards autour d'elle - Ah 1 mon Dieu ! s'écria-t-elle, je ne suis pas morte@! Elle retomba presque anéantie et accablée par l'horreur de la lumière qu'elle venait de retrouver. Son existence pas-sée, son sacrifice inutile, lui étaient apparus comme des fan-tômes importuns elle se réfugia dans le néant pour les évi-ter et les fuir. -Le docteur avait prévu cette crise il la combattit par quelques soins. Sa tâche n'était point aisée d'un côté, il lui fallait secourir la patiente de l'autre, contenir.Ludovic qui voulait à toute force se montrer et se déclarer. - Laissez-moi faire, disait le jeune homme je la sauve-rai c'est son âme qui souffre, seul je puis la guérir. -- Pas encore, répondait le médecin elle est trop faible le cerveau est engagé toute émotion lui serait fatale. At-tendez, je vous en conjure, attendez. Votre tour viendra plus tard. Tenez, ajouta-@@Hl, la voici qui se ranime, ce n'est qu'un accident sans gravité. En effet, Marguerite reprit connaissance après un court évanouissement mais, au lieu de chercher des explications, elle sembla désormais vouloir s'y soustraire. Elle n'ouvrait les yeux que pour les refermer sur-le-champ, et s'épuisait en mouvements désespérés. Cet état avait ses dangers il pouvait aggraver les désordres existants et amener un délire dangereux. Le docteur essaya de tirer la jeune fille de cette torpeur, et l'interrogea doucement.
288 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. cherchait à ressaisir le fil de ses souvenirs. Des trois person-nages qui se trouvaient dans sa chambre, le docteur seul était en vue il se raprocha du lit Marguerite parut étonnée de le voir. @-@Qui êtes-vous ? lui dit-elle. -@Un ami, répondit-il avec un accent affectueux. Elle l'examina d'un air curieux et égaré, puis, le repous-sant avec un geste d'incrédulité @-@@Un ami? reprit-elle, allons donc ! -@Oui, un ami, dit-il un ami qui espère vous sauver. Dans cet état des facultés, souvent un mot suffit pour ren-dre à l'intelligence son ressort et déchirer le voile qui la cou-vre. Ce mot venait d'être prononcé. A l'instant, comme si une force surnaturelle l'eût fait se mouvoir, Marguerite se mit sur son séant, et, promenant ses regards autour d'elle -@Ah ! mon Dieu ! s'écria-t-elle, je ne suis pas morte ! Elle retomba presque anéantie et accablée par l'horreur de la lumière qu'elle venait de retrouver. Son existence pas-sée, son sacrifice inutile, lui étaient apparus comme des fan-tômes importuns elle se réfugia dans le néant pour les évi-ter et les fuir. @Le docteur avait prévu cette crise il la combattit par quelques soins. Sa tâche n'était point aisée d'un côté, il lui fallait secourir la patiente de l'autre, contenir Ludovic qui voulait à toute force se montrer et se déclarer. -@Laissez-moi faire, disait le jeune homme je la sauve-rai c'est son âme qui souffre, seul je puis la guérir. @-@Pas encore, répondait le médecin elle est trop faible le cerveau est engagé toute émotion lui serait fatale. At-tendez, je vous en conjure, attendez. Votre tour viendra plus tard. Tenez, ajouta-t-il, la voici qui se ranime, ce n'est qu'un accident sans gravité. En effet, Marguerite reprit connaissance après un court évanouissement mais, au lieu de chercher des explications, elle sembla désormais vouloir s'y soustraire. Elle n'ouvrait les yeux que pour les refermer sur-le-champ, et s'épuisait en mouvements désespérés. Cet état avait ses dangers il pouvait aggraver les désordres existants et amener un délire dangereux. Le docteur essaya de tirer la jeune fille de cette torpeur, et l'interrogea doucement.
288 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. cherchait à ressaisir le fil de ses souvenirs. Des trois person-nages qui se trouvaient dans sa chambre, le docteur seul était en vue il se raprocha du lit Marguerite parut étonnée de le voir. @-@Qui êtes-vous ? lui dit-elle. -@Un ami, répondit-il avec un accent affectueux. Elle l'examina d'un air curieux et égaré, puis, le repous-sant avec un geste d'incrédulité @-@@Un ami? reprit-elle, allons donc ! -@Oui, un ami, dit-il un ami qui espère vous sauver. Dans cet état des facultés, souvent un mot suffit pour ren-dre à l'intelligence son ressort et déchirer le voile qui la cou-vre. Ce mot venait d'être prononcé. A l'instant, comme si une force surnaturelle l'eût fait se mouvoir, Marguerite se mit sur son séant, et, promenant ses regards autour d'elle -@Ah ! mon Dieu ! s'écria-t-elle, je ne suis pas morte ! Elle retomba presque anéantie et accablée par l'horreur de la lumière qu'elle venait de retrouver. Son existence pas-sée, son sacrifice inutile, lui étaient apparus comme des fan-tômes importuns elle se réfugia dans le néant pour les évi-ter et les fuir. @Le docteur avait prévu cette crise il la combattit par quelques soins. Sa tâche n'était point aisée d'un côté, il lui fallait secourir la patiente de l'autre, contenir Ludovic qui voulait à toute force se montrer et se déclarer. -@Laissez-moi faire, disait le jeune homme je la sauve-rai c'est son âme qui souffre, seul je puis la guérir. @-@Pas encore, répondait le médecin elle est trop faible le cerveau est engagé toute émotion lui serait fatale. At-tendez, je vous en conjure, attendez. Votre tour viendra plus tard. Tenez, ajouta-t-il, la voici qui se ranime, ce n'est qu'un accident sans gravité. En effet, Marguerite reprit connaissance après un court évanouissement mais, au lieu de chercher des explications, elle sembla désormais vouloir s'y soustraire. Elle n'ouvrait les yeux que pour les refermer sur-le-champ, et s'épuisait en mouvements désespérés. Cet état avait ses dangers il pouvait aggraver les désordres existants et amener un délire dangereux. Le docteur essaya de tirer la jeune fille de cette torpeur, et l'interrogea doucement.
288 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. cherchait à ressaisir le fil de ses souvenirs. Des trois person-nages qui se trouvaient dans sa chambre, le docteur seul était en vue il se raprocha du lit Marguerite parut étonnée de le voir. -Qui êtes-vous ? lui dit-elle. -Un ami, répondit-il avec un accent affectueux. Elle l'examina d'un air curieux et égaré, puis, le repous-sant avec un geste d'incrédulité -Un ami? reprit-elle, allons donc ! -Oui, un ami, dit-il un ami qui espère vous sauver. Dans cet état des facultés, souvent un mot suffit pour ren-dre à l'intelligence son ressort et déchirer le voile qui la cou-vre. Ce mot venait d'être prononcé. A l'instant, comme si une force surnaturelle l'eût fait se mouvoir, Marguerite se mit sur son séant, et, promenant ses regards autour d'elle -Ah ! mon Dieu ! s'écria-t-elle, je ne suis pas morte ! Elle retomba presque anéantie et accablée par l'horreur de la lumière qu'elle venait de retrouver. Son existence pas-sée, son sacrifice inutile, lui étaient apparus comme des fan-tômes importuns elle se réfugia dans le néant pour les évi-ter et les fuir. Le docteur avait prévu cette crise il la combattit par quelques soins. Sa tâche n'était point aisée d'un côté, il lui fallait secourir la patiente de l'autre, contenir Ludovic qui voulait à toute force se montrer et se déclarer. -Laissez-moi faire, disait le jeune homme je la sauve-rai c'est son âme qui souffre, seul je puis la guérir. -Pas encore, répondait le médecin elle est trop faible le cerveau est engagé toute émotion lui serait fatale. At-tendez, je vous en conjure, attendez. Votre tour viendra plus tard. Tenez, ajouta-t-il, la voici qui se ranime, ce n'est qu'un accident sans gravité. En effet, Marguerite reprit connaissance après un court évanouissement mais, au lieu de chercher des explications, elle sembla désormais vouloir s'y soustraire. Elle n'ouvrait les yeux que pour les refermer sur-le-champ, et s'épuisait en mouvements désespérés. Cet état avait ses dangers il pouvait aggraver les désordres existants et amener un délire dangereux. Le docteur essaya de tirer la jeune fille de cette torpeur, et l'interrogea doucement.
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30-i CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. XXXIX Ludovic resta longtemps avant de pouvoir se remettre du coup qu'il avait reçu. Quelque vive que fût sa passion il était obligé de convenir que Marguerite avait plus de Taîson que lui, et, qu'à tout prendre, il eût fait là un triste mariage. Mais la blessure n'en était pas moins profonde, et longtemps elle saigna. Le souvenir de Marguerite poursuivait le jeune homme en quelque lieu qu'il se trouvât et sous toutes les formes. T1 ne pouvait songer, sans que les larmes lui vins-sent aux yeux, à ce dévouement de la dernière heure, à ce courage si rare qui deux fois lui avait mis à la main des agents de destruction. Si la première fois c'était pour fuir le , déshonneur, la seconde c'était pour le préserver d'une fai-blesse. Il était donc la cause, l'occasion de l'événement, et une sourde tristesse le consumait. Pour l'arracher à cette préoccupation et empêcher qu'elle ne devint fatale, il fallut tout le goût que Ludovic avait pour sa carrière et l'influence qu'elle exerçait sur lui.. Il se livra à ses travaux avec ardeur et agrandit chaque jour la position qu'il avait prise. L'excès même lui fut favorable, et c'est ainsi seulement qu'il parvint à s'étourdir sur la cruelle aven-ture où il avait joué un rôle et dont le dénoùment avait été si fatal. Dans une histoire si peu compliquée et où les personnages n'abondent pas, il serait impardonnable d'oublier les plus humbles, et à plus forie raison celui qui y tient une place considérable assurément. Je veux parler de Melchior. Longtemps il y a eu des doutes sur son compte et des con-jectures à l'infini. Quand il eut abandonné Marguerite, on ne le revit plus sur le pavé de Paris, ni dans l'estaminet qu'il honorait de sa confiance. Ce fut un vide, comme on le pense bien. Chacun se demandait ce qu'avait pu devenir une si belle barbe, et sur quel point du globe elle avait pu transporter • son domicile légal. On s'inquiétait aussi, et non sans raison, de la brillante collection de pipes qui avait disparu en même
30-i CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. XXXIX Ludovic resta longtemps avant de pouvoir se remettre du coup qu'il avait reçu. Quelque vive que fût sa passion@ il était obligé de convenir que Marguerite avait plus de Taîson que lui, et, qu'à tout prendre, il eût fait là un triste mariage. Mais la blessure n'en était pas moins profonde, et longtemps elle saigna. Le souvenir de Marguerite poursuivait le jeune homme en quelque lieu qu'il se trouvât et sous toutes les formes. T1 ne pouvait songer, sans que les larmes lui vins-sent aux yeux, à ce dévouement de la dernière heure, à ce courage si rare qui deux fois lui avait mis à la main des agents de destruction. Si la première fois c'était pour fuir le , déshonneur, la seconde c'était pour le préserver d'une fai-blesse. Il était donc la cause, l'occasion de l'événement, et une sourde tristesse le consumait. Pour l'arracher à cette préoccupation et empêcher qu'elle ne devint fatale, il fallut tout le goût que Ludovic avait pour sa carrière et l'influence qu'elle exerçait sur lui.. Il se livra à ses travaux avec ardeur et agrandit chaque jour la position qu'il avait prise. L'excès même lui fut favorable, et c'est ainsi seulement qu'il parvint à s'étourdir sur la cruelle aven-ture où il avait joué un rôle et dont le dénoùment avait été si fatal. Dans une histoire si peu compliquée et où les personnages n'abondent pas, il serait impardonnable d'oublier les plus humbles, et à plus forie raison celui qui y tient une place considérable assurément. Je veux parler de Melchior. Longtemps il y a eu des doutes sur son compte et des con-jectures à l'infini. Quand il eut abandonné Marguerite, on ne le revit plus sur le pavé de Paris, ni dans l'estaminet qu'il honorait de sa confiance. Ce fut un vide, comme on le pense bien. Chacun se demandait ce qu'avait pu devenir une si belle barbe, et sur quel point du globe elle avait pu transporter • son domicile légal. On s'inquiétait aussi, et non sans raison, de la brillante collection de pipes qui avait disparu en même
#### CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. XXXIX Ludovic resta longtemps avant de pouvoir se remettre du coup qu'il avait reçu. Quelque vive que fût sa passion, il était obligé de convenir que Marguerite avait plus de raison que lui, et, qu'à tout prendre, il eût fait là un triste mariage. Mais la blessure n'en était pas moins profonde, et longtemps elle saigna. Le souvenir de Marguerite poursuivait le jeune homme en quelque lien qu'il se trouvât et sous toutes les formes. Il ne pouvait songer, sans que les larmes lui vins-sent aux yeux, à ce dévouement de la dernière heure, à ce courage si rare qui deux fois lui avait mis à la main des agents de destruction. Si la première fois c'était pour fuir le @@déshonneur, la seconde c'était pour le préserver d'une fai-blesse. Il était donc la cause, l'occasion de l'événement, et une sourde tristesse le consumait. Pour l'arracher à cette préoccupation et empêcher qu'elle ne devînt fatale, il fallut tout le goût que Ludovic avait pour sa carrière et l'influence qu'elle exerçait sur lui@. Il se livra à ses travaux avec ardeur et agrandit chaque jour la position qu'il avait prise. L'excès même lui fut favorable, et c'est ainsi seulement qu'il parvint à s'étourdir sur la cruelle aven-ture où il avait joué un rôle et dont le dénoûment avait été si fatal. Dans une histoire si peu compliquée et où les personnages n'abondent pas, il serait impardonnable d'oublier les plus humbles, et à plus forte raison celui qui y tient une place considérable assurément. Je veux parler de Melchior. Longtemps il y a eu des doutes sur son compte et des con-jectures à l'infini. Quand il eut abandonné Marguerite, on ne le revit plus sur le pavé de Paris, ni dans l'estaminet qu'il honorait de sa confiance. Ce fut un vide, comme on le pense bien. Chacun se demandait ce qu'avait pu devenir une si belle barbe, et sur quel point du globe elle avait pu transporter@@ son domicile légal. On s'inquiétait aussi, et non sans raison, de la brillante collection de pipes qui avait disparu en même
30-i CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. XXXIX Ludovic resta longtemps avant de pouvoir se remettre du coup qu'il avait reçu. Quelque vive que fût sa passion, il était obligé de convenir que Marguerite avait plus de raison que lui, et, qu'à tout prendre, il eût fait là un triste mariage. Mais la blessure n'en était pas moins profonde, et longtemps elle saigna. Le souvenir de Marguerite poursuivait le jeune homme en quelque lien qu'il se trouvât et sous toutes les formes. Il ne pouvait songer, sans que les larmes lui vins-sent aux yeux, à ce dévouement de la dernière heure, à ce courage si rare qui deux fois lui avait mis à la main des agents de destruction. Si la première fois c'était pour fuir le @@déshonneur, la seconde c'était pour le préserver d'une fai-blesse. Il était donc la cause, l'occasion de l'événement, et une sourde tristesse le consumait. Pour l'arracher à cette préoccupation et empêcher qu'elle ne devînt fatale, il fallut tout le goût que Ludovic avait pour sa carrière et l'influence qu'elle exerçait sur lui@. Il se livra à ses travaux avec ardeur et agrandit chaque jour la position qu'il avait prise. L'excès même lui fut favorable, et c'est ainsi seulement qu'il parvint à s'étourdir sur la cruelle aven-ture où il avait joué un rôle et dont le dénoûment avait été si fatal. Dans une histoire si peu compliquée et où les personnages n'abondent pas, il serait impardonnable d'oublier les plus humbles, et à plus forte raison celui qui y tient une place considérable assurément. Je veux parler de Melchior. Longtemps il y a eu des doutes sur son compte et des con-jectures à l'infini. Quand il eut abandonné Marguerite, on ne le revit plus sur le pavé de Paris, ni dans l'estaminet qu'il honorait de sa confiance. Ce fut un vide, comme on le pense bien. Chacun se demandait ce qu'avait pu devenir une si belle barbe, et sur quel point du globe elle avait pu transporter@@ son domicile légal. On s'inquiétait aussi, et non sans raison, de la brillante collection de pipes qui avait disparu en même
30-i CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. XXXIX Ludovic resta longtemps avant de pouvoir se remettre du coup qu'il avait reçu. Quelque vive que fût sa passion, il était obligé de convenir que Marguerite avait plus de raison que lui, et, qu'à tout prendre, il eût fait là un triste mariage. Mais la blessure n'en était pas moins profonde, et longtemps elle saigna. Le souvenir de Marguerite poursuivait le jeune homme en quelque lien qu'il se trouvât et sous toutes les formes. Il ne pouvait songer, sans que les larmes lui vins-sent aux yeux, à ce dévouement de la dernière heure, à ce courage si rare qui deux fois lui avait mis à la main des agents de destruction. Si la première fois c'était pour fuir le déshonneur, la seconde c'était pour le préserver d'une fai-blesse. Il était donc la cause, l'occasion de l'événement, et une sourde tristesse le consumait. Pour l'arracher à cette préoccupation et empêcher qu'elle ne devînt fatale, il fallut tout le goût que Ludovic avait pour sa carrière et l'influence qu'elle exerçait sur lui. Il se livra à ses travaux avec ardeur et agrandit chaque jour la position qu'il avait prise. L'excès même lui fut favorable, et c'est ainsi seulement qu'il parvint à s'étourdir sur la cruelle aven-ture où il avait joué un rôle et dont le dénoûment avait été si fatal. Dans une histoire si peu compliquée et où les personnages n'abondent pas, il serait impardonnable d'oublier les plus humbles, et à plus forte raison celui qui y tient une place considérable assurément. Je veux parler de Melchior. Longtemps il y a eu des doutes sur son compte et des con-jectures à l'infini. Quand il eut abandonné Marguerite, on ne le revit plus sur le pavé de Paris, ni dans l'estaminet qu'il honorait de sa confiance. Ce fut un vide, comme on le pense bien. Chacun se demandait ce qu'avait pu devenir une si belle barbe, et sur quel point du globe elle avait pu transporter son domicile légal. On s'inquiétait aussi, et non sans raison, de la brillante collection de pipes qui avait disparu en même
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CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RTJE. 79 apparence du moins, la loi qu'on lui opposait, et, au lieu de chercher des diversions à cet isolement, elle s'y plaisait et l'aggravait pour ainsi dire. Rarement elle descendait dans les salons, et se refusait aux visites que son mari eût volon-tiers autorisées. Celui-ci n'y vit d'abord que des représailles Clémence, à son avis, poussait les choses à l'excès, afin de le faire revenir sur la détermination qu'il avait prise. Il ne s'en inquiéta pas autrement, et à ce calcul il répondit par le calcul opposé. Restons ferme, se dit-il, elle cédera et en prendra son parti. Plus l'opération a été douloureuse, moins il faut s'expo-ser à la recommencer. Pourtant, il y eut un moment ou cette explication ne le sa-tisfit plus. En étudiant la physionomie de la. comtesse, il y découvrit autre chose que de la résignation, èt s'étonna que la solitude eût pu amener un parell effet. Remis en éveil, il y regarda de plus près et l'environna d'une surveillance in-visible, mais assidue. Il lui fallut peu de temps pour décou-vrir ces apparitions Tégulières à l'une des croisées du châ-teau et moins de temps encore pour deviner qu'il se cachait là-dessous quelque intelligence avec le dehors. Une fois sur la voie, il ne l'abandonna plus et disposa tout pour une surprise. A la limite de l'avenue et sur la lisière du chemin dépar-temental, s'élevait une de ces petites huttes en pierres sèches comme, en construisent les cantonniers pour s'abriter contre le froid. Ce fut là qu'un matin le comte vint se mettre en embuscade. Malgré quelques branchages, il dominait du re- -gard une bonne partie du chemin et pouvait faire le dénom. brement des personnes qui le parcouraient dans un sens ou dans l'autre. Une seule était suspecte à ses yeux, et il ne l'attendit pas longtemps. Gaston arrivait radieux comme tou-jours, l'oeil fixé sur le château et cherchant s'il y apercevrait la vision adorée. Ce fut presque en face du comte que l'échange habituel eut lieu, et, aux gestes de Gaston, il était facile de juget qu'on ne les laissait pas sans réponse du côté du châ-teau. Une rage sourde grondait dans le coeur de Sigismond, et à peine parvenait-il à la contenir. Quand le jeune homme se fut éloigné, il y donna carrière - La perfide 1 s'écria-t-il. Je ne l'avais que trop deviné f ils s'entendent !
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RTJE. 79 apparence du moins, la loi qu'on lui opposait, et, au lieu de chercher des diversions à cet isolement, elle s'y plaisait et l'aggravait pour ainsi dire. Rarement elle descendait dans les salons, et se refusait aux visites que son mari eût volon-tiers autorisées. Celui-ci n'y vit d'abord que des représailles Clémence, à son avis, poussait les choses à l'excès, afin de le faire revenir sur la détermination qu'il avait prise. Il ne s'en inquiéta pas autrement, et à ce calcul il répondit par le calcul opposé. Restons ferme, se dit-il, elle cédera et en prendra son parti. Plus l'opération a été douloureuse, moins il faut s'expo-ser à la recommencer. Pourtant, il y eut un moment ou cette explication ne le sa-tisfit plus. En étudiant la physionomie de la. comtesse, il y découvrit autre chose que de la résignation, èt s'étonna que la solitude eût pu amener un parell effet. Remis en éveil, il y regarda de plus près et l'environna d'une surveillance in-visible, mais assidue. Il lui fallut peu de temps pour décou-vrir ces apparitions Tégulières à l'une des croisées du châ-teau et moins de temps encore pour deviner qu'il se cachait là-dessous quelque intelligence avec le dehors. Une fois sur la voie, il ne l'abandonna plus et disposa tout pour une surprise. A la limite de l'avenue et sur la lisière du chemin dépar-temental, s'élevait une de ces petites huttes en pierres sèches comme, en construisent les cantonniers pour s'abriter contre le froid. Ce fut là qu'un matin le comte vint se mettre en embuscade. Malgré quelques branchages, il dominait du re- -gard une bonne partie du chemin et pouvait faire le dénom. brement des personnes qui le parcouraient dans un sens ou dans l'autre. Une seule était suspecte à ses yeux, et il ne l'attendit pas longtemps. Gaston arrivait radieux comme tou-jours, l'oeil fixé sur le château et cherchant s'il y apercevrait la vision adorée. Ce fut presque en face du comte que l'échange habituel eut lieu, et, aux gestes de Gaston, il était facile de juget qu'on ne les laissait pas sans réponse du côté du châ-teau. Une rage sourde grondait dans le coeur de Sigismond, et à peine parvenait-il à la contenir. Quand le jeune homme se fut éloigné, il y donna carrière - La perfide 1 s'écria-t-il. Je ne l'avais que trop deviné f ils s'entendent !
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE R@UE. 79 apparence du moins, la loi qu'on lui opposait, et, au lieu de chercher des diversions à cet isolement, elle s'y plaisait et l'aggravait pour ainsi dire. Rarement elle descendait dans les salons, et se refusait aux visites que son mari eût volon-tiers autorisées. Celui-ci n'y vit d'abord que des représailles Clémence, à son avis, poussait les choses à l'excès, afin de le faire revenir sur la détermination qu'il avait prise. Il ne s'en inquiéta pas autrement, et à ce calcul il répondit par le calcul opposé. Restons ferme, se dit-il, elle cédera et en prendra son parti. Plus l'opération a été douloureuse, moins il faut s'expo-ser à la recommencer. Pourtant, il y eut un moment ou cette explication ne le sa-tisfit plus. En étudiant la physionomie de la@ comtesse, il y découvrit autre chose que de la résignation, et s'étonna que la solitude eût pu amener un pareil effet. Remis en éveil, il y regarda de plus près et l'environna d'une surveillance in-visible, mais assidue. Il lui fallut peu de temps pour décou-vrir ces apparitions régulières à l'une des croisées du châ-teau et moins de temps encore pour deviner qu'il se cachait là-dessous quelque intelligence avec le dehors. Une fois sur la voie, il ne l'abandonna plus et disposa tout pour une surprise. A la limite de l'avenue et sur la lisière du chemin dépar-temental, s'élevait une de ces petites huttes en pierres sèches comme@ en construisent les cantonniers pour s'abriter contre le froid. Ce fut là qu'un matin le comte vint se mettre en embuscade. Malgré quelques branchages, il dominait du re@@-gard une bonne partie du chemin et pouvait faire le dénom@-brement des personnes qui le parcouraient dans un sens ou dans l'autre. Une seule était suspecte à ses yeux, et il ne l'attendit pas longtemps. Gaston arrivait radieux comme tou-jours, l'oeil fixé sur le château et cherchant s'il y apercevrait la vision adorée. Ce fut presque en face du comte que l'échange habituel eut lieu, et, aux gestes de Gaston, il était facile de juger qu'on ne les laissait pas sans réponse du côté du châ-teau. Une rage sourde grondait dans le coeur de Sigismond, et à peine parvenait-il à la contenir. Quand le jeune homme se fut éloigné, il y donna carrière -@La perfide ! s'écria-t-il. Je ne l'avais que trop deviné @@ils s'entendent !
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE R@UE. 79 apparence du moins, la loi qu'on lui opposait, et, au lieu de chercher des diversions à cet isolement, elle s'y plaisait et l'aggravait pour ainsi dire. Rarement elle descendait dans les salons, et se refusait aux visites que son mari eût volon-tiers autorisées. Celui-ci n'y vit d'abord que des représailles Clémence, à son avis, poussait les choses à l'excès, afin de le faire revenir sur la détermination qu'il avait prise. Il ne s'en inquiéta pas autrement, et à ce calcul il répondit par le calcul opposé. Restons ferme, se dit-il, elle cédera et en prendra son parti. Plus l'opération a été douloureuse, moins il faut s'expo-ser à la recommencer. Pourtant, il y eut un moment ou cette explication ne le sa-tisfit plus. En étudiant la physionomie de la@ comtesse, il y découvrit autre chose que de la résignation, et s'étonna que la solitude eût pu amener un pareil effet. Remis en éveil, il y regarda de plus près et l'environna d'une surveillance in-visible, mais assidue. Il lui fallut peu de temps pour décou-vrir ces apparitions régulières à l'une des croisées du châ-teau et moins de temps encore pour deviner qu'il se cachait là-dessous quelque intelligence avec le dehors. Une fois sur la voie, il ne l'abandonna plus et disposa tout pour une surprise. A la limite de l'avenue et sur la lisière du chemin dépar-temental, s'élevait une de ces petites huttes en pierres sèches comme@ en construisent les cantonniers pour s'abriter contre le froid. Ce fut là qu'un matin le comte vint se mettre en embuscade. Malgré quelques branchages, il dominait du re@@-gard une bonne partie du chemin et pouvait faire le dénom@-brement des personnes qui le parcouraient dans un sens ou dans l'autre. Une seule était suspecte à ses yeux, et il ne l'attendit pas longtemps. Gaston arrivait radieux comme tou-jours, l'oeil fixé sur le château et cherchant s'il y apercevrait la vision adorée. Ce fut presque en face du comte que l'échange habituel eut lieu, et, aux gestes de Gaston, il était facile de juger qu'on ne les laissait pas sans réponse du côté du châ-teau. Une rage sourde grondait dans le coeur de Sigismond, et à peine parvenait-il à la contenir. Quand le jeune homme se fut éloigné, il y donna carrière -@La perfide ! s'écria-t-il. Je ne l'avais que trop deviné @@ils s'entendent !
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 79 apparence du moins, la loi qu'on lui opposait, et, au lieu de chercher des diversions à cet isolement, elle s'y plaisait et l'aggravait pour ainsi dire. Rarement elle descendait dans les salons, et se refusait aux visites que son mari eût volon-tiers autorisées. Celui-ci n'y vit d'abord que des représailles Clémence, à son avis, poussait les choses à l'excès, afin de le faire revenir sur la détermination qu'il avait prise. Il ne s'en inquiéta pas autrement, et à ce calcul il répondit par le calcul opposé. Restons ferme, se dit-il, elle cédera et en prendra son parti. Plus l'opération a été douloureuse, moins il faut s'expo-ser à la recommencer. Pourtant, il y eut un moment ou cette explication ne le sa-tisfit plus. En étudiant la physionomie de la comtesse, il y découvrit autre chose que de la résignation, et s'étonna que la solitude eût pu amener un pareil effet. Remis en éveil, il y regarda de plus près et l'environna d'une surveillance in-visible, mais assidue. Il lui fallut peu de temps pour décou-vrir ces apparitions régulières à l'une des croisées du châ-teau et moins de temps encore pour deviner qu'il se cachait là-dessous quelque intelligence avec le dehors. Une fois sur la voie, il ne l'abandonna plus et disposa tout pour une surprise. A la limite de l'avenue et sur la lisière du chemin dépar-temental, s'élevait une de ces petites huttes en pierres sèches comme en construisent les cantonniers pour s'abriter contre le froid. Ce fut là qu'un matin le comte vint se mettre en embuscade. Malgré quelques branchages, il dominait du re-gard une bonne partie du chemin et pouvait faire le dénom-brement des personnes qui le parcouraient dans un sens ou dans l'autre. Une seule était suspecte à ses yeux, et il ne l'attendit pas longtemps. Gaston arrivait radieux comme tou-jours, l'oeil fixé sur le château et cherchant s'il y apercevrait la vision adorée. Ce fut presque en face du comte que l'échange habituel eut lieu, et, aux gestes de Gaston, il était facile de juger qu'on ne les laissait pas sans réponse du côté du châ-teau. Une rage sourde grondait dans le coeur de Sigismond, et à peine parvenait-il à la contenir. Quand le jeune homme se fut éloigné, il y donna carrière -La perfide ! s'écria-t-il. Je ne l'avais que trop deviné ils s'entendent !
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86 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. alors au comble . frappé par le sort, il s'y résignait de sa main à elle il ne l'eût pas fait avec le même courage. Cepen-dant il n'en persista pas moins à reparaître chaque dimanche au lieu du rendez-vous., malgré les mécomptes qui l'y atten-daient. Clémence ne devait plus, ne pouvait plus s'y trou-ver. L'une des suppositions de Gaston était juste, et c'était la moins pénible pour lui il y avait un empêchement invin-cible et qui ne dépendait pas de la volonté de la comtesse voici lequel Leur première entrevue avait eu un témoin c'était un des hommes de confiance du comte, le concierge de l'hôtel, le père Villcent, que nous connaissons déjà. Astreint par ses fonctions à une servitude incessante, il vaquait des premiers à ses devoirs religieux, et atâit aperçu la comtesse et Gaston causant ensemble sur le parvis. Son premier soin fut d'en prévenir Sigismond, qui prit sur-le-champ des mesures déci-sives. Point d'éclat, point de bruit, rien qui pùt mettre la comtesse en garde et lui faire comprendre qu'elle avait été livrée. Tout devait se passer le plus doucement du monde, comme on va voir. Le lendemain, Sigismond se rendait seul et à pied dans un de ces couvents, comme on en trouve quelques-uns à Paris, qui ont un caractère moitié régulier, moitié séculier, et joignent aux pratiques de la vie dévote l'exercice de quelque spéculation ici l'éducation des jeunes filles, là l'in-dustrie des pensionnaires en chambre, parfois le cumul des -deux. C'était le cas pour l'établissement où se rendait le comte. On y trouvait de tout, et du profane principalement quant aux formes claustrales, à peine en gardait-on les appa-rences. La maison avait d'ailleurs un très-bel aspect les constructions étaient vastes et d'un bon style, les jardins spacieux et bien ombragés l'ensemble réunissait les condi-tions et les signes de la vie opulente. Si pour quelques-unes des religieuses qui y vivaient cette résidence était une pri-son, on avait eu soin de leur en dorer les barreaux. Lorsque Sigismond fut arrivé aux portes de l'établisse-ment, il éprouva un peu d'hésitation et une sorte de fai-blesse. On eût dit qu'au moment de l'exécution il reculait de lui-même devant les suites de son projet. Trois fois, il allon-gea la main pour saisir le marteau, trois fois il la laissa re-
86 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. alors au comble . frappé par le sort, il s'y résignait de sa main à elle il ne l'eût pas fait avec le même courage. Cepen-dant il n'en persista pas moins à reparaître chaque dimanche au lieu du rendez-vous., malgré les mécomptes qui l'y atten-daient. Clémence ne devait plus, ne pouvait plus s'y trou-ver. L'une des suppositions de Gaston était juste, et c'était la moins pénible pour lui il y avait un empêchement invin-cible et qui ne dépendait pas de la volonté de la comtesse voici lequel Leur première entrevue avait eu un témoin c'était un des hommes de confiance du comte, le concierge de l'hôtel, le père Villcent, que nous connaissons déjà. Astreint par ses fonctions à une servitude incessante, il vaquait des premiers à ses devoirs religieux, et atâit aperçu la comtesse et Gaston causant ensemble sur le parvis. Son premier soin fut d'en prévenir Sigismond, qui prit sur-le-champ des mesures déci-sives. Point d'éclat, point de bruit, rien qui pùt mettre la comtesse en garde et lui faire comprendre qu'elle avait été livrée. Tout devait se passer le plus doucement du monde, comme on va voir. Le lendemain, Sigismond se rendait seul et à pied dans un de ces couvents, comme on en trouve quelques-uns à Paris, qui ont un caractère moitié régulier, moitié séculier, et joignent aux pratiques de la vie dévote l'exercice de quelque spéculation ici l'éducation des jeunes filles, là l'in-dustrie des pensionnaires en chambre, parfois le cumul des -deux. C'était le cas pour l'établissement où se rendait le comte. On y trouvait de tout, et du profane principalement quant aux formes claustrales, à peine en gardait-on les appa-rences. La maison avait d'ailleurs un très-bel aspect les constructions étaient vastes et d'un bon style, les jardins spacieux et bien ombragés l'ensemble réunissait les condi-tions et les signes de la vie opulente. Si pour quelques-unes des religieuses qui y vivaient cette résidence était une pri-son, on avait eu soin de leur en dorer les barreaux. Lorsque Sigismond fut arrivé aux portes de l'établisse-ment, il éprouva un peu d'hésitation et une sorte de fai-blesse. On eût dit qu'au moment de l'exécution il reculait de lui-même devant les suites de son projet. Trois fois, il allon-gea la main pour saisir le marteau, trois fois il la laissa re-
86 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. alors au comble@@ frappé par le sort, il s'y résignait de sa main à elle il ne l'eût pas fait avec le même courage. Cepen-dant il n'en persista pas moins à reparaître chaque dimanche au lieu du rendez-vous@, malgré les mécomptes qui l'y atten-daient. Clémence ne devait plus, ne pouvait plus s'y trou-ver. L'une des suppositions de Gaston était juste, et c'était la moins pénible pour lui il y avait un empêchement invin-cible et qui ne dépendait pas de la volonté de la comtesse voici lequel Leur première entrevue avait eu un témoin c'était un des hommes de confiance du comte, le concierge de l'hôtel, le père Vi@ncent, que nous connaissons déjà. Astreint par ses fonctions à une servitude incessante, il vaquait des premiers à ses devoirs religieux, et avait aperçu la comtesse et Gaston causant ensemble sur le parvis. Son premier soin fut d'en prévenir Sigismond, qui prit sur-le-champ des mesures déci-sives. Point d'éclat, point de bruit, rien qui pût mettre la comtesse en garde et lui faire comprendre qu'elle avait été livrée. Tout devait se passer le plus doucement du monde, comme on va voir. Le lendemain, Sigismond se rendait seul et à pied dans un de ces couvents, comme on en trouve quelques-uns à Paris, qui ont un caractère moitié régulier, moitié séculier, et joignent aux pratiques de la vie dévote l'exercice de quelque spéculation ici l'éducation des jeunes filles, là l'in-dustrie des pensionnaires en chambre, parfois le cumul des @deux. C'était le cas pour l'établissement où se rendait le comte. On y trouvait de tout, et du profane principalement quant aux formes claustrales, à peine en gardait-on les appa-rences. La maison avait d'ailleurs un très-bel aspect les constructions étaient vastes et d'un bon style, les jardins spacieux et bien ombragés l'ensemble réunissait les condi-tions et les signes de la vie opulente. Si pour quelques-unes des religieuses qui y vivaient cette résidence était une pri-son, on avait eu soin de leur en dorer les barreaux. Lorsque Sigismond fut arrivé aux portes de l'établisse-ment, il éprouva un peu d'hésitation et une sorte de fai-blesse. On eût dit qu'au moment de l'exécution il reculait de lui-même devant les suites de son projet. Trois fois, il allon-gea la main pour saisir le marteau, trois fois il la laissa re-
86 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. alors au comble@@ frappé par le sort, il s'y résignait de sa main à elle il ne l'eût pas fait avec le même courage. Cepen-dant il n'en persista pas moins à reparaître chaque dimanche au lieu du rendez-vous@, malgré les mécomptes qui l'y atten-daient. Clémence ne devait plus, ne pouvait plus s'y trou-ver. L'une des suppositions de Gaston était juste, et c'était la moins pénible pour lui il y avait un empêchement invin-cible et qui ne dépendait pas de la volonté de la comtesse voici lequel Leur première entrevue avait eu un témoin c'était un des hommes de confiance du comte, le concierge de l'hôtel, le père Vi@ncent, que nous connaissons déjà. Astreint par ses fonctions à une servitude incessante, il vaquait des premiers à ses devoirs religieux, et avait aperçu la comtesse et Gaston causant ensemble sur le parvis. Son premier soin fut d'en prévenir Sigismond, qui prit sur-le-champ des mesures déci-sives. Point d'éclat, point de bruit, rien qui pût mettre la comtesse en garde et lui faire comprendre qu'elle avait été livrée. Tout devait se passer le plus doucement du monde, comme on va voir. Le lendemain, Sigismond se rendait seul et à pied dans un de ces couvents, comme on en trouve quelques-uns à Paris, qui ont un caractère moitié régulier, moitié séculier, et joignent aux pratiques de la vie dévote l'exercice de quelque spéculation ici l'éducation des jeunes filles, là l'in-dustrie des pensionnaires en chambre, parfois le cumul des @deux. C'était le cas pour l'établissement où se rendait le comte. On y trouvait de tout, et du profane principalement quant aux formes claustrales, à peine en gardait-on les appa-rences. La maison avait d'ailleurs un très-bel aspect les constructions étaient vastes et d'un bon style, les jardins spacieux et bien ombragés l'ensemble réunissait les condi-tions et les signes de la vie opulente. Si pour quelques-unes des religieuses qui y vivaient cette résidence était une pri-son, on avait eu soin de leur en dorer les barreaux. Lorsque Sigismond fut arrivé aux portes de l'établisse-ment, il éprouva un peu d'hésitation et une sorte de fai-blesse. On eût dit qu'au moment de l'exécution il reculait de lui-même devant les suites de son projet. Trois fois, il allon-gea la main pour saisir le marteau, trois fois il la laissa re-
86 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. alors au comble frappé par le sort, il s'y résignait de sa main à elle il ne l'eût pas fait avec le même courage. Cepen-dant il n'en persista pas moins à reparaître chaque dimanche au lieu du rendez-vous, malgré les mécomptes qui l'y atten-daient. Clémence ne devait plus, ne pouvait plus s'y trou-ver. L'une des suppositions de Gaston était juste, et c'était la moins pénible pour lui il y avait un empêchement invin-cible et qui ne dépendait pas de la volonté de la comtesse voici lequel Leur première entrevue avait eu un témoin c'était un des hommes de confiance du comte, le concierge de l'hôtel, le père Vincent, que nous connaissons déjà. Astreint par ses fonctions à une servitude incessante, il vaquait des premiers à ses devoirs religieux, et avait aperçu la comtesse et Gaston causant ensemble sur le parvis. Son premier soin fut d'en prévenir Sigismond, qui prit sur-le-champ des mesures déci-sives. Point d'éclat, point de bruit, rien qui pût mettre la comtesse en garde et lui faire comprendre qu'elle avait été livrée. Tout devait se passer le plus doucement du monde, comme on va voir. Le lendemain, Sigismond se rendait seul et à pied dans un de ces couvents, comme on en trouve quelques-uns à Paris, qui ont un caractère moitié régulier, moitié séculier, et joignent aux pratiques de la vie dévote l'exercice de quelque spéculation ici l'éducation des jeunes filles, là l'in-dustrie des pensionnaires en chambre, parfois le cumul des deux. C'était le cas pour l'établissement où se rendait le comte. On y trouvait de tout, et du profane principalement quant aux formes claustrales, à peine en gardait-on les appa-rences. La maison avait d'ailleurs un très-bel aspect les constructions étaient vastes et d'un bon style, les jardins spacieux et bien ombragés l'ensemble réunissait les condi-tions et les signes de la vie opulente. Si pour quelques-unes des religieuses qui y vivaient cette résidence était une pri-son, on avait eu soin de leur en dorer les barreaux. Lorsque Sigismond fut arrivé aux portes de l'établisse-ment, il éprouva un peu d'hésitation et une sorte de fai-blesse. On eût dit qu'au moment de l'exécution il reculait de lui-même devant les suites de son projet. Trois fois, il allon-gea la main pour saisir le marteau, trois fois il la laissa re-
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270 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. voulut faire ce qu'il appelait ses noces, et me promena de fête en fête, dans les environs de Paris. Nous étions alors dqns la belle saison et au plus fort des spectacles forains Melchior n'en manqua pas un nous allions d'étape en étape dormapt ici et là, comme deux oiseaux ebassés deleur nid et qui perchent dans toutes les ramées. -Melchior était rendu à son élément il retrouvait sa vie d'aventures il se dédommageait de la longue contrainte qu'il s'était imposée pour me séduire, et se montrait dans son naturel. Cette nouvelle révolution n'avait rien de rassp-rant, et j'en suivais la marche ayec une sorte d'épouvante. Déjà! me disais-je. Et que sera-ce donc lorsque la lassitude s'en mêlera et que l'inconstance viendra à la suite? Oh 1 Marguerite ! Marguerite ! quel triste marché vous ayez fait ! Entre un homme qui vous aimait et allait vous épouser, et un homme qui se jouait de vous et se proposait seule-ment de vous séduire, vous avez préféré le dernier. Vous l'avez préféré malgré tout, malgré vos serments, malgré vos engagements, malgré le voeu d'une mourante. Maintenant, soyez punie, vous l'aurez bien mérité. Oui, Ludovic, mon châtiment commençait il commença le jour même où je vous ai trahi. Nous nous aimions, Mel-chior et moi, mais de cet amour qui ne résiste pas au temps. Moi, je l'aimais en esclave, lui m'aimait en sultan. Il me tenait enchaînée par les liens du déshonneur, et plus d'une fois mon âme se révolta à cette pensée. Alors, je lui rappe-lais ses promesses et je le suppliais de remplacer par un lien régulier des relations auxquelles je ne m'accoutumais pas en les subissant. Un jour que j'insistai, il se dévoila. Bah s'écria-t-il, à quoi bon ? Ne sommes-nous pas bien ainsi ? On m'eût enfoncé un fer rouge dans le coeur que je n'eusse pas plus souffert. - Melchior, lui dis-je si une fois encore vous me parlez de la sorte, je vous quitte. Je suis du sang d'honnêtes gens ne me confondez pas avec les femmes que vous avez prises et abandonnées, Quand je vous ai suivi, ce n'est pas sans conditions. Vous m'avez promis de nae don-ner le titre auquel je renonçais pour yous, le seul qui ordi-nairement donne accès dans nos familles. Si vous entendez vous dédire, pariez je sais ce qui me reste à faire dans ce cas.
270 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. voulut faire ce qu'il appelait ses noces, et me promena de fête en fête, dans les environs de Paris. Nous étions alors dqns la belle saison et au plus fort des spectacles forains Melchior n'en manqua pas un nous allions d'étape en étape dormapt ici et là, comme deux oiseaux ebassés de@leur nid et qui perchent dans toutes les ramées. -Melchior était rendu à son élément il retrouvait sa vie d'aventures il se dédommageait de la longue contrainte qu'il s'était imposée pour me séduire, et se montrait dans son naturel. Cette nouvelle révolution n'avait rien de rassp-rant, et j'en suivais la marche ayec une sorte d'épouvante. Déjà@! me disais-je. Et que sera-ce donc lorsque la lassitude s'en mêlera et que l'inconstance viendra à la suite@? Oh 1 Marguerite ! Marguerite ! quel triste marché vous ayez fait ! Entre un homme qui vous aimait et allait vous épouser, et un homme qui se jouait de vous et se proposait seule-ment de vous séduire, vous avez préféré le dernier. Vous l'avez préféré malgré tout, malgré vos serments, malgré vos engagements, malgré le voeu d'une mourante. Maintenant, soyez punie, vous l'aurez bien mérité. Oui, Ludovic, mon châtiment commençait il commença le jour même où je vous ai trahi. Nous nous aimions, Mel-chior et moi, mais de cet amour qui ne résiste pas au temps. Moi, je l'aimais en esclave, lui m'aimait en sultan. Il me tenait enchaînée par les liens du déshonneur, et plus d'une fois mon âme se révolta à cette pensée. Alors, je lui rappe-lais ses promesses et je le suppliais de remplacer par un lien régulier des relations auxquelles je ne m'accoutumais pas en les subissant. Un jour que j'insistai, il se dévoila. Bah @@s'écria-t-il, à quoi bon ? Ne sommes-nous pas bien ainsi ? On m'eût enfoncé un fer rouge dans le coeur que je n'eusse pas plus souffert. - Melchior, lui dis-je@ si une fois encore vous me parlez de la sorte, je vous quitte. Je suis du sang d'honnêtes gens ne me confondez pas avec les femmes que vous avez prises et abandonnées, Quand je vous ai suivi, ce n'est pas sans conditions. Vous m'avez promis de nae don-ner le titre auquel je renonçais pour yous, le seul qui ordi-nairement donne accès dans nos familles. Si vous entendez vous dédire, pariez je sais ce qui me reste à faire dans ce cas.
270 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. voulut faire ce qu'il appelait ses noces, et me promena de fête en fête, dans les environs de Paris. Nous étions alors dans la belle saison et au plus fort des spectacles forains Melchior n'en manqua pas un nous allions d'étape en étape dormant ici et là, comme deux oiseaux chassés de leur nid et qui perchent dans toutes les ramées. @Melchior était rendu à son élément il retrouvait sa vie d'aventures il se dédommageait de la longue contrainte qu'il s'était imposée pour me séduire, et se montrait dans son naturel. Cette nouvelle révolution n'avait rien de rassu-rant, et j'en suivais la marche avec une sorte d'épouvante. Déjà ! me disais-je. Et que sera-ce donc lorsque la lassitude s'en mêlera et que l'inconstance viendra à la suite ? Oh ! Marguerite ! Marguerite ! quel triste marché vous avez fait ! Entre un homme qui vous aimait et allait vous épouser, et un homme qui se jouait de vous et se proposait seule-ment de vous séduire, vous avez préféré le dernier. Vous l'avez préféré malgré tout, malgré vos serments, malgré vos engagements, malgré le voeu d'une mourante. Maintenant, soyez punie, vous l'aurez bien mérité. Oui, Ludovic, mon châtiment commençait il commença le jour même où je vous ai trahi. Nous nous aimions, Mel-chior et moi, mais de cet amour qui ne résiste pas au temps. Moi, je l'aimais en esclave, lui m'aimait en sultan. Il me tenait enchaînée par les liens du déshonneur, et plus d'une fois mon âme se révolta à cette pensée. Alors, je lui rappe-lais ses promesses et je le suppliais de remplacer par un lien régulier des relations auxquelles je ne m'accoutumais pas en les subissant. Un jour que j'insistai, il se dévoila. Bah ! s'écria-t-il, à quoi bon ? Ne sommes-nous pas bien ainsi ? On m'eût enfoncé un fer rouge dans le coeur que je n'eusse pas plus souffert. -@Melchior, lui dis-je, si une fois encore vous me parlez de la sorte, je vous quitte. Je suis du sang d'honnêtes gens ne me confondez pas avec les femmes que vous avez prises et abandonnées. Quand je vous ai suivi, ce n'est pas sans conditions. Vous m'avez promis de @me don-ner le titre auquel je renonçais pour vous, le seul qui ordi-nairement donne accès dans nos familles. Si vous entendez vous dédire, parlez je sais ce qui me reste à faire dans ce cas.
270 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. voulut faire ce qu'il appelait ses noces, et me promena de fête en fête, dans les environs de Paris. Nous étions alors dans la belle saison et au plus fort des spectacles forains Melchior n'en manqua pas un nous allions d'étape en étape dormant ici et là, comme deux oiseaux chassés de leur nid et qui perchent dans toutes les ramées. @Melchior était rendu à son élément il retrouvait sa vie d'aventures il se dédommageait de la longue contrainte qu'il s'était imposée pour me séduire, et se montrait dans son naturel. Cette nouvelle révolution n'avait rien de rassu-rant, et j'en suivais la marche avec une sorte d'épouvante. Déjà ! me disais-je. Et que sera-ce donc lorsque la lassitude s'en mêlera et que l'inconstance viendra à la suite ? Oh ! Marguerite ! Marguerite ! quel triste marché vous avez fait ! Entre un homme qui vous aimait et allait vous épouser, et un homme qui se jouait de vous et se proposait seule-ment de vous séduire, vous avez préféré le dernier. Vous l'avez préféré malgré tout, malgré vos serments, malgré vos engagements, malgré le voeu d'une mourante. Maintenant, soyez punie, vous l'aurez bien mérité. Oui, Ludovic, mon châtiment commençait il commença le jour même où je vous ai trahi. Nous nous aimions, Mel-chior et moi, mais de cet amour qui ne résiste pas au temps. Moi, je l'aimais en esclave, lui m'aimait en sultan. Il me tenait enchaînée par les liens du déshonneur, et plus d'une fois mon âme se révolta à cette pensée. Alors, je lui rappe-lais ses promesses et je le suppliais de remplacer par un lien régulier des relations auxquelles je ne m'accoutumais pas en les subissant. Un jour que j'insistai, il se dévoila. Bah ! s'écria-t-il, à quoi bon ? Ne sommes-nous pas bien ainsi ? On m'eût enfoncé un fer rouge dans le coeur que je n'eusse pas plus souffert. -@Melchior, lui dis-je, si une fois encore vous me parlez de la sorte, je vous quitte. Je suis du sang d'honnêtes gens ne me confondez pas avec les femmes que vous avez prises et abandonnées. Quand je vous ai suivi, ce n'est pas sans conditions. Vous m'avez promis de @me don-ner le titre auquel je renonçais pour vous, le seul qui ordi-nairement donne accès dans nos familles. Si vous entendez vous dédire, parlez je sais ce qui me reste à faire dans ce cas.
270 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. voulut faire ce qu'il appelait ses noces, et me promena de fête en fête, dans les environs de Paris. Nous étions alors dans la belle saison et au plus fort des spectacles forains Melchior n'en manqua pas un nous allions d'étape en étape dormant ici et là, comme deux oiseaux chassés de leur nid et qui perchent dans toutes les ramées. Melchior était rendu à son élément il retrouvait sa vie d'aventures il se dédommageait de la longue contrainte qu'il s'était imposée pour me séduire, et se montrait dans son naturel. Cette nouvelle révolution n'avait rien de rassu-rant, et j'en suivais la marche avec une sorte d'épouvante. Déjà ! me disais-je. Et que sera-ce donc lorsque la lassitude s'en mêlera et que l'inconstance viendra à la suite ? Oh ! Marguerite ! Marguerite ! quel triste marché vous avez fait ! Entre un homme qui vous aimait et allait vous épouser, et un homme qui se jouait de vous et se proposait seule-ment de vous séduire, vous avez préféré le dernier. Vous l'avez préféré malgré tout, malgré vos serments, malgré vos engagements, malgré le voeu d'une mourante. Maintenant, soyez punie, vous l'aurez bien mérité. Oui, Ludovic, mon châtiment commençait il commença le jour même où je vous ai trahi. Nous nous aimions, Mel-chior et moi, mais de cet amour qui ne résiste pas au temps. Moi, je l'aimais en esclave, lui m'aimait en sultan. Il me tenait enchaînée par les liens du déshonneur, et plus d'une fois mon âme se révolta à cette pensée. Alors, je lui rappe-lais ses promesses et je le suppliais de remplacer par un lien régulier des relations auxquelles je ne m'accoutumais pas en les subissant. Un jour que j'insistai, il se dévoila. Bah ! s'écria-t-il, à quoi bon ? Ne sommes-nous pas bien ainsi ? On m'eût enfoncé un fer rouge dans le coeur que je n'eusse pas plus souffert. -Melchior, lui dis-je, si une fois encore vous me parlez de la sorte, je vous quitte. Je suis du sang d'honnêtes gens ne me confondez pas avec les femmes que vous avez prises et abandonnées. Quand je vous ai suivi, ce n'est pas sans conditions. Vous m'avez promis de me don-ner le titre auquel je renonçais pour vous, le seul qui ordi-nairement donne accès dans nos familles. Si vous entendez vous dédire, parlez je sais ce qui me reste à faire dans ce cas.
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60 L'ART DE MAGNÉTISER L'harmonie entre l'âme et le corps doit être parfaite il faut que le cerveau, si nécessaire aux opérations de l'âme, ait atteint la perfection qui lui est propre, car si l'âme a des propriétés qui lui sont particulières, le corps lui sert tou-jours d'instrument. On comprendra pourquoi une chute sur la tête, une fièvre célébrale, peuvent déranger les facultés intellectuelles. L'âme n'est point altérée par le mauvais état de l'instrument, mais elle est condamnée à l'inertie, l'harmonie étant rompue. L'âme et le corps ont une vie qui leur est propre, et qui, parfaitement harmonisée, constitue la vie normale de l'homme. Le corps, tout matériel, a besoin d'un repos qu'il trouve dans le sommeil mais l'âme veille pendant ce temps, et, dégagée en quelque sorte des liens qui la retiennent, elle vit de sa vie particulière et jouit entièrement des facul-tés qui lui sont propres. C'est ainsi que, dans cet état de repos, l'intelligence tra-vaille, que des tableaux réels et fictifs se déroulent dans des songes, que le corps agit machinalement, sans le secours des sens, sans avoir conscience de ce qu'il fait, et, qui plus est, sans aucune souvenance lorsque la vie commune est rétablie. Les phénomènes de l'éthérisation, qui ont quelque ana-logie avec ceux du magnétisme, et qu'il n'est pas possible de traiter de chimères, sont, avec ces mêmes phénomènes, incontestablement la preuve la plus frappante de la dualité du dynamisme humain, c'est-à-dire de l'existence des deux prin-cipes actifs du corps vivant et pensant, de la cause vitale et de la cause intellectuelle. J'ai vu plusieurs sujets qui subissaient l'influence des va-peurs éthérées et d'autres soumis à l'influence magnétique, continuer à répondre aux questions que je leur adressais, et me rendre un compte exact de leurs impressions du moment, tandis qu'ils paraissaient ne se ressentir en rien des graves opérations chirurgicales qu'on pratiquait sur eux. Le mouve-ment et le sentiment étaient entièrement abolis dans leur-organisme, tandis que l'intelligence n'avait rien perdu de son activité. L'esprit veillait, mais le corps était plongé dans une torpeur absolue.
60 L'ART DE MAGNÉTISER L'harmonie entre l'âme et le corps doit être parfaite il faut que le cerveau, si nécessaire aux opérations de l'âme, ait atteint la perfection qui lui est propre, car si l'âme a des propriétés qui lui sont particulières, le corps lui sert tou-jours d'instrument. On comprendra pourquoi une chute sur la tête, une fièvre célébrale, peuvent déranger les facultés intellectuelles. L'âme n'est point altérée par le mauvais état de l'instrument, mais elle est condamnée à l'inertie, l'harmonie étant rompue. L'âme et le corps ont une vie qui leur est propre, et qui, parfaitement harmonisée, constitue la vie normale de l'homme. Le corps, tout matériel, a besoin d'un repos qu'il trouve dans le sommeil mais l'âme veille pendant ce temps, et, dégagée en quelque sorte des liens qui la retiennent, elle vit de sa vie particulière et jouit entièrement des facul-tés qui lui sont propres. C'est ainsi que, dans cet état de repos, l'intelligence tra-vaille, que des tableaux réels et fictifs se déroulent dans des songes, que le corps agit machinalement, sans le secours des sens, sans avoir conscience de ce qu'il fait, et, qui plus est, sans aucune souvenance lorsque la vie commune est rétablie. Les phénomènes de l'éthérisation, qui ont quelque ana-logie avec ceux du magnétisme, et qu'il n'est pas possible de traiter de chimères, sont, avec ces mêmes phénomènes, incontestablement la preuve la plus frappante de la dualité du dynamisme humain, c'est-à-dire de l'existence des deux prin-cipes actifs du corps vivant et pensant, de la cause vitale et de la cause intellectuelle. J'ai vu plusieurs sujets qui subissaient l'influence des va-peurs éthérées et d'autres soumis à l'influence magnétique, continuer à répondre aux questions que je leur adressais, et me rendre un compte exact de leurs impressions du moment, tandis qu'ils paraissaient ne se ressentir en rien des graves opérations chirurgicales qu'on pratiquait sur eux. Le mouve-ment et le sentiment étaient entièrement abolis dans leur-organisme, tandis que l'intelligence n'avait rien perdu de son activité. L'esprit veillait, mais le corps était plongé dans une torpeur absolue.
60 L'ART DE MAGNÉTISER L'harmonie entre l'âme et le corps doit être parfaite il faut que le cerveau, si nécessaire aux opérations de l'âme, ait atteint la perfection qui lui est propre, car si l'âme a des propriétés qui lui sont particulières, le corps lui sert tou-jours d'instrument. On comprendra pourquoi une chute sur la tête, une fièvre célébrale, peuvent déranger les facultés intellectuelles. L'âme n'est point altérée par le mauvais état de l'instrument, mais elle est condamnée à l'inertie, l'harmonie étant rompue. L'âme et le corps ont une vie qui leur est propre, et qui, parfaitement harmonisée, constitue la vie normale de l'homme. Le corps, tout matériel, a besoin d'un repos qu'il trouve dans le sommeil mais l'âme veille pendant ce temps, et, dégagée en quelque sorte des liens qui la retiennent, elle vit de sa vie particulière et jouit entièrement des facul-tés qui lui sont propres. C'est ainsi que, dans cet état de repos, l'intelligence tra-vaille, que des tableaux réels et fictifs se déroulent dans des songes, que le corps agit machinalement, sans le secours des sans, sans avoir conscience de ce qu'il fait, et@ qui plus est, sans aucune souvenance lorsque la vie commune est rétablie. Les phénomènes de l'éthérisation, qui ont quelque ana-logie avec ceux du magnétisme, et qu'il n'est pas possible de traiter de chimères, sont, avec ces mêmes phénomènes, incontestablement la preuve la plus frappante de la dualité du dynamisme humain, c'est-à-dire de l'existence des deux prin-cipes actifs du corps vivant et pensant, de la cause vitale et de la cause intellectuelle. J'ai vu plusieurs sujets qui subissaient l'influence des va-peurs éthérées et d'autres soumis à l'influence magnétique, continuer à répondre aux questions que je leur adressais, et me rendre un compte exact de leurs impressions du moment, tandis qu'ils paraissaient ne se ressentir en rien des graves opérations chirurgicales qu'on pratiquait sur eux. Le mouve-ment et le sentiment étaient entièrement abolis dans leur organisme, tandis que l'intelligence n'avait rien perdu de son activité. L'esprit veillait, mais le corps était plongé dans une torpeur absolue.
60 L'ART DE MAGNÉTISER L'harmonie entre l'âme et le corps doit être parfaite il faut que le cerveau, si nécessaire aux opérations de l'âme, ait atteint la perfection qui lui est propre, car si l'âme a des propriétés qui lui sont particulières, le corps lui sert tou-jours d'instrument. On comprendra pourquoi une chute sur la tête, une fièvre célébrale, peuvent déranger les facultés intellectuelles. L'âme n'est point altérée par le mauvais état de l'instrument, mais elle est condamnée à l'inertie, l'harmonie étant rompue. L'âme et le corps ont une vie qui leur est propre, et qui, parfaitement harmonisée, constitue la vie normale de l'homme. Le corps, tout matériel, a besoin d'un repos qu'il trouve dans le sommeil mais l'âme veille pendant ce temps, et, dégagée en quelque sorte des liens qui la retiennent, elle vit de sa vie particulière et jouit entièrement des facul-tés qui lui sont propres. C'est ainsi que, dans cet état de repos, l'intelligence tra-vaille, que des tableaux réels et fictifs se déroulent dans des songes, que le corps agit machinalement, sans le secours des sans, sans avoir conscience de ce qu'il fait, et@ qui plus est, sans aucune souvenance lorsque la vie commune est rétablie. Les phénomènes de l'éthérisation, qui ont quelque ana-logie avec ceux du magnétisme, et qu'il n'est pas possible de traiter de chimères, sont, avec ces mêmes phénomènes, incontestablement la preuve la plus frappante de la dualité du dynamisme humain, c'est-à-dire de l'existence des deux prin-cipes actifs du corps vivant et pensant, de la cause vitale et de la cause intellectuelle. J'ai vu plusieurs sujets qui subissaient l'influence des va-peurs éthérées et d'autres soumis à l'influence magnétique, continuer à répondre aux questions que je leur adressais, et me rendre un compte exact de leurs impressions du moment, tandis qu'ils paraissaient ne se ressentir en rien des graves opérations chirurgicales qu'on pratiquait sur eux. Le mouve-ment et le sentiment étaient entièrement abolis dans leur organisme, tandis que l'intelligence n'avait rien perdu de son activité. L'esprit veillait, mais le corps était plongé dans une torpeur absolue.
60 L'ART DE MAGNÉTISER L'harmonie entre l'âme et le corps doit être parfaite il faut que le cerveau, si nécessaire aux opérations de l'âme, ait atteint la perfection qui lui est propre, car si l'âme a des propriétés qui lui sont particulières, le corps lui sert tou-jours d'instrument. On comprendra pourquoi une chute sur la tête, une fièvre célébrale, peuvent déranger les facultés intellectuelles. L'âme n'est point altérée par le mauvais état de l'instrument, mais elle est condamnée à l'inertie, l'harmonie étant rompue. L'âme et le corps ont une vie qui leur est propre, et qui, parfaitement harmonisée, constitue la vie normale de l'homme. Le corps, tout matériel, a besoin d'un repos qu'il trouve dans le sommeil mais l'âme veille pendant ce temps, et, dégagée en quelque sorte des liens qui la retiennent, elle vit de sa vie particulière et jouit entièrement des facul-tés qui lui sont propres. C'est ainsi que, dans cet état de repos, l'intelligence tra-vaille, que des tableaux réels et fictifs se déroulent dans des songes, que le corps agit machinalement, sans le secours des sans, sans avoir conscience de ce qu'il fait, et qui plus est, sans aucune souvenance lorsque la vie commune est rétablie. Les phénomènes de l'éthérisation, qui ont quelque ana-logie avec ceux du magnétisme, et qu'il n'est pas possible de traiter de chimères, sont, avec ces mêmes phénomènes, incontestablement la preuve la plus frappante de la dualité du dynamisme humain, c'est-à-dire de l'existence des deux prin-cipes actifs du corps vivant et pensant, de la cause vitale et de la cause intellectuelle. J'ai vu plusieurs sujets qui subissaient l'influence des va-peurs éthérées et d'autres soumis à l'influence magnétique, continuer à répondre aux questions que je leur adressais, et me rendre un compte exact de leurs impressions du moment, tandis qu'ils paraissaient ne se ressentir en rien des graves opérations chirurgicales qu'on pratiquait sur eux. Le mouve-ment et le sentiment étaient entièrement abolis dans leur organisme, tandis que l'intelligence n'avait rien perdu de son activité. L'esprit veillait, mais le corps était plongé dans une torpeur absolue.
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33 dans des cas de paralysie, de chlorose , d'hystérie , d'asthme nerveux, de laringyte chronique et de sur-dité catarrliale on les trouve consignés pour la plu-part dans les comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, je me bornerai à indiquer l'in-fluence qu'elle exerce sur les jeunes sujets qui , par un vice de conformation ou un arrêt de développe-ment des organes de la respiration, offrent une prédo-minance marquée du système lymphatique, et sont affectés de cet état particulier d'inappétence qui leur fait repousser le régime diététique animal, dont l'indi-cation paraît si formelle pour relever leurs forces. Telle est la relation qui existe entre les fonctions digestives et la respiration , qu'à peine a-t-on donné à celle-ci une extension plus grande , aussitôt les premières prennent un surcroît d'activité extraordi-naire. On a donc vu des enfants ou des adolescents qui végétaient péniblement dans un état d'émaciation et épistaxis, des hémorragies utérines ou pulmonaires , entretenues par un état cachectique du sang, étaient supprimées avec la même rapidité. Ces faits servent de confirmation aux expériences et à l'opinion de MM. Andral et Gavarret qui attribuent à un défaut de fibrine la disposi-tion du sang à s'échapper à travers les parois des vaisseaux. Les succès obtenus par M. Tabarié , dans le traitement des fièvres inter-mittentes, en employant le bain d'air comprimé, semblent prouver aussi que ce moyen possède la propriété d'accroître le nombre des globules qui sont en moindre proportion dans ce genre de maladies. Du reste, puisque l'oxigénation complète du sang veineux est la condi-tion la plus essentielle de la perfection de l'hématose , 011 pouvait prévoira priori, qu'un accroissement de la densité du fluide respiré devait concourir puissamment à rétablir le rapport normal des divers éléments du sang.
33 dans des cas de paralysie, de chlorose , d'hystérie , d'asthme nerveux, de laringyte chronique et de sur-dité catarrliale on les trouve consignés pour la plu-part dans les comptes rendus de l'Académie@ des sciences de Paris, je me bornerai à indiquer l'in-fluence qu'elle exerce sur les jeunes sujets qui , par un vice de conformation ou un arrêt de développe-ment des organes de la respiration, offrent une prédo-minance marquée du système lymphatique, et sont affectés de cet état particulier d'inappétence qui leur fait repousser le régime diététique animal, dont l'indi-cation paraît si formelle pour relever leurs forces. Telle est la relation qui existe entre les fonctions digestives et la respiration , qu'à peine a-t-on donné à celle-ci une extension plus grande , aussitôt les premières prennent un surcroît d'activité extraordi-naire. On a donc vu des enfants ou des adolescents qui végétaient péniblement dans un état d'émaciation et épistaxis, des hémorragies utérines ou pulmonaires , entretenues par un état cachectique du sang, étaient supprimées avec la même rapidité. Ces faits servent de confirmation aux expériences et à l'opinion de MM. Andral et Gavarret qui attribuent à un défaut de fibrine la disposi-tion du sang à s'échapper à travers les parois des vaisseaux. Les succès obtenus par M. Tabarié , dans le traitement des fièvres inter-mittentes, en employant le bain d'air comprimé, semblent prouver aussi que ce moyen possède la propriété d'accroître le nombre des globules qui sont en moindre proportion dans ce genre de maladies. Du reste, puisque l'oxigénation complète du sang veineux est la condi-tion la plus essentielle de la perfection de l'hématose , 011 pouvait prévoir@a priori, qu'un accroissement de la densité du fluide respiré devait concourir puissamment à rétablir le rapport normal des divers éléments du sang.
33 dans des cas de paralysie, de chlorose@, d'hystérie@, d'asthme nerveux, de laringyte chronique et de sur-dité catarr@hale on les trouve consignés pour la plu-part dans les comptes-rendus de l'Académier des sciences de Paris, je me bornerai à indiquer l'in-fluence qu'elle exerce sur les jeunes sujets qui@, par un vice de conformation ou un arrêt de développe-ment des organes de la respiration, offrent une prédo-minance marquée du système lymphatique, et sont affectés de cet état particulier d'inappétence qui leur fait repousser le régime diététique animal, dont l'indi-cation paraît si formelle pour relever leurs forces. Telle est la relation qui existe entre les fonctions digestives et la respiration@, qu'à peine a-t-on donné à celle-ci une extension plus grande@, aussitôt les premières prennent un surcroît d'activité extraordi-naire. On a donc vu des enfants ou des adolescents qui végétaient péniblement dans un état d'émaciation et épistaxis, des hémorragies utérines ou pulmonaires@, entretenues par un état cachectique du sang, étaient supprimées avec la même rapidité. Ces faits servent de confirmation aux expériences et à l'opinion de MM. Andral et Gavarret qui attribuent à un défaut de fibrine la disposi-tion du sang à s'échapper à travers les parois des vaisseaux. Les succès obtenus par M. Tabarié@, dans le traitement des fièvres inter-mittentes, en employant le bain d'air comprimé, semblent prouver aussi que ce moyen possède la propriété d'accroître le nombre des globules qui sont en moindre proportion dans ce genre de maladies. Du reste, puisque l'oxigénation complète du sang veineux est la condi-tion la plus essentielle de la perfection de l'hématose@, @on pouvait prévoir à priori, qu'un accroissement de la densité du fluide respiré devait concourir puissamment à rétablir le rapport normal des divers éléments du sang.
33 dans des cas de paralysie, de chlorose@, d'hystérie@, d'asthme nerveux, de laringyte chronique et de sur-dité catarr@hale on les trouve consignés pour la plu-part dans les comptes-rendus de l'Académier des sciences de Paris, je me bornerai à indiquer l'in-fluence qu'elle exerce sur les jeunes sujets qui@, par un vice de conformation ou un arrêt de développe-ment des organes de la respiration, offrent une prédo-minance marquée du système lymphatique, et sont affectés de cet état particulier d'inappétence qui leur fait repousser le régime diététique animal, dont l'indi-cation paraît si formelle pour relever leurs forces. Telle est la relation qui existe entre les fonctions digestives et la respiration@, qu'à peine a-t-on donné à celle-ci une extension plus grande@, aussitôt les premières prennent un surcroît d'activité extraordi-naire. On a donc vu des enfants ou des adolescents qui végétaient péniblement dans un état d'émaciation et épistaxis, des hémorragies utérines ou pulmonaires@, entretenues par un état cachectique du sang, étaient supprimées avec la même rapidité. Ces faits servent de confirmation aux expériences et à l'opinion de MM. Andral et Gavarret qui attribuent à un défaut de fibrine la disposi-tion du sang à s'échapper à travers les parois des vaisseaux. Les succès obtenus par M. Tabarié@, dans le traitement des fièvres inter-mittentes, en employant le bain d'air comprimé, semblent prouver aussi que ce moyen possède la propriété d'accroître le nombre des globules qui sont en moindre proportion dans ce genre de maladies. Du reste, puisque l'oxigénation complète du sang veineux est la condi-tion la plus essentielle de la perfection de l'hématose@, @on pouvait prévoir à priori, qu'un accroissement de la densité du fluide respiré devait concourir puissamment à rétablir le rapport normal des divers éléments du sang.
33 dans des cas de paralysie, de chlorose, d'hystérie, d'asthme nerveux, de laringyte chronique et de sur-dité catarrhale on les trouve consignés pour la plu-part dans les comptes-rendus de l'Académier des sciences de Paris, je me bornerai à indiquer l'in-fluence qu'elle exerce sur les jeunes sujets qui, par un vice de conformation ou un arrêt de développe-ment des organes de la respiration, offrent une prédo-minance marquée du système lymphatique, et sont affectés de cet état particulier d'inappétence qui leur fait repousser le régime diététique animal, dont l'indi-cation paraît si formelle pour relever leurs forces. Telle est la relation qui existe entre les fonctions digestives et la respiration, qu'à peine a-t-on donné à celle-ci une extension plus grande, aussitôt les premières prennent un surcroît d'activité extraordi-naire. On a donc vu des enfants ou des adolescents qui végétaient péniblement dans un état d'émaciation et épistaxis, des hémorragies utérines ou pulmonaires, entretenues par un état cachectique du sang, étaient supprimées avec la même rapidité. Ces faits servent de confirmation aux expériences et à l'opinion de MM. Andral et Gavarret qui attribuent à un défaut de fibrine la disposi-tion du sang à s'échapper à travers les parois des vaisseaux. Les succès obtenus par M. Tabarié, dans le traitement des fièvres inter-mittentes, en employant le bain d'air comprimé, semblent prouver aussi que ce moyen possède la propriété d'accroître le nombre des globules qui sont en moindre proportion dans ce genre de maladies. Du reste, puisque l'oxigénation complète du sang veineux est la condi-tion la plus essentielle de la perfection de l'hématose, on pouvait prévoir à priori, qu'un accroissement de la densité du fluide respiré devait concourir puissamment à rétablir le rapport normal des divers éléments du sang.
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64 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE C'est ainsi qu'heureux d'une position qui lui permet-lait de suivre l'impulsion de son coeur plein de charité, l'abbé Nicolle se plaisait à la rendre profitable à tous ses infortunés compatriotes. Jamais sa main ne fut fer-mée, tant qu'il y eut des larmes à essuyer, tant qu'il y eut des aumônes à répandre. Ainsi l'archevêque de Pa-ris, ainsi l'évêque de Boulogne, dans la Basse-Saxe, ainsi une multitude de prêtres exilés dans les différen-tes contrées qui leur avaient offert un exil hospitalier, ressentirent, jusqu'à leur retour dans la patrie, les effets de son ingénieuse et infatigable charité. Tant de dévouement dans ses devoirs de maître, et tant d'empressement à se rendre aux voeux de tous ceux qui réclamaient son secours et son appui, devaient tout naturellement concilier au bon abbé l'estime et l'affec-tion générales. Il en reçut d'éclatants témoignages, lors de son départ de Saint-Pétersbourg. Les élèves, surtout, donnèrent à leur douleur une expression de vivacité, seule capable d'égaler la tendresse de leur amitié. Parmi ceux qui s'épanchèrent ainsi dans le sein de celui qu'ils appelaient leur père et leur ami, je choisis au hasard quelques noms. Ces souvenirs sont encore pleins de charme. Dans sa première lettre, le jeune de Ludolf, dont le père était ambassadeur de Naples à la cour de Russie, lui parle de son attachement, du souvenir qu'il gardera de ses soins, et il ajoute ces mots, si dignes d'un noble coeur
64 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE C'est ainsi qu'heureux d'une position qui lui permet-lait de suivre l'impulsion de son coeur plein de charité, l'abbé Nicolle se plaisait à la rendre profitable à tous ses infortunés compatriotes. Jamais sa main ne fut fer-mée, tant qu'il y eut des larmes à essuyer, tant qu'il y eut des aumônes à répandre. Ainsi l'archevêque de Pa-ris, ainsi l'évêque de Boulogne, dans la Basse-Saxe, ainsi une multitude de prêtres exilés dans les différen-tes contrées qui leur avaient offert un exil hospitalier, ressentirent, jusqu'à leur retour dans la patrie, les effets de son ingénieuse et infatigable charité. Tant de dévouement dans ses devoirs de maître, et tant d'empressement à se rendre aux voeux de tous ceux qui réclamaient son secours et son appui, devaient tout naturellement concilier au bon abbé l'estime et l'affec-tion générales. Il en reçut d'éclatants témoignages, lors de son départ de Saint-Pétersbourg. Les élèves, surtout, donnèrent à leur douleur une expression de vivacité, seule capable d'égaler la tendresse de leur amitié. Parmi ceux qui s'épanchèrent ainsi dans le sein de celui qu'ils appelaient leur père et leur ami, je choisis au hasard quelques noms. Ces souvenirs sont encore pleins de charme. Dans sa première lettre, le jeune de Ludolf, dont le père était ambassadeur de Naples à la cour de Russie, lui parle de son attachement, du souvenir qu'il gardera de ses soins, et il ajoute ces mots, si dignes d'un noble coeur
############################## ainsi qu'heureux d'une position qui lui permet-tait de suivre l'impulsion de son coeur plein de charité, l'abbé Nicolle se plaisait à la rendre profitable à tous ses infortunés compatriotes. Jamais sa main ne fut fer-mée, tant qu'il y eut des larmes à essuyer, tant qu'il y eut des aumônes à répandre. Ainsi l'archevêque de Pa-ris, ainsi l'évêque de Boulogne, dans la Basse-Saxe, ainsi une multitude de prêtres exilés dans les différen-tes contrées qui leur avaient offert un exil hospitalier, ressentirent, jusqu'à leur retour dans la patrie, les effets de son ingénieuse et infatigable charité. Tant de dévouement dans ses devoirs de maître, et tant d'empressement à se rendre aux voeux de tous ceux qui réclamaient son secours et son appui, devaient tout naturellement concilier au bon abbé l'estime et l'affec-tion générales. Il en reçut d'éclatants témoignages, lors de son départ de Saint-Pétersbourg. Les élèves, surtout, donnèrent à leur douleur une expression de vivacité, seule capable d'égaler la tendresse de leur amitié. Parmi ceux qui s'épanchèrent ainsi dans le sein de celui qu'ils appelaient leur père et leur ami, je choisis au hasard quelques noms. Ces souvenirs sont encore pleins de charme. Dans sa première lettre, le jeune de Ludolf, dont le père était ambassadeur de Naples à la cour de Russie, lui parle de son attachement, du souvenir qu'il gardera de ses soins, et il ajoute ces mots, si dignes d'un noble coeur
64 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE C'est ainsi qu'heureux d'une position qui lui permet-tait de suivre l'impulsion de son coeur plein de charité, l'abbé Nicolle se plaisait à la rendre profitable à tous ses infortunés compatriotes. Jamais sa main ne fut fer-mée, tant qu'il y eut des larmes à essuyer, tant qu'il y eut des aumônes à répandre. Ainsi l'archevêque de Pa-ris, ainsi l'évêque de Boulogne, dans la Basse-Saxe, ainsi une multitude de prêtres exilés dans les différen-tes contrées qui leur avaient offert un exil hospitalier, ressentirent, jusqu'à leur retour dans la patrie, les effets de son ingénieuse et infatigable charité. Tant de dévouement dans ses devoirs de maître, et tant d'empressement à se rendre aux voeux de tous ceux qui réclamaient son secours et son appui, devaient tout naturellement concilier au bon abbé l'estime et l'affec-tion générales. Il en reçut d'éclatants témoignages, lors de son départ de Saint-Pétersbourg. Les élèves, surtout, donnèrent à leur douleur une expression de vivacité, seule capable d'égaler la tendresse de leur amitié. Parmi ceux qui s'épanchèrent ainsi dans le sein de celui qu'ils appelaient leur père et leur ami, je choisis au hasard quelques noms. Ces souvenirs sont encore pleins de charme. Dans sa première lettre, le jeune de Ludolf, dont le père était ambassadeur de Naples à la cour de Russie, lui parle de son attachement, du souvenir qu'il gardera de ses soins, et il ajoute ces mots, si dignes d'un noble coeur
64 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE C'est ainsi qu'heureux d'une position qui lui permet-tait de suivre l'impulsion de son coeur plein de charité, l'abbé Nicolle se plaisait à la rendre profitable à tous ses infortunés compatriotes. Jamais sa main ne fut fer-mée, tant qu'il y eut des larmes à essuyer, tant qu'il y eut des aumônes à répandre. Ainsi l'archevêque de Pa-ris, ainsi l'évêque de Boulogne, dans la Basse-Saxe, ainsi une multitude de prêtres exilés dans les différen-tes contrées qui leur avaient offert un exil hospitalier, ressentirent, jusqu'à leur retour dans la patrie, les effets de son ingénieuse et infatigable charité. Tant de dévouement dans ses devoirs de maître, et tant d'empressement à se rendre aux voeux de tous ceux qui réclamaient son secours et son appui, devaient tout naturellement concilier au bon abbé l'estime et l'affec-tion générales. Il en reçut d'éclatants témoignages, lors de son départ de Saint-Pétersbourg. Les élèves, surtout, donnèrent à leur douleur une expression de vivacité, seule capable d'égaler la tendresse de leur amitié. Parmi ceux qui s'épanchèrent ainsi dans le sein de celui qu'ils appelaient leur père et leur ami, je choisis au hasard quelques noms. Ces souvenirs sont encore pleins de charme. Dans sa première lettre, le jeune de Ludolf, dont le père était ambassadeur de Naples à la cour de Russie, lui parle de son attachement, du souvenir qu'il gardera de ses soins, et il ajoute ces mots, si dignes d'un noble coeur
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-21 -salut et par les fonctions pastorales, qu'il n'y en avait pas un seul qui ne se rapportât à Dieu et à son service en sorte que l'on peut dire avec vérité que toute sa vie était, suivant le précepte de l'Évangile, une prière continuelle. Les premières heures de la matinée étaient consacrées à l'oraison, exercice indispensable aux minisires de la religion, utile même aux simples fidèles qui veulent avancer dans la piété il y trouvait des délices inexprimables. Il ne pas-sait aucun jour sans célébrer la sainte messe, et, autant qu'il était possible, il la disait alterna-tivement dans ses deux paroisses, afin que cha-cune pût y assister à son tour c'est ainsi qu'il savait s'accommoder aux besoins spirituels de son troupeau. Il ne connaissait, à cet égard, ni la gêne, ni la fatigue, ni les prétextes dont s'au-torise la tiédeur pour se dispenser d'offrir chaque jour le sacrifice adorable qui sanctifie les vivants et soulage les morts. La pureté habituelle de sa conscience lui permettait d'avoir ces communi-cations fréquentes avec son Dieu. L'auteur d'un abrégé historique de sa vie, qui avait été sou confesseur, nous apprend qu'il s'approchait très souvent du tribunal de la pénitence, et ne le faisait jamais sans la plus exacte préparation. Sa messe était suivie d'une heure d'action de grâces. Il se mettait ensuite au travail, et l'interrompait
-21 -salut et par les fonctions pastorales, qu'il n'y en avait pas un seul qui ne se rapportât à Dieu et à son service en sorte que l'on peut dire avec vérité que toute sa vie était, suivant le précepte de l'Évangile, une prière continuelle. Les premières heures de la matinée étaient consacrées à l'oraison, exercice indispensable aux minisires de la religion, utile même aux simples fidèles qui veulent avancer dans la piété il y trouvait des délices inexprimables. Il ne pas-sait aucun jour sans célébrer la sainte messe, et, autant qu'il était possible, il la disait alterna-tivement dans ses deux paroisses, afin que cha-cune pût y assister à son tour c'est ainsi qu'il savait s'accommoder aux besoins spirituels de son troupeau. Il ne connaissait, à cet égard, ni la gêne, ni la fatigue, ni les prétextes dont s'au-torise la tiédeur pour se dispenser d'offrir chaque jour le sacrifice adorable qui sanctifie les vivants et soulage les morts. La pureté habituelle de sa conscience lui permettait d'avoir ces communi-cations fréquentes avec son Dieu. L'auteur d'un abrégé historique de sa vie, qui avait été sou confesseur, nous apprend qu'il s'approchait très souvent du tribunal de la pénitence, et ne le faisait jamais sans la plus exacte préparation. Sa messe était suivie d'une heure d'action de grâces. Il se mettait ensuite au travail, et l'interrompait
########## et par les fonctions pastorales, qu'il n'y en avait pas un seul qui ne se rapportât à Dieu et à son service en sorte que l'on peut dire avec vérité que toute sa vie était, suivant le précepte de l'Évangile, une prière continuelle. Les premières heures de la matinée étaient consacrées à l'oraison, exercice indispensable aux minisires de la religion, utile même aux simples fidèles qui veulent avancer dans la piété il y trouvait des délices inexprimables. Il ne pas-sait aucun jour sans célébrer la sainte messe, et, autant qu'il était possible, il la disait alterna-tivement dans ses deux paroisses, afin que cha-cune pût y assister à son tour c'est ainsi qu'il savait s'accommoder aux besoins spirituels de son troupeau. Il ne connaissait, à cet égard, ni la gêne, ni la fatigue, ni les prétextes dont s'au-torise la tiédeur pour se dispenser d'offrir chaque jour le sacrifice adorable qui sanctifie les vivants et soulage les morts. La pureté habituelle de sa conscience lui permettait d'avoir ces communi-cations fréquentes avec son Dieu. L'auteur d'un abrégé historique de sa vie, qui avait été son confesseur, nous apprend qu'il s'approchait très souvent du tribunal de la pénitence, et ne le faisait jamais sans la plus exacte préparation. Sa messe était suivie d'une heure d'action de grâces. Il se mettait ensuite au travail, et l'interrompait
-21 -salut et par les fonctions pastorales, qu'il n'y en avait pas un seul qui ne se rapportât à Dieu et à son service en sorte que l'on peut dire avec vérité que toute sa vie était, suivant le précepte de l'Évangile, une prière continuelle. Les premières heures de la matinée étaient consacrées à l'oraison, exercice indispensable aux minisires de la religion, utile même aux simples fidèles qui veulent avancer dans la piété il y trouvait des délices inexprimables. Il ne pas-sait aucun jour sans célébrer la sainte messe, et, autant qu'il était possible, il la disait alterna-tivement dans ses deux paroisses, afin que cha-cune pût y assister à son tour c'est ainsi qu'il savait s'accommoder aux besoins spirituels de son troupeau. Il ne connaissait, à cet égard, ni la gêne, ni la fatigue, ni les prétextes dont s'au-torise la tiédeur pour se dispenser d'offrir chaque jour le sacrifice adorable qui sanctifie les vivants et soulage les morts. La pureté habituelle de sa conscience lui permettait d'avoir ces communi-cations fréquentes avec son Dieu. L'auteur d'un abrégé historique de sa vie, qui avait été son confesseur, nous apprend qu'il s'approchait très souvent du tribunal de la pénitence, et ne le faisait jamais sans la plus exacte préparation. Sa messe était suivie d'une heure d'action de grâces. Il se mettait ensuite au travail, et l'interrompait
-21 -salut et par les fonctions pastorales, qu'il n'y en avait pas un seul qui ne se rapportât à Dieu et à son service en sorte que l'on peut dire avec vérité que toute sa vie était, suivant le précepte de l'Évangile, une prière continuelle. Les premières heures de la matinée étaient consacrées à l'oraison, exercice indispensable aux minisires de la religion, utile même aux simples fidèles qui veulent avancer dans la piété il y trouvait des délices inexprimables. Il ne pas-sait aucun jour sans célébrer la sainte messe, et, autant qu'il était possible, il la disait alterna-tivement dans ses deux paroisses, afin que cha-cune pût y assister à son tour c'est ainsi qu'il savait s'accommoder aux besoins spirituels de son troupeau. Il ne connaissait, à cet égard, ni la gêne, ni la fatigue, ni les prétextes dont s'au-torise la tiédeur pour se dispenser d'offrir chaque jour le sacrifice adorable qui sanctifie les vivants et soulage les morts. La pureté habituelle de sa conscience lui permettait d'avoir ces communi-cations fréquentes avec son Dieu. L'auteur d'un abrégé historique de sa vie, qui avait été son confesseur, nous apprend qu'il s'approchait très souvent du tribunal de la pénitence, et ne le faisait jamais sans la plus exacte préparation. Sa messe était suivie d'une heure d'action de grâces. Il se mettait ensuite au travail, et l'interrompait
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8L'ART DE MAGNÉTISER miques furent entièrement déconcertées un sténographe avait suivi la lecture du rapport, et il le publia dans l'intérêt de la science. L'Académie de médecine enterra donc le magnétisme dans ses cartons c'est toujours et pour tout la même histoire le passé ne corrige point les corps savants. Mais on ne doit pas s'étonner de l'opposition que rencon-tra et que rencontre encore le magnétisme il n'est pas une seule découverte qui n'ait eu ses détracteurs c'est ainsi que la plupart des hommes de génie qui ont enrichi la science se sont vu traités de charlatans, d'imposteurs, ont été persécutés et quelquefois mis à mort. L'inventeur de l'eau-de-vie fut brûlé comme sorcier Salomon de Caux, qui découvrit la vapeur, fut enfermé dans la maison des fous Galilée fut traîné la corde au cou sur la place publique, pour y faire amende honorable enfin, l'ancienne Faculté de médecine, après avoir nié la circulation du sang, la vaccine, s'opposa formellement à ce que la chimie fût enseignée en France, comme étant, pour bonnes causes et considéra-tions, défendue par arrêt duParlement . Mais jetons un coup d'oeil en arrière, et mettons en opposition au mauvais vouloir des deux Académies, l'opinion des savants dont le nom seul est une autorité. Avicenne, savant médecin, auquel les sciences mathéma-tiques doivent plusieurs travaux remarquables, et qui vivait au onzième siècle de 980 à 1036 , dit dans un de ses ouvrages De la nature, ch. vi, page 56 L'âme peut agir non seulement sur son propre corps, mais aussi sur les corps éloignés .elle peut, en consé-quence, les attirer, les fasciner, les rendre malades ou les guérir. Ficin, qui écrivait en 1460 De vita coelitus comparanda , dit au chapitre xxi Si une vapeur ou un certain esprit, lancé par les rayons des yeux ou autrement émis, peut fasciner, infecter et autrement affecter une personne qui est près de vous, à plus forte raison vous devez vous attendre à un effet plus marqué quand cet agent découle de la volonté et du coeur
8L'ART DE MAGNÉTISER miques furent entièrement déconcertées un sténographe avait suivi la lecture du rapport, et il le publia dans l'intérêt de la science. L'Académie de médecine enterra donc le magnétisme dans ses cartons c'est toujours et pour tout la même histoire le passé ne corrige point les corps savants. Mais on ne doit pas s'étonner de l'opposition que rencon-tra et que rencontre encore le magnétisme il n'est pas une seule découverte qui n'ait eu ses détracteurs c'est ainsi que la plupart des hommes de génie qui ont enrichi la science se sont vu traités de charlatans, d'imposteurs, ont été persécutés et quelquefois mis à mort. L'inventeur de l'eau-de-vie fut brûlé comme sorcier Salomon de Caux, qui découvrit la vapeur, fut enfermé dans la maison des fous Galilée fut traîné la corde au cou sur la place publique, pour y faire amende honorable enfin, l'ancienne Faculté de médecine, après avoir nié la circulation du sang, la vaccine, s'opposa formellement à ce que la chimie fût enseignée en France, comme étant, pour bonnes causes et considéra-tions, défendue par arrêt du@Parlement . Mais jetons un coup d'oeil en arrière, et mettons en opposition au mauvais vouloir des deux Académies, l'opinion des savants dont le nom seul est une autorité. Avicenne, savant médecin, auquel les sciences mathéma-tiques doivent plusieurs travaux remarquables, et qui vivait au onzième siècle de 980 à 1036 , dit dans un de ses ouvrages De la nature, ch. vi, page 56 L'âme peut agir non seulement sur son propre corps, mais aussi sur les corps éloignés .elle peut, en consé-quence, les attirer, les fasciner, les rendre malades ou les guérir. Ficin, qui écrivait en 1460 De vita coelitus comparanda , dit au chapitre xxi Si une vapeur ou un certain esprit, lancé par les rayons des yeux ou autrement émis, peut fasciner, infecter et autrement affecter une personne qui est près de vous, à plus forte raison vous devez vous attendre à un effet plus marqué quand cet agent découle de la volonté et du coeur
8L'ART DE MAGNÉTISER miques furent entièrement déconcertées un sténographe avait suivi la lecture du rapport, et il le publia dans l'intérêt de la science. L'Académie de médecine enterra donc le magnétisme dans ses cartons c'est toujours et pour tout la même histoire le passé ne corrige point les corps savants. Mais on ne doit pas s'étonner de l'opposition que rencon-tra et que rencontre encore le magnétisme il n'est pas une seule découverte qui n'ait eu ses détracteurs c'est ainsi que la plupart des hommes de génie qui ont enrichi la science se sont vu traités de charlatans, d'imposteurs, ont été persécutés et quelquefois mis à mort. L'inventeur de l'eau-de-vie fut brûlé comme sorcier Salomon de Caux, qui découvrit la vapeur, fut enfermé dans la maison des fous Galilée fut trainé la corde au cou sur la place publique, pour y faire amende honorable enfin, l'ancienne Faculté de médecine, après avoir nié la circulation du sang, la vaccine, s'opposa formellement à ce que la chimie fût enseignée en France, comme étant, pour bonnes causes et considéra-tions, défendue par arrêt du Parlement . Mais jetons un coup d'oeil en arrière, et mettons en opposition au mauvais vouloir des deux Académies, l'opinion des savants dont le nom seul est une autorité. Avicenne, savant médecin, auquel les sciences mathéma-tiques doivent plusieurs travaux remarquables, et qui vivait au onzième siècle de 980 à 1036 , dit dans un de ses ouvrages De la nature, ch. VI, page 56 L'âme peut agir non seulement sur son propre corps, mais aussi sur les corps éloignés @elle peut, en consé-quence, les attirer, les fasciner, les rendre malades ou les guérir. Ficin, qui écrivait en 1460 De vita coelitus comparanda , dit au chapitre XXI Si une vapeur ou un certain esprit, lancé par les rayons des yeux ou autrement émis, peut fasciner, infecter et autrement affecter une personne qui est près de vous, à plus forte raison vous devez vous attendre à un effet plus marqué quand cet agent découle de la volonté et du coeur
8L'ART DE MAGNÉTISER miques furent entièrement déconcertées un sténographe avait suivi la lecture du rapport, et il le publia dans l'intérêt de la science. L'Académie de médecine enterra donc le magnétisme dans ses cartons c'est toujours et pour tout la même histoire le passé ne corrige point les corps savants. Mais on ne doit pas s'étonner de l'opposition que rencon-tra et que rencontre encore le magnétisme il n'est pas une seule découverte qui n'ait eu ses détracteurs c'est ainsi que la plupart des hommes de génie qui ont enrichi la science se sont vu traités de charlatans, d'imposteurs, ont été persécutés et quelquefois mis à mort. L'inventeur de l'eau-de-vie fut brûlé comme sorcier Salomon de Caux, qui découvrit la vapeur, fut enfermé dans la maison des fous Galilée fut trainé la corde au cou sur la place publique, pour y faire amende honorable enfin, l'ancienne Faculté de médecine, après avoir nié la circulation du sang, la vaccine, s'opposa formellement à ce que la chimie fût enseignée en France, comme étant, pour bonnes causes et considéra-tions, défendue par arrêt du Parlement . Mais jetons un coup d'oeil en arrière, et mettons en opposition au mauvais vouloir des deux Académies, l'opinion des savants dont le nom seul est une autorité. Avicenne, savant médecin, auquel les sciences mathéma-tiques doivent plusieurs travaux remarquables, et qui vivait au onzième siècle de 980 à 1036 , dit dans un de ses ouvrages De la nature, ch. VI, page 56 L'âme peut agir non seulement sur son propre corps, mais aussi sur les corps éloignés @elle peut, en consé-quence, les attirer, les fasciner, les rendre malades ou les guérir. Ficin, qui écrivait en 1460 De vita coelitus comparanda , dit au chapitre XXI Si une vapeur ou un certain esprit, lancé par les rayons des yeux ou autrement émis, peut fasciner, infecter et autrement affecter une personne qui est près de vous, à plus forte raison vous devez vous attendre à un effet plus marqué quand cet agent découle de la volonté et du coeur
8L'ART DE MAGNÉTISER miques furent entièrement déconcertées un sténographe avait suivi la lecture du rapport, et il le publia dans l'intérêt de la science. L'Académie de médecine enterra donc le magnétisme dans ses cartons c'est toujours et pour tout la même histoire le passé ne corrige point les corps savants. Mais on ne doit pas s'étonner de l'opposition que rencon-tra et que rencontre encore le magnétisme il n'est pas une seule découverte qui n'ait eu ses détracteurs c'est ainsi que la plupart des hommes de génie qui ont enrichi la science se sont vu traités de charlatans, d'imposteurs, ont été persécutés et quelquefois mis à mort. L'inventeur de l'eau-de-vie fut brûlé comme sorcier Salomon de Caux, qui découvrit la vapeur, fut enfermé dans la maison des fous Galilée fut trainé la corde au cou sur la place publique, pour y faire amende honorable enfin, l'ancienne Faculté de médecine, après avoir nié la circulation du sang, la vaccine, s'opposa formellement à ce que la chimie fût enseignée en France, comme étant, pour bonnes causes et considéra-tions, défendue par arrêt du Parlement . Mais jetons un coup d'oeil en arrière, et mettons en opposition au mauvais vouloir des deux Académies, l'opinion des savants dont le nom seul est une autorité. Avicenne, savant médecin, auquel les sciences mathéma-tiques doivent plusieurs travaux remarquables, et qui vivait au onzième siècle de 980 à 1036 , dit dans un de ses ouvrages De la nature, ch. VI, page 56 L'âme peut agir non seulement sur son propre corps, mais aussi sur les corps éloignés elle peut, en consé-quence, les attirer, les fasciner, les rendre malades ou les guérir. Ficin, qui écrivait en 1460 De vita coelitus comparanda , dit au chapitre XXI Si une vapeur ou un certain esprit, lancé par les rayons des yeux ou autrement émis, peut fasciner, infecter et autrement affecter une personne qui est près de vous, à plus forte raison vous devez vous attendre à un effet plus marqué quand cet agent découle de la volonté et du coeur
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78 L'ART DE MAGNÉTISER Dans la même séance, un jeune homme conduit par un médecin fut jeté dans le même état il se nommait Guerhard. Sommeil - Paralysie - Insensibilité - Catalepsie - Paralysie des sens. # Le sommeil magnétique est le résultat de l'envahissement entier du système nerveux par le fluide du magnétiseur. Les effets, qui souvent ne sont que superficiels dans l'état de veille ou dans l'état de somnolence, deviennent profonds, entiers et complets dans le sommeil. Toutes les fois que j'ai produit le sommeil magnétique à l'aide de la méthode que j'ai indiquée, j'ai obtenu l'insensibilité complète non seulement du corps, mais des sens. La paralysie des sens ne s'obtient ordinaire ment que pendant le sommeil. Il est cependant des personnes sur lesquelles la paralysie des sens peut s'obtenir pendant la veille, et quelquefois même elle s'obtient sur celles qui n'ont jamais été magnétisées. Les plus grands bruits, les plus vives douleurs, les odeurs les plus pénétrantes, etc., ne pourraient détruire cet état il faut qu'il y ait dégagement du fluide communiqué il faut débarrasser entièrement le cerveau de tout le fluide que l'on a accumulé, sans cela point de réveil possible. La volonté que l'on emploiera, selon la méthode de tous les auteurs, ne pourra détruire cet 'état il faut qu'il y ait action physique employée pour détruire l'action dont la cause est toute physique. Un fait arrivé dernièrement à un magnétiseur très expéri-menté, mais grand apôtre de la volonté, comme cause des effets magnétiques, est venu, probablement sans le vouloir, à l'appui de la théorie que j'ai avancée. Il avait endormi unjeune homme qu'il magnétise quelque-fois il lui avait apparemment communiqué une plus grande quantité de fluide au bout de quelques minutes, il voulut le réveiller, mais il ne put y parvenir. Le magnétiseur se retira alors dans une chambre voisine, en disant qu'il est des cas où il faut s'éloigner du sujet pour obtenir la cessation des effets magnétiques,
78 L'ART DE MAGNÉTISER Dans la même s@éance, un jeune homme conduit par un médecin fut jeté dans le même état il se nommait Guerhard. Sommeil - Paralysie - Insensibilité - Catalepsie - Paralysie des sens. # Le sommeil magnétique est le résultat de l'envahissement entier du système nerveux par le fluide du magnétiseur. Les effets, qui souvent ne sont que superficiels dans l'état de veille ou dans l'état de somnolence, deviennent profonds, entiers et complets dans le sommeil. Toutes les fois que j'ai produit le sommeil magnétique à l'aide de la méthode que j'ai indiquée, j'ai obtenu l'insensibilité complète non seulement du corps, mais des sens. La paralysie des sens ne s'obtient ordinaire ment que pendant le sommeil. Il est cependant des personnes sur lesquelles la paralysie des sens peut s'obtenir pendant la veille, et quelquefois même elle s'obtient sur celles qui n'ont jamais été magnétisées. Les plus grands bruits, les plus vives douleurs, les odeurs les plus pénétrantes, etc., ne pourraient détruire cet état il faut qu'il y ait dégagement du fluide communiqué il faut débarrasser entièrement le cerveau de tout le fluide que l'on a accumulé, sans cela point de réveil possible. La volonté que l'on emploiera, selon la méthode de tous les auteurs, ne pourra détruire cet 'état il faut qu'il y ait action physique employée pour détruire l'action dont la cause est toute physique. Un fait arrivé dernièrement à un magnétiseur très expéri-menté, mais grand apôtre de la volonté, comme cause des effets magnétiques, est venu, probablement sans le vouloir, à l'appui de la théorie que j'ai avancée. Il avait endormi un@jeune homme qu'il magnétise quelque-fois il lui avait apparemment communiqué une plus grande quantité de fluide au bout de quelques minutes, il voulut le réveiller, mais il ne put y parvenir. Le magnétiseur se retira alors dans une chambre voisine, en disant qu'il est des cas où il faut s'éloigner du sujet pour obtenir la cessation des effets magnétiques,
78 L'ART DE MAGNÉTISER Dans la même scéance, un jeune homme conduit par un médecin fut jeté dans le même état il se nommait Guerhard. Sommeil -@Paralysie -@Insensibilité -@Catalepsie -@Paralysie des sens.s. Le sommeil magnétique est le résultat de l'envahissement entier du système nerveux par le fluide du magnétiseur. Les effets, qui souvent ne sont que superficiels dans l'état de veille ou dans l'état de somnolence, deviennent profonds, entiers et complets dans le sommeil. Toutes les fois que j'ai produit le sommeil magnétique à l'aide de la méthode que j'ai indiquée, j'ai obtenu l'insensibilité complète non seulement du corps, mais des sens. La paralysie des sens ne s'obtient ordinaire ment que pendant le sommeil. Il est cependant des personnes sur lesquelles la paralysie des sens peut s'obtenir pendant la veille, et quelquefois même elle s'obtient sur celles qui n'ont jamais été magnétisées. Les plus grands bruits, les plus vives douleurs, les odeurs les plus pénétrantes, etc., ne pourraient détruire cet état il faut qu'il y ait dégagement du fluide communiqué il faut débarrasser entièrement le cerveau de tout le fluide que l'on a accumulé, sans cela point de réveil possible. La volonté que l'on emploiera, selon la méthode de tous les auteurs, ne pourra détruire cet @état il faut qu'il y ait action physique employée pour détruire l'action dont la cause est toute physique. Un fait arrivé dernièrement à un magnétiseur très expéri-menté, mais grand apôtre de la volonté, comme cause des effets magnétiques, est venu, probablement sans le vouloir, à l'appui de la théorie que j'ai avancée. Il avait endormi un jeune homme qu'il magnétise quelque-fois il lui avait apparemment communiqué une plus grande quantité de fluide au bout de quelques minutes, il voulut le réveiller, mais il ne put y parvenir. Le magnétiseur se retira alors dans une chambre voisine, en disant qu'il est des cas où il faut s'éloigner du sujet pour obtenir la cessation des effets ############
78 L'ART DE MAGNÉTISER Dans la même scéance, un jeune homme conduit par un médecin fut jeté dans le même état il se nommait Guerhard. Sommeil -@Paralysie -@Insensibilité -@Catalepsie -@Paralysie des sens.s. Le sommeil magnétique est le résultat de l'envahissement entier du système nerveux par le fluide du magnétiseur. Les effets, qui souvent ne sont que superficiels dans l'état de veille ou dans l'état de somnolence, deviennent profonds, entiers et complets dans le sommeil. Toutes les fois que j'ai produit le sommeil magnétique à l'aide de la méthode que j'ai indiquée, j'ai obtenu l'insensibilité complète non seulement du corps, mais des sens. La paralysie des sens ne s'obtient ordinaire ment que pendant le sommeil. Il est cependant des personnes sur lesquelles la paralysie des sens peut s'obtenir pendant la veille, et quelquefois même elle s'obtient sur celles qui n'ont jamais été magnétisées. Les plus grands bruits, les plus vives douleurs, les odeurs les plus pénétrantes, etc., ne pourraient détruire cet état il faut qu'il y ait dégagement du fluide communiqué il faut débarrasser entièrement le cerveau de tout le fluide que l'on a accumulé, sans cela point de réveil possible. La volonté que l'on emploiera, selon la méthode de tous les auteurs, ne pourra détruire cet @état il faut qu'il y ait action physique employée pour détruire l'action dont la cause est toute physique. Un fait arrivé dernièrement à un magnétiseur très expéri-menté, mais grand apôtre de la volonté, comme cause des effets magnétiques, est venu, probablement sans le vouloir, à l'appui de la théorie que j'ai avancée. Il avait endormi un jeune homme qu'il magnétise quelque-fois il lui avait apparemment communiqué une plus grande quantité de fluide au bout de quelques minutes, il voulut le réveiller, mais il ne put y parvenir. Le magnétiseur se retira alors dans une chambre voisine, en disant qu'il est des cas où il faut s'éloigner du sujet pour obtenir la cessation des effets magnétiques,
78 L'ART DE MAGNÉTISER Dans la même scéance, un jeune homme conduit par un médecin fut jeté dans le même état il se nommait Guerhard. Sommeil -Paralysie -Insensibilité -Catalepsie -Paralysie des sens.s. Le sommeil magnétique est le résultat de l'envahissement entier du système nerveux par le fluide du magnétiseur. Les effets, qui souvent ne sont que superficiels dans l'état de veille ou dans l'état de somnolence, deviennent profonds, entiers et complets dans le sommeil. Toutes les fois que j'ai produit le sommeil magnétique à l'aide de la méthode que j'ai indiquée, j'ai obtenu l'insensibilité complète non seulement du corps, mais des sens. La paralysie des sens ne s'obtient ordinaire ment que pendant le sommeil. Il est cependant des personnes sur lesquelles la paralysie des sens peut s'obtenir pendant la veille, et quelquefois même elle s'obtient sur celles qui n'ont jamais été magnétisées. Les plus grands bruits, les plus vives douleurs, les odeurs les plus pénétrantes, etc., ne pourraient détruire cet état il faut qu'il y ait dégagement du fluide communiqué il faut débarrasser entièrement le cerveau de tout le fluide que l'on a accumulé, sans cela point de réveil possible. La volonté que l'on emploiera, selon la méthode de tous les auteurs, ne pourra détruire cet état il faut qu'il y ait action physique employée pour détruire l'action dont la cause est toute physique. Un fait arrivé dernièrement à un magnétiseur très expéri-menté, mais grand apôtre de la volonté, comme cause des effets magnétiques, est venu, probablement sans le vouloir, à l'appui de la théorie que j'ai avancée. Il avait endormi un jeune homme qu'il magnétise quelque-fois il lui avait apparemment communiqué une plus grande quantité de fluide au bout de quelques minutes, il voulut le réveiller, mais il ne put y parvenir. Le magnétiseur se retira alors dans une chambre voisine, en disant qu'il est des cas où il faut s'éloigner du sujet pour obtenir la cessation des effets magnétiques,
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EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 103 gênée il crut d'abord qu'on allait lui parler de quelque peine de coeur, et il s'apprêtait à rire, mais Mme de V. attribua cette affection à un excès de travail et prescrivit le repos, ce qui lui rendit sa gravité et lui fit faire de sérieuses réflexions sur les destinées des pharmaciens, par suite de l'adoption du magnétisme. Enfin une troisième personne se soumit à peu près aux mêmes expériences, qui eurent un égal succès. Mais ce qu'il y a eu surtout de remarquable ou plutôt d'inconcevable, c'est l'effet que produisirent à deux diffé-rentes fois, sur une dame qui, du reste, prêtait peu d'atten-tion aux expériences, les passes que faisait M. Lafontaine pour magnétiser Mme de V. Cette dame, quoique placée à une grande distance du magnétiseur, succomba deux fois à l'influence magnétique la seconde fois elle était debout, et peu s'en fallut que, dans sa chute, elle ne se brisât le crâne à l'angle d'une cheminée. Ce n'était pas du reste la première fois que cet accident se produisait. Ce fut ainsi que cette charmante soirée se termina, trop tôt sans doute aux grands regrets des convives qui avaient joui de la faveur d'y être admis, et qui, assurément, en conserveront longtemps un agréable souvenir. Sans doute, ces expériences étaient bien simples , mais il faut convenir néanmoins qu'elles n'en avaient pas moins une très grande importance et surtout une incontestable réalité. D'un autre côté, il n'y avait pas là une assemblée à persuader, des savants à combattre, des détracteurs à con-vaincre il s'y trouvait quelques observateurs incrédules peut-être, mais qui avaient d'autant moins de défiance, qu'ils savaient que chez M. Lafontaine la bonne foi égale le mérite. a Et maintenant à ceux qui veulent des expériences plus convaincantes, plus extraordinaires à ceux qui veulent des prodiges, nous leur dirons Allez à la prochaine séance que donnera M. Lafontaine, et si vous n'êtes qu'incrédules, vous serez bientôt du nombre des croyants, et le magné-tisme aura fait, avec un nouveau prosélyte, un pas de plus dans le progrès.
EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 103 gênée il crut d'abord qu'on allait lui parler de quelque peine de coeur, et il s'apprêtait à rire, mais Mme de V.@@ attribua cette affection à un excès de travail et prescrivit le repos, ce qui lui rendit sa gravité et lui fit faire de sérieuses réflexions sur les destinées des pharmaciens, par suite de l'adoption du magnétisme. Enfin une troisième personne se soumit à peu près aux mêmes expériences, qui eurent un égal succès. Mais ce qu'il y a eu surtout de remarquable ou plutôt d'inconcevable, c'est l'effet que produisirent à deux diffé-rentes fois, sur une dame qui, du reste, prêtait peu d'atten-tion aux expériences, les passes que faisait M. Lafontaine pour magnétiser Mme de V@@. Cette dame, quoique placée à une grande distance du magnétiseur, succomba deux fois à l'influence magnétique la seconde fois elle était debout, et peu s'en fallut que, dans sa chute, elle ne se brisât le crâne à l'angle d'une cheminée. Ce n'était pas du reste la première fois que cet accident se produisait. Ce fut ainsi que cette charmante soirée se termina, trop tôt sans doute aux grands regrets des convives qui avaient joui de la faveur d'y être admis, et qui, assurément, en conserveront longtemps un agréable souvenir. Sans doute, ces expériences étaient bien simples , mais il faut convenir néanmoins qu'elles n'en avaient pas moins une très grande importance et surtout une incontestable réalité. D'un autre côté, il n'y avait pas là une assemblée à persuader, des savants à combattre, des détracteurs à con-vaincre il s'y trouvait quelques observateurs incrédules peut-être, mais qui avaient d'autant moins de défiance, qu'ils savaient que chez M. Lafontaine la bonne foi égale le mérite. a Et maintenant à ceux qui veulent des expériences plus convaincantes, plus extraordinaires à ceux qui veulent des prodiges, nous leur dirons Allez à la prochaine séance que donnera M. Lafontaine, et si vous n'êtes qu'incrédules, vous serez bientôt du nombre des croyants, et le magné-tisme aura fait, avec un nouveau prosélyte, un pas de plus dans le progrès.
EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 103 gênée il crut d'abord qu'on allait lui parler de quelque peine de coeur, et il s'apprêtait à rire, mais Mme de V... attribua cette affection à un excès de travail et prescrivit le repos, ce qui lui rendit sa gravité et lui fit faire de sérieuses réflexions sur les destinées des pharmaciens, par suite de l'adoption du magnétisme. Enfin que troisième personne se soumit à peu près aux mêmes expériences, qui eurent un égal succès. Mais ce qu'il y a eu surtout de remarquable ou plutôt d'inconcevable, c'est l'effet que produisirent à deux diffé-rentes fois, sur une dame qui, du reste, prêtait peu d'atten-tion aux expériences, les passes que faisait M. Lafontaine pour magnétiser Mme de V... Cette dame, quoique placée à une grande distance du magnétiseur, succomba deux fois à l'influence magnétique la seconde fois elle était debout, et peu s'en fallut que, dans sa chute, elle ne se brisât le crâne à l'angle d'une cheminée. Ce n'était pas du reste la première fois que cet accident se produisait. Ce fut ainsi que cette charmante soirée se termina, trop tôt sans doute aux grands regrets des convives qui avaient joui de la faveur d'y être admis, et qui, assurément, en conserveront longtemps un agréable souvenir. Sans doute, ces expériences étaient bien simples@, mais il faut convenir néanmoins qu'elles n'en avaient pas moins une très grande importance et surtout une incontestable réalité. D'un autre côté, il n'y avait pas là une assemblée à persuader, des savants à combattre, des détracteurs à con-vaincre il s'y trouvait quelques observateurs incrédules peut-être, mais qui avaient d'autant moins de défiance, qu'ils savaient que chez M. Lafontaine la bonne foi égale le mérite. @@Et maintenant à ceux qui veulent des expériences plus convaincantes, plus extraordinaires à ceux qui veulent des prodiges, nous leur dirons Allez à la prochaine séance que donnera M. Lafontaine, et si vous n'êtes qu'incrédules, vous serez bientôt du nombre des croyants, et le magné-tisme aura fait, avec un nouveau prosélyte, un pas de plus dans le progrès.
EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 103 gênée il crut d'abord qu'on allait lui parler de quelque peine de coeur, et il s'apprêtait à rire, mais Mme de V... attribua cette affection à un excès de travail et prescrivit le repos, ce qui lui rendit sa gravité et lui fit faire de sérieuses réflexions sur les destinées des pharmaciens, par suite de l'adoption du magnétisme. Enfin que troisième personne se soumit à peu près aux mêmes expériences, qui eurent un égal succès. Mais ce qu'il y a eu surtout de remarquable ou plutôt d'inconcevable, c'est l'effet que produisirent à deux diffé-rentes fois, sur une dame qui, du reste, prêtait peu d'atten-tion aux expériences, les passes que faisait M. Lafontaine pour magnétiser Mme de V... Cette dame, quoique placée à une grande distance du magnétiseur, succomba deux fois à l'influence magnétique la seconde fois elle était debout, et peu s'en fallut que, dans sa chute, elle ne se brisât le crâne à l'angle d'une cheminée. Ce n'était pas du reste la première fois que cet accident se produisait. Ce fut ainsi que cette charmante soirée se termina, trop tôt sans doute aux grands regrets des convives qui avaient joui de la faveur d'y être admis, et qui, assurément, en conserveront longtemps un agréable souvenir. Sans doute, ces expériences étaient bien simples@, mais il faut convenir néanmoins qu'elles n'en avaient pas moins une très grande importance et surtout une incontestable réalité. D'un autre côté, il n'y avait pas là une assemblée à persuader, des savants à combattre, des détracteurs à con-vaincre il s'y trouvait quelques observateurs incrédules peut-être, mais qui avaient d'autant moins de défiance, qu'ils savaient que chez M. Lafontaine la bonne foi égale le mérite. @@Et maintenant à ceux qui veulent des expériences plus convaincantes, plus extraordinaires à ceux qui veulent des prodiges, nous leur dirons Allez à la prochaine séance que donnera M. Lafontaine, et si vous n'êtes qu'incrédules, vous serez bientôt du nombre des croyants, et le magné-tisme aura fait, avec un nouveau prosélyte, un pas de plus dans le progrès.
EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 103 gênée il crut d'abord qu'on allait lui parler de quelque peine de coeur, et il s'apprêtait à rire, mais Mme de V... attribua cette affection à un excès de travail et prescrivit le repos, ce qui lui rendit sa gravité et lui fit faire de sérieuses réflexions sur les destinées des pharmaciens, par suite de l'adoption du magnétisme. Enfin que troisième personne se soumit à peu près aux mêmes expériences, qui eurent un égal succès. Mais ce qu'il y a eu surtout de remarquable ou plutôt d'inconcevable, c'est l'effet que produisirent à deux diffé-rentes fois, sur une dame qui, du reste, prêtait peu d'atten-tion aux expériences, les passes que faisait M. Lafontaine pour magnétiser Mme de V... Cette dame, quoique placée à une grande distance du magnétiseur, succomba deux fois à l'influence magnétique la seconde fois elle était debout, et peu s'en fallut que, dans sa chute, elle ne se brisât le crâne à l'angle d'une cheminée. Ce n'était pas du reste la première fois que cet accident se produisait. Ce fut ainsi que cette charmante soirée se termina, trop tôt sans doute aux grands regrets des convives qui avaient joui de la faveur d'y être admis, et qui, assurément, en conserveront longtemps un agréable souvenir. Sans doute, ces expériences étaient bien simples, mais il faut convenir néanmoins qu'elles n'en avaient pas moins une très grande importance et surtout une incontestable réalité. D'un autre côté, il n'y avait pas là une assemblée à persuader, des savants à combattre, des détracteurs à con-vaincre il s'y trouvait quelques observateurs incrédules peut-être, mais qui avaient d'autant moins de défiance, qu'ils savaient que chez M. Lafontaine la bonne foi égale le mérite. Et maintenant à ceux qui veulent des expériences plus convaincantes, plus extraordinaires à ceux qui veulent des prodiges, nous leur dirons Allez à la prochaine séance que donnera M. Lafontaine, et si vous n'êtes qu'incrédules, vous serez bientôt du nombre des croyants, et le magné-tisme aura fait, avec un nouveau prosélyte, un pas de plus dans le progrès.
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5 ont fait faire tous les embarquemens pour cette île v et où les troupes débarquaient lorsqu'elles repassaient dans les Gaules quand ces provinces étaient sous la domi-nation romaine. Les empereurs qui y vinrent y érigèrent des trophées, et y firent construire des arcs de triomphe. Au milieu du dernier siècle, texte_manquant on admirait encore sur la falaise qui do-mine à l'entrée du havre, un phare i , que l'on a nommé depuis la Tour-d' Ordre. Caligula, quatrième empereur romain, qui régnait l'an 37 de Jésus-Christ, le fit bâtir. Il passait pour un des plus beaux monu-mens d'antiquité qui restât dans lesGaules. 1 Ce qu'on nommait autrefois phare était une tour sur un rocher , dans une île de ce nom, bâtie par l'ordre de Ptolémée Philadelphe, où l'on allumait dés feux, afin que ceux qu,i naviguaient la nuit pussent régler sûrement le cours de leurs vaisseaux. Aujour-d'hui , par rapport à cet ancien phare, on appelle de ee nom tout ce qui est élevé sur la côte, et dont le haut porte un fanal qu'on allume la nuit pour.mon-trer la route aux vaisseaux, et les empêcher de don-ner contre la côte.
5 ont fait faire tous les embarquemens pour cette île v et où les troupes débarquaient lorsqu'elles repassaient dans les Gaules@@ quand ces provinces étaient sous la domi-nation romaine. Les empereurs qui y vinrent y érigèrent des trophées, et y firent construire des arcs de triomphe. Au milieu du dernier siècle, texte_manquant on admirait encore sur la falaise qui do-mine à l'entrée du havre, un phare i , que l'on a nommé depuis la Tour-d' Ordre. Caligula, quatrième empereur romain, qui régnait l'an 37 de Jésus-Christ, le fit bâtir. Il passait pour un des plus beaux monu-mens d'antiquité qui restât dans lesGaules. 1 Ce qu'on nommait autrefois phare était une tour sur un rocher , dans une île de ce nom, bâtie par l'ordre de Ptolémée Philadelphe, où l'on allumait dés feux, afin que ceux qu,i naviguaient la nuit pussent régler sûrement le cours de leurs vaisseaux. Aujour-d'hui , par rapport à cet ancien phare, on appelle de ee nom tout ce qui est élevé sur la côte, et dont le haut porte un fanal qu'on allume la nuit pour.mon-trer la route aux vaisseaux, et les empêcher de don-ner contre la côte.
##### fait faire tous les embarquemens pour cette île , et où les troupes débarquaient lorsqu'elles repassaient dans les Gaules , quand ces provinces étaient sous la domi-nation romaine. Les empereurs qui y vinrent y érigèrent des trophées, et y firent construire des arcs de triomphe. Au milieu du dernier ######################### admirait encore sur la falaise qui do-mine à l'entrée du hâvre, un phare I , que l'on a nommé depuis la Tour-d'@Ordre. Caligula, quatrième empereur romain, qui régnait l'an 37 de Jésus-Christ, le fit bâtir. Il passait pour un des plus beaux monu-mens d'antiquité qui restât dans lesGaules. 1 Ce qu'on nommait autrefois phare était une tour sur un rocher , dans une île de ce nom, bâtie par l'ordre de Ptolémée Philadelphe, où l'on allumait des feux, afin que ceux qu@i naviguaient la nuit pussent régler sûrement le cours de leurs vaisseaux. Aujour-d'hui , par rapport à cet ancien phare, on appelle de ce nom tout ce qui est élevé sur la côte, et dont le haut porte un fanal qu'on allume la nuit pour mon-trer la route aux vaisseaux, et les empêcher de don-ner contre la côte.
5 ont fait faire tous les embarquemens pour cette île , et où les troupes débarquaient lorsqu'elles repassaient dans les Gaules , quand ces provinces étaient sous la domi-nation romaine. Les empereurs qui y vinrent y érigèrent des trophées, et y firent construire des arcs de triomphe. Au milieu du dernier siècle, texte_manquant on admirait encore sur la falaise qui do-mine à l'entrée du hâvre, un phare I , que l'on a nommé depuis la Tour-d'@Ordre. Caligula, quatrième empereur romain, qui régnait l'an 37 de Jésus-Christ, le fit bâtir. Il passait pour un des plus beaux monu-mens d'antiquité qui restât dans lesGaules. 1 Ce qu'on nommait autrefois phare était une tour sur un rocher , dans une île de ce nom, bâtie par l'ordre de Ptolémée Philadelphe, où l'on allumait des feux, afin que ceux qu@i naviguaient la nuit pussent régler sûrement le cours de leurs vaisseaux. Aujour-d'hui , par rapport à cet ancien phare, on appelle de ce nom tout ce qui est élevé sur la côte, et dont le haut porte un fanal qu'on allume la nuit pour mon-trer la route aux vaisseaux, et les empêcher de don-ner contre la côte.
5 ont fait faire tous les embarquemens pour cette île , et où les troupes débarquaient lorsqu'elles repassaient dans les Gaules , quand ces provinces étaient sous la domi-nation romaine. Les empereurs qui y vinrent y érigèrent des trophées, et y firent construire des arcs de triomphe. Au milieu du dernier siècle, texte_manquant on admirait encore sur la falaise qui do-mine à l'entrée du hâvre, un phare I , que l'on a nommé depuis la Tour-d'Ordre. Caligula, quatrième empereur romain, qui régnait l'an 37 de Jésus-Christ, le fit bâtir. Il passait pour un des plus beaux monu-mens d'antiquité qui restât dans lesGaules. 1 Ce qu'on nommait autrefois phare était une tour sur un rocher , dans une île de ce nom, bâtie par l'ordre de Ptolémée Philadelphe, où l'on allumait des feux, afin que ceux qui naviguaient la nuit pussent régler sûrement le cours de leurs vaisseaux. Aujour-d'hui , par rapport à cet ancien phare, on appelle de ce nom tout ce qui est élevé sur la côte, et dont le haut porte un fanal qu'on allume la nuit pour mon-trer la route aux vaisseaux, et les empêcher de don-ner contre la côte.
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THÉORIE DU MAGNÉTISME 33 hilée, l'équilibre n'existant plus, la vie commune est sus-pendue, et la partie immatérielle, l'âme, délivrée momenta-nément des entraves de la matière, jouit seule des facultés qui lui sont propres, sans avoir besoin des organes des sens. C'est ainsi que le somnambule peut obéir à la volonté non exprimée du magnétiseur, parce qu'il la perçoit, la sent c'est aussi pour cela qu'il n'a aucun souvenir au réveil. Si nous voulons maintenant avoir la preuve palpable que le fluide vital est la seule cause de tous les phénomènes magnétiques, et que la volonté n'agit que sur nous-mêmes, magnétisons un objet inerte, faisons-le remettre par une tierce personne, qui n'aura point elle-même connaissance de l'expérience, à un sujet ordinairement magnétisé, et qui, lui non plus, ne sera point prévenu nous verrons le sujet s'endormir, ou ressentir l'influence magnétique aussitôt le contact opéré. Il n'est pas possible d'admettre que la volonté du magné-tiseur ait pu être communiquée à un corps inerte et tout matériel, et que ce corps ait pu la transmettre au sujet. N'est-il pas plus rationnel de penser que le système ner-veux du sujet a soutiré le fluide vital dont l'objet était saturé ? Des expérienecs d'un autre ordre, sur des intruments de physique, nous ont donné des preuves irrécusables de l'exis-tence du fluide vital et de sa transmission à tous les corps vivants ou inertes, et nous ont démontré que la volonté n'y entrait que comme dans tous les actes humains, c'est-à-dire comme stimulant de l'homme sur lui-même, et non comme agent moral ou rudiment de la pensée transmise à un corps étranger. Rien n'est donc plus simple ni plus naturel que les effets magnétiques rien n'est plus simple ni plus naturel que leur cause LE FLUIDE VITAL. Nous pouvons donc dire avec raison que tous les phéno-mènes qui se présentent sous l'influence du magnétisme, qu'ils soient de l'ordre physique ou de l'ordre psychique, qu'ils soient produits sur la matière ou sur l'âme immaté-rielle, tous ont une seule et unique cause toute physique, le
THÉORIE DU MAGNÉTISME 33 hilée, l'équilibre n'existant plus, la vie commune est sus-pendue, et la partie immatérielle, l'âme, délivrée momenta-nément des entraves de la matière, jouit seule des facultés qui lui sont propres, sans avoir besoin des organes des sens. C'est ainsi que le somnambule peut obéir à la volonté non exprimée du magnétiseur, parce qu'il la perçoit, la sent c'est aussi pour cela qu'il n'a aucun souvenir au réveil. Si nous voulons maintenant avoir la preuve palpable que le fluide vital est la seule cause de tous les phénomènes magnétiques, et que la volonté n'agit que sur nous-mêmes, magnétisons un objet inerte, faisons-le remettre par une tierce personne, qui n'aura point elle-même connaissance de l'expérience, à un sujet ordinairement magnétisé, et qui, lui non plus, ne sera point prévenu nous verrons le sujet s'endormir, ou ressentir l'influence magnétique aussitôt le contact opéré. Il n'est pas possible d'admettre que la volonté du magné-tiseur ait pu être communiquée à un corps inerte et tout matériel, et que ce corps ait pu la transmettre au sujet. N'est-il pas plus rationnel de penser que le système ner-veux du sujet a soutiré le fluide vital dont l'objet était saturé ? Des expérienecs d'un autre ordre, sur des intruments de physique, nous ont donné des preuves irrécusables de l'exis-tence du fluide vital et de sa transmission à tous les corps vivants ou inertes, et nous ont démontré que la volonté n'y entrait que comme dans tous les actes humains, c'est-à-dire comme stimulant de l'homme sur lui-même, et non comme agent moral ou rudiment de la pensée transmise à un corps étranger. Rien n'est donc plus simple ni plus naturel que les effets magnétiques rien n'est plus simple ni plus naturel que leur cause LE FLUIDE VITAL. Nous pouvons donc dire avec raison que tous les phéno-mènes qui se présentent sous l'influence du magnétisme, qu'ils soient de l'ordre physique ou de l'ordre psychique, qu'ils soient produits sur la matière ou sur l'âme immaté-rielle, tous ont une seule et unique cause toute physique, le
THÉORIE DU MAGNÉTISME 33 hilée, l'équilibre n'existant plus, la vie commune est sus-pendue, et la partie immatérielle, l'âme, délivrée momenta-nément des entraves de la matière, jouit seule des facultés qui lui sont propres, sans avoir besoin des organes des sens. C'est ainsi que le somnambule peut obéir à la volonté non exprimée du magnétiseur, parce qu'il la perçoit, la sent c'est aussi pour cela qu'il n'a aucun souvenir au réveil. Si nous voulons maintenant avoir la preuve palpable que le fluide vital est la seule cause de tous les phénomènes magnétiques, et que la volonté n'agit que sur nous-mêmes, magnétisons un objet inerte, faisons-le remettre par une tierce personne, qui n'aura point elle-même connaissance de l'expérience, à un sujet ordinairement magnétisé, et qui, lui non plus, ne sera point prévenu nous verrons le sujet s'endormir, ou ressentir l'influence magnétique aussitôt le contact opéré. Il n'est pas possible d'admettre que la volonté du magné-tiseur ait pu être communiquée à un corps inerte et tout matériel, et que ce corps ait pu la transmettre au sujet. N'est-il pas plus rationnel de penser que le système ner-veux du sujet a soutiré le fluide vital dont l'objet était saturé@? Des expériences d'un autre ordre, sur des intruments de physique, nous ont donné des preuves irrécusables de l'exis-tence du fluide vital et de sa transmission à tous les corps vivants ou inertes, et nous ont démontré que la volonté n'y entrait que comme dans tous les actes humains, c'est-à-dire comme stimulant de l'homme sur lui-même, et non comme agent moral ou rudiment de la pensée transmise à un corps étranger. Rien n'est donc plus simple ni plus naturel que les effets magnétiques rien n'est plus simple ni plus naturel que leur cause LE FLUIDE VITAL. Nous pouvons donc dire avec raison que tous les phéno-mènes qui se présentent sous l'influence du magnétisme, qu'ils soient de l'ordre physique ou de l'ordre psychique, qu'ils soient produits sur la matière ou sur l'âme immaté-rielle, tous ont une seule et unique cause toute physique, le
THÉORIE DU MAGNÉTISME 33 hilée, l'équilibre n'existant plus, la vie commune est sus-pendue, et la partie immatérielle, l'âme, délivrée momenta-nément des entraves de la matière, jouit seule des facultés qui lui sont propres, sans avoir besoin des organes des sens. C'est ainsi que le somnambule peut obéir à la volonté non exprimée du magnétiseur, parce qu'il la perçoit, la sent c'est aussi pour cela qu'il n'a aucun souvenir au réveil. Si nous voulons maintenant avoir la preuve palpable que le fluide vital est la seule cause de tous les phénomènes magnétiques, et que la volonté n'agit que sur nous-mêmes, magnétisons un objet inerte, faisons-le remettre par une tierce personne, qui n'aura point elle-même connaissance de l'expérience, à un sujet ordinairement magnétisé, et qui, lui non plus, ne sera point prévenu nous verrons le sujet s'endormir, ou ressentir l'influence magnétique aussitôt le contact opéré. Il n'est pas possible d'admettre que la volonté du magné-tiseur ait pu être communiquée à un corps inerte et tout matériel, et que ce corps ait pu la transmettre au sujet. N'est-il pas plus rationnel de penser que le système ner-veux du sujet a soutiré le fluide vital dont l'objet était saturé@? Des expériences d'un autre ordre, sur des intruments de physique, nous ont donné des preuves irrécusables de l'exis-tence du fluide vital et de sa transmission à tous les corps vivants ou inertes, et nous ont démontré que la volonté n'y entrait que comme dans tous les actes humains, c'est-à-dire comme stimulant de l'homme sur lui-même, et non comme agent moral ou rudiment de la pensée transmise à un corps étranger. Rien n'est donc plus simple ni plus naturel que les effets magnétiques rien n'est plus simple ni plus naturel que leur cause LE FLUIDE VITAL. Nous pouvons donc dire avec raison que tous les phéno-mènes qui se présentent sous l'influence du magnétisme, qu'ils soient de l'ordre physique ou de l'ordre psychique, qu'ils soient produits sur la matière ou sur l'âme immaté-rielle, tous ont une seule et unique cause toute physique, le
THÉORIE DU MAGNÉTISME 33 hilée, l'équilibre n'existant plus, la vie commune est sus-pendue, et la partie immatérielle, l'âme, délivrée momenta-nément des entraves de la matière, jouit seule des facultés qui lui sont propres, sans avoir besoin des organes des sens. C'est ainsi que le somnambule peut obéir à la volonté non exprimée du magnétiseur, parce qu'il la perçoit, la sent c'est aussi pour cela qu'il n'a aucun souvenir au réveil. Si nous voulons maintenant avoir la preuve palpable que le fluide vital est la seule cause de tous les phénomènes magnétiques, et que la volonté n'agit que sur nous-mêmes, magnétisons un objet inerte, faisons-le remettre par une tierce personne, qui n'aura point elle-même connaissance de l'expérience, à un sujet ordinairement magnétisé, et qui, lui non plus, ne sera point prévenu nous verrons le sujet s'endormir, ou ressentir l'influence magnétique aussitôt le contact opéré. Il n'est pas possible d'admettre que la volonté du magné-tiseur ait pu être communiquée à un corps inerte et tout matériel, et que ce corps ait pu la transmettre au sujet. N'est-il pas plus rationnel de penser que le système ner-veux du sujet a soutiré le fluide vital dont l'objet était saturé? Des expériences d'un autre ordre, sur des intruments de physique, nous ont donné des preuves irrécusables de l'exis-tence du fluide vital et de sa transmission à tous les corps vivants ou inertes, et nous ont démontré que la volonté n'y entrait que comme dans tous les actes humains, c'est-à-dire comme stimulant de l'homme sur lui-même, et non comme agent moral ou rudiment de la pensée transmise à un corps étranger. Rien n'est donc plus simple ni plus naturel que les effets magnétiques rien n'est plus simple ni plus naturel que leur cause LE FLUIDE VITAL. Nous pouvons donc dire avec raison que tous les phéno-mènes qui se présentent sous l'influence du magnétisme, qu'ils soient de l'ordre physique ou de l'ordre psychique, qu'ils soient produits sur la matière ou sur l'âme immaté-rielle, tous ont une seule et unique cause toute physique, le
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DU MAGNÉTISME JUSQU'A NOS JOURS 13 Quand Moïse voulut remplir Josué de l'esprit de sagesse, cc il lui imposa les mains Deutéronome, ch. xxxiv, v. 9 . Chaque fois qu'on demande au Christ de guérir un malade, on le prie de lui imposer les mains, ou Jésus lui-même opère ainsi la guérison. Saint Luc, ch. vi, v. 19, dit Qu'une vertu sortait de Jésus. En effet, si la puissance magnétique est un attribut de l'homme, Y Homme-Dieu a dû avoir cette puissance au plus haut degré qu'il est possible de concevoir. Saint Marc cite deux faits remarquables où l'on reconnaît la magnétisation l'un concernant un sourd-muet ch. vu , -l'autre touchant un aveugle ch. vin il est dit que le Christ a été obligé d'imposer les mains deux fois pour obtenir la guérison. Si nous passons aux Actes des Apôtres, nous voyons que celui qui fit le plus de guérisons miraculeuses, ce ne fut pas un des douze apôtres, mais bien saint Etienne, - qui n'était que disciple de Jésus, - et cela parce qu'il était plein de grâce et de force Actes, ch. vi, v. 8 . Plus loin, on voit saint Pierre et saint Paul guérir les malades en leur imposant les mains ou en les regardant fixement et en leur commandant de les regarder eux-mêmes, comme dans la guérison du boiteux Actes, ch. m . Saint Marc, ch. vi, v. 5, dit A Bethléem, Jésus ne put faire aucun miracle, sinon de guérir un petit nombre de malades en leur imposant les mains. Jésus et ses disciples n'étaient pas les seuls qui guéris-saient les malades ou chassaient les démons, ce qui est la même chose. On voit dans saint Luc, ch. xr, v. 19 Que les enfants des scribes chassaient aussi les dé-mons. Dans saint Marc, ch. ix, v. 39, on voit Jean se plaindre à Jésus de ce qu'il a vu dans la foule un homme qui chasse les démons en son nom, sans être de ses disciples. Voilà pour le magnétisme proprement dit, passons au somnambulisme.
DU MAGNÉTISME JUSQU'A NOS JOURS 13 Quand Moïse voulut remplir Josué de l'esprit de sagesse, cc il lui imposa les mains Deutéronome, ch. xxxiv, v. 9 . Chaque fois qu'on demande au Christ de guérir un malade, on le prie de lui imposer les mains, ou Jésus lui-même opère ainsi la guérison. Saint Luc, ch. vi, v. 19, dit Qu'une vertu sortait de Jésus. En effet, si la puissance magnétique est un attribut de l'homme, Y Homme-Dieu a dû avoir cette puissance au plus haut degré qu'il est possible de concevoir. Saint Marc cite deux faits remarquables où l'on reconnaît la magnétisation l'un concernant un sourd-muet ch. v@u , -l'autre touchant un aveugle ch. v@in il est dit que le Christ a été obligé d'imposer les mains deux fois pour obtenir la guérison. Si nous passons aux Actes des Apôtres, nous voyons que celui qui fit le plus de guérisons miraculeuses, ce ne fut pas un des douze apôtres, mais bien saint Etienne, - qui n'était que disciple de Jésus, - et cela parce qu'il était plein de grâce et de force Actes, ch. vi, v. 8 . Plus loin, on voit saint Pierre et saint Paul guérir les malades en leur imposant les mains ou en les regardant fixement et en leur commandant de les regarder eux-mêmes, comme dans la guérison du boiteux Actes, ch. @@m . Saint Marc, ch. vi, v. 5, dit A Bethléem, Jésus ne put faire aucun miracle, sinon de guérir un petit nombre de malades en leur imposant les mains. Jésus et ses disciples n'étaient pas les seuls qui guéris-saient les malades ou chassaient les démons, ce qui est la même chose. On voit dans saint Luc, ch. xr, v. 19 Que les enfants des scribes chassaient aussi les dé-mons. Dans saint Marc, ch. ix, v. 39, on voit Jean se plaindre à Jésus de ce qu'il a vu dans la foule un homme qui chasse les démons en son nom, sans être de ses disciples. Voilà pour le magnétisme proprement dit, passons au somnambulisme.
DU MAGNÉTISME JUSQU'A NOS JOURS 13 Quand Moïse voulut remplir Josué de l'esprit de sagesse, @@@il lui imposa les mains Deutéronome, ch. XXXIV, V. 9 . Chaque fois qu'on demande au Christ de guérir un malade, on le prie de lui imposer les mains, ou Jésus lui-même opère ainsi la guérison. Saint Luc, ch. VI, V. 19, dit Qu'une vertu sortait de Jésus. En effet, si la puissance magnétique est un attribut de l'homme, l'Homme-Dieu a dû avoir cette puissance au plus haut degré qu'il est possible de concevoir. Saint Marc cite deux faits remarquables où l'on reconnait la magnétisation l'un concernant un sourd-muet ch. VII , @l'autre touchant un aveugle ch. VIII il est dit que le Christ a été obligé d'imposer les mains deux fois pour obtenir la guérison. Si nous passons aux Actes des Apôtres, nous voyons que celui qui fit le plus de guérisons miraculeuses, ce ne fut pas un des douze apôtres, mais bien saint Etienne, -@qui n'était que disciple de Jésus, -@et cela parce qu'il était plein de grâce et de force Actes, ch. VI, V. 8 . Plus loin, on voit saint Pierre et saint Paul guérir les malades en leur imposant les mains ou en les regardant fixement et en leur commandant de les regarder eux-mêmes, comme dans la guérison du boiteux Actes, ch. III . Saint Marc, ch. VI, V. 5, dit A Bethléem, Jésus ne put faire aucun miracle, sinon de guérir un petit nombre de malades en leur imposant les mains. Jésus et ses disciples n'étaient pas les seuls qui guéris-saient les malades ou chassaient les démons, ce qui est la même chose. On voit dans saint Luc, ch. XI, V. 19 Que les enfants des scribes chassaient aussi les dé-mons. Dans saint Marc, ch. IX, V. 39, on voit Jean se plaindre à Jésus de ce qu'il a vu dans la foule un homme qui chasse les démons en son nom, sans être de ses disciples. Voilà pour le magnétisme proprement dit, passons au somnambulisme.
DU MAGNÉTISME JUSQU'A NOS JOURS 13 Quand Moïse voulut remplir Josué de l'esprit de sagesse, @@@il lui imposa les mains Deutéronome, ch. XXXIV, V. 9 . Chaque fois qu'on demande au Christ de guérir un malade, on le prie de lui imposer les mains, ou Jésus lui-même opère ainsi la guérison. Saint Luc, ch. VI, V. 19, dit Qu'une vertu sortait de Jésus. En effet, si la puissance magnétique est un attribut de l'homme, l'Homme-Dieu a dû avoir cette puissance au plus haut degré qu'il est possible de concevoir. Saint Marc cite deux faits remarquables où l'on reconnait la magnétisation l'un concernant un sourd-muet ch. VII , @l'autre touchant un aveugle ch. VIII il est dit que le Christ a été obligé d'imposer les mains deux fois pour obtenir la guérison. Si nous passons aux Actes des Apôtres, nous voyons que celui qui fit le plus de guérisons miraculeuses, ce ne fut pas un des douze apôtres, mais bien saint Etienne, -@qui n'était que disciple de Jésus, -@et cela parce qu'il était plein de grâce et de force Actes, ch. VI, V. 8 . Plus loin, on voit saint Pierre et saint Paul guérir les malades en leur imposant les mains ou en les regardant fixement et en leur commandant de les regarder eux-mêmes, comme dans la guérison du boiteux Actes, ch. III . Saint Marc, ch. VI, V. 5, dit A Bethléem, Jésus ne put faire aucun miracle, sinon de guérir un petit nombre de malades en leur imposant les mains. Jésus et ses disciples n'étaient pas les seuls qui guéris-saient les malades ou chassaient les démons, ce qui est la même chose. On voit dans saint Luc, ch. XI, V. 19 Que les enfants des scribes chassaient aussi les dé-mons. Dans saint Marc, ch. IX, V. 39, on voit Jean se plaindre à Jésus de ce qu'il a vu dans la foule un homme qui chasse les démons en son nom, sans être de ses disciples. Voilà pour le magnétisme proprement dit, passons au somnambulisme.
DU MAGNÉTISME JUSQU'A NOS JOURS 13 Quand Moïse voulut remplir Josué de l'esprit de sagesse, il lui imposa les mains Deutéronome, ch. XXXIV, V. 9 . Chaque fois qu'on demande au Christ de guérir un malade, on le prie de lui imposer les mains, ou Jésus lui-même opère ainsi la guérison. Saint Luc, ch. VI, V. 19, dit Qu'une vertu sortait de Jésus. En effet, si la puissance magnétique est un attribut de l'homme, l'Homme-Dieu a dû avoir cette puissance au plus haut degré qu'il est possible de concevoir. Saint Marc cite deux faits remarquables où l'on reconnait la magnétisation l'un concernant un sourd-muet ch. VII , l'autre touchant un aveugle ch. VIII il est dit que le Christ a été obligé d'imposer les mains deux fois pour obtenir la guérison. Si nous passons aux Actes des Apôtres, nous voyons que celui qui fit le plus de guérisons miraculeuses, ce ne fut pas un des douze apôtres, mais bien saint Etienne, -qui n'était que disciple de Jésus, -et cela parce qu'il était plein de grâce et de force Actes, ch. VI, V. 8 . Plus loin, on voit saint Pierre et saint Paul guérir les malades en leur imposant les mains ou en les regardant fixement et en leur commandant de les regarder eux-mêmes, comme dans la guérison du boiteux Actes, ch. III . Saint Marc, ch. VI, V. 5, dit A Bethléem, Jésus ne put faire aucun miracle, sinon de guérir un petit nombre de malades en leur imposant les mains. Jésus et ses disciples n'étaient pas les seuls qui guéris-saient les malades ou chassaient les démons, ce qui est la même chose. On voit dans saint Luc, ch. XI, V. 19 Que les enfants des scribes chassaient aussi les dé-mons. Dans saint Marc, ch. IX, V. 39, on voit Jean se plaindre à Jésus de ce qu'il a vu dans la foule un homme qui chasse les démons en son nom, sans être de ses disciples. Voilà pour le magnétisme proprement dit, passons au somnambulisme.
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-11-d'accomplir ce qu'elle paraissait exiger de lui. Pendant qu'il attendait que le ciel daignât l'aider, il lui vint une pensée extraordinaire à laquelle il s'arrêta c'était de quitter en secret sa famille et son pays. Ce que sainte Thérèse, encore enfant, avait fait, il crut aussi pouvoir le faire, âgé de vingt ans et plus. Le pieux jeune homme ne se proposait pas, comme cette illustre sainte, d'aller chercher le martyre il voulait seulement s'affranchir des obstacles qu'il trou-vait chez ses parents a suivre en liberté le genre de vie auquel il se sentait appelé. Son projet était d'entreprendre d'abord les pèlerinages de Compostelle et de Loretle, et d'aller ensuite visiter les tombeaux des apôtres S. Pierre et S. Paul, résolu du reste de s'abandonner à la conduite de la Providence, et de se soumettre à tout ce qu'elle ordonnerait de lui pour l'avenir. L'exécution suivit de près il s'échappa pendant la nuit et se mit en route. Au point du jour, son père, qui s'aperçut de sa fuite, monta à cheval et suivit ses traces. L'ayant atteint à quelques lieues de Somme-Vesle, il se plaignit doucement d'une conduite qui tendait à le priver de ce qu'il avait de plus cher. Le fils se justifia avec autant de fermeté que de respect, et ne consentit a re-venir que sur la promesse formelle qu'on lui fit de ne plus gêner son inclination. Cependant la
-11-d'accomplir ce qu'elle paraissait exiger de lui. Pendant qu'il attendait que le ciel daignât l'aider, il lui vint une pensée extraordinaire à laquelle il s'arrêta c'était de quitter en secret sa famille et son pays. Ce que sainte Thérèse, encore enfant, avait fait, il crut aussi pouvoir le faire, âgé de vingt ans et plus. Le pieux jeune homme ne se proposait pas, comme cette illustre sainte, d'aller chercher le martyre il voulait seulement s'affranchir des obstacles qu'il trou-vait chez ses parents a suivre en liberté le genre de vie auquel il se sentait appelé. Son projet était d'entreprendre d'abord les pèlerinages de Compostelle et de Loretle, et d'aller ensuite visiter les tombeaux des apôtres S. Pierre et S. Paul, résolu du reste de s'abandonner à la conduite de la Providence, et de se soumettre à tout ce qu'elle ordonnerait de lui pour l'avenir. L'exécution suivit de près il s'échappa pendant la nuit et se mit en route. Au point du jour, son père, qui s'aperçut de sa fuite, monta à cheval et suivit ses traces. L'ayant atteint à quelques lieues de Somme-Vesle, il se plaignit doucement d'une conduite qui tendait à le priver de ce qu'il avait de plus cher. Le fils se justifia avec autant de fermeté que de respect, et ne consentit a re-venir que sur la promesse formelle qu'on lui fit de ne plus gêner son inclination. Cependant la
############### ce qu'elle paraissait exiger de lui. Pendant qu'il attendait que le ciel daignât l'aider, il lui vint une pensée extraordinaire à laquelle il s'arrêta c'était de quitter en secret sa famille et son pays. Ce que sainte Thérèse, encore enfant, avait fait, il crut aussi pouvoir le faire, âgé de vingt ans et plus. Le pieux jeune homme ne se proposait pas, comme cette illustre sainte, d'aller chercher le martyre il voulait seulement s'affranchir des obstacles qu'il trou-vait chez ses parents a suivre en liberté le genre de vie auquel il se sentait appelé. Son projet était d'entreprendre d'abord les pèlerinages de Compostelle et de Lorette, et d'aller ensuite visiter les tombeaux des apôtres S. Pierre et S. Paul, résolu du reste de s'abandonner à la conduite de la Providence, et de se soumettre à tout ce qu'elle ordonnerait de lui pour l'avenir. L'exécution suivit de près il s'échappa pendant la nuit et se mit en route. Au point du jour, son père, qui s'aperçut de sa fuite, monta à cheval et suivit ses traces. L'ayant atteint à quelques lieues de Somme-Vesle, il se plaignit doucement d'une conduite qui tendait à le priver de ce qu'il avait de plus cher. Le fils se justifia avec autant de fermeté que de respect, et ne consentit a re-venir que sur la promesse formelle qu'on lui fit de ne plus gêner son inclination. Cependant la
-11-d'accomplir ce qu'elle paraissait exiger de lui. Pendant qu'il attendait que le ciel daignât l'aider, il lui vint une pensée extraordinaire à laquelle il s'arrêta c'était de quitter en secret sa famille et son pays. Ce que sainte Thérèse, encore enfant, avait fait, il crut aussi pouvoir le faire, âgé de vingt ans et plus. Le pieux jeune homme ne se proposait pas, comme cette illustre sainte, d'aller chercher le martyre il voulait seulement s'affranchir des obstacles qu'il trou-vait chez ses parents a suivre en liberté le genre de vie auquel il se sentait appelé. Son projet était d'entreprendre d'abord les pèlerinages de Compostelle et de Lorette, et d'aller ensuite visiter les tombeaux des apôtres S. Pierre et S. Paul, résolu du reste de s'abandonner à la conduite de la Providence, et de se soumettre à tout ce qu'elle ordonnerait de lui pour l'avenir. L'exécution suivit de près il s'échappa pendant la nuit et se mit en route. Au point du jour, son père, qui s'aperçut de sa fuite, monta à cheval et suivit ses traces. L'ayant atteint à quelques lieues de Somme-Vesle, il se plaignit doucement d'une conduite qui tendait à le priver de ce qu'il avait de plus cher. Le fils se justifia avec autant de fermeté que de respect, et ne consentit a re-venir que sur la promesse formelle qu'on lui fit de ne plus gêner son inclination. Cependant la
-11-d'accomplir ce qu'elle paraissait exiger de lui. Pendant qu'il attendait que le ciel daignât l'aider, il lui vint une pensée extraordinaire à laquelle il s'arrêta c'était de quitter en secret sa famille et son pays. Ce que sainte Thérèse, encore enfant, avait fait, il crut aussi pouvoir le faire, âgé de vingt ans et plus. Le pieux jeune homme ne se proposait pas, comme cette illustre sainte, d'aller chercher le martyre il voulait seulement s'affranchir des obstacles qu'il trou-vait chez ses parents a suivre en liberté le genre de vie auquel il se sentait appelé. Son projet était d'entreprendre d'abord les pèlerinages de Compostelle et de Lorette, et d'aller ensuite visiter les tombeaux des apôtres S. Pierre et S. Paul, résolu du reste de s'abandonner à la conduite de la Providence, et de se soumettre à tout ce qu'elle ordonnerait de lui pour l'avenir. L'exécution suivit de près il s'échappa pendant la nuit et se mit en route. Au point du jour, son père, qui s'aperçut de sa fuite, monta à cheval et suivit ses traces. L'ayant atteint à quelques lieues de Somme-Vesle, il se plaignit doucement d'une conduite qui tendait à le priver de ce qu'il avait de plus cher. Le fils se justifia avec autant de fermeté que de respect, et ne consentit a re-venir que sur la promesse formelle qu'on lui fit de ne plus gêner son inclination. Cependant la
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68 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE Armand-Emmanuel Duplessis, duc de Richelieu,, na-quit à Paris le 26 septembre 1787. Il entra fort jeune au collège du Plessis, fondation du cardinal de Riche-lieu, et il y fit de brillantes études. Après les-avoir, ter-minées, il parcourut les-divers pays dont il voulait ap-prendre la langue, et ce fut ainsi qu'il acquit, en quelques années, une connaissance approfondie des lan-gues allemande, anglaise, italienne.et russe. A son retour, le roi le nomma son premier gentilhomme. On était en l789. Le 5 octobre, le peuple de Paris s'é-lait porté sur Versailles. Le jeune duc l'apprend aussi-tôt il veut instruire le roi du danger qui le menace il court, traverse sans s'arrêter les groupes nombreux qui sillonnent la route, et, heureux d'échapper à tout dan-ger, il est le premier qui porte à la cour l'affligeante nouvelle. Le roi lui laissa la liberté de quitter la France, et Richelieu se rendit à Vienne, où l'empereur Joseph II le reçut avec bienveillance. A la mort de ce prince, il passa en Russie, où régnait Catherine. Là, commandait avec éclat, dans les armées russes, un Français, le comte Roger de Damas.. Le prince de Ligne a fait de ce jeune seigneur un portrait si admirable d'esprit, que je ne puis le passer sous silence. J'ai vu un phénomène, un joli phéno-mène, un Français de trois siècles. Il a la chevalerie de l'un, là grâce de l'autre et la gaieté de celui-ci. François Ier, le grand Condé et le maréchal de Saxe ce auraient Voulu avoir un fils comme lui. Il est étourdi
68 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE Armand-Emmanuel Duplessis, duc de Richelieu,, na-quit à Paris le 26 septembre 1787. Il entra fort jeune au collège du Plessis, fondation du cardinal de Riche-lieu, et il y fit de brillantes études. Après les-avoir, ter-minées, il parcourut les-divers pays dont il voulait ap-prendre la langue, et ce fut ainsi qu'il acquit, en quelques années, une connaissance approfondie des lan-gues allemande, anglaise, italienne.et russe. A son retour, le roi le nomma son premier gentilhomme. On était en l789. Le 5 octobre, le peuple de Paris s'é-lait porté sur Versailles. Le jeune duc l'apprend aussi-tôt il veut instruire le roi du danger qui le menace il court, traverse sans s'arrêter les groupes nombreux qui sillonnent la route, et, heureux d'échapper à tout dan-ger, il est le premier qui porte à la cour l'affligeante nouvelle. Le roi lui laissa la liberté de quitter la France, et Richelieu se rendit à Vienne, où l'empereur Joseph II le reçut avec bienveillance. A la mort de ce prince, il passa en Russie, où régnait Catherine. Là, commandait avec éclat, dans les armées russes, un Français, le comte Roger de Damas.. Le prince de Ligne a fait de ce jeune seigneur un portrait si admirable d'esprit, que je ne puis le passer sous silence. J'ai vu un phénomène, un joli phéno-@mène, un Français de trois siècles. Il a la chevalerie de l'un, là grâce de l'autre et la gaieté de celui-ci. François Ier, le grand Condé et le maréchal de Saxe ce auraient Voulu avoir un fils comme lui. Il est étourdi
######################################## Duplessis, duc de Richelieu,@ na-quit à Paris le 26 septembre 1767. Il entra fort jeune au collège du Plessis, fondation du cardinal de Riche-lieu, et il y fit de brillantes études. Après les-avoir, ter-minées, il parcourut les-divers pays dont il voulait ap-prendre la langue, et ce fut ainsi qu'il acquit, en quelques années, une connaissance approfondie des lan-gues allemande, anglaise, italienne et russe. A son retour, le roi le nomma son premier gentilhomme. On était en l789. Le 5 octobre, le peuple de Paris s'é-tait porté sur Versailles. Le jeune duc l'apprend aussi-tôt il veut instruire le roi du danger qui le menace il court, traverse sans s'arrêter les groupes nombreux qui sillonnent la route, et, heureux d'échapper à tout dan-ger, il est le premier qui porte à la cour l'affligeante nouvelle. Le roi lui laissa la liberté de quitter la France, et Richelieu se rendit à Vienne, où l'empereur Joseph II le reçut avec bienveillance. A la mort de ce prince, il passa en Russie, où régnait Catherine. Là, commandait avec éclat, dans les armées russes, un Français, le comte Roger de Damas.. Le prince de Ligne a fait de ce jeune seigneur un portrait si admirable d'esprit, que je ne puis le passer sous silence. J'ai vu un phénomène, un joli phéno- mène, un Français de trois siècles. Il a la chevalerie de l'un, là grâce de l'autre et la gaieté de celui-ci. François Ier, le grand Condé et le maréchal de Sax@@@e auraient voulu avoir un fils comme lui. Il est étourdi
68 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE Armand-Emmanuel Duplessis, duc de Richelieu,@ na-quit à Paris le 26 septembre 1767. Il entra fort jeune au collège du Plessis, fondation du cardinal de Riche-lieu, et il y fit de brillantes études. Après les-avoir, ter-minées, il parcourut les-divers pays dont il voulait ap-prendre la langue, et ce fut ainsi qu'il acquit, en quelques années, une connaissance approfondie des lan-gues allemande, anglaise, italienne et russe. A son retour, le roi le nomma son premier gentilhomme. On était en l789. Le 5 octobre, le peuple de Paris s'é-tait porté sur Versailles. Le jeune duc l'apprend aussi-tôt il veut instruire le roi du danger qui le menace il court, traverse sans s'arrêter les groupes nombreux qui sillonnent la route, et, heureux d'échapper à tout dan-ger, il est le premier qui porte à la cour l'affligeante nouvelle. Le roi lui laissa la liberté de quitter la France, et Richelieu se rendit à Vienne, où l'empereur Joseph II le reçut avec bienveillance. A la mort de ce prince, il passa en Russie, où régnait Catherine. Là, commandait avec éclat, dans les armées russes, un Français, le comte Roger de Damas.. Le prince de Ligne a fait de ce jeune seigneur un portrait si admirable d'esprit, que je ne puis le passer sous silence. J'ai vu un phénomène, un joli phéno- mène, un Français de trois siècles. Il a la chevalerie de l'un, là grâce de l'autre et la gaieté de celui-ci. François Ier, le grand Condé et le maréchal de Sax@@@e auraient voulu avoir un fils comme lui. Il est étourdi
68 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE Armand-Emmanuel Duplessis, duc de Richelieu, na-quit à Paris le 26 septembre 1767. Il entra fort jeune au collège du Plessis, fondation du cardinal de Riche-lieu, et il y fit de brillantes études. Après les-avoir, ter-minées, il parcourut les-divers pays dont il voulait ap-prendre la langue, et ce fut ainsi qu'il acquit, en quelques années, une connaissance approfondie des lan-gues allemande, anglaise, italienne et russe. A son retour, le roi le nomma son premier gentilhomme. On était en l789. Le 5 octobre, le peuple de Paris s'é-tait porté sur Versailles. Le jeune duc l'apprend aussi-tôt il veut instruire le roi du danger qui le menace il court, traverse sans s'arrêter les groupes nombreux qui sillonnent la route, et, heureux d'échapper à tout dan-ger, il est le premier qui porte à la cour l'affligeante nouvelle. Le roi lui laissa la liberté de quitter la France, et Richelieu se rendit à Vienne, où l'empereur Joseph II le reçut avec bienveillance. A la mort de ce prince, il passa en Russie, où régnait Catherine. Là, commandait avec éclat, dans les armées russes, un Français, le comte Roger de Damas.. Le prince de Ligne a fait de ce jeune seigneur un portrait si admirable d'esprit, que je ne puis le passer sous silence. J'ai vu un phénomène, un joli phéno- mène, un Français de trois siècles. Il a la chevalerie de l'un, là grâce de l'autre et la gaieté de celui-ci. François Ier, le grand Condé et le maréchal de Saxe auraient voulu avoir un fils comme lui. Il est étourdi
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-23 -1 il n'y a pas de rapports fixes entre la surface apparente et la surface réelle en raison de la variété des replis et de leur profondeur. 80 Le poids et la surface des corps opto-slriés seraient plus grands à droite qu'à gauche. Nous verrons ce que deviendront ces conclusions dans une nouvelle série qui sera l'objet d'une communication ultérieure. Notre but, en publiant ces premières recherches, a été surtout d'attirer l'attention sur la notion de surface, forcément négligée jusqu'ici, faute d'un moyen pratique. Nous pensons que notre méthode, avec les perfec-tionnements qu'on ne manquera pas d'y apporter, pourra rendre des ser-vices au triple point de vue de l'anatomie, de la pathologie et de l'anthro-pologie. En anatomie, elle permettra d'établir de nouveaux rapports entre les différents organes - en anthropologie, elle introduit un nouvel élément de comparaison - enfin, en pathologie, elle pourrait fournir des indications précieuses sur la marche de certains processus morbides, tels que l'atrophie ou l'hypertrophie des membres. Dans les cas d'acro-mégalie, par exemple, le simple énoncé de la surface acquise par les parties malades serait bien plus frappant que les mensurations en longueur ou en épaisseur. Pour rester actuellement sur le terrain de l'anatomie cérébrale qui nous intéresse plus particulièrement, cette méthode des pesées nous donne le moyen 1 - d'établir la valeur en surface de toutes les parties constituantes de l'encéphale, et les rapports de ces valeurs 2° de calculer la surface de certaines parties du corps, telles que les mains, les pieds, les oreilles, la face, etc. 3° de voir quels rapports existent entre toutes ces surfaces, rapports qui permettraient de conclure des premières aux secondes, et réciproquement. Qui sait ce qui résulterait de ces rapprochements et de ces comparaisons? Qui sait s'il ne deviendrait pas ainsi possible de déterminer chez le vivant la valeur cérébrale d'un individu, d'après la mensuration de telle ou telle partie du corps. Parmi ces problèmes d'anatomie cérébrale, il en est un dont la solution serait aussi intéressante à chercher, c'est celui qui permettrait d'établir les rapports qui existent entre la surface de la boîte crânienne et celle de l'encéphale et de ses différentes parties. Ces rapports permettraient, en effet, de déterminer la surface du cerveau que contenait un crâne quel-conque, et cela pourrait avoir un intérêt capital pour la reconstitution de la valeur cérébrale des crânes préhistoriques. Voici, pour les personnes désireuses de se livrer à ce genre de re-cherches, quel serail, selon nous, l'ensemble des opérations 1° Faire une section horizontale du crâne suivant une ligne circulaire passant au-dessus des arcades orbitaires 2° Recouvrir la face interne de ces deux parties de la boîte crânienne avec le mélange gélatino-glycériné 3° Enlever cette couche, la mesurer par la méthode des pesées, et déter-miner ainsi la surface crânienne du sujet 4° Calculer la surface de l'encéphale enlevé, toutes les parties conser-
-23 -@1 il n'y a pas de rapports fixes entre la surface apparente et la surface réelle en raison de la variété des replis et de leur profondeur. 80 Le poids et la surface des corps opto-slriés seraient plus grands à droite qu'à gauche. Nous verrons ce que deviendront ces conclusions dans une nouvelle série qui sera l'objet d'une communication ultérieure. Notre but, en publiant ces premières recherches, a été surtout d'attirer l'attention sur la notion de surface, forcément négligée jusqu'ici, faute d'un moyen pratique. Nous pensons que notre méthode, avec les perfec-tionnements qu'on ne manquera pas d'y apporter, pourra rendre des ser-vices au triple point de vue de l'anatomie, de la pathologie et de l'anthro-pologie. En anatomie, elle permettra d'établir de nouveaux rapports entre les différents organes - en anthropologie, elle introduit un nouvel élément de comparaison - enfin, en pathologie, elle pourrait fournir des indications précieuses sur la marche de certains processus morbides, tels que l'atrophie ou l'hypertrophie des membres. Dans les cas d'acro-mégalie, par exemple, le simple énoncé de la surface acquise par les parties malades serait bien plus frappant que les mensurations en longueur ou en épaisseur. Pour rester actuellement sur le terrain de l'anatomie cérébrale qui nous intéresse plus particulièrement, cette méthode des pesées nous donne le moyen 1 - d'établir la valeur en surface de toutes les parties constituantes de l'encéphale, et les rapports de ces valeurs 2° de calculer la surface de certaines parties du corps, telles que les mains, les pieds, les oreilles, la face, etc. 3° de voir quels rapports existent entre toutes ces surfaces, rapports qui permettraient de conclure des premières aux secondes, et réciproquement. Qui sait ce qui résulterait de ces rapprochements et de ces comparaisons@? Qui sait s'il ne deviendrait pas ainsi possible de déterminer chez le vivant la valeur cérébrale d'un individu, d'après la mensuration de telle ou telle partie du corps. Parmi ces problèmes d'anatomie cérébrale, il en est un dont la solution serait aussi intéressante à chercher, c'est celui qui permettrait d'établir les rapports qui existent entre la surface de la boîte crânienne et celle de l'encéphale et de ses différentes parties. Ces rapports permettraient, en effet, de déterminer la surface du cerveau que contenait un crâne quel-conque, et cela pourrait avoir un intérêt capital pour la reconstitution de la valeur cérébrale des crânes préhistoriques. Voici, pour les personnes désireuses de se livrer à ce genre de re-cherches, quel serail, selon nous, l'ensemble des opérations 1° Faire une section horizontale du crâne suivant une ligne circulaire passant au-dessus des arcades orbitaires 2° Recouvrir la face interne de ces deux parties de la boîte crânienne avec le mélange gélatino-glycériné 3° Enlever cette couche, la mesurer par la méthode des pesées, et déter-miner ainsi la surface crânienne du sujet 4° Calculer la surface de l'encéphale enlevé, toutes les parties conser-
-23 -7° Il n'y a pas de rapports fixes entre la surface apparente et la surface réelle en raison de la variété des replis et de leur profondeur. 8° Le poids et la surface des corps opto-striés seraient plus grands à droite qu'à gauche. Nous verrons ce que deviendront ces conclusions dans une nouvelle série qui sera l'objet d'une communication ultérieure. Notre but, en publiant ces premières recherches, a été surtout d'attirer l'attention sur la notion de surface, forcément négligée jusqu'ici, faute d'un moyen pratique. Nous pensons que notre méthode, avec les perfec-tionnements qu'on ne manquera pas d'y apporter, pourra rendre des ser-vices au triple point de vue de l'anatomie, de la pathologie et de l'anthro-pologie. En anatomie, elle permettra d'établir de nouveaux rapports entre les différents organes -@en anthropologie, elle introduit un nouvel élément de comparaison -@enfin, en pathologie, elle pourrait fournir des indications précieuses sur la marche de certains processus morbides, tels que l'atrophie ou l'hypertrophie des membres. Dans les cas d'acro-mégalie, par exemple, le simple énoncé de la surface acquise par les parties malades serait bien plus frappant que les mensurations en longueur ou en épaisseur. Pour rester actuellement sur le terrain de l'anatomie cérébrale qui nous intéresse plus particulièrement, cette méthode des pesées nous donne le moyen 1@° d'établir la valeur en surface de toutes les parties constituantes de l'encéphale, et les rapports de ces valeurs 2° de calculer la surface de certaines parties du corps, telles que les mains, les pieds, les oreilles, la face, etc. 3° de voir quels rapports existent entre toutes ces surfaces, rapports qui permettraient de conclure des premières aux secondes, et réciproquement. Qui sait ce qui résulterait de ces rapprochements et de ces comparaisons ? Qui sait s'il ne deviendrait pas ainsi possible de déterminer chez le vivant la valeur cérébrale d'un individu, d'après la mensuration de telle ou telle partie du corps. Parmi ces problèmes d'anatomie cérébrale, il en est un dont la solution serait aussi intéressante à chercher, c'est celui qui permettrait d'établir les rapports qui existent entre la surface de la boîte crânienne et celle de l'encéphale et de ses différentes parties. Ces rapports permettraient, en effet, de déterminer la surface du cerveau que contenait un crâne quel-conque, et cela pourrait avoir un intérêt capital pour la reconstitution de la valeur cérébrale des crânes préhistoriques. Voici, pour les personnes désireuses de se livrer à ce genre de re-cherches, quel serait, selon nous, l'ensemble des opérations 1° Faire une section horizontale du crâne suivant une ligne circulaire passant au-dessus des arcades orbitaires 2° Recouvrir la face interne de ces deux parties de la boîte crânienne avec le mélange gélatino-glycériné 3° Enlever cette couche, la mesurer par la méthode des pesées, et déter-miner ainsi la surface crânienne du sujet 4° Calculer la surface de l'encéphale enlevé, toutes les parties conser-
-23 -7° Il n'y a pas de rapports fixes entre la surface apparente et la surface réelle en raison de la variété des replis et de leur profondeur. 8° Le poids et la surface des corps opto-striés seraient plus grands à droite qu'à gauche. Nous verrons ce que deviendront ces conclusions dans une nouvelle série qui sera l'objet d'une communication ultérieure. Notre but, en publiant ces premières recherches, a été surtout d'attirer l'attention sur la notion de surface, forcément négligée jusqu'ici, faute d'un moyen pratique. Nous pensons que notre méthode, avec les perfec-tionnements qu'on ne manquera pas d'y apporter, pourra rendre des ser-vices au triple point de vue de l'anatomie, de la pathologie et de l'anthro-pologie. En anatomie, elle permettra d'établir de nouveaux rapports entre les différents organes -@en anthropologie, elle introduit un nouvel élément de comparaison -@enfin, en pathologie, elle pourrait fournir des indications précieuses sur la marche de certains processus morbides, tels que l'atrophie ou l'hypertrophie des membres. Dans les cas d'acro-mégalie, par exemple, le simple énoncé de la surface acquise par les parties malades serait bien plus frappant que les mensurations en longueur ou en épaisseur. Pour rester actuellement sur le terrain de l'anatomie cérébrale qui nous intéresse plus particulièrement, cette méthode des pesées nous donne le moyen 1@° d'établir la valeur en surface de toutes les parties constituantes de l'encéphale, et les rapports de ces valeurs 2° de calculer la surface de certaines parties du corps, telles que les mains, les pieds, les oreilles, la face, etc. 3° de voir quels rapports existent entre toutes ces surfaces, rapports qui permettraient de conclure des premières aux secondes, et réciproquement. Qui sait ce qui résulterait de ces rapprochements et de ces comparaisons ? Qui sait s'il ne deviendrait pas ainsi possible de déterminer chez le vivant la valeur cérébrale d'un individu, d'après la mensuration de telle ou telle partie du corps. Parmi ces problèmes d'anatomie cérébrale, il en est un dont la solution serait aussi intéressante à chercher, c'est celui qui permettrait d'établir les rapports qui existent entre la surface de la boîte crânienne et celle de l'encéphale et de ses différentes parties. Ces rapports permettraient, en effet, de déterminer la surface du cerveau que contenait un crâne quel-conque, et cela pourrait avoir un intérêt capital pour la reconstitution de la valeur cérébrale des crânes préhistoriques. Voici, pour les personnes désireuses de se livrer à ce genre de re-cherches, quel serait, selon nous, l'ensemble des opérations 1° Faire une section horizontale du crâne suivant une ligne circulaire passant au-dessus des arcades orbitaires 2° Recouvrir la face interne de ces deux parties de la boîte crânienne avec le mélange gélatino-glycériné 3° Enlever cette couche, la mesurer par la méthode des pesées, et déter-miner ainsi la surface crânienne du sujet 4° Calculer la surface de l'encéphale enlevé, toutes les parties conser-
-23 -7° Il n'y a pas de rapports fixes entre la surface apparente et la surface réelle en raison de la variété des replis et de leur profondeur. 8° Le poids et la surface des corps opto-striés seraient plus grands à droite qu'à gauche. Nous verrons ce que deviendront ces conclusions dans une nouvelle série qui sera l'objet d'une communication ultérieure. Notre but, en publiant ces premières recherches, a été surtout d'attirer l'attention sur la notion de surface, forcément négligée jusqu'ici, faute d'un moyen pratique. Nous pensons que notre méthode, avec les perfec-tionnements qu'on ne manquera pas d'y apporter, pourra rendre des ser-vices au triple point de vue de l'anatomie, de la pathologie et de l'anthro-pologie. En anatomie, elle permettra d'établir de nouveaux rapports entre les différents organes -en anthropologie, elle introduit un nouvel élément de comparaison -enfin, en pathologie, elle pourrait fournir des indications précieuses sur la marche de certains processus morbides, tels que l'atrophie ou l'hypertrophie des membres. Dans les cas d'acro-mégalie, par exemple, le simple énoncé de la surface acquise par les parties malades serait bien plus frappant que les mensurations en longueur ou en épaisseur. Pour rester actuellement sur le terrain de l'anatomie cérébrale qui nous intéresse plus particulièrement, cette méthode des pesées nous donne le moyen 1° d'établir la valeur en surface de toutes les parties constituantes de l'encéphale, et les rapports de ces valeurs 2° de calculer la surface de certaines parties du corps, telles que les mains, les pieds, les oreilles, la face, etc. 3° de voir quels rapports existent entre toutes ces surfaces, rapports qui permettraient de conclure des premières aux secondes, et réciproquement. Qui sait ce qui résulterait de ces rapprochements et de ces comparaisons ? Qui sait s'il ne deviendrait pas ainsi possible de déterminer chez le vivant la valeur cérébrale d'un individu, d'après la mensuration de telle ou telle partie du corps. Parmi ces problèmes d'anatomie cérébrale, il en est un dont la solution serait aussi intéressante à chercher, c'est celui qui permettrait d'établir les rapports qui existent entre la surface de la boîte crânienne et celle de l'encéphale et de ses différentes parties. Ces rapports permettraient, en effet, de déterminer la surface du cerveau que contenait un crâne quel-conque, et cela pourrait avoir un intérêt capital pour la reconstitution de la valeur cérébrale des crânes préhistoriques. Voici, pour les personnes désireuses de se livrer à ce genre de re-cherches, quel serait, selon nous, l'ensemble des opérations 1° Faire une section horizontale du crâne suivant une ligne circulaire passant au-dessus des arcades orbitaires 2° Recouvrir la face interne de ces deux parties de la boîte crânienne avec le mélange gélatino-glycériné 3° Enlever cette couche, la mesurer par la méthode des pesées, et déter-miner ainsi la surface crânienne du sujet 4° Calculer la surface de l'encéphale enlevé, toutes les parties conser-
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971.txt
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300 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. sonne n'avait vu ni entendu Marguerite elle n'avait pas donné signe de vie sa clef n'était pas là. Tout faisait sup-poser qu'elle était enfermée chez elle. D'ailleurs, le con-cierge était rassuré il ne croyait pas que l'on pût de nos jours se mettre au régime de Mithridale et s'empoisonner une fois toutes les vingt-quatre heures. Cette pensée le rem-plissait de confiance. Il avait vu la jeune fille hors de dan-ger, et il se disait que lorsqu on en revient on est bien guéri de ces fantaisies-là. Les idées de Ludovic suivaient la marche opposée Fin-quiétude commençait à s'emparer de lui. Il se souvenait des paroles, du docteur et de ses dernières recommandations. C'est une tête de fer, avait-il dit, surveillez-la. Le docteur avait-il eu raison, et cette tête de fer aurait-elle de nouveau fait des siennes ? L'événement ne tarda pas à prouver que c'était ainsi qu'il fallait conclure. On sonna vainement à la porte de Margue-rite cette porte ne s'ouvrit pas. On essaya d'ouvrir avec un crochef, la clef était en dedans il fallut briser l'un des pan- -neaux et entrer chez elle de vive force. On la trouva morte sur son lit, et rien ne put cette fois la rappeler à la vie. Afin que le poison ne manquât pas son effet, elle en avait doublé la dose. Sur la table de sa chambre était une lettre adressée à Lu-dovic voici ce qu'elle renfermait XXXVIII Que vous allez me trouver ingrate et perfide 1 Il y a une heure à peine que vous étiez là, et que nous nagions en pleine ivresse.. Quel rêve, Ludovic, et le ciel m'est témoin que j'étais de bonne foi en m'y abandonnant. -Vous m'a-viez emportée si haut et dans des régions si pures 1 Je me voyais déjà heureuse, tranquille, honorée je portais votre nom, et avec quelle fierté 1 Hélas I l'illusion n'a pas été
300 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. sonne n'avait vu ni entendu Marguerite elle n'avait pas donné signe de vie sa clef n'était pas là. Tout faisait sup-poser qu'elle était enfermée chez elle. D'ailleurs, le con-cierge était rassuré il ne croyait pas que l'on pût de nos jours se mettre au régime de Mithridale et s'empoisonner une fois toutes les vingt-quatre heures. Cette pensée le rem-plissait de confiance. Il avait vu la jeune fille hors de dan-ger, et il se disait que lorsqu on en revient on est bien guéri de ces fantaisies-là. Les idées de Ludovic suivaient la marche opposée @Fin-quiétude commençait à s'emparer de lui. Il se souvenait des paroles, du docteur et de ses dernières recommandations. C'est une tête de fer, avait-il dit, surveillez-la. Le docteur avait-il eu raison, et cette tête de fer aurait-elle de nouveau fait des siennes ? L'événement ne tarda pas à prouver que c'était ainsi qu'il fallait conclure. On sonna vainement à la porte de Margue-rite cette porte ne s'ouvrit pas. On essaya d'ouvrir avec un crochef, la clef était en dedans il fallut briser l'un des pan- -neaux et entrer chez elle de vive force. On la trouva morte sur son lit, et rien ne put cette fois la rappeler à la vie. Afin que le poison ne manquât pas son effet, elle en avait doublé la dose. Sur la table de sa chambre était une lettre adressée à Lu-dovic voici ce qu'elle renfermait XXXVIII Que vous allez me trouver ingrate et perfide 1 Il y a une heure à peine que vous étiez là, et que nous nagions en pleine ivresse.. Quel rêve, Ludovic, et le ciel m'est témoin que j'étais de bonne foi en m'y abandonnant. -Vous m'a-viez emportée si haut et dans des régions si pures 1 Je me voyais déjà heureuse, tranquille, honorée je portais votre nom, et avec quelle fierté 1 Hélas I l'illusion n'a pas été
300 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. sonne n'avait vu ni entendu Marguerite elle n'avait pas donné signe de vie sa clef n'était pas là. Tout faisait sup-poser qu'elle était enfermée chez elle. D'ailleurs, le con-cierge était rassuré il ne croyait pas que l'on pût de nos jours se mettre au régime de Mithridate et s'empoisonner une fois toutes les vingt-quatre heures. Cette pensée le rem-plissait de confiance. Il avait vu la jeune fille hors de dan-ger, et il se disait que lorsqu'on en revient on est bien guéri de ces fantaisies-là. Les idées de Ludovic suivaient la marche opposée l'in-quiétude commençait à s'emparer de lui. Il se souvenait des paroles@ du docteur et de ses dernières recommandations. C'est une tête de fer, avait-il dit, surveillez-la. Le docteur avait-il eu raison, et cette tête de fer aurait-elle de nouveau fait des siennes ? L'événement ne tarda pas à prouver que c'était ainsi qu'il fallait conclure. On sonna vainement à la porte de Margue-rite cette porte ne s'ouvrit pas. On essaya d'ouvrir avec un crochet, la clef était en dedans il fallut briser l'un des pan-@@neaux et entrer chez elle de vive force. On la trouva morte sur son lit, et rien ne put cette fois la rappeler à la vie. Afin que le poison ne manquât pas son effet, elle en avait doublé la dose. Sur la table de sa chambre était une lettre adressée à Lu-dovic voici ce qu'elle renfermait XXXVIII Que vous allez me trouver ingrate et perfide ! Il y a une heure à peine que vous étiez là, et que nous nagions en pleine ivresse.@ Quel rêve, Ludovic, et le ciel m'est témoin que j'étais de bonne foi en m'y abandonnant. @Vous m'a-viez emportée si haut et dans des régions si pures ! Je me voyais déjà heureuse, tranquille, honorée je portais votre nom, et avec quelle fierté ! Hélas ! l'illusion n'a pas été
300 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. sonne n'avait vu ni entendu Marguerite elle n'avait pas donné signe de vie sa clef n'était pas là. Tout faisait sup-poser qu'elle était enfermée chez elle. D'ailleurs, le con-cierge était rassuré il ne croyait pas que l'on pût de nos jours se mettre au régime de Mithridate et s'empoisonner une fois toutes les vingt-quatre heures. Cette pensée le rem-plissait de confiance. Il avait vu la jeune fille hors de dan-ger, et il se disait que lorsqu'on en revient on est bien guéri de ces fantaisies-là. Les idées de Ludovic suivaient la marche opposée l'in-quiétude commençait à s'emparer de lui. Il se souvenait des paroles@ du docteur et de ses dernières recommandations. C'est une tête de fer, avait-il dit, surveillez-la. Le docteur avait-il eu raison, et cette tête de fer aurait-elle de nouveau fait des siennes ? L'événement ne tarda pas à prouver que c'était ainsi qu'il fallait conclure. On sonna vainement à la porte de Margue-rite cette porte ne s'ouvrit pas. On essaya d'ouvrir avec un crochet, la clef était en dedans il fallut briser l'un des pan-@@neaux et entrer chez elle de vive force. On la trouva morte sur son lit, et rien ne put cette fois la rappeler à la vie. Afin que le poison ne manquât pas son effet, elle en avait doublé la dose. Sur la table de sa chambre était une lettre adressée à Lu-dovic voici ce qu'elle renfermait XXXVIII Que vous allez me trouver ingrate et perfide ! Il y a une heure à peine que vous étiez là, et que nous nagions en pleine ivresse.@ Quel rêve, Ludovic, et le ciel m'est témoin que j'étais de bonne foi en m'y abandonnant. @Vous m'a-viez emportée si haut et dans des régions si pures ! Je me voyais déjà heureuse, tranquille, honorée je portais votre nom, et avec quelle fierté ! Hélas ! l'illusion n'a pas été
300 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. sonne n'avait vu ni entendu Marguerite elle n'avait pas donné signe de vie sa clef n'était pas là. Tout faisait sup-poser qu'elle était enfermée chez elle. D'ailleurs, le con-cierge était rassuré il ne croyait pas que l'on pût de nos jours se mettre au régime de Mithridate et s'empoisonner une fois toutes les vingt-quatre heures. Cette pensée le rem-plissait de confiance. Il avait vu la jeune fille hors de dan-ger, et il se disait que lorsqu'on en revient on est bien guéri de ces fantaisies-là. Les idées de Ludovic suivaient la marche opposée l'in-quiétude commençait à s'emparer de lui. Il se souvenait des paroles du docteur et de ses dernières recommandations. C'est une tête de fer, avait-il dit, surveillez-la. Le docteur avait-il eu raison, et cette tête de fer aurait-elle de nouveau fait des siennes ? L'événement ne tarda pas à prouver que c'était ainsi qu'il fallait conclure. On sonna vainement à la porte de Margue-rite cette porte ne s'ouvrit pas. On essaya d'ouvrir avec un crochet, la clef était en dedans il fallut briser l'un des pan-neaux et entrer chez elle de vive force. On la trouva morte sur son lit, et rien ne put cette fois la rappeler à la vie. Afin que le poison ne manquât pas son effet, elle en avait doublé la dose. Sur la table de sa chambre était une lettre adressée à Lu-dovic voici ce qu'elle renfermait XXXVIII Que vous allez me trouver ingrate et perfide ! Il y a une heure à peine que vous étiez là, et que nous nagions en pleine ivresse. Quel rêve, Ludovic, et le ciel m'est témoin que j'étais de bonne foi en m'y abandonnant. Vous m'a-viez emportée si haut et dans des régions si pures ! Je me voyais déjà heureuse, tranquille, honorée je portais votre nom, et avec quelle fierté ! Hélas ! l'illusion n'a pas été
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0.042135
965.txt
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294 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE ruk. Ludovic n'hésita plus la plaie s'envenimait il fallait y porler le fer. Depuis qu'il avait remis les pieds dans cette chambre, tout un monde de souvenirs s'était réveillé en lui il s'était enivré de la vue de Marguerite et la perdre main-tenant, se la vojr enlever de nouveau, était une idée sous laquelle sa raison succombait. C'était le néant pour lui, le vide dans son existence. Plutôt que de s'y résigner, il était décidé à tout. Plus de détours, plus de subterfuges, il alla. au but. Comme brisée par l'effort qu'elle venait de faire, la jeune fille était retombée sur ses coussins elle détournait le visage et pleurait à chaudes larmes. Ludovic s'approcha, lui prit les deux mains, et, d'une voix troublée par l'émotion - Marguerite, lui dit-il, j'ai à me plaindre de vous. - De moi? - Oui, de vous, et voici pourquoi. Vous avez manqué de franchise. Ce reproche parut blesser Marguerite elle releva la tête avec fierté. - Moi, Ludovic, je n'ai été que trop franche avec vous. Ignorez-vous quelle est ma vie et quelle indigne créature je suis? - Jusque-là, c'est bien, et je voua en sais un gré infini. Il n'y a que les nobles âmes qui puissent s'accuser ainsi. Mais, depuis lors, avez-vous eu la même sincérité? L'avez-vous à présent? Marguerite se sentit pénétrée son orgueil tomba, sa tête s'inclina de nouveau. Au lieu de chercher le regard du jeune homme, elle semblait le fuir. - Eh bien ? dit celui-ci en insistant. - Que pourrais-je vous dire? répondit-elle. - Ce que vous pensez. - Ai-je encore le droit de penser quelque chose? - Ce que vous projetez. - Des projets? Y en a-t-il pour moi? Tout n'est-il pas fini et bien fini? Elle cédait à son insu et livrait le fond de sa pensée. Lu-dovic n'en devint que plus pressant. - - Voyons, Marguerite, lui dit-il, ne me cachez rien que se passe-t-il dans cette tête?
294 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE ruk. Ludovic n'hésita plus la plaie s'envenimait il fallait y porler le fer. Depuis qu'il avait remis les pieds dans cette chambre, tout un monde de souvenirs s'était réveillé en lui il s'était enivré de la vue de Marguerite et la perdre main-tenant, se la vojr enlever de nouveau, était une idée sous laquelle sa raison succombait. C'était le néant pour lui, le vide dans son existence. Plutôt que de s'y résigner, il était décidé à tout. Plus de détours, plus de subterfuges, il alla. au but. Comme brisée par l'effort qu'elle venait de faire, la jeune fille était retombée sur ses coussins elle détournait le visage et pleurait à chaudes larmes. Ludovic s'approcha, lui prit les deux mains, et, d'une voix troublée par l'émotion - Marguerite, lui dit-il, j'ai à me plaindre de vous. - De moi@? - Oui, de vous, et voici pourquoi. Vous avez manqué de franchise. Ce reproche parut blesser Marguerite elle releva la tête avec fierté. - Moi, Ludovic, je n'ai été que trop franche avec vous. Ignorez-vous quelle est ma vie et quelle indigne créature je suis@? - Jusque-là, c'est bien, et je voua en sais un gré infini. Il n'y a que les nobles âmes qui puissent s'accuser ainsi. Mais, depuis lors, avez-vous eu la même sincérité@? L'avez-vous à présent@? Marguerite se sentit pénétrée son orgueil tomba, sa tête s'inclina de nouveau. Au lieu de chercher le regard du jeune homme, elle semblait le fuir. - Eh bien ? dit celui-ci en insistant. - Que pourrais-je vous dire@? répondit-elle. - Ce que vous pensez. - Ai-je encore le droit de penser quelque chose@? - Ce que vous projetez. - Des projets@? Y en a-t-il pour moi@? Tout n'est-il pas fini et bien fini@? Elle cédait à son insu et livrait le fond de sa pensée. Lu-dovic n'en devint que plus pressant. - - Voyons, Marguerite, lui dit-il, ne me cachez rien que se passe-t-il dans cette tête?
294 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Ludovic n'hésita plus la plaie s'envenimait il fallait y porter le fer. Depuis qu'il avait remis les pieds dans cette chambre, tout un monde de souvenirs s'était réveillé en lui il s'était enivré de la vue de Marguerite et la perdre main-tenant, se la voir enlever de nouveau, était une idée sous laquelle sa raison succombait. C'était le néant pour lui, le vide dans son existence. Plutôt que de s'y résigner, il était décidé à tout. Plus de détours, plus de subterfuges, il alla@ au but. Comme brisée par l'effort qu'elle venait de faire, la jeune fille était retombée sur ses coussins elle détournait le visage et pleurait à chaudes larmes. Ludovic s'approcha, lui prit les deux mains, et, d'une voix troublée par l'émotion -@Marguerite, lui dit-il, j'ai à me plaindre de vous. -@De moi ? -@Oui, de vous, et voici pourquoi. Vous avez manqué de franchise. Ce reproche parut blesser Marguerite elle releva la tête avec fierté. -@Moi, Ludovic, je n'ai été que trop franche avec vous. Ignorez-vous quelle est ma vie et quelle indigne créature je suis ? -@Jusque-là, c'est bien, et je vous en sais un gré infini. Il n'y a que les nobles âmes qui puissent s'accuser ainsi. Mais, depuis lors, avez-vous eu la même sincérité ? L'avez-vous à présent ? Marguerite se sentit pénétrée son orgueil tomba, sa tête s'inclina de nouveau. Au lieu de chercher le regard du jeune homme, elle semblait le fuir. -@Eh bien ? dit celui-ci en insistant. -@Que pourrais-je vous dire ? répondit-elle. -@Ce que vous pensez. -@Ai-je encore le droit de penser quelque chose ? -@Ce que vous projetez. -@Des projets ? Y en a-t-il pour moi ? Tout n'est-il pas fini et bien fini ? Elle cédait à son insu et livrait le fond de sa pensée. Lu-dovic n'en devint que plus pressant.@@ -@Voyons, Marguerite, lui dit-il, ne me cachez rien que se passe-t-il dans cette #####
294 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Ludovic n'hésita plus la plaie s'envenimait il fallait y porter le fer. Depuis qu'il avait remis les pieds dans cette chambre, tout un monde de souvenirs s'était réveillé en lui il s'était enivré de la vue de Marguerite et la perdre main-tenant, se la voir enlever de nouveau, était une idée sous laquelle sa raison succombait. C'était le néant pour lui, le vide dans son existence. Plutôt que de s'y résigner, il était décidé à tout. Plus de détours, plus de subterfuges, il alla@ au but. Comme brisée par l'effort qu'elle venait de faire, la jeune fille était retombée sur ses coussins elle détournait le visage et pleurait à chaudes larmes. Ludovic s'approcha, lui prit les deux mains, et, d'une voix troublée par l'émotion -@Marguerite, lui dit-il, j'ai à me plaindre de vous. -@De moi ? -@Oui, de vous, et voici pourquoi. Vous avez manqué de franchise. Ce reproche parut blesser Marguerite elle releva la tête avec fierté. -@Moi, Ludovic, je n'ai été que trop franche avec vous. Ignorez-vous quelle est ma vie et quelle indigne créature je suis ? -@Jusque-là, c'est bien, et je vous en sais un gré infini. Il n'y a que les nobles âmes qui puissent s'accuser ainsi. Mais, depuis lors, avez-vous eu la même sincérité ? L'avez-vous à présent ? Marguerite se sentit pénétrée son orgueil tomba, sa tête s'inclina de nouveau. Au lieu de chercher le regard du jeune homme, elle semblait le fuir. -@Eh bien ? dit celui-ci en insistant. -@Que pourrais-je vous dire ? répondit-elle. -@Ce que vous pensez. -@Ai-je encore le droit de penser quelque chose ? -@Ce que vous projetez. -@Des projets ? Y en a-t-il pour moi ? Tout n'est-il pas fini et bien fini ? Elle cédait à son insu et livrait le fond de sa pensée. Lu-dovic n'en devint que plus pressant.@@ -@Voyons, Marguerite, lui dit-il, ne me cachez rien que se passe-t-il dans cette tête?
294 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Ludovic n'hésita plus la plaie s'envenimait il fallait y porter le fer. Depuis qu'il avait remis les pieds dans cette chambre, tout un monde de souvenirs s'était réveillé en lui il s'était enivré de la vue de Marguerite et la perdre main-tenant, se la voir enlever de nouveau, était une idée sous laquelle sa raison succombait. C'était le néant pour lui, le vide dans son existence. Plutôt que de s'y résigner, il était décidé à tout. Plus de détours, plus de subterfuges, il alla au but. Comme brisée par l'effort qu'elle venait de faire, la jeune fille était retombée sur ses coussins elle détournait le visage et pleurait à chaudes larmes. Ludovic s'approcha, lui prit les deux mains, et, d'une voix troublée par l'émotion -Marguerite, lui dit-il, j'ai à me plaindre de vous. -De moi ? -Oui, de vous, et voici pourquoi. Vous avez manqué de franchise. Ce reproche parut blesser Marguerite elle releva la tête avec fierté. -Moi, Ludovic, je n'ai été que trop franche avec vous. Ignorez-vous quelle est ma vie et quelle indigne créature je suis ? -Jusque-là, c'est bien, et je vous en sais un gré infini. Il n'y a que les nobles âmes qui puissent s'accuser ainsi. Mais, depuis lors, avez-vous eu la même sincérité ? L'avez-vous à présent ? Marguerite se sentit pénétrée son orgueil tomba, sa tête s'inclina de nouveau. Au lieu de chercher le regard du jeune homme, elle semblait le fuir. -Eh bien ? dit celui-ci en insistant. -Que pourrais-je vous dire ? répondit-elle. -Ce que vous pensez. -Ai-je encore le droit de penser quelque chose ? -Ce que vous projetez. -Des projets ? Y en a-t-il pour moi ? Tout n'est-il pas fini et bien fini ? Elle cédait à son insu et livrait le fond de sa pensée. Lu-dovic n'en devint que plus pressant. -Voyons, Marguerite, lui dit-il, ne me cachez rien que se passe-t-il dans cette tête?
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90 GE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. - Vraiment, mon frère ! Vous m'étonnez 1 moi qui ne croyais plus compter 1 moi qui suis retranchée de la famille ! Allons donc ! est-ce croyable ? Auriez-vous besoin de moi, par hasard? Elle le regardait en même temps avec des yeux de faucon - Comme vous le dites, Pulchérie, j'ai besoin de vous. Consentez-vous à m'écouter? Un sourire effleura les lèvres de la vieille fille c'était. l'expression d'un triomphe, tempéré par le calcul. On recou-rait à ses services, elle donnait a entendre qu'ils ne seraient pas gratuits. - Si j'y consens, mon frère, dit-elle si j'y consens! en pourriez-vous douter? - Eh bien! un peu d'attention alors. - Parlez, mon frère, parlez ! Il commença et expliqua tout au long ce qu'il attendait d'elle. Pour la première fois, il mit à nu les infirmités et les plaies de son coeur cet aveu lui coûtait mais comment s'y soustraire? Il raconta ce qui avait eu lieu depuis son ma-riage, les incidents qui l'avaient accompagné et suivi, et jus-qu'à cette aventure romanesque dont les conséquences avaient été si fâcheuses pour lui. Il ne cacha rien, il se confessa sur tous les points, avoua ses soupçons, ses craintes, ses motifs de défiance il dit' qu'il doutait de Clémence, et cela dès le premier jour que depuis lors ce doute avait pris des racines profondes et s'était accru de bien des découvertes que le ha-sard lui avait livrées ces découvertes, il les énuméra et avec toutes leurs circonstances il parla de la connivence dont il avait été témoin sous les murs même du château enfin de cette rencontre toute récente qui semblait fournir la preuve irrécusable d'un concert criminel et-dont un vieux serviteur de l'hôtel venait de lui donner connaissance. En présence de tant de faits, de tant de témoignages, son honneur, un hon-neur de famille, lui commandait d'agir, et c'était pour cela qu'il venait vers sa soeur. -Pendant le cours de cette .confidence, la physionomie de mademoiselle Pulchérie eût offert un sujet d'étude aux per-sonnes qui se piquent d'y lire l'expression des sentiments secrets. Ce qui y dominait, c'était le bonheur d'entendre le récit des mésaventures d'autrui, bonheur d'autant plus grand
90 GE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. - Vraiment, mon frère ! Vous m'étonnez 1 moi qui ne croyais plus compter 1 moi qui suis retranchée de la famille ! Allons donc ! est-ce croyable ? Auriez-vous besoin de moi, par hasard@? Elle le regardait en même temps avec des yeux de faucon@ - Comme vous le dites, Pulchérie, j'ai besoin de vous. Consentez-vous à m'écouter@? Un sourire effleura les lèvres de la vieille fille c'était. l'expression d'un triomphe, tempéré par le calcul. On recou-rait à ses services, elle donnait a entendre qu'ils ne seraient pas gratuits. - Si j'y consens, mon frère, dit-elle si j'y consens! en pourriez-vous douter@? - Eh bien@! un peu d'attention alors. - Parlez, mon frère, parlez ! Il commença et expliqua tout au long ce qu'il attendait d'elle. Pour la première fois, il mit à nu les infirmités et les plaies de son coeur cet aveu lui coûtait mais comment s'y soustraire@? Il raconta ce qui avait eu lieu depuis son ma-riage, les incidents qui l'avaient accompagné et suivi, et jus-qu'à cette aventure romanesque dont les conséquences avaient été si fâcheuses pour lui. Il ne cacha rien, il se confessa sur tous les points, avoua ses soupçons, ses craintes, ses motifs de défiance il dit' qu'il doutait de Clémence, et cela dès le premier jour que depuis lors ce doute avait pris des racines profondes et s'était accru de bien des découvertes que le ha-sard lui avait livrées ces découvertes, il les énuméra et avec toutes leurs circonstances il parla de la connivence dont il avait été témoin sous les murs même du château enfin de cette rencontre toute récente qui semblait fournir la preuve irrécusable d'un concert criminel et-dont un vieux serviteur de l'hôtel venait de lui donner connaissance. En présence de tant de faits, de tant de témoignages, son honneur, un hon-neur de famille, lui commandait d'agir, et c'était pour cela qu'il venait vers sa soeur. -Pendant le cours de cette .confidence, la physionomie de mademoiselle Pulchérie eût offert un sujet d'étude aux per-sonnes qui se piquent d'y lire l'expression des sentiments secrets. Ce qui y dominait, c'était le bonheur d'entendre le récit des mésaventures d'autrui, bonheur d'autant plus grand
90 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -@Vraiment, mon frère ! Vous m'étonnez ! moi qui ne croyais plus compter ! moi qui suis retranchée de la famille ! Allons donc ! est-ce croyable ? Auriez-vous besoin de moi, par hasard ? Elle le regardait en même temps avec des yeux de faucon. -@Comme vous le dites, Pulchérie, j'ai besoin de vous. Consentez-vous à m'écouter ? Un sourire effleura les lèvres de la vieille fille c'était@ l'expression d'un triomphe, tempéré par le calcul. On recou-rait à ses services, elle donnait à entendre qu'ils ne seraient pas gratuits. -@Si j'y consens, mon frère, dit-elle si j'y consens! en pourriez-vous douter ? -@Eh bien ! un peu d'attention alors. -@Parlez, mon frère, parlez ! Il commença et expliqua tout au long ce qu'il attendait d'elle. Pour la première fois, il mit à nu les infirmités et les plaies de son coeur cet aveu lui coûtait mais comment s'y soustraire ? Il raconta ce qui avait eu lieu depuis son ma-riage, les incidents qui l'avaient accompagné et suivi, et jus-qu'à cette aventure romanesque dont les conséquences avaient été si fâcheuses pour lui. Il ne cacha rien, il se confessa sur tous les points, avoua ses soupçons, ses craintes, ses motifs de défiance il dit@ qu'il doutait de Clémence, et cela dès le premier jour que depuis lors ce doute avait pris des racines profondes et s'était accru de bien des découvertes que le ha-sard lui avait livrées ces découvertes, il les énuméra et avec toutes leurs circonstances il parla de la connivence dont il avait été témoin sous les murs même du château enfin de cette rencontre toute récente qui semblait fournir la preuve irrécusable d'un concert criminel et dont un vieux serviteur de l'hôtel venait de lui donner connaissance. En présence de tant de faits, de tant de témoignages, son honneur, un hon-neur de famille, lui commandait d'agir, et c'était pour cela qu'il venait vers sa soeur. @Pendant le cours de cette @confidence, la physionomie de mademoiselle Pulchérie eût offert un sujet d'étude aux per-sonnes qui se piquent d'y lire l'expression des sentiments secrets. Ce qui y dominait, c'était le bonheur d'entendre le récit des mésaventures d'autrui, bonheur d'autant plus grand
90 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -@Vraiment, mon frère ! Vous m'étonnez ! moi qui ne croyais plus compter ! moi qui suis retranchée de la famille ! Allons donc ! est-ce croyable ? Auriez-vous besoin de moi, par hasard ? Elle le regardait en même temps avec des yeux de faucon. -@Comme vous le dites, Pulchérie, j'ai besoin de vous. Consentez-vous à m'écouter ? Un sourire effleura les lèvres de la vieille fille c'était@ l'expression d'un triomphe, tempéré par le calcul. On recou-rait à ses services, elle donnait à entendre qu'ils ne seraient pas gratuits. -@Si j'y consens, mon frère, dit-elle si j'y consens! en pourriez-vous douter ? -@Eh bien ! un peu d'attention alors. -@Parlez, mon frère, parlez ! Il commença et expliqua tout au long ce qu'il attendait d'elle. Pour la première fois, il mit à nu les infirmités et les plaies de son coeur cet aveu lui coûtait mais comment s'y soustraire ? Il raconta ce qui avait eu lieu depuis son ma-riage, les incidents qui l'avaient accompagné et suivi, et jus-qu'à cette aventure romanesque dont les conséquences avaient été si fâcheuses pour lui. Il ne cacha rien, il se confessa sur tous les points, avoua ses soupçons, ses craintes, ses motifs de défiance il dit@ qu'il doutait de Clémence, et cela dès le premier jour que depuis lors ce doute avait pris des racines profondes et s'était accru de bien des découvertes que le ha-sard lui avait livrées ces découvertes, il les énuméra et avec toutes leurs circonstances il parla de la connivence dont il avait été témoin sous les murs même du château enfin de cette rencontre toute récente qui semblait fournir la preuve irrécusable d'un concert criminel et dont un vieux serviteur de l'hôtel venait de lui donner connaissance. En présence de tant de faits, de tant de témoignages, son honneur, un hon-neur de famille, lui commandait d'agir, et c'était pour cela qu'il venait vers sa soeur. @Pendant le cours de cette @confidence, la physionomie de mademoiselle Pulchérie eût offert un sujet d'étude aux per-sonnes qui se piquent d'y lire l'expression des sentiments secrets. Ce qui y dominait, c'était le bonheur d'entendre le récit des mésaventures d'autrui, bonheur d'autant plus grand
90 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -Vraiment, mon frère ! Vous m'étonnez ! moi qui ne croyais plus compter ! moi qui suis retranchée de la famille ! Allons donc ! est-ce croyable ? Auriez-vous besoin de moi, par hasard ? Elle le regardait en même temps avec des yeux de faucon. -Comme vous le dites, Pulchérie, j'ai besoin de vous. Consentez-vous à m'écouter ? Un sourire effleura les lèvres de la vieille fille c'était l'expression d'un triomphe, tempéré par le calcul. On recou-rait à ses services, elle donnait à entendre qu'ils ne seraient pas gratuits. -Si j'y consens, mon frère, dit-elle si j'y consens! en pourriez-vous douter ? -Eh bien ! un peu d'attention alors. -Parlez, mon frère, parlez ! Il commença et expliqua tout au long ce qu'il attendait d'elle. Pour la première fois, il mit à nu les infirmités et les plaies de son coeur cet aveu lui coûtait mais comment s'y soustraire ? Il raconta ce qui avait eu lieu depuis son ma-riage, les incidents qui l'avaient accompagné et suivi, et jus-qu'à cette aventure romanesque dont les conséquences avaient été si fâcheuses pour lui. Il ne cacha rien, il se confessa sur tous les points, avoua ses soupçons, ses craintes, ses motifs de défiance il dit qu'il doutait de Clémence, et cela dès le premier jour que depuis lors ce doute avait pris des racines profondes et s'était accru de bien des découvertes que le ha-sard lui avait livrées ces découvertes, il les énuméra et avec toutes leurs circonstances il parla de la connivence dont il avait été témoin sous les murs même du château enfin de cette rencontre toute récente qui semblait fournir la preuve irrécusable d'un concert criminel et dont un vieux serviteur de l'hôtel venait de lui donner connaissance. En présence de tant de faits, de tant de témoignages, son honneur, un hon-neur de famille, lui commandait d'agir, et c'était pour cela qu'il venait vers sa soeur. Pendant le cours de cette confidence, la physionomie de mademoiselle Pulchérie eût offert un sujet d'étude aux per-sonnes qui se piquent d'y lire l'expression des sentiments secrets. Ce qui y dominait, c'était le bonheur d'entendre le récit des mésaventures d'autrui, bonheur d'autant plus grand
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CE QU'ON PEUT VOIR DANS une-rue. 285 seignement il voulait savoir quel élément de destruction avait servi à la catastrophe. Il cherchait de tous côtés et ne trouvait rien ce fut le concierge qui le mit sur la voie. Aux pieds du lit et sur le tapis même, cet homme avait décou-vert la petite fiole où Marguerite avait puisé la mort. - Voyez donc, docteur, dit-il en la lui remettant. - Enfin ! s'écria celui-ci, voilà ce que je cherchais. Il se rapprocha de la croisée et examina le résidu qui était resté au fond du verre, et à l'odeur, à la couleur, il reconnut le poison. - Un narcotique ! dit-il. Agissons maintenant. A l'instant il tira de sa pharmacie Une substance éner-gique et de nature à combattre les progrès du mal puis , avec un certain effort, il parvint à en introduire quelques gouttes dans la bouche de Marguerite. Ludovic suivait cette scène d'un oeil avide et consterné il essayait de saisir, sur la physionomie du docteur, les impressions qui s'y peignaient et par suite les chances de salut qui restaient encore puis il s'attachait au visage de la victime, comme s'il eût espéré lui -communiquer la vie et le mouvement par la puissance de sa volonté. Parfois l'illusion s'en mêlait et il lui semblait que le visage s'animait, que les joues reprenaient leurs couleurs -et les lèvres leur sourire il s'attendait à la voir se relever de sa couche, lui parler et lui tendre la main. Mais c'étaient là de fugitifs éclairs, suivis de ténèbres profondes. Le docteur n'était pas moins attentif que Ludovic seule-ment il restait maître de son émotion et y apportait la sang-froid de l'homme à qui les scènes de la mort sont familières. Sur le ton des chairs et la chaleur de la peau, il épiait les symptômes d'une vie latente. Déjà, à trois reprises, il avait eu recours à son antidote, en doublant les doses de manière à en accroître l'effet il attendait maintenant que la nature ai-dât, par ses ressources, à celles de l'art. Si l'insensibilité persistait, c'était la preuve que la destruction avait accompli son oeuvre et que les remèdes étaient impuissants. Un nouveau silence se fit, accablant et douloureux. Lu-dovic restait debout le docteur avait pris un fauteuil et s'é-tait assis le concierge gardait l'immobilité d'une statue. Comme les autres témoins de cette scène , il était sous l'in-fluence de ses impressions. Quelle responsabilité pour lui ! et
CE QU'ON PEUT VOIR DANS une-rue. 285 seignement il voulait savoir quel élément de destruction avait servi à la catastrophe. Il cherchait de tous côtés et ne trouvait rien ce fut le concierge qui le mit sur la voie. Aux pieds du lit et sur le tapis même, cet homme avait décou-vert la petite fiole où Marguerite avait puisé la mort. - Voyez donc, docteur, dit-il en la lui remettant. - Enfin ! s'écria celui-ci, voilà ce que je cherchais. Il se rapprocha de la croisée et examina le résidu qui était resté au fond du verre, et à l'odeur, à la couleur, il reconnut le poison. - Un narcotique ! dit-il. Agissons maintenant. A l'instant il tira de sa pharmacie Une substance éner-gique et de nature à combattre les progrès du mal puis , avec un certain effort, il parvint à en introduire quelques gouttes dans la bouche de Marguerite. Ludovic suivait cette scène d'un oeil avide et consterné il essayait de saisir, sur la physionomie du docteur, les impressions qui s'y peignaient et par suite les chances de salut qui restaient encore puis il s'attachait au visage de la victime, comme s'il eût espéré lui -communiquer la vie et le mouvement par la puissance de sa volonté. Parfois l'illusion s'en mêlait et il lui semblait que le visage s'animait, que les joues reprenaient leurs couleurs -et les lèvres leur sourire il s'attendait à la voir se relever de sa couche, lui parler et lui tendre la main. Mais c'étaient là de fugitifs éclairs, suivis de ténèbres profondes. Le docteur n'était pas moins attentif que Ludovic seule-ment il restait maître de son émotion et y apportait la sang-froid de l'homme à qui les scènes de la mort sont familières. Sur le ton des chairs et la chaleur de la peau, il épiait les symptômes d'une vie latente. Déjà, à trois reprises, il avait eu recours à son antidote, en doublant les doses de manière à en accroître l'effet il attendait maintenant que la nature ai-dât, par ses ressources, à celles de l'art. Si l'insensibilité persistait, c'était la preuve que la destruction avait accompli son oeuvre et que les remèdes étaient impuissants. Un nouveau silence se fit, accablant et douloureux. Lu-dovic restait debout le docteur avait pris un fauteuil et s'é-tait assis le concierge gardait l'immobilité d'une statue. Comme les autres témoins de cette scène , il était sous l'in-fluence de ses impressions. Quelle responsabilité pour lui ! et
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 285 seignement il voulait savoir quel élément de destruction avait servi à la catastrophe. Il cherchait de tous côtés et ne trouvait rien ce fut le concierge qui le mit sur la voie. Aux pieds du lit et sur le tapis même, cet homme avait décou-vert la petite fiole où Marguerite avait puisé la mort. -@Voyez donc, docteur, dit-il en la lui remettant. -@Enfin ! s'écria celui-ci, voilà ce que je cherchais. Il se rapprocha de la croisée et examina le résidu qui était resté au fond du verre, et à l'odeur, à la couleur, il reconnut le poison. -@Un narcotique ! dit-il. Agissons maintenant. A l'instant il tira de sa pharmacie une substance éner-gique et de nature à combattre les progrès du mal puis@, avec un certain effort, il parvint à en introduire quelques gouttes dans la bouche de Marguerite. Ludovic suivait cette scène d'un oeil avide et consterné il essayait de saisir, sur la physionomie du docteur, les impressions qui s'y peignaient et par suite les chances de salut qui restaient encore puis il s'attachait au visage de la victime, comme s'il eût espéré lui @communiquer la vie et le mouvement par la puissance de sa volonté. Parfois l'illusion s'en mêlait et il lui semblait que le visage s'animait, que les joues reprenaient leurs couleurs @et les lèvres leur sourire il s'attendait à la voir se relever de sa couche, lui parler et lui tendre la main. Mais c'étaient là de fugitifs éclairs, suivis de ténèbres profondes. Le docteur n'était pas moins attentif que Ludovic seule-ment il restait maître de son émotion et y apportait le sang-froid de l'homme à qui les scènes de la mort sont familières. Sur le ton des chairs et la chaleur de la peau, il épiait les symptômes d'une vie latente. Déjà, à trois reprises, il avait eu recours à son antidote, en doublant les doses de manière à en accroître l'effet il attendait maintenant que la nature ai-dât, par ses ressources, à celles de l'art. Si l'insensibilité persistait, c'était la preuve que la destruction avait accompli son oeuvre et que les remèdes étaient impuissants. Un nouveau silence se fit, accablant et douloureux. Lu-dovic restait debout le docteur avait pris un fauteuil et s'é-tait assis le concierge gardait l'immobilité d'une statue. Comme les autres témoins de cette scène@, il était sous l'in-fluence de ses impressions. Quelle responsabilité pour lui ! et
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 285 seignement il voulait savoir quel élément de destruction avait servi à la catastrophe. Il cherchait de tous côtés et ne trouvait rien ce fut le concierge qui le mit sur la voie. Aux pieds du lit et sur le tapis même, cet homme avait décou-vert la petite fiole où Marguerite avait puisé la mort. -@Voyez donc, docteur, dit-il en la lui remettant. -@Enfin ! s'écria celui-ci, voilà ce que je cherchais. Il se rapprocha de la croisée et examina le résidu qui était resté au fond du verre, et à l'odeur, à la couleur, il reconnut le poison. -@Un narcotique ! dit-il. Agissons maintenant. A l'instant il tira de sa pharmacie une substance éner-gique et de nature à combattre les progrès du mal puis@, avec un certain effort, il parvint à en introduire quelques gouttes dans la bouche de Marguerite. Ludovic suivait cette scène d'un oeil avide et consterné il essayait de saisir, sur la physionomie du docteur, les impressions qui s'y peignaient et par suite les chances de salut qui restaient encore puis il s'attachait au visage de la victime, comme s'il eût espéré lui @communiquer la vie et le mouvement par la puissance de sa volonté. Parfois l'illusion s'en mêlait et il lui semblait que le visage s'animait, que les joues reprenaient leurs couleurs @et les lèvres leur sourire il s'attendait à la voir se relever de sa couche, lui parler et lui tendre la main. Mais c'étaient là de fugitifs éclairs, suivis de ténèbres profondes. Le docteur n'était pas moins attentif que Ludovic seule-ment il restait maître de son émotion et y apportait le sang-froid de l'homme à qui les scènes de la mort sont familières. Sur le ton des chairs et la chaleur de la peau, il épiait les symptômes d'une vie latente. Déjà, à trois reprises, il avait eu recours à son antidote, en doublant les doses de manière à en accroître l'effet il attendait maintenant que la nature ai-dât, par ses ressources, à celles de l'art. Si l'insensibilité persistait, c'était la preuve que la destruction avait accompli son oeuvre et que les remèdes étaient impuissants. Un nouveau silence se fit, accablant et douloureux. Lu-dovic restait debout le docteur avait pris un fauteuil et s'é-tait assis le concierge gardait l'immobilité d'une statue. Comme les autres témoins de cette scène@, il était sous l'in-fluence de ses impressions. Quelle responsabilité pour lui ! et
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 285 seignement il voulait savoir quel élément de destruction avait servi à la catastrophe. Il cherchait de tous côtés et ne trouvait rien ce fut le concierge qui le mit sur la voie. Aux pieds du lit et sur le tapis même, cet homme avait décou-vert la petite fiole où Marguerite avait puisé la mort. -Voyez donc, docteur, dit-il en la lui remettant. -Enfin ! s'écria celui-ci, voilà ce que je cherchais. Il se rapprocha de la croisée et examina le résidu qui était resté au fond du verre, et à l'odeur, à la couleur, il reconnut le poison. -Un narcotique ! dit-il. Agissons maintenant. A l'instant il tira de sa pharmacie une substance éner-gique et de nature à combattre les progrès du mal puis, avec un certain effort, il parvint à en introduire quelques gouttes dans la bouche de Marguerite. Ludovic suivait cette scène d'un oeil avide et consterné il essayait de saisir, sur la physionomie du docteur, les impressions qui s'y peignaient et par suite les chances de salut qui restaient encore puis il s'attachait au visage de la victime, comme s'il eût espéré lui communiquer la vie et le mouvement par la puissance de sa volonté. Parfois l'illusion s'en mêlait et il lui semblait que le visage s'animait, que les joues reprenaient leurs couleurs et les lèvres leur sourire il s'attendait à la voir se relever de sa couche, lui parler et lui tendre la main. Mais c'étaient là de fugitifs éclairs, suivis de ténèbres profondes. Le docteur n'était pas moins attentif que Ludovic seule-ment il restait maître de son émotion et y apportait le sang-froid de l'homme à qui les scènes de la mort sont familières. Sur le ton des chairs et la chaleur de la peau, il épiait les symptômes d'une vie latente. Déjà, à trois reprises, il avait eu recours à son antidote, en doublant les doses de manière à en accroître l'effet il attendait maintenant que la nature ai-dât, par ses ressources, à celles de l'art. Si l'insensibilité persistait, c'était la preuve que la destruction avait accompli son oeuvre et que les remèdes étaient impuissants. Un nouveau silence se fit, accablant et douloureux. Lu-dovic restait debout le docteur avait pris un fauteuil et s'é-tait assis le concierge gardait l'immobilité d'une statue. Comme les autres témoins de cette scène, il était sous l'in-fluence de ses impressions. Quelle responsabilité pour lui ! et
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74 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. un sacrifice au-dessus de ses forces et une peine à laquelle il ne résisterait pas. C'était sa première et sainte affection, la seule femme qui eût éveillé chez lui un sentiment pas-sionné. Jeune comme il l'était, il n'y attachait aucune pensée de séduction. dans le sens ordinaire du mot il n'entendait pas jouer le rôle d'un homme à bonnes fortunes son âge et son caractère y répugnaient. Il aimait pour aimer, pour être aimé peut-être, rien au delà. Un regard, un mot de Clémence suffisaient à son bonheur, et sa journée étaient remplie quand il les avait obtenus. Si on lui avait dit qu'il existait des joies plus grandes, il ne l'aurait pas cru mais à en être privé il se sentait dépérir. Aussi ne demeura-t-il pas inactif devant l'interdit qui le frappait. Si le comte Sigismond avait une police à ses ordres, Gaston eut bientôt trouvé les moyens de déjouer les espions. 11 était aimé et connu des gens du château, le comte en était craint seulement. En apparence, celui-ci était obéi, en secret on servait Gaston, toujours prompt aux largesses. Complot innocent et dans lequel Claire et la marquise étaient de moi-tié ! Il s'agissait d'avoir des nouvelles de la comtesse, d'être informés de ce qu'elle faisait, de savoir comment elle sup-portait l'épreuve que le ciel lui avait envoyée. C'était un bulletin de santé, avec tous les détails possibles, et jamais ce bulletin ne manqua. Aussi, les relations entre Beaupré et Champclos étaient moins rompues que ne le croyait Sigis-mond. L'ennemi avait des intelligences dans la place. Gaston n'était pas d'humeur à s'en tenir là il voulait re-voir Clémence, fût-ce de loin, échanger avec elle un regard, recueillir un de ces sourires qui le rendaient si heureux. La saison s'avançait, et déjà on parlait de rentrer à Paris il n'y avait pas un jour à perdre. Le château de Beaupré se composait de deux parties l'une ouverte, qui comprenait le domaine en exploitation l'autre, entourée de murs et dans laquelle se trouvaient le château, les jardins, un vaste parc planté d'arbres centenaires. L'ac-cès de cette dernière partie n'était facile qu'à ceux qui y pénétraient à titre régulier. Les murailles étaient très-hautes, et le château, pourvu de ses anciennes défenses, était mer-veilleusement propre à la destination que son nouveau maître semblait vouloir lui donner. Lui-même en avait, sans doute,
74 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. un sacrifice au-dessus de ses forces et une peine à laquelle il ne résisterait pas. C'était sa première et sainte affection, la seule femme qui eût éveillé chez lui un sentiment pas-sionné. Jeune comme il l'était, il n'y attachait aucune pensée de séduction. dans le sens ordinaire du mot il n'entendait pas jouer le rôle d'un homme à bonnes fortunes son âge et son caractère y répugnaient. Il aimait pour aimer, pour être aimé peut-être, rien au delà. Un regard, un mot de Clémence suffisaient à son bonheur, et sa journée étaient remplie quand il les avait obtenus. Si on lui avait dit qu'il existait des joies plus grandes, il ne l'aurait pas cru mais à en être privé il se sentait dépérir. Aussi ne demeura-t-il pas inactif devant l'interdit qui le frappait. Si le comte Sigismond avait une police à ses ordres, Gaston eut bientôt trouvé les moyens de déjouer les espions. 11 était aimé et connu des gens du château, le comte en était craint seulement. En apparence, celui-ci était obéi, en secret on servait Gaston, toujours prompt aux largesses. Complot innocent et dans lequel Claire et la marquise étaient de moi-tié ! Il s'agissait d'avoir des nouvelles de la comtesse, d'être informés de ce qu'elle faisait, de savoir comment elle sup-portait l'épreuve que le ciel lui avait envoyée. C'était un bulletin de santé, avec tous les détails possibles, et jamais ce bulletin ne manqua. Aussi, les relations entre Beaupré et Champclos étaient moins rompues que ne le croyait Sigis-mond. L'ennemi avait des intelligences dans la place. Gaston n'était pas d'humeur à s'en tenir là il voulait re-voir Clémence, fût-ce de loin, échanger avec elle un regard, recueillir un de ces sourires qui le rendaient si heureux. La saison s'avançait, et déjà on parlait de rentrer à Paris il n'y avait pas un jour à perdre. Le château de Beaupré se composait de deux parties l'une ouverte, qui comprenait le domaine en exploitation l'autre, entourée de murs et dans laquelle se trouvaient le château, les jardins, un vaste parc planté d'arbres centenaires. L'ac-cès de cette dernière partie n'était facile qu'à ceux qui y pénétraient à titre régulier. Les murailles étaient très-hautes, et le château, pourvu de ses anciennes défenses, était mer-veilleusement propre à la destination que son nouveau maître semblait vouloir lui donner. Lui-même en avait, sans doute,
74 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. un sacrifice au-dessus de ses forces et une peine à laquelle il ne résisterait pas. C'était sa première et sainte affection, la seule femme qui eût éveillé chez lui un sentiment pas-sionné. Jeune comme il l'était, il n'y attachait aucune pensée de séduction@ dans le sens ordinaire du mot il n'entendait pas jouer le rôle d'un homme à bonnes fortunes son âge et son caractère y répugnaient. Il aimait pour aimer, pour être aimé peut-être, rien au delà. Un regard, un mot de Clémence suffisaient à son bonheur, et sa journée étaient remplie quand il les avait obtenus. Si on lui avait dit qu'il existait des joies plus grandes, il ne l'aurait pas cru mais à en être privé il se sentait dépérir. Aussi ne demeura-t-il pas inactif devant l'interdit qui le frappait. Si le comte Sigismond avait une police à ses ordres, Gaston eut bientôt trouvé les moyens de déjouer les espions. Il était aimé et connu des gens du château, le comte en était craint seulement. En apparence, celui-ci était obéi, en secret on servait Gaston, toujours prompt aux largesses. Complot innocent et dans lequel Claire et la marquise étaient de moi-tié ! Il s'agissait d'avoir des nouvelles de la comtesse, d'être informés de ce qu'elle faisait, de savoir comment elle sup-portait l'épreuve que le ciel lui avait envoyée. C'était un bulletin de santé, avec tous les détails possibles, et jamais ce bulletin ne manqua. Aussi, les relations entre Beaupré et Champclos étaient moins rompues que ne le croyait Sigis-mond. L'ennemi avait des intelligences dans la place. Gaston n'était pas d'humeur à s'en tenir là il voulait re-voir Clémence, fût-ce de loin, échanger avec elle un regard, recueillir un de ces sourires qui le rendaient si heureux. La saison s'avançait, et déjà on parlait de rentrer à Paris il n'y avait pas un jour à perdre. Le château de Beaupré se composait de deux parties l'une ouverte, qui comprenait le domaine en exploitation l'autre, entourée de murs et dans laquelle se trouvaient le château, les jardins, un vaste parc planté d'arbres centenaires. L'ac-cès de cette dernière partie n'était facile qu'à ceux qui y pénétraient à titre régulier. Les murailles étaient très-hautes, et le château, pourvu de ses anciennes défenses, était mer-veilleusement propre à la destination que son nouveau maître semblait vouloir lui donner. Lui-même en avait, sans doute,
74 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. un sacrifice au-dessus de ses forces et une peine à laquelle il ne résisterait pas. C'était sa première et sainte affection, la seule femme qui eût éveillé chez lui un sentiment pas-sionné. Jeune comme il l'était, il n'y attachait aucune pensée de séduction@ dans le sens ordinaire du mot il n'entendait pas jouer le rôle d'un homme à bonnes fortunes son âge et son caractère y répugnaient. Il aimait pour aimer, pour être aimé peut-être, rien au delà. Un regard, un mot de Clémence suffisaient à son bonheur, et sa journée étaient remplie quand il les avait obtenus. Si on lui avait dit qu'il existait des joies plus grandes, il ne l'aurait pas cru mais à en être privé il se sentait dépérir. Aussi ne demeura-t-il pas inactif devant l'interdit qui le frappait. Si le comte Sigismond avait une police à ses ordres, Gaston eut bientôt trouvé les moyens de déjouer les espions. Il était aimé et connu des gens du château, le comte en était craint seulement. En apparence, celui-ci était obéi, en secret on servait Gaston, toujours prompt aux largesses. Complot innocent et dans lequel Claire et la marquise étaient de moi-tié ! Il s'agissait d'avoir des nouvelles de la comtesse, d'être informés de ce qu'elle faisait, de savoir comment elle sup-portait l'épreuve que le ciel lui avait envoyée. C'était un bulletin de santé, avec tous les détails possibles, et jamais ce bulletin ne manqua. Aussi, les relations entre Beaupré et Champclos étaient moins rompues que ne le croyait Sigis-mond. L'ennemi avait des intelligences dans la place. Gaston n'était pas d'humeur à s'en tenir là il voulait re-voir Clémence, fût-ce de loin, échanger avec elle un regard, recueillir un de ces sourires qui le rendaient si heureux. La saison s'avançait, et déjà on parlait de rentrer à Paris il n'y avait pas un jour à perdre. Le château de Beaupré se composait de deux parties l'une ouverte, qui comprenait le domaine en exploitation l'autre, entourée de murs et dans laquelle se trouvaient le château, les jardins, un vaste parc planté d'arbres centenaires. L'ac-cès de cette dernière partie n'était facile qu'à ceux qui y pénétraient à titre régulier. Les murailles étaient très-hautes, et le château, pourvu de ses anciennes défenses, était mer-veilleusement propre à la destination que son nouveau maître semblait vouloir lui donner. Lui-même en avait, sans doute,
74 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. un sacrifice au-dessus de ses forces et une peine à laquelle il ne résisterait pas. C'était sa première et sainte affection, la seule femme qui eût éveillé chez lui un sentiment pas-sionné. Jeune comme il l'était, il n'y attachait aucune pensée de séduction dans le sens ordinaire du mot il n'entendait pas jouer le rôle d'un homme à bonnes fortunes son âge et son caractère y répugnaient. Il aimait pour aimer, pour être aimé peut-être, rien au delà. Un regard, un mot de Clémence suffisaient à son bonheur, et sa journée étaient remplie quand il les avait obtenus. Si on lui avait dit qu'il existait des joies plus grandes, il ne l'aurait pas cru mais à en être privé il se sentait dépérir. Aussi ne demeura-t-il pas inactif devant l'interdit qui le frappait. Si le comte Sigismond avait une police à ses ordres, Gaston eut bientôt trouvé les moyens de déjouer les espions. Il était aimé et connu des gens du château, le comte en était craint seulement. En apparence, celui-ci était obéi, en secret on servait Gaston, toujours prompt aux largesses. Complot innocent et dans lequel Claire et la marquise étaient de moi-tié ! Il s'agissait d'avoir des nouvelles de la comtesse, d'être informés de ce qu'elle faisait, de savoir comment elle sup-portait l'épreuve que le ciel lui avait envoyée. C'était un bulletin de santé, avec tous les détails possibles, et jamais ce bulletin ne manqua. Aussi, les relations entre Beaupré et Champclos étaient moins rompues que ne le croyait Sigis-mond. L'ennemi avait des intelligences dans la place. Gaston n'était pas d'humeur à s'en tenir là il voulait re-voir Clémence, fût-ce de loin, échanger avec elle un regard, recueillir un de ces sourires qui le rendaient si heureux. La saison s'avançait, et déjà on parlait de rentrer à Paris il n'y avait pas un jour à perdre. Le château de Beaupré se composait de deux parties l'une ouverte, qui comprenait le domaine en exploitation l'autre, entourée de murs et dans laquelle se trouvaient le château, les jardins, un vaste parc planté d'arbres centenaires. L'ac-cès de cette dernière partie n'était facile qu'à ceux qui y pénétraient à titre régulier. Les murailles étaient très-hautes, et le château, pourvu de ses anciennes défenses, était mer-veilleusement propre à la destination que son nouveau maître semblait vouloir lui donner. Lui-même en avait, sans doute,
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46 CE qu'on PEUT-VOIR DANS UNE RUE. agitant la tète, piaffant, ou frappant la terre de son sabot, comme s'il eût été fier et eût voulu se montrer digne du pré-cieux fardeau qu'il portait. A peine les invités étaient-ils réunis, que Gaston donna le signal du départ. Lui aussi semblait transformé sa pose, son accent, sa physionomie trahissaient les secrets-enchantements de son coeur. Il se multipliait, il avait des mots aimables pour tout le monde, poussait tantôt son cheval vers la tête de la colonne, et tantôt retournait à l'arrière comme un général qui veut s'assurer de la marche de ses régiments. Dans ses évo-lutions, il avait à essuyer le feu de bien des regards, attirés par sa prestance et par sa beauté. C'était un triomphe pour lui et il en portait bien le poids un triomphe sous les yeux de Clémence, voilà ce qui en rehaussait le prix. Jusqu'à la falaise, le chemin n'offrait point de difficultés, et le traj et se fit rapidement. Là. il y eut une halte ni les chevaux ni les voitures ne pouvaient aller plus loin, et à l'as-pect de ce sentier d'où l'oeil plongeait dans le yide et en me-surait la profondeur, un cri de découragement s'échappa de beaucoup de poitrines. - Pour dominer ces frayeurs, il fallut que les plus aguerris donnassent l'exemple. Gaston descen-dit et remonta vingt fois, aidant les uns, stimulant les autres, faisant auprès des plus alarmées l'office de chevalier, et ne les abandonnant que lorsqu'elles avaient toucbé la grève. Ce fut une longue opération, et elle ne s'acheva pas sans qu'aux témoignages de frayeur se mêlassent des éclats de rire Celles qui étaient en sûreté raillaient volontiers celles qui étaient encore engagées dans les sentiers aériens et n'y avançaient que d'un pas tremblant. Enfin, avec du temps et des précau-tions , la descente s'acheva sans événement fâcheux une fois sur la plage, on se reconnut, on se compta personne ne manquait à l'appel. Quand il s'agit du bain, Gaston veilla à l'exécution des règlements de la localité. Les sexes furent rigoureusement séparés ici les femmes, là les hommes l'arche marquait les limites, et il était interdit de les franchir. Avec une compa-gnie aussi nombreuse, l'abri du rocher n'eût pas suffi comme vestiaire aussi y avait-on suppléé par des tentes qui cou-vraient la plage comme une décoration vertes d'un côté, bleues, de l'autre, elles formaient deux camps, digtipcts par
46 CE qu'on PEUT-VOIR DANS UNE RUE. agitant la tète, piaffant, ou frappant la terre de son sabot, comme s'il eût été fier et eût voulu se montrer digne du pré-cieux fardeau qu'il portait. A peine les invités étaient-ils réunis, que Gaston donna le signal du départ. Lui aussi semblait transformé sa pose, son accent, sa physionomie trahissaient les secrets-enchantements de son coeur. Il se multipliait, il avait des mots aimables pour tout le monde, poussait tantôt son cheval vers la tête de la colonne, et tantôt retournait à l'arrière@ comme un général qui veut s'assurer de la marche de ses régiments. Dans ses évo-lutions, il avait à essuyer le feu de bien des regards, attirés par sa prestance et par sa beauté. C'était un triomphe pour lui et il en portait bien le poids un triomphe sous les yeux de Clémence, voilà ce qui en rehaussait le prix. Jusqu'à la falaise, le chemin n'offrait point de difficultés, et le traj et se fit rapidement. Là. il y eut une halte ni les chevaux ni les voitures ne pouvaient aller plus loin, et à l'as-pect de ce sentier d'où l'oeil plongeait dans le yide et en me-surait la profondeur, un cri de découragement s'échappa de beaucoup de poitrines. - Pour dominer ces frayeurs, il fallut que les plus aguerris donnassent l'exemple. Gaston descen-dit et remonta vingt fois, aidant les uns, stimulant les autres, faisant auprès des plus alarmées l'office de chevalier, et ne les abandonnant que lorsqu'elles avaient toucbé la grève. Ce fut une longue opération, et elle ne s'acheva pas sans qu'aux témoignages de frayeur se mêlassent des éclats de rire@ Celles qui étaient en sûreté raillaient volontiers celles qui étaient encore engagées dans les sentiers aériens et n'y avançaient que d'un pas tremblant. Enfin, avec du temps et des précau-tions , la descente s'acheva sans événement fâcheux une fois sur la plage, on se reconnut, on se compta personne ne manquait à l'appel. Quand il s'agit du bain, Gaston veilla à l'exécution des règlements de la localité. Les sexes furent rigoureusement séparés ici les femmes, là les hommes l'arche marquait les limites, et il était interdit de les franchir. Avec une compa-gnie aussi nombreuse, l'abri du rocher n'eût pas suffi comme vestiaire aussi y avait-on suppléé par des tentes qui cou-vraient la plage comme une décoration vertes d'un côté, bleues, de l'autre, elles formaient deux camps, digtipcts par
46 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. agitant la tête, piaffant, ou frappant la terre de son sabot, comme s'il eût été fier et eût voulu se montrer digne du pré-cieux fardeau qu'il portait. A peine les invités étaient-ils réunis, que Gaston donna le signal du départ. Lui aussi semblait transformé sa pose, son accent, sa physionomie trahissaient les secrets enchantements de son coeur. Il se multipliait, il avait des mots aimables pour tout le monde, poussait tantôt son cheval vers la tête de la colonne, et tantôt retournait à l'arrière, comme un général qui veut s'assurer de la marche de ses régiments. Dans ses évo-lutions, il avait à essuyer le feu de bien des regards, attirés par sa prestance et par sa beauté. C'était un triomphe pour lui et il en portait bien le poids un triomphe sous les yeux de Clémence, voilà ce qui en rehaussait le prix. Jusqu'à la falaise, le chemin n'offrait point de difficultés, et le traj@et se fit rapidement. Là, il y eut une halte ni les chevaux ni les voitures ne pouvaient aller plus loin, et à l'as-pect de ce sentier d'où l'oeil plongeait dans le vide et en me-surait la profondeur, un cri de découragement s'échappa de beaucoup de poitrines. @@Pour dominer ces frayeurs, il fallut que les plus aguerris donnassent l'exemple. Gaston descen-dit et remonta vingt fois, aidant les uns, stimulant les autres, faisant auprès des plus alarmées l'office de chevalier, et ne les abandonnant que lorsqu'elles avaient touché la grève. Ce fut une longue opération, et elle ne s'acheva pas sans qu'aux témoignages de frayeur se mêlassent des éclats de rire. Celles qui étaient en sûreté raillaient volontiers celles qui étaient encore engagées dans les sentiers aériens et n'y avançaient que d'un pas tremblant. Enfin, avec du temps et des précau-tions@, la descente s'acheva sans événement fâcheux une fois sur la plage, on se reconnut, on se compta personne ne manquait à l'appel. Quand il s'agit du bain, Gaston veilla à l'exécution des règlements de la localité. Les sexes furent rigoureusement séparés ici les femmes, là les hommes l'arche marquait les limites, et il était interdit de les franchir. Avec une compa-gnie aussi nombreuse, l'abri du rocher n'eût pas suffi comme vestiaire aussi y avait-on suppléé par des tentes qui cou-vraient la plage comme une décoration vertes d'un côté, bleues@ de l'autre, elles formaient deux camps, distincts par
46 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. agitant la tête, piaffant, ou frappant la terre de son sabot, comme s'il eût été fier et eût voulu se montrer digne du pré-cieux fardeau qu'il portait. A peine les invités étaient-ils réunis, que Gaston donna le signal du départ. Lui aussi semblait transformé sa pose, son accent, sa physionomie trahissaient les secrets enchantements de son coeur. Il se multipliait, il avait des mots aimables pour tout le monde, poussait tantôt son cheval vers la tête de la colonne, et tantôt retournait à l'arrière, comme un général qui veut s'assurer de la marche de ses régiments. Dans ses évo-lutions, il avait à essuyer le feu de bien des regards, attirés par sa prestance et par sa beauté. C'était un triomphe pour lui et il en portait bien le poids un triomphe sous les yeux de Clémence, voilà ce qui en rehaussait le prix. Jusqu'à la falaise, le chemin n'offrait point de difficultés, et le traj@et se fit rapidement. Là, il y eut une halte ni les chevaux ni les voitures ne pouvaient aller plus loin, et à l'as-pect de ce sentier d'où l'oeil plongeait dans le vide et en me-surait la profondeur, un cri de découragement s'échappa de beaucoup de poitrines. @@Pour dominer ces frayeurs, il fallut que les plus aguerris donnassent l'exemple. Gaston descen-dit et remonta vingt fois, aidant les uns, stimulant les autres, faisant auprès des plus alarmées l'office de chevalier, et ne les abandonnant que lorsqu'elles avaient touché la grève. Ce fut une longue opération, et elle ne s'acheva pas sans qu'aux témoignages de frayeur se mêlassent des éclats de rire. Celles qui étaient en sûreté raillaient volontiers celles qui étaient encore engagées dans les sentiers aériens et n'y avançaient que d'un pas tremblant. Enfin, avec du temps et des précau-tions@, la descente s'acheva sans événement fâcheux une fois sur la plage, on se reconnut, on se compta personne ne manquait à l'appel. Quand il s'agit du bain, Gaston veilla à l'exécution des règlements de la localité. Les sexes furent rigoureusement séparés ici les femmes, là les hommes l'arche marquait les limites, et il était interdit de les franchir. Avec une compa-gnie aussi nombreuse, l'abri du rocher n'eût pas suffi comme vestiaire aussi y avait-on suppléé par des tentes qui cou-vraient la plage comme une décoration vertes d'un côté, bleues@ de l'autre, elles formaient deux camps, distincts par
46 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. agitant la tête, piaffant, ou frappant la terre de son sabot, comme s'il eût été fier et eût voulu se montrer digne du pré-cieux fardeau qu'il portait. A peine les invités étaient-ils réunis, que Gaston donna le signal du départ. Lui aussi semblait transformé sa pose, son accent, sa physionomie trahissaient les secrets enchantements de son coeur. Il se multipliait, il avait des mots aimables pour tout le monde, poussait tantôt son cheval vers la tête de la colonne, et tantôt retournait à l'arrière, comme un général qui veut s'assurer de la marche de ses régiments. Dans ses évo-lutions, il avait à essuyer le feu de bien des regards, attirés par sa prestance et par sa beauté. C'était un triomphe pour lui et il en portait bien le poids un triomphe sous les yeux de Clémence, voilà ce qui en rehaussait le prix. Jusqu'à la falaise, le chemin n'offrait point de difficultés, et le trajet se fit rapidement. Là, il y eut une halte ni les chevaux ni les voitures ne pouvaient aller plus loin, et à l'as-pect de ce sentier d'où l'oeil plongeait dans le vide et en me-surait la profondeur, un cri de découragement s'échappa de beaucoup de poitrines. Pour dominer ces frayeurs, il fallut que les plus aguerris donnassent l'exemple. Gaston descen-dit et remonta vingt fois, aidant les uns, stimulant les autres, faisant auprès des plus alarmées l'office de chevalier, et ne les abandonnant que lorsqu'elles avaient touché la grève. Ce fut une longue opération, et elle ne s'acheva pas sans qu'aux témoignages de frayeur se mêlassent des éclats de rire. Celles qui étaient en sûreté raillaient volontiers celles qui étaient encore engagées dans les sentiers aériens et n'y avançaient que d'un pas tremblant. Enfin, avec du temps et des précau-tions, la descente s'acheva sans événement fâcheux une fois sur la plage, on se reconnut, on se compta personne ne manquait à l'appel. Quand il s'agit du bain, Gaston veilla à l'exécution des règlements de la localité. Les sexes furent rigoureusement séparés ici les femmes, là les hommes l'arche marquait les limites, et il était interdit de les franchir. Avec une compa-gnie aussi nombreuse, l'abri du rocher n'eût pas suffi comme vestiaire aussi y avait-on suppléé par des tentes qui cou-vraient la plage comme une décoration vertes d'un côté, bleues de l'autre, elles formaient deux camps, distincts par
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CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 31 - Bah ! et comment ? Il secoua la tête comme s'il eût voulu chasser un souvenir importun. - Comment? comment? dit-il. - Sans doute ! il faut un motif, repris-je. - Un motif ! ah 1 il y en avait un, et grave, encore, - Bah l - J'en savais trop, monsieur l'agent. Puis, comme s'il eût voulu retirer la déclaration qu'il ve-nait de faire - Brisons là, ajouta-t-il vous m'en feriez dire plus que je ne veux. -C'était mon but, en effet, et je ne m'en laissai pas détour-ner, parce qu'il l'avait deviné. Désormais cet homme était à moi il m'avait livré le secret d'une de ses faiblesses je sa-vais par où le prendre, comment le manier. Seulement il fal-lait user de ménagements et ne pas brusquer les choses. Aussi le laissai-je partir sans pousser mes efforts plus loin et bien convaincu qu'il me reviendrait. Cela ne manqua pas il reparut presque tous les jours comme si un ressort l'eût poussé et avec l'opiniâtreté de l'animal qui retourne à son ancien gite, même quand l'accès lui en est interdit. Au lieu de me fuir, à son tour il me rechercha, tantôt pour se plaindre, tantôt pour m'interroger. Il voulait savoir ce que devenait son heu-reux concurrent, comment il gouvernait l'hôtel et par quels signes extérieurs il rendait son autorité manifeste. Chaque détail que je lui donnais là-dessus était un dard nouveau qui lui entrait fort avant dans le coeur et le poussait vers la ven-geance. - Il ne l'emportera pas en paradis, s'écriait-il Dieu de Dieu 1 comme la main me démange 1 Parfois aussi, du serviteur, la rancune s'élevait jusqu'au maître, et j'y aidais de mon mieux. Sans affectation et d'une manière in senible, je le poussais sur le compte des Mont-réal, et, de plus en plus, la glace se rompait. Aux doléances succédaient les confidences et quand il y mettait du scru-pule, j'enfonçais de nouveau l'aiguillon. 1 - Au moins, lui disais-je, ces gens-là ont eu quelques procédés. Ils vous font une pension. De toutes mes machines de guerre, aucune ne fut plus
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 31 - Bah ! et comment ? Il secoua la tête comme s'il eût voulu chasser un souvenir importun. - Comment@? comment@? dit-il. - Sans doute ! il faut un motif, repris-je. - Un motif ! ah 1 il y en avait un, et grave, encore, - Bah l - J'en savais trop, monsieur l'agent. Puis, comme s'il eût voulu retirer la déclaration qu'il ve-nait de faire - Brisons là, ajouta-t-il vous m'en feriez dire plus que je ne veux. -C'était mon but, en effet, et je ne m'en laissai pas détour-ner, parce qu'il l'avait deviné. Désormais cet homme était à moi il m'avait livré le secret d'une de ses faiblesses je sa-vais par où le prendre, comment le manier. Seulement il fal-lait user de ménagements et ne pas brusquer les choses. Aussi le laissai-je partir sans pousser mes efforts plus loin et bien convaincu qu'il me reviendrait. Cela ne manqua pas il reparut presque tous les jours comme si un ressort l'eût poussé et avec l'opiniâtreté de l'animal qui retourne à son ancien gite, même quand l'accès lui en est interdit. Au lieu de me fuir, à son tour il me rechercha, tantôt pour se plaindre, tantôt pour m'interroger. Il voulait savoir ce que devenait son heu-reux concurrent, comment il gouvernait l'hôtel et par quels signes extérieurs il rendait son autorité manifeste. Chaque détail que je lui donnais là-dessus était un dard nouveau qui lui entrait fort avant dans le coeur et le poussait vers la ven-geance. - Il ne l'emportera pas en paradis, s'écriait-il Dieu de Dieu 1 comme la main me démange 1 Parfois aussi, du serviteur, la rancune s'élevait jusqu'au maître, et j'y aidais de mon mieux. Sans affectation et d'une manière in sen@ible, je le poussais sur le compte des Mont-réal, et, de plus en plus, la glace se rompait. Aux doléances succédaient les confidences et quand il y mettait du scru-pule, j'enfonçais de nouveau l'aiguillon. 1 - Au moins, lui disais-je, ces gens-là ont eu quelques procédés. Ils vous font une pension. De toutes mes machines de guerre, aucune ne fut plus
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 31 -@Bah ! et comment ? Il secoua la tête comme s'il eût voulu chasser un souvenir importun. -@Comment ? comment ? dit-il. -@Sans doute ! il faut un motif, repris-je. -@Un motif ! ah ! il y en avait un, et grave, encore. -@Bah ! -@J'en savais trop, monsieur l'agent. Puis, comme s'il eût voulu retirer la déclaration qu'il ve-nait de faire -@Brisons là, ajouta-t-il vous m'en feriez dire plus que je ne veux. @C'était mon but, en effet, et je ne m'en laissai pas détour-ner, parce qu'il l'avait deviné. Désormais cet homme était à moi il m'avait livré le secret d'une de ses faiblesses je sa-vais par où le prendre, comment le manier. Seulement il fal-lait user de ménagements et ne pas brusquer les choses. Aussi le laissai-je partir sans pousser mes efforts plus loin et bien convaincu qu'il me reviendrait. Cela ne manqua pas il reparut presque tous les jours comme si un ressort l'eût poussé et avec l'opiniâtreté de l'animal qui retourne à son ancien gite, même quand l'accès lui en est interdit. Au lieu de me fuir, à son tour il me rechercha, tantôt pour se plaindre, tantôt pour m'interroger. Il voulait savoir ce que devenait son heu-reux concurrent, comment il gouvernait l'hôtel et par quels signes extérieurs il rendait son autorité manifeste. Chaque détail que je lui donnais là-dessus était un dard nouveau qui lui entrait fort avant dans le coeur et le poussait vers la ven-geance. -@Il ne l'emportera pas en paradis, s'écriait-il Dieu de Dieu ! comme la main me démange ! Parfois aussi, du serviteur, la rancune s'élevait jusqu'au maître, et j'y aidais de mon mieux. Sans affectation et d'une manière in@sensible, je le poussais sur le compte des Mont-réal, et, de plus en plus, la glace se rompait. Aux doléances succédaient les confidences et quand il y mettait du scru-pule, j'enfonçais de nouveau l'aiguillon.n. -@Au moins, lui disais-je, ces gens-là ont eu quelques procédés. Ils vous font une pension. De toutes mes machines de guerre, aucune ne fut plus
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 31 -@Bah ! et comment ? Il secoua la tête comme s'il eût voulu chasser un souvenir importun. -@Comment ? comment ? dit-il. -@Sans doute ! il faut un motif, repris-je. -@Un motif ! ah ! il y en avait un, et grave, encore. -@Bah ! -@J'en savais trop, monsieur l'agent. Puis, comme s'il eût voulu retirer la déclaration qu'il ve-nait de faire -@Brisons là, ajouta-t-il vous m'en feriez dire plus que je ne veux. @C'était mon but, en effet, et je ne m'en laissai pas détour-ner, parce qu'il l'avait deviné. Désormais cet homme était à moi il m'avait livré le secret d'une de ses faiblesses je sa-vais par où le prendre, comment le manier. Seulement il fal-lait user de ménagements et ne pas brusquer les choses. Aussi le laissai-je partir sans pousser mes efforts plus loin et bien convaincu qu'il me reviendrait. Cela ne manqua pas il reparut presque tous les jours comme si un ressort l'eût poussé et avec l'opiniâtreté de l'animal qui retourne à son ancien gite, même quand l'accès lui en est interdit. Au lieu de me fuir, à son tour il me rechercha, tantôt pour se plaindre, tantôt pour m'interroger. Il voulait savoir ce que devenait son heu-reux concurrent, comment il gouvernait l'hôtel et par quels signes extérieurs il rendait son autorité manifeste. Chaque détail que je lui donnais là-dessus était un dard nouveau qui lui entrait fort avant dans le coeur et le poussait vers la ven-geance. -@Il ne l'emportera pas en paradis, s'écriait-il Dieu de Dieu ! comme la main me démange ! Parfois aussi, du serviteur, la rancune s'élevait jusqu'au maître, et j'y aidais de mon mieux. Sans affectation et d'une manière in@sensible, je le poussais sur le compte des Mont-réal, et, de plus en plus, la glace se rompait. Aux doléances succédaient les confidences et quand il y mettait du scru-pule, j'enfonçais de nouveau l'aiguillon.n. -@Au moins, lui disais-je, ces gens-là ont eu quelques procédés. Ils vous font une pension. De toutes mes machines de guerre, aucune ne fut plus
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 31 -Bah ! et comment ? Il secoua la tête comme s'il eût voulu chasser un souvenir importun. -Comment ? comment ? dit-il. -Sans doute ! il faut un motif, repris-je. -Un motif ! ah ! il y en avait un, et grave, encore. -Bah ! -J'en savais trop, monsieur l'agent. Puis, comme s'il eût voulu retirer la déclaration qu'il ve-nait de faire -Brisons là, ajouta-t-il vous m'en feriez dire plus que je ne veux. C'était mon but, en effet, et je ne m'en laissai pas détour-ner, parce qu'il l'avait deviné. Désormais cet homme était à moi il m'avait livré le secret d'une de ses faiblesses je sa-vais par où le prendre, comment le manier. Seulement il fal-lait user de ménagements et ne pas brusquer les choses. Aussi le laissai-je partir sans pousser mes efforts plus loin et bien convaincu qu'il me reviendrait. Cela ne manqua pas il reparut presque tous les jours comme si un ressort l'eût poussé et avec l'opiniâtreté de l'animal qui retourne à son ancien gite, même quand l'accès lui en est interdit. Au lieu de me fuir, à son tour il me rechercha, tantôt pour se plaindre, tantôt pour m'interroger. Il voulait savoir ce que devenait son heu-reux concurrent, comment il gouvernait l'hôtel et par quels signes extérieurs il rendait son autorité manifeste. Chaque détail que je lui donnais là-dessus était un dard nouveau qui lui entrait fort avant dans le coeur et le poussait vers la ven-geance. -Il ne l'emportera pas en paradis, s'écriait-il Dieu de Dieu ! comme la main me démange ! Parfois aussi, du serviteur, la rancune s'élevait jusqu'au maître, et j'y aidais de mon mieux. Sans affectation et d'une manière insensible, je le poussais sur le compte des Mont-réal, et, de plus en plus, la glace se rompait. Aux doléances succédaient les confidences et quand il y mettait du scru-pule, j'enfonçais de nouveau l'aiguillon.n. -Au moins, lui disais-je, ces gens-là ont eu quelques procédés. Ils vous font une pension. De toutes mes machines de guerre, aucune ne fut plus
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402 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. - Au couvent ! s'écria Sigismond comme réveillé par un coup de beffroi, au couvent? - Oui, monsieur le comte, au couvent et si vous pensez que celui de mademoiselle Pulchérie soit d'une règle trop relâchée et d'un accès trop facile, il vous sera aisé d'en trouver un qui vous offre plus de garanties. J'irai où vous voudrez, pourvu que je quitte cette maison. Clémence aurait pu parler longtemps sans que son mari l'interrompît. Son attention n'était plus à ce qu'elle disait. Un mot seul l'avait frappé, c'était le mot de couvent peu lui importaient les commentaires il les tirait de lui-même et à son point de vue exclusivement. Parler ainsi d'un couvent de gaieté de coeur, de propos délibéré 1 que se cachait-il sous un pareil langage ? Un piège, sans doute, une intrigue ourdie de longue main. Les murs d'un couvent ne sont pas si hauts qu'un amoureux ne puisse les franchir, et, sous ce voeu, en apparence innocent, se tramait quelque machination diabolique. D'ailleurs, un éclat pareil n'a jamais lieu sans qu'on en parle au dehors. L'hôtel Montréal serait donc, pour tout l'hiver, l'aliment de la médisance. Les bonnes âmes ar-rangeraient le fait à leur guise, et Dieu sait à quelles gloses il donnerait lieu. Non! non 1 le comte ne pouvait vouloir ni souffrir rien de pareil il aspirait au repos de toutes les ma-nières. Il n'avait de goût ni pour le scandale, ni pour le ridicule, et il saurait se préserver de l'un comme de l'autre sa femme resterait où elle était elle y resterait assujettie à une surveillance de plus en plus nécessaire. C'était le seul moyen décent de tout concilier, l'opinion du monde et la sé-curité domestique c'était le plus efficace également, et cet acte de révolte le prouvait bien. A tous ces titres il ne s'en départirait pas. Voilà quelles réflexions se pressaient dans l'esprit du comte et à quelles conclusions il était conduit. Clémence s'était levée et attendait sa réponse avec une tristesse mêlée de fierté il s'agissait d'un effort suprême, et elle y avait mis l'énergie d'une âme aux abois elle sentait que sa vie en dé-pendait. Cependant, Sigismond ne se prononçait pas il gar-dait un silence affecté, comme s'il eût voulu la prendre par lassitude. La jeune femme insista.
402 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. - Au couvent ! s'écria Sigismond comme réveillé par un coup de beffroi, au couvent@? - Oui, monsieur le comte, au couvent et si vous pensez que celui de mademoiselle Pulchérie soit d'une règle trop relâchée et d'un accès trop facile, il vous sera aisé d'en trouver un qui vous offre plus de garanties. J'irai où vous voudrez, pourvu que je quitte cette maison. Clémence aurait pu parler longtemps sans que son mari l'interrompît. Son attention n'était plus à ce qu'elle disait. Un mot seul l'avait frappé, c'était le mot de couvent peu lui importaient les commentaires il les tirait de lui-même et à son point de vue exclusivement. Parler ainsi d'un couvent de gaieté de coeur, de propos délibéré 1 que se cachait-il sous un pareil langage ? Un piège, sans doute, une intrigue ourdie de longue main. Les murs d'un couvent ne sont pas si hauts qu'un amoureux ne puisse les franchir, et, sous ce voeu, en apparence innocent, se tramait quelque machination diabolique. D'ailleurs, un éclat pareil n'a jamais lieu sans qu'on en parle au dehors. L'hôtel Montréal serait donc, pour tout l'hiver, l'aliment de la médisance. Les bonnes âmes ar-rangeraient le fait à leur guise, et Dieu sait à quelles gloses il donnerait lieu. Non@! non 1 le comte ne pouvait vouloir ni souffrir rien de pareil il aspirait au repos de toutes les ma-nières. Il n'avait de goût ni pour le scandale, ni pour le ridicule, et il saurait se préserver de l'un comme de l'autre sa femme resterait où elle était elle y resterait assujettie à une surveillance de plus en plus nécessaire. C'était le seul moyen décent de tout concilier, l'opinion du monde et la sé-curité domestique c'était le plus efficace également, et cet acte de révolte le prouvait bien. A tous ces titres il ne s'en départirait pas. Voilà quelles réflexions se pressaient dans l'esprit du comte et à quelles conclusions il était conduit. Clémence s'était levée et attendait sa réponse avec une tristesse mêlée de fierté il s'agissait d'un effort suprême, et elle y avait mis l'énergie d'une âme aux abois elle sentait que sa vie en dé-pendait. Cependant, Sigismond ne se prononçait pas il gar-dait un silence affecté, comme s'il eût voulu la prendre par lassitude. La jeune femme insista.
### CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -@Au couvent ! s'écria Sigismond comme réveillé par un coup de beffroi, au couvent ? -@Oui, monsieur le comte, au couvent et si vous pensez que celui de mademoiselle Pulchérie soit d'une règle trop relâchée et d'un accès trop facile, il vous sera aisé d'en trouver un qui vous offre plus de garanties. J'irai où vous voudrez, pourvu que je quitte cette maison. Clémence aurait pu parler longtemps sans que son mari l'interrompît. Son attention n'était plus à ce qu'elle disait. Un mot seul l'avait frappé, c'était le mot de couvent peu lui importaient les commentaires il les tirait de lui même et à son point de vue exclusivement. Parler ainsi d'un couvent de gaieté de coeur, de propos délibéré ! que se cachait-il sous un pareil langage ? Un piége, sans doute, une intrigue ourdie de longue main. Les murs d'un couvent ne sont pas si hauts qu'un amoureux ne puisse les franchir, et, sous ce voeu, en apparence innocent, se tramait quelque machination diabolique. D'ailleurs, un éclat pareil n'a jamais lieu sans qu'on en parle au dehors. L'hôtel Montréal serait donc, pour tout l'hiver, l'aliment de la médisance. Les bonnes âmes ar-rangeraient le fait à leur guise, et Dieu sait à quelles gloses il donnerait lieu. Non ! non ! le comte ne pouvait vouloir ni souffrir rien de pareil il aspirait au repos de toutes les ma-nières. Il n'avait de goût ni pour le scandale, ni pour le ridicule, et il saurait se préserver de l'un comme de l'autre sa femme resterait où elle était elle y resterait assujettie à une surveillance de plus en plus nécessaire. C'était le seul moyen décent de tout concilier, l'opinion du monde et la sé-curité domestique c'était le plus efficace également, et cet acte de révolte le prouvait bien. A tous ces titres il ne s'en départirait pas. Voilà quelles réflexions se pressaient dans l'esprit du comte et à quelles conclusions il était conduit. Clémence s'était levée et attendait sa réponse avec une tristesse mèlée de fierté il s'agissait d'un effort suprême, et elle y avait mis l'énergie d'une âme aux abois elle sentait que sa vie en dé-pendait. Cependant, Sigismond ne se prononçait pas il gar-dait un silence affecté, comme s'il eût voulu la prendre par lassitude. La jeune femme insista.
402 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -@Au couvent ! s'écria Sigismond comme réveillé par un coup de beffroi, au couvent ? -@Oui, monsieur le comte, au couvent et si vous pensez que celui de mademoiselle Pulchérie soit d'une règle trop relâchée et d'un accès trop facile, il vous sera aisé d'en trouver un qui vous offre plus de garanties. J'irai où vous voudrez, pourvu que je quitte cette maison. Clémence aurait pu parler longtemps sans que son mari l'interrompît. Son attention n'était plus à ce qu'elle disait. Un mot seul l'avait frappé, c'était le mot de couvent peu lui importaient les commentaires il les tirait de lui même et à son point de vue exclusivement. Parler ainsi d'un couvent de gaieté de coeur, de propos délibéré ! que se cachait-il sous un pareil langage ? Un piége, sans doute, une intrigue ourdie de longue main. Les murs d'un couvent ne sont pas si hauts qu'un amoureux ne puisse les franchir, et, sous ce voeu, en apparence innocent, se tramait quelque machination diabolique. D'ailleurs, un éclat pareil n'a jamais lieu sans qu'on en parle au dehors. L'hôtel Montréal serait donc, pour tout l'hiver, l'aliment de la médisance. Les bonnes âmes ar-rangeraient le fait à leur guise, et Dieu sait à quelles gloses il donnerait lieu. Non ! non ! le comte ne pouvait vouloir ni souffrir rien de pareil il aspirait au repos de toutes les ma-nières. Il n'avait de goût ni pour le scandale, ni pour le ridicule, et il saurait se préserver de l'un comme de l'autre sa femme resterait où elle était elle y resterait assujettie à une surveillance de plus en plus nécessaire. C'était le seul moyen décent de tout concilier, l'opinion du monde et la sé-curité domestique c'était le plus efficace également, et cet acte de révolte le prouvait bien. A tous ces titres il ne s'en départirait pas. Voilà quelles réflexions se pressaient dans l'esprit du comte et à quelles conclusions il était conduit. Clémence s'était levée et attendait sa réponse avec une tristesse mèlée de fierté il s'agissait d'un effort suprême, et elle y avait mis l'énergie d'une âme aux abois elle sentait que sa vie en dé-pendait. Cependant, Sigismond ne se prononçait pas il gar-dait un silence affecté, comme s'il eût voulu la prendre par lassitude. La jeune femme insista.
402 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -Au couvent ! s'écria Sigismond comme réveillé par un coup de beffroi, au couvent ? -Oui, monsieur le comte, au couvent et si vous pensez que celui de mademoiselle Pulchérie soit d'une règle trop relâchée et d'un accès trop facile, il vous sera aisé d'en trouver un qui vous offre plus de garanties. J'irai où vous voudrez, pourvu que je quitte cette maison. Clémence aurait pu parler longtemps sans que son mari l'interrompît. Son attention n'était plus à ce qu'elle disait. Un mot seul l'avait frappé, c'était le mot de couvent peu lui importaient les commentaires il les tirait de lui même et à son point de vue exclusivement. Parler ainsi d'un couvent de gaieté de coeur, de propos délibéré ! que se cachait-il sous un pareil langage ? Un piége, sans doute, une intrigue ourdie de longue main. Les murs d'un couvent ne sont pas si hauts qu'un amoureux ne puisse les franchir, et, sous ce voeu, en apparence innocent, se tramait quelque machination diabolique. D'ailleurs, un éclat pareil n'a jamais lieu sans qu'on en parle au dehors. L'hôtel Montréal serait donc, pour tout l'hiver, l'aliment de la médisance. Les bonnes âmes ar-rangeraient le fait à leur guise, et Dieu sait à quelles gloses il donnerait lieu. Non ! non ! le comte ne pouvait vouloir ni souffrir rien de pareil il aspirait au repos de toutes les ma-nières. Il n'avait de goût ni pour le scandale, ni pour le ridicule, et il saurait se préserver de l'un comme de l'autre sa femme resterait où elle était elle y resterait assujettie à une surveillance de plus en plus nécessaire. C'était le seul moyen décent de tout concilier, l'opinion du monde et la sé-curité domestique c'était le plus efficace également, et cet acte de révolte le prouvait bien. A tous ces titres il ne s'en départirait pas. Voilà quelles réflexions se pressaient dans l'esprit du comte et à quelles conclusions il était conduit. Clémence s'était levée et attendait sa réponse avec une tristesse mèlée de fierté il s'agissait d'un effort suprême, et elle y avait mis l'énergie d'une âme aux abois elle sentait que sa vie en dé-pendait. Cependant, Sigismond ne se prononçait pas il gar-dait un silence affecté, comme s'il eût voulu la prendre par lassitude. La jeune femme insista.
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-83 -preuves les plus éclatantes de sa bienveillance pendant l'hiver rigoureux de 1783 et 1784. elle prit sur sa cassette cinq cents louis qu'elle remit à. M. le lieutenant-général de police pour les distribuer aux indigents avec cette recommandation Hâtez-vous de distribuer cet argent aux malheureux, jamais dépense ne m'a été plus agréable. Le peuple se mon-tra reconnaissant de ce bienfait, et elle reçut les bénédictions de la multitude. Pour rendre grâces à Dieu de la naissance de ses enfants, cette pieuse reine résolut de marier cent filles pauvres et vertueuses, choi-sies dans toutes les. paroisses de Paris, et de leur donner à chacune une dot de cinq cents livres , et deux cents pour habiller de neuf les époux. Cet argent,, par une sage précau-tion, fut employé à acheter une maîtrise, dans la crainte qu'ils ne tombassent, par la suite, dans l'infortune. Elle s'engagea encore à payer les mois de nourrice des premiers-nés. qui proviendraient de ces alliances , et accorda aux mères qui nourriraient elles-mêmes une layette et un tiers de plus par mois qu'aux autres. Deux vieillards et leurs épouses, dotés aussi par la reine, renouvelèrent la cinquan-tième année de leur mariage en présence des
-83 -preuves les plus éclatantes de sa bienveillance pendant l'hiver rigoureux de 1783 et 1784. elle prit sur sa cassette cinq cents louis qu'elle remit à. M. le lieutenant-général de police pour les distribuer aux indigents avec cette recommandation Hâtez-vous de distribuer cet argent aux malheureux, jamais dépense ne m'a été plus agréable. Le peuple se mon-tra reconnaissant de ce bienfait, et elle reçut les bénédictions de la multitude. Pour rendre grâces à Dieu de la naissance de ses enfants, cette pieuse reine résolut de marier cent filles pauvres et vertueuses, choi-sies dans toutes les. paroisses de Paris, et de leur donner à chacune une dot de cinq cents livres , et deux cents pour habiller de neuf les époux. Cet argent,, par une sage précau-tion, fut employé à acheter une maîtrise, dans la crainte qu'ils ne tombassent, par la suite, dans l'infortune. Elle s'engagea encore à payer les mois de nourrice des premiers-nés. qui proviendraient de ces alliances , et accorda aux mères qui nourriraient elles-mêmes une layette et un tiers de plus par mois qu'aux autres. Deux vieillards et leurs épouses, dotés aussi par la reine, renouvelèrent la cinquan-tième année de leur mariage en présence des
############ les plus éclatantes de sa bienveillance pendant l'hiver rigoureux de 1783 et 1784. elle prit sur sa cassette cinq cents louis qu'elle remit à. M. le lieutenant-général de police pour les distribuer aux indigents avec cette recommandation Hâtez-vous de distribuer cet argent aux malheureux, jamais dépense ne m'a été plus agréable. Le peuple se mon-tra reconnaissant de ce bienfait, et elle reçut les bénédictions de la multitude. Pour rendre grâces à Dieu de la naissance de ses enfants, cette pieuse reine résolut de marier cent filles pauvres et vertueuses, choi-sies dans toutes les@ paroisses de Paris, et de leur donner à chacune une dot de cinq cents livres , et deux cents pour habiller de neuf les époux. Cet argent@, par une sage précau-tion, fut employé à acheter une maîtrise, dans la crainte qu'ils ne tombassent, par la suite, dans l'infortune. Elle s'engagea encore à payer les mois de nourrice des premiers-nés@ qui proviendraient de ces alliances , et accorda aux mères qui nourriraient elles-mêmes une layette et un tiers de plus par mois qu'aux autres. Deux vieillards et leurs épouses, dotés aussi par la reine, renouvelèrent la cinquan-tième année de leur mariage en présence des
-83 -preuves les plus éclatantes de sa bienveillance pendant l'hiver rigoureux de 1783 et 1784. elle prit sur sa cassette cinq cents louis qu'elle remit à. M. le lieutenant-général de police pour les distribuer aux indigents avec cette recommandation Hâtez-vous de distribuer cet argent aux malheureux, jamais dépense ne m'a été plus agréable. Le peuple se mon-tra reconnaissant de ce bienfait, et elle reçut les bénédictions de la multitude. Pour rendre grâces à Dieu de la naissance de ses enfants, cette pieuse reine résolut de marier cent filles pauvres et vertueuses, choi-sies dans toutes les@ paroisses de Paris, et de leur donner à chacune une dot de cinq cents livres , et deux cents pour habiller de neuf les époux. Cet argent@, par une sage précau-tion, fut employé à acheter une maîtrise, dans la crainte qu'ils ne tombassent, par la suite, dans l'infortune. Elle s'engagea encore à payer les mois de nourrice des premiers-nés@ qui proviendraient de ces alliances , et accorda aux mères qui nourriraient elles-mêmes une layette et un tiers de plus par mois qu'aux autres. Deux vieillards et leurs épouses, dotés aussi par la reine, renouvelèrent la cinquan-tième année de leur mariage en présence des
-83 -preuves les plus éclatantes de sa bienveillance pendant l'hiver rigoureux de 1783 et 1784. elle prit sur sa cassette cinq cents louis qu'elle remit à. M. le lieutenant-général de police pour les distribuer aux indigents avec cette recommandation Hâtez-vous de distribuer cet argent aux malheureux, jamais dépense ne m'a été plus agréable. Le peuple se mon-tra reconnaissant de ce bienfait, et elle reçut les bénédictions de la multitude. Pour rendre grâces à Dieu de la naissance de ses enfants, cette pieuse reine résolut de marier cent filles pauvres et vertueuses, choi-sies dans toutes les paroisses de Paris, et de leur donner à chacune une dot de cinq cents livres , et deux cents pour habiller de neuf les époux. Cet argent, par une sage précau-tion, fut employé à acheter une maîtrise, dans la crainte qu'ils ne tombassent, par la suite, dans l'infortune. Elle s'engagea encore à payer les mois de nourrice des premiers-nés qui proviendraient de ces alliances , et accorda aux mères qui nourriraient elles-mêmes une layette et un tiers de plus par mois qu'aux autres. Deux vieillards et leurs épouses, dotés aussi par la reine, renouvelèrent la cinquan-tième année de leur mariage en présence des
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A-Z ou LE SALON EN MINIATURE. Paris, fatigué des brochures, des questions brûlantes, des drames neufs ou d'occasion, du froid, de la lune rousse, et de tout ce qui l'occupait la semaine dernière, Paris est tout en-tier au salon de peinture. -Gérôme, Stevens et Lambron Pils, Yvon, Devilly et Puvis de Chavanne Courbet, Corot, Français, Hannoteau et Des-jobert Dubuffe, Flandrin et quelques cent autres que nous nommerons plus loin, sont en ce moment les héros dont on parle et dont on parlera,. pendant huit jours au moins puisqu'il faut qu'un nom soit toujours dans toutes les bouches et personnifie l'intérêt de l'heure présente, Garibaldi ou -Gortschakoff, Cavour ou François de Bourbon. en atten-dant qu'une Rigolboche nouvelle éclose un de ces soirs à la lueur des lanternes de Mabille. D'ailleurs, et à part l'attrait vainqueur de la nouveauté, ce salon de peinture mérite à plus d'un titre qu'on s'en occupe un peu. Il est très-satisfaisant et rempli d'excellentes pro-messes non pas qu'on y trouve telles individualités hors ligne, météores éblouissants qui font pâlir les astres d'alen-tour, mais, ce qui vaut infiniment mieux, parce que l'avenir de l'école contemporaine semble s'y dessiner nettement sous des couleurs très-favorables. On y constate, à première vue, que le niveau de l'art tend à s'élever dans des proportions notables. La moyenne du talent y est évidemment très-supé-rieure à ce qu'elle était il y a sept ou huit ans, et, pour qui-conque sait regarder et comprendre les productions du pinceau, il est facile de reconnaître qu'il s'opère parmi la génération actuelle un effort puissant, sinon pour régénérer, du moins pour fortifier l'art, depuis longtemps affaibli par le doute et l'indécision. L'un des vétérans de la critique et l'un des plus autorisés par de longues et fortes études, M. Delécluse, faisait hier., dans le Journal des Débats, une remarque aussi profonde que judicieuse Tant que les arts ont pour objet disait-il, d'exprimer les croyances religieuses et de s'appuyer sur les grandes institutions sociales, les artistes célebres qui ont autorité sur le public forment et dirigent son goût mais à mesure que l'art, abandonnant successivement les hauteurs où il a pris naissance, descend vers la réalité et tombe même jusqu'aux vulgarités de la vie, le gros du public impose de plus en plus son goût, jusqu'au moment où l'amateur, dis-posé à payer ses fantaisies au prix de l'or, détourne com-plètement l'artiste de sa véritable vocation, et change le but de l'art. En effet, il fut un temps encore peu éloigné de nous où quelques sublimes individualités, telles que David, Prudhon, Géricault, Ingres, Delacroix, Ary Scheffer, Decamps et quelques autres, animés de l'enthousiasme du génie, entraî-nèrent et captivèrent leur génération en imposant à chacun, selon son tempérament, les principes d'un art vigoureux et fécond et le culte d'une grande idée. Cela dura tant que les convictions furent en honneur dans la société militante mais l'anarchie ne tarda pas à pénétrer dans les arts à la suite des petites passions et des tendances matérielles favorisées par cette fievre de gain dont les accès ont si péniblement affecté les forces vives de la France, depuis une dizaine d'an-nées. Si le mal qui avait atteint déjà un grand nombre d'ar-tistes et les portait à abuser d'une facilité fatale, au profit des jouissances grossières de leurs pitoyables Mécènes, avait continué ses ravages, la cruelle prédiction du critique des Débats n'aurait pas tardé sans doute à s'accomplir jusque dans ses plus funestes conséquences. Heureusement la réac-tion commence à s'opérer et, je le répète, l'ensemble du Sa-lon indique une tendance marquée chez les peintres à s'af-franchir du joug des corrupteurs du goût, pour suivre en pleine liberté l'essor de leur inspiration ou la loi des études sérieuses. La peinture de paysage, qui place à toute heure l'artiste en présence de la nature et tend sans cesse à aiguillohner dans son esprit l'instinct de la poésie, est loin d'être étran-gère au progrès de l'école. Le retour aux études sincères, à la recherche assidue des relations qui doivent exister entre l'expression de l'art et les mystères de la nature, est dû tout entier aux paysagistes, qui réunissent et résument aujourd'hui dans leur genre, élevé jusqu'à son apogée, toutes les données de l'art les uns cherchant à faire jaillir la poésie de l'expres-sion matérielle de la réalité, les autres revêtant les créations poétiques de leur génie des apparences de la nature, vue et saisie dans ses formes les plus élégantes. La peinture de genre, adoptant les principes formulés par les écoles, du paysage, entre à son tour dans cette voie géné-reuse à l'issue de laquelle l'art moderne doit infailliblement trouver la forme nouvelle de l'art historique et religieux. C'est en effet dans les besoins du présent, et non dans les traditions du passé, que le grand art trouvera le secret de sa régénéra-tion. La tradition ne peut être qu'un exemple et un guide il y aurait folie à vouloir éterniser, en face d'une civilisation nouvelle, de passions, de besoins, d'aspirations modifiées par des moeurs et des tendances intégralement opposées à celles du passé, un art dont la splendeur nous éblouit encore, pré-cisément parce qu'il réalise jusqu'à la perfection l'harmonie qui doit exister entre l'état transitoire des moeurs, des idées, et les règles immuables du goût. Il ne s'agit pas, en fait d'art, de surpasser au dix-neuvième ou au vingtième siècle, les chefs-d'oeuvre du seizième, ou les splendeurs de l'antiquité. Je ne pense pas que cela soit pos-sible, puisque la nature, type éternel, n'est pas plus belle qu'alors. La seule perfection à laquelle on doive aspirer est de formuler dans des productions épurées, si l'on peut, jus-qu'à l'idéal, les relations qui existent entre l'immuable poésie et l'état présent des moeurs, des idées, des besoins et de la - philosophie, en tenant compte, bien entendu, des différences d'organisation qui font des hommes du même temps des êtres susceptibles d'être émus et impressionnés par les expres-sions artistiques les plus opposées. C'est ainsi que Phidias ou Praxitèle, que Raphaël, Titien, Corrége ou Michel-Ange, que Prudhon, Ingres ou Delacroix, peuvent et doivent simultanément soulever l'admiration des hommes et faire glorifier en eux le génie des arts. Les écoles partagent les époques sans les diviser, ou du moins il faut qu'il en soit amsi car les écoles ne sont pas faites pour faire prévaloir un principe sur un autre principe, mais bien pour développer selon leurs règles respectives, le principe absolu du beau appliqué à leur façon particulière de sentir et à leur faculté spéciale d'exprimer. Le beau n'est absolu que dans la recherche idéale que l'ar-tage s'efforce d'en faire ce mot absolu ne saurait s'ap-pliquer au mode d'expression dont le peintre ou le sculpteur demande uniquement la forme aux impulsions de son'génie, de son tempérament, de ses sentiments, en un mot de sa propre et souveraine individualité. Ceci posé, le critique se trouve on ne peut plus à l'aise pour émettre ses opinions sur les oeuvres si nombreuses et si diverses qui sollicitent, au Salon, l'examen des curieux. Il n'a pas à s'enquérir de l'étiquette des manières il juge les peintres non pas d'après les préjugés d'une caste ou d'une classe, mais d'après leur oeuvre même, tenant pour bonne et louable toute production qui porte le cachet d'une convic-tion sincère, d'un effort courageux, d'un sentiment profond, toutes qualités qui éloignent l'artiste d'être le courtisan d'une coterie, et le flatteur d'une passion mauvaise ou d'un goût dépravé. N'ayant à faire aucune classification savante ou ingénieuse, il suivra l'excellente méthode adoptée par le directeur de l'Exposition, en plaçant ses critiques, comme sont placées les oeuvres d'art, par ordre alphabétique. A-Z ACCARD Eugène , no, 4-6. Charles IX chez Marie Tou-thet t . De l'observation, beaucoup de finesse dans l'ex-pression. L'auteur a pris son sujet dans une oeuvre de Balzac, et il a eu l'esprit d'emprunter au sublime phy-siologiste l'art de composer et d'exprimer des physio-nomies dans les données de la nature et du caractère humain. ACHARD Jean , no, 7 et 8. Deux paysages. Plus d'ima-gination que de naïveté, plus de savoir-faire que d'é-tude mais, tels qu'ils sont, ces paysages ont la puis-sance de l'effet, la finesse de l'exécution, l'éclat du co-loris. En faut-il plus pour faire un peintre aimable ? ALIGNY Théodore , directeur de l'École des Beaux-Arts de Lyon, n08 24, 25 et 26. Trois paysages de car-ton. J'entends dire que c'est là du style si le style est l'homme, j'estime que M. Aligny a dû étudier son art à Nuremberg sur ces petits paysages à pièces mobiles qu'on encadre, à l'usage des enfants., dans de petites boîtes de sapin. ALLEMAND Louis , n0' 30 et 31. Paysages. Toujours le buisson de Ruysdael mais quand on le reproduit avec cette maestria, cette vigueur, ce diable au corps, le cri-tique accepte volontiers une imitation qui devient presque une originalité. AMAURY-DUVAL Eugène , n° 39. Portrait de made-moiselle Emma Fleury de la Comédie Française. Char-mant portrait d'une charmante fille dont le talent gra-cieux fait souvent oublier la beauté. Un modelé fin, souple et serré, d'une vigueur qui n'exclut pas la grâce, avec des yeux et des lèvres où petille le plus spirituel sourire de Thalie, voilà le tableau applaudissez le peintre et le modèle., ANASTASI Auguste , n08 42, 43, 44, 45, 46 et 47. Paysages, vues de Hollande. Voilà, s'il vous plaît, la vraie Hollande, cette Venise brumeuse du Nord, non pas mesquine, épinglée à la façon de tels des-cendants bien descendus - qu'il n'est pas nécessaire de nommer-des vieux maîtres des musées mais large, puissante, et rendue nettement avec la conviction du poëte, avec l'élégance et l'esprit du pinceau français. Le Soleil couchant à Lynbann, n° ko, et le Troupeau, n° 47, sont deux oeuvres du premier ordre. J'aime moins l'Arc-en-ciel du n° 43 mais à tout péché miséricorde. ANTIGNA Alexandre , n08 62 à 69. Tableaux de genre. Il est toujours le peintre du drame de la vie du pauvre. Il se renferme cette année dans des scènes d'un senti-ment plus intime que poignant. Il a risqué une échap-pée en pleine comédie dans ses Filles dève, n° 62, petites maraudeuses qui font dévaliser à leur profit, par un garnement, le pommier du voisin. Cependant la co-médie grimace, la terreur y domine, elle prend une teinte sombre, présage funeste de l'orage qui menace. Tout indique ici que nous avons plutôt affaire à de pe-tites voleuses qu'à des espiègles en maraude. Si c'est cela que le tableau veut dire, le sentiment est bon, mais le titre est mauvais. - Loin du monde, n° 64, est une manière d'idylle mo-derne. Cette fillette dormant sur l'herbe, sans souci des indiscrétions de ses guenilles, rêve peut-être, sous bois, aux volants de Marco ou bien au tilbury de Rigolboche. APPIAN Adolphe , n°' 78-82. Paysages. Un reflet de M. Daubigny quand M. Daubigny était encore dans toute la verdeur de ses impressions sereines mais un reflet vigoureux et tout près de rayonner à son tour. ARMAND-DUMARESQ Edouard , n° 83. Épisode de Sol-ferino. Un digne élève de Couture de l'éclat, du feu, du coloris, une vigueur naturelle que rien n'arrête, pas même l'obligation d'arrêter plus correctement la forme et d'accentuer la physionomie. BALZE Paul , n° 113. Lapidation dé saint Étienne. Le nom de M. Paul Balze est nouveau dans les exposi-tions publiques. Il est connu des artistes par sa collabo-ration avec son frère aux belles copies des stances de Raphaël qui sont à l'École des Beaux-Arts. La manière de M. Ingres, dont un des caractères éminents est d'être avant tout individuelle, a ramené dans l'art contempo-rain tant d'avortons issus de la décrépitude du grand David, qu'on est heureux de trouver des esprits distin-gués, tels que MM. Balze ou Flandrin, aptes à saisir le principe fondamental 4 maître et puissants à le mettre en oeuvre sans tomber dans la servilité. M. Balze est un élé-gant et heureux Jules Romain du Raphaël de notre siècle. BARON Henri , n° 120. Retour de chasse au château de Nointel. Ce Vénitien de Paris a laissé, pour un jour, les satins diaprés et les sourires fleuris de ses blondes fantaisies il a fait, avec le bonheur inséparable des belles grâces, son apparition dans le monde réel de 1860. Rassurez-vous, c'est sous cette forme, nouvelle pour le peintre, d'un portrait de la vie moderne, la même élégance, le même art abondant et varié, le même coloris harmonieux et scintillant qui nous char-maient dans ses adorables fêtes galantes de l'Italie poé-tique. Tous les sujets peuvent fleurir et parfumer sous le souffle créateur du talent et de l'imagination. BARON Stéphane , nos 121-123. Tableaux de genre décoratif. Un rêve d'amour 122 . Joli rêve de trumeau. Galant, coquet, tout juste assez nature pour échapper à la pleine possession de la fantaisie mais néanmoins assez indi-qué par l'étude de la forme pour se rattacher par le charme de la grâce à la réalité aimable. BARRIAS Félix , nos 124-129. Genre historique et por-traits. Talent souple, distingué, toujours enveloppé d'une grâce native dont l'empreinte donne un charme peut-être un peu maladif, mais touchant, à son tableau de Malvina accompagnant Ossian aveugle n° 126 . Il y a de grandes qualités de couleur et de composition dans sa Conjuration chez des courtisanes de Venise n° 125 . Le portrait de femme 129 a des ardeurs de vie et des harmonies de fleurs, adorables sous un modelé ferme et magistral. BATAILLE Eugène , 140-142. Son Printemps 141 est une large peinture décorative remplie d'éclat et de lumière. BAUDRY Paul , nOS 151-158. Habileté, savoir-faire une sorte de vulgarité fashionable, bien faite pour plaire à M. Tout-le-Monde, mais peu sympathique à ceux qui préfèrent l'art sincère aux facilités d'une brosse rompue au métier. M. Baudry pourrait donner l'idée d'un petit-fils de Boucher qui aurait mis un paletot à la mode et des gants Jouvin aux bergers du peintre des fêtes galantes. Je vois sans frémir l'attentat de Charlotte Corday, et sans m'incliner, l'apparence creuse et souf-flée du vénérable M. Guizot car c'est là le propre de cette peinture des apparences et pas de fond. BELLANGÉ Hippolyte , nOS 192-196. Toujours la même physionomie intelligente et énergique du troupier fran-çais toujours la même furie dans le combat, la même mélancolie sévère et majestueuse après la bataille. M. Bellangé est après Charlet l'artiste qui a le mieux compris et exprimé le caractère typique du soldat. Le portrait en action du général Mellinet àMagenta n° 196 est une superbe et large aquarelle. BELLET DU POISAT Alfred , nOS 208 et 209. Les Belluai-res, Diogène et Laïs. Composition ingénieuse, peinture solide, coloris puissant ou gracieux selon le sujet. Salut à ce nouveau venu, qui promet un maître. BESSON Faustin , n08 254-256. Madame de Pompadour posant chez Coustou et le Réveil du printemps sont de riches et abondantes productions, où la fougue du colo-ris s'unit à la grâce de la composition. C'est là, dans la symphonie de la fantaisie, une note charmante qui ga-gnerait à être plus soutenue et plus fermement accusée. RIDA Alexandre , n°. 269-272. Dessins. Un dessina-teur qui produit des dessins aussi puissants que des ta-bleaux, d'une allure aussi magistrale que des fresques et précieux comme des miniatures. BISSON François , nos 277 et 278. Natures mortes. Bonne et solide peinture de décoration d'appartement, composée avec esprit, exécutée largement. BLIN Francis , n01 292 et 293. Paysages. Il regarde un peu plus par-dessus l'épaule de M. Daubigny que dans ses propres impressions mais au bout du compte il voit toujours la nature. BODMER Karl , n01 305-307. Paysages. Réalité très-poétique, nature bien vue, bien sentie, et parfois ren-due avec la puissance de l'objectif et l'infaillibilité du soleil. BOHN Guermann , nOI 310 et 311. Genre. Dans le coin 311 est une jolie petite étude enfantine, prise dans un sentiment analogue à celui qui inspire les naïvetés, trop souvent prétentieuses, de M. Hamon mais ici l'expres-sion est familière, l'effet naturel et le résultat charmant. La fillette n'a pas été sage on lui a ôté sa belle robe de soie, et la voilà qui boude et se mord les doigts, en chemise, dans un coin du salon, à côté de sa poupée décapitée. Ah ! que la grâce est charmante quand elle n'est pas apprêtée ! BONHEUR Auguste , nos 317-319. Animaux. Une na-ture nette, luisante et sonore comme une casserole de rosette. Dans ces bruyères, sur ce pré, sous ces arbres, parmi ces troupeaux proprets, il ne manque par-ci par-là. qu'une petite saleté qui dénote la vraie campagne du bon Dieu. Mademoiselle Rosa Bonheur n'a pas corrigé ces tableaux-là tant pis. Tels qu'ils sont, ce n'est guère que du Verbockhoven spirituel. BONHOMMÉ François , n01 320-326. Ces tableaux sont l'épopée du travail industriel. On y assiste au spectacle grandiose des luttes de l'homme contre la matière. Il y a toute une révélation dans cet art qui est peut-être une des formes fondamentales de l'art populaire de l'avenir. Cela vaut mieux que les interminables batailles qui foi-sonnent partout. BONNEGRACE Adolphe , nOI 332-335. De beaux por-traits puissants et colorés dans une manière toute fran-çaise, mais inspirée par les maîtres vénitiens. Celui de Théophile Gautier est ruisselant de lumière. BOUGUEREAU Adolphe , n0' 346-350. Genre historique et portrait. Est-ce là ce que produit l'École de France à-Rome ? Restez donc à Paris, messieurs les peintres, il n'y manque pas de modèles à suivre aussi incolores, de peinture aussi vide, et pourtant aussi ambitieuse que celle-là. Triste emploi d'un savoir incontestable. Il ne lui manque que d'être échauffé par la conviction et fortifié par l'énergie de la passion. Heureusement Rome n'est pas toute où est M. Bouguereau car l'enseignement aca-démique a produit M. Barrias, M. Pils, M. Flandrin, et bien d'autres. BOULANGER Gustave , nos 355-357. Genre historique. La Répétition du Joueur de flûte dans l'atrium de la mai-son romaine du prince Napoléon, est une élégante fan-taisie moderne sur un mode antique. La composition est à la hauteur du cadre, c'est-à-dire une excursion ingé-nieuse et réussie dans le domaine du passé. C'est char-mant comme un caprice mais si c'est là un art voulu ou cherché comme l'Hercule aux pieds d'Omphale, n° 355, pourrait le faire craindre, ce n'est plus que de la ma-nière et de la plus vicieuse car, dans ce dernier ta-bleau elle n'a même plus l'excuse d'une restitution de l'art antique. BOULANGER Louis , nOS 358-360. La Ronde du sabbat nous ramène au bon temps des odes et ballades. C'est ainsi qu'on peignait sous l'inspiration de cette bouillante poésie qui sut caractériser et illustrer une époque. Ah! les belles années d'enthousiasme et de croyances ! M. Bou-langer a traduit là en peinture une lithographie magis-trale dont tous les amateurs ont gardé la mémoire. Ses idylles à la plume 360 procèdent en ligne directe de l'art souple et si ingénument- antique qu'illustrèrent l'immortel Prudhon dans ses dessins, et le tendre Ché-nier dans ses vers. BOHLY madame Marie , n° 308. Fleurs. Grâce et naïveté d'expression un coloris tendre et poétique ai-mable début et qui promet. BRESDIN Rodolphe , nos 413-418. Dessins à la plume. Vous avez tous lu ce livre charmant sur lequel Champ-fleury a fondé une réputation d'observateur ingénieux et de conteur fécond qu'il soutient, et rajeunit dans cha-cun de ses ouvrages comme si elle était encore à faire. Vous avez lu Chiencaillou. Le Chiencaillou de la légende n'est ni plus ni moins que le Bresdin de l'Exposition, cet artiste d'un autre âge, égaré dans l'art moderne, naïf et savant, prompt à saisir le caractère des hommes et des choses, et dont la plume capricieuse retrouve parfois les abondances d'invention et les finesses de trait des vieux Flamands. Pourquoi ce sobriquet saugrenu de Chiencaillou s'est-il accolé comme un stigmate, ou plutôt comme une gloire, à ce nom, qui aspire à d'illustres destinées dans l'art de la fantaisie ? Je vais vous le dire 11 y a vingt ans de cela, Rodolphe Bresdin vivait en sauvage dans quelque grenier témoin et seul confident de ses luttes inouïes contre la misère et contre l'obses-sion de ses rêves irréalisables. Ses compagnons d'étude, au Louvre, donnèrent à cet enfant mystérieux et sublime qui traversait le monde et s'y frayait des chemins nou-veaux et inconnus, le surnom de Chingackook, héros d'un roman de Cooper alors en grande vogue. Une por-tière , chargée d'annoncer sa visite chez un de ses ca-màrades, traduisit ce nom de Peau-Rouge par celui de Chiencaillou, qui lui resta. La plupart de ses amis ne lui en connaissaient pas d'autre avant que le livret du Salon eût révélé le secret de son état civil. Les dessins de Rodolphe Bresdin sont bien, par leur étrangeté, à la hauteur de l'excentrique individualité qui les a produits. BRETON Adolphe 425-428. Genre. Voilà un homme entré du premier coup dans le grand art. Il s'est fait l'historien des labeurs de l'agriculteur, et reproduit, avec une ferveur qui touche au grand style, ces fortes et mélancoliques filles des champs, dont le travail outré masculinise un peu la grâce sans parvenir à leur ôter la majesté de la créature anoblie par le devoir accompli. Le Soir 425 et les Sarcleuses 426 sont des chefs-d'oeuvre. BRION Gustave , nos 438-441. Genre historique et genre. Même après avoir vu les batailles de géants con-çues par Decamps, et les belles épopées mérovingiennes d'Adrien Guignet, il faut tenir compte à M. Brion de ses efforts, de ses études pour évoquer, des profondeurs de l'archéologie tout l'attirail guerrier des Romains et des Gaulois. On dit que cette page ingénieuse et intelligente, pleine de vie et d'exubérance, est destinée - réduite en gra-vure - à l'illustration des Commentaires de César, tra-duits par l'empereur Napoléon III. BRONGNART Édouard , n0' 448-452. Portraits exécutés simplement et avec un sentiment très-vif du style allié à la nature. BROWNE madame Henriette , 461-465. Genre. Je ne retrouve pas ici cette vigueur et cette certitude de brosse qui avaient imprimé une puissance rare chez une femme, à sa Soeur de charité. Mais elle possède toujours la même simplicité d'effet et une aptitude précieuse à faire du lumineux. BussoN Charles , 489-491. Paysage. Mélodie douce et poétique dans le ton des symphonies de Corot et de Français. L'artiste paraît partout dans cette toile, mais l'art y est légèrement indécis c'est dire que l'indivi-dualité n'y est pas assez dégagée dans la lutte de la na-ture contre les souvenirs. CABANEL Alexandre , nO, 494-499. Histoire, genre et portrait. Nymphe enlevée par un Faune J n° 495. Peut-être M. Cabanel pense-t-il avoir atteint beaucoup mieux que Boucher ou Vanloo le style de l'art antique. Dans ce cas, il se flatte Vanloo et même Boucher étaient plus Grecs que lui, et ils étaient sincères dans leur expres-sion. Il faut cependant savoir gré à M. Cabanel de ce que sa peinture est élégante sans prétention et cherchée sans sécheresse. Combien je préfère le Poète florentin, n° 496, gracieuse inspiration tout italienne, d'un ca-ractère emprunté aux meilleurs souvenirs du Masaccio, et d'une exécution aussi correcte qu'elle est spirituelle ! eintu intu foferME-ril, Êê Son portrait de M. Rouher et celui de madame J. Per-reyre sont peints dans une très-grande et très-belle ma-nière , et atteignent par la sévérité du pinceau à l'im-portance d'une oeuvre magistrale. CALS, n° 503, et COSSMANN Maurice , n° 703. Ces deux noms viennent se réunir naturellement sous la plume par la parité du sujet et l'analogie de la peinture. Une Fileuse au travail et une Fileuse endormie, deux pages détachées de la vie intime du pauvre, deux ta-bleaux très-précieux et très-réussis dans l'ordre des pe-tits maîtres flamands. CAMPOTOSTO Henri , n0' 513-515. L'Heureux âge, n° 513. Peinture faible sous une apparence étonnante de vigueur indécise, mais remarquable par un habile es-camotage des difficultés. Peu de composition, pas du tout de dessin, et malgré cela un aspect qui flatte et ca-resse l'oeil et laisse croire. un instant qu'on est en présence d'un maître. - CASTAN Georges , n01 529-531. Paysage. Un élève de Calame, qui s'est fait le copiste un peu mou, mais assez agréable, de M. Français. CERMAK Jaroslaw , n0' 549-552. Histoire et portrait. Un amateur ayant affaire à M. Courbet, monte un jour l'escalier du n° 32 de la rue Hautefeuille il frappe à une porte, un peintre vient ouvrir, la palette à la main. - Monsieur Courbet, s'il vous plaît? - Je ne con-nais pas ça, répond l'artiste qu'est-ce qu'il fait, ce monsieur? M. Cermak serait en droit de faire la même réponse car s'il connaît la peinture, il ne connaît certes pas cette peintup ft SCtre ferme, puissante, énergique sans ef-fort et savante avec simplicité qui fait le succès du peintre d'Ornans. CHAPLIN Charles , nO' 564-566. Portraits. M. Chaplin a fait sensation au salon de 1852 avec un portrait de femme en robe grise, qui annonçait un maître. Le maître est venu, ses qualités sont brillantes, mais il les exagère au point d'en faire presque des défauts. La nature est charmante, cependant il ne faut pas la voir exclusivement en rose. CHERELLE Léger , n° 608. Le pastel est un art at-trayant, surtout quand on le traite à la façon de M. Che-relle mais à quoi sert d'être un des élèves éminents de M. Delacroix, et d'avoir peint jadis des oeuvres dignes du maître, s'il faut enfouir tant de qualités et de talent dans le petit cadre d'un pastel ? CHINTREUIL Antoine , nOS 618-621. Paysage. Le poëte Corot ivre d'amour et de bonheur dans les bras de la nature qu'il adore, nous la peint en amant heureux. Le poëte Chintreuil la voit au contraire d'un air mélanco-lique, et lors même qu'il sourit à l'aspect de ses beautés, une larme tremble encore au coin de sa paupière. On. dirait d'un amant violemment épris, mais souvent re-buté. Sa plainte est touchante, elle pénètre au plus pro-fond du coeur, et son élégie nous émeut autant que nous égaye et nous rassérène l'idylle riante de son maître. COMTE Charles , nos 683 et 684. Genre historique et portrait. M. Comte a fait un jour un tableau qui l'a placé du premier coup à la tête du genre illustré par M. Ro-bert-Fleury. A-t-il craint de gagner le vertige sur l'éche-lon élevé où l'attendait son professeur? Je ne sais, tou-jours est-il qu'il est redescendu vers les régions plus calmes, mais aussi plus terre à terre où s'ébat dans une heureuse médiocrité M. Claude Jacquand. COROT Camille , nos 693-698. Paysages. Soleil levant, repos, soleil couchant, Orphée entraînant Eurydice, danses de nymphes, tels sont les sujets qui ont évoqué l'inspiration de l'artiste. En faut-il davantage au chantre qui va moduler un hymne à la nature ? Quelques arbres courbés avec grâce pour former un asile mystérieux où le pâtre endormira ses soucis, un épais gazon semé de fleurs où il détendra ses muscles fatigués puis'à l'horizon, le soleil qui fuit ou qui revient n'y a-t-il pas là tout un poëme que le peintre va retracer avec la conscience et la précision que donne une émotion vivement éprouvée? Quel homme dit plus sincèrement ce qu'il a ressenti? Quel peintre transmet avec plus de grâce ses impressions et ses-joies? M. Corot se garde bien de courir après les finesses et les ruses de l'art. Il ne les aurait pas atteintes que la franche et naïve poésie aurait déjà pris son vol. Cette façon d'agir, toute primitive et campagnarde, possède un charme incomparable, et la nature, ainsi prise au gîte, n'a rien de caché pour le spectateur. C'est en présence d'un paysage de Corot que l'on peut redire, en l'admirant, avec le poëte Une voix à l'esprit parle dans ton silence Qui n'a pas entendu cette voix dans son coeur? Il faudrait écrire sur ces toiles charmantes Ici l'on aime. C'est en effet la nature non pas poétisée jusqu'à l'idéal, mais choisie sous ses aspects les plus tendres. Ne croirait-on pas qu'elle s'anime sous la brosse émue de Corot comme la Galatée sous le ciseau de Pygmalion amoureux ? COUDER Alexandre , no, 707-715. Genre et nature morte. Peintures d'une exécution aussi fine, aussi dé-taillée que peuvent l'être les trompe-l'oeil d'un minutieux flamand avec l'esprit et la grâce d'un peintre parisien. A côté de ces merveilleuses imitations de la nature morte, voici Y Atelier d'un peintre d'histoire un arsenal canons, fusils, casques, clairons, sabres, drapeaux, uniformes, tout l'attirail des camps. C'est avec ce ma-tériel qu'on peint l'histoire aujourd'hui. 0 grand art de la paix, art de Raphaël et de Rubens, quand te verrons-nous renaître ? Ce qui n'empêche pas que le tableau de M. Couder ne soit charmant COURBET Gustave , n° 717-721. Paysage. Il fut un temps où ce nom soulevait des orages. comme tout nom de novateur doit le faire aujourd'hui la peinture de M. Courbet n'a plus que des admirateurs. Ne croyez pas pour cela que le jeune maître ait fait quelque con-cession à l'opinion publique. de ses anciens détrac-teurs. Il n'en est rien mais l'art de M. Courbet, qui sera peut-être bientôt une école, a creusé son sillon dans les esprits, et la graine germant comme toutes les semences saines et vigoureuses, le peintre récolte une abondante moisson de succès. On s'abuserait étrangement si l'on s'en tenait à la pensée qu'un artiste de la trempe de M. Courbet parque à plaisir la verve intarissable de sa muse dans les limites de quelque système étroit. Les statisticiens ont, il est vrai, trouvé un mot pour caractériser, sinon pour stigmatiser cet art bien portant et prêt à bien faire ils l'ont étiqueté dans leurs classifications sous le nom de Réalisme, et quelques-uns ont même attribué à ce vocable la valeur malsonnante d'une injure. Je connais un bon professeur de l'Académie qui surprit un jour sa cuisinière jouant le rôle de Juliette avec un Roméo des sapeurs-pompiers. Vous êtes une drôlesse, lui dit-il, une réaliste sortez, je vous chasse. Si j'ai bien compris les oeuvres que, depuis douze ans, M. Courbet livre aux méditations de la critique, j'y trouve autre chose que le puéril désir d'étonner la foule - habituée à voir l'art embellir la nature - en lui faisant .passer sous les yeux les trivialités de la nature. Le but de M. Courbet est plus noble et d'une portée vraiment philosophique. 11 semble dire que pour rompre définitivement avec les conventions usées où s'em-bourbe péniblement la tourbe inintelligente des facteurs de tableaux, il est nécessaire de faire d'abord un retour vers la simplicité primitive, afin d'y retrouver à leur source et purs de tout contact délétère, les sentiments et les passions qu'il importe de développer et de diriger. Alors il va demander l'inspiration, il va renforcer sa conscience de poëte au spectacle immense de la nature. Il choisit ses modèles parmi les êtres que n'a pas encore déformés ou atrophiés la corruption des civili-sations extrêmes et qui ont conservé leur affinité native avec les sites qui les environnent et qu'ils peuplent - encore selon les vues harmonieuses de la création. Le réalisme, dans ce sens, n'est autre chose que la poésie du coeur l'autre, celle qu'a combattue momen-tanément M. Courbet, n'est que la poésie de l'imagina-tion. Celle-ci n'est qu'une image séduisante, mais souvent fausse, de la vérité, la première est la vérité elle-même. COURCY Frédéric de , n° 722. La Pâque. Une bonne tentative pleine de jeunesse et de bon vouloir, dans laquelle l'auteur a mis en oeuvre toutes .les ressources d'une solide éducation d'artiste. M. de Courcy n'a plus maintenant qu'à élargir son horizon, l'avenir est à lui. CURZON Paul , n°. 769-774. Genre et paysage. Ecco fiori, n° 769. De ravissantes filles de la lignée de Graziella, fraîches comme leurs fleurs et qui semblent descendre en droite ligne des modèles qui inspirèrent la statuaire grecque. Art aimable et qui n'a gardé de l'enseignement académique que le goût du style, en accordant aux idées nouvelles que la nature est assez séduisante pour qu'il devienne inutile de la faire passer dans le moule de l'école. La Lessive à la Cervara, n° 771, qui inspira l'autre jour un si drolatique hors-d'oeuvre au critique du Siècle, nous peint avec un style contenu et des lignes d'une simplicité noble et tout antique, les occupations fami-lières de la vie rustique en Italie. Changez le costume, élevez un palais à l'horizon., et ce sujet., ainsi traité, deviendra facilement celui de Nausicaa et ses com-pagnes. DARGENT Yan , n0' 784-787. Genre rustique. Les Lavandières de la nuit, n° 784. Peinture violente, fan-tastique, d'un intérêt puissant et d'un effet où le surna-turel s'accorde à ravir avec. les singularités du possible. DAUBIGNY Charles , n05 791-795. Paysage. Il dort un peu trop cette année sur ses lauriers passés, et s'autorise vie -ses succès pour ne pas aller au defa des efforts qui les lui ont fait obtenir. M. Daubigny ne semble pas redouter assez vivement que de plus ardents à scruter les secrets de la nature le laissent bientôt derrière eux. Parmi les cinq tableaux de M. Daubigny, le Village près de Bannières, n° 793, me semble irréprochable mais on cherche dans les autres la lumière et la forme auxquelles ce grand artiste nous avait habitués. Nous prenons note de ce que M. Daubigny nous doit un chef-d'oeuvre. Il le fera, n'en doutez pas. DAmiiER Honoré . Je m'étais fait une fête de voir un tableau de ce grand dessinateur à qui nous devons là comédie du siècle, éparse dans des milliers de compo-sitions humoristiques dérision ! ce tableau , grand comme les deux mains ouvertes, est accroché sur la frise de la salle D. Il est impossible de le voir. DAUZATS Adrien , ne, 805-807. Paysage. De grands sites orientaux peints avec cet esprit charmant et cette finesse de brosse qui ont fait donner à ce maître en fait de prestiges lumineux, le surnom de Canaletti d'Algérie. DELACROIX, n°' 828-833. J'aperçois le nom de M. De-lacroix, je m'élance, je regarde. Illusions, adieu! Ce n'est pas le Delacroix du drame, de la couleur et de la vie, c'est le Delacroix des salons et des albums. DELAMARRE Théodore , ne, 840-843. Genre. Un-spi-rituel Parisien du Paris spirituel, qui s'est fait Chinois. pour nous montrer, d'une peinture large, étudiée et surtout très-originale, la vie privée et industrielle- de nos amis les ennemis de Pékin. DESBROSSES Jean , n° 853. Les porteuses d'herbe. Un vif sentiment de la nature souffreteuse une note plain-tive dans la gamme adoptée avec tant de succès par M. Chin treuil. La brosse n'y est pas encore infaillible dans l'art d'écrire nettement l'impression du peintre mais dans ses efforts mêmes et dans ses défaillances, on sent combien cette impression est profonde. Renvoyé aux conseils de M. Jules Breton, pour achever de per-fectionner ce jeune art plein d'avenir. DESGOFFES Alexandre , nOS ,854-859. Paysage. Une danse effrénée de Peaux-Rouges, dans une prairie boisée du pays des Sioux ou des Comanches, - dont M. Gus-tave Aimard a refusé la royauté. Tiens, je me trompe, le livret dit Danse de faunes et de sylvains. Ah! je n'au-rais pas cru. DESGOFFES Biaise , n0' 860-863. Nature morte. Pein-ture au pointillé, à la loupe, poncée, glacée, poussée jusqu'à la lassitude. Un prodige de la perfection à la-quelle peut atteindre la patience et la volonté un défi jeté à la chambre obscure. Oui, mais après? - Nadar fait encore mieux que cela avec son appareil électrique, et il a la modestie de dire que tout l'honneur revient à la machine. Ah! qu'une apparence d'émotion, que la plus faible tentative d'expression du moindre sentiment, ferait bien mieux notre affaire que ce travail de fée. DESJOBERT Eugène , nOS 870-875. Paysage. M. Des-jobert devient tout doucement, d'année en année, en élargissant son horizon par l'étude et par le savoir, un de nos plus grands paysagistes. Il unit dans sa peinture d'une composition éminemment élégante, des qualités très-abondantes et quelquefois très-opposées. On y trouve à la fois une naïveté profonde d'expression, et beaucoup d'esprit un vif sentiment de la réalité poétique, et une imagination brillante. Il résulte de ces heureux assemblages, dans les oeuvres de M. Desjobert, une rare et précieuse-variété qui lui assure, à côté des écoles dis-sidentes, une très-belle et très-enviable individualité. DEVILLY Théodore , n° 891. Dénoûment de la journée de Solferino. En dehors du tableau purement stratégique, à la façon de Van der Meulen, le genre bataille, tel que le comprennent les peintres de l'école d'Horace Vernet, continuée par M. Yvon, offre un médiocre intérêt. L'épisode guerrier seul, dans cet ordre d'idées, offre au -peintre l'occasion de développer la puissance dramatique que la nature et l'étude lui ont départie. Aucun peintre, -depuis M. Delacroix, ne s'est révélé dans cet art avec-une autorité égale à celle de M. Devilly. Ayant à peindre , une action militaire, il en élague immédiatement tout l'appareil théâtral qui se traduit par les masses bariolées des bataillons et les états-majors dorés, caracolant à 'l'ombre des fumées de la poudre. Ce qui le frappe d'a-bord, c'est la puissance tragique d'un certain moment de la journée, où le. fait brutal prend tout à coup des proportions épiques. Ici, le sentiment qui ressort de cette lutte de géants, jaillit de chacune des touches de sa brosse magistrale. Toute l'action s'y résume dans une expression terrible et concise. Le combat est fini. L'Em-pereur arrive sur le dernier mamelon de Cavriana, disr puté pied à pied le sol brûlant, rougi, saccagé, est jon-ché de morts et de mourants. Mais de ce spectacle.de destruction s'élève comme un cri de triomphe et de gloire car là-bas, dans l'orage qui les emporte et les protège, on voit tourbillonner les masses ennemies abî-mées dans une fuite éperdue. Ce tableau d'un grand style, d'une couleur puissante et terrible, est une des plus belles pages qu'ait produites la peinture historique militaire. DORÉ Gustave , n08 904-908. Dessins pour l'Enfer de Dante. Imagination merveilleuse, grand style, savoir prodigieux, facilité d'exécution qui heurte de front tous les obstacles que tant d'autres auraient l'habileté de tourner, telles sont chez ce jeune artiste les qualités moins surprenantes encore que l'abondance d'invention dont il est doué. Son grand tableau aurait la valeur de ses dessins, s'il l'avait moins improvisé et moins rapidement exécuté. DOUSSAULT Charles , nos 911 -914. Croquis d'un voyage en Orient. Quoi de plus amusant que les im-pressions de voyage d'un homme d'esprit et d'un poëte qui sait voir, qui sent vivement et trouve aisément la forme la plus attrayante et la plus ai-mable pour transmettre ses souvenirs? Tel est le cas -de M. Charles Doussault. Personne n'a comme lui le don d'initier le spectateur aux surprises de ses excur-sions lointaines. DUBOIS Louis , n° 93-4. Le coin d'une table de jm. M. Courbet a passé par là. En affirmant que le peintre doit intéresser par la représentation exclusive de n'im-porte quelle physionomie prise sur le fait dans quelque-scène que ce soit de la vie intime, le jeune maître a ouvert une carrière féconde à tous ceux qui savent peindre avec art et exactitude ce qu'ils ont sous les yeux. La table de jeu de M., Dubois est une heureuse tentative dans cette voie, et le spectateur suit avec inlérêt le drame des mouvements que la passion fait passer sur ces visages saisis dans un milieu d'ailleurs assez vul-gaire. DUBUFE Édouard , nos 939-943. Portraits. Sans avoir à proprement parler le grand style -qu'il faut cher-cher dans L'école illustrée par M. Ingres ou par M. Flan-drin, - les portraits de M. Dubufe ont l'allure élégante, une tournure aristocratique et une grâce mondaine qui n'exclut pas un certain caractère. M. Dubufe excelle à peindre la Parisienne, ce type idéal de la Vénus bien habillée, et ses portraits de madame de Galiffet et de madame William Smyth ont une grâce aristocratique-tout à fait séduisante. DURAND-BRAGER Hefcri , n08 979-981. Marines. M. Durand Brager sait introduire l'attrait et l'intérêt dans un genre qui semble au premier abord'voué à la monotonie mais l'artiste est spirituel jusqu'à donner de l'esprit à un vaisseau, et son imagination se complaît, dans des effets de lumière aussi variés que la changeante nature.. ELMEBICH Édouard , nOS 1018-1024 . Genre etpaysage. La nature surprise dans un de ses réduits les plus cham-pêtres , privée de ses grands aspects, de ses horizons mais rendue avec un amour naïf du simple et du vrai. PAIVRE Émile , noa 1049-1051. Fleurs et animaux. Sentiment très-complet du genre décoratif un goût élevé, une exécution large et puissante, et une brosse. fougueuse sans jamais cesser d'être élégante. FIGUIER Mme Louis , nOS 1101-1103. Fleurs à l'aqua-relle. Mme Louis Figuier peint comme elle écrit elle rend avec un charme exquis les grâces et les délicatesses de la nature. FLANDRIN Hippolyte , n 1113-1116. Portrait. L'âme se peint sur le visage, il est nécessaire d'en saisir le passage et l'expression pour être capable de donner à une image l'aspect de la vie. Un portrait conçu dans le but unique dé faire connaître le caractère saillant d'une individualité, par l'habitude de ses traits, par les traces indélébiles des passions, par l'empreinte des sentiments, peut devenir un tableau aussi intéressant qu'une page historique, et c'est ce qu'il devient sous la brosse austère et savante de M. Flandrin. Cet admirable interprète de la nature comprend, comme Raphaël et comme M. Ingres, qu'un portrait parfait doit être l'idéal de l'homme qu'il veut représenter, et il n'a jamais failli à ce précepte. FLERS Camille , no, 1127-1133. Paysage. Combien d'artistes, en prenant de l'âge, cessent de recevoir l'im-pression fraîche et inspirée de la nature, et rhabillent •avec les clinquants et les oripeaux du savoir-faire, les émotions flétries de leur jeunesse ! Ce n'est point là le cas de M. Fiers ainsi que Corot, dont il est souvent l'émule, ce vétéran du paysage courtise la nature comme aux jours ardents de sa jeunesse, et lui dérobe encore ses plus charmants secrets. FORTIN Charles , no, 1146-1151. Genre. Une grande bonhomie d'expression, avec une exécution vigoureuse et souple, qui ne cherche pas à nous tromper par une habile prestidigitation, et met toute sa finesse à copier la physionomie sincère des scènes intimes qu'il a sous les yeux. C'est le procédé du vieux et charmant Chardin, le Raphaël des petits ménages. FRANÇAIS Louis , n08 1167-1169. Paysage. On repro-chait jadis à cet aimable peintre d'être trop dans ses tableaux l'artiste y tenait la place de l'art et se mani-festait dans les détails avec tant d'abondance, qu'il semblait se multiplier pour satisfaire à toutes les admi-rations partielles qui débordaient de son coeur et se répandaient sur la toile en particularités ravissantes mais dont la cohue étouffait l'ensemble. Aujourd'hui, M. Français, simple et savant, sait ramener à l'unité ses vives et nombreuses impressions, et ce talent de concré-tion qu'il a acquis, égayé d'ailleurs par les aimables émotions de sa poésie naïve et sincère, fait de lui l'un des plus charmants paysagistes de notre école. FRÈRE Edouard , n08 1173-1176. Genre. Encore un .des petits maîtres modernes de la lignée de Chardin. Il borne son ambition a la philosophie d'Alfred de Musset son verre est petit, mais il boit dans son verre, et il met sa seule présomption à le remplir d'un vin géné-reux. FROMENTIN Eugène , n0' 1184-1189rGenre et paysage. Littérateur autant que peintre, M. Fromentin possède le don de description au suprême degré. Quand la nature a passé devant ses yeux attentifs, elle lui appartient tout entière, physionomie et poésie, corps et âme, et il la reproduit avec un cachet de grandeur et de vérité très-rare. Je ne l'ai jamais vu plus harmonieux, mais je l'ai souvent trouvé plus ferme et plus précis. On brouil-lard épais semble se placer entre ses toiles et l'oeil du spectateur, et amollit les formes dont il efface le mo-delé. On pourrait définir sa peinture telle, qu'elle se for-mule cette année un à peu près grandiose. GAUTIER Amand , nos 1225-1227. Portrait. Un nouveau venu qui peint avec Tassurance d'un maître. Il vise au réalisme, il y atteiflt presque, mais sa peinture n'est pas encore assez savante pour dissimuler par où elle pèche, et elle pèche par le goût et la fermeté. Il faut constater d'ailleurs dans ses oeuvres un grand effort tout près d'aboutir au succès. GÉRÔME Léon , nOi 1248-1253. Genre historique. Beaucoup de savoir, trop d'esprit, et pas assez de goût pour contenir dans une limite délicate une invincible propension au libertinage artistique. L'auteur de la Phryné et des Augures croit remonter aux sources pures de l'antiquité, en déshabillant à la grecque des grisettes du faubourg Saint-Marceau et des convives de la Courtille mais il oublie que .la nudité n'est décente qu'autant qu'elle est, pour ainsi dire, vêtue de sa splendeur. Cette Ehryné cagneuse et maigre, dont les hanches déprimées porLent encore le stigmate du corset, comme ses jambes montrent le sillon de la jarretière, n'est qu'une effron-tée. Fi la vilaine, avec ses vilains gros pieds r Combien il y a plus de véritable savoir, iet de carac-tère, etde couleur locale, dansleRembrandtfaisantmardTe une planche à l'eau forte, et dans le Hacht-paille égyp-tien! mais aussi comme il y a moins de prétention et de partis pris! M. Gérôme est un arrangeur à la façon de M. Delaroche il doit à son maître, à son influence, à son souvenir, la meilleure part de son talent que-ne lui a-t-il emprunté cette merveilleuse entente des con-venances, qui tenait presque lieu de génie à l'auteur de l'Assassinat d'Henri Ill? GIGOUX Jean , nOS 1263 et 1264. Portrait. Un Français nourri d'éludés italiennes, et dont la peinture ferme et ■colorée rappelle l'énergie des Carrache et la souplesse du Guide. GINAlN Eugène , n° 1267. Genre historique militàire. Élève de Charlet, M. Ginain a reçu de son maître l'art - de caractériser d'une touche mâle et spirituelle la phy-sionomie de l'uhiforme et l'allure du soldat. Il excelle à donner par une inépuisable variété de l'intérêt à ce qui en offre le moins en peinture, à des masses développées en colonnes de marche. GIRARDET Karl , nOS 1275-1280. Paysage. De l'esprit dans la composition, du goût dans. l'arrangement, un choix judicieux des sites, et l'exécution la plus agréable-ment facile qu'on puisse voir, voilà les paysages de M. Girardet, un des plus brillants enchanteurs de la peinture moderne. GOURLIER Paul , nos 1351-1354. Paysage. M. Gourlier cherche la poésie dans l'élégance des formes. Il se rat-tache par le sentiment à l'art tout poétique dont M. Co-rot donne la plus complète, expression mais par la vigueur et le coloris il effleure l'école des imitateurs exacts de la nature. Il s'est fait entre ces deux genres également intéressants une individualité très-nette et très-distinguée. GUDIN Théodore , n0' 1388-1392. Marine. La peinture de M. Gudin est à là marine ce que celle d'Horace Ver-net est à l'histoire militaire le triomphe du savoir, de l'habileté, de l'entente inimitable du sujet, et par-dessus tout de la difficulté vaincue. A force d'esprit, d'abon-dance, et par une magie qui n'appartient qu'aux grandes organisations artistiques, il étonne, il séduit, et fait devi-ner la nature là où il semble que l'imagination seule a dû prendre part. HAMON Louis , nos 1432-1436. Genre. Choisissez un sujet familier, enfantin de préférence disposez-en la composition de l'air le plus naïf que vous pourrez prendre restreignez la perspective à un plan, à deux au plus, à la façon des peintres primitifs, et le costume au plus simple appareil. Pour peu que vous ajoutiez à ce programme un modelé très-effacé, un coloris à peu près monochrome, vous aurez créé un-genre et vous de-viendrez peut-être célèbre tout comme M. Hamon. Quel-ques esprits que rien ne satisfait trouveront vos tableaux monotones, peut-être même ennuyeux, qui sait? Laissez dire. Est-ce que la peinture a jamais été faite pour re-présenter la nature? La peinture est une fantaisie, un jeu, un moyen plus ou moins ingénieux, plus ou moins agréable d'occuper un instant les yeux demandez plu-tôt à M. Hamon. HANOTEAU Hector , nOS 1440-1442. Paysage. Telle n'est pas l'opinion de M. Hanoteau. Pour celui-ci la na-ture est un spectacle immense et varié à l'infini dont chaque scène parle au coeur le langage imagé de la poésie. Là on rêve au bonheur, ici à l'abondance, ail-leurs à l'amour, au mystère plus loin au calme d'une vie simple plus loin encore à l'activité, à la lutte, au travail partout on admire la grandeur de Foeuvre di-vine, et l'âme de l'artiste s'épanouit à toutes ces splen-Jeurs., elle s'y abandonne en pleine liberté. Puis quand l'heure du recueillement a sonné, il rassemble au fond de son coeur émotions et souvenirs, admirations et rê-veries, et, d'une main docile que le savoir guide et sou-tient, il retrace sincèrement ce qu'il a vu, et le tableau qu'il nous en donne nous offre à la fois et l'image de la réalité et l'expression des sentiments qu'elle a fait naître en lui. C'est un grand charme de voir la nature par les yeux de M. Hanoteau, car il nous la représente avec une éloquence, bien séduisante. HARPIGNIES Henri , n08 1449, 1452. Paysage. Moins magistrale et moins puissante que celle de M. Hanoteau, la peinture de M. Harpignies est dans une gamme ana-logue. C'est encore là un art bien portant et convaincu qui n'attendra pas longtemps le succès. HAUTIER mademoiselle Eugénie , n 1460-1463,. Genre et nature morte. Un talent viril enveloppé de toutes les grâces de la femme une exubérance de vi-gueur et de coloris avec une certitude de brosse, une fermeté de dessin et une variété de talent qu'on trouve rarement réunis à un pareil degré. HÉBERT Ernest , n'a 1464-1466. Portrait. Erreurs d'un grand peintre ce qui nous assure de la part d'un tel artiste une revanche éclatante. HERBELIN madame Mathilde , nOS 1487-1490. Dessins, Ennuyée de s'entendre dire éternellement qu'elle est la première entre tous les miniaturistes de Paris, madame Herbelin a voulu s'essayer dans un genre nouveau. Elle joue vraiment de malheur la voilà, de prime saut, la première dans cet art charmant de faire vivre et pal-piter un joli visage sous le modelé moelleux de-la sanguine. ■ HOFER Henri , n- 1533-153?. Portrait. Jetez les yeux sur la tête de jeune fille, n° 1536, vous ne pourrez plus les en détourner un miracle de beauté renouvelé par un miracle de peinture. HUET Paul , nos 1565-1570. Paysage. M. Paul Huet est un des représentants de la forte et puissante école romantique qui florissait il y a vingt-cinq ans. Ni la na-ture , ni la tradition ne sont un but pour lui. La tradi-tion ne saurait arrêter sa verve, et la nature ne joue d'autre rôle dans son art que de fournir une forme pré-cise et palpable aux créations abondantes de son ima-gination. Aussi, peu de paysagistes ont-ils une indivi-dualité plus caractérisée que la sienne. JACQUE Charles , nos 1613-1616. Animaux. Le-Lava-ter des moutons et des poules il les reproduit avec une exactitude de Flamand, et met tant d'esprit et de phy-sionomie dans ces petites compositions mouvementées, vivantes, bêlantes et caquetantes, qu'il réussit presque à tout coup à leur donner l'intérêt d'un drame intime ou d'une comédie de moeurs. -JALABERT Charles , nos 1626, 1627. Portrait. La peinture de M. Jalabert est l'expansion'élégante de ce goût d'arrangement et de détail qui caractérise les élè-ves sérieux de Paul Delaroche. M. Jalabert peint comme devrait peindre M. Gérôme, si M. Gérôme parvenait à se. guérir de la -pompéiomanie chronique dont il est atteint. ■ , , -• JEANRON Auguste , n°'1650-1656. Genre et paysage. M. Jeanron se plaît à-peindre, cette année, le côté calme et pittoresque de la guerre. Les sujets rappellent, il est vrai, les noms devenus immortels de Melegnano, de Solferino, etc. mais dans ces tableaux, inondés de lu-mière, sous ce ciel diapré de mille feux, aucun bruit sinistre ne vient troubler la quiétude du paysage. Le sol-dat n'y figure qu'en simple touriste, et vraiment c'est là une charmante façon et des plus ingénieuses de perpé-tuer le souvenir de nos gloires. - LAMBRON Albert , nos 1775 et 1776. Genre. Celui-ci débute, et, dès son premier pas, il casse les vitres. Gare là-dessous, c'est un tempérament de peintre qui se manifeste. à la façon de Courbet et de Doré. L'idée de son repas de croque-morts est originale. Celle du Mercredi des Cendres est ingénieuse, et qui mieux est, heureuse. Un pierrot et un arlequin sortent d'un bal vers les hauteurs de Belleville, et-les deux joyeux drôles se heurtent à un cocher de corbillard. Le sceptique arle-quin salue en goguenardant pierrot, l'âme enfantine et superstitieuse, se détourne avec une contrainte visible, et semble côtoyer une colique. Caprice amusant, pein-ture facile et entreprenante. Je le répète, il y a là un peintre. Nous l'attendons au second tableau. LAMI Eugène , nos 1777 et 1778. Genre, - aquarelle. Quel aimable, quel élégant, quel grand artiste ! Le su-perfm du bonheur serait de lire Musset imprimé sur vé-lin , dans un salon dont les lambris seraient tapissés de ces incomparables dessins, les vrais, les seuls types pos-sibles à rêver pour, personnifier les créations du poëte. Ah! si Curmer était le propriétaire des oeuvres com-plètes de Musset, la librairie française compterait bien-tôt une gloire de plus. LAPIERRE Émile , nOI 1800 et 1801. Paysage. Senti-ment délicat, nature élégante peu de souffle, mais beaucoup de distinction. LEGENDRE-TILDE Isidore , n08 1887-1890. Nature morte. Des rapprochements heureux, une ingénieuse combi-naison dans la composition, donnent un intérêt charmant à des sujets qui n'ont ordinairement d'autre attrait que le mérite d'une habile reproduction de la réalité. L'histoire a fait grand bruit des Raisins de Zeuxis ils n'ont trompé que des oiseaux par l'artifice d'un relief savant la Picciola de M. Legendre fait répandre des larmes, et le coeur ne se trompe jamais. LEGROS Alphonse , n° 1900. Genre. Vous vous rap-pelez un Enterrement à Ornans, qui fit monter Courbet au pinacle. L'Enterrement à Ornans a eu pour M. Legros l'inconvénient de venir avant son Ex-voto. C'est-à-dire que M. Legros suit le chemin battu par M. Courbet. Le chemin est bon, et pourvu que le jeune émule ne prenne pas les ornières pour les pas de son devancier, il a chance d'arriver sain et sauf au but. LELEUX Adolphe , n08 1907-1909. Genre rustique. Quand M. Leleux apparut, il y a quelque vingt ans, ce fut dans les arts un grand cri d'enthousiasme le dé-butant avait le ton d'un maître. Le maître a gardé très-intactes les précieuses qualités de jeunesse, mais il a acquis le savoir, la certitude, l'expérience, et il ne pro-cède plus, presque à coup sûr, que par des chefs-d'oeuvre. LEMAN Jacques , nOI 1926-1930. Genre historique et portrait. Étudier la physionomie d'une époque, le caractère des costumes réunir dans une composition correcte, élégante, mais un peu froide, les grandes figures d'une époque, et les mettre en scène avec l'apparat des céré-monies de cour ou dans le déshabillé des Mémoires du temps, voilà le talent de M. Léman. Talent charmant, qui sera complet quand à toutes ces excellentes qualités le peintre ajoutera plus de vigueur, plus de verve, plus de tempérament. Il le peut, voilà pourquoi nous le lui demandons. LEPOITEVIN Eugène , n08 1955-1960. Genre et ma-rine. Roqueplan, in amico redivivus. comme disent les vieilles inscriptions. La gaieté, la vie, l'esprit, le coloris de cette poétique école, qu'on appelait autrefois romantique, sont en toute leur effervescence juvénile dans ces aimables toiles d'une des plus abondantes imaginations d'artistes qu'on puisse désirer. MARCHAL Charles , n° 2105. Genre. Un bon et cor-rect sentiment de la réalité, l'amour du simple, rehaussé d'un certain goût naïf, qui ne cherche jamais à s'épan-cher au delà des limites du vrai. Excellent tableau, peintre d'avenir. - MARQUIS Charles , n° 2119. Genre historique. Com-position voulue, sentie, rendue avec art, peinte avec science. Heureuse production, d'un talent sévère et - convaincu. MATOUT Louis , n0 214,8-2152. Genre historique, portrait. De la vigueur, du style, un souvenir judicieu-sement invoqué des études puisées aux sources véni-tiennes des allures puissantes, avec une touche magis-trale telles sont les qualités du jeune et savant auteur des décorations de l'École de médecine et de l'hôpital de Lariboisière. MEISSONNIER Ernest , nos 2184-2189. Genre. Le plus complet et le plus grand des petits peintres ou plutôt des peintres en petite car bien des gens peignent l'his-toire qui n'ont ni une valeur égale ni une aussi grande manière. - -La peinture de Meissonnier, c'est l'esprit et la préci-sion, la finesse et l'observation, la nature dans ce qu'elle a de plus piquant, l'art dans ce qu'il a de plus vif et de plus précieux. Son Musicien no 2186 est une mer-veille d'expression et de vérité. -MICHEL Émile , n08 2248 et 2249. Paysage. M. Émile Michel court à la poésie par le chemin de la nature Réelle, il en aime les harmonies, il en interroge les mys-tères, et réussit souvent à nous les révéler. Je le trouve néanmoins plus à l'aise et plus sincère dans la traduc-tion du paysage rustique que dans les entreprises semi-historiques qu'il a tentées cette année. MILLET François , nos 2252-2254. Genre rustique. M. Millet a saisi depuis longtemps le caractère mélan-colique et fatal de ce martyre lent et sans compensa-tions appréciables pour nous autres citadins, qu'on ap-pelle la vie des champs. Il excelle à le reproduire dans ses nuances les plus fugitives, et avec une énergie qui donnerait à croire que s'il né les a pas devinées, il a éprouvé lui-même les douleurs et les joies de ces créa-tures déshéritées. Je ne sais rien de plus touchant que cette villageoise qui fait manger son enfant. Malgré la grossièreté de sa nature, ef peut-être même à cause de cela, car le contraste est plus vif, une grâce indéfinis-sable enveloppe cette jeune paysanne, prête un charme exquis à sa sollicitude, et la rend presque belle. Dans l'Attente, sujet emprunté à l'histoire de Tobie, l'âge et les fatigues se 'lisent dans l'attitude de la vieille mère, tandis que la cécité du père se traduit d'une façon saisissante dans les moindres détails de sa pose. Cette peinture suscite des récriminations et soulève des critiques. On reproche à M. Millet de choisir des types vulgaires et laids. C'est là une erreur il n'y a de vulgaires et de laids que les types dégradés le spectacle de la forte et cou-rageuse nature élève l'âme, et prépare les émotions bienfaisantes. MONGINOT Charles , n° 2269. La Redevance, heureux prétexte pour faire valoir une riche palette, une touche grasse et ferme, et déguiser par la magie de la brosse et la variété du coloris les défaillances d'un dessin encore inexpérimenté. MONTALAND Mademoiselle Céline , n° 2281. L'An-cienne tour de Rhodes. Avant de faire ce tableau, made-moiselle Montaland n'avait jamais peint, dit-on. Elle pro-11ta de ses accointances avec les fées. du Pied de mouton pour devenir peintre d'un seul coup de baguette. J'ignore ce qu'il y a de vrai dans cette légende mais pour l'honneur de la peinture, je souhaite qu'elle soit fausse. - -- MULL-ER Charles , n08 2335-2337. Genre. Madame mère _ n° 2335 . Madame Laetitia se retira à Rome eh 1814 vêtue d'une robe de deuil, qu'elle ne quitta ja-mais depuis la mort de Napoléon, ayant assises, à quel-que distance d'elle, deux vieilles dames corses, tricotant ou lisant elle contemplait le portrait en pied de l'em-pereur, ou filait au fuseau. Telle est la notice du ta-bleau de M. Muller charmante littérature, peinture à l'avenant. NANTEUIL Célestin , n° 2361. La Charité, ou plutôt Y Aumône. Au pied d'un escalier de marbre, à l'entrée d'un parc vénitien, de belles femmes et de riches sei-gneurs secourent des pauvres. M. Nanteuil a tiré de cette idée, vêtue à l'italienne, un délicieux tableau, orné de tous les trésors d'une palette prodigue. O'CONNELL Madame Frédérique , nOI 2395 et 2396. Portrait. La beauté fleurit comme les roses sous les doigts de cette enchanteresse. Un reflet du soleil qui éclairait Van Dyck illumine sa peinture, et le trio des Grâces l'effleure de son souffle divin. Madame O'Connell est le peintre-né des jolies femmes, et aussi des expres-sions puissantes et sublimes son étude au crayon d'a-près Rachel morte est une inspiration de la poésie la plus élevée. C'est précisément ce portrait qui donna lieu au procès dont on a tant parlé. En proposant l'ex-position de cette oeuvre, après en avoir sollicité et ob-tenu la destruction, la famille Félix se donne, ce me semble, un assez singulier démenti. PALIZZJ Joseph , nos 2419, 2420. Paysage et animaux. Cet émule de Troyon travaille avec succès à devenir un rival du maître. PELLETIER Laurent , iies 2465-2483. Aquarelle et pas-tel, paysage. Cet habile et incomparable artiste fait ren-dre à l'aquarelle tout ce qu'elle peut donner en vigueur, en souplesse, et parvient même à lui faire exprimer la vérité. C'est beaucoup plus que ce qu'on est en droit d'exiger d'un genre jusqu'ici réputé secondaire. M. Pel-letier l'a élevé à la taille du grand art. PENGUILLY Octave , n08 2484-2486. Genre historique et paysage. L'imagination a beaucoup plus de part que la nature dans les inspirations de cet artiste. Il est sans contredit l'un des inventeurs les plus féconds et les plus originaux de l'école contemporaine il a le sen-timent profond, du style et une peinture ner-veuse et colorée. PILS Isidore , n° 2555. Bataille de l'Aima. M. Pils est le peintre contemporain qui saisit et rend le mieux l'allure toute particulière du troupier français, cette dé-sinvolture à la fois martiale et goguenarde, cette habitude de mouvement et de tenue inhérente à chaque arme. Horace Vernet dans ses meilleurs jours n'a jamais mieux fait, quant aux épisodes mais il conserve sur M. Pils un avantage incontestable dans l'art de généraliser une action et de détailler des masses. POMMEYRAC Paul de , nOI 2574-2578. Portrait à l'huile et en miniature. Cet artiste, heureusement doué, intro-duit dans la miniature toute la largeur et la puissance de la peinture à l'huile et conserve dans cette dernière la finesse et la grâce de la miniature. PUVIS DE CHAVANNES Pierre , n°.' 2621, 2622. Peinture murale. Cet artiste est un penseur, aussi est-il très-peu peintre. Il trace une idée sur la toile sans se préoccuper du procédé, persuadé qu'il est que son rôle est rempli quand il a. rendu perceptible l'expression de sa pen-sée. Ses tableaux de la Paix et de la Guerre sont plutôt des cartons colorés que des peintures proprement dites, et rien ne prouve qu'il saurait les produire avec la for-midable puissance d'un Delacroix ou l'exquise fermeté d'un Ingres mais à coup sûr, et tels qu'ils sont, ils pos-sèdent le style, une entente magistrale de la compo-sition et le caractère grandiose de l'art historique dé-coratif. -ÏIANVIER Victor , ncs 2643-2645. Genre et paysage.. Une poésie fiévreuse, un style énergique presque jus-qu'à la brutalité, une sorte de mysticisme indécis et tournant un peu au fantastique, tels sont les caractères principaux de la peinture de ce nouveau venu, qui n'est certes pas un artiste ordinaire. Il a de la force dans le coloris et une vigueur d'accentuation qui révèlent un peintre accessible aux inspirations élevées. BIEDEL Auguste , no' 2687-2689. Genre. La foule se presse devant ses Baigneuses n° 2687 . Est-ce donc un chef-d'oeuvre? Non, c'est tout bonnement un trompe-l'oeil, un de ces effets de lumière qui sont un des jeux de l'art, et que le public, trop ignorant des procédés de la peinture pour en apprécier les résultats à leur juste valeur, prend pour des traits de génie. C'est'ingénieux, peut-être habile, mais certainement d'un ordre très-secondaire. ROLLER Jean , n08 271 -2719. Portrait. BeHe et bonne peinture, souple, élégante, et d'un style éminemment distingué. Le portrait de M. Boitelle n° 2714 est un des plus beaux du Salon et se classe immédiatement -après ceux de M. H. Flandrin. ROZIER Jules , n08 2746-2749. Paysage. Aimable im-pression des aspects riants de la nature rendue avec une sincérité parfaite et un goût très-distingué. SALMON Théodore , nos 2787-2790. Genre rustique et animaux. On tient trop rarement compte aux peintres des efforts qu'ils font pour rendre dans un ensemble restreint, mais harmonieux, les richesses, les variétés infinies et les difficultés de la nature. M. Salmon a peint de petits sujets champêtres qui, par la science, par - l'amour et le respect de la nature qu'ils révèlent, par la finesse de l'observation et le charme de l'exécution, font penser aux jolis tableaux flamands, qu'on ne place au-dessus d'eux qu'en raison de leur ancienneté. - SAND Maurice-Dudevant , n08 2798-2800. Genre et -paysage. Du. cachet, de l'originalité et ce caractère vi-vant et spirituel qui donne un charme si saisissant aux Masques et Bouffons du jeune et brillant artiste. SCHANDEL Pierre Van , n° 2815. Une jeune fille de-vant une échoppe effet de lumière . La lumière pour ce descendant bien descendu de Rembrandt, c'est la flamme qui clapote à la mèche fumante d'une chandelle. Le procédé de ce genre, si bien fait pour plaire à M. Pru-dhomme, est très-simple il consiste à couvrir une toile d'une couche limpide de terre de Cassel -on enlève en jaune brillant, vers le milieu , une flamme de chandelle et sur le fond quelques silhouettes bordées d'un trait rougeàtre du côté de la lumière et d'un trait noir du côté opposé. On remplit le vide par une couche plate de bitume, et le tour est fait. Soyez sûrs que si cela réussit à M. Van Schandel ou de la Chandelle, ce n'était pourtant pas là le procédé de Rembrandt. SCHULER Théophile , nos 2845-2847. Dessins. M. Schu-ler donne au dessin la force et le coloris de la peinture à l'huile. Ses compositions très-abondantes, très-ani-mées, ont un caractère dramatique d'une puissance ex-traordinaire et une originalité qui leur prête beaucoup de charme. STEVENS Alfred , nOS 2016-2919 bis. Genre. Cet ar-Liste flamand a conservé de sa vieille école natale la linesse et la 'précision dans la forme, ainsi que le don précieux de la couleur mais il a emprunté à l'écolê française, au sein de laquelle il obtient ses plus beaux succès, l'esprit d'élégance et la distinction suprême qui, dans la peinture de genre, représentent le style du grand art. On ne saurait peindre avec plus de grâce qu'il le fait des sujets plus simples, plus familiers, et pour-tant plus intéressants. M. Stevens n'a pas de rival dans cet art, dont l'introduction chez nous lui appartient tout entière. STEVENS Joseph , n08 2920-2922. Genre. M. Joseph Stevens a entrepris depuis longtemps une oeuvre à la Balzac qu'il poursuit avec autant d'ardeur que de succès c'est la Camédie humaine des chiens. Il peint avec une puissance et une verve qui font penser à Guillaume Kalf et à Ostade, des intérieurs d'un effet plein de vigueur et de vérité. Il les anime avec infiniment d'esprit par des personnages de la race canine, qu'il paraît avoir étudiée et connaître à fond. Il sait leur donner non-seulement beaucoup de physiono-mie, mais aussi une expression d'un naturel exquis et vraiment intéressante. '- TABAR Léopold , nOS 2927-2928. Histoire et genre. Un peintre de la vigoureuse lignée de Géricault par malheur il tempère l'énergie de cette école par une mélancolie douce qui enlève à son exécution quelque chose de la vivacité dont on remarque l'influence dans sa composition. TILLOT Charles , n° 2959. Dessous de forêt. M. CNrles Tillot a préludé à la culture de paysage par de fortes études esthétiques à l'époque où il rédigeait si judicieu-sement le feuilleton d'art du Siècle. Il applique aujourd'hui, selon les procédés de notre excellente école de paysage, les principes qu'il soute-nait naguère de sa plume sincère et convaincue, et si l'art a perdu un critique autorisé, il a retrouvé un adepte habile. TISSOT James , n- 2969-2974- Genre. Un grand mal-heur pour cet artiste inconnu jusqu'ici, c'est d'arriver après le fameux Leys d'Anvers, le .même qui reçut les honneurs du triomphe à sa rentrée dans sa bonne ville après avoir conquis la France en 1855. La foule, habituée à juger sur les apparences, va croire que M. Tissot est un copiste parce que ses tableaux présentent quelque analogie d'aspect avec ceux du pasticheur émérite de l'ancienne école de Bruges. M. Tissot est un poëte il a le don de l'expression dramatique, une imagination brûlante, et il puise dans son propre fonds des idées qui sont bien à lui. Il est évident qu'il n'a aucun rapport avec le fameux M. Leys. TOULMOUCHE Auguste , n08 2977-2982. Genre. Leclair de lune de M. Stevens, et par conséquent pâle comme tous les clairs de lune. TODRNEMINE Charles de , nos 2983-2987. Paysage. Depuis tantôt trente ans on nous représente un Orient de fantaisie qui semble emprunté aux conventions ca-pricieuses de l'Opéra. M. de Tournemine a soumis la peinture orientale à l'étude de la nature, et il nous re-présente l'Egypte et l'Asie Mineure par les procédés qu'emploie M. Daubigny pour reproduire un paysage de Ville-d'Avray ou de Meudon. Peu de palettes offriraient d'ailleurs des tons aussi riches, des nuances aussi déli-cates que celle de M. de Tournemine, qui tient à la fois de Marilhat et de Corot. VETTER Jean , nOS 3051-3052. Genre. Ce Jeanne s'en alla certes pas comme il était venu. Il était venu avec un médiocre Bernard de Palissy, il s'en alla, dit-on, avec 25,000 francs. On a bien raison de dire que les vivres sont hors de prix. VIDAL Vincent , nOS 3057-3064. Dessins. M. Vidal est au dix-neuvième siècle le peintre de la réalité gracieuse au même titre que l'était Watteau au commencement du dix-huitième. Sans se préoccuper des artifices de l'art, il va droit au but en prenant la nature pour modèle et son goût exquis pour guide. Il est peut-être, après Ga-varni, mais dans un autre ordre d'idées, le peintre mo-derne qui a le mieux compris le type adorable de la Parisienne, la seule femme qu'il faudrait mettre dans l'Arche s'il survenait un nouveau déluge. WINTERHALTER François . Ah ! si M. Vidal avait été chargé de faire ce portrait de l'Impératrice qu'a commis l'auteur du Décaméron, quel chef-d'oeuvre nous aurions admiré ! YVON Adolphe , n° 3132. L'Empereur à Solferino. J'ai lu ce drame terrible, émouvant, glorieux, qu'on appelle le bulletin de la bataille de Solferino j'y ai vu -dans le langage concis de la victoire des lignes dont l'énoncé était à lui seul un programme de tableau - à en supposer que le peintre s'appelât Gros, Delacroix ou Vernet. - De tout ce bruit, de toutes ces grandeurs, de tout ce drame, de toute cette gloire qui offraient un si vaste champ à sa muse, M. Yvon n'a rien vu, rien senti, et ce qu'il intitule Solferino, 24 juin, pourrait tout aussi bien s'appeler Camp de Châlons ou Champ de Mars. C'était vraiment bien la peine que l'empereur Napo-léon III gagnât l'une des plus belles victoires du siècle pour que son peintre ordinaire en limitât les proportions à une cavalcade d'état-major ! Décidément M. Théodore Devilly est le seul peintre qui ait compris Solferino au Salon de 1861. ZIEM Félix , n° 3134. Un triptyque représentant Ve-nise. Une palette enchantée, une brosse magique, une 'observation pleine à la fois d'esprit et de sentiment, voilà par quels moyens le peintre séduisant de la belle infortunée qu'on appelle Venise a su rendre nouveaux et intéressants des sujets que la main magistrale du Ca-naletti semblait avoir rendus impossibles. Mais il n'est pas d'impossibilité pour le talent. Ne voilà-t-il.pas à côté de l'incomparable Venise de M. Ziem une autre Venise, incomparable, diaprée de mille feux éblouissants, lim-pide et colorée comme la nature elle-même, et due au pinceau de M. Jean Lucas, le Canaletti de l'aquarelle?
A-Z ou LE SALON EN MINIATURE. Paris, fatigué des brochures, des questions brûlantes, des drames neufs ou d'occasion, du froid, de la lune rousse, et de tout ce qui l'occupait la semaine dernière, Paris est tout en-tier au salon de peinture. -Gérôme, Stevens et Lambron Pils, Yvon, Devilly et Puvis de Chavanne Courbet, Corot, Français, Hannoteau et Des-jobert Dubuffe, Flandrin et quelques cent autres que nous nommerons plus loin, sont en ce moment les héros dont on parle et dont on parlera,@.@@@@ pendant huit jours au moins puisqu'il faut qu'un nom soit toujours dans toutes les bouches et personnifie l'intérêt de l'heure présente, Garibaldi ou -Gortschakoff, Cavour ou François de Bourbon.@@@@@ en atten-dant qu'une Rigolboche nouvelle éclose un de ces soirs à la lueur des lanternes de Mabille. D'ailleurs, et à part l'attrait vainqueur de la nouveauté, ce salon de peinture mérite à plus d'un titre qu'on s'en occupe un peu. Il est très-satisfaisant et rempli d'excellentes pro-messes non pas qu'on y trouve telles individualités hors ligne, météores éblouissants qui font pâlir les astres d'alen-tour, mais, ce qui vaut infiniment mieux, parce que l'avenir de l'école contemporaine semble s'y dessiner nettement sous des couleurs très-favorables. On y constate, à première vue, que le niveau de l'art tend à s'élever dans des proportions notables. La moyenne du talent y est évidemment très-supé-rieure à ce qu'elle était il y a sept ou huit ans, et, pour qui-conque sait regarder et comprendre les productions du pinceau, il est facile de reconnaître qu'il s'opère parmi la génération actuelle un effort puissant, sinon pour régénérer, du moins pour fortifier l'art, depuis longtemps affaibli par le doute et l'indécision. L'un des vétérans de la critique et l'un des plus autorisés par de longues et fortes études, M. Delécluse, faisait hier., dans le Journal des Débats, une remarque aussi profonde que judicieuse Tant que les arts ont pour objet@ disait-il, d'exprimer les croyances religieuses et de s'appuyer sur les grandes institutions sociales, les artistes célebres qui ont autorité sur le public forment et dirigent son goût mais à mesure que l'art, abandonnant successivement les hauteurs où il a pris naissance, descend vers la réalité et tombe même jusqu'aux vulgarités de la vie, le gros du public impose de plus en plus son goût, jusqu'au moment où l'@amateur@, dis-posé à payer ses fantaisies au prix de l'or, détourne com-plètement l'artiste de sa véritable vocation, et change le but de l'art. En effet, il fut un temps encore peu éloigné de nous où quelques sublimes individualités, telles que David, Prudhon, Géricault, Ingres, Delacroix, Ary Scheffer, Decamps et quelques autres, animés de l'enthousiasme du génie, entraî-nèrent et captivèrent leur génération en imposant à chacun, selon son tempérament, les principes d'un art vigoureux et fécond et le culte d'une grande idée. Cela dura tant que les convictions furent en honneur dans la société militante mais l'anarchie ne tarda pas à pénétrer dans les arts à la suite des petites passions et des tendances matérielles favorisées par cette fievre de gain dont les accès ont si péniblement affecté les forces vives de la France, depuis une dizaine d'an-nées. Si le mal qui avait atteint déjà un grand nombre d'ar-tistes et les portait à abuser d'une facilité fatale, au profit des jouissances grossières de leurs pitoyables Mécènes, avait continué ses ravages, la cruelle prédiction du critique des Débats n'aurait pas tardé sans doute à s'accomplir jusque dans ses plus funestes conséquences. Heureusement la réac-tion commence à s'opérer et, je le répète, l'ensemble du Sa-lon indique une tendance marquée chez les peintres à s'af-franchir du joug des corrupteurs du goût, pour suivre en pleine liberté l'essor de leur inspiration ou la loi des études sérieuses. La peinture de paysage, qui place à toute heure l'artiste en présence de la nature et tend sans cesse à aiguillohner dans son esprit l'instinct de la poésie, est loin d'être étran-gère au progrès de l'école. Le retour aux études sincères, à la recherche assidue des relations qui doivent exister entre l'expression de l'art et les mystères de la nature, est dû tout entier aux paysagistes, qui réunissent et résument aujourd'hui dans leur genre, élevé jusqu'à son apogée, toutes les données de l'art les uns cherchant à faire jaillir la poésie de l'expres-sion matérielle de la réalité, les autres revêtant les créations poétiques de leur génie des apparences de la nature, vue et saisie dans ses formes les plus élégantes. La peinture de genre, adoptant les principes formulés par les écoles, du paysage, entre à son tour dans cette voie géné-reuse à l'issue de laquelle l'art moderne doit infailliblement trouver la forme nouvelle de l'art historique et religieux. C'est en effet dans les besoins du présent, et non dans les traditions du passé, que le grand art trouvera le secret de sa régénéra-tion. La tradition ne peut être qu'un exemple et un guide il y aurait folie à vouloir éterniser, en face d'une civilisation nouvelle, de passions, de besoins, d'aspirations modifiées par des moeurs et des tendances intégralement opposées à celles du passé, un art dont la splendeur nous éblouit encore, pré-cisément parce qu'il réalise jusqu'à la perfection l'harmonie qui doit exister entre l'état transitoire des moeurs, des idées, et les règles immuables du goût. Il ne s'agit pas, en fait d'art, de surpasser au dix-neuvième ou au vingtième siècle, les chefs-d'oeuvre du seizième, ou les splendeurs de l'antiquité. Je ne pense pas que cela soit pos-sible, puisque la nature, type éternel, n'est pas plus belle qu'alors. La seule perfection à laquelle on doive aspirer est de formuler dans des productions épurées, si l'on peut, jus-qu'à l'idéal, les relations qui existent entre l'immuable poésie et l'état présent des moeurs, des idées, des besoins et de la - philosophie, en tenant compte, bien entendu, des différences d'organisation qui font des hommes du même temps des êtres susceptibles d'être émus et impressionnés par les expres-sions artistiques les plus opposées. C'est ainsi que Phidias ou Praxitèle, que Raphaël, Titien, Corrége ou Michel-Ange, que Prudhon, Ingres ou Delacroix, peuvent et doivent simultanément soulever l'admiration des hommes et faire glorifier en eux le génie des arts. Les écoles partagent les époques sans les diviser, ou du moins il faut qu'il en soit a@msi car les écoles ne sont pas faites pour faire prévaloir un principe sur un autre principe, mais bien pour développer selon leurs règles respectives, le principe absolu du beau appliqué à leur façon particulière de sentir et à leur faculté spéciale d'exprimer. Le beau n'est absolu que dans la recherche idéale que l'ar-tage s'efforce d'en faire ce mot absolu ne saurait s'ap-pliquer au mode d'expression dont le peintre ou le sculpteur demande uniquement la forme aux impulsions de son'génie, de son tempérament, de ses sentiments, en un mot de sa propre et souveraine individualité. Ceci posé, le critique se trouve on ne peut plus à l'aise pour émettre ses opinions sur les oeuvres si nombreuses et si diverses qui sollicitent, au Salon, l'examen des curieux. Il n'a pas à s'enquérir de l'étiquette des manières il juge les peintres non pas d'après les préjugés d'une caste ou d'une classe, mais d'après leur oeuvre même, tenant pour bonne et louable toute production qui porte le cachet d'une convic-tion sincère, d'un effort courageux, d'un sentiment profond, toutes qualités qui éloignent l'artiste d'être le courtisan d'une coterie, et le flatteur d'une passion mauvaise ou d'un goût dépravé. N'ayant à faire aucune classification savante ou ingénieuse, il suivra l'excellente méthode adoptée par le directeur de l'Exposition, en plaçant ses critiques, comme sont placées les oeuvres d'art, par ordre alphabétique. A-Z ACCARD Eugène , n@o, 4-6. Charles IX chez Marie Tou-thet t . De l'observation, beaucoup de finesse dans l'ex-pression. L'auteur a pris son sujet dans une oeuvre de Balzac, et il a eu l'esprit d'emprunter au sublime phy-siologiste l'art de composer et d'exprimer des physio-nomies dans les données de la nature et du caractère humain. ACHARD Jean , n@o, 7 et 8. Deux paysages. Plus d'ima-gination que de naïveté, plus de savoir-faire que d'é-tude mais, tels qu'ils sont, ces paysages ont la puis-sance de l'effet, la finesse de l'exécution, l'éclat du co-loris. En faut-il plus pour faire un peintre aimable ? ALIGNY Théodore , directeur de l'École des Beaux-Arts de Lyon, n@08 24, 25 et 26. Trois paysages de car-ton. J'entends dire que c'est là du style si le style est l'homme, j'estime que M. Aligny a dû étudier son art à Nuremberg sur ces petits paysages à pièces mobiles qu'on encadre, à l'usage des enfants@@., dans de petites boîtes de sapin. ALLEMAND Louis , n@0' 30 et 31. Paysages. Toujours le buisson de Ruysdael mais quand on le reproduit avec cette maestria, cette vigueur, ce diable au corps, le cri-tique accepte volontiers une imitation qui devient presque une originalité. AMAURY-DUVAL Eugène , n° 39. Portrait de made-moiselle Emma Fleury de la Comédie Française. Char-mant portrait d'une charmante fille dont le talent gra-cieux fait souvent oublier la beauté. Un modelé fin, souple et serré, d'une vigueur qui n'exclut pas la grâce, avec des yeux et des lèvres où petille le plus spirituel sourire de Thalie, voilà le tableau applaudissez le peintre et le modèle., ANASTASI Auguste , n@08 42, 43, 44, 45, 46 et 47. Paysages, vues de Hollande. Voilà, s'il vous plaît, la vraie Hollande, cette Venise brumeuse du Nord, non pas mesquine, épinglée à la façon de tels des-cendants bien descendus - qu'il n'est pas nécessaire de nommer-@des vieux maîtres des musées mais large, puissante, et rendue nettement avec la conviction du poëte, avec l'élégance et l'esprit du pinceau français. Le Soleil couchant à Lynbann, n° ko, et le Troupeau, n° 47, sont deux oeuvres du premier ordre. J'aime moins l'@Arc-en-ciel du n° 43 mais à tout péché miséricorde. ANTIGNA Alexandre , n@08 62 à 69. Tableaux de genre. Il est toujours le peintre du drame de la vie du pauvre. Il se renferme cette année dans des scènes d'un senti-ment plus intime que poignant. Il a risqué une échap-pée en pleine comédie dans ses Filles d@ève, n° 62, petites maraudeuses qui font dévaliser à leur profit, par un garnement, le pommier du voisin. Cependant la co-médie grimace, la terreur y domine, elle prend une teinte sombre, présage funeste de l'orage qui menace. Tout indique ici que nous avons plutôt affaire à de pe-tites voleuses qu'à des espiègles en maraude. Si c'est cela que le tableau veut dire, le sentiment est bon, mais le titre est mauvais. - Loin du monde, n° 64, est une manière d'idylle mo-derne. Cette fillette dormant sur l'herbe, sans souci des indiscrétions de ses guenilles, rêve peut-être, sous bois, aux volants de Marco ou bien au tilbury de Rigolboche. APPIAN Adolphe , n@°' 78-82. Paysages. Un reflet de M. Daubigny quand M. Daubigny était encore dans toute la verdeur de ses impressions sereines mais un reflet vigoureux et tout près de rayonner à son tour. ARMAND-DUMARESQ Edouard , n° 83. Épisode de Sol-ferino. Un digne élève de Couture de l'éclat, du feu, du coloris, une vigueur naturelle que rien n'arrête, pas même l'obligation d'arrêter plus correctement la forme et d'accentuer la physionomie. BALZE Paul , n° 113. Lapidation dé saint Étienne. Le nom de M. Paul Balze est nouveau dans les exposi-tions publiques. Il est connu des artistes par sa collabo-ration avec son frère aux belles copies des stances de Raphaël qui sont à l'École des Beaux-Arts. La manière de M. Ingres, dont un des caractères éminents est d'être avant tout individuelle, a ramené dans l'art contempo-rain tant d'avortons issus de la décrépitude du grand David, qu'on est heureux de trouver des esprits distin-gués, tels que MM. Balze ou Flandrin, aptes à saisir le principe fondamental @4 maître et puissants à le mettre en oeuvre sans tomber dans la servilité. M. Balze est un élé-gant et heureux Jules Romain du Raphaël de notre siècle. BARON Henri , n° 120. Retour de chasse au château de Nointel. Ce Vénitien de Paris a laissé, pour un jour, les satins diaprés et les sourires fleuris de ses blondes fantaisies il a fait, avec le bonheur inséparable des belles grâces, son apparition dans le monde réel de 1860. Rassurez-vous, c'est sous cette forme, nouvelle pour le peintre, d'un portrait de la vie moderne, la même élégance, le même art abondant et varié, le même coloris harmonieux et scintillant qui nous char-maient dans ses adorables fêtes galantes de l'Italie poé-tique. Tous les sujets peuvent fleurir et parfumer sous le souffle créateur du talent et de l'imagination. BARON Stéphane , n@os 121-123. Tableaux de genre décoratif. Un rêve d'amour 122 . Joli rêve de trumeau. Galant, coquet, tout juste assez nature pour échapper à la pleine possession de la fantaisie mais néanmoins assez indi-qué par l'étude de la forme pour se rattacher par le charme de la grâce à la réalité aimable. BARRIAS Félix , n@os 124-129. Genre historique et por-traits. Talent souple, distingué, toujours enveloppé d'une grâce native dont l'empreinte donne un charme peut-être un peu maladif, mais touchant, à son tableau de Malvina accompagnant Ossian aveugle n° 126 . Il y a de grandes qualités de couleur et de composition dans sa Conjuration chez des courtisanes de Venise n° 125 . Le portrait de femme 129 a des ardeurs de vie et des harmonies de fleurs, adorables sous un modelé ferme et magistral. BATAILLE Eugène , 140-142. Son Printemps 141 est une large peinture décorative remplie d'éclat et de lumière. BAUDRY Paul , nOS 151-158. Habileté, savoir-faire une sorte de vulgarité fashionable, bien faite pour plaire à M. Tout-le-Monde, mais peu sympathique à ceux qui préfèrent l'art sincère aux facilités d'une brosse rompue au métier. M. Baudry pourrait donner l'idée d'un petit-fils de Boucher qui aurait mis un paletot à la mode et des gants Jouvin aux bergers du peintre des fêtes galantes. Je vois sans frémir l'attentat de Charlotte Corday, et sans m'incliner, l'apparence creuse et souf-flée du vénérable M. Guizot car c'est là le propre de cette peinture des apparences et pas de fond. BELLANGÉ Hippolyte , n@OS 192-196. Toujours la même physionomie intelligente et énergique du troupier fran-çais toujours la même furie dans le combat, la même mélancolie sévère et majestueuse après la bataille. M. Bellangé est après Charlet l'artiste qui a le mieux compris et exprimé le caractère typique du soldat. Le portrait en action du général Mellinet à@Magenta n° 196 est une superbe et large aquarelle. BELLET DU POISAT Alfred , n@OS 208 et 209. Les Belluai-res, Diogène et Laïs. Composition ingénieuse, peinture solide, coloris puissant ou gracieux selon le sujet. Salut à ce nouveau venu, qui promet un maître. BESSON Faustin , n@08 254-256. Madame de Pompadour posant chez Coustou et le Réveil du printemps sont de riches et abondantes productions, où la fougue du colo-ris s'unit à la grâce de la composition. C'est là, dans la symphonie de la fantaisie, une note charmante qui ga-gnerait à être plus soutenue et plus fermement accusée. RIDA Alexandre , n@°. 269-272. Dessins. Un dessina-teur qui produit des dessins aussi puissants que des ta-bleaux, d'une allure aussi magistrale que des fresques et précieux comme des miniatures. BISSON François , n@os 277 et 278. Natures mortes. Bonne et solide peinture de décoration d'appartement, composée avec esprit, exécutée largement. BLIN Francis , n@01 292 et 293. Paysages. Il regarde un peu plus par-dessus l'épaule de M. Daubigny que dans ses propres impressions mais au bout du compte il voit toujours la nature. BODMER Karl , n@01 305-307. Paysages. Réalité très-poétique, nature bien vue, bien sentie, et parfois ren-due avec la puissance de l'objectif et l'infaillibilité du soleil. BOHN Guermann , n@OI 310 et 311. Genre. Dans le coin 311 est une jolie petite étude enfantine, prise dans un sentiment analogue à celui qui inspire les naïvetés, trop souvent prétentieuses, de M. Hamon mais ici l'expres-sion est familière, l'effet naturel et le résultat charmant. La fillette n'a pas été sage on lui a ôté sa belle robe de soie, et la voilà qui boude et se mord les doigts, en chemise, dans un coin du salon, à côté de sa poupée décapitée. Ah ! que la grâce est charmante quand elle n'est pas apprêtée ! BONHEUR Auguste , n@os 317-319. Animaux. Une na-ture nette, luisante et sonore comme une casserole de rosette. Dans ces bruyères, sur ce pré, sous ces arbres, parmi ces troupeaux proprets, il ne manque par-ci par-là.@@@ qu'une petite saleté qui dénote la vraie campagne du bon Dieu. Mademoiselle Rosa Bonheur n'a pas corrigé ces tableaux-là tant pis. Tels qu'ils sont, ce n'est guère que du Verbockhoven spirituel. BONHOMMÉ François , n@01 320-326. Ces tableaux sont l'épopée du travail industriel. On y assiste au spectacle grandiose des luttes de l'homme contre la matière. Il y a toute une révélation dans cet art qui est peut-être une des formes fondamentales de l'art populaire de l'avenir. Cela vaut mieux que les interminables batailles qui foi-sonnent partout. BONNEGRACE Adolphe , n@OI 332-335. De beaux por-traits puissants et colorés dans une manière toute fran-çaise, mais inspirée par les maîtres vénitiens. Celui de Théophile Gautier est ruisselant de lumière. BOUGUEREAU Adolphe , n@0' 346-350. Genre historique et portrait. Est-ce là ce que produit l'École de France à-Rome ? Restez donc à Paris, messieurs les peintres, il n'y manque pas de modèles à suivre aussi incolores, de peinture aussi vide, et pourtant aussi ambitieuse que celle-là. Triste emploi d'un savoir incontestable. Il ne lui manque que d'être échauffé par la conviction et fortifié par l'énergie de la passion. Heureusement Rome n'est pas toute où est M. Bouguereau car l'enseignement aca-démique a produit M. Barrias, M. Pils, M. Flandrin, et bien d'autres. BOULANGER Gustave , n@os 355-357. Genre historique. La Répétition du Joueur de flûte dans l'atrium de la mai-son romaine du prince Napoléon, est une élégante fan-taisie moderne sur un mode antique. La composition est à la hauteur du cadre, c'est-à-dire une excursion ingé-nieuse et réussie dans le domaine du passé. C'est char-mant comme un caprice mais si c'est là un art voulu ou cherché comme l'@Hercule aux pieds d'Omphale, n° 355, pourrait le faire craindre, ce n'est plus que de la ma-nière et de la plus vicieuse car, dans ce dernier ta-bleau elle n'a même plus l'excuse d'une restitution de l'art antique. BOULANGER Louis , n@OS 358-360. La Ronde du sabbat nous ramène au bon temps des odes et ballades. C'est ainsi qu'on peignait sous l'inspiration de cette bouillante poésie qui sut caractériser et illustrer une époque. Ah@! les belles années d'enthousiasme et de croyances ! M. Bou-langer a traduit là en peinture une lithographie magis-trale dont tous les amateurs ont gardé la mémoire. Ses idylles à la plume 360 procèdent en ligne directe de l'art souple et si ingénument- antique qu'illustrèrent l'immortel Prudhon dans ses dessins, et le tendre Ché-nier dans ses vers. BOHLY madame Marie , n° 308. Fleurs. Grâce et naïveté d'expression un coloris tendre et poétique ai-mable début et qui promet. BRESDIN Rodolphe , n@os 413-418. Dessins à la plume. Vous avez tous lu ce livre charmant sur lequel Champ-fleury a fondé une réputation d'observateur ingénieux et de conteur fécond qu'il soutient, et rajeunit dans cha-cun de ses ouvrages comme si elle était encore à faire. Vous avez lu Chiencaillou. Le Chiencaillou de la légende n'est ni plus ni moins que le Bresdin de l'Exposition, cet artiste d'un autre âge, égaré dans l'art moderne, naïf et savant, prompt à saisir le caractère des hommes et des choses, et dont la plume capricieuse retrouve parfois les abondances d'invention et les finesses de trait des vieux Flamands. Pourquoi ce sobriquet saugrenu de Chiencaillou s'est-il accolé comme un stigmate, ou plutôt comme une gloire, à ce nom, qui aspire à d'illustres destinées dans l'art de la fantaisie ? Je vais vous le dire 11 y a vingt ans de cela, Rodolphe Bresdin vivait en sauvage dans quelque grenier témoin et seul confident de ses luttes inouïes contre la misère et contre l'obses-sion de ses rêves irréalisables. Ses compagnons d'étude, au Louvre, donnèrent à cet enfant mystérieux et sublime qui traversait le monde et s'y frayait des chemins nou-veaux et inconnus, le surnom de Chingackook, héros d'un roman de Cooper alors en grande vogue. Une por-tière , chargée d'annoncer sa visite chez un de ses ca-màrades, traduisit ce nom de Peau-Rouge par celui de Chiencaillou, qui lui resta. La plupart de ses amis ne lui en connaissaient pas d'autre avant que le livret du Salon eût révélé le secret de son état civil. Les dessins de Rodolphe Bresdin sont bien, par leur étrangeté, à la hauteur de l'excentrique individualité qui les a produits. BRETON Adolphe 425-428. Genre. Voilà un homme entré du premier coup dans le grand art. Il s'est fait l'historien des labeurs de l'agriculteur, et reproduit, avec une ferveur qui touche au grand style, ces fortes et mélancoliques filles des champs, dont le travail outré masculinise un peu la grâce sans parvenir à leur ôter la majesté de la créature anoblie par le devoir accompli. Le Soir 425 et les Sarcleuses 426 sont des chefs-d'oeuvre. BRION Gustave , n@os 438-441. Genre historique et genre. Même après avoir vu les batailles de géants con-çues par Decamps, et les belles épopées mérovingiennes d'Adrien Guignet, il faut tenir compte à M. Brion de ses efforts, de ses études pour évoquer, des profondeurs de l'archéologie tout l'attirail guerrier des Romains et des Gaulois. On dit que cette page ingénieuse et intelligente, pleine de vie et d'exubérance, est destinée - réduite en gra-vure - à l'illustration des Commentaires de César, tra-duits par l'empereur Napoléon III. BRONGNART Édouard , n@0' 448-452. Portraits exécutés simplement et avec un sentiment très-vif du style allié à la nature. BROWNE madame Henriette , 461-465. Genre. Je ne retrouve pas ici cette vigueur et cette certitude de brosse qui avaient imprimé une puissance rare chez une femme, à sa Soeur de charité. Mais elle possède toujours la même simplicité d'effet et une aptitude précieuse à faire du lumineux. BussoN Charles , 489-491. Paysage. Mélodie douce et poétique dans le ton des symphonies de Corot et de Français. L'artiste paraît partout dans cette toile, mais l'art y est légèrement indécis c'est dire que l'indivi-dualité n'y est pas assez dégagée dans la lutte de la na-ture contre les souvenirs. CABANEL Alexandre , n@O, 494-499. Histoire, genre et portrait. Nymphe enlevée par un Faune J n° 495. Peut-être M. Cabanel pense-t-il avoir atteint beaucoup mieux que Boucher ou Vanloo le style de l'art antique. Dans ce cas, il se flatte Vanloo et même Boucher étaient plus Grecs que lui, et ils étaient sincères dans leur expres-sion. Il faut cependant savoir gré à M. Cabanel de ce que sa peinture est élégante sans prétention et cherchée sans sécheresse. Combien je préfère le Poète florentin, n° 496, gracieuse inspiration tout italienne, d'un ca-ractère emprunté aux meilleurs souvenirs du Masaccio, et d'une exécution aussi correcte qu'elle est spirituelle ! eintu intu foferME-ril, Êê Son portrait de M. Rouher et celui de madame J. Per-reyre sont peints dans une très-grande et très-belle ma-nière , et atteignent par la sévérité du pinceau à l'im-portance d'une oeuvre magistrale. CALS, n° 503, et COSSMANN Maurice , n° 703. Ces deux noms viennent se réunir naturellement sous la plume par la parité du sujet et l'analogie de la peinture. Une Fileuse au travail et une Fileuse endormie, deux pages détachées de la vie intime du pauvre, deux ta-bleaux très-précieux et très-réussis dans l'ordre des pe-tits maîtres flamands. CAMPOTOSTO Henri , n@0' 513-515. L'Heureux âge@, n° 513. Peinture faible sous une apparence étonnante de vigueur indécise, mais remarquable par un habile es-camotage des difficultés. Peu de composition, pas du tout de dessin, et malgré cela un aspect qui flatte et ca-resse l'oeil et laisse croire@@@. un instant qu'on est en présence d'un maître. - CASTAN Georges , n@01 529-531. Paysage. Un élève de Calame, qui s'est fait le copiste un peu mou, mais assez agréable, de M. Français. CERMAK Jaroslaw , n@0' 549-552. Histoire et portrait. Un amateur ayant affaire à M. Courbet, monte un jour l'escalier du n° 32 de la rue Hautefeuille il frappe à une porte, un peintre vient ouvrir, la palette à la main. - Monsieur Courbet, s'il vous plaît@? - Je ne con-nais pas ça, répond l'artiste qu'est-ce qu'il fait, ce monsieur@? M. Cermak serait en droit de faire la même réponse car s'il connaît la peinture, il ne connaît certes pas cette peintup ft SCtre ferme, puissante, énergique sans ef-fort et savante avec simplicité qui fait le succès du peintre d'Ornans. CHAPLIN Charles , n@O' 564-566. Portraits. M. Chaplin a fait sensation au salon de 1852 avec un portrait de femme en robe grise, qui annonçait un maître. Le maître est venu, ses qualités sont brillantes, mais il les exagère au point d'en faire presque des défauts. La nature est charmante, cependant il ne faut pas la voir exclusivement en rose. CHERELLE Léger , n° 608. Le pastel est un art at-trayant, surtout quand on le traite à la façon de M. Che-relle mais à quoi sert d'être un des élèves éminents de M. Delacroix, et d'avoir peint jadis des oeuvres dignes du maître, s'il faut enfouir tant de qualités et de talent dans le petit cadre d'un pastel ? CHINTREUIL Antoine , n@OS 618-621. Paysage. Le poëte Corot ivre d'amour et de bonheur dans les bras de la nature qu'il adore, nous la peint en amant heureux. Le poëte Chintreuil la voit au contraire d'un air mélanco-lique, et lors même qu'il sourit à l'aspect de ses beautés, une larme tremble encore au coin de sa paupière. On. dirait d'un amant violemment épris, mais souvent re-buté. Sa plainte est touchante, elle pénètre au plus pro-fond du coeur, et son élégie nous émeut autant que nous égaye et nous rassérène l'idylle riante de son maître. COMTE Charles , n@os 683 et 684. Genre historique et portrait. M. Comte a fait un jour un tableau qui l'a placé du premier coup à la tête du genre illustré par M. Ro-bert-Fleury. A-t-il craint de gagner le vertige sur l'éche-lon élevé où l'attendait son professeur@? Je ne sais, tou-jours est-il qu'il est redescendu vers les régions plus calmes, mais aussi plus terre à terre où s'ébat dans une heureuse médiocrité M. Claude Jacquand. COROT Camille , n@os 693-698. Paysages. Soleil levant, repos, soleil couchant, Orphée entraînant Eurydice, danses de nymphes, tels sont les sujets qui ont évoqué l'inspiration de l'artiste. En faut-il davantage au chantre qui va moduler un hymne à la nature ? Quelques arbres courbés avec grâce pour former un asile mystérieux où le pâtre endormira ses soucis, un épais gazon semé de fleurs où il détendra ses muscles fatigués puis'à l'horizon, le soleil qui fuit ou qui revient n'y a-t-il pas là tout un poëme que le peintre va retracer avec la conscience et la précision que donne une émotion vivement éprouvée@? Quel homme dit plus sincèrement ce qu'il a ressenti@? Quel peintre transmet avec plus de grâce ses impressions et ses-joies@? M. Corot se garde bien de courir après les finesses et les ruses de l'art. Il ne les aurait pas atteintes que la franche et naïve poésie aurait déjà pris son vol. Cette façon d'agir, toute primitive et campagnarde, possède un charme incomparable, et la nature, ainsi prise au gîte, n'a rien de caché pour le spectateur. C'est en présence d'un paysage de Corot que l'on peut redire, en l'admirant, avec le poëte Une voix à l'esprit parle dans ton silence Qui n'a pas entendu cette voix dans son coeur@? Il faudrait écrire sur ces toiles charmantes Ici l'on aime. C'est en effet la nature non pas poétisée jusqu'à l'idéal, mais choisie sous ses aspects les plus tendres. Ne croirait-on pas qu'elle s'anime sous la brosse émue de Corot comme la Galatée sous le ciseau de Pygmalion amoureux ? COUDER Alexandre , n@o, 707-715. Genre et nature morte. Peintures d'une exécution aussi fine, aussi dé-taillée que peuvent l'être les trompe-l'oeil d'un minutieux flamand avec l'esprit et la grâce d'un peintre parisien. A côté de ces merveilleuses imitations de la nature morte, voici Y Atelier d'un peintre d'histoire un arsenal canons, fusils, casques, clairons, sabres, drapeaux, uniformes, tout l'attirail des camps. C'est avec ce ma-tériel qu'on peint l'histoire aujourd'hui. 0 grand art de la paix, art de Raphaël et de Rubens, quand te verrons-nous renaître ? Ce qui n'empêche pas que le tableau de M. Couder ne soit charmant@ COURBET Gustave , n° 717-721. Paysage. Il fut un temps où ce nom soulevait des orages@@@@. comme tout nom de novateur doit le faire aujourd'hui la peinture de M. Courbet n'a plus que des admirateurs. Ne croyez pas pour cela que le jeune maître ait fait quelque con-cession à l'opinion publique@@@@. de ses anciens détrac-teurs. Il n'en est rien mais l'art de M. Courbet, qui sera peut-être bientôt une école, a creusé son sillon dans les esprits, et la graine germant comme toutes les semences saines et vigoureuses, le peintre récolte une abondante moisson de succès. On s'abuserait étrangement si l'on s'en tenait à la pensée qu'un artiste de la trempe de M. Courbet parque à plaisir la verve intarissable de sa muse dans les limites de quelque système étroit. Les statisticiens ont, il est vrai, trouvé un mot pour caractériser, sinon pour stigmatiser cet art bien portant et prêt à bien faire ils l'ont étiqueté dans leurs classifications sous le nom de Réalisme, et quelques-uns ont même attribué à ce vocable la valeur malsonnante d'une injure. Je connais un bon professeur de l'Académie qui surprit un jour sa cuisinière jouant le rôle de Juliette avec un Roméo des sapeurs-pompiers. Vous êtes une drôlesse, lui dit-il, une réaliste sortez, je vous chasse. Si j'ai bien compris les oeuvres que, depuis douze ans, M. Courbet livre aux méditations de la critique, j'y trouve autre chose que le puéril désir d'étonner la foule - habituée à voir l'art embellir la nature - en lui faisant .passer sous les yeux les trivialités de la nature. Le but de M. Courbet est plus noble et d'une portée vraiment philosophique. 11 semble dire que pour rompre définitivement avec les conventions usées où s'em-bourbe péniblement la tourbe inintelligente des facteurs de tableaux, il est nécessaire de faire d'abord un retour vers la simplicité primitive, afin d'y retrouver à leur source et purs de tout contact délétère, les sentiments et les passions qu'il importe de développer et de diriger. Alors il va demander l'inspiration, il va renforcer sa conscience de poëte au spectacle immense de la nature. Il choisit ses modèles parmi les êtres que n'a pas encore déformés ou atrophiés la corruption des civili-sations extrêmes et qui ont conservé leur affinité native avec les sites qui les environnent et qu'ils peuplent - encore selon les vues harmonieuses de la création. Le réalisme, dans ce sens, n'est autre chose que la poésie du coeur l'autre, celle qu'a combattue momen-tanément M. Courbet, n'est que la poésie de l'imagina-tion. Celle-ci n'est qu'une image séduisante, mais souvent fausse, de la vérité, la première est la vérité elle-même. COURCY Frédéric de , n° 722. La Pâque. Une bonne tentative pleine de jeunesse et de bon vouloir, dans laquelle l'auteur a mis en oeuvre toutes .les ressources d'une solide éducation d'artiste. M. de Courcy n'a plus maintenant qu'à élargir son horizon, l'avenir est à lui. CURZON Paul , n@°. 769-774. Genre et paysage. Ecco fiori, n° 769. De ravissantes filles de la lignée de Graziella, fraîches comme leurs fleurs et qui semblent descendre en droite ligne des modèles qui inspirèrent la statuaire grecque. Art aimable et qui n'a gardé de l'enseignement académique que le goût du style, en accordant aux idées nouvelles que la nature est assez séduisante pour qu'il devienne inutile de la faire passer dans le moule de l'école. La Lessive à la Cervara, n° 771, qui inspira l'autre jour un si drolatique hors-d'oeuvre au critique du Siècle, nous peint avec un style contenu et des lignes d'une simplicité noble et tout antique, les occupations fami-lières de la vie rustique en Italie. Changez le costume, élevez un palais à l'horizon., et ce sujet., ainsi traité, deviendra facilement celui de Nausicaa et ses com-pagnes. DARGENT Yan , n@0' 784-787. Genre rustique. Les Lavandières de la nuit, n° 784. Peinture violente, fan-tastique, d'un intérêt puissant et d'un effet où le surna-turel s'accorde à ravir avec. les singularités du possible. DAUBIGNY Charles , n@05 791-795. Paysage. Il dort un peu trop cette année sur ses lauriers passés, et s'autorise vie -ses succès pour ne pas aller au defa des efforts qui les lui ont fait obtenir. M. Daubigny ne semble pas redouter assez vivement que de plus ardents à scruter les secrets de la nature le laissent bientôt derrière eux. Parmi les cinq tableaux de M. Daubigny, le Village près de Bannières, n° 793, me semble irréprochable mais on cherche dans les autres la lumière et la forme auxquelles ce grand artiste nous avait habitués. Nous prenons note de ce que M. Daubigny nous doit un chef-d'oeuvre. Il le fera, n'en doutez pas. DAmiiER Honoré . Je m'étais fait une fête de voir un tableau de ce grand dessinateur à qui nous devons là comédie du siècle, éparse dans des milliers de compo-sitions humoristiques dérision ! ce tableau , grand comme les deux mains ouvertes, est accroché sur la frise de la salle D. Il est impossible de le voir. DAUZATS Adrien , n@e, 805-807. Paysage. De grands sites orientaux peints avec cet esprit charmant et cette finesse de brosse qui ont fait donner à ce maître en fait de prestiges lumineux, le surnom de Canaletti d'Algérie. DELACROIX, n@°' 828-833. J'aperçois le nom de M. De-lacroix, je m'élance, je regarde.@@ Illusions, adieu@! Ce n'est pas le Delacroix du drame, de la couleur et de la vie, c'est le Delacroix des salons et des albums. DELAMARRE Théodore , n@e, 840-843. Genre. Un-spi-rituel Parisien du Paris spirituel, qui s'est fait Chinois@@. pour nous montrer, d'une peinture large, étudiée et surtout très-originale, la vie privée et industrielle- de nos amis les ennemis de Pékin. DESBROSSES Jean , n° 853. Les porteuses d'herbe. Un vif sentiment de la nature souffreteuse une note plain-tive dans la gamme adoptée avec tant de succès par M. Chin treuil. La brosse n'y est pas encore infaillible dans l'art d'écrire nettement l'impression du peintre mais dans ses efforts mêmes et dans ses défaillances, on sent combien cette impression est profonde. Renvoyé aux conseils de M. Jules Breton, pour achever de per-fectionner ce jeune art plein d'avenir. DESGOFFES Alexandre , n@OS ,854-859. Paysage. Une danse effrénée de Peaux-Rouges, dans une prairie boisée du pays des Sioux ou des Comanches, - dont M. Gus-tave Aimard a refusé la royauté. Tiens, je me trompe, le livret dit Danse de faunes et de sylvains. Ah@! je n'au-rais pas cru. DESGOFFES Biaise , n@0' 860-863. Nature morte. Pein-ture au pointillé, à la loupe, poncée, glacée, poussée jusqu'à la lassitude. Un prodige de la perfection à la-quelle peut atteindre la patience et la volonté un défi jeté à la chambre obscure. Oui, mais après@? - Nadar fait encore mieux que cela avec son appareil électrique, et il a la modestie de dire que tout l'honneur revient à la machine. Ah@! qu'une apparence d'émotion, que la plus faible tentative d'expression du moindre sentiment, ferait bien mieux notre affaire que ce travail de fée. DESJOBERT Eugène , n@OS 870-875. Paysage. M. Des-jobert devient tout doucement, d'année en année, en élargissant son horizon par l'étude et par le savoir, un de nos plus grands paysagistes. Il unit dans sa peinture d'une composition éminemment élégante, des qualités très-abondantes et quelquefois très-opposées. On y trouve à la fois une naïveté profonde d'expression, et beaucoup d'esprit un vif sentiment de la réalité poétique, et une imagination brillante. Il résulte de ces heureux assemblages, dans les oeuvres de M. Desjobert, une rare et précieuse-variété qui lui assure, à côté des écoles dis-sidentes, une très-belle et très-enviable individualité. DEVILLY Théodore , n° 891. Dénoûment de la journée de Solferino. En dehors du tableau purement stratégique, à la façon de Van der Meulen, le genre bataille, tel que le comprennent les peintres de l'école d'Horace Vernet, continuée par M. Yvon, offre un médiocre intérêt. L'épisode guerrier seul, dans cet ordre d'idées, offre au -peintre l'occasion de développer la puissance dramatique que la nature et l'étude lui ont départie. Aucun peintre, -depuis M. Delacroix, ne s'est révélé dans cet art avec-une autorité égale à celle de M. Devilly. Ayant à peindre , une action militaire, il en élague immédiatement tout l'appareil théâtral qui se traduit par les masses bariolées des bataillons et les états-majors dorés, caracolant à 'l'ombre des fumées de la poudre. Ce qui le frappe d'a-bord, c'est la puissance tragique d'un certain moment de la journée, où le. fait brutal prend tout à coup des proportions épiques. Ici, le sentiment qui ressort de cette lutte de géants, jaillit de chacune des touches de sa brosse magistrale. Toute l'action s'y résume dans une expression terrible et concise. Le combat est fini. L'Em-pereur arrive sur le dernier mamelon de Cavriana, disr puté pied à pied le sol brûlant, rougi, saccagé, est jon-ché de morts et de mourants. Mais de ce spectacle.de destruction s'élève comme un cri de triomphe et de gloire car là-bas, dans l'orage qui les emporte et les protège, on voit tourbillonner les masses ennemies abî-mées dans une fuite éperdue. Ce tableau d'un grand style, d'une couleur puissante et terrible, est une des plus belles pages qu'ait produites la peinture historique militaire. DORÉ Gustave , n@08 904-908. Dessins pour l'Enfer de Dante. Imagination merveilleuse, grand style, savoir prodigieux, facilité d'exécution qui heurte de front tous les obstacles que tant d'autres auraient l'habileté de tourner, telles sont chez ce jeune artiste les qualités moins surprenantes encore que l'abondance d'invention dont il est doué. Son grand tableau aurait la valeur de ses dessins, s'il l'avait moins improvisé et moins rapidement exécuté. DOUSSAULT Charles , n@os 911 -914. Croquis d'un voyage en Orient. Quoi de plus amusant que les im-pressions de voyage d'un homme d'esprit et d'un poëte qui sait voir, qui sent vivement et trouve aisément la forme la plus attrayante et la plus ai-mable pour transmettre ses souvenirs@? Tel est le cas -de M. Charles Doussault. Personne n'a comme lui le don d'initier le spectateur aux surprises de ses excur-sions lointaines. DUBOIS Louis , n° 93-4. Le coin d'une table de j@m. M. Courbet a passé par là. En affirmant que le peintre doit intéresser par la représentation exclusive de n'im-porte quelle physionomie prise sur le fait dans quelque-scène que ce soit de la vie intime, le jeune maître a ouvert une carrière féconde à tous ceux qui savent peindre avec art et exactitude ce qu'ils ont sous les yeux. La table de jeu de M., Dubois est une heureuse tentative dans cette voie, et le spectateur suit avec inlérêt le drame des mouvements que la passion fait passer sur ces visages saisis dans un milieu d'ailleurs assez vul-gaire. DUBUFE Édouard , n@os 939-943. Portraits. Sans avoir à proprement parler le grand style -@qu'il faut cher-cher dans L'école illustrée par M. Ingres ou par M. Flan-drin, - les portraits de M. Dubufe ont l'allure élégante, une tournure aristocratique et une grâce mondaine qui n'exclut pas un certain caractère. M. Dubufe excelle à peindre la Parisienne, ce type idéal de la Vénus bien habillée, et ses portraits de madame de Galiffet et de madame William Smyth ont une grâce aristocratique-tout à fait séduisante. DURAND-BRAGER Hefcri , n@08 979-981. Marines. M. Durand Brager sait introduire l'attrait et l'intérêt dans un genre qui semble au premier abord'voué à la monotonie mais l'artiste est spirituel jusqu'à donner de l'esprit à un vaisseau, et son imagination se complaît, dans des effets de lumière aussi variés que la changeante nature.. ELMEBICH Édouard , nOS 1018-1024 . Genre et@paysage. La nature surprise dans un de ses réduits les plus cham-pêtres , privée de ses grands aspects, de ses horizons mais rendue avec un amour naïf du simple et du vrai. PAIVRE Émile , n@oa 1049-1051. Fleurs et animaux. Sentiment très-complet du genre décoratif un goût élevé, une exécution large et puissante, et une brosse. fougueuse sans jamais cesser d'être élégante. FIGUIER M@me Louis , n@OS 1101-1103. Fleurs à l'aqua-relle. M@me Louis Figuier peint comme elle écrit elle rend avec un charme exquis les grâces et les délicatesses de la nature. FLANDRIN Hippolyte , n @@@1113-1116. Portrait. L'âme se peint sur le visage, il est nécessaire d'en saisir le passage et l'expression pour être capable de donner à une image l'aspect de la vie. Un portrait conçu dans le but unique dé faire connaître le caractère saillant d'une individualité, par l'habitude de ses traits, par les traces indélébiles des passions, par l'empreinte des sentiments, peut devenir un tableau aussi intéressant qu'une page historique, et c'est ce qu'il devient sous la brosse austère et savante de M. Flandrin. Cet admirable interprète de la nature comprend, comme Raphaël et comme M. Ingres, qu'un portrait parfait doit être l'idéal de l'homme qu'il veut représenter, et il n'a jamais failli à ce précepte. FLERS Camille , n@o, 1127-1133. Paysage. Combien d'artistes, en prenant de l'âge, cessent de recevoir l'im-pression fraîche et inspirée de la nature, et rhabillent •avec les clinquants et les oripeaux du savoir-faire, les émotions flétries de leur jeunesse ! Ce n'est point là le cas de M. Fiers ainsi que Corot, dont il est souvent l'émule, ce vétéran du paysage courtise la nature comme aux jours ardents de sa jeunesse, et lui dérobe encore ses plus charmants secrets. FORTIN Charles , n@o, 1146-1151. Genre. Une grande bonhomie d'expression, avec une exécution vigoureuse et souple, qui ne cherche pas à nous tromper par une habile prestidigitation, et met toute sa finesse à copier la physionomie sincère des scènes intimes qu'il a sous les yeux. C'est le procédé du vieux et charmant Chardin, le Raphaël des petits ménages. FRANÇAIS Louis , n@08 1167-1169. Paysage. On repro-chait jadis à cet aimable peintre d'être trop dans ses tableaux l'artiste y tenait la place de l'art et se mani-festait dans les détails avec tant d'abondance, qu'il semblait se multiplier pour satisfaire à toutes les admi-rations partielles qui débordaient de son coeur et se répandaient sur la toile en particularités ravissantes@ mais dont la cohue étouffait l'ensemble. Aujourd'hui, M. Français, simple et savant, sait ramener à l'unité ses vives et nombreuses impressions, et ce talent de concré-tion qu'il a acquis, égayé d'ailleurs par les aimables émotions de sa poésie naïve et sincère, fait de lui l'un des plus charmants paysagistes de notre école. FRÈRE Edouard , n@08 1173-1176. Genre. Encore un .des petits maîtres modernes de la lignée de Chardin. Il borne son ambition a la philosophie d'Alfred de Musset son verre est petit, mais il boit dans son verre, et il met sa seule présomption à le remplir d'un vin géné-reux. FROMENTIN Eugène , n@0' 1184-1189@rGenre et paysage. Littérateur autant que peintre, M. Fromentin possède le don de description au suprême degré. Quand la nature a passé devant ses yeux attentifs, elle lui appartient tout entière, physionomie et poésie, corps et âme, et il la reproduit avec un cachet de grandeur et de vérité très-rare. Je ne l'ai jamais vu plus harmonieux, mais je l'ai souvent trouvé plus ferme et plus précis. On brouil-lard épais semble se placer entre ses toiles et l'oeil du spectateur, et amollit les formes dont il efface le mo-delé. On pourrait définir sa peinture telle, qu'elle se for-mule cette année un à peu près grandiose. GAUTIER Amand , n@os 1225-1227. Portrait. Un nouveau venu qui peint avec @Tassurance d'un maître. Il vise au réalisme, il y atteiflt presque, mais sa peinture n'est pas encore assez savante pour dissimuler par où elle pèche, et elle pèche par le goût et la fermeté. Il faut constater d'ailleurs dans ses oeuvres un grand effort tout près d'aboutir au succès. GÉRÔME Léon , n@Oi 1248-1253. Genre historique. Beaucoup de savoir, trop d'esprit, et pas assez de goût pour contenir dans une limite délicate une invincible propension au libertinage artistique. L'auteur de la Phryné et des Augures croit remonter aux sources pures de l'antiquité, en déshabillant à la grecque des grisettes du faubourg Saint-Marceau et des convives de la Courtille mais il oublie que .la nudité n'est décente qu'autant qu'elle est, pour ainsi dire, vêtue de sa splendeur. Cette Ehryné cagneuse et maigre, dont les hanches déprimées porLent encore le stigmate du corset, comme ses jambes montrent le sillon de la jarretière, n'est qu'une effron-tée. Fi la vilaine, avec ses vilains gros pieds r Combien il y a plus de véritable savoir, iet de carac-tère, et@de couleur locale, dans@le@Rembrandt@faisantmardTe une planche à l'eau forte, et dans le Hacht-paille égyp-tien@! mais aussi comme il y a moins de prétention et de partis pris@! M. Gérôme est un arrangeur à la façon de M. Delaroche il doit à son maître, à son influence, à son souvenir, la meilleure part de son talent que-ne lui a-t-il emprunté cette merveilleuse entente des con-venances, qui tenait presque lieu de génie à l'auteur de l'@Assassinat d'Henri I@ll? GIGOUX Jean , n@OS 1263 et 1264. Portrait. Un Français nourri d'éludés italiennes, et dont la peinture ferme et ■colorée rappelle l'énergie des Carrache et la souplesse du Guide. GINAlN Eugène , n° 1267. Genre historique militàire. Élève de Charlet, M. Ginain a reçu de son maître l'art - de caractériser d'une touche mâle et spirituelle la phy-sionomie de l'uhiforme et l'allure du soldat. Il excelle à donner par une inépuisable variété de l'intérêt à ce qui en offre le moins en peinture, à des masses développées en colonnes de marche. GIRARDET Karl , n@OS 1275-1280. Paysage. De l'esprit dans la composition, du goût dans. l'arrangement, un choix judicieux des sites, et l'exécution la plus agréable-ment facile qu'on puisse voir, voilà les paysages de M. Girardet, un des plus brillants enchanteurs de la peinture moderne. GOURLIER Paul , n@os 1351-1354. Paysage. M. Gourlier cherche la poésie dans l'élégance des formes. Il se rat-tache par le sentiment à l'art tout poétique dont M. Co-rot donne la plus complète, expression mais par la vigueur et le coloris il effleure l'école des imitateurs exacts de la nature. Il s'est fait entre ces deux genres également intéressants une individualité très-nette et très-distinguée. GUDIN Théodore , n@0' 1388-1392. Marine. La peinture de M. Gudin est à là marine ce que celle d'Horace Ver-net est à l'histoire militaire le triomphe du savoir, de l'habileté, de l'entente inimitable du sujet, et par-dessus tout de la difficulté vaincue. A force d'esprit, d'abon-dance, et par une magie qui n'appartient qu'aux grandes organisations artistiques, il étonne, il séduit, et fait devi-ner la nature là où il semble que l'imagination seule a dû prendre part. HAMON Louis , n@os 1432-1436. Genre. Choisissez un sujet familier, enfantin de préférence disposez-en la composition de l'air le plus naïf que vous pourrez prendre restreignez la perspective à un plan, à deux au plus, à la façon des peintres primitifs, et le costume au plus simple appareil. Pour peu que vous ajoutiez à ce programme un modelé très-effacé, un coloris à peu près monochrome, vous aurez créé un-genre et vous de-viendrez peut-être célèbre tout comme M. Hamon. Quel-ques esprits que rien ne satisfait trouveront vos tableaux monotones, peut-être même ennuyeux, qui sait@? Laissez dire. Est-ce que la peinture a jamais été faite pour re-présenter la nature@? La peinture est une fantaisie, un jeu, un moyen plus ou moins ingénieux, plus ou moins agréable d'occuper un instant les yeux demandez plu-tôt à M. Hamon. HANOTEAU Hector , n@OS 1440-1442. Paysage. Telle n'est pas l'opinion de M. Hanoteau. Pour celui-ci la na-ture est un spectacle immense et varié à l'infini dont chaque scène parle au coeur le langage imagé de la poésie. Là on rêve au bonheur, ici à l'abondance, ail-leurs à l'amour, au mystère plus loin au calme d'une vie simple plus loin encore à l'activité, à la lutte, au travail partout on admire la grandeur de @Foeuvre di-vine, et l'âme de l'artiste s'épanouit à toutes ces splen-Jeurs., elle s'y abandonne en pleine liberté. Puis quand l'heure du recueillement a sonné, il rassemble au fond de son coeur émotions et souvenirs, admirations et rê-veries, et, d'une main docile que le savoir guide et sou-tient, il retrace sincèrement ce qu'il a vu, et le tableau qu'il nous en donne nous offre à la fois et l'image de la réalité et l'expression des sentiments qu'elle a fait naître en lui. C'est un grand charme de voir la nature par les yeux de M. Hanoteau, car il nous la représente avec une éloquence, bien séduisante. HARPIGNIES Henri , n@08 1449, 1452. Paysage. Moins magistrale et moins puissante que celle de M. Hanoteau, la peinture de M. Harpignies est dans une gamme ana-logue. C'est encore là un art bien portant et convaincu qui n'attendra pas longtemps le succès. HAUTIER mademoiselle Eugénie , n@@@ 1460-1463,. Genre et nature morte. Un talent viril enveloppé de toutes les grâces de la femme une exubérance de vi-gueur et de coloris avec une certitude de brosse, une fermeté de dessin et une variété de talent qu'on trouve rarement réunis à un pareil degré. HÉBERT Ernest , n'a 1464-1466. Portrait. Erreurs d'un grand peintre ce qui nous assure de la part d'un tel artiste une revanche éclatante. HERBELIN madame Mathilde , n@OS 1487-1490. Dessins, Ennuyée de s'entendre dire éternellement qu'elle est la première entre tous les miniaturistes de Paris, madame Herbelin a voulu s'essayer dans un genre nouveau. Elle joue vraiment de malheur la voilà, de prime saut, la première dans cet art charmant de faire vivre et pal-piter un joli visage sous le modelé moelleux de-la sanguine. ■ HOFER Henri , n- 1533-153?. Portrait. Jetez les yeux sur la tête de jeune fille, n° 1536, vous ne pourrez plus les en détourner un miracle de beauté renouvelé par un miracle de peinture. HUET Paul , n@os 1565-1570. Paysage. M. Paul Huet est un des représentants de la forte et puissante école romantique qui florissait il y a vingt-cinq ans. Ni la na-ture , ni la tradition ne sont un but pour lui. La tradi-tion ne saurait arrêter sa verve, et la nature ne joue d'autre rôle dans son art que de fournir une forme pré-cise et palpable aux créations abondantes de son ima-gination. Aussi, peu de paysagistes ont-ils une indivi-dualité plus caractérisée que la sienne. JACQUE Charles , n@os 1613-1616. Animaux. Le-Lava-ter des moutons et des poules il les reproduit avec une exactitude de Flamand, et met tant d'esprit et de phy-sionomie dans ces petites compositions mouvementées, vivantes, bêlantes et caquetantes, qu'il réussit presque à tout coup à leur donner l'intérêt d'un drame intime ou d'une comédie de moeurs. -JALABERT Charles , n@os 1626, 1627. Portrait. La peinture de M. Jalabert est l'expansion'élégante de ce goût d'arrangement et de détail qui caractérise les élè-ves sérieux de Paul Delaroche. M. Jalabert peint comme devrait peindre M. Gérôme, si M. Gérôme parvenait à se. guérir de la -pompéiomanie chronique dont il est atteint. ■ , , -• JEANRON Auguste , n@@°'1650-1656. Genre et paysage. M. Jeanron se plaît à-peindre, cette année, le côté calme et pittoresque de la guerre. Les sujets rappellent, il est vrai, les noms devenus immortels de Melegnano, de Solferino, etc. mais dans ces tableaux, inondés de lu-mière, sous ce ciel diapré de mille feux, aucun bruit sinistre ne vient troubler la quiétude du paysage. Le sol-dat n'y figure qu'en simple touriste, et vraiment c'est là une charmante façon et des plus ingénieuses de perpé-tuer le souvenir de nos gloires. - LAMBRON Albert , n@os 1775 et 1776. Genre. Celui-ci débute, et, dès son premier pas, il casse les vitres. Gare là-dessous, c'est un tempérament de peintre qui se manifeste.@@@@ à la façon de Courbet et de Doré. L'idée de son repas de croque-morts est originale. Celle du Mercredi des Cendres est ingénieuse, et qui mieux est, heureuse. Un pierrot et un arlequin sortent d'un bal vers les hauteurs de Belleville, et-les deux joyeux drôles se heurtent à un cocher de corbillard. Le sceptique arle-quin salue en goguenardant pierrot, l'âme enfantine et superstitieuse, se détourne avec une contrainte visible, et semble côtoyer une colique. Caprice amusant, pein-ture facile et entreprenante. Je le répète, il y a là un peintre@@@. Nous l'attendons au second tableau. LAMI Eugène , n@os 1777 et 1778. Genre, - aquarelle. Quel aimable, quel élégant, quel grand artiste ! Le su-perf@m du bonheur serait de lire Musset imprimé sur vé-lin , dans un salon dont les lambris seraient tapissés de ces incomparables dessins, les vrais, les seuls types pos-sibles à rêver pour, personnifier les créations du poëte. Ah@! si Curmer était le propriétaire des oeuvres com-plètes de Musset, la librairie française compterait bien-tôt une gloire de plus. LAPIERRE Émile , n@OI 1800 et 1801. Paysage. Senti-ment délicat, nature élégante peu de souffle, mais beaucoup de distinction. LEGENDRE-TILDE Isidore , n@08 1887-1890. Nature morte. Des rapprochements heureux, une ingénieuse combi-naison dans la composition, donnent un intérêt charmant à des sujets qui n'ont ordinairement d'autre attrait que le mérite d'une habile reproduction de la réalité. L'histoire a fait grand bruit des Raisins de Zeuxis ils n'ont trompé que des oiseaux par l'artifice d'un relief savant la Picciola de M. Legendre fait répandre des larmes, et le coeur ne se trompe jamais. LEGROS Alphonse , n° 1900. Genre. Vous vous rap-pelez un Enterrement à Ornans, qui fit monter Courbet au pinacle. L'@Enterrement à Ornans a eu pour M. Legros l'inconvénient de venir avant son Ex-voto. C'est-à-dire que M. Legros suit le chemin battu par M. Courbet. Le chemin est bon, et pourvu que le jeune émule ne prenne pas les ornières pour les pas de son devancier, il a chance d'arriver sain et sauf au but. LELEUX Adolphe , n@08 1907-1909. Genre rustique. Quand M. Leleux apparut, il y a quelque vingt ans, ce fut dans les arts un grand cri d'enthousiasme le dé-butant avait le ton d'un maître. Le maître a gardé très-intactes les précieuses qualités de jeunesse, mais il a acquis le savoir, la certitude, l'expérience, et il ne pro-cède plus, presque à coup sûr, que par des chefs-d'oeuvre. LEMAN Jacques , n@OI 1926-1930. Genre historique et portrait. Étudier la physionomie d'une époque, le caractère des costumes réunir dans une composition correcte, élégante, mais un peu froide, les grandes figures d'une époque, et les mettre en scène avec l'apparat des céré-monies de cour ou dans le déshabillé des Mémoires du temps, voilà le talent de M. Léman. Talent charmant, qui sera complet quand à toutes ces excellentes qualités le peintre ajoutera plus de vigueur, plus de verve, plus de tempérament. Il le peut, voilà pourquoi nous le lui demandons. LEPOITEVIN Eugène , n@08 1955-1960. Genre et ma-rine. Roqueplan, in amico redivivus.@@@ comme disent les vieilles inscriptions. La gaieté, la vie, l'esprit, le coloris de cette poétique école, qu'on appelait autrefois romantique, sont en toute leur effervescence juvénile dans ces aimables toiles d'une des plus abondantes imaginations d'artistes qu'on puisse désirer. MARCHAL Charles , n° 2105. Genre. Un bon et cor-rect sentiment de la réalité, l'amour du simple, rehaussé d'un certain goût naïf, qui ne cherche jamais à s'épan-cher au delà des limites du vrai. Excellent tableau, peintre d'avenir. - MARQUIS Charles , n° 2119. Genre historique. Com-position voulue, sentie, rendue avec art, peinte avec science. Heureuse production, d'un talent sévère et - convaincu. MATOUT Louis , n@@0 214,8-2152. Genre historique, portrait. De la vigueur, du style, un souvenir judicieu-sement invoqué des études puisées aux sources véni-tiennes des allures puissantes, avec une touche magis-trale telles sont les qualités du jeune et savant auteur des décorations de l'École de médecine et de l'hôpital de Lariboisière. MEISSONNIER Ernest , n@os 2184-2189. Genre. Le plus complet et le plus grand des petits peintres ou plutôt des peintres en petite car bien des gens peignent l'his-toire qui n'ont ni une valeur égale ni une aussi grande manière. - -La peinture de Meissonnier, c'est l'esprit et la préci-sion, la finesse et l'observation, la nature dans ce qu'elle a de plus piquant, l'art dans ce qu'il a de plus vif et de plus précieux. Son Musicien no 2186 est une mer-veille d'expression et de vérité. -MICHEL Émile , n@08 2248 et 2249. Paysage. M. Émile Michel court à la poésie par le chemin de la nature Réelle, il en aime les harmonies, il en interroge les mys-tères, et réussit souvent à nous les révéler. Je le trouve néanmoins plus à l'aise et plus sincère dans la traduc-tion du paysage rustique que dans les entreprises semi-historiques qu'il a tentées cette année. MILLET François , n@os 2252-2254. Genre rustique. M. Millet a saisi depuis longtemps le caractère mélan-colique et fatal de ce martyre lent et sans compensa-tions appréciables pour nous autres citadins, qu'on ap-pelle la vie des champs. Il excelle à le reproduire dans ses nuances les plus fugitives, et avec une énergie qui donnerait à croire que s'il né les a pas devinées, il a éprouvé lui-même les douleurs et les joies de ces créa-tures déshéritées. Je ne sais rien de plus touchant que cette villageoise qui fait manger son enfant. Malgré la grossièreté de sa nature, ef peut-être même à cause de cela, car le contraste est plus vif, une grâce indéfinis-sable enveloppe cette jeune paysanne, prête un charme exquis à sa sollicitude, et la rend presque belle. Dans l'@Attente@, sujet emprunté à l'histoire de Tobie, l'âge et les fatigues se 'lisent dans l'attitude de la vieille mère, tandis que la cécité du père se traduit d'une façon saisissante dans les moindres détails de sa pose. Cette peinture suscite des récriminations et soulève des critiques. On reproche à M. Millet de choisir des types vulgaires et laids. C'est là une erreur il n'y a de vulgaires et de laids que les types dégradés le spectacle de la forte et cou-rageuse nature élève l'âme, et prépare les émotions bienfaisantes. MONGINOT Charles , n° 2269. La Redevance, heureux prétexte pour faire valoir une riche palette, une touche grasse et ferme, et déguiser par la magie de la brosse et la variété du coloris les défaillances d'un dessin encore inexpérimenté. MONTALAND Mademoiselle Céline , n° 2281. L'@An-cienne tour de Rhodes. Avant de faire ce tableau, made-moiselle Montaland n'avait jamais peint, dit-on. Elle pro-11ta de ses accointances avec les fées@@. du Pied de mouton pour devenir peintre d'un seul coup de baguette. J'ignore ce qu'il y a de vrai dans cette légende mais pour l'honneur de la peinture, je souhaite qu'elle soit fausse. - -- MULL-ER Charles , n@08 2335-2337. Genre. Madame mère _ n° 2335 . Madame Laetitia se retira à Rome eh 1814 vêtue d'une robe de deuil, qu'elle ne quitta ja-mais depuis la mort de Napoléon, ayant assises, à quel-que distance d'elle, deux vieilles dames corses, tricotant ou lisant elle contemplait le portrait en pied de l'em-pereur, ou filait au fuseau. Telle est la notice du ta-bleau de M. Muller charmante littérature, peinture à l'avenant. NANTEUIL Célestin , n° 2361. La Charité, ou plutôt @Y Aumône. Au pied d'un escalier de marbre, à l'entrée d'un parc vénitien, de belles femmes et de riches sei-gneurs secourent des pauvres. M. Nanteuil a tiré de cette idée, vêtue à l'italienne, un délicieux tableau, orné de tous les trésors d'une palette prodigue. O'CONNELL Madame Frédérique , n@OI 2395 et 2396. Portrait. La beauté fleurit comme les roses sous les doigts de cette enchanteresse. Un reflet du soleil qui éclairait Van Dyck illumine sa peinture, et le trio des Grâces l'effleure de son souffle divin. Madame O'Connell est le peintre-né des jolies femmes, et aussi des expres-sions puissantes et sublimes son étude au crayon d'a-près Rachel morte est une inspiration de la poésie la plus élevée. C'est précisément ce portrait qui donna lieu au procès dont on a tant parlé. En proposant l'ex-position de cette oeuvre, après en avoir sollicité et ob-tenu la destruction, la famille Félix se donne, ce me semble, un assez singulier démenti. PALIZZJ Joseph , n@os 2419, 2420. Paysage et animaux. Cet émule de Troyon travaille avec succès à devenir un rival du maître. PELLETIER Laurent , iies 2465-2483. Aquarelle et pas-tel, paysage. Cet habile et incomparable artiste fait ren-dre à l'aquarelle tout ce qu'elle peut donner en vigueur, en souplesse, et parvient même à lui faire exprimer la vérité. C'est beaucoup plus que ce qu'on est en droit d'exiger d'un genre jusqu'ici réputé secondaire. M. Pel-letier l'a élevé à la taille du grand art. PENGUILLY Octave , n@08 2484-2486. Genre historique et paysage. L'imagination a beaucoup plus de part que la nature dans les inspirations de cet artiste. Il est sans contredit l'un des inventeurs les plus féconds et les plus originaux de l'école contemporaine il a le sen-timent profond, du style et une peinture ner-veuse et colorée. PILS Isidore , n° 2555. Bataille de l'Aima. M. Pils est le peintre contemporain qui saisit et rend le mieux l'allure toute particulière du troupier français, cette dé-sinvolture à la fois martiale et goguenarde, cette habitude de mouvement et de tenue inhérente à chaque arme. Horace Vernet dans ses meilleurs jours n'a jamais mieux fait, quant aux épisodes mais il conserve sur M. Pils un avantage incontestable dans l'art de généraliser une action et de détailler des masses. POMMEYRAC Paul de , n@OI 2574-2578. Portrait à l'huile et en miniature. Cet artiste, heureusement doué, intro-duit dans la miniature toute la largeur et la puissance de la peinture à l'huile et conserve dans cette dernière la finesse et la grâce de la miniature. PUVIS DE CHAVANNES Pierre , n°.' 2621, 2622. Peinture murale. Cet artiste est un penseur, aussi est-il très-peu peintre. Il trace une idée sur la toile sans se préoccuper du procédé, persuadé qu'il est que son rôle est rempli quand il a. rendu perceptible l'expression de sa pen-sée. Ses tableaux de la Paix et de la Guerre sont plutôt des cartons colorés que des peintures proprement dites, et rien ne prouve qu'il saurait les produire avec la for-midable puissance d'un Delacroix ou l'exquise fermeté d'un Ingres mais à coup sûr, et tels qu'ils sont, ils pos-sèdent le style, une entente magistrale de la compo-sition et le caractère grandiose de l'art historique dé-coratif. -ÏIANVIER Victor , n@cs 2643-2645. Genre et paysage.. Une poésie fiévreuse, un style énergique presque jus-qu'à la brutalité, une sorte de mysticisme indécis et tournant un peu au fantastique, tels sont les caractères principaux de la peinture de ce nouveau venu, qui n'est certes pas un artiste ordinaire. Il a de la force dans le coloris et une vigueur d'accentuation qui révèlent un peintre accessible aux inspirations élevées. BIEDEL Auguste , n@o' 2687-2689. Genre. La foule se presse devant ses Baigneuses n° 2687 . Est-ce donc un chef-d'oeuvre@? Non, c'est tout bonnement un trompe-l'oeil, un de ces effets de lumière qui sont un des jeux de l'art, et que le public, trop ignorant des procédés de la peinture pour en apprécier les résultats à leur juste valeur, prend pour des traits de génie. C'est'ingénieux, peut-être habile, mais certainement d'un ordre très-secondaire. ROLLER Jean , n@08 271 -2719. Portrait. Be@He et bonne peinture, souple, élégante, et d'un style éminemment distingué. Le portrait de M. Boitelle n° 2714 est un des plus beaux du Salon et se classe immédiatement -après ceux de M. H. Flandrin. ROZIER Jules , n@08 2746-2749. Paysage. Aimable im-pression des aspects riants de la nature rendue avec une sincérité parfaite et un goût très-distingué. SALMON Théodore , n@os 2787-2790. Genre rustique et animaux. On tient trop rarement compte aux peintres des efforts qu'ils font pour rendre dans un ensemble restreint, mais harmonieux, les richesses, les variétés infinies et les difficultés de la nature. M. Salmon a peint de petits sujets champêtres qui, par la science, par - l'amour et le respect de la nature qu'ils révèlent, par la finesse de l'observation et le charme de l'exécution, font penser aux jolis tableaux flamands, qu'on ne place au-dessus d'eux qu'en raison de leur ancienneté. - SAND Maurice-Dudevant , n@08 2798-2800. Genre et -paysage. Du. cachet, de l'originalité et ce caractère vi-vant et spirituel qui donne un charme si saisissant aux Masques et Bouffons du jeune et brillant artiste. SCHANDEL Pierre Van , n° 2815. Une jeune fille de-vant une échoppe effet de lumière . La lumière pour ce descendant bien descendu de Rembrandt, c'est la flamme qui clapote à la mèche fumante d'une chandelle. Le procédé de ce genre, si bien fait pour plaire à M. Pru-dhomme, est très-simple il consiste à couvrir une toile d'une couche limpide de terre de Cassel -on enlève en jaune brillant, vers le milieu , une flamme de chandelle et sur le fond quelques silhouettes bordées d'un trait rougeàtre du côté de la lumière et d'un trait noir du côté opposé. On remplit le vide par une couche plate de bitume, et le tour est fait. Soyez sûrs que si cela réussit à M. Van Schandel ou de la Chandelle, ce n'était pourtant pas là le procédé de Rembrandt. SCHULER Théophile , n@os 2845-2847. Dessins. M. Schu-ler donne au dessin la force et le coloris de la peinture à l'huile. Ses compositions très-abondantes, très-ani-mées, ont un caractère dramatique d'une puissance ex-traordinaire et une originalité qui leur prête beaucoup de charme. STEVENS Alfred , n@OS 2016-2919 bis. Genre. Cet ar-Liste flamand a conservé de sa vieille école natale la linesse et la 'précision dans la forme, ainsi que le don précieux de la couleur mais il a emprunté à l'écolê française, au sein de laquelle il obtient ses plus beaux succès, l'esprit d'élégance et la distinction suprême qui, dans la peinture de genre, représentent le style du grand art. On ne saurait peindre avec plus de grâce qu'il le fait des sujets plus simples, plus familiers, et pour-tant plus intéressants. M. Stevens n'a pas de rival dans cet art, dont l'introduction chez nous lui appartient tout entière. STEVENS Joseph , n@08 2920-2922. Genre. M. Joseph Stevens a entrepris depuis longtemps une oeuvre à la Balzac qu'il poursuit avec autant d'ardeur que de succès c'est la Camédie humaine@@@@@ des chiens. Il peint avec une puissance et une verve qui font penser à Guillaume Kalf et à Ostade, des intérieurs d'un effet plein de vigueur et de vérité. Il les anime avec infiniment d'esprit par des personnages de la race canine, qu'il paraît avoir étudiée et connaître à fond. Il sait leur donner non-seulement beaucoup de physiono-mie, mais aussi une expression d'un naturel exquis et vraiment intéressante. '- TABAR Léopold , n@OS 2927-2928. Histoire et genre. Un peintre de la vigoureuse lignée de Géricault par malheur il tempère l'énergie de cette école par une mélancolie douce qui enlève à son exécution quelque chose de la vivacité dont on remarque l'influence dans sa composition. TILLOT Charles , n° 2959. Dessous de forêt. M. C@Nrles Tillot a préludé à la culture de paysage par de fortes études esthétiques à l'époque où il rédigeait si judicieu-sement le feuilleton d'art du Siècle. Il applique aujourd'hui, selon les procédés de notre excellente école de paysage, les principes qu'il soute-nait naguère de sa plume sincère et convaincue, et si l'art a perdu un critique autorisé, il a retrouvé un adepte habile. TISSOT James , n@@- 2969-2974- Genre. Un grand mal-heur pour cet artiste inconnu jusqu'ici, c'est d'arriver après le fameux Leys d'Anvers, le .même qui reçut les honneurs du triomphe à sa rentrée dans sa bonne ville après avoir conquis la France en 1855. La foule, habituée à juger sur les apparences, va croire que M. Tissot est un copiste parce que ses tableaux présentent quelque analogie d'aspect avec ceux du pasticheur émérite de l'ancienne école de Bruges. M. Tissot est un poëte il a le don de l'expression dramatique, une imagination brûlante, et il puise dans son propre fonds des idées qui sont bien à lui. Il est évident qu'il n'a aucun rapport avec le fameux M. Leys. TOULMOUCHE Auguste , n@08 2977-2982. Genre. Le@clair de lune de M. Stevens, et par conséquent pâle comme tous les clairs de lune. TODRNEMINE Charles de , n@os 2983-2987. Paysage. Depuis tantôt trente ans on nous représente un Orient de fantaisie qui semble emprunté aux conventions ca-pricieuses de l'Opéra. M. de Tournemine a soumis la peinture orientale à l'étude de la nature, et il nous re-présente l'Egypte et l'Asie Mineure par les procédés qu'emploie M. Daubigny pour reproduire un paysage de Ville-d'Avray ou de Meudon. Peu de palettes offriraient d'ailleurs des tons aussi riches, des nuances aussi déli-cates que celle de M. de Tournemine, qui tient à la fois de Marilhat et de Corot. VETTER Jean , n@OS 3051-3052. Genre. Ce Jean@ne s'en alla certes pas comme il était venu. Il était venu avec un médiocre Bernard de Palissy, il s'en alla, dit-on, avec 25,000 francs. On a bien raison de dire que les vivres sont hors de prix. VIDAL Vincent , n@OS 3057-3064. Dessins. M. Vidal est au dix-neuvième siècle le peintre de la réalité gracieuse au même titre que l'était Watteau au commencement du dix-huitième. Sans se préoccuper des artifices de l'art, il va droit au but en prenant la nature pour modèle et son goût exquis pour guide. Il est peut-être, après Ga-varni, mais dans un autre ordre d'idées, le peintre mo-derne qui a le mieux compris le type adorable de la Parisienne, la seule femme qu'il faudrait mettre dans l'Arche s'il survenait un nouveau déluge. WINTERHALTER François . Ah ! si M. Vidal avait été chargé de faire ce portrait de l'Impératrice qu'a commis l'auteur du Décaméron, quel chef-d'oeuvre nous aurions admiré ! YVON Adolphe , n° 3132. L'Empereur à Solferino. J'ai lu ce drame terrible, émouvant, glorieux, qu'on appelle le bulletin de la bataille de Solferino j'y ai vu -dans le langage concis de la victoire des lignes dont l'énoncé était à lui seul un programme de tableau - à en supposer que le peintre s'appelât Gros, Delacroix ou Vernet. - De tout ce bruit, de toutes ces grandeurs, de tout ce drame, de toute cette gloire qui offraient un si vaste champ à sa muse, M. Yvon n'a rien vu, rien senti, et ce qu'il intitule Solferino, 24 juin, pourrait tout aussi bien s'appeler Camp de Châlons ou Champ de Mars. C'était vraiment bien la peine que l'empereur Napo-léon III gagnât l'une des plus belles victoires du siècle pour que son peintre ordinaire en limitât les proportions à une cavalcade d'état-major ! Décidément M. Théodore Devilly est le seul peintre qui ait compris Solferino au Salon de 1861. ZIEM Félix , n° 3134. Un triptyque représentant Ve-nise. Une palette enchantée, une brosse magique, une 'observation pleine à la fois d'esprit et de sentiment, voilà par quels moyens le peintre séduisant de la belle infortunée qu'on appelle Venise a su rendre nouveaux et intéressants des sujets que la main magistrale du Ca-naletti semblait avoir rendus impossibles. Mais il n'est pas d'impossibilité pour le talent. Ne voilà-t-il.pas à côté de l'incomparable Venise de M. Ziem une autre Venise, incomparable, diaprée de mille feux éblouissants, lim-pide et colorée comme la nature elle-même, et due au pinceau de M. Jean Lucas, le Canaletti de l'aquarelle?
A-Z ou LE SALON EN MINIATURE. Paris, fatigué des brochures, des questions brûlantes, des drames neufs ou d'occasion, du froid, de la lune rousse, et de tout ce qui l'occupait la semaine dernière, Paris est tout en@tier au salon de peinture. @Gérôme, Stevens et Lambron Pils, Yvon, Devilly et Puvis de Chavanne Courbet, Corot, Français, Hannoteau et Des@jobert Dubuffe, Flandrin et quelques cent autres que nous nommerons plus loin, sont en ce moment les héros dont on parle et dont on parlera, ..... pendant huit jours au moins puisqu'il faut qu'un nom soit toujours dans toutes les bouches et personnifie l'intérêt de l'heure présente, Garibaldi ou @Gortschakoff, Cavour ou François de Bourbon...... en atten@dant qu'une Rigolboche nouvelle éclose un de ces soirs à la lueur des lanternes de Mabille. D'ailleurs, et à part l'attrait vainqueur de la nouveauté, ce salon de peinture mérite à plus d'un titre qu'on s'en occupe un peu. Il est très-satisfaisant et rempli d'excellentes pro@messes non pas qu'on y trouve telles individualités hors ligne, météores éblouissants qui font pâlir les astres d'alen@tour, mais, ce qui vaut infiniment mieux, parce que l'avenir de l'école contemporaine semble s'y dessiner nettement sous des couleurs très-favorables. On y constate, à première vue, que le niveau de l'art tend à s'élever dans des proportions notables. La moyenne du talent y est évidemment très-supé@rieure à ce qu'elle était il y a sept ou huit ans, et, pour qui@conque sait regarder et comprendre les productions du pinceau, il est facile de reconnaître qu'il s'opère parmi la génération actuelle un effort puissant, sinon pour régénérer, du moins pour fortifier l'art, depuis longtemps affaibli par le doute et l'indécision. L'un des vétérans de la critique et l'un des plus autorisés par de longues et fortes études, M. Delécluse, faisait hier@, dans le Journal des Débats, une remarque aussi profonde que judicieuse Tant que les arts ont pour objet, disait-il, d'exprimer les croyances religieuses et de s'appuyer sur les grandes institutions sociales, les artistes célebres qui ont autorité sur le public forment et dirigent son goût mais à mesure que l'art, abandonnant successivement les hauteurs où il a pris naissance, descend vers la réalité et tombe même jusqu'aux vulgarités de la vie, le gros du public impose de plus en plus son goût, jusqu'au moment où l' amateur , dis@posé à payer ses fantaisies au prix de l'or, détourne com@plétement l'artiste de sa véritable vocation, et change le but de l'art. En effet, il fut un temps encore peu éloigné de nous où quelques sublimes individualités, telles que David, Prudhon, Géricault, Ingres, Delacroix, Ary Scheffer, Decamps et quelques autres, animés de l'enthousiasme du génie, entraî@nèrent et captivèrent leur génération en imposant à chacun, selon son tempérament, les principes d'un art vigoureux et fécond et le culte d'une grande idée. Cela dura tant que les convictions furent en honneur dans la société militante mais l'anarchie ne tarda pas à pénétrer dans les arts à la suite des petites passions et des tendances matérielles favorisées par cette fièvre de gain dont les accès ont si péniblement affecté les forces vives de la France, depuis une dizaine d'an@nées. Si le mal qui avait atteint déjà un grand nombre d'ar@tistes et les portait à abuser d'une facilité fatale, au profit des jouissances grossières de leurs pitoyables Mécènes, avait continué ses ravages, la cruelle prédiction du critique des Débats n'aurait pas tardé sans doute à s'accomplir jusque dans ses plus funestes conséquences. Heureusement la réac@tion commence à s'opérer et, je le répète, l'ensemble du Sa@lon indique une tendance marquée chez les peintres à s'af@franchir du joug des corrupteurs du goût, pour suivre en pleine liberté l'essor de leur inspiration ou la loi des études sérieuses. La peinture de paysage, qui place à toute heure l'artiste en présence de la nature et tend sans cesse à aiguillohner dans son esprit l'instinct de la poésie, est loin d'être étran@gère au progrès de l'école. Le retour aux études sincères, à la recherche assidue des relations qui doivent exister entre l'expression de l'art et les mystères de la nature, est dû tout entier aux paysagistes, qui réunissent et résument aujourd'hui dans leur genre, élevé jusqu'à son apogée, toutes les données de l'art les uns cherchant à faire jaillir la poésie de l'expres@sion matérielle de la réalité, les autres revêtant les créations poétiques de leur génie des apparences de la nature, vue et saisie dans ses formes les plus élégantes. La peinture de genre, adoptant les principes formulés par les écoles, du paysage, entre à son tour dans cette voie géné@reuse à l'issue de laquelle l'art moderne doit infailliblement trouver la forme nouvelle de l'art historique et religieux. C'est en effet dans les besoins du présent, et non dans les traditions du passé, que le grand art trouvera le secret de sa régénéra@tion. La tradition ne peut être qu'un exemple et un guide il y aurait folie à vouloir éterniser, en face d'une civilisation nouvelle, de passions, de besoins, d'aspirations modifiées par des moeurs et des tendances intégralement opposées à celles du passé, un art dont la splendeur nous éblouit encore, pré@cisément parce qu'il réalise jusqu'à la perfection l'harmonie qui doit exister entre l'état transitoire des moeurs, des idées, et les règles immuables du goût. Il ne s'agit pas, en fait d'art, de surpasser au dix-neuvième ou au vingtième siècle, les chefs-d'oeuvre du seizième, ou les splendeurs de l'antiquité. Je ne pense pas que cela soit pos@sible, puisque la nature, type éternel, n'est pas plus belle qu'alors. La seule perfection à laquelle on doive aspirer est de formuler dans des productions épurées, si l'on peut, jus@qu'à l'idéal, les relations qui existent entre l'immuable poésie et l'état présent des moeurs, des idées, des besoins et de lala philosophie, en tenant compte, bien entendu, des différences d'organisation qui font des hommes du même temps des êtres susceptibles d'être émus et impressionnés par les expres@sions artistiques les plus opposées. C'est ainsi que Phidias ou Praxitèle, que Raphaël, Titien, Corrége ou Michel-Ange, que Prudhon, Ingres ou Delacroix, peuvent et doivent simultanément soulever l'admiration des hommes et faire glorifier en eux le génie des arts. Les écoles partagent les époques sans les diviser, ou du moins il faut qu'il en soit ainsi car les écoles ne sont pas faites pour faire prévaloir un principe sur un autre principe, mais bien pour développer selon leurs règles respectives, le principe absolu du beau appliqué à leur façon particulière de sentir et à leur faculté spéciale d'exprimer. Le beau n'est absolu que dans la recherche idéale que l'artiste s'efforce d'en faire ce mot absolu ne saurait s'ap@pliquer au mode d'expression dont le peintre ou le sculpteur demande uniquement la forme aux impulsions de son génie, de son tempérament, de ses sentiments, en un mot de sa propre et souveraine individualité. Ceci posé, le critique se trouve on ne peut plus à l'aise pour émettre ses opinions sur les oeuvres si nombreuses et si diverses qui sollicitent, au Salon, l'examen des curieux. Il n'a pas à s'enquérir de l'étiquette des manières il juge les peintres non pas d'après les préjugés d'une caste ou d'une classe, mais d'après leur oeuvre même, tenant pour bonne et louable toute production qui porte le cachet d'une convic@tion sincère, d'un effort courageux, d'un sentiment profond, toutes qualités qui éloignent l'artiste d'être le courtisan d'une coterie, et le flatteur d'une passion mauvaise ou d'un goût dépravé. N'ayant à faire aucune classification savante ou ingénieuse, il suivra l'excellente méthode adoptée par le directeur de l'Exposition, en plaçant ses critiques, comme sont placées les oeuvres d'art, par ordre alphabétique. A-Z ACCARD Eugène , n os 4-6. Charles IX chez Marie Tou@chet 4 . De l'observation, beaucoup de finesse dans l'ex@pression. L'auteur a pris son sujet dans une oeuvre de Balzac, et il a eu l'esprit d'emprunter au sublime phy@siologiste l'art de composer et d'exprimer des physio@nomies dans les données de la nature et du caractère humain. ACHARD Jean , n os 7 et 8. Deux paysages. Plus d'ima@gination que de naïveté, plus de savoir-faire que d'é@tude mais, tels qu'ils sont, ces paysages ont la puis@sance de l'effet, la finesse de l'exécution, l'éclat du co@loris. En faut-il plus pour faire un peintre aimable ? ALIGNY Théodore , directeur de l'École des Beaux-Arts de Lyon, n os 24, 25 et 26. Trois paysages de car@ton. J'entends dire que c'est là du style si le style est l'homme, j'estime que M. Aligny a dû étudier son art à Nuremberg sur ces petits paysages à pièces mobiles qu'on encadre, à l'usage des enfants..., dans de petites boîtes de sapin. ALLEMAND Louis , n os 30 et 31. Paysages. Toujours le buisson de Ruysdael mais quand on le reproduit avec cette maestria, cette vigueur, ce diable au corps, le cri@tique accepte volontiers une imitation qui devient presque une originalité. AMAURY-DUVAL Eugène , n° 39. Portrait de made@moiselle Emma Fleury de la Comédie Française. Char mant portrait d'une charmante fille dont le talent gra@cieux fait souvent oublier la beauté. Un modelé fin, souple et serré, d'une vigueur qui n'exclut pas la grâce, avec des yeux et des lèvres où petille le plus spirituel sourire de Thalie, voilà le tableau applaudissez le peintre et le modèle.@ ANASTASI Auguste , n os 42, 43, 44, 45, 46 et 47. Paysages, vues de Hollande. Voilà, s'il vous plaît, la vraie Hollande, cette Venise brumeuse du Nord, non pas mesquine, épinglée à la façon de tels des@cendants bien descendus - qu'il n'est pas nécessaire de nommer- des vieux maîtres des musées mais large, puissante, et rendue nettement avec la conviction du poëte, avec l'élégance et l'esprit du pinceau français. Le Soleil couchant à Lynbann, n° 45, et le Troupeau, n° 47, sont deux oeuvres du premier ordre. J'aime moins l' Arc-en-ciel du n° 43 mais à tout péché miséricorde. ANTIGNA Alexandre , n os 62 à 69. Tableaux de genre. Il est toujours le peintre du drame de la vie du pauvre. Il se renferme cette année dans des scènes d'un senti@ment plus intime que poignant. Il a risqué une échap@pée en pleine comédie dans ses Filles d'Ève, n° 62, petites maraudeuses qui font dévaliser à leur profit, par un garnement, le pommier du voisin. Cependant la co@médie grimace, la terreur y domine, elle prend une teinte sombre, présage funeste de l'orage qui menace. Tout indique ici que nous avons plutôt affaire à de pe@tites voleuses qu'à des espiègles en maraude. Si c'est cela que le tableau veut dire, le sentiment est bon, mais le titre est mauvais. @@Loin du monde, n° 64, est une manière d'idylle mo derne. Cette fillette dormant sur l'herbe, sans souci des indiscrétions de ses guenilles, rêve peut-être, sous bois, aux volants de Marco ou bien au tilbury de Rigolboche. APPIAN Adolphe , n os 78-82. Paysages. Un reflet de M. Daubigny quand M. Daubigny était encore dans toute la verdeur de ses impressions sereines mais un reflet vigoureux et tout près de rayonner à son tour. ARMAND-DUMARESQ Edouard , n° 83. Épisode de Sol@ferino. Un digne élève de Couture de l'éclat, du feu, du coloris, une vigueur naturelle que rien n'arrête, pas même l'obligation d'arrêter plus correctement la forme et d'accentuer la physionomie. BALZE Paul , n° 113. Lapidation de saint Étienne. Le nom de M. Paul Balze est nouveau dans les exposi tions publiques. Il est connu des artistes par sa collabo@ration avec son frère aux belles copies des stances de Raphaël qui sont à l'École des Beaux-Arts. La manière de M. Ingres, dont un des caractères éminents est d'être avant tout individuelle, a ramené dans l'art contempo@rain tant d'avortons issus de la décrépitude du grand David, qu'on est heureux de trouver des esprits distin@gués, tels que MM. Balze ou Flandrin, aptes à saisir le principe fondamental du maître et puissants à le mettre en oeuvre sans tomber dans la servilité. M. Balze est un élé@gant et heureux Jules Romain du Raphaël de notre siècle. BARON Henri , n° 120. Retour de chasse au château de Nointel. Ce Vénitien de Paris a laissé, pour un jour, les satins diaprés et les sourires fleuris de ses blondes fantaisies il a fait, avec le bonheur inséparable des belles grâces, son apparition dans le monde réel de 1860. Rassurez-vous, c'est sous cette forme, nouvelle pour le peintre, d'un portrait de la vie moderne, la même élégance, le même art abondant et varié, le même coloris harmonieux et scintillant qui nous char@maient dans ses adorables fêtes galantes de l'Italie poé@tique. Tous les sujets peuvent fleurir et parfumer sous le souffle créateur du talent et de l'imagination. BARON Stéphane , n os 121-123. Tableaux de genre décoratif. Un rêve d'amour 122 . Joli rêve de trumeau. Galant, coquet, tout juste assez nature pour échapper à la pleine possession de la fantaisie mais néanmoins assez indi@qué par l'étude de la forme pour se rattacher par le charme de la grâce à la réalité aimable. BARRIAS Félix , n os 124-129. Genre historique et por@traits. Talent souple, distingué, toujours enveloppé d'une grâce native dont l'empreinte donne un charme peut-être un peu maladif, mais touchant, à son tableau de Malvina accompagnant Ossian aveugle n° 126 . Il y a de grandes qualités de couleur et de composition dans sa Conjuration chez des courtisanes de Venise n° 125 . Le portrait de femme 129 a des ardeurs de vie et des harmonies de fleurs, adorables sous un modelé ferme et magistral. BATAILLE Eugène , 140-142. Son Printemps 141 est une large peinture décorative remplie d'éclat et de lumière. BAUDRY Paul , nos 151-158. Habileté, savoir-faire une sorte de vulgarité fashionable, bien faite pour plaire à M. Tout-le-Monde, mais peu sympathique à ceux qui préfèrent l'art sincère aux facilités d'une brosse rompue au métier. M. Baudry pourrait donner l'idée d'un petit-fils de Boucher qui aurait mis un paletot à la mode et des gants Jouvin aux bergers du peintre des fêtes galantes. Je vois sans frémir l'attentat de Charlotte Corday, et sans m'incliner, l'apparence creuse et souf@flée du vénérable M. Guizot car c'est là le propre de cette peinture des apparences et pas de fond. BELLANGÉ Hippolyte , n os 192-196. Toujours la même physionomie intelligente et énergique du troupier fran@çais toujours la même furie dans le combat, la même mélancolie sévère et majestueuse après la bataille. M. Bellangé est après Charlet l'artiste qui a le mieux compris et exprimé le caractère typique du soldat. Le portrait en action du général Mellinet à Magenta n° 196 est une superbe et large aquarelle. BELLET DU POISAT Alfred , n os 208 et 209. Les Belluai res, Diogène et Laïs. Composition ingénieuse, peinture solide, coloris puissant ou gracieux selon le sujet. Salut à ce nouveau venu, qui promet un maître. BESSON Faustin , n os 254-256. Madame de Pompadour posant chez Coustou et le Réveil du printemps sont de riches et abondantes productions, où la fougue du colo@ris s'unit à la grâce de la composition. C'est là, dans la symphonie de la fantaisie, une note charmante qui ga@gnerait à être plus soutenue et plus fermement accusée. BIDA Alexandre , n os 269-272. Dessins. Un dessina@teur qui produit des dessins aussi puissants que des ta@bleaux, d'une allure aussi magistrale que des fresques et précieux comme des miniatures. BISSON François , n os 277 et 278. Natures mortes. Bonne et solide peinture de décoration d'appartement, composée avec esprit, exécutée largement. BLIN Francis , n os 292 et 293. Paysages. Il regarde un peu plus par-dessus l'épaule de M. Daubigny que dans ses propres impressions mais au bout du compte il voit toujours la nature. BODMER Karl , n os 305-307. Paysages. Réalité très-poétique, nature bien vue, bien sentie, et parfois ren@due avec la puissance de l'objectif et l'infaillibilité du soleil. BOHN Guermann , n os 310 et 311. Genre. Dans le coin 311 est une jolie petite étude enfantine, prise dans un sentiment analogue à celui qui inspire les naïvetés, trop souvent prétentieuses, de M. Hamon mais ici l'expres sion est familière, l'effet naturel et le résultat charmant. La fillette n'a pas été sage on lui a ôté sa belle robe de soie, et la voilà qui boude et se mord les doigts, en chemise, dans un coin du salon, à côté de sa poupée décapitée. Ah ! que la grâce est charmante quand elle n'est pas apprêtée ! BONHEUR Auguste , n os 317-319. Animaux. Une na@ture nette, luisante et sonore comme une casserole de rosette. Dans ces bruyères, sur ce pré, sous ces arbres, parmi ces troupeaux proprets, il ne manque par-ci par-là.... qu'une petite saleté qui dénote la vraie campagne du bon Dieu. Mademoiselle Rosa Bonheur n'a pas corrigé ces tableaux-là tant pis. Tels qu'ils sont, ce n'est guère que du Verbockhoven spirituel. BONHOMMÉ François , n os 320-326. Ces tableaux sont l'épopée du travail industriel. On y assiste au spectacle grandiose des luttes de l'homme contre la matière. Il y a toute une révélation dans cet art qui est peut-être une des formes fondamentales de l'art populaire de l'avenir. Cela vaut mieux que les interminables batailles qui foi@sonnent partout. BONNEGRACE Adolphe , n os 332-335. De beaux por@traits puissants et colorés dans une manière toute fran@çaise, mais inspirée par les maîtres vénitiens. Celui de Théophile Gautier est ruisselant de lumière. BOUGUEREAU Adolphe , n os 346-350. Genre historique et portrait. Est-ce là ce que produit l'École de France à Rome ? Restez donc à Paris, messieurs les peintres, il n'y manque pas de modèles à suivre aussi incolores, de peinture aussi vide, et pourtant aussi ambitieuse que celle-là. Triste emploi d'un savoir incontestable. Il ne lui manque que d'être échauffé par la conviction et fortifié par l'énergie de la passion. Heureusement Rome n'est pas toute où est M. Bouguereau car l'enseignement aca@démique a produit M. Barrias, M. Pils, M. Flandrin, et bien d'autres. BOULANGER Gustave , n os 355-357. Genre historique. La Répétition du Joueur de flûte dans l'atrium de la mai@son romaine du prince Napoléon, est une élégante fan@taisie moderne sur un mode antique. La composition est à la hauteur du cadre, c'est-à-dire une excursion ingé nieuse et réussie dans le domaine du passé. C'est char@mant comme un caprice mais si c'est là un art voulu ou cherché comme l' Hercule aux pieds d'Omphale, n° 355, pourrait le faire craindre, ce n'est plus que de la ma@nière et de la plus vicieuse car, dans ce dernier ta@bleau elle n'a même plus l'excuse d'une restitution de l'art antique. BOULANGER Louis , n os 358-360. La Ronde du sabbat nous ramène au bon temps des odes et ballades. C'est ainsi qu'on peignait sous l'inspiration de cette bouillante poésie qui sut caractériser et illustrer une époque. Ah ! les belles années d'enthousiasme et de croyances ! M. Bou@langer a traduit là en peinture une lithographie magis@trale dont tous les amateurs ont gardé la mémoire. Ses idylles à la plume 360 procèdent en ligne directe de l'art souple et si ingénument@ antique qu'illustrèrent l'immortel Prudhon dans ses dessins, et le tendre Ché@nier dans ses vers. BOHLY madame Marie , n° 308. Fleurs. Grâce et naïveté d'expression un coloris tendre et poétique ai@mable début et qui promet. BRESDIN Rodolphe , n os 413-418. Dessins à la plume. Vous avez tous lu ce livre charmant sur lequel Champ-fleury a fondé une réputation d'observateur ingénieux et de conteur fécond qu'il soutient, et rajeunit dans cha@cun de ses ouvrages comme si elle était encore à faire. Vous avez lu Chiencaillou. Le Chiencaillou de la légende n'est ni plus ni moins que le Bresdin de l'Exposition, cet artiste d'un autre âge, égaré dans l'art moderne, naïf et savant, prompt à saisir le caractère des hommes et des choses, et dont la plume capricieuse retrouve parfois les abondances d'invention et les finesses de trait des vieux Flamands. Pourquoi ce sobriquet saugrenu de Chiencaillou s'est-il accolé comme un stigmate, ou plutôt comme une gloire, à ce nom, qui aspire à d'illustres destinées dans l'art de la fantaisie ? Je vais vous le dire Il y a vingt ans de cela, Rodolphe Bresdin vivait en sauvage dans quelque grenier témoin et seul confident de ses luttes inouïes contre la misère et contre l'obses@sion de ses rêves irréalisables. Ses compagnons d'étude, au Louvre, donnèrent à cet enfant mystérieux et sublime qui traversait le monde et s'y frayait des chemins nou@veaux et inconnus, le surnom de Chingackook, héros d'un roman de Cooper alors en grande vogue. Une por@tière@, chargée d'annoncer sa visite chez un de ses ca@màrades, traduisit ce nom de Peau-Rouge par celui de Chiencaillou, qui lui resta. La plupart de ses amis ne lui en connaissaient pas d'autre avant que le livret du Salon eût révélé le secret de son état civil. Les dessins de Rodolphe Bresdin sont bien, par leur étrangeté, à la hauteur de l'excentrique individualité qui les a produits. BRETON Adolphe 425-428. Genre. Voilà un homme entré du premier coup dans le grand art. Il s'est fait l'historien des labeurs de l'agriculteur, et reproduit, avec une ferveur qui touche au grand style, ces fortes et mélancoliques filles des champs, dont le travail outré masculinise un peu la grâce sans parvenir à leur ôter la majesté de la créature anoblie par le devoir accompli. Le Soir 425 et les Sarcleuses 426 sont des chefs-d'oeuvre. BRION Gustave , n os 438-441. Genre historique et genre. Même après avoir vu les batailles de géants con@çues par Decamps, et les belles épopées mérovingiennes d'Adrien Guignet, il faut tenir compte à M. Brion de ses efforts, de ses études pour évoquer, des profondeurs de l'archéologie tout l'attirail guerrier des Romains et des Gaulois. On dit que cette page ingénieuse et intelligente, pleine de vie et d'exubérance, est destinée - réduite en gra@vure - à l'illustration des Commentaires de César, tra@duits par l'empereur Napoléon III. BRONGNART Édouard , n os 448-452. Portraits exécutés simplement et avec un sentiment très-vif du style allié à la nature. BROWNE madame Henriette , 461-465. Genre. Je ne retrouve pas ici cette vigueur et cette certitude de brosse qui avaient imprimé une puissance rare chez une femme, à sa Soeur de charité. Mais elle possède toujours la même simplicité d'effet et une aptitude précieuse à faire du lumineux. BUSSON Charles , 489-491. Paysage. Mélodie douce et poétique dans le ton des symphonies de Corot et de Français. L'artiste paraît partout dans cette toile, mais l'art y est légèrement indécis c'est dire que l'indivi@dualité n'y est pas assez dégagée dans la lutte de la na@ture contre les souvenirs. CABANEL Alexandre , n os 494-499. Histoire, genre et portrait. Nymphe enlevée par un Faune , n° 495. Peut-être M. Cabanel pense-t-il avoir atteint beaucoup mieux que Boucher ou Vanloo le style de l'art antique. Dans ce cas, il se flatte Vanloo et même Boucher étaient plus Grecs que lui, et ils étaient sincères dans leur expres@sion. Il faut cependant savoir gré à M. Cabanel de ce que sa peinture est élégante sans prétention et cherchée sans sécheresse. Combien je préfère le Poëte florentin, n° 496, gracieuse inspiration tout italienne, d'un ca@ractère emprunté aux meilleurs souvenirs du Masaccio, et d'une exécution aussi correcte qu'elle est spirituelle ############################ Son portrait de M. Rouher et celui de madame J. Per@reyre sont peints dans une très-grande et très-belle ma@nière@, et atteignent par la sévérité du pinceau à l'im@portance d'une oeuvre magistrale. CALS, n° 503, et COSSMANN Maurice , n° 703. Ces deux noms viennent se réunir naturellement sous la plume par la parité du sujet et l'analogie de la peinture. Une Fileuse au travail et une Fileuse endormie, deux pages détachées de la vie intime du pauvre, deux ta@bleaux très-précieux et très-réussis dans l'ordre des pe@tits maîtres flamands. CAMPOTOSTO Henri , n os 513-515. L'Heureux âge , n° 513. Peinture faible sous une apparence étonnante de vigueur indécise, mais remarquable par un habile es@camotage des difficultés. Peu de composition, pas du tout de dessin, et malgré cela un aspect qui flatte et ca@resse l'oeil et laisse croire.... un instant qu'on est en présence d'un maître. - CASTAN Georges , n os 529-531. Paysage. Un élève de Calame, qui s'est fait le copiste un peu mou, mais assez agréable, de M. Français. CERMAK Jaroslaw , n os 549-552. Histoire et portrait. Un amateur ayant affaire à M. Courbet, monte un jour l'escalier du n° 32 de la rue Hautefeuille il frappe à une porte, un peintre vient ouvrir, la palette à la main. - Monsieur Courbet, s'il vous plaît ? - Je ne con@nais pas ça, répond l'artiste qu'est-ce qu'il fait, ce monsieur ? M. Cermak serait en droit de faire la même réponse car s'il connaît la peinture, il ne connaît certes pas cette ################ ferme, puissante, énergique sans ef fort et savante avec simplicité qui fait le succès du peintre d'Ornans. CHAPLIN Charles , n os 564-566. Portraits. M. Chaplin a fait sensation au salon de 1852 avec un portrait de femme en robe grise, qui annonçait un maître. Le maître est venu, ses qualités sont brillantes, mais il les exagère au point d'en faire presque des défauts. La nature est charmante, cependant il ne faut pas la voir exclusivement en rose. CHERELLE Léger , n° 608. Le pastel est un art at@trayant, surtout quand on le traite à la façon de M. Che@relle mais à quoi sert d'être un des élèves éminents de M. Delacroix, et d'avoir peint jadis des oeuvres dignes du maître, s'il faut enfouir tant de qualités et de talent dans le petit cadre d'un pastel ? CHINTREUIL Antoine , n os 618-621. Paysage. Le poëte Corot ivre d'amour et de bonheur dans les bras de la nature qu'il adore, nous la peint en amant heureux. Le poëte Chintreuil la voit au contraire d'un air mélanco@lique, et lors même qu'il sourit à l'aspect de ses beautés, une larme tremble encore au coin de sa paupière. On. dirait d'un amant violemment épris, mais souvent re@buté. Sa plainte est touchante, elle pénètre au plus pro@fond du coeur, et son élégie nous émeut autant que nous égaye et nous rassérène l'idylle riante de son maître. COMTE Charles , n os 683 et 684. Genre historique et portrait. M. Comte a fait un jour un tableau qui l'a placé du premier coup à la tête du genre illustré par M. Ro@bert-Fleury. A-t-il craint de gagner le vertige sur l'éche@lon élevé où l'attendait son professeur ? Je ne sais, tou@jours est-il qu'il est redescendu vers les régions plus calmes, mais aussi plus terre à terre où s'ébat dans une heureuse médiocrité M. Claude Jacquand. COROT Camille , n os 693-698. Paysages. Soleil levant, repos, soleil couchant, Orphée entraînant Eurydice, danses de nymphes, tels sont les sujets qui ont évoqué l'inspiration de l'artiste. En faut-il davantage au chantre qui va moduler un hymne à la nature ? Quelques arbres courbés avec grâce pour former un asile mystérieux où le pâtre endormira ses soucis, un épais gazon semé de fleurs où il détendra ses muscles fatigués puis à l'horizon, le soleil qui fuit ou qui revient n'y a-t-il pas là tout un poëme que le peintre va retracer avec la conscience et la précision que donne une émotion vivement éprouvée ? Quel homme dit plus sincèrement ce qu'il a ressenti ? Quel peintre transmet avec plus de grâce ses impressions et ses joies ? M. Corot se garde bien de courir après les finesses et les ruses de l'art. Il ne les aurait pas atteintes que la franche et naïve poésie aurait déjà pris son vol. Cette façon d'agir, toute primitive et campagnarde, possède un charme incomparable, et la nature, ainsi prise au gîte, n'a rien de caché pour le spectateur. C'est en présence d'un paysage de Corot que l'on peut redire, en l'admirant, avec le poëte Une voix à l'esprit parle dans ton silence Qui n'a pas entendu cette voix dans son coeur ? Il faudrait écrire sur ces toiles charmantes Ici l'on aime. C'est en effet la nature non pas poétisée jusqu'à l'idéal, mais choisie sous ses aspects les plus tendres. Ne croirait-on pas qu'elle s'anime sous la brosse émue de Corot comme la Galatée sous le ciseau de Pygmalion amoureux ? COUDER Alexandre , n os 707-715. Genre et nature morte. Peintures d'une exécution aussi fine, aussi dé@taillée que peuvent l'être les trompe-l'oeil d'un minutieux flamand avec l'esprit et la grâce d'un peintre parisien. A côté de ces merveilleuses imitations de la nature morte, voici l'Atelier d'un peintre d'histoire un arsenal canons, fusils, casques, clairons, sabres, drapeaux, uniformes, tout l'attirail des camps. C'est avec ce ma@tériel qu'on peint l'histoire aujourd'hui. O grand art de la paix, art de Raphaël et de Rubens, quand te verrons-nous renaître ? Ce qui n'empêche pas que le tableau de M. Couder ne soit charmant. COURBET Gustave , n° 717-721. Paysage. Il fut un temps où ce nom soulevait des orages..... comme tout nom de novateur doit le faire aujourd'hui la peinture de M. Courbet n'a plus que des admirateurs. Ne croyez pas pour cela que le jeune maître ait fait quelque con@cession à l'opinion publique..... de ses anciens détrac@teurs. Il n'en est rien mais l'art de M. Courbet, qui sera peut-être bientôt une école, a creusé son sillon dans les esprits, et la graine germant comme toutes les semences saines et vigoureuses, le peintre récolte une abondante moisson de succès. On s'abuserait étrangement si l'on s'en tenait à la pensée qu'un artiste de la trempe de M. Courbet parque à plaisir la verve intarissable de sa muse dans les limites de quelque système étroit. Les statisticiens ont, il est vrai, trouvé un mot pour caractériser, sinon pour stigmatiser cet art bien portant et prêt à bien faire ils l'ont étiqueté dans leurs classifications sous le nom de Réalisme, et quelques-uns ont même attribué à ce vocable la valeur malsonnante d'une injure. Je connais un bon professeur de l'Académie qui surprit un jour sa cuisinière jouant le rôle de Juliette avec un Roméo des sapeurs-pompiers. Vous êtes une drôlesse, lui dit-il, une réaliste sortez, je vous chasse. Si j'ai bien compris les oeuvres que, depuis douze ans, M. Courbet livre aux méditations de la critique, j'y trouve autre chose que le puéril désir d'étonner la foule - habituée à voir l'art embellir la nature - en lui faisant @passer sous les yeux les trivialités de la nature. Le but de M. Courbet est plus noble et d'une portée vraiment philosophique. Il semble dire que pour rompre définitivement avec les conventions usées où s'em@bourbe péniblement la tourbe inintelligente des facteurs de tableaux, il est nécessaire de faire d'abord un retour vers la simplicité primitive, afin d'y retrouver à leur source et purs de tout contact délétère, les sentiments et les passions qu'il importe de développer et de diriger. Alors il va demander l'inspiration, il va renforcer sa conscience de poëte au spectacle immense de la nature. Il choisit ses modèles parmi les êtres que n'a pas encore déformés ou atrophiés la corruption des civili@sations extrêmes et qui ont conservé leur affinité native avec les sites qui les environnent et qu'ils peuplent@@ encore selon les vues harmonieuses de la création. Le réalisme, dans ce sens, n'est autre chose que la poésie du coeur l'autre, celle qu'a combattue momen@tanément M. Courbet, n'est que la poésie de l'imagina tion. Celle-ci n'est qu'une image séduisante, mais souvent fausse, de la vérité, la première est la vérité elle-même. COURCY Frédéric de , n° 722. La Pâque. Une bonne tentative pleine de jeunesse et de bon vouloir, dans laquelle l'auteur a mis en oeuvre toutes @les ressources d'une solide éducation d'artiste. M. de Courcy n'a plus maintenant qu'à élargir son horizon, l'avenir est à lui. CURZON Paul , n os 769-774. Genre et paysage. Ecco fiori, n° 769. De ravissantes filles de la lignée de Graziella, fraîches comme leurs fleurs et qui semblent descendre en droite ligne des modèles qui inspirèrent la statuaire grecque. Art aimable et qui n'a gardé de l'enseignement académique que le goût du style, en accordant aux idées nouvelles que la nature est assez séduisante pour qu'il devienne inutile de la faire passer dans le moule de l'école. La Lessive à la Cervara, n° 771, qui inspira l'autre jour un si drôlatique hors-d'oeuvre au critique du Siècle, nous peint avec un style contenu et des lignes d'une simplicité noble et tout antique, les occupations fami@lières de la vie rustique en Italie. Changez le costume, élevez un palais à l'horizon., et ce sujet@, ainsi traité, deviendra facilement celui de Nausicaa et ses com@pagnes. DARGENT Yan , n os 784-787. Genre rustique. Les Lavandières de la nuit, n° 784. Peinture violente, fan@tastique, d'un intérêt puissant et d'un effet où le surna@turel s'accorde à ravir avec@ les singularités du possible. DAUBIGNY Charles , n os 791-795. Paysage. Il dort un peu trop cette année sur ses lauriers passés, et s'autorise @de @ses succès pour ne pas aller au delà des efforts qui les lui ont fait obtenir. M. Daubigny ne semble pas redouter assez vivement que de plus ardents à scruter les secrets de la nature le laissent bientôt derrière eux. Parmi les cinq tableaux de M. Daubigny, le Village près de Bonnières, n° 793, me semble irréprochable mais on cherche dans les autres la lumière et la forme auxquelles ce grand artiste nous avait habitués. Nous prenons note de ce que M. Daubigny nous doit un chef-d'oeuvre. Il le fera, n'en doutez pas. DAUMIER Honoré . Je m'étais fait une fête de voir un tableau de ce grand dessinateur à qui nous devons là comédie du siècle, éparse dans des milliers de compo@sitions humoristiques dérision ! ce tableau@, grand comme les deux mains ouvertes, est accroché sur la frise de la salle D. Il est impossible de le voir. DAUZATS Adrien , n os 805-807. Paysage. De grands sites orientaux peints avec cet esprit charmant et cette finesse de brosse qui ont fait donner à ce maître en fait de prestiges lumineux, le surnom de Canaletti d'Algérie. DELACROIX, n os 828-833. J'aperçois le nom de M. De@lacroix, je m'élance, je regarde... Illusions, adieu ! Ce n'est pas le Delacroix du drame, de la couleur et de la vie, c'est le Delacroix des salons et des albums. DELAMARRE Théodore , n os 840-843. Genre. Un spi@rituel Parisien du Paris spirituel, qui s'est fait Chinois... pour nous montrer, d'une peinture large, étudiée et surtout très-originale, la vie privée et industrielle@ de nos amis les ennemis de Pékin. DESBROSSES Jean , n° 853. Les porteuses d'herbe. Un vif sentiment de la nature souffreteuse une note plain@tive dans la gamme adoptée avec tant de succès par M. Chin@treuil. La brosse n'y est pas encore infaillible dans l'art d'écrire nettement l'impression du peintre mais dans ses efforts mêmes et dans ses défaillances, on sent combien cette impression est profonde. Renvoyé aux conseils de M. Jules Breton, pour achever de per@fectionner ce jeune art plein d'avenir. DESGOFFES Alexandre , n os @854-859. Paysage. Une danse effrénée de Peaux-Rouges, dans une prairie boisée du pays des Sioux ou des Comanches, - dont M. Gus@tave Aimard a refusé la royauté. Tiens, je me trompe, le livret dit Danse de faunes et de sylvains. Ah ! je n'au@rais pas cru. DESGOFFES Blaise , n os 860-863. Nature morte. Pein@ture au pointillé, à la loupe, poncée, glacée, poussée jusqu'à la lassitude. Un prodige de la perfection à la@quelle peut atteindre la patience et la volonté un défi jeté à la chambre obscure. Oui, mais après ? - Nadar fait encore mieux que cela avec son appareil électrique, et il a la modestie de dire que tout l'honneur revient à la machine. Ah ! qu'une apparence d'émotion, que la plus faible tentative d'expression du moindre sentiment, ferait bien mieux notre affaire que ce travail de fée. DESJOBERT Eugène , n os 870-875. Paysage. M. Des@jobert devient tout doucement, d'année en année, en élargissant son horizon par l'étude et par le savoir, un de nos plus grands paysagistes. Il unit dans sa peinture d'une composition éminemment élégante, des qualités très-abondantes et quelquefois très-opposées. On y trouve à la fois une naïveté profonde d'expression, et beaucoup d'esprit un vif sentiment de la réalité poétique, et une imagination brillante. Il résulte de ces heureux assemblages, dans les oeuvres de M. Desjobert, une rare et précieuse variété qui lui assure, à côté des écoles dis@sidentes, une très-belle et très-enviable individualité. DEVILLY Théodore , n° 891. Dénoûment de la journée de Solferino. En dehors du tableau purement stratégique, à la façon de Van der Meulen, le genre bataille, tel que le comprennent les peintres de l'école d'Horace Vernet, continuée par M. Yvon, offre un médiocre intérêt. L'épisode guerrier seul, dans cet ordre d'idées, offre au @peintre l'occasion de développer la puissance dramatique que la nature et l'étude lui ont départie. Aucun peintre, @depuis M. Delacroix, ne s'est révélé dans cet art avec une autorité égale à celle de M. Devilly. Ayant à peindre @@une action militaire, il en élague immédiatement tout l'appareil théâtral qui se traduit par les masses bariolées des bataillons et les états-majors dorés, caracolant à @l'ombre des fumées de la poudre. Ce qui le frappe d'a@bord, c'est la puissance tragique d'un certain moment de la journée, où le@ fait brutal prend tout à coup des proportions épiques. Ici, le sentiment qui ressort de cette lutte de géants, jaillit de chacune des touches de sa brosse magistrale. Toute l'action s'y résume dans une expression terrible et concise. Le combat est fini. L'Em@pereur arrive sur le dernier mamelon de Cavriana, dis@@puté pied à pied le sol brûlant, rougi, saccagé, est jon@ché de morts et de mourants. Mais de ce spectacle de destruction s'élève comme un cri de triomphe et de gloire car là-bas, dans l'orage qui les emporte et les protége, on voit tourbillonner les masses ennemies abî@mées dans une fuite éperdue. Ce tableau d'un grand style, d'une couleur puissante et terrible, est une des plus belles pages qu'ait produites la peinture historique militaire. DORÉ Gustave , n os 904-908. Dessins pour l'Enfer de Dante. Imagination merveilleuse, grand style, savoir prodigieux, facilité d'exécution qui heurte de front tous les obstacles que tant d'autres auraient l'habileté de tourner, telles sont chez ce jeune artiste les qualités moins surprenantes encore que l'abondance d'invention dont il est doué. Son grand tableau aurait la valeur de ses dessins, s'il l'avait moins improvisé et moins rapidement exécuté. DOUSSAULT Charles , n os 911 -914. Croquis d'un voyage en Orient. Quoi de plus amusant que les im@pressions de voyage d'un homme d'esprit et d'un poëte qui sait voir, qui sent vivement et trouve aisément la forme la plus attrayante et la plus ai@mable pour transmettre ses souvenirs ? Tel est le cas @de M. Charles Doussault. Personne n'a comme lui le don d'initier le spectateur aux surprises de ses excur@sions lointaines. DUBOIS Louis , n° 93@4. Le coin d'une table de jeu. M. Courbet a passé par là. En affirmant que le peintre doit intéresser par la représentation exclusive de n'im@porte quelle physionomie prise sur le fait dans quelque scène que ce soit de la vie intime, le jeune maître a ouvert une carrière féconde à tous ceux qui savent peindre avec art et exactitude ce qu'ils ont sous les yeux. La table de jeu de M., Dubois est une heureuse tentative dans cette voie, et le spectateur suit avec intérêt le drame des mouvements que la passion fait passer sur ces visages saisis dans un milieu d'ailleurs assez vul@gaire. DUBUFE Édouard , n os 939-943. Portraits. Sans avoir à proprement parler le grand style - qu'il faut cher@cher dans l'école illustrée par M. Ingres ou par M. Flan@drin, - les portraits de M. Dubufe ont l'allure élégante, une tournure aristocratique et une grâce mondaine qui n'exclut pas un certain caractère. M. Dubufe excelle à peindre la Parisienne, ce type idéal de la Vénus bien habillée, et ses portraits de madame de Galiffet et de madame William Smyth ont une grâce aristocratique tout à fait séduisante. DURAND-BRAGER He@nri , n os 979-981. Marines. M. Durand Brager sait introduire l'attrait et l'intérêt dans un genre qui semble au premier abord voué à la monotonie mais l'artiste est spirituel jusqu'à donner de l'esprit à un vaisseau, et son imagination se complaît, dans des effets de lumière aussi variés que la changeante nature.@ ELMERICH Édouard , nos 1018-1024@. Genre et paysage. La nature surprise dans un de ses réduits les plus cham@pêtres@, privée de ses grands aspects, de ses horizons mais rendue avec un amour naïf du simple et du vrai. FAIVRE Émile , n os 1049-1051. Fleurs et animaux. Sentiment très-complet du genre décoratif un goût élevé, une exécution large et puissante, et une brosse. fougueuse sans jamais cesser d'être élégante. FIGUIER M me Louis , n os 1101-1103. Fleurs à l'aqua relle. M me Louis Figuier peint comme elle écrit elle rend avec un charme exquis les grâces et les délicatesses de la nature. FLANDRIN Hippolyte , n os 1113-1116. Portrait. L'âme se peint sur le visage, il est nécessaire d'en saisir le passage et l'expression pour être capable de donner à une image l'aspect de la vie. Un portrait conçu dans le but unique de faire connaître le caractère saillant d'une individualité, par l'habitude de ses traits, par les traces indélébiles des passions, par l'empreinte des sentiments, peut devenir un tableau aussi intéressant qu'une page historique, et c'est ce qu'il devient sous la brosse austère et savante de M. Flandrin. Cet admirable interprète de la nature comprend, comme Raphaël et comme M. Ingres, qu'un portrait parfait doit être l'idéal de l'homme qu'il veut représenter, et il n'a jamais failli à ce précepte. FLERS Camille , n os 1127-1133. Paysage. Combien d'artistes, en prenant de l'âge, cessent de recevoir l'im@pression fraîche et inspirée de la nature, et rhabillent @avec les clinquants et les oripeaux du savoir-faire, les émotions flétries de leur jeunesse ! Ce n'est point là le cas de M. Fiers ainsi que Corot, dont il est souvent l'émule, ce vétéran du paysage courtise la nature comme aux jours ardents de sa jeunesse, et lui dérobe encore ses plus charmants secrets. FORTIN Charles , n os 1146-1151. Genre. Une grande bonhomie d'expression, avec une exécution vigoureuse et souple, qui ne cherche pas à nous tromper par une habile prestidigitation, et met toute sa finesse à copier la physionomie sincère des scènes intimes qu'il a sous les yeux. C'est le procédé du vieux et charmant Chardin, le Raphaël des petits ménages. FRANÇAIS Louis , n os 1167-1169. Paysage. On repro@chait jadis à cet aimable peintre d'être trop dans ses tableaux l'artiste y tenait la place de l'art et se mani@festait dans les détails avec tant d'abondance, qu'il semblait se multiplier pour satisfaire à toutes les admi@rations partielles qui débordaient de son coeur et se répandaient sur la toile en particularités ravissantes, mais dont la cohue étouffait l'ensemble. Aujourd'hui, M. Français, simple et savant, sait ramener à l'unité ses vives et nombreuses impressions, et ce talent de concré@tion qu'il a acquis, égayé d'ailleurs par les aimables émotions de sa poésie naïve et sincère, fait de lui l'un des plus charmants paysagistes de notre école. FRÈRE Edouard , n os 1173-1176. Genre. Encore un @des petits maîtres modernes de la lignée de Chardin. Il borne son ambition a la philosophie d'Alfred de Musset son verre est petit, mais il boit dans son verre, et il met sa seule présomption à le remplir d'un vin géné@reux. FROMENTIN Eugène , n os 1184-1189. Genre et paysage. Littérateur autant que peintre, M. Fromentin possède le don de description au suprême degré. Quand la nature a passé devant ses yeux attentifs, elle lui appartient tout entière, physionomie et poésie, corps et âme, et il la reproduit avec un cachet de grandeur et de vérité très-rare. Je ne l'ai jamais vu plus harmonieux, mais je l'ai souvent trouvé plus ferme et plus précis. On brouil@lard épais semble se placer entre ses toiles et l'oeil du spectateur, et amollit les formes dont il efface le mo delé. On pourrait définir sa peinture telle, qu'elle se for@mule cette année un à peu près grandiose. GAUTIER Amand , n os 1225-1227. Portrait. Un nouveau venu qui peint avec l'assurance d'un maître. Il vise au réalisme, il y atteiflt presque, mais sa peinture n'est pas encore assez savante pour dissimuler par où elle pèche, et elle pèche par le goût et la fermeté. Il faut constater d'ailleurs dans ses oeuvres un grand effort tout près d'aboutir au succès. GÉRÔME Léon , n os 1248-1253. Genre historique. Beaucoup de savoir, trop d'esprit, et pas assez de goût pour contenir dans une limite délicate une invincible propension au libertinage artistique. L'auteur de la Phryné et des Augures croit remonter aux sources pures de l'antiquité, en déshabillant à la grecque des grisettes du faubourg Saint-Marceau et des convives de la Courtille mais il oublie que @la nudité n'est décente qu'autant qu'elle est, pour ainsi dire, vêtue de sa splendeur. Cette Phryné cagneuse et maigre, dont les hanches déprimées portent encore le stigmate du corset, comme ses jambes montrent le sillon de la jarretière, n'est qu'une effron@tée. Fi la vilaine, avec ses vilains gros pieds ! Combien il y a plus de véritable savoir, @et de carac@tère, et de couleur locale, dans le Rembrandt faisantmordre une planche à l'eau forte, et dans le Hacht-paille égyp@tien ! mais aussi comme il y a moins de prétention et de partis pris ! M. Gérôme est un arrangeur à la façon de M. Delaroche il doit à son maître, à son influence, à son souvenir, la meilleure part de son talent que ne lui a-t-il emprunté cette merveilleuse entente des con venances, qui tenait presque lieu de génie à l'auteur de l' Assassinat d'Henri III ? GIGOUX Jean , n os 1263 et 1264. Portrait. Un Français nourri d'études italiennes, et dont la peinture ferme et @colorée rappelle l'énergie des Carrache et la souplesse du Guide. GINAIN Eugène , n° 1267. Genre historique militaire. Élève de Charlet, M. Ginain a reçu de son maître l'art @@de caractériser d'une touche mâle et spirituelle la phy@sionomie de l'uniforme et l'allure du soldat. Il excelle à donner par une inépuisable variété de l'intérêt à ce qui en offre le moins en peinture, à des masses développées en colonnes de marche. GIRARDET Karl , n os 1275-1280. Paysage. De l'esprit dans la composition, du goût dans@ l'arrangement, un choix judicieux des sites, et l'exécution la plus agréable@ment facile qu'on puisse voir, voilà les paysages de M. Girardet, un des plus brillants enchanteurs de la peinture moderne. GOURLIER Paul , n os 1351-1354. Paysage. M. Gourlier cherche la poésie dans l'élégance des formes. Il se rat@tache par le sentiment à l'art tout poétique dont M. Co@rot donne la plus complète, expression mais par la vigueur et le coloris il effleure l'école des imitateurs exacts de la nature. Il s'est fait entre ces deux genres également intéressants une individualité très-nette et très-distinguée. GUDIN Théodore , n os 1388-1392. Marine. La peinture de M. Gudin est à là marine ce que celle d'Horace Ver@net est à l'histoire militaire le triomphe du savoir, de l'habileté, de l'entente inimitable du sujet, et par-dessus tout de la difficulté vaincue. A force d'esprit, d'abon@dance, et par une magie qui n'appartient qu'aux grandes organisations artistiques, il étonne, il séduit, et fait devi@ner la nature là où il semble que l'imagination seule a dû prendre part. HAMON Louis , n os 1432-1436. Genre. Choisissez un sujet familier, enfantin de préférence disposez-en la composition de l'air le plus naïf que vous pourrez prendre restreignez la perspective à un plan, à deux au plus, à la façon des peintres primitifs, et le costume au plus simple appareil. Pour peu que vous ajoutiez à ce programme un modelé très-effacé, un coloris à peu près monochrome, vous aurez créé un genre et vous de@viendrez peut-être célèbre tout comme M. Hamon. Quel@ques esprits que rien ne satisfait trouveront vos tableaux monotones, peut-être même ennuyeux, qui sait ? Laissez dire. Est-ce que la peinture a jamais été faite pour re@présenter la nature ? La peinture est une fantaisie, un jeu, un moyen plus ou moins ingénieux, plus ou moins agréable d'occuper un instant les yeux demandez plu@tôt à M. Hamon. HANOTEAU Hector , n os 1440-1442. Paysage. Telle n'est pas l'opinion de M. Hanoteau. Pour celui-ci la na@ture est un spectacle immense et varié à l'infini dont chaque scène parle au coeur le langage imagé de la poésie. Là on rêve au bonheur, ici à l'abondance, ail@leurs à l'amour, au mystère plus loin au calme d'une vie simple plus loin encore à l'activité, à la lutte, au travail partout on admire la grandeur de l'oeuvre di@vine, et l'âme de l'artiste s'épanouit à toutes ces splen deurs@, elle s'y abandonne en pleine liberté. Puis quand l'heure du recueillement a sonné, il rassemble au fond de son coeur émotions et souvenirs, admirations et rê@veries, et, d'une main docile que le savoir guide et sou@tient, il retrace sincèrement ce qu'il a vu, et le tableau qu'il nous en donne nous offre à la fois et l'image de la réalité et l'expression des sentiments qu'elle a fait naître en lui. C'est un grand charme de voir la nature par les yeux de M. Hanoteau, car il nous la représente avec une éloquence, bien séduisante. HARPIGNIES Henri , n os 1449, 1452. Paysage. Moins magistrale et moins puissante que celle de M. Hanoteau, la peinture de M. Harpignies est dans une gamme ana@logue. C'est encore là un art bien portant et convaincu qui n'attendra pas longtemps le succès. HAUTIER mademoiselle Eugénie , n os 1460-1463,. Genre et nature morte. Un talent viril enveloppé de toutes les grâces de la femme une exubérance de vi@gueur et de coloris avec une certitude de brosse, une fermeté de dessin et une variété de talent qu'on trouve rarement réunis à un pareil degré. HÉBERT Ernest , n'a 1464-1466. Portrait. Erreurs d'un grand peintre ce qui nous assure de la part d'un tel artiste une revanche éclatante. HERBELIN madame Mathilde , n os 1487-1490. Dessins. Ennuyée de s'entendre dire éternellement qu'elle est la première entre tous les miniaturistes de Paris, madame Herbelin a voulu s'essayer dans un genre nouveau. Elle joue vraiment de malheur la voilà, de prime saut, la première dans cet art charmant de faire vivre et pal piter un joli visage sous le modelé moelleux de la sanguine. @@HOFER Henri , ns 1533-1538. Portrait. Jetez les yeux sur la tête de jeune fille, n° 1536, vous ne pourrez plus les en détourner un miracle de beauté renouvelé par un miracle de peinture. HUET Paul , n os 1565-1570. Paysage. M. Paul Huet est un des représentants de la forte et puissante école romantique qui florissait il y a vingt-cinq ans. Ni la na@ture@, ni la tradition ne sont un but pour lui. La tradi@tion ne saurait arrêter sa verve, et la nature ne joue d'autre rôle dans son art que de fournir une forme pré@cise et palpable aux créations abondantes de son ima@gination. Aussi, peu de paysagistes ont-ils une indivi@dualité plus caractérisée que la sienne. JACQUE Charles , n os 1613-1616. Animaux. Le Lava@ter des moutons et des poules il les reproduit avec une exactitude de Flamand, et met tant d'esprit et de phy sionomie dans ces petites compositions mouvementées, vivantes, bêlantes et caquetantes, qu'il réussit presque à tout coup à leur donner l'intérêt d'un drame intime ou d'une comédie de moeurs. @JALABERT Charles , n os 1626, 1627. Portrait. La peinture de M. Jalabert est l'expansion élégante de ce goût d'arrangement et de détail qui caractérise les élè@ves sérieux de Paul Delaroche. M. Jalabert peint comme devrait peindre M. Gérôme, si M. Gérôme parvenait à se@ guérir de la @pompéiomanie chronique dont il est atteint. atteint. JEANRON Auguste , n os 1650-1656. Genre et paysage. M. Jeanron se plaît à peindre, cette année, le côté calme et pittoresque de la guerre. Les sujets rappellent, il est vrai, les noms devenus immortels de Melegnano, de Solferino, etc. mais dans ces tableaux, inondés de lu@mière, sous ce ciel diapré de mille feux, aucun bruit sinistre ne vient troubler la quiétude du paysage. Le sol@dat n'y figure qu'en simple touriste, et vraiment c'est là une charmante façon et des plus ingénieuses de perpé@tuer le souvenir de nos gloires.@@ LAMBRON Albert , n os 1775 et 1776. Genre. Celui-ci débute, et, dès son premier pas, il casse les vitres. Gare là-dessous, c'est un tempérament de peintre qui se manifeste..... à la façon de Courbet et de Doré. L'idée de son repas de croque-morts est originale. Celle du Mercredi des Cendres est ingénieuse, et qui mieux est, heureuse. Un pierrot et un arlequin sortent d'un bal vers les hauteurs de Belleville, et les deux joyeux drôles se heurtent à un cocher de corbillard. Le sceptique arle@quin salue en goguenardant pierrot, l'âme enfantine et superstitieuse, se détourne avec une contrainte visible, et semble côtoyer une colique. Caprice amusant, pein ture facile et entreprenante. Je le répète, il y a là un peintre.... Nous l'attendons au second tableau. LAMI Eugène , n os 1777 et 1778. Genre, @@aquarelle. Quel aimable, quel élégant, quel grand artiste ! Le su@perfin du bonheur serait de lire Musset imprimé sur vé@lin@, dans un salon dont les lambris seraient tapissés de ces incomparables dessins, les vrais, les seuls types pos sibles à rêver pour@ personnifier les créations du poëte. Ah ! si Curmer était le propriétaire des oeuvres com plètes de Musset, la librairie française compterait bien@tôt une gloire de plus. LAPIERRE Émile , n os 1800 et 1801. Paysage. Senti@ment délicat, nature élégante peu de souffle, mais beaucoup de distinction. LEGENDRE-TILDE Isidore , n os 1887-1890. Nature morte. Des rapprochements heureux, une ingénieuse combi@naison dans la composition, donnent un intérêt charmant à des sujets qui n'ont ordinairement d'autre attrait que le mérite d'une habile reproduction de la réalité. L'histoire a fait grand bruit des Raisins de Zeuxis ils n'ont trompé que des oiseaux par l'artifice d'un relief savant la Picciola de M. Legendre fait répandre des larmes, et le coeur ne se trompe jamais. LEGROS Alphonse , n° 1900. Genre. Vous vous rap@pelez un Enterrement à Ornans, qui fit monter Courbet au pinacle. L' Enterrement à Ornans a eu pour M. Legros l'inconvénient de venir avant son Ex-voto. C'est-à-dire que M. Legros suit le chemin battu par M. Courbet. Le chemin est bon, et pourvu que le jeune émule ne prenne pas les ornières pour les pas de son devancier, il a chance d'arriver sain et sauf au but. LELEUX Adolphe , n os 1907-1909. Genre rustique. Quand M. Leleux apparut, il y a quelque vingt ans, ce fut dans les arts un grand cri d'enthousiasme le dé@butant avait le ton d'un maître. Le maître a gardé très-intactes les précieuses qualités de jeunesse, mais il a acquis le savoir, la certitude, l'expérience, et il ne pro@cède plus, presque à coup sûr, que par des chefs-d'oeuvre. LEMAN Jacques , n os 1926-1930. Genre historique et portrait. Étudier la physionomie d'une époque, le caractère des costumes réunir dans une composition correcte, élégante, mais un peu froide, les grandes figures d'une époque, et les mettre en scène avec l'apparat des céré@monies de cour ou dans le déshabillé des Mémoires du temps, voilà le talent de M. Leman. Talent charmant, qui sera complet quand à toutes ces excellentes qualités le peintre ajoutera plus de vigueur, plus de verve, plus de tempérament. Il le peut, voilà pourquoi nous le lui demandons. LEPOITEVIN Eugène , n os 1955-1960. Genre et ma@rine. Roqueplan, in amico redivivus.... comme disent les vieilles inscriptions. La gaieté, la vie, l'esprit, le coloris de cette poétique école, qu'on appelait autrefois romantique, sont en toute leur effervescence juvénile dans ces aimables toiles d'une des plus abondantes imaginations d'artistes qu'on puisse désirer. MARCHAL Charles , n° 2105. Genre. Un bon et cor@rect sentiment de la réalité, l'amour du simple, rehaussé d'un certain goût naïf, qui ne cherche jamais à s'épan cher au delà des limites du vrai. Excellent tableau, peintre d'avenir.r. MARQUIS Charles , n° 2119. Genre historique. Com@position voulue, sentie, rendue avec art, peinte avec science. Heureuse production, d'un talent sévère et @@convaincu. MATOUT Louis , n os 214@8-2152. Genre historique, portrait. De la vigueur, du style, un souvenir judicieu sement invoqué des études puisées aux sources véni@tiennes des allures puissantes, avec une touche magis trale telles sont les qualités du jeune et savant auteur des décorations de l'École de médecine et de l'hôpital de Lariboisière. MEISSONNIER Ernest , n os 2184-2189. Genre. Le plus complet et le plus grand des petits peintres ou plutôt des peintres en petite car bien des gens peignent l'his@toire qui n'ont ni une valeur égale ni une aussi grande manière.@@ @La peinture de Meissonnier, c'est l'esprit et la préci@sion, la finesse et l'observation, la nature dans ce qu'elle a de plus piquant, l'art dans ce qu'il a de plus vif et de plus précieux. Son Musicien n° 2186 est une mer@veille d'expression et de vérité. @MICHEL Émile , n os 2248 et 2249. Paysage. M. Émile Michel court à la poésie par le chemin de la nature réelle, il en aime les harmonies, il en interroge les mys@tères, et réussit souvent à nous les révéler. Je le trouve néanmoins plus à l'aise et plus sincère dans la traduc@tion du paysage rustique que dans les entreprises semi-historiques qu'il a tentées cette année. MILLET François , n os 2252-2254. Genre rustique. M. Millet a saisi depuis longtemps le caractère mélan@colique et fatal de ce martyre lent et sans compensa@tions appréciables pour nous autres citadins, qu'on ap@pelle la vie des champs. Il excelle à le reproduire dans ses nuances les plus fugitives, et avec une énergie qui donnerait à croire que s'il ne les a pas devinées, il a éprouvé lui-même les douleurs et les joies de ces créa@tures déshéritées. Je ne sais rien de plus touchant que cette villageoise qui fait manger son enfant. Malgré la grossièreté de sa nature, et peut-être même à cause de cela, car le contraste est plus vif, une grâce indéfinis@sable enveloppe cette jeune paysanne, prête un charme exquis à sa sollicitude, et la rend presque belle. Dans l' Attente , sujet emprunté à l'histoire de Tobie, l'âge et les fatigues se @lisent dans l'attitude de la vieille mère, tandis que la cécité du père se traduit d'une façon saisissante dans les moindres détails de sa pose. Cette peinture suscite des récriminations et soulève des critiques. On reproche à M. Millet de choisir des types vulgaires et laids. C'est là une erreur il n'y a de vulgaires et de laids que les types dégradés le spectacle de la forte et cou@rageuse nature élève l'âme, et prépare les émotions bienfaisantes. MONGINOT Charles , n° 2269. La Redevance, heureux prétexte pour faire valoir une riche palette, une touche grasse et ferme, et déguiser par la magie de la brosse et la variété du coloris les défaillances d'un dessin encore inexpérimenté. MONTALAND Mademoiselle Céline , n° 2281. L' An@cienne tour de Rhodes. Avant de faire ce tableau, made@moiselle Montaland n'avait jamais peint, dit-on. Elle pro@fita de ses accointances avec les fées... du Pied de mouton pour devenir peintre d'un seul coup de baguette. J'ignore ce qu'il y a de vrai dans cette légende mais pour l'honneur de la peinture, je souhaite qu'elle soit fausse.usse. MULL@ER Charles , n os 2335-2337. Genre. Madame mère _ n° 2335 . Madame Laetitia se retira à Rome en 1814 vêtue d'une robe de deuil, qu'elle ne quitta ja@mais depuis la mort de Napoléon, ayant assises, à quel que distance d'elle, deux vieilles dames corses, tricotant ou lisant elle contemplait le portrait en pied de l'em@pereur, ou filait au fuseau. Telle est la notice du ta@bleau de M. Muller charmante littérature, peinture à l'avenant. NANTEUIL Célestin , n° 2361. La Charité, ou plutôt l' Aumône. Au pied d'un escalier de marbre, à l'entrée d'un parc vénitien, de belles femmes et de riches sei@gneurs secourent des pauvres. M. Nanteuil a tiré de cette idée, vêtue à l'italienne, un délicieux tableau, orné de tous les trésors d'une palette prodigue. O'CONNELL Madame Frédérique , n os 2395 et 2396. Portrait. La beauté fleurit comme les roses sous les doigts de cette enchanteresse. Un reflet du soleil qui éclairait Van Dyck illumine sa peinture, et le trio des Grâces l'effleure de son souffle divin. Madame O'Connell est le peintre-né des jolies femmes, et aussi des expres sions puissantes et sublimes son étude au crayon d'a@près Rachel morte est une inspiration de la poésie la plus élevée. C'est précisément ce portrait qui donna lieu au procès dont on a tant parlé. En proposant l'ex@position de cette oeuvre, après en avoir sollicité et ob@tenu la destruction, la famille Félix se donne, ce me semble, un assez singulier démenti. PALIZZI Joseph , n os 2419, 2420. Paysage et animaux. Cet émule de Troyon travaille avec succès à devenir un rival du maître. PELLETIER Laurent , n os 2465-2483. Aquarelle et pas@tel, paysage. Cet habile et incomparable artiste fait ren@dre à l'aquarelle tout ce qu'elle peut donner en vigueur, en souplesse, et parvient même à lui faire exprimer la vérité. C'est beaucoup plus que ce qu'on est en droit d'exiger d'un genre jusqu'ici réputé secondaire. M. Pel@letier l'a élevé à la taille du grand art. PENGUILLY Octave , n os 2484-2486. Genre historique et paysage. L'imagination a beaucoup plus de part que la nature dans les inspirations de cet artiste. Il est sans contredit l'un des inventeurs les plus féconds et les plus originaux de l'école contemporaine il a le sen@timent profond, du style et une peinture ner@veuse et colorée. PILS Isidore , n° 2555. Bataille de l'Alma. M. Pils est le peintre contemporain qui saisit et rend le mieux l'allure toute particulière du troupier français, cette dé@sinvolture à la fois martiale et goguenarde, cette habitude de mouvement et de tenue inhérente à chaque arme. Horace Vernet dans ses meilleurs jours n'a jamais mieux fait, quant aux épisodes mais il conserve sur M. Pils un avantage incontestable dans l'art de généraliser une action et de détailler des masses. POMMEYRAC Paul de , n os 2574-2578. Portrait à l'huile et en miniature. Cet artiste, heureusement doué, intro@duit dans la miniature toute la largeur et la puissance de la peinture à l'huile et conserve dans cette dernière la finesse et la grâce de la miniature. PUVIS DE CHAVANNES Pierre , n os 2621, 2622. Peinture murale. Cet artiste est un penseur, aussi est-il très-peu peintre. Il trace une idée sur la toile sans se préoccuper du procédé, persuadé qu'il est que son rôle est rempli quand il a@ rendu perceptible l'expression de sa pen sée. Ses tableaux de la Paix et de la Guerre sont plutôt des cartons colorés que des peintures proprement dites, et rien ne prouve qu'il saurait les produire avec la for@midable puissance d'un Delacroix ou l'exquise fermeté d'un Ingres mais à coup sûr, et tels qu'ils sont, ils pos@sèdent le style, une entente magistrale de la compo@sition et le caractère grandiose de l'art historique dé@coratif. @@RANVIER Victor , n os 2643-2645. Genre et paysage.@ Une poésie fiévreuse, un style énergique presque jus@qu'à la brutalité, une sorte de mysticisme indécis et tournant un peu au fantastique, tels sont les caractères principaux de la peinture de ce nouveau venu, qui n'est certes pas un artiste ordinaire. Il a de la force dans le coloris et une vigueur d'accentuation qui révèlent un peintre accessible aux inspirations élevées. BIEDEL Auguste , n os 2687-2689. Genre. La foule se presse devant ses Baigneuses n° 2687 . Est-ce donc un chef-d'oeuvre ? Non, c'est tout bonnement un trompe l'oeil, un de ces effets de lumière qui sont un des jeux de l'art, et que le public, trop ignorant des procédés de la peinture pour en apprécier les résultats à leur juste valeur, prend pour des traits de génie. C'est ingénieux, peut-être habile, mais certainement d'un ordre très-secondaire. ROLLER Jean , n os 2714-2719. Portrait. Belle et bonne peinture, souple, élégante, et d'un style éminemment distingué. Le portrait de M. Boitelle n° 2714 est un des plus beaux du Salon et se classe immédiatement @après ceux de M.@H. Flandrin. ROZIER Jules , n os 2746-2749. Paysage. Aimable im@pression des aspects riants de la nature rendue avec une sincérité parfaite et un goût très-distingué. SALMON Théodore , n os 2787-2790. Genre rustique et animaux. On tient trop rarement compte aux peintres des efforts qu'ils font pour rendre dans un ensemble restreint, mais harmonieux, les richesses, les variétés infinies et les difficultés de la nature. M. Salmon a peint de petits sujets champêtres qui, par la science, par@@ l'amour et le respect de la nature qu'ils révèlent, par la finesse de l'observation et le charme de l'exécution, font penser aux jolis tableaux flamands, qu'on ne place au-dessus d'eux qu'en raison de leur ancienneté. @@SAND Maurice-Dudevant , n os 2798-2800. Genre et @paysage. Du@ cachet, de l'originalité et ce caractère vi@vant et spirituel qui donne un charme si saisissant aux Masques et Bouffons du jeune et brillant artiste. SCHANDEL Pierre Van , n° 2815. Une jeune fille de@vant une échoppe effet de lumière . La lumière pour ce descendant bien descendu de Rembrandt, c'est la flamme qui clapote à la mèche fumante d'une chandelle. Le procédé de ce genre, si bien fait pour plaire à M. Pru@dhomme, est très-simple il consiste à couvrir une toile d'une couche limpide de terre de Cassel @on enlève en jaune brillant, vers le milieu@, une flamme de chandelle et sur le fond quelques silhouettes bordées d'un trait rougeàtre du côté de la lumière et d'un trait noir du côté opposé. On remplit le vide par une couche plate de bitume, et le tour est fait. Soyez sûrs que si cela réussit à M. Van Schandel ou de la Chandelle, ce n'était pourtant pas là le procédé de Rembrandt. SCHULER Théophile , n os 2845-2847. Dessins. M. Schu@ler donne au dessin la force et le coloris de la peinture à l'huile. Ses compositions très-abondantes, très-ani@mées, ont un caractère dramatique d'une puissance ex@traordinaire et une originalité qui leur prête beaucoup de charme. STEVENS Alfred , n os 2016-2919 bis. Genre. Cet ar@tiste flamand a conservé de sa vieille école natale la finesse et la @précision dans la forme, ainsi que le don précieux de la couleur mais il a emprunté à l'école française, au sein de laquelle il obtient ses plus beaux succès, l'esprit d'élégance et la distinction suprême qui, dans la peinture de genre, représentent le style du grand art. On ne saurait peindre avec plus de grâce qu'il le fait des sujets plus simples, plus familiers, et pour tant plus intéressants. M. Stevens n'a pas de rival dans cet art, dont l'introduction chez nous lui appartient tout entière. STEVENS Joseph , n os 2920-2922. Genre. M. Joseph Stevens a entrepris depuis longtemps une oeuvre à la Balzac qu'il poursuit avec autant d'ardeur que de succès c'est la Comédie humaine..... des chiens. Il peint avec une puissance et une verve qui font penser à Guillaume Kalf et à Ostade, des intérieurs d'un effet plein de vigueur et de vérité. Il les anime avec infiniment d'esprit par des personnages de la race canine, qu'il paraît avoir étudiée et connaître à fond. Il sait leur donner non-seulement beaucoup de physiono mie, mais aussi une expression d'un naturel exquis et vraiment intéressante.@@@ TABAR Léopold , n os 2927-2928. Histoire et genre. Un peintre de la vigoureuse lignée de Géricault par malheur il tempère l'énergie de cette école par une mélancolie douce qui enlève à son exécution quelque chose de la vivacité dont on remarque l'influence dans sa composition. TILLOT Charles , n° 2959. Dessous de forêt. M. Charles Tillot a préludé à la culture de paysage par de fortes études esthétiques à l'époque où il rédigeait si judicieu@sement le feuilleton d'art du Siècle. Il applique aujourd'hui, selon les procédés de notre excellente école de paysage, les principes qu'il soute@nait naguère de sa plume sincère et convaincue, et si l'art a perdu un critique autorisé, il a retrouvé un adepte habile. TISSOT James , n os 2969-2974. Genre. Un grand mal@heur pour cet artiste inconnu jusqu'ici, c'est d'arriver après le fameux Leys d'Anvers, le @même qui reçut les honneurs du triomphe à sa rentrée dans sa bonne ville après avoir conquis la France en 1855. La foule, habituée à juger sur les apparences, va croire que M. Tissot est un copiste parce que ses tableaux présentent quelque analogie d'aspect avec ceux du pasticheur émérite de l'ancienne école de Bruges. M. Tissot est un poëte il a le don de l'expression dramatique, une imagination brûlante, et il puise dans son propre fonds des idées qui sont bien à lui. Il est évident qu'il n'a aucun rapport avec le fameux M. Leys. TOULMOUCHE Auguste , n os 2977-2982. Genre. Le clair de lune de M. Stevens, et par conséquent pâle comme tous les clairs de lune. TOURNEMINE Charles de , n os 2983-2987. Paysage. Depuis tantôt trente ans on nous représente un Orient de fantaisie qui semble emprunté aux conventions ca@pricieuses de l'Opéra. M. de Tournemine a soumis la peinture orientale à l'étude de la nature, et il nous re@présente l'Égypte et l'Asie Mineure par les procédés qu'emploie M. Daubigny pour reproduire un paysage de Ville-d'Avray ou de Meudon. Peu de palettes offriraient d'ailleurs des tons aussi riches, des nuances aussi déli@cates que celle de M. de Tournemine, qui tient à la fois de Marilhat et de Corot. VETTER Jean , n os 3051-3052. Genre. Ce Jean ne s'en alla certes pas comme il était venu. Il était venu avec un médiocre Bernard de Palissy, il s'en alla, dit-on, avec 25,000 francs. On a bien raison de dire que les vivres sont hors de prix. VIDAL Vincent , n os 3057-3064. Dessins. M. Vidal est au dix-neuvième siècle le peintre de la réalité gracieuse au même titre que l'était Watteau au commencement du dix-huitième. Sans se préoccuper des artifices de l'art, il va droit au but en prenant la nature pour modèle et son goût exquis pour guide. Il est peut-être, après Ga@varni, mais dans un autre ordre d'idées, le peintre mo@derne qui a le mieux compris le type adorable de la Parisienne, la seule femme qu'il faudrait mettre dans l'Arche s'il survenait un nouveau déluge. WINTERHALTER François . Ah ! si M. Vidal avait été chargé de faire ce portrait de l'Impératrice qu'a commis l'auteur du Décaméron, quel chef-d'oeuvre nous aurions admiré ! YVON Adolphe , n° 3132. L'Empereur à Solferino. J'ai lu ce drame terrible, émouvant, glorieux, qu'on appelle le bulletin de la bataille de Solferino j'y ai vu @dans le langage concis de la victoire des lignes dont l'énoncé était à lui seul un programme de tableau - à en supposer que le peintre s'appelât Gros, Delacroix ou Vernet. - De tout ce bruit, de toutes ces grandeurs, de tout ce drame, de toute cette gloire qui offraient un si vaste champ à sa muse, M. Yvon n'a rien vu, rien senti, et ce qu'il intitule Solferino, 24 juin, pourrait tout aussi bien s'appeler Camp de Châlons ou Champ de Mars. C'était vraiment bien la peine que l'empereur Napo@léon III gagnât l'une des plus belles victoires du siècle pour que son peintre ordinaire en limitât les proportions à une cavalcade d'état-major ! Décidément M. Théodore Devilly est le seul peintre qui ait compris Solferino au Salon de 1861. ZIEM Félix , n° 3134. Un triptyque représentant Ve@nise. Une palette enchantée, une brosse magique, une @observation pleine à la fois d'esprit et de sentiment, voilà par quels moyens le peintre séduisant de la belle infortunée qu'on appelle Venise a su rendre nouveaux et intéressants des sujets que la main magistrale du Ca@naletti semblait avoir rendus impossibles. Mais il n'est pas d'impossibilité pour le talent. Ne voilà-t-il pas à côté de l'incomparable Venise de M. Ziem une autre Venise, incomparable, diaprée de mille feux éblouissants, lim@pide et colorée comme la nature elle-même, et due au pinceau de M. Jean Lucas, le Canaletti de ############
A-Z ou LE SALON EN MINIATURE. Paris, fatigué des brochures, des questions brûlantes, des drames neufs ou d'occasion, du froid, de la lune rousse, et de tout ce qui l'occupait la semaine dernière, Paris est tout en@tier au salon de peinture. @Gérôme, Stevens et Lambron Pils, Yvon, Devilly et Puvis de Chavanne Courbet, Corot, Français, Hannoteau et Des@jobert Dubuffe, Flandrin et quelques cent autres que nous nommerons plus loin, sont en ce moment les héros dont on parle et dont on parlera, ..... pendant huit jours au moins puisqu'il faut qu'un nom soit toujours dans toutes les bouches et personnifie l'intérêt de l'heure présente, Garibaldi ou @Gortschakoff, Cavour ou François de Bourbon...... en atten@dant qu'une Rigolboche nouvelle éclose un de ces soirs à la lueur des lanternes de Mabille. D'ailleurs, et à part l'attrait vainqueur de la nouveauté, ce salon de peinture mérite à plus d'un titre qu'on s'en occupe un peu. Il est très-satisfaisant et rempli d'excellentes pro@messes non pas qu'on y trouve telles individualités hors ligne, météores éblouissants qui font pâlir les astres d'alen@tour, mais, ce qui vaut infiniment mieux, parce que l'avenir de l'école contemporaine semble s'y dessiner nettement sous des couleurs très-favorables. On y constate, à première vue, que le niveau de l'art tend à s'élever dans des proportions notables. La moyenne du talent y est évidemment très-supé@rieure à ce qu'elle était il y a sept ou huit ans, et, pour qui@conque sait regarder et comprendre les productions du pinceau, il est facile de reconnaître qu'il s'opère parmi la génération actuelle un effort puissant, sinon pour régénérer, du moins pour fortifier l'art, depuis longtemps affaibli par le doute et l'indécision. L'un des vétérans de la critique et l'un des plus autorisés par de longues et fortes études, M. Delécluse, faisait hier@, dans le Journal des Débats, une remarque aussi profonde que judicieuse Tant que les arts ont pour objet, disait-il, d'exprimer les croyances religieuses et de s'appuyer sur les grandes institutions sociales, les artistes célebres qui ont autorité sur le public forment et dirigent son goût mais à mesure que l'art, abandonnant successivement les hauteurs où il a pris naissance, descend vers la réalité et tombe même jusqu'aux vulgarités de la vie, le gros du public impose de plus en plus son goût, jusqu'au moment où l' amateur , dis@posé à payer ses fantaisies au prix de l'or, détourne com@plétement l'artiste de sa véritable vocation, et change le but de l'art. En effet, il fut un temps encore peu éloigné de nous où quelques sublimes individualités, telles que David, Prudhon, Géricault, Ingres, Delacroix, Ary Scheffer, Decamps et quelques autres, animés de l'enthousiasme du génie, entraî@nèrent et captivèrent leur génération en imposant à chacun, selon son tempérament, les principes d'un art vigoureux et fécond et le culte d'une grande idée. Cela dura tant que les convictions furent en honneur dans la société militante mais l'anarchie ne tarda pas à pénétrer dans les arts à la suite des petites passions et des tendances matérielles favorisées par cette fièvre de gain dont les accès ont si péniblement affecté les forces vives de la France, depuis une dizaine d'an@nées. Si le mal qui avait atteint déjà un grand nombre d'ar@tistes et les portait à abuser d'une facilité fatale, au profit des jouissances grossières de leurs pitoyables Mécènes, avait continué ses ravages, la cruelle prédiction du critique des Débats n'aurait pas tardé sans doute à s'accomplir jusque dans ses plus funestes conséquences. Heureusement la réac@tion commence à s'opérer et, je le répète, l'ensemble du Sa@lon indique une tendance marquée chez les peintres à s'af@franchir du joug des corrupteurs du goût, pour suivre en pleine liberté l'essor de leur inspiration ou la loi des études sérieuses. La peinture de paysage, qui place à toute heure l'artiste en présence de la nature et tend sans cesse à aiguillohner dans son esprit l'instinct de la poésie, est loin d'être étran@gère au progrès de l'école. Le retour aux études sincères, à la recherche assidue des relations qui doivent exister entre l'expression de l'art et les mystères de la nature, est dû tout entier aux paysagistes, qui réunissent et résument aujourd'hui dans leur genre, élevé jusqu'à son apogée, toutes les données de l'art les uns cherchant à faire jaillir la poésie de l'expres@sion matérielle de la réalité, les autres revêtant les créations poétiques de leur génie des apparences de la nature, vue et saisie dans ses formes les plus élégantes. La peinture de genre, adoptant les principes formulés par les écoles, du paysage, entre à son tour dans cette voie géné@reuse à l'issue de laquelle l'art moderne doit infailliblement trouver la forme nouvelle de l'art historique et religieux. C'est en effet dans les besoins du présent, et non dans les traditions du passé, que le grand art trouvera le secret de sa régénéra@tion. La tradition ne peut être qu'un exemple et un guide il y aurait folie à vouloir éterniser, en face d'une civilisation nouvelle, de passions, de besoins, d'aspirations modifiées par des moeurs et des tendances intégralement opposées à celles du passé, un art dont la splendeur nous éblouit encore, pré@cisément parce qu'il réalise jusqu'à la perfection l'harmonie qui doit exister entre l'état transitoire des moeurs, des idées, et les règles immuables du goût. Il ne s'agit pas, en fait d'art, de surpasser au dix-neuvième ou au vingtième siècle, les chefs-d'oeuvre du seizième, ou les splendeurs de l'antiquité. Je ne pense pas que cela soit pos@sible, puisque la nature, type éternel, n'est pas plus belle qu'alors. La seule perfection à laquelle on doive aspirer est de formuler dans des productions épurées, si l'on peut, jus@qu'à l'idéal, les relations qui existent entre l'immuable poésie et l'état présent des moeurs, des idées, des besoins et de lala philosophie, en tenant compte, bien entendu, des différences d'organisation qui font des hommes du même temps des êtres susceptibles d'être émus et impressionnés par les expres@sions artistiques les plus opposées. C'est ainsi que Phidias ou Praxitèle, que Raphaël, Titien, Corrége ou Michel-Ange, que Prudhon, Ingres ou Delacroix, peuvent et doivent simultanément soulever l'admiration des hommes et faire glorifier en eux le génie des arts. Les écoles partagent les époques sans les diviser, ou du moins il faut qu'il en soit ainsi car les écoles ne sont pas faites pour faire prévaloir un principe sur un autre principe, mais bien pour développer selon leurs règles respectives, le principe absolu du beau appliqué à leur façon particulière de sentir et à leur faculté spéciale d'exprimer. Le beau n'est absolu que dans la recherche idéale que l'artiste s'efforce d'en faire ce mot absolu ne saurait s'ap@pliquer au mode d'expression dont le peintre ou le sculpteur demande uniquement la forme aux impulsions de son génie, de son tempérament, de ses sentiments, en un mot de sa propre et souveraine individualité. Ceci posé, le critique se trouve on ne peut plus à l'aise pour émettre ses opinions sur les oeuvres si nombreuses et si diverses qui sollicitent, au Salon, l'examen des curieux. Il n'a pas à s'enquérir de l'étiquette des manières il juge les peintres non pas d'après les préjugés d'une caste ou d'une classe, mais d'après leur oeuvre même, tenant pour bonne et louable toute production qui porte le cachet d'une convic@tion sincère, d'un effort courageux, d'un sentiment profond, toutes qualités qui éloignent l'artiste d'être le courtisan d'une coterie, et le flatteur d'une passion mauvaise ou d'un goût dépravé. N'ayant à faire aucune classification savante ou ingénieuse, il suivra l'excellente méthode adoptée par le directeur de l'Exposition, en plaçant ses critiques, comme sont placées les oeuvres d'art, par ordre alphabétique. A-Z ACCARD Eugène , n os 4-6. Charles IX chez Marie Tou@chet 4 . De l'observation, beaucoup de finesse dans l'ex@pression. L'auteur a pris son sujet dans une oeuvre de Balzac, et il a eu l'esprit d'emprunter au sublime phy@siologiste l'art de composer et d'exprimer des physio@nomies dans les données de la nature et du caractère humain. ACHARD Jean , n os 7 et 8. Deux paysages. Plus d'ima@gination que de naïveté, plus de savoir-faire que d'é@tude mais, tels qu'ils sont, ces paysages ont la puis@sance de l'effet, la finesse de l'exécution, l'éclat du co@loris. En faut-il plus pour faire un peintre aimable ? ALIGNY Théodore , directeur de l'École des Beaux-Arts de Lyon, n os 24, 25 et 26. Trois paysages de car@ton. J'entends dire que c'est là du style si le style est l'homme, j'estime que M. Aligny a dû étudier son art à Nuremberg sur ces petits paysages à pièces mobiles qu'on encadre, à l'usage des enfants..., dans de petites boîtes de sapin. ALLEMAND Louis , n os 30 et 31. Paysages. Toujours le buisson de Ruysdael mais quand on le reproduit avec cette maestria, cette vigueur, ce diable au corps, le cri@tique accepte volontiers une imitation qui devient presque une originalité. AMAURY-DUVAL Eugène , n° 39. Portrait de made@moiselle Emma Fleury de la Comédie Française. Char mant portrait d'une charmante fille dont le talent gra@cieux fait souvent oublier la beauté. Un modelé fin, souple et serré, d'une vigueur qui n'exclut pas la grâce, avec des yeux et des lèvres où petille le plus spirituel sourire de Thalie, voilà le tableau applaudissez le peintre et le modèle.@ ANASTASI Auguste , n os 42, 43, 44, 45, 46 et 47. Paysages, vues de Hollande. Voilà, s'il vous plaît, la vraie Hollande, cette Venise brumeuse du Nord, non pas mesquine, épinglée à la façon de tels des@cendants bien descendus - qu'il n'est pas nécessaire de nommer- des vieux maîtres des musées mais large, puissante, et rendue nettement avec la conviction du poëte, avec l'élégance et l'esprit du pinceau français. Le Soleil couchant à Lynbann, n° 45, et le Troupeau, n° 47, sont deux oeuvres du premier ordre. J'aime moins l' Arc-en-ciel du n° 43 mais à tout péché miséricorde. ANTIGNA Alexandre , n os 62 à 69. Tableaux de genre. Il est toujours le peintre du drame de la vie du pauvre. Il se renferme cette année dans des scènes d'un senti@ment plus intime que poignant. Il a risqué une échap@pée en pleine comédie dans ses Filles d'Ève, n° 62, petites maraudeuses qui font dévaliser à leur profit, par un garnement, le pommier du voisin. Cependant la co@médie grimace, la terreur y domine, elle prend une teinte sombre, présage funeste de l'orage qui menace. Tout indique ici que nous avons plutôt affaire à de pe@tites voleuses qu'à des espiègles en maraude. Si c'est cela que le tableau veut dire, le sentiment est bon, mais le titre est mauvais. @@Loin du monde, n° 64, est une manière d'idylle mo derne. Cette fillette dormant sur l'herbe, sans souci des indiscrétions de ses guenilles, rêve peut-être, sous bois, aux volants de Marco ou bien au tilbury de Rigolboche. APPIAN Adolphe , n os 78-82. Paysages. Un reflet de M. Daubigny quand M. Daubigny était encore dans toute la verdeur de ses impressions sereines mais un reflet vigoureux et tout près de rayonner à son tour. ARMAND-DUMARESQ Edouard , n° 83. Épisode de Sol@ferino. Un digne élève de Couture de l'éclat, du feu, du coloris, une vigueur naturelle que rien n'arrête, pas même l'obligation d'arrêter plus correctement la forme et d'accentuer la physionomie. BALZE Paul , n° 113. Lapidation de saint Étienne. Le nom de M. Paul Balze est nouveau dans les exposi tions publiques. Il est connu des artistes par sa collabo@ration avec son frère aux belles copies des stances de Raphaël qui sont à l'École des Beaux-Arts. La manière de M. Ingres, dont un des caractères éminents est d'être avant tout individuelle, a ramené dans l'art contempo@rain tant d'avortons issus de la décrépitude du grand David, qu'on est heureux de trouver des esprits distin@gués, tels que MM. Balze ou Flandrin, aptes à saisir le principe fondamental du maître et puissants à le mettre en oeuvre sans tomber dans la servilité. M. Balze est un élé@gant et heureux Jules Romain du Raphaël de notre siècle. BARON Henri , n° 120. Retour de chasse au château de Nointel. Ce Vénitien de Paris a laissé, pour un jour, les satins diaprés et les sourires fleuris de ses blondes fantaisies il a fait, avec le bonheur inséparable des belles grâces, son apparition dans le monde réel de 1860. Rassurez-vous, c'est sous cette forme, nouvelle pour le peintre, d'un portrait de la vie moderne, la même élégance, le même art abondant et varié, le même coloris harmonieux et scintillant qui nous char@maient dans ses adorables fêtes galantes de l'Italie poé@tique. Tous les sujets peuvent fleurir et parfumer sous le souffle créateur du talent et de l'imagination. BARON Stéphane , n os 121-123. Tableaux de genre décoratif. Un rêve d'amour 122 . Joli rêve de trumeau. Galant, coquet, tout juste assez nature pour échapper à la pleine possession de la fantaisie mais néanmoins assez indi@qué par l'étude de la forme pour se rattacher par le charme de la grâce à la réalité aimable. BARRIAS Félix , n os 124-129. Genre historique et por@traits. Talent souple, distingué, toujours enveloppé d'une grâce native dont l'empreinte donne un charme peut-être un peu maladif, mais touchant, à son tableau de Malvina accompagnant Ossian aveugle n° 126 . Il y a de grandes qualités de couleur et de composition dans sa Conjuration chez des courtisanes de Venise n° 125 . Le portrait de femme 129 a des ardeurs de vie et des harmonies de fleurs, adorables sous un modelé ferme et magistral. BATAILLE Eugène , 140-142. Son Printemps 141 est une large peinture décorative remplie d'éclat et de lumière. BAUDRY Paul , nos 151-158. Habileté, savoir-faire une sorte de vulgarité fashionable, bien faite pour plaire à M. Tout-le-Monde, mais peu sympathique à ceux qui préfèrent l'art sincère aux facilités d'une brosse rompue au métier. M. Baudry pourrait donner l'idée d'un petit-fils de Boucher qui aurait mis un paletot à la mode et des gants Jouvin aux bergers du peintre des fêtes galantes. Je vois sans frémir l'attentat de Charlotte Corday, et sans m'incliner, l'apparence creuse et souf@flée du vénérable M. Guizot car c'est là le propre de cette peinture des apparences et pas de fond. BELLANGÉ Hippolyte , n os 192-196. Toujours la même physionomie intelligente et énergique du troupier fran@çais toujours la même furie dans le combat, la même mélancolie sévère et majestueuse après la bataille. M. Bellangé est après Charlet l'artiste qui a le mieux compris et exprimé le caractère typique du soldat. Le portrait en action du général Mellinet à Magenta n° 196 est une superbe et large aquarelle. BELLET DU POISAT Alfred , n os 208 et 209. Les Belluai res, Diogène et Laïs. Composition ingénieuse, peinture solide, coloris puissant ou gracieux selon le sujet. Salut à ce nouveau venu, qui promet un maître. BESSON Faustin , n os 254-256. Madame de Pompadour posant chez Coustou et le Réveil du printemps sont de riches et abondantes productions, où la fougue du colo@ris s'unit à la grâce de la composition. C'est là, dans la symphonie de la fantaisie, une note charmante qui ga@gnerait à être plus soutenue et plus fermement accusée. BIDA Alexandre , n os 269-272. Dessins. Un dessina@teur qui produit des dessins aussi puissants que des ta@bleaux, d'une allure aussi magistrale que des fresques et précieux comme des miniatures. BISSON François , n os 277 et 278. Natures mortes. Bonne et solide peinture de décoration d'appartement, composée avec esprit, exécutée largement. BLIN Francis , n os 292 et 293. Paysages. Il regarde un peu plus par-dessus l'épaule de M. Daubigny que dans ses propres impressions mais au bout du compte il voit toujours la nature. BODMER Karl , n os 305-307. Paysages. Réalité très-poétique, nature bien vue, bien sentie, et parfois ren@due avec la puissance de l'objectif et l'infaillibilité du soleil. BOHN Guermann , n os 310 et 311. Genre. Dans le coin 311 est une jolie petite étude enfantine, prise dans un sentiment analogue à celui qui inspire les naïvetés, trop souvent prétentieuses, de M. Hamon mais ici l'expres sion est familière, l'effet naturel et le résultat charmant. La fillette n'a pas été sage on lui a ôté sa belle robe de soie, et la voilà qui boude et se mord les doigts, en chemise, dans un coin du salon, à côté de sa poupée décapitée. Ah ! que la grâce est charmante quand elle n'est pas apprêtée ! BONHEUR Auguste , n os 317-319. Animaux. Une na@ture nette, luisante et sonore comme une casserole de rosette. Dans ces bruyères, sur ce pré, sous ces arbres, parmi ces troupeaux proprets, il ne manque par-ci par-là.... qu'une petite saleté qui dénote la vraie campagne du bon Dieu. Mademoiselle Rosa Bonheur n'a pas corrigé ces tableaux-là tant pis. Tels qu'ils sont, ce n'est guère que du Verbockhoven spirituel. BONHOMMÉ François , n os 320-326. Ces tableaux sont l'épopée du travail industriel. On y assiste au spectacle grandiose des luttes de l'homme contre la matière. Il y a toute une révélation dans cet art qui est peut-être une des formes fondamentales de l'art populaire de l'avenir. Cela vaut mieux que les interminables batailles qui foi@sonnent partout. BONNEGRACE Adolphe , n os 332-335. De beaux por@traits puissants et colorés dans une manière toute fran@çaise, mais inspirée par les maîtres vénitiens. Celui de Théophile Gautier est ruisselant de lumière. BOUGUEREAU Adolphe , n os 346-350. Genre historique et portrait. Est-ce là ce que produit l'École de France à Rome ? Restez donc à Paris, messieurs les peintres, il n'y manque pas de modèles à suivre aussi incolores, de peinture aussi vide, et pourtant aussi ambitieuse que celle-là. Triste emploi d'un savoir incontestable. Il ne lui manque que d'être échauffé par la conviction et fortifié par l'énergie de la passion. Heureusement Rome n'est pas toute où est M. Bouguereau car l'enseignement aca@démique a produit M. Barrias, M. Pils, M. Flandrin, et bien d'autres. BOULANGER Gustave , n os 355-357. Genre historique. La Répétition du Joueur de flûte dans l'atrium de la mai@son romaine du prince Napoléon, est une élégante fan@taisie moderne sur un mode antique. La composition est à la hauteur du cadre, c'est-à-dire une excursion ingé nieuse et réussie dans le domaine du passé. C'est char@mant comme un caprice mais si c'est là un art voulu ou cherché comme l' Hercule aux pieds d'Omphale, n° 355, pourrait le faire craindre, ce n'est plus que de la ma@nière et de la plus vicieuse car, dans ce dernier ta@bleau elle n'a même plus l'excuse d'une restitution de l'art antique. BOULANGER Louis , n os 358-360. La Ronde du sabbat nous ramène au bon temps des odes et ballades. C'est ainsi qu'on peignait sous l'inspiration de cette bouillante poésie qui sut caractériser et illustrer une époque. Ah ! les belles années d'enthousiasme et de croyances ! M. Bou@langer a traduit là en peinture une lithographie magis@trale dont tous les amateurs ont gardé la mémoire. Ses idylles à la plume 360 procèdent en ligne directe de l'art souple et si ingénument@ antique qu'illustrèrent l'immortel Prudhon dans ses dessins, et le tendre Ché@nier dans ses vers. BOHLY madame Marie , n° 308. Fleurs. Grâce et naïveté d'expression un coloris tendre et poétique ai@mable début et qui promet. BRESDIN Rodolphe , n os 413-418. Dessins à la plume. Vous avez tous lu ce livre charmant sur lequel Champ-fleury a fondé une réputation d'observateur ingénieux et de conteur fécond qu'il soutient, et rajeunit dans cha@cun de ses ouvrages comme si elle était encore à faire. Vous avez lu Chiencaillou. Le Chiencaillou de la légende n'est ni plus ni moins que le Bresdin de l'Exposition, cet artiste d'un autre âge, égaré dans l'art moderne, naïf et savant, prompt à saisir le caractère des hommes et des choses, et dont la plume capricieuse retrouve parfois les abondances d'invention et les finesses de trait des vieux Flamands. Pourquoi ce sobriquet saugrenu de Chiencaillou s'est-il accolé comme un stigmate, ou plutôt comme une gloire, à ce nom, qui aspire à d'illustres destinées dans l'art de la fantaisie ? Je vais vous le dire Il y a vingt ans de cela, Rodolphe Bresdin vivait en sauvage dans quelque grenier témoin et seul confident de ses luttes inouïes contre la misère et contre l'obses@sion de ses rêves irréalisables. Ses compagnons d'étude, au Louvre, donnèrent à cet enfant mystérieux et sublime qui traversait le monde et s'y frayait des chemins nou@veaux et inconnus, le surnom de Chingackook, héros d'un roman de Cooper alors en grande vogue. Une por@tière@, chargée d'annoncer sa visite chez un de ses ca@màrades, traduisit ce nom de Peau-Rouge par celui de Chiencaillou, qui lui resta. La plupart de ses amis ne lui en connaissaient pas d'autre avant que le livret du Salon eût révélé le secret de son état civil. Les dessins de Rodolphe Bresdin sont bien, par leur étrangeté, à la hauteur de l'excentrique individualité qui les a produits. BRETON Adolphe 425-428. Genre. Voilà un homme entré du premier coup dans le grand art. Il s'est fait l'historien des labeurs de l'agriculteur, et reproduit, avec une ferveur qui touche au grand style, ces fortes et mélancoliques filles des champs, dont le travail outré masculinise un peu la grâce sans parvenir à leur ôter la majesté de la créature anoblie par le devoir accompli. Le Soir 425 et les Sarcleuses 426 sont des chefs-d'oeuvre. BRION Gustave , n os 438-441. Genre historique et genre. Même après avoir vu les batailles de géants con@çues par Decamps, et les belles épopées mérovingiennes d'Adrien Guignet, il faut tenir compte à M. Brion de ses efforts, de ses études pour évoquer, des profondeurs de l'archéologie tout l'attirail guerrier des Romains et des Gaulois. On dit que cette page ingénieuse et intelligente, pleine de vie et d'exubérance, est destinée - réduite en gra@vure - à l'illustration des Commentaires de César, tra@duits par l'empereur Napoléon III. BRONGNART Édouard , n os 448-452. Portraits exécutés simplement et avec un sentiment très-vif du style allié à la nature. BROWNE madame Henriette , 461-465. Genre. Je ne retrouve pas ici cette vigueur et cette certitude de brosse qui avaient imprimé une puissance rare chez une femme, à sa Soeur de charité. Mais elle possède toujours la même simplicité d'effet et une aptitude précieuse à faire du lumineux. BUSSON Charles , 489-491. Paysage. Mélodie douce et poétique dans le ton des symphonies de Corot et de Français. L'artiste paraît partout dans cette toile, mais l'art y est légèrement indécis c'est dire que l'indivi@dualité n'y est pas assez dégagée dans la lutte de la na@ture contre les souvenirs. CABANEL Alexandre , n os 494-499. Histoire, genre et portrait. Nymphe enlevée par un Faune , n° 495. Peut-être M. Cabanel pense-t-il avoir atteint beaucoup mieux que Boucher ou Vanloo le style de l'art antique. Dans ce cas, il se flatte Vanloo et même Boucher étaient plus Grecs que lui, et ils étaient sincères dans leur expres@sion. Il faut cependant savoir gré à M. Cabanel de ce que sa peinture est élégante sans prétention et cherchée sans sécheresse. Combien je préfère le Poëte florentin, n° 496, gracieuse inspiration tout italienne, d'un ca@ractère emprunté aux meilleurs souvenirs du Masaccio, et d'une exécution aussi correcte qu'elle est spirituelle ! eintu intu foferME-ril, Êê Son portrait de M. Rouher et celui de madame J. Per@reyre sont peints dans une très-grande et très-belle ma@nière@, et atteignent par la sévérité du pinceau à l'im@portance d'une oeuvre magistrale. CALS, n° 503, et COSSMANN Maurice , n° 703. Ces deux noms viennent se réunir naturellement sous la plume par la parité du sujet et l'analogie de la peinture. Une Fileuse au travail et une Fileuse endormie, deux pages détachées de la vie intime du pauvre, deux ta@bleaux très-précieux et très-réussis dans l'ordre des pe@tits maîtres flamands. CAMPOTOSTO Henri , n os 513-515. L'Heureux âge , n° 513. Peinture faible sous une apparence étonnante de vigueur indécise, mais remarquable par un habile es@camotage des difficultés. Peu de composition, pas du tout de dessin, et malgré cela un aspect qui flatte et ca@resse l'oeil et laisse croire.... un instant qu'on est en présence d'un maître. - CASTAN Georges , n os 529-531. Paysage. Un élève de Calame, qui s'est fait le copiste un peu mou, mais assez agréable, de M. Français. CERMAK Jaroslaw , n os 549-552. Histoire et portrait. Un amateur ayant affaire à M. Courbet, monte un jour l'escalier du n° 32 de la rue Hautefeuille il frappe à une porte, un peintre vient ouvrir, la palette à la main. - Monsieur Courbet, s'il vous plaît ? - Je ne con@nais pas ça, répond l'artiste qu'est-ce qu'il fait, ce monsieur ? M. Cermak serait en droit de faire la même réponse car s'il connaît la peinture, il ne connaît certes pas cette peintup ft SCtre ferme, puissante, énergique sans ef fort et savante avec simplicité qui fait le succès du peintre d'Ornans. CHAPLIN Charles , n os 564-566. Portraits. M. Chaplin a fait sensation au salon de 1852 avec un portrait de femme en robe grise, qui annonçait un maître. Le maître est venu, ses qualités sont brillantes, mais il les exagère au point d'en faire presque des défauts. La nature est charmante, cependant il ne faut pas la voir exclusivement en rose. CHERELLE Léger , n° 608. Le pastel est un art at@trayant, surtout quand on le traite à la façon de M. Che@relle mais à quoi sert d'être un des élèves éminents de M. Delacroix, et d'avoir peint jadis des oeuvres dignes du maître, s'il faut enfouir tant de qualités et de talent dans le petit cadre d'un pastel ? CHINTREUIL Antoine , n os 618-621. Paysage. Le poëte Corot ivre d'amour et de bonheur dans les bras de la nature qu'il adore, nous la peint en amant heureux. Le poëte Chintreuil la voit au contraire d'un air mélanco@lique, et lors même qu'il sourit à l'aspect de ses beautés, une larme tremble encore au coin de sa paupière. On. dirait d'un amant violemment épris, mais souvent re@buté. Sa plainte est touchante, elle pénètre au plus pro@fond du coeur, et son élégie nous émeut autant que nous égaye et nous rassérène l'idylle riante de son maître. COMTE Charles , n os 683 et 684. Genre historique et portrait. M. Comte a fait un jour un tableau qui l'a placé du premier coup à la tête du genre illustré par M. Ro@bert-Fleury. A-t-il craint de gagner le vertige sur l'éche@lon élevé où l'attendait son professeur ? Je ne sais, tou@jours est-il qu'il est redescendu vers les régions plus calmes, mais aussi plus terre à terre où s'ébat dans une heureuse médiocrité M. Claude Jacquand. COROT Camille , n os 693-698. Paysages. Soleil levant, repos, soleil couchant, Orphée entraînant Eurydice, danses de nymphes, tels sont les sujets qui ont évoqué l'inspiration de l'artiste. En faut-il davantage au chantre qui va moduler un hymne à la nature ? Quelques arbres courbés avec grâce pour former un asile mystérieux où le pâtre endormira ses soucis, un épais gazon semé de fleurs où il détendra ses muscles fatigués puis à l'horizon, le soleil qui fuit ou qui revient n'y a-t-il pas là tout un poëme que le peintre va retracer avec la conscience et la précision que donne une émotion vivement éprouvée ? Quel homme dit plus sincèrement ce qu'il a ressenti ? Quel peintre transmet avec plus de grâce ses impressions et ses joies ? M. Corot se garde bien de courir après les finesses et les ruses de l'art. Il ne les aurait pas atteintes que la franche et naïve poésie aurait déjà pris son vol. Cette façon d'agir, toute primitive et campagnarde, possède un charme incomparable, et la nature, ainsi prise au gîte, n'a rien de caché pour le spectateur. C'est en présence d'un paysage de Corot que l'on peut redire, en l'admirant, avec le poëte Une voix à l'esprit parle dans ton silence Qui n'a pas entendu cette voix dans son coeur ? Il faudrait écrire sur ces toiles charmantes Ici l'on aime. C'est en effet la nature non pas poétisée jusqu'à l'idéal, mais choisie sous ses aspects les plus tendres. Ne croirait-on pas qu'elle s'anime sous la brosse émue de Corot comme la Galatée sous le ciseau de Pygmalion amoureux ? COUDER Alexandre , n os 707-715. Genre et nature morte. Peintures d'une exécution aussi fine, aussi dé@taillée que peuvent l'être les trompe-l'oeil d'un minutieux flamand avec l'esprit et la grâce d'un peintre parisien. A côté de ces merveilleuses imitations de la nature morte, voici l'Atelier d'un peintre d'histoire un arsenal canons, fusils, casques, clairons, sabres, drapeaux, uniformes, tout l'attirail des camps. C'est avec ce ma@tériel qu'on peint l'histoire aujourd'hui. O grand art de la paix, art de Raphaël et de Rubens, quand te verrons-nous renaître ? Ce qui n'empêche pas que le tableau de M. Couder ne soit charmant. COURBET Gustave , n° 717-721. Paysage. Il fut un temps où ce nom soulevait des orages..... comme tout nom de novateur doit le faire aujourd'hui la peinture de M. Courbet n'a plus que des admirateurs. Ne croyez pas pour cela que le jeune maître ait fait quelque con@cession à l'opinion publique..... de ses anciens détrac@teurs. Il n'en est rien mais l'art de M. Courbet, qui sera peut-être bientôt une école, a creusé son sillon dans les esprits, et la graine germant comme toutes les semences saines et vigoureuses, le peintre récolte une abondante moisson de succès. On s'abuserait étrangement si l'on s'en tenait à la pensée qu'un artiste de la trempe de M. Courbet parque à plaisir la verve intarissable de sa muse dans les limites de quelque système étroit. Les statisticiens ont, il est vrai, trouvé un mot pour caractériser, sinon pour stigmatiser cet art bien portant et prêt à bien faire ils l'ont étiqueté dans leurs classifications sous le nom de Réalisme, et quelques-uns ont même attribué à ce vocable la valeur malsonnante d'une injure. Je connais un bon professeur de l'Académie qui surprit un jour sa cuisinière jouant le rôle de Juliette avec un Roméo des sapeurs-pompiers. Vous êtes une drôlesse, lui dit-il, une réaliste sortez, je vous chasse. Si j'ai bien compris les oeuvres que, depuis douze ans, M. Courbet livre aux méditations de la critique, j'y trouve autre chose que le puéril désir d'étonner la foule - habituée à voir l'art embellir la nature - en lui faisant @passer sous les yeux les trivialités de la nature. Le but de M. Courbet est plus noble et d'une portée vraiment philosophique. Il semble dire que pour rompre définitivement avec les conventions usées où s'em@bourbe péniblement la tourbe inintelligente des facteurs de tableaux, il est nécessaire de faire d'abord un retour vers la simplicité primitive, afin d'y retrouver à leur source et purs de tout contact délétère, les sentiments et les passions qu'il importe de développer et de diriger. Alors il va demander l'inspiration, il va renforcer sa conscience de poëte au spectacle immense de la nature. Il choisit ses modèles parmi les êtres que n'a pas encore déformés ou atrophiés la corruption des civili@sations extrêmes et qui ont conservé leur affinité native avec les sites qui les environnent et qu'ils peuplent@@ encore selon les vues harmonieuses de la création. Le réalisme, dans ce sens, n'est autre chose que la poésie du coeur l'autre, celle qu'a combattue momen@tanément M. Courbet, n'est que la poésie de l'imagina tion. Celle-ci n'est qu'une image séduisante, mais souvent fausse, de la vérité, la première est la vérité elle-même. COURCY Frédéric de , n° 722. La Pâque. Une bonne tentative pleine de jeunesse et de bon vouloir, dans laquelle l'auteur a mis en oeuvre toutes @les ressources d'une solide éducation d'artiste. M. de Courcy n'a plus maintenant qu'à élargir son horizon, l'avenir est à lui. CURZON Paul , n os 769-774. Genre et paysage. Ecco fiori, n° 769. De ravissantes filles de la lignée de Graziella, fraîches comme leurs fleurs et qui semblent descendre en droite ligne des modèles qui inspirèrent la statuaire grecque. Art aimable et qui n'a gardé de l'enseignement académique que le goût du style, en accordant aux idées nouvelles que la nature est assez séduisante pour qu'il devienne inutile de la faire passer dans le moule de l'école. La Lessive à la Cervara, n° 771, qui inspira l'autre jour un si drôlatique hors-d'oeuvre au critique du Siècle, nous peint avec un style contenu et des lignes d'une simplicité noble et tout antique, les occupations fami@lières de la vie rustique en Italie. Changez le costume, élevez un palais à l'horizon., et ce sujet@, ainsi traité, deviendra facilement celui de Nausicaa et ses com@pagnes. DARGENT Yan , n os 784-787. Genre rustique. Les Lavandières de la nuit, n° 784. Peinture violente, fan@tastique, d'un intérêt puissant et d'un effet où le surna@turel s'accorde à ravir avec@ les singularités du possible. DAUBIGNY Charles , n os 791-795. Paysage. Il dort un peu trop cette année sur ses lauriers passés, et s'autorise @de @ses succès pour ne pas aller au delà des efforts qui les lui ont fait obtenir. M. Daubigny ne semble pas redouter assez vivement que de plus ardents à scruter les secrets de la nature le laissent bientôt derrière eux. Parmi les cinq tableaux de M. Daubigny, le Village près de Bonnières, n° 793, me semble irréprochable mais on cherche dans les autres la lumière et la forme auxquelles ce grand artiste nous avait habitués. Nous prenons note de ce que M. Daubigny nous doit un chef-d'oeuvre. Il le fera, n'en doutez pas. DAUMIER Honoré . Je m'étais fait une fête de voir un tableau de ce grand dessinateur à qui nous devons là comédie du siècle, éparse dans des milliers de compo@sitions humoristiques dérision ! ce tableau@, grand comme les deux mains ouvertes, est accroché sur la frise de la salle D. Il est impossible de le voir. DAUZATS Adrien , n os 805-807. Paysage. De grands sites orientaux peints avec cet esprit charmant et cette finesse de brosse qui ont fait donner à ce maître en fait de prestiges lumineux, le surnom de Canaletti d'Algérie. DELACROIX, n os 828-833. J'aperçois le nom de M. De@lacroix, je m'élance, je regarde... Illusions, adieu ! Ce n'est pas le Delacroix du drame, de la couleur et de la vie, c'est le Delacroix des salons et des albums. DELAMARRE Théodore , n os 840-843. Genre. Un spi@rituel Parisien du Paris spirituel, qui s'est fait Chinois... pour nous montrer, d'une peinture large, étudiée et surtout très-originale, la vie privée et industrielle@ de nos amis les ennemis de Pékin. DESBROSSES Jean , n° 853. Les porteuses d'herbe. Un vif sentiment de la nature souffreteuse une note plain@tive dans la gamme adoptée avec tant de succès par M. Chin@treuil. La brosse n'y est pas encore infaillible dans l'art d'écrire nettement l'impression du peintre mais dans ses efforts mêmes et dans ses défaillances, on sent combien cette impression est profonde. Renvoyé aux conseils de M. Jules Breton, pour achever de per@fectionner ce jeune art plein d'avenir. DESGOFFES Alexandre , n os @854-859. Paysage. Une danse effrénée de Peaux-Rouges, dans une prairie boisée du pays des Sioux ou des Comanches, - dont M. Gus@tave Aimard a refusé la royauté. Tiens, je me trompe, le livret dit Danse de faunes et de sylvains. Ah ! je n'au@rais pas cru. DESGOFFES Blaise , n os 860-863. Nature morte. Pein@ture au pointillé, à la loupe, poncée, glacée, poussée jusqu'à la lassitude. Un prodige de la perfection à la@quelle peut atteindre la patience et la volonté un défi jeté à la chambre obscure. Oui, mais après ? - Nadar fait encore mieux que cela avec son appareil électrique, et il a la modestie de dire que tout l'honneur revient à la machine. Ah ! qu'une apparence d'émotion, que la plus faible tentative d'expression du moindre sentiment, ferait bien mieux notre affaire que ce travail de fée. DESJOBERT Eugène , n os 870-875. Paysage. M. Des@jobert devient tout doucement, d'année en année, en élargissant son horizon par l'étude et par le savoir, un de nos plus grands paysagistes. Il unit dans sa peinture d'une composition éminemment élégante, des qualités très-abondantes et quelquefois très-opposées. On y trouve à la fois une naïveté profonde d'expression, et beaucoup d'esprit un vif sentiment de la réalité poétique, et une imagination brillante. Il résulte de ces heureux assemblages, dans les oeuvres de M. Desjobert, une rare et précieuse variété qui lui assure, à côté des écoles dis@sidentes, une très-belle et très-enviable individualité. DEVILLY Théodore , n° 891. Dénoûment de la journée de Solferino. En dehors du tableau purement stratégique, à la façon de Van der Meulen, le genre bataille, tel que le comprennent les peintres de l'école d'Horace Vernet, continuée par M. Yvon, offre un médiocre intérêt. L'épisode guerrier seul, dans cet ordre d'idées, offre au @peintre l'occasion de développer la puissance dramatique que la nature et l'étude lui ont départie. Aucun peintre, @depuis M. Delacroix, ne s'est révélé dans cet art avec une autorité égale à celle de M. Devilly. Ayant à peindre @@une action militaire, il en élague immédiatement tout l'appareil théâtral qui se traduit par les masses bariolées des bataillons et les états-majors dorés, caracolant à @l'ombre des fumées de la poudre. Ce qui le frappe d'a@bord, c'est la puissance tragique d'un certain moment de la journée, où le@ fait brutal prend tout à coup des proportions épiques. Ici, le sentiment qui ressort de cette lutte de géants, jaillit de chacune des touches de sa brosse magistrale. Toute l'action s'y résume dans une expression terrible et concise. Le combat est fini. L'Em@pereur arrive sur le dernier mamelon de Cavriana, dis@@puté pied à pied le sol brûlant, rougi, saccagé, est jon@ché de morts et de mourants. Mais de ce spectacle de destruction s'élève comme un cri de triomphe et de gloire car là-bas, dans l'orage qui les emporte et les protége, on voit tourbillonner les masses ennemies abî@mées dans une fuite éperdue. Ce tableau d'un grand style, d'une couleur puissante et terrible, est une des plus belles pages qu'ait produites la peinture historique militaire. DORÉ Gustave , n os 904-908. Dessins pour l'Enfer de Dante. Imagination merveilleuse, grand style, savoir prodigieux, facilité d'exécution qui heurte de front tous les obstacles que tant d'autres auraient l'habileté de tourner, telles sont chez ce jeune artiste les qualités moins surprenantes encore que l'abondance d'invention dont il est doué. Son grand tableau aurait la valeur de ses dessins, s'il l'avait moins improvisé et moins rapidement exécuté. DOUSSAULT Charles , n os 911 -914. Croquis d'un voyage en Orient. Quoi de plus amusant que les im@pressions de voyage d'un homme d'esprit et d'un poëte qui sait voir, qui sent vivement et trouve aisément la forme la plus attrayante et la plus ai@mable pour transmettre ses souvenirs ? Tel est le cas @de M. Charles Doussault. Personne n'a comme lui le don d'initier le spectateur aux surprises de ses excur@sions lointaines. DUBOIS Louis , n° 93@4. Le coin d'une table de jeu. M. Courbet a passé par là. En affirmant que le peintre doit intéresser par la représentation exclusive de n'im@porte quelle physionomie prise sur le fait dans quelque scène que ce soit de la vie intime, le jeune maître a ouvert une carrière féconde à tous ceux qui savent peindre avec art et exactitude ce qu'ils ont sous les yeux. La table de jeu de M., Dubois est une heureuse tentative dans cette voie, et le spectateur suit avec intérêt le drame des mouvements que la passion fait passer sur ces visages saisis dans un milieu d'ailleurs assez vul@gaire. DUBUFE Édouard , n os 939-943. Portraits. Sans avoir à proprement parler le grand style - qu'il faut cher@cher dans l'école illustrée par M. Ingres ou par M. Flan@drin, - les portraits de M. Dubufe ont l'allure élégante, une tournure aristocratique et une grâce mondaine qui n'exclut pas un certain caractère. M. Dubufe excelle à peindre la Parisienne, ce type idéal de la Vénus bien habillée, et ses portraits de madame de Galiffet et de madame William Smyth ont une grâce aristocratique tout à fait séduisante. DURAND-BRAGER He@nri , n os 979-981. Marines. M. Durand Brager sait introduire l'attrait et l'intérêt dans un genre qui semble au premier abord voué à la monotonie mais l'artiste est spirituel jusqu'à donner de l'esprit à un vaisseau, et son imagination se complaît, dans des effets de lumière aussi variés que la changeante nature.@ ELMERICH Édouard , nos 1018-1024@. Genre et paysage. La nature surprise dans un de ses réduits les plus cham@pêtres@, privée de ses grands aspects, de ses horizons mais rendue avec un amour naïf du simple et du vrai. FAIVRE Émile , n os 1049-1051. Fleurs et animaux. Sentiment très-complet du genre décoratif un goût élevé, une exécution large et puissante, et une brosse. fougueuse sans jamais cesser d'être élégante. FIGUIER M me Louis , n os 1101-1103. Fleurs à l'aqua relle. M me Louis Figuier peint comme elle écrit elle rend avec un charme exquis les grâces et les délicatesses de la nature. FLANDRIN Hippolyte , n os 1113-1116. Portrait. L'âme se peint sur le visage, il est nécessaire d'en saisir le passage et l'expression pour être capable de donner à une image l'aspect de la vie. Un portrait conçu dans le but unique de faire connaître le caractère saillant d'une individualité, par l'habitude de ses traits, par les traces indélébiles des passions, par l'empreinte des sentiments, peut devenir un tableau aussi intéressant qu'une page historique, et c'est ce qu'il devient sous la brosse austère et savante de M. Flandrin. Cet admirable interprète de la nature comprend, comme Raphaël et comme M. Ingres, qu'un portrait parfait doit être l'idéal de l'homme qu'il veut représenter, et il n'a jamais failli à ce précepte. FLERS Camille , n os 1127-1133. Paysage. Combien d'artistes, en prenant de l'âge, cessent de recevoir l'im@pression fraîche et inspirée de la nature, et rhabillent @avec les clinquants et les oripeaux du savoir-faire, les émotions flétries de leur jeunesse ! Ce n'est point là le cas de M. Fiers ainsi que Corot, dont il est souvent l'émule, ce vétéran du paysage courtise la nature comme aux jours ardents de sa jeunesse, et lui dérobe encore ses plus charmants secrets. FORTIN Charles , n os 1146-1151. Genre. Une grande bonhomie d'expression, avec une exécution vigoureuse et souple, qui ne cherche pas à nous tromper par une habile prestidigitation, et met toute sa finesse à copier la physionomie sincère des scènes intimes qu'il a sous les yeux. C'est le procédé du vieux et charmant Chardin, le Raphaël des petits ménages. FRANÇAIS Louis , n os 1167-1169. Paysage. On repro@chait jadis à cet aimable peintre d'être trop dans ses tableaux l'artiste y tenait la place de l'art et se mani@festait dans les détails avec tant d'abondance, qu'il semblait se multiplier pour satisfaire à toutes les admi@rations partielles qui débordaient de son coeur et se répandaient sur la toile en particularités ravissantes, mais dont la cohue étouffait l'ensemble. Aujourd'hui, M. Français, simple et savant, sait ramener à l'unité ses vives et nombreuses impressions, et ce talent de concré@tion qu'il a acquis, égayé d'ailleurs par les aimables émotions de sa poésie naïve et sincère, fait de lui l'un des plus charmants paysagistes de notre école. FRÈRE Edouard , n os 1173-1176. Genre. Encore un @des petits maîtres modernes de la lignée de Chardin. Il borne son ambition a la philosophie d'Alfred de Musset son verre est petit, mais il boit dans son verre, et il met sa seule présomption à le remplir d'un vin géné@reux. FROMENTIN Eugène , n os 1184-1189. Genre et paysage. Littérateur autant que peintre, M. Fromentin possède le don de description au suprême degré. Quand la nature a passé devant ses yeux attentifs, elle lui appartient tout entière, physionomie et poésie, corps et âme, et il la reproduit avec un cachet de grandeur et de vérité très-rare. Je ne l'ai jamais vu plus harmonieux, mais je l'ai souvent trouvé plus ferme et plus précis. On brouil@lard épais semble se placer entre ses toiles et l'oeil du spectateur, et amollit les formes dont il efface le mo delé. On pourrait définir sa peinture telle, qu'elle se for@mule cette année un à peu près grandiose. GAUTIER Amand , n os 1225-1227. Portrait. Un nouveau venu qui peint avec l'assurance d'un maître. Il vise au réalisme, il y atteiflt presque, mais sa peinture n'est pas encore assez savante pour dissimuler par où elle pèche, et elle pèche par le goût et la fermeté. Il faut constater d'ailleurs dans ses oeuvres un grand effort tout près d'aboutir au succès. GÉRÔME Léon , n os 1248-1253. Genre historique. Beaucoup de savoir, trop d'esprit, et pas assez de goût pour contenir dans une limite délicate une invincible propension au libertinage artistique. L'auteur de la Phryné et des Augures croit remonter aux sources pures de l'antiquité, en déshabillant à la grecque des grisettes du faubourg Saint-Marceau et des convives de la Courtille mais il oublie que @la nudité n'est décente qu'autant qu'elle est, pour ainsi dire, vêtue de sa splendeur. Cette Phryné cagneuse et maigre, dont les hanches déprimées portent encore le stigmate du corset, comme ses jambes montrent le sillon de la jarretière, n'est qu'une effron@tée. Fi la vilaine, avec ses vilains gros pieds ! Combien il y a plus de véritable savoir, @et de carac@tère, et de couleur locale, dans le Rembrandt faisantmordre une planche à l'eau forte, et dans le Hacht-paille égyp@tien ! mais aussi comme il y a moins de prétention et de partis pris ! M. Gérôme est un arrangeur à la façon de M. Delaroche il doit à son maître, à son influence, à son souvenir, la meilleure part de son talent que ne lui a-t-il emprunté cette merveilleuse entente des con venances, qui tenait presque lieu de génie à l'auteur de l' Assassinat d'Henri III ? GIGOUX Jean , n os 1263 et 1264. Portrait. Un Français nourri d'études italiennes, et dont la peinture ferme et @colorée rappelle l'énergie des Carrache et la souplesse du Guide. GINAIN Eugène , n° 1267. Genre historique militaire. Élève de Charlet, M. Ginain a reçu de son maître l'art @@de caractériser d'une touche mâle et spirituelle la phy@sionomie de l'uniforme et l'allure du soldat. Il excelle à donner par une inépuisable variété de l'intérêt à ce qui en offre le moins en peinture, à des masses développées en colonnes de marche. GIRARDET Karl , n os 1275-1280. Paysage. De l'esprit dans la composition, du goût dans@ l'arrangement, un choix judicieux des sites, et l'exécution la plus agréable@ment facile qu'on puisse voir, voilà les paysages de M. Girardet, un des plus brillants enchanteurs de la peinture moderne. GOURLIER Paul , n os 1351-1354. Paysage. M. Gourlier cherche la poésie dans l'élégance des formes. Il se rat@tache par le sentiment à l'art tout poétique dont M. Co@rot donne la plus complète, expression mais par la vigueur et le coloris il effleure l'école des imitateurs exacts de la nature. Il s'est fait entre ces deux genres également intéressants une individualité très-nette et très-distinguée. GUDIN Théodore , n os 1388-1392. Marine. La peinture de M. Gudin est à là marine ce que celle d'Horace Ver@net est à l'histoire militaire le triomphe du savoir, de l'habileté, de l'entente inimitable du sujet, et par-dessus tout de la difficulté vaincue. A force d'esprit, d'abon@dance, et par une magie qui n'appartient qu'aux grandes organisations artistiques, il étonne, il séduit, et fait devi@ner la nature là où il semble que l'imagination seule a dû prendre part. HAMON Louis , n os 1432-1436. Genre. Choisissez un sujet familier, enfantin de préférence disposez-en la composition de l'air le plus naïf que vous pourrez prendre restreignez la perspective à un plan, à deux au plus, à la façon des peintres primitifs, et le costume au plus simple appareil. Pour peu que vous ajoutiez à ce programme un modelé très-effacé, un coloris à peu près monochrome, vous aurez créé un genre et vous de@viendrez peut-être célèbre tout comme M. Hamon. Quel@ques esprits que rien ne satisfait trouveront vos tableaux monotones, peut-être même ennuyeux, qui sait ? Laissez dire. Est-ce que la peinture a jamais été faite pour re@présenter la nature ? La peinture est une fantaisie, un jeu, un moyen plus ou moins ingénieux, plus ou moins agréable d'occuper un instant les yeux demandez plu@tôt à M. Hamon. HANOTEAU Hector , n os 1440-1442. Paysage. Telle n'est pas l'opinion de M. Hanoteau. Pour celui-ci la na@ture est un spectacle immense et varié à l'infini dont chaque scène parle au coeur le langage imagé de la poésie. Là on rêve au bonheur, ici à l'abondance, ail@leurs à l'amour, au mystère plus loin au calme d'une vie simple plus loin encore à l'activité, à la lutte, au travail partout on admire la grandeur de l'oeuvre di@vine, et l'âme de l'artiste s'épanouit à toutes ces splen deurs@, elle s'y abandonne en pleine liberté. Puis quand l'heure du recueillement a sonné, il rassemble au fond de son coeur émotions et souvenirs, admirations et rê@veries, et, d'une main docile que le savoir guide et sou@tient, il retrace sincèrement ce qu'il a vu, et le tableau qu'il nous en donne nous offre à la fois et l'image de la réalité et l'expression des sentiments qu'elle a fait naître en lui. C'est un grand charme de voir la nature par les yeux de M. Hanoteau, car il nous la représente avec une éloquence, bien séduisante. HARPIGNIES Henri , n os 1449, 1452. Paysage. Moins magistrale et moins puissante que celle de M. Hanoteau, la peinture de M. Harpignies est dans une gamme ana@logue. C'est encore là un art bien portant et convaincu qui n'attendra pas longtemps le succès. HAUTIER mademoiselle Eugénie , n os 1460-1463,. Genre et nature morte. Un talent viril enveloppé de toutes les grâces de la femme une exubérance de vi@gueur et de coloris avec une certitude de brosse, une fermeté de dessin et une variété de talent qu'on trouve rarement réunis à un pareil degré. HÉBERT Ernest , n'a 1464-1466. Portrait. Erreurs d'un grand peintre ce qui nous assure de la part d'un tel artiste une revanche éclatante. HERBELIN madame Mathilde , n os 1487-1490. Dessins. Ennuyée de s'entendre dire éternellement qu'elle est la première entre tous les miniaturistes de Paris, madame Herbelin a voulu s'essayer dans un genre nouveau. Elle joue vraiment de malheur la voilà, de prime saut, la première dans cet art charmant de faire vivre et pal piter un joli visage sous le modelé moelleux de la sanguine. @@HOFER Henri , ns 1533-1538. Portrait. Jetez les yeux sur la tête de jeune fille, n° 1536, vous ne pourrez plus les en détourner un miracle de beauté renouvelé par un miracle de peinture. HUET Paul , n os 1565-1570. Paysage. M. Paul Huet est un des représentants de la forte et puissante école romantique qui florissait il y a vingt-cinq ans. Ni la na@ture@, ni la tradition ne sont un but pour lui. La tradi@tion ne saurait arrêter sa verve, et la nature ne joue d'autre rôle dans son art que de fournir une forme pré@cise et palpable aux créations abondantes de son ima@gination. Aussi, peu de paysagistes ont-ils une indivi@dualité plus caractérisée que la sienne. JACQUE Charles , n os 1613-1616. Animaux. Le Lava@ter des moutons et des poules il les reproduit avec une exactitude de Flamand, et met tant d'esprit et de phy sionomie dans ces petites compositions mouvementées, vivantes, bêlantes et caquetantes, qu'il réussit presque à tout coup à leur donner l'intérêt d'un drame intime ou d'une comédie de moeurs. @JALABERT Charles , n os 1626, 1627. Portrait. La peinture de M. Jalabert est l'expansion élégante de ce goût d'arrangement et de détail qui caractérise les élè@ves sérieux de Paul Delaroche. M. Jalabert peint comme devrait peindre M. Gérôme, si M. Gérôme parvenait à se@ guérir de la @pompéiomanie chronique dont il est atteint. atteint. JEANRON Auguste , n os 1650-1656. Genre et paysage. M. Jeanron se plaît à peindre, cette année, le côté calme et pittoresque de la guerre. Les sujets rappellent, il est vrai, les noms devenus immortels de Melegnano, de Solferino, etc. mais dans ces tableaux, inondés de lu@mière, sous ce ciel diapré de mille feux, aucun bruit sinistre ne vient troubler la quiétude du paysage. Le sol@dat n'y figure qu'en simple touriste, et vraiment c'est là une charmante façon et des plus ingénieuses de perpé@tuer le souvenir de nos gloires.@@ LAMBRON Albert , n os 1775 et 1776. Genre. Celui-ci débute, et, dès son premier pas, il casse les vitres. Gare là-dessous, c'est un tempérament de peintre qui se manifeste..... à la façon de Courbet et de Doré. L'idée de son repas de croque-morts est originale. Celle du Mercredi des Cendres est ingénieuse, et qui mieux est, heureuse. Un pierrot et un arlequin sortent d'un bal vers les hauteurs de Belleville, et les deux joyeux drôles se heurtent à un cocher de corbillard. Le sceptique arle@quin salue en goguenardant pierrot, l'âme enfantine et superstitieuse, se détourne avec une contrainte visible, et semble côtoyer une colique. Caprice amusant, pein ture facile et entreprenante. Je le répète, il y a là un peintre.... Nous l'attendons au second tableau. LAMI Eugène , n os 1777 et 1778. Genre, @@aquarelle. Quel aimable, quel élégant, quel grand artiste ! Le su@perfin du bonheur serait de lire Musset imprimé sur vé@lin@, dans un salon dont les lambris seraient tapissés de ces incomparables dessins, les vrais, les seuls types pos sibles à rêver pour@ personnifier les créations du poëte. Ah ! si Curmer était le propriétaire des oeuvres com plètes de Musset, la librairie française compterait bien@tôt une gloire de plus. LAPIERRE Émile , n os 1800 et 1801. Paysage. Senti@ment délicat, nature élégante peu de souffle, mais beaucoup de distinction. LEGENDRE-TILDE Isidore , n os 1887-1890. Nature morte. Des rapprochements heureux, une ingénieuse combi@naison dans la composition, donnent un intérêt charmant à des sujets qui n'ont ordinairement d'autre attrait que le mérite d'une habile reproduction de la réalité. L'histoire a fait grand bruit des Raisins de Zeuxis ils n'ont trompé que des oiseaux par l'artifice d'un relief savant la Picciola de M. Legendre fait répandre des larmes, et le coeur ne se trompe jamais. LEGROS Alphonse , n° 1900. Genre. Vous vous rap@pelez un Enterrement à Ornans, qui fit monter Courbet au pinacle. L' Enterrement à Ornans a eu pour M. Legros l'inconvénient de venir avant son Ex-voto. C'est-à-dire que M. Legros suit le chemin battu par M. Courbet. Le chemin est bon, et pourvu que le jeune émule ne prenne pas les ornières pour les pas de son devancier, il a chance d'arriver sain et sauf au but. LELEUX Adolphe , n os 1907-1909. Genre rustique. Quand M. Leleux apparut, il y a quelque vingt ans, ce fut dans les arts un grand cri d'enthousiasme le dé@butant avait le ton d'un maître. Le maître a gardé très-intactes les précieuses qualités de jeunesse, mais il a acquis le savoir, la certitude, l'expérience, et il ne pro@cède plus, presque à coup sûr, que par des chefs-d'oeuvre. LEMAN Jacques , n os 1926-1930. Genre historique et portrait. Étudier la physionomie d'une époque, le caractère des costumes réunir dans une composition correcte, élégante, mais un peu froide, les grandes figures d'une époque, et les mettre en scène avec l'apparat des céré@monies de cour ou dans le déshabillé des Mémoires du temps, voilà le talent de M. Leman. Talent charmant, qui sera complet quand à toutes ces excellentes qualités le peintre ajoutera plus de vigueur, plus de verve, plus de tempérament. Il le peut, voilà pourquoi nous le lui demandons. LEPOITEVIN Eugène , n os 1955-1960. Genre et ma@rine. Roqueplan, in amico redivivus.... comme disent les vieilles inscriptions. La gaieté, la vie, l'esprit, le coloris de cette poétique école, qu'on appelait autrefois romantique, sont en toute leur effervescence juvénile dans ces aimables toiles d'une des plus abondantes imaginations d'artistes qu'on puisse désirer. MARCHAL Charles , n° 2105. Genre. Un bon et cor@rect sentiment de la réalité, l'amour du simple, rehaussé d'un certain goût naïf, qui ne cherche jamais à s'épan cher au delà des limites du vrai. Excellent tableau, peintre d'avenir.r. MARQUIS Charles , n° 2119. Genre historique. Com@position voulue, sentie, rendue avec art, peinte avec science. Heureuse production, d'un talent sévère et @@convaincu. MATOUT Louis , n os 214@8-2152. Genre historique, portrait. De la vigueur, du style, un souvenir judicieu sement invoqué des études puisées aux sources véni@tiennes des allures puissantes, avec une touche magis trale telles sont les qualités du jeune et savant auteur des décorations de l'École de médecine et de l'hôpital de Lariboisière. MEISSONNIER Ernest , n os 2184-2189. Genre. Le plus complet et le plus grand des petits peintres ou plutôt des peintres en petite car bien des gens peignent l'his@toire qui n'ont ni une valeur égale ni une aussi grande manière.@@ @La peinture de Meissonnier, c'est l'esprit et la préci@sion, la finesse et l'observation, la nature dans ce qu'elle a de plus piquant, l'art dans ce qu'il a de plus vif et de plus précieux. Son Musicien n° 2186 est une mer@veille d'expression et de vérité. @MICHEL Émile , n os 2248 et 2249. Paysage. M. Émile Michel court à la poésie par le chemin de la nature réelle, il en aime les harmonies, il en interroge les mys@tères, et réussit souvent à nous les révéler. Je le trouve néanmoins plus à l'aise et plus sincère dans la traduc@tion du paysage rustique que dans les entreprises semi-historiques qu'il a tentées cette année. MILLET François , n os 2252-2254. Genre rustique. M. Millet a saisi depuis longtemps le caractère mélan@colique et fatal de ce martyre lent et sans compensa@tions appréciables pour nous autres citadins, qu'on ap@pelle la vie des champs. Il excelle à le reproduire dans ses nuances les plus fugitives, et avec une énergie qui donnerait à croire que s'il ne les a pas devinées, il a éprouvé lui-même les douleurs et les joies de ces créa@tures déshéritées. Je ne sais rien de plus touchant que cette villageoise qui fait manger son enfant. Malgré la grossièreté de sa nature, et peut-être même à cause de cela, car le contraste est plus vif, une grâce indéfinis@sable enveloppe cette jeune paysanne, prête un charme exquis à sa sollicitude, et la rend presque belle. Dans l' Attente , sujet emprunté à l'histoire de Tobie, l'âge et les fatigues se @lisent dans l'attitude de la vieille mère, tandis que la cécité du père se traduit d'une façon saisissante dans les moindres détails de sa pose. Cette peinture suscite des récriminations et soulève des critiques. On reproche à M. Millet de choisir des types vulgaires et laids. C'est là une erreur il n'y a de vulgaires et de laids que les types dégradés le spectacle de la forte et cou@rageuse nature élève l'âme, et prépare les émotions bienfaisantes. MONGINOT Charles , n° 2269. La Redevance, heureux prétexte pour faire valoir une riche palette, une touche grasse et ferme, et déguiser par la magie de la brosse et la variété du coloris les défaillances d'un dessin encore inexpérimenté. MONTALAND Mademoiselle Céline , n° 2281. L' An@cienne tour de Rhodes. Avant de faire ce tableau, made@moiselle Montaland n'avait jamais peint, dit-on. Elle pro@fita de ses accointances avec les fées... du Pied de mouton pour devenir peintre d'un seul coup de baguette. J'ignore ce qu'il y a de vrai dans cette légende mais pour l'honneur de la peinture, je souhaite qu'elle soit fausse.usse. MULL@ER Charles , n os 2335-2337. Genre. Madame mère _ n° 2335 . Madame Laetitia se retira à Rome en 1814 vêtue d'une robe de deuil, qu'elle ne quitta ja@mais depuis la mort de Napoléon, ayant assises, à quel que distance d'elle, deux vieilles dames corses, tricotant ou lisant elle contemplait le portrait en pied de l'em@pereur, ou filait au fuseau. Telle est la notice du ta@bleau de M. Muller charmante littérature, peinture à l'avenant. NANTEUIL Célestin , n° 2361. La Charité, ou plutôt l' Aumône. Au pied d'un escalier de marbre, à l'entrée d'un parc vénitien, de belles femmes et de riches sei@gneurs secourent des pauvres. M. Nanteuil a tiré de cette idée, vêtue à l'italienne, un délicieux tableau, orné de tous les trésors d'une palette prodigue. O'CONNELL Madame Frédérique , n os 2395 et 2396. Portrait. La beauté fleurit comme les roses sous les doigts de cette enchanteresse. Un reflet du soleil qui éclairait Van Dyck illumine sa peinture, et le trio des Grâces l'effleure de son souffle divin. Madame O'Connell est le peintre-né des jolies femmes, et aussi des expres sions puissantes et sublimes son étude au crayon d'a@près Rachel morte est une inspiration de la poésie la plus élevée. C'est précisément ce portrait qui donna lieu au procès dont on a tant parlé. En proposant l'ex@position de cette oeuvre, après en avoir sollicité et ob@tenu la destruction, la famille Félix se donne, ce me semble, un assez singulier démenti. PALIZZI Joseph , n os 2419, 2420. Paysage et animaux. Cet émule de Troyon travaille avec succès à devenir un rival du maître. PELLETIER Laurent , n os 2465-2483. Aquarelle et pas@tel, paysage. Cet habile et incomparable artiste fait ren@dre à l'aquarelle tout ce qu'elle peut donner en vigueur, en souplesse, et parvient même à lui faire exprimer la vérité. C'est beaucoup plus que ce qu'on est en droit d'exiger d'un genre jusqu'ici réputé secondaire. M. Pel@letier l'a élevé à la taille du grand art. PENGUILLY Octave , n os 2484-2486. Genre historique et paysage. L'imagination a beaucoup plus de part que la nature dans les inspirations de cet artiste. Il est sans contredit l'un des inventeurs les plus féconds et les plus originaux de l'école contemporaine il a le sen@timent profond, du style et une peinture ner@veuse et colorée. PILS Isidore , n° 2555. Bataille de l'Alma. M. Pils est le peintre contemporain qui saisit et rend le mieux l'allure toute particulière du troupier français, cette dé@sinvolture à la fois martiale et goguenarde, cette habitude de mouvement et de tenue inhérente à chaque arme. Horace Vernet dans ses meilleurs jours n'a jamais mieux fait, quant aux épisodes mais il conserve sur M. Pils un avantage incontestable dans l'art de généraliser une action et de détailler des masses. POMMEYRAC Paul de , n os 2574-2578. Portrait à l'huile et en miniature. Cet artiste, heureusement doué, intro@duit dans la miniature toute la largeur et la puissance de la peinture à l'huile et conserve dans cette dernière la finesse et la grâce de la miniature. PUVIS DE CHAVANNES Pierre , n os 2621, 2622. Peinture murale. Cet artiste est un penseur, aussi est-il très-peu peintre. Il trace une idée sur la toile sans se préoccuper du procédé, persuadé qu'il est que son rôle est rempli quand il a@ rendu perceptible l'expression de sa pen sée. Ses tableaux de la Paix et de la Guerre sont plutôt des cartons colorés que des peintures proprement dites, et rien ne prouve qu'il saurait les produire avec la for@midable puissance d'un Delacroix ou l'exquise fermeté d'un Ingres mais à coup sûr, et tels qu'ils sont, ils pos@sèdent le style, une entente magistrale de la compo@sition et le caractère grandiose de l'art historique dé@coratif. @@RANVIER Victor , n os 2643-2645. Genre et paysage.@ Une poésie fiévreuse, un style énergique presque jus@qu'à la brutalité, une sorte de mysticisme indécis et tournant un peu au fantastique, tels sont les caractères principaux de la peinture de ce nouveau venu, qui n'est certes pas un artiste ordinaire. Il a de la force dans le coloris et une vigueur d'accentuation qui révèlent un peintre accessible aux inspirations élevées. BIEDEL Auguste , n os 2687-2689. Genre. La foule se presse devant ses Baigneuses n° 2687 . Est-ce donc un chef-d'oeuvre ? Non, c'est tout bonnement un trompe l'oeil, un de ces effets de lumière qui sont un des jeux de l'art, et que le public, trop ignorant des procédés de la peinture pour en apprécier les résultats à leur juste valeur, prend pour des traits de génie. C'est ingénieux, peut-être habile, mais certainement d'un ordre très-secondaire. ROLLER Jean , n os 2714-2719. Portrait. Belle et bonne peinture, souple, élégante, et d'un style éminemment distingué. Le portrait de M. Boitelle n° 2714 est un des plus beaux du Salon et se classe immédiatement @après ceux de M.@H. Flandrin. ROZIER Jules , n os 2746-2749. Paysage. Aimable im@pression des aspects riants de la nature rendue avec une sincérité parfaite et un goût très-distingué. SALMON Théodore , n os 2787-2790. Genre rustique et animaux. On tient trop rarement compte aux peintres des efforts qu'ils font pour rendre dans un ensemble restreint, mais harmonieux, les richesses, les variétés infinies et les difficultés de la nature. M. Salmon a peint de petits sujets champêtres qui, par la science, par@@ l'amour et le respect de la nature qu'ils révèlent, par la finesse de l'observation et le charme de l'exécution, font penser aux jolis tableaux flamands, qu'on ne place au-dessus d'eux qu'en raison de leur ancienneté. @@SAND Maurice-Dudevant , n os 2798-2800. Genre et @paysage. Du@ cachet, de l'originalité et ce caractère vi@vant et spirituel qui donne un charme si saisissant aux Masques et Bouffons du jeune et brillant artiste. SCHANDEL Pierre Van , n° 2815. Une jeune fille de@vant une échoppe effet de lumière . La lumière pour ce descendant bien descendu de Rembrandt, c'est la flamme qui clapote à la mèche fumante d'une chandelle. Le procédé de ce genre, si bien fait pour plaire à M. Pru@dhomme, est très-simple il consiste à couvrir une toile d'une couche limpide de terre de Cassel @on enlève en jaune brillant, vers le milieu@, une flamme de chandelle et sur le fond quelques silhouettes bordées d'un trait rougeàtre du côté de la lumière et d'un trait noir du côté opposé. On remplit le vide par une couche plate de bitume, et le tour est fait. Soyez sûrs que si cela réussit à M. Van Schandel ou de la Chandelle, ce n'était pourtant pas là le procédé de Rembrandt. SCHULER Théophile , n os 2845-2847. Dessins. M. Schu@ler donne au dessin la force et le coloris de la peinture à l'huile. Ses compositions très-abondantes, très-ani@mées, ont un caractère dramatique d'une puissance ex@traordinaire et une originalité qui leur prête beaucoup de charme. STEVENS Alfred , n os 2016-2919 bis. Genre. Cet ar@tiste flamand a conservé de sa vieille école natale la finesse et la @précision dans la forme, ainsi que le don précieux de la couleur mais il a emprunté à l'école française, au sein de laquelle il obtient ses plus beaux succès, l'esprit d'élégance et la distinction suprême qui, dans la peinture de genre, représentent le style du grand art. On ne saurait peindre avec plus de grâce qu'il le fait des sujets plus simples, plus familiers, et pour tant plus intéressants. M. Stevens n'a pas de rival dans cet art, dont l'introduction chez nous lui appartient tout entière. STEVENS Joseph , n os 2920-2922. Genre. M. Joseph Stevens a entrepris depuis longtemps une oeuvre à la Balzac qu'il poursuit avec autant d'ardeur que de succès c'est la Comédie humaine..... des chiens. Il peint avec une puissance et une verve qui font penser à Guillaume Kalf et à Ostade, des intérieurs d'un effet plein de vigueur et de vérité. Il les anime avec infiniment d'esprit par des personnages de la race canine, qu'il paraît avoir étudiée et connaître à fond. Il sait leur donner non-seulement beaucoup de physiono mie, mais aussi une expression d'un naturel exquis et vraiment intéressante.@@@ TABAR Léopold , n os 2927-2928. Histoire et genre. Un peintre de la vigoureuse lignée de Géricault par malheur il tempère l'énergie de cette école par une mélancolie douce qui enlève à son exécution quelque chose de la vivacité dont on remarque l'influence dans sa composition. TILLOT Charles , n° 2959. Dessous de forêt. M. Charles Tillot a préludé à la culture de paysage par de fortes études esthétiques à l'époque où il rédigeait si judicieu@sement le feuilleton d'art du Siècle. Il applique aujourd'hui, selon les procédés de notre excellente école de paysage, les principes qu'il soute@nait naguère de sa plume sincère et convaincue, et si l'art a perdu un critique autorisé, il a retrouvé un adepte habile. TISSOT James , n os 2969-2974. Genre. Un grand mal@heur pour cet artiste inconnu jusqu'ici, c'est d'arriver après le fameux Leys d'Anvers, le @même qui reçut les honneurs du triomphe à sa rentrée dans sa bonne ville après avoir conquis la France en 1855. La foule, habituée à juger sur les apparences, va croire que M. Tissot est un copiste parce que ses tableaux présentent quelque analogie d'aspect avec ceux du pasticheur émérite de l'ancienne école de Bruges. M. Tissot est un poëte il a le don de l'expression dramatique, une imagination brûlante, et il puise dans son propre fonds des idées qui sont bien à lui. Il est évident qu'il n'a aucun rapport avec le fameux M. Leys. TOULMOUCHE Auguste , n os 2977-2982. Genre. Le clair de lune de M. Stevens, et par conséquent pâle comme tous les clairs de lune. TOURNEMINE Charles de , n os 2983-2987. Paysage. Depuis tantôt trente ans on nous représente un Orient de fantaisie qui semble emprunté aux conventions ca@pricieuses de l'Opéra. M. de Tournemine a soumis la peinture orientale à l'étude de la nature, et il nous re@présente l'Égypte et l'Asie Mineure par les procédés qu'emploie M. Daubigny pour reproduire un paysage de Ville-d'Avray ou de Meudon. Peu de palettes offriraient d'ailleurs des tons aussi riches, des nuances aussi déli@cates que celle de M. de Tournemine, qui tient à la fois de Marilhat et de Corot. VETTER Jean , n os 3051-3052. Genre. Ce Jean ne s'en alla certes pas comme il était venu. Il était venu avec un médiocre Bernard de Palissy, il s'en alla, dit-on, avec 25,000 francs. On a bien raison de dire que les vivres sont hors de prix. VIDAL Vincent , n os 3057-3064. Dessins. M. Vidal est au dix-neuvième siècle le peintre de la réalité gracieuse au même titre que l'était Watteau au commencement du dix-huitième. Sans se préoccuper des artifices de l'art, il va droit au but en prenant la nature pour modèle et son goût exquis pour guide. Il est peut-être, après Ga@varni, mais dans un autre ordre d'idées, le peintre mo@derne qui a le mieux compris le type adorable de la Parisienne, la seule femme qu'il faudrait mettre dans l'Arche s'il survenait un nouveau déluge. WINTERHALTER François . Ah ! si M. Vidal avait été chargé de faire ce portrait de l'Impératrice qu'a commis l'auteur du Décaméron, quel chef-d'oeuvre nous aurions admiré ! YVON Adolphe , n° 3132. L'Empereur à Solferino. J'ai lu ce drame terrible, émouvant, glorieux, qu'on appelle le bulletin de la bataille de Solferino j'y ai vu @dans le langage concis de la victoire des lignes dont l'énoncé était à lui seul un programme de tableau - à en supposer que le peintre s'appelât Gros, Delacroix ou Vernet. - De tout ce bruit, de toutes ces grandeurs, de tout ce drame, de toute cette gloire qui offraient un si vaste champ à sa muse, M. Yvon n'a rien vu, rien senti, et ce qu'il intitule Solferino, 24 juin, pourrait tout aussi bien s'appeler Camp de Châlons ou Champ de Mars. C'était vraiment bien la peine que l'empereur Napo@léon III gagnât l'une des plus belles victoires du siècle pour que son peintre ordinaire en limitât les proportions à une cavalcade d'état-major ! Décidément M. Théodore Devilly est le seul peintre qui ait compris Solferino au Salon de 1861. ZIEM Félix , n° 3134. Un triptyque représentant Ve@nise. Une palette enchantée, une brosse magique, une @observation pleine à la fois d'esprit et de sentiment, voilà par quels moyens le peintre séduisant de la belle infortunée qu'on appelle Venise a su rendre nouveaux et intéressants des sujets que la main magistrale du Ca@naletti semblait avoir rendus impossibles. Mais il n'est pas d'impossibilité pour le talent. Ne voilà-t-il pas à côté de l'incomparable Venise de M. Ziem une autre Venise, incomparable, diaprée de mille feux éblouissants, lim@pide et colorée comme la nature elle-même, et due au pinceau de M. Jean Lucas, le Canaletti de l'aquarelle?
A-Z ou LE SALON EN MINIATURE. Paris, fatigué des brochures, des questions brûlantes, des drames neufs ou d'occasion, du froid, de la lune rousse, et de tout ce qui l'occupait la semaine dernière, Paris est tout entier au salon de peinture. Gérôme, Stevens et Lambron Pils, Yvon, Devilly et Puvis de Chavanne Courbet, Corot, Français, Hannoteau et Desjobert Dubuffe, Flandrin et quelques cent autres que nous nommerons plus loin, sont en ce moment les héros dont on parle et dont on parlera, ..... pendant huit jours au moins puisqu'il faut qu'un nom soit toujours dans toutes les bouches et personnifie l'intérêt de l'heure présente, Garibaldi ou Gortschakoff, Cavour ou François de Bourbon...... en attendant qu'une Rigolboche nouvelle éclose un de ces soirs à la lueur des lanternes de Mabille. D'ailleurs, et à part l'attrait vainqueur de la nouveauté, ce salon de peinture mérite à plus d'un titre qu'on s'en occupe un peu. Il est très-satisfaisant et rempli d'excellentes promesses non pas qu'on y trouve telles individualités hors ligne, météores éblouissants qui font pâlir les astres d'alentour, mais, ce qui vaut infiniment mieux, parce que l'avenir de l'école contemporaine semble s'y dessiner nettement sous des couleurs très-favorables. On y constate, à première vue, que le niveau de l'art tend à s'élever dans des proportions notables. La moyenne du talent y est évidemment très-supérieure à ce qu'elle était il y a sept ou huit ans, et, pour quiconque sait regarder et comprendre les productions du pinceau, il est facile de reconnaître qu'il s'opère parmi la génération actuelle un effort puissant, sinon pour régénérer, du moins pour fortifier l'art, depuis longtemps affaibli par le doute et l'indécision. L'un des vétérans de la critique et l'un des plus autorisés par de longues et fortes études, M. Delécluse, faisait hier, dans le Journal des Débats, une remarque aussi profonde que judicieuse Tant que les arts ont pour objet, disait-il, d'exprimer les croyances religieuses et de s'appuyer sur les grandes institutions sociales, les artistes célebres qui ont autorité sur le public forment et dirigent son goût mais à mesure que l'art, abandonnant successivement les hauteurs où il a pris naissance, descend vers la réalité et tombe même jusqu'aux vulgarités de la vie, le gros du public impose de plus en plus son goût, jusqu'au moment où l' amateur , disposé à payer ses fantaisies au prix de l'or, détourne complétement l'artiste de sa véritable vocation, et change le but de l'art. En effet, il fut un temps encore peu éloigné de nous où quelques sublimes individualités, telles que David, Prudhon, Géricault, Ingres, Delacroix, Ary Scheffer, Decamps et quelques autres, animés de l'enthousiasme du génie, entraînèrent et captivèrent leur génération en imposant à chacun, selon son tempérament, les principes d'un art vigoureux et fécond et le culte d'une grande idée. Cela dura tant que les convictions furent en honneur dans la société militante mais l'anarchie ne tarda pas à pénétrer dans les arts à la suite des petites passions et des tendances matérielles favorisées par cette fièvre de gain dont les accès ont si péniblement affecté les forces vives de la France, depuis une dizaine d'années. Si le mal qui avait atteint déjà un grand nombre d'artistes et les portait à abuser d'une facilité fatale, au profit des jouissances grossières de leurs pitoyables Mécènes, avait continué ses ravages, la cruelle prédiction du critique des Débats n'aurait pas tardé sans doute à s'accomplir jusque dans ses plus funestes conséquences. Heureusement la réaction commence à s'opérer et, je le répète, l'ensemble du Salon indique une tendance marquée chez les peintres à s'affranchir du joug des corrupteurs du goût, pour suivre en pleine liberté l'essor de leur inspiration ou la loi des études sérieuses. La peinture de paysage, qui place à toute heure l'artiste en présence de la nature et tend sans cesse à aiguillohner dans son esprit l'instinct de la poésie, est loin d'être étrangère au progrès de l'école. Le retour aux études sincères, à la recherche assidue des relations qui doivent exister entre l'expression de l'art et les mystères de la nature, est dû tout entier aux paysagistes, qui réunissent et résument aujourd'hui dans leur genre, élevé jusqu'à son apogée, toutes les données de l'art les uns cherchant à faire jaillir la poésie de l'expression matérielle de la réalité, les autres revêtant les créations poétiques de leur génie des apparences de la nature, vue et saisie dans ses formes les plus élégantes. La peinture de genre, adoptant les principes formulés par les écoles, du paysage, entre à son tour dans cette voie généreuse à l'issue de laquelle l'art moderne doit infailliblement trouver la forme nouvelle de l'art historique et religieux. C'est en effet dans les besoins du présent, et non dans les traditions du passé, que le grand art trouvera le secret de sa régénération. La tradition ne peut être qu'un exemple et un guide il y aurait folie à vouloir éterniser, en face d'une civilisation nouvelle, de passions, de besoins, d'aspirations modifiées par des moeurs et des tendances intégralement opposées à celles du passé, un art dont la splendeur nous éblouit encore, précisément parce qu'il réalise jusqu'à la perfection l'harmonie qui doit exister entre l'état transitoire des moeurs, des idées, et les règles immuables du goût. Il ne s'agit pas, en fait d'art, de surpasser au dix-neuvième ou au vingtième siècle, les chefs-d'oeuvre du seizième, ou les splendeurs de l'antiquité. Je ne pense pas que cela soit possible, puisque la nature, type éternel, n'est pas plus belle qu'alors. La seule perfection à laquelle on doive aspirer est de formuler dans des productions épurées, si l'on peut, jusqu'à l'idéal, les relations qui existent entre l'immuable poésie et l'état présent des moeurs, des idées, des besoins et de lala philosophie, en tenant compte, bien entendu, des différences d'organisation qui font des hommes du même temps des êtres susceptibles d'être émus et impressionnés par les expressions artistiques les plus opposées. C'est ainsi que Phidias ou Praxitèle, que Raphaël, Titien, Corrége ou Michel-Ange, que Prudhon, Ingres ou Delacroix, peuvent et doivent simultanément soulever l'admiration des hommes et faire glorifier en eux le génie des arts. Les écoles partagent les époques sans les diviser, ou du moins il faut qu'il en soit ainsi car les écoles ne sont pas faites pour faire prévaloir un principe sur un autre principe, mais bien pour développer selon leurs règles respectives, le principe absolu du beau appliqué à leur façon particulière de sentir et à leur faculté spéciale d'exprimer. Le beau n'est absolu que dans la recherche idéale que l'artiste s'efforce d'en faire ce mot absolu ne saurait s'appliquer au mode d'expression dont le peintre ou le sculpteur demande uniquement la forme aux impulsions de son génie, de son tempérament, de ses sentiments, en un mot de sa propre et souveraine individualité. Ceci posé, le critique se trouve on ne peut plus à l'aise pour émettre ses opinions sur les oeuvres si nombreuses et si diverses qui sollicitent, au Salon, l'examen des curieux. Il n'a pas à s'enquérir de l'étiquette des manières il juge les peintres non pas d'après les préjugés d'une caste ou d'une classe, mais d'après leur oeuvre même, tenant pour bonne et louable toute production qui porte le cachet d'une conviction sincère, d'un effort courageux, d'un sentiment profond, toutes qualités qui éloignent l'artiste d'être le courtisan d'une coterie, et le flatteur d'une passion mauvaise ou d'un goût dépravé. N'ayant à faire aucune classification savante ou ingénieuse, il suivra l'excellente méthode adoptée par le directeur de l'Exposition, en plaçant ses critiques, comme sont placées les oeuvres d'art, par ordre alphabétique. A-Z ACCARD Eugène , n os 4-6. Charles IX chez Marie Touchet 4 . De l'observation, beaucoup de finesse dans l'expression. L'auteur a pris son sujet dans une oeuvre de Balzac, et il a eu l'esprit d'emprunter au sublime physiologiste l'art de composer et d'exprimer des physionomies dans les données de la nature et du caractère humain. ACHARD Jean , n os 7 et 8. Deux paysages. Plus d'imagination que de naïveté, plus de savoir-faire que d'étude mais, tels qu'ils sont, ces paysages ont la puissance de l'effet, la finesse de l'exécution, l'éclat du coloris. En faut-il plus pour faire un peintre aimable ? ALIGNY Théodore , directeur de l'École des Beaux-Arts de Lyon, n os 24, 25 et 26. Trois paysages de carton. J'entends dire que c'est là du style si le style est l'homme, j'estime que M. Aligny a dû étudier son art à Nuremberg sur ces petits paysages à pièces mobiles qu'on encadre, à l'usage des enfants..., dans de petites boîtes de sapin. ALLEMAND Louis , n os 30 et 31. Paysages. Toujours le buisson de Ruysdael mais quand on le reproduit avec cette maestria, cette vigueur, ce diable au corps, le critique accepte volontiers une imitation qui devient presque une originalité. AMAURY-DUVAL Eugène , n° 39. Portrait de mademoiselle Emma Fleury de la Comédie Française. Char mant portrait d'une charmante fille dont le talent gracieux fait souvent oublier la beauté. Un modelé fin, souple et serré, d'une vigueur qui n'exclut pas la grâce, avec des yeux et des lèvres où petille le plus spirituel sourire de Thalie, voilà le tableau applaudissez le peintre et le modèle. ANASTASI Auguste , n os 42, 43, 44, 45, 46 et 47. Paysages, vues de Hollande. Voilà, s'il vous plaît, la vraie Hollande, cette Venise brumeuse du Nord, non pas mesquine, épinglée à la façon de tels descendants bien descendus - qu'il n'est pas nécessaire de nommer- des vieux maîtres des musées mais large, puissante, et rendue nettement avec la conviction du poëte, avec l'élégance et l'esprit du pinceau français. Le Soleil couchant à Lynbann, n° 45, et le Troupeau, n° 47, sont deux oeuvres du premier ordre. J'aime moins l' Arc-en-ciel du n° 43 mais à tout péché miséricorde. ANTIGNA Alexandre , n os 62 à 69. Tableaux de genre. Il est toujours le peintre du drame de la vie du pauvre. Il se renferme cette année dans des scènes d'un sentiment plus intime que poignant. Il a risqué une échappée en pleine comédie dans ses Filles d'Ève, n° 62, petites maraudeuses qui font dévaliser à leur profit, par un garnement, le pommier du voisin. Cependant la comédie grimace, la terreur y domine, elle prend une teinte sombre, présage funeste de l'orage qui menace. Tout indique ici que nous avons plutôt affaire à de petites voleuses qu'à des espiègles en maraude. Si c'est cela que le tableau veut dire, le sentiment est bon, mais le titre est mauvais. Loin du monde, n° 64, est une manière d'idylle mo derne. Cette fillette dormant sur l'herbe, sans souci des indiscrétions de ses guenilles, rêve peut-être, sous bois, aux volants de Marco ou bien au tilbury de Rigolboche. APPIAN Adolphe , n os 78-82. Paysages. Un reflet de M. Daubigny quand M. Daubigny était encore dans toute la verdeur de ses impressions sereines mais un reflet vigoureux et tout près de rayonner à son tour. ARMAND-DUMARESQ Edouard , n° 83. Épisode de Solferino. Un digne élève de Couture de l'éclat, du feu, du coloris, une vigueur naturelle que rien n'arrête, pas même l'obligation d'arrêter plus correctement la forme et d'accentuer la physionomie. BALZE Paul , n° 113. Lapidation de saint Étienne. Le nom de M. Paul Balze est nouveau dans les exposi tions publiques. Il est connu des artistes par sa collaboration avec son frère aux belles copies des stances de Raphaël qui sont à l'École des Beaux-Arts. La manière de M. Ingres, dont un des caractères éminents est d'être avant tout individuelle, a ramené dans l'art contemporain tant d'avortons issus de la décrépitude du grand David, qu'on est heureux de trouver des esprits distingués, tels que MM. Balze ou Flandrin, aptes à saisir le principe fondamental du maître et puissants à le mettre en oeuvre sans tomber dans la servilité. M. Balze est un élégant et heureux Jules Romain du Raphaël de notre siècle. BARON Henri , n° 120. Retour de chasse au château de Nointel. Ce Vénitien de Paris a laissé, pour un jour, les satins diaprés et les sourires fleuris de ses blondes fantaisies il a fait, avec le bonheur inséparable des belles grâces, son apparition dans le monde réel de 1860. Rassurez-vous, c'est sous cette forme, nouvelle pour le peintre, d'un portrait de la vie moderne, la même élégance, le même art abondant et varié, le même coloris harmonieux et scintillant qui nous charmaient dans ses adorables fêtes galantes de l'Italie poétique. Tous les sujets peuvent fleurir et parfumer sous le souffle créateur du talent et de l'imagination. BARON Stéphane , n os 121-123. Tableaux de genre décoratif. Un rêve d'amour 122 . Joli rêve de trumeau. Galant, coquet, tout juste assez nature pour échapper à la pleine possession de la fantaisie mais néanmoins assez indiqué par l'étude de la forme pour se rattacher par le charme de la grâce à la réalité aimable. BARRIAS Félix , n os 124-129. Genre historique et portraits. Talent souple, distingué, toujours enveloppé d'une grâce native dont l'empreinte donne un charme peut-être un peu maladif, mais touchant, à son tableau de Malvina accompagnant Ossian aveugle n° 126 . Il y a de grandes qualités de couleur et de composition dans sa Conjuration chez des courtisanes de Venise n° 125 . Le portrait de femme 129 a des ardeurs de vie et des harmonies de fleurs, adorables sous un modelé ferme et magistral. BATAILLE Eugène , 140-142. Son Printemps 141 est une large peinture décorative remplie d'éclat et de lumière. BAUDRY Paul , nos 151-158. Habileté, savoir-faire une sorte de vulgarité fashionable, bien faite pour plaire à M. Tout-le-Monde, mais peu sympathique à ceux qui préfèrent l'art sincère aux facilités d'une brosse rompue au métier. M. Baudry pourrait donner l'idée d'un petit-fils de Boucher qui aurait mis un paletot à la mode et des gants Jouvin aux bergers du peintre des fêtes galantes. Je vois sans frémir l'attentat de Charlotte Corday, et sans m'incliner, l'apparence creuse et soufflée du vénérable M. Guizot car c'est là le propre de cette peinture des apparences et pas de fond. BELLANGÉ Hippolyte , n os 192-196. Toujours la même physionomie intelligente et énergique du troupier français toujours la même furie dans le combat, la même mélancolie sévère et majestueuse après la bataille. M. Bellangé est après Charlet l'artiste qui a le mieux compris et exprimé le caractère typique du soldat. Le portrait en action du général Mellinet à Magenta n° 196 est une superbe et large aquarelle. BELLET DU POISAT Alfred , n os 208 et 209. Les Belluai res, Diogène et Laïs. Composition ingénieuse, peinture solide, coloris puissant ou gracieux selon le sujet. Salut à ce nouveau venu, qui promet un maître. BESSON Faustin , n os 254-256. Madame de Pompadour posant chez Coustou et le Réveil du printemps sont de riches et abondantes productions, où la fougue du coloris s'unit à la grâce de la composition. C'est là, dans la symphonie de la fantaisie, une note charmante qui gagnerait à être plus soutenue et plus fermement accusée. BIDA Alexandre , n os 269-272. Dessins. Un dessinateur qui produit des dessins aussi puissants que des tableaux, d'une allure aussi magistrale que des fresques et précieux comme des miniatures. BISSON François , n os 277 et 278. Natures mortes. Bonne et solide peinture de décoration d'appartement, composée avec esprit, exécutée largement. BLIN Francis , n os 292 et 293. Paysages. Il regarde un peu plus par-dessus l'épaule de M. Daubigny que dans ses propres impressions mais au bout du compte il voit toujours la nature. BODMER Karl , n os 305-307. Paysages. Réalité très-poétique, nature bien vue, bien sentie, et parfois rendue avec la puissance de l'objectif et l'infaillibilité du soleil. BOHN Guermann , n os 310 et 311. Genre. Dans le coin 311 est une jolie petite étude enfantine, prise dans un sentiment analogue à celui qui inspire les naïvetés, trop souvent prétentieuses, de M. Hamon mais ici l'expres sion est familière, l'effet naturel et le résultat charmant. La fillette n'a pas été sage on lui a ôté sa belle robe de soie, et la voilà qui boude et se mord les doigts, en chemise, dans un coin du salon, à côté de sa poupée décapitée. Ah ! que la grâce est charmante quand elle n'est pas apprêtée ! BONHEUR Auguste , n os 317-319. Animaux. Une nature nette, luisante et sonore comme une casserole de rosette. Dans ces bruyères, sur ce pré, sous ces arbres, parmi ces troupeaux proprets, il ne manque par-ci par-là.... qu'une petite saleté qui dénote la vraie campagne du bon Dieu. Mademoiselle Rosa Bonheur n'a pas corrigé ces tableaux-là tant pis. Tels qu'ils sont, ce n'est guère que du Verbockhoven spirituel. BONHOMMÉ François , n os 320-326. Ces tableaux sont l'épopée du travail industriel. On y assiste au spectacle grandiose des luttes de l'homme contre la matière. Il y a toute une révélation dans cet art qui est peut-être une des formes fondamentales de l'art populaire de l'avenir. Cela vaut mieux que les interminables batailles qui foisonnent partout. BONNEGRACE Adolphe , n os 332-335. De beaux portraits puissants et colorés dans une manière toute française, mais inspirée par les maîtres vénitiens. Celui de Théophile Gautier est ruisselant de lumière. BOUGUEREAU Adolphe , n os 346-350. Genre historique et portrait. Est-ce là ce que produit l'École de France à Rome ? Restez donc à Paris, messieurs les peintres, il n'y manque pas de modèles à suivre aussi incolores, de peinture aussi vide, et pourtant aussi ambitieuse que celle-là. Triste emploi d'un savoir incontestable. Il ne lui manque que d'être échauffé par la conviction et fortifié par l'énergie de la passion. Heureusement Rome n'est pas toute où est M. Bouguereau car l'enseignement académique a produit M. Barrias, M. Pils, M. Flandrin, et bien d'autres. BOULANGER Gustave , n os 355-357. Genre historique. La Répétition du Joueur de flûte dans l'atrium de la maison romaine du prince Napoléon, est une élégante fantaisie moderne sur un mode antique. La composition est à la hauteur du cadre, c'est-à-dire une excursion ingé nieuse et réussie dans le domaine du passé. C'est charmant comme un caprice mais si c'est là un art voulu ou cherché comme l' Hercule aux pieds d'Omphale, n° 355, pourrait le faire craindre, ce n'est plus que de la manière et de la plus vicieuse car, dans ce dernier tableau elle n'a même plus l'excuse d'une restitution de l'art antique. BOULANGER Louis , n os 358-360. La Ronde du sabbat nous ramène au bon temps des odes et ballades. C'est ainsi qu'on peignait sous l'inspiration de cette bouillante poésie qui sut caractériser et illustrer une époque. Ah ! les belles années d'enthousiasme et de croyances ! M. Boulanger a traduit là en peinture une lithographie magistrale dont tous les amateurs ont gardé la mémoire. Ses idylles à la plume 360 procèdent en ligne directe de l'art souple et si ingénument antique qu'illustrèrent l'immortel Prudhon dans ses dessins, et le tendre Chénier dans ses vers. BOHLY madame Marie , n° 308. Fleurs. Grâce et naïveté d'expression un coloris tendre et poétique aimable début et qui promet. BRESDIN Rodolphe , n os 413-418. Dessins à la plume. Vous avez tous lu ce livre charmant sur lequel Champ-fleury a fondé une réputation d'observateur ingénieux et de conteur fécond qu'il soutient, et rajeunit dans chacun de ses ouvrages comme si elle était encore à faire. Vous avez lu Chiencaillou. Le Chiencaillou de la légende n'est ni plus ni moins que le Bresdin de l'Exposition, cet artiste d'un autre âge, égaré dans l'art moderne, naïf et savant, prompt à saisir le caractère des hommes et des choses, et dont la plume capricieuse retrouve parfois les abondances d'invention et les finesses de trait des vieux Flamands. Pourquoi ce sobriquet saugrenu de Chiencaillou s'est-il accolé comme un stigmate, ou plutôt comme une gloire, à ce nom, qui aspire à d'illustres destinées dans l'art de la fantaisie ? Je vais vous le dire Il y a vingt ans de cela, Rodolphe Bresdin vivait en sauvage dans quelque grenier témoin et seul confident de ses luttes inouïes contre la misère et contre l'obsession de ses rêves irréalisables. Ses compagnons d'étude, au Louvre, donnèrent à cet enfant mystérieux et sublime qui traversait le monde et s'y frayait des chemins nouveaux et inconnus, le surnom de Chingackook, héros d'un roman de Cooper alors en grande vogue. Une portière, chargée d'annoncer sa visite chez un de ses camàrades, traduisit ce nom de Peau-Rouge par celui de Chiencaillou, qui lui resta. La plupart de ses amis ne lui en connaissaient pas d'autre avant que le livret du Salon eût révélé le secret de son état civil. Les dessins de Rodolphe Bresdin sont bien, par leur étrangeté, à la hauteur de l'excentrique individualité qui les a produits. BRETON Adolphe 425-428. Genre. Voilà un homme entré du premier coup dans le grand art. Il s'est fait l'historien des labeurs de l'agriculteur, et reproduit, avec une ferveur qui touche au grand style, ces fortes et mélancoliques filles des champs, dont le travail outré masculinise un peu la grâce sans parvenir à leur ôter la majesté de la créature anoblie par le devoir accompli. Le Soir 425 et les Sarcleuses 426 sont des chefs-d'oeuvre. BRION Gustave , n os 438-441. Genre historique et genre. Même après avoir vu les batailles de géants conçues par Decamps, et les belles épopées mérovingiennes d'Adrien Guignet, il faut tenir compte à M. Brion de ses efforts, de ses études pour évoquer, des profondeurs de l'archéologie tout l'attirail guerrier des Romains et des Gaulois. On dit que cette page ingénieuse et intelligente, pleine de vie et d'exubérance, est destinée - réduite en gravure - à l'illustration des Commentaires de César, traduits par l'empereur Napoléon III. BRONGNART Édouard , n os 448-452. Portraits exécutés simplement et avec un sentiment très-vif du style allié à la nature. BROWNE madame Henriette , 461-465. Genre. Je ne retrouve pas ici cette vigueur et cette certitude de brosse qui avaient imprimé une puissance rare chez une femme, à sa Soeur de charité. Mais elle possède toujours la même simplicité d'effet et une aptitude précieuse à faire du lumineux. BUSSON Charles , 489-491. Paysage. Mélodie douce et poétique dans le ton des symphonies de Corot et de Français. L'artiste paraît partout dans cette toile, mais l'art y est légèrement indécis c'est dire que l'individualité n'y est pas assez dégagée dans la lutte de la nature contre les souvenirs. CABANEL Alexandre , n os 494-499. Histoire, genre et portrait. Nymphe enlevée par un Faune , n° 495. Peut-être M. Cabanel pense-t-il avoir atteint beaucoup mieux que Boucher ou Vanloo le style de l'art antique. Dans ce cas, il se flatte Vanloo et même Boucher étaient plus Grecs que lui, et ils étaient sincères dans leur expression. Il faut cependant savoir gré à M. Cabanel de ce que sa peinture est élégante sans prétention et cherchée sans sécheresse. Combien je préfère le Poëte florentin, n° 496, gracieuse inspiration tout italienne, d'un caractère emprunté aux meilleurs souvenirs du Masaccio, et d'une exécution aussi correcte qu'elle est spirituelle ! eintu intu foferME-ril, Êê Son portrait de M. Rouher et celui de madame J. Perreyre sont peints dans une très-grande et très-belle manière, et atteignent par la sévérité du pinceau à l'importance d'une oeuvre magistrale. CALS, n° 503, et COSSMANN Maurice , n° 703. Ces deux noms viennent se réunir naturellement sous la plume par la parité du sujet et l'analogie de la peinture. Une Fileuse au travail et une Fileuse endormie, deux pages détachées de la vie intime du pauvre, deux tableaux très-précieux et très-réussis dans l'ordre des petits maîtres flamands. CAMPOTOSTO Henri , n os 513-515. L'Heureux âge , n° 513. Peinture faible sous une apparence étonnante de vigueur indécise, mais remarquable par un habile escamotage des difficultés. Peu de composition, pas du tout de dessin, et malgré cela un aspect qui flatte et caresse l'oeil et laisse croire.... un instant qu'on est en présence d'un maître. - CASTAN Georges , n os 529-531. Paysage. Un élève de Calame, qui s'est fait le copiste un peu mou, mais assez agréable, de M. Français. CERMAK Jaroslaw , n os 549-552. Histoire et portrait. Un amateur ayant affaire à M. Courbet, monte un jour l'escalier du n° 32 de la rue Hautefeuille il frappe à une porte, un peintre vient ouvrir, la palette à la main. - Monsieur Courbet, s'il vous plaît ? - Je ne connais pas ça, répond l'artiste qu'est-ce qu'il fait, ce monsieur ? M. Cermak serait en droit de faire la même réponse car s'il connaît la peinture, il ne connaît certes pas cette peintup ft SCtre ferme, puissante, énergique sans ef fort et savante avec simplicité qui fait le succès du peintre d'Ornans. CHAPLIN Charles , n os 564-566. Portraits. M. Chaplin a fait sensation au salon de 1852 avec un portrait de femme en robe grise, qui annonçait un maître. Le maître est venu, ses qualités sont brillantes, mais il les exagère au point d'en faire presque des défauts. La nature est charmante, cependant il ne faut pas la voir exclusivement en rose. CHERELLE Léger , n° 608. Le pastel est un art attrayant, surtout quand on le traite à la façon de M. Cherelle mais à quoi sert d'être un des élèves éminents de M. Delacroix, et d'avoir peint jadis des oeuvres dignes du maître, s'il faut enfouir tant de qualités et de talent dans le petit cadre d'un pastel ? CHINTREUIL Antoine , n os 618-621. Paysage. Le poëte Corot ivre d'amour et de bonheur dans les bras de la nature qu'il adore, nous la peint en amant heureux. Le poëte Chintreuil la voit au contraire d'un air mélancolique, et lors même qu'il sourit à l'aspect de ses beautés, une larme tremble encore au coin de sa paupière. On. dirait d'un amant violemment épris, mais souvent rebuté. Sa plainte est touchante, elle pénètre au plus profond du coeur, et son élégie nous émeut autant que nous égaye et nous rassérène l'idylle riante de son maître. COMTE Charles , n os 683 et 684. Genre historique et portrait. M. Comte a fait un jour un tableau qui l'a placé du premier coup à la tête du genre illustré par M. Robert-Fleury. A-t-il craint de gagner le vertige sur l'échelon élevé où l'attendait son professeur ? Je ne sais, toujours est-il qu'il est redescendu vers les régions plus calmes, mais aussi plus terre à terre où s'ébat dans une heureuse médiocrité M. Claude Jacquand. COROT Camille , n os 693-698. Paysages. Soleil levant, repos, soleil couchant, Orphée entraînant Eurydice, danses de nymphes, tels sont les sujets qui ont évoqué l'inspiration de l'artiste. En faut-il davantage au chantre qui va moduler un hymne à la nature ? Quelques arbres courbés avec grâce pour former un asile mystérieux où le pâtre endormira ses soucis, un épais gazon semé de fleurs où il détendra ses muscles fatigués puis à l'horizon, le soleil qui fuit ou qui revient n'y a-t-il pas là tout un poëme que le peintre va retracer avec la conscience et la précision que donne une émotion vivement éprouvée ? Quel homme dit plus sincèrement ce qu'il a ressenti ? Quel peintre transmet avec plus de grâce ses impressions et ses joies ? M. Corot se garde bien de courir après les finesses et les ruses de l'art. Il ne les aurait pas atteintes que la franche et naïve poésie aurait déjà pris son vol. Cette façon d'agir, toute primitive et campagnarde, possède un charme incomparable, et la nature, ainsi prise au gîte, n'a rien de caché pour le spectateur. C'est en présence d'un paysage de Corot que l'on peut redire, en l'admirant, avec le poëte Une voix à l'esprit parle dans ton silence Qui n'a pas entendu cette voix dans son coeur ? Il faudrait écrire sur ces toiles charmantes Ici l'on aime. C'est en effet la nature non pas poétisée jusqu'à l'idéal, mais choisie sous ses aspects les plus tendres. Ne croirait-on pas qu'elle s'anime sous la brosse émue de Corot comme la Galatée sous le ciseau de Pygmalion amoureux ? COUDER Alexandre , n os 707-715. Genre et nature morte. Peintures d'une exécution aussi fine, aussi détaillée que peuvent l'être les trompe-l'oeil d'un minutieux flamand avec l'esprit et la grâce d'un peintre parisien. A côté de ces merveilleuses imitations de la nature morte, voici l'Atelier d'un peintre d'histoire un arsenal canons, fusils, casques, clairons, sabres, drapeaux, uniformes, tout l'attirail des camps. C'est avec ce matériel qu'on peint l'histoire aujourd'hui. O grand art de la paix, art de Raphaël et de Rubens, quand te verrons-nous renaître ? Ce qui n'empêche pas que le tableau de M. Couder ne soit charmant. COURBET Gustave , n° 717-721. Paysage. Il fut un temps où ce nom soulevait des orages..... comme tout nom de novateur doit le faire aujourd'hui la peinture de M. Courbet n'a plus que des admirateurs. Ne croyez pas pour cela que le jeune maître ait fait quelque concession à l'opinion publique..... de ses anciens détracteurs. Il n'en est rien mais l'art de M. Courbet, qui sera peut-être bientôt une école, a creusé son sillon dans les esprits, et la graine germant comme toutes les semences saines et vigoureuses, le peintre récolte une abondante moisson de succès. On s'abuserait étrangement si l'on s'en tenait à la pensée qu'un artiste de la trempe de M. Courbet parque à plaisir la verve intarissable de sa muse dans les limites de quelque système étroit. Les statisticiens ont, il est vrai, trouvé un mot pour caractériser, sinon pour stigmatiser cet art bien portant et prêt à bien faire ils l'ont étiqueté dans leurs classifications sous le nom de Réalisme, et quelques-uns ont même attribué à ce vocable la valeur malsonnante d'une injure. Je connais un bon professeur de l'Académie qui surprit un jour sa cuisinière jouant le rôle de Juliette avec un Roméo des sapeurs-pompiers. Vous êtes une drôlesse, lui dit-il, une réaliste sortez, je vous chasse. Si j'ai bien compris les oeuvres que, depuis douze ans, M. Courbet livre aux méditations de la critique, j'y trouve autre chose que le puéril désir d'étonner la foule - habituée à voir l'art embellir la nature - en lui faisant passer sous les yeux les trivialités de la nature. Le but de M. Courbet est plus noble et d'une portée vraiment philosophique. Il semble dire que pour rompre définitivement avec les conventions usées où s'embourbe péniblement la tourbe inintelligente des facteurs de tableaux, il est nécessaire de faire d'abord un retour vers la simplicité primitive, afin d'y retrouver à leur source et purs de tout contact délétère, les sentiments et les passions qu'il importe de développer et de diriger. Alors il va demander l'inspiration, il va renforcer sa conscience de poëte au spectacle immense de la nature. Il choisit ses modèles parmi les êtres que n'a pas encore déformés ou atrophiés la corruption des civilisations extrêmes et qui ont conservé leur affinité native avec les sites qui les environnent et qu'ils peuplent encore selon les vues harmonieuses de la création. Le réalisme, dans ce sens, n'est autre chose que la poésie du coeur l'autre, celle qu'a combattue momentanément M. Courbet, n'est que la poésie de l'imagina tion. Celle-ci n'est qu'une image séduisante, mais souvent fausse, de la vérité, la première est la vérité elle-même. COURCY Frédéric de , n° 722. La Pâque. Une bonne tentative pleine de jeunesse et de bon vouloir, dans laquelle l'auteur a mis en oeuvre toutes les ressources d'une solide éducation d'artiste. M. de Courcy n'a plus maintenant qu'à élargir son horizon, l'avenir est à lui. CURZON Paul , n os 769-774. Genre et paysage. Ecco fiori, n° 769. De ravissantes filles de la lignée de Graziella, fraîches comme leurs fleurs et qui semblent descendre en droite ligne des modèles qui inspirèrent la statuaire grecque. Art aimable et qui n'a gardé de l'enseignement académique que le goût du style, en accordant aux idées nouvelles que la nature est assez séduisante pour qu'il devienne inutile de la faire passer dans le moule de l'école. La Lessive à la Cervara, n° 771, qui inspira l'autre jour un si drôlatique hors-d'oeuvre au critique du Siècle, nous peint avec un style contenu et des lignes d'une simplicité noble et tout antique, les occupations familières de la vie rustique en Italie. Changez le costume, élevez un palais à l'horizon., et ce sujet, ainsi traité, deviendra facilement celui de Nausicaa et ses compagnes. DARGENT Yan , n os 784-787. Genre rustique. Les Lavandières de la nuit, n° 784. Peinture violente, fantastique, d'un intérêt puissant et d'un effet où le surnaturel s'accorde à ravir avec les singularités du possible. DAUBIGNY Charles , n os 791-795. Paysage. Il dort un peu trop cette année sur ses lauriers passés, et s'autorise de ses succès pour ne pas aller au delà des efforts qui les lui ont fait obtenir. M. Daubigny ne semble pas redouter assez vivement que de plus ardents à scruter les secrets de la nature le laissent bientôt derrière eux. Parmi les cinq tableaux de M. Daubigny, le Village près de Bonnières, n° 793, me semble irréprochable mais on cherche dans les autres la lumière et la forme auxquelles ce grand artiste nous avait habitués. Nous prenons note de ce que M. Daubigny nous doit un chef-d'oeuvre. Il le fera, n'en doutez pas. DAUMIER Honoré . Je m'étais fait une fête de voir un tableau de ce grand dessinateur à qui nous devons là comédie du siècle, éparse dans des milliers de compositions humoristiques dérision ! ce tableau, grand comme les deux mains ouvertes, est accroché sur la frise de la salle D. Il est impossible de le voir. DAUZATS Adrien , n os 805-807. Paysage. De grands sites orientaux peints avec cet esprit charmant et cette finesse de brosse qui ont fait donner à ce maître en fait de prestiges lumineux, le surnom de Canaletti d'Algérie. DELACROIX, n os 828-833. J'aperçois le nom de M. Delacroix, je m'élance, je regarde... Illusions, adieu ! Ce n'est pas le Delacroix du drame, de la couleur et de la vie, c'est le Delacroix des salons et des albums. DELAMARRE Théodore , n os 840-843. Genre. Un spirituel Parisien du Paris spirituel, qui s'est fait Chinois... pour nous montrer, d'une peinture large, étudiée et surtout très-originale, la vie privée et industrielle de nos amis les ennemis de Pékin. DESBROSSES Jean , n° 853. Les porteuses d'herbe. Un vif sentiment de la nature souffreteuse une note plaintive dans la gamme adoptée avec tant de succès par M. Chintreuil. La brosse n'y est pas encore infaillible dans l'art d'écrire nettement l'impression du peintre mais dans ses efforts mêmes et dans ses défaillances, on sent combien cette impression est profonde. Renvoyé aux conseils de M. Jules Breton, pour achever de perfectionner ce jeune art plein d'avenir. DESGOFFES Alexandre , n os 854-859. Paysage. Une danse effrénée de Peaux-Rouges, dans une prairie boisée du pays des Sioux ou des Comanches, - dont M. Gustave Aimard a refusé la royauté. Tiens, je me trompe, le livret dit Danse de faunes et de sylvains. Ah ! je n'aurais pas cru. DESGOFFES Blaise , n os 860-863. Nature morte. Peinture au pointillé, à la loupe, poncée, glacée, poussée jusqu'à la lassitude. Un prodige de la perfection à laquelle peut atteindre la patience et la volonté un défi jeté à la chambre obscure. Oui, mais après ? - Nadar fait encore mieux que cela avec son appareil électrique, et il a la modestie de dire que tout l'honneur revient à la machine. Ah ! qu'une apparence d'émotion, que la plus faible tentative d'expression du moindre sentiment, ferait bien mieux notre affaire que ce travail de fée. DESJOBERT Eugène , n os 870-875. Paysage. M. Desjobert devient tout doucement, d'année en année, en élargissant son horizon par l'étude et par le savoir, un de nos plus grands paysagistes. Il unit dans sa peinture d'une composition éminemment élégante, des qualités très-abondantes et quelquefois très-opposées. On y trouve à la fois une naïveté profonde d'expression, et beaucoup d'esprit un vif sentiment de la réalité poétique, et une imagination brillante. Il résulte de ces heureux assemblages, dans les oeuvres de M. Desjobert, une rare et précieuse variété qui lui assure, à côté des écoles dissidentes, une très-belle et très-enviable individualité. DEVILLY Théodore , n° 891. Dénoûment de la journée de Solferino. En dehors du tableau purement stratégique, à la façon de Van der Meulen, le genre bataille, tel que le comprennent les peintres de l'école d'Horace Vernet, continuée par M. Yvon, offre un médiocre intérêt. L'épisode guerrier seul, dans cet ordre d'idées, offre au peintre l'occasion de développer la puissance dramatique que la nature et l'étude lui ont départie. Aucun peintre, depuis M. Delacroix, ne s'est révélé dans cet art avec une autorité égale à celle de M. Devilly. Ayant à peindre une action militaire, il en élague immédiatement tout l'appareil théâtral qui se traduit par les masses bariolées des bataillons et les états-majors dorés, caracolant à l'ombre des fumées de la poudre. Ce qui le frappe d'abord, c'est la puissance tragique d'un certain moment de la journée, où le fait brutal prend tout à coup des proportions épiques. Ici, le sentiment qui ressort de cette lutte de géants, jaillit de chacune des touches de sa brosse magistrale. Toute l'action s'y résume dans une expression terrible et concise. Le combat est fini. L'Empereur arrive sur le dernier mamelon de Cavriana, disputé pied à pied le sol brûlant, rougi, saccagé, est jonché de morts et de mourants. Mais de ce spectacle de destruction s'élève comme un cri de triomphe et de gloire car là-bas, dans l'orage qui les emporte et les protége, on voit tourbillonner les masses ennemies abîmées dans une fuite éperdue. Ce tableau d'un grand style, d'une couleur puissante et terrible, est une des plus belles pages qu'ait produites la peinture historique militaire. DORÉ Gustave , n os 904-908. Dessins pour l'Enfer de Dante. Imagination merveilleuse, grand style, savoir prodigieux, facilité d'exécution qui heurte de front tous les obstacles que tant d'autres auraient l'habileté de tourner, telles sont chez ce jeune artiste les qualités moins surprenantes encore que l'abondance d'invention dont il est doué. Son grand tableau aurait la valeur de ses dessins, s'il l'avait moins improvisé et moins rapidement exécuté. DOUSSAULT Charles , n os 911 -914. Croquis d'un voyage en Orient. Quoi de plus amusant que les impressions de voyage d'un homme d'esprit et d'un poëte qui sait voir, qui sent vivement et trouve aisément la forme la plus attrayante et la plus aimable pour transmettre ses souvenirs ? Tel est le cas de M. Charles Doussault. Personne n'a comme lui le don d'initier le spectateur aux surprises de ses excursions lointaines. DUBOIS Louis , n° 934. Le coin d'une table de jeu. M. Courbet a passé par là. En affirmant que le peintre doit intéresser par la représentation exclusive de n'importe quelle physionomie prise sur le fait dans quelque scène que ce soit de la vie intime, le jeune maître a ouvert une carrière féconde à tous ceux qui savent peindre avec art et exactitude ce qu'ils ont sous les yeux. La table de jeu de M., Dubois est une heureuse tentative dans cette voie, et le spectateur suit avec intérêt le drame des mouvements que la passion fait passer sur ces visages saisis dans un milieu d'ailleurs assez vulgaire. DUBUFE Édouard , n os 939-943. Portraits. Sans avoir à proprement parler le grand style - qu'il faut chercher dans l'école illustrée par M. Ingres ou par M. Flandrin, - les portraits de M. Dubufe ont l'allure élégante, une tournure aristocratique et une grâce mondaine qui n'exclut pas un certain caractère. M. Dubufe excelle à peindre la Parisienne, ce type idéal de la Vénus bien habillée, et ses portraits de madame de Galiffet et de madame William Smyth ont une grâce aristocratique tout à fait séduisante. DURAND-BRAGER Henri , n os 979-981. Marines. M. Durand Brager sait introduire l'attrait et l'intérêt dans un genre qui semble au premier abord voué à la monotonie mais l'artiste est spirituel jusqu'à donner de l'esprit à un vaisseau, et son imagination se complaît, dans des effets de lumière aussi variés que la changeante nature. ELMERICH Édouard , nos 1018-1024. Genre et paysage. La nature surprise dans un de ses réduits les plus champêtres, privée de ses grands aspects, de ses horizons mais rendue avec un amour naïf du simple et du vrai. FAIVRE Émile , n os 1049-1051. Fleurs et animaux. Sentiment très-complet du genre décoratif un goût élevé, une exécution large et puissante, et une brosse. fougueuse sans jamais cesser d'être élégante. FIGUIER M me Louis , n os 1101-1103. Fleurs à l'aqua relle. M me Louis Figuier peint comme elle écrit elle rend avec un charme exquis les grâces et les délicatesses de la nature. FLANDRIN Hippolyte , n os 1113-1116. Portrait. L'âme se peint sur le visage, il est nécessaire d'en saisir le passage et l'expression pour être capable de donner à une image l'aspect de la vie. Un portrait conçu dans le but unique de faire connaître le caractère saillant d'une individualité, par l'habitude de ses traits, par les traces indélébiles des passions, par l'empreinte des sentiments, peut devenir un tableau aussi intéressant qu'une page historique, et c'est ce qu'il devient sous la brosse austère et savante de M. Flandrin. Cet admirable interprète de la nature comprend, comme Raphaël et comme M. Ingres, qu'un portrait parfait doit être l'idéal de l'homme qu'il veut représenter, et il n'a jamais failli à ce précepte. FLERS Camille , n os 1127-1133. Paysage. Combien d'artistes, en prenant de l'âge, cessent de recevoir l'impression fraîche et inspirée de la nature, et rhabillent avec les clinquants et les oripeaux du savoir-faire, les émotions flétries de leur jeunesse ! Ce n'est point là le cas de M. Fiers ainsi que Corot, dont il est souvent l'émule, ce vétéran du paysage courtise la nature comme aux jours ardents de sa jeunesse, et lui dérobe encore ses plus charmants secrets. FORTIN Charles , n os 1146-1151. Genre. Une grande bonhomie d'expression, avec une exécution vigoureuse et souple, qui ne cherche pas à nous tromper par une habile prestidigitation, et met toute sa finesse à copier la physionomie sincère des scènes intimes qu'il a sous les yeux. C'est le procédé du vieux et charmant Chardin, le Raphaël des petits ménages. FRANÇAIS Louis , n os 1167-1169. Paysage. On reprochait jadis à cet aimable peintre d'être trop dans ses tableaux l'artiste y tenait la place de l'art et se manifestait dans les détails avec tant d'abondance, qu'il semblait se multiplier pour satisfaire à toutes les admirations partielles qui débordaient de son coeur et se répandaient sur la toile en particularités ravissantes, mais dont la cohue étouffait l'ensemble. Aujourd'hui, M. Français, simple et savant, sait ramener à l'unité ses vives et nombreuses impressions, et ce talent de concrétion qu'il a acquis, égayé d'ailleurs par les aimables émotions de sa poésie naïve et sincère, fait de lui l'un des plus charmants paysagistes de notre école. FRÈRE Edouard , n os 1173-1176. Genre. Encore un des petits maîtres modernes de la lignée de Chardin. Il borne son ambition a la philosophie d'Alfred de Musset son verre est petit, mais il boit dans son verre, et il met sa seule présomption à le remplir d'un vin généreux. FROMENTIN Eugène , n os 1184-1189. Genre et paysage. Littérateur autant que peintre, M. Fromentin possède le don de description au suprême degré. Quand la nature a passé devant ses yeux attentifs, elle lui appartient tout entière, physionomie et poésie, corps et âme, et il la reproduit avec un cachet de grandeur et de vérité très-rare. Je ne l'ai jamais vu plus harmonieux, mais je l'ai souvent trouvé plus ferme et plus précis. On brouillard épais semble se placer entre ses toiles et l'oeil du spectateur, et amollit les formes dont il efface le mo delé. On pourrait définir sa peinture telle, qu'elle se formule cette année un à peu près grandiose. GAUTIER Amand , n os 1225-1227. Portrait. Un nouveau venu qui peint avec l'assurance d'un maître. Il vise au réalisme, il y atteiflt presque, mais sa peinture n'est pas encore assez savante pour dissimuler par où elle pèche, et elle pèche par le goût et la fermeté. Il faut constater d'ailleurs dans ses oeuvres un grand effort tout près d'aboutir au succès. GÉRÔME Léon , n os 1248-1253. Genre historique. Beaucoup de savoir, trop d'esprit, et pas assez de goût pour contenir dans une limite délicate une invincible propension au libertinage artistique. L'auteur de la Phryné et des Augures croit remonter aux sources pures de l'antiquité, en déshabillant à la grecque des grisettes du faubourg Saint-Marceau et des convives de la Courtille mais il oublie que la nudité n'est décente qu'autant qu'elle est, pour ainsi dire, vêtue de sa splendeur. Cette Phryné cagneuse et maigre, dont les hanches déprimées portent encore le stigmate du corset, comme ses jambes montrent le sillon de la jarretière, n'est qu'une effrontée. Fi la vilaine, avec ses vilains gros pieds ! Combien il y a plus de véritable savoir, et de caractère, et de couleur locale, dans le Rembrandt faisantmordre une planche à l'eau forte, et dans le Hacht-paille égyptien ! mais aussi comme il y a moins de prétention et de partis pris ! M. Gérôme est un arrangeur à la façon de M. Delaroche il doit à son maître, à son influence, à son souvenir, la meilleure part de son talent que ne lui a-t-il emprunté cette merveilleuse entente des con venances, qui tenait presque lieu de génie à l'auteur de l' Assassinat d'Henri III ? GIGOUX Jean , n os 1263 et 1264. Portrait. Un Français nourri d'études italiennes, et dont la peinture ferme et colorée rappelle l'énergie des Carrache et la souplesse du Guide. GINAIN Eugène , n° 1267. Genre historique militaire. Élève de Charlet, M. Ginain a reçu de son maître l'art de caractériser d'une touche mâle et spirituelle la physionomie de l'uniforme et l'allure du soldat. Il excelle à donner par une inépuisable variété de l'intérêt à ce qui en offre le moins en peinture, à des masses développées en colonnes de marche. GIRARDET Karl , n os 1275-1280. Paysage. De l'esprit dans la composition, du goût dans l'arrangement, un choix judicieux des sites, et l'exécution la plus agréablement facile qu'on puisse voir, voilà les paysages de M. Girardet, un des plus brillants enchanteurs de la peinture moderne. GOURLIER Paul , n os 1351-1354. Paysage. M. Gourlier cherche la poésie dans l'élégance des formes. Il se rattache par le sentiment à l'art tout poétique dont M. Corot donne la plus complète, expression mais par la vigueur et le coloris il effleure l'école des imitateurs exacts de la nature. Il s'est fait entre ces deux genres également intéressants une individualité très-nette et très-distinguée. GUDIN Théodore , n os 1388-1392. Marine. La peinture de M. Gudin est à là marine ce que celle d'Horace Vernet est à l'histoire militaire le triomphe du savoir, de l'habileté, de l'entente inimitable du sujet, et par-dessus tout de la difficulté vaincue. A force d'esprit, d'abondance, et par une magie qui n'appartient qu'aux grandes organisations artistiques, il étonne, il séduit, et fait deviner la nature là où il semble que l'imagination seule a dû prendre part. HAMON Louis , n os 1432-1436. Genre. Choisissez un sujet familier, enfantin de préférence disposez-en la composition de l'air le plus naïf que vous pourrez prendre restreignez la perspective à un plan, à deux au plus, à la façon des peintres primitifs, et le costume au plus simple appareil. Pour peu que vous ajoutiez à ce programme un modelé très-effacé, un coloris à peu près monochrome, vous aurez créé un genre et vous deviendrez peut-être célèbre tout comme M. Hamon. Quelques esprits que rien ne satisfait trouveront vos tableaux monotones, peut-être même ennuyeux, qui sait ? Laissez dire. Est-ce que la peinture a jamais été faite pour représenter la nature ? La peinture est une fantaisie, un jeu, un moyen plus ou moins ingénieux, plus ou moins agréable d'occuper un instant les yeux demandez plutôt à M. Hamon. HANOTEAU Hector , n os 1440-1442. Paysage. Telle n'est pas l'opinion de M. Hanoteau. Pour celui-ci la nature est un spectacle immense et varié à l'infini dont chaque scène parle au coeur le langage imagé de la poésie. Là on rêve au bonheur, ici à l'abondance, ailleurs à l'amour, au mystère plus loin au calme d'une vie simple plus loin encore à l'activité, à la lutte, au travail partout on admire la grandeur de l'oeuvre divine, et l'âme de l'artiste s'épanouit à toutes ces splen deurs, elle s'y abandonne en pleine liberté. Puis quand l'heure du recueillement a sonné, il rassemble au fond de son coeur émotions et souvenirs, admirations et rêveries, et, d'une main docile que le savoir guide et soutient, il retrace sincèrement ce qu'il a vu, et le tableau qu'il nous en donne nous offre à la fois et l'image de la réalité et l'expression des sentiments qu'elle a fait naître en lui. C'est un grand charme de voir la nature par les yeux de M. Hanoteau, car il nous la représente avec une éloquence, bien séduisante. HARPIGNIES Henri , n os 1449, 1452. Paysage. Moins magistrale et moins puissante que celle de M. Hanoteau, la peinture de M. Harpignies est dans une gamme analogue. C'est encore là un art bien portant et convaincu qui n'attendra pas longtemps le succès. HAUTIER mademoiselle Eugénie , n os 1460-1463,. Genre et nature morte. Un talent viril enveloppé de toutes les grâces de la femme une exubérance de vigueur et de coloris avec une certitude de brosse, une fermeté de dessin et une variété de talent qu'on trouve rarement réunis à un pareil degré. HÉBERT Ernest , n'a 1464-1466. Portrait. Erreurs d'un grand peintre ce qui nous assure de la part d'un tel artiste une revanche éclatante. HERBELIN madame Mathilde , n os 1487-1490. Dessins. Ennuyée de s'entendre dire éternellement qu'elle est la première entre tous les miniaturistes de Paris, madame Herbelin a voulu s'essayer dans un genre nouveau. Elle joue vraiment de malheur la voilà, de prime saut, la première dans cet art charmant de faire vivre et pal piter un joli visage sous le modelé moelleux de la sanguine. HOFER Henri , ns 1533-1538. Portrait. Jetez les yeux sur la tête de jeune fille, n° 1536, vous ne pourrez plus les en détourner un miracle de beauté renouvelé par un miracle de peinture. HUET Paul , n os 1565-1570. Paysage. M. Paul Huet est un des représentants de la forte et puissante école romantique qui florissait il y a vingt-cinq ans. Ni la nature, ni la tradition ne sont un but pour lui. La tradition ne saurait arrêter sa verve, et la nature ne joue d'autre rôle dans son art que de fournir une forme précise et palpable aux créations abondantes de son imagination. Aussi, peu de paysagistes ont-ils une individualité plus caractérisée que la sienne. JACQUE Charles , n os 1613-1616. Animaux. Le Lavater des moutons et des poules il les reproduit avec une exactitude de Flamand, et met tant d'esprit et de phy sionomie dans ces petites compositions mouvementées, vivantes, bêlantes et caquetantes, qu'il réussit presque à tout coup à leur donner l'intérêt d'un drame intime ou d'une comédie de moeurs. JALABERT Charles , n os 1626, 1627. Portrait. La peinture de M. Jalabert est l'expansion élégante de ce goût d'arrangement et de détail qui caractérise les élèves sérieux de Paul Delaroche. M. Jalabert peint comme devrait peindre M. Gérôme, si M. Gérôme parvenait à se guérir de la pompéiomanie chronique dont il est atteint. atteint. JEANRON Auguste , n os 1650-1656. Genre et paysage. M. Jeanron se plaît à peindre, cette année, le côté calme et pittoresque de la guerre. Les sujets rappellent, il est vrai, les noms devenus immortels de Melegnano, de Solferino, etc. mais dans ces tableaux, inondés de lumière, sous ce ciel diapré de mille feux, aucun bruit sinistre ne vient troubler la quiétude du paysage. Le soldat n'y figure qu'en simple touriste, et vraiment c'est là une charmante façon et des plus ingénieuses de perpétuer le souvenir de nos gloires. LAMBRON Albert , n os 1775 et 1776. Genre. Celui-ci débute, et, dès son premier pas, il casse les vitres. Gare là-dessous, c'est un tempérament de peintre qui se manifeste..... à la façon de Courbet et de Doré. L'idée de son repas de croque-morts est originale. Celle du Mercredi des Cendres est ingénieuse, et qui mieux est, heureuse. Un pierrot et un arlequin sortent d'un bal vers les hauteurs de Belleville, et les deux joyeux drôles se heurtent à un cocher de corbillard. Le sceptique arlequin salue en goguenardant pierrot, l'âme enfantine et superstitieuse, se détourne avec une contrainte visible, et semble côtoyer une colique. Caprice amusant, pein ture facile et entreprenante. Je le répète, il y a là un peintre.... Nous l'attendons au second tableau. LAMI Eugène , n os 1777 et 1778. Genre, aquarelle. Quel aimable, quel élégant, quel grand artiste ! Le superfin du bonheur serait de lire Musset imprimé sur vélin, dans un salon dont les lambris seraient tapissés de ces incomparables dessins, les vrais, les seuls types pos sibles à rêver pour personnifier les créations du poëte. Ah ! si Curmer était le propriétaire des oeuvres com plètes de Musset, la librairie française compterait bientôt une gloire de plus. LAPIERRE Émile , n os 1800 et 1801. Paysage. Sentiment délicat, nature élégante peu de souffle, mais beaucoup de distinction. LEGENDRE-TILDE Isidore , n os 1887-1890. Nature morte. Des rapprochements heureux, une ingénieuse combinaison dans la composition, donnent un intérêt charmant à des sujets qui n'ont ordinairement d'autre attrait que le mérite d'une habile reproduction de la réalité. L'histoire a fait grand bruit des Raisins de Zeuxis ils n'ont trompé que des oiseaux par l'artifice d'un relief savant la Picciola de M. Legendre fait répandre des larmes, et le coeur ne se trompe jamais. LEGROS Alphonse , n° 1900. Genre. Vous vous rappelez un Enterrement à Ornans, qui fit monter Courbet au pinacle. L' Enterrement à Ornans a eu pour M. Legros l'inconvénient de venir avant son Ex-voto. C'est-à-dire que M. Legros suit le chemin battu par M. Courbet. Le chemin est bon, et pourvu que le jeune émule ne prenne pas les ornières pour les pas de son devancier, il a chance d'arriver sain et sauf au but. LELEUX Adolphe , n os 1907-1909. Genre rustique. Quand M. Leleux apparut, il y a quelque vingt ans, ce fut dans les arts un grand cri d'enthousiasme le débutant avait le ton d'un maître. Le maître a gardé très-intactes les précieuses qualités de jeunesse, mais il a acquis le savoir, la certitude, l'expérience, et il ne procède plus, presque à coup sûr, que par des chefs-d'oeuvre. LEMAN Jacques , n os 1926-1930. Genre historique et portrait. Étudier la physionomie d'une époque, le caractère des costumes réunir dans une composition correcte, élégante, mais un peu froide, les grandes figures d'une époque, et les mettre en scène avec l'apparat des cérémonies de cour ou dans le déshabillé des Mémoires du temps, voilà le talent de M. Leman. Talent charmant, qui sera complet quand à toutes ces excellentes qualités le peintre ajoutera plus de vigueur, plus de verve, plus de tempérament. Il le peut, voilà pourquoi nous le lui demandons. LEPOITEVIN Eugène , n os 1955-1960. Genre et marine. Roqueplan, in amico redivivus.... comme disent les vieilles inscriptions. La gaieté, la vie, l'esprit, le coloris de cette poétique école, qu'on appelait autrefois romantique, sont en toute leur effervescence juvénile dans ces aimables toiles d'une des plus abondantes imaginations d'artistes qu'on puisse désirer. MARCHAL Charles , n° 2105. Genre. Un bon et correct sentiment de la réalité, l'amour du simple, rehaussé d'un certain goût naïf, qui ne cherche jamais à s'épan cher au delà des limites du vrai. Excellent tableau, peintre d'avenir.r. MARQUIS Charles , n° 2119. Genre historique. Composition voulue, sentie, rendue avec art, peinte avec science. Heureuse production, d'un talent sévère et convaincu. MATOUT Louis , n os 2148-2152. Genre historique, portrait. De la vigueur, du style, un souvenir judicieu sement invoqué des études puisées aux sources vénitiennes des allures puissantes, avec une touche magis trale telles sont les qualités du jeune et savant auteur des décorations de l'École de médecine et de l'hôpital de Lariboisière. MEISSONNIER Ernest , n os 2184-2189. Genre. Le plus complet et le plus grand des petits peintres ou plutôt des peintres en petite car bien des gens peignent l'histoire qui n'ont ni une valeur égale ni une aussi grande manière. La peinture de Meissonnier, c'est l'esprit et la précision, la finesse et l'observation, la nature dans ce qu'elle a de plus piquant, l'art dans ce qu'il a de plus vif et de plus précieux. Son Musicien n° 2186 est une merveille d'expression et de vérité. MICHEL Émile , n os 2248 et 2249. Paysage. M. Émile Michel court à la poésie par le chemin de la nature réelle, il en aime les harmonies, il en interroge les mystères, et réussit souvent à nous les révéler. Je le trouve néanmoins plus à l'aise et plus sincère dans la traduction du paysage rustique que dans les entreprises semi-historiques qu'il a tentées cette année. MILLET François , n os 2252-2254. Genre rustique. M. Millet a saisi depuis longtemps le caractère mélancolique et fatal de ce martyre lent et sans compensations appréciables pour nous autres citadins, qu'on appelle la vie des champs. Il excelle à le reproduire dans ses nuances les plus fugitives, et avec une énergie qui donnerait à croire que s'il ne les a pas devinées, il a éprouvé lui-même les douleurs et les joies de ces créatures déshéritées. Je ne sais rien de plus touchant que cette villageoise qui fait manger son enfant. Malgré la grossièreté de sa nature, et peut-être même à cause de cela, car le contraste est plus vif, une grâce indéfinissable enveloppe cette jeune paysanne, prête un charme exquis à sa sollicitude, et la rend presque belle. Dans l' Attente , sujet emprunté à l'histoire de Tobie, l'âge et les fatigues se lisent dans l'attitude de la vieille mère, tandis que la cécité du père se traduit d'une façon saisissante dans les moindres détails de sa pose. Cette peinture suscite des récriminations et soulève des critiques. On reproche à M. Millet de choisir des types vulgaires et laids. C'est là une erreur il n'y a de vulgaires et de laids que les types dégradés le spectacle de la forte et courageuse nature élève l'âme, et prépare les émotions bienfaisantes. MONGINOT Charles , n° 2269. La Redevance, heureux prétexte pour faire valoir une riche palette, une touche grasse et ferme, et déguiser par la magie de la brosse et la variété du coloris les défaillances d'un dessin encore inexpérimenté. MONTALAND Mademoiselle Céline , n° 2281. L' Ancienne tour de Rhodes. Avant de faire ce tableau, mademoiselle Montaland n'avait jamais peint, dit-on. Elle profita de ses accointances avec les fées... du Pied de mouton pour devenir peintre d'un seul coup de baguette. J'ignore ce qu'il y a de vrai dans cette légende mais pour l'honneur de la peinture, je souhaite qu'elle soit fausse.usse. MULLER Charles , n os 2335-2337. Genre. Madame mère _ n° 2335 . Madame Laetitia se retira à Rome en 1814 vêtue d'une robe de deuil, qu'elle ne quitta jamais depuis la mort de Napoléon, ayant assises, à quel que distance d'elle, deux vieilles dames corses, tricotant ou lisant elle contemplait le portrait en pied de l'empereur, ou filait au fuseau. Telle est la notice du tableau de M. Muller charmante littérature, peinture à l'avenant. NANTEUIL Célestin , n° 2361. La Charité, ou plutôt l' Aumône. Au pied d'un escalier de marbre, à l'entrée d'un parc vénitien, de belles femmes et de riches seigneurs secourent des pauvres. M. Nanteuil a tiré de cette idée, vêtue à l'italienne, un délicieux tableau, orné de tous les trésors d'une palette prodigue. O'CONNELL Madame Frédérique , n os 2395 et 2396. Portrait. La beauté fleurit comme les roses sous les doigts de cette enchanteresse. Un reflet du soleil qui éclairait Van Dyck illumine sa peinture, et le trio des Grâces l'effleure de son souffle divin. Madame O'Connell est le peintre-né des jolies femmes, et aussi des expres sions puissantes et sublimes son étude au crayon d'après Rachel morte est une inspiration de la poésie la plus élevée. C'est précisément ce portrait qui donna lieu au procès dont on a tant parlé. En proposant l'exposition de cette oeuvre, après en avoir sollicité et obtenu la destruction, la famille Félix se donne, ce me semble, un assez singulier démenti. PALIZZI Joseph , n os 2419, 2420. Paysage et animaux. Cet émule de Troyon travaille avec succès à devenir un rival du maître. PELLETIER Laurent , n os 2465-2483. Aquarelle et pastel, paysage. Cet habile et incomparable artiste fait rendre à l'aquarelle tout ce qu'elle peut donner en vigueur, en souplesse, et parvient même à lui faire exprimer la vérité. C'est beaucoup plus que ce qu'on est en droit d'exiger d'un genre jusqu'ici réputé secondaire. M. Pelletier l'a élevé à la taille du grand art. PENGUILLY Octave , n os 2484-2486. Genre historique et paysage. L'imagination a beaucoup plus de part que la nature dans les inspirations de cet artiste. Il est sans contredit l'un des inventeurs les plus féconds et les plus originaux de l'école contemporaine il a le sentiment profond, du style et une peinture nerveuse et colorée. PILS Isidore , n° 2555. Bataille de l'Alma. M. Pils est le peintre contemporain qui saisit et rend le mieux l'allure toute particulière du troupier français, cette désinvolture à la fois martiale et goguenarde, cette habitude de mouvement et de tenue inhérente à chaque arme. Horace Vernet dans ses meilleurs jours n'a jamais mieux fait, quant aux épisodes mais il conserve sur M. Pils un avantage incontestable dans l'art de généraliser une action et de détailler des masses. POMMEYRAC Paul de , n os 2574-2578. Portrait à l'huile et en miniature. Cet artiste, heureusement doué, introduit dans la miniature toute la largeur et la puissance de la peinture à l'huile et conserve dans cette dernière la finesse et la grâce de la miniature. PUVIS DE CHAVANNES Pierre , n os 2621, 2622. Peinture murale. Cet artiste est un penseur, aussi est-il très-peu peintre. Il trace une idée sur la toile sans se préoccuper du procédé, persuadé qu'il est que son rôle est rempli quand il a rendu perceptible l'expression de sa pen sée. Ses tableaux de la Paix et de la Guerre sont plutôt des cartons colorés que des peintures proprement dites, et rien ne prouve qu'il saurait les produire avec la formidable puissance d'un Delacroix ou l'exquise fermeté d'un Ingres mais à coup sûr, et tels qu'ils sont, ils possèdent le style, une entente magistrale de la composition et le caractère grandiose de l'art historique décoratif. RANVIER Victor , n os 2643-2645. Genre et paysage. Une poésie fiévreuse, un style énergique presque jusqu'à la brutalité, une sorte de mysticisme indécis et tournant un peu au fantastique, tels sont les caractères principaux de la peinture de ce nouveau venu, qui n'est certes pas un artiste ordinaire. Il a de la force dans le coloris et une vigueur d'accentuation qui révèlent un peintre accessible aux inspirations élevées. BIEDEL Auguste , n os 2687-2689. Genre. La foule se presse devant ses Baigneuses n° 2687 . Est-ce donc un chef-d'oeuvre ? Non, c'est tout bonnement un trompe l'oeil, un de ces effets de lumière qui sont un des jeux de l'art, et que le public, trop ignorant des procédés de la peinture pour en apprécier les résultats à leur juste valeur, prend pour des traits de génie. C'est ingénieux, peut-être habile, mais certainement d'un ordre très-secondaire. ROLLER Jean , n os 2714-2719. Portrait. Belle et bonne peinture, souple, élégante, et d'un style éminemment distingué. Le portrait de M. Boitelle n° 2714 est un des plus beaux du Salon et se classe immédiatement après ceux de M.H. Flandrin. ROZIER Jules , n os 2746-2749. Paysage. Aimable impression des aspects riants de la nature rendue avec une sincérité parfaite et un goût très-distingué. SALMON Théodore , n os 2787-2790. Genre rustique et animaux. On tient trop rarement compte aux peintres des efforts qu'ils font pour rendre dans un ensemble restreint, mais harmonieux, les richesses, les variétés infinies et les difficultés de la nature. M. Salmon a peint de petits sujets champêtres qui, par la science, par l'amour et le respect de la nature qu'ils révèlent, par la finesse de l'observation et le charme de l'exécution, font penser aux jolis tableaux flamands, qu'on ne place au-dessus d'eux qu'en raison de leur ancienneté. SAND Maurice-Dudevant , n os 2798-2800. Genre et paysage. Du cachet, de l'originalité et ce caractère vivant et spirituel qui donne un charme si saisissant aux Masques et Bouffons du jeune et brillant artiste. SCHANDEL Pierre Van , n° 2815. Une jeune fille devant une échoppe effet de lumière . La lumière pour ce descendant bien descendu de Rembrandt, c'est la flamme qui clapote à la mèche fumante d'une chandelle. Le procédé de ce genre, si bien fait pour plaire à M. Prudhomme, est très-simple il consiste à couvrir une toile d'une couche limpide de terre de Cassel on enlève en jaune brillant, vers le milieu, une flamme de chandelle et sur le fond quelques silhouettes bordées d'un trait rougeàtre du côté de la lumière et d'un trait noir du côté opposé. On remplit le vide par une couche plate de bitume, et le tour est fait. Soyez sûrs que si cela réussit à M. Van Schandel ou de la Chandelle, ce n'était pourtant pas là le procédé de Rembrandt. SCHULER Théophile , n os 2845-2847. Dessins. M. Schuler donne au dessin la force et le coloris de la peinture à l'huile. Ses compositions très-abondantes, très-animées, ont un caractère dramatique d'une puissance extraordinaire et une originalité qui leur prête beaucoup de charme. STEVENS Alfred , n os 2016-2919 bis. Genre. Cet artiste flamand a conservé de sa vieille école natale la finesse et la précision dans la forme, ainsi que le don précieux de la couleur mais il a emprunté à l'école française, au sein de laquelle il obtient ses plus beaux succès, l'esprit d'élégance et la distinction suprême qui, dans la peinture de genre, représentent le style du grand art. On ne saurait peindre avec plus de grâce qu'il le fait des sujets plus simples, plus familiers, et pour tant plus intéressants. M. Stevens n'a pas de rival dans cet art, dont l'introduction chez nous lui appartient tout entière. STEVENS Joseph , n os 2920-2922. Genre. M. Joseph Stevens a entrepris depuis longtemps une oeuvre à la Balzac qu'il poursuit avec autant d'ardeur que de succès c'est la Comédie humaine..... des chiens. Il peint avec une puissance et une verve qui font penser à Guillaume Kalf et à Ostade, des intérieurs d'un effet plein de vigueur et de vérité. Il les anime avec infiniment d'esprit par des personnages de la race canine, qu'il paraît avoir étudiée et connaître à fond. Il sait leur donner non-seulement beaucoup de physiono mie, mais aussi une expression d'un naturel exquis et vraiment intéressante. TABAR Léopold , n os 2927-2928. Histoire et genre. Un peintre de la vigoureuse lignée de Géricault par malheur il tempère l'énergie de cette école par une mélancolie douce qui enlève à son exécution quelque chose de la vivacité dont on remarque l'influence dans sa composition. TILLOT Charles , n° 2959. Dessous de forêt. M. Charles Tillot a préludé à la culture de paysage par de fortes études esthétiques à l'époque où il rédigeait si judicieusement le feuilleton d'art du Siècle. Il applique aujourd'hui, selon les procédés de notre excellente école de paysage, les principes qu'il soutenait naguère de sa plume sincère et convaincue, et si l'art a perdu un critique autorisé, il a retrouvé un adepte habile. TISSOT James , n os 2969-2974. Genre. Un grand malheur pour cet artiste inconnu jusqu'ici, c'est d'arriver après le fameux Leys d'Anvers, le même qui reçut les honneurs du triomphe à sa rentrée dans sa bonne ville après avoir conquis la France en 1855. La foule, habituée à juger sur les apparences, va croire que M. Tissot est un copiste parce que ses tableaux présentent quelque analogie d'aspect avec ceux du pasticheur émérite de l'ancienne école de Bruges. M. Tissot est un poëte il a le don de l'expression dramatique, une imagination brûlante, et il puise dans son propre fonds des idées qui sont bien à lui. Il est évident qu'il n'a aucun rapport avec le fameux M. Leys. TOULMOUCHE Auguste , n os 2977-2982. Genre. Le clair de lune de M. Stevens, et par conséquent pâle comme tous les clairs de lune. TOURNEMINE Charles de , n os 2983-2987. Paysage. Depuis tantôt trente ans on nous représente un Orient de fantaisie qui semble emprunté aux conventions capricieuses de l'Opéra. M. de Tournemine a soumis la peinture orientale à l'étude de la nature, et il nous représente l'Égypte et l'Asie Mineure par les procédés qu'emploie M. Daubigny pour reproduire un paysage de Ville-d'Avray ou de Meudon. Peu de palettes offriraient d'ailleurs des tons aussi riches, des nuances aussi délicates que celle de M. de Tournemine, qui tient à la fois de Marilhat et de Corot. VETTER Jean , n os 3051-3052. Genre. Ce Jean ne s'en alla certes pas comme il était venu. Il était venu avec un médiocre Bernard de Palissy, il s'en alla, dit-on, avec 25,000 francs. On a bien raison de dire que les vivres sont hors de prix. VIDAL Vincent , n os 3057-3064. Dessins. M. Vidal est au dix-neuvième siècle le peintre de la réalité gracieuse au même titre que l'était Watteau au commencement du dix-huitième. Sans se préoccuper des artifices de l'art, il va droit au but en prenant la nature pour modèle et son goût exquis pour guide. Il est peut-être, après Gavarni, mais dans un autre ordre d'idées, le peintre moderne qui a le mieux compris le type adorable de la Parisienne, la seule femme qu'il faudrait mettre dans l'Arche s'il survenait un nouveau déluge. WINTERHALTER François . Ah ! si M. Vidal avait été chargé de faire ce portrait de l'Impératrice qu'a commis l'auteur du Décaméron, quel chef-d'oeuvre nous aurions admiré ! YVON Adolphe , n° 3132. L'Empereur à Solferino. J'ai lu ce drame terrible, émouvant, glorieux, qu'on appelle le bulletin de la bataille de Solferino j'y ai vu dans le langage concis de la victoire des lignes dont l'énoncé était à lui seul un programme de tableau - à en supposer que le peintre s'appelât Gros, Delacroix ou Vernet. - De tout ce bruit, de toutes ces grandeurs, de tout ce drame, de toute cette gloire qui offraient un si vaste champ à sa muse, M. Yvon n'a rien vu, rien senti, et ce qu'il intitule Solferino, 24 juin, pourrait tout aussi bien s'appeler Camp de Châlons ou Champ de Mars. C'était vraiment bien la peine que l'empereur Napoléon III gagnât l'une des plus belles victoires du siècle pour que son peintre ordinaire en limitât les proportions à une cavalcade d'état-major ! Décidément M. Théodore Devilly est le seul peintre qui ait compris Solferino au Salon de 1861. ZIEM Félix , n° 3134. Un triptyque représentant Venise. Une palette enchantée, une brosse magique, une observation pleine à la fois d'esprit et de sentiment, voilà par quels moyens le peintre séduisant de la belle infortunée qu'on appelle Venise a su rendre nouveaux et intéressants des sujets que la main magistrale du Canaletti semblait avoir rendus impossibles. Mais il n'est pas d'impossibilité pour le talent. Ne voilà-t-il pas à côté de l'incomparable Venise de M. Ziem une autre Venise, incomparable, diaprée de mille feux éblouissants, limpide et colorée comme la nature elle-même, et due au pinceau de M. Jean Lucas, le Canaletti de l'aquarelle?
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VIE DE L'ABBÉ NICOLLE 17 velle douleur. C'était l'incendie des châteaux, c'était la guerre intérieure, c'était le massacre des prêtres et des nobles, c'était la captivité de l'infortuné Louis XVI. A leurs oreilles arrivèrent même de vagues rumeurs sur le rappel de l'ambassadeur de France à Constan-tinople. De si justes inquiétudes hâtèrent le départ des deux voyageurs, et, s'embarquant immédiatement sur un bâtiment qui faisait voile pour cette ville, ils arri-vèrent en peu de jours au terme de leur voyage, M. le comte de Chpiseul reçut l'abbé Nicolle avec cette affectueuse cordialité que lui méritait son dévoue-ment pour son fils. M. de Choiseul est connu, et toutefois je dois à la mémoire de celui dont j'écris ici la vie de dire quel-ques mots de l'homme distingué dont la protection et l'amitié lui furent d'une si grande utilité. Il naquit à Paris, le 27 novembre 1752. Sorti du collège d'Harcourt, il acheva le cours de ses études sous la direction de l'aimable et savant abbé Barthé-lémy, dont l'esprit, aussi athénien que français, a dit M. de Feletz, trouva, dans l'esprit de son jeune élève, des dispositions conformes aux siennes, un coeur géné-reux, une imagination ardente et l'amour de l'indé-pendance. Les lettres, les sciences et les arts furent les passions de sa jeunesse. Les leçons et l'intimité du cé-lèbre auteur du Voyage d'Anacharsis influèrent sur la détermination qu'il accomplit après son mariage. Il publia, sous le nom de Voyage pittoresque, la relation
VIE DE L'ABBÉ NICOLLE 17 velle douleur. C'était l'incendie des châteaux, c'était la guerre intérieure, c'était le massacre des prêtres et des nobles, c'était la captivité de l'infortuné Louis XVI. A leurs oreilles arrivèrent même de vagues rumeurs sur le rappel de l'ambassadeur de France à Constan-tinople. De si justes inquiétudes hâtèrent le départ des deux voyageurs, et, s'embarquant immédiatement sur un bâtiment qui faisait voile pour cette ville, ils arri-vèrent en peu de jours au terme de leur voyage, M. le comte de Chpiseul reçut l'abbé Nicolle avec cette affectueuse cordialité que lui méritait son dévoue-ment pour son fils. M. de Choiseul est connu, et toutefois je dois à la mémoire de celui dont j'écris ici la vie de dire quel-ques mots de l'homme distingué dont la protection et l'amitié lui furent d'une si grande utilité. Il naquit à Paris, le 27 novembre 1752. Sorti du collège d'Harcourt, il acheva le cours de ses études sous la direction de l'aimable et savant abbé Barthé-lémy, dont l'esprit, aussi athénien que français, a dit M. de Feletz, trouva, dans l'esprit de son jeune élève, des dispositions conformes aux siennes, un coeur géné-reux, une imagination ardente et l'amour de l'indé-pendance. Les lettres, les sciences et les arts furent les passions de sa jeunesse. Les leçons et l'intimité du cé-lèbre auteur du Voyage d'Anacharsis influèrent sur la détermination qu'il accomplit après son mariage. Il publia, sous le nom de Voyage pittoresque, la relation
############################## douleur. C'était l'incendie des châteaux, c'était la guerre intérieure, c'était le massacre des prêtres et des nobles, c'était la captivité de l'infortuné Louis XVI. A leurs oreilles arrivèrent même de vagues rumeurs sur le rappel de l'ambassadeur de France à Constan-tinople. De si justes inquiétudes hâtèrent le départ des deux voyageurs, et, s'embarquant immédiatement sur un bâtiment qui faisait voile pour cette ville, ils arri-vèrent en peu de jours au terme de leur voyage, M. le comte de Choiseul reçut l'abbé Nicolle avec cette affectueuse cordialité que lui méritait son dévoue-ment pour son fils. M. de Choiseul est connu, et toutefois je dois à la mémoire de celui dont j'écris ici la vie de dire quel-ques mots de l'homme distingué dont la protection et l'amitié lui furent d'une si grande utilité. Il naquit à Paris, le 27 novembre 1752. Sorti du collège d'Harcourt, il acheva le cours de ses études sous la direction de l'aimable et savant abbé Barthé-lémy, dont l'esprit, aussi athénien que français, a dit M. de Feletz, trouva, dans l'esprit de son jeune élève, des dispositions conformes aux siennes, un coeur géné-reux, une imagination ardente et l'amour de l'indé-pendance. Les lettres, les sciences et les arts furent les passions de sa jeunesse. Les leçons et l'intimité du cé-lèbre auteur du Voyage d'Anacharsis influèrent sur la détermination qu'il accomplit après son mariage. Il publia, sous le nom de Voyage pittoresque, la relation
VIE DE L'ABBÉ NICOLLE 17 velle douleur. C'était l'incendie des châteaux, c'était la guerre intérieure, c'était le massacre des prêtres et des nobles, c'était la captivité de l'infortuné Louis XVI. A leurs oreilles arrivèrent même de vagues rumeurs sur le rappel de l'ambassadeur de France à Constan-tinople. De si justes inquiétudes hâtèrent le départ des deux voyageurs, et, s'embarquant immédiatement sur un bâtiment qui faisait voile pour cette ville, ils arri-vèrent en peu de jours au terme de leur voyage, M. le comte de Choiseul reçut l'abbé Nicolle avec cette affectueuse cordialité que lui méritait son dévoue-ment pour son fils. M. de Choiseul est connu, et toutefois je dois à la mémoire de celui dont j'écris ici la vie de dire quel-ques mots de l'homme distingué dont la protection et l'amitié lui furent d'une si grande utilité. Il naquit à Paris, le 27 novembre 1752. Sorti du collège d'Harcourt, il acheva le cours de ses études sous la direction de l'aimable et savant abbé Barthé-lémy, dont l'esprit, aussi athénien que français, a dit M. de Feletz, trouva, dans l'esprit de son jeune élève, des dispositions conformes aux siennes, un coeur géné-reux, une imagination ardente et l'amour de l'indé-pendance. Les lettres, les sciences et les arts furent les passions de sa jeunesse. Les leçons et l'intimité du cé-lèbre auteur du Voyage d'Anacharsis influèrent sur la détermination qu'il accomplit après son mariage. Il publia, sous le nom de Voyage pittoresque, la relation
VIE DE L'ABBÉ NICOLLE 17 velle douleur. C'était l'incendie des châteaux, c'était la guerre intérieure, c'était le massacre des prêtres et des nobles, c'était la captivité de l'infortuné Louis XVI. A leurs oreilles arrivèrent même de vagues rumeurs sur le rappel de l'ambassadeur de France à Constan-tinople. De si justes inquiétudes hâtèrent le départ des deux voyageurs, et, s'embarquant immédiatement sur un bâtiment qui faisait voile pour cette ville, ils arri-vèrent en peu de jours au terme de leur voyage, M. le comte de Choiseul reçut l'abbé Nicolle avec cette affectueuse cordialité que lui méritait son dévoue-ment pour son fils. M. de Choiseul est connu, et toutefois je dois à la mémoire de celui dont j'écris ici la vie de dire quel-ques mots de l'homme distingué dont la protection et l'amitié lui furent d'une si grande utilité. Il naquit à Paris, le 27 novembre 1752. Sorti du collège d'Harcourt, il acheva le cours de ses études sous la direction de l'aimable et savant abbé Barthé-lémy, dont l'esprit, aussi athénien que français, a dit M. de Feletz, trouva, dans l'esprit de son jeune élève, des dispositions conformes aux siennes, un coeur géné-reux, une imagination ardente et l'amour de l'indé-pendance. Les lettres, les sciences et les arts furent les passions de sa jeunesse. Les leçons et l'intimité du cé-lèbre auteur du Voyage d'Anacharsis influèrent sur la détermination qu'il accomplit après son mariage. Il publia, sous le nom de Voyage pittoresque, la relation
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25 légitime de son souverain qui a commerce direct avec le ciel, qui peut vivre sans boire ni manger, qui est sujet à mourir, mais destiné, après cent vingt lunes ou dix ans, à reparaître sur terre, pour y régner de nouveau 1 . Autant les Jackéris ont horreur du sang, autant ceux de Bénin ont de plaisir à lé répandre. Ils ne célèbrent aucune fête politique ou religieuse, ils ne témoignent leur joie ou leur tristesse qu'en immolant auprès de leurs fé-tiches des victimes humaines et des animaux mâles. Soit égard pour un sexe faible, destiné uniquement à les ser-vir et à satisfaire leurs plaisirs, soit pour ne point inter-rompre les lois de la génération, ils ne sacrifient jamais de femmes ni aucune femelle d'animaux. A la fête des ignames, on tue trois hommes dont les têtes restent ex-posées sur l'autel la chair des animaux immolés en même temps est distribuée au peuple. A la fête des coraux la seconde fête nationale de l'année, où le roi se montre hors de son palais, on immole 15 hommes, 15 boucs , 15 béliers et 15 coqs, et l'on plonge dans leur sangles colliers de corail qui doivent orner, en plus ou moins grand nombre, la poitrine nue du roi, celle des femmes et des grands du pays. ■ Les femmes sont jolies, très-bien faites leur couleur varie depuis le noir-luisant jusqu'à la nuance qui approche lé plus du cuivré. Elles se couvrent ordinairement depuis les hanches jusqu'aux genoux de différentes étoffes pla-i Voyez à ce sujet une Notice sur te peuple de Benin , lue par PALISOT DE BEAUVOIS à la séance publique de l'Ins-titut, le 15 nivôse an IX 5 janvier 1801 , et insérée dans la Décade philosophique, n° 12 de l'an IX, 2.° tri mestre , p. 141 et suiv.
25 légitime de son souverain qui a commerce direct avec le ciel, qui peut vivre sans boire ni manger, qui est sujet à mourir, mais destiné, après cent vingt lunes ou dix ans, à reparaître sur terre, pour y régner de nouveau 1 . Autant les Jackéris ont horreur du sang, autant ceux de Bénin ont de plaisir à lé répandre. Ils ne célèbrent aucune fête politique ou religieuse, ils ne témoignent leur joie ou leur tristesse qu'en immolant auprès de leurs fé-tiches des victimes humaines et des animaux mâles. Soit égard pour un sexe faible, destiné uniquement à les ser-vir et à satisfaire leurs plaisirs, soit pour ne point inter-rompre les lois de la génération, ils ne sacrifient jamais de femmes ni aucune femelle d'animaux. A la fête des ignames, on tue trois hommes dont les têtes restent ex-posées sur l'autel la chair des animaux immolés en même temps est distribuée au peuple. A la fête des coraux la seconde fête nationale de l'année, où le roi se montre hors de son palais, on immole 15 hommes, 15 boucs , 15 béliers et 15 coqs, et l'on plonge dans leur sangles colliers de corail qui doivent orner, en plus ou moins grand nombre, la poitrine nue du roi, celle des femmes et des grands du pays. ■ Les femmes sont jolies, très-bien faites leur couleur varie depuis le noir-luisant jusqu'à la nuance qui approche lé plus du cuivré. Elles se couvrent ordinairement depuis les hanches jusqu'aux genoux de différentes étoffes pla-i Voyez à ce sujet une Notice sur te peuple de Benin , lue par PALISOT DE BEAUVOIS à la séance publique de l'Ins-titut, le 15 nivôse an IX 5 janvier 1801 , et insérée dans la Décade philosophique, n° 12 de l'an IX, 2.° tri mestre , p. 141 et suiv.
########### de son souverain qui a commerce direct avec le ciel, qui peut vivre sans boire ni manger, qui est sujet à mourir, mais destiné, après cent vingt lunes ou dix ans, à reparaître sur terre, pour y régner de nouveau 1 . Autant les Jackéris ont horreur du sang, autant ceux de Bénin ont de plaisir à lé répandre. Ils ne célèbrent aucune fête politique ou religieuse, ils ne témoignent leur joie ou leur tristesse qu'en immolant auprès de leurs fé-tiches des victimes humaines et des animaux mâles. Soit égard pour un sexe faible, destiné uniquement à les ser-vir et à satisfaire leurs plaisirs, soit pour ne point inter-rompre les lois de la génération, ils ne sacrifient jamais de femmes ni aucune femelle d'animaux. A la fête des ignames, on tue trois hommes dont les têtes restent ex-posées sur l'autel la chair des animaux immolés en même temps est distribuée au peuple. A la fête des coraux la seconde fête nationale de l'année, où le roi se montre hors de son palais, on immole 15 hommes, 15 boucs , 15 béliers et 15 coqs, et l'on plonge dans leur sangles colliers de corail qui doivent orner, en plus ou moins grand nombre, la poitrine nue du roi, celle des femmes et des grands du pays. ■ Les femmes sont jolies, très-bien faites leur couleur varie depuis le noir-luisant jusqu'à la nuance qui approche le plus du cuivré. Elles se couvrent ordinairement depuis les hanches jusqu'aux genoux de différentes étoffes pla-1 Voyez à ce sujet une Notice sur le peuple de Benin , lue par PALISOT DE BEAUVOIS à la séance publique de l'Ins-titut, le 15 nivôse an IX 5 janvier 1801 , et insérée dans la Décade philosophique, n° 12 de l'an IX, 2.° tri-mestre , p. 141 et suiv.
25 légitime de son souverain qui a commerce direct avec le ciel, qui peut vivre sans boire ni manger, qui est sujet à mourir, mais destiné, après cent vingt lunes ou dix ans, à reparaître sur terre, pour y régner de nouveau 1 . Autant les Jackéris ont horreur du sang, autant ceux de Bénin ont de plaisir à lé répandre. Ils ne célèbrent aucune fête politique ou religieuse, ils ne témoignent leur joie ou leur tristesse qu'en immolant auprès de leurs fé-tiches des victimes humaines et des animaux mâles. Soit égard pour un sexe faible, destiné uniquement à les ser-vir et à satisfaire leurs plaisirs, soit pour ne point inter-rompre les lois de la génération, ils ne sacrifient jamais de femmes ni aucune femelle d'animaux. A la fête des ignames, on tue trois hommes dont les têtes restent ex-posées sur l'autel la chair des animaux immolés en même temps est distribuée au peuple. A la fête des coraux la seconde fête nationale de l'année, où le roi se montre hors de son palais, on immole 15 hommes, 15 boucs , 15 béliers et 15 coqs, et l'on plonge dans leur sangles colliers de corail qui doivent orner, en plus ou moins grand nombre, la poitrine nue du roi, celle des femmes et des grands du pays. ■ Les femmes sont jolies, très-bien faites leur couleur varie depuis le noir-luisant jusqu'à la nuance qui approche le plus du cuivré. Elles se couvrent ordinairement depuis les hanches jusqu'aux genoux de différentes étoffes pla-1 Voyez à ce sujet une Notice sur le peuple de Benin , lue par PALISOT DE BEAUVOIS à la séance publique de l'Ins-titut, le 15 nivôse an IX 5 janvier 1801 , et insérée dans la Décade philosophique, n° 12 de l'an IX, 2.° tri-mestre , p. 141 et suiv.
25 légitime de son souverain qui a commerce direct avec le ciel, qui peut vivre sans boire ni manger, qui est sujet à mourir, mais destiné, après cent vingt lunes ou dix ans, à reparaître sur terre, pour y régner de nouveau 1 . Autant les Jackéris ont horreur du sang, autant ceux de Bénin ont de plaisir à lé répandre. Ils ne célèbrent aucune fête politique ou religieuse, ils ne témoignent leur joie ou leur tristesse qu'en immolant auprès de leurs fé-tiches des victimes humaines et des animaux mâles. Soit égard pour un sexe faible, destiné uniquement à les ser-vir et à satisfaire leurs plaisirs, soit pour ne point inter-rompre les lois de la génération, ils ne sacrifient jamais de femmes ni aucune femelle d'animaux. A la fête des ignames, on tue trois hommes dont les têtes restent ex-posées sur l'autel la chair des animaux immolés en même temps est distribuée au peuple. A la fête des coraux la seconde fête nationale de l'année, où le roi se montre hors de son palais, on immole 15 hommes, 15 boucs , 15 béliers et 15 coqs, et l'on plonge dans leur sangles colliers de corail qui doivent orner, en plus ou moins grand nombre, la poitrine nue du roi, celle des femmes et des grands du pays. ■ Les femmes sont jolies, très-bien faites leur couleur varie depuis le noir-luisant jusqu'à la nuance qui approche le plus du cuivré. Elles se couvrent ordinairement depuis les hanches jusqu'aux genoux de différentes étoffes pla-1 Voyez à ce sujet une Notice sur le peuple de Benin , lue par PALISOT DE BEAUVOIS à la séance publique de l'Ins-titut, le 15 nivôse an IX 5 janvier 1801 , et insérée dans la Décade philosophique, n° 12 de l'an IX, 2.° tri-mestre , p. 141 et suiv.
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140 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. se morfondre si longtemps et attendre, pour le sacrifier, qu'il fût au moment de renoncer à son entreprise? Y avait-il eu combat chez Sigismond, changement d'avis ? Ne s'était-il dé-cidé qu'à la dernière heure et pour répondre aux défis que Gaston lui adressait? Tout cela était et devait demeurer une énigme. Je ne devais pas connaître non plus la main d'où était parti le coup, et quand j'appuyais sur ce point, le vieux concierge en prenait une humeur qui ressemblait à du re-mords. Pourquoi s'appesantir, d'ailleurs? Je n'étais pas chargé d'une instruction criminelle. Ce que j'avais appris dans l'exercice de mes fonctions, je l'avais sur-le-champ et fidèle-ment révélé le reste prenait le caractère d'une confession, et je ne me croyais pas astreint à aller plus loin. Il me sem-blait même, qu'en mettant les choses au pire, la justice hu-maine demeurait impuissante devant l'acte commis. Le comte était chez lui, dans son droit rigoureux il opposait un acte de violence à un acte de violence, et répondait à une escalade par un coup de feu. Malfaiteur ou séducteur, c'é lait à son bien qu'on en voulait, et, s'il excédait les limites des représailles, s'il avait à la fois préparé la faute et le châ-timent, c'était avec Dieu plutôt qu'avec les hommes qu'il devait compter. Qu'on me passe ces scrupules, peut-être ne sont-ils qu'un prétexte dont je couvre mes torts. Au fond, il me répugnait d'être le délateur d'un homme dont j'avais pro-voqué les confidences, et dé donner un pareil dénoùment à un accès de curiosité. Comme on le pense, les stations chez les marchands de vin. cessèrent lorsque j'eus tiré du père Vincent tout ce que je voulais en tirer. Lui-même finit par prendre son parti et s'accoutumer à sa disgrâce. Il n'est point de blessure que le' temps ne guérisse la sienne alla s'atténuant. Le comte ne l'avait pas laissé dépourvu il finit par songer un peu moins à son cordon et beaucoup plus à sa petite rente. Je le vis moins aouvent dans la rue et plus calme quand il y parais-sait. Enfin, de guerre lasse, il finit par se retirer dans un petit jardin de la banlieue, où la culture de deux plates-bandes -acheva de lui faire oublier la porte de l'hôtel Montréal. La banlieue a des vertus souveraines pour de semblables dou-leurs elle est l'asile des grandes déchéances et des ambi-
140 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. se morfondre si longtemps et attendre, pour le sacrifier, qu'il fût au moment de renoncer à son entreprise@? Y avait-il eu combat chez Sigismond, changement d'avis ? Ne s'était-il dé-cidé qu'à la dernière heure et pour répondre aux défis que Gaston lui adressait@? Tout cela était et devait demeurer une énigme. Je ne devais pas connaître non plus la main d'où était parti le coup, et quand j'appuyais sur ce point, le vieux concierge en prenait une humeur qui ressemblait à du re-mords. Pourquoi s'appesantir, d'ailleurs@? Je n'étais pas chargé d'une instruction criminelle. Ce que j'avais appris dans l'exercice de mes fonctions, je l'avais sur-le-champ et fidèle-ment révélé le reste prenait le caractère d'une confession, et je ne me croyais pas astreint à aller plus loin. Il me sem-blait même, qu'en mettant les choses au pire, la justice hu-maine demeurait impuissante devant l'acte commis. Le comte était chez lui, dans son droit rigoureux il opposait un acte de violence à un acte de violence, et répondait à une escalade par un coup de feu. Malfaiteur ou séducteur, c'é lait à son bien qu'on en voulait, et, s'il excédait les limites des représailles, s'il avait à la fois préparé la faute et le châ-timent, c'était avec Dieu plutôt qu'avec les hommes qu'il devait compter. Qu'on me passe ces scrupules, peut-être ne sont-ils qu'un prétexte dont je couvre mes torts. Au fond, il me répugnait d'être le délateur d'un homme dont j'avais pro-voqué les confidences, et dé donner un pareil dénoùment à un accès de curiosité. Comme on le pense, les stations chez les marchands de vin. cessèrent lorsque j'eus tiré du père Vincent tout ce que je voulais en tirer. Lui-même finit par prendre son parti et s'accoutumer à sa disgrâce. Il n'est point de blessure que le' temps ne guérisse la sienne alla s'atténuant. Le comte ne l'avait pas laissé dépourvu il finit par songer un peu moins à son cordon et beaucoup plus à sa petite rente. Je le vis moins aouvent dans la rue et plus calme quand il y parais-sait. Enfin, de guerre lasse, il finit par se retirer dans un petit jardin de la banlieue, où la culture de deux plates-bandes -acheva de lui faire oublier la porte de l'hôtel Montréal. La banlieue a des vertus souveraines pour de semblables dou-leurs elle est l'asile des grandes déchéances et des ambi-
140 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. se morfondre si longtemps et attendre, pour le sacrifier, qu'il fût au moment de renoncer à son entreprise ? Y avait-il eu combat chez Sigismond, changement d'avis ? Ne s'était-il dé-cidé qu'à la dernière heure et pour répondre aux défis que Gaston lui adressait ? Tout cela était et devait demeurer une énigme. Je ne devais pas connaître non plus la main d'où était parti le coup, et quand j'appuyais sur ce point, le vieux concierge en prenait une humeur qui ressemblait à du re-mords. Pourquoi s'appesantir, d'ailleurs ? Je n'étais pas chargé d'une instruction criminelle. Ce que j'avais appris dans l'exercice de mes fonctions, je l'avais sur-le-champ et fidèle-ment révélé le reste prenait le caractère d'une confession, et je ne me croyais pas astreint à aller plus loin. Il me sem-blait même, qu'en mettant les choses au pire, la justice hu-maine demeurait impuissante devant l'acte commis. Le comte était chez lui, dans son droit rigoureux il opposait un acte de violence à un acte de violence, et répondait à une escalade par un coup de feu. Malfaiteur ou séducteur, c'é tait à son bien qu'on en voulait, et, s'il excédait les limites des représailles, s'il avait à la fois préparé la faute et le châ-timent, c'était avec Dieu plutôt qu'avec les hommes qu'il devait compter. Qu'on me passe ces scrupules, peut-être ne sont-ils qu'un prétexte dont je couvre mes torts. Au fond, il me répugnait d'être le délateur d'un homme dont j'avais pro-voqué les confidences, et de donner un pareil dénoûment à un accès de curiosité. Comme on le pense, les stations chez les marchands de vin@ cessèrent lorsque j'eus tiré du père Vincent tout ce que je voulais en tirer. Lui-même finit par prendre son parti et s'accoutumer à sa disgrâce. Il n'est point de blessure que le@ temps ne guérisse la sienne alla s'atténuant. Le comte ne l'avait pas laissé dépourvu il finit par songer un peu moins à son cordon et beaucoup plus à sa petite rente. Je le vis moins souvent dans la rue et plus calme quand il y parais-sait. Enfin, de guerre lasse, il finit par se retirer dans un petit jardin de la banlieue, où la culture de deux plates-bandes @acheva de lui faire oublier la porte de l'hôtel Montréal. La banlieue a des vertus souveraines pour de semblables dou-leurs elle est l'asile des grandes déchéances et des ambi-
140 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. se morfondre si longtemps et attendre, pour le sacrifier, qu'il fût au moment de renoncer à son entreprise ? Y avait-il eu combat chez Sigismond, changement d'avis ? Ne s'était-il dé-cidé qu'à la dernière heure et pour répondre aux défis que Gaston lui adressait ? Tout cela était et devait demeurer une énigme. Je ne devais pas connaître non plus la main d'où était parti le coup, et quand j'appuyais sur ce point, le vieux concierge en prenait une humeur qui ressemblait à du re-mords. Pourquoi s'appesantir, d'ailleurs ? Je n'étais pas chargé d'une instruction criminelle. Ce que j'avais appris dans l'exercice de mes fonctions, je l'avais sur-le-champ et fidèle-ment révélé le reste prenait le caractère d'une confession, et je ne me croyais pas astreint à aller plus loin. Il me sem-blait même, qu'en mettant les choses au pire, la justice hu-maine demeurait impuissante devant l'acte commis. Le comte était chez lui, dans son droit rigoureux il opposait un acte de violence à un acte de violence, et répondait à une escalade par un coup de feu. Malfaiteur ou séducteur, c'é tait à son bien qu'on en voulait, et, s'il excédait les limites des représailles, s'il avait à la fois préparé la faute et le châ-timent, c'était avec Dieu plutôt qu'avec les hommes qu'il devait compter. Qu'on me passe ces scrupules, peut-être ne sont-ils qu'un prétexte dont je couvre mes torts. Au fond, il me répugnait d'être le délateur d'un homme dont j'avais pro-voqué les confidences, et de donner un pareil dénoûment à un accès de curiosité. Comme on le pense, les stations chez les marchands de vin@ cessèrent lorsque j'eus tiré du père Vincent tout ce que je voulais en tirer. Lui-même finit par prendre son parti et s'accoutumer à sa disgrâce. Il n'est point de blessure que le@ temps ne guérisse la sienne alla s'atténuant. Le comte ne l'avait pas laissé dépourvu il finit par songer un peu moins à son cordon et beaucoup plus à sa petite rente. Je le vis moins souvent dans la rue et plus calme quand il y parais-sait. Enfin, de guerre lasse, il finit par se retirer dans un petit jardin de la banlieue, où la culture de deux plates-bandes @acheva de lui faire oublier la porte de l'hôtel Montréal. La banlieue a des vertus souveraines pour de semblables dou-leurs elle est l'asile des grandes déchéances et des ambi-
140 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. se morfondre si longtemps et attendre, pour le sacrifier, qu'il fût au moment de renoncer à son entreprise ? Y avait-il eu combat chez Sigismond, changement d'avis ? Ne s'était-il dé-cidé qu'à la dernière heure et pour répondre aux défis que Gaston lui adressait ? Tout cela était et devait demeurer une énigme. Je ne devais pas connaître non plus la main d'où était parti le coup, et quand j'appuyais sur ce point, le vieux concierge en prenait une humeur qui ressemblait à du re-mords. Pourquoi s'appesantir, d'ailleurs ? Je n'étais pas chargé d'une instruction criminelle. Ce que j'avais appris dans l'exercice de mes fonctions, je l'avais sur-le-champ et fidèle-ment révélé le reste prenait le caractère d'une confession, et je ne me croyais pas astreint à aller plus loin. Il me sem-blait même, qu'en mettant les choses au pire, la justice hu-maine demeurait impuissante devant l'acte commis. Le comte était chez lui, dans son droit rigoureux il opposait un acte de violence à un acte de violence, et répondait à une escalade par un coup de feu. Malfaiteur ou séducteur, c'é tait à son bien qu'on en voulait, et, s'il excédait les limites des représailles, s'il avait à la fois préparé la faute et le châ-timent, c'était avec Dieu plutôt qu'avec les hommes qu'il devait compter. Qu'on me passe ces scrupules, peut-être ne sont-ils qu'un prétexte dont je couvre mes torts. Au fond, il me répugnait d'être le délateur d'un homme dont j'avais pro-voqué les confidences, et de donner un pareil dénoûment à un accès de curiosité. Comme on le pense, les stations chez les marchands de vin cessèrent lorsque j'eus tiré du père Vincent tout ce que je voulais en tirer. Lui-même finit par prendre son parti et s'accoutumer à sa disgrâce. Il n'est point de blessure que le temps ne guérisse la sienne alla s'atténuant. Le comte ne l'avait pas laissé dépourvu il finit par songer un peu moins à son cordon et beaucoup plus à sa petite rente. Je le vis moins souvent dans la rue et plus calme quand il y parais-sait. Enfin, de guerre lasse, il finit par se retirer dans un petit jardin de la banlieue, où la culture de deux plates-bandes acheva de lui faire oublier la porte de l'hôtel Montréal. La banlieue a des vertus souveraines pour de semblables dou-leurs elle est l'asile des grandes déchéances et des ambi-
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26 VIE DE. L'ABBE NICOLLE motif qui te déterminera à venir partager mes fati-gués. Je connais ton coeur, mon ami, et je suis sûr que depuis que tu. me sais en Russie, il se tourne sans cesse vers l'étoile polaire. Combien il me tarde que ton âme ne cherche plus la mienne, et que la mienne ait trouvé celle qui lui manque depuis quatre ans ! Quelles jouissances Dieu nous prépare ! quelles actions de grâces ne mérite pas, de notre part, une si aimable Providence, qui nous fait trouver un tel bon-heur au milieu de tant de douleurs ! Non, tu ne seras pas surpris de la vivacité de ma reconnaissance en-vers le Ciel, quand tu jugeras par toi-même combien le succès de Ce petit établissement naissant est assuré, quand tu connaîtras les parents qui nous ont confié leurs enfants. Déjà ils t'estiment et ils t'aiment ta présence augmentera leur estime et leur affection pour toi. L'institut que fondait l'abbé Nicolle était le premier établissement de ce genre qui eut jamais existé en Rus-sie il était, selon lui, le plus authentique témoignage de l'immense confiance que lui accordaient les plus grandes familles de l'empire. De temps immémorial, il était reçu dans la Russie que les enfants appartenant à la haute classe ne devaient jamais sortir de la maison paternelle. Ils étaient élevés par des maîtres particu-liers, et sous les yeux de leurs parents. Séduits par les talents de l'abbé Nicolle, et par la méthode d'éducation
26 VIE DE. L'ABBE NICOLLE motif qui te déterminera à venir partager mes fati-@gués. Je connais ton coeur, mon ami, et je suis sûr que depuis que tu. me sais en Russie, il se tourne sans cesse vers l'étoile polaire. Combien il me tarde que ton âme ne cherche plus la mienne, et que la mienne ait trouvé celle qui lui manque depuis quatre ans ! Quelles jouissances Dieu nous prépare ! quelles actions de grâces ne mérite pas, de notre part, une si aimable Providence, qui nous fait trouver un tel bon-@heur au milieu de tant de douleurs ! Non, tu ne seras pas surpris de la vivacité de ma reconnaissance en-@vers le Ciel, quand tu jugeras par toi-même combien le succès de Ce petit établissement naissant est assuré, quand tu connaîtras les parents qui nous ont confié leurs enfants. Déjà ils t'estiment et ils t'aiment ta présence augmentera leur estime et leur affection pour toi. L'institut que fondait l'abbé Nicolle était le premier établissement de ce genre qui eut jamais existé en Rus-sie il était, selon lui, le plus authentique témoignage de l'immense confiance que lui accordaient les plus grandes familles de l'empire. De temps immémorial, il était reçu dans la Russie que les enfants appartenant à la haute classe ne devaient jamais sortir de la maison paternelle. Ils étaient élevés par des maîtres particu-liers, et sous les yeux de leurs parents. Séduits par les talents de l'abbé Nicolle, et par la méthode d'éducation
#################################################### venir partager mes fati- gues. Je connais ton coeur, mon ami, et je suis sûr que depuis que tu@ me sais en Russie, il se tourne sans cesse vers l'étoile polaire. Combien il me tarde que ton âme ne cherche plus la mienne, et que la mienne ait trouvé celle qui lui manque depuis quatre ans ! Quelles jouissances Dieu nous prépare ! quelles actions de grâces ne mérite pas, de notre part, une si aimable Providence, qui nous fait trouver un tel bon- heur au milieu de tant de douleurs ! Non, tu ne seras pas surpris de la vivacité de ma reconnaissance en- vers le Ciel, quand tu jugeras par toi-même combien le succès de ce petit établissement naissant est assuré, quand tu connaîtras les parents qui nous ont confié leurs enfants. Déjà ils t'estiment et ils t'aiment ta présence augmentera leur estime et leur affection pour toi. L'institut que fondait l'abbé Nicolle était le premier établissement de ce genre qui eut jamais existé en Rus-sie il était, selon lui, le plus authentique témoignage de l'immense confiance que lui accordaient les plus grandes familles de l'empire. De temps immémorial, il était reçu dans la Russie que les enfants appartenant à la haute classe ne devaient jamais sortir de la maison paternelle. Ils étaient élevés par des maîtres particu-liers, et sous les yeux de leurs parents. Séduits par les talents de l'abbé Nicolle, et par la méthode d'éducation
26 VIE DE. L'ABBE NICOLLE motif qui te déterminera à venir partager mes fati- gues. Je connais ton coeur, mon ami, et je suis sûr que depuis que tu@ me sais en Russie, il se tourne sans cesse vers l'étoile polaire. Combien il me tarde que ton âme ne cherche plus la mienne, et que la mienne ait trouvé celle qui lui manque depuis quatre ans ! Quelles jouissances Dieu nous prépare ! quelles actions de grâces ne mérite pas, de notre part, une si aimable Providence, qui nous fait trouver un tel bon- heur au milieu de tant de douleurs ! Non, tu ne seras pas surpris de la vivacité de ma reconnaissance en- vers le Ciel, quand tu jugeras par toi-même combien le succès de ce petit établissement naissant est assuré, quand tu connaîtras les parents qui nous ont confié leurs enfants. Déjà ils t'estiment et ils t'aiment ta présence augmentera leur estime et leur affection pour toi. L'institut que fondait l'abbé Nicolle était le premier établissement de ce genre qui eut jamais existé en Rus-sie il était, selon lui, le plus authentique témoignage de l'immense confiance que lui accordaient les plus grandes familles de l'empire. De temps immémorial, il était reçu dans la Russie que les enfants appartenant à la haute classe ne devaient jamais sortir de la maison paternelle. Ils étaient élevés par des maîtres particu-liers, et sous les yeux de leurs parents. Séduits par les talents de l'abbé Nicolle, et par la méthode d'éducation
26 VIE DE. L'ABBE NICOLLE motif qui te déterminera à venir partager mes fati- gues. Je connais ton coeur, mon ami, et je suis sûr que depuis que tu me sais en Russie, il se tourne sans cesse vers l'étoile polaire. Combien il me tarde que ton âme ne cherche plus la mienne, et que la mienne ait trouvé celle qui lui manque depuis quatre ans ! Quelles jouissances Dieu nous prépare ! quelles actions de grâces ne mérite pas, de notre part, une si aimable Providence, qui nous fait trouver un tel bon- heur au milieu de tant de douleurs ! Non, tu ne seras pas surpris de la vivacité de ma reconnaissance en- vers le Ciel, quand tu jugeras par toi-même combien le succès de ce petit établissement naissant est assuré, quand tu connaîtras les parents qui nous ont confié leurs enfants. Déjà ils t'estiment et ils t'aiment ta présence augmentera leur estime et leur affection pour toi. L'institut que fondait l'abbé Nicolle était le premier établissement de ce genre qui eut jamais existé en Rus-sie il était, selon lui, le plus authentique témoignage de l'immense confiance que lui accordaient les plus grandes familles de l'empire. De temps immémorial, il était reçu dans la Russie que les enfants appartenant à la haute classe ne devaient jamais sortir de la maison paternelle. Ils étaient élevés par des maîtres particu-liers, et sous les yeux de leurs parents. Séduits par les talents de l'abbé Nicolle, et par la méthode d'éducation
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-213 -lieu des fêtes et des bals de Versailles le lan-gage en est plat, trivial et les marquises toutes couvertes de roses pompons ne parlaient pas celte langue, n'écrivaient pas de semblables vilainies. Il ne reste plus maintenant que quelques bran-ches entrelacées à l'arbre brillant des Nesle. Cette illustre maison a eu le sort d'autres grandes lignées ! ils sont brisés les écussons des Courtenay, des Brienne, des Lusignan, de Bouillon, des Les diguières! Au milieu de notre époque que feraient-ils ces hauts barons, du moyen-âge 1 quand on amoncelé des ruines autour de tous les souvenirs ? Lorsque on aperçoit quelque ré-sistance du noble esprit du passé, se lever pour combattre la puissance de destruction, il me semble voir le maréchal de Mailly brandissant sa vieille épée, d'une main défaillante pour com-battre les multitudes qui envahissaient les Tui-leries le 10 août. A Choisy, où j'écris ces lignes, rien n'a été respecté le château qui vit l'élégante société 1 Louis XVIII avait placé dans sa pairie tous les débris des anciennes familles le duc d'Uzez, Montbazon, Tremoille, Che-vreuse, Rohan, Luxembourg, Gramont, Mortemart, Noailles, d'Harcourt, Fitz-James, Brancas, Valentinois, Duras, de Vau-guyou, La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, Coigny, Choi-seuil, Talleyrand, Croï, Laval-Montmorency, Lorges, d'Havre, Levis, Mailly, Saulx-Tavanne, Lafocce, Castries, Mouchy, Con-tades, Grillon, d'Escar, Latour-du-Pin, Sabran, Lafare, etc.
-213 -lieu des fêtes et des bals de Versailles le lan-gage en est plat, trivial et les marquises toutes couvertes de roses pompons ne parlaient pas celte langue, n'écrivaient pas de semblables vilainies. Il ne reste plus maintenant que quelques bran-ches entrelacées à l'arbre brillant des Nesle. Cette illustre maison a eu le sort d'autres grandes lignées ! ils sont brisés les écussons des Courtenay, des Brienne, des Lusignan, de Bouillon, des Les diguières! Au milieu de notre époque que feraient-ils ces hauts barons, du moyen-âge 1 quand on amoncelé des ruines autour de tous les souvenirs ? Lorsque on aperçoit quelque ré-sistance du noble esprit du passé, se lever pour combattre la puissance de destruction, il me semble voir le maréchal de Mailly brandissant sa vieille épée, d'une main défaillante pour com-battre les multitudes qui envahissaient les Tui-leries le 10 août. A Choisy, où j'écris ces lignes, rien n'a été respecté le château qui vit l'élégante société@@@@@@@ 1 Louis XVIII avait placé dans sa pairie tous les débris des anciennes familles le duc d'Uzez, Montbazon, Tremoille, Che-vreuse, Rohan, Luxembourg, Gramont, Mortemart, Noailles, d'Harcourt, Fitz-James, Brancas, Valentinois, Duras, de Vau-guyou, La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, Coigny, Choi-seuil, Talleyrand, Croï, Laval-Montmorency, Lorges, d'Havre, Levis, Mailly, Saulx-Tavanne, Lafocce, Castries, Mouchy, Con-tades, Grillon, d'Escar, Latour-du-Pin, Sabran, Lafare, etc.
########## des fêtes et des bals de Versailles le lan-gage en est plat, trivial et les marquises toutes couvertes de roses pompons ne parlaient pas cette langue, n'écrivaient pas de semblables vilainies. Il ne reste plus maintenant que quelques bran-ches entrelacées à l'arbre brillant des Nesle. Cette illustre maison a eu le sort d'autres grandes lignées ! ils sont brisés les écussons des Courtenay, des Brienne, des Lusignan, de Bouillon, des Les@diguières! Au milieu de notre époque que feraient-ils ces hauts barons, du moyen-âge 1 quand on amoncele des ruines autour de tous les souvenirs ? Lorsque on aperçoit quelque ré-sistance du noble esprit du passé, se lever pour combattre la puissance de destruction, il me semble voir le maréchal de Mailly brandissant sa vieille épée, d'une main défaillante pour com-battre les multitudes qui envahissaient les Tui-leries le 10 août. A Choisy, où j'écris ces lignes, rien n'a été respecté le château qui vit l'élégante société -213 - 1 Louis XVIII avait placé dans sa pairie tous les débris des anciennes familles le duc d'Uzez, Montbazon, Tremoille, Che-vreuse, Rohan, Luxembourg, Gramont, Mortemart, Noailles, d'Harcourt, Fitz-James, Brancas, Valentinois, Duras, de Vau-guyon, La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, Coigny, Choi-seuil, Talleyrand, Croï, Laval-Montmorency, Lorges, d'Havré, Levis, Mailly, Saulx-Tavanne, Laforce, Castries, Mouchy, Con-tades, Grillon, d'Escar, Latour-du-Pin, Sabran, Lafare, etc.
-213 -lieu des fêtes et des bals de Versailles le lan-gage en est plat, trivial et les marquises toutes couvertes de roses pompons ne parlaient pas cette langue, n'écrivaient pas de semblables vilainies. Il ne reste plus maintenant que quelques bran-ches entrelacées à l'arbre brillant des Nesle. Cette illustre maison a eu le sort d'autres grandes lignées ! ils sont brisés les écussons des Courtenay, des Brienne, des Lusignan, de Bouillon, des Les@diguières! Au milieu de notre époque que feraient-ils ces hauts barons, du moyen-âge 1 quand on amoncele des ruines autour de tous les souvenirs ? Lorsque on aperçoit quelque ré-sistance du noble esprit du passé, se lever pour combattre la puissance de destruction, il me semble voir le maréchal de Mailly brandissant sa vieille épée, d'une main défaillante pour com-battre les multitudes qui envahissaient les Tui-leries le 10 août. A Choisy, où j'écris ces lignes, rien n'a été respecté le château qui vit l'élégante société -213 - 1 Louis XVIII avait placé dans sa pairie tous les débris des anciennes familles le duc d'Uzez, Montbazon, Tremoille, Che-vreuse, Rohan, Luxembourg, Gramont, Mortemart, Noailles, d'Harcourt, Fitz-James, Brancas, Valentinois, Duras, de Vau-guyon, La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, Coigny, Choi-seuil, Talleyrand, Croï, Laval-Montmorency, Lorges, d'Havré, Levis, Mailly, Saulx-Tavanne, Laforce, Castries, Mouchy, Con-tades, Grillon, d'Escar, Latour-du-Pin, Sabran, Lafare, etc.
-213 -lieu des fêtes et des bals de Versailles le lan-gage en est plat, trivial et les marquises toutes couvertes de roses pompons ne parlaient pas cette langue, n'écrivaient pas de semblables vilainies. Il ne reste plus maintenant que quelques bran-ches entrelacées à l'arbre brillant des Nesle. Cette illustre maison a eu le sort d'autres grandes lignées ! ils sont brisés les écussons des Courtenay, des Brienne, des Lusignan, de Bouillon, des Lesdiguières! Au milieu de notre époque que feraient-ils ces hauts barons, du moyen-âge 1 quand on amoncele des ruines autour de tous les souvenirs ? Lorsque on aperçoit quelque ré-sistance du noble esprit du passé, se lever pour combattre la puissance de destruction, il me semble voir le maréchal de Mailly brandissant sa vieille épée, d'une main défaillante pour com-battre les multitudes qui envahissaient les Tui-leries le 10 août. A Choisy, où j'écris ces lignes, rien n'a été respecté le château qui vit l'élégante société -213 - 1 Louis XVIII avait placé dans sa pairie tous les débris des anciennes familles le duc d'Uzez, Montbazon, Tremoille, Che-vreuse, Rohan, Luxembourg, Gramont, Mortemart, Noailles, d'Harcourt, Fitz-James, Brancas, Valentinois, Duras, de Vau-guyon, La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, Coigny, Choi-seuil, Talleyrand, Croï, Laval-Montmorency, Lorges, d'Havré, Levis, Mailly, Saulx-Tavanne, Laforce, Castries, Mouchy, Con-tades, Grillon, d'Escar, Latour-du-Pin, Sabran, Lafare, etc.
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33 fraient qu'abuser de la liberté, une femme n'en use que pour lui sauver la vie, et protéger son départ qui s'effec-tua le 19 juillet réfutation admirable d'une erreur dans laquelle son aine généreuse ne tomba sans doute qu'en-traînée par une sorte dé fatalité. De retour à Philadelphie, le 4 août 1793, n'ayant pour tout bien que quelques hardes et cinq gourdes environ 25 fr. , PALISOT DE BEASVOIS voulut faire voile sur la Franee mais, ô coup dé foudre! les portes de la patrie ne peuvent s'ouvrir peur lui son nom est inscrit sur la liste des émigrés, tous, ses biens sont sous lé sé-questre en vain il s'adresse à sa famille et aux agens auxquels il remit ses intérêts financiers en partant tout le monde l'abandonne. Trop fier pour accepter les secours que là République américaine offrait au malheur trop juste, trop religieux envers l'amitié pour tomber à la chargé de ceux qui l'avaient connu dans l'aisance, il supporta l'infortune avec ce noble courage qui ne laisse pas apercevoir les privations, et se créa des ressourcés en tirant parti de ses talens. OH le vit donner le jour des leçons de langue latine et de langue française, et le soir rendu au théâtre, se mêler, pour un modique salaire, parmi les artistes de la musique tantôt embouchant le cor, tantôt jouant du basson , instrumens qu'il maniait dans la plus rare perfection. Les instans de loisir, que.ce genre d'occupations lui laissait parfois, il les employait à faire des petits herbiers et des tableaux d'insectes. Pen-dant deux années il pourvut de la sorte à ses besoins ses moyens, pécuniaires s'accrurent du moment qu'il se vit chargé de disposer, dé soigner et d'enrichir le musée de -M. PEAL , amateur distingué des productions de la na-3
33 fraient qu'abuser de la liberté, une femme n'en use que pour lui sauver la vie, et protéger son départ qui s'effec-tua le 19 juillet réfutation admirable d'une erreur dans laquelle son aine généreuse ne tomba sans doute qu'en-traînée par une sorte dé fatalité. De retour à Philadelphie, le 4 août 1793, n'ayant pour tout bien que quelques hardes et cinq gourdes environ 25 fr. , PALISOT DE BEASVOIS voulut faire voile sur la Franee mais, ô coup dé foudre! les portes de la patrie ne peuvent s'ouvrir peur lui son nom est inscrit sur la liste des émigrés, tous, ses biens sont sous lé sé-questre en vain il s'adresse à sa famille et aux agens auxquels il remit ses intérêts financiers en partant tout le monde l'abandonne. Trop fier pour accepter les secours que là République américaine offrait au malheur trop juste, trop religieux envers l'amitié pour tomber à la chargé de ceux qui l'avaient connu dans l'aisance, il supporta l'infortune avec ce noble courage qui ne laisse pas apercevoir les privations, et se créa des ressourcés en tirant parti de ses talens. OH le vit donner le jour des leçons de langue latine et de langue française, et le soir@ rendu au théâtre, se mêler, pour un modique salaire, parmi les artistes de la musique tantôt embouchant le cor, tantôt jouant du basson , instrumens qu'il maniait dans la plus rare perfection. Les instans de loisir, que.ce genre d'occupations lui laissait parfois, il les employait à faire des petits herbiers et des tableaux d'insectes. Pen-dant deux années il pourvut de la sorte à ses besoins ses moyens, pécuniaires s'accrurent du moment qu'il se vit chargé de disposer, dé soigner et d'enrichir le musée de -M. PEAL , amateur distingué des productions de la na-3
########## qu'abuser de la liberté, une femme n'en use que pour lui sauver la vie, et protéger son départ qui s'effec-tua le 19 juillet réfutation admirable d'une erreur dans laquelle son a@me généreuse ne tomba sans doute qu'en-traînée par une sorte dé fatalité. De retour à Philadelphie, le 4 août 1793, n'ayant pour tout bien que quelques hardes et cinq gourdes environ 25 fr. , PALISOT DE BEAUVOIS voulut faire voile sur la France mais, ô coup dé foudre! les portes de la patrie ne peuvent s'ouvrir pour lui son nom est inscrit sur la liste des émigrés, tous, ses biens sont sous le sé-questre en vain il s'adresse à sa famille et aux agens auxquels il remit ses intérêts financiers en partant tout le monde l'abandonne. Trop fier pour accepter les secours que la République américaine offrait au malheur trop juste, trop religieux envers l'amitié pour tomber à la charge de ceux qui l'avaient connu dans l'aisance, il supporta l'infortune avec ce noble courage qui ne laisse pas apercevoir les privations, et se créa des ressources en tirant parti de ses talens. On le vit donner le jour des leçons de langue latine et de langue française, et le soir, rendu au théâtre, se mêler, pour un modique salaire, parmi les artistes de la musique tantôt embouchant le cor, tantôt jouant du basson , instrumens qu'il maniait dans la plus rare perfection. Les instans de loisir, que.ce genre d'occupations lui laissait parfois, il les employait à faire des petits herbiers et des tableaux d'insectes. Pen-dant deux années il pourvut de la sorte à ses besoins ses moyens, pécuniaires s'accrurent du moment qu'il se vit chargé de disposer, de soigner et d'enrichir le musée de @M. PEAL , amateur distingué des productions de la ####
33 fraient qu'abuser de la liberté, une femme n'en use que pour lui sauver la vie, et protéger son départ qui s'effec-tua le 19 juillet réfutation admirable d'une erreur dans laquelle son a@me généreuse ne tomba sans doute qu'en-traînée par une sorte dé fatalité. De retour à Philadelphie, le 4 août 1793, n'ayant pour tout bien que quelques hardes et cinq gourdes environ 25 fr. , PALISOT DE BEAUVOIS voulut faire voile sur la France mais, ô coup dé foudre! les portes de la patrie ne peuvent s'ouvrir pour lui son nom est inscrit sur la liste des émigrés, tous, ses biens sont sous le sé-questre en vain il s'adresse à sa famille et aux agens auxquels il remit ses intérêts financiers en partant tout le monde l'abandonne. Trop fier pour accepter les secours que la République américaine offrait au malheur trop juste, trop religieux envers l'amitié pour tomber à la charge de ceux qui l'avaient connu dans l'aisance, il supporta l'infortune avec ce noble courage qui ne laisse pas apercevoir les privations, et se créa des ressources en tirant parti de ses talens. On le vit donner le jour des leçons de langue latine et de langue française, et le soir, rendu au théâtre, se mêler, pour un modique salaire, parmi les artistes de la musique tantôt embouchant le cor, tantôt jouant du basson , instrumens qu'il maniait dans la plus rare perfection. Les instans de loisir, que.ce genre d'occupations lui laissait parfois, il les employait à faire des petits herbiers et des tableaux d'insectes. Pen-dant deux années il pourvut de la sorte à ses besoins ses moyens, pécuniaires s'accrurent du moment qu'il se vit chargé de disposer, de soigner et d'enrichir le musée de @M. PEAL , amateur distingué des productions de la na-3
33 fraient qu'abuser de la liberté, une femme n'en use que pour lui sauver la vie, et protéger son départ qui s'effec-tua le 19 juillet réfutation admirable d'une erreur dans laquelle son ame généreuse ne tomba sans doute qu'en-traînée par une sorte dé fatalité. De retour à Philadelphie, le 4 août 1793, n'ayant pour tout bien que quelques hardes et cinq gourdes environ 25 fr. , PALISOT DE BEAUVOIS voulut faire voile sur la France mais, ô coup dé foudre! les portes de la patrie ne peuvent s'ouvrir pour lui son nom est inscrit sur la liste des émigrés, tous, ses biens sont sous le sé-questre en vain il s'adresse à sa famille et aux agens auxquels il remit ses intérêts financiers en partant tout le monde l'abandonne. Trop fier pour accepter les secours que la République américaine offrait au malheur trop juste, trop religieux envers l'amitié pour tomber à la charge de ceux qui l'avaient connu dans l'aisance, il supporta l'infortune avec ce noble courage qui ne laisse pas apercevoir les privations, et se créa des ressources en tirant parti de ses talens. On le vit donner le jour des leçons de langue latine et de langue française, et le soir, rendu au théâtre, se mêler, pour un modique salaire, parmi les artistes de la musique tantôt embouchant le cor, tantôt jouant du basson , instrumens qu'il maniait dans la plus rare perfection. Les instans de loisir, que.ce genre d'occupations lui laissait parfois, il les employait à faire des petits herbiers et des tableaux d'insectes. Pen-dant deux années il pourvut de la sorte à ses besoins ses moyens, pécuniaires s'accrurent du moment qu'il se vit chargé de disposer, de soigner et d'enrichir le musée de M. PEAL , amateur distingué des productions de la na-3
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42 siter les grandes cavernes nitreuses, et réunir à sa belle collection de fossiles, des ossemens de l'animal trois fois plus gros que les plus forts lions de l'Afrique, que. quel-ques temps auparavant, l'illustre JEFFERSON y avait dé-couverts, auquel il avait donné le nom de megalonyx , et qu'il estimaitavoir été l'ennemi du mammouth, comme le lion l'est de l'éléphant. Il réussit à se procurer un petit os du poignet et une dent à racine non branchue, ter-minée par une couronne creusée à la manière des inci-sives du cheval. Cette, dent qu'il soupçonne être une molaire, est déprimée sur les deux faces elle prouve 1°. que le megalonyx n'appartient pas aux animaux carnas-siers , 2°. qu'il se rapproche beaucoup, comme l'estime M. CUVIER , du genre des paresseux ou bradipus, 3°. qu'il était herbivore, et voisin du megatherium, dont les griffes, assez semblables à celles des lions, étaient enve-loppées dans une gaine osseuse et très-saillante 1 . Toutes ces observations annoncent le soin que notre voyageur mettait à bien voir mais les plus capitales sont celles qui ont rapport aux serpens. Elles ont jeté un grand jour sur leurs moeurs, l'espèce de nourriture qui leur est propre, et sur la place qu'ils doivent occuper dans nos classifications 2 . L'Amérique du Nord en présente un très - grand nombre c'est surtout dans le 1 CUVIER, Recherches sur les ossemens fossiles des quadrupèdes, tom. IV, art. megalonyx. 2 Memoir on amphibia, lu à l'Académie de Phila-delphie en février 1797, et inséré dans les Transactions of the philosophical Society hetd at Phitadelphia, tom. IV, pag. 362-381. Il a été lu à l'Institut les 16 vendé-miaire et 16 frimaire an VII 7 octobre et 6 décembre 1798 .
42 siter les grandes cavernes nitreuses, et réunir à sa belle collection de fossiles, des ossemens de l'animal trois fois plus gros que les plus forts lions de l'Afrique, que. quel-ques temps auparavant, l'illustre JEFFERSON y avait dé-couverts, auquel il avait donné le nom de megalonyx , et qu'il estimait@avoir été l'ennemi du mammouth, comme le lion l'est de l'éléphant. Il réussit à se procurer un petit os du poignet et une dent à racine non branchue, ter-minée par une couronne creusée à la manière des inci-sives du cheval. Cette, dent qu'il soupçonne être une molaire, est déprimée sur les deux faces elle prouve 1°. que le megalonyx n'appartient pas aux animaux carnas-siers , 2°. qu'il se rapproche beaucoup, comme l'estime M. CUVIER , du genre des paresseux ou bradipus, 3°. qu'il était herbivore, et voisin du megatherium, dont les griffes, assez semblables à celles des lions, étaient enve-loppées dans une gaine osseuse et très-saillante 1 . Toutes ces observations annoncent le soin que notre voyageur mettait à bien voir mais les plus capitales sont celles qui ont rapport aux serpens. Elles ont jeté un grand jour sur leurs moeurs, l'espèce de nourriture qui leur est propre, et sur la place qu'ils doivent occuper dans nos classifications 2 . L'Amérique du Nord en présente un très - grand nombre c'est surtout dans le @@@1 CUVIER, Recherches sur les ossemens fossiles des quadrupèdes, tom. IV, art. megalonyx. 2 Memoir on amphibia, lu à l'Académie de Phila-delphie en février 1797, et inséré dans les Transactions of the philosophical Society hetd at Phitadelphia, tom. IV, pag. 362-381. Il a été lu à l'Institut les 16 vendé-miaire et 16 frimaire an VII 7 octobre et 6 décembre 1798 .
######## les grandes cavernes nitreuses, et réunir à sa belle collection de fossiles, des ossemens de l'animal trois fois plus gros que les plus forts lions de l'Afrique, que. quel-ques temps auparavant, l'illustre JEFFERSON y avait dé-couverts, auquel il avait donné le nom de megalonyx , et qu'il estimait avoir été l'ennemi du mammouth, comme le lion l'est de l'éléphant. Il réussit à se procurer un petit os du poignet et une dent à racine non branchue, ter-minée par une couronne creusée à la manière des inci-sives du cheval. Cette, dent qu'il soupçonne être une molaire, est déprimée sur les deux faces elle prouve 1°. que le megalonyx n'appartient pas aux animaux carnas-siers , 2°. qu'il se rapproche beaucoup, comme l'estime M. CUVIER , du genre des paresseux ou bradipus, 3°. qu'il était herbivore, et voisin du megatherium, dont les griffes, assez semblables à celles des lions, étaient enve-loppées dans une gaine osseuse et très-saillante 1 . Toutes ces observations annoncent le soin que notre voyageur mettait à bien voir mais les plus capitales sont celles qui ont rapport aux serpens. Elles ont jeté un grand jour sur leurs moeurs, l'espèce de nourriture qui leur est propre, et sur la place qu'ils doivent occuper dans nos classifications 2 . L'Amérique du Nord en présente un très -@grand nombre c'est surtout dans le 42 1 CUVIER, Recherches sur les ossemens fossiles des quadrupèdes, tom. IV, art. megalonyx. 2 Memoir on amphibia, lu à l'Académie de Phila-delphie en février 1797, et inséré dans les Transactions of the philosophical Society held at Philadelphia, tom. IV, pag. 362-381. Il a été lu à l'Institut les 16 vendé-miaire et 16 frimaire an VII 7 octobre et 6 décembre 1798 .
42 siter les grandes cavernes nitreuses, et réunir à sa belle collection de fossiles, des ossemens de l'animal trois fois plus gros que les plus forts lions de l'Afrique, que. quel-ques temps auparavant, l'illustre JEFFERSON y avait dé-couverts, auquel il avait donné le nom de megalonyx , et qu'il estimait avoir été l'ennemi du mammouth, comme le lion l'est de l'éléphant. Il réussit à se procurer un petit os du poignet et une dent à racine non branchue, ter-minée par une couronne creusée à la manière des inci-sives du cheval. Cette, dent qu'il soupçonne être une molaire, est déprimée sur les deux faces elle prouve 1°. que le megalonyx n'appartient pas aux animaux carnas-siers , 2°. qu'il se rapproche beaucoup, comme l'estime M. CUVIER , du genre des paresseux ou bradipus, 3°. qu'il était herbivore, et voisin du megatherium, dont les griffes, assez semblables à celles des lions, étaient enve-loppées dans une gaine osseuse et très-saillante 1 . Toutes ces observations annoncent le soin que notre voyageur mettait à bien voir mais les plus capitales sont celles qui ont rapport aux serpens. Elles ont jeté un grand jour sur leurs moeurs, l'espèce de nourriture qui leur est propre, et sur la place qu'ils doivent occuper dans nos classifications 2 . L'Amérique du Nord en présente un très -@grand nombre c'est surtout dans le 42 1 CUVIER, Recherches sur les ossemens fossiles des quadrupèdes, tom. IV, art. megalonyx. 2 Memoir on amphibia, lu à l'Académie de Phila-delphie en février 1797, et inséré dans les Transactions of the philosophical Society held at Philadelphia, tom. IV, pag. 362-381. Il a été lu à l'Institut les 16 vendé-miaire et 16 frimaire an VII 7 octobre et 6 décembre 1798 .
42 siter les grandes cavernes nitreuses, et réunir à sa belle collection de fossiles, des ossemens de l'animal trois fois plus gros que les plus forts lions de l'Afrique, que. quel-ques temps auparavant, l'illustre JEFFERSON y avait dé-couverts, auquel il avait donné le nom de megalonyx , et qu'il estimait avoir été l'ennemi du mammouth, comme le lion l'est de l'éléphant. Il réussit à se procurer un petit os du poignet et une dent à racine non branchue, ter-minée par une couronne creusée à la manière des inci-sives du cheval. Cette, dent qu'il soupçonne être une molaire, est déprimée sur les deux faces elle prouve 1°. que le megalonyx n'appartient pas aux animaux carnas-siers , 2°. qu'il se rapproche beaucoup, comme l'estime M. CUVIER , du genre des paresseux ou bradipus, 3°. qu'il était herbivore, et voisin du megatherium, dont les griffes, assez semblables à celles des lions, étaient enve-loppées dans une gaine osseuse et très-saillante 1 . Toutes ces observations annoncent le soin que notre voyageur mettait à bien voir mais les plus capitales sont celles qui ont rapport aux serpens. Elles ont jeté un grand jour sur leurs moeurs, l'espèce de nourriture qui leur est propre, et sur la place qu'ils doivent occuper dans nos classifications 2 . L'Amérique du Nord en présente un très -grand nombre c'est surtout dans le 42 1 CUVIER, Recherches sur les ossemens fossiles des quadrupèdes, tom. IV, art. megalonyx. 2 Memoir on amphibia, lu à l'Académie de Phila-delphie en février 1797, et inséré dans les Transactions of the philosophical Society held at Philadelphia, tom. IV, pag. 362-381. Il a été lu à l'Institut les 16 vendé-miaire et 16 frimaire an VII 7 octobre et 6 décembre 1798 .
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-74 -si jeune, pour maintenir l'ordre et la hiérarchie successoriale dans la monarchie. Louis XV, d'une constitution faible, maladive, au moindre dérangement s'alitait sous les étrein-tes de la fièvre le Dauphin né de son mariage avec la princesse Marie Leczinska était encore un enfant si donc le roi mourait dans la fatigue d'une campagne que deviendrait le royaume sous une nouvelle régence? Si le cardinal n'avait pu empêcher la guerre, il voulait la rendre le moins menaçante possible pour les destinées de la mai-son de Bourbon, en conservant au moins le roi comme gage de sécurité pour l'avenir. On avait fait souvent l'expérience de cette frêle santé de Louis XV il revenait souvent avec de violents coups d'air, des courbatures, des maux d'oreilles, de ces parties de chasse qu'il aimait faire à travers les forêts la méthode médicale du XVIIIe siècle était de toujours saigner, et le jeune roi s'en trouvait considérablement affaibli 1 cependant on ne pouvait le détourner de ses dis-tractions, courre le cerf, le loup, le chevreuil il ne retrouvait son appétit que sous les grands ar-bres et à cheval la société de Rambouillet lui plai-sait fort. Au milieu de quelques gentilshommes, le 1 J'ai donné le délai fidèle des chasses du roi dans mon Louis XV.
-74 -si jeune, pour maintenir l'ordre et la hiérarchie successoriale dans la monarchie. Louis XV, d'une constitution faible, maladive, au moindre dérangement s'alitait sous les étrein-tes de la fièvre le Dauphin né de son mariage avec la princesse Marie Leczinska était encore un enfant si donc le roi mourait dans la fatigue d'une campagne que deviendrait le royaume sous une nouvelle régence? Si le cardinal n'avait pu empêcher la guerre, il voulait la rendre le moins menaçante possible pour les destinées de la mai-son de Bourbon, en conservant au moins le roi comme gage de sécurité pour l'avenir. On avait fait souvent l'expérience de cette frêle santé de Louis XV il revenait souvent avec de violents coups d'air, des courbatures, des maux d'oreilles, de ces parties de chasse qu'il aimait faire à travers les forêts la méthode médicale du XVIIIe siècle était de toujours saigner, et le jeune roi s'en trouvait considérablement affaibli 1 cependant on ne pouvait le détourner de ses dis-tractions, courre le cerf, le loup, le chevreuil il ne retrouvait son appétit que sous les grands ar-bres et à cheval la société de Rambouillet lui plai-sait fort. Au milieu de quelques gentilshommes, le @@@@@@1 J'ai donné le délai@ fidèle des chasses du roi dans mon Louis XV.
####### jeune, pour maintenir l'ordre et la hiérarchie successoriale dans la monarchie. Louis XV, d'une constitution faible, maladive, au moindre dérangement s'alitait sous les étrein-tes de la fièvre le Dauphin né de son mariage avec la princesse Marie Leczinska était encore un enfant si donc le roi mourait dans la fatigue d'une campagne que deviendrait le royaume sous une nouvelle régence? Si le cardinal n'avait pu empêcher la guerre, il voulait la rendre le moins menaçante possible pour les destinées de la mai-son de Bourbon, en conservant au moins le roi comme gage de sécurité pour l'avenir. On avait fait souvent l'expérience de cette frêle santé de Louis XV il revenait souvent avec de violents coups d'air, des courbatures, des maux d'oreilles, de ces parties de chasse qu'il aimait faire à travers les forêts la méthode médicale du XVIIIe siècle était de toujours saigner, et le jeune roi s'en trouvait considérablement affaibli 1 cependant on ne pouvait le détourner de ses dis-tractions, courre le cerf, le loup, le chevreuil il ne retrouvait son appétit que sous les grands ar-bres et à cheval la société de Rambouillet lui plai-sait fort. Au milieu de quelques gentilshommes, le -74 - 1 J'ai donné le détail fidèle des chasses du roi dans mon Louis XV.
-74 -si jeune, pour maintenir l'ordre et la hiérarchie successoriale dans la monarchie. Louis XV, d'une constitution faible, maladive, au moindre dérangement s'alitait sous les étrein-tes de la fièvre le Dauphin né de son mariage avec la princesse Marie Leczinska était encore un enfant si donc le roi mourait dans la fatigue d'une campagne que deviendrait le royaume sous une nouvelle régence? Si le cardinal n'avait pu empêcher la guerre, il voulait la rendre le moins menaçante possible pour les destinées de la mai-son de Bourbon, en conservant au moins le roi comme gage de sécurité pour l'avenir. On avait fait souvent l'expérience de cette frêle santé de Louis XV il revenait souvent avec de violents coups d'air, des courbatures, des maux d'oreilles, de ces parties de chasse qu'il aimait faire à travers les forêts la méthode médicale du XVIIIe siècle était de toujours saigner, et le jeune roi s'en trouvait considérablement affaibli 1 cependant on ne pouvait le détourner de ses dis-tractions, courre le cerf, le loup, le chevreuil il ne retrouvait son appétit que sous les grands ar-bres et à cheval la société de Rambouillet lui plai-sait fort. Au milieu de quelques gentilshommes, le -74 - 1 J'ai donné le détail fidèle des chasses du roi dans mon Louis XV.
-74 -si jeune, pour maintenir l'ordre et la hiérarchie successoriale dans la monarchie. Louis XV, d'une constitution faible, maladive, au moindre dérangement s'alitait sous les étrein-tes de la fièvre le Dauphin né de son mariage avec la princesse Marie Leczinska était encore un enfant si donc le roi mourait dans la fatigue d'une campagne que deviendrait le royaume sous une nouvelle régence? Si le cardinal n'avait pu empêcher la guerre, il voulait la rendre le moins menaçante possible pour les destinées de la mai-son de Bourbon, en conservant au moins le roi comme gage de sécurité pour l'avenir. On avait fait souvent l'expérience de cette frêle santé de Louis XV il revenait souvent avec de violents coups d'air, des courbatures, des maux d'oreilles, de ces parties de chasse qu'il aimait faire à travers les forêts la méthode médicale du XVIIIe siècle était de toujours saigner, et le jeune roi s'en trouvait considérablement affaibli 1 cependant on ne pouvait le détourner de ses dis-tractions, courre le cerf, le loup, le chevreuil il ne retrouvait son appétit que sous les grands ar-bres et à cheval la société de Rambouillet lui plai-sait fort. Au milieu de quelques gentilshommes, le -74 - 1 J'ai donné le détail fidèle des chasses du roi dans mon Louis XV.
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156 L'ART DE MAGNÉTISER pouvoir attribuer à toute autre cause qu'au magnétisme, tous les effets qu'il obtenait. Aujourd'hui c'est sous le nom d'hypnotisme, et à l'aide d'une lentille d'un métal brillant posé à quinze centimètres du nez, que ces effets ont été présentés à l'Académie. Une insensibilité momentanée, partielle ou entière, a été obtenue sur quelques personnes par catte espèce de fascina-tion, et des opérations sérieuses ont été faites à l'aide de ce moyen, sans que les patients aient eu aucune sensation dou-loureuse. Quant à la catalepsie dans les membres, elle ne s'est présentée qu'à la suite d'une légère friction faite sur chaque membre. Voilà les faits réels exacts, et bien des gens -partent de là pour nier avec plus de force que jamais le fluide magnétique et le magnétisme lui-même. Quant aux effets que M. Braid appelle de suggestion, nous les laissons de côté pour l'instant nous en parlerons dans un autre chapitre. Nous avons déjà dit, il y a longtemps, que nous étions loin de nier les effets de l'hypnotisme, et que nous les ratta-chions au magnétisme, qui souvent est inconsciemment employé par les opérateurs. Pour nous, les effets de l'hypnotisme sont le résultat de la fascination qui, provoquant chez les patients un mouvement dans le système nerveux, fait affluer les fluides au cerveau, et détermine une sorte de paralysie, de suspension momen-tanée de la vie. C'est l'effet du serpent sur l'oiseau et même sur l'homme, qui l'arrête et paralyse tous ses mouvements par le regard fixé sur ses yeux. C'est l'effet qui a lieu chez le poète, chez le musicien, lorsque tout entier à une idée qu'il poursuit, il est tellement concentré en lui-même, que les bruits du dehors ne l'attei-gnent pas, et qu'arrivant à l'exaltation entière, son intelli-gence s'illumine et des pages vraiment inspirées sortent de son cerveau. C'est le fait des trembleurs des Cévennes qui, sans aucun moyen apparent, se concentraient, s'exaltaient au point de devenir non seulement insensibles, mais encore clair-voyants.
156 L'ART DE MAGNÉTISER pouvoir attribuer à toute autre cause qu'au magnétisme, tous les effets qu'il obtenait. Aujourd'hui c'est sous le nom d'hypnotisme, et à l'aide d'une lentille d'un métal brillant posé à quinze centimètres du nez, que ces effets ont été présentés à l'Académie. Une insensibilité momentanée, partielle ou entière, a été obtenue sur quelques personnes par catte espèce de fascina-tion, et des opérations sérieuses ont été faites à l'aide de ce moyen, sans que les patients aient eu aucune sensation dou-loureuse. Quant à la catalepsie dans les membres, elle ne s'est présentée qu'à la suite d'une légère friction faite sur chaque membre. Voilà les faits réels exacts, et bien des gens -partent de là pour nier avec plus de force que jamais le fluide magnétique et le magnétisme lui-même. Quant aux effets que M. Braid appelle de suggestion, nous les laissons de côté pour l'instant nous en parlerons dans un autre chapitre. Nous avons déjà dit, il y a longtemps, que nous étions loin de nier les effets de l'hypnotisme, et que nous les ratta-chions au magnétisme, qui souvent est inconsciemment employé par les opérateurs. Pour nous, les effets de l'hypnotisme sont le résultat de la fascination qui, provoquant chez les patients un mouvement dans le système nerveux, fait affluer les fluides au cerveau, et détermine une sorte de paralysie, de suspension momen-tanée de la vie. C'est l'effet du serpent sur l'oiseau et même sur l'homme, qui l'arrête et paralyse tous ses mouvements par le regard fixé sur ses yeux. C'est l'effet qui a lieu chez le poète, chez le musicien, lorsque tout entier à une idée qu'il poursuit, il est tellement concentré en lui-même, que les bruits du dehors ne l'attei-gnent pas, et qu'arrivant à l'exaltation entière, son intelli-gence s'illumine et des pages vraiment inspirées sortent de son cerveau. C'est le fait des trembleurs des Cévennes qui, sans aucun moyen apparent, se concentraient, s'exaltaient au point de devenir non seulement insensibles, mais encore clair-voyants.
156 L'ART DE MAGNÉTISER pouvoir attribuer à toute autre cause qu'au magnétisme, tous les effets qu'il obtenait. Aujourd'hui c'est sous le nom d'hypnotisme, et à l'aide d'une lentille d'un métal brillant posé à quinze centimètres du nez, que ces effets ont été présentés à l'Académie. Une insensibilité momentanée, partielle ou entière, a été obtenue sur quelques personnes par cette espèce de fascina-tion, et des opérations sérieuses ont été faites à l'aide de ce moyen, sans que les patients aient eu aucune sensation dou-loureuse. Quant à la catalepsie dans les membres, elle ne s'est présentée qu'à la suite d'une légère friction faite sur chaque membre. Voilà les faits réels exacts, et bien des gens @partent de là pour nier avec plus de force que jamais le fluide magnétique et le magnétisme lui-même. Quant aux effets que M. Braid appelle de suggestion, nous les laissons de côté pour l'instant nous en parlerons dans un autre chapitre. Nous avons déjà dit, il y a longtemps, que nous étions loin de nier les effets de l'hypnotisme, et que nous les ratta-chions au magnétisme, qui souvent est inconsciemment employé par les opérateurs. Pour nous, les effets de l'hypnotisme sont le résultat de la fascination qui, provoquant chez les patients un mouvement dans le système nerveux, fait affluer les fluides au cerveau, et détermine une sorte de paralysie, de suspension momen-tanée de la vie. C'est l'effet du serpent sur l'oiseau et même sur l'homme, qui l'arrête et paralyse tous ses mouvements par le regard fixé sur ses yeux. C'est l'effet qui a lieu chez le poète, chez le musicien, lorsque tout entier à une idée qu'il poursuit, il est tellement concentré en lui-même, que les bruits du dehors ne l'attei-gnent pas, et qu'arrivant à l'exaltation entière, son intelli-gence s'illumine et des pages vraiment inspirées sortent de son cerveau. C'est le fait des trembleurs des Cévennes qui, sans aucun moyen apparent, se concentraient, s'exaltaient au point de devenir non seulement insensibles, mais encore clair-voyants.
156 L'ART DE MAGNÉTISER pouvoir attribuer à toute autre cause qu'au magnétisme, tous les effets qu'il obtenait. Aujourd'hui c'est sous le nom d'hypnotisme, et à l'aide d'une lentille d'un métal brillant posé à quinze centimètres du nez, que ces effets ont été présentés à l'Académie. Une insensibilité momentanée, partielle ou entière, a été obtenue sur quelques personnes par cette espèce de fascina-tion, et des opérations sérieuses ont été faites à l'aide de ce moyen, sans que les patients aient eu aucune sensation dou-loureuse. Quant à la catalepsie dans les membres, elle ne s'est présentée qu'à la suite d'une légère friction faite sur chaque membre. Voilà les faits réels exacts, et bien des gens @partent de là pour nier avec plus de force que jamais le fluide magnétique et le magnétisme lui-même. Quant aux effets que M. Braid appelle de suggestion, nous les laissons de côté pour l'instant nous en parlerons dans un autre chapitre. Nous avons déjà dit, il y a longtemps, que nous étions loin de nier les effets de l'hypnotisme, et que nous les ratta-chions au magnétisme, qui souvent est inconsciemment employé par les opérateurs. Pour nous, les effets de l'hypnotisme sont le résultat de la fascination qui, provoquant chez les patients un mouvement dans le système nerveux, fait affluer les fluides au cerveau, et détermine une sorte de paralysie, de suspension momen-tanée de la vie. C'est l'effet du serpent sur l'oiseau et même sur l'homme, qui l'arrête et paralyse tous ses mouvements par le regard fixé sur ses yeux. C'est l'effet qui a lieu chez le poète, chez le musicien, lorsque tout entier à une idée qu'il poursuit, il est tellement concentré en lui-même, que les bruits du dehors ne l'attei-gnent pas, et qu'arrivant à l'exaltation entière, son intelli-gence s'illumine et des pages vraiment inspirées sortent de son cerveau. C'est le fait des trembleurs des Cévennes qui, sans aucun moyen apparent, se concentraient, s'exaltaient au point de devenir non seulement insensibles, mais encore clair-voyants.
156 L'ART DE MAGNÉTISER pouvoir attribuer à toute autre cause qu'au magnétisme, tous les effets qu'il obtenait. Aujourd'hui c'est sous le nom d'hypnotisme, et à l'aide d'une lentille d'un métal brillant posé à quinze centimètres du nez, que ces effets ont été présentés à l'Académie. Une insensibilité momentanée, partielle ou entière, a été obtenue sur quelques personnes par cette espèce de fascina-tion, et des opérations sérieuses ont été faites à l'aide de ce moyen, sans que les patients aient eu aucune sensation dou-loureuse. Quant à la catalepsie dans les membres, elle ne s'est présentée qu'à la suite d'une légère friction faite sur chaque membre. Voilà les faits réels exacts, et bien des gens partent de là pour nier avec plus de force que jamais le fluide magnétique et le magnétisme lui-même. Quant aux effets que M. Braid appelle de suggestion, nous les laissons de côté pour l'instant nous en parlerons dans un autre chapitre. Nous avons déjà dit, il y a longtemps, que nous étions loin de nier les effets de l'hypnotisme, et que nous les ratta-chions au magnétisme, qui souvent est inconsciemment employé par les opérateurs. Pour nous, les effets de l'hypnotisme sont le résultat de la fascination qui, provoquant chez les patients un mouvement dans le système nerveux, fait affluer les fluides au cerveau, et détermine une sorte de paralysie, de suspension momen-tanée de la vie. C'est l'effet du serpent sur l'oiseau et même sur l'homme, qui l'arrête et paralyse tous ses mouvements par le regard fixé sur ses yeux. C'est l'effet qui a lieu chez le poète, chez le musicien, lorsque tout entier à une idée qu'il poursuit, il est tellement concentré en lui-même, que les bruits du dehors ne l'attei-gnent pas, et qu'arrivant à l'exaltation entière, son intelli-gence s'illumine et des pages vraiment inspirées sortent de son cerveau. C'est le fait des trembleurs des Cévennes qui, sans aucun moyen apparent, se concentraient, s'exaltaient au point de devenir non seulement insensibles, mais encore clair-voyants.
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THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 213 Les magnétisations avaient bien de la peine à calmer les douleurs cependant, en faisant cesser certaines manoeuvres qui aggravaient l'inflammation et dont on m'avait fait l'aveu, nous parvînmes à faire disparaître la grande inflammation extérieure. La plaie de la matrice se cicatrisa sous l'action des injec-tions d'eau magnétisée il en fut de même des abcès dans le rectum. Quant à la tumeur dans la matrice, elle commença à s'amollir, et elle finit par percer et se vider. La sécrétion qui s'était formée entre les lèvres, et dont l'humeur restait adhérente, fut dissipée par une pommade ordonnée par le docteur, et par les compresses d'eau magnétisée que je fai-sais maintenir continuellement. Les magnétisations directes sur l'estomac avaient fait disparaître les douleurs, et elles avaient ranimé cet organe qui fonctionnait bien depuis lors. Les crises nerveuses avaient cessé'sous l'influence des magnétisations générales. Enfin, après un traitement magnétique bien dirigé, tous les accidents avaient disparu toutes les plaies et les tumeurs étaient cicatrisées, et la malade retournait chez elle, entiè-rement guérie, après trois mois de soins assidus. Depuis cette époque, nous avons eu plusieurs fois des nouvelles de la malade, qui n'a jamais ressenti aucun malaise, et dont la guérison s'est entièrement consolidée. Nous avons employé dans ce traitement les grandes passes, les insufflations sur l'estomac, les frictions sur toute la colonne, les impositions des mains sur l'estomac et dans le dos, l'eau magnétisée en boisson, en compresses, en injec--tions et en lavements. Fracture du poignet - Paralysie des nerfs du bras M. Sivori, le célèbre violoniste, s'était brisé le poignet gauche, le 22 mai 1853, en tombant d'une voiture, dans une course aux environs de Genève. La nature de l'accident faisait craindre que les arts eussent perdu un de leurs plus dignes interprètes. Grâce à l'habileté des premiers chirurgiens de Genève, la
THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 213 Les magnétisations avaient bien de la peine à calmer les douleurs cependant, en faisant cesser certaines manoeuvres qui aggravaient l'inflammation et dont on m'avait fait l'aveu, nous parvînmes à faire disparaître la grande inflammation extérieure. La plaie de la matrice se cicatrisa sous l'action des injec-tions d'eau magnétisée il en fut de même des abcès dans le rectum. Quant à la tumeur dans la matrice, elle commença à s'amollir, et elle finit par percer et se vider. La sécrétion qui s'était formée entre les lèvres, et dont l'humeur restait adhérente, fut dissipée par une pommade ordonnée par le docteur, et par les compresses d'eau magnétisée que je fai-sais maintenir continuellement. Les magnétisations directes sur l'estomac avaient fait disparaître les douleurs, et elles avaient ranimé cet organe qui fonctionnait bien depuis lors. Les crises nerveuses avaient cessé'sous l'influence des magnétisations générales. Enfin, après un traitement magnétique bien dirigé, tous les accidents avaient disparu toutes les plaies et les tumeurs étaient cicatrisées, et la malade retournait chez elle, entiè-rement guérie, après trois mois de soins assidus. Depuis cette époque, nous avons eu plusieurs fois des nouvelles de la malade, qui n'a jamais ressenti aucun malaise, et dont la guérison s'est entièrement consolidée. Nous avons employé dans ce traitement les grandes passes, les insufflations sur l'estomac, les frictions sur toute la colonne, les impositions des mains sur l'estomac et dans le dos, l'eau magnétisée en boisson, en compresses, en injec--tions et en lavements. Fracture du poignet - Paralysie des nerfs du bras M. Sivori, le célèbre violoniste, s'était brisé le poignet gauche, le 22 mai 1853, en tombant d'une voiture, dans une course aux environs de Genève. La nature de l'accident faisait craindre que les arts eussent perdu un de leurs plus dignes interprètes. Grâce à l'habileté des premiers chirurgiens de Genève, la
THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 213 Les magnétisations avaient bien de la peine à calmer les douleurs cependant, en faisant cesser certaines manoeuvres qui aggravaient l'inflammation et dont on m'avait fait l'aveu, nous parvînmes à faire disparaître la grande inflammation extérieure. La plaie de la matrice se cicatrisa sous l'action des injec-tions d'eau magnétisée il en fut de même des abcès dans le rectum. Quant à la tumeur dans la matrice, elle commença à s'amollir, et elle finit par percer et se vider. La sécrétion qui s'était formée entre les lèvres, et dont l'humeur restait adhérente, fut dissipée par une pommade ordonnée par le docteur, et par les compresses d'eau magnétisée que je fai-sais maintenir continuellement. Les magnétisations directes sur l'estomac avaient fait disparaitre les douleurs, et elles avaient ranimé cet organe qui fonctionnait bien depuis lors. Les crises nerveuses avaient cessé sous l'influence des magnétisations générales. Enfin, après un traitement magnétique bien dirigé, tous les accidents avaient disparu toutes les plaies et les tumeurs étaient cicatrisées, et la malade retournait chez elle, entiè-rement guérie, après trois mois de soins assidus. Depuis cette époque, nous avons eu plusieurs fois des nouvelles de la malade, qui n'a jamais ressenti aucun malaise, et dont la guérison s'est entièrement consolidée. Nous avons employé dans ce traitement les grandes passes, les insufflations sur l'estomac, les frictions sur toute la colonne, les impositions des mains sur l'estomac et dans le dos, l'eau magnétisée en boisson, en compresses, en injec-@tions et en lavements. Fracture du poignet -@Paralysie des nerfs du bras M. Sivori, le célèbre violoniste, s'était brisé le poignet gauche, le 22 mai 1853, en tombant d'une voiture, dans une course aux environs de Genève. La nature de l'accident faisait craindre que les arts eussent perdu un de leurs plus dignes interprètes. Grâce à l'habileté des premiers chirurgiens de Genève, la
THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 213 Les magnétisations avaient bien de la peine à calmer les douleurs cependant, en faisant cesser certaines manoeuvres qui aggravaient l'inflammation et dont on m'avait fait l'aveu, nous parvînmes à faire disparaître la grande inflammation extérieure. La plaie de la matrice se cicatrisa sous l'action des injec-tions d'eau magnétisée il en fut de même des abcès dans le rectum. Quant à la tumeur dans la matrice, elle commença à s'amollir, et elle finit par percer et se vider. La sécrétion qui s'était formée entre les lèvres, et dont l'humeur restait adhérente, fut dissipée par une pommade ordonnée par le docteur, et par les compresses d'eau magnétisée que je fai-sais maintenir continuellement. Les magnétisations directes sur l'estomac avaient fait disparaitre les douleurs, et elles avaient ranimé cet organe qui fonctionnait bien depuis lors. Les crises nerveuses avaient cessé sous l'influence des magnétisations générales. Enfin, après un traitement magnétique bien dirigé, tous les accidents avaient disparu toutes les plaies et les tumeurs étaient cicatrisées, et la malade retournait chez elle, entiè-rement guérie, après trois mois de soins assidus. Depuis cette époque, nous avons eu plusieurs fois des nouvelles de la malade, qui n'a jamais ressenti aucun malaise, et dont la guérison s'est entièrement consolidée. Nous avons employé dans ce traitement les grandes passes, les insufflations sur l'estomac, les frictions sur toute la colonne, les impositions des mains sur l'estomac et dans le dos, l'eau magnétisée en boisson, en compresses, en injec-@tions et en lavements. Fracture du poignet -@Paralysie des nerfs du bras M. Sivori, le célèbre violoniste, s'était brisé le poignet gauche, le 22 mai 1853, en tombant d'une voiture, dans une course aux environs de Genève. La nature de l'accident faisait craindre que les arts eussent perdu un de leurs plus dignes interprètes. Grâce à l'habileté des premiers chirurgiens de Genève, la
THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 213 Les magnétisations avaient bien de la peine à calmer les douleurs cependant, en faisant cesser certaines manoeuvres qui aggravaient l'inflammation et dont on m'avait fait l'aveu, nous parvînmes à faire disparaître la grande inflammation extérieure. La plaie de la matrice se cicatrisa sous l'action des injec-tions d'eau magnétisée il en fut de même des abcès dans le rectum. Quant à la tumeur dans la matrice, elle commença à s'amollir, et elle finit par percer et se vider. La sécrétion qui s'était formée entre les lèvres, et dont l'humeur restait adhérente, fut dissipée par une pommade ordonnée par le docteur, et par les compresses d'eau magnétisée que je fai-sais maintenir continuellement. Les magnétisations directes sur l'estomac avaient fait disparaitre les douleurs, et elles avaient ranimé cet organe qui fonctionnait bien depuis lors. Les crises nerveuses avaient cessé sous l'influence des magnétisations générales. Enfin, après un traitement magnétique bien dirigé, tous les accidents avaient disparu toutes les plaies et les tumeurs étaient cicatrisées, et la malade retournait chez elle, entiè-rement guérie, après trois mois de soins assidus. Depuis cette époque, nous avons eu plusieurs fois des nouvelles de la malade, qui n'a jamais ressenti aucun malaise, et dont la guérison s'est entièrement consolidée. Nous avons employé dans ce traitement les grandes passes, les insufflations sur l'estomac, les frictions sur toute la colonne, les impositions des mains sur l'estomac et dans le dos, l'eau magnétisée en boisson, en compresses, en injec-tions et en lavements. Fracture du poignet -Paralysie des nerfs du bras M. Sivori, le célèbre violoniste, s'était brisé le poignet gauche, le 22 mai 1853, en tombant d'une voiture, dans une course aux environs de Genève. La nature de l'accident faisait craindre que les arts eussent perdu un de leurs plus dignes interprètes. Grâce à l'habileté des premiers chirurgiens de Genève, la
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-93 -nait la supériorité sur la comédie une danseuse charmante, mademoiselle de Camargo donnait une vive impulsion au ballet ce n'étaient plus ces pas dessinés, méthodiques, compassés, que Louis XIV faisait exécuter sur le théâtre à Versailles. Mademoiselle de Camargo s'élançait tout d'un bond sur la scène son costume élégant de gaze était brodé de roses pompons, sa jupe courte et son corset aminci. Mademoiselle Salle rivalisait avec mademoiselle de Camargo par sa danse plus sentimentale, sa pantomime plus ex-pressive. Voltaire, jeune encore, fort aimant des filles de théâtre, traçait ce parallèlle gracieux entre les deux jeunes artistes Ah ! Camargo, que vous êtes brillante, Mais Salle, grands dieux, est ravissante. Que vos pas sont légers, que les siens sont doux ! Elle est inimitable et vous êtes nouvelle. Les Nymphes sautent comme vous, Mais les Grâces dansent comme elle. Mademoiselle de Camargo très-fière de sa nais-sance, noble par son père 1 et sa mère, était aux gages d'un prince du sang, de M. le comte de Clermont, qui se ruinait pour elle et par un des plus tristes abus de ce temps, le prince cédait 1 J'ai donné une notice sur mademoiselle de Camargo dans mon livre sur Madame de Parabère.
-93 -nait la supériorité sur la comédie une danseuse charmante, mademoiselle de Camargo donnait une vive impulsion au ballet ce n'étaient plus ces pas dessinés, méthodiques, compassés, que Louis XIV faisait exécuter sur le théâtre à Versailles. Mademoiselle de Camargo s'élançait tout d'un bond sur la scène son costume élégant de gaze était brodé de roses pompons, sa jupe courte et son corset aminci. Mademoiselle Salle rivalisait avec mademoiselle de Camargo par sa danse plus sentimentale, sa pantomime plus ex-pressive. Voltaire, jeune encore, fort aimant des filles de théâtre, traçait ce parallèlle gracieux entre les deux jeunes artistes Ah ! Camargo, que vous êtes brillante, Mais Salle, grands dieux, est ravissante. Que vos pas sont légers, que les siens sont doux ! Elle est inimitable et vous êtes nouvelle. Les Nymphes sautent comme vous, Mais les Grâces dansent comme elle. Mademoiselle de Camargo très-fière de sa nais-sance, noble par son père 1 et sa mère, était aux gages d'un prince du sang, de M. le comte de Clermont, qui se ruinait pour elle et par un des plus tristes abus de ce temps, le prince cédait @@@@@@1 J'ai donné une notice sur mademoiselle de Camargo dans mon livre sur Madame de Parabère.
######### la supériorité sur la comédie une danseuse charmante, mademoiselle de Camargo donnait une vive impulsion au ballet ce n'étaient plus ces pas dessinés, méthodiques, compassés, que Louis XIV faisait exécuter sur le théâtre à Versailles. Mademoiselle de Camargo s'élançait tout d'un bond sur la scène son costume élégant de gaze était brodé de roses pompons, sa jupe courte et son corset aminci. Mademoiselle Sallé rivalisait avec mademoiselle de Camargo par sa danse plus sentimentale, sa pantomime plus ex-pressive. Voltaire, jeune encore, fort aimant des filles de théâtre, traçait ce parallèlle gracieux entre les deux jeunes artistes Ah ! Camargo, que vous êtes brillante, Mais Sallé, grands dieux, est ravissante. Que vos pas sont légers, que les siens sont doux ! Elle est inimitable et vous êtes nouvelle. Les Nymphes sautent comme vous, Mais les Grâces dansent comme elle. Mademoiselle de Camargo très-fière de sa nais-sance, noble par son père 1 et sa mère, était aux gages d'un prince du sang, de M. le comte de Clermont, qui se ruinait pour elle et par un des plus tristes abus de ce temps, le prince cédait -93 - 1 J'ai donné une notice sur mademoiselle de Camargo dans mon livre sur Madame de Parabère.
-93 -nait la supériorité sur la comédie une danseuse charmante, mademoiselle de Camargo donnait une vive impulsion au ballet ce n'étaient plus ces pas dessinés, méthodiques, compassés, que Louis XIV faisait exécuter sur le théâtre à Versailles. Mademoiselle de Camargo s'élançait tout d'un bond sur la scène son costume élégant de gaze était brodé de roses pompons, sa jupe courte et son corset aminci. Mademoiselle Sallé rivalisait avec mademoiselle de Camargo par sa danse plus sentimentale, sa pantomime plus ex-pressive. Voltaire, jeune encore, fort aimant des filles de théâtre, traçait ce parallèlle gracieux entre les deux jeunes artistes Ah ! Camargo, que vous êtes brillante, Mais Sallé, grands dieux, est ravissante. Que vos pas sont légers, que les siens sont doux ! Elle est inimitable et vous êtes nouvelle. Les Nymphes sautent comme vous, Mais les Grâces dansent comme elle. Mademoiselle de Camargo très-fière de sa nais-sance, noble par son père 1 et sa mère, était aux gages d'un prince du sang, de M. le comte de Clermont, qui se ruinait pour elle et par un des plus tristes abus de ce temps, le prince cédait -93 - 1 J'ai donné une notice sur mademoiselle de Camargo dans mon livre sur Madame de Parabère.
-93 -nait la supériorité sur la comédie une danseuse charmante, mademoiselle de Camargo donnait une vive impulsion au ballet ce n'étaient plus ces pas dessinés, méthodiques, compassés, que Louis XIV faisait exécuter sur le théâtre à Versailles. Mademoiselle de Camargo s'élançait tout d'un bond sur la scène son costume élégant de gaze était brodé de roses pompons, sa jupe courte et son corset aminci. Mademoiselle Sallé rivalisait avec mademoiselle de Camargo par sa danse plus sentimentale, sa pantomime plus ex-pressive. Voltaire, jeune encore, fort aimant des filles de théâtre, traçait ce parallèlle gracieux entre les deux jeunes artistes Ah ! Camargo, que vous êtes brillante, Mais Sallé, grands dieux, est ravissante. Que vos pas sont légers, que les siens sont doux ! Elle est inimitable et vous êtes nouvelle. Les Nymphes sautent comme vous, Mais les Grâces dansent comme elle. Mademoiselle de Camargo très-fière de sa nais-sance, noble par son père 1 et sa mère, était aux gages d'un prince du sang, de M. le comte de Clermont, qui se ruinait pour elle et par un des plus tristes abus de ce temps, le prince cédait -93 - 1 J'ai donné une notice sur mademoiselle de Camargo dans mon livre sur Madame de Parabère.
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10 .ETUDES DE PHYSIOLOGIE fait-il qu'il n'ait pas été choisi pour être transmis à la postérité pourquoi le coeur a-t-il eu la préférence? On sait encore, d'une manière aussi certaine, que le coeur est un organe musculaire, chargé d'envoyer à tout le corps le sang dont il a besoin pour vivre, et qu'ayant ce rôle, il n'est pas la source de nos qualités morales. Pourquoi a-t-il été choisi, pourquoi, malgré nos connaissances scientifiques actuelles, continue-t-il à désigner, dans le langage universel, la partie sentante et noble de notre âme? En vieillissant, les langues elles-mêmes veulent devenir exactes et précises. Pour-quoi le langage humain a-t-il gardé, depuis l'origine, ces mots - Le coeur est le moral de l'homme il y a des hommes de tête, ceux qui ont l'esprit juste il y a des hommes de coeur, ceux qui ont l'âme tendre et courageuse? Notre intention est de répondre à ces questions et de faire voir par où l'esprit humain a passé, tantôt obéissant à une sorte d'instinct, tantôt conservant jusqu'à la fin ses impressions premières, qui, malgré les clartés de la science venue plus tard, ont la candeur et la la naïveté de la première pensée humaine. L'homme, pour désigner les choses, a d'abord pris les noms des objets concrets qu'il voyait de ses yeux, qui frappaient ses sens. Il a donné le nom d'âme à ce qui était le mouvement 1, celui d'esprit à un souffle de la respiration 2, celui de coeur à un organe placé au centre de son corps. Et quand les idées se sont étendues, multipliées, il a attribué à ces mots un sens abstrait, métaphorique. A voir la peine que nous avons aujourd'hui, après de si longs temps et tant de réflexions, à définir exactement le sens de ces mots, on peut conce-voir quelle a dù être la difficulté des premiers penseurs. Les lan-gues ont contribué à la formation de l'esprit, ou mieux à son perfec-tionnement. Elles ont eu leur enfance, comme l'humanité, comme l'enfant a besoin de temps pour devenir un homme autant de motifs d'embarras dans la détermination précise des mots et des conceptions. Une autre cause d'embarras, plus grande encore, est venue de notre nature elle-même, de ce que nous sommes formés d'un corps et d'un esprit, mêlés, influencés à ce point, qu'il est difficile de poser entre eux une limite indiscutable. Et si cela est actuellement difficile, que devait-ce être pour les anciens, au commencement de tout, au début des notions sur notre corps et sur notre esprit. Ils ne savaient presque rien du corps. Les sculpteurs d'Athènes le connaissaient autant que les anatomistes, qui n'existaient pas au temps d'Hippocrate et de Périclès. 4 De ve jtoç, animus, anima. a Spiritus de spirare. - - - -
10 .ETUDES DE PHYSIOLOGIE fait-il qu'il n'ait pas été choisi pour être transmis à la postérité pourquoi le coeur a-t-il eu la préférence? On sait encore, d'une manière aussi certaine, que le coeur est un organe musculaire, chargé d'envoyer à tout le corps le sang dont il a besoin pour vivre, et qu'ayant ce rôle, il n'est pas la source de nos qualités morales. Pourquoi a-t-il été choisi, pourquoi, malgré nos connaissances scientifiques actuelles, continue-t-il à désigner, dans le langage universel, la partie sentante et noble de notre âme? En vieillissant, les langues elles-mêmes veulent devenir exactes et précises. Pour-quoi le langage humain a-t-il gardé, depuis l'origine, ces mots - Le coeur est le moral de l'homme il y a des hommes de tête, ceux qui ont l'esprit juste il y a des hommes de coeur, ceux qui ont l'âme tendre et courageuse? Notre intention est de répondre à ces questions et de faire voir par où l'esprit humain a passé, tantôt obéissant à une sorte d'instinct, tantôt conservant jusqu'à la fin ses impressions premières, qui, malgré les clartés de la science venue plus tard, ont la candeur et la la naïveté de la première pensée humaine. L'homme, pour désigner les choses, a d'abord pris les noms des objets concrets qu'il voyait de ses yeux, qui frappaient ses sens. Il a donné le nom d'âme à ce qui était le mouvement 1, celui d'esprit à un souffle de la respiration 2, celui de coeur à un organe placé au centre de son corps. Et quand les idées se sont étendues, multipliées, il a attribué à ces mots un sens abstrait, métaphorique. A voir la peine que nous avons aujourd'hui, après de si longs temps et tant de réflexions, à définir exactement le sens de ces mots, on peut conce-voir quelle a dù être la difficulté des premiers penseurs. Les lan-gues ont contribué à la formation de l'esprit, ou mieux à son perfec-tionnement. Elles ont eu leur enfance, comme l'humanité, comme l'enfant a besoin de temps pour devenir un homme autant de motifs d'embarras dans la détermination précise des mots et des conceptions. Une autre cause d'embarras, plus grande encore, est venue de notre nature elle-même, de ce que nous sommes formés d'un corps et d'un esprit, mêlés, influencés à ce point, qu'il est difficile de poser entre eux une limite indiscutable. Et si cela est actuellement difficile, que devait-ce être pour les anciens, au commencement de tout, au début des notions sur notre corps et sur notre esprit. Ils ne savaient presque rien du corps. Les sculpteurs d'Athènes le connaissaient autant que les anatomistes, qui n'existaient pas au temps d'Hippocrate et de Périclès. 4 De ve jtoç, animus, anima. a Spiritus de spirare. - - - -
10 @ÉTUDES DE PHYSIOLOGIE fait-il qu'il n'ait pas été choisi pour être transmis à la postérité pourquoi le coeur a-t-il eu la préférence? On sait encore, d'une manière aussi certaine, que le coeur est un organe musculaire, chargé d'envoyer à tout le corps le sang dont il a besoin pour vivre, et qu'ayant ce rôle, il n'est pas la source de nos qualités morales. Pourquoi a-t-il été choisi, pourquoi, malgré nos connaissances scientifiques actuelles, continue-t-il à désigner, dans le langage universel, la partie sentante et noble de notre âme? En vieillissant, les langues elles-mêmes veulent devenir exactes et précises. Pour-quoi le langage humain a-t-il gardé, depuis l'origine, ces mots @@Le coeur est le moral de l'homme il y a des hommes de tête, ceux qui ont l'esprit juste il y a des hommes de coeur, ceux qui ont l'àme tendre et courageuse? Notre intention est de répondre à ces questions et de faire voir par où l'esprit humain a passé, tantôt obéissant à une sorte d'instinct, tantôt conservant jusqu'à la fin ses impressions premières, qui, malgré les clartés de la science venue plus tard, ont la candeur et la la naïveté de la première pensée humaine. L'homme, pour désigner les choses, a d'abord pris les noms des objets concrets qu'il voyait de ses yeux, qui frappaient ses sens. Il a donné le nom d'âme à ce qui était le mouvement 1, celui d'esprit à un souffle de la respiration 2, celui de coeur à un organe placé au centre de son corps. Et quand les idées se sont étendues, multipliées, il a attribué à ces mots un sens abstrait, métaphorique. A voir la peine que nous avons aujourd'hui, après de si longs temps et tant de réflexions, à définir exactement le sens de ces mots, on peut conce-voir quelle a dû être la difficulté des premiers penseurs. Les lan-gues ont contribué à la formation de l'esprit, ou mieux à son perfec-tionnement. Elles ont eu leur enfance, comme l'humanité, comme l'enfant a besoin de temps pour devenir un homme autant de motifs d'embarras dans la détermination précise des mots et des conceptions. Une autre cause d'embarras, plus grande encore, est venue de notre nature elle-même, de ce que nous sommes formés d'un corps et d'un esprit, mêlés, influencés à ce point, qu'il est difficile de poser entre eux une limite indiscutable. Et si cela est actuellement difficile, que devait-ce être pour les anciens, au commencement de tout, au début des notions sur notre corps et sur notre esprit. Ils ne savaient presque rien du corps. Les sculpteurs d'Athènes le connaissaient autant que les anatomistes, qui n'existaient pas au temps d'Hippocrate et de Périclès. 1 D@@@e @@@@, animus, anima. 2 Spiritus de ################
10 @ÉTUDES DE PHYSIOLOGIE fait-il qu'il n'ait pas été choisi pour être transmis à la postérité pourquoi le coeur a-t-il eu la préférence? On sait encore, d'une manière aussi certaine, que le coeur est un organe musculaire, chargé d'envoyer à tout le corps le sang dont il a besoin pour vivre, et qu'ayant ce rôle, il n'est pas la source de nos qualités morales. Pourquoi a-t-il été choisi, pourquoi, malgré nos connaissances scientifiques actuelles, continue-t-il à désigner, dans le langage universel, la partie sentante et noble de notre âme? En vieillissant, les langues elles-mêmes veulent devenir exactes et précises. Pour-quoi le langage humain a-t-il gardé, depuis l'origine, ces mots @@Le coeur est le moral de l'homme il y a des hommes de tête, ceux qui ont l'esprit juste il y a des hommes de coeur, ceux qui ont l'àme tendre et courageuse? Notre intention est de répondre à ces questions et de faire voir par où l'esprit humain a passé, tantôt obéissant à une sorte d'instinct, tantôt conservant jusqu'à la fin ses impressions premières, qui, malgré les clartés de la science venue plus tard, ont la candeur et la la naïveté de la première pensée humaine. L'homme, pour désigner les choses, a d'abord pris les noms des objets concrets qu'il voyait de ses yeux, qui frappaient ses sens. Il a donné le nom d'âme à ce qui était le mouvement 1, celui d'esprit à un souffle de la respiration 2, celui de coeur à un organe placé au centre de son corps. Et quand les idées se sont étendues, multipliées, il a attribué à ces mots un sens abstrait, métaphorique. A voir la peine que nous avons aujourd'hui, après de si longs temps et tant de réflexions, à définir exactement le sens de ces mots, on peut conce-voir quelle a dû être la difficulté des premiers penseurs. Les lan-gues ont contribué à la formation de l'esprit, ou mieux à son perfec-tionnement. Elles ont eu leur enfance, comme l'humanité, comme l'enfant a besoin de temps pour devenir un homme autant de motifs d'embarras dans la détermination précise des mots et des conceptions. Une autre cause d'embarras, plus grande encore, est venue de notre nature elle-même, de ce que nous sommes formés d'un corps et d'un esprit, mêlés, influencés à ce point, qu'il est difficile de poser entre eux une limite indiscutable. Et si cela est actuellement difficile, que devait-ce être pour les anciens, au commencement de tout, au début des notions sur notre corps et sur notre esprit. Ils ne savaient presque rien du corps. Les sculpteurs d'Athènes le connaissaient autant que les anatomistes, qui n'existaient pas au temps d'Hippocrate et de Périclès. 1 D@@@e @@@@, animus, anima. 2 Spiritus de spirare. - - - -
10 ÉTUDES DE PHYSIOLOGIE fait-il qu'il n'ait pas été choisi pour être transmis à la postérité pourquoi le coeur a-t-il eu la préférence? On sait encore, d'une manière aussi certaine, que le coeur est un organe musculaire, chargé d'envoyer à tout le corps le sang dont il a besoin pour vivre, et qu'ayant ce rôle, il n'est pas la source de nos qualités morales. Pourquoi a-t-il été choisi, pourquoi, malgré nos connaissances scientifiques actuelles, continue-t-il à désigner, dans le langage universel, la partie sentante et noble de notre âme? En vieillissant, les langues elles-mêmes veulent devenir exactes et précises. Pour-quoi le langage humain a-t-il gardé, depuis l'origine, ces mots Le coeur est le moral de l'homme il y a des hommes de tête, ceux qui ont l'esprit juste il y a des hommes de coeur, ceux qui ont l'àme tendre et courageuse? Notre intention est de répondre à ces questions et de faire voir par où l'esprit humain a passé, tantôt obéissant à une sorte d'instinct, tantôt conservant jusqu'à la fin ses impressions premières, qui, malgré les clartés de la science venue plus tard, ont la candeur et la la naïveté de la première pensée humaine. L'homme, pour désigner les choses, a d'abord pris les noms des objets concrets qu'il voyait de ses yeux, qui frappaient ses sens. Il a donné le nom d'âme à ce qui était le mouvement 1, celui d'esprit à un souffle de la respiration 2, celui de coeur à un organe placé au centre de son corps. Et quand les idées se sont étendues, multipliées, il a attribué à ces mots un sens abstrait, métaphorique. A voir la peine que nous avons aujourd'hui, après de si longs temps et tant de réflexions, à définir exactement le sens de ces mots, on peut conce-voir quelle a dû être la difficulté des premiers penseurs. Les lan-gues ont contribué à la formation de l'esprit, ou mieux à son perfec-tionnement. Elles ont eu leur enfance, comme l'humanité, comme l'enfant a besoin de temps pour devenir un homme autant de motifs d'embarras dans la détermination précise des mots et des conceptions. Une autre cause d'embarras, plus grande encore, est venue de notre nature elle-même, de ce que nous sommes formés d'un corps et d'un esprit, mêlés, influencés à ce point, qu'il est difficile de poser entre eux une limite indiscutable. Et si cela est actuellement difficile, que devait-ce être pour les anciens, au commencement de tout, au début des notions sur notre corps et sur notre esprit. Ils ne savaient presque rien du corps. Les sculpteurs d'Athènes le connaissaient autant que les anatomistes, qui n'existaient pas au temps d'Hippocrate et de Périclès. 1 De , animus, anima. 2 Spiritus de spirare. - - - -
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-33 -phorétiques, onctions avec le baume tranquille, vésicatoirc à la région précordiale. A la mi-avril, toute trace de rhumatisme avait disparu la matité précordiale était elle-même rentrée dans ses limites physiologiques. L'oreille appliquée sur la paroi thoracique à ce niveau percevait sim-plement un léger bruit de frottement isochrone aux battements du coeur. Mais le 20 avril, quand on se disposait à désigner le malade pour Viiir cennes il se plaignit d'une douleur de côté qui lui était brusquement survenue dans la nuit. On put alors constater l'absence à peu près complète du murmure vésiculaire en arrière et à gauche, dans les deux tiers inférieurs du poumon. En un point plus rapproché du sommet on entendait distinctement du souffle bronchique et de l'égophonie. La res-piration était accélérée et la fièvre assez ardente. Pouls, 104 temp. 38° 8. Un large vésicatoire est appliqué sur le côté gauche, et l'on adminis-tre 0 gr. 60 de sulfate de quinine, en 3 paquets. Sous l'effet de cette simple médication, les accidents ne tardèrent pas à s'amender et, dès le 25 avril, le malade était en pleine convales-cence. OBS. IV. - Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie double. Péricardite tardive. Le nommé Lecourt Auguste , âgé de 22 ans, entré le 11 juin 1873 à l'hôpital Neckor, salle St-Ferdinand, n° 12 service de M. le Dr Del-pech . - Cet homme a toujours été d'une santé extrêmement délicate. Sa constitution est faible, lymphatique il est obligé de se livrer à un travail excessif, et, de plus, il est mal nourri et couche dans un local extrêmement humide. Quelques jours avant son entrée à l'hôpital, il fut pris subitement de douleurs rhumatismales très-vives toutes les articulations ont été successivement atteintes, et en fin de compte le rhumatisme semble s'être fixé au cou de pied gauche. 12 Juin. Les douleurs sont vives, elles arrachent des cris au malade inappétence, fièvre intense, sueurs profuses pouls, 11 î temp. 39°. Le B. On trouve le malade dans l'état suivant la plupart des gran-des articulations, et en particulier celle du coude et du poignet sont chaudes, tuméfiées et maintenues immobiles par l'acuité des douleurs que le malade y ressent ces douleurs ont un caractère d'extrême fuga-cité plies passent rapidement d'une articulation à une autre. Le ma-lade est dans un état de faiblesse très-grande. Pouls, 104 temp. 38° 9
-33 -phorétiques, onctions avec le baume tranquille, vésicatoirc à la région précordiale. A la mi-avril, toute trace de rhumatisme avait disparu la matité précordiale était elle-même rentrée dans ses limites physiologiques. L'oreille appliquée sur la paroi thoracique à ce niveau percevait sim-plement un léger bruit de frottement isochrone aux battements du coeur. Mais le 20 avril, quand on se disposait à désigner le malade pour Viiir cennes il se plaignit d'une douleur de côté qui lui était brusquement survenue dans la nuit. On put alors constater l'absence à peu près complète du murmure vésiculaire en arrière et à gauche, dans les deux tiers inférieurs du poumon. En un point plus rapproché du sommet on entendait distinctement du souffle bronchique et de l'égophonie. La res-piration était accélérée et la fièvre assez ardente. Pouls, 104 temp. 38° 8. Un large vésicatoire est appliqué sur le côté gauche, et l'on adminis-tre 0 gr. 60 de sulfate de quinine, en 3 paquets. Sous l'effet de cette simple médication, les accidents ne tardèrent pas à s'amender et, dès le 25 avril, le malade était en pleine convales-cence. OBS. IV. - Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie double. Péricardite tardive. Le nommé Lecourt Auguste , âgé de 22 ans, entré le 11 juin 1873 à l'hôpital Neckor, salle St-Ferdinand, n° 12 service de M. le Dr Del-pech . - Cet homme a toujours été d'une santé extrêmement délicate. Sa constitution est faible, lymphatique il est obligé de se livrer à un travail excessif, et, de plus, il est mal nourri et couche dans un local extrêmement humide. Quelques jours avant son entrée à l'hôpital, il fut pris subitement de douleurs rhumatismales très-vives toutes les articulations ont été successivement atteintes, et en fin de compte le rhumatisme semble s'être fixé au cou de pied gauche. 12 Juin. Les douleurs sont vives, elles arrachent des cris au malade inappétence, fièvre intense, sueurs profuses pouls, 11 î temp. 39°. Le @B. On trouve le malade dans l'état suivant la plupart des gran-des articulations, et en particulier celle du coude et du poignet sont chaudes, tuméfiées et maintenues immobiles par l'acuité des douleurs que le malade y ressent ces douleurs ont un caractère d'extrême fuga-cité plies passent rapidement d'une articulation à une autre. Le ma-lade est dans un état de faiblesse très-grande. Pouls, 104 temp. 38° 9
-35 -phorétiques, onctions avec le baume tranquille, vésicatoire à la région précordiale. A la mi-avril, toute trace de rhumatisme avait disparu la matité précordiale était elle-même rentrée dans ses limites physiologiques. L'oreille appliquée sur la paroi thoracique à ce niveau percevait sim-plement un léger bruit de frottement isochrone aux battements du coeur. Mais le 20 avril, quand on se disposait à désigner le malade pour V@@in-cennes il se plaignit d'une douleur de côté qui lui était brusquement survenue dans la nuit. On put alors constater l'absence à peu près complète du murmure vésiculaire en arrière et à gauche, dans les deux tiers inférieurs du poumon. En un point plus rapproché du sommet on entendait distinctement du souffle bronchique et de l'égophonie. La res-piration était accélérée et la fièvre assez ardente. Pouls, 104 temp. 38° 8. Un large vésicatoire est appliqué sur le côté gauche, et l'on adminis-tre 0 gr. 60 de sulfate de quinine, en 3 paquets. Sous l'effet de cette simple médication, les accidents ne tardèrent pas à s'amender et, dès le 25 avril, le malade était en pleine convales-cence. OBS. IV. -@Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie double. Péricardite tardive. Le nommé Lecourt Auguste , âgé de 22 ans, entré le 11 juin 1873 à l'hôpital Necker, salle St-Ferdinand, n° 12 service de M. le Dr Del-pech . -@Cet homme a toujours été d'une santé extrêmement délicate. Sa constitution est faible, lymphatique il est obligé de se livrer à un travail excessif, et, de plus, il est mal nourri et couche dans un local extrêmement humide. Quelques jours avant son entrée à l'hôpital, il fut pris subitement de douleurs rhumatismales très-vives toutes les articulations ont été successivement atteintes, et en fin de compte le rhumatisme semble s'être fixé au cou de pied gauche. 12 Juin. Les douleurs sont vives, elles arrachent des cris au malade inappétence, fièvre intense, sueurs profuses pouls, 11@2 temp. 39°. Le 1 . On trouve le malade dans l'état suivant la plupart des gran-des articulations, et en particulier celle du coude et du poignet sont chaudes, tuméfiées et maintenues immobiles par l'acuité des douleurs que le malade y ressent ces douleurs ont un caractère d'extrême fuga-cité elles passent rapidement d'une articulation à une autre. Le ma-lade est dans un état de faiblesse très-grande. Pouls, 104 temp. 38° 9
-35 -phorétiques, onctions avec le baume tranquille, vésicatoire à la région précordiale. A la mi-avril, toute trace de rhumatisme avait disparu la matité précordiale était elle-même rentrée dans ses limites physiologiques. L'oreille appliquée sur la paroi thoracique à ce niveau percevait sim-plement un léger bruit de frottement isochrone aux battements du coeur. Mais le 20 avril, quand on se disposait à désigner le malade pour V@@in-cennes il se plaignit d'une douleur de côté qui lui était brusquement survenue dans la nuit. On put alors constater l'absence à peu près complète du murmure vésiculaire en arrière et à gauche, dans les deux tiers inférieurs du poumon. En un point plus rapproché du sommet on entendait distinctement du souffle bronchique et de l'égophonie. La res-piration était accélérée et la fièvre assez ardente. Pouls, 104 temp. 38° 8. Un large vésicatoire est appliqué sur le côté gauche, et l'on adminis-tre 0 gr. 60 de sulfate de quinine, en 3 paquets. Sous l'effet de cette simple médication, les accidents ne tardèrent pas à s'amender et, dès le 25 avril, le malade était en pleine convales-cence. OBS. IV. -@Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie double. Péricardite tardive. Le nommé Lecourt Auguste , âgé de 22 ans, entré le 11 juin 1873 à l'hôpital Necker, salle St-Ferdinand, n° 12 service de M. le Dr Del-pech . -@Cet homme a toujours été d'une santé extrêmement délicate. Sa constitution est faible, lymphatique il est obligé de se livrer à un travail excessif, et, de plus, il est mal nourri et couche dans un local extrêmement humide. Quelques jours avant son entrée à l'hôpital, il fut pris subitement de douleurs rhumatismales très-vives toutes les articulations ont été successivement atteintes, et en fin de compte le rhumatisme semble s'être fixé au cou de pied gauche. 12 Juin. Les douleurs sont vives, elles arrachent des cris au malade inappétence, fièvre intense, sueurs profuses pouls, 11@2 temp. 39°. Le 1 . On trouve le malade dans l'état suivant la plupart des gran-des articulations, et en particulier celle du coude et du poignet sont chaudes, tuméfiées et maintenues immobiles par l'acuité des douleurs que le malade y ressent ces douleurs ont un caractère d'extrême fuga-cité elles passent rapidement d'une articulation à une autre. Le ma-lade est dans un état de faiblesse très-grande. Pouls, 104 temp. 38° 9
-35 -phorétiques, onctions avec le baume tranquille, vésicatoire à la région précordiale. A la mi-avril, toute trace de rhumatisme avait disparu la matité précordiale était elle-même rentrée dans ses limites physiologiques. L'oreille appliquée sur la paroi thoracique à ce niveau percevait sim-plement un léger bruit de frottement isochrone aux battements du coeur. Mais le 20 avril, quand on se disposait à désigner le malade pour Vin-cennes il se plaignit d'une douleur de côté qui lui était brusquement survenue dans la nuit. On put alors constater l'absence à peu près complète du murmure vésiculaire en arrière et à gauche, dans les deux tiers inférieurs du poumon. En un point plus rapproché du sommet on entendait distinctement du souffle bronchique et de l'égophonie. La res-piration était accélérée et la fièvre assez ardente. Pouls, 104 temp. 38° 8. Un large vésicatoire est appliqué sur le côté gauche, et l'on adminis-tre 0 gr. 60 de sulfate de quinine, en 3 paquets. Sous l'effet de cette simple médication, les accidents ne tardèrent pas à s'amender et, dès le 25 avril, le malade était en pleine convales-cence. OBS. IV. -Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie double. Péricardite tardive. Le nommé Lecourt Auguste , âgé de 22 ans, entré le 11 juin 1873 à l'hôpital Necker, salle St-Ferdinand, n° 12 service de M. le Dr Del-pech . -Cet homme a toujours été d'une santé extrêmement délicate. Sa constitution est faible, lymphatique il est obligé de se livrer à un travail excessif, et, de plus, il est mal nourri et couche dans un local extrêmement humide. Quelques jours avant son entrée à l'hôpital, il fut pris subitement de douleurs rhumatismales très-vives toutes les articulations ont été successivement atteintes, et en fin de compte le rhumatisme semble s'être fixé au cou de pied gauche. 12 Juin. Les douleurs sont vives, elles arrachent des cris au malade inappétence, fièvre intense, sueurs profuses pouls, 112 temp. 39°. Le 1 . On trouve le malade dans l'état suivant la plupart des gran-des articulations, et en particulier celle du coude et du poignet sont chaudes, tuméfiées et maintenues immobiles par l'acuité des douleurs que le malade y ressent ces douleurs ont un caractère d'extrême fuga-cité elles passent rapidement d'une articulation à une autre. Le ma-lade est dans un état de faiblesse très-grande. Pouls, 104 temp. 38° 9
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418 ÉCLÀIRCISSEMENS HISTORIQUES En conséquence, le corps municipal s'est déterminé aux -mesures de rigueur que la loi lui prescrit. Il Le corps municipal, informé que des factieux réunis au Champ de la Fédération, mettent la tranquillité publique en péril Il Considérant qu'il es I. responsable de la sûreté des citoyens,, que déjà deux meurtres ont été commis par des scélérats Que la force armée, conduite par les autorités légitimes, ne peut effrayer les bons citoyens, les hommes bien inten.. tionnés Arrête que la loi martiale sera publiée à l'instant que la générale sera battue que le canon d'alarme sera tiré que le drapeau rouge sera déployé Ordonne à tous les bons citoyens, à tous les soldats de la loi de se réunir sous ses drapeaux , et de prêter main forte à ses organes Arrête en outre, qu'il transportera sur-le-champ sa séance à l'hôtel de l'école royale militaire pour y remplir ses devoirs. Le corps municipa l arrête qu'expédition du présent ar-rêté sera à l'instant envoyée à M. le président de l'Assem- 1 hlée nationale et au directoire du département. Trois officiers municipaux ont été chargés de descendre sur la place de l'hôtel-de-ville , et de proclamer l'arrêté et la loi martiale. Les ordres ont en même temps été donnés pour que le drapeau rouge fût, immédiatement après la proclamation, exposé à l'une des principales fenêtres de l'hô-tel-de-ville ce qui a été exécuté à cinq heures et demie. Au même instant , ou plutôt au moment où la munici-palité allait se mettre en marche , MM. les commissaires nommés ce matin pour aller au Gros-Caillou et au Champ de la Fédération sont rentrés dans l'hôtel-de-ville. Ils ont exposé que, s'étant transportés ce matin au Gros-Caillouy ils avaient appris que l'un des meurtriers avait été arrêté, mais qu'il s'était échappé des mains de la garde qu'un
418 ÉCLÀIRCISSEMENS HISTORIQUES En conséquence, le corps municipal s'est déterminé aux -mesures de rigueur que la loi lui prescrit. Il Le corps municipal, informé que des factieux réunis au Champ de la Fédération, mettent la tranquillité publique en péril Il Considérant qu'il es I. responsable de la sûreté des citoyens,, que déjà deux meurtres ont été commis par des scélérats Que la force armée, conduite par les autorités légitimes, ne peut effrayer les bons citoyens, les hommes bien inten.. tionnés Arrête que la loi martiale sera publiée à l'instant que la générale sera battue que le canon d'alarme sera tiré que le drapeau rouge sera déployé Ordonne à tous les bons citoyens, à tous les soldats de la loi de se réunir sous ses drapeaux , et de prêter main forte à ses organes Arrête en outre, qu'il transportera sur-le-champ sa séance à l'hôtel de l'école royale militaire pour y remplir ses devoirs. Le corps municipa l arrête qu'expédition du présent ar-rêté sera à l'instant envoyée à M. le président de l'Assem- 1 hlée nationale et au directoire du département. Trois officiers municipaux ont été chargés de descendre sur la place de l'hôtel-de-ville , et de proclamer l'arrêté et la loi martiale. Les ordres ont en même temps été donnés pour que le drapeau rouge fût, immédiatement après la proclamation, exposé à l'une des principales fenêtres de l'hô-tel-de-ville ce qui a été exécuté à cinq heures et demie. Au même instant , ou plutôt au moment où la munici-palité allait se mettre en marche , MM. les commissaires nommés ce matin pour aller au Gros-Caillou et au Champ de la Fédération sont rentrés dans l'hôtel-de-ville. Ils ont exposé que, s'étant transportés ce matin au Gros-Caillouy ils avaient appris que l'un des meurtriers avait été arrêté, mais qu'il s'était échappé des mains de la garde qu'un
418 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES En conséquence, le corps municipal s'est déterminé aux @mesures de rigueur que la loi lui prescrit.@@@ Le corps municipal, informé que des factieux réunis au Champ de la Fédération, mettent la tranquillité publique en pér@@@il Considérant qu'il es@@t responsable de la sûreté des citoyens@, que déjà deux meurtres ont été commis par des scélérats Que la force armée, conduite par les autorités légitimes, ne peut effrayer les bons citoyens, les hommes bien inten@@-tionnés Arrête que la loi martiale sera publiée à l'instant que la générale sera battue que le canon d'alarme sera tiré que le drapeau rouge sera déployé Ordonne à tous les bons citoyens, à tous les soldats de la loi de se réunir sous ses drapeaux@, et de prêter main forte à ses organes Arrête en outre, qu'il transportera sur-le-champ sa séance à l'hôtel de l'école royale militaire pour y remplir ses devoirs. Le corps municipa@l arrête qu'expédition du présent ar-rêté sera à l'instant envoyée à M. le président de l'Assem-@@@blée nationale et au directoire du département. Trois officiers municipaux ont été chargés de descendre sur la place de l'hôtel-de-ville@, et de proclamer l'arrêté et la loi martiale. Les ordres ont en même temps été donnés pour que le drapeau rouge fût, immédiatement après la proclamation, exposé à l'une des principales fenêtres de l'hô-tel-de-ville ce qui a été exécuté à cinq heures et demie. Au même instant@, ou plutôt au moment où la munici-palité allait se mettre en marche@, MM. les commissaires nommés ce matin pour aller au Gros-Caillou et au Champ de la Fédération sont rentrés dans l'hôtel-de-ville. Ils ont exposé que, s'étant transportés ce matin au Gros-Caillou, ils avaient appris que l'un des meurtriers avait été arrêté, mais qu'il s'était échappé des mains de la garde qu'un
418 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES En conséquence, le corps municipal s'est déterminé aux @mesures de rigueur que la loi lui prescrit.@@@ Le corps municipal, informé que des factieux réunis au Champ de la Fédération, mettent la tranquillité publique en pér@@@il Considérant qu'il es@@t responsable de la sûreté des citoyens@, que déjà deux meurtres ont été commis par des scélérats Que la force armée, conduite par les autorités légitimes, ne peut effrayer les bons citoyens, les hommes bien inten@@-tionnés Arrête que la loi martiale sera publiée à l'instant que la générale sera battue que le canon d'alarme sera tiré que le drapeau rouge sera déployé Ordonne à tous les bons citoyens, à tous les soldats de la loi de se réunir sous ses drapeaux@, et de prêter main forte à ses organes Arrête en outre, qu'il transportera sur-le-champ sa séance à l'hôtel de l'école royale militaire pour y remplir ses devoirs. Le corps municipa@l arrête qu'expédition du présent ar-rêté sera à l'instant envoyée à M. le président de l'Assem-@@@blée nationale et au directoire du département. Trois officiers municipaux ont été chargés de descendre sur la place de l'hôtel-de-ville@, et de proclamer l'arrêté et la loi martiale. Les ordres ont en même temps été donnés pour que le drapeau rouge fût, immédiatement après la proclamation, exposé à l'une des principales fenêtres de l'hô-tel-de-ville ce qui a été exécuté à cinq heures et demie. Au même instant@, ou plutôt au moment où la munici-palité allait se mettre en marche@, MM. les commissaires nommés ce matin pour aller au Gros-Caillou et au Champ de la Fédération sont rentrés dans l'hôtel-de-ville. Ils ont exposé que, s'étant transportés ce matin au Gros-Caillou, ils avaient appris que l'un des meurtriers avait été arrêté, mais qu'il s'était échappé des mains de la garde qu'un
418 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES En conséquence, le corps municipal s'est déterminé aux mesures de rigueur que la loi lui prescrit. Le corps municipal, informé que des factieux réunis au Champ de la Fédération, mettent la tranquillité publique en péril Considérant qu'il est responsable de la sûreté des citoyens, que déjà deux meurtres ont été commis par des scélérats Que la force armée, conduite par les autorités légitimes, ne peut effrayer les bons citoyens, les hommes bien inten-tionnés Arrête que la loi martiale sera publiée à l'instant que la générale sera battue que le canon d'alarme sera tiré que le drapeau rouge sera déployé Ordonne à tous les bons citoyens, à tous les soldats de la loi de se réunir sous ses drapeaux, et de prêter main forte à ses organes Arrête en outre, qu'il transportera sur-le-champ sa séance à l'hôtel de l'école royale militaire pour y remplir ses devoirs. Le corps municipal arrête qu'expédition du présent ar-rêté sera à l'instant envoyée à M. le président de l'Assem-blée nationale et au directoire du département. Trois officiers municipaux ont été chargés de descendre sur la place de l'hôtel-de-ville, et de proclamer l'arrêté et la loi martiale. Les ordres ont en même temps été donnés pour que le drapeau rouge fût, immédiatement après la proclamation, exposé à l'une des principales fenêtres de l'hô-tel-de-ville ce qui a été exécuté à cinq heures et demie. Au même instant, ou plutôt au moment où la munici-palité allait se mettre en marche, MM. les commissaires nommés ce matin pour aller au Gros-Caillou et au Champ de la Fédération sont rentrés dans l'hôtel-de-ville. Ils ont exposé que, s'étant transportés ce matin au Gros-Caillou, ils avaient appris que l'un des meurtriers avait été arrêté, mais qu'il s'était échappé des mains de la garde qu'un
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426 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES empalez ces représentans vendus à la Cour, et que leurs membres sanglmns, attachés aux créneaux de la salle, épou-vantent à jamais ceux qui viendront les remplacer. Et c'est à des Français que ce discours abominable s'adresse ! et c'est un peuple doux, sensible , qui veut être libre et respecté, qui souffre que le monstre que nous citons prenne le nom glorieux de son ami ! A cette lecture infernale, n'avez-vous pas déjà vu qui sont ceux qu'il faut croire et chérir, et qui sont ceux dont il faut purger la société outragée ! Mais celui qui vous dévoile sans rougir la férocité de son carac-tère , n'est pas le plus dangereux pour vous ce sont ceux qui , sous le manteau du patriotisme , cherchent à vous inspirer des àlarmes sur l'avenir qui, par des raisonne-mens hors de votre portée, attaquent les décrets de l'As-semblée nationale, et surtout ceux qui vous disent, avec un air de candeur et de vérité, qu'elle a trompé le voeu des départemens. Eh ! bien, Citoyens , soyez donc instruits apprenez que le décret que ces hommes pervers attaquent est reçu par les provinces comme un véritable bienfait. Déjà les départe-mens d'Eure-et-Loire Chartres , des Deux-Sèvres Niort , de la Seine-Inférieure Rouen et trente autres ont exprimé leur contentement. Avant quinze jours , tous les autres au-ront fait passer à l'Assemblée nationale les,gages authen-tiques de leur respect et de leur approbation. Ecoutez la garde citoyenne et le département de Rouen Le roi, disent-ils , doit se repentir profondément de sa dé-marche imprudente mais sa personne est sacrée- on peut blâmer sa conduite et non pas inculper sa personne. Nous savons qu'un petit nombre de factieux a osé protester contre le décret que vous avez rendu, et appeler des lois faites par le corps constituant à des assemblées tumultueuses. £oin de nous l'idée de soumettre notre immortelle constitution à la sanction de quelques factieux soudoyés. Voilà le langage des provinces, leurs principes et leurs voeux.
426 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES empalez ces représentans vendus à la Cour, et que leurs membres sanglmns, attachés aux créneaux de la salle, épou-vantent à jamais ceux qui viendront les remplacer. Et c'est à des Français que ce discours abominable s'adresse ! et c'est un peuple doux, sensible , qui veut être libre et respecté, qui souffre que le monstre que nous citons prenne le nom glorieux de son ami ! A cette lecture infernale, n'avez-vous pas déjà vu qui sont ceux qu'il faut croire et chérir, et qui sont ceux dont il faut purger la société outragée ! Mais celui qui vous dévoile sans rougir la férocité de son carac-tère , n'est pas le plus dangereux pour vous ce sont ceux qui , sous le manteau du patriotisme , cherchent à vous inspirer des àlarmes sur l'avenir qui, par des raisonne-mens hors de votre portée, attaquent les décrets de l'As-semblée nationale, et surtout ceux qui vous disent, avec un air de candeur et de vérité, qu'elle a trompé le voeu des départemens. Eh ! bien, Citoyens , soyez donc instruits apprenez que le décret que ces hommes pervers attaquent est reçu par les provinces comme un véritable bienfait. Déjà les départe-mens d'Eure-et-Loire Chartres , des Deux-Sèvres Niort , de la Seine-Inférieure Rouen et trente autres ont exprimé leur contentement. Avant quinze jours , tous les autres au-ront fait passer à l'Assemblée nationale les,gages authen-tiques de leur respect et de leur approbation. Ecoutez la garde citoyenne et le département de Rouen Le roi, disent-ils , doit se repentir profondément de sa dé-marche imprudente mais sa personne est sacrée- on peut blâmer sa conduite et non pas inculper sa personne. Nous savons qu'un petit nombre de factieux a osé protester contre le décret que vous avez rendu, et appeler des lois faites par le corps constituant à des assemblées tumultueuses. £oin de nous l'idée de soumettre notre immortelle constitution à la sanction de quelques factieux soudoyés. Voilà le langage des provinces, leurs principes et leurs voeux.
426 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES empalez ces représentans vendus à la Cour, et que leurs membres sanglans, attachés aux créneaux de la salle, épou-vantent à jamais ceux qui viendront les remplacer. Et c'est à des Français que ce discours abominable s'adresse@! et c'est un peuple doux, sensible@, qui veut être libre et respecté, qui souffre que le monstre que nous citons prenne le nom glorieux de son ami@! A cette lecture infernale, n'avez-vous pas déjà vu qui sont ceux qu'il faut croire et chérir, et qui sont ceux dont il faut purger la société outragée@! Mais celui qui vous dévoile sans rougir la férocité de son carac-tère@, n'est pas le plus dangereux pour vous ce sont ceux qui@, sous le manteau du patriotisme@, cherchent à vous inspirer des alarmes sur l'avenir qui, par des raisonne-mens hors de votre portée, attaquent les décrets de l'As-semblée nationale, et surtout ceux qui vous disent, avec un air de cadreur et de vérité, qu'elle a trompé le voeu des départemens. Eh ! bien, Citoyens@, soyez donc instruits apprenez que le décret que ces hommes pervers attaquent est reçu par les provinces comme un véritable bienfait. Déjà les départe-mens d'Eure-et-Loire Chartres , des Deux-Sèvres Niort , de la Seine-Inférieure Rouen et trente autres ont exprimé leur contentement. Avant quinze jours@, tous les autres au-ront fait passer à l'Assemblée nationale les gages authen-tiques de leur respect et de leur approbation. Ecoutez la garde citoyenne et le département de Rouen Le roi, disent-ils@, doit se repentir profondément de sa dé-marche imprudente mais sa personne est sacrée@ on peut blâmer sa conduite et non pas inculper sa personne. Nous savons qu'un petit nombre de factieux a osé protester contre le décret que vous avez rendu, et appeler des lois faites par le corps constituant à des assemblées tumultueuses. Loin de nous l'idée de soumettre notre immortelle constitution à la sanction de quelques factieux soudoyés. Voilà le langage des provinces, leurs principes et leurs voeux.
426 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES empalez ces représentans vendus à la Cour, et que leurs membres sanglans, attachés aux créneaux de la salle, épou-vantent à jamais ceux qui viendront les remplacer. Et c'est à des Français que ce discours abominable s'adresse@! et c'est un peuple doux, sensible@, qui veut être libre et respecté, qui souffre que le monstre que nous citons prenne le nom glorieux de son ami@! A cette lecture infernale, n'avez-vous pas déjà vu qui sont ceux qu'il faut croire et chérir, et qui sont ceux dont il faut purger la société outragée@! Mais celui qui vous dévoile sans rougir la férocité de son carac-tère@, n'est pas le plus dangereux pour vous ce sont ceux qui@, sous le manteau du patriotisme@, cherchent à vous inspirer des alarmes sur l'avenir qui, par des raisonne-mens hors de votre portée, attaquent les décrets de l'As-semblée nationale, et surtout ceux qui vous disent, avec un air de cadreur et de vérité, qu'elle a trompé le voeu des départemens. Eh ! bien, Citoyens@, soyez donc instruits apprenez que le décret que ces hommes pervers attaquent est reçu par les provinces comme un véritable bienfait. Déjà les départe-mens d'Eure-et-Loire Chartres , des Deux-Sèvres Niort , de la Seine-Inférieure Rouen et trente autres ont exprimé leur contentement. Avant quinze jours@, tous les autres au-ront fait passer à l'Assemblée nationale les gages authen-tiques de leur respect et de leur approbation. Ecoutez la garde citoyenne et le département de Rouen Le roi, disent-ils@, doit se repentir profondément de sa dé-marche imprudente mais sa personne est sacrée@ on peut blâmer sa conduite et non pas inculper sa personne. Nous savons qu'un petit nombre de factieux a osé protester contre le décret que vous avez rendu, et appeler des lois faites par le corps constituant à des assemblées tumultueuses. Loin de nous l'idée de soumettre notre immortelle constitution à la sanction de quelques factieux soudoyés. Voilà le langage des provinces, leurs principes et leurs voeux.
426 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES empalez ces représentans vendus à la Cour, et que leurs membres sanglans, attachés aux créneaux de la salle, épou-vantent à jamais ceux qui viendront les remplacer. Et c'est à des Français que ce discours abominable s'adresse! et c'est un peuple doux, sensible, qui veut être libre et respecté, qui souffre que le monstre que nous citons prenne le nom glorieux de son ami! A cette lecture infernale, n'avez-vous pas déjà vu qui sont ceux qu'il faut croire et chérir, et qui sont ceux dont il faut purger la société outragée! Mais celui qui vous dévoile sans rougir la férocité de son carac-tère, n'est pas le plus dangereux pour vous ce sont ceux qui, sous le manteau du patriotisme, cherchent à vous inspirer des alarmes sur l'avenir qui, par des raisonne-mens hors de votre portée, attaquent les décrets de l'As-semblée nationale, et surtout ceux qui vous disent, avec un air de cadreur et de vérité, qu'elle a trompé le voeu des départemens. Eh ! bien, Citoyens, soyez donc instruits apprenez que le décret que ces hommes pervers attaquent est reçu par les provinces comme un véritable bienfait. Déjà les départe-mens d'Eure-et-Loire Chartres , des Deux-Sèvres Niort , de la Seine-Inférieure Rouen et trente autres ont exprimé leur contentement. Avant quinze jours, tous les autres au-ront fait passer à l'Assemblée nationale les gages authen-tiques de leur respect et de leur approbation. Ecoutez la garde citoyenne et le département de Rouen Le roi, disent-ils, doit se repentir profondément de sa dé-marche imprudente mais sa personne est sacrée on peut blâmer sa conduite et non pas inculper sa personne. Nous savons qu'un petit nombre de factieux a osé protester contre le décret que vous avez rendu, et appeler des lois faites par le corps constituant à des assemblées tumultueuses. Loin de nous l'idée de soumettre notre immortelle constitution à la sanction de quelques factieux soudoyés. Voilà le langage des provinces, leurs principes et leurs voeux.
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L'ÉPAGNEUL FRANÇAIS Lé journal Le Chenil a publié en juillet 1888 la repro-duction d'une gravure datée de 1592, représentant un épa-gneul avec un fou qui tient un .faucon l'épagneul était en effet le chien d'Oysel par excellence. Gaston Phoebus en fait le portrait suivant L'es-painholz, parce qu'il vient d'Espainhe, a grosse tête et grand corps et bel, de poil blanc ou tavelé moucheté . La gravure dont j'ai parlé plus haut représente, en effet, un chien blanc à taches marron, moucheté sur les pattes, la tête est grosse, le front large magnifiquement encadré par de longues oreilles garnies de soies ondulées, le corps est gros, les pattes un peu courtes, le poil ondulé et non frisé. Ce chien de 1592 est bien le même chien que nous pos-sédions encore au commencement du siècle et même il y a une vingtaine d'années. J'en ai connu plusieurs qui repré-sentaient bien ce type qui, malheureusement, je le crains, est à peu près perdu. Il n'y a pas de race, en effet, avec laquelle on ait fait autant de croisements. Il a été naturellement croisé avec le Pont-Audemer eL on trouve encore des spécimens qui, sans avoir le type du Pont-Audemer, ont cependant un peu de huppe. Il a été croisé avec les braques et, comme je l'ai dit au début, on appréciait beaucoup les produits de braque et d'épagneuls puis lorsque les épagneuls anglais ont paru en France, c'était à qui ferait saillir sa chienne par un de ces chiens. Tout le'monde voulait avoir un écossais, comme on disait en Normandie. Aussi je n'ai pas trouvé une seule famille d'épagneuls tels que je les ai décrits. On m'a bien cité plusieurs chiens dont la race avait été bien suivie mais ce n'est plus le même type, les chiens sont élancés, moins bien coiffés.' La famille la mieux typée me paraît être celle qui se trouve tant chez M. le comte de Boisgelin que chez M. Guillebont, au Neubourg, dans l'Eure. , La véritable couleur de l'épagneul me paraît être le blanc et marron avec grandes taches et mouchetures mar-ron le marron et gris est plutôt la couleur du Pont-Aude-mer, mais il est incontestable qu'il y a toujours eu des épagneuls marron. M. de la Rue dit lui-même que le pre-mier chien qui ait été donné à Miss, la chienne dont est sortie la race des Saint-Germain, était un épagneul mar-ron. Il y a eu pendant longtemps dans les environs du Havre, chez les chasseurs au marais, une race d'épagneuls mar-ron, qui était excellente en chasse et qu'ils ont laissée à peu près se perdre depuis peu. Un de mes amis possédait, il y a vingt ans, un chien de cette couleur qui représentait exactement l'ancien type, il était remarquable en chasse il excellait en effet en plaine, au marais sur la bécassine, au bois, et dans les ajoncs les plus fourrés où il arrêtait et levait plus de lapins que tous les bassets réunis. M. de la Rue a du reste rendu justice à l'épagneul, mieux que je ne saurais le faire, en disant On dit qu'il chasse le nez à terre ceux qui écrivent de pareilles calomnies n'ont de leur vie possédé un épagneul. Si l'épagneul ne supporte pas la fatigue aussi bien que les chiens à poils ras, cela tient uniquement à sa conforma-tion qui est plus délicate, mais il a sur eux l'immense avantage d'être excellent au marais et au bois, de ne pas hésiter à se mettre à l'eau l'hiver pour aller vous chercher
L'ÉPAGNEUL FRANÇAIS Lé journal Le Chenil a publié en juillet 1888 la repro-duction d'une gravure datée de 1592, représentant un épa-gneul avec un fou qui tient un .faucon l'épagneul était en effet le chien d'Oysel par excellence. Gaston Phoebus en fait le portrait suivant L'es-painholz, parce qu'il vient d'Espainhe, a grosse tête et grand corps et bel, de poil blanc ou tavelé moucheté . La gravure dont j'ai parlé plus haut représente, en effet, un chien blanc à taches marron, moucheté sur les pattes, la tête est grosse, le front large magnifiquement encadré par de longues oreilles garnies de soies ondulées, le corps est gros, les pattes un peu courtes, le poil ondulé et non frisé. Ce chien de 1592 est bien le même chien que nous pos-sédions encore au commencement du siècle et même il y a une vingtaine d'années. J'en ai connu plusieurs qui repré-sentaient bien ce type qui, malheureusement, je le crains, est à peu près perdu. Il n'y a pas de race, en effet, avec laquelle on ait fait autant de croisements. Il a été naturellement croisé avec le Pont-Audemer eL on trouve encore des spécimens qui, sans avoir le type du Pont-Audemer, ont cependant un peu de huppe. Il a été croisé avec les braques et, comme je l'ai dit au début, on appréciait beaucoup les produits de braque et d'épagneuls puis lorsque les épagneuls anglais ont paru en France, c'était à qui ferait saillir sa chienne par un de ces chiens. Tout le'monde voulait avoir un écossais, comme on disait en Normandie. Aussi je n'ai pas trouvé une seule famille d'épagneuls tels que je les ai décrits. On m'a bien cité plusieurs chiens dont la race avait été bien suivie mais ce n'est plus le même type, les chiens sont élancés, moins bien coiffés.' La famille la mieux typée me paraît être celle qui se trouve tant chez M. le comte de Boisgelin que chez M. Guillebont, au Neubourg, dans l'Eure. , La véritable couleur de l'épagneul me paraît être le blanc et marron avec grandes taches et mouchetures mar-ron le marron et gris est plutôt la couleur du Pont-Aude-mer, mais il est incontestable qu'il y a toujours eu des épagneuls marron. M. de la Rue dit lui-même que le pre-mier chien qui ait été donné à Miss, la chienne dont est sortie la race des Saint-Germain, était un épagneul mar-ron. Il y a eu pendant longtemps dans les environs du Havre, chez les chasseurs au marais, une race d'épagneuls mar-ron, qui était excellente en chasse et qu'ils ont laissée à peu près se perdre depuis peu. Un de mes amis possédait, il y a vingt ans, un chien de cette couleur qui représentait exactement l'ancien type, il était remarquable en chasse il excellait en effet en plaine, au marais sur la bécassine, au bois, et dans les ajoncs les plus fourrés où il arrêtait et levait plus de lapins que tous les bassets réunis. M. de la Rue a du reste rendu justice à l'épagneul, mieux que je ne saurais le faire, en disant On dit qu'il chasse le nez à terre ceux qui écrivent de pareilles calomnies n'ont de leur vie possédé un épagneul. Si l'épagneul ne supporte pas la fatigue aussi bien que les chiens à poils ras, cela tient uniquement à sa conforma-tion qui est plus délicate, mais il a sur eux l'immense avantage d'être excellent au marais et au bois, de ne pas hésiter à se mettre à l'eau l'hiver pour aller vous chercher
L'ÉPAGNEUL FRANÇAIS Le journal Le Chenil a publié en juillet 1888 la repro-duction d'une gravure datée de 1592, représentant un épa-gneul avec un fou qui tient un @faucon l'épagneul était en effet le chien d'Oysel par excellence. Gaston Phoebus en fait le portrait suivant L'es-painholz, parce qu'il vient d'Espainhe, a grosse tête et grand corps et bel, de poil blanc ou tavelé moucheté . La gravure dont j'ai parlé plus haut représente, en effet, un chien blanc à taches marron, moucheté sur les pattes, la tête est grosse, le front large magnifiquement encadré par de longues oreilles garnies de soies ondulées, le corps est gros, les pattes un peu courtes, le poil ondulé et non frisé. Ce chien de 1592 est bien le même chien que nous pos-sédions encore au commencement du siècle et même il y a une vingtaine d'années. J'en ai connu plusieurs qui repré-sentaient bien ce type qui, malheureusement, je le crains, est à peu près perdu. Il n'y a pas de race, en effet, avec laquelle on ait fait autant de croisements. Il a été naturellement croisé avec le Pont-Audemer et on trouve encore des spécimens qui, sans avoir le type du Pont-Audemer, ont cependant un peu de huppe. Il a été croisé avec les braques et, comme je l'ai dit au début, on appréciait beaucoup les produits de braque et d'épagneuls puis lorsque les épagneuls anglais ont paru en France, c'était à qui ferait saillir sa chienne par un de ces chiens. Tout le monde voulait avoir un écossais, comme on disait en Normandie. Aussi je n'ai pas trouvé une seule famille d'épagneuls tels que je les ai décrits. On m'a bien cité plusieurs chiens dont la race avait été bien suivie mais ce n'est plus le même type, les chiens sont élancés, moins bien coiffés.@ La famille la mieux typée me paraît être celle qui se trouve tant chez M. le comte de Boisgelin que chez M. Guillebont, au Neubourg, dans l'Eure.@@ La véritable couleur de l'épagneul me paraît être le blanc et marron avec grandes taches et mouchetures mar-ron le marron et gris est plutôt la couleur du Pont-Aude-mer, mais il est incontestable qu'il y a toujours eu des épagneuls marron. M. de la Rue dit lui-même que le pre-mier chien qui ait été donné à Miss, la chienne dont est sortie la race des Saint-Germain, était un épagneul mar-ron. Il y a eu pendant longtemps dans les environs du Havre, chez les chasseurs au marais, une race d'épagneuls mar-ron, qui était excellente en chasse et qu'ils ont laissée à peu près se perdre depuis peu. Un de mes amis possédait, il y a vingt ans, un chien de cette couleur qui représentait exactement l'ancien type, il était remarquable en chasse il excellait en effet en plaine, au marais sur la bécassine, au bois, et dans les ajoncs les plus fourrés où il arrêtait et levait plus de lapins que tous les bassets réunis. M. de la Rue a du reste rendu justice à l'épagneul, mieux que je ne saurais le faire, en disant On dit qu'il chasse le nez à terre ceux qui écrivent de pareilles calomnies n'ont de leur vie possédé un épagneul. Si l'épagneul ne supporte pas la fatigue aussi bien que les chiens à poils ras, cela tient uniquement à sa conforma-tion qui est plus délicate, mais il a sur eux l'immense avantage d'être excellent au marais et au bois, de ne pas hésiter à se mettre à l'eau l'hiver pour aller vous chercher
L'ÉPAGNEUL FRANÇAIS Le journal Le Chenil a publié en juillet 1888 la repro-duction d'une gravure datée de 1592, représentant un épa-gneul avec un fou qui tient un @faucon l'épagneul était en effet le chien d'Oysel par excellence. Gaston Phoebus en fait le portrait suivant L'es-painholz, parce qu'il vient d'Espainhe, a grosse tête et grand corps et bel, de poil blanc ou tavelé moucheté . La gravure dont j'ai parlé plus haut représente, en effet, un chien blanc à taches marron, moucheté sur les pattes, la tête est grosse, le front large magnifiquement encadré par de longues oreilles garnies de soies ondulées, le corps est gros, les pattes un peu courtes, le poil ondulé et non frisé. Ce chien de 1592 est bien le même chien que nous pos-sédions encore au commencement du siècle et même il y a une vingtaine d'années. J'en ai connu plusieurs qui repré-sentaient bien ce type qui, malheureusement, je le crains, est à peu près perdu. Il n'y a pas de race, en effet, avec laquelle on ait fait autant de croisements. Il a été naturellement croisé avec le Pont-Audemer et on trouve encore des spécimens qui, sans avoir le type du Pont-Audemer, ont cependant un peu de huppe. Il a été croisé avec les braques et, comme je l'ai dit au début, on appréciait beaucoup les produits de braque et d'épagneuls puis lorsque les épagneuls anglais ont paru en France, c'était à qui ferait saillir sa chienne par un de ces chiens. Tout le monde voulait avoir un écossais, comme on disait en Normandie. Aussi je n'ai pas trouvé une seule famille d'épagneuls tels que je les ai décrits. On m'a bien cité plusieurs chiens dont la race avait été bien suivie mais ce n'est plus le même type, les chiens sont élancés, moins bien coiffés.@ La famille la mieux typée me paraît être celle qui se trouve tant chez M. le comte de Boisgelin que chez M. Guillebont, au Neubourg, dans l'Eure.@@ La véritable couleur de l'épagneul me paraît être le blanc et marron avec grandes taches et mouchetures mar-ron le marron et gris est plutôt la couleur du Pont-Aude-mer, mais il est incontestable qu'il y a toujours eu des épagneuls marron. M. de la Rue dit lui-même que le pre-mier chien qui ait été donné à Miss, la chienne dont est sortie la race des Saint-Germain, était un épagneul mar-ron. Il y a eu pendant longtemps dans les environs du Havre, chez les chasseurs au marais, une race d'épagneuls mar-ron, qui était excellente en chasse et qu'ils ont laissée à peu près se perdre depuis peu. Un de mes amis possédait, il y a vingt ans, un chien de cette couleur qui représentait exactement l'ancien type, il était remarquable en chasse il excellait en effet en plaine, au marais sur la bécassine, au bois, et dans les ajoncs les plus fourrés où il arrêtait et levait plus de lapins que tous les bassets réunis. M. de la Rue a du reste rendu justice à l'épagneul, mieux que je ne saurais le faire, en disant On dit qu'il chasse le nez à terre ceux qui écrivent de pareilles calomnies n'ont de leur vie possédé un épagneul. Si l'épagneul ne supporte pas la fatigue aussi bien que les chiens à poils ras, cela tient uniquement à sa conforma-tion qui est plus délicate, mais il a sur eux l'immense avantage d'être excellent au marais et au bois, de ne pas hésiter à se mettre à l'eau l'hiver pour aller vous chercher
L'ÉPAGNEUL FRANÇAIS Le journal Le Chenil a publié en juillet 1888 la repro-duction d'une gravure datée de 1592, représentant un épa-gneul avec un fou qui tient un faucon l'épagneul était en effet le chien d'Oysel par excellence. Gaston Phoebus en fait le portrait suivant L'es-painholz, parce qu'il vient d'Espainhe, a grosse tête et grand corps et bel, de poil blanc ou tavelé moucheté . La gravure dont j'ai parlé plus haut représente, en effet, un chien blanc à taches marron, moucheté sur les pattes, la tête est grosse, le front large magnifiquement encadré par de longues oreilles garnies de soies ondulées, le corps est gros, les pattes un peu courtes, le poil ondulé et non frisé. Ce chien de 1592 est bien le même chien que nous pos-sédions encore au commencement du siècle et même il y a une vingtaine d'années. J'en ai connu plusieurs qui repré-sentaient bien ce type qui, malheureusement, je le crains, est à peu près perdu. Il n'y a pas de race, en effet, avec laquelle on ait fait autant de croisements. Il a été naturellement croisé avec le Pont-Audemer et on trouve encore des spécimens qui, sans avoir le type du Pont-Audemer, ont cependant un peu de huppe. Il a été croisé avec les braques et, comme je l'ai dit au début, on appréciait beaucoup les produits de braque et d'épagneuls puis lorsque les épagneuls anglais ont paru en France, c'était à qui ferait saillir sa chienne par un de ces chiens. Tout le monde voulait avoir un écossais, comme on disait en Normandie. Aussi je n'ai pas trouvé une seule famille d'épagneuls tels que je les ai décrits. On m'a bien cité plusieurs chiens dont la race avait été bien suivie mais ce n'est plus le même type, les chiens sont élancés, moins bien coiffés. La famille la mieux typée me paraît être celle qui se trouve tant chez M. le comte de Boisgelin que chez M. Guillebont, au Neubourg, dans l'Eure. La véritable couleur de l'épagneul me paraît être le blanc et marron avec grandes taches et mouchetures mar-ron le marron et gris est plutôt la couleur du Pont-Aude-mer, mais il est incontestable qu'il y a toujours eu des épagneuls marron. M. de la Rue dit lui-même que le pre-mier chien qui ait été donné à Miss, la chienne dont est sortie la race des Saint-Germain, était un épagneul mar-ron. Il y a eu pendant longtemps dans les environs du Havre, chez les chasseurs au marais, une race d'épagneuls mar-ron, qui était excellente en chasse et qu'ils ont laissée à peu près se perdre depuis peu. Un de mes amis possédait, il y a vingt ans, un chien de cette couleur qui représentait exactement l'ancien type, il était remarquable en chasse il excellait en effet en plaine, au marais sur la bécassine, au bois, et dans les ajoncs les plus fourrés où il arrêtait et levait plus de lapins que tous les bassets réunis. M. de la Rue a du reste rendu justice à l'épagneul, mieux que je ne saurais le faire, en disant On dit qu'il chasse le nez à terre ceux qui écrivent de pareilles calomnies n'ont de leur vie possédé un épagneul. Si l'épagneul ne supporte pas la fatigue aussi bien que les chiens à poils ras, cela tient uniquement à sa conforma-tion qui est plus délicate, mais il a sur eux l'immense avantage d'être excellent au marais et au bois, de ne pas hésiter à se mettre à l'eau l'hiver pour aller vous chercher
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ET PIÈCES OFFICIELLES. 427 Rappelez-vous à présent ce que des hommes perfides vous ont dit, et voyez qui vous devez croire, qui vous devez es-timer. Note B , page 3 3. AU ROI. y Paris, le 19 mai 1792, l'an IV de la liberté. SIRE , LA première chose que vous doivent des ministres honorés 3e votre confiance , c'est la vérité. C'est elle qu'il importe le plus à Votre Majesté de connaître c'est elle qui parvient toujours plus difficilement auprès du trône , parce que beau-coup de passions ont intérêt de l'en écarter. L'obligation de vous la dire est chère à des hommes qui se glorifient d'avoir une patrie, et qui reconnaissent, dans votre personne , le roi constitutionnel d'un peuple libre. Nous devons ce témoignage à Votre Majesté , et nous le lui rendons avec effusion de coeur tout dans son langage , soit au conseil, soit à chacun de nous en particulier, respire l'amour de la constitution, la volonté de la défendre. C'est cette expression , toujours répétée , qui nous a donné l'espoir de répondre à la confiance de Votre Majesté. Hommes du peuple et citoyens avant tout, nous ne pouviôns être et demeurer ministres que du chef suprême du pouvoir exécutif des lois pour lesquelles nous devons vivre et mourir. Mais , Sire, ce langage digne de votre sagesse , et qui vous concilie notre amour avec nos res-pects , n'est point entendu de la foule immense des citoyens, qui ne voient que les faits , ou n'approchent que vos entour-s. S'il est quelques faits dont les mécontens puissent se préva-loir , si l'on tient dans votre maison des propos repréhensi-bles, le peuple , qui ne voit que les faits , qui ne connaît que ces propos , s'inquiète, s'agite, et sa confiance s'altère. Il remarque, avec peine, que Votre Majesté se sert d'un au-mônier qui n'a pas prêté le serment civique que les inser-mentés s'en prévalent qu'ils citent cette conduite pour leur
ET PIÈCES OFFICIELLES. 427 Rappelez-vous à présent ce que des hommes perfides vous ont dit, et voyez qui vous devez croire, qui vous devez es-timer. Note B , page 3 3. AU ROI. y Paris, le 19 mai 1792, l'an IV de la liberté. SIRE , LA première chose que vous doivent des ministres honorés 3e votre confiance , c'est la vérité. C'est elle qu'il importe le plus à Votre Majesté de connaître c'est elle qui parvient toujours plus difficilement auprès du trône , parce que beau-coup de passions ont intérêt de l'en écarter. L'obligation de vous la dire est chère à des hommes qui se glorifient d'avoir une patrie, et qui reconnaissent, dans votre personne , le roi constitutionnel d'un peuple libre. Nous devons ce témoignage à Votre Majesté , et nous le lui rendons avec effusion de coeur tout dans son langage , soit au conseil, soit à chacun de nous en particulier, respire l'amour de la constitution, la volonté de la défendre. C'est cette expression , toujours répétée , qui nous a donné l'espoir de répondre à la confiance de Votre Majesté. Hommes du peuple et citoyens avant tout, nous ne pouviôns être et demeurer ministres que du chef suprême du pouvoir exécutif des lois pour lesquelles nous devons vivre et mourir. Mais , Sire, ce langage digne de votre sagesse , et qui vous concilie notre amour avec nos res-pects , n'est point entendu de la foule immense des citoyens, qui ne voient que les faits , ou n'approchent que vos entour-s. S'il est quelques faits dont les mécontens puissent se préva-loir , si l'on tient dans votre maison des propos repréhensi-bles, le peuple , qui ne voit que les faits , qui ne connaît que ces propos , s'inquiète, s'agite, et sa confiance s'altère. Il remarque, avec peine, que Votre Majesté se sert d'un au-mônier qui n'a pas prêté le serment civique que les inser-mentés s'en prévalent qu'ils citent cette conduite pour leur
ET PIÈCES OFFICIELLES. 427 Rappelez-vous à présent ce que des hommes perfides vous ont dit, et voyez qui vous devez croire, qui vous devez es-timer. Note B , page 373. AU ROI. @@Paris, le 19 mai 1792, l'an IV de la liberté. SIRE@, La première chose que vous doivent des ministres honorés de votre confiance@, c'est la vérité. C'est elle qu'il importe le plus à Votre Majesté de connaître c'est elle qui parvient toujours plus difficilement auprès du trône@, parce que beau-coup de passions ont intérêt de l'en écarter. L'obligation de vous la dire est chère à des hommes qui se glorifient d'avoir une partie, et qui reconnaissent, dans votre personne@, le roi constitutionnel d'un peuple libre. Nous devons ce témoignage à Votre Majesté@, et nous le lui rendons avec effusion de coeur tout dans son langage@, soit au conseil, soit à chacun de nous en particulier, respire l'amour de la constitution, la volonté de la défendre. C'est cette expression@, toujours répétée@, qui nous a donné l'espoir de répondre à la confiance de Votre Majesté. Hommes du peuple et citoyens avant tout, nous ne pouvions être et demeurer ministres que du chef suprême du pouvoir exécutif des lois pour lesquelles nous devons vivre et mourir. Mais@, Sire, ce langage digne de votre sagesse@, et qui vous concilie notre amour avec nos res-pects@, n'est point entendu de la foule immense des citoyens, qui ne voient que les faits@, ou n'approchent que vos entour@s. S'il est quelques faits dont les mécontens puissent se préva-loir@, si l'on tient dans votre maison des propos repréhensi-bles, le peuple@, qui ne voit que les faits@, qui ne connaît que ces propos@, s'inquiète, s'agite, et sa confiance s'altère. Il remarque, avec peine, que Votre Majesté se sert d'un au-mônier qui n'a pas prêté le serment civique que les inser-mentés s'en prévalent qu'ils citent cette conduite pour leur
ET PIÈCES OFFICIELLES. 427 Rappelez-vous à présent ce que des hommes perfides vous ont dit, et voyez qui vous devez croire, qui vous devez es-timer. Note B , page 373. AU ROI. @@Paris, le 19 mai 1792, l'an IV de la liberté. SIRE@, La première chose que vous doivent des ministres honorés de votre confiance@, c'est la vérité. C'est elle qu'il importe le plus à Votre Majesté de connaître c'est elle qui parvient toujours plus difficilement auprès du trône@, parce que beau-coup de passions ont intérêt de l'en écarter. L'obligation de vous la dire est chère à des hommes qui se glorifient d'avoir une partie, et qui reconnaissent, dans votre personne@, le roi constitutionnel d'un peuple libre. Nous devons ce témoignage à Votre Majesté@, et nous le lui rendons avec effusion de coeur tout dans son langage@, soit au conseil, soit à chacun de nous en particulier, respire l'amour de la constitution, la volonté de la défendre. C'est cette expression@, toujours répétée@, qui nous a donné l'espoir de répondre à la confiance de Votre Majesté. Hommes du peuple et citoyens avant tout, nous ne pouvions être et demeurer ministres que du chef suprême du pouvoir exécutif des lois pour lesquelles nous devons vivre et mourir. Mais@, Sire, ce langage digne de votre sagesse@, et qui vous concilie notre amour avec nos res-pects@, n'est point entendu de la foule immense des citoyens, qui ne voient que les faits@, ou n'approchent que vos entour@s. S'il est quelques faits dont les mécontens puissent se préva-loir@, si l'on tient dans votre maison des propos repréhensi-bles, le peuple@, qui ne voit que les faits@, qui ne connaît que ces propos@, s'inquiète, s'agite, et sa confiance s'altère. Il remarque, avec peine, que Votre Majesté se sert d'un au-mônier qui n'a pas prêté le serment civique que les inser-mentés s'en prévalent qu'ils citent cette conduite pour leur
ET PIÈCES OFFICIELLES. 427 Rappelez-vous à présent ce que des hommes perfides vous ont dit, et voyez qui vous devez croire, qui vous devez es-timer. Note B , page 373. AU ROI. Paris, le 19 mai 1792, l'an IV de la liberté. SIRE, La première chose que vous doivent des ministres honorés de votre confiance, c'est la vérité. C'est elle qu'il importe le plus à Votre Majesté de connaître c'est elle qui parvient toujours plus difficilement auprès du trône, parce que beau-coup de passions ont intérêt de l'en écarter. L'obligation de vous la dire est chère à des hommes qui se glorifient d'avoir une partie, et qui reconnaissent, dans votre personne, le roi constitutionnel d'un peuple libre. Nous devons ce témoignage à Votre Majesté, et nous le lui rendons avec effusion de coeur tout dans son langage, soit au conseil, soit à chacun de nous en particulier, respire l'amour de la constitution, la volonté de la défendre. C'est cette expression, toujours répétée, qui nous a donné l'espoir de répondre à la confiance de Votre Majesté. Hommes du peuple et citoyens avant tout, nous ne pouvions être et demeurer ministres que du chef suprême du pouvoir exécutif des lois pour lesquelles nous devons vivre et mourir. Mais, Sire, ce langage digne de votre sagesse, et qui vous concilie notre amour avec nos res-pects, n'est point entendu de la foule immense des citoyens, qui ne voient que les faits, ou n'approchent que vos entours. S'il est quelques faits dont les mécontens puissent se préva-loir, si l'on tient dans votre maison des propos repréhensi-bles, le peuple, qui ne voit que les faits, qui ne connaît que ces propos, s'inquiète, s'agite, et sa confiance s'altère. Il remarque, avec peine, que Votre Majesté se sert d'un au-mônier qui n'a pas prêté le serment civique que les inser-mentés s'en prévalent qu'ils citent cette conduite pour leur
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L'ÉPAGNEUL DE PONT-AUDEMER L'épagneul de Pont-Audemer est absolument différent de l'épagneul français celui-ci a une grosse tête lourde, le museau profond, le rein un peu long, plutôt faible, la cuisse plate. Le Pont-Audemer, au contraire, a la tête fine et pointue, le rein court, ar qué et vigoureux, l'épaule et les cuisses lrès..lllusclées. Un excellent dessin d'un type de cette race a paru dans le n° 38 de VAcclimatation de cette année, le portrait de Stop III, qui a figuré à l'Exposition de Paris 1889, ac-compagne notre description. Les particularités du Pont-Audemer sont en premier lieu sa huppe le poil de la tête, ras jusqu'au front, devient long et forme en frisant une forte huppe sur le haut de la tête, cette huppe se confond avec les poils des oreilles qui sont aussi généralement bouclés, et forme ainsi au chien comme une sorte de bonnet ruché autour de sa tête. En second lieu, il a de longues mèches de poils entre les doigts de pied, et souvent comme une sorte de frange bouclée sur les côtés. La véritable couleur du Pont-Audemer me parait être le marron et gris, mais j'en ai toujours connu de marron. Le poil doit être bouclé mais non frisé. Au moment du chan-gement de poil, la huppe disparaît elle disparaît égale-ment quand le chien a un peu de maladie de peau. Les jeunes chiens naissent blanc et marron, ce n'est guère qu'au bout de quinze jours que le gris apparaît dans le blanc. Quant à la huppe, il y en a qui l'ont au bout de quelques mois, et d'autres seulement à un an. La race des chiens Pont-Audemer doit certainement à son originalité d'exister encore c'est du reste un excellent chien, apte à toute les chasses, et il a même su s'attirer les sympathies de M. Bellecroix, qui n'aime cependant pas beaucoup les chiens français. Voici en effet ce qu'en dit cet écrivain dans les Chiens anglais et français Dans quelques-uns de nos départements du Nord, l'é-pagneul de Pont-Audemer a été également l'objet d'une faveur que justifient ses qualités d'excellent chien de bois et de marais. Quand j'aurai ajouté qu'il est de taille à tenir un rang honorable en plaine à côté de nos chiens français, on conviendra que nous sommes en présence d'un gaillard auquel il convient d'accorder une attention particulière. Et plus loin, il ajoute Quant aux qualités de chasse du Pont-Audemer, elles sont véritablement précieuses, et pour ma part je n'hésite pas à lui donner la préférence sur l'épagneul français. Plus rustique, plus vigoureux, plus ardent que l'épa-gneul, le Pont-Audemer possède les mêmes qualités l'in-telligence, la souplesse, la douceur les deux sont égale-ment de bons enfants, très faciles à manier. La quête du Pont-Audemer est plus vive, plus soute-nue que celle de l'épagneul français il arrête également bien. Pour la chasse à l'eau je le préfère de beaucoup à son rival dans les marais herbeux, où il faut qu'un chien déploie beaucoup de force et de fonds, j'ai vu souvent le second faiblir, le Pont-Audemer jamais c'est aussi un excellent chien de fourré, broussailleur, d'une intelligente activité, qui m'a souvent été précieux. J'ai vu des Pont-Audemer qui auraient pu rivaliser avec le cocker le plus ardent. Je suis très heureux de pouvoir publier cet éloge fait par
L'ÉPAGNEUL DE PONT-AUDEMER L'épagneul de Pont-Audemer est absolument différent de l'épagneul français celui-ci a une grosse tête lourde, le museau profond, le rein un peu long, plutôt faible, la cuisse plate. Le Pont-Audemer, au contraire, a la tête fine et pointue, le rein court, ar qué et vigoureux, l'épaule et les cuisses lrès..lllusclées. Un excellent dessin d'un type de cette race a paru dans le n° 38 de @VAcclimatation de cette année, le portrait de Stop III, qui a figuré à l'Exposition de Paris 1889, ac-compagne notre description. Les particularités du Pont-Audemer sont en premier lieu sa huppe le poil de la tête, ras jusqu'au front, devient long et forme en frisant une forte huppe sur le haut de la tête, cette huppe se confond avec les poils des oreilles qui sont aussi généralement bouclés, et forme ainsi au chien comme une sorte de bonnet ruché autour de sa tête. En second lieu, il a de longues mèches de poils entre les doigts de pied, et souvent comme une sorte de frange bouclée sur les côtés. La véritable couleur du Pont-Audemer me parait être le marron et gris, mais j'en ai toujours connu de marron. Le poil doit être bouclé mais non frisé. Au moment du chan-gement de poil, la huppe disparaît elle disparaît égale-ment quand le chien a un peu de maladie de peau. Les jeunes chiens naissent blanc et marron, ce n'est guère qu'au bout de quinze jours que le gris apparaît dans le blanc. Quant à la huppe, il y en a qui l'ont au bout de quelques mois, et d'autres seulement à un an. La race des chiens Pont-Audemer doit certainement à son originalité d'exister encore c'est du reste un excellent chien, apte à toute les chasses, et il @a même su s'attirer les sympathies de M. Bellecroix, qui n'aime cependant pas beaucoup les chiens français. Voici en effet ce qu'en dit cet écrivain dans les Chiens anglais et français Dans quelques-uns de nos départements du Nord, l'é-pagneul de Pont-Audemer a été également l'objet d'une faveur que justifient ses qualités d'excellent chien de bois et de marais. Quand j'aurai ajouté qu'il est de taille à tenir un rang honorable en plaine à côté de nos chiens français, on conviendra que nous sommes en présence d'un gaillard auquel il convient d'accorder une attention particulière. Et plus loin, il ajoute Quant aux qualités de chasse du Pont-Audemer, elles sont véritablement précieuses, et pour ma part je n'hésite pas à lui donner la préférence sur l'épagneul français. Plus rustique, plus vigoureux, plus ardent que l'épa-gneul, le Pont-Audemer possède les mêmes qualités l'in-telligence, la souplesse, la douceur les deux sont égale-ment de bons enfants, très faciles à manier. La quête du Pont-Audemer est plus vive, plus soute-nue que celle de l'épagneul français il arrête également bien. Pour la chasse à l'eau je le préfère de beaucoup à son rival dans les marais herbeux, où il faut qu'un chien déploie beaucoup de force et de fonds, j'ai vu souvent le second faiblir, le Pont-Audemer jamais c'est aussi un excellent chien de fourré, broussailleur, d'une intelligente activité, qui m'a souvent été précieux. J'ai vu des Pont-Audemer qui auraient pu rivaliser avec le cocker le plus ardent. Je suis très heureux de pouvoir publier cet éloge fait par
L'ÉPAGNEUL DE PONT-AUDEMER L'épagneul de Pont-Audemer est absolument différent de l'épagneul français celui-ci a une grosse tête lourde, le museau profond, le rein un peu long, plutôt faible, la cuisse plate. Le Pont-Audemer, au contraire, a la tête fine et pointue, le rein court, ar@qué et vigoureux, l'épaule et les cuisses très@@@ musclées. Un excellent dessin d'un type de cette race a paru dans le n° 38 de l'Acclimatation de cette année, le portrait de Stop III, qui a figuré à l'Exposition de Paris 1889, ac-compagne notre description. Les particularités du Pont-Audemer sont en premier lieu sa huppe le poil de la tête, ras jusqu'au front, devient long et forme en frisant une forte huppe sur le haut de la tête, cette huppe se confond avec les poils des oreilles qui sont aussi généralement bouclés, et forme ainsi au chien comme une sorte de bonnet ruché autour de sa tête. En second lieu, il a de longues mèches de poils entre les doigts de pied, et souvent comme une sorte de frange bouclée sur les côtés. La véritable couleur du Pont-Audemer me paraît être le marron et gris, mais j'en ai toujours connu de marron. Le poil doit être bouclé mais non frisé. Au moment du chan-gement de poil, la huppe disparaît elle disparaît égale-ment quand le chien a un peu de maladie de peau. Les jeunes chiens naissent blanc et marron. Ce n'est guère qu'au bout de quinze jours que le gris apparaît dans le blanc. Quant à la huppe, il y en a qui l'ont au bout de quelques mois, et d'autres seulement à un an. La race des chiens Pont-Audemer doit certainement à son originalité d'exister encore c'est du reste un excellent chien, apte à toute les chasses, et il la même su s'attirer les sympathies de M. Bellecroix, qui n'aime cependant pas beaucoup les chiens français. Voici en effet ce qu'en dit cet écrivain dans les Chiens anglais et français Dans quelques-uns de nos départements du Nord, l'é-pagneul de Pont-Audemer a été également l'objet d'une faveur que justifient ses qualités d'excellent chien de bois et de marais. Quand j'aurai ajouté qu'il est de taille à tenir un rang honorable en plaine à côté de nos chiens français, on conviendra que nous sommes en présence d'un gaillard auquel il convient d'accorder une attention particulière. Et plus loin, il ajoute Quant aux qualités de chasse du Pont-Audemer, elles sont véritablement précieuses, et pour ma part je n'hésite pas à lui donner la préférence sur l'épagneul français. Plus rustique, plus vigoureux, plus ardent que l'épa-gneul, le Pont-Audemer possède les mêmes qualités l'in-telligence, la souplesse, la douceur les deux sont égale-ment de bons enfants, très faciles à manier. La quête du Pont-Audemer est plus vive, plus soute-nue que celle de l'épagneul français il arrête également bien. Pour la chasse à l'eau je le préfère de beaucoup à son rival dans les marais herbeux, où il faut qu'un chien déploie beaucoup de force et de fonds, j'ai vu souvent le second faiblir, le Pont-Audemer jamais c'est aussi un excellent chien de fourré, broussailleur, d'une intelligente activité, qui m'a souvent été précieux. J'ai vu des Pont-Audemer qui auraient pu rivaliser avec le cocker le plus ardent. Je suis très heureux de pouvoir publier cet éloge fait par
L'ÉPAGNEUL DE PONT-AUDEMER L'épagneul de Pont-Audemer est absolument différent de l'épagneul français celui-ci a une grosse tête lourde, le museau profond, le rein un peu long, plutôt faible, la cuisse plate. Le Pont-Audemer, au contraire, a la tête fine et pointue, le rein court, ar@qué et vigoureux, l'épaule et les cuisses très@@@ musclées. Un excellent dessin d'un type de cette race a paru dans le n° 38 de l'Acclimatation de cette année, le portrait de Stop III, qui a figuré à l'Exposition de Paris 1889, ac-compagne notre description. Les particularités du Pont-Audemer sont en premier lieu sa huppe le poil de la tête, ras jusqu'au front, devient long et forme en frisant une forte huppe sur le haut de la tête, cette huppe se confond avec les poils des oreilles qui sont aussi généralement bouclés, et forme ainsi au chien comme une sorte de bonnet ruché autour de sa tête. En second lieu, il a de longues mèches de poils entre les doigts de pied, et souvent comme une sorte de frange bouclée sur les côtés. La véritable couleur du Pont-Audemer me paraît être le marron et gris, mais j'en ai toujours connu de marron. Le poil doit être bouclé mais non frisé. Au moment du chan-gement de poil, la huppe disparaît elle disparaît égale-ment quand le chien a un peu de maladie de peau. Les jeunes chiens naissent blanc et marron. Ce n'est guère qu'au bout de quinze jours que le gris apparaît dans le blanc. Quant à la huppe, il y en a qui l'ont au bout de quelques mois, et d'autres seulement à un an. La race des chiens Pont-Audemer doit certainement à son originalité d'exister encore c'est du reste un excellent chien, apte à toute les chasses, et il la même su s'attirer les sympathies de M. Bellecroix, qui n'aime cependant pas beaucoup les chiens français. Voici en effet ce qu'en dit cet écrivain dans les Chiens anglais et français Dans quelques-uns de nos départements du Nord, l'é-pagneul de Pont-Audemer a été également l'objet d'une faveur que justifient ses qualités d'excellent chien de bois et de marais. Quand j'aurai ajouté qu'il est de taille à tenir un rang honorable en plaine à côté de nos chiens français, on conviendra que nous sommes en présence d'un gaillard auquel il convient d'accorder une attention particulière. Et plus loin, il ajoute Quant aux qualités de chasse du Pont-Audemer, elles sont véritablement précieuses, et pour ma part je n'hésite pas à lui donner la préférence sur l'épagneul français. Plus rustique, plus vigoureux, plus ardent que l'épa-gneul, le Pont-Audemer possède les mêmes qualités l'in-telligence, la souplesse, la douceur les deux sont égale-ment de bons enfants, très faciles à manier. La quête du Pont-Audemer est plus vive, plus soute-nue que celle de l'épagneul français il arrête également bien. Pour la chasse à l'eau je le préfère de beaucoup à son rival dans les marais herbeux, où il faut qu'un chien déploie beaucoup de force et de fonds, j'ai vu souvent le second faiblir, le Pont-Audemer jamais c'est aussi un excellent chien de fourré, broussailleur, d'une intelligente activité, qui m'a souvent été précieux. J'ai vu des Pont-Audemer qui auraient pu rivaliser avec le cocker le plus ardent. Je suis très heureux de pouvoir publier cet éloge fait par
L'ÉPAGNEUL DE PONT-AUDEMER L'épagneul de Pont-Audemer est absolument différent de l'épagneul français celui-ci a une grosse tête lourde, le museau profond, le rein un peu long, plutôt faible, la cuisse plate. Le Pont-Audemer, au contraire, a la tête fine et pointue, le rein court, arqué et vigoureux, l'épaule et les cuisses très musclées. Un excellent dessin d'un type de cette race a paru dans le n° 38 de l'Acclimatation de cette année, le portrait de Stop III, qui a figuré à l'Exposition de Paris 1889, ac-compagne notre description. Les particularités du Pont-Audemer sont en premier lieu sa huppe le poil de la tête, ras jusqu'au front, devient long et forme en frisant une forte huppe sur le haut de la tête, cette huppe se confond avec les poils des oreilles qui sont aussi généralement bouclés, et forme ainsi au chien comme une sorte de bonnet ruché autour de sa tête. En second lieu, il a de longues mèches de poils entre les doigts de pied, et souvent comme une sorte de frange bouclée sur les côtés. La véritable couleur du Pont-Audemer me paraît être le marron et gris, mais j'en ai toujours connu de marron. Le poil doit être bouclé mais non frisé. Au moment du chan-gement de poil, la huppe disparaît elle disparaît égale-ment quand le chien a un peu de maladie de peau. Les jeunes chiens naissent blanc et marron. Ce n'est guère qu'au bout de quinze jours que le gris apparaît dans le blanc. Quant à la huppe, il y en a qui l'ont au bout de quelques mois, et d'autres seulement à un an. La race des chiens Pont-Audemer doit certainement à son originalité d'exister encore c'est du reste un excellent chien, apte à toute les chasses, et il la même su s'attirer les sympathies de M. Bellecroix, qui n'aime cependant pas beaucoup les chiens français. Voici en effet ce qu'en dit cet écrivain dans les Chiens anglais et français Dans quelques-uns de nos départements du Nord, l'é-pagneul de Pont-Audemer a été également l'objet d'une faveur que justifient ses qualités d'excellent chien de bois et de marais. Quand j'aurai ajouté qu'il est de taille à tenir un rang honorable en plaine à côté de nos chiens français, on conviendra que nous sommes en présence d'un gaillard auquel il convient d'accorder une attention particulière. Et plus loin, il ajoute Quant aux qualités de chasse du Pont-Audemer, elles sont véritablement précieuses, et pour ma part je n'hésite pas à lui donner la préférence sur l'épagneul français. Plus rustique, plus vigoureux, plus ardent que l'épa-gneul, le Pont-Audemer possède les mêmes qualités l'in-telligence, la souplesse, la douceur les deux sont égale-ment de bons enfants, très faciles à manier. La quête du Pont-Audemer est plus vive, plus soute-nue que celle de l'épagneul français il arrête également bien. Pour la chasse à l'eau je le préfère de beaucoup à son rival dans les marais herbeux, où il faut qu'un chien déploie beaucoup de force et de fonds, j'ai vu souvent le second faiblir, le Pont-Audemer jamais c'est aussi un excellent chien de fourré, broussailleur, d'une intelligente activité, qui m'a souvent été précieux. J'ai vu des Pont-Audemer qui auraient pu rivaliser avec le cocker le plus ardent. Je suis très heureux de pouvoir publier cet éloge fait par
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ET PIÈCES OFFICIELLES. 419 27 .homme avait essayé de tirer un coup de fusil à bout por-tant sur M. de Lafayette que le coup avait manqué que ce soldat avait été arrêté et conduit au comité, d'où M. de Lafayette l'avait fait mettre en liberté qu'ils avaient cons-taté tous les faits par un procès - verbal , ainsi que le meurtre des deux particuliers qui avaient , ce matin, suc-combé sous l'effort des brigands que les meurtriers étaient inconnus, mais que le meurtre était accompagné des cir-constances les plus atroces ces particuliers ont été égorgés leurs cadavres ont été mutilés leurs têtes ont été tranchées, et les brigands se disposaient à les porter dans l'intérieur de la ville, et spécialement au Palais-Royal, lorsque la cava-lerie nationale est survenue et les a forcés de renoncer à leur dessein r Qu'étant instruits qu'il y avait au Champ de la Fédération un grand rassemblement d'hommes, que la garde natio-nale avait été insultée , repoussée , et qu'un de ses princi-paux officiers avait couru les plus grands dangers, il avait cru devoir s'yttransporter qu'il avait trouvé le Champ de la Fédération et l'autel de la patrie couverts d'un grand nom-bre de personnes de l'un et de l'autre sexe, qui se disposaient à rédiger une pétition contre le décret du 15 de ce mois qu'ils leur avaient remontré que leur réclamation et leur dé-marche étaient contraires à la loi et tendaient évidemment à troubler l'ordre public mais que ces particuliers ayant insisté, et même ayant demandé à députer douze d'entre eux à l'hôtel-de-ville , ils n'avaient pas cru pouvoir refuser de s'en laisser accompagner. Cet incident a donné lieu à la question de savoir si la partie de l'arrêté qui venait d'être pris, et qui portait que la municipalité se transporterait au Champ de la Fédéra-tion , serait exécutée. Le corps municipal délibérant de nouveau sur cette question , et considérant 1°. Que depuis plusieurs jours de nombreux rassemble-
ET PIÈCES OFFICIELLES. 419 27 .homme avait essayé de tirer un coup de fusil à bout por-tant sur M. de Lafayette que le coup avait manqué que ce soldat avait été arrêté et conduit au comité, d'où M. de Lafayette l'avait fait mettre en liberté qu'ils avaient cons-taté tous les faits par un procès - verbal , ainsi que le meurtre des deux particuliers qui avaient , ce matin, suc-combé sous l'effort des brig@ands que les meurtriers étaient inconnus, mais que le meurtre était accompagné des cir-constances les plus atroces ces particuliers ont été égorgés leurs cadavres ont été mutilés leurs têtes ont été tranchées, et les brigands se disposaient à les porter dans l'intérieur de la ville, et spécialement au Palais-Royal, lorsque la cava-lerie nationale est survenue et les a forcés de renoncer à leur dessein r Qu'étant instruits qu'il y avait au Champ de la Fédération un grand rassemblement d'hommes, que la garde natio-nale avait été insultée , repoussée , et qu'un de ses princi-paux officiers avait couru les plus grands dangers, il avait cru devoir s'yttransporter qu'il avait trouvé le Champ de la Fédération et l'autel de la patrie couverts d'un grand nom-bre de personnes de l'un et de l'autre sexe, qui se disposaient à rédiger une pétition contre le décret du 15 de ce mois qu'ils leur avaient remontré que leur réclamation et leur dé-marche étaient contraires à la loi et tendaient évidemment à troubler l'ordre public mais que ces particuliers ayant insisté, et même ayant demandé à députer douze d'entre eux à l'hôtel-de-ville , ils n'avaient pas cru pouvoir refuser de s'en laisser accompagner. Cet incident a donné lieu à la question de savoir si la partie de l'arrêté qui venait d'être pris, et qui portait que la municipalité se transporterait au Champ de la Fédéra-tion , serait exécutée. Le corps municipal délibérant de nouveau sur cette question , et considérant 1°. Que depuis plusieurs jours de nombreux rassemble-
ET PIÈCES OFFICIELLES. 419@@@ @homme avait essayé de tirer un coup de fusil à bout por-tant sur M. de Lafayette que le coup avait manqué que ce soldat avait été arrêté et conduit au comité, d'où M. de Lafayette l'avait fait mettre en liberté qu'ils avaient cons-taté tous les faits par un procès -@verbal@, ainsi que le meu@tre des deux particuliers qui avaient@, ce matin, suc-combé sous l'effort des brigrands que les meurtriers étaient inconnus, mais que le meurtre était accompagné des cir-constances les plus atroces ces particuliers ont été égorgés leurs cadavres ont été mutilés leurs têtes ont été tranchées, et les brigands se disposaient à les porter dans l'intérieur de la ville, et spécialement au Palais-Royal, lorsque la cava-lerie nationale est survenue et les a forcés de renoncer à leur dessein @@Qu'étant instruits qu'il y avait au Champ de la Fédération un grand rassemblement d'hommes, que la garde natio-nale avait été insultée@, repoussée@, et qu'un de ses princi-paux officiers avait couru les plus grands dangers, il avait cru devoir s'y transporter qu'il avait trouvé le Champ de la Fédération et l'autel de la partie couverts d'un grand nom-bre de personnes de l'un et de l'autre sexe, qui se disposaient à rédiger une pétition contre le décret du 15 de ce mois qu'ils leur avaient remontré que leur réclamation et leur dé-marche étaient contraires à la loi et tendaient évidemment à troubler l'ordre public mais que ces particuliers ayant insisté, et même ayant demandé à députer douze d'entre eux à l'hôtel-de-ville@, ils n'avaient pas cru pouvoir refuser de s'en laisser accompagner. Cet incident a donné lieu à la question de savoir si la partie de l'arrêté qui venait d'être pris, et qui portait que la municipalité se transporterait au Champ de la Fédéra-tion@, serait exécutée. Le corps municipal délibérant de nouveau sur cette question@, et considérant 1°. Que depuis plusieurs jours de nombreux rassemble-
ET PIÈCES OFFICIELLES. 419@@@ @homme avait essayé de tirer un coup de fusil à bout por-tant sur M. de Lafayette que le coup avait manqué que ce soldat avait été arrêté et conduit au comité, d'où M. de Lafayette l'avait fait mettre en liberté qu'ils avaient cons-taté tous les faits par un procès -@verbal@, ainsi que le meu@tre des deux particuliers qui avaient@, ce matin, suc-combé sous l'effort des brigrands que les meurtriers étaient inconnus, mais que le meurtre était accompagné des cir-constances les plus atroces ces particuliers ont été égorgés leurs cadavres ont été mutilés leurs têtes ont été tranchées, et les brigands se disposaient à les porter dans l'intérieur de la ville, et spécialement au Palais-Royal, lorsque la cava-lerie nationale est survenue et les a forcés de renoncer à leur dessein @@Qu'étant instruits qu'il y avait au Champ de la Fédération un grand rassemblement d'hommes, que la garde natio-nale avait été insultée@, repoussée@, et qu'un de ses princi-paux officiers avait couru les plus grands dangers, il avait cru devoir s'y transporter qu'il avait trouvé le Champ de la Fédération et l'autel de la partie couverts d'un grand nom-bre de personnes de l'un et de l'autre sexe, qui se disposaient à rédiger une pétition contre le décret du 15 de ce mois qu'ils leur avaient remontré que leur réclamation et leur dé-marche étaient contraires à la loi et tendaient évidemment à troubler l'ordre public mais que ces particuliers ayant insisté, et même ayant demandé à députer douze d'entre eux à l'hôtel-de-ville@, ils n'avaient pas cru pouvoir refuser de s'en laisser accompagner. Cet incident a donné lieu à la question de savoir si la partie de l'arrêté qui venait d'être pris, et qui portait que la municipalité se transporterait au Champ de la Fédéra-tion@, serait exécutée. Le corps municipal délibérant de nouveau sur cette question@, et considérant 1°. Que depuis plusieurs jours de nombreux rassemble-
ET PIÈCES OFFICIELLES. 419 homme avait essayé de tirer un coup de fusil à bout por-tant sur M. de Lafayette que le coup avait manqué que ce soldat avait été arrêté et conduit au comité, d'où M. de Lafayette l'avait fait mettre en liberté qu'ils avaient cons-taté tous les faits par un procès -verbal, ainsi que le meutre des deux particuliers qui avaient, ce matin, suc-combé sous l'effort des brigrands que les meurtriers étaient inconnus, mais que le meurtre était accompagné des cir-constances les plus atroces ces particuliers ont été égorgés leurs cadavres ont été mutilés leurs têtes ont été tranchées, et les brigands se disposaient à les porter dans l'intérieur de la ville, et spécialement au Palais-Royal, lorsque la cava-lerie nationale est survenue et les a forcés de renoncer à leur dessein Qu'étant instruits qu'il y avait au Champ de la Fédération un grand rassemblement d'hommes, que la garde natio-nale avait été insultée, repoussée, et qu'un de ses princi-paux officiers avait couru les plus grands dangers, il avait cru devoir s'y transporter qu'il avait trouvé le Champ de la Fédération et l'autel de la partie couverts d'un grand nom-bre de personnes de l'un et de l'autre sexe, qui se disposaient à rédiger une pétition contre le décret du 15 de ce mois qu'ils leur avaient remontré que leur réclamation et leur dé-marche étaient contraires à la loi et tendaient évidemment à troubler l'ordre public mais que ces particuliers ayant insisté, et même ayant demandé à députer douze d'entre eux à l'hôtel-de-ville, ils n'avaient pas cru pouvoir refuser de s'en laisser accompagner. Cet incident a donné lieu à la question de savoir si la partie de l'arrêté qui venait d'être pris, et qui portait que la municipalité se transporterait au Champ de la Fédéra-tion, serait exécutée. Le corps municipal délibérant de nouveau sur cette question, et considérant 1°. Que depuis plusieurs jours de nombreux rassemble-
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vrnnfs nr pnvsinT.nmp. 9 certains- naturalistes regardent comme un intermédiaire.entre eux et le singe, a des affections pour les siens qu'il quitte4. Or cette manière de finir, qui est particulière à l'homme, qui est le propre de la nature humaine, qui nous sépare absolument du règne animal, autant que la parole ou même la croyance à un Dieu, -cela est un acte. La mort de l'homme est un acte, soit quand elle survient en pleine clarté, soit quand il l'a prévue, qu'il en a réglé intentionnellement les phases et les suites, pour les siens, pour les autres. Qui ne se rappelle les pressentiments, les craintes, les ter-reurs qui hantent les derniers jours, les angoisses sans nom des uns, en proie à un supplice et aussi la sérénité, la douceur de pensée, l'espérance ouvrant ses ailes vers un avenir désiré, vers le rapprochement d'une personne autrefois chérie, qui, pour les autres, apaisent le mal de la fin et la rend facile? Y a-t-il rien qui, plus que cet acte suprême, démontre la réalité de l'es-prit? Car, sur le point de cesser d'être sous cette forme présente, l'homme entrevoit autre chose de durable, de permanent. Une con-ception moderne a fait dire que la mémoire des hommes se transmet dans la famille, dans la tribu, dans la race, ensuite dans l'histoire que les générations transportent, suivant l'expression du poète Lucrèce, de main en main, comme des flambeaux, le souvenir et les oeuvres des hommes, et que, au sens vrai, cela est l'immortalité, qu'il n'y en a point d'autre. Cette sorte d'immortalité n'est pas la seule. Sans aucun doute, elle existe à la gloire de l'humanité, mais il en est une autre, dont chacun de nous a besoin, qui nous est personnelle, et qui est celle de notre esprit. Vouloir confondre notre immortalité avec celle du genre humain, c'est imiter ceux qui affirment que Dieu est confondu avec la nature, qu'il en est insé-parable et lui est immanent, ce qui est simplement ôter à Dieu sa personnalité et l'anéantir. III Je me trouve obligé de parler un peu ici d'anatomie et de physio-logie je prie le lecteur de me suivre néanmoins, et j'espère qu'il me comprendra. On sait aujourd'hui, et on reconnaît sans hésitation, que le cer-veau est l'intermédiaire entre notre esprit et notre corps, et qu'il est le centre de nos pensées, de nos affections morales. Comment se 1 Ce sentiment est si profondément humain, que la civilisation ne l'amortit pas, ne le diminue pas. Le culte de la mort est respecté dans les grandes villes. En quel pays est-il plus respecté qu'à Paris?
vrnnfs nr pnvsinT.nmp. 9 certains- naturalistes regardent comme un intermédiaire.entre eux et le singe, a des affections pour les siens qu'il quitte4. Or cette manière de finir, qui est particulière à l'homme, qui est le propre de la nature humaine, qui nous sépare absolument du règne animal, autant que la parole ou même la croyance à un Dieu, -cela est un acte. La mort de l'homme est un acte, soit quand elle survient en pleine clarté, soit quand il l'a prévue, qu'il en a réglé intentionnellement les phases et les suites, pour les siens, pour les autres. Qui ne se rappelle les pressentiments, les craintes, les ter-reurs qui hantent les derniers jours, les angoisses sans nom des uns, en proie à un supplice et aussi la sérénité, la douceur de pensée, l'espérance ouvrant ses ailes vers un avenir désiré, vers le rapprochement d'une personne autrefois chérie, qui, pour les autres, apaisent le mal de la fin et la rend facile? Y a-t-il rien qui, plus que cet acte suprême, démontre la réalité de l'es-prit? Car, sur le point de cesser d'être sous cette forme présente, l'homme entrevoit autre chose de durable, de permanent. Une con-ception moderne a fait dire que la mémoire des hommes se transmet dans la famille, dans la tribu, dans la race, ensuite dans l'histoire que les générations transportent, suivant l'expression du poète Lucrèce, de main en main, comme des flambeaux, le souvenir et les oeuvres des hommes, et que, au sens vrai, cela est l'immortalité, qu'il n'y en a point d'autre. Cette sorte d'immortalité n'est pas la seule. Sans aucun doute, elle existe à la gloire de l'humanité, mais il en est une autre, dont chacun de nous a besoin, qui nous est personnelle, et qui est celle de notre esprit. Vouloir confondre notre immortalité avec celle du genre humain, c'est imiter ceux qui affirment que Dieu est confondu avec la nature, qu'il en est insé-parable et lui est immanent, ce qui est simplement ôter à Dieu sa personnalité et l'anéantir. III Je me trouve obligé de parler un peu ici d'anatomie et de physio-logie je prie le lecteur de me suivre néanmoins, et j'espère qu'il me comprendra. On sait aujourd'hui, et on reconnaît sans hésitation, que le cer-veau est l'intermédiaire entre notre esprit et notre corps, et qu'il est le centre de nos pensées, de nos affections morales. Comment se 1 Ce sentiment est si profondément humain, que la civilisation ne l'amortit pas, ne le diminue pas. Le culte de la mort est respecté dans les grandes villes. En quel pays est-il plus respecté qu'à Paris?
################################## naturalistes regardent comme un intermédiaire entre eux et le singe, a des affections pour les siens qu'il quitte1. Or cette manière de finir, qui est particulière à l'homme, qui est le propre de la nature humaine, qui nous sépare absolument du règne animal, autant que la parole ou même la croyance à un Dieu, @cela est un acte. La mort de l'homme est un acte, soit quand elle survient en pleine clarté, soit quand il l'a prévue, qu'il en a réglé intentionnellement les phases et les suites, pour les siens, pour les autres. Qui ne se ra@pelle les pressentiments, les craintes, les ter-reurs qui hantent les derniers jours, les angoisses sans nom des uns, en proie à un supplice et aussi la sérénité, la douceur de pensée, l'espérance ouvrant ses ailes vers un avenir désiré, vers le rapprochement d'une personne autrefois chérie, qui, pour les autres, apaisent le mal de la fin et la rend facile? Y a-t-il rien qui, plus que cet acte suprême, démontre la réalité de l'es-prit? Car, sur le point de cesser d'être sous cette forme présente, l'homme entrevoit autre chose de durable, de permanent. Une con-ception moderne a fait dire que la mémoire des hommes se transmet dans la famille, dans la tribu, dans la race, ensuite dans l'histoire que les générations transportent, suivant l'expression du poète Lucrèce, de main en main, comme des flambeaux, le souvenir et les oeuvres des hommes, et que, au sens vrai, cela est l'immortalité, qu'il n'y en a point d'autre. Cette sorte d'immortalité n'est pas la seule. Sans aucun doute, elle existe à la gloire de l'humanité, mais il en est une autre, dont chacun de nous a besoin, qui nous est personnelle, et qui est celle de notre esprit. Vouloir confondre notre immortalité avec celle du genre humain, c'est imiter ceux qui affirment que Dieu est confondu avec la nature, qu'il en est insé-parable et lui est immanent, ce qui est simplement ôter à Dieu sa personnalité et l'anéantir. III Je me trouve obligé de parler un peu ici d'anatomie et de physio-logie je prie le lecteur de me suivre néanmoins, et j'espère qu'il me comprendra. On sait aujourd'hui, et on reconnaît sans hésitation, que le cer-veau est l'intermédiaire entre notre esprit et notre corps, et qu'il est le centre de nos pensées, de nos affections morales. Comment se 1 Ce sentiment est si profondément humain, que la civilisation ne l'amortit pas, ne le diminue pas. Le culte de la mort est respecté dans les grandes villes. En quel pays est-il plus respecté qu'à ######
vrnnfs nr pnvsinT.nmp. 9 certains- naturalistes regardent comme un intermédiaire entre eux et le singe, a des affections pour les siens qu'il quitte1. Or cette manière de finir, qui est particulière à l'homme, qui est le propre de la nature humaine, qui nous sépare absolument du règne animal, autant que la parole ou même la croyance à un Dieu, @cela est un acte. La mort de l'homme est un acte, soit quand elle survient en pleine clarté, soit quand il l'a prévue, qu'il en a réglé intentionnellement les phases et les suites, pour les siens, pour les autres. Qui ne se ra@pelle les pressentiments, les craintes, les ter-reurs qui hantent les derniers jours, les angoisses sans nom des uns, en proie à un supplice et aussi la sérénité, la douceur de pensée, l'espérance ouvrant ses ailes vers un avenir désiré, vers le rapprochement d'une personne autrefois chérie, qui, pour les autres, apaisent le mal de la fin et la rend facile? Y a-t-il rien qui, plus que cet acte suprême, démontre la réalité de l'es-prit? Car, sur le point de cesser d'être sous cette forme présente, l'homme entrevoit autre chose de durable, de permanent. Une con-ception moderne a fait dire que la mémoire des hommes se transmet dans la famille, dans la tribu, dans la race, ensuite dans l'histoire que les générations transportent, suivant l'expression du poète Lucrèce, de main en main, comme des flambeaux, le souvenir et les oeuvres des hommes, et que, au sens vrai, cela est l'immortalité, qu'il n'y en a point d'autre. Cette sorte d'immortalité n'est pas la seule. Sans aucun doute, elle existe à la gloire de l'humanité, mais il en est une autre, dont chacun de nous a besoin, qui nous est personnelle, et qui est celle de notre esprit. Vouloir confondre notre immortalité avec celle du genre humain, c'est imiter ceux qui affirment que Dieu est confondu avec la nature, qu'il en est insé-parable et lui est immanent, ce qui est simplement ôter à Dieu sa personnalité et l'anéantir. III Je me trouve obligé de parler un peu ici d'anatomie et de physio-logie je prie le lecteur de me suivre néanmoins, et j'espère qu'il me comprendra. On sait aujourd'hui, et on reconnaît sans hésitation, que le cer-veau est l'intermédiaire entre notre esprit et notre corps, et qu'il est le centre de nos pensées, de nos affections morales. Comment se 1 Ce sentiment est si profondément humain, que la civilisation ne l'amortit pas, ne le diminue pas. Le culte de la mort est respecté dans les grandes villes. En quel pays est-il plus respecté qu'à Paris?
vrnnfs nr pnvsinT.nmp. 9 certains- naturalistes regardent comme un intermédiaire entre eux et le singe, a des affections pour les siens qu'il quitte1. Or cette manière de finir, qui est particulière à l'homme, qui est le propre de la nature humaine, qui nous sépare absolument du règne animal, autant que la parole ou même la croyance à un Dieu, cela est un acte. La mort de l'homme est un acte, soit quand elle survient en pleine clarté, soit quand il l'a prévue, qu'il en a réglé intentionnellement les phases et les suites, pour les siens, pour les autres. Qui ne se rapelle les pressentiments, les craintes, les ter-reurs qui hantent les derniers jours, les angoisses sans nom des uns, en proie à un supplice et aussi la sérénité, la douceur de pensée, l'espérance ouvrant ses ailes vers un avenir désiré, vers le rapprochement d'une personne autrefois chérie, qui, pour les autres, apaisent le mal de la fin et la rend facile? Y a-t-il rien qui, plus que cet acte suprême, démontre la réalité de l'es-prit? Car, sur le point de cesser d'être sous cette forme présente, l'homme entrevoit autre chose de durable, de permanent. Une con-ception moderne a fait dire que la mémoire des hommes se transmet dans la famille, dans la tribu, dans la race, ensuite dans l'histoire que les générations transportent, suivant l'expression du poète Lucrèce, de main en main, comme des flambeaux, le souvenir et les oeuvres des hommes, et que, au sens vrai, cela est l'immortalité, qu'il n'y en a point d'autre. Cette sorte d'immortalité n'est pas la seule. Sans aucun doute, elle existe à la gloire de l'humanité, mais il en est une autre, dont chacun de nous a besoin, qui nous est personnelle, et qui est celle de notre esprit. Vouloir confondre notre immortalité avec celle du genre humain, c'est imiter ceux qui affirment que Dieu est confondu avec la nature, qu'il en est insé-parable et lui est immanent, ce qui est simplement ôter à Dieu sa personnalité et l'anéantir. III Je me trouve obligé de parler un peu ici d'anatomie et de physio-logie je prie le lecteur de me suivre néanmoins, et j'espère qu'il me comprendra. On sait aujourd'hui, et on reconnaît sans hésitation, que le cer-veau est l'intermédiaire entre notre esprit et notre corps, et qu'il est le centre de nos pensées, de nos affections morales. Comment se 1 Ce sentiment est si profondément humain, que la civilisation ne l'amortit pas, ne le diminue pas. Le culte de la mort est respecté dans les grandes villes. En quel pays est-il plus respecté qu'à Paris?
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L'ÉVASION. 449 Merci, Madame. Je saluai la jeune femme , qui me paraissait plus ras-surée, mais vivement intriguée et je continuai à descendre. Elle avait parlé d'amphithéâtre, et je regardais sije voyais un monument de ce genre, lorsque le chemin que je sui-vais me conduisit dans une sorte de cirque immense, qu'il coupait en deux. C'était, àn'en pas douter, l'amphithéâtre dont on venait de me parler. Il était taillé dans le roc, et les traces des gradins étaient encore très visibles. Des restes de murailles romaines d'une merveilleuse épaisseur apparaissaient encore çà et là, percées de fenêtres cintrées. En bas, près du sol, des portes voûtées semblaient conduire dans des souterrains. En tout autre moment, ce spectacle m'eût vraiment intéressé. Mais, pour l'instant, je ne son-geais qu'à ma route, que je trouvai presque à la sortie de l'amphithéâtre. C'était un chemin assez étroit qui suivait le flanc des collines , au milieu des vignes et des jardins. Il devait servir surtout pour les travaux de la campagne. Cette circonstance me rassurait et me donnait l'espoir de ne faire aucune rencontre dangereuse. Tout en marchant d'un bon pas, je pensais à ce nom de Wasserbillig, que j'avais souvent entendu répéter à Sierck. Les gens de cette ville venaient à nos foires, et nos mar-chands se rendaient aussi aux fêtes et aux marchés de Wasserbillig. La distance entre les deux villes devait donc être assez courte, quelques lieues à peine. L'idée de passer si près de ma mère , si près de mon pays, me remua le coeur. Est-il possible, pensai-je, de me trouvera quelques pas de ma pauvre mère, sans aller l'embrasser , la rassu-rer, passer quelques minutes près d'elle! Le désir de pousser jusqu'à Sierck me tentait vivement. J'avançais donc le plus rapidement possible et après trois
L'ÉVASION. 449 @Merci, Madame. Je saluai la jeune femme , qui me paraissait plus ras-surée, mais vivement intriguée et je continuai à descendre. Elle avait parlé d'amphithéâtre, et je regardais si@je voyais un monument de ce genre, lorsque le chemin que je sui-vais me conduisit dans une sorte de cirque immense, qu'il coupait en deux. C'était, à@n'en pas douter, l'amphithéâtre dont on venait de me parler. Il était taillé dans le roc, et les traces des gradins étaient encore très visibles. Des restes de murailles romaines d'une merveilleuse épaisseur apparaissaient encore çà et là, percées de fenêtres cintrées. En bas, près du sol, des portes voûtées semblaient conduire dans des souterrains. En tout autre moment, ce spectacle m'eût vraiment intéressé. Mais, pour l'instant, je ne son-geais qu'à ma route, que je trouvai presque à la sortie de l'amphithéâtre. C'était un chemin assez étroit qui suivait le flanc des collines , au milieu des vignes et des jardins. Il devait servir surtout pour les travaux de la campagne. Cette circonstance me rassurait et me donnait l'espoir de ne faire aucune rencontre dangereuse. Tout en marchant d'un bon pas, je pensais à ce nom de Wasserbillig, que j'avais souvent entendu répéter à Sierck. Les gens de cette ville venaient à nos foires, et nos mar-chands se rendaient aussi aux fêtes et aux marchés de Wasserbillig. La distance entre les deux villes devait donc être assez courte, quelques lieues à peine. L'idée de passer si près de ma mère , si près de mon pays, me remua le coeur. @Est-il possible, pensai-je, de me trouver@a quelques pas de ma pauvre mère, sans aller l'embrasser , la rassu-rer, passer quelques minutes près d'elle! Le désir de pousser jusqu'à Sierck me tentait vivement. J'avançais donc le plus rapidement possible et après trois
L'ÉVASION. 149 -Merci, Madame. Je saluai la jeune femme@, qui me paraissait plus ras-surée, mais vivement intriguée et je continuai à descendre. Elle avait parlé d'amphithéâtre, et je regardais si je voyais un monument de ce genre, lorsque le chemin que je sui-vais me conduisit dans une sorte de cirque immense, qu'il coupait en deux. C'était@ à n'en pas douter, l'amphithéâtre dont on venait de me parler. Il était taillé dans le roc, et les traces des gradins étaient encore très visibles. Des restes de murailles romaines d'une merveilleuse épaisseur apparaissaient encore çà et là, percées de fenêtres cintrées. En bas, près du sol, des portes voûtées semblaient conduire dans des souterrains. En tout autre moment, ce spectacle m'eût vraiment intéressé. Mais, pour l'instant, je ne son-geais qu'à ma route, que je trouvai presque à la sortie de l'amphithéâtre. C'était un chemin assez étroit qui suivant le flanc des collines@, au milieu des vignes et des jardins. Il devait servir surtout pour les travaux de la campagne. Cette circonstance me rassurait et me donnait l'espoir de ne faire aucune rencontre dangereuse. Tout en marchant d'un bon pas, je pensais à ce nom de Wasserbillig, que j'avais souvent entendu répéter à Sierck. Les gens de cette ville venaient à nos foires, et nos mar-chands se rendaient aussi aux fêtes et aux marchés de Wasserbillig. La distance entre les deux villes devait donc être assez courte, quelques lieues à peine. L'idée de passer si près de ma mère@, si près de mon pays, me remua le coeur. -Est-il possible, pensai-je, de me trouver à quelques pas de ma pauvre mère, sans aller l'embrasser@, la rassu-rer, passer quelques minutes près d'elle! Le désir de pousser jusqu'à Sierck me tentait vivement. J'avançais donc le plus rapidement possible et après trois
L'ÉVASION. 149 -Merci, Madame. Je saluai la jeune femme@, qui me paraissait plus ras-surée, mais vivement intriguée et je continuai à descendre. Elle avait parlé d'amphithéâtre, et je regardais si je voyais un monument de ce genre, lorsque le chemin que je sui-vais me conduisit dans une sorte de cirque immense, qu'il coupait en deux. C'était@ à n'en pas douter, l'amphithéâtre dont on venait de me parler. Il était taillé dans le roc, et les traces des gradins étaient encore très visibles. Des restes de murailles romaines d'une merveilleuse épaisseur apparaissaient encore çà et là, percées de fenêtres cintrées. En bas, près du sol, des portes voûtées semblaient conduire dans des souterrains. En tout autre moment, ce spectacle m'eût vraiment intéressé. Mais, pour l'instant, je ne son-geais qu'à ma route, que je trouvai presque à la sortie de l'amphithéâtre. C'était un chemin assez étroit qui suivant le flanc des collines@, au milieu des vignes et des jardins. Il devait servir surtout pour les travaux de la campagne. Cette circonstance me rassurait et me donnait l'espoir de ne faire aucune rencontre dangereuse. Tout en marchant d'un bon pas, je pensais à ce nom de Wasserbillig, que j'avais souvent entendu répéter à Sierck. Les gens de cette ville venaient à nos foires, et nos mar-chands se rendaient aussi aux fêtes et aux marchés de Wasserbillig. La distance entre les deux villes devait donc être assez courte, quelques lieues à peine. L'idée de passer si près de ma mère@, si près de mon pays, me remua le coeur. -Est-il possible, pensai-je, de me trouver à quelques pas de ma pauvre mère, sans aller l'embrasser@, la rassu-rer, passer quelques minutes près d'elle! Le désir de pousser jusqu'à Sierck me tentait vivement. J'avançais donc le plus rapidement possible et après trois
L'ÉVASION. 149 -Merci, Madame. Je saluai la jeune femme, qui me paraissait plus ras-surée, mais vivement intriguée et je continuai à descendre. Elle avait parlé d'amphithéâtre, et je regardais si je voyais un monument de ce genre, lorsque le chemin que je sui-vais me conduisit dans une sorte de cirque immense, qu'il coupait en deux. C'était à n'en pas douter, l'amphithéâtre dont on venait de me parler. Il était taillé dans le roc, et les traces des gradins étaient encore très visibles. Des restes de murailles romaines d'une merveilleuse épaisseur apparaissaient encore çà et là, percées de fenêtres cintrées. En bas, près du sol, des portes voûtées semblaient conduire dans des souterrains. En tout autre moment, ce spectacle m'eût vraiment intéressé. Mais, pour l'instant, je ne son-geais qu'à ma route, que je trouvai presque à la sortie de l'amphithéâtre. C'était un chemin assez étroit qui suivant le flanc des collines, au milieu des vignes et des jardins. Il devait servir surtout pour les travaux de la campagne. Cette circonstance me rassurait et me donnait l'espoir de ne faire aucune rencontre dangereuse. Tout en marchant d'un bon pas, je pensais à ce nom de Wasserbillig, que j'avais souvent entendu répéter à Sierck. Les gens de cette ville venaient à nos foires, et nos mar-chands se rendaient aussi aux fêtes et aux marchés de Wasserbillig. La distance entre les deux villes devait donc être assez courte, quelques lieues à peine. L'idée de passer si près de ma mère, si près de mon pays, me remua le coeur. -Est-il possible, pensai-je, de me trouver à quelques pas de ma pauvre mère, sans aller l'embrasser, la rassu-rer, passer quelques minutes près d'elle! Le désir de pousser jusqu'à Sierck me tentait vivement. J'avançais donc le plus rapidement possible et après trois
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THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 215 s'épanouir, et le feu sacré briller de nouveau dans ses yeux. Je continuai ainsi à localiser l'action par des passes sur l'avant-bras et la main puis, tous les cinq ou six jours, je les massai fortement. Le poignet, la main et les doigts étaient plus raides, se pliaient avec plus de difficulté le len-demain du massage mais le surlendemain, après les avoir magnétisés par des passes seulement, les nerfs avaient une souplesse et une flexibilité plus grandes, la douleur était moindre, et Sivori pouvait faire quelques notes de plus. Enfin, le l'r août, le poignet avait retrouvé toute sa sou-plesse, toute son agilité, toute sa vigueur, et le 3 août, c'est-à-dire deux mois et six jours après l'accident, Sivori donnait chez lui une soirée musicale, dans laquelle il se fai-sait entendre. Le Journal de Genève du 9 août terminait ainsi un article sur cette soirée Lorsque M. Sivori parut, tenant son violon, tous les coeurs battaient vivement, et sur chaque visage on lisait une émotion facile à comprendre. A peine quelques minutes s'é-taient-elles écoulées que toute crainte disparut pour faire place à la joie la plus vive, à l'étonnement le plus profond. Jamais peut-être cet archet magique n'avait versé tant d'har-monie, et rendu les cris du coeur avec une vérité tour à tour si touchante et si vigoureuse. Les tours de force dont il éblouissait autrefois ses auditeurs, nous les avons entendus de nouveau. Réjouissons-nous donc, car, grâce à une espèce de miracle, Sivori restera le premier violoniste que nous ayons entendu mais non, il n'y a point de miracle c'est le magnétisme qui a produit cet heureux résultat. M. Lafontaine, avec cette puissance magnétique qu'on ne saurait lui nier, est parvenu en un mois à rendre à ces nerfs, frappés d'immobilité, la souplesse et la force que le temps et les douches semblaient seuls devoir rendre à la fin de l'année. Dans le courant d'août, Sivori se rendit à Aix pour y don-ner des concerts, et comme les douches lui avaient été ordonnées par les chirurgiens, il consulta le médecin des bains sur l'opportunité de ce remède. La réponse de celui-ci
THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 215 s'épanouir, et le feu sacré briller de nouveau dans ses yeux. Je continuai ainsi à localiser l'action par des passes sur l'avant-bras et la main puis, tous les cinq ou six jours, je les massai fortement. Le poignet, la main et les doigts étaient plus raides, se pliaient avec plus de difficulté le len-demain du massage mais le surlendemain, après les avoir magnétisés par des passes seulement, les nerfs avaient une souplesse et une flexibilité plus grandes, la douleur était moindre, et Sivori pouvait faire quelques notes de plus. Enfin, le l'r août, le poignet avait retrouvé toute sa sou-plesse, toute son agilité, toute sa vigueur, et le 3 août, c'est-à-dire deux mois et six jours après l'accident, Sivori donnait chez lui une soirée musicale, dans laquelle il se fai-sait entendre. Le Journal de Genève du 9 août terminait ainsi un article sur cette soirée Lorsque M. Sivori parut, tenant son violon, tous les coeurs battaient vivement, et sur chaque visage on lisait une émotion facile à comprendre. A peine quelques minutes s'é-taient-elles écoulées que toute crainte disparut pour faire place à la joie la plus vive, à l'étonnement le plus profond. Jamais peut-être cet archet magique n'avait versé tant d'har-monie, et rendu les cris du coeur avec une vérité tour à tour si touchante et si vigoureuse. Les tours de force dont il éblouissait autrefois ses auditeurs, nous les avons entendus de nouveau. Réjouissons-nous donc, car, grâce à une espèce de miracle, Sivori restera le premier violoniste que nous ayons entendu mais non, il n'y a point de miracle c'est le magnétisme qui a produit cet heureux résultat. M. Lafontaine, avec cette puissance magnétique qu'on ne saurait lui nier, est parvenu en un mois à rendre à ces nerfs, frappés d'immobilité, la souplesse et la force que le temps et les douches semblaient seuls devoir rendre à la fin de l'année. Dans le courant d'août, Sivori se rendit à Aix pour y don-ner des concerts, et comme les douches lui avaient été ordonnées par les chirurgiens, il consulta le médecin des bains sur l'opportunité de ce remède. La réponse de celui-ci
THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 215 s'épanouir, et le feu sacré briller de nouveau dans ses yeux. Je continuai ainsi à localiser l'action par des passes sur l'avant-bras et la main puis, tous les cinq ou six jours, je les massai fortement. Le poignet, la main et les doigts étaient plus raides, se pliaient avec plus de difficulté le len-demain du massage mais le surlendemain, après les avoir magnétisés par des passes seulement, les nerfs avaient une souplesse et une flexibilité plus grandes, la douleur était moindre, et Sivori pouvait faire quelques notes de plus. Enfin, le 1er août, le poignet avait retrouvé toute sa sou-plesse, toute son agilité, toute sa vigueur, et le 3 août, c'est-à-dire deux mois et six jours après l'accident, Sivori donnait chez lui une soirée musicale, dans laquelle il se fai-sait entendre. Le Journal de Genève du 9 août terminait ainsi un article sur cette soirée Lorsque M. Sivori parut, tenant son violon, tous les coeurs battaient vivement, et sur chaque visage on lisait une émotion facile à comprendre. A peine quelques minutes s'é-taient-elles écoulées que toute crainte disparut pour faire place à la joie la plus vive, à l'étonnement le plus profond. Jamais peut-être cet archet magique n'avait versé tant d'har-monie, et rendu les cris du coeur avec une vérité tour à tour si touchante et si vigoureuse. Les tours de force dont il éblouissait autrefois ses auditeurs, nous les avons entendus de nouveau. Réjouissons-nous donc, car, grâce à une espèce de miracle, Sivori restera le premier violoniste que nous ayons entendu mais non, il n'y a point de miracle c'est le magnétisme qui a produit cet heureux résultat. M. Lafontaine, avec cette puissance magnétique qu'on ne saurait lui nier, est parvenu en un mois à rendre à ces nerfs, frappés d'immobilité, la souplesse et la force que le temps et les douches semblaient seuls devoir rendre à la fin de l'année. Dans le courant d'août, Sivori se rendit à Aix pour y don-ner des concerts, et comme les douches lui avaient été ordonnées par les chirurgiens, il consulta le médecin des bains sur l'opportunité de ce remède. La réponse de celui-ci
THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 215 s'épanouir, et le feu sacré briller de nouveau dans ses yeux. Je continuai ainsi à localiser l'action par des passes sur l'avant-bras et la main puis, tous les cinq ou six jours, je les massai fortement. Le poignet, la main et les doigts étaient plus raides, se pliaient avec plus de difficulté le len-demain du massage mais le surlendemain, après les avoir magnétisés par des passes seulement, les nerfs avaient une souplesse et une flexibilité plus grandes, la douleur était moindre, et Sivori pouvait faire quelques notes de plus. Enfin, le 1er août, le poignet avait retrouvé toute sa sou-plesse, toute son agilité, toute sa vigueur, et le 3 août, c'est-à-dire deux mois et six jours après l'accident, Sivori donnait chez lui une soirée musicale, dans laquelle il se fai-sait entendre. Le Journal de Genève du 9 août terminait ainsi un article sur cette soirée Lorsque M. Sivori parut, tenant son violon, tous les coeurs battaient vivement, et sur chaque visage on lisait une émotion facile à comprendre. A peine quelques minutes s'é-taient-elles écoulées que toute crainte disparut pour faire place à la joie la plus vive, à l'étonnement le plus profond. Jamais peut-être cet archet magique n'avait versé tant d'har-monie, et rendu les cris du coeur avec une vérité tour à tour si touchante et si vigoureuse. Les tours de force dont il éblouissait autrefois ses auditeurs, nous les avons entendus de nouveau. Réjouissons-nous donc, car, grâce à une espèce de miracle, Sivori restera le premier violoniste que nous ayons entendu mais non, il n'y a point de miracle c'est le magnétisme qui a produit cet heureux résultat. M. Lafontaine, avec cette puissance magnétique qu'on ne saurait lui nier, est parvenu en un mois à rendre à ces nerfs, frappés d'immobilité, la souplesse et la force que le temps et les douches semblaient seuls devoir rendre à la fin de l'année. Dans le courant d'août, Sivori se rendit à Aix pour y don-ner des concerts, et comme les douches lui avaient été ordonnées par les chirurgiens, il consulta le médecin des bains sur l'opportunité de ce remède. La réponse de celui-ci
THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 215 s'épanouir, et le feu sacré briller de nouveau dans ses yeux. Je continuai ainsi à localiser l'action par des passes sur l'avant-bras et la main puis, tous les cinq ou six jours, je les massai fortement. Le poignet, la main et les doigts étaient plus raides, se pliaient avec plus de difficulté le len-demain du massage mais le surlendemain, après les avoir magnétisés par des passes seulement, les nerfs avaient une souplesse et une flexibilité plus grandes, la douleur était moindre, et Sivori pouvait faire quelques notes de plus. Enfin, le 1er août, le poignet avait retrouvé toute sa sou-plesse, toute son agilité, toute sa vigueur, et le 3 août, c'est-à-dire deux mois et six jours après l'accident, Sivori donnait chez lui une soirée musicale, dans laquelle il se fai-sait entendre. Le Journal de Genève du 9 août terminait ainsi un article sur cette soirée Lorsque M. Sivori parut, tenant son violon, tous les coeurs battaient vivement, et sur chaque visage on lisait une émotion facile à comprendre. A peine quelques minutes s'é-taient-elles écoulées que toute crainte disparut pour faire place à la joie la plus vive, à l'étonnement le plus profond. Jamais peut-être cet archet magique n'avait versé tant d'har-monie, et rendu les cris du coeur avec une vérité tour à tour si touchante et si vigoureuse. Les tours de force dont il éblouissait autrefois ses auditeurs, nous les avons entendus de nouveau. Réjouissons-nous donc, car, grâce à une espèce de miracle, Sivori restera le premier violoniste que nous ayons entendu mais non, il n'y a point de miracle c'est le magnétisme qui a produit cet heureux résultat. M. Lafontaine, avec cette puissance magnétique qu'on ne saurait lui nier, est parvenu en un mois à rendre à ces nerfs, frappés d'immobilité, la souplesse et la force que le temps et les douches semblaient seuls devoir rendre à la fin de l'année. Dans le courant d'août, Sivori se rendit à Aix pour y don-ner des concerts, et comme les douches lui avaient été ordonnées par les chirurgiens, il consulta le médecin des bains sur l'opportunité de ce remède. La réponse de celui-ci
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-105 -presque avec résignation quelle avait accepté la grande fortune du trône de France si elle avait apporté le sentiment du devoir avec une reli-gieuse fidélité, son premier et chaste amour avait été pour le comte d'Estrées. Marie Leczinska fut peut-être la seule femme qui ne s'éprit pas de Louis XV, si beau, si ravissant à sa vingtième année 1 lui, au contraire, aimait sa femme comme le premier bonheur de sa vie il n'avait jamais rêvé ni connu d'autres femmes la fécon-dité de la reine l'avait comblé de joie 2 . Louis XV chérisait sa jeune et charmante famille, et ce qu'il y a de plus remarquable, la possession ne refroidissait pas son ardeur il revenait toujours plus entraîné, plus passionné auprès de la reine, qui acceptait les caresses d'un époux comme un simple devoir. On disait à la cour qu'elle le repous-sait quelquefois avec une sorte de dédain et de fatigue sous prétexte de devoirs religieux 3 . Louis XV s'en plaignait tristement à la société joyeuse et brillante qui l'entourait à la cour in-1 J'ai souvent contemplé et rapproché dans les galeries de Versailles les deux portraits de Louis XV et de Marié Leczinska ils peuvent expliquer bien des mystères du coeur l'habileté de l'artiste n'a pu animer la froide physionomie de la reine. 2 Le roi avait déjà un Dauphin et trois filles, Mesdames de France. 3 Les pamphlets étrangers disent que le jeune roi étai ivre et que la reine témoignait sa répugnance.
-105 -presque avec résignation quelle avait accepté la grande fortune du trône de France si elle avait apporté le sentiment du devoir avec une reli-gieuse fidélité, son premier et chaste amour avait été pour le comte d'Estrées. Marie Leczinska fut peut-être la seule femme qui ne s'éprit pas de Louis XV, si beau, si ravissant à sa vingtième année 1 lui, au contraire, aimait sa femme comme le premier bonheur de sa vie il n'avait jamais rêvé ni connu d'autres femmes la fécon-dité de la reine l'avait comblé de joie 2 . Louis XV chérisait sa jeune et charmante famille, et ce qu'il y a de plus remarquable, la possession ne refroidissait pas son ardeur il revenait toujours plus entraîné, plus passionné auprès de la reine, qui acceptait les caresses d'un époux comme un simple devoir. On disait à la cour qu'elle le repous-sait quelquefois avec une sorte de dédain et de fatigue sous prétexte de devoirs religieux 3 . Louis XV s'en plaignait tristement à la société joyeuse et brillante qui l'entourait à la cour in-1@@ @@@@J'ai souvent contemplé et rapproché dans les galeries de Versailles les deux portraits de Louis XV et de Marié Leczinska ils peuvent expliquer bien des mystères du coeur l'habileté de l'artiste n'a pu animer la froide physionomie de la reine. 2 Le roi avait déjà un Dauphin et trois filles, Mesdames de France. 3 Les pamphlets étrangers disent que le jeune roi étai ivre et que la reine témoignait sa répugnance.
############# avec résignation quelle avait accepté la grande fortune du trône de France si elle avait apporté le sentiment du devoir avec une reli-gieuse fidélité, son premier et chaste amour avait été pour le comte d'Estrées. Marie Leczinska fut peut-être la seule femme qui ne s'éprit pas de Louis XV, si beau, si ravissant à sa vingtième année 1 lui, au contraire, aimait sa femme comme le premier bonheur de sa vie il n'avait jamais rêvé ni connu d'autres femmes la fécon-dité de la reine l'avait comblé de joie 2 . Louis XV chérisait sa jeune et charmante famille, et ce qu'il y a de plus remarquable, la possession ne refroidissait pas son ardeur il revenait toujours plus entraîné, plus passionné auprès de la reine, qui acceptait les caresses d'un époux comme un simple devoir. On disait à la cour qu'elle le repous-sait quelquefois avec une sorte de dédain et de fatigue sous prétexte de devoirs religieux 3 . Louis XV s'en plaignait tristement à la société joyeuse et brillante qui l'entourait à la cour in-105 - 1 J'ai souvent contemplé et rapproché dans les galeries de Versailles les deux portraits de Louis XV et de Marie Leczinska ils peuvent expliquer bien des mystères du coeur l'habileté de l'artiste n'a pu animer la froide physionomie de la reine. 2 Le roi avait déjà un Dauphin et trois filles, Mesdames de France. 3 Les pamphlets étrangers disent que le jeune roi étai ivre et que la reine témoignait sa répugnance.
-105 -presque avec résignation quelle avait accepté la grande fortune du trône de France si elle avait apporté le sentiment du devoir avec une reli-gieuse fidélité, son premier et chaste amour avait été pour le comte d'Estrées. Marie Leczinska fut peut-être la seule femme qui ne s'éprit pas de Louis XV, si beau, si ravissant à sa vingtième année 1 lui, au contraire, aimait sa femme comme le premier bonheur de sa vie il n'avait jamais rêvé ni connu d'autres femmes la fécon-dité de la reine l'avait comblé de joie 2 . Louis XV chérisait sa jeune et charmante famille, et ce qu'il y a de plus remarquable, la possession ne refroidissait pas son ardeur il revenait toujours plus entraîné, plus passionné auprès de la reine, qui acceptait les caresses d'un époux comme un simple devoir. On disait à la cour qu'elle le repous-sait quelquefois avec une sorte de dédain et de fatigue sous prétexte de devoirs religieux 3 . Louis XV s'en plaignait tristement à la société joyeuse et brillante qui l'entourait à la cour in-105 - 1 J'ai souvent contemplé et rapproché dans les galeries de Versailles les deux portraits de Louis XV et de Marie Leczinska ils peuvent expliquer bien des mystères du coeur l'habileté de l'artiste n'a pu animer la froide physionomie de la reine. 2 Le roi avait déjà un Dauphin et trois filles, Mesdames de France. 3 Les pamphlets étrangers disent que le jeune roi étai ivre et que la reine témoignait sa répugnance.
-105 -presque avec résignation quelle avait accepté la grande fortune du trône de France si elle avait apporté le sentiment du devoir avec une reli-gieuse fidélité, son premier et chaste amour avait été pour le comte d'Estrées. Marie Leczinska fut peut-être la seule femme qui ne s'éprit pas de Louis XV, si beau, si ravissant à sa vingtième année 1 lui, au contraire, aimait sa femme comme le premier bonheur de sa vie il n'avait jamais rêvé ni connu d'autres femmes la fécon-dité de la reine l'avait comblé de joie 2 . Louis XV chérisait sa jeune et charmante famille, et ce qu'il y a de plus remarquable, la possession ne refroidissait pas son ardeur il revenait toujours plus entraîné, plus passionné auprès de la reine, qui acceptait les caresses d'un époux comme un simple devoir. On disait à la cour qu'elle le repous-sait quelquefois avec une sorte de dédain et de fatigue sous prétexte de devoirs religieux 3 . Louis XV s'en plaignait tristement à la société joyeuse et brillante qui l'entourait à la cour in-105 - 1 J'ai souvent contemplé et rapproché dans les galeries de Versailles les deux portraits de Louis XV et de Marie Leczinska ils peuvent expliquer bien des mystères du coeur l'habileté de l'artiste n'a pu animer la froide physionomie de la reine. 2 Le roi avait déjà un Dauphin et trois filles, Mesdames de France. 3 Les pamphlets étrangers disent que le jeune roi étai ivre et que la reine témoignait sa répugnance.
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-75 -duc de Rohan-Soubise, Richelieu et d'Ayen, il montrait de l'entrain et de la gaieté après l'ani-mation du repas il préférait la compagnie facile et rieuse de la comtesse de Toulouse et des jeunes princesses de sa famille aux honneurs fastidieux de Versailles. D'ailleurs, au moyen d'une certaine formule Le roi est en chasse, on pouvait éloi-gner les importuns, renvoyer les affaires inutiles, et le gouvernement du royaume restait au cardinal. Louis XV aimait la table gaie, les mets de chasse bien apprêtés, la grive aux fortes épices, le faisan encaissé de cailles et d'ortolans, la soubise, qui devait son nom à un des ses plus chers convi-ves 1 le vin d'Aï frappé le roi ne buvait pas d'autre vin provoquait les chansons légères, et l'on citait même de lui quelques couplets mor-dants sur le luxe et l'impertinence de ces demoi-selles d'Opéra qui se promenaient dans des con-ques de nacre ou dans des paniers de soie brodés de perles 2 à Lonchamps il se moquait des princes du sang et des gentilshommes qui se rui-naient pour ces créatures niaises ou impertinentes que le roi faisait envoyer volontiers au fort l'É-vêque 3 par le lieutenant de police. l Le maréchal de Soubise on disait aussi les boudins à la Richelieu, composés de volaille, truffes et crevettes pilées. 2 Voitures nouvelles inventées par le comte de Clermont. 3 Le fort l'Évêque était la prison des théâtres.
-75 -duc de Rohan-Soubise, Richelieu et d'Ayen, il montrait de l'entrain et de la gaieté après l'ani-mation du repas il préférait la compagnie facile et rieuse de la comtesse de Toulouse et des jeunes princesses de sa famille aux honneurs fastidieux de Versailles. D'ailleurs, au moyen d'une certaine formule Le roi est en chasse, on pouvait éloi-gner les importuns, renvoyer les affaires inutiles, et le gouvernement du royaume restait au cardinal. Louis XV aimait la table gaie, les mets de chasse bien apprêtés, la grive aux fortes épices, le faisan encaissé de cailles et d'ortolans, la soubise, qui devait son nom à un des ses plus chers convi-ves 1 le vin d'Aï frappé le roi ne buvait pas d'autre vin provoquait les chansons légères, et l'on citait même de lui quelques couplets mor-dants sur le luxe et l'impertinence de ces demoi-selles d'Opéra qui se promenaient dans des con-ques de nacre ou dans des paniers de soie brodés de perles 2 à Lonchamps il se moquait des princes du sang et des gentilshommes qui se rui-naient pour ces créatures niaises ou impertinentes que le roi faisait envoyer volontiers au fort l'É-vêque 3 par le lieutenant de police.@@@@@@ l Le maréchal de Soubise on disait aussi les boudins à la Richelieu, composés de volaille, truffes et crevettes pilées. 2 Voitures nouvelles inventées par le comte de Clermont. 3 Le fort l'Évêque était la prison des théâtres.
######## de Rohan-Soubise, Richelieu et d'Ayen, il montrait de l'entrain et de la gaieté après l'ani-mation du repas il préférait la compagnie facile et rieuse de la comtesse de Toulouse et des jeunes princesses de sa famille aux honneurs fastidieux de Versailles. D'ailleurs, au moyen d'une certaine formule Le roi est en chasse, on pouvait éloi-gner les importuns, renvoyer les affaires inutiles, et le gouvernement du royaume restait au cardinal. Louis XV aimait la table gaie, les mets de chasse bien apprêtés, la grive aux fortes épices, le faisan encaissé de cailles et d'ortolans, la soubise, qui devait son nom à un des ses plus chers convi-ves 1 le vin d'Aï frappé le roi ne buvait pas d'autre vin provoquait les chansons légères, et l'on citait même de lui quelques couplets mor-dants sur le luxe et l'impertinence de ces demoi-selles d'Opéra qui se promenaient dans des con-ques de nacre ou dans des paniers de soie brodés de perles 2 à Lonchamps il se moquait des princes du sang et des gentilshommes qui se rui-naient pour ces créatures niaises ou impertinentes que le roi faisait envoyer volontiers au fort l'É-vêque 3 par le lieutenant de police. -75 - 1 Le maréchal de Soubise on disait aussi les boudins à la Richelieu, composés de volaille, truffes et crevettes pilées. 2 Voitures nouvelles inventées par le comte de Clermont. 3 Le fort l'Évêque était la prison des théâtres.
-75 -duc de Rohan-Soubise, Richelieu et d'Ayen, il montrait de l'entrain et de la gaieté après l'ani-mation du repas il préférait la compagnie facile et rieuse de la comtesse de Toulouse et des jeunes princesses de sa famille aux honneurs fastidieux de Versailles. D'ailleurs, au moyen d'une certaine formule Le roi est en chasse, on pouvait éloi-gner les importuns, renvoyer les affaires inutiles, et le gouvernement du royaume restait au cardinal. Louis XV aimait la table gaie, les mets de chasse bien apprêtés, la grive aux fortes épices, le faisan encaissé de cailles et d'ortolans, la soubise, qui devait son nom à un des ses plus chers convi-ves 1 le vin d'Aï frappé le roi ne buvait pas d'autre vin provoquait les chansons légères, et l'on citait même de lui quelques couplets mor-dants sur le luxe et l'impertinence de ces demoi-selles d'Opéra qui se promenaient dans des con-ques de nacre ou dans des paniers de soie brodés de perles 2 à Lonchamps il se moquait des princes du sang et des gentilshommes qui se rui-naient pour ces créatures niaises ou impertinentes que le roi faisait envoyer volontiers au fort l'É-vêque 3 par le lieutenant de police. -75 - 1 Le maréchal de Soubise on disait aussi les boudins à la Richelieu, composés de volaille, truffes et crevettes pilées. 2 Voitures nouvelles inventées par le comte de Clermont. 3 Le fort l'Évêque était la prison des théâtres.
-75 -duc de Rohan-Soubise, Richelieu et d'Ayen, il montrait de l'entrain et de la gaieté après l'ani-mation du repas il préférait la compagnie facile et rieuse de la comtesse de Toulouse et des jeunes princesses de sa famille aux honneurs fastidieux de Versailles. D'ailleurs, au moyen d'une certaine formule Le roi est en chasse, on pouvait éloi-gner les importuns, renvoyer les affaires inutiles, et le gouvernement du royaume restait au cardinal. Louis XV aimait la table gaie, les mets de chasse bien apprêtés, la grive aux fortes épices, le faisan encaissé de cailles et d'ortolans, la soubise, qui devait son nom à un des ses plus chers convi-ves 1 le vin d'Aï frappé le roi ne buvait pas d'autre vin provoquait les chansons légères, et l'on citait même de lui quelques couplets mor-dants sur le luxe et l'impertinence de ces demoi-selles d'Opéra qui se promenaient dans des con-ques de nacre ou dans des paniers de soie brodés de perles 2 à Lonchamps il se moquait des princes du sang et des gentilshommes qui se rui-naient pour ces créatures niaises ou impertinentes que le roi faisait envoyer volontiers au fort l'É-vêque 3 par le lieutenant de police. -75 - 1 Le maréchal de Soubise on disait aussi les boudins à la Richelieu, composés de volaille, truffes et crevettes pilées. 2 Voitures nouvelles inventées par le comte de Clermont. 3 Le fort l'Évêque était la prison des théâtres.
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160 L'ART DE MAGNÉTISER n'existe dans la nature un principe universellement agissant et qui, indépendamment de nous, opère ce que nous attri-buons vaguement à l'art et à la nature. Toutes les maladies pourraient donc être guéries par le magnétisme, qui rétablit l'harmonie dans les corps organisés. Les guérisons obtenues par l'air, par l'eau, par les plantes, par l'aimant, par l'électricité, ou par tout autre moyen, ne doivent être attribuées qu'au fluide magnétique qui se rencontre dans tous ces agents, selon les circonstances, plus ou moins renforcé. Désormais la médecine sera pure et simple elle consis-tera à connaître les lois de cet agent vital, la manière dont il modifie l'organisme, sa direction, ses courants, les moyens de l'accumuler, de le renforcer, de le transporter et de le communiquer. La plupart des maladies nous ont paru différentes, parce que nous n'en avons point assez examiné le principe. Quels que soient leurs causes, leurs crises, leurs effets, elles ne sont toutes qu'une seule et même maladie, elles ont toutes un point central d'où elles partent, pour se diviser, comme les branches d'un arbre qui émanent d'un seul tronc et tiennent aux mêmes racines. La santé est l'harmonie des forces vitales la maladie est leur défaut d'équilibre, leur aberration pour détruire le mal, il faut restituer au corps humain l'ordre de la nature, ce qui se fait par le magnétisme. Il ne faut pas cependant conclure que le magnétisme seul suffise à toutes les maladies, et qu'il ne faudra jamais se -servir ni des remèdes chimiques, ni des substances végé-tales, Là serait l'erreur dans toutes les maladies, le magnétisme sera d'un grand secours, et son emploi sera toujours salutaire c'est en l'adjoignant aux ressources médicales et pharmaceutiques, c'est en combinant son action avec celle des remèdes de la médecine que des guérisons plus promptes, plus positives, seront obtenues. Si l'on veut faire du magnétisme une panacée universelle, unique, pouvant à elle seule tout guérir, on tombera dans l'exagération, et par jconséquent on sera à côté du vrai. Il
160 L'ART DE MAGNÉTISER n'existe dans la nature un principe universellement agissant et qui, indépendamment de nous, opère ce que nous attri-buons vaguement à l'art et à la nature. Toutes les maladies pourraient donc être guéries par le magnétisme, qui rétablit l'harmonie dans les corps organisés. Les guérisons obtenues par l'air, par l'eau, par les plantes, par l'aimant, par l'électricité, ou par tout autre moyen, ne doivent être attribuées qu'au fluide magnétique qui se rencontre dans tous ces agents, selon les circonstances, plus ou moins renforcé. Désormais la médecine sera pure et simple elle consis-tera à connaître les lois de cet agent vital, la manière dont il modifie l'organisme, sa direction, ses courants, les moyens de l'accumuler, de le renforcer, de le transporter et de le communiquer. La plupart des maladies nous ont paru différentes, parce que nous n'en avons point assez examiné le principe. Quels que soient leurs causes, leurs crises, leurs effets, elles ne sont toutes qu'une seule et même maladie, elles ont toutes un point central d'où elles partent, pour se diviser, comme les branches d'un arbre qui émanent d'un seul tronc et tiennent aux mêmes racines. La santé est l'harmonie des forces vitales la maladie est leur défaut d'équilibre, leur aberration pour détruire le mal, il faut restituer au corps humain l'ordre de la nature, ce qui se fait par le magnétisme. Il ne faut pas cependant conclure que le magnétisme seul suffise à toutes les maladies, et qu'il ne faudra jamais se -servir ni des remèdes chimiques, ni des substances végé-tales, Là serait l'erreur dans toutes les maladies, le magnétisme sera d'un grand secours, et son emploi sera toujours salutaire c'est en l'adjoignant aux ressources médicales et pharmaceutiques, c'est en combinant son action avec celle des remèdes de la médecine que des guérisons plus promptes, plus positives, seront obtenues. Si l'on veut faire du magnétisme une panacée universelle, unique, pouvant à elle seule tout guérir, on tombera dans l'exagération, et par jconséquent on sera à côté du vrai. Il
160 L'ART DE MAGNÉTISER n'existe dans la nature un principe universellement agissant et qui, indépendamment de nous, opère ce que nous attri-buons vaguement à l'art et à la nature. Toutes les maladies pourraient donc être guéries par le magnétisme, qui rétablit l'harmonie dans les corps organisés. Les guérisons obtenues par l'air, par l'eau, par les plantes, par l'aimant, par l'électricité, ou par tout autre moyen, ne doivent être attribuées qu'au fluide magnétique qui se rencontre dans tous ces agents, selon les circonstances, plus ou moins renforcé. Désormais la médecine sera pure et simple elle consis-tera à connaître les lois de cet agent vital, la manière dont il modifie l'organisme, sa direction, ses courants, les moyens de l'accumuler, de le renforcer, de le transporter et de le communiquer. La plupart des maladies nous ont paru différentes, parce que nous n'en avons point assez examiné le principe. Quels que soient leurs causes, leurs crises, leurs effets, elles ne sont toutes qu'une seule et même maladie, elles ont toutes un point central d'où elles partent, pour se diviser, comme les branches d'un arbre qui émanent d'un seul tronc et tiennent aux mêmes racines. La santé est l'harmonie des forces vitales la maladie est leur défaut d'équilibre, leur aberration pour détruire le mal, il faut restituer au corps humain l'ordre de la nature, ce qui se fait par le magnétisme. Il ne faut pas cependant conclure que le magnétisme seul suffise à toutes les maladies, et qu'il ne faudra jamais se @servir ni des remèdes chimiques, ni des substances végé-tales. Là serait l'erreur dans toutes les maladies, le magnétisme sera d'un grand secours, et son emploi sera toujours salutaire c'est en l'adjoignant aux ressources médicales et pharmaceutiques, c'est en combinant son action avec celle des remèdes de la médecine que des guérisons plus promptes, plus positives, seront obtenues. Si l'on veut faire du magnétisme une panacée universelle, unique, pouvant à elle seule tout guérir, on tombera dans l'exagération, et par @conséquent on sera à côté du vrai. Il
160 L'ART DE MAGNÉTISER n'existe dans la nature un principe universellement agissant et qui, indépendamment de nous, opère ce que nous attri-buons vaguement à l'art et à la nature. Toutes les maladies pourraient donc être guéries par le magnétisme, qui rétablit l'harmonie dans les corps organisés. Les guérisons obtenues par l'air, par l'eau, par les plantes, par l'aimant, par l'électricité, ou par tout autre moyen, ne doivent être attribuées qu'au fluide magnétique qui se rencontre dans tous ces agents, selon les circonstances, plus ou moins renforcé. Désormais la médecine sera pure et simple elle consis-tera à connaître les lois de cet agent vital, la manière dont il modifie l'organisme, sa direction, ses courants, les moyens de l'accumuler, de le renforcer, de le transporter et de le communiquer. La plupart des maladies nous ont paru différentes, parce que nous n'en avons point assez examiné le principe. Quels que soient leurs causes, leurs crises, leurs effets, elles ne sont toutes qu'une seule et même maladie, elles ont toutes un point central d'où elles partent, pour se diviser, comme les branches d'un arbre qui émanent d'un seul tronc et tiennent aux mêmes racines. La santé est l'harmonie des forces vitales la maladie est leur défaut d'équilibre, leur aberration pour détruire le mal, il faut restituer au corps humain l'ordre de la nature, ce qui se fait par le magnétisme. Il ne faut pas cependant conclure que le magnétisme seul suffise à toutes les maladies, et qu'il ne faudra jamais se @servir ni des remèdes chimiques, ni des substances végé-tales. Là serait l'erreur dans toutes les maladies, le magnétisme sera d'un grand secours, et son emploi sera toujours salutaire c'est en l'adjoignant aux ressources médicales et pharmaceutiques, c'est en combinant son action avec celle des remèdes de la médecine que des guérisons plus promptes, plus positives, seront obtenues. Si l'on veut faire du magnétisme une panacée universelle, unique, pouvant à elle seule tout guérir, on tombera dans l'exagération, et par @conséquent on sera à côté du vrai. Il
160 L'ART DE MAGNÉTISER n'existe dans la nature un principe universellement agissant et qui, indépendamment de nous, opère ce que nous attri-buons vaguement à l'art et à la nature. Toutes les maladies pourraient donc être guéries par le magnétisme, qui rétablit l'harmonie dans les corps organisés. Les guérisons obtenues par l'air, par l'eau, par les plantes, par l'aimant, par l'électricité, ou par tout autre moyen, ne doivent être attribuées qu'au fluide magnétique qui se rencontre dans tous ces agents, selon les circonstances, plus ou moins renforcé. Désormais la médecine sera pure et simple elle consis-tera à connaître les lois de cet agent vital, la manière dont il modifie l'organisme, sa direction, ses courants, les moyens de l'accumuler, de le renforcer, de le transporter et de le communiquer. La plupart des maladies nous ont paru différentes, parce que nous n'en avons point assez examiné le principe. Quels que soient leurs causes, leurs crises, leurs effets, elles ne sont toutes qu'une seule et même maladie, elles ont toutes un point central d'où elles partent, pour se diviser, comme les branches d'un arbre qui émanent d'un seul tronc et tiennent aux mêmes racines. La santé est l'harmonie des forces vitales la maladie est leur défaut d'équilibre, leur aberration pour détruire le mal, il faut restituer au corps humain l'ordre de la nature, ce qui se fait par le magnétisme. Il ne faut pas cependant conclure que le magnétisme seul suffise à toutes les maladies, et qu'il ne faudra jamais se servir ni des remèdes chimiques, ni des substances végé-tales. Là serait l'erreur dans toutes les maladies, le magnétisme sera d'un grand secours, et son emploi sera toujours salutaire c'est en l'adjoignant aux ressources médicales et pharmaceutiques, c'est en combinant son action avec celle des remèdes de la médecine que des guérisons plus promptes, plus positives, seront obtenues. Si l'on veut faire du magnétisme une panacée universelle, unique, pouvant à elle seule tout guérir, on tombera dans l'exagération, et par conséquent on sera à côté du vrai. Il
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43 New-Jersey qu'abonde le boiquira ou serpent à son-nettes crotalus horridus, L. c'est là que PALISOT DE BEAUVOIS prit à la main, en février 1797, les trois indi-vidus que nous avons vu vivans au Muséum d'histoire naturelle de Paris 1 . Ce reptile si redoutable s'engour-dit, se pelotonne et demeure sans mouvement pendant l'hiver aux approches du printemps, il s'étend au so leil, fait résonner les grelots de sa queue, et remplit l'air denses sifllemens prolongés. Il rampe très-lentement jamais il n'attaque les animaux dont il ne se repaît pas habituellement son caractère est doux et pacifique on né le voit se servir de sa force que pour se défendre et pourvoir à ses besoins. Sa morsure n'est mortelle que pendant les grandes chaleurs. Le boiquira recherche les lieux voisins des eaux de source, et lorsque les fortes ge-lées arrivent, il se réfugie de préférence sous les gazons arrondis et très-épais de la sphaigne des marais spha-gnum palustre , espèce de mousse dont les tiges portent 28 à 52 centimètres 1 o à 12 pouces d'élévation, et sous lesquelles le froid pénètre très-difficilement 2 . Aumoin-dre danger, la femelle du boiquira récèle dans sa bouche ses petits dont le nombre varie d'un à cinq, ce qui l'avait 1 Ils ont été rapportés en France par M. ADET ils y ont vécu quelque temps ils sont maintenant exposés dans les galeries du Muséum. 2 Cette observation peut tourner au profit de l'agri-culture elle nous indique les moyens d'employer lespha-gnum palustre, qui est très-commun dans les lieux marécageux, de préférence à toute autre mousse, comme un préservatif contre la gelée, pour conserver exposés dus plantes délicates et sujètes à souffrir du froid.
43 New-Jersey qu'abonde le boiquira ou serpent à son-nettes crotalus horridus, L. c'est là que PALISOT DE BEAUVOIS prit à la main, en février 1797, les trois indi-vidus que nous avons vu vivans au Muséum d'histoire naturelle de Paris 1 . Ce reptile si redoutable s'engour-dit, se pelotonne et demeure sans mouvement pendant l'hiver aux approches du printemps, il s'étend au so leil, fait résonner les grelots de sa queue, et remplit l'air denses sifllemens prolongés. Il rampe très-lentement jamais il n'attaque les animaux dont il ne se repaît pas habituellement son caractère est doux et pacifique on né le voit se servir de sa force que pour se défendre et pourvoir à ses besoins. Sa morsure n'est mortelle que pendant les grandes chaleurs. Le boiquira recherche les lieux voisins des eaux de source, et lorsque les fortes ge-lées arrivent, il se réfugie de préférence sous les gazons arrondis et très-épais de la sphaigne des marais spha-gnum palustre , espèce de mousse dont les tiges portent 28 à 52 centimètres 1 o à 12 pouces d'élévation, et sous lesquelles le froid pénètre très-difficilement 2 . Au@moin-dre danger, la femelle du boiquira récèle dans sa bouche ses petits dont le nombre varie d'un à cinq, ce qui l'avait 1 Ils ont été rapportés en France par M. ADET ils y ont vécu quelque temps ils sont maintenant exposés dans les galeries du Muséum. 2 Cette observation peut tourner au profit de l'agri-culture elle nous indique les moyens d'employer les@pha-gnum palustre, qui est très-commun dans les lieux marécageux, de préférence à toute autre mousse, comme un préservatif contre la gelée, pour conserver exposés dus plantes délicates et sujètes à souffrir du froid.
############# qu'abonde le boiquira ou serpent à son-nettes crotalus horridus, L. c'est là que PALISOT DE BEAUVOIS prit à la main, en février 1797, les trois indi-vidus que nous avons vu vivans au Muséum d'histoire naturelle de Paris 1 . Ce reptile si redoutable s'engour-dit, se pelotonne et demeure sans mouvement pendant l'hiver aux approches du printemps, il s'étend au so leil, fait résonner les grelots de sa queue, et remplit l'air denses sifllemens prolongés. Il rampe très-lentement jamais il n'attaque les animaux dont il ne se repaît pas habituellement son caractère est doux et pacifique on ne le voit se servir de sa force que pour se défendre et pourvoir à ses besoins. Sa morsure n'est mortelle que pendant les grandes chaleurs. Le boiquira recherche les lieux voisins des eaux de source, et lorsque les fortes ge-lées arrivent, il se réfugie de préférence sous les gazons arrondis et très-épais de la sphaigne des marais spha-gnum palustre , espèce de mousse dont les tiges portent 28 à 52 centimètres 1@0 à 12 pouces d'élévation, et sous lesquelles le froid pénètre très-difficilement 2 . Au moin-dre danger, la femelle du boiquira récèle dans sa bouche ses petits dont le nombre varie d'un à cinq, ce qui l'avait 1 Ils ont été rapportés en France par M. ADET ils y ont vécu quelque temps ils sont maintenant exposés dans les galeries du Muséum. 2 Cette observation peut tourner au profit de l'agri-culture elle nous indique les moyens d'employer les pha-gnum palustre, qui est très-commun dans les lieux marécageux, de préférence à toute autre mousse, comme un préservatif contre la gelée, pour conserver exposés des plantes délicates et sujètes à souffrir du froid.
43 New-Jersey qu'abonde le boiquira ou serpent à son-nettes crotalus horridus, L. c'est là que PALISOT DE BEAUVOIS prit à la main, en février 1797, les trois indi-vidus que nous avons vu vivans au Muséum d'histoire naturelle de Paris 1 . Ce reptile si redoutable s'engour-dit, se pelotonne et demeure sans mouvement pendant l'hiver aux approches du printemps, il s'étend au so leil, fait résonner les grelots de sa queue, et remplit l'air denses sifllemens prolongés. Il rampe très-lentement jamais il n'attaque les animaux dont il ne se repaît pas habituellement son caractère est doux et pacifique on ne le voit se servir de sa force que pour se défendre et pourvoir à ses besoins. Sa morsure n'est mortelle que pendant les grandes chaleurs. Le boiquira recherche les lieux voisins des eaux de source, et lorsque les fortes ge-lées arrivent, il se réfugie de préférence sous les gazons arrondis et très-épais de la sphaigne des marais spha-gnum palustre , espèce de mousse dont les tiges portent 28 à 52 centimètres 1@0 à 12 pouces d'élévation, et sous lesquelles le froid pénètre très-difficilement 2 . Au moin-dre danger, la femelle du boiquira récèle dans sa bouche ses petits dont le nombre varie d'un à cinq, ce qui l'avait 1 Ils ont été rapportés en France par M. ADET ils y ont vécu quelque temps ils sont maintenant exposés dans les galeries du Muséum. 2 Cette observation peut tourner au profit de l'agri-culture elle nous indique les moyens d'employer les pha-gnum palustre, qui est très-commun dans les lieux marécageux, de préférence à toute autre mousse, comme un préservatif contre la gelée, pour conserver exposés des plantes délicates et sujètes à souffrir du froid.
43 New-Jersey qu'abonde le boiquira ou serpent à son-nettes crotalus horridus, L. c'est là que PALISOT DE BEAUVOIS prit à la main, en février 1797, les trois indi-vidus que nous avons vu vivans au Muséum d'histoire naturelle de Paris 1 . Ce reptile si redoutable s'engour-dit, se pelotonne et demeure sans mouvement pendant l'hiver aux approches du printemps, il s'étend au so leil, fait résonner les grelots de sa queue, et remplit l'air denses sifllemens prolongés. Il rampe très-lentement jamais il n'attaque les animaux dont il ne se repaît pas habituellement son caractère est doux et pacifique on ne le voit se servir de sa force que pour se défendre et pourvoir à ses besoins. Sa morsure n'est mortelle que pendant les grandes chaleurs. Le boiquira recherche les lieux voisins des eaux de source, et lorsque les fortes ge-lées arrivent, il se réfugie de préférence sous les gazons arrondis et très-épais de la sphaigne des marais spha-gnum palustre , espèce de mousse dont les tiges portent 28 à 52 centimètres 10 à 12 pouces d'élévation, et sous lesquelles le froid pénètre très-difficilement 2 . Au moin-dre danger, la femelle du boiquira récèle dans sa bouche ses petits dont le nombre varie d'un à cinq, ce qui l'avait 1 Ils ont été rapportés en France par M. ADET ils y ont vécu quelque temps ils sont maintenant exposés dans les galeries du Muséum. 2 Cette observation peut tourner au profit de l'agri-culture elle nous indique les moyens d'employer les pha-gnum palustre, qui est très-commun dans les lieux marécageux, de préférence à toute autre mousse, comme un préservatif contre la gelée, pour conserver exposés des plantes délicates et sujètes à souffrir du froid.
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4VIE DE L'ABBe NICOLLE quarante années d'une affection constante, qu'il était impossible de connaître l'abbé Nicole sans l'aimer. Le nombre de ses amis fut grand, et il devait l'être, grâce à l'heureuse habitude qu'il avait contractée, dès ses plus jeunes années, de ne distinguer dans ceux qu'il aimait ni la naissance, ni la fortune, ni les avantages extérieurs de -position sociale. Toute âme capable de s'ouvrir au sentiment du bien trouvait accès près de la sienne. L'apparence est trompeuse, disait-il souvent à ce sujet, la vertu ne l'est jamais. Pendant que s'écoulaient, paisibles et silencieuses, les années qu'il appelait le temps heureux de sa vie, la France était menacée d'un désastre universel. Le désir d'une liberté sans limites, le désordre des finan-ces, la faiblesse de l'autorité, la hardiesse de quelques hommes, la haine dans les uns, l'opposition dans les autres, et dans tous le plus inexplicable aveuglement, tout faisait pressentir un malheur immense. Dans cette affreuse situation, le roi assembla les Etats Généraux. De graves discussions agitent bientôt les divers ordres de celte assemblée. Pour aller plus promptement à son but, le Tiers Etat se nomme un président et des com-missaires, devant lesquels il appelle, pour la vérifica-tion de leurs pouvoirs, les députés des trois ordres. Les uns se rendent à cet appel, les autres refusent d'obéir. Le Tiers a dès lors senti toute sa force, et à cette nouvelle réunion est donné le nom d'Assemblée nationale. Elle fait plus la nouvelle Assemblée se rend
4VIE DE L'ABBe NICOLLE quarante années d'une affection constante, qu'il était impossible de connaître l'abbé Nicole sans l'aimer. Le nombre de ses amis fut grand, et il devait l'être, grâce à l'heureuse habitude qu'il avait contractée, dès ses plus jeunes années, de ne distinguer dans ceux qu'il aimait ni la naissance, ni la fortune, ni les avantages extérieurs de -position sociale. Toute âme capable de s'ouvrir au sentiment du bien trouvait accès près de la sienne. L'apparence est trompeuse, disait-il souvent à ce sujet, la vertu ne l'est jamais. Pendant que s'écoulaient, paisibles et silencieuses, les années qu'il appelait le temps heureux de sa vie, la France était menacée d'un désastre universel. Le désir d'une liberté sans limites, le désordre des finan-ces, la faiblesse de l'autorité, la hardiesse de quelques hommes, la haine dans les uns, l'opposition dans les autres, et dans tous le plus inexplicable aveuglement, tout faisait pressentir un malheur immense. Dans cette affreuse situation, le roi assembla les Etats Généraux. De graves discussions agitent bientôt les divers ordres de celte assemblée. Pour aller plus promptement à son but, le Tiers Etat se nomme un président et des com-missaires, devant lesquels il appelle, pour la vérifica-tion de leurs pouvoirs, les députés des trois ordres. Les uns se rendent à cet appel, les autres refusent d'obéir. Le Tiers a dès lors senti toute sa force, et à cette nouvelle réunion est donné le nom d'Assemblée nationale. Elle fait plus la nouvelle Assemblée se rend
############################### années d'une affection constante, qu'il était impossible de connaître l'abbé Nicole sans l'aimer. Le nombre de ses amis fut grand, et il devait l'être, grâce à l'heureuse habitude qu'il avait contractée, dès ses plus jeunes années, de ne distinguer dans ceux qu'il aimait ni la naissance, ni la fortune, ni les avantages extérieurs de @position sociale. Toute âme capable de s'ouvrir au sentiment du bien trouvait accès près de la sienne. L'apparence est trompeuse, disait-il souvent à ce sujet, la vertu ne l'est jamais. Pendant que s'écoulaient, paisibles et silencieuses, les années qu'il appelait le temps heureux de sa vie, la France était menacée d'un désastre universel. Le désir d'une liberté sans limites, le désordre des finan-ces, la faiblesse de l'autorité, la hardiesse de quelques hommes, la haine dans les uns, l'opposition dans les autres, et dans tous le plus inexplicable aveuglement, tout faisait pressentir un malheur immense. Dans cette affreuse situation, le roi assembla les Etats Généraux. De graves discussions agitent bientôt les divers ordres de cette assemblée. Pour aller plus promptement à son but, le Tiers Etat se nomme un président et des com-missaires, devant lesquels il appelle, pour la vérifica-tion de leurs pouvoirs, les députés des trois ordres. Les uns se rendent à cet appel, les autres refusent d'obéir. Le Tiers a dès lors senti toute sa force, et à cette nouvelle réunion est donné le nom d'Assemblée nationale. Elle fait plus la nouvelle Assemblée se rend
4VIE DE L'ABBe NICOLLE quarante années d'une affection constante, qu'il était impossible de connaître l'abbé Nicole sans l'aimer. Le nombre de ses amis fut grand, et il devait l'être, grâce à l'heureuse habitude qu'il avait contractée, dès ses plus jeunes années, de ne distinguer dans ceux qu'il aimait ni la naissance, ni la fortune, ni les avantages extérieurs de @position sociale. Toute âme capable de s'ouvrir au sentiment du bien trouvait accès près de la sienne. L'apparence est trompeuse, disait-il souvent à ce sujet, la vertu ne l'est jamais. Pendant que s'écoulaient, paisibles et silencieuses, les années qu'il appelait le temps heureux de sa vie, la France était menacée d'un désastre universel. Le désir d'une liberté sans limites, le désordre des finan-ces, la faiblesse de l'autorité, la hardiesse de quelques hommes, la haine dans les uns, l'opposition dans les autres, et dans tous le plus inexplicable aveuglement, tout faisait pressentir un malheur immense. Dans cette affreuse situation, le roi assembla les Etats Généraux. De graves discussions agitent bientôt les divers ordres de cette assemblée. Pour aller plus promptement à son but, le Tiers Etat se nomme un président et des com-missaires, devant lesquels il appelle, pour la vérifica-tion de leurs pouvoirs, les députés des trois ordres. Les uns se rendent à cet appel, les autres refusent d'obéir. Le Tiers a dès lors senti toute sa force, et à cette nouvelle réunion est donné le nom d'Assemblée nationale. Elle fait plus la nouvelle Assemblée se rend
4VIE DE L'ABBe NICOLLE quarante années d'une affection constante, qu'il était impossible de connaître l'abbé Nicole sans l'aimer. Le nombre de ses amis fut grand, et il devait l'être, grâce à l'heureuse habitude qu'il avait contractée, dès ses plus jeunes années, de ne distinguer dans ceux qu'il aimait ni la naissance, ni la fortune, ni les avantages extérieurs de position sociale. Toute âme capable de s'ouvrir au sentiment du bien trouvait accès près de la sienne. L'apparence est trompeuse, disait-il souvent à ce sujet, la vertu ne l'est jamais. Pendant que s'écoulaient, paisibles et silencieuses, les années qu'il appelait le temps heureux de sa vie, la France était menacée d'un désastre universel. Le désir d'une liberté sans limites, le désordre des finan-ces, la faiblesse de l'autorité, la hardiesse de quelques hommes, la haine dans les uns, l'opposition dans les autres, et dans tous le plus inexplicable aveuglement, tout faisait pressentir un malheur immense. Dans cette affreuse situation, le roi assembla les Etats Généraux. De graves discussions agitent bientôt les divers ordres de cette assemblée. Pour aller plus promptement à son but, le Tiers Etat se nomme un président et des com-missaires, devant lesquels il appelle, pour la vérifica-tion de leurs pouvoirs, les députés des trois ordres. Les uns se rendent à cet appel, les autres refusent d'obéir. Le Tiers a dès lors senti toute sa force, et à cette nouvelle réunion est donné le nom d'Assemblée nationale. Elle fait plus la nouvelle Assemblée se rend
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VIE DE L'ABBÉ NICOLLE 25 ces, ou retarde les projets qu'elles font naître. L'abbé Septavaux était faible et délicat, mais à la voix de son ami, son courage se ranime il allait se rendre à sou appel, quand dans la Pologne un mouvement éclata. Croyant y voir l'influence des principes qui agitaient la France, l'Impératrice exprima, en termes énergi-ques, les sentiments qu'elle éprouvait à ce sujet sa parole jeta la crainte dans le coeur de tous les Français exilés. Cette crainte était légitime un mot pouvait les jeter dans de nouveaux et incalculables malheurs, mais Dieu, qui dispose du coeur des souverains, comme il dispose de tous les événements, maintint dans celui de l'Impératrice ce bon vouloir qui, jusqu'alors, avait été pour les proscrits un gage de sécurité, et l'abbé Nicqlle en profita, pour mettre, sans plus de retard, à l'oeuvre qu'il méditait, une main courageuse il commença son projet. Dieu bénit ce premier essai. Tout joyeux, il en fait part à son ami. 1794. Depuis que je ne t'ai écrit, cher ami, j'ai agi, et grâce à Dieu, je me trouve, en ce moment, directeur d'un institut composé de six élèves, payant une as-sez forte somme, dont une partie est naturellement alfectéè aux besoins du directeur actuel et de son fu-tur coopérateur, l'abbé Septavaux... Je me flatte toutefois que ces avantages inespérés au milieu des malheurs qui nous entourent, ne seront pas l'unique 2
VIE DE L'ABBÉ NICOLLE 25 ces, ou retarde les projets qu'elles font naître. L'abbé Septavaux était faible et délicat, mais à la voix de son ami, son courage se ranime il allait se rendre à sou appel, quand dans la Pologne un mouvement éclata. Croyant y voir l'influence des principes qui agitaient la France, l'Impératrice exprima, en termes énergi-ques, les sentiments qu'elle éprouvait à ce sujet sa parole jeta la crainte dans le coeur de tous les Français exilés. Cette crainte était légitime un mot pouvait les jeter dans de nouveaux et incalculables malheurs, mais Dieu, qui dispose du coeur des souverains, comme il dispose de tous les événements, maintint dans celui de l'Impératrice ce bon vouloir qui, jusqu'alors, avait été pour les proscrits un gage de sécurité, et l'abbé Nicqlle en profita, pour mettre, sans plus de retard, à l'oeuvre qu'il méditait, une main courageuse il commença son projet. Dieu bénit ce premier essai. Tout joyeux, il en fait part à son ami. 1794. Depuis que je ne t'ai écrit, cher ami, j'ai agi, et grâce à Dieu, je me trouve, en ce moment, directeur d'un institut composé de six élèves, payant une as-@sez forte somme, dont une partie est naturellement alfectéè aux besoins du directeur actuel et de son fu-@tur coopérateur, l'abbé Septavaux... Je me flatte toutefois que ces avantages inespérés au milieu des malheurs qui nous entourent, ne seront pas l'unique 2
############################# ou retarde les projets qu'elles font naître. L'abbé Septavaux était faible et délicat, mais à la voix de son ami, son courage se ranime il allait se rendre à son appel, quand dans la Pologne un mouvement éclata. Croyant y voir l'influence des principes qui agitaient la France, l'Impératrice exprima, en termes énergi-ques, les sentiments qu'elle éprouvait à ce sujet sa parole jeta la crainte dans le coeur de tous les Français exilés. Cette crainte était légitime un mot pouvait les jeter dans de nouveaux et incalculables malheurs, mais Dieu, qui dispose du coeur des souverains, comme il dispose de tous les événements, maintint dans celui de l'Impératrice ce bon vouloir qui, jusqu'alors, avait été pour les proscrits un gage de sécurité, et l'abbé Nicolle en profita, pour mettre, sans plus de retard, à l'oeuvre qu'il méditait, une main courageuse il commença son projet. Dieu bénit ce premier essai. Tout joyeux, il en fait part à son ami. 1794. Depuis que je ne t'ai écrit, cher ami, j'ai agi, et grâce à Dieu, je me trouve, en ce moment, directeur d'un institut composé de six élèves, payant une as- sez forte somme, dont une partie est naturellement affectée aux besoins du directeur actuel et de son fu- tur coopérateur, l'abbé Septavaux... Je me flatte toutefois que ces avantages inespérés au milieu des malheurs qui nous entourent, ne seront pas l'unique #
VIE DE L'ABBÉ NICOLLE 25 ces, ou retarde les projets qu'elles font naître. L'abbé Septavaux était faible et délicat, mais à la voix de son ami, son courage se ranime il allait se rendre à son appel, quand dans la Pologne un mouvement éclata. Croyant y voir l'influence des principes qui agitaient la France, l'Impératrice exprima, en termes énergi-ques, les sentiments qu'elle éprouvait à ce sujet sa parole jeta la crainte dans le coeur de tous les Français exilés. Cette crainte était légitime un mot pouvait les jeter dans de nouveaux et incalculables malheurs, mais Dieu, qui dispose du coeur des souverains, comme il dispose de tous les événements, maintint dans celui de l'Impératrice ce bon vouloir qui, jusqu'alors, avait été pour les proscrits un gage de sécurité, et l'abbé Nicolle en profita, pour mettre, sans plus de retard, à l'oeuvre qu'il méditait, une main courageuse il commença son projet. Dieu bénit ce premier essai. Tout joyeux, il en fait part à son ami. 1794. Depuis que je ne t'ai écrit, cher ami, j'ai agi, et grâce à Dieu, je me trouve, en ce moment, directeur d'un institut composé de six élèves, payant une as- sez forte somme, dont une partie est naturellement affectée aux besoins du directeur actuel et de son fu- tur coopérateur, l'abbé Septavaux... Je me flatte toutefois que ces avantages inespérés au milieu des malheurs qui nous entourent, ne seront pas l'unique 2
VIE DE L'ABBÉ NICOLLE 25 ces, ou retarde les projets qu'elles font naître. L'abbé Septavaux était faible et délicat, mais à la voix de son ami, son courage se ranime il allait se rendre à son appel, quand dans la Pologne un mouvement éclata. Croyant y voir l'influence des principes qui agitaient la France, l'Impératrice exprima, en termes énergi-ques, les sentiments qu'elle éprouvait à ce sujet sa parole jeta la crainte dans le coeur de tous les Français exilés. Cette crainte était légitime un mot pouvait les jeter dans de nouveaux et incalculables malheurs, mais Dieu, qui dispose du coeur des souverains, comme il dispose de tous les événements, maintint dans celui de l'Impératrice ce bon vouloir qui, jusqu'alors, avait été pour les proscrits un gage de sécurité, et l'abbé Nicolle en profita, pour mettre, sans plus de retard, à l'oeuvre qu'il méditait, une main courageuse il commença son projet. Dieu bénit ce premier essai. Tout joyeux, il en fait part à son ami. 1794. Depuis que je ne t'ai écrit, cher ami, j'ai agi, et grâce à Dieu, je me trouve, en ce moment, directeur d'un institut composé de six élèves, payant une as- sez forte somme, dont une partie est naturellement affectée aux besoins du directeur actuel et de son fu- tur coopérateur, l'abbé Septavaux... Je me flatte toutefois que ces avantages inespérés au milieu des malheurs qui nous entourent, ne seront pas l'unique 2
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VIE DE L'ABBE NICOLLE. 15 d'un père, le maître et son jeune élève quittèrent Rome, arrivèrent à Venise, et, profitant d'un vent favorable, ils partirent pour la Grèce. Le navire qui les transportait en ces contrées loin-taines était vénitien et commandé par un homme de cette nation. Pendant le trajet, le temps changea le vent devint violent, et bientôt la tempête devint mena-çante les passagers l'équipage lui-même, étaient ter-rifiés. Calme au milieu de l'agitation des flots, l'abbé Nicolle cherche à rassurer les esprits Courage, mes amis! s'écrie-t-il, Dieu est avec nous. A ce mot, le capitaine ne dissimulé pas sa frayeur, et il jette, en réponse à la parole de l'abbé, cette autre parole qui explique son trouble ce Dieu peut-il être avec les pécheurs? Il y a dans la vie de l'homme certains moments où Dieu, toujours patient et plein de bonté, révèle cepen-dant la terreur de sa justice. Le courage le plus intré-pide ne tient pas contre cette révélation redoutable. le coeur s'en émeut, il s'en trouble, il en est comme ac-cablé ! Malgré lui l'homme sent qu'il y a un Dieu dont il relève. Le temps, devenu plus calme, permit au navire de continuer sa course, et bientôt apparut la patrie des grands hommes, la terre de la poésie et des arts, la Grèce ! De toutes les impressions que dut sans doute ressen-
VIE DE L'ABBE NICOLLE. 15 d'un père, le maître et son jeune élève quittèrent Rome, arrivèrent à Venise, et, profitant d'un vent favorable, ils partirent pour la Grèce. Le navire qui les transportait en ces contrées loin-taines était vénitien et commandé par un homme de cette nation. Pendant le trajet, le temps changea le vent devint violent, et bientôt la tempête devint mena-çante les passagers@ l'équipage lui-même, étaient ter-rifiés. Calme au milieu de l'agitation des flots, l'abbé Nicolle cherche à rassurer les esprits Courage, mes amis! s'écrie-t-il, Dieu est avec nous. A ce mot, le capitaine ne dissimulé pas sa frayeur, et il jette, en réponse à la parole de l'abbé, cette autre parole qui explique son trouble ce Dieu peut-il être avec les pécheurs? Il y a dans la vie de l'homme certains moments où Dieu, toujours patient et plein de bonté, révèle cepen-dant la terreur de sa justice. Le courage le plus intré-pide ne tient pas contre cette révélation redoutable. le coeur s'en émeut, il s'en trouble, il en est comme ac-cablé ! Malgré lui l'homme sent qu'il y a un Dieu dont il relève. Le temps, devenu plus calme, permit au navire de continuer sa course, et bientôt apparut la patrie des grands hommes, la terre de la poésie et des arts, la Grèce ! De toutes les impressions que dut sans doute ressen-
############################## père, le maître et son jeune élève quittèrent Rome, arrivèrent à Venise, et, profitant d'un vent favorable, ils partirent pour la Grèce. Le navire qui les transportait en ces contrées loin-taines était vénitien et commandé par un homme de cette nation. Pendant le trajet, le temps changea le vent devint violent, et bientôt la tempête devint mena-çante les passagers, l'équipage lui-même, étaient ter-rifiés. Calme au milieu de l'agitation des flots, l'abbé Nicolle cherche à rassurer les esprits Courage, mes amis! s'écrie-t-il, Dieu est avec nous. A ce mot, le capitaine ne dissimule pas sa frayeur, et il jette, en réponse à la parole de l'abbé, cette autre parole qui explique son trouble @@@Dieu peut-il être avec les pécheurs? Il y a dans la vie de l'homme certains moments où Dieu, toujours patient et plein de bonté, révèle cepen-dant la terreur de sa justice. Le courage le plus intré-pide ne tient pas contre cette révélation redoutable@ le coeur s'en émeut, il s'en trouble, il en est comme ac-cablé ! Malgré lui l'homme sent qu'il y a un Dieu dont il relève. Le temps, devenu plus calme, permit au navire de continuer sa course, et bientôt apparut la patrie des grands hommes, la terre de la poésie et des arts, la Grèce ! De toutes les impressions que dut sans doute ressen-
VIE DE L'ABBE NICOLLE. 15 d'un père, le maître et son jeune élève quittèrent Rome, arrivèrent à Venise, et, profitant d'un vent favorable, ils partirent pour la Grèce. Le navire qui les transportait en ces contrées loin-taines était vénitien et commandé par un homme de cette nation. Pendant le trajet, le temps changea le vent devint violent, et bientôt la tempête devint mena-çante les passagers, l'équipage lui-même, étaient ter-rifiés. Calme au milieu de l'agitation des flots, l'abbé Nicolle cherche à rassurer les esprits Courage, mes amis! s'écrie-t-il, Dieu est avec nous. A ce mot, le capitaine ne dissimule pas sa frayeur, et il jette, en réponse à la parole de l'abbé, cette autre parole qui explique son trouble @@@Dieu peut-il être avec les pécheurs? Il y a dans la vie de l'homme certains moments où Dieu, toujours patient et plein de bonté, révèle cepen-dant la terreur de sa justice. Le courage le plus intré-pide ne tient pas contre cette révélation redoutable@ le coeur s'en émeut, il s'en trouble, il en est comme ac-cablé ! Malgré lui l'homme sent qu'il y a un Dieu dont il relève. Le temps, devenu plus calme, permit au navire de continuer sa course, et bientôt apparut la patrie des grands hommes, la terre de la poésie et des arts, la Grèce ! De toutes les impressions que dut sans doute ressen-
VIE DE L'ABBE NICOLLE. 15 d'un père, le maître et son jeune élève quittèrent Rome, arrivèrent à Venise, et, profitant d'un vent favorable, ils partirent pour la Grèce. Le navire qui les transportait en ces contrées loin-taines était vénitien et commandé par un homme de cette nation. Pendant le trajet, le temps changea le vent devint violent, et bientôt la tempête devint mena-çante les passagers, l'équipage lui-même, étaient ter-rifiés. Calme au milieu de l'agitation des flots, l'abbé Nicolle cherche à rassurer les esprits Courage, mes amis! s'écrie-t-il, Dieu est avec nous. A ce mot, le capitaine ne dissimule pas sa frayeur, et il jette, en réponse à la parole de l'abbé, cette autre parole qui explique son trouble Dieu peut-il être avec les pécheurs? Il y a dans la vie de l'homme certains moments où Dieu, toujours patient et plein de bonté, révèle cepen-dant la terreur de sa justice. Le courage le plus intré-pide ne tient pas contre cette révélation redoutable le coeur s'en émeut, il s'en trouble, il en est comme ac-cablé ! Malgré lui l'homme sent qu'il y a un Dieu dont il relève. Le temps, devenu plus calme, permit au navire de continuer sa course, et bientôt apparut la patrie des grands hommes, la terre de la poésie et des arts, la Grèce ! De toutes les impressions que dut sans doute ressen-
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CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 139 causes et détails de ce funeste événement, jamais elle ne sortit de la réserve qu'elle avait promis de garder. Les pour-suites en restèrent là, faute de preuves un voile fut tiré sur la fin de Gaston, et le temps acheva de l'épaissir. A quelques jours delà, un mouvement avait lieu dans l'hô-tel Montréal c'était une sorte d'émigration volontaire. Toute la famille partit pour l'Italie, accompagnée d'un nombreux domestique. On a pu voir quels furent les apprêts et les cir-constances de ce départ. Clémence y assistait plutôt qu'elle ne s'y prêtait de son plein gré elle marchait comme une condamnée qui n'a ni le choix du supplice, ni la liberté de ses mouvements. Elle savait tout, XXX Voilà le récit que je recueillis de la bouche du concierge, au milieu de beaucoup de réticences et d'hésitations. 11 me fut aisé de le compléter par d'autres témoignages , et de lui donner l'ensemble et la forme qui devaient en accroître l'in-térêt. Évidemment le père Vincent ne disait pas tout même dans ses épanchements, il se tenait sur ses gardes. Dans le cours de la catastrophe, il avait dû jouer un rôle dont, à aucun prix, il ne serait convenu. Il avait été le confident du comte, son bras droit, et probablement l'instrument la plus actif de sa vengeance. Sur ce point, quelque effort que je fisse, je ne pus jamais obtenir d'aveu formel. En vain m'adressai-je à ses ressentiments secrets, à ses rancunes de serviteur desti-tué il demeura impénétrable. Ainsi, je ne pus savoir com-ment les choses s'étaient passées dans la fatale nuit, ni quelles dispositions avaient été prises pour assurer le succès de ce lamentable guet-apens. Le comte y assistait-il en per-sonne, ou bien s'était-il contenté d'aposter des hommes dé-voués? Pourquoi avait-on laissé le malheureux jeune homme
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 139 causes et détails de ce funeste événement, jamais elle ne sortit de la réserve qu'elle avait promis de garder. Les pour-suites en restèrent là, faute de preuves un voile fut tiré sur la fin de Gaston, et le temps acheva de l'épaissir. A quelques jours de@là, un mouvement avait lieu dans l'hô-tel Montréal c'était une sorte d'émigration volontaire. Toute la famille partit pour l'Italie, accompagnée d'un nombreux domestique. On a pu voir quels furent les apprêts et les cir-constances de ce départ. Clémence y assistait plutôt qu'elle ne s'y prêtait de son plein gré elle marchait comme une condamnée qui n'a ni le choix du supplice, ni la liberté de ses mouvements. Elle savait tout, XXX Voilà le récit que je recueillis de la bouche du concierge, au milieu de beaucoup de réticences et d'hésitations. 11 me fut aisé de le compléter par d'autres témoignages , et de lui donner l'ensemble et la forme qui devaient en accroître l'in-térêt. Évidemment le père Vincent ne disait pas tout même dans ses épanchements, il se tenait sur ses gardes. Dans le cours de la catastrophe, il avait dû jouer un rôle dont, à aucun prix, il ne serait convenu. Il avait été le confident du comte, son bras droit, et probablement l'instrument la plus actif de sa vengeance. Sur ce point, quelque effort que je fisse, je ne pus jamais obtenir d'aveu formel. En vain m'adressai-je à ses ressentiments secrets, à ses rancunes de serviteur desti-tué il demeura impénétrable. Ainsi, je ne pus savoir com-ment les choses s'étaient passées dans la fatale nuit, ni quelles dispositions avaient été prises pour assurer le succès de ce lamentable guet-apens. Le comte y assistait-il en per-sonne, ou bien s'était-il contenté d'aposter des hommes dé-voués@? Pourquoi avait-on laissé le malheureux jeune homme
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 139 causes et détails de ce funeste événement, jamais elle ne sortit de la réserve qu'elle avait promis de garder. Les pour-suites en restèrent là, faute de preuves un voile fut tiré sur la fin de Gaston, et le temps acheva de l'épaissir. A quelques jours de là, un mouvement avait lieu dans l'hô-tel Montréal c'était une sorte d'émigration volontaire. Toute la famille partit pour l'Italie, accompagnée d'un nombreux domestique. On a pu voir quels furent les apprêts et les cir-constances de ce départ. Clémence y assistait plutôt qu'elle ne s'y prêtait de son plein gré elle marchait comme une condamnée qui n'a ni le choix du supplice, ni la liberté de ses mouvements. Elle savait tout. XXX Voilà le récit que je recueillis de la bouche du concierge, au milieu de beaucoup de réticences et d'hésitations. Il me fut aisé de le compléter par d'autres témoignages@, et de lui donner l'ensemble et la forme qui devaient en accroître l'in-térêt. Évidemment le père Vincent ne disait pas tout même dans ses épanchements, il se tenait sur ses gardes. Dans le cours de la catastrophe, il avait dû jouer un rôle dont, à aucun prix, il ne serait convenu. Il avait été le confident du comte, son bras droit, et probablement l'instrument le plus actif de sa vengeance. Sur ce point, quelque effort que je fisse, je ne pus jamais obtenir d'aveu formel. En vain m'adressai-je à ses ressentiments secrets, à ses rancunes de serviteur desti-tué il demeura impénétrable. Ainsi, je ne pus savoir com-ment les choses s'étaient passées dans la fatale nuit, ni quelles dispositions avaient été prises pour assurer le succès de ce lamentable guet-apens. Le comte y assistait-il en per-sonne, ou bien s'était-il contenté d'aposter des hommes dé-voués ? Pourquoi avait-on laissé le malheureux jeune homme
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 139 causes et détails de ce funeste événement, jamais elle ne sortit de la réserve qu'elle avait promis de garder. Les pour-suites en restèrent là, faute de preuves un voile fut tiré sur la fin de Gaston, et le temps acheva de l'épaissir. A quelques jours de là, un mouvement avait lieu dans l'hô-tel Montréal c'était une sorte d'émigration volontaire. Toute la famille partit pour l'Italie, accompagnée d'un nombreux domestique. On a pu voir quels furent les apprêts et les cir-constances de ce départ. Clémence y assistait plutôt qu'elle ne s'y prêtait de son plein gré elle marchait comme une condamnée qui n'a ni le choix du supplice, ni la liberté de ses mouvements. Elle savait tout. XXX Voilà le récit que je recueillis de la bouche du concierge, au milieu de beaucoup de réticences et d'hésitations. Il me fut aisé de le compléter par d'autres témoignages@, et de lui donner l'ensemble et la forme qui devaient en accroître l'in-térêt. Évidemment le père Vincent ne disait pas tout même dans ses épanchements, il se tenait sur ses gardes. Dans le cours de la catastrophe, il avait dû jouer un rôle dont, à aucun prix, il ne serait convenu. Il avait été le confident du comte, son bras droit, et probablement l'instrument le plus actif de sa vengeance. Sur ce point, quelque effort que je fisse, je ne pus jamais obtenir d'aveu formel. En vain m'adressai-je à ses ressentiments secrets, à ses rancunes de serviteur desti-tué il demeura impénétrable. Ainsi, je ne pus savoir com-ment les choses s'étaient passées dans la fatale nuit, ni quelles dispositions avaient été prises pour assurer le succès de ce lamentable guet-apens. Le comte y assistait-il en per-sonne, ou bien s'était-il contenté d'aposter des hommes dé-voués ? Pourquoi avait-on laissé le malheureux jeune homme
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 139 causes et détails de ce funeste événement, jamais elle ne sortit de la réserve qu'elle avait promis de garder. Les pour-suites en restèrent là, faute de preuves un voile fut tiré sur la fin de Gaston, et le temps acheva de l'épaissir. A quelques jours de là, un mouvement avait lieu dans l'hô-tel Montréal c'était une sorte d'émigration volontaire. Toute la famille partit pour l'Italie, accompagnée d'un nombreux domestique. On a pu voir quels furent les apprêts et les cir-constances de ce départ. Clémence y assistait plutôt qu'elle ne s'y prêtait de son plein gré elle marchait comme une condamnée qui n'a ni le choix du supplice, ni la liberté de ses mouvements. Elle savait tout. XXX Voilà le récit que je recueillis de la bouche du concierge, au milieu de beaucoup de réticences et d'hésitations. Il me fut aisé de le compléter par d'autres témoignages, et de lui donner l'ensemble et la forme qui devaient en accroître l'in-térêt. Évidemment le père Vincent ne disait pas tout même dans ses épanchements, il se tenait sur ses gardes. Dans le cours de la catastrophe, il avait dû jouer un rôle dont, à aucun prix, il ne serait convenu. Il avait été le confident du comte, son bras droit, et probablement l'instrument le plus actif de sa vengeance. Sur ce point, quelque effort que je fisse, je ne pus jamais obtenir d'aveu formel. En vain m'adressai-je à ses ressentiments secrets, à ses rancunes de serviteur desti-tué il demeura impénétrable. Ainsi, je ne pus savoir com-ment les choses s'étaient passées dans la fatale nuit, ni quelles dispositions avaient été prises pour assurer le succès de ce lamentable guet-apens. Le comte y assistait-il en per-sonne, ou bien s'était-il contenté d'aposter des hommes dé-voués ? Pourquoi avait-on laissé le malheureux jeune homme
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24 Il porte un long et dernier regard sur ce désert brûlant qu'il comptait traverser, il s'irrite de son malheur , et revient tristement sur ses pas chercher des hommes mieux disposés il ne put en trouver. Ceux qui ne nourrissent pas de grandes pensées , qui sont incapables de généreux sacrifices, d'un dévouement sans bornes pour le bien! dé leurs semblables, se feront difficilement une idée du cha-grin dont l'ame est oppressée dans une pareille circons-tance il faut l'avoir éprouvé soi-même pour en 'conce-voir toute l'amertume, pour en apprécier toute l'étendue-, pour en sonder la profondeur Ce contre temps affecta vivement notre savant naturaliste, et pour ne pas suçj-comber au découragement prêt a frapper toutes se facultés, il part pour les états de Bénin. ■ Il arriva dans la capitale en mai 1787, et fut présenté au roi le jour même où l'on célébrait la grande fête an-nuelle des ignames. On sait que cette plante le dioscorea sauva, L. est pour les Béniniens et pour tous les Afri-cains des Tropiques 3 ce qu'est, pour les nations de l'Eu-rope, la graminée qui les nourrit Le but de la cérémonie est de réveiller l'indolence et l'apathie naturelle aux Nè-gres , de les exciter à cultiver la plante précieuse en conséquence, le souverain paraît en public, entouré des grands Ou fidors et de ses femmes, il plante un igname de ses propres mains le vase qui le contient est salué par des danses, par des chants. La racine poussé aussitôt, et grâces aux substitutions faites habilement, l'arbre,atteint bientôt une hauteur remarquable, et donne des signe non équivoques de fécondation plus ces signes, sont ex-traordinaires , plus on croit à la certitude que la prochaine récolte sera très-abondante. Le peuple admire cette sorte de miracles , se livre à la joie, et ne doute pas de la puissance
24 Il porte un long et dernier regard sur ce désert brûlant qu'il comptait traverser, il s'irrite de son malheur , et revient tristement sur ses pas chercher des hommes mieux disposés il ne put en trouver. Ceux qui ne nourrissent pas de grandes pensées , qui sont incapables de généreux sacrifices, d'un dévouement sans bornes pour le bien! dé leurs semblables, se feront difficilement une idée du cha-grin dont l'ame est oppressée dans une pareille circons-tance il faut l'avoir éprouvé soi-même pour en 'conce-voir toute l'amertume, pour en apprécier toute l'étendue-, pour en sonder la profondeur Ce contre temps affecta vivement notre savant naturaliste, et pour ne pas suçj-comber au découragement prêt a frapper toutes se@ facultés, il part pour les états de Bénin. ■ Il arriva dans la capitale en mai 1787, et fut présenté au roi le jour même où l'on célébrait la grande fête an-nuelle des ignames. On sait que cette plante le dioscorea sa@uva, L. est pour les Béniniens et pour tous les Afri-cains des Tropiques 3 ce qu'est, pour les nations de l'Eu-rope, la graminée qui les nourrit@ Le but de la cérémonie est de réveiller l'indolence et l'apathie naturelle aux Nè-gres , de les exciter à cultiver la plante précieuse en conséquence, le souverain paraît en public, entouré des grands Ou fidors et de ses femmes, il plante un igname de ses propres mains le vase qui le contient est salué par des danses, par des chants. La racine poussé aussitôt, et grâces aux substitutions faites habilement, l'arbre,atteint bientôt une hauteur remarquable, et donne des signe@ non équivoques de fécondation plus ces signes, sont ex-traordinaires , plus on croit à la certitude que la prochaine récolte sera très-abondante. Le peuple admire cette sorte de miracles , se livre à la joie, et ne doute pas de la puissance
##### porte un long et dernier regard sur ce désert brûlant qu'il comptait traverser, il s'irrite de son malheur , et revient tristement sur ses pas chercher des hommes mieux disposés il ne put en trouver. Ceux qui ne nourrissent pas de grandes pensées , qui sont incapables de généreux sacrifices, d'un dévouement sans bornes pour le bien! dé leurs semblables, se feront difficilement une idée du cha-grin dont l'ame est oppressée dans une pareille circons-tance il faut l'avoir éprouvé soi-même pour en @conce-voir toute l'amertume, pour en apprécier toute l'étendue-, pour en sonder la profondeur Ce contre temps affecta vivement notre savant naturaliste, et pour ne pas su@c comber au découragement prêt a frapper toutes ses facultés, il part pour les états de Bénin. ■ Il arriva dans la capitale en mai 1787, et fut présenté au roi le jour même où l'on célébrait la grande fête an-nuelle des ignames. On sait que cette plante le dioscorea sativa, L. est pour les Béniniens et pour tous les Afri-cains des Tropiques , ce qu'est, pour les nations de l'Eu-rope, la graminée qui les nourrit. Le but de la cérémonie est de réveiller l'indolence et l'apathie naturelle aux Nè-gres , de les exciter à cultiver la plante précieuse en conséquence, le souverain paraît en public, entouré des grands ou fidors et de ses femmes, il plante un igname de ses propres mains le vase qui le contient est salué par des danses, par des chants. La racine pousse aussitôt, et grâces aux substitutions faites habilement, l'arbre,atteint bientôt une hauteur remarquable, et donne des signes non équivoques de fécondation plus ces signes, sont ex-traordinaires , plus on croit à la certitude que la prochaine récolte sera très-abondante. Le peuple admire cette sorte de miracles , se livre à la joie, et ne doute pas de la puissance
24 Il porte un long et dernier regard sur ce désert brûlant qu'il comptait traverser, il s'irrite de son malheur , et revient tristement sur ses pas chercher des hommes mieux disposés il ne put en trouver. Ceux qui ne nourrissent pas de grandes pensées , qui sont incapables de généreux sacrifices, d'un dévouement sans bornes pour le bien! dé leurs semblables, se feront difficilement une idée du cha-grin dont l'ame est oppressée dans une pareille circons-tance il faut l'avoir éprouvé soi-même pour en @conce-voir toute l'amertume, pour en apprécier toute l'étendue-, pour en sonder la profondeur Ce contre temps affecta vivement notre savant naturaliste, et pour ne pas su@c comber au découragement prêt a frapper toutes ses facultés, il part pour les états de Bénin. ■ Il arriva dans la capitale en mai 1787, et fut présenté au roi le jour même où l'on célébrait la grande fête an-nuelle des ignames. On sait que cette plante le dioscorea sativa, L. est pour les Béniniens et pour tous les Afri-cains des Tropiques , ce qu'est, pour les nations de l'Eu-rope, la graminée qui les nourrit. Le but de la cérémonie est de réveiller l'indolence et l'apathie naturelle aux Nè-gres , de les exciter à cultiver la plante précieuse en conséquence, le souverain paraît en public, entouré des grands ou fidors et de ses femmes, il plante un igname de ses propres mains le vase qui le contient est salué par des danses, par des chants. La racine pousse aussitôt, et grâces aux substitutions faites habilement, l'arbre,atteint bientôt une hauteur remarquable, et donne des signes non équivoques de fécondation plus ces signes, sont ex-traordinaires , plus on croit à la certitude que la prochaine récolte sera très-abondante. Le peuple admire cette sorte de miracles , se livre à la joie, et ne doute pas de la puissance
24 Il porte un long et dernier regard sur ce désert brûlant qu'il comptait traverser, il s'irrite de son malheur , et revient tristement sur ses pas chercher des hommes mieux disposés il ne put en trouver. Ceux qui ne nourrissent pas de grandes pensées , qui sont incapables de généreux sacrifices, d'un dévouement sans bornes pour le bien! dé leurs semblables, se feront difficilement une idée du cha-grin dont l'ame est oppressée dans une pareille circons-tance il faut l'avoir éprouvé soi-même pour en conce-voir toute l'amertume, pour en apprécier toute l'étendue-, pour en sonder la profondeur Ce contre temps affecta vivement notre savant naturaliste, et pour ne pas suc comber au découragement prêt a frapper toutes ses facultés, il part pour les états de Bénin. ■ Il arriva dans la capitale en mai 1787, et fut présenté au roi le jour même où l'on célébrait la grande fête an-nuelle des ignames. On sait que cette plante le dioscorea sativa, L. est pour les Béniniens et pour tous les Afri-cains des Tropiques , ce qu'est, pour les nations de l'Eu-rope, la graminée qui les nourrit. Le but de la cérémonie est de réveiller l'indolence et l'apathie naturelle aux Nè-gres , de les exciter à cultiver la plante précieuse en conséquence, le souverain paraît en public, entouré des grands ou fidors et de ses femmes, il plante un igname de ses propres mains le vase qui le contient est salué par des danses, par des chants. La racine pousse aussitôt, et grâces aux substitutions faites habilement, l'arbre,atteint bientôt une hauteur remarquable, et donne des signes non équivoques de fécondation plus ces signes, sont ex-traordinaires , plus on croit à la certitude que la prochaine récolte sera très-abondante. Le peuple admire cette sorte de miracles , se livre à la joie, et ne doute pas de la puissance
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CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 107 comme tout cela est fané et blêmi. Moi, Sigismond, je m'y perds je suis à bout de mes recettes. C'est à vous d'y son-ger, mon frère. Paris est un pays de ressources, et vous avez bien, parmi vos connaissances, quelque médecin capable de la tirer de là. Voyons, mon frère, ajoutait-elle en appuyant plus que jamais sur les mots mettez-y dont un peu du vôtre. Aidez-moi, aidez-nous je ne me sens plus de force à lutter seule j'ai besoin de partager cette responsabilité. C'est au milieu d'entretiens aussi aimables et dans cette compagnie choisie, que s'écoulaient les journées de Clé-mence. La pauvre femme en mourait et s'éteignait à petit feu. XXIV Cependant il était un point sur lequel tous les membres de - la F eulté tombaient d'accord, au grand regret et au grand désappointement du comte. Le principal obstacle au rétablis-sement de Clémence était le confinement dans lequel on la tenait les meilleurs remèdes étaient les promenades en voi-ture on à pied, la vi? à l'air libre, les distractions du monde. Bon gré mal gré, il fallait vaincre cette langueur si peu na-turelle à cet âge, et qui, en s'aggravant, fût devenue un vé-ritable danger. On devine pourquoi cet avis et ce traitement n'étaient guère du goût de Sigismond. Et pourtant il ne pouvait re-culer la nécessité parlait trop haut en hésitant, il eût mis l'opinion contre lui. Tout ce qu'il put faire, ce fut de choi-sir, parmi les distractions du dehors, celles qui lui parurent offrir le moins de risques et déranger le moins possible ces combinaisons savantes sur lesquelles il avait fondé son re-pos. Ainsi point de fêtes, point de concerts, point de spec-tacles, rien de ce qui aurait amené une rencontre régulière, une de ces occasions que le destin ménage aux séducteurs et fait tourner au préjudice des maris. Mais, en revanche, il
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 107 comme tout cela est fané et blêmi. Moi, Sigismond, je m'y perds je suis à bout de mes recettes. C'est à vous d'y son-ger, mon frère. Paris est un pays de ressources, et vous avez bien, parmi vos connaissances, quelque médecin capable de la tirer de là. Voyons, mon frère, ajoutait-elle en appuyant plus que jamais sur les mots mettez-y dont un peu du vôtre. Aidez-moi, aidez-nous je ne me sens plus de force à lutter seule j'ai besoin de partager cette responsabilité. C'est au milieu d'entretiens aussi aimables et dans cette compagnie choisie, que s'écoulaient les journées de Clé-mence. La pauvre femme en mourait et s'éteignait à petit feu. XXIV Cependant il était un point sur lequel tous les membres de - la F eulté tombaient d'accord, au grand regret et au grand désappointement du comte. Le principal obstacle au rétablis-sement de Clémence était le confinement dans lequel on la tenait les meilleurs remèdes étaient les promenades en voi-ture on à pied, la vi? à l'air libre, les distractions du monde. Bon gré mal gré, il fallait vaincre cette langueur si peu na-turelle à cet âge, et qui, en s'aggravant, fût devenue un vé-ritable danger. On devine pourquoi cet avis et ce traitement n'étaient guère du goût de Sigismond. Et pourtant il ne pouvait re-culer la nécessité parlait trop haut en hésitant, il eût mis l'opinion contre lui. Tout ce qu'il put faire, ce fut de choi-sir, parmi les distractions du dehors, celles qui lui parurent offrir le moins de risques et déranger le moins possible ces combinaisons savantes sur lesquelles il avait fondé son re-pos. Ainsi point de fêtes, point de concerts, point de spec-tacles, rien de ce qui aurait amené une rencontre régulière, une de ces occasions que le destin ménage aux séducteurs et fait tourner au préjudice des maris. Mais, en revanche, il
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 107 comme tout cela est fané et blémi. Moi, Sigismond, je m'y perds je suis à bout de mes recettes. C'est à vous d'y son-ger, mon frère. Paris est un pays de ressources, et vous avez bien, parmi vos connaissances, quelque médecin capable de la tirer de là. Voyons, mon frère, ajoutait-elle en appuyant plus que jamais sur les mots mettez-y donc un peu du vôtre. Aidez-moi, aidez-nous je ne me sens plus de force à lutter seule j'ai besoin de partager cette responsabilité. C'est au milieu d'entretiens aussi aimables et dans cette compagnie choisie, que s'écoulaient les journées de Clé-mence. La pauvre femme en mourait et s'éteignait à petit feu. XXIV Cependant il était un point sur lequel tous les membres de@@ la Faculté tombaient d'accord, au grand regret et au grand désappointement du comte. Le principal obstacle au rétablis-sement de Clémence était le confinement dans lequel on la tenait les meilleurs remèdes étaient les promenades en voi-ture ou à pied, la vie à l'air libre, les distractions du monde. Bon gré mal gré, il fallait vaincre cette langueur si peu na-turelle à cet âge, et qui, en s'aggravant, fût devenue un vé-ritable danger. On devine pourquoi cet avis et ce traitement n'étaient guère du goût de Sigismond. Et pourtant il ne pouvait re-culer la nécessité parlait trop haut en hésitant, il eût mis l'opinion contre lui. Tout ce qu'il put faire, ce fut de choi-sir, parmi les distractions du dehors, celles qui lui parurent offrir le moins de risques et déranger le moins possible ces combinaisons savantes sur lesquelles il avait fondé son re-pos. Ainsi point de fêtes, point de concerts, point de spec-tacles, rien de ce qui aurait amené une rencontre régulière, une de ces occasions que le destin ménage aux séducteurs et fait tourner au préjudice des maris. Mais, en revanche, il
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 107 comme tout cela est fané et blémi. Moi, Sigismond, je m'y perds je suis à bout de mes recettes. C'est à vous d'y son-ger, mon frère. Paris est un pays de ressources, et vous avez bien, parmi vos connaissances, quelque médecin capable de la tirer de là. Voyons, mon frère, ajoutait-elle en appuyant plus que jamais sur les mots mettez-y donc un peu du vôtre. Aidez-moi, aidez-nous je ne me sens plus de force à lutter seule j'ai besoin de partager cette responsabilité. C'est au milieu d'entretiens aussi aimables et dans cette compagnie choisie, que s'écoulaient les journées de Clé-mence. La pauvre femme en mourait et s'éteignait à petit feu. XXIV Cependant il était un point sur lequel tous les membres de@@ la Faculté tombaient d'accord, au grand regret et au grand désappointement du comte. Le principal obstacle au rétablis-sement de Clémence était le confinement dans lequel on la tenait les meilleurs remèdes étaient les promenades en voi-ture ou à pied, la vie à l'air libre, les distractions du monde. Bon gré mal gré, il fallait vaincre cette langueur si peu na-turelle à cet âge, et qui, en s'aggravant, fût devenue un vé-ritable danger. On devine pourquoi cet avis et ce traitement n'étaient guère du goût de Sigismond. Et pourtant il ne pouvait re-culer la nécessité parlait trop haut en hésitant, il eût mis l'opinion contre lui. Tout ce qu'il put faire, ce fut de choi-sir, parmi les distractions du dehors, celles qui lui parurent offrir le moins de risques et déranger le moins possible ces combinaisons savantes sur lesquelles il avait fondé son re-pos. Ainsi point de fêtes, point de concerts, point de spec-tacles, rien de ce qui aurait amené une rencontre régulière, une de ces occasions que le destin ménage aux séducteurs et fait tourner au préjudice des maris. Mais, en revanche, il
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 107 comme tout cela est fané et blémi. Moi, Sigismond, je m'y perds je suis à bout de mes recettes. C'est à vous d'y son-ger, mon frère. Paris est un pays de ressources, et vous avez bien, parmi vos connaissances, quelque médecin capable de la tirer de là. Voyons, mon frère, ajoutait-elle en appuyant plus que jamais sur les mots mettez-y donc un peu du vôtre. Aidez-moi, aidez-nous je ne me sens plus de force à lutter seule j'ai besoin de partager cette responsabilité. C'est au milieu d'entretiens aussi aimables et dans cette compagnie choisie, que s'écoulaient les journées de Clé-mence. La pauvre femme en mourait et s'éteignait à petit feu. XXIV Cependant il était un point sur lequel tous les membres de la Faculté tombaient d'accord, au grand regret et au grand désappointement du comte. Le principal obstacle au rétablis-sement de Clémence était le confinement dans lequel on la tenait les meilleurs remèdes étaient les promenades en voi-ture ou à pied, la vie à l'air libre, les distractions du monde. Bon gré mal gré, il fallait vaincre cette langueur si peu na-turelle à cet âge, et qui, en s'aggravant, fût devenue un vé-ritable danger. On devine pourquoi cet avis et ce traitement n'étaient guère du goût de Sigismond. Et pourtant il ne pouvait re-culer la nécessité parlait trop haut en hésitant, il eût mis l'opinion contre lui. Tout ce qu'il put faire, ce fut de choi-sir, parmi les distractions du dehors, celles qui lui parurent offrir le moins de risques et déranger le moins possible ces combinaisons savantes sur lesquelles il avait fondé son re-pos. Ainsi point de fêtes, point de concerts, point de spec-tacles, rien de ce qui aurait amené une rencontre régulière, une de ces occasions que le destin ménage aux séducteurs et fait tourner au préjudice des maris. Mais, en revanche, il
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-82 -Un pauvre ouvrier et une bonne femme con templaientun jour le mon arque et criaient Vive notre bon roi ! La reine, qui les aperçoit, leur fait signe d'approcher, les prend,par la main et les présente à Louis, en leur disant Le voilà votre bon roi. Cette princesse était fière des vertus accordées à son époux, et de l'amour des Français pour lui. Un jeune homme, fils du poète Duché, qui prenait des leçons de dessin du célèbre Vien, assistant un jour au grand couvert, se mit à esquisser le portrait de la reine et en cela il manquait de respect et agissait contre l'éti-quette. Sa Majesté, qui s'en aperçût, lui de-manda s'il en avait obtenu l'agrément le jeune dessinateur lui répondit avec autant de présence d'esprit que de délicatesse J'ai cru, Madame, qu'il était permis de saisir les grâces partout où l'on était assez heureux pour jes rencontrer. La reine, flattée de cette ré-ponse, désira voir son travail elle en parut contente et son suffrage était d'autant plus honorable qu'elle se connaissait en dessein et en peinture il en reçut de grands applaudis-sements, l'assurance de sa protection et une somme d'argent en forme de gratification. Cette bonne princesse donna encore les
-82 -Un pauvre ouvrier et une bonne femme con templaient@un jour le mon arque et criaient Vive notre bon roi ! La reine, qui les aperçoit, leur fait signe d'approcher, les prend,par la main et les présente à Louis, en leur disant Le voilà votre bon roi. Cette princesse était fière des vertus accordées à son époux, et de l'amour des Français pour lui. Un jeune homme, fils du poète Duché, qui prenait des leçons de dessin du célèbre Vien, assistant un jour au grand couvert, se mit à esquisser le portrait de la reine et en cela il manquait de respect et agissait contre l'éti-quette. Sa Majesté, qui s'en aperçût, lui de-manda s'il en avait obtenu l'agrément le jeune dessinateur lui répondit avec autant de présence d'esprit que de délicatesse J'ai cru, Madame, qu'il était permis de saisir les grâces partout où l'on était assez heureux pour jes rencontrer. La reine, flattée de cette ré-ponse, désira voir son travail elle en parut contente et son suffrage était d'autant plus honorable qu'elle se connaissait en dessein et en peinture il en reçut de grands applaudis-sements, l'assurance de sa protection et une somme d'argent en forme de gratification. Cette bonne princesse donna encore les
####### pauvre ouvrier et une bonne femme con@templaient un jour le mon@arque et criaient Vive notre bon roi ! La reine, qui les aperçoit, leur fait signe d'approcher, les prend,par la main et les présente à Louis, en leur disant Le voilà votre bon roi. Cette princesse était fière des vertus accordées à son époux, et de l'amour des Français pour lui. Un jeune homme, fils du poète Duché, qui prenait des leçons de dessin du célèbre Vien, assistant un jour au grand couvert, se mit à esquisser le portrait de la reine et en cela il manquait de respect et agissait contre l'éti-quette. Sa Majesté, qui s'en aperçût, lui de-manda s'il en avait obtenu l'agrément le jeune dessinateur lui répondit avec autant de présence d'esprit que de délicatesse J'ai cru, Madame, qu'il était permis de saisir les grâces partout où l'on était assez heureux pour les rencontrer. La reine, flattée de cette ré-ponse, désira voir son travail elle en parut contente et son suffrage était d'autant plus honorable qu'elle se connaissait en dessein et en peinture il en reçut de grands applaudis-sements, l'assurance de sa protection et une somme d'argent en forme de gratification. Cette bonne princesse donna encore les
-82 -Un pauvre ouvrier et une bonne femme con@templaient un jour le mon@arque et criaient Vive notre bon roi ! La reine, qui les aperçoit, leur fait signe d'approcher, les prend,par la main et les présente à Louis, en leur disant Le voilà votre bon roi. Cette princesse était fière des vertus accordées à son époux, et de l'amour des Français pour lui. Un jeune homme, fils du poète Duché, qui prenait des leçons de dessin du célèbre Vien, assistant un jour au grand couvert, se mit à esquisser le portrait de la reine et en cela il manquait de respect et agissait contre l'éti-quette. Sa Majesté, qui s'en aperçût, lui de-manda s'il en avait obtenu l'agrément le jeune dessinateur lui répondit avec autant de présence d'esprit que de délicatesse J'ai cru, Madame, qu'il était permis de saisir les grâces partout où l'on était assez heureux pour les rencontrer. La reine, flattée de cette ré-ponse, désira voir son travail elle en parut contente et son suffrage était d'autant plus honorable qu'elle se connaissait en dessein et en peinture il en reçut de grands applaudis-sements, l'assurance de sa protection et une somme d'argent en forme de gratification. Cette bonne princesse donna encore les
-82 -Un pauvre ouvrier et une bonne femme contemplaient un jour le monarque et criaient Vive notre bon roi ! La reine, qui les aperçoit, leur fait signe d'approcher, les prend,par la main et les présente à Louis, en leur disant Le voilà votre bon roi. Cette princesse était fière des vertus accordées à son époux, et de l'amour des Français pour lui. Un jeune homme, fils du poète Duché, qui prenait des leçons de dessin du célèbre Vien, assistant un jour au grand couvert, se mit à esquisser le portrait de la reine et en cela il manquait de respect et agissait contre l'éti-quette. Sa Majesté, qui s'en aperçût, lui de-manda s'il en avait obtenu l'agrément le jeune dessinateur lui répondit avec autant de présence d'esprit que de délicatesse J'ai cru, Madame, qu'il était permis de saisir les grâces partout où l'on était assez heureux pour les rencontrer. La reine, flattée de cette ré-ponse, désira voir son travail elle en parut contente et son suffrage était d'autant plus honorable qu'elle se connaissait en dessein et en peinture il en reçut de grands applaudis-sements, l'assurance de sa protection et une somme d'argent en forme de gratification. Cette bonne princesse donna encore les
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BEAUX-ARTS.. LES ARTISTES NORMANDS AU DE 1864. viture. Man n m qwles expositions deviennent annuetféé, _si £ ous permettra de ne point faire précéder d'un préambule cette revue des artistes normands dont les oeuvres figu raient au salon qui vient de se fermer. Après l'avoir à peine terminée, ce sera bien asse7 que de nous remettre encore au travail dans trois mois, lorsque l'exposition municipale de Rouen tera ouverte. Nous commençons donc, en suivant, comme d'hahitudp, l'ordre alphabétique. M. Aillaud, de Rouen, n'a guère eu d'autre prétention que de faire figurer sa carte au salon en y envoyant le Porirait du marquis d'A. et un Voltigeur de la Garde Impériale. Ces deux toiles, très librement, trop librement traitées même, prouvent l'habileté de M. Aillaud. Le porirait équestre du marquis d'A. fn cos-tume de chtf d'escadron de l'armée d'Afri-que, suivi d'un spahis et lancé au plein ga 186 © lop de Eon cheval, est surtout d'une couleur agréable et lumineuse. Le type du volti-geur de la garde impériale est assez réussi pour que l'empereur l'ait acquis mais il nous faut l'an prochain des oeuvres plus étu-diées et en progrès sur celles de l'an der-nier. Ma- Catherine d'Aure, d'Evreux, se livre pour notre malheur à la Dature morte. Voici pourquoi nous disons pour DOTÔ malheur . Lorsqu'un tableau de nature morte est quelque peu remarquable, et il faut qu'il le soit beaucoup pour le paraître un peu, on s'en sert en guiss de remplissage, peur assor-tir ensemble deux toiles qui se nuiraient, étant rapprochées. Lorsqu'il est mauvais, on le pend sous la coriiiche. Celui de M™ Cathe-rine d'Aure servait de liaison entre deux toi les dont les tons violents hurlaient les uns contre les autres, mais il était perdu loin de son rang de bataille. - Quel assemblage de choses disparates sur une table de marbre rouge des Pyrénées ! Des pnmmf? dans une assiette, une tête d'artichaut, des framboises sur la bran-che, une cafetière d'argent, des pêchef, une cruche à cidre en vie lie faïence de Rouen et un potiron pour relever le tout, en avant d'une draperie! C -rtaines parties sont habile-ment traitées, comme la cafetière d argent d'autres sont moins b'en mais le tout r.e pourrait que gagner à une facture un peu plus ferme. M. Albert de Balleroy, de Lanné, était en décadence l'an dernier sur l'année précé-dente, et ses tableaux n'étaient pas des meil-leurs cette année ils sont au-dessous de ce qu'ils étaient l'an dernier, et ils ne sont pas bons. La maladie de M. Manet, la maladie espagnole, l'a pris, et il peint avec des tons crus, noyés dans l'huile, étalés comme de l'aquarelle et sans liaison, mais aussi sans force. On dit que c'est ainsi que peignaient Velasquez et Goya. Tans pis pour ceux qui le disent, car Velasquez est un grand peintre, Goya est un agréable coloriste, mais la Chasse au sanglier en Espagne et le Cerf a Peau ne sont ni d'un peintre ni d'un coloriste ha-biles. M. Eugène Bellangé nous inquiète, etr.ous aurions vculu de pins grands progrès chez lui. Un Soir de Baiaille nous semble supérieur aux tableaux du dernier salon, mais nous n'y voyons point que M. E. Bellangé s'y soit corrigé de certaines vulgarités de dessin et des tons groseille dans les rouges que nous lui avions signalés. Nous notei ons un torse nu detroisième plan, qu'il valait mieux ne pas mettre en scène, plutôt que le dessiner de la façon qu'il l'a fait, et une baLitude de modeler les frunts où il fait saillir une double gibbosité qui lui est particulière. Le Soir d'une Bataille de M. E. Be'langé nous mo' tre Je troupier fiançais faci t'ment ou-bl eux de la lutte humain et généreux pour les van eus. Que les étrangers en tassent autant de leur côté, nous n'y trouverons rien à redire. Les sentiments de fraternité et d'es-time internationale ne pourront même qu'y gagner. Donc nous sommes en Italie, au soir d'une bataille que, tout naturellement, nous avons gagnée. Des Autrichiens gisent sur le terrain, morts ou blessés. Les morts ne crient point comme dans cette narration de-meijiée célèbie, mais les blessés cessent de faire les morts , puisqu'on ne se bat plus et qu'on dépouille quelque peu ceux qui sont couchés à terre. Les soldats français les Fe-courent. Un zouave donne le bras à un offi-cier que les siens sa'uent en se soulevant. Parmi eux un officier français nQ se relèvtra plus de la place où il est tombe Un de se sol-dats le regarde avec regret, tenant en main son sabie inutile et désormais triste relique de famille. Les divers épisodes de cette scène, disposés sur t n tertre, se composent facile-ment et s'enlèvent, éclairés par les dernieis rayons du jour, sur un ciel d'un gris verdâtre un peu lourd. Un Intérieur d'Atelitr st celui ce M. H. Bellangé père, qui est là, assis dans un coin et regardant une estampe que le jour 1 erre et fait voir par transpareLce. L'effet est bien rendu , la couleur bien distribuée la com-position est d'une couleur agréable et soh e, et nous engagerions M. K. Bellangé à suivre parfois la voie que lui montie ce tableau. Pour être fils d'un peintre de batailles, peut-être n'est il pas né peintre de batailles lui-même. Joseph Vernet peignait des mannes et des paysages, taudis que Carie, fon n s, peignait dis chevaux et ne croyait point déchoir. Un peintre de marine, habitué à la mobi-lité des flots, Be doit pas s'étonner si les jn-rvs s'ont changeants. Refusé l'an dernier avec de bons tableaux, M. Berthelemy, de Rouen, est admis cette année avec une des meilleures marines de l'exposition. Sur une mer verte aux longues lames profondu, le Yauban plonge son avant, que cache le nuage de fumée noire sorti de sa cheminée. Le grand mât brisé traîne sur son flii'C Uéqui-page travaille sur le pont, qu'éclaiie un jour biatard tombant du ciel gris. Peut être l'ar-rière du vapeur est-il bien long, comparé avec la partie placée à l'avant des roues, qui, pcu!-5tre aussi, perd de son importance, la proue étant cachée par la fumée. Mais tout est précis, dessiné avec sûreté et bien dessiné, et d'une colora1 ion très juste, les opacités de la fumée faisant va'oir les trans-parences du ciel et de l'eau. Un Brick en détresse à Saint-Vaast- la -Hougue est une toile moins importante et d'un effet plus sourd. Nous y louerons sur-tout Ftffet des lames, qui, chassées par le vent ainsi que les nuages, glissent rapides entre les rochers qui garnis-ent la côte. Les tableaux d'architecture de M. G. Bouet, de Caen, que nous continuons à trouver d'une couleur trop uniformément blonde, très habilement distribuée du reste, ont le mérite rare d'être dessinés par un archéo-logue. Les styles y sont affirmés jusque dans leurs moindres détails avec précision et sans sécheresse. Avec un peu plus de solidité dans la couleur, ces intér eurs seraient excellents. Le Cheval à l'Ecurie, de M. E. Bujon, figure dans une des salles consacrées aux artistes non admis au concours des récompenses. C'est un grand cheval d'un blanc un peu jaune , comme tout ce qui l'entoure, et qui nous semble dessiné plutôt de souvenir que d'après nature. Que M. E. Bujon y prenne garde, sa facilité pourrait le perdre, et nous ne pouvons que lui conseiller d'en revenir à l'étude de la nature, qu'il a toujours un peu trop négligée, emporté qu'il est par la fougue de son organisation. Ainsi que Paul Delaroche, son maître, M. Cabasbon, de Rouen , est poursuivi de l'amour de la propreté. Saint Louis en prison après la bataille de Mansourah, alors qu'il avait perdu ses chaussures et qu'il mar-chait sur ses bas-de-chausses , alors qu'il se couchait sur une natte délabrée, au pied du pilier d'une prison, au beau milieu de ses chevaliers malades de la dyssenterie, n'é-tait point vêtu d'un beau pourpomt de velours grenat immaculé et de chausses vertes irréprochables, ressemblant à du bronze antique quelque autre désordre de-vait régner en sa toilette, qu'un soulier non chaussé, la majesté royale dût elle en souf-frir. Mais cette majesté devait résider ailleurs que dans le costume chez ce guerrier chré-tien, que Joinville, malgré la touchante fami liarité du récit, nous montre si grand dans ses revers. Puis pourquoi avoir choisi ce type si peu noble, si grotesque même, qui, avec sa perruque rousse, ressemble trop au célèbre Gringalet de notre eufance, maintenant que l'on sait que ce type est relui du roi Charles V? Si la couleur encore était harmonieuse ! mais elle crie et manque de ressort. A notre avis, M. Cabanon s'est grandement trompé. Le Chemin des Dunes à Ploumanach, de M. L. Caillou, de Lisieux, n e t point un agréable chemin. Il passe au beau milieu de grands rochers roses, que fait valoir un ciel orageux, qui du jaune passe au vert, puis au noir. Au loin s'étend la mer glacée. Sans un tout petit Breton, qui chemine au pied de ces rocs et leur sert d'échelle de proportion , on ne devinerait guère quelle est leur grandeur, et c'est là un défaut qui provient du point de vue plongeant que le peintre a choisi. L'effet général est trop sourd, les premiers plans ne venant pas assez en avant, défaut que nous avions signalé dans les paysages expo-sés par M. L. Caillou l'an derni r. Le Matin sur les bords de la Risle, malgré un ciel très léger, manque aussi de ressort et surtout de ces teintes 3mbrées qui font le matin. Le ton dominant est le violet. Si la Risle coule à pleins bords entre des rives si solennelles, au milieu de vertes clairières herbeuses qu'abritent de grandes futaies, au-cun fleuve classique ne lui peut rien dispu-ter et c'est là qu'il faut transporter tout le bagage olympique des peintres d'idylles et des paysagistes de style. M. Eugène Capelle, de Rouen , n'a point été tout-â fait heureux cette année. Il a peint des Boeufs traversant une lande. Sur la lande sablonneuse pousse une herbe rare de gros grès couverts de lichens , qui donnent un peu d'ombre au pied de quelques bouleaux échevelès, l'accidentent seuls. Au fond le ter-rain ebt meilleur, et les grands arbres d'une forêt et un coteau ferment l'horizon. Le paysage est bien composé et d'une bonne couleur. Les ammaux , qui s'avancent dans la dépression qui occupe le centre de la com-position, sont bien d-ssmés ils étaient à leur plan, mais il a fallu faire jouer un peu de lumière et d'ombre sur ces landes sans acci-dents. L'ombre portée d'un nuage a fait l'af-faire. Ma s il arrive que l'ombre est trop noire, et voila les boeufs qu'elle couvre qui enirent dans la toile au lieu d'en sortir. Le noir et le gris froid, voilà los écueils de M. E. Ca-pelle. Sa pa ette s'est réchauffée cependant mais si le noir n'est pas absent de la ra-ture, sa fonction est de faite valoir la lumiè. e non d'attns.er enoo-e un gris déjà assez triste lui-même. M. E. Capelle s'est résigné à vivre au milieu des prairies et des bois les fonds de son tableau témoignent d'un excel-lent sentiment de la nature, et nous avons l'espoir qu'une élu e persévérante lni révélera ces secrets au soleil et de l'ombre, qu'il semble ignorer encore. Si M. Ch. Chaplin, des Andelys, pouvait lui donner, par surcroît, un peu des gainés de sa palette. Les Bulles de Savon, les Tourterelles sont deux charmantes peintures qui repré-sentent deux jeunes filles plus qu'en buste l'une, en robe de satin blanc et en corsage groseille, souille des bnlles de savon aussi brillantes et aussi irisées que son costume et ses vivantes carnations. L'autre, en robe jaune, le sein demi nu, entouré d'une gaze légère qui ne cache rien, caresse deux tour-terelles qui opposent la blancheur de leur plumage à ses chairs brunes et vermillon-nées. Ces toiles, si agréables dans les tons blancs et roses, peintes en pleine pâte, rap-pellent ce qu'il y a de meilleur dans cet art français du dix huitième siècle, qui était si charmant et si faux sous le pinceau de Le-moine, de Boucher, de Trémolliére et de tant d'autres. Les deux portraits de femme de M le Laure de Châtillon, de Chambray-sur-Eure, l'un en buste , l'autre presque en pied, et grands comme nature, sont fort agréablement peints et ajustés, surtout le premier. On pourra re-prendre au moielé certaines incertitudes et des duretés qui forment un assez singulier contraste mais l'arrangement en est habile, cela est bien de son époque, de son année et d'une pba-e particulière de la mode. Cela est surtout d'une femme. Le portrait de Mme X., peint par Mlle F. Chéron. de Mortagne, dans un ton gris blond assez fin et d'une touche un peu ûaide, man lue de ressort et est par trop négligé dans ses accessoires. Décidément, M. Coessin de la Fosse, de Li-sieux, continue sur sa peinture la réforme qu'il avait commencée l'an dernier. On ne s'aperçoit presque plus, tant elle présente rie mollesse dans la touche, qu'il ait suivi jadis le système des empâtements de M. Couture. N aamoins, dans le portrait de M. G., sim-plement posé, assis devant son bureau, nous louerons l'exécution des mains, qui sont fort bien dessinées. M. Eiouard Daliphard, de Rouen, aime la nuit, dont il réveille avec talent les ombres transparentes. Mais peindre toujours la nuit! Dans la Vue prise à Poissy, la Seine roule ses ondes noires zébrées de quelques reflets rou-ges glacés au milieu des saules et au pied d'un escarpement dominé par une haie, en avant de quelques maisons blanches qu'éclaire encore un ciel crépusculaire , jaune à l'horizon, verdâtre au zénith. La lutte entre le jour qui fuit et l'obscurité qui envahit tout est fort habilement rendue , ainsi oue dans l'autre toi.e, représentant VEntrée d'un village dans la Campine Belgi-que . Mais que M. Ed. Daliphard apprenne à dessiner et qu'il ne nous montre plus de ca-valiers mal bâtis comme celui qui trébuche sur les premiers plans de la route qui pénè-tre dans son village, et qu'il nous montre, l'an prochain, que son habileté ne redoute point le grand jour. La nature morte que Mlle L. Darru, du Neubourg, intitule Citron, très agréablement peinte dans des tons gris clair, ne se con-tente pas de nous montrer le fruit acide du pays où fleurit le citronnier. Des huîtres na-geant dans leur eau, des bouteilles en nom-bre respectable , une cafetière d'argent et quelques porcelaines , le tout posé sur une table, sont les promesses d'un dé-jeuner. et d'un talent qui naît. La Petite Chapelle nous plaît moins, mais était plus difficile à peindre. Un crucifix posé sur une nappe blanche dans une couronne de fleurs, en arrière une statue de la Vierge entourée de neurs des fleurs dans des vases, des fleurs sur l'autel, partout des fleurs. IL faut, pour savoir accorder tant de couleurs éclatantes et de tons divers, être plus rompu au métier de la peinture que Mlle L. Darru ne semble l'être encore. Quelle agréable figure que celle de Figaro, un aimable griffon anglais qui nous montre son museau noir et ses yeux brillants d'où rayonnent comme une gloire des touffes de poils blancs et roux. Une touche soyeuse et ferme et des tons de valeurs différtntes sont seuls nécessaires pour modeler un pareil portrait sans lignes et sans dessin. M. Ernest David, de Caen, n'y a pas tout-à-fait réussi, bien que sa couleur soittrss s itisfaisante. Le Dôme des Invalides, vu de la rue Chevert, n'est qu'une étude malheureusement éclairée par une lumière bleue un peu froide, dont M. A. Delapierre, de Rouen, fera sagement de se défier. Félicitons un autre Rouennais, M. Dévé, des progrès qu'il a faits depuis l'an dernier , bien que sa touche montre encore quelque mollesse. Nous ignorions'que Vile Saint Denis présentât des sites aussi abandonnés que celui qu'a peint M. Dévé. On y trouve presque des landes plantées au hasard et traversées de chemins incertains. Il n'est donc besoin d'aller si loin pour être en pays sauvage. Ce qu'il y a de moins heureux dans les Falaises près Fécamp, ce sont les falaises, où la touche manque de vigueur. Mais les roches plates, ta-pissées de varechs verts qui s'étalent au pied entre les flaques d'eau qu'y laisse la mer, sont d'une grande vérité d'aspect et de cou-leur, surtout aux premiers plans. La mer est peut-être un peu lourde au fond mais le ciel est léger, bien à son plan, et s'étage mieux que ne le font souvent ceux des paysa-gistes le plus en renom. C'est toujours avec le même jaune clair et froid tirant sur le vert que Mlls Eudes de Guimard, d'Argentan, colore des- tableaux fort agréablement peints du reste et habile-ment composés. Le Milion dictant le Paradis perdu à ses Filles ne renferme que la dose de sensiblerie qu'une demoiselle devait trouver en un pa reil sujet et d'aspect théâtral qu'il faut en un tableau. La belle utilité que ce serait de peindre Milton morose , en robe de chambre et en pantoufles, dictant son poëme à ses filles prosaïquement assises devant une table ! Mais posez-le-moi en grande toilette , tout de noir habillé, dans un gand fauteuil, près de la fenêtre faites asseoir à ses pieds une de ses filles attentive appuyez l'autre , dont la tête est assez mal dessinée, sur la harpe qui se tait, et dont les préluies ont transporté l'es. prit du pce le aux pieds de l'Eternel, et vous aurez un tableau presque épique. Mlle Eudes de Guimard aime tellement les tons verts, qu'elle a fait dorer en or vert le cadie de son second tableau les Femmes de la campagne de Rome. Cette bordure, d'un aspect siîroid, a été, sans doute, choisie afin de faire paraître plus chauds les tons presque analogues qui se trouvent dans le tableau. En effet, la femme, debout près d'une fon-taine , noyée dans la demi teinte , dont la silhouette seule est éclairée par les dernières Jueurs du jour, les deux autres femmes du fond et ces fonds eux-mêmes plus éclairés, forment un ensemble d'une coloration tem-pérée et presque blonde où nous voudrions voir persévérer Mlle E. de Guimard. La recher-che de ce cadre, d'un ton si désagréable , ous. prouve qu'elle entrevoit la couleur. ft Que dire du portrait de Mme P. A., par M. Fmck , de Rouen? Il est presque en pied, dans les dimensions du quart de la nature le violet y domine, et c'est tout. Notons le succès colossal qu'obtient le di-manche, et même tous les jours, Un Revers de Fortune , de Mlle Amanda Fougère, de Cou-tances. Ils sont si jolis les trois personnages assis autour de cette table, et peints en demi-nature avec de si aimables couleurs la mère posée de profil et en noir, la petite fille en violet et plus loin le bon petit juif, tout rose, tout poupin, rasé de frais, sous son bonnet noir comme il pèse d'un air indifférent ces colliers et ces joyaux, qui sortent du coffret posé sur la table. Sans en avoir l'air, cette pauvre dame est bien affligée, et ce juif est bit-n avide. Ils ne sont guère en scène cepen-dant, et le drame intime qu'ils jouent passe d'abord inaperçu mais le public, sensible, qui ne comprend pas à première vue compose tout de suite son petit romau et s'émeut dès que le livret lui a in iiqué de quoi il s'agit. Puis le joli a tant d'attraits et remplace le beau auprès de tant de gens ! Le Périrait de Mme Saint-Athanase, abbesse de Jouarre, bonne grosse femme placide, aux mains courtes, possède les mêmes qualités de sérénité et de modelé que les personnages d'Un Revers de Fortune. Nous avons vx mieux de M. A. Foulongne que son Silène endoimi. Ce joyeux Fais aff des-bacchanales aatiques cuve son vin assis au pied d'un tertre. Une nymphe, posée de pro-fil et d'un assez bon style, lui barbouille le front avec des mûres. Au fond, des bergers préparent des liens. La scène , bien dis-posée, a le mérite de ne rappeler aucune des nombreuses compositions que l'on a faites sur le même sujet. Mais le Silène manque de force et d'ampleur dans sa mus-culature , et la couleur de ce ressort que nous avions trouvé dans d'autres peintures de M. A. Foulongne. C'est sans doute par espiéglerie que Mlle Gallwey, du Havre, en compagnie de sa soeur, des Batignolles, a envoyé au salon son tableau de pensionnaire. Ces petits es-sais devraient rester dans la famille et en ex-citer la muette admiration, au lieu de venir affronter les moqueries des désoeuvrés dans les salles des refusés. La Notre-Dame-de-Pitié de M. Gislain, de Trun Orne , élève de trop de maltres pour en avoir eu pn bon, grand tableau placé dans la même section, nous semble peint d'après des gravures de l'école vénitieune et de ré-cole flamande. Ce sera d'un excellent effet dans quelque église de campagne mais, à côté des oeuvres étudiées sur la nature, cela ne compte réellement pas. Des deux paysages exposés par M. G. Gut-tinger, de Rouen , c'est le Sentier dans la fo-rêt de Touques que nous préférons il est en-levé de verve et ne montre pas les dé-faillances que nous trouvons dans les Bords de la Seine, aux environs de Sèvres. Le sentier traverse un fourré que dominent quelques arbres sur la gauche. Le ciel couvert, chargé de nuages noirs et blancs en mouvement, est excellent. Un Portrait de Femme, de M. Hallot, de Caen, est parmi les refusés cependant il y en a peut-être de pires au salon. Cette pein-ture n'est pas gaie, mais elle est faite cons-ciencieusement, bien que d'un modelé un peu rond. M. Georges Hébert, de Rouen, n'a point vu cette année re éguer ses tal leaux dans la section non admise au concoure. Nous doutons que, malgré quelques excentricités de couleur, un jury plus sévère les y eût envoyés. La Perle d'O ient est une jeune fille d'une physiono-mie tiès fine et d'une très agréable figure, ha-~ billée en costume mauresque et le sein dé-couvert , qui, debout près d'un guéridon, remplit de café une tasse d'or. Les chairs ont revêtu une belle teinte ambrée et très montée de ton, comme c'est l'habitude chez M OT. Hé-bert. La conséquence a été qu'il a fallu encore plus monter de ton les costumes, afin de don-ner aux chairs une couleur relativement blanche, et que les ors poussés eux mêmes aux limites du puissant ne sont plus de l'or à peine s'ils sont du métal. N'importe il y a un certain apaisement chez M. G. Hébert et un plus grand respect que jadis pour le dessin. Aussi a-t il pu faire un portrait assez individuel d'un grand mon-sieur, à grand nez et à grandes mains, dont le grand cou sort d'un grand col rabattu, entre les grands revers d'un habit à grandes man-ches. Tout est granj et large dans ce por-trait d'une couleur moins rissolée que la Perle d'Orient. Ils attendent, par M. Hellouin , d'Aunay-sur-Odon Calvados , représente un homme et une femme en costumes classiques assis au bord de la mer. Adspectabant mare fientes. Cette peinture vieillotte et malhabile, faite sans modèle fort probablement, est dans le salon annexe et y est à sa place. M. Louis Hénault, de Rouen , a beaucoup retravaillé et singulièrement amélioré le ta-bleau intitulé l'Epoux et L'Epouse, que nous avions vu à la dernière exposition munici-pale. Nous rappellerons que ce tableau repré-sente un homme et une femme debout, plus grands que nature et au repos. Les mérites d'une telle composition doivent résider sur-tout dans la science du dessin, l'harmonie de la ligne et la puissance du modelé. M. Louis Hénault a fait droit à plusieurs des critiques qu'on lui avait adressées à Rouen en effaçant r quelques incorrections mais il est un certain bras, le bras gauche, que l'épouse appuie PUT l'épaule de l'époux, dont il serait assez diffi-cile de retrouver sur la nature les emman-chements et la forme. Enfin, tel qu'il est, ce tableau se soutient à un rang honorab'e et témoigne d'excellentes tendances chez M. L. Hénault. M- Hermann-Léon, du Havre, fait effeuil-ler à une grimaçante macaque la marguerite si souvent questionnée. Il est vrai que l'Oracle des Prés a été arraché dans un vase du Japon, posé sur un lapis de Turquie, et que maître singe n'obéit qu'à son esprit destructeur. Ce tableau, d'assez grandes di-mensions , rappelle par sa couleur et par sa facture les toi es de M. Ph. Rousseau , le maître de M. Hermann Léon. Mais ce n'est encore qu'un reflet. Le Singe Guitariste est un petit panneau moins important, où, comme on le devine , le quadrumane s'a-charne à gratter le ventre d'une guitare, en criant comme un possédé devant un cahier de musique appuyé à quelques bouquins recouveïts d'une belle basane brune. C'est agréablement et très habilement peint, mais il faudrait que M. Hermann-Léon dégageât sa personnalité de celle de son maître. Les études de Pivoines de Mlle Heuzé, de Rouen, sont très éclatantes et très vraies de ton, ainsi que ses Iris. Dans ces derniers la coloration verte des feuille en lame de sabre est trop sacrifiée peut-être à l'éclat des flears. Il faut maintenant que Mlle Heuzé s'essaie à assortir ces fleurs dont elle fait des portraits individuels si réussis. L'exposition de Rouen a eu la primeur d la Communion de Jeanne Darc dans sa pri-son, par M. Krug, de Drubec, tableau un ptu fantasmagorique qu'éclaire une lumière de scupirail. Le portrait de Mme V. Massé, que tout le monde s'obstine à vouloir être celui de Mme Sand, montre beaucoup de caractère dans la physonomie, bien qu'on y puisse désirer un peu plus de fermeté. Un manteau en velours gris felair garni de fourrure grise, qui recouvre le buste par dessus une robe noire trop effacée, est un excellent accessoire, grassement peint, et qui, bien que très im-portant, se subordonne aux carnations par ses tons neutres. La Nature morte de M. H. Lachèvre, de Rouen, représente un tapis kabyle accroché à un clou, en même temps qu'une casquette d'officier général, et tombant en plis sur une table où un chibouck est placé à côté d'un grand verre à pied, le tout d'une couleur très chaude et largement brossé. M. A. Lambert, de Darnétal, se rattache à l'école d'Anvers, dont M. Daubigny est le chef, et qui a pour muse la nymphe de l'Oise, nymphe coquette et bol. ne inspiratrice, comme le prouve M. Lambert lui même Des deux tableaux qu'il a exposés l'un, le Matin, peint évidemment sur les bords de l'Oise l'autre, le Soir, peint à quelques pas de la rive, dans le parc de M. de Lamoignon, c'est celui qui caresse de plus près la nymphe qui est le meilleur. Comme dans tous les tableaux où cette ai-ma hlfirivière ES', et sera reurésentée, on la tff b hïà6çourGi, bordée sur l une rive d'ar-cVquVtpes pent leurs feuilles dans l'eau, tandis que, sur l'autre rive, la plaine étroite chargée de moissons blondes s'étend quelque peu et ondule jusqu'à former un coteau qui domine un village. Lps eaux sont encore plombées et dans l'ombre, mais l'horizon se colore, et la troupe des nuages légers s'irradie, affectant mille formes bizarres. Ce ciel est très original et très fin tous les terrains de la rive nue sont bien dessinés. Quant aux ar-bres de l'autre rive, ils sont un peu lourds, mais ceux du parc de M. de Lamoignon ne forment qu'une silhouette noire et maigre sur un ciel jaune. -Supérieur à tous les artistes que nous avons eu à citer jusqu'ici, M. Laugée, de Marom-me , a occupé cette année une des meilleûres places au salon, bien que ses tableaux ne fussent point des plus grands. L'Episode des guerres de Pologne en 1863 est surtout un sou-venir des atrocités commises par les Russes. Une jeune lemme, entièrement nue, vue de dos, les pieds et les poings liés,t gît au re-vers d'une route. Ses chairs blanches nacrées sont zébrées de bandes rouges, lacérations reçues pendant la lutte. iile a subi, sans doute, les derniers outrages, et une fois morte, elle a été abandonnée à côte de quel-ques débris d'armes et de vêtements, ves-tiges d'un engagement. Les ravisseurs sont disparus, les paysans tiennent la campagne ou sont réfugiés dans la forêt, et les femmes seules sont accourues. Elles pont quatre la vieille grand'mère, qui s'est assise anéantie au beau milieu du chemin , les yeux fixes et les mains croisées sur les jambes la mère est debout les yeux au ciel, soutenant sa mie, qui s'appuie à son sein une dernière, moins abîmée dans la douleur, s'apprête à couvrir d'un drap le corps de la victime. Il est soir , quelques maisons basses dessinent leur silhouette sur un tertre, et un village brûle à l'horizon. Voici le théâtre, voici la scène. Peint d'une couleur plutôt soutenue qu'énergique et tout-à-fait appropriée au sujet, cet épisode de l'insurrection polonaise, dramatique sans emphase, montre le talent de M. Laugée sous un jour nouveau et avec des qualités qui ne lui sont pas habituelles. Nous le retrouvons tel que nous le con-naissions déjà dans la scène champêtre inti-tulée le Repos. Une paysanne de l'Artois, fati-guée de la longue journée qu'elle vient de passer, courbée sur le sol, le dos chargé de glanes, se repose sur le talus d'un chemin creux. Sur la crête de l'autre talus, qui forme tout l'horizon, diux jeunes filles s'en vont por-tant sur leur tête la gerbe des épis ramassés. Leur corps se profile sur le ciel ardent du soir, et peut-être leur silhouette n'est-elle pas assez élégante ou vigoureuse. Tout est baigné dans une atmosphère lumineuse et chaude où voltige la vapeur des soirées d'été. La femme du premier plan, plus triste , est en-veloppée dans la demi-teinte. Avec moins de force et de style que M. Breton , M. Laugée excelle, comme Ibi, à retracer lt s moeurs et le paysage nu de la Picardie ou de l'Artois. C'est la même inspiration que traluisent avec des qualités différentes deux artistes doués d'un grand talent tous deux. Samt Bernard méditant la Croisade, voilà un titre ambitieux. Comment savoir que c'est précisément la croisade qu'il médite? Ras-surez-vous, celui qu'a peint M110 de Launay , de BelleEme, ne médite rien , et ce titre est donné à une simple tête d'étude de vieillard barbu habillé d'un froc blanc, passablement pemte et d'une assez bonne couleur blonde. D'habitude, on représente la Madeleine ex-pirante encore ieure et encore belle, malgré une longue péuience, le jeûne et les larmes. Mlle Lefebure, de Falaise, n'a pas fait comme les autres, surtout commp. ceux qui font un bon tableau. Sa Madeleine expirante est vieille et la'de, mal dessinée par dessus le marché, mais d'une couleur assez harmonieuse dans les tons bistrés. Après avoir peint, l'an deraier, une Prise de Voile, M. Levrain, de Vire, a peint, cette année, l'Inhumation d'une Religieuse, et nous ne supposons pas que ces deux compositions sévères servent jamais à illustrer le roman de l'abbé . Le cortége des religieuses habillées de noir et coiffées de voiles blancs descend de l'église, suivant la défunte, portée à découvert par huit soeurs. Le soir se fait, et le ciel, rouge à l'horizon, se dégrade peu à peu et devient vert. - C'est étonnant ce que nous avons déjà signalé de ciels verts et rosés - Les attitudes des religieuses sont habilement variées, pans cesser d'être enveloppées par une ligne sé-vère comme il convient au sujet, et, si la couleur en était moins sou de, ce tableau produirait une impression supérieure à celle qu'on en ressent. Le Livre d'Heures est le portrait largement fait et d'un asp ct un peu métallique d'une petite fille assise à terre dans un beau désordre et déchirant fort méchamment un missel enluminé placé sur ses genoux. M. F. Legrin, de Rouen, a exposé deux ta-bleaux. Un suj-itrte genre Philippe de Cham-paigne pfignant le Portrait de sa fille Suzanne, religieuse a Port-Royal des-Gnamps, inspiré en grande partie des admirables portraits du Louvre. Un grand paysage la Grange de la Ferme d'Hautes-Isles, placée dans une des îles de la Seine, aux environs de la Roche-Guyon, et vue le soir. Après avoir essayé encore une fois de peindre des personnages grands comme nature, et après avoir enfin reconnu dans ces divers es-sais que son pinceau manque de force pour ces entreprises, M. Jacques Leman, de L'Aigle, devrait se résigner à ne représenter que de pe-tites scènes, point trop nombreuses comme il les réussit à merveille, il y trouverait répu-tation et profit. Le Médecin malgré lui, spiri-tuellement traité, présente dans le jeu des physionomies quelque chose des qualités de l'école anglaise, et ce quelque chose-là a déteint sur la facture et -ur la couleur c'est la scène où Sganarelle, affublé de la grande robe noire et du bonnet de docteur, prononce ces mé-morables paroles qui dénotent un diagnostic peu ordinaire II. Voilà un pouls qui mai que que votre fille est muette. On devine aisément la scène. Le fagotier Sganarellp, à la face vermillonnée, paysan matois, est gravement assis au centre la fille, assise à sa droite, lui tend modestement le bras le père, attentif, à sa gauche, s'é. merveille de tant de science. La nourrice qui avait de si beaux teins, l'amant et le valet sont en arrière. Une tenture à personnages couvre les murs. Tous sont expressifs, bien en scène, et montrent chez M. J. Leman un esprit plus cultivé qae n'est celui de la plu-part des artistes qui, imitant à leur manière les chevaliers de jadis, qui se faisaient gloire de ne pas savoir lire, tirent quelque vanité de ne pas savoir grand'chose en dehors de la pratique de leur art. La Lecture qu'on fait à une jeune malade, couchée sur sa chaise longue et entourée d'un cercle d'amis, étant dans les dimen-sions de la nature, manque de tout ce qui fait le charrue et l'intérêt de l'autre tableau , et nous préférons ne pas nous y arrêter. IL y a tant de paysages excellents cette an-née, que ceux qui ne sont que bons passent inaperçus tel est celui de M. Lapine, de Caen. Le Paysage à l'île Saint Ouen prouve que cette lie est dé. idément plus sauvage qu'on ne croirait d'après les légendes qui ne -la représentent qu'habi tée de marchands de fri-ture, que hantée parles bonnes d'entants et les tourlourous. Là, fort heureusement pour les peintres, les ingénieurs des ponts et chaus-sées n'ont point songé à régulariser le lit du fleuve sans cela nous ne verrions point cette chaussée informe, qui, soutenue par une file de saules, chemine entre le fleuve et une flaque d'eau où s'etalent les nénuphar- entre les sa-gittaires, à l'ombre des arbres de la b 'rge. Cela est peint dans les tons gris clair, légers, d'une façon très habile mais cela aussi fait songer a M. Corot. C'est à Troyon que l'on pense en examinant le second tableau de M. Lépine. Les Chevaux de trait se reposent dé-telés, en avant du bannpau bayé, et s'enlè-vent lumineux , ainsi que tout le premier plan, sur un ciel de plomb. Une personnalité de plus qui ne s'est pas encore affirmée. Voici un talent nouveau qui se révèle et nous promet un habile animalier de plus en la personne de M. Lhuillier, de Granville. Dans le Départ pour le Pâturage, lâne s'en va devant, poi tant un gamin et son petit frère. Deux paiies de vaches rousses suivent accouplées, et cette chaîne pacifique suit tranquillement le chemin qui traverse la plaine nue. Un bout de haie et une flaque d'eau au premier plan en sont lt s seuls ac-cidents. Le ciel, un peu rose et mon, est de même teir te qre la plaine mais les ani-Diaux sont bien dtssmés et bien peints et d'une bonne couleur claire. Une Granvt Uaise, commère haute en couleur et coiffee du petit bonr.et qui sied si bien à celles qui sont jo-lies, doute sans doute des qualités viriles que l'on accorde à ses compairioies, est une bonne étude, largement peime, mais trop né-gligée dans le reste du coutume. Il y a beaucoup d'inexpérience chez M. Les-rel, des Genêts fauche , dmt le ableau le Chant du Soir n'a pu concourir pour les ré-compenses. CependaLt le iontour de cette grande femme en costume antique, appuyée sur si harpj, montre quelque recherche mais ce tomo.ir vide t t sans modèle indique que M. Lpsrp-l a ei core beaucoup à apprendre. Une jeune Femme portant un plut de fruits , de M. Loutrel, de Rouen , appartient à la famille des tableaux dont un seul pe sonnage fait tous les fiais. D habitude ce peisonnage est en costume du temps de Louis XIII. La jeune femme de M. Loutrel ne déroge point à l'usage. Elle est blonde et jolie, le satin blanc lui va si bien ! pourquoi ne serait-elle pas mise à a mo le régnante? Une casaque grise, un lévrier blauc , tout fait harmonie blanche sur im fond de bahuts et de tapisseries. La couleur de ce tableau , plus chaude que d'ha-bitude, est une marque d'efforts chez M. Lou-trel. M. Eugène Marc, de Rouen, n'a pas eu une petite ambition cette ai née il a peint un tableau religieux sur un sujet non con-nu et de grandeur naturelle. C'est la Conver-sion de saint Théophile. Laissons parler le livret pour expliquer le tableau de notre compatriote II Comme saiute Dorothée allait au supplice et disait qu'elle allait trouver son divin époux , un jeune homme, nommé Théophile, lui demanda en raillant des fleurs et des fruits du jardin de cet époux la sainte, par i.n effet de la toute-puissance de Dieu, lui présenta réelle-ment des fleurs et des fruits. Sainte Dore. th. e, debout, reçoit de la main des anges les fleurs qui tombent à terre, cù les contemple Théophile agenouillé. C'est le ciel, ce nous semble, que devrait regarder le railleur et et non la terre, car il participerait au mi-racle en qualité de spectateur ému, tandis qu'il n'y figure que comme assistant indifférent. Rien n'unit les deux figures entre elles et n'expliqua le sujet moral caché sous le fait apparent que représente le tableau. Le des-sin est suffisant la figure de la sainte ne manque pas de noblesse, la lumière qui éclaire les deux personnages vise aux grands effets, mais elle se trouve sans accord avec le ciel, qui est comf. lé tenu nt gris et d'où elle devrait venir, ainsi qu'avec les fonds, qui de-vraient en recevoir un reflet et qui sont en-tièrement sacrifiés. On ne sait d'où tombent les rayons de lumière qui éclairent si vive-ment les personnages en les laissant à moi-tié dans une ombre vigoureuse, et un colo-riste moins timide, à l'exemple de Murillo, y eût fait nager les anges, messagers des divi-nes clartés. M. E. Marc, qui s'essayait pour la première fois dans la grande peinture, tentative hardie que nous avons voulu apprécier avec tout le soin qu'elle mérite, s'est senti plus à l'aise dans un tableau intitulé Convoitise. Un panier de fruits est renversé dans un agréable dé-sordre sur la table de l'office, et une enfant montre à travers les barreaux de la fenêtre sa tête blonde où brillent des yeux animés par le désir. Il n'y a guère à dire encore du tableau de genre exposé par M. E. Martin, du Havre ce n'est ni bien ni mal. Deux troupiers en congé se sont arrêtés chez une paysanne et semblent écouter la lecture d'une lettre. Nous avons été longtemps avant que de compren-dre comment cette action pouvait s'accorder avec ce titre Les Nouvelles du pays. Mais ici le mot pays possède un sens particulier et est le masculin de payse. Les deux sol-dats en congé apportent à la payse, qui la lit, une lettre de son pays Il resté au corps. M. A. Massé, d'Elbeuf, abandonnant les sujets actuels pour la peinture rétrospective, nous montre le Marquis de la Ferté arrivant au manége de M. de la Guèrinière. Il y arrive sans doute pour apprendre à s'y bien coiffer et à se mettre mieux en selle, quoiqu'il fasse faire à son cheval au nez busqué une belle courbette, les quatre jambes en l'air. Si le cheval continue droit son chemin, il se cassera la tête contre le pilastre qui flanque la porte, au lieu d'entrer dans celle-ci, que M. de la Guérinière lui montre par précaution, et en le saluant avec cette politesse exquise qui est Ip privilège des professeurs d'équita-tion. Malgré cette faute de perspective aérienne et ces menues chicanes auxquelles il serait facile de faire droit, ce tableau de M. Massé est d'un homme habile et maître de son pinceau. Le Portrait de Mm. la baronne de L. est celui d'une jeune femme, de face, se promenant dans son parc en robe blanche de demi-toilette, son chameau rond à la main. Peint dans des tons clairs et assez sommairement modelé, ce portrait est d'une facture fort agréable. C'est un bien beau site que celui que M. Merme, de Cherbourg, a choisi à la Guade-loupe. La Rivière des Galions tombe en casca. des au milieu des plaines vertes, cù les pal-miers en parpfol se marient à la cime des chênes, en avant des montagnes vertes elles-mêmes et du plus bpau profit. La Rm Ravine-Espérance , à Basse-Terre, est une astez vi-lau.e montée pierreuse, mais de charmantes villas blanciies la dominent au milieu des ar-bres. Ces sites ont-ils la couleur fxoi-Je que leur donne M. Merme ? M. Jules Michel étant devenu notre com-patriote, nous devons nous occuper de son tableau, qui nous semble inachevé. Au Pied de la Croix est ce qu'en liane on appelle une Pitié, c'est-à-dire la Vierge tenant sur ses genoux le corps du divin supplicié. Ce corps affecte les longueurs qui plaisent à M. J. Michel mais les chairs, encore peu modelées, sont de cette belle couleur blonde et lumineuse que nous avons souvent louée chez lui. La Vierge, à l'état de simple pré-paration, est remarquable par la belle colo-ration verte de son manteau. -Enfin, M. J.-F. Millet, de Grévillé, a réussi à peindre un tableau qui réunit tous les suffrages ceux de ses amis, peut-être? -mais certainement ceux de ses adversaires, des amis c airvoyant-! et du public tout entier. La Bergère avec son Troupeau sont aux champs par la fin d'une belle journées-de septembre. Elle erst-debout, point trop laide, en bonnet rouge et en mantelet gris par dessus une robe bleue et tricotant attentivement. Son troupeau gris et noir broute derrière elle. Au-delà s'étend la plaine' dénudée , une charrette s'arrondit au loin sous son dôme de gerbées, et quelques arbres ferment l'horizon. Le soleil, encore haut et caché derrière un nuage, lance des clartés qui 'irradient en traînées plus blanches sur le fond rosé du ciel tout chargé d'electricité. Le temps est lourd, et les chaudes vapeurs qui se dég3gent de la terre enflamment l'horizon. Cet horizon peut il être aussi rouge, alors que le soleil en est encore loin ? C'est une question que nous posons à M. J.-F. Millet, lequel ne fait rien qui ne soit pris sur la na-ture. Mais qu'il ait trouvé ou imaginé cet effet, le tableau n?en est pas moins un des meil'eurs de son oeuvre, remarquable par l'harmonie colorée de tant de teintes diver-ses foniues dans l'unité d'un ensemble lumi-neux, et par l'impression de chaleur lourde et énervante qui s'en dégage. M. J. F. Millet a été moins heureux dans l'autre tableau Des paysans rapportant à leur habitation un veau né dans les champs, et le portant avec auiantde solennité qu'ils feraient du saint-sacrement. Là le dessin est simplifié au-delà du permis, la touche est cotonneuse et maladroite, et il est impossible de concevoir comment le même artiste a pu composer deux tableaux si dissemblables. Il faut pouvoir faire servir le trivial à l'expression du sublime c'est là la vraie force, a dit M. J. F. Millet. Ou M. J.-F. Mil-let ne possède pas la vraie force , ou sa for-mule est fausse, car toutes les fois qu'il s'est trouvé en face d'un sujet trivial, il a produit des oeuvres manquées, et des oeuvres fortes et saines toutes les fois qu'il était en présence d'un sujet qui n'était que simple. Faire ser-vir le trivial à l'expression du sublime, c'est la formule de la préface de Cromwell, si nous avons bonne mémoire. Mais V. Hugo ne met pas le sublime dans le trivial, bien qu'il l'y confonde un peu trop aujourd'hui. Il est pour lui une anti-thèse. Et d'ailleurs dans la littérature, où les choses n'ont de forme et de couleur que ce que l'auteur en met dans son style, ce style peut couvrir de ses magnificences les choses les plus vulgaires et les plus bizarres. Mais dans l'art, où la forme et les couleurs sont les seules modes d'expression, comment le trivial, - le trivial, entendez-vous? ce qui est vulgaire par l'action ou le contour, pour-rait-il devenir sublime ? Un artiste de talent pourra dégager Pâme des choses, que le spec-tacle de chaque jour nous empêche d'analyser mais ce seront des choses habituelles et non triviales. Et puis la même action naturelle pourra être faite par deux hommes , triviale-ment par l'un, avec une certaine ampleur de gestes par l'autre, et parce qu'un artiste aura saisi ce qu'il y a de style dans l'action du se-cond et l'aura accentué, pourra-t-on dire que l'action triviale du premier sera devenue l'é-lément de l'action , non pas sublime , mais pittoresquement belle du second ? La théorie de M. J. F. Millet nous semble fausse en tous points, d'autant plus qu'il en a été la première victime ce que nous re-grettons vivement, car nous avons un pro-fond respect pour cet artiste courageux et tenace, qui poursuit sa voie, malgré la critique -et rparfois les sarcasmes. M. Y.iMongodin, de Vire, aime toujours le monde des infiniment petits, éclairés d'une lumière blanche et froide sur des carnations rouges. Nonobstant, la Dînette et la Partie de Billes sont d'agréables petits panneaux bien étudiés et facilement peints. 1 e port Pi, à Mayorque, de M. Morel-Fatio, de Rouen, nous rappelle certaines dés agréa-bles matinées de Joseph Vernet. C'est la même mer Méditerranée, et ce sont les mê-mes felouques, et le même soleil perçant un brouillard rosé mais la ressemblance s'ar-rête à la similutude des modèles. Il y a moins d'apprêt chez M. Morel-Fatio et un sentiment plus naïf de la vraie nature. Dans l'Hivernage devant Kinbum, nous re-trouvons un autre brouillard mais celui ci plus froid et plus dense. Il estompe tout les canonnières emprisonnées dans les glaces et protégées par leurs filets d'abordage , ainsi que les hommes qui marchent sur les eaux solidifiées. M. Morel-Fatio a peut être eu tort d'exposer en même temps deux oeuvres à peu près semblables d'aspect, mais dissemblables cependant par la qualité du ton. Peut être aussi est ce une coquetterie d'artiste d'avoir voulu se montrer expert en ces finesses de la couleur. La Nature mor te de M. X., de Rouen, a le mérite d'être aussi facilement peinte qu'elle est simplement composée. Une bour-riche renversée, d'où sortent , parmi Je foin, un chapon et des pigeons, puis une soupière en faïence de Marseille, en font tous les frais. Peut-être les seconds plans en sont-ils trop négligés. L'Officier de Lansquenets sous Louis XIII, salarie en tête et debout dans son costume rouge sous sa eu rasse noire dont quelques bandes brillantes réveillent les opacités, re gariant par la fenêtre étroite d'un corps-de-garde, était trop haut placé pour que nous puissions en parler. M. E. Normand, de Rouen, sans maître connu, jouissait du tri-te privilège d'exciter au plus haut degré l'hilarité du public dans les salles annexées. Mais aussi jamais on n'avait vu au salon de couleurs D'US violentes étalées sur une toile, sous piétpxte de tableau, par une main plus inexpérimentée. Les Fleurs et les Fruits de M. Normand forment deux panneaux décoratils. Quelle décoration ! Dans chacun de ceux-ci , deux entants rouges accompagnent une corne d'abondance d'où tombent ici des grappes de fleur?, là des monceaux de fruits, et les imprudents flairent les unes, goûtent aux autres. Que l'on s'é-tonne, après cela, s'ils font la grimace ! Une clairière au fond d'une gorge isolée, bordée d'un côté par un éboulis de terres ar-gileuses , montant de l'autre côté en pentes herbeuses où croissent de grands arbres , en avant d'un épais taillis pour premier plan, un peu d'eau, que protègent quelques arbres effiléq, et sur la pente, une femme appuyée sur le coude et lisant sous un rayon de lu-mière , telle est la composition que M. A. Oudinot, de Damigny, appelle Solitude. Il y a, en effet, dans ce paysage, un calme et un recueillement qu'augmente encore une cou-leur un peu sourde , qui est ici plutôt une qualité qu'un défaut. Il n'en est pas de rême dans l'autre paysage intitulé Bords de l'Oise. Quelques gaîtés de palette n'y messiéraient pas. Le portrait de M. L. , par M. Palix, de Sour-deval, posé avec aisance sur une chaise, au dossier de laquelle s'appuient les deux mains du modèle, deux mains point banales et bien étudiées, est exécuté avec soin et fait une oeuvre estimable. Mais que M. Palix évite l'é-cueil des tous violets. M. Théodule Ribot, de Breteuil, peut passer aujourd'hui pour un mai re dans l'art de modeler en pleine âte des chairs saines et solides, sortant avec la puissance de leurs colorations des fonds noirs, qu'il affectionne plus que de raison, et qui, nous le craignons pour. lui, noieront un jour ses demi teintes dans une nuit éternelle. Dans le Chant du Cantique, il y a quatre enfants habillées de noir ou de brun, - une seule porte une casaque rouge , - qui chantent guidées par une vieille femme, habillée comme elles, qui de sa tête ne montre presque que la nuque. Le fond est noir mais tous les costumes s'en détachent, et tous ces visages dont les carna-tions, un peu barbouillées, sont fouettées de vermillon, peints et modelés largement, ont un air de vie qui réjouit- Ils ne sont pas beaux, mais ils sont merveilleux d'exécution. Cette exécution est plus prestigieuse encore dans les Rétameurs. L'un, qui ne laisse voir du blanc qu'autour de son col, de ses bras nus et de ses pieds chaussés d'espadrilles - et quei blanc ! - fait jouer un soufflet de ses mains calleuses et rouges sous la couche de métal et de charbon qui les noircit. L'aide, placé en arrière-plan , gratte le fond d'une cafetière. Sur l'établi une bouilloire en cui-vre jette quelques reflets rouges au beau milieu des outils et des fers à souder, noirs ainsi que le sol et le fond. Il est impossible, en présence de ces vigueurs de colorations et de cette franchise de facture, de ne point songer à Ribera et à Velasquez. M. Ribot est de leur école mais qu'il ne nous force point d'écrire si souvent le mot noir Il lorsque nous avons à parler de sa peinture et de son beau talent. C'est encore un coloriste, mais plus varié de ton et sj rapprochant davantage d'Eugène Delacroix , que M. Julien de la Rochenoire, du Havre. 11 aime l'action et la couleur en mouvement, dût le dessin quelque peu en souffrir. EL 1820, la diligence de Dives à Caen fut surprise par la marée montante entre les basses ialaises et la mer. Camille Roque-plan trouva dans cet accident assez extraor-dinaire un de ses meilleurs tableaux c'est celui que M. de la Rochenoire vient de refaire dans un autre sentiment La Diligence est lan-cée au galop de ses cinq chevaux, que les va-gues effraient et dont quelques-uns se cabrent. Tout est agitation et mouvement dans cette toile, sur la terre et sur les flots. Ceux ci, in-certains , peu dessinés , ne dressent-ils pas une muraille trop élevée contre la voiture? Toutes les colorations sont elles assez égale-ment soutenues pour qu'il n'y ait pas une certaine dislocation dans l'ensemble ? Ainsi le cheval noir de limon disparaît entièrement et se perd dans le fond. Il en est de même dans les chevaux de l'autre tableau intitulé, le Bac. Destinés à faire valoir la belle robe soyeuse d'un che-val blanc qui fait un écart et se cabre, ils se confomderit avec le ciel sombre du fond et les eaux limoneuses qui clapotent contre le bac. C'est un point que M. de la Rochenoire de-vra surveiller en même temps qu'il lui fau-dra donnpr plus de précision à son dessin, parfois incorrect, pour vouloir exprimer le mouvement avec trop d'énergie. Dans une Matinée en Normandie, la muse de M. P. de Saint-Martin, de Bolbec, a chanté sur un mode moins élevé que d'habitude, mais elle a chanté aussi bien. Son paysage est un vrai paysage normand, un peu gris, sous un ciel moutonné, avec moins de relief peut-être que n'en a la réalité. C'est même un pay-sage cauchois. Sur le devant, un cours d'eau s'étale sur le sable au sortir vers la droite d'un ponceau en bois que traverse un chemin. Quelques arbres s'élèvent sur la berge du mi-lieu d'une haie, en avant de chaumières en charpente garnie de bauge jaune. Au débouché du ponceau, s'enfonce une plaine peu étendue que termine un rideau d'arbres. Le jour arrive du fond, qui est en pleine lu-mière , tandis que le second plan est dans l'ombre, ainsi que les eaux, qui nous sem-blent un peu jaunes, soit qu'elles charrient du limon, soit plutôt qu'elles laissent trop voir le sable de leur lit. Il nous semble que quelques barres lumi-neuses comme savait en poser le bonhomme Watelet, dont on s'est tant moqué à cause de son éternel ruisseau sur un lit de galets, feraient cesser l'incertitude sans rompre le calme où M. Saint-Martin a voulu laisser ses premiers plans, afin de faire valoir ses fonds. M. Sebron, de Gaudebec, est toujours l'ha-bile peintre d'intérieurs que l'on sait, et depuis longtemps il n'avait rien exoosé d'aussi important que la Cartuja de Mira flores. C'est une chapelle à une seuie nef, aux nervures en dentelles, vue du choeur, que garnissent des stalles en chêne noirci. Au centre s'élève une belle tombe gothique où sont couchées les effigies de Jean II et d'Isabelle de Portu-gal. Un autre tombeau de même style garnit un arc creusé dans la muraille. La lumière arrive radieuse et blonde par la rose du portail et se distribue à merveille dans toutes les parties de l'édifice. Ganaletti, et après lui Piazetta, et après ce dernier Jnyant nous semblent les inter-prètes les plus filèles de ce qui fait Venise, c'est à dire son ciel, sa lumière et ses eaux. Aus i, malgré ses mérites , la Vue de Venise par une matinée de Printemps de M. Sebron ne saurait nous rappeler autre chose que l'ar-chitecture de la Piazetta, qui occupe le pre-mier plan, et de la Dogana, qui se voit au fond. Mme H. Sélim , de Rouen, a peint un por traitquelque peu géométrique de Saïd-Pacha, le dernier vice-roi d'Egypte. Son Altesse, dont les yeux ne sont guère d'ensemble, est coiffée d'un fez rouge et vêtue d'une ample redin-gote bleue , large du corps et large des man-ches , carrée et sans plis, comme dans une gravure de modes. Les mains sont molles et la figure n'est guère modelée. Après cela peut-être, les Egyptiens ne tiennent ils pas beau-coup à posséder une image irréprochable d'un prince qui leur a coûté tant d'argent et légué de si grands embarras. Il y a du talent, et surtout la marque d'un coloriste dans la Suzanne de M. J. Sevestre , de Breteuil. Que ce soit Suzanne ou une autre, c'est une femme nue, debout et de face, dont les carnations colorées se détachent sur une draperie blanche, qu'elle étale et soutient derrière elle, rien que pour faire enrager les deux vieillards que l'on aperçoit par une trouée du feuillage sombre qui entoure la belle Juive. L'attitude est élégante, la silhouette est cher-chée avec soin, et cette petite Vénus biblique est une des bonnes études de femme nue qu'il y ait eues au salon dans ces dimensions. M. Tesnière, du Havre, n'annoncerait point qu'il est élève de M. E Le Poittevin, qu'on le devinerait de reste à sa façon de peindre et de colorer. Un Bac sur ta rivière d'Orne présente l'accumulation d'autant de choses diverses qu'il est possible d'en réunir sur une même toile. Il y a d'abord la - rivière d'Orne, qui s'enfonce en tournant au pied de coteaux cultivés qui tournent comme elle. Puis, à droite et au centre, sur la berge accidentée, il y a une cabane, des barques échouées et un embarcadère en charpente sur les eaux, on voit le bac rempli de monde, et en ar-rière un allège , en arrière encore un brick à l'ancre t puis par dessus tout un ciel cou-vert de gros nuages blancs. M. Tesnière s'est habilement tiré de tout cet amas de choses. La Marée basse à Bernièressur Mer, où des paysans chargent du varech sur leurs voi-tures , est plus simple et forme peut-être un tableau plus individuel. Avec quelques gravures d'après Lesueur, M. Angel Thouin, d'Alençon , a peint un Ravissement de Saint Paul, tiré à deux anges, qui figurera sans doute un jour sur quelque bannière de village. C'est la seule place d'honneur que cela puisse ambitionner. Une orange ouverte forme une étoile jaune au milieu de raisins et de framboises pâles étalées sur une feuille de chou, en compa-gnie de pêches. Un melon trône au fond sous un dais de volubilis. Une épingle à cheveux perce de ses deux pointes noires une banderole qui porte ces mots HONY SOIT QUI MAL Y PENSE. Que diable M. Trébutien , de Bayeux, a-t-il voulu dire avec ce bizarre assemblage ? Au lieu de poser des énigmes, M. Trébutien ferait mieux de résoudre celle que la nature pose toujours à ceux qui s'es-saient à la traduire, et de ne point se conten-ter d'à peu près. Le Christ en Croix, de M. Viger-Duvignau, est un honnête crucifié, qui n'a guère souf-fert , heureusement pour lui sa chair n'a point frémi, ses muscles n'ont point peiné, et il se tient droit contre le bois ignomineux le plus tranquillement du monde. Sa vue ne troublera point la solennité des audiences de la salle du Palais-de-Justice, où il est destiné. Le petit tableau qui accompagne cette grande commande officielle, très agréable-ment composé, est une de meilleures choses que M. Viger Duvignau ait encore exécutées. L'impératrice Joséphine reçoit à la Malmaison la visite de l'empereur Alexandre et lui recom-mande ses enfants , c'est-à-dire la reine Hor-tense, qui accompagne sa mère, et un petit prince, qui n'est autre que l'empereur actuel des Français. Il y a bien un certain combat de couleurs trop heurtées dans les costumes, fort bien peints du reste, des quatre acteurs de cette scène, dont nous louerons l'agencement. Mais ce que nous louerons surtout, c'est la façen dont sont traités les accessoires et les fonds composés avec un grand scrupule historique. Il y a notamment une cheminée garnie de ses bronzes dorés qui est peinte avec une légèreté et une précision très remarquables. Encore un effort vers la recherche de la cou-leur, qui est toujours froide et sans unité chez M. Viger-Duvignau qu'il peigne tout de la façon de cette cheminée, et il sera arrivé. Desain8, aquarelles, miniatures, porcelaines. Nous ne trouvons pas grand'chose à dire du dessin au fusain de M. G. Bellenger, de Rouen, qui représente une site rocheux dans la forêt de Fontainebleau, si ce n'est que tout y e-t sur le même plan. Le Paysage de M. G. Bouet, de Gaen , n'est pas gai, mais c'est une fort jolie aquarelle , Où des rochers roses, qui ont glissé le long des pentes de montagnes crayeuses , surgis-sent des eaux qui en baignent le pied et s'enlèvent sur un ciel gris bleu. L'habileté de M. Armand Cassagne, du Lan-din , dans le maniement de l'aquarelle , est devenue des plus grandes , et ses paysages , largement enlevés, sont pleins de soleil et d'ombres transparentes. L'Intérieur d'un bois, criblé de flèches d'or sur ses rochers et sur les troncs de ses arbres , est surtout d'un effet très vrai et très original. M. Chaplain , de Mortagne, premier grand prix de Rome , l'an dernier, pour la gravure en médailles , s'amuse à tracer à la mine de plomb des portraits d'amis , d'un dessin très précis et d'un modelé très serré , bien qu'exé-cutés avec une grande liberté de main. Le dessin au fusain, genre qui prend une grande extension aujourd'hui et auquel quel-ques artistes de talent savent donner de beaux tons veloutés et ùne transparence re-marquable , n'est pas encore un mode d'ex-pression dont M. Couraye du Parc , de Saint-Lô , soit devenu maître tout-à-fait. Ses deux dessins sont, en eff. t, de mérites inégaux. Dans la Vue de Mortain , amas de rochers en pente, qui descend en avant d'un rideau d'arbres , l'effet est lourd et sans lointains. Dans la Mare de Bouillon, au contraire, vaste étendue d'eau bordée sur sea deux rives de grands arbres qui forment promontoire au premier plan , les fonis sont lumineux et lé-gers , et la perspective aérienne est haDile-ment ménagée. Notons seulement les deux portraits en mi-niature ae M. Desvaux, qui nous ont échappé dans nos recherches à travers l'exposition recherches assez pénibles pour que le temps passé à trouver tous les éléments de cette longue revue l'emporte peut être sur celui nécessaire pour l'écrire. M. André Durand, d'Amfreville-Ia-Mivoie, continue à exposer chaque année quelques-unes des études sur la Toscane qu'il exécute pour l'album que M. le prince Anatole Demi-dofl lui a commandé. Cette année, ce sont deux spécimens de cette architecture toscane du moyen-âge, si originale avec ses assises alternées en marbre blanc et noir, et son style gothique, qui n'a jamais pu s'affranchir entièrement des souvenirs antiques. La fa-cade de la Cathédrale de Sienne et son cam-panile sont un des plus beaux exemples du style fleuri qui régnait en Italie au commen-cement du treizième siècle. La facade de la cathédrale de Prato est plus sévère et appar-tient à ce qu'en France nous appellerions le style roman. Les dessins de M. André Durand, à moitié pittoresques, à moitié géométriques, donnent une idée suffisante de ces riionuments pour qui ne veut pas les étudier en archéo-logue. Autrement, il faudrait quelque chose de plus. Parmi le nombre assez grand de fleurs en porcelaines qu'un certain nombre de dames et de demoiselles ont exposées, celles de Mme Fon-tane , de Caen, se font remarquer par leurs qualités de facture et de ton. M. F. Langée, deMaromme, dont nous nous sommes déja occuués avec tout le soin que mérite son beau talent, a exposé deux des cartons qui lui ont servi pour la décoration de l'église collégiale de Saint-Quentin. L'un représente le Christ debout montrant le Livre aux deux apôtres saint Pierre et saint Paul agenouillés de chaque côté de lui. L'autre nous montre Saint Pierre assis , figure d'un très beau caractère et d'un grand style. L'Etude d'Iris, aquarelle de Mlle A. Laval, de Cherbourg , nous semble supérieure à l'Etude de Raisins, qui sont transparents et sans relief. Il y en a peu à l'exposition qui traitent l'aquarelle avec autant de furie que le fait M. J.- C. Lefebvre, de Rouen. Le Sornmir du Vieux Rouen est un chaos de vieilles maisons à pans de bois, disloquées, ventrues et som-bres , dont quelques échos de lumière éclai-rent de place en place les façades lépreuses. Les Moulins picards, mal assis sur leurs bases, avec leurs ailes édentées comme de vieux peignes, immobiles et ruinés sous un ciel tourmenté , offrent au soleil un truculent aspect d'abandon et de délabrement sous les lianes qui les tapissent. Tout ceci est très habilement exécuté mais où la nature offre-t-elle de pareils modèles ? Un fort joli portrait à la sanguine de Mlle B., grand comme nature, complète l'exposition de M. J. Léman, de l'Aigle. M. Marie Lebret, du Petit-Couronne, a fait deux copies, à l'encre de Chine rehaussée de couleurs, de la Nativité de la Vierge et de la Cuisine des Anges, deux tableaux de Mu-rillo acquis il y a quelques années iar le musée du Louvre. Il y aurait beaucoup à dire sur ces copies, qui, si elles rappellent à peu près les originaux par le dessin, s'en éloignent tout-à-fait par la couleur. Les porcelaines de Mlle de Maussion, de Fa-laise, interprètent toujours avec une coule u légère et agréable les originaux du Louvre , que ce soit un tableau monté de ton, comme le Sommeil de Jésus, de Sassoferato , ou un pastel blond, comme la Marquise de Pompa-dour de Quentin Latour. Que dire des deux portraits en miniature de Mlle Eugénie Morin, que nous ne l'ayenl dit déjà 9 La médaille que le jury leur a dé-cernée parle plus haut que nous ne pourrions le faire, et de ce jour notre jeune compatriote est classée parmi les artistes qui comptent et qui sont l'honneur des salons. On devine, à la grâce naturelle de ces portraits et au des-sin un peu cherché des contours que leur auteur est une femme mais c'est un talent très viril qui les a si largement touchés et si scrupuleusement modelés. Nous avons loué les tableaux de M. Se-bron cela nous dispense d'en faire autant pour ses pastels. Quand on a du talent, si l'on fait, par malheur, un portrait comme celui de Mme Anna de la Grange, du Théâtre-Ita-Italien, on doit prendre garde de l'exposer. La copie à l'aquarelle du Saint François d'Assise, de Benouville, dénote chez Mlle Wyatt de Vivefay, de Rouen, un plus juste sentiment de la couleur que du dessin. Les extrémités - des personnages sont lourdes, mais let on général du tableau est bien saisi les fonds surtout sont d'une fort belle cou-leur. -Une très grande franchise de ton fait éga-lement valoir le Portrait de l'Infante Mar-guerite, d'après le Velasquez du Louvre. Seu-lement ce ton nous semble plus rosé dans la copie que dans l'original. Sculpture. M. Ghaplain , dont nous avons cité plus haut les portraits à la mine de plomb, n'a envoyé au salon que deux bustes en terre cuite, exécutés probablement avant son dé-part pour la villa Méoiicis. Ces bustes, l'un d'homme et l'autre de femme, sont finement modelés et touchés avec une liberté de main qui laisse transpirer la vie dans ces es-quisses sans prétention. Mme Fortin, de Caen, a fait de son fils un buste en plâtre très estimable, mais qui pè-che quelque peu par le défaut d'ensemble dans les traits. En 1861. nous avons assez longuement parlé, pour n'y r oint revenir dans cette revue du salon, du Colin-Maillard dont M. Lebarivel-Du-rocher avait alors exposé une épreuve en p'â-tre. Cette figure de jeune fille , traitée dans les dimensions de la nature, nous avait sem-blé être anti-sculpturale avec ses bras proje-tés en avant, ses jambes hé-itantes et écar-tées et son visdge à moitié caché. L'auteur semble avoir partagé notre avis, car il s'est contenté de faire couler en brorze sa statue, au lieu de l'exécuter en marbie. Ayant à faire une figure de Sainte Madeleine pour la nouvelle église Saint-Augustin , à Parip, M. Leharivel Durocher a choisi pour représenter la pécheresse le moment où celle-ci se retire d'auprès du Christ, le vase de par-fums encore dans sa main gauche et tenant de la droite, réunies sur sa poitrine que seules elles vêtirent un jour, les ondes de l'opulente chevelure qui viennent d'essuyer les pieds de Jésus. La tête longue et étroite, et toule jeune, n'est point celle d'une courti-sane , mais plutôt d'une femme sentimen-tale , pécheresse par tendresse de coeur. Le bras gauche à demi-nu iamène sur la poi-trine, trop découverte apparemment, les plis nombreux d'un manteau qui enveloppe le corps et se drape un peu à la façon des sculptures gothiques. Cette statue, exécutée en pierre, avec un grand soin, appartient à ce genre religieux et doux qui caractérise le talent de M. Leharivel Durocher. M. Ed. Peau, du Havre, a modelé très lar-gement et d'une façon un peu martelée un buste d'homme en terre cuite, qui rappelle le style et la facture des oeuvres similaires du dix-huitième siècle. Architecture. Des études très intéressantes sur les an-ciennes fortifications de l'entrée du port de la Rochelle, par M. Juste Lisch, d'Alençon, cons-tituent tout l'apport de la Normandie à l'expo-sition d'architecture. Mais cet apport est im-portant aussi bien par l'originalité des résul-tats où ses recherches ont conduit M. Jules Lisch que par l'exécution des nombreux des-sins qui les justifient. On connaît par les gravures exécutées sous la direction de Le Bas, d'après le tableau de Joseph Vernet, les deux tours, l'une haute et carrée, l'autre ronde et basse, qui défendent l'entrée du port de la Rochelle, mais ce qu'on ignorait et ce que M. Jules Lisch a tiouvéen étudiant avec soin la tour carrée, c'est qu'un arc immense, jeté par dessus l'entrée du port, allait de celle ci à son opposée. Les voussoirs de sommier existent encore et indiquent la forme de la courbe. Cet arc soutenait un chemin de ronde crénelé, de sorte que, taDdis que les vaisseaux qui auraient voulu forcer l'entrée du port étaient arrêtés par la chaîne, dont la ma-noeuvre s'explique par les traces laissées dans le mur de la chambre qui lui était destinée dans la tour qui porte encore le nom de Tour-de-la-Chaîne, des projectiles incendiaires et des armes de jet pouvaient être lancés du chemin de ronde sur le pont du vaisseau. Un peu plus loin, une autre tour des forti-cations était coiffée d'une aiguille, comme un clocher, qui devait servir d'amers pour l'at-térissage, d'autant plus qu'une tourelle, au-jourd'hui décapitée, qui monte à côté du clocher et renferme un escalier à vis, ne pouvait avoir d'autre objet que de renfer-mer un fanal qui, pendant le nuit, guidait les navires. Toutes ces particularités sont indiquées et justifiées par M. Juste Lisch dans leurs plus petits détails, dans des dessins très habile-ment et très simplement faits, qui lui font le plus grand honneur et lui ont mérité une médaille. Gravure. La chalcographie du Louvre a confié à M. C. Chaplin, des Andelys, l'exécution d'une grande gravure à l'eau forte, d'après le célèbre tableau de Watteau, intitulé l'Embarquement pour l'île de Cythère. Soutenu par l'origmal, M. C. Chaplin a fait une planche spirituelle et colorée, qui rappelle la peinture de Watteau, aussi bien que peuvent le faire l'eau-forte et un artiste qui n'est pas un contemporain car il ent à remarquer que chaque peintre a trouvé autour de lui les graveurs qui l'ont le mieux interprété, et qui, animés du même sentiment esthétique que le sien, ont su, de prime abord , se plier à ses idées et s'iden-tifier à sa couleur et à son style. Moins heureux lorsqu'il travaiiled 'après lui-même que lorsqu'il lui arrive de vouloir traduire Watteau , parcequ'il est moins difficile pour ses propres oeuvres, M. C. Chaplin a produit une foule d'eaux-fortes et de lithographies dont nous ne parlerions pas, s'il n'en avait exposé des spécimens, et que nous regrettons, pour plusieurs motifs, de voir signer par un artiste de cette valeur. Le Paysage au soleil lwant, eau-forte, par M. Ernest Lefebvre, président de la Société des Amis des Arts de Rouen, témoigne de très grands progrès, bien que le dessin y laisse encore à désirer. Ainsi les prairies du premier plan à gauche et les terrains boisés qui les limitent au pied d'un coteau sont mal assis et semblent placés au-dessous du niveau de la rivière qui les baigne. La futaie de droite, toute dans l'ombre, est plus solide et fait valoir à merveille l'effet brillant de la lumière matinale qui envahit les fonds et se répand sur les prés. M. C. Regnault, de Bayeux , qui dépense une grande somme d'habileté un peu à l'a-venture, a exposé deux petits portraits, celui de Voltaire et la tête d'une jeune fille, exécu-tés de cette pointe légère qui effleure à peine le cuivre et y trace une image qu'un souffle semble pouvoir enlever. Il faudrait craindre qu'à ce jeu tant de talent ne s'évaporât, et nous voudrions que M. C. Regnault alternât ce qu'il appelle des improvisations sur aeier. avec quelques bons burins bien vigoureux , comme il a témoigné qu'il en savait faire. M. Ribot n'est pas de la même école, et c'est la légèreté qu'il faudrait souhaiter à ce peintre, lorsqu'il manie la pointe et attaque le cuivre avec l'eau-forte. Ses deux portraits de M. Cadart et de M. Vollon participent des défauts qui semblent spéciaux à la Société des aqua-fortistes, dont M. Cadart est l'édi-teur. La touche en est quelque peu brutale , et l'effet est donné par l'opposition des blancs aux noirs absolus, sans l'intermédiaire des demi-teintes. Ce n'est pas ainsi que M. Ribot procède dans sa peinture, très énergique ce-pendant, et si une eau-forte ne doit être qu'un croquis, encore faut-il que ce croquis soit léger et participe des qualités qu'aurait une oeuvre plus achevée. M. Julien de la Rochenoire, du Havre, a traluit à l'eau-forte le tableau de la Mort THippolyle, qu'il avait exposé l'an dernier. Son travail, harhé et tourmenté v rend d'une facon très juste l'effet du tableau. Nous lui reprocherons cependant des noirs trop ab-solus. M. Louis Sargent, de la ville d'Eu, est un de nos graveurs sur bois dont le talent est le plus souple. S'il n'a pas su dorner un effet très accusé aux Fleurs et Fruits dessinés par M. A. de Bar sans grand caractère peut-être, il a su rendre dans une Matinée, d'après M. Corot, toute la légèreté et tout le charme de la couleur du maître , habilement traduit sur le Dois par le crayon de M. Français. Lithographie. La lithographie se meurl, et pprsoane, parmi les Normands qui la pratiquent en-core, ne remolacera Eugène Leroux , qui fut un des derniers artistes qui l'ont soute-nue de leur talent. Le Portrait de M. Cabanel, par M. G. Bellanger, de Rouen , est assez fa-cilement traité, mais plutôt dur que monté de ton, et les Portraits inédits d'artistes, que M. Legrip lithographie pour l'oeuvre de M. le marquis de Chennevières , sont des fac si-milés. M. Loutrel, peintre aujourd'hui, a com-mencé par la lithographie, qu'il a quelque raison de délaisser, car il la traite comme on fait d'une chose ennuyeuse. Les Enfants d E-douard sont exécutés assurément d'après la gravure de M. Foister et non d'après l'original de Paul Delaroche , car à distance ils rappel-lent l'aspect velouté du burin mais de près le travail est vide et sans finesse. Le Portrait de Vèvêque de Limoges confond dans la même tonalité grise la tête et le fond. Décidément M. Loutrel préfère le pinceau au crayon li-thographique et montre trop ses préférences. Si nous résumons nos impressions, nous devons nous trouver satisfaits. Plusieurs de nos artistes normands sont placés hors de concours par les récompenses qu'ils ont obtenues, et trois médailles dans la section de peinture sont venues reconnaître les mérites de MM. J. F. Millet et RIbot, amS1 que ceux de Mlle E. Morin. Une dans l'architecture a récompensé les études de M. J. Lisch. En dehors de ces récompenses d'honneur, les acquisitions de_l'Etat feront entrer dans les musées de Paris ou de la province les oeuvres des artistes suivants Berthélemy. - Le Vauban désemparé. Cabasson. - La Captivité de Saint Louis, oeuvre commandée. Chaplin. - Les Bulles de Savon. Couveley. - Le Port de Bordeaux. Lhullier. - Le Départ pour le pâturage. Saint-Martin. - Une Matinée en Nor-mandie. Sebron. - La Cartuja de Miraflorès. La gravure de M. Chaplin lui était com-mandée, et la Sainte Madeleine de M. Leha-rivel-Durocher sera placée dans une égliseje Paris. Nous avons signalé les mérites des oeu vres de MM, Laugée, Ribot, Chaplin, J. Lé-man, J.-F. Millet, Saint-Martin, Berthelemy, de Mlle E. Morin, du sculpteur LeharivelDu-rocher, artistes dont le talent s'affirme de jour en jour davantage. Nous avons salué l'arrivée de M. Lhullier, sans omettre de faire apprécier ceux des artistes depuis longtemps parvenus à la réputation, comme MM. Morel-Fatio et Sebron, qui n'avaient point démérité d etjXSnêjntîs. L'exposition, ce nous semble, 'boqatesjpour les artistes normands, oousçîioiis plaisons à le constater.
BEAUX-ARTS.. LES ARTISTES NORMANDS AU@@@@@@ DE 1864. @vi@ture. Man n m qwles expositions deviennent annuetféé, _si £ ous permettra de ne point faire précéder d'un préambule cette revue des artistes normands dont les oeuvres figu raient au salon qui vient de se fermer. Après l'avoir à peine terminée, ce sera bien asse7 que de nous remettre encore au travail dans trois mois, lorsque l'exposition municipale de Rouen tera ouverte. Nous commençons donc, en suivant, comme d'hahitudp, l'ordre alphabétique. M. Aillaud, de Rouen, n'a guère eu d'autre prétention que de faire figurer sa carte au salon en y envoyant le Porirait du marquis d'A@@. et un Voltigeur de la Garde Impériale. Ces deux toiles, très librement, trop librement traitées même, prouvent l'habileté de M. Aillaud. Le porirait équestre du marquis d'A@@.@ fn cos-tume de chtf d'escadron de l'armée d'Afri-que, suivi d'un spahis et lancé au plein ga 186 © lop de Eon cheval, est surtout d'une couleur agréable et lumineuse. Le type du volti-geur de la garde impériale est assez réussi pour que l'empereur l'ait acquis mais il nous faut l'an prochain des oeuvres plus étu-diées et en progrès sur celles de l'an der-nier. M@a- Catherine d'Aure, d'Evreux, se livre pour notre malheur à la Dature morte. Voici pourquoi nous disons pour DOT@Ô malheur . Lorsqu'un tableau de nature morte est quelque peu remarquable, et il faut qu'il le soit beaucoup pour le paraître un peu, on s'en sert en guiss de remplissage, peur assor-tir ensemble deux toiles qui se nuiraient, étant rapprochées. Lorsqu'il est mauvais, on le pend sous la coriiiche. Celui de M@@™ Cathe-rine d'Aure servait de liaison entre deux toi les dont les tons violents hurlaient les uns contre les autres, mais il était perdu loin de son rang de bataille. - Quel assemblage de choses disparates sur une table de marbre rouge des Pyrénées ! Des pnmmf? dans une assiette, une tête d'artichaut, des framboises sur la bran-che, une cafetière d'argent, des pêchef, une cruche à cidre en vie lie faïence de Rouen et un potiron pour relever le tout, en avant d'une draperie@! C -rtaines parties sont habile-ment traitées, comme la cafetière d argent d'autres sont moins b'en mais le tout r.e pourrait que gagner à une facture un peu plus ferme. M. Albert de Balleroy, de Lanné, était en décadence l'an dernier sur l'année précé-dente, et ses tableaux n'étaient pas des meil-leurs cette année ils sont au-dessous de ce qu'ils étaient l'an dernier, et ils ne sont pas bons. La maladie de M. Manet, la maladie espagnole, l'a pris, et il peint avec des tons crus, noyés dans l'huile, étalés comme de l'aquarelle et sans liaison, mais aussi sans force. On dit que c'est ainsi que peignaient Velasquez et Goya. Tans pis pour ceux qui le disent, car Velasquez est un grand peintre, Goya est un agréable coloriste, mais la Chasse au sanglier en Espagne et le Cerf a @Peau ne sont ni d'un peintre ni d'un coloriste ha-biles. M. Eugène Bellangé nous inquiète, etr.ous aurions vculu de pins grands progrès chez lui. Un Soir de Baiaille nous semble supérieur aux tableaux du dernier salon, mais nous n'y voyons point que M. E. Bellangé s'y soit corrigé de certaines vulgarités de dessin et des tons groseille dans les rouges que nous lui avions signalés. Nous notei ons un torse nu de@troisième plan, qu'il valait mieux ne pas mettre en scène, plutôt que le dessiner de la façon qu'il l'a fait, et une baLitude de modeler les frunts où il fait saillir une double gibbosité qui lui est particulière. Le Soir d'une Bataille de M. E. Be'langé nous mo' tre Je troupier fiançais faci t'ment ou-bl eux de la lutte humain et généreux pour les van eus. Que les étrangers en tassent autant de leur côté, nous n'y trouverons rien à redire. Les sentiments de fraternité et d'es-time internationale ne pourront même qu'y gagner. Donc nous sommes en Italie, au soir d'une bataille que, tout naturellement, nous avons gagnée. Des Autrichiens gisent sur le terrain, morts ou blessés. Les morts ne crient point comme dans cette narration de-meijiée célèbie, mais les blessés cessent de faire les morts , puisqu'on ne se bat plus et qu'on dépouille quelque peu ceux qui sont couchés à terre. Les soldats français les Fe-courent. Un zouave donne le bras à un offi-cier que les siens sa'uent en se soulevant. Parmi eux un officier français nQ se relèvtra plus de la place où il est tombe Un de se@ sol-dats le regarde avec regret, tenant en main son sabie inutile et désormais triste relique de famille. Les divers épisodes de cette scène, disposés sur t n tertre, se composent facile-ment et s'enlèvent, éclairés par les dernieis rayons du jour, sur un ciel d'un gris verdâtre un peu lourd. Un Intérieur d'Atelitr @st celui ce M. H. Bellangé père, qui est là, assis dans un coin et regardant une estampe que le jour 1 @erre et fait voir par transpareLce. L'effet est bien rendu , la couleur bien distribuée la com-position est d'une couleur agréable et soh e, et nous engagerions M. K. Bellangé à suivre parfois la voie que lui montie ce tableau. Pour être fils d'un peintre de batailles, peut-être n'est il pas né peintre de batailles lui-même. Joseph Vernet peignait des ma@nnes et des paysages, taudis que Carie, fon n s, peignait dis chevaux et ne croyait point déchoir. Un peintre de marine, habitué à la mobi-lité des flots, Be doit pas s'étonner si les jn-rvs s'ont changeants. Refusé l'an dernier avec de bons tableaux, M. Berthelemy, de Rouen, est admis cette année avec une des meilleures marines de l'exposition. Sur une mer verte aux longues lames profondu, le Yauban plonge son avant, que cache le nuage de fumée noire sorti de sa cheminée. Le grand mât brisé traîne sur son flii'C @Uéqui-page travaille sur le pont, qu'éclaiie un jour biatard tombant du ciel gris. Peut être l'ar-rière du vapeur est-il bien long, comparé avec la partie placée à l'avant des roues, qui, pcu!-5tre aussi, perd de son importance, la proue étant cachée par la fumée. Mais tout est précis, dessiné avec sûreté et bien dessiné, et d'une colora1 ion très juste, les opacités de la fumée faisant va'oir les trans-parences du ciel et de l'eau. Un Brick en détresse à Saint-Vaast- la -Hougue est une toile moins importante et d'un effet plus sourd. Nous y louerons sur-tout @Ftffet des lames, qui, chassées par le vent ainsi que les nuages, glissent rapides entre les rochers qui garnis-ent la côte. Les tableaux d'architecture de M. G. Bouet, de Caen, que nous continuons à trouver d'une couleur trop uniformément blonde, très habilement distribuée du reste, ont le mérite rare d'être dessinés par un archéo-logue. Les styles y sont affirmés jusque dans leurs moindres détails avec précision et sans sécheresse. Avec un peu plus de solidité dans la couleur, ces intér eurs seraient excellents. Le Cheval à l'Ecurie, de M. E. Bujon, figure dans une des salles consacrées aux artistes non admis au concours des récompenses. C'est un grand cheval d'un blanc un peu jaune , comme tout ce qui l'entoure, et qui nous semble dessiné plutôt de souvenir que d'après nature. Que M. E. Bujon y prenne garde, sa facilité pourrait le perdre, et nous ne pouvons que lui conseiller d'en revenir à l'étude de la nature, qu'il a toujours un peu trop négligée, emporté qu'il est par la fougue de son organisation. Ainsi que Paul Delaroche, son maître, M. Cabasbon, de Rouen , est poursuivi de l'amour de la propreté. Saint Louis en prison après la bataille de Mansourah, alors qu'il avait perdu ses chaussures et qu'il mar-chait sur ses bas-de-chausses , alors qu'il se couchait sur une natte délabrée, au pied du pilier d'une prison, au beau milieu de ses chevaliers malades de la dyssenterie, n'é-tait point vêtu d'un beau pourpo@mt de velours grenat immaculé et de chausses vertes irréprochables, ressemblant à du bronze antique quelque autre désordre de-vait régner en sa toilette, qu'un soulier non chaussé, la majesté royale dût elle en souf-frir. Mais cette majesté devait résider ailleurs que dans le costume chez ce guerrier chré-tien, que Joinville, malgré la touchante fami liarité du récit, nous montre si grand dans ses revers. Puis pourquoi avoir choisi ce type si peu noble, si grotesque même, qui, avec sa perruque rousse, ressemble trop au célèbre Gringalet de notre eufance, maintenant que l'on sait que ce type est relui du roi Charles V@? Si la couleur encore était harmonieuse ! mais elle crie et manque de ressort. A notre avis, M. Caba@non s'est grandement trompé. Le Chemin des Dunes à Ploumanach@, de M. L. Caillou, de Lisieux, n e t point un agréable chemin. Il passe au beau milieu de grands rochers roses, que fait valoir un ciel orageux, qui du jaune passe au vert, puis au noir. Au loin s'étend la mer glacée. Sans un tout petit Breton, qui chemine au pied de ces rocs et leur sert d'échelle de proportion , on ne devinerait guère quelle est leur grandeur, et c'est là un défaut qui provient du point de vue plongeant que le peintre a choisi. L'effet général est trop sourd, les premiers plans ne venant pas assez en avant, défaut que nous avions signalé dans les paysages expo-sés par M. L. Caillou l'an derni r. Le Matin sur les bords de la Risle, malgré un ciel très léger, manque aussi de ressort et surtout de ces teintes 3mbrées qui font le matin. Le ton dominant est le violet. Si la Risle coule à pleins bords entre des rives si solennelles, au milieu de vertes clairières herbeuses qu'abritent de grandes futaies, au-cun fleuve classique ne lui peut rien dispu-ter et c'est là qu'il faut transporter tout le bagage olympique des peintres d'idylles et des paysagistes de style. M. Eugène Capelle, de Rouen , n'a point été tout-â fait heureux cette année. Il a peint des Boeufs traversant une lande. Sur la lande sablonneuse pousse une herbe rare de gros grès couverts de lichens , qui donnent un peu d'ombre au pied de quelques bouleaux échevelès, l'accidentent seuls. Au fond le ter-rain ebt meilleur, et les grands arbres d'une forêt et un coteau ferment l'horizon. Le paysage est bien composé et d'une bonne couleur. Les a@mmaux , qui s'avancent dans la dépression qui occupe le centre de la com-position, sont bien d-ss@més ils étaient à leur plan, mais il a fallu faire jouer un peu de lumière et d'ombre sur ces landes sans acci-dents. L'ombre portée d'un nuage a fait l'af-faire. Ma s il arrive que l'ombre est trop noire, et voila les boeufs qu'elle couvre qui enirent dans la toile au lieu d'en sortir. Le noir et le gris froid, voilà los écueils de M. E. Ca-pelle. Sa pa ette s'est réchauffée cependant mais si le noir n'est pas absent de la ra-ture, sa fonction est de faite valoir la lumiè. e non d'[email protected] enoo-e un gris déjà assez triste lui-même. M. E. Capelle s'est résigné à vivre au milieu des prairies et des bois les fonds de son tableau témoignent d'un excel-lent sentiment de la nature, et nous avons l'espoir qu'une élu e persévérante lni révélera ces secrets au soleil et de l'ombre, qu'il semble ignorer encore. Si M. Ch. Chaplin, des Andelys, pouvait lui donner, par surcroît, un peu des gainés de sa palette. Les Bulles de Savon, les Tourterelles sont deux charmantes peintures qui repré-sentent deux jeunes filles plus qu'en buste l'une, en robe de satin blanc et en corsage groseille, souille des bnlles de savon aussi brillantes et aussi irisées que son costume et ses vivantes carnations. L'autre, en robe jaune, le sein demi nu, entouré d'une gaze légère qui ne cache rien, caresse deux tour-terelles qui opposent la blancheur de leur plumage à ses chairs brunes et vermillon-nées. Ces toiles, si agréables dans les tons blancs et roses, peintes en pleine pâte, rap-pellent ce qu'il y a de meilleur dans cet art français du dix huitième siècle, qui était si charmant et si faux sous le pinceau de Le-moine, de Boucher, de Trémolliére et de tant d'autres. Les deux portraits de femme de M l@e Laure de Châtillon, de Chambray-sur-Eure, l'un en buste , l'autre presque en pied, et grands comme nature, sont fort agréablement peints et ajustés, surtout le premier. On pourra re-prendre au moielé certaines incertitudes et des duretés qui forment un assez singulier contraste mais l'arrangement en est habile, cela est bien de son époque, de son année et d'une pba-e particulière de la mode. Cela est surtout d'une femme. Le portrait de M@me X@@., peint par M@lle F. Chéron. de Mortagne, dans un ton gris blond assez fin et d'une touche un peu @ûaide, man lue de ressort et est par trop négligé dans ses accessoires. Décidément, M. Coessin de la Fosse, de Li-sieux, continue sur sa peinture la réforme qu'il avait commencée l'an dernier. On ne s'aperçoit presque plus, tant elle présente rie mollesse dans la touche, qu'il ait suivi jadis le système des empâtements de M. Couture. N aamoins, dans le portrait de M. G.@@, sim-plement posé, assis devant son bureau, nous louerons l'exécution des mains, qui sont fort bien dessinées. M. Eiouard Daliphard, de Rouen, aime la nuit, dont il réveille avec talent les ombres transparentes. Mais peindre toujours la nuit@! Dans la Vue prise à Poissy, la Seine roule ses ondes noires zébrées de quelques reflets rou-ges glacés au milieu des saules et au pied d'un escarpement dominé par une haie, en avant de quelques maisons blanches qu'éclaire encore un ciel crépusculaire , jaune à l'horizon, verdâtre au zénith. La lutte entre le jour qui fuit et l'obscurité qui envahit tout est fort habilement rendue , ainsi oue dans l'autre toi.e, représentant @VEntrée d'un village dans la Campine Belgi-que . Mais que M. Ed. Daliphard apprenne à dessiner et qu'il ne nous montre plus de ca-valiers mal bâtis comme celui qui trébuche sur les premiers plans de la route qui pénè-tre dans son village, et qu'il nous montre, l'an prochain, que son habileté ne redoute point le grand jour. La nature morte que M@lle L. Darru, du Neubourg, intitule Citron, très agréablement peinte dans des tons gris clair, ne se con-tente pas de nous montrer le fruit acide du pays où fleurit le citronnier. Des huîtres na-geant dans leur eau, des bouteilles en nom-bre respectable , une cafetière d'argent et quelques porcelaines , le tout posé sur une table, sont les promesses d'un dé-jeuner@@. et d'un talent qui naît. La Petite Chapelle nous plaît moins, mais était plus difficile à peindre. Un crucifix posé sur une nappe blanche dans une couronne de fleurs, en arrière une statue de la Vierge entourée de @neurs des fleurs dans des vases, des fleurs sur l'autel, partout des fleurs. IL faut, pour savoir accorder tant de couleurs éclatantes et de tons divers, être plus rompu au métier de la peinture que M@lle L. Darru ne semble l'être encore. Quelle agréable figure que celle de Figaro, un aimable griffon anglais qui nous montre son museau noir et ses yeux brillants d'où rayonnent comme une gloire des touffes de poils blancs et roux. Une touche soyeuse et ferme et des tons de valeurs différtntes sont seuls nécessaires pour modeler un pareil portrait sans lignes et sans dessin. M. Ernest David, de Caen, n'y a pas tout-à-fait réussi, bien que sa couleur soit@trss s itisfaisante. Le Dôme des Invalides, vu de la rue Chevert, n'est qu'une étude malheureusement éclairée par une lumière bleue un peu froide, dont M. A. Delapierre, de Rouen, fera sagement de se défier. Félicitons un autre Rouennais, M. Dévé, des progrès qu'il a faits depuis l'an dernier , bien que sa touche montre encore quelque mollesse. Nous ignorions'que @Vile Saint Denis présentât des sites aussi abandonnés que celui qu'a peint M. Dévé. On y trouve presque des landes plantées au hasard et traversées de chemins incertains. Il n'est donc besoin d'aller si loin pour être en pays sauvage. Ce qu'il y a de moins heureux dans les Falaises près Fécamp, ce sont les falaises, où la touche manque de vigueur. Mais les roches plates, ta-pissées de varechs verts qui s'étalent au pied entre les flaques d'eau qu'y laisse la mer, sont d'une grande vérité d'aspect et de cou-leur, surtout aux premiers plans. La mer est peut-être un peu lourde au fond mais le ciel est léger, bien à son plan, et s'étage mieux que ne le font souvent ceux des paysa-gistes le plus en renom. C'est toujours avec le même jaune clair et froid tirant sur le vert que M@lls Eudes de Guimard, d'Argentan, colore des- tableaux fort agréablement peints du reste et habile-ment composés. Le Milion dictant le Paradis perdu à ses Filles ne renferme que la dose de sensiblerie qu'une demoiselle devait trouver en un pa reil sujet et d'aspect théâtral qu'il faut en un tableau. La belle utilité que ce serait de peindre Milton morose , en robe de chambre et en pantoufles, dictant son poëme à ses filles prosaïquement assises devant une table ! Mais posez-le-moi en grande toilette , tout de noir habillé, dans un gand fauteuil, près de la fenêtre faites asseoir à ses pieds une de ses filles attentive appuyez l'autre , dont la tête est assez mal dessinée, sur la harpe qui se tait, et dont les préluies ont transporté l'es. prit du pce le aux pieds de l'Eternel, et vous aurez un tableau presque épique. M@lle Eudes de Guimard aime tellement les tons verts, qu'elle a fait dorer en or vert le cadie de son second tableau les Femmes de la campagne de Rome. Cette bordure, d'un aspect si@îroid, a été, sans doute, choisie afin de faire paraître plus chauds les tons presque analogues qui se trouvent dans le tableau. En effet, la femme, debout près d'une fon-taine , noyée dans la demi teinte , dont la silhouette seule est éclairée par les dernières Jueurs du jour, les deux autres femmes du fond et ces fonds eux-mêmes plus éclairés, forment un ensemble d'une coloration tem-pérée et presque blonde où nous voudrions voir persévérer Mlle E. de Guimard. La recher-che de ce cadre, d'un ton si désagréable , @ous. prouve qu'elle entrevoit la couleur. ft Que dire du portrait de M@me P. A@@., par M. F@mck , de Rouen@? Il est presque en pied, dans les dimensions du quart de la nature le violet y domine, et c'est tout. Notons le succès colossal qu'obtient le di-manche, et même tous les jours, Un Revers de Fortune , de M@lle Amanda Fougère, de Cou-tances. Ils sont si jolis les trois personnages assis autour de cette table, et peints en demi-nature avec de si aimables couleurs la mère posée de profil et en noir, la petite fille en violet et plus loin le bon petit juif, tout rose, tout poupin, rasé de frais, sous son bonnet noir comme il pèse d'un air indifférent ces colliers et ces joyaux, qui sortent du coffret posé sur la table. Sans en avoir l'air, cette pauvre dame est bien affligée, et ce juif est bit-n avide. Ils ne sont guère en scène cepen-dant, et le drame intime qu'ils jouent passe d'abord inaperçu mais le public, sensible, qui ne comprend pas à première vue compose tout de suite son petit romau et s'émeut dès que le livret lui a in iiqué de quoi il s'agit. Puis le joli a tant d'attraits et remplace le beau auprès de tant de gens ! Le Périrait de M@me Saint-Athanase, abbesse de Jouarre, bonne grosse femme placide, aux mains courtes, possède les mêmes qualités de sérénité et de modelé que les personnages d'@Un Revers de Fortune. Nous avons vx mieux de M. A. Foulongne que son Silène endoimi. Ce joyeux Fais aff des-bacchanales aatiques cuve son vin assis au pied d'un tertre. Une nymphe, posée de pro-fil et d'un assez bon style, lui barbouille le front avec des mûres. Au fond, des bergers préparent des liens. La scène , bien dis-posée, a le mérite de ne rappeler aucune des nombreuses compositions que l'on a faites sur le même sujet. Mais le Silène manque de force et d'ampleur dans sa mus-culature , et la couleur de ce ressort que nous avions trouvé dans d'autres peintures de M. A. Foulongne. C'est sans doute par espiéglerie que M@lle Gallwey, du Havre, en compagnie de sa soeur, des Batignolles, a envoyé au salon son tableau de pensionnaire. Ces petits es-sais devraient rester dans la famille et en ex-citer la muette admiration, au lieu de venir affronter les moqueries des désoeuvrés dans les salles des refusés. La Notre-Dame-de-Pitié de M. Gislain, de Trun Orne , élève de trop de maltres pour en avoir eu pn bon, grand tableau placé dans la même section, nous semble peint d'après des gravures de l'école vénitieune et de ré-cole flamande. Ce sera d'un excellent effet dans quelque église de campagne mais, à côté des oeuvres étudiées sur la nature, cela ne compte réellement pas. Des deux paysages exposés par M. G. Gut-tinger, de Rouen , c'est le Sentier dans la fo-rêt de Touques que nous préférons il est en-levé de verve et ne montre pas les dé-faillances que nous trouvons dans les Bords de la Seine, aux environs de Sèvres. Le sentier traverse un fourré que dominent quelques arbres sur la gauche. Le ciel couvert, chargé de nuages noirs et blancs en mouvement, est excellent. Un Portrait de Femme, de M. Hallot, de Caen, est parmi les refusés cependant il y en a peut-être de pires au salon. Cette pein-ture n'est pas gaie, mais elle est faite cons-ciencieusement, bien que d'un modelé un peu rond. M. Georges Hébert, de Rouen, n'a point vu cette année re éguer ses tal leaux dans la section non admise au concoure. Nous doutons que, malgré quelques excentricités de couleur, un jury plus sévère les y eût envoyés. La Perle d'O ient est une jeune fille d'une physiono-mie tiès fine et d'une très agréable figure, ha-~ billée en costume mauresque et le sein dé-couvert , qui, debout près d'un guéridon, remplit de café une tasse d'or. Les chairs ont revêtu une belle teinte ambrée et très montée de ton, comme c'est l'habitude chez M OT. Hé-bert. La conséquence a été qu'il a fallu encore plus monter de ton les costumes, afin de don-ner aux chairs une couleur relativement blanche, et que les ors poussés eux mêmes aux limites du puissant ne sont plus de l'or à peine s'ils sont du métal. N'importe il y a un certain apaisement chez M. G. Hébert et un plus grand respect que jadis pour le dessin. Aussi a-t il pu faire un portrait assez individuel d'un grand mon-sieur, à grand nez et à grandes mains, dont le grand cou sort d'un grand col rabattu, entre les grands revers d'un habit à grandes man-ches. Tout est granj et large dans ce por-trait d'une couleur moins rissolée que la Perle d'Orient. Ils attendent, par M. Hellouin , d'Aunay-sur-Odon Calvados , représente un homme et une femme en costumes classiques assis au bord de la mer. Adspectabant mare fientes@@. Cette peinture vieillotte et malhabile, faite sans modèle fort probablement, est dans le salon annexe et y est à sa place. M. Louis Hénault, de Rouen , a beaucoup retravaillé et singulièrement amélioré le ta-bleau intitulé l'Epoux et L'Epouse, que nous avions vu à la dernière exposition munici-pale. Nous rappellerons que ce tableau repré-sente un homme et une femme debout, plus grands que nature et au repos. Les mérites d'une telle composition doivent résider sur-tout dans la science du dessin, l'harmonie de la ligne et la puissance du modelé. M. Louis Hénault a fait droit à plusieurs des critiques qu'on lui avait adressées à Rouen en effaçant r quelques incorrections mais il est un certain bras, le bras gauche, que l'épouse appuie PUT l'épaule de l'époux, dont il serait assez diffi-cile de retrouver sur la nature les emman-chements et la forme. Enfin, tel qu'il est, ce tableau se soutient à un rang honorab'e et témoigne d'excellentes tendances chez M. L. Hénault. M- Hermann-Léon, du Havre, fait effeuil-ler à une grimaçante macaque la marguerite si souvent questionnée. Il est vrai que l'Oracle des Prés a été arraché dans un vase du Japon, posé sur un lapis de Turquie, et que maître singe n'obéit qu'à son esprit destructeur. Ce tableau, d'assez grandes di-mensions , rappelle par sa couleur et par sa facture les toi es de M. Ph. Rousseau , le maître de M. Hermann Léon. Mais ce n'est encore qu'un reflet. Le Singe Guitariste est un petit panneau moins important, où, comme on le devine , le quadrumane s'a-charne à gratter le ventre d'une guitare, en criant comme un possédé devant un cahier de musique appuyé à quelques bouquins recouveïts d'une belle basane brune. C'est agréablement et très habilement peint, mais il faudrait que M. Hermann-Léon dégageât sa personnalité de celle de son maître. Les études de Pivoines de M@lle Heuzé, de Rouen, sont très éclatantes et très vraies de ton, ainsi que ses Iris. Dans ces derniers la coloration verte des feuille@ en lame de sabre est trop sacrifiée peut-être à l'éclat des flears. Il faut maintenant que M@lle Heuzé s'essaie à assortir ces fleurs dont elle fait des portraits individuels si réussis. L'exposition de Rouen a eu la primeur d la Communion de Jeanne Darc dans sa pri-son@, par M. Krug, de Drubec, tableau un ptu fantasmagorique qu'éclaire une lumière de scupirail. Le portrait de M@me V. Massé, que tout le monde s'obstine à vouloir être celui de M@me Sand, montre beaucoup de caractère dans la physonomie, bien qu'on y puisse désirer un peu plus de fermeté. Un manteau en velours gris felair garni de fourrure grise, qui recouvre le buste par dessus une robe noire trop effacée, est un excellent accessoire, grassement peint, et qui, bien que très im-portant, se subordonne aux carnations par ses tons neutres. La Nature morte de M. H. Lachèvre, de Rouen, représente un tapis kabyle accroché à un clou, en même temps qu'une casquette d'officier général, et tombant en plis sur une table où un chibouck est placé à côté d'un grand verre à pied, le tout d'une couleur très chaude et largement brossé. M. A. Lambert, de Darnétal, se rattache à l'école d'Anvers, dont M. Daubigny est le chef, et qui a pour muse la nymphe de l'Oise, nymphe coquette et bol. ne inspiratrice, comme le prouve M. Lambert lui même Des deux tableaux qu'il a exposés l'un, le Matin, peint évidemment sur les bords de l'Oise l'autre, le Soir, peint à quelques pas de la rive, dans le parc de M. de Lamoignon, c'est celui qui caresse de plus près la nymphe qui est le meilleur. Comme dans tous les tableaux où cette ai-ma hlfirivière ES', et sera reurésentée, on la tff b hïà6çourGi, bordée sur l une rive d'ar-cVquVtpes pent leurs feuilles dans l'eau, tandis que, sur l'autre rive, la plaine étroite chargée de moissons blondes s'étend quelque peu et ondule jusqu'à former un coteau qui domine un village. Lps eaux sont encore plombées et dans l'ombre, mais l'horizon se colore, et la troupe des nuages légers s'irradie, affectant mille formes bizarres. Ce ciel est très original et très fin tous les terrains de la rive nue sont bien dessinés. Quant aux ar-bres de l'autre rive, ils sont un peu lourds, mais ceux du parc de M. de Lamoignon ne forment qu'une silhouette noire et maigre sur un ciel jaune. -Supérieur à tous les artistes que nous avons eu à citer jusqu'ici, M. Laugée, de Marom-me , a occupé cette année une des meilleûres places au salon, bien que ses tableaux ne fussent point des plus grands. L'Episode des guerres de Pologne en 1863 est surtout un sou-venir des atrocités commises par les Russes. Une jeune lemme, entièrement nue, vue de dos, les pieds et les poings liés,t gît au re-vers d'une route. Ses chairs blanches nacrées sont zébrées de bandes rouges, lacérations reçues pendant la lutte. iile a subi, sans doute, les derniers outrages, et une fois morte, elle a été abandonnée à côte de quel-ques débris d'armes et de vêtements, ves-tiges d'un engagement. Les ravisseurs sont disparus, les paysans tiennent la campagne ou sont réfugiés dans la forêt, et les femmes seules sont accourues. Elles pont quatre la vieille grand'mère, qui s'est assise anéantie au beau milieu du chemin , les yeux fixes et les mains croisées sur les jambes la mère est debout les yeux au ciel, soutenant sa mi@@e, qui s'appuie à son sein une dernière, moins abîmée dans la douleur, s'apprête à couvrir d'un drap le corps de la victime. Il est soir , quelques maisons basses dessinent leur silhouette sur un tertre, et un village brûle à l'horizon. Voici le théâtre, voici la scène. Peint d'une couleur plutôt soutenue qu'énergique et tout-à-fait appropriée au sujet, cet épisode de l'insurrection polonaise, dramatique sans emphase, montre le talent de M. Laugée sous un jour nouveau et avec des qualités qui ne lui sont pas habituelles. Nous le retrouvons tel que nous le con-naissions déjà dans la scène champêtre inti-tulée le Repos. Une paysanne de l'Artois, fati-guée de la longue journée qu'elle vient de passer, courbée sur le sol, le dos chargé de glanes, se repose sur le talus d'un chemin creux. Sur la crête de l'autre talus, qui forme tout l'horizon, diux jeunes filles s'en vont por-tant sur leur tête la gerbe des épis ramassés. Leur corps se profile sur le ciel ardent du soir, et peut-être leur silhouette n'est-elle pas assez élégante ou vigoureuse. Tout est baigné dans une atmosphère lumineuse et chaude où voltige la vapeur des soirées d'été. La femme du premier plan, plus triste , est en-veloppée dans la demi-teinte. Avec moins de force et de style que M. Breton , M. Laugée excelle, comme Ibi, à retracer lt s moeurs et le paysage nu de la Picardie ou de l'Artois. C'est la même inspiration que traluisent avec des qualités différentes deux artistes doués d'un grand talent tous deux. Sa@mt Bernard méditant la Croisade, voilà un titre ambitieux. Comment savoir que c'est précisément la croisade qu'il médite@? Ras-surez-vous, celui qu'a peint M@110 de Launay , de BelleEme, ne médite rien , et ce titre est donné à une simple tête d'étude de vieillard barbu habillé d'un froc blanc, passablement pe@mte et d'une assez bonne couleur blonde. D'habitude, on représente la Madeleine ex-pirante encore ieure et encore belle, malgré une longue péuience, le jeûne et les larmes. M@lle Lefebure, de Falaise, n'a pas fait comme les autres, surtout commp. ceux qui font un bon tableau. Sa Madeleine expirante est vieille et la'de, mal dessinée par dessus le marché, mais d'une couleur assez harmonieuse dans les tons bistrés. Après avoir peint, l'an deraier, une Prise de Voile, M. Levrain, de Vire, a peint, cette année, l'Inhumation d'une Religieuse, et nous ne supposons pas que ces deux compositions sévères servent jamais à illustrer le roman de l'abbé . Le cortége des religieuses habillées de noir et coiffées de voiles blancs descend de l'église, suivant la défunte, portée à découvert par huit soeurs. Le soir se fait, et le ciel, rouge à l'horizon, se dégrade peu à peu et devient vert. - C'est étonnant ce que nous avons déjà signalé de ciels verts et rosés@@ - Les attitudes des religieuses sont habilement variées, pans cesser d'être enveloppées par une ligne sé-vère comme il convient au sujet, et, si la couleur en était moins sou de, ce tableau produirait une impression supérieure à celle qu'on en ressent. Le Livre d'Heures est le portrait largement fait et d'un asp ct un peu métallique d'une petite fille assise à terre dans un beau désordre et déchirant fort méchamment un missel enluminé placé sur ses genoux. M. F. Legrin, de Rouen, a exposé deux ta-bleaux. Un suj-itrte genre Philippe de Cham-paigne pfignant le Portrait de sa fille Suzanne, religieuse a Port-Royal des-Gnamps, inspiré en grande partie des admirables portraits du Louvre. Un grand paysage la Grange de la Ferme d'Hautes-Isles, placée dans une des îles de la Seine, aux environs de la Roche-Guyon, et vue le soir. Après avoir essayé encore une fois de peindre des personnages grands comme nature, et après avoir enfin reconnu dans ces divers es-sais que son pinceau manque de force pour ces entreprises, M. Jacques Leman, de L'Aigle, devrait se résigner à ne représenter que de pe-tites scènes, point trop nombreuses comme il les réussit à merveille, il y trouverait répu-tation et profit. Le Médecin malgré lui, spiri-tuellement traité, présente dans le jeu des physionomies quelque chose des qualités de l'école anglaise, et ce quelque chose-là a déteint sur la facture et -ur la couleur c'est la scène où Sganarelle, affublé de la grande robe noire et du bonnet de docteur, prononce ces mé-morables paroles qui dénotent un diagnostic peu ordinaire II. Voilà un pouls qui mai que que votre fille est muette. On devine aisément la scène. Le fagotier Sganarellp, à la face vermillonnée, paysan matois, est gravement assis au centre la fille, assise à sa droite, lui tend modestement le bras le père, attentif, à sa gauche, s'é. merveille de tant de science. La nourrice qui avait de si beaux teins, l'amant et le valet sont en arrière. Une tenture à personnages couvre les murs. Tous sont expressifs, bien en scène, et montrent chez M. J. Leman un esprit plus cultivé qae n'est celui de la plu-part des artistes qui, imitant à leur manière les chevaliers de jadis, qui se faisaient gloire de ne pas savoir lire, tirent quelque vanité de ne pas savoir grand'chose en dehors de la pratique de leur art. La Lecture qu'on fait à une jeune malade, couchée sur sa chaise longue et entourée d'un cercle d'amis, étant dans les dimen-sions de la nature, manque de tout ce qui fait le charrue et l'intérêt de l'autre tableau , et nous préférons ne pas nous y arrêter. IL y a tant de paysages excellents cette an-née, que ceux qui ne sont que bons passent inaperçus tel est celui de M. Lapine, de Caen. Le Paysage à l'île Saint Ouen prouve que cette lie est dé. idément plus sauvage qu'on ne croirait d'après les légendes qui ne -la représentent qu'habi tée de marchands de fri-ture, que hantée par@les bonnes d'entants et les tourlourous. Là, fort heureusement pour les peintres, les ingénieurs des ponts et chaus-sées n'ont point songé à régulariser le lit du fleuve sans cela nous ne verrions point cette chaussée informe, qui, soutenue par une file de saules, chemine entre le fleuve et une flaque d'eau où s'etalent les nénuphar- entre les sa-gittaires, à l'ombre des arbres de la b 'rge. Cela est peint dans les tons gris clair, légers, d'une façon très habile mais cela aussi fait songer a M. Corot. C'est à Troyon que l'on pense en examinant le second tableau de M. Lépine. Les Chevaux de trait se reposent dé-telés, en avant du bannpau bayé, et s'enlè-vent lumineux , ainsi que tout le premier plan, sur un ciel de plomb. Une personnalité de plus qui ne s'est pas encore affirmée. Voici un talent nouveau qui se révèle et nous promet un habile animalier de plus en la personne de M. Lhuillier, de Granville. Dans le Départ pour le Pâturage, l@âne s'en va devant, poi tant un gamin et son petit frère. Deux paiies de vaches rousses suivent accouplées, et cette chaîne pacifique suit tranquillement le chemin qui traverse la plaine nue. Un bout de haie et une flaque d'eau au premier plan en sont lt s seuls ac-cidents. Le ciel, un peu rose et mon, est de même teir te qre la plaine mais les ani-Diaux sont bien dtss@més et bien peints et d'une bonne couleur claire. Une Granvt Uaise, commère haute en couleur et coiffee du petit bonr.et qui sied si bien à celles qui sont jo-lies, doute sans doute des qualités viriles que l'on accorde à ses compairioies, est une bonne étude, largement peim@e, mais trop né-gligée dans le reste du coutume. Il y a beaucoup d'inexpérience chez M. Les-rel, des Genêts fauche , d@mt le @ableau le Chant du Soir n'a pu concourir pour les ré-compenses. CependaLt le iontour de cette grande femme en costume antique, appuyée sur si harpj, montre quelque recherche mais ce tomo.ir vide t t sans modèle indique que M. Lpsrp-l a ei core beaucoup à apprendre. Une jeune Femme portant un plut de fruits , de M. Loutrel, de Rouen , appartient à la famille des tableaux dont un seul pe sonnage fait tous les fiais. D habitude ce peisonnage est en costume du temps de Louis XIII. La jeune femme de M. Loutrel ne déroge point à l'usage. Elle est blonde et jolie, le satin blanc lui va si bien ! pourquoi ne serait-elle pas mise à @a mo le régnante@? Une casaque grise, un lévrier blauc , tout fait harmonie blanche sur im fond de bahuts et de tapisseries. La couleur de ce tableau , plus chaude que d'ha-bitude, est une marque d'efforts chez M. Lou-trel. M. Eugène Marc, de Rouen, n'a pas eu une petite ambition cette ai née il a peint un tableau religieux sur un sujet non con-nu et de grandeur naturelle. C'est la Conver-sion de saint Théophile. Laissons parler le livret pour expliquer le tableau de notre compatriote II Comme saiute Dorothée allait au supplice et disait qu'elle allait trouver son divin époux , un jeune homme, nommé Théophile, lui demanda en raillant des fleurs et des fruits du jardin de cet époux la sainte, par i.n effet de la toute-puissance de Dieu, lui présenta réelle-ment des fleurs et des fruits. Sainte Dore. th. e, debout, reçoit de la main des anges les fleurs qui tombent à terre, cù les contemple Théophile agenouillé. C'est le ciel, ce nous semble, que devrait regarder le railleur et et non la terre, car il participerait au mi-racle en qualité de spectateur ému, tandis qu'il n'y figure que comme assistant indifférent. Rien n'unit les deux figures entre elles et n'expliqua le sujet moral caché sous le fait apparent que représente le tableau. Le des-sin est suffisant la figure de la sainte ne manque pas de noblesse, la lumière qui éclaire les deux personnages vise aux grands effets, mais elle se trouve sans accord avec le ciel, qui est comf. lé tenu nt gris et d'où elle devrait venir, ainsi qu'avec les fonds, qui de-vraient en recevoir un reflet et qui sont en-tièrement sacrifiés. On ne sait d'où tombent les rayons de lumière qui éclairent si vive-ment les personnages en les laissant à moi-tié dans une ombre vigoureuse, et un colo-riste moins timide, à l'exemple de Murillo, y eût fait nager les anges, messagers des divi-nes clartés. M. E. Marc, qui s'essayait pour la première fois dans la grande peinture, tentative hardie que nous avons voulu apprécier avec tout le soin qu'elle mérite, s'est senti plus à l'aise dans un tableau intitulé Convoitise. Un panier de fruits est renversé dans un agréable dé-sordre sur la table de l'office, et une enfant montre à travers les barreaux de la fenêtre sa tête blonde où brillent des yeux animés par le désir. Il n'y a guère à dire encore du tableau de genre exposé par M. E. Martin, du Havre ce n'est ni bien ni mal. Deux troupiers en congé se sont arrêtés chez une paysanne et semblent écouter la lecture d'une lettre. Nous avons été longtemps avant que de compren-dre comment cette action pouvait s'accorder avec ce titre Les Nouvelles du pays. Mais ici le mot pays possède un sens particulier et est le masculin de payse. Les deux sol-dats en congé apportent à la payse, qui la lit, une lettre de son pays Il resté au corps. M. A. Massé, d'Elbeuf, abandonnant les sujets actuels pour la peinture rétrospective, nous montre le Marquis de la Ferté arrivant au manége de M. de la Guèrinière. Il y arrive sans doute pour apprendre à s'y bien coiffer et à se mettre mieux en selle, quoiqu'il fasse faire à son cheval au nez busqué une belle courbette, les quatre jambes en l'air. Si le cheval continue droit son chemin, il se cassera la tête contre le pilastre qui flanque la porte, au lieu d'entrer dans celle-ci, que M. de la Guérinière lui montre par précaution, et en le saluant avec cette politesse exquise qui est Ip privilège des professeurs d'équita-tion. Malgré cette faute de perspective aérienne et ces menues chicanes auxquelles il serait facile de faire droit, ce tableau de M. Massé est d'un homme habile et maître de son pinceau. Le Portrait de M@m. la baronne de L@@. est celui d'une jeune femme, de face, se promenant dans son parc en robe blanche de demi-toilette, son chameau rond à la main. Peint dans des tons clairs et assez sommairement modelé, ce portrait est d'une facture fort agréable. C'est un bien beau site que celui que M. Merme, de Cherbourg, a choisi à la Guade-loupe. La Rivière des Galions tombe en casca. des au milieu des plaines vertes, cù les pal-miers en parpfol se marient à la cime des chênes, en avant des montagnes vertes elles-mêmes et du plus bpau profit. La R@m Ravine-Espérance , à Basse-Terre, est une astez vi-lau.e montée pierreuse, mais de charmantes villas blanciies la dominent au milieu des ar-bres. Ces sites ont-ils la couleur fxoi-Je que leur donne M. Merme ? M. Jules Michel étant devenu notre com-patriote, nous devons nous occuper de son tableau, qui nous semble inachevé. Au Pied de la Croix est ce qu'en lia@ne on appelle une Pitié, c'est-à-dire la Vierge tenant sur ses genoux le corps du divin supplicié. Ce corps affecte les longueurs qui plaisent à M. J. Michel mais les chairs, encore peu modelées, sont de cette belle couleur blonde et lumineuse que nous avons souvent louée chez lui. La Vierge, à l'état de simple pré-paration, est remarquable par la belle colo-ration verte de son manteau. -Enfin, M. J.-F. Millet, de Grévillé, a réussi à peindre un tableau qui réunit tous les suffrages ceux de ses amis, peut-être@? -@mais certainement ceux de ses adversaires, des amis c airvoyant-! et du public tout entier. La Bergère avec son Troupeau sont aux champs par la fin d'une belle journées-de septembre. Elle erst-debout, point trop laide, en bonnet rouge et en mantelet gris par dessus une robe bleue et tricotant attentivement. Son troupeau gris et noir broute derrière elle. Au-delà s'étend la plaine' dénudée , une charrette s'arrondit au loin sous son dôme de gerbées, et quelques arbres ferment l'horizon. Le soleil, encore haut et caché derrière un nuage, lance des clartés qui @'irradient en traînées plus blanches sur le fond rosé du ciel tout chargé d'electricité. Le temps est lourd, et les chaudes vapeurs qui se dég3gent de la terre enflamment l'horizon. Cet horizon peut il être aussi rouge, alors que le soleil en est encore loin ? C'est une question que nous posons à M. J.-F. Millet, lequel ne fait rien qui ne soit pris sur la na-ture. Mais qu'il ait trouvé ou imaginé cet effet, le tableau n?en est pas moins un des meil'eurs de son oeuvre, remarquable par l'harmonie colorée de tant de teintes diver-ses foniues dans l'unité d'un ensemble lumi-neux, et par l'impression de chaleur lourde et énervante qui s'en dégage. M. J. F. Millet a été moins heureux dans l'autre tableau Des paysans rapportant à leur habitation un veau né dans les champs, et le portant avec auiant@de solennité qu'ils feraient du saint-sacrement. Là le dessin est simplifié au-delà du permis, la touche est cotonneuse et maladroite, et il est impossible de concevoir comment le même artiste a pu composer deux tableaux si dissemblables. Il faut pouvoir faire servir le trivial à l'expression du sublime c'est là la vraie force, a dit M. J. F. Millet. Ou M. J.-F. Mil-let ne possède pas la vraie force , ou sa for-mule est fausse, car toutes les fois qu'il s'est trouvé en face d'un sujet trivial, il a produit des oeuvres manquées, et des oeuvres fortes et saines toutes les fois qu'il était en présence d'un sujet qui n'était que simple. Faire ser-vir le trivial à l'expression du sublime, c'est la formule de la préface de Cromwell@, si nous avons bonne mémoire. Mais V. Hugo ne met pas le sublime dans le trivial, bien qu'il l'y confonde un peu trop aujourd'hui. Il est pour lui une anti-thèse. Et d'ailleurs dans la littérature, où les choses n'ont de forme et de couleur que ce que l'auteur en met dans son style, ce style peut couvrir de ses magnificences les choses les plus vulgaires et les plus bizarres. Mais dans l'art, où la forme et les couleurs sont les seules modes d'expression, comment le trivial, - le trivial, entendez-vous@? ce qui est vulgaire par l'action ou le contour, pour-rait-il devenir sublime ? Un artiste de talent pourra dégager @Pâme des choses, que le spec-tacle de chaque jour nous empêche d'analyser mais ce seront des choses habituelles et non triviales. Et puis la même action naturelle pourra être faite par deux hommes , triviale-ment par l'un, avec une certaine ampleur de gestes par l'autre, et parce qu'un artiste aura saisi ce qu'il y a de style dans l'action du se-cond et l'aura accentué, pourra-t-on dire que l'action triviale du premier sera devenue l'é-lément de l'action , non pas sublime , mais pittoresquement belle du second ? La théorie de M. J. F. Millet nous semble fausse en tous points, d'autant plus qu'il en a été la première victime ce que nous re-grettons vivement, car nous avons un pro-fond respect pour cet artiste courageux et tenace, qui poursuit sa voie, malgré la critique -et rparfois les sarcasmes. M. Y.iMongodin, de Vire, aime toujours le monde des infiniment petits, éclairés d'une lumière blanche et froide sur des carnations rouges. Nonobstant, la Dînette et la Partie de Billes sont d'agréables petits panneaux bien étudiés et facilement peints. 1 e port Pi, à Mayorque, de M. Morel-Fatio, de Rouen, nous rappelle certaines dés agréa-bles matinées de Joseph Vernet. C'est la même mer Méditerranée, et ce sont les mê-mes felouques, et le même soleil perçant un brouillard rosé mais la ressemblance s'ar-rête à la similutude des modèles. Il y a moins d'apprêt chez M. Morel-Fatio et un sentiment plus naïf de la vraie nature. Dans l'Hivernage devant Kinbu@m, nous re-trouvons un autre brouillard mais celui ci plus froid et plus dense. Il estompe tout les canonnières emprisonnées dans les glaces et protégées par leurs filets d'abordage , ainsi que les hommes qui marchent sur les eaux solidifiées. M. Morel-Fatio a peut être eu tort d'exposer en même temps deux oeuvres à peu près semblables d'aspect, mais dissemblables cependant par la qualité du ton. Peut être aussi est ce une coquetterie d'artiste d'avoir voulu se montrer expert en ces finesses de la couleur. La Nature mor te de M. X@@., de Rouen, a le mérite d'être aussi facilement peinte qu'elle est simplement composée. Une bour-riche renversée, d'où sortent , parmi Je foin, un chapon et des pigeons, puis une soupière en faïence de Marseille, en font tous les frais. Peut-être les seconds plans en sont-ils trop négligés. L'Officier de Lansquenets sous Louis XIII, salarie en tête et debout dans son costume rouge sous sa eu rasse noire dont quelques bandes brillantes réveillent les opacités, re gariant par la fenêtre étroite d'un corps-de-garde, était trop haut placé pour que nous puissions en parler. M. E. Normand, de Rouen, sans maître connu, jouissait du tri-te privilège d'exciter au plus haut degré l'hilarité du public dans les salles annexées. Mais aussi jamais on n'avait vu au salon de couleurs D'US violentes étalées sur une toile, sous piétpxte de tableau, par une main plus inexpérimentée. Les Fleurs et les Fruits de M. Normand forment deux panneaux décoratils. Quelle décoration ! Dans chacun de ceux-ci , deux entants rouges accompagnent une corne d'abondance d'où tombent ici des grappes de fleur?, là des monceaux de fruits, et les imprudents flairent les unes, goûtent aux autres. Que l'on s'é-tonne, après cela, s'ils font la grimace ! Une clairière au fond d'une gorge isolée, bordée d'un côté par un éboulis de terres ar-gileuses , montant de l'autre côté en pentes herbeuses où croissent de grands arbres , en avant d'un épais taillis pour premier plan, un peu d'eau, que protègent quelques arbres effiléq, et sur la pente, une femme appuyée sur le coude et lisant sous un rayon de lu-mière , telle est la composition que M. A. Oudinot, de Damigny, appelle Solitude. Il y a, en effet, dans ce paysage, un calme et un recueillement qu'augmente encore une cou-leur un peu sourde , qui est ici plutôt une qualité qu'un défaut. Il n'en est pas de rême dans l'autre paysage intitulé Bords de l'Oise. Quelques gaîtés de palette n'y messiéraient pas. Le portrait de M. L@@. , par M. Palix, de Sour-deval, posé avec aisance sur une chaise, au dossier de laquelle s'appuient les deux mains du modèle, deux mains point banales et bien étudiées, est exécuté avec soin et fait une oeuvre estimable. Mais que M. Palix évite l'é-cueil des tous violets. M. Théodule Ribot, de Breteuil, peut passer aujourd'hui pour un mai re dans l'art de modeler en pleine @âte des chairs saines et solides, sortant avec la puissance de leurs colorations des fonds noirs, qu'il affectionne plus que de raison, et qui, nous le craignons pour. lui, noieront un jour ses demi teintes dans une nuit éternelle. Dans le Chant du Cantique, il y a quatre enfants habillées de noir ou de brun, - une seule porte une casaque rouge , - qui chantent guidées par une vieille femme, habillée comme elles, qui de sa tête ne montre presque que la nuque. Le fond est noir mais tous les costumes s'en détachent, et tous ces visages dont les carna-tions, un peu barbouillées, sont fouettées de vermillon, peints et modelés largement, ont un air de vie qui réjouit- Ils ne sont pas beaux, mais ils sont merveilleux d'exécution. Cette exécution est plus prestigieuse encore dans les Rétameurs. L'un, qui ne laisse voir du blanc qu'autour de son col, de ses bras nus et de ses pieds chaussés d'espadrilles - et quei blanc ! - fait jouer un soufflet de ses mains calleuses et rouges sous la couche de métal et de charbon qui les noircit. L'aide, placé en arrière-plan , gratte le fond d'une cafetière. Sur l'établi une bouilloire en cui-vre jette quelques reflets rouges au beau milieu des outils et des fers à souder, noirs ainsi que le sol et le fond. Il est impossible, en présence de ces vigueurs de colorations et de cette franchise de facture, de ne point songer à Ribera et à Velasquez. M. Ribot est de leur école mais qu'il ne nous force point d'écrire si souvent le mot noir Il lorsque nous avons à parler de sa peinture et de son beau talent. C'est encore un coloriste, mais plus varié de ton et sj rapprochant davantage d'Eugène Delacroix , que M. Julien de la Rochenoire, du Havre. 11 aime l'action et la couleur en mouvement, dût le dessin quelque peu en souffrir. EL 1820, la diligence de Dives à Caen fut surprise par la marée montante entre les basses ialaises et la mer. Camille Roque-plan trouva dans cet accident assez extraor-dinaire un de ses meilleurs tableaux c'est celui que M. de la Rochenoire vient de refaire dans un autre sentiment La Diligence est lan-cée au galop de ses cinq chevaux, que les va-gues effraient et dont quelques-uns se cabrent. Tout est agitation et mouvement dans cette toile, sur la terre et sur les flots. Ceux ci, in-certains , peu dessinés , ne dressent-ils pas une muraille trop élevée contre la voiture@? Toutes les colorations sont elles assez égale-ment soutenues pour qu'il n'y ait pas une certaine dislocation dans l'ensemble ? Ainsi le cheval noir de limon disparaît entièrement et se perd dans le fond. Il en est de même dans les chevaux de l'autre tableau intitulé, le Bac. Destinés à faire valoir la belle robe soyeuse d'un che-val blanc qui fait un écart et se cabre, ils se confomderit avec le ciel sombre du fond et les eaux limoneuses qui clapotent contre le bac. C'est un point que M. de la Rochenoire de-vra surveiller en même temps qu'il lui fau-dra donnpr plus de précision à son dessin, parfois incorrect, pour vouloir exprimer le mouvement avec trop d'énergie. Dans une Matinée en Normandie, la muse de M. P. de Saint-Martin, de Bolbec, a chanté sur un mode moins élevé que d'habitude, mais elle a chanté aussi bien. Son paysage est un vrai paysage normand, un peu gris, sous un ciel moutonné, avec moins de relief peut-être que n'en a la réalité. C'est même un pay-sage cauchois. Sur le devant, un cours d'eau s'étale sur le sable au sortir vers la droite d'un ponceau en bois que traverse un chemin. Quelques arbres s'élèvent sur la berge du mi-lieu d'une haie, en avant de chaumières en charpente garnie de bauge jaune. Au débouché du ponceau, s'enfonce une plaine peu étendue que termine un rideau d'arbres. Le jour arrive du fond, qui est en pleine lu-mière , tandis que le second plan est dans l'ombre, ainsi que les eaux, qui nous sem-blent un peu jaunes, soit qu'elles charrient du limon, soit plutôt qu'elles laissent trop voir le sable de leur lit. Il nous semble que quelques barres lumi-neuses comme savait en poser le bonhomme Watelet, dont on s'est tant moqué à cause de son éternel ruisseau sur un lit de galets, feraient cesser l'incertitude sans rompre le calme où M. Saint-Martin a voulu laisser ses premiers plans, afin de faire valoir ses fonds. M. Sebron, de Gaudebec, est toujours l'ha-bile peintre d'intérieurs que l'on sait, et depuis longtemps il n'avait rien exoosé d'aussi important que la Cartuja de Mira flores. C'est une chapelle à une seuie nef, aux nervures en dentelles, vue du choeur, que garnissent des stalles en chêne noirci. Au centre s'élève une belle tombe gothique où sont couchées les effigies de Jean II et d'Isabelle de Portu-gal. Un autre tombeau de même style garnit un arc creusé dans la muraille. La lumière arrive radieuse et blonde par la rose du portail et se distribue à merveille dans toutes les parties de l'édifice. Ganaletti, et après lui Piazetta, et après ce dernier Jnyant nous semblent les inter-prètes les plus filèles de ce qui fait Venise, c'est à dire son ciel, sa lumière et ses eaux. Aus i, malgré ses mérites , la Vue de Venise par une matinée de Printemps de M. Sebron ne saurait nous rappeler autre chose que l'ar-chitecture de la Piazetta, qui occupe le pre-mier plan, et de la Dogana, qui se voit au fond. M@me H. Sélim , de Rouen, a peint un por trait@quelque peu géométrique de Saïd-Pacha, le dernier vice-roi d'Egypte. Son Altesse, dont les yeux ne sont guère d'ensemble, est coiffée d'un fez rouge et vêtue d'une ample redin-gote bleue , large du corps et large des man-ches , carrée et sans plis, comme dans une gravure de modes. Les mains sont molles et la figure n'est guère modelée. Après cela peut-être, les Egyptiens ne tiennent ils pas beau-coup à posséder une image irréprochable d'un prince qui leur a coûté tant d'argent et légué de si grands embarras. Il y a du talent, et surtout la marque d'un coloriste dans la Suzanne de M. J. Sevestre , de Breteuil. Que ce soit Suzanne ou une autre, c'est une femme nue, debout et de face, dont les carnations colorées se détachent sur une draperie blanche, qu'elle étale et soutient derrière elle, rien que pour faire enrager les deux vieillards que l'on aperçoit par une trouée du feuillage sombre qui entoure la belle Juive. L'attitude est élégante, la silhouette est cher-chée avec soin, et cette petite Vénus biblique est une des bonnes études de femme nue qu'il y ait eues au salon dans ces dimensions. M. Tesnière, du Havre, n'annoncerait point qu'il est élève de M. E Le Poittevin, qu'on le devinerait de reste à sa façon de peindre et de colorer. Un Bac sur ta rivière d'Orne présente l'accumulation d'autant de choses diverses qu'il est possible d'en réunir sur une même toile. Il y a d'abord la - rivière d'Orne, qui s'enfonce en tournant au pied de coteaux cultivés qui tournent comme elle. Puis, à droite et au centre, sur la berge accidentée, il y a une cabane, des barques échouées et un embarcadère en charpente sur les eaux, on voit le bac rempli de monde, et en ar-rière un allège , en arrière encore un brick à l'ancre t puis par dessus tout un ciel cou-vert de gros nuages blancs. M. Tesnière s'est habilement tiré de tout cet amas de choses. La Marée basse à Bernières@sur Mer, où des paysans chargent du varech sur leurs voi-tures , est plus simple et forme peut-être un tableau plus individuel. Avec quelques gravures d'après Lesueur, M. Angel Thouin, d'Alençon , a peint un Ravissement de Saint Paul, tiré à deux anges, qui figurera sans doute un jour sur quelque bannière de village. C'est la seule place d'honneur que cela puisse ambitionner. Une orange ouverte forme une étoile jaune au milieu de raisins et de framboises pâles étalées sur une feuille de chou, en compa-gnie de pêches. Un melon trône au fond sous un dais de volubilis. Une épingle à cheveux perce de ses deux pointes noires une banderole qui porte ces mots HONY SOIT QUI MAL Y PENSE. Que diable M. Trébutien , de Bayeux, a-t-il voulu dire avec ce bizarre assemblage ? Au lieu de poser des énigmes, M. Trébutien ferait mieux de résoudre celle que la nature pose toujours à ceux qui s'es-saient à la traduire, et de ne point se conten-ter d'à peu près. Le Christ en Croix, de M. Viger-Duvignau, est un honnête crucifié, qui n'a guère souf-fert , heureusement pour lui sa chair n'a point frémi, ses muscles n'ont point peiné, et il se tient droit contre le bois ignomineux le plus tranquillement du monde. Sa vue ne troublera point la solennité des audiences de la salle du Palais-de-Justice, où il est destiné. Le petit tableau qui accompagne cette grande commande officielle, très agréable-ment composé, est une de meilleures choses que M. Viger Duvignau ait encore exécutées. L'impératrice Joséphine reçoit à la Malmaison la visite de l'empereur Alexandre et lui recom-mande ses enfants , c'est-à-dire la reine Hor-tense, qui accompagne sa mère, et un petit prince, qui n'est autre que l'empereur actuel des Français. Il y a bien un certain combat de couleurs trop heurtées dans les costumes, fort bien peints du reste, des quatre acteurs de cette scène, dont nous louerons l'agencement. Mais ce que nous louerons surtout, c'est la façen dont sont traités les accessoires et les fonds composés avec un grand scrupule historique. Il y a notamment une cheminée garnie de ses bronzes dorés qui est peinte avec une légèreté et une précision très remarquables. Encore un effort vers la recherche de la cou-leur, qui est toujours froide et sans unité chez M. Viger-Duvignau qu'il peigne tout de la façon de cette cheminée, et il sera arrivé. Desain8, aquarelles, miniatures, porcelaines. Nous ne trouvons pas grand'chose à dire du dessin au fusain de M. G. Bellenger, de Rouen, qui représente une site rocheux dans la forêt de Fontainebleau, si ce n'est que tout y e-t sur le même plan. Le Paysage de M. G. Bouet, de Gaen , n'est pas gai, mais c'est une fort jolie aquarelle , Où des rochers roses, qui ont glissé le long des pentes de montagnes crayeuses , surgis-sent des eaux qui en baignent le pied et s'enlèvent sur un ciel gris bleu. L'habileté de M. Armand Cassagne, du Lan-din , dans le maniement de l'aquarelle , est devenue des plus grandes , et ses paysages , largement enlevés, sont pleins de soleil et d'ombres transparentes. L'Intérieur d'un bois, criblé de flèches d'or sur ses rochers et sur les troncs de ses arbres , est surtout d'un effet très vrai et très original. M. Chaplain , de Mortagne, premier grand prix de Rome , l'an dernier, pour la gravure en médailles , s'amuse à tracer à la mine de plomb des portraits d'amis , d'un dessin très précis et d'un modelé très serré , bien qu'exé-cutés avec une grande liberté de main. Le dessin au fusain, genre qui prend une grande extension aujourd'hui et auquel quel-ques artistes de talent savent donner de beaux tons veloutés et ùne transparence re-marquable , n'est pas encore un mode d'ex-pression dont M. Couraye du Parc , de Saint-Lô , soit devenu maître tout-à-fait. Ses deux dessins sont, en eff. t, de mérites inégaux. Dans la Vue de Mortain , amas de rochers en pente, qui descend en avant d'un rideau d'arbres , l'effet est lourd et sans lointains. Dans la Mare de Bouillon, au contraire, vaste étendue d'eau bordée sur sea deux rives de grands arbres qui forment promontoire au premier plan , les fonis sont lumineux et lé-gers , et la perspective aérienne est haDile-ment ménagée. Notons seulement les deux portraits en mi-niature ae M. Desvaux, qui nous ont échappé dans nos recherches à travers l'exposition recherches assez pénibles pour que le temps passé à trouver tous les éléments de cette longue revue l'emporte peut être sur celui nécessaire pour l'écrire. M. André Durand, d'Amfreville-Ia-Mivoie, continue à exposer chaque année quelques-unes des études sur la Toscane qu'il exécute pour l'album que M. le prince Anatole Demi-dofl lui a commandé. Cette année, ce sont deux spécimens de cette architecture toscane du moyen-âge, si originale avec ses assises alternées en marbre blanc et noir, et son style gothique, qui n'a jamais pu s'affranchir entièrement des souvenirs antiques. La fa-cade de la Cathédrale de Sienne et son cam-panile sont un des plus beaux exemples du style fleuri qui régnait en Italie au commen-cement du treizième siècle. La facade de la cathédrale de Prato est plus sévère et appar-tient à ce qu'en France nous appellerions le style roman. Les dessins de M. André Durand, à moitié pittoresques, à moitié géométriques, donnent une idée suffisante de ces riionuments pour qui ne veut pas les étudier en archéo-logue. Autrement, il faudrait quelque chose de plus. Parmi le nombre assez grand de fleurs en porcelaines qu'un certain nombre de dames et de demoiselles ont exposées, celles de M@me Fon-tane , de Caen, se font remarquer par leurs qualités de facture et de ton. M. F. Langée, de@Maromme, dont nous nous sommes déja occuués avec tout le soin que mérite son beau talent, a exposé deux des cartons qui lui ont servi pour la décoration de l'église collégiale de Saint-Quentin. L'un représente le Christ debout montrant le Livre aux deux apôtres saint Pierre et saint Paul agenouillés de chaque côté de lui. L'autre nous montre Saint Pierre assis , figure d'un très beau caractère et d'un grand style. L'Etude d'Iris, aquarelle de M@lle A. Laval, de Cherbourg , nous semble supérieure à l'Etude de Raisins, qui sont transparents et sans relief. Il y en a peu à l'exposition qui traitent l'aquarelle avec autant de furie que le fait M. J.- C. Lefebvre, de Rouen. Le So@rnmir du Vieux Rouen est un chaos de vieilles maisons à pans de bois, disloquées, ventrues et som-bres , dont quelques échos de lumière éclai-rent de place en place les façades lépreuses. Les Moulins picards, mal assis sur leurs bases, avec leurs ailes édentées comme de vieux peignes, immobiles et ruinés sous un ciel tourmenté , offrent au soleil un truculent aspect d'abandon et de délabrement sous les lianes qui les tapissent. Tout ceci est très habilement exécuté mais où la nature offre-t-elle de pareils modèles ? Un fort joli portrait à la sanguine de M@lle B@@., grand comme nature, complète l'exposition de M. J. Léman, de l'Aigle. M. Marie Lebret, du Petit-Couronne, a fait deux copies, à l'encre de Chine rehaussée de couleurs, de la Nativité de la Vierge et de la Cuisine des Anges, deux tableaux de Mu-rillo acquis il y a quelques années iar le musée du Louvre. Il y aurait beaucoup à dire sur ces copies, qui, si elles rappellent à peu près les originaux par le dessin, s'en éloignent tout-à-fait par la couleur. Les porcelaines de M@lle de Maussion, de Fa-laise, interprètent toujours avec une coule u légère et agréable les originaux du Louvre , que ce soit un tableau monté de ton, comme le Sommeil de Jésus, de Sassoferato , ou un pastel blond, comme la Marquise de Pompa-dour de Quentin Latour. Que dire des deux portraits en miniature de M@lle Eugénie Morin, que nous ne l'ayenl dit déjà 9 La médaille que le jury leur a dé-cernée parle plus haut que nous ne pourrions le faire, et de ce jour notre jeune compatriote est classée parmi les artistes qui comptent et qui sont l'honneur des salons. On devine, à la grâce naturelle de ces portraits et au des-sin un peu cherché des contours que leur auteur est une femme mais c'est un talent très viril qui les a si largement touchés et si scrupuleusement modelés. Nous avons loué les tableaux de M. Se-bron cela nous dispense d'en faire autant pour ses pastels. Quand on a du talent, si l'on fait, par malheur, un portrait comme celui de M@me Anna de la Grange, du Théâtre-Ita-Italien, on doit prendre garde de l'exposer. La copie à l'aquarelle du Saint François d'Assise, de Benouville, dénote chez M@lle Wyatt de Vivefay, de Rouen, un plus juste sentiment de la couleur que du dessin. Les extrémités - des personnages sont lourdes, mais let on général du tableau est bien saisi les fonds surtout sont d'une fort belle cou-leur. -Une très grande franchise de ton fait éga-lement valoir le Portrait de l'Infante Mar-guerite, d'après le Velasquez du Louvre. Seu-lement ce ton nous semble plus rosé dans la copie que dans l'original. Sculpture. M. Ghaplain , dont nous avons cité plus haut les portraits à la mine de plomb, n'a envoyé au salon que deux bustes en terre cuite, exécutés probablement avant son dé-part pour la villa Méoiicis. Ces bustes, l'un d'homme et l'autre de femme, sont finement modelés et touchés avec une liberté de main qui laisse transpirer la vie dans ces es-quisses sans prétention. M@me Fortin, de Caen, a fait de son fils un buste en plâtre très estimable, mais qui pè-che quelque peu par le défaut d'ensemble dans les traits. En 1861. nous avons assez longuement parlé, pour n'y r oint revenir dans cette revue du salon, du Colin-Maillard dont M. Lebarivel-Du-rocher avait alors exposé une épreuve en p'â-tre. Cette figure de jeune fille , traitée dans les dimensions de la nature, nous avait sem-blé être anti-sculpturale avec ses bras proje-tés en avant, ses jambes hé-itantes et écar-tées et son visdge à moitié caché. L'auteur semble avoir partagé notre avis, car il s'est contenté de faire couler en brorze sa statue, au lieu de l'exécuter en marbie. Ayant à faire une figure de Sainte Madeleine pour la nouvelle église Saint-Augustin , à Parip, M. Leharivel Durocher a choisi pour représenter la pécheresse le moment où celle-ci se retire d'auprès du Christ, le vase de par-fums encore dans sa main gauche et tenant de la droite, réunies sur sa poitrine que seules elles vêtirent un jour, les ondes de l'opulente chevelure qui viennent d'essuyer les pieds de Jésus. La tête longue et étroite, et toule jeune, n'est point celle d'une courti-sane , mais plutôt d'une femme sentimen-tale , pécheresse par tendresse de coeur. Le bras gauche à demi-nu iamène sur la poi-trine, trop découverte apparemment, les plis nombreux d'un manteau qui enveloppe le corps et se drape un peu à la façon des sculptures gothiques. Cette statue, exécutée en pierre, avec un grand soin, appartient à ce genre religieux et doux qui caractérise le talent de M. Leharivel Durocher. M. Ed. Peau, du Havre, a modelé très lar-gement et d'une façon un peu martelée un buste d'homme en terre cuite, qui rappelle le style et la facture des oeuvres similaires du dix-huitième siècle. Architecture. Des études très intéressantes sur les an-ciennes fortifications de l'entrée du port de la Rochelle, par M. Juste Lisch, d'Alençon, cons-tituent tout l'apport de la Normandie à l'expo-sition d'architecture. Mais cet apport est im-portant aussi bien par l'originalité des résul-tats où ses recherches ont conduit M. Jules Lisch que par l'exécution des nombreux des-sins qui les justifient. On connaît par les gravures exécutées sous la direction de Le Bas, d'après le tableau de Joseph Vernet, les deux tours, l'une haute et carrée, l'autre ronde et basse, qui défendent l'entrée du port de la Rochelle, mais ce qu'on ignorait et ce que M. Jules Lisch a tiouvé@en étudiant avec soin la tour carrée, c'est qu'un arc immense, jeté par dessus l'entrée du port, allait de celle ci à son opposée. Les voussoirs de sommier existent encore et indiquent la forme de la courbe. Cet arc soutenait un chemin de ronde crénelé, de sorte que, taDdis que les vaisseaux qui auraient voulu forcer l'entrée du port étaient arrêtés par la chaîne, dont la ma-noeuvre s'explique par les traces laissées dans le mur de la chambre qui lui était destinée dans la tour qui porte encore le nom de Tour-de-la-Chaîne, des projectiles incendiaires et des armes de jet pouvaient être lancés du chemin de ronde sur le pont du vaisseau. Un peu plus loin, une autre tour des forti-cations était coiffée d'une aiguille, comme un clocher, qui devait servir d'amers pour l'at-térissage, d'autant plus qu'une tourelle, au-jourd'hui décapitée, qui monte à côté du clocher et renferme un escalier à vis, ne pouvait avoir d'autre objet que de renfer-mer un fanal qui, pendant le nuit, guidait les navires. Toutes ces particularités sont indiquées et justifiées par M. Juste Lisch dans leurs plus petits détails, dans des dessins très habile-ment et très simplement faits, qui lui font le plus grand honneur et lui ont mérité une médaille. Gravure. La chalcographie du Louvre a confié à M. C. Chaplin, des Andelys, l'exécution d'une grande gravure à l'eau forte, d'après le célèbre tableau de Watteau, intitulé l'Embarquement pour l'île de Cythère. Soutenu par l'orig@mal, M. C. Chaplin a fait une planche spirituelle et colorée, qui rappelle la peinture de Watteau, aussi bien que peuvent le faire l'eau-forte et un artiste qui n'est pas un contemporain car il ent à remarquer que chaque peintre a trouvé autour de lui les graveurs qui l'ont le mieux interprété, et qui, animés du même sentiment esthétique que le sien, ont su, de prime abord , se plier à ses idées et s'iden-tifier à sa couleur et à son style. Moins heureux lorsqu'il travaiiled 'après lui-même que lorsqu'il lui arrive de vouloir traduire Watteau , parcequ'il est moins difficile pour ses propres oeuvres, M. C. Chaplin a produit une foule d'eaux-fortes et de lithographies dont nous ne parlerions pas, s'il n'en avait exposé des spécimens, et que nous regrettons, pour plusieurs motifs, de voir signer par un artiste de cette valeur. Le Paysage au soleil l@want@, eau-forte, par M. Ernest Lefebvre, président de la Société des Amis des Arts de Rouen, témoigne de très grands progrès, bien que le dessin y laisse encore à désirer. Ainsi les prairies du premier plan à gauche et les terrains boisés qui les limitent au pied d'un coteau sont mal assis et semblent placés au-dessous du niveau de la rivière qui les baigne. La futaie de droite, toute dans l'ombre, est plus solide et fait valoir à merveille l'effet brillant de la lumière matinale qui envahit les fonds et se répand sur les prés. M. C. Regnault, de Bayeux , qui dépense une grande somme d'habileté un peu à l'a-venture, a exposé deux petits portraits, celui de Voltaire et la tête d'une jeune fille, exécu-tés de cette pointe légère qui effleure à peine le cuivre et y trace une image qu'un souffle semble pouvoir enlever. Il faudrait craindre qu'à ce jeu tant de talent ne s'évaporât, et nous voudrions que M. C. Regnault alternât ce qu'il appelle des improvisations sur aeier. avec quelques bons burins bien vigoureux , comme il a témoigné qu'il en savait faire. M. Ribot n'est pas de la même école, et c'est la légèreté qu'il faudrait souhaiter à ce peintre, lorsqu'il manie la pointe et attaque le cuivre avec l'eau-forte. Ses deux portraits de M. Cadart et de M. Vollon participent des défauts qui semblent spéciaux à la Société des aqua-fortistes, dont M. Cadart est l'édi-teur. La touche en est quelque peu brutale , et l'effet est donné par l'opposition des blancs aux noirs absolus, sans l'intermédiaire des demi-teintes. Ce n'est pas ainsi que M. Ribot procède dans sa peinture, très énergique ce-pendant, et si une eau-forte ne doit être qu'un croquis, encore faut-il que ce croquis soit léger et participe des qualités qu'aurait une oeuvre plus achevée. M. Julien de la Rochenoire, du Havre, a traluit à l'eau-forte le tableau de la Mort @THippolyle, qu'il avait exposé l'an dernier. Son travail, harhé et tourmenté v rend d'une facon très juste l'effet du tableau. Nous lui reprocherons cependant des noirs trop ab-solus. M. Louis Sargent, de la ville d'Eu, est un de nos graveurs sur bois dont le talent est le plus souple. S'il n'a pas su dorner un effet très accusé aux Fleurs et Fruits dessinés par M. A. de Bar sans grand caractère peut-être, il a su rendre dans une Matinée, d'après M. Corot, toute la légèreté et tout le charme de la couleur du maître , habilement traduit sur le Dois par le crayon de M. Français. Lithographie. La lithographie se meurl, et pprsoane, parmi les Normands qui la pratiquent en-core, ne remolacera Eugène Leroux , qui fut un des derniers artistes qui l'ont soute-nue de leur talent. Le Portrait de M. Cabanel, par M. G. Bellanger, de Rouen , est assez fa-cilement traité, mais plutôt dur que monté de ton, et les Portraits inédits d'artistes, que M. Legrip lithographie pour l'oeuvre de M. le marquis de Chennevières , sont des fac si-milés. M. Loutrel, peintre aujourd'hui, a com-mencé par la lithographie, qu'il a quelque raison de délaisser, car il la traite comme on fait d'une chose ennuyeuse. Les Enfants d E-douard sont exécutés assurément d'après la gravure de M. Foister et non d'après l'original de Paul Delaroche , car à distance ils rappel-lent l'aspect velouté du burin mais de près le travail est vide et sans finesse. Le Portrait de @Vèvêque de Limoges confond dans la même tonalité grise la tête et le fond. Décidément M. Loutrel préfère le pinceau au crayon li-thographique et montre trop ses préférences. Si nous résumons nos impressions, nous devons nous trouver satisfaits. Plusieurs de nos artistes normands sont placés hors de concours par les récompenses qu'ils ont obtenues, et trois médailles dans la section de peinture sont venues reconnaître les mérites de MM. J. F. Millet et RIbot, a@mS1 que ceux de Mlle E. Morin. Une dans l'architecture a récompensé les études de M. J. Lisch. En dehors de ces récompenses d'honneur, les acquisitions de_l'Etat feront entrer dans les musées de Paris ou de la province les oeuvres des artistes suivants Berthélemy. - Le Vauban désemparé. Cabasson. - La Captivité de Saint Louis, oeuvre commandée. Chaplin. - Les Bulles de Savon. Couveley. - Le Port de Bordeaux. Lhullier. - Le Départ pour le pâturage. Saint-Martin. - Une Matinée en Nor-mandie. Sebron. - La Cartuja de Miraflorès. La gravure de M. Chaplin lui était com-mandée, et la Sainte Madeleine de M. Leha-rivel-Durocher sera placée dans une église@je Paris. Nous avons signalé les mérites des oeu vres de MM, Laugée, Ribot, Chaplin, J. Lé-man, J.-F. Millet, Saint-Martin, Berthelemy, de M@lle E. Morin, du sculpteur Leharivel@Du-rocher, artistes dont le talent s'affirme de jour en jour davantage. Nous avons salué l'arrivée de M. Lhullier, sans omettre de faire apprécier ceux des artistes depuis longtemps parvenus à la réputation, comme MM. Morel-Fatio et Sebron, qui n'avaient point démérité d etjXSnêjntîs. L'exposition, ce nous semble, 'boqatesjpour les artistes normands, oousçîioiis plaisons à le constater.
BEAUX-ARTS@@ LES ARTISTES NORMANDS AU SALON DE ##### Peinture. ######### les expositions devi@nnent #################### permettra de ne point faire précéder d'un préambule cette revue des artistes normands dont les oeuvres figu raient au salon qui vient de se fermer. Après l'avoir à peine terminée, ce sera bien assez que de nous remettre encore au travail dans trois mois, lorsque l'exposition municipale de Rouen sera ouverte. Nous commençons donc, en suivant, comme d'habitude, l'ordre alphabétique. M. Aillaud, de Rouen, n'a guère eu d'autre prétention que de faire figurer sa carte au salon en y envoyant le Portrait du marquis d'A... et un Voltigeur de la Garde Impériale. Ces deux toiles, très librement, trop librement traitées même, prouvent l'habileté de M. Aillaud. Le portrait équestre du marquis d'A..., en cos@tume de chef d'escadron de l'armée d'Afri@que, suivi d'un spahis et lancé au plein ga @@@ga lop de son cheval, est surtout d'une couleur agréable et lumineuse. Le type du volti@geur de la garde impériale est assez réussi pour que l'empereur l'ait acquis mais il nous faut l'an prochain des oeuvres plus étu@diées et en progrès sur celles de l'an der@nier. M me Catherine d'Aure, d'Evreux, se livre pour notre malheur à la nature morte. Voici pourquoi nous disons pour notre malheur . Lorsqu'un tableau de nature morte est quelque peu remarquable, et il faut qu'il le soit beaucoup pour le paraître un peu, on s'en sert en guise de remplissage, pour assor@tir ensemble deux toiles qui se nuiraient, étant rapprochées. Lorsqu'il est mauvais, on le pend sous la cor@niche. Celui de M me Cathe@rine d'Aure servait de liaison entre deux toi les dont les tons violents hurlaient les uns contre les autres, mais il était perdu loin de son rang de bataille. - Quel assemblage de choses disparates sur une table de marbre rouge des Pyrénées ! Des pommes dans une assiette, une tête d'artichant, des framboises sur la bran@che, une cafetière d'argent, des pêches, une cruche à cidre en vie@lle faïence de Rouen et un potiron pour relever le tout, en avant d'une draperie ! C@ertaines parties sont habile@ment traitées, comme la cafetière d@argent d'autres sont moins bien mais le tout @ne pourrait que gagner à une facture un peu plus ferme. M. Albert de Balleroy, de Lanné, était en décadence l'an dernier sur l'année précé@dente, et ses tableaux n'étaient pas des meil@leurs cette année ils sont au-dessous de ce qu'ils étaient l'an dernier, et ils ne sont pas bons. La maladie de M. Manet, la maladie espagnole, l'a pris, et il peint avec des tons crus, noyés dans l'huile, étalés comme de l'aquarelle et sans liaison, mais aussi sans force. On dit que c'est ainsi que peignaient Velasquez et Goya. Tans pis pour ceux qui le disent, car Velasquez est un grand peintre, Goya est un agréable coloriste, mais la Chasse au sanglier en Espagne et le Cerf a l'eau ne sont ni d'un peintre ni d'un coloriste ha biles. M. Eugène Bellangé nous inquiète, et nous aurions voulu de plus grands progrès chez lui. Un Soir de Bataille nous semble supérieur aux tableaux du dernier salon, mais nous n'y voyons point que M.@E. Bellangé s'y soit corrigé de certaines vulgarités de dessin et des tons groseille dans les rouges que nous lui avions signalés. Nous note@rons un torse nu de troisième plan, qu'il valait mieux ne pas mettre en scène, plutôt que le dessiner de la façon qu'il l'a fait, et une habitude de modeler les fronts où il fait saillir une double gibbosité qui lui est particulière. Le Soir d'une Bataille de M.@E. Bellangé nous mo@@tre le troupier français faci@lement ou@bl@eux de la lutte humain et généreux pour les vaincus. Que les étrangers en tassent autant de leur côté, nous n'y trouverons rien à redire. Les sentiments de fraternité et d'es@time internationale ne pourront même qu'y gagner. Donc nous sommes en Italie, au soir d'une bataille que, tout naturellement, nous avons gagnée. Des Autrichiens gisent sur le terrain, morts ou blessés. Les morts ne crient point comme dans cette narration de me@urée célèbre, mais les blessés cessent de faire les morts@, puisqu'on ne se bat plus et qu'on dépouille quelque peu ceux qui sont couchés à terre. Les soldats français les se@courent. Un zouave donne le bras à un offi@cier que les siens saluent en se soulevant. Parmi eux un officier français ne se relèvera plus de la place où il est tombe Un de ses sol@dats le regarde avec regret, tenant en main son sabre inutile et désormais triste relique de famille. Les divers épisodes de cette scène, disposés sur @un tertre, se composent facile@ment et s'enlèvent, éclairés par les dernieis rayons du jour, sur un ciel d'un gris verdâtre un peu lourd. Un Intérieur d'Atelier est celui ce M.@H. Bellangé père, qui est là, assis dans un coin et regardant une estampe que le jour p perce et fait voir par transparence. L'effet est bien rendu@, la couleur bien distribuée la com@position est d'une couleur agréable et solie, et nous engagerions M.@E. Bellangé à suivre parfois la voie que lui montre ce tableau. Pour être fils d'un peintre de batailles, peut-être n'est il pas né peintre de batailles lui-même. Joseph Vernet peignait des marines et des paysages, tandis que Carle, son fis, peignait des chevaux et ne croyait point déchoir. Un peintre de marine, habitué à la mobi@lité des flots, ne doit pas s'étonner si les j@urys s@ont changeants. Refusé l'an dernier avec de bons tableaux, M. Berthelemy, de Rouen, est admis cette année avec une des meilleures marines de l'exposition. Sur une mer verte aux longues lames profondu, le Vauban plonge son avant, que cache le nuage de fumée noire sorti de sa cheminée. Le grand mât brisé traîne sur son fl@anc L'équi@page travaille sur le pont, qu'éclaire un jour blatard tombant du ciel gris. Peut être l'ar@rière du vapeur est-il bien long, comparé avec la partie placée à l'avant des roues, qui, peut-être aussi, perd de son importance, la proue étant cachée par la fumée. Mais tout est précis, dessiné avec sûreté et bien dessiné, et d'une colora@@ion très juste, les opacités de la fumée faisant valoir les trans@parences du ciel et de l'eau. Un Brick en détresse à Saint-Vaast-@la@-Hougue est une toile moins importante et d'un effet plus sourd. Nous y louerons sur@tout l'effet des lames, qui, chassées par le vent ainsi que les nuages, glissent rapides entre les rochers qui garnissent la côte. Les tableaux d'architecture de M.@G. Bouet, de Caen, que nous continuons à trouver d'une couleur trop uniformément blonde, très habilement distribuée du reste, ont le mérite rare d'être dessinés par un archéo@logue. Les styles y sont affirmés jusque dans leurs moindres détails avec précision et sans sécheresse. Avec un peu plus de solidité dans la couleur, ces intérieurs seraient excellents. Le Cheval à l'Ecurie, de M.@E. Bujon, figure dans une des salles consacrées aux artistes non admis au concours des récompenses. C'est un grand cheval d'un blanc un peu jaune@, comme tout ce qui l'entoure, et qui nous semble dessiné plutôt de souvenir que d'après nature. Que M.@E. Bujon y prenne garde, sa facilité pourrait le perdre, et nous ne pouvons que lui conseiller d'en revenir à l'étude de la nature, qu'il a toujours un peu trop négligée, emporté qu'il est par la fougue de son organisation. Ainsi que Paul Delaroche, son maître, M. Cabasson, de Rouen@, est poursuivi de l'amour de la propreté. Saint Louis en prison après la bataille de Mansourah, alors qu'il avait perdu ses chaussures et qu'il mar@chait sur ses bas-de-chausses@, alors qu'il se couchait sur une natte délabrée, au pied du pilier d'une prison, au beau milieu de ses chevaliers malades de la dyssenterie, n'é@tait point vêtu d'un beau pourpoint de velours grenat immaculé et de chausses vertes irréprochables, ressemblant à du bronze antique quelque autre désordre de@vait régner en sa toilette, qu'un soulier non chaussé, la majesté royale dût elle en souf@frir. Mais cette majesté devait résider ailleurs que dans le costume chez ce guerrier chré@tien, que Joinville, malgré la touchante fami @harité du récit, nous montre si grand dans ses revers. Puis pourquoi avoir choisi ce type si peu noble, si grotesque même, qui, avec sa perruque rousse, ressemble trop au célèbre Gringalet de notre enfance, maintenant que l'on sait que ce type est relui du roi Charles V ? Si la couleur encore était harmonieuse ! mais elle crie et manque de ressort. A notre avis, M. Cabasson s'est grandement trompé. Le Chemin des Dunes à Ploumanach , de M.@L. Caillou, de Lisieux, n'est point un agréable chemin. Il passe au beau milieu de grands rochers roses, que fait valoir un ciel orageux, qui du jaune passe au vert, puis au noir. Au loin s'étend la mer glacée. Sans un tout petit Breton, qui chemine au pied de ces rocs et leur sert d'échelle de proportion@, on ne devinerait guère quelle est leur grandeur, et c'est là un défaut qui provient du point de vue plongeant que le peintre a choisi. L'effet général est trop sourd, les premiers plans ne venant pas assez en avant, défaut que nous avions signalé dans les paysages expo@sés par M. L. Caillou l'an dernier. Le Matin sur les bords de la Risle, malgré un ciel très léger, manque aussi de ressort et surtout de ces teintes ambrées qui font le matin. Le ton dominant est le violet. Si la Risle coule à pleins bords entre des rives si solennelles, au milieu de vertes clairières herbeuses qu'abritent de grandes futaies, au@cun fleuve classique ne lui peut rien dispu@ter et c'est là qu'il faut transporter tout le bagage olympique des peintres d'idylles et des paysagistes de style. M. Eugène Capelle, de Rouen@, n'a point été tout-à fait heureux cette année. Il a peint des Boeufs traversant une lande. Sur la lande sablonneuse pousse une herbe rare de gros grès couverts de lichens@, qui donnent un peu d'ombre au pied de quelques bouleaux échevelès, l'accidentent seuls. Au fond le ter@rain est meilleur, et les grands arbres d'une forêt et un coteau ferment l'horizon. Le paysage est bien composé et d'une bonne couleur. Les animaux@, qui s'avancent dans la dépression qui occupe le centre de la com@position, sont bien dessinés ils étaient à leur plan, mais il a fallu faire jouer un peu de lumière et d'ombre sur ces landes sans acci@dents. L'ombre portée d'un nuage a fait l'af@faire. Ma@s il arrive que l'ombre est trop noire, et voila les boeufs qu'elle couvre qui entrent dans la toile au lieu d'en sortir. Le noir et le gris froid, voilà les écueils de M. E. Ca@pelle. Sa palette s'est réchauffée cependant mais si le noir n'est pas absent de la na@ture, sa fonction est de faire valoir la lumiè@re non d'attrister encore un gris déjà assez triste lui-même. M. E. Capelle s'est résigné à vivre au milieu des prairies et des bois les fonds de son tableau témoignent d'un excel@lent sentiment de la nature, et nous avons l'espoir qu'une étule persévérante lui révélera ces secrets au soleil et de l'ombre, qu'il semble ignorer encore. Si M. Ch. Chaplin, des Andelys, pouvait lui donner, par surcroît, un peu des gaîtés de sa palette. Les Bulles de Savon, les Tourterelles sont deux charmantes peintures qui repré@sentent deux jeunes filles plus qu'en buste l'une, en robe de satin blanc et en corsage groseille, souffle des bulles de savon aussi brillantes et aussi irisées que son costume et ses vivantes carnations. L'autre, en robe jaune, le sein demi nu, entouré d'une gaze légère qui ne cache rien, caresse deux tour@terelles qui opposent la blancheur de leur plumage à ses chairs brunes et vermillon@nées. Ces toiles, si agréables dans les tons blancs et roses, peintes en pleine pâte, rap@pellent ce qu'il y a de meilleur dans cet art français du dix huitième siècle, qui était si charmant et si faux sous le pinceau de Le@moine, de Boucher, de Trémolliére et de tant d'autres. Les deux portraits de femme de M lle Laure de Châtillon, de Chambray-sur-Eure, l'un en buste@, l'autre presque en pied, et grands comme nature, sont fort agréablement peints et ajustés, surtout le premier. On pourra re prendre au modelé certaines incertitudes et des duretés qui forment un assez singulier contraste mais l'arrangement en est habile, cela est bien de son époque, de son année et d'une phase particulière de la mode. Cela est surtout d'une femme. Le portrait de M me X..., peint par M lle F. Chéron. de Mortagne, dans un ton gris blond assez fin et d'une touche un peu fluide, man@que de ressort et est par trop négligé dans ses accessoires. Décidément, M. Coessin de la Fosse, de Li@sieux, continue sur sa peinture la réforme qu'il avait commencée l'an dernier. On ne s'aperçoit presque plus, tant elle présente @de mollesse dans la touche, qu'il ait suivi jadis le système des empâtements de M. Couture. Néanmoins, dans le portrait de M. G..., sim@plement posé, assis devant son bureau, nous louerons l'exécution des mains, qui sont fort bien dessinées. M. Edouard Daliphard, de Rouen, aime la nuit, dont il réveille avec talent les ombres transparentes. Mais peindre toujours la nuit ! Dans la Vue prise à Poissy, la Seine roule ses ondes noires zébrées de quelques reflets rou@ges glacés au milieu des saules et au pied d'un escarpement dominé par une haie, en avant de quelques maisons blanches qu'éclaire encore un ciel crépusculaire@, jaune à l'horizon, verdâtre au zénith. La lutte entre le jour qui fuit et l'obscurité qui envahit tout est fort habilement rendue@, ainsi que dans l'autre toile, représentant l'Entrée d'un village dans la Campine Belgi@que . Mais que M. Ed. Daliphard apprenne à dessiner et qu'il ne nous montre plus de ca valiers mal bâtis comme celui qui trébuche sur les premiers plans de la route qui pénè@tre dans son village, et qu'il nous montre, l'an prochain, que son habileté ne redoute point le grand jour. La nature morte que M lle L. Darru, du Neubourg, intitule Citron, très agréablement peinte dans des tons gris clair, ne se con@tente pas de nous montrer le fruit acide du pays où fleurit le citronnier. Des huîtres na@geant dans leur eau, des bouteilles en nom@bre respectable@, une cafetière d'argent et quelques porcelaines@, le tout posé sur une table, sont les promesses d'un dé@jeuner... et d'un talent qui naît. La Petite Chapelle nous plaît moins, mais était plus difficile à peindre. Un crucifix posé sur une nappe blanche dans une couronne de fleurs, en arrière une statue de la Vierge entourée de fleurs des fleurs dans des vases, des fleurs sur l'autel, partout des fleurs. Il faut, pour savoir accorder tant de couleurs éclatantes et de tons divers, être plus rompu au métier de la peinture que M lle L. Darru ne semble l'être encore. Quelle agréable figure que celle de Figaro, un aimable griffon anglais qui nous montre son museau noir et ses yeux brillants d'où rayonnent comme une gloire des touffes de poils blancs et roux. Une touche soyeuse et ferme et des tons de valeurs différentes sont seuls nécessaires pour modeler un pareil portrait sans lignes et sans dessin. M. Ernest David, de Caen, n'y a pas tout-à-fait réussi, bien que sa couleur soit très s@atisfaisante. Le Dôme des Invalides, vu de la rue Chevert, n'est qu'une étude malheureusement éclairée par une lumière bleue un peu froide, dont M. A. Delapierre, de Rouen, fera sagement de se défier. Félicitons un autre Rouennais, M. Dévé, des progrès qu'il a faits depuis l'an dernier@, bien que sa touche montre encore quelque mollesse. Nous ignorions que l'Ile Saint Denis présentât des sites aussi abandonnés que celui qu'a peint M. Dévé. On y trouve presque des landes plantées au hasard et traversées de chemins incertains. Il n'est donc besoin d'aller si loin pour être en pays sauvage. Ce qu'il y a de moins heureux dans les Falaises près Fécamp, ce sont les falaises, où la touche manque de vigueur. Mais les roches plates, ta@pissées de varechs verts qui s'étalent au pied entre les flaques d'eau qu'y laisse la mer, sont d'une grande vérité d'aspect et de cou@leur, surtout aux premiers plans. La mer est peut-être un peu lourde au fond mais le ciel est léger, bien à son plan, et s'étage mieux que ne le font souvent ceux des paysa@gistes le plus en renom. C'est toujours avec le même jaune clair et froid tirant sur le vert que M lle Eudes de Guimard, d'Argentan, colore des@ tableaux fort agréablement peints du reste et habile@ment composés. Le Milion dictant le Paradis perdu à ses Filles ne renferme que la dose de sensiblerie qu'une demoiselle devait trouver en un pa reil sujet et d'aspect theâtral qu'il faut en un tableau. La belle utilité que ce serait de peindre Milton morose@, en robe de chambre et en pantoufles, dictant son poëme à ses filles prosaïquement assises devant une table ! Mais posez-le-moi en grande toilette@, tout de noir habillé, dans un gand fauteuil, près de la fenêtre faites asseoir à ses pieds une de ses filles attentive appuyez l'autre@, dont la tête est assez mal dessinée, sur la harpe qui se tait, et dont les préludes ont transporté l'es. prit du p@oéte aux pieds de l'Eternel, et vous aurez un tableau presque épique. M lle Eudes de Guimard aime tellement les tons verts, qu'elle a fait dorer en or vert le cadre de son second tableau les Femmes de la campagne de Rome. Cette bordure, d'un aspect si froid, a été, sans doute, choisie afin de faire paraître plus chauds les tons presque analogues qui se trouvent dans le tableau. En effet, la femme, debout près d'une fon@taine@, noyée dans la demi teinte@, dont la silhouette seule est éclairée par les dernières Jueurs du jour, les deux autres femmes du fond et ces fonds eux-mêmes plus éclairés, forment un ensemble d'une coloration tem@pérée et presque blonde où nous voudrions voir persévérer Mlle E. de Guimard. La recher@che de ce cadre, d'un ton si désagréable@, vous@ prouve qu'elle entrevoit la couleur.@@@ Que dire du portrait de M me P. A..., par M. Finck@, de Rouen ? Il est presque en pied, dans les dimensions du quart de la nature le violet y domine, et c'est tout. Notons le succès colossal qu'obtient le di@manche, et même tous les jours, Un Revers de Fortune , de M lle Amanda Fougère, de Cou@tances. Ils sont si jolis les trois personnages assis autour de cette table, et peints en demi-nature avec de si aimables couleurs la mère posée de profil et en noir, la petite fille en violet et plus loin le bon petit juif, tout rose, tout poupin, rasé de frais, sous son bonnet noir comme il pèse d'un air indifférent ces colliers et ces joyaux, qui sortent du coffret posé sur la table. Sans en avoir l'air, cette pauvre dame est bien affligée, et ce juif est bi@en avide. Ils ne sont guère en scène cepen@dant, et le drame intime qu'ils jouent passe d'abord inaperçu mais le public, sensible, qui ne comprend pas à première vue compose tout de suite son petit roman et s'émeut dès que le livret lui a in@diqué de quoi il s'agit. Puis le joli a tant d'attraits et remplace le beau auprès de tant de gens ! Le Portrait de M me Saint-Athanase, abbesse de Jouarre, bonne grosse femme placide, aux mains courtes, possède les mêmes qualités de sérénité et de modelé que les personnages d' Un Revers de Fortune. Nous avons vu mieux de M.@A. Foulongne que son Silène endormi. Ce joyeux Fals aff des-bacchanales antiques cuve son vin assis au pied d'un tertre. Une nymphe, posée de pro@fil et d'un assez bon style, lui barbouille le front avec des mûres. Au fond, des bergers préparent des liens. La scène@, bien dis@posée, a le mérite de ne rappeler aucune des nombreuses compositions que l'on a faites sur le même sujet. Mais le Silène manque de force et d'ampleur dans sa mus@culature@, et la couleur de ce ressort que nous avions trouvé dans d'autres peintures de M. A. Foulongne. C'est sans doute par espiéglerie que M lle Gallwey, du Havre, en compagnie de sa soeur, des Batignolles, a envoyé au salon son tableau de pensionnaire. Ces petits es@sais devraient rester dans la famille et en ex@citer la muette admiration, au lieu de venir affronter les moqueries des désoeuvrés dans les salles des refusés. La Notre-Dame-de-Pitié de M. Gislain, de Trun Orne , élève de trop de maîtres pour en avoir eu un bon, grand tableau placé dans la même section, nous semble peint d'après des gravures de l'école vénitienne et de l'école flamande. Ce sera d'un excellent effet dans quelque église de campagne mais, à côté des oeuvres étudiées sur la nature, cela ne compte réellement pas. Des deux paysages exposés par M. G. Gut@tinger, de Rouen@, c'est le Sentier dans la fo rêt de Touques que nous préférons il est en@levé de verve et ne montre pas les dé@faillances que nous trouvons dans les Bords de la Seine, aux environs de Sèvres. Le sentier traverse un fourré que dominent quelques arbres sur la gauche. Le ciel couvert, chargé de nuages noirs et blancs en mouvement, est excellent. Un Portrait de Femme, de M. Hallot, de Caen, est parmi les refusés cependant il y en a peut-être de pires au salon. Cette pein@ture n'est pas gaie, mais elle est faite cons@ciencieusement, bien que d'un modelé un peu rond. M. Georges Hébert, de Rouen, n'a point vu cette année re éguer ses tabbleaux dans la section non admise au concours. Nous doutons que, malgré quelques excentricités de couleur, un jury plus sévère les y eût envoyés. La Perle d'Orient est une jeune fille d'une physiono@mie très fine et d'une très agréable figure, ha@@@billée en costume mauresque et le sein dé@couvert@, qui, debout près d'un guéridon, remplit de café une tasse d'or. Les chairs ont revêtu une belle teinte ambrée et très montée de ton, comme c'est l'habitude chez M @G. Hé@bert. La conséquence a été qu'il a fallu encore plus monter de ton les costumes, afin de don@ner aux chairs une couleur relativement blanche, et que les ors poussés eux mêmes aux limites du puissant ne sont plus de l'or à peine s'ils sont du métal. N'importe il y a un certain apaisement chez M. G. Hébert et un plus grand respect que jadis pour le dessin. Aussi a-t il pu faire un portrait assez individuel d'un grand mon sieur, à grand nez et à grandes mains, dont le grand cou sort d'un grand col rabattu, entre les grands revers d'un habit à grandes man@ches. Tout est grand et large dans ce por@trait d'une couleur moins rissolée que la Perle d'Orient. Ils attendent, par M. Hellouin@, d'Aunay-sur-Odon Calvados , représente un homme et une femme en costumes classiques assis au bord de la mer. Adspectabant mare flentes... Cette peinture vieillotte et malhabile, faite sans modèle fort probablement, est dans le salon annexe et y est à sa place. M. Louis Hénault, de Rouen@, a beaucoup retravaillé et singulièrement amélioré le ta@bleau intitulé l'Epoux et l'Epouse, que nous avions vu à la dernière exposition munici@pale. Nous rappellerons que ce tableau repré@sente un homme et une femme debout, plus grands que nature et au repos. Les mérites d'une telle composition doivent résider sur@tout dans la science du dessin, l'harmonie de la ligne et la puissance du modelé. M. Louis Hénault a fait droit à plusieurs des critiques qu'on lui avait adressées à Rouen en effaçant@@ quelques incorrections mais il est un certain bras, le bras gauche, que l'épouse appuie sur l'épaule de l'époux, dont il serait assez diffi@cile de retrouver sur la nature les emman@chements et la forme. Enfin, tel qu'il est, ce tableau se soutient à un rang honorable et témoigne d'excellentes tendances chez M. L. Hénault. M. Hermann-Léon, du Havre, fait effeuil@ler à une grimaçante macaque la marguerite si souvent questionnée. Il est vrai que l'Oracle des Prés a été arraché dans un vase du Japon, posé sur un tapis de Turquie, et que maître singe n'obéit qu'à son esprit destructeur. Ce tableau, d'assez grandes di@mensions@, rappelle par sa couleur et par sa facture les toi es de M. Ph. Rousseau@, le maître de M. Hermann Léon. Mais ce n'est encore qu'un reflet. Le Singe Guitariste est un petit panneau moins important, où, comme on le devine@, le quadrumane s'a@charne à gratter le ventre d'une guitare, en criant comme un possédé devant un cahier de musique appuyé à quelques bouquins recouverts d'une belle basane brune. C'est agréablement et très habilement peint, mais il faudrait que M. Hermann-Léon dégageât sa personnalité de celle de son maître. Les études de Pivoines de M lle Heuzé, de Rouen, sont très éclatantes et très vraies de ton, ainsi que ses Iris. Dans ces derniers la coloration verte des feuilles en lame de sabre est trop sacrifiée peut-être à l'éclat des fleurs. Il faut maintenant que M lle Heuzé s'essaie à assortir ces fleurs dont elle fait des portraits individuels si réussis. L'exposition de Rouen a eu la primeur d la Communion de Jeanne Darc dans sa pri@son , par M. Krug, de Drubec, tableau un peu fantasmagorique qu'éclaire une lumière de scupirail. Le portrait de M me V. Massé, que tout le monde s'obstine à vouloir être celui de M me Sand, montre beaucoup de caractère dans la physonomie, bien qu'on y puisse désirer un peu plus de fermeté. Un manteau en velours gris @clair garni de fourrure grise, qui recouvre le buste par dessus une robe noire trop effacée, est un excellent accessoire, grassement peint, et qui, bien que très im@portant, se subordonne aux carnations par ses tons neutres. La Nature morte de M. H. Lachèvre, de Rouen, représente un tapis kabyle accroché à un clou, en même temps qu'une casquette d'officier général, et tombant en plis sur une table où un chibouck est placé à côté d'un grand verre à pied, le tout d'une couleur très chaude et largement brossé. M. A. Lambert, de Darnétal, se rattache à l'école d'Anvers, dont M. Daubigny est le chef, et qui a pour muse la nymphe de l'Oise, nymphe coquette et bo@@nne inspiratrice, comme le prouve M. Lambert lui même Des deux tableaux qu'il a exposés l'un, le Matin, peint évidemment sur les bords de l'Oise l'autre, le Soir, peint à quelques pas de la rive, dans le parc de M. de Lamoignon, c'est celui qui caresse de plus près la nymphe qui est le meilleur. Comme dans tous les tableaux où cette ai@ma@ble ####### es@t et sera représentée, on la ################# bordée sur @@une rive ################### leurs feuilles dans l'eau, tandis que, sur l'autre rive, la plaine étroite chargée de moissons blondes s'étend quelque peu et ondule jusqu'à former un coteau qui domine un village. Les eaux sont encore plombées et dans l'ombre, mais l'horizon se colore, et la troupe des nuages légers s'irradie, affectant mille formes bizarres. Ce ciel est très original et très fin tous les terrains de la rive nue sont bien dessinés. Quant aux ar@bres de l'autre rive, ils sont un peu lourds, mais ceux du parc de M. de Lamoignon ne forment qu'une silhouette noire et maigre sur un ciel jaune. @Supérieur à tous les artistes que nous avons eu à citer jusqu'ici, M. Laugée, de Marom@me@, a occupé cette année une des meilleures places au salon, bien que ses tableaux ne fussent point des plus grands. L'Episode des guerres de Pologne en 1863 est surtout un sou@venir des atrocités commises par les Russes. Une jeune femme, entièrement nue, vue de dos, les pieds et les poings liés,@ gît au re@vers d'une route. Ses chairs blanches nacrées sont zébrées de bandes rouges, lacérations reçues pendant la lutte. Elle a subi, sans doute, les derniers outrages, et une fois morte, elle a été abandonnée à côté de quel@ques débris d'armes et de vêtements, ves@tiges d'un engagement. Les ravisseurs sont disparus, les paysans tiennent la campagne ou sont réfugiés dans la forêt, et les femmes seules sont accourues. Elles sont quatre la vieille grand'mère, qui s'est assise anéantie au beau milieu du chemin@, les yeux fixes et les mains croisées sur les jambes la mère est debout les yeux au ciel, soutenant sa fille, qui s'appuie à son sein une dernière, moins abîmée dans la douleur, s'apprête à couvrir d'un drap le corps de la victime. Il est soir@, quelques maisons basses dessinent leur silhouette sur un tertre, et un village brûle à l'horizon. Voici le théâtre, voici la scène. Peint d'une couleur plutôt soutenue qu'énergique et tout-à-fait appropriée au sujet, cet épisode de l'insurrection polonaise, dramatique sans emphase, montre le talent de M. Laugée sous un jour nouveau et avec des qualités qui ne lui sont pas habituelles. Nous le retrouvons tel que nous le con@naissions déjà dans la scène champêtre inti@tulée le Repos. Une paysanne de l'Artois, fati@guée de la longue journée qu'elle vient de passer, courbée sur le sol, le dos chargé de glanes, se repose sur le talus d'un chemin creux. Sur la crête de l'autre talus, qui forme tout l'horizon, deux jeunes filles s'en vont por@tant sur leur tête la gerbe des épis ramassés. Leur corps se profile sur le ciel ardent du soir, et peut-être leur silhouette n'est-elle pas assez élégante ou vigoureuse. Tout est baigné dans une atmosphère lumineuse et chaude où voltige la vapeur des soirées d'été. La femme du premier plan, plus triste@, est en@veloppée dans la demi-teinte. Avec moins de force et de style que M. Breton@, M. Laugée excelle, comme lui, à retracer l@es moeurs et le paysage nu de la Picardie ou de l'Artois. C'est la même inspiration que traduisent avec des qualités différentes deux artistes doués d'un grand talent tous deux. Saint Bernard méditant la Croisade, voilà un titre ambitieux. Comment savoir que c'est précisément la croisade qu'il médite ? Ras@surez-vous, celui qu'a peint M lle de Launay@, de Bellesme, ne médite rien@, et ce titre est donné à une simple tête d'étude de vieillard barbu habillé d'un froc blanc, passablement peinte et d'une assez bonne couleur blonde. D'habitude, on représente la Madeleine ex@pirante encore jeune et encore belle, malgré une longue pénience, le jeûne et les larmes. M lle Lefebure, de Falaise, n'a pas fait comme les autres, surtout commp. ceux qui font un bon tableau. Sa Madeleine expirante est vieille et larde, mal dessinée par dessus le marché, mais d'une couleur assez harmonieuse dans les tons bistrés. Après avoir peint, l'an dernier, une Prise de Voile, M. Legrain, de Vire, a peint, cette année, l'Inhumation d'une Religieuse, et nous ne supposons pas que ces deux compositions sévères servent jamais à illustrer le roman de l'abbé . Le cortége des religieuses habillées de noir et coiffées de voiles blancs descend de l'église, suivant la défunte, portée à découvert par huit soeurs. Le soir se fait, et le ciel, rouge à l'horizon, se dégrade peu à peu et devient vert. - C'est étonnant ce que nous avons déjà signalé de ciels verts et rosés ! - Les attitudes des religieuses sont habilement variées, sans cesser d'être enveloppées par une ligne sé@vère comme il convient au sujet, et, si la couleur en était moins sou de, ce tableau produirait une impression supérieure à celle qu'on en ressent. Le Livre d'Heures est le portrait largement fait et d'un aspect un peu métallique d'une petite fille assise à terre dans un beau désordre et déchirant fort méchamment un missel enluminé placé sur ses genoux. M. F. Legrio, de Rouen, a exposé deux ta@bleaux. Un suj@et de genre Philippe de Cham@paigne peignant le Portrait de sa fille Suzanne, religieuse a Port-Royal des-Champs, inspiré en grande partie des admirables portraits du Louvre. Un grand paysage la Grange de la Ferme d'Hautes-Isles, placée dans une des îles de la Seine, aux environs de la Roche-Guyon, et vue le soir. Après avoir essayé encore une fois de peindre des personnages grands comme nature, et après avoir enfin reconnu dans ces divers es@sais que son pinceau manque de force pour ces entreprises, M. Jacques Leman, de L'Aigle, devrait se résigner à ne représenter que de pe@tites scènes, point trop nombreuses comme il les réussit à merveille, il y trouverait répu@tation et profit. Le Médecin malgré lui, spiri@tuellement traité, présente dans le jeu des physionomies quelque chose des qualités de l'école anglaise, et ce quelque chose-là a déteint sur la facture et sur la couleur c'est la scène où Sganarelle, affublé de la grande robe noire et du bonnet de docteur, prononce ces mé@morables paroles qui dénotent un diagnostic peu ordinaire @@@@Voilà un pouls qui mai que que votre fille est muette. On devine aisément la scène. Le fagotier Sganarelle, à la face vermillonnée, paysan matois, est gravement assis au centre la fille, assise à sa droite, lui tend modestement le bras le père, attentif, à sa gauche, s'é@@merveille de tant de science. La nourrice qui avait de si beaux seins, l'amant et le valet sont en arrière. Une tenture à personnages couvre les murs. Tous sont expressifs, bien en scène, et montrent chez M. J. Leman un esprit plus cultivé que n'est celui de la plu@part des artistes qui, imitant à leur manière les chevaliers de jadis, qui se faisaient gloire de ne pas savoir lire, tirent quelque vanité de ne pas savoir grand'chose en dehors de la pratique de leur art. La Lecture qu'on fait à une jeune malade, couchée sur sa chaise longue et entourée d'un cercle d'amis, étant dans les dimen@sions de la nature, manque de tout ce qui fait le char@me et l'intérêt de l'autre tableau@, et nous préférons ne pas nous y arrêter. Il y a tant de paysages excellents cette an@née, que ceux qui ne sont que bons passent inaperçus tel est celui de M. Lepine, de Caen. Le Paysage à l'île Saint Ouen prouve que cette île est dé@@idément plus sauvage qu'on ne croirait d'après les légendes qui ne @la représentent qu'habi@tée de marchands de fri@ture, que hantée par les bonnes d'enfants et les tourlourous. Là, fort heureusement pour les peintres, les ingénieurs des ponts et chaus@sées n'ont point songé à régulariser le lit du fleuve sans cela nous ne verrions point cette chaussée informe, qui, soutenue par une file de saules, chemine entre le fleuve et une flaque d'eau où s'etalent les nénuphars entre les sa@gittaires, à l'ombre des arbres de la b@erge. Cela est peint dans les tons gris clair, légers, d'une façon très habile mais cela aussi fait songer a M. Corot. C'est à Troyon que l'on pense en examinant le second tableau de M. Lépine. Les Chevaux de trait se reposent dé@telés, en avant du banneau bayé, et s'enlè@vent lumineux@, ainsi que tout le premier plan, sur un ciel de plomb. Une personnalité de plus qui ne s'est pas encore affirmée. Voici un talent nouveau qui se révèle et nous promet un habile animalier de plus en la personne de M. Lhuillier, de Granville. Dans le Départ pour le Pâturage, l'âne s'en va devant, po@rtant un gamin et son petit frère. Deux paires de vaches rousses suivent accouplées, et cette chaîne pacifique suit tranquillement le chemin qui traverse la plaine nue. Un bout de hale et une flaque d'eau au premier plan en sont l@es seuls ac@cidents. Le ciel, un peu rose et mon, est de même tein te que la plaine mais les ani@@maux sont bien dessinés et bien peints et d'une bonne couleur claire. Une Granvillaise, commère haute en couleur et coiffee du petit bon@net qui sied si bien à celles qui sont jo@lies, doute sans doute des qualités viriles que l'on accorde à ses compatriotes, est une bonne étude, largement permie, mais trop né@gligée dans le reste du costume. Il y a beaucoup d'inexpérience chez M. Les@rel, des Genêts Manche , dont le tableau le Chant du Soir n'a pu concourir pour les ré@compenses. Cependant le contour de cette grande femme en costume antique, appuyée sur si harpe, montre quelque recherche mais ce contour vide @et sans modèle indique que M. Lesr@el a e@ncore beaucoup à apprendre. Une jeune Femme portant un plat de fruits , de M. Loutrel, de Rouen@, appartient à la famille des tableaux dont un seul personnage fait tous les frais. D habitude ce personnage est en costume du temps de Louis XIII. La jeune femme de M. Loutrel ne déroge point à l'usage. Elle est blonde et jolie, le satin blanc lui va si bien ! pourquoi ne serait-elle pas mise à la mo@le régnante ? Une casaque grise, un lévrier blanc@, tout fait harmonie blanche sur un fond de bahuts et de tapisseries. La couleur de ce tableau@, plus chaude que d'ha@bitude, est une marque d'efforts chez M. Lou@trel. M. Eugène Marc, de Rouen, n'a pas eu une petite ambition cette a@nnée il a peint un tableau religieux sur un sujet non con@nu et de grandeur naturelle. C'est la Conver@sion de saint Théophile. Laissons parler le livret pour expliquer le tableau de notre compatriote @@@Comme sainte Dorothée allait au supplice et disait qu'elle allait trouver son divin époux@, un jeune homme, nommé Théophile, lui demanda en raillant des fleurs et des fruits du jardin de cet époux la sainte, par @un effet de la toute-puissance de Dieu, lui présenta réelle@ment des fleurs et des fruits. Sainte Dore. th@@e, debout, reçoit de la main des anges les fleurs qui tombent à terre, où les contemple Théophile agenouillé. C'est le ciel, ce nous semble, que devrait regarder le railleur et et non la terre, car il participerait au mi@racle en qualité de spectateur ému, tandis qu'il n'y figure que comme assistant indifférent. Rien n'unit les deux figures entre elles et n'explique le sujet moral caché sous le fait apparent que représente le tableau. Le des@sin est suffisant la figure de la sainte ne manque pas de noblesse, la lumière qui éclaire les deux personnages vise aux grands effets, mais elle se trouve sans accord avec le ciel, qui est com@@plé te@ment gris et d'où elle devrait venir, ainsi qu'avec les fonds, qui de vraient en recevoir un reflet et qui sont en@tièrement sacrifiés. On ne sait d'où tombent les rayons de lumière qui éclairent si vive@ment les personnages en les laissant à moi@tié dans une ombre vigoureuse, et un colo@riste moins timide, à l'exemple de Murillo, y eût fait nager les anges, messagers des divi@nes clartés. M. E. Marc, qui s'essayait pour la première fois dans la grande peinture, tentative hardie que nous avons voulu apprécier avec tout le soin qu'elle mérite, s'est senti plus à l'aise dans un tableau intitulé Convoitise. Un panier de fruits est renversé dans un agréable dé@sordre sur la table de l'office, et une enfant montre à travers les barreaux de la fenêtre sa tête blonde où brillent des yeux animés par le désir. Il n'y a guère à dire encore du tableau de genre exposé par M.@E. Martin, du Havre ce n'est ni bien ni mal. Deux troupiers en congé se sont arrêtés chez une paysanne et semblent écouter la lecture d'une lettre. Nous avons été longtemps avant que de compren@dre comment cette action pouvait s'accorder avec ce titre Les Nouvelles du pays. Mais ici le mot pays possède un sens particulier et est le masculin de payse. Les deux sol@dats en congé apportent à la payse, qui la lit, une lettre de son pays @@@resté au corps. M. A. Massé, d'Elbeuf, abandonnant les sujets actuels pour la peinture rétrospective, nous montre le Marquis de la Ferté arrivant au manége de M. de la Guérinière. Il y arrive sans doute pour apprendre à s'y bien coiffer et à se mettre mieux en selle, quoiqu'il fasse faire à son cheval au nez busqué une belle courbette, les quatre jambes en l'air. Si le cheval continue droit son chemin, il se cassera la tête contre le pilastre qui flanque la porte, au lieu d'entrer dans celle-ci, que M. de la Guérinière lui montre par précaution, et en le saluant avec cette politesse exquise qui est le privilège des professeurs d'équita@tion. Malgré cette faute de perspective aérienne et ces menues chicanes auxquelles il serait facile de faire droit, ce tableau de M. Massé est d'un homme habile et maître de son pinceau. Le Portrait de M me la baronne de L... est celui d'une jeune femme, de face, se promenant dans son parc en robe blanche de demi-toilette, son chapeau rond à la main. Peint dans des tons clairs et assez sommairement modelé, ce portrait est d'une facture fort agréable. C'est un bien beau site que celui que M. Merme, de Cherbourg, a choisi à la Guade@loupe. La Rivière des Galions tombe en casca. des au milieu des plaines vertes, où les pal@miers en parasol se marient à la cime des chênes, en avant des montagnes vertes elles mêmes et du plus beau profit. La Rue Ravine Espérance , à Basse-Terre, est une assez vi@la@me montée pierreuse, mais de charmantes villas blanc@hes la dominent au milieu des ar@bres. Ces sites ont-ils la couleur froi@de que leur donne M. Merme ? M. Jules Michel étant devenu notre com@patriote, nous devons nous occuper de son tableau, qui nous semble inachevé. Au Pied de la Croix est ce qu'en Italie on appelle une Pitié, c'est-à-dire la Vierge tenant sur ses genoux le corps du divin supplicié. Ce corps affecte les longueurs qui plaisent à M. J. Michel mais les chairs, encore peu modelées, sont de cette belle couleur blonde et lumineuse que nous avons souvent louée chez lui. La Vierge, à l'état de simple pré@paration, est remarquable par la belle colo@ration verte de son manteau. @Enfin, M. J.-F. Millet, de Grévillé, a réussi à peindre un tableau qui réunit tous les suffrages ceux de ses amis, peut-être ? - mais certainement ceux de ses adversaires, des amis clairvoyant@s et du public tout entier. La Bergère avec son Troupeau sont aux champs par la fin d'une belle journées de septembre. Elle e@st-debout, point trop laide, en bonnet rouge et en mantelet gris par dessus une robe bleue et tricotant attentivement. Son troupeau gris et noir broute derrière elle. Au-delà s'étend la plaine@ dénudée@, une charrette s'arrondit au loin sous son dôme de gerbées, et quelques arbres ferment l'horizon. Le soleil, encore haut et caché derrière un nuage, lance des clartés qui s'irradient en traînées plus blanches sur le fond rosé du ciel tout chargé d'electricité. Le temps est lourd, et les chaudes vapeurs qui se dégagent de la terre enflamment l'horizon. Cet horizon peut il être aussi rouge, alors que le soleil en est encore loin ? C'est une question que nous posons à M. J.-F. Millet, lequel ne fait rien qui ne soit pris sur la na@ture. Mais qu'il ait trouvé ou imaginé cet effet, le tableau n'en est pas moins un des meilleurs de son oeuvre, remarquable par l'harmonie colorée de tant de teintes diver@ses fondues dans l'unité d'un ensemble lumi neux, et par l'impression de chaleur lourde et énervante qui s'en dégage. M. J. F. Millet a été moins heureux dans l'autre tableau Des paysans rapportant à leur habitation un veau né dans les champs, et le portant avec autant de solennité qu'ils feraient du saint-sacrement. Là le dessin est simplifié au-delà du permis, la touche est cotonneuse et maladroite, et il est impossible de concevoir comment le même artiste a pu composer deux tableaux si dissemblables. Il faut pouvoir faire servir le trivial à l'expression du sublime c'est là la vraie force, a dit M. J.-F. Millet. Ou M. J.-F. Mil@let ne possède pas la vraie force@, ou sa for@mule est fausse, car toutes les fois qu'il s'est trouvé en face d'un sujet trivial, il a produit des oeuvres manquées, et des oeuvres fortes et saines toutes les fois qu'il était en présence d'un sujet qui n'était que simple. Faire ser@vir le trivial à l'expression du sublime, c'est la formule de la préface de Cromwell , si nous avons bonne mémoire. Mais V. Hugo ne met pas le sublime dans le trivial, bien qu'il l'y confonde un peu trop aujourd'hui. Il est pour lui une anti@thèse. Et d'ailleurs dans la littérature, où les choses n'ont de forme et de couleur que ce que l'auteur en met dans son style, ce style peut couvrir de ses magnificences les choses les plus vulgaires et les plus bizarres. Mais dans l'art, où la forme et les couleurs sont les seules modes d'expression, comment le trivial, - le trivial, entendez-vous ? ce qui est vulgaire par l'action ou le contour, pour@rait-il devenir sublime ? Un artiste de talent pourra dégager l'âme des choses, que le spec tacle de chaque jour nous empêche d'analyser mais ce seront des choses habituelles et non triviales. Et puis la même action naturelle pourra être faite par deux hommes@, triviale@ment par l'un, avec une certaine ampleur de gestes par l'autre, et parce qu'un artiste aura saisi ce qu'il y a de style dans l'action du se@cond et l'aura accentué, pourra-t-on dire que l'action triviale du premier sera devenue l'é@lément de l'action@, non pas sublime@, mais pittoresquement belle du second ? La théorie de M. J.-F. Millet nous semble fausse en tous points, d'autant plus qu'il en a été la première victime ce que nous re@grettons vivement, car nous avons un pro@fond respect pour cet artiste courageux et tenace, qui poursuit sa voie, malgré la critique @et @parfois les sarcasmes. M. V. Mongodin, de Vire, aime toujours le monde des infiniment petits, éclairés d'une lumière blanche et froide sur des carnations rouges. Nonobstant, la Dînette et la Partie de Billes sont d'agréables petits panneaux bien étudiés et facilement peints. @le port Pi, à Mayorque, de M. Morel-Fatio, de Rouen, nous rappelle certaines dés agréa@bles matinées de Joseph Vernet. C'est la même mer Méditerranée, et ce sont les mê@mes felouques, et le même soleil perçant un brouillard rosé mais la ressemblance s'ar@rête à la similutude des modèles. Il y a moins d'apprêt chez M. Morel-Fatio et un sentiment plus naïf de la vraie nature. Dans l'Hivernage devant Kinburn, nous re@trouvons un autre brouillard mais celui ci plus froid et plus dense. Il estompe tout les canonnières emprisonnées dans les glaces et protégées par leurs filets d'abordage@, ainsi que les hommes qui marchent sur les eaux solidifiées. M. Morel-Fatio a peut être eu tort d'exposer en même temps deux oeuvres à peu près semblables d'aspect, mais dissemblables cependant par la qualité du ton. Peut être aussi est ce une coquetterie d'artiste d'avoir voulu se montrer expert en ces finesses de la couleur. La Nature mor@te de M. X..., de Rouen, a le mérite d'être aussi facilement peinte qu'elle est simplement composée. Une bour@riche renversée, d'où sortent@, parmi le foin, un chapon et des pigeons, puis une soupière en faïence de Marseille, en font tous les frais. Peut-être les seconds plans en sont-ils trop négligés. L'Officier de Lansquenets sous Louis XIII, sala@de en tête et debout dans son costume rouge sous sa cu@rasse noire dont quelques bandes brillantes réveillent les opacités, re@gardant par la fenêtre étroite d'un corps-de-garde, était trop haut placé pour que nous puissions en parler. M. E. Normand, de Rouen, sans maître connu, jouissait du triste privilège d'exciter au plus haut degré l'hilarité du public dans les salles annexées. Mais aussi jamais on n'avait vu au salon de couleurs plus violentes étalées sur une toile, sous prétexte de tableau, par une main plus inexpérimentée. Les Fleurs et les Fruits de M. Normand forment deux panneaux décoratils. Quelle décoration ! Dans chacun de ceux-ci@, deux entants rouges accompagnent une corne d'abondance d'où tombent ici des grappes de fleurs, là des monceaux de fruits, et les imprudents flairent les unes, goûtent aux autres. Que l'on s'é@tonne, après cela, s'ils font la grimace ! Une clairière au fond d'une gorge isolée, bordée d'un côté par un éboulis de terres ar@gileuses@, montant de l'autre côté en pentes herbeuses où croissent de grands arbres@, en avant d'un épais taillis pour premier plan, un peu d'eau, que protègent quelques arbres effilés, et sur la pente, une femme appuyée sur le coude et lisant sous un rayon de lu@mière@, telle est la composition que M. A. Oudinot, de Damigny, appelle Solitude. Il y a, en effet, dans ce paysage, un calme et un recueillement qu'augmente encore une cou@leur un peu sourde@, qui est ici plutôt une qualité qu'un défaut. Il n'en est pas de même dans l'autre paysage intitulé Bords de l'Oise. Quelques gaîtés de palette n'y messiéraient pas. Le portrait de M. L... , par M. Palix, de Sour@deval, posé avec aisance sur une chaise, au dossier de laquelle s'appuient les deux mains du modèle, deux mains point banales et bien étudiées, est exécuté avec soin et fait une oeuvre estimable. Mais que M. Palix évite l'é@cueil des tous violets. M. Théodule Ribot, de Breteuil, peut passer aujourd'hui pour un maître dans l'art de modeler en pleine pâte des chairs saines et solides, sortant avec la puissance de leurs colorations des fonds noirs, qu'il affectionne plus que de raison, et qui, nous le craignons pour. lui, noieront un jour ses demi teintes dans une nuit éternelle. Dans le Chant du Cantique, il y a quatre enfants habillées de noir ou de brun, - une seule porte une casaque rouge@, - qui chantent guidées par une vieille femme, habillée comme elles, qui de sa tête ne montre presque que la nuque. Le fond est noir mais tous les costumes s'en détachent, et tous ces visages dont les carna@tions, un peu barbouillées, sont fouettées de vermillon, peints et modelés largement, ont un air de vie qui réjouit. Ils ne sont pas beaux, mais ils sont merveilleux d'exécution. Cette exécution est plus prestigieuse encore dans les Rétameurs. L'un, qui ne laisse voir du blanc qu'autour de son col, de ses bras nus et de ses pieds chaussés d'espadrilles - et quel blanc ! - fait jouer un soufflet de ses mains calleuses et rouges sous la couche de métal et de charbon qui les noircit. L'aide, placé en arrière-plan@, gratte le fond d'une cafetière. Sur l'établi une bouilloire en cui@vre jette quelques reflets rouges au beau milieu des outils et des fers à souder, noirs ainsi que le sol et le fond. Il est impossible, en présence de ces vigueurs de colorations et de cette franchise de facture, de ne point songer à Ribera et à Velasquez. M. Ribot est de leur école mais qu'il ne nous force point d'écrire si souvent le mot noir@@@ lorsque nous avons à parler de sa peinture et de son beau talent. C'est encore un coloriste, mais plus varié de ton et se rapprochant davantage d'Eugène Delacroix@, que M. Julien de la Rochenoire, du Havre. Il aime l'action et la couleur en mouvement, dût le dessin quelque peu en souffrir. En 1820, la diligence de Dives à Caen fut surprise par la marée montante entre les basses falaises et la mer. Camille Roque-plan trouva dans cet accident assez extraor@dinaire un de ses meilleurs tableaux c'est celui que M. de la Rochenoire vient de refaire dans un autre sentiment La Diligence est lan@cée au galop de ses cinq chevaux, que les va@gues effraient et dont quelques-uns se cabrent. Tout est agitation et mouvement dans cette toile, sur la terre et sur les flots. Ceux ci, in@certains@, peu dessinés@, ne dressent-ils pas une muraille trop élevée contre la voiture ? Toutes les colorations sont elles assez égale@ment soutenues pour qu'il n'y ait pas une certaine dislocation dans l'ensemble ? Ainsi le cheval noir de limon disparaît entièrement et se perd dans le fond. Il en est de même dans les chevaux de l'autre tableau intitulé, le Bac. Destinés à faire valoir la belle robe soyeuse d'un che@val blanc qui fait un écart et se cabre, ils se confomderit avec le ciel sombre du fond et les eaux limoneuses qui clapotent contre le bac. C'est un point que M. de la Rochenoire de@vra surveiller en même temps qu'il lui fau@dra donner plus de précision à son dessin, parfois incorrect, pour vouloir exprimer le mouvement avec trop d'énergie. Dans une Matinée en Normandie, la muse de M.@P. de Saint-Martin, de Bolbec, a chanté sur un mode moins élevé que d'habitude, mais elle a chanté aussi bien. Son paysage est un vrai paysage normand, un peu gris, sous un ciel moutonné, avec moins de relief peut-être que n'en a la réalité. C'est même un pay@sage cauchois. Sur le devant, un cours d'eau s'étale sur le sable au sortir vers la droite d'un ponceau en bois que traverse un chemin. Quelques arbres s'élèvent sur la berge du mi@lieu d'une haie, en avant de chaumières en charpente garnie de bauge jaune. Au débouché du ponceau, s'enfonce une plaine peu étendue que termine un rideau d'arbres. Le jour arrive du fond, qui est en pleine lu@mière@, tandis que le second plan est dans l'ombre, ainsi que les eaux, qui nous sem@blent un peu jaunes, soit qu'elles charrient du limon, soit plutôt qu'elles laissent trop voir le sable de leur lit. Il nous semble que quelques barres lumi@neuses comme savait en poser le bonhomme Watelet, dont on s'est tant moqué à cause de son éternel ruisseau sur un lit de galets, feraient cesser l'incertitude sans rompre le calme où M. Saint-Martin a voulu laisser ses premiers plans, afin de faire valoir ses fonds. M. Sebron, de Gaudebec, est toujours l'ha@bile peintre d'intérieurs que l'on sait, et depuis longtemps il n'avait rien exposé d'aussi important que la Cartuja de Mira flores. C'est une chapelle à une seule nef, aux nervures en dentelles, vue du choeur, que garnissent des stalles en chêne noirci. Au centre s'élève une belle tombe gothique où sont couchées les effigies de Jean Il et d'Isabelle de Portu@gal. Un autre tombeau de même style garnit un arc creusé dans la muraille. La lumière arrive radieuse et blonde par la rose du portail et se distribue à merveille dans toutes les parties de l'édifice. Canaletti, et après lui Piazetta, et après ce dernier Joyant nous semblent les inter@prètes les plus fidèles de ce qui fait Venise, c'est à dire son ciel, sa lumière et ses eaux. Aussi, malgré ses mérites@, la Vue de Venise par une matinée de Printemps de M. Sebron ne saurait nous rappeler autre chose que l'ar@chitecture de la Piazetta, qui occupe le pre mier plan, et de la Dogana, qui se voit au fond. M me H. Sélim@, de Rouen, a peint un por@trait quelque peu géométrique de Saïd-Pacha, le dernier vice-roi d'Egypte. Son Altesse, dont les yeux ne sont guère d'ensemble, est coiffée d'un fez rouge et vêtue d'une ample redin@gote bleue@, large du corps et large des man@ches@, carrée et sans plis, comme dans une gravure de modes. Les mains sont molles et la figure n'est guère modelée. Après cela peut-être, les Egyptiens ne tiennent ils pas beau@coup à posséder une image irréprochable d'un prince qui leur a coûté tant d'argent et légué de si grands embarras. Il y a du talent, et surtout la marque d'un coloriste dans la Suzanne de M.@J. Sevestre@, de Breteuil. Que ce soit Suzanne ou une autre, c'est une femme nue, debout et de face, dont les carnations colorées se détachent sur une draperie blanche, qu'elle étale et soutient derrière elle, rien que pour faire enrager les deux vieillards que l'on aperçoit par une trouée du feuillage sombre qui entoure la belle Juive. L'attitude est élégante, la silhouette est cher@chée avec soin, et cette petite Vénus biblique est une des bonnes études de femme nue qu'il y ait eues au salon dans ces dimensions. M. Tesnière, du Havre, n'annoncerait point qu'il est élève de M.@E Le Poittevin, qu'on le devinerait de reste à sa façon de peindre et de colorer. Un Bac sur la rivière d'Orne présente l'accumulation d'autant de choses diverses qu'il est possible d'en réunir sur une même toile. Il y a d'abord la @@rivière d'Orne, qui s'enfonce en tournant au pied de coteaux cultivés qui tournent comme elle. Puis, à droite et au centre, sur la berge accidentée, il y a une cabane, des barques échouées et un embarcadère en charpente sur les eaux, on voit le bac rempli de monde, et en ar@rière un allège@, en arrière encore un brick à l'ancre@, puis par dessus tout un ciel cou@vert de gros nuages blancs. M. Tesnière s'est habilement tiré de tout cet amas de choses. La Marée basse à Bernières sur Mer, où des paysans chargent du varech sur leurs voi@tures@, est plus simple et forme peut-être un tableau plus individuel. Avec quelques gravures d'après Lesueur, M. Angel Thouin, d'Alençon@, a peint un Ravissement de Saint Paul, tiré à deux anges, qui figurera sans doute un jour sur quelque bannière de village. C'est la seule place d'honneur que cela puisse ambitionner. Une orange ouverte forme une étoile jaune au milieu de raisins et de framboises pâles étalées sur une feuille de chou, en compa@gnie de pêches. Un melon trône au fond sous un dais de volubilis. Une épingle à cheveux perce de ses deux pointes noires une banderole qui porte ces mots HONY SOIT QUI MAL Y PENSE. Que diable M. Trébutien@, de Bayeux, a-t-il voulu dire avec ce bizarre assemblage ? Au lieu de poser des énigmes, M. Trébutien ferait mieux de résoudre celle que la nature pose toujours à ceux qui s'es@saient à la traduire, et de ne point se conten@ter d'à peu près. Le Christ en Croix, de M. Viger-Duvignau, est un honnête crucifié, qui n'a guère souf@fert@, heureusement pour lui sa chair n'a point frémi, ses muscles n'ont point peiné, et il se tient droit contre le bois ignomineux le plus tranquillement du monde. Sa vue ne troublera point la solennité des audiences de la salle du Palais-de-Justice, où il est destiné. Le petit tableau qui accompagne cette grande commande officielle, très agréable@ment composé, est une de meilleures choses que M. Viger Duvignau ait encore exécutées. L'impératrice Joséphine reçoit à la Malmaison la visite de l'empereur Alexandre et lui recom@mande ses enfants , c'est-à-dire la reine Hor@tense, qui accompagne sa mère, et un petit prince, qui n'est autre que l'empereur actuel des Français. Il y a bien un certain combat de couleurs trop heurtées dans les costumes, fort bien peints du reste, des quatre acteurs de cette scène, dont nous louerons l'agencement. Mais ce que nous louerons surtout, c'est la façen dont sont traités les accessoires et les fonds composés avec un grand scrupule historique. Il y a notamment une cheminée garnie de ses bronzes dorés qui est peinte avec une légèreté et une précision très remarquables. Encore un effort vers la recherche de la cou@leur, qui est toujours froide et sans unité chez M. Viger-Duvignau qu'il peigne tout de la façon de cette cheminée, et il sera arrivé. Dessins, aquarelles, miniatures, porcelaines. Nous ne trouvons pas grand'chose à dire du dessin au fusain de M.@G. Bellenger, de Rouen, qui représente une site rocheux dans la forêt de Fontainebleau, si ce n'est que tout y est sur le même plan. Le Paysage de M.@G. Bouet, de Caen@, n'est pas gai, mais c'est une fort jolie aquarelle@, où des rochers roses, qui ont glissé le long des pentes de montagnes crayeuses@, surgis@sent des eaux qui en baignent le pied et s'enlèvent sur un ciel gris bleu. L'habileté de M. Armand Cassagne, du Lan@din@, dans le maniement de l'aquarelle@, est devenue des plus grandes@, et ses paysages@, largement enlevés, sont pleins de soleil et d'ombres transparentes. L'Intérieur d'un bois, criblé de flèches d'or sur ses rochers et sur les troncs de ses arbres@, est surtout d'un effet très vrai et très original. M. Chaplain@, de Mortagne, premier grand prix de Rome@, l'an dernier, pour la gravure en médailles@, s'amuse à tracer à la mine de plomb des portraits d'amis@, d'un dessin très précis et d'un modelé très serré@, bien qu'exé@cutés avec une grande liberté de main. Le dessin au fusain, genre qui prend une grande extension aujourd'hui et auquel quel@ques artistes de talent savent donner de beaux tons veloutés et une transparence re@marquable@, n'est pas encore un mode d'ex@pression dont M. Couraye du Parc@, de Saint-Lô@, soit devenu maître tout-à-fait. Ses deux dessins sont, en eff@et, de mérites inégaux. Dans la Vue de Mortain , amas de rochers en pente, qui descend en avant d'un rideau d'arbres@, l'effet est lourd et sans lointains. Dans la Mare de Bouillon, au contraire, vaste étendue d'eau bordée sur ses deux rives de grands arbres qui forment promontoire au premier plan@, les fonts sont lumineux et lé@gers@, et la perspective aérienne est habile@ment ménagée. Notons seulement les deux portraits en mi@niature de M. Desvaux, qui nous ont échappé dans nos recherches à travers l'exposition recherches assez pénibles pour que le temps passé à trouver tous les éléments de cette longue revue l'emporte peut être sur celui nécessaire pour l'écrire. M. André Durand, d'Amfreville-la-Mivoie, continue à exposer chaque année quelques-unes des études sur la Toscane qu'il exécute pour l'album que M. le prince Anatole Demi-doff lui a commandé. Cette année, ce sont deux spécimens de cette architecture toscane du moyen-âge, si originale avec ses assises alternées en marbre blanc et noir, et son style gothique, qui n'a jamais pu s'affranchir entièrement des souvenirs antiques. La fa@cade de la Cathédrale de Sienne et son cam@panile sont un des plus beaux exemples du style fleuri qui régnait en Italie au commen@cement du treizième siècle. La façade de la cathédrale de Prato est plus sévère et appar@tient à ce qu'en France nous appellerions le style roman. Les dessins de M. André Durand, à moitié pittoresques, à moitié géométriques, donnent une idée suffisante de ces @@monuments pour qui ne veut pas les étudier en archéo@logue. Autrement, il faudrait quelque chose de plus. Parmi le nombre assez grand de fleurs en porcelaines qu'un certain nombre de dames et de demoiselles ont exposées, celles de M me Fon@tanes, de Caen, se font remarquer par leurs qualités de facture et de ton. M.@F. Langée, de Maromme, dont nous nous sommes déja occupés avec tout le soin que mérite son beau talent, a exposé deux des cartons qui lui ont servi pour la décoration de l'église collégiale de Saint-Quentin. L'un représente le Christ debout montrant le Livre aux deux apôtres saint Pierre et saint Paul agenouillés de chaque côté de lui. L'autre nous montre Saint Pierre assis@, figure d'un très beau caractère et d'un grand style. L'Etude d'Iris, aquarelle de M lle A. Laval, de Cherbourg@, nous semble supérieure à l'Etude de Raisins, qui sont transparents et sans relief. Il y en a peu à l'exposition qui traitent l'aquarelle avec autant de furie que le fait M.@J.@@C. Lefebvre, de Rouen. Le Souvenir du Vieux Rouen est un chaos de vieilles maisons à pans de bois, disloquées, ventrues et som@bres@, dont quelques échos de lumière éclai@rent de place en place les façades lépreuses. Les Moulins picards, mal assis sur leurs bases, avec leurs ailes édentées comme de vieux peignes, immobiles et ruinés sous un ciel tourmenté@, offrent au soleil un truculent aspect d'abandon et de délabrement sous les lianes qui les tapissent. Tout ceci est très habilement exécuté mais où la nature offre-t-elle de pareils modèles ? Un fort joli portrait à la sanguine de M lle B..., grand comme nature, complète l'exposition de M.@J. Léman, de l'Aigle. M. Marie Lebret, du Petit-Couronne, a fait deux copies, à l'encre de Chine rehaussée de couleurs, de la Nativité de la Vierge et de la Cuisine des Anges, deux tableaux de Mu@rillo acquis il y a quelques années par le musée du Louvre. Il y aurait beaucoup à dire sur ces copies, qui, si elles rappellent à peu près les originaux par le dessin, s'en éloignent tout-à-fait par la couleur. Les porcelaines de M lle de Maussion, de Fa laise, interprètent toujours avec une coule@u légère et agréable les originaux du Louvre@, que ce soit un tableau monté de ton, comme le Sommeil de Jésus, de Sassoferato@, ou un pastel blond, comme la Marquise de Pompa@dour de Quentin Latour. Que dire des deux portraits en miniature de M lle Eugénie Morin, que nous ne l'ayons dit déjà ? La médaille que le jury leur a dé@cernée parle plus haut que nous ne pourrions le faire, et de ce jour notre jeune compatriote est classée parmi les artistes qui comptent et qui sont l'honneur des salons. On devine, à la grâce naturelle de ces portraits et au des@sin un peu cherché des contours que leur auteur est une femme mais c'est un talent très viril qui les a si largement touchés et si scrupuleusement modelés. Nous avons loué les tableaux de M. Se@bron cela nous dispense d'en faire autant pour ses pastels. Quand on a du talent, si l'on fait, par malheur, un portrait comme celui de M me Anna de la Grange, du Théâtre-Ita-Italien, on doit prendre garde de l'exposer. La copie à l'aquarelle du Saint François d'Assise, de Benouville, dénote chez M lle Wyatt de Vivefay, de Rouen, un plus juste sentiment de la couleur que du dessin. Les extrémités @@des personnages sont lourdes, mais let on général du tableau est bien saisi les fonds surtout sont d'une fort belle cou@leur. @Une très grande franchise de ton fait éga@lement valoir le Portrait de l'Infante Mar@guerite, d'après le Velasquez du Louvre. Seu@lement ce ton nous semble plus rosé dans la copie que dans l'original. Sculpture. M. Chaplain@, dont nous avons cité plus haut les portraits à la mine de plomb, n'a envoyé au salon que deux bustes en terre cuite, exécutés probablement avant son dé@part pour la villa Mé@dicis. Ces bustes, l'un d'homme et l'autre de femme, sont finement modelés et touchés avec une liberté de main qui laisse transpirer la vie dans ces es@quisses sans prétention. M me Fortin, de Caen, a fait de son fils un buste en plâtre très estimable, mais qui pè@che quelque peu par le défaut d'ensemble dans les traits. En 1861, nous avons assez longuement parlé, pour n'y @point revenir dans cette revue du salon, du Colin-Maillard dont M. Lebarivel-Du-rocher avait alors exposé une épreuve en plâ@tre. Cette figure de jeune fille@, traitée dans les dimensions de la nature, nous avait sem@blé être anti-sculpturale avec ses bras proje@tés en avant, ses jambes hésitantes et écar@tées et son visage à moitié caché. L'auteur semble avoir partagé notre avis, car il s'est contenté de faire couler en bronze sa statue, au lieu de l'exécuter en marbre. Ayant à faire une figure de Sainte Madeleine pour la nouvelle église Saint-Augustin@, à Paris, M. Leharivel Durocher a choisi pour représenter la pécheresse le moment où celle-ci se retire d'auprès du Christ, le vase de par fums encore dans sa main gauche et tenant de la droite, réunies sur sa poitrine que seules elles vêtirent un jour, les ondes de l'opulente chevelure qui viennent d'essuyer les pieds de Jésus. La tête longue et étroite, et toute jeune, n'est point celle d'une courti@sane@, mais plutôt d'une femme sentimen@tale@, pécheresse par tendresse de coeur. Le bras gauche à demi-nu ramène sur la poi@trine, trop découverte apparemment, les plis nombreux d'un manteau qui enveloppe le corps et se drape un peu à la façon des sculptures gothiques. Cette statue, exécutée en pierre, avec un grand soin, appartient à ce genre religieux et doux qui caractérise le talent de M. Leharivel Durocher. M. Ed. Peau, du Havre, a modelé très lar@gement et d'une façon un peu martelée un buste d'homme en terre cuite, qui rappelle le style et la facture des oeuvres similaires du dix-huitième siècle. Architecture. Des études très intéressantes sur les an@ciennes fortifications de l'entrée du port de la Rochelle, par M. Juste Lisch, d'Alençon, cons@tituent tout l'apport de la Normandie à l'expo@sition d'architecture. Mais cet apport est im@portant aussi bien par l'originalité des résul@tats où ses recherches ont conduit M. Jules Lisch que par l'exécution des nombreux des@sins qui les justifient. On connaît par les gravures exécutées sous la direction de Le Bas, d'après le tableau de Joseph Vernet, les deux tours, l'une haute et carrée, l'autre ronde et basse, qui défendent l'entrée du port de la Rochelle, mais ce qu'on ignorait et ce que M. Jules Lisch a trouvé en étudiant avec soin la tour carrée, c'est qu'un arc immense, jeté par dessus l'entrée du port, allait de celle ci à son opposée. Les voussoirs de sommier existent encore et indiquent la forme de la courbe. Cet arc soutenait un chemin de ronde crénelé, de sorte que, tandis que les vaisseaux qui auraient voulu forcer l'entrée du port étaient arrêtés par la chaîne, dont la ma@noeuvre s'explique par les traces laissées dans le mur de la chambre qui lui était destinée dans la tour qui porte encore le nom de Tour-de-la-Chaîne, des projectiles incendiaires et des armes de jet pouvaient être lancés du chemin de ronde sur le pont du vaisseau. Un peu plus loin, une autre tour des forti-cations était coiffée d'une aiguille, comme un clocher, qui devait servir d'amers pour l'at@térissage, d'autant plus qu'une tourelle, au@jourd'hui décapitée, qui monte à côté du clocher et renferme un escalier à vis, ne pouvait avoir d'autre objet que de renfer@mer un fanal qui, pendant le nuit, guidait les navires. Toutes ces particularités sont indiquées et justifiées par M. Juste Lisch dans leurs plus petits détails, dans des dessins très habile@ment et très simplement faits, qui lui font le plus grand honneur et lui ont mérité une médaille. Gravure. La chalcographie du Louvre a confié à M.@C. Chaplin, des Andelys, l'exécution d'une grande gravure à l'eau forte, d'après le célèbre tableau de Watteau, intitulé l'Embarquement pour l'île de Cythère. Soutenu par l'original, M. C. Chaplin a fait une planche spirituelle et colorée, qui rappelle la peinture de Watteau, aussi bien que peuvent le faire l'eau-forte et un artiste qui n'est pas un contemporain car il est à remarquer que chaque peintre a trouvé autour de lui les graveurs qui l'ont le mieux interprété, et qui, animés du même sentiment esthétique que le sien, ont su, de prime abord@, se plier à ses idées et s'iden@tifier à sa couleur et à son style. Moins heureux lorsqu'il travaille d'après lui-même que lorsqu'il lui arrive de vouloir traduire Watteau@, parcequ'il est moins difficile pour ses propres oeuvres, M. C. Chaplin a produit une foule d'eaux-fortes et de lithographies dont nous ne parlerions pas, s'il n'en avait exposé des spécimens, et que nous regrettons, pour plusieurs motifs, de voir signer par un artiste de cette valeur. Le Paysage au soleil levant , eau-forte, par M. Ernest Lefebvre, président de la Société des Amis des Arts de Rouen, témoigne de très grands progrès, bien que le dessin y laisse encore à désirer. Ainsi les prairies du premier plan à gauche et les terrains boisés qui les limitent au pied d'un coteau sont mal assis et semblent placés au-dessous du niveau de la rivière qui les baigne. La futaie de droite, toute dans l'ombre, est plus solide et fait valoir à merveille l'effet brillant de la lumière matinale qui envahit les fonds et se répand sur les prés. M. C. Regnault, de Bayeux@, qui dépense une grande somme d'habileté un peu à l'a@venture, a exposé deux petits portraits, celui de Voltaire et la tête d'une jeune fille, exécu@tés de cette pointe légère qui effleure à peine le cuivre et y trace une image qu'un souffle semble pouvoir enlever. Il faudrait craindre qu'à ce jeu tant de talent ne s'évaporât, et nous voudrions que M. C. Regnault alternât ce qu'il appelle des improvisations sur acier@ avec quelques bons burins bien vigoureux@, comme il a témoigné qu'il en savait faire. M. Ribot n'est pas de la même école, et c'est la légèreté qu'il faudrait souhaiter à ce peintre, lorsqu'il manie la pointe et attaque le cuivre avec l'eau-forte. Ses deux portraits de M. Cadart et de M. Vollon participent des défauts qui semblent spéciaux à la Société des aqua-fortistes, dont M. Cadart est l'édi@teur. La touche en est quelque peu brutale@, et l'effet est donné par l'opposition des blancs aux noirs absolus, sans l'intermédiaire des demi-teintes. Ce n'est pas ainsi que M. Ribot procède dans sa peinture, très énergique ce@pendant, et si une eau-forte ne doit être qu'un croquis, encore faut-il que ce croquis soit léger et participe des qualités qu'aurait une oeuvre plus achevée. M. Julien de la Rochenoire, du Havre, a traduit à l'eau-forte le tableau de la Mort d'Hippolyte, qu'il avait exposé l'an dernier. Son travail, haché et tourmenté@, rend d'une façon très juste l'effet du tableau. Nous lui reprocherons cependant des noirs trop ab@solus. M. Louis Sargent, de la ville d'Eu, est un de nos graveurs sur bois dont le talent est le plus souple. S'il n'a pas su donner un effet très accusé aux Fleurs et Fruits dessinés par M. A. de Bar sans grand caractère peut-être, il a su rendre dans une Matinée, d'après M. Corot, toute la légèreté et tout le charme de la couleur du maître@, habilement traduit sur le pois par le crayon de M. Français. Lithographie. La lithographie se meurt, et personne, parmi les Normands qui la pratiquent en@core, ne remplacera Eugène Leroux@, qui fut un des derniers artistes qui l'ont soute@nue de leur talent. Le Portrait de M. Cabanel, par M. G. Bellanger, de Rouen@, est assez fa@cilement traité, mais plutôt dur que monté de ton, et les Portraits inédits d'artistes, que M. Legrip lithographie pour l'oeuvre de M. le marquis de Chennevières@, sont des fac si@milés. M. Loutrel, peintre aujourd'hui, a com@mencé par la lithographie, qu'il a quelque raison de délaisser, car il la traite comme on fait d'une chose ennuyeuse. Les Enfants d'E@douard sont exécutés assurément d'après la gravure de M. Forster et non d'après l'original de Paul Delaroche@, car à distance ils rappel@lent l'aspect velouté du burin mais de près le travail est vide et sans finesse. Le Portrait de l'èvêque de Limoges confond dans la même tonalité grise la tête et le fond. Décidément M. Loutrel préfère le pinceau au crayon li@thographique et montre trop ses préférences. Si nous résumons nos impressions, nous devons nous trouver satisfaits. Plusieurs de nos artistes normands sont placés hors de concours par les récompenses qu'ils ont obtenues, et trois médailles dans la section de peinture sont venues reconnaître les mérites de MM. J. F. Millet et Ribot, ainsi que ceux de Mlle E. Morin. Une dans l'architecture a récompensé les études de M. J. Lisch. En dehors de ces récompenses d'honneur, les acquisitions de l'Etat feront entrer dans les musées de Paris ou de la province les oeuvres des artistes suivants Berthélemy. - Le Vauban désemparé. Cabasson. - La Captivité de Saint Louis, oeuvre commandée. Chaplin. - Les Bulles de Savon. Couveley. - Le Port de Bordeaux. Lhullier. - Le Départ pour le pâturage. Saint-Martin. - Une Matinée en Nor@mandie. Sebron. - La Cartuja de Miraflorès. La gravure de M. Chaplin lui était com@mandée, et la Sainte Madeleine de M. Leha-rivel-Durocher sera placée dans une église de Paris. Nous avons signalé les mérites des oeu vres de MM, Laugée, Ribot, Chaplin, J. Lé@man, J.-F. Millet, Saint-Martin, Berthelemy, de M lle E. Morin, du sculpteur Leharivel-Du-rocher, artistes dont le talent s'affirme de jour en jour davantage. Nous avons salué l'arrivée de M. Lhullier, sans omettre de faire apprécier ceux des artistes depuis longtemps parvenus à la réputation, comme MM. Morel-Fatio et Sebron, qui n'avaient point démérité ############### L'exposition, ce nous semble, ######## pour les artistes normands, nous@ no@us plaisons à le constater.
BEAUX-ARTS@@ LES ARTISTES NORMANDS AU SALON DE 1864. Peinture. Man n m q les expositions devi@nnent annuetféé, _si £ ous permettra de ne point faire précéder d'un préambule cette revue des artistes normands dont les oeuvres figu raient au salon qui vient de se fermer. Après l'avoir à peine terminée, ce sera bien assez que de nous remettre encore au travail dans trois mois, lorsque l'exposition municipale de Rouen sera ouverte. Nous commençons donc, en suivant, comme d'habitude, l'ordre alphabétique. M. Aillaud, de Rouen, n'a guère eu d'autre prétention que de faire figurer sa carte au salon en y envoyant le Portrait du marquis d'A... et un Voltigeur de la Garde Impériale. Ces deux toiles, très librement, trop librement traitées même, prouvent l'habileté de M. Aillaud. Le portrait équestre du marquis d'A..., en cos@tume de chef d'escadron de l'armée d'Afri@que, suivi d'un spahis et lancé au plein ga @@@ga lop de son cheval, est surtout d'une couleur agréable et lumineuse. Le type du volti@geur de la garde impériale est assez réussi pour que l'empereur l'ait acquis mais il nous faut l'an prochain des oeuvres plus étu@diées et en progrès sur celles de l'an der@nier. M me Catherine d'Aure, d'Evreux, se livre pour notre malheur à la nature morte. Voici pourquoi nous disons pour notre malheur . Lorsqu'un tableau de nature morte est quelque peu remarquable, et il faut qu'il le soit beaucoup pour le paraître un peu, on s'en sert en guise de remplissage, pour assor@tir ensemble deux toiles qui se nuiraient, étant rapprochées. Lorsqu'il est mauvais, on le pend sous la cor@niche. Celui de M me Cathe@rine d'Aure servait de liaison entre deux toi les dont les tons violents hurlaient les uns contre les autres, mais il était perdu loin de son rang de bataille. - Quel assemblage de choses disparates sur une table de marbre rouge des Pyrénées ! Des pommes dans une assiette, une tête d'artichant, des framboises sur la bran@che, une cafetière d'argent, des pêches, une cruche à cidre en vie@lle faïence de Rouen et un potiron pour relever le tout, en avant d'une draperie ! C@ertaines parties sont habile@ment traitées, comme la cafetière d@argent d'autres sont moins bien mais le tout @ne pourrait que gagner à une facture un peu plus ferme. M. Albert de Balleroy, de Lanné, était en décadence l'an dernier sur l'année précé@dente, et ses tableaux n'étaient pas des meil@leurs cette année ils sont au-dessous de ce qu'ils étaient l'an dernier, et ils ne sont pas bons. La maladie de M. Manet, la maladie espagnole, l'a pris, et il peint avec des tons crus, noyés dans l'huile, étalés comme de l'aquarelle et sans liaison, mais aussi sans force. On dit que c'est ainsi que peignaient Velasquez et Goya. Tans pis pour ceux qui le disent, car Velasquez est un grand peintre, Goya est un agréable coloriste, mais la Chasse au sanglier en Espagne et le Cerf a l'eau ne sont ni d'un peintre ni d'un coloriste ha biles. M. Eugène Bellangé nous inquiète, et nous aurions voulu de plus grands progrès chez lui. Un Soir de Bataille nous semble supérieur aux tableaux du dernier salon, mais nous n'y voyons point que M.@E. Bellangé s'y soit corrigé de certaines vulgarités de dessin et des tons groseille dans les rouges que nous lui avions signalés. Nous note@rons un torse nu de troisième plan, qu'il valait mieux ne pas mettre en scène, plutôt que le dessiner de la façon qu'il l'a fait, et une habitude de modeler les fronts où il fait saillir une double gibbosité qui lui est particulière. Le Soir d'une Bataille de M.@E. Bellangé nous mo@@tre le troupier français faci@lement ou@bl@eux de la lutte humain et généreux pour les vaincus. Que les étrangers en tassent autant de leur côté, nous n'y trouverons rien à redire. Les sentiments de fraternité et d'es@time internationale ne pourront même qu'y gagner. Donc nous sommes en Italie, au soir d'une bataille que, tout naturellement, nous avons gagnée. Des Autrichiens gisent sur le terrain, morts ou blessés. Les morts ne crient point comme dans cette narration de me@urée célèbre, mais les blessés cessent de faire les morts@, puisqu'on ne se bat plus et qu'on dépouille quelque peu ceux qui sont couchés à terre. Les soldats français les se@courent. Un zouave donne le bras à un offi@cier que les siens saluent en se soulevant. Parmi eux un officier français ne se relèvera plus de la place où il est tombe Un de ses sol@dats le regarde avec regret, tenant en main son sabre inutile et désormais triste relique de famille. Les divers épisodes de cette scène, disposés sur @un tertre, se composent facile@ment et s'enlèvent, éclairés par les dernieis rayons du jour, sur un ciel d'un gris verdâtre un peu lourd. Un Intérieur d'Atelier est celui ce M.@H. Bellangé père, qui est là, assis dans un coin et regardant une estampe que le jour p perce et fait voir par transparence. L'effet est bien rendu@, la couleur bien distribuée la com@position est d'une couleur agréable et solie, et nous engagerions M.@E. Bellangé à suivre parfois la voie que lui montre ce tableau. Pour être fils d'un peintre de batailles, peut-être n'est il pas né peintre de batailles lui-même. Joseph Vernet peignait des marines et des paysages, tandis que Carle, son fis, peignait des chevaux et ne croyait point déchoir. Un peintre de marine, habitué à la mobi@lité des flots, ne doit pas s'étonner si les j@urys s@ont changeants. Refusé l'an dernier avec de bons tableaux, M. Berthelemy, de Rouen, est admis cette année avec une des meilleures marines de l'exposition. Sur une mer verte aux longues lames profondu, le Vauban plonge son avant, que cache le nuage de fumée noire sorti de sa cheminée. Le grand mât brisé traîne sur son fl@anc L'équi@page travaille sur le pont, qu'éclaire un jour blatard tombant du ciel gris. Peut être l'ar@rière du vapeur est-il bien long, comparé avec la partie placée à l'avant des roues, qui, peut-être aussi, perd de son importance, la proue étant cachée par la fumée. Mais tout est précis, dessiné avec sûreté et bien dessiné, et d'une colora@@ion très juste, les opacités de la fumée faisant valoir les trans@parences du ciel et de l'eau. Un Brick en détresse à Saint-Vaast-@la@-Hougue est une toile moins importante et d'un effet plus sourd. Nous y louerons sur@tout l'effet des lames, qui, chassées par le vent ainsi que les nuages, glissent rapides entre les rochers qui garnissent la côte. Les tableaux d'architecture de M.@G. Bouet, de Caen, que nous continuons à trouver d'une couleur trop uniformément blonde, très habilement distribuée du reste, ont le mérite rare d'être dessinés par un archéo@logue. Les styles y sont affirmés jusque dans leurs moindres détails avec précision et sans sécheresse. Avec un peu plus de solidité dans la couleur, ces intérieurs seraient excellents. Le Cheval à l'Ecurie, de M.@E. Bujon, figure dans une des salles consacrées aux artistes non admis au concours des récompenses. C'est un grand cheval d'un blanc un peu jaune@, comme tout ce qui l'entoure, et qui nous semble dessiné plutôt de souvenir que d'après nature. Que M.@E. Bujon y prenne garde, sa facilité pourrait le perdre, et nous ne pouvons que lui conseiller d'en revenir à l'étude de la nature, qu'il a toujours un peu trop négligée, emporté qu'il est par la fougue de son organisation. Ainsi que Paul Delaroche, son maître, M. Cabasson, de Rouen@, est poursuivi de l'amour de la propreté. Saint Louis en prison après la bataille de Mansourah, alors qu'il avait perdu ses chaussures et qu'il mar@chait sur ses bas-de-chausses@, alors qu'il se couchait sur une natte délabrée, au pied du pilier d'une prison, au beau milieu de ses chevaliers malades de la dyssenterie, n'é@tait point vêtu d'un beau pourpoint de velours grenat immaculé et de chausses vertes irréprochables, ressemblant à du bronze antique quelque autre désordre de@vait régner en sa toilette, qu'un soulier non chaussé, la majesté royale dût elle en souf@frir. Mais cette majesté devait résider ailleurs que dans le costume chez ce guerrier chré@tien, que Joinville, malgré la touchante fami @harité du récit, nous montre si grand dans ses revers. Puis pourquoi avoir choisi ce type si peu noble, si grotesque même, qui, avec sa perruque rousse, ressemble trop au célèbre Gringalet de notre enfance, maintenant que l'on sait que ce type est relui du roi Charles V ? Si la couleur encore était harmonieuse ! mais elle crie et manque de ressort. A notre avis, M. Cabasson s'est grandement trompé. Le Chemin des Dunes à Ploumanach , de M.@L. Caillou, de Lisieux, n'est point un agréable chemin. Il passe au beau milieu de grands rochers roses, que fait valoir un ciel orageux, qui du jaune passe au vert, puis au noir. Au loin s'étend la mer glacée. Sans un tout petit Breton, qui chemine au pied de ces rocs et leur sert d'échelle de proportion@, on ne devinerait guère quelle est leur grandeur, et c'est là un défaut qui provient du point de vue plongeant que le peintre a choisi. L'effet général est trop sourd, les premiers plans ne venant pas assez en avant, défaut que nous avions signalé dans les paysages expo@sés par M. L. Caillou l'an dernier. Le Matin sur les bords de la Risle, malgré un ciel très léger, manque aussi de ressort et surtout de ces teintes ambrées qui font le matin. Le ton dominant est le violet. Si la Risle coule à pleins bords entre des rives si solennelles, au milieu de vertes clairières herbeuses qu'abritent de grandes futaies, au@cun fleuve classique ne lui peut rien dispu@ter et c'est là qu'il faut transporter tout le bagage olympique des peintres d'idylles et des paysagistes de style. M. Eugène Capelle, de Rouen@, n'a point été tout-à fait heureux cette année. Il a peint des Boeufs traversant une lande. Sur la lande sablonneuse pousse une herbe rare de gros grès couverts de lichens@, qui donnent un peu d'ombre au pied de quelques bouleaux échevelès, l'accidentent seuls. Au fond le ter@rain est meilleur, et les grands arbres d'une forêt et un coteau ferment l'horizon. Le paysage est bien composé et d'une bonne couleur. Les animaux@, qui s'avancent dans la dépression qui occupe le centre de la com@position, sont bien dessinés ils étaient à leur plan, mais il a fallu faire jouer un peu de lumière et d'ombre sur ces landes sans acci@dents. L'ombre portée d'un nuage a fait l'af@faire. Ma@s il arrive que l'ombre est trop noire, et voila les boeufs qu'elle couvre qui entrent dans la toile au lieu d'en sortir. Le noir et le gris froid, voilà les écueils de M. E. Ca@pelle. Sa palette s'est réchauffée cependant mais si le noir n'est pas absent de la na@ture, sa fonction est de faire valoir la lumiè@re non d'attrister encore un gris déjà assez triste lui-même. M. E. Capelle s'est résigné à vivre au milieu des prairies et des bois les fonds de son tableau témoignent d'un excel@lent sentiment de la nature, et nous avons l'espoir qu'une étule persévérante lui révélera ces secrets au soleil et de l'ombre, qu'il semble ignorer encore. Si M. Ch. Chaplin, des Andelys, pouvait lui donner, par surcroît, un peu des gaîtés de sa palette. Les Bulles de Savon, les Tourterelles sont deux charmantes peintures qui repré@sentent deux jeunes filles plus qu'en buste l'une, en robe de satin blanc et en corsage groseille, souffle des bulles de savon aussi brillantes et aussi irisées que son costume et ses vivantes carnations. L'autre, en robe jaune, le sein demi nu, entouré d'une gaze légère qui ne cache rien, caresse deux tour@terelles qui opposent la blancheur de leur plumage à ses chairs brunes et vermillon@nées. Ces toiles, si agréables dans les tons blancs et roses, peintes en pleine pâte, rap@pellent ce qu'il y a de meilleur dans cet art français du dix huitième siècle, qui était si charmant et si faux sous le pinceau de Le@moine, de Boucher, de Trémolliére et de tant d'autres. Les deux portraits de femme de M lle Laure de Châtillon, de Chambray-sur-Eure, l'un en buste@, l'autre presque en pied, et grands comme nature, sont fort agréablement peints et ajustés, surtout le premier. On pourra re prendre au modelé certaines incertitudes et des duretés qui forment un assez singulier contraste mais l'arrangement en est habile, cela est bien de son époque, de son année et d'une phase particulière de la mode. Cela est surtout d'une femme. Le portrait de M me X..., peint par M lle F. Chéron. de Mortagne, dans un ton gris blond assez fin et d'une touche un peu fluide, man@que de ressort et est par trop négligé dans ses accessoires. Décidément, M. Coessin de la Fosse, de Li@sieux, continue sur sa peinture la réforme qu'il avait commencée l'an dernier. On ne s'aperçoit presque plus, tant elle présente @de mollesse dans la touche, qu'il ait suivi jadis le système des empâtements de M. Couture. Néanmoins, dans le portrait de M. G..., sim@plement posé, assis devant son bureau, nous louerons l'exécution des mains, qui sont fort bien dessinées. M. Edouard Daliphard, de Rouen, aime la nuit, dont il réveille avec talent les ombres transparentes. Mais peindre toujours la nuit ! Dans la Vue prise à Poissy, la Seine roule ses ondes noires zébrées de quelques reflets rou@ges glacés au milieu des saules et au pied d'un escarpement dominé par une haie, en avant de quelques maisons blanches qu'éclaire encore un ciel crépusculaire@, jaune à l'horizon, verdâtre au zénith. La lutte entre le jour qui fuit et l'obscurité qui envahit tout est fort habilement rendue@, ainsi que dans l'autre toile, représentant l'Entrée d'un village dans la Campine Belgi@que . Mais que M. Ed. Daliphard apprenne à dessiner et qu'il ne nous montre plus de ca valiers mal bâtis comme celui qui trébuche sur les premiers plans de la route qui pénè@tre dans son village, et qu'il nous montre, l'an prochain, que son habileté ne redoute point le grand jour. La nature morte que M lle L. Darru, du Neubourg, intitule Citron, très agréablement peinte dans des tons gris clair, ne se con@tente pas de nous montrer le fruit acide du pays où fleurit le citronnier. Des huîtres na@geant dans leur eau, des bouteilles en nom@bre respectable@, une cafetière d'argent et quelques porcelaines@, le tout posé sur une table, sont les promesses d'un dé@jeuner... et d'un talent qui naît. La Petite Chapelle nous plaît moins, mais était plus difficile à peindre. Un crucifix posé sur une nappe blanche dans une couronne de fleurs, en arrière une statue de la Vierge entourée de fleurs des fleurs dans des vases, des fleurs sur l'autel, partout des fleurs. Il faut, pour savoir accorder tant de couleurs éclatantes et de tons divers, être plus rompu au métier de la peinture que M lle L. Darru ne semble l'être encore. Quelle agréable figure que celle de Figaro, un aimable griffon anglais qui nous montre son museau noir et ses yeux brillants d'où rayonnent comme une gloire des touffes de poils blancs et roux. Une touche soyeuse et ferme et des tons de valeurs différentes sont seuls nécessaires pour modeler un pareil portrait sans lignes et sans dessin. M. Ernest David, de Caen, n'y a pas tout-à-fait réussi, bien que sa couleur soit très s@atisfaisante. Le Dôme des Invalides, vu de la rue Chevert, n'est qu'une étude malheureusement éclairée par une lumière bleue un peu froide, dont M. A. Delapierre, de Rouen, fera sagement de se défier. Félicitons un autre Rouennais, M. Dévé, des progrès qu'il a faits depuis l'an dernier@, bien que sa touche montre encore quelque mollesse. Nous ignorions que l'Ile Saint Denis présentât des sites aussi abandonnés que celui qu'a peint M. Dévé. On y trouve presque des landes plantées au hasard et traversées de chemins incertains. Il n'est donc besoin d'aller si loin pour être en pays sauvage. Ce qu'il y a de moins heureux dans les Falaises près Fécamp, ce sont les falaises, où la touche manque de vigueur. Mais les roches plates, ta@pissées de varechs verts qui s'étalent au pied entre les flaques d'eau qu'y laisse la mer, sont d'une grande vérité d'aspect et de cou@leur, surtout aux premiers plans. La mer est peut-être un peu lourde au fond mais le ciel est léger, bien à son plan, et s'étage mieux que ne le font souvent ceux des paysa@gistes le plus en renom. C'est toujours avec le même jaune clair et froid tirant sur le vert que M lle Eudes de Guimard, d'Argentan, colore des@ tableaux fort agréablement peints du reste et habile@ment composés. Le Milion dictant le Paradis perdu à ses Filles ne renferme que la dose de sensiblerie qu'une demoiselle devait trouver en un pa reil sujet et d'aspect theâtral qu'il faut en un tableau. La belle utilité que ce serait de peindre Milton morose@, en robe de chambre et en pantoufles, dictant son poëme à ses filles prosaïquement assises devant une table ! Mais posez-le-moi en grande toilette@, tout de noir habillé, dans un gand fauteuil, près de la fenêtre faites asseoir à ses pieds une de ses filles attentive appuyez l'autre@, dont la tête est assez mal dessinée, sur la harpe qui se tait, et dont les préludes ont transporté l'es. prit du p@oéte aux pieds de l'Eternel, et vous aurez un tableau presque épique. M lle Eudes de Guimard aime tellement les tons verts, qu'elle a fait dorer en or vert le cadre de son second tableau les Femmes de la campagne de Rome. Cette bordure, d'un aspect si froid, a été, sans doute, choisie afin de faire paraître plus chauds les tons presque analogues qui se trouvent dans le tableau. En effet, la femme, debout près d'une fon@taine@, noyée dans la demi teinte@, dont la silhouette seule est éclairée par les dernières Jueurs du jour, les deux autres femmes du fond et ces fonds eux-mêmes plus éclairés, forment un ensemble d'une coloration tem@pérée et presque blonde où nous voudrions voir persévérer Mlle E. de Guimard. La recher@che de ce cadre, d'un ton si désagréable@, vous@ prouve qu'elle entrevoit la couleur.@@@ Que dire du portrait de M me P. A..., par M. Finck@, de Rouen ? Il est presque en pied, dans les dimensions du quart de la nature le violet y domine, et c'est tout. Notons le succès colossal qu'obtient le di@manche, et même tous les jours, Un Revers de Fortune , de M lle Amanda Fougère, de Cou@tances. Ils sont si jolis les trois personnages assis autour de cette table, et peints en demi-nature avec de si aimables couleurs la mère posée de profil et en noir, la petite fille en violet et plus loin le bon petit juif, tout rose, tout poupin, rasé de frais, sous son bonnet noir comme il pèse d'un air indifférent ces colliers et ces joyaux, qui sortent du coffret posé sur la table. Sans en avoir l'air, cette pauvre dame est bien affligée, et ce juif est bi@en avide. Ils ne sont guère en scène cepen@dant, et le drame intime qu'ils jouent passe d'abord inaperçu mais le public, sensible, qui ne comprend pas à première vue compose tout de suite son petit roman et s'émeut dès que le livret lui a in@diqué de quoi il s'agit. Puis le joli a tant d'attraits et remplace le beau auprès de tant de gens ! Le Portrait de M me Saint-Athanase, abbesse de Jouarre, bonne grosse femme placide, aux mains courtes, possède les mêmes qualités de sérénité et de modelé que les personnages d' Un Revers de Fortune. Nous avons vu mieux de M.@A. Foulongne que son Silène endormi. Ce joyeux Fals aff des-bacchanales antiques cuve son vin assis au pied d'un tertre. Une nymphe, posée de pro@fil et d'un assez bon style, lui barbouille le front avec des mûres. Au fond, des bergers préparent des liens. La scène@, bien dis@posée, a le mérite de ne rappeler aucune des nombreuses compositions que l'on a faites sur le même sujet. Mais le Silène manque de force et d'ampleur dans sa mus@culature@, et la couleur de ce ressort que nous avions trouvé dans d'autres peintures de M. A. Foulongne. C'est sans doute par espiéglerie que M lle Gallwey, du Havre, en compagnie de sa soeur, des Batignolles, a envoyé au salon son tableau de pensionnaire. Ces petits es@sais devraient rester dans la famille et en ex@citer la muette admiration, au lieu de venir affronter les moqueries des désoeuvrés dans les salles des refusés. La Notre-Dame-de-Pitié de M. Gislain, de Trun Orne , élève de trop de maîtres pour en avoir eu un bon, grand tableau placé dans la même section, nous semble peint d'après des gravures de l'école vénitienne et de l'école flamande. Ce sera d'un excellent effet dans quelque église de campagne mais, à côté des oeuvres étudiées sur la nature, cela ne compte réellement pas. Des deux paysages exposés par M. G. Gut@tinger, de Rouen@, c'est le Sentier dans la fo rêt de Touques que nous préférons il est en@levé de verve et ne montre pas les dé@faillances que nous trouvons dans les Bords de la Seine, aux environs de Sèvres. Le sentier traverse un fourré que dominent quelques arbres sur la gauche. Le ciel couvert, chargé de nuages noirs et blancs en mouvement, est excellent. Un Portrait de Femme, de M. Hallot, de Caen, est parmi les refusés cependant il y en a peut-être de pires au salon. Cette pein@ture n'est pas gaie, mais elle est faite cons@ciencieusement, bien que d'un modelé un peu rond. M. Georges Hébert, de Rouen, n'a point vu cette année re éguer ses tabbleaux dans la section non admise au concours. Nous doutons que, malgré quelques excentricités de couleur, un jury plus sévère les y eût envoyés. La Perle d'Orient est une jeune fille d'une physiono@mie très fine et d'une très agréable figure, ha@@@billée en costume mauresque et le sein dé@couvert@, qui, debout près d'un guéridon, remplit de café une tasse d'or. Les chairs ont revêtu une belle teinte ambrée et très montée de ton, comme c'est l'habitude chez M @G. Hé@bert. La conséquence a été qu'il a fallu encore plus monter de ton les costumes, afin de don@ner aux chairs une couleur relativement blanche, et que les ors poussés eux mêmes aux limites du puissant ne sont plus de l'or à peine s'ils sont du métal. N'importe il y a un certain apaisement chez M. G. Hébert et un plus grand respect que jadis pour le dessin. Aussi a-t il pu faire un portrait assez individuel d'un grand mon sieur, à grand nez et à grandes mains, dont le grand cou sort d'un grand col rabattu, entre les grands revers d'un habit à grandes man@ches. Tout est grand et large dans ce por@trait d'une couleur moins rissolée que la Perle d'Orient. Ils attendent, par M. Hellouin@, d'Aunay-sur-Odon Calvados , représente un homme et une femme en costumes classiques assis au bord de la mer. Adspectabant mare flentes... Cette peinture vieillotte et malhabile, faite sans modèle fort probablement, est dans le salon annexe et y est à sa place. M. Louis Hénault, de Rouen@, a beaucoup retravaillé et singulièrement amélioré le ta@bleau intitulé l'Epoux et l'Epouse, que nous avions vu à la dernière exposition munici@pale. Nous rappellerons que ce tableau repré@sente un homme et une femme debout, plus grands que nature et au repos. Les mérites d'une telle composition doivent résider sur@tout dans la science du dessin, l'harmonie de la ligne et la puissance du modelé. M. Louis Hénault a fait droit à plusieurs des critiques qu'on lui avait adressées à Rouen en effaçant@@ quelques incorrections mais il est un certain bras, le bras gauche, que l'épouse appuie sur l'épaule de l'époux, dont il serait assez diffi@cile de retrouver sur la nature les emman@chements et la forme. Enfin, tel qu'il est, ce tableau se soutient à un rang honorable et témoigne d'excellentes tendances chez M. L. Hénault. M. Hermann-Léon, du Havre, fait effeuil@ler à une grimaçante macaque la marguerite si souvent questionnée. Il est vrai que l'Oracle des Prés a été arraché dans un vase du Japon, posé sur un tapis de Turquie, et que maître singe n'obéit qu'à son esprit destructeur. Ce tableau, d'assez grandes di@mensions@, rappelle par sa couleur et par sa facture les toi es de M. Ph. Rousseau@, le maître de M. Hermann Léon. Mais ce n'est encore qu'un reflet. Le Singe Guitariste est un petit panneau moins important, où, comme on le devine@, le quadrumane s'a@charne à gratter le ventre d'une guitare, en criant comme un possédé devant un cahier de musique appuyé à quelques bouquins recouverts d'une belle basane brune. C'est agréablement et très habilement peint, mais il faudrait que M. Hermann-Léon dégageât sa personnalité de celle de son maître. Les études de Pivoines de M lle Heuzé, de Rouen, sont très éclatantes et très vraies de ton, ainsi que ses Iris. Dans ces derniers la coloration verte des feuilles en lame de sabre est trop sacrifiée peut-être à l'éclat des fleurs. Il faut maintenant que M lle Heuzé s'essaie à assortir ces fleurs dont elle fait des portraits individuels si réussis. L'exposition de Rouen a eu la primeur d la Communion de Jeanne Darc dans sa pri@son , par M. Krug, de Drubec, tableau un peu fantasmagorique qu'éclaire une lumière de scupirail. Le portrait de M me V. Massé, que tout le monde s'obstine à vouloir être celui de M me Sand, montre beaucoup de caractère dans la physonomie, bien qu'on y puisse désirer un peu plus de fermeté. Un manteau en velours gris @clair garni de fourrure grise, qui recouvre le buste par dessus une robe noire trop effacée, est un excellent accessoire, grassement peint, et qui, bien que très im@portant, se subordonne aux carnations par ses tons neutres. La Nature morte de M. H. Lachèvre, de Rouen, représente un tapis kabyle accroché à un clou, en même temps qu'une casquette d'officier général, et tombant en plis sur une table où un chibouck est placé à côté d'un grand verre à pied, le tout d'une couleur très chaude et largement brossé. M. A. Lambert, de Darnétal, se rattache à l'école d'Anvers, dont M. Daubigny est le chef, et qui a pour muse la nymphe de l'Oise, nymphe coquette et bo@@nne inspiratrice, comme le prouve M. Lambert lui même Des deux tableaux qu'il a exposés l'un, le Matin, peint évidemment sur les bords de l'Oise l'autre, le Soir, peint à quelques pas de la rive, dans le parc de M. de Lamoignon, c'est celui qui caresse de plus près la nymphe qui est le meilleur. Comme dans tous les tableaux où cette ai@ma@ble rivière es@t et sera représentée, on la tff b hïà6çourGi, bordée sur @@une rive d'ar-cVquVtpes pent leurs feuilles dans l'eau, tandis que, sur l'autre rive, la plaine étroite chargée de moissons blondes s'étend quelque peu et ondule jusqu'à former un coteau qui domine un village. Les eaux sont encore plombées et dans l'ombre, mais l'horizon se colore, et la troupe des nuages légers s'irradie, affectant mille formes bizarres. Ce ciel est très original et très fin tous les terrains de la rive nue sont bien dessinés. Quant aux ar@bres de l'autre rive, ils sont un peu lourds, mais ceux du parc de M. de Lamoignon ne forment qu'une silhouette noire et maigre sur un ciel jaune. @Supérieur à tous les artistes que nous avons eu à citer jusqu'ici, M. Laugée, de Marom@me@, a occupé cette année une des meilleures places au salon, bien que ses tableaux ne fussent point des plus grands. L'Episode des guerres de Pologne en 1863 est surtout un sou@venir des atrocités commises par les Russes. Une jeune femme, entièrement nue, vue de dos, les pieds et les poings liés,@ gît au re@vers d'une route. Ses chairs blanches nacrées sont zébrées de bandes rouges, lacérations reçues pendant la lutte. Elle a subi, sans doute, les derniers outrages, et une fois morte, elle a été abandonnée à côté de quel@ques débris d'armes et de vêtements, ves@tiges d'un engagement. Les ravisseurs sont disparus, les paysans tiennent la campagne ou sont réfugiés dans la forêt, et les femmes seules sont accourues. Elles sont quatre la vieille grand'mère, qui s'est assise anéantie au beau milieu du chemin@, les yeux fixes et les mains croisées sur les jambes la mère est debout les yeux au ciel, soutenant sa fille, qui s'appuie à son sein une dernière, moins abîmée dans la douleur, s'apprête à couvrir d'un drap le corps de la victime. Il est soir@, quelques maisons basses dessinent leur silhouette sur un tertre, et un village brûle à l'horizon. Voici le théâtre, voici la scène. Peint d'une couleur plutôt soutenue qu'énergique et tout-à-fait appropriée au sujet, cet épisode de l'insurrection polonaise, dramatique sans emphase, montre le talent de M. Laugée sous un jour nouveau et avec des qualités qui ne lui sont pas habituelles. Nous le retrouvons tel que nous le con@naissions déjà dans la scène champêtre inti@tulée le Repos. Une paysanne de l'Artois, fati@guée de la longue journée qu'elle vient de passer, courbée sur le sol, le dos chargé de glanes, se repose sur le talus d'un chemin creux. Sur la crête de l'autre talus, qui forme tout l'horizon, deux jeunes filles s'en vont por@tant sur leur tête la gerbe des épis ramassés. Leur corps se profile sur le ciel ardent du soir, et peut-être leur silhouette n'est-elle pas assez élégante ou vigoureuse. Tout est baigné dans une atmosphère lumineuse et chaude où voltige la vapeur des soirées d'été. La femme du premier plan, plus triste@, est en@veloppée dans la demi-teinte. Avec moins de force et de style que M. Breton@, M. Laugée excelle, comme lui, à retracer l@es moeurs et le paysage nu de la Picardie ou de l'Artois. C'est la même inspiration que traduisent avec des qualités différentes deux artistes doués d'un grand talent tous deux. Saint Bernard méditant la Croisade, voilà un titre ambitieux. Comment savoir que c'est précisément la croisade qu'il médite ? Ras@surez-vous, celui qu'a peint M lle de Launay@, de Bellesme, ne médite rien@, et ce titre est donné à une simple tête d'étude de vieillard barbu habillé d'un froc blanc, passablement peinte et d'une assez bonne couleur blonde. D'habitude, on représente la Madeleine ex@pirante encore jeune et encore belle, malgré une longue pénience, le jeûne et les larmes. M lle Lefebure, de Falaise, n'a pas fait comme les autres, surtout commp. ceux qui font un bon tableau. Sa Madeleine expirante est vieille et larde, mal dessinée par dessus le marché, mais d'une couleur assez harmonieuse dans les tons bistrés. Après avoir peint, l'an dernier, une Prise de Voile, M. Legrain, de Vire, a peint, cette année, l'Inhumation d'une Religieuse, et nous ne supposons pas que ces deux compositions sévères servent jamais à illustrer le roman de l'abbé . Le cortége des religieuses habillées de noir et coiffées de voiles blancs descend de l'église, suivant la défunte, portée à découvert par huit soeurs. Le soir se fait, et le ciel, rouge à l'horizon, se dégrade peu à peu et devient vert. - C'est étonnant ce que nous avons déjà signalé de ciels verts et rosés ! - Les attitudes des religieuses sont habilement variées, sans cesser d'être enveloppées par une ligne sé@vère comme il convient au sujet, et, si la couleur en était moins sou de, ce tableau produirait une impression supérieure à celle qu'on en ressent. Le Livre d'Heures est le portrait largement fait et d'un aspect un peu métallique d'une petite fille assise à terre dans un beau désordre et déchirant fort méchamment un missel enluminé placé sur ses genoux. M. F. Legrio, de Rouen, a exposé deux ta@bleaux. Un suj@et de genre Philippe de Cham@paigne peignant le Portrait de sa fille Suzanne, religieuse a Port-Royal des-Champs, inspiré en grande partie des admirables portraits du Louvre. Un grand paysage la Grange de la Ferme d'Hautes-Isles, placée dans une des îles de la Seine, aux environs de la Roche-Guyon, et vue le soir. Après avoir essayé encore une fois de peindre des personnages grands comme nature, et après avoir enfin reconnu dans ces divers es@sais que son pinceau manque de force pour ces entreprises, M. Jacques Leman, de L'Aigle, devrait se résigner à ne représenter que de pe@tites scènes, point trop nombreuses comme il les réussit à merveille, il y trouverait répu@tation et profit. Le Médecin malgré lui, spiri@tuellement traité, présente dans le jeu des physionomies quelque chose des qualités de l'école anglaise, et ce quelque chose-là a déteint sur la facture et sur la couleur c'est la scène où Sganarelle, affublé de la grande robe noire et du bonnet de docteur, prononce ces mé@morables paroles qui dénotent un diagnostic peu ordinaire @@@@Voilà un pouls qui mai que que votre fille est muette. On devine aisément la scène. Le fagotier Sganarelle, à la face vermillonnée, paysan matois, est gravement assis au centre la fille, assise à sa droite, lui tend modestement le bras le père, attentif, à sa gauche, s'é@@merveille de tant de science. La nourrice qui avait de si beaux seins, l'amant et le valet sont en arrière. Une tenture à personnages couvre les murs. Tous sont expressifs, bien en scène, et montrent chez M. J. Leman un esprit plus cultivé que n'est celui de la plu@part des artistes qui, imitant à leur manière les chevaliers de jadis, qui se faisaient gloire de ne pas savoir lire, tirent quelque vanité de ne pas savoir grand'chose en dehors de la pratique de leur art. La Lecture qu'on fait à une jeune malade, couchée sur sa chaise longue et entourée d'un cercle d'amis, étant dans les dimen@sions de la nature, manque de tout ce qui fait le char@me et l'intérêt de l'autre tableau@, et nous préférons ne pas nous y arrêter. Il y a tant de paysages excellents cette an@née, que ceux qui ne sont que bons passent inaperçus tel est celui de M. Lepine, de Caen. Le Paysage à l'île Saint Ouen prouve que cette île est dé@@idément plus sauvage qu'on ne croirait d'après les légendes qui ne @la représentent qu'habi@tée de marchands de fri@ture, que hantée par les bonnes d'enfants et les tourlourous. Là, fort heureusement pour les peintres, les ingénieurs des ponts et chaus@sées n'ont point songé à régulariser le lit du fleuve sans cela nous ne verrions point cette chaussée informe, qui, soutenue par une file de saules, chemine entre le fleuve et une flaque d'eau où s'etalent les nénuphars entre les sa@gittaires, à l'ombre des arbres de la b@erge. Cela est peint dans les tons gris clair, légers, d'une façon très habile mais cela aussi fait songer a M. Corot. C'est à Troyon que l'on pense en examinant le second tableau de M. Lépine. Les Chevaux de trait se reposent dé@telés, en avant du banneau bayé, et s'enlè@vent lumineux@, ainsi que tout le premier plan, sur un ciel de plomb. Une personnalité de plus qui ne s'est pas encore affirmée. Voici un talent nouveau qui se révèle et nous promet un habile animalier de plus en la personne de M. Lhuillier, de Granville. Dans le Départ pour le Pâturage, l'âne s'en va devant, po@rtant un gamin et son petit frère. Deux paires de vaches rousses suivent accouplées, et cette chaîne pacifique suit tranquillement le chemin qui traverse la plaine nue. Un bout de hale et une flaque d'eau au premier plan en sont l@es seuls ac@cidents. Le ciel, un peu rose et mon, est de même tein te que la plaine mais les ani@@maux sont bien dessinés et bien peints et d'une bonne couleur claire. Une Granvillaise, commère haute en couleur et coiffee du petit bon@net qui sied si bien à celles qui sont jo@lies, doute sans doute des qualités viriles que l'on accorde à ses compatriotes, est une bonne étude, largement permie, mais trop né@gligée dans le reste du costume. Il y a beaucoup d'inexpérience chez M. Les@rel, des Genêts Manche , dont le tableau le Chant du Soir n'a pu concourir pour les ré@compenses. Cependant le contour de cette grande femme en costume antique, appuyée sur si harpe, montre quelque recherche mais ce contour vide @et sans modèle indique que M. Lesr@el a e@ncore beaucoup à apprendre. Une jeune Femme portant un plat de fruits , de M. Loutrel, de Rouen@, appartient à la famille des tableaux dont un seul personnage fait tous les frais. D habitude ce personnage est en costume du temps de Louis XIII. La jeune femme de M. Loutrel ne déroge point à l'usage. Elle est blonde et jolie, le satin blanc lui va si bien ! pourquoi ne serait-elle pas mise à la mo@le régnante ? Une casaque grise, un lévrier blanc@, tout fait harmonie blanche sur un fond de bahuts et de tapisseries. La couleur de ce tableau@, plus chaude que d'ha@bitude, est une marque d'efforts chez M. Lou@trel. M. Eugène Marc, de Rouen, n'a pas eu une petite ambition cette a@nnée il a peint un tableau religieux sur un sujet non con@nu et de grandeur naturelle. C'est la Conver@sion de saint Théophile. Laissons parler le livret pour expliquer le tableau de notre compatriote @@@Comme sainte Dorothée allait au supplice et disait qu'elle allait trouver son divin époux@, un jeune homme, nommé Théophile, lui demanda en raillant des fleurs et des fruits du jardin de cet époux la sainte, par @un effet de la toute-puissance de Dieu, lui présenta réelle@ment des fleurs et des fruits. Sainte Dore. th@@e, debout, reçoit de la main des anges les fleurs qui tombent à terre, où les contemple Théophile agenouillé. C'est le ciel, ce nous semble, que devrait regarder le railleur et et non la terre, car il participerait au mi@racle en qualité de spectateur ému, tandis qu'il n'y figure que comme assistant indifférent. Rien n'unit les deux figures entre elles et n'explique le sujet moral caché sous le fait apparent que représente le tableau. Le des@sin est suffisant la figure de la sainte ne manque pas de noblesse, la lumière qui éclaire les deux personnages vise aux grands effets, mais elle se trouve sans accord avec le ciel, qui est com@@plé te@ment gris et d'où elle devrait venir, ainsi qu'avec les fonds, qui de vraient en recevoir un reflet et qui sont en@tièrement sacrifiés. On ne sait d'où tombent les rayons de lumière qui éclairent si vive@ment les personnages en les laissant à moi@tié dans une ombre vigoureuse, et un colo@riste moins timide, à l'exemple de Murillo, y eût fait nager les anges, messagers des divi@nes clartés. M. E. Marc, qui s'essayait pour la première fois dans la grande peinture, tentative hardie que nous avons voulu apprécier avec tout le soin qu'elle mérite, s'est senti plus à l'aise dans un tableau intitulé Convoitise. Un panier de fruits est renversé dans un agréable dé@sordre sur la table de l'office, et une enfant montre à travers les barreaux de la fenêtre sa tête blonde où brillent des yeux animés par le désir. Il n'y a guère à dire encore du tableau de genre exposé par M.@E. Martin, du Havre ce n'est ni bien ni mal. Deux troupiers en congé se sont arrêtés chez une paysanne et semblent écouter la lecture d'une lettre. Nous avons été longtemps avant que de compren@dre comment cette action pouvait s'accorder avec ce titre Les Nouvelles du pays. Mais ici le mot pays possède un sens particulier et est le masculin de payse. Les deux sol@dats en congé apportent à la payse, qui la lit, une lettre de son pays @@@resté au corps. M. A. Massé, d'Elbeuf, abandonnant les sujets actuels pour la peinture rétrospective, nous montre le Marquis de la Ferté arrivant au manége de M. de la Guérinière. Il y arrive sans doute pour apprendre à s'y bien coiffer et à se mettre mieux en selle, quoiqu'il fasse faire à son cheval au nez busqué une belle courbette, les quatre jambes en l'air. Si le cheval continue droit son chemin, il se cassera la tête contre le pilastre qui flanque la porte, au lieu d'entrer dans celle-ci, que M. de la Guérinière lui montre par précaution, et en le saluant avec cette politesse exquise qui est le privilège des professeurs d'équita@tion. Malgré cette faute de perspective aérienne et ces menues chicanes auxquelles il serait facile de faire droit, ce tableau de M. Massé est d'un homme habile et maître de son pinceau. Le Portrait de M me la baronne de L... est celui d'une jeune femme, de face, se promenant dans son parc en robe blanche de demi-toilette, son chapeau rond à la main. Peint dans des tons clairs et assez sommairement modelé, ce portrait est d'une facture fort agréable. C'est un bien beau site que celui que M. Merme, de Cherbourg, a choisi à la Guade@loupe. La Rivière des Galions tombe en casca. des au milieu des plaines vertes, où les pal@miers en parasol se marient à la cime des chênes, en avant des montagnes vertes elles mêmes et du plus beau profit. La Rue Ravine Espérance , à Basse-Terre, est une assez vi@la@me montée pierreuse, mais de charmantes villas blanc@hes la dominent au milieu des ar@bres. Ces sites ont-ils la couleur froi@de que leur donne M. Merme ? M. Jules Michel étant devenu notre com@patriote, nous devons nous occuper de son tableau, qui nous semble inachevé. Au Pied de la Croix est ce qu'en Italie on appelle une Pitié, c'est-à-dire la Vierge tenant sur ses genoux le corps du divin supplicié. Ce corps affecte les longueurs qui plaisent à M. J. Michel mais les chairs, encore peu modelées, sont de cette belle couleur blonde et lumineuse que nous avons souvent louée chez lui. La Vierge, à l'état de simple pré@paration, est remarquable par la belle colo@ration verte de son manteau. @Enfin, M. J.-F. Millet, de Grévillé, a réussi à peindre un tableau qui réunit tous les suffrages ceux de ses amis, peut-être ? - mais certainement ceux de ses adversaires, des amis clairvoyant@s et du public tout entier. La Bergère avec son Troupeau sont aux champs par la fin d'une belle journées de septembre. Elle e@st-debout, point trop laide, en bonnet rouge et en mantelet gris par dessus une robe bleue et tricotant attentivement. Son troupeau gris et noir broute derrière elle. Au-delà s'étend la plaine@ dénudée@, une charrette s'arrondit au loin sous son dôme de gerbées, et quelques arbres ferment l'horizon. Le soleil, encore haut et caché derrière un nuage, lance des clartés qui s'irradient en traînées plus blanches sur le fond rosé du ciel tout chargé d'electricité. Le temps est lourd, et les chaudes vapeurs qui se dégagent de la terre enflamment l'horizon. Cet horizon peut il être aussi rouge, alors que le soleil en est encore loin ? C'est une question que nous posons à M. J.-F. Millet, lequel ne fait rien qui ne soit pris sur la na@ture. Mais qu'il ait trouvé ou imaginé cet effet, le tableau n'en est pas moins un des meilleurs de son oeuvre, remarquable par l'harmonie colorée de tant de teintes diver@ses fondues dans l'unité d'un ensemble lumi neux, et par l'impression de chaleur lourde et énervante qui s'en dégage. M. J. F. Millet a été moins heureux dans l'autre tableau Des paysans rapportant à leur habitation un veau né dans les champs, et le portant avec autant de solennité qu'ils feraient du saint-sacrement. Là le dessin est simplifié au-delà du permis, la touche est cotonneuse et maladroite, et il est impossible de concevoir comment le même artiste a pu composer deux tableaux si dissemblables. Il faut pouvoir faire servir le trivial à l'expression du sublime c'est là la vraie force, a dit M. J.-F. Millet. Ou M. J.-F. Mil@let ne possède pas la vraie force@, ou sa for@mule est fausse, car toutes les fois qu'il s'est trouvé en face d'un sujet trivial, il a produit des oeuvres manquées, et des oeuvres fortes et saines toutes les fois qu'il était en présence d'un sujet qui n'était que simple. Faire ser@vir le trivial à l'expression du sublime, c'est la formule de la préface de Cromwell , si nous avons bonne mémoire. Mais V. Hugo ne met pas le sublime dans le trivial, bien qu'il l'y confonde un peu trop aujourd'hui. Il est pour lui une anti@thèse. Et d'ailleurs dans la littérature, où les choses n'ont de forme et de couleur que ce que l'auteur en met dans son style, ce style peut couvrir de ses magnificences les choses les plus vulgaires et les plus bizarres. Mais dans l'art, où la forme et les couleurs sont les seules modes d'expression, comment le trivial, - le trivial, entendez-vous ? ce qui est vulgaire par l'action ou le contour, pour@rait-il devenir sublime ? Un artiste de talent pourra dégager l'âme des choses, que le spec tacle de chaque jour nous empêche d'analyser mais ce seront des choses habituelles et non triviales. Et puis la même action naturelle pourra être faite par deux hommes@, triviale@ment par l'un, avec une certaine ampleur de gestes par l'autre, et parce qu'un artiste aura saisi ce qu'il y a de style dans l'action du se@cond et l'aura accentué, pourra-t-on dire que l'action triviale du premier sera devenue l'é@lément de l'action@, non pas sublime@, mais pittoresquement belle du second ? La théorie de M. J.-F. Millet nous semble fausse en tous points, d'autant plus qu'il en a été la première victime ce que nous re@grettons vivement, car nous avons un pro@fond respect pour cet artiste courageux et tenace, qui poursuit sa voie, malgré la critique @et @parfois les sarcasmes. M. V. Mongodin, de Vire, aime toujours le monde des infiniment petits, éclairés d'une lumière blanche et froide sur des carnations rouges. Nonobstant, la Dînette et la Partie de Billes sont d'agréables petits panneaux bien étudiés et facilement peints. @le port Pi, à Mayorque, de M. Morel-Fatio, de Rouen, nous rappelle certaines dés agréa@bles matinées de Joseph Vernet. C'est la même mer Méditerranée, et ce sont les mê@mes felouques, et le même soleil perçant un brouillard rosé mais la ressemblance s'ar@rête à la similutude des modèles. Il y a moins d'apprêt chez M. Morel-Fatio et un sentiment plus naïf de la vraie nature. Dans l'Hivernage devant Kinburn, nous re@trouvons un autre brouillard mais celui ci plus froid et plus dense. Il estompe tout les canonnières emprisonnées dans les glaces et protégées par leurs filets d'abordage@, ainsi que les hommes qui marchent sur les eaux solidifiées. M. Morel-Fatio a peut être eu tort d'exposer en même temps deux oeuvres à peu près semblables d'aspect, mais dissemblables cependant par la qualité du ton. Peut être aussi est ce une coquetterie d'artiste d'avoir voulu se montrer expert en ces finesses de la couleur. La Nature mor@te de M. X..., de Rouen, a le mérite d'être aussi facilement peinte qu'elle est simplement composée. Une bour@riche renversée, d'où sortent@, parmi le foin, un chapon et des pigeons, puis une soupière en faïence de Marseille, en font tous les frais. Peut-être les seconds plans en sont-ils trop négligés. L'Officier de Lansquenets sous Louis XIII, sala@de en tête et debout dans son costume rouge sous sa cu@rasse noire dont quelques bandes brillantes réveillent les opacités, re@gardant par la fenêtre étroite d'un corps-de-garde, était trop haut placé pour que nous puissions en parler. M. E. Normand, de Rouen, sans maître connu, jouissait du triste privilège d'exciter au plus haut degré l'hilarité du public dans les salles annexées. Mais aussi jamais on n'avait vu au salon de couleurs plus violentes étalées sur une toile, sous prétexte de tableau, par une main plus inexpérimentée. Les Fleurs et les Fruits de M. Normand forment deux panneaux décoratils. Quelle décoration ! Dans chacun de ceux-ci@, deux entants rouges accompagnent une corne d'abondance d'où tombent ici des grappes de fleurs, là des monceaux de fruits, et les imprudents flairent les unes, goûtent aux autres. Que l'on s'é@tonne, après cela, s'ils font la grimace ! Une clairière au fond d'une gorge isolée, bordée d'un côté par un éboulis de terres ar@gileuses@, montant de l'autre côté en pentes herbeuses où croissent de grands arbres@, en avant d'un épais taillis pour premier plan, un peu d'eau, que protègent quelques arbres effilés, et sur la pente, une femme appuyée sur le coude et lisant sous un rayon de lu@mière@, telle est la composition que M. A. Oudinot, de Damigny, appelle Solitude. Il y a, en effet, dans ce paysage, un calme et un recueillement qu'augmente encore une cou@leur un peu sourde@, qui est ici plutôt une qualité qu'un défaut. Il n'en est pas de même dans l'autre paysage intitulé Bords de l'Oise. Quelques gaîtés de palette n'y messiéraient pas. Le portrait de M. L... , par M. Palix, de Sour@deval, posé avec aisance sur une chaise, au dossier de laquelle s'appuient les deux mains du modèle, deux mains point banales et bien étudiées, est exécuté avec soin et fait une oeuvre estimable. Mais que M. Palix évite l'é@cueil des tous violets. M. Théodule Ribot, de Breteuil, peut passer aujourd'hui pour un maître dans l'art de modeler en pleine pâte des chairs saines et solides, sortant avec la puissance de leurs colorations des fonds noirs, qu'il affectionne plus que de raison, et qui, nous le craignons pour. lui, noieront un jour ses demi teintes dans une nuit éternelle. Dans le Chant du Cantique, il y a quatre enfants habillées de noir ou de brun, - une seule porte une casaque rouge@, - qui chantent guidées par une vieille femme, habillée comme elles, qui de sa tête ne montre presque que la nuque. Le fond est noir mais tous les costumes s'en détachent, et tous ces visages dont les carna@tions, un peu barbouillées, sont fouettées de vermillon, peints et modelés largement, ont un air de vie qui réjouit. Ils ne sont pas beaux, mais ils sont merveilleux d'exécution. Cette exécution est plus prestigieuse encore dans les Rétameurs. L'un, qui ne laisse voir du blanc qu'autour de son col, de ses bras nus et de ses pieds chaussés d'espadrilles - et quel blanc ! - fait jouer un soufflet de ses mains calleuses et rouges sous la couche de métal et de charbon qui les noircit. L'aide, placé en arrière-plan@, gratte le fond d'une cafetière. Sur l'établi une bouilloire en cui@vre jette quelques reflets rouges au beau milieu des outils et des fers à souder, noirs ainsi que le sol et le fond. Il est impossible, en présence de ces vigueurs de colorations et de cette franchise de facture, de ne point songer à Ribera et à Velasquez. M. Ribot est de leur école mais qu'il ne nous force point d'écrire si souvent le mot noir@@@ lorsque nous avons à parler de sa peinture et de son beau talent. C'est encore un coloriste, mais plus varié de ton et se rapprochant davantage d'Eugène Delacroix@, que M. Julien de la Rochenoire, du Havre. Il aime l'action et la couleur en mouvement, dût le dessin quelque peu en souffrir. En 1820, la diligence de Dives à Caen fut surprise par la marée montante entre les basses falaises et la mer. Camille Roque-plan trouva dans cet accident assez extraor@dinaire un de ses meilleurs tableaux c'est celui que M. de la Rochenoire vient de refaire dans un autre sentiment La Diligence est lan@cée au galop de ses cinq chevaux, que les va@gues effraient et dont quelques-uns se cabrent. Tout est agitation et mouvement dans cette toile, sur la terre et sur les flots. Ceux ci, in@certains@, peu dessinés@, ne dressent-ils pas une muraille trop élevée contre la voiture ? Toutes les colorations sont elles assez égale@ment soutenues pour qu'il n'y ait pas une certaine dislocation dans l'ensemble ? Ainsi le cheval noir de limon disparaît entièrement et se perd dans le fond. Il en est de même dans les chevaux de l'autre tableau intitulé, le Bac. Destinés à faire valoir la belle robe soyeuse d'un che@val blanc qui fait un écart et se cabre, ils se confomderit avec le ciel sombre du fond et les eaux limoneuses qui clapotent contre le bac. C'est un point que M. de la Rochenoire de@vra surveiller en même temps qu'il lui fau@dra donner plus de précision à son dessin, parfois incorrect, pour vouloir exprimer le mouvement avec trop d'énergie. Dans une Matinée en Normandie, la muse de M.@P. de Saint-Martin, de Bolbec, a chanté sur un mode moins élevé que d'habitude, mais elle a chanté aussi bien. Son paysage est un vrai paysage normand, un peu gris, sous un ciel moutonné, avec moins de relief peut-être que n'en a la réalité. C'est même un pay@sage cauchois. Sur le devant, un cours d'eau s'étale sur le sable au sortir vers la droite d'un ponceau en bois que traverse un chemin. Quelques arbres s'élèvent sur la berge du mi@lieu d'une haie, en avant de chaumières en charpente garnie de bauge jaune. Au débouché du ponceau, s'enfonce une plaine peu étendue que termine un rideau d'arbres. Le jour arrive du fond, qui est en pleine lu@mière@, tandis que le second plan est dans l'ombre, ainsi que les eaux, qui nous sem@blent un peu jaunes, soit qu'elles charrient du limon, soit plutôt qu'elles laissent trop voir le sable de leur lit. Il nous semble que quelques barres lumi@neuses comme savait en poser le bonhomme Watelet, dont on s'est tant moqué à cause de son éternel ruisseau sur un lit de galets, feraient cesser l'incertitude sans rompre le calme où M. Saint-Martin a voulu laisser ses premiers plans, afin de faire valoir ses fonds. M. Sebron, de Gaudebec, est toujours l'ha@bile peintre d'intérieurs que l'on sait, et depuis longtemps il n'avait rien exposé d'aussi important que la Cartuja de Mira flores. C'est une chapelle à une seule nef, aux nervures en dentelles, vue du choeur, que garnissent des stalles en chêne noirci. Au centre s'élève une belle tombe gothique où sont couchées les effigies de Jean Il et d'Isabelle de Portu@gal. Un autre tombeau de même style garnit un arc creusé dans la muraille. La lumière arrive radieuse et blonde par la rose du portail et se distribue à merveille dans toutes les parties de l'édifice. Canaletti, et après lui Piazetta, et après ce dernier Joyant nous semblent les inter@prètes les plus fidèles de ce qui fait Venise, c'est à dire son ciel, sa lumière et ses eaux. Aussi, malgré ses mérites@, la Vue de Venise par une matinée de Printemps de M. Sebron ne saurait nous rappeler autre chose que l'ar@chitecture de la Piazetta, qui occupe le pre mier plan, et de la Dogana, qui se voit au fond. M me H. Sélim@, de Rouen, a peint un por@trait quelque peu géométrique de Saïd-Pacha, le dernier vice-roi d'Egypte. Son Altesse, dont les yeux ne sont guère d'ensemble, est coiffée d'un fez rouge et vêtue d'une ample redin@gote bleue@, large du corps et large des man@ches@, carrée et sans plis, comme dans une gravure de modes. Les mains sont molles et la figure n'est guère modelée. Après cela peut-être, les Egyptiens ne tiennent ils pas beau@coup à posséder une image irréprochable d'un prince qui leur a coûté tant d'argent et légué de si grands embarras. Il y a du talent, et surtout la marque d'un coloriste dans la Suzanne de M.@J. Sevestre@, de Breteuil. Que ce soit Suzanne ou une autre, c'est une femme nue, debout et de face, dont les carnations colorées se détachent sur une draperie blanche, qu'elle étale et soutient derrière elle, rien que pour faire enrager les deux vieillards que l'on aperçoit par une trouée du feuillage sombre qui entoure la belle Juive. L'attitude est élégante, la silhouette est cher@chée avec soin, et cette petite Vénus biblique est une des bonnes études de femme nue qu'il y ait eues au salon dans ces dimensions. M. Tesnière, du Havre, n'annoncerait point qu'il est élève de M.@E Le Poittevin, qu'on le devinerait de reste à sa façon de peindre et de colorer. Un Bac sur la rivière d'Orne présente l'accumulation d'autant de choses diverses qu'il est possible d'en réunir sur une même toile. Il y a d'abord la @@rivière d'Orne, qui s'enfonce en tournant au pied de coteaux cultivés qui tournent comme elle. Puis, à droite et au centre, sur la berge accidentée, il y a une cabane, des barques échouées et un embarcadère en charpente sur les eaux, on voit le bac rempli de monde, et en ar@rière un allège@, en arrière encore un brick à l'ancre@, puis par dessus tout un ciel cou@vert de gros nuages blancs. M. Tesnière s'est habilement tiré de tout cet amas de choses. La Marée basse à Bernières sur Mer, où des paysans chargent du varech sur leurs voi@tures@, est plus simple et forme peut-être un tableau plus individuel. Avec quelques gravures d'après Lesueur, M. Angel Thouin, d'Alençon@, a peint un Ravissement de Saint Paul, tiré à deux anges, qui figurera sans doute un jour sur quelque bannière de village. C'est la seule place d'honneur que cela puisse ambitionner. Une orange ouverte forme une étoile jaune au milieu de raisins et de framboises pâles étalées sur une feuille de chou, en compa@gnie de pêches. Un melon trône au fond sous un dais de volubilis. Une épingle à cheveux perce de ses deux pointes noires une banderole qui porte ces mots HONY SOIT QUI MAL Y PENSE. Que diable M. Trébutien@, de Bayeux, a-t-il voulu dire avec ce bizarre assemblage ? Au lieu de poser des énigmes, M. Trébutien ferait mieux de résoudre celle que la nature pose toujours à ceux qui s'es@saient à la traduire, et de ne point se conten@ter d'à peu près. Le Christ en Croix, de M. Viger-Duvignau, est un honnête crucifié, qui n'a guère souf@fert@, heureusement pour lui sa chair n'a point frémi, ses muscles n'ont point peiné, et il se tient droit contre le bois ignomineux le plus tranquillement du monde. Sa vue ne troublera point la solennité des audiences de la salle du Palais-de-Justice, où il est destiné. Le petit tableau qui accompagne cette grande commande officielle, très agréable@ment composé, est une de meilleures choses que M. Viger Duvignau ait encore exécutées. L'impératrice Joséphine reçoit à la Malmaison la visite de l'empereur Alexandre et lui recom@mande ses enfants , c'est-à-dire la reine Hor@tense, qui accompagne sa mère, et un petit prince, qui n'est autre que l'empereur actuel des Français. Il y a bien un certain combat de couleurs trop heurtées dans les costumes, fort bien peints du reste, des quatre acteurs de cette scène, dont nous louerons l'agencement. Mais ce que nous louerons surtout, c'est la façen dont sont traités les accessoires et les fonds composés avec un grand scrupule historique. Il y a notamment une cheminée garnie de ses bronzes dorés qui est peinte avec une légèreté et une précision très remarquables. Encore un effort vers la recherche de la cou@leur, qui est toujours froide et sans unité chez M. Viger-Duvignau qu'il peigne tout de la façon de cette cheminée, et il sera arrivé. Dessins, aquarelles, miniatures, porcelaines. Nous ne trouvons pas grand'chose à dire du dessin au fusain de M.@G. Bellenger, de Rouen, qui représente une site rocheux dans la forêt de Fontainebleau, si ce n'est que tout y est sur le même plan. Le Paysage de M.@G. Bouet, de Caen@, n'est pas gai, mais c'est une fort jolie aquarelle@, où des rochers roses, qui ont glissé le long des pentes de montagnes crayeuses@, surgis@sent des eaux qui en baignent le pied et s'enlèvent sur un ciel gris bleu. L'habileté de M. Armand Cassagne, du Lan@din@, dans le maniement de l'aquarelle@, est devenue des plus grandes@, et ses paysages@, largement enlevés, sont pleins de soleil et d'ombres transparentes. L'Intérieur d'un bois, criblé de flèches d'or sur ses rochers et sur les troncs de ses arbres@, est surtout d'un effet très vrai et très original. M. Chaplain@, de Mortagne, premier grand prix de Rome@, l'an dernier, pour la gravure en médailles@, s'amuse à tracer à la mine de plomb des portraits d'amis@, d'un dessin très précis et d'un modelé très serré@, bien qu'exé@cutés avec une grande liberté de main. Le dessin au fusain, genre qui prend une grande extension aujourd'hui et auquel quel@ques artistes de talent savent donner de beaux tons veloutés et une transparence re@marquable@, n'est pas encore un mode d'ex@pression dont M. Couraye du Parc@, de Saint-Lô@, soit devenu maître tout-à-fait. Ses deux dessins sont, en eff@et, de mérites inégaux. Dans la Vue de Mortain , amas de rochers en pente, qui descend en avant d'un rideau d'arbres@, l'effet est lourd et sans lointains. Dans la Mare de Bouillon, au contraire, vaste étendue d'eau bordée sur ses deux rives de grands arbres qui forment promontoire au premier plan@, les fonts sont lumineux et lé@gers@, et la perspective aérienne est habile@ment ménagée. Notons seulement les deux portraits en mi@niature de M. Desvaux, qui nous ont échappé dans nos recherches à travers l'exposition recherches assez pénibles pour que le temps passé à trouver tous les éléments de cette longue revue l'emporte peut être sur celui nécessaire pour l'écrire. M. André Durand, d'Amfreville-la-Mivoie, continue à exposer chaque année quelques-unes des études sur la Toscane qu'il exécute pour l'album que M. le prince Anatole Demi-doff lui a commandé. Cette année, ce sont deux spécimens de cette architecture toscane du moyen-âge, si originale avec ses assises alternées en marbre blanc et noir, et son style gothique, qui n'a jamais pu s'affranchir entièrement des souvenirs antiques. La fa@cade de la Cathédrale de Sienne et son cam@panile sont un des plus beaux exemples du style fleuri qui régnait en Italie au commen@cement du treizième siècle. La façade de la cathédrale de Prato est plus sévère et appar@tient à ce qu'en France nous appellerions le style roman. Les dessins de M. André Durand, à moitié pittoresques, à moitié géométriques, donnent une idée suffisante de ces @@monuments pour qui ne veut pas les étudier en archéo@logue. Autrement, il faudrait quelque chose de plus. Parmi le nombre assez grand de fleurs en porcelaines qu'un certain nombre de dames et de demoiselles ont exposées, celles de M me Fon@tanes, de Caen, se font remarquer par leurs qualités de facture et de ton. M.@F. Langée, de Maromme, dont nous nous sommes déja occupés avec tout le soin que mérite son beau talent, a exposé deux des cartons qui lui ont servi pour la décoration de l'église collégiale de Saint-Quentin. L'un représente le Christ debout montrant le Livre aux deux apôtres saint Pierre et saint Paul agenouillés de chaque côté de lui. L'autre nous montre Saint Pierre assis@, figure d'un très beau caractère et d'un grand style. L'Etude d'Iris, aquarelle de M lle A. Laval, de Cherbourg@, nous semble supérieure à l'Etude de Raisins, qui sont transparents et sans relief. Il y en a peu à l'exposition qui traitent l'aquarelle avec autant de furie que le fait M.@J.@@C. Lefebvre, de Rouen. Le Souvenir du Vieux Rouen est un chaos de vieilles maisons à pans de bois, disloquées, ventrues et som@bres@, dont quelques échos de lumière éclai@rent de place en place les façades lépreuses. Les Moulins picards, mal assis sur leurs bases, avec leurs ailes édentées comme de vieux peignes, immobiles et ruinés sous un ciel tourmenté@, offrent au soleil un truculent aspect d'abandon et de délabrement sous les lianes qui les tapissent. Tout ceci est très habilement exécuté mais où la nature offre-t-elle de pareils modèles ? Un fort joli portrait à la sanguine de M lle B..., grand comme nature, complète l'exposition de M.@J. Léman, de l'Aigle. M. Marie Lebret, du Petit-Couronne, a fait deux copies, à l'encre de Chine rehaussée de couleurs, de la Nativité de la Vierge et de la Cuisine des Anges, deux tableaux de Mu@rillo acquis il y a quelques années par le musée du Louvre. Il y aurait beaucoup à dire sur ces copies, qui, si elles rappellent à peu près les originaux par le dessin, s'en éloignent tout-à-fait par la couleur. Les porcelaines de M lle de Maussion, de Fa laise, interprètent toujours avec une coule@u légère et agréable les originaux du Louvre@, que ce soit un tableau monté de ton, comme le Sommeil de Jésus, de Sassoferato@, ou un pastel blond, comme la Marquise de Pompa@dour de Quentin Latour. Que dire des deux portraits en miniature de M lle Eugénie Morin, que nous ne l'ayons dit déjà ? La médaille que le jury leur a dé@cernée parle plus haut que nous ne pourrions le faire, et de ce jour notre jeune compatriote est classée parmi les artistes qui comptent et qui sont l'honneur des salons. On devine, à la grâce naturelle de ces portraits et au des@sin un peu cherché des contours que leur auteur est une femme mais c'est un talent très viril qui les a si largement touchés et si scrupuleusement modelés. Nous avons loué les tableaux de M. Se@bron cela nous dispense d'en faire autant pour ses pastels. Quand on a du talent, si l'on fait, par malheur, un portrait comme celui de M me Anna de la Grange, du Théâtre-Ita-Italien, on doit prendre garde de l'exposer. La copie à l'aquarelle du Saint François d'Assise, de Benouville, dénote chez M lle Wyatt de Vivefay, de Rouen, un plus juste sentiment de la couleur que du dessin. Les extrémités @@des personnages sont lourdes, mais let on général du tableau est bien saisi les fonds surtout sont d'une fort belle cou@leur. @Une très grande franchise de ton fait éga@lement valoir le Portrait de l'Infante Mar@guerite, d'après le Velasquez du Louvre. Seu@lement ce ton nous semble plus rosé dans la copie que dans l'original. Sculpture. M. Chaplain@, dont nous avons cité plus haut les portraits à la mine de plomb, n'a envoyé au salon que deux bustes en terre cuite, exécutés probablement avant son dé@part pour la villa Mé@dicis. Ces bustes, l'un d'homme et l'autre de femme, sont finement modelés et touchés avec une liberté de main qui laisse transpirer la vie dans ces es@quisses sans prétention. M me Fortin, de Caen, a fait de son fils un buste en plâtre très estimable, mais qui pè@che quelque peu par le défaut d'ensemble dans les traits. En 1861, nous avons assez longuement parlé, pour n'y @point revenir dans cette revue du salon, du Colin-Maillard dont M. Lebarivel-Du-rocher avait alors exposé une épreuve en plâ@tre. Cette figure de jeune fille@, traitée dans les dimensions de la nature, nous avait sem@blé être anti-sculpturale avec ses bras proje@tés en avant, ses jambes hésitantes et écar@tées et son visage à moitié caché. L'auteur semble avoir partagé notre avis, car il s'est contenté de faire couler en bronze sa statue, au lieu de l'exécuter en marbre. Ayant à faire une figure de Sainte Madeleine pour la nouvelle église Saint-Augustin@, à Paris, M. Leharivel Durocher a choisi pour représenter la pécheresse le moment où celle-ci se retire d'auprès du Christ, le vase de par fums encore dans sa main gauche et tenant de la droite, réunies sur sa poitrine que seules elles vêtirent un jour, les ondes de l'opulente chevelure qui viennent d'essuyer les pieds de Jésus. La tête longue et étroite, et toute jeune, n'est point celle d'une courti@sane@, mais plutôt d'une femme sentimen@tale@, pécheresse par tendresse de coeur. Le bras gauche à demi-nu ramène sur la poi@trine, trop découverte apparemment, les plis nombreux d'un manteau qui enveloppe le corps et se drape un peu à la façon des sculptures gothiques. Cette statue, exécutée en pierre, avec un grand soin, appartient à ce genre religieux et doux qui caractérise le talent de M. Leharivel Durocher. M. Ed. Peau, du Havre, a modelé très lar@gement et d'une façon un peu martelée un buste d'homme en terre cuite, qui rappelle le style et la facture des oeuvres similaires du dix-huitième siècle. Architecture. Des études très intéressantes sur les an@ciennes fortifications de l'entrée du port de la Rochelle, par M. Juste Lisch, d'Alençon, cons@tituent tout l'apport de la Normandie à l'expo@sition d'architecture. Mais cet apport est im@portant aussi bien par l'originalité des résul@tats où ses recherches ont conduit M. Jules Lisch que par l'exécution des nombreux des@sins qui les justifient. On connaît par les gravures exécutées sous la direction de Le Bas, d'après le tableau de Joseph Vernet, les deux tours, l'une haute et carrée, l'autre ronde et basse, qui défendent l'entrée du port de la Rochelle, mais ce qu'on ignorait et ce que M. Jules Lisch a trouvé en étudiant avec soin la tour carrée, c'est qu'un arc immense, jeté par dessus l'entrée du port, allait de celle ci à son opposée. Les voussoirs de sommier existent encore et indiquent la forme de la courbe. Cet arc soutenait un chemin de ronde crénelé, de sorte que, tandis que les vaisseaux qui auraient voulu forcer l'entrée du port étaient arrêtés par la chaîne, dont la ma@noeuvre s'explique par les traces laissées dans le mur de la chambre qui lui était destinée dans la tour qui porte encore le nom de Tour-de-la-Chaîne, des projectiles incendiaires et des armes de jet pouvaient être lancés du chemin de ronde sur le pont du vaisseau. Un peu plus loin, une autre tour des forti-cations était coiffée d'une aiguille, comme un clocher, qui devait servir d'amers pour l'at@térissage, d'autant plus qu'une tourelle, au@jourd'hui décapitée, qui monte à côté du clocher et renferme un escalier à vis, ne pouvait avoir d'autre objet que de renfer@mer un fanal qui, pendant le nuit, guidait les navires. Toutes ces particularités sont indiquées et justifiées par M. Juste Lisch dans leurs plus petits détails, dans des dessins très habile@ment et très simplement faits, qui lui font le plus grand honneur et lui ont mérité une médaille. Gravure. La chalcographie du Louvre a confié à M.@C. Chaplin, des Andelys, l'exécution d'une grande gravure à l'eau forte, d'après le célèbre tableau de Watteau, intitulé l'Embarquement pour l'île de Cythère. Soutenu par l'original, M. C. Chaplin a fait une planche spirituelle et colorée, qui rappelle la peinture de Watteau, aussi bien que peuvent le faire l'eau-forte et un artiste qui n'est pas un contemporain car il est à remarquer que chaque peintre a trouvé autour de lui les graveurs qui l'ont le mieux interprété, et qui, animés du même sentiment esthétique que le sien, ont su, de prime abord@, se plier à ses idées et s'iden@tifier à sa couleur et à son style. Moins heureux lorsqu'il travaille d'après lui-même que lorsqu'il lui arrive de vouloir traduire Watteau@, parcequ'il est moins difficile pour ses propres oeuvres, M. C. Chaplin a produit une foule d'eaux-fortes et de lithographies dont nous ne parlerions pas, s'il n'en avait exposé des spécimens, et que nous regrettons, pour plusieurs motifs, de voir signer par un artiste de cette valeur. Le Paysage au soleil levant , eau-forte, par M. Ernest Lefebvre, président de la Société des Amis des Arts de Rouen, témoigne de très grands progrès, bien que le dessin y laisse encore à désirer. Ainsi les prairies du premier plan à gauche et les terrains boisés qui les limitent au pied d'un coteau sont mal assis et semblent placés au-dessous du niveau de la rivière qui les baigne. La futaie de droite, toute dans l'ombre, est plus solide et fait valoir à merveille l'effet brillant de la lumière matinale qui envahit les fonds et se répand sur les prés. M. C. Regnault, de Bayeux@, qui dépense une grande somme d'habileté un peu à l'a@venture, a exposé deux petits portraits, celui de Voltaire et la tête d'une jeune fille, exécu@tés de cette pointe légère qui effleure à peine le cuivre et y trace une image qu'un souffle semble pouvoir enlever. Il faudrait craindre qu'à ce jeu tant de talent ne s'évaporât, et nous voudrions que M. C. Regnault alternât ce qu'il appelle des improvisations sur acier@ avec quelques bons burins bien vigoureux@, comme il a témoigné qu'il en savait faire. M. Ribot n'est pas de la même école, et c'est la légèreté qu'il faudrait souhaiter à ce peintre, lorsqu'il manie la pointe et attaque le cuivre avec l'eau-forte. Ses deux portraits de M. Cadart et de M. Vollon participent des défauts qui semblent spéciaux à la Société des aqua-fortistes, dont M. Cadart est l'édi@teur. La touche en est quelque peu brutale@, et l'effet est donné par l'opposition des blancs aux noirs absolus, sans l'intermédiaire des demi-teintes. Ce n'est pas ainsi que M. Ribot procède dans sa peinture, très énergique ce@pendant, et si une eau-forte ne doit être qu'un croquis, encore faut-il que ce croquis soit léger et participe des qualités qu'aurait une oeuvre plus achevée. M. Julien de la Rochenoire, du Havre, a traduit à l'eau-forte le tableau de la Mort d'Hippolyte, qu'il avait exposé l'an dernier. Son travail, haché et tourmenté@, rend d'une façon très juste l'effet du tableau. Nous lui reprocherons cependant des noirs trop ab@solus. M. Louis Sargent, de la ville d'Eu, est un de nos graveurs sur bois dont le talent est le plus souple. S'il n'a pas su donner un effet très accusé aux Fleurs et Fruits dessinés par M. A. de Bar sans grand caractère peut-être, il a su rendre dans une Matinée, d'après M. Corot, toute la légèreté et tout le charme de la couleur du maître@, habilement traduit sur le pois par le crayon de M. Français. Lithographie. La lithographie se meurt, et personne, parmi les Normands qui la pratiquent en@core, ne remplacera Eugène Leroux@, qui fut un des derniers artistes qui l'ont soute@nue de leur talent. Le Portrait de M. Cabanel, par M. G. Bellanger, de Rouen@, est assez fa@cilement traité, mais plutôt dur que monté de ton, et les Portraits inédits d'artistes, que M. Legrip lithographie pour l'oeuvre de M. le marquis de Chennevières@, sont des fac si@milés. M. Loutrel, peintre aujourd'hui, a com@mencé par la lithographie, qu'il a quelque raison de délaisser, car il la traite comme on fait d'une chose ennuyeuse. Les Enfants d'E@douard sont exécutés assurément d'après la gravure de M. Forster et non d'après l'original de Paul Delaroche@, car à distance ils rappel@lent l'aspect velouté du burin mais de près le travail est vide et sans finesse. Le Portrait de l'èvêque de Limoges confond dans la même tonalité grise la tête et le fond. Décidément M. Loutrel préfère le pinceau au crayon li@thographique et montre trop ses préférences. Si nous résumons nos impressions, nous devons nous trouver satisfaits. Plusieurs de nos artistes normands sont placés hors de concours par les récompenses qu'ils ont obtenues, et trois médailles dans la section de peinture sont venues reconnaître les mérites de MM. J. F. Millet et Ribot, ainsi que ceux de Mlle E. Morin. Une dans l'architecture a récompensé les études de M. J. Lisch. En dehors de ces récompenses d'honneur, les acquisitions de l'Etat feront entrer dans les musées de Paris ou de la province les oeuvres des artistes suivants Berthélemy. - Le Vauban désemparé. Cabasson. - La Captivité de Saint Louis, oeuvre commandée. Chaplin. - Les Bulles de Savon. Couveley. - Le Port de Bordeaux. Lhullier. - Le Départ pour le pâturage. Saint-Martin. - Une Matinée en Nor@mandie. Sebron. - La Cartuja de Miraflorès. La gravure de M. Chaplin lui était com@mandée, et la Sainte Madeleine de M. Leha-rivel-Durocher sera placée dans une église de Paris. Nous avons signalé les mérites des oeu vres de MM, Laugée, Ribot, Chaplin, J. Lé@man, J.-F. Millet, Saint-Martin, Berthelemy, de M lle E. Morin, du sculpteur Leharivel-Du-rocher, artistes dont le talent s'affirme de jour en jour davantage. Nous avons salué l'arrivée de M. Lhullier, sans omettre de faire apprécier ceux des artistes depuis longtemps parvenus à la réputation, comme MM. Morel-Fatio et Sebron, qui n'avaient point démérité d etjXSnêjntîs. L'exposition, ce nous semble, 'boqates pour les artistes normands, nous@ no@us plaisons à le constater.
BEAUX-ARTS LES ARTISTES NORMANDS AU SALON DE 1864. Peinture. Man n m q les expositions devinnent annuetféé, _si £ ous permettra de ne point faire précéder d'un préambule cette revue des artistes normands dont les oeuvres figu raient au salon qui vient de se fermer. Après l'avoir à peine terminée, ce sera bien assez que de nous remettre encore au travail dans trois mois, lorsque l'exposition municipale de Rouen sera ouverte. Nous commençons donc, en suivant, comme d'habitude, l'ordre alphabétique. M. Aillaud, de Rouen, n'a guère eu d'autre prétention que de faire figurer sa carte au salon en y envoyant le Portrait du marquis d'A... et un Voltigeur de la Garde Impériale. Ces deux toiles, très librement, trop librement traitées même, prouvent l'habileté de M. Aillaud. Le portrait équestre du marquis d'A..., en costume de chef d'escadron de l'armée d'Afrique, suivi d'un spahis et lancé au plein ga ga lop de son cheval, est surtout d'une couleur agréable et lumineuse. Le type du voltigeur de la garde impériale est assez réussi pour que l'empereur l'ait acquis mais il nous faut l'an prochain des oeuvres plus étudiées et en progrès sur celles de l'an dernier. M me Catherine d'Aure, d'Evreux, se livre pour notre malheur à la nature morte. Voici pourquoi nous disons pour notre malheur . Lorsqu'un tableau de nature morte est quelque peu remarquable, et il faut qu'il le soit beaucoup pour le paraître un peu, on s'en sert en guise de remplissage, pour assortir ensemble deux toiles qui se nuiraient, étant rapprochées. Lorsqu'il est mauvais, on le pend sous la corniche. Celui de M me Catherine d'Aure servait de liaison entre deux toi les dont les tons violents hurlaient les uns contre les autres, mais il était perdu loin de son rang de bataille. - Quel assemblage de choses disparates sur une table de marbre rouge des Pyrénées ! Des pommes dans une assiette, une tête d'artichant, des framboises sur la branche, une cafetière d'argent, des pêches, une cruche à cidre en vielle faïence de Rouen et un potiron pour relever le tout, en avant d'une draperie ! Certaines parties sont habilement traitées, comme la cafetière dargent d'autres sont moins bien mais le tout ne pourrait que gagner à une facture un peu plus ferme. M. Albert de Balleroy, de Lanné, était en décadence l'an dernier sur l'année précédente, et ses tableaux n'étaient pas des meilleurs cette année ils sont au-dessous de ce qu'ils étaient l'an dernier, et ils ne sont pas bons. La maladie de M. Manet, la maladie espagnole, l'a pris, et il peint avec des tons crus, noyés dans l'huile, étalés comme de l'aquarelle et sans liaison, mais aussi sans force. On dit que c'est ainsi que peignaient Velasquez et Goya. Tans pis pour ceux qui le disent, car Velasquez est un grand peintre, Goya est un agréable coloriste, mais la Chasse au sanglier en Espagne et le Cerf a l'eau ne sont ni d'un peintre ni d'un coloriste ha biles. M. Eugène Bellangé nous inquiète, et nous aurions voulu de plus grands progrès chez lui. Un Soir de Bataille nous semble supérieur aux tableaux du dernier salon, mais nous n'y voyons point que M.E. Bellangé s'y soit corrigé de certaines vulgarités de dessin et des tons groseille dans les rouges que nous lui avions signalés. Nous noterons un torse nu de troisième plan, qu'il valait mieux ne pas mettre en scène, plutôt que le dessiner de la façon qu'il l'a fait, et une habitude de modeler les fronts où il fait saillir une double gibbosité qui lui est particulière. Le Soir d'une Bataille de M.E. Bellangé nous motre le troupier français facilement oubleux de la lutte humain et généreux pour les vaincus. Que les étrangers en tassent autant de leur côté, nous n'y trouverons rien à redire. Les sentiments de fraternité et d'estime internationale ne pourront même qu'y gagner. Donc nous sommes en Italie, au soir d'une bataille que, tout naturellement, nous avons gagnée. Des Autrichiens gisent sur le terrain, morts ou blessés. Les morts ne crient point comme dans cette narration de meurée célèbre, mais les blessés cessent de faire les morts, puisqu'on ne se bat plus et qu'on dépouille quelque peu ceux qui sont couchés à terre. Les soldats français les secourent. Un zouave donne le bras à un officier que les siens saluent en se soulevant. Parmi eux un officier français ne se relèvera plus de la place où il est tombe Un de ses soldats le regarde avec regret, tenant en main son sabre inutile et désormais triste relique de famille. Les divers épisodes de cette scène, disposés sur un tertre, se composent facilement et s'enlèvent, éclairés par les dernieis rayons du jour, sur un ciel d'un gris verdâtre un peu lourd. Un Intérieur d'Atelier est celui ce M.H. Bellangé père, qui est là, assis dans un coin et regardant une estampe que le jour p perce et fait voir par transparence. L'effet est bien rendu, la couleur bien distribuée la composition est d'une couleur agréable et solie, et nous engagerions M.E. Bellangé à suivre parfois la voie que lui montre ce tableau. Pour être fils d'un peintre de batailles, peut-être n'est il pas né peintre de batailles lui-même. Joseph Vernet peignait des marines et des paysages, tandis que Carle, son fis, peignait des chevaux et ne croyait point déchoir. Un peintre de marine, habitué à la mobilité des flots, ne doit pas s'étonner si les jurys sont changeants. Refusé l'an dernier avec de bons tableaux, M. Berthelemy, de Rouen, est admis cette année avec une des meilleures marines de l'exposition. Sur une mer verte aux longues lames profondu, le Vauban plonge son avant, que cache le nuage de fumée noire sorti de sa cheminée. Le grand mât brisé traîne sur son flanc L'équipage travaille sur le pont, qu'éclaire un jour blatard tombant du ciel gris. Peut être l'arrière du vapeur est-il bien long, comparé avec la partie placée à l'avant des roues, qui, peut-être aussi, perd de son importance, la proue étant cachée par la fumée. Mais tout est précis, dessiné avec sûreté et bien dessiné, et d'une coloraion très juste, les opacités de la fumée faisant valoir les transparences du ciel et de l'eau. Un Brick en détresse à Saint-Vaast-la-Hougue est une toile moins importante et d'un effet plus sourd. Nous y louerons surtout l'effet des lames, qui, chassées par le vent ainsi que les nuages, glissent rapides entre les rochers qui garnissent la côte. Les tableaux d'architecture de M.G. Bouet, de Caen, que nous continuons à trouver d'une couleur trop uniformément blonde, très habilement distribuée du reste, ont le mérite rare d'être dessinés par un archéologue. Les styles y sont affirmés jusque dans leurs moindres détails avec précision et sans sécheresse. Avec un peu plus de solidité dans la couleur, ces intérieurs seraient excellents. Le Cheval à l'Ecurie, de M.E. Bujon, figure dans une des salles consacrées aux artistes non admis au concours des récompenses. C'est un grand cheval d'un blanc un peu jaune, comme tout ce qui l'entoure, et qui nous semble dessiné plutôt de souvenir que d'après nature. Que M.E. Bujon y prenne garde, sa facilité pourrait le perdre, et nous ne pouvons que lui conseiller d'en revenir à l'étude de la nature, qu'il a toujours un peu trop négligée, emporté qu'il est par la fougue de son organisation. Ainsi que Paul Delaroche, son maître, M. Cabasson, de Rouen, est poursuivi de l'amour de la propreté. Saint Louis en prison après la bataille de Mansourah, alors qu'il avait perdu ses chaussures et qu'il marchait sur ses bas-de-chausses, alors qu'il se couchait sur une natte délabrée, au pied du pilier d'une prison, au beau milieu de ses chevaliers malades de la dyssenterie, n'était point vêtu d'un beau pourpoint de velours grenat immaculé et de chausses vertes irréprochables, ressemblant à du bronze antique quelque autre désordre devait régner en sa toilette, qu'un soulier non chaussé, la majesté royale dût elle en souffrir. Mais cette majesté devait résider ailleurs que dans le costume chez ce guerrier chrétien, que Joinville, malgré la touchante fami harité du récit, nous montre si grand dans ses revers. Puis pourquoi avoir choisi ce type si peu noble, si grotesque même, qui, avec sa perruque rousse, ressemble trop au célèbre Gringalet de notre enfance, maintenant que l'on sait que ce type est relui du roi Charles V ? Si la couleur encore était harmonieuse ! mais elle crie et manque de ressort. A notre avis, M. Cabasson s'est grandement trompé. Le Chemin des Dunes à Ploumanach , de M.L. Caillou, de Lisieux, n'est point un agréable chemin. Il passe au beau milieu de grands rochers roses, que fait valoir un ciel orageux, qui du jaune passe au vert, puis au noir. Au loin s'étend la mer glacée. Sans un tout petit Breton, qui chemine au pied de ces rocs et leur sert d'échelle de proportion, on ne devinerait guère quelle est leur grandeur, et c'est là un défaut qui provient du point de vue plongeant que le peintre a choisi. L'effet général est trop sourd, les premiers plans ne venant pas assez en avant, défaut que nous avions signalé dans les paysages exposés par M. L. Caillou l'an dernier. Le Matin sur les bords de la Risle, malgré un ciel très léger, manque aussi de ressort et surtout de ces teintes ambrées qui font le matin. Le ton dominant est le violet. Si la Risle coule à pleins bords entre des rives si solennelles, au milieu de vertes clairières herbeuses qu'abritent de grandes futaies, aucun fleuve classique ne lui peut rien disputer et c'est là qu'il faut transporter tout le bagage olympique des peintres d'idylles et des paysagistes de style. M. Eugène Capelle, de Rouen, n'a point été tout-à fait heureux cette année. Il a peint des Boeufs traversant une lande. Sur la lande sablonneuse pousse une herbe rare de gros grès couverts de lichens, qui donnent un peu d'ombre au pied de quelques bouleaux échevelès, l'accidentent seuls. Au fond le terrain est meilleur, et les grands arbres d'une forêt et un coteau ferment l'horizon. Le paysage est bien composé et d'une bonne couleur. Les animaux, qui s'avancent dans la dépression qui occupe le centre de la composition, sont bien dessinés ils étaient à leur plan, mais il a fallu faire jouer un peu de lumière et d'ombre sur ces landes sans accidents. L'ombre portée d'un nuage a fait l'affaire. Mas il arrive que l'ombre est trop noire, et voila les boeufs qu'elle couvre qui entrent dans la toile au lieu d'en sortir. Le noir et le gris froid, voilà les écueils de M. E. Capelle. Sa palette s'est réchauffée cependant mais si le noir n'est pas absent de la nature, sa fonction est de faire valoir la lumière non d'attrister encore un gris déjà assez triste lui-même. M. E. Capelle s'est résigné à vivre au milieu des prairies et des bois les fonds de son tableau témoignent d'un excellent sentiment de la nature, et nous avons l'espoir qu'une étule persévérante lui révélera ces secrets au soleil et de l'ombre, qu'il semble ignorer encore. Si M. Ch. Chaplin, des Andelys, pouvait lui donner, par surcroît, un peu des gaîtés de sa palette. Les Bulles de Savon, les Tourterelles sont deux charmantes peintures qui représentent deux jeunes filles plus qu'en buste l'une, en robe de satin blanc et en corsage groseille, souffle des bulles de savon aussi brillantes et aussi irisées que son costume et ses vivantes carnations. L'autre, en robe jaune, le sein demi nu, entouré d'une gaze légère qui ne cache rien, caresse deux tourterelles qui opposent la blancheur de leur plumage à ses chairs brunes et vermillonnées. Ces toiles, si agréables dans les tons blancs et roses, peintes en pleine pâte, rappellent ce qu'il y a de meilleur dans cet art français du dix huitième siècle, qui était si charmant et si faux sous le pinceau de Lemoine, de Boucher, de Trémolliére et de tant d'autres. Les deux portraits de femme de M lle Laure de Châtillon, de Chambray-sur-Eure, l'un en buste, l'autre presque en pied, et grands comme nature, sont fort agréablement peints et ajustés, surtout le premier. On pourra re prendre au modelé certaines incertitudes et des duretés qui forment un assez singulier contraste mais l'arrangement en est habile, cela est bien de son époque, de son année et d'une phase particulière de la mode. Cela est surtout d'une femme. Le portrait de M me X..., peint par M lle F. Chéron. de Mortagne, dans un ton gris blond assez fin et d'une touche un peu fluide, manque de ressort et est par trop négligé dans ses accessoires. Décidément, M. Coessin de la Fosse, de Lisieux, continue sur sa peinture la réforme qu'il avait commencée l'an dernier. On ne s'aperçoit presque plus, tant elle présente de mollesse dans la touche, qu'il ait suivi jadis le système des empâtements de M. Couture. Néanmoins, dans le portrait de M. G..., simplement posé, assis devant son bureau, nous louerons l'exécution des mains, qui sont fort bien dessinées. M. Edouard Daliphard, de Rouen, aime la nuit, dont il réveille avec talent les ombres transparentes. Mais peindre toujours la nuit ! Dans la Vue prise à Poissy, la Seine roule ses ondes noires zébrées de quelques reflets rouges glacés au milieu des saules et au pied d'un escarpement dominé par une haie, en avant de quelques maisons blanches qu'éclaire encore un ciel crépusculaire, jaune à l'horizon, verdâtre au zénith. La lutte entre le jour qui fuit et l'obscurité qui envahit tout est fort habilement rendue, ainsi que dans l'autre toile, représentant l'Entrée d'un village dans la Campine Belgique . Mais que M. Ed. Daliphard apprenne à dessiner et qu'il ne nous montre plus de ca valiers mal bâtis comme celui qui trébuche sur les premiers plans de la route qui pénètre dans son village, et qu'il nous montre, l'an prochain, que son habileté ne redoute point le grand jour. La nature morte que M lle L. Darru, du Neubourg, intitule Citron, très agréablement peinte dans des tons gris clair, ne se contente pas de nous montrer le fruit acide du pays où fleurit le citronnier. Des huîtres nageant dans leur eau, des bouteilles en nombre respectable, une cafetière d'argent et quelques porcelaines, le tout posé sur une table, sont les promesses d'un déjeuner... et d'un talent qui naît. La Petite Chapelle nous plaît moins, mais était plus difficile à peindre. Un crucifix posé sur une nappe blanche dans une couronne de fleurs, en arrière une statue de la Vierge entourée de fleurs des fleurs dans des vases, des fleurs sur l'autel, partout des fleurs. Il faut, pour savoir accorder tant de couleurs éclatantes et de tons divers, être plus rompu au métier de la peinture que M lle L. Darru ne semble l'être encore. Quelle agréable figure que celle de Figaro, un aimable griffon anglais qui nous montre son museau noir et ses yeux brillants d'où rayonnent comme une gloire des touffes de poils blancs et roux. Une touche soyeuse et ferme et des tons de valeurs différentes sont seuls nécessaires pour modeler un pareil portrait sans lignes et sans dessin. M. Ernest David, de Caen, n'y a pas tout-à-fait réussi, bien que sa couleur soit très satisfaisante. Le Dôme des Invalides, vu de la rue Chevert, n'est qu'une étude malheureusement éclairée par une lumière bleue un peu froide, dont M. A. Delapierre, de Rouen, fera sagement de se défier. Félicitons un autre Rouennais, M. Dévé, des progrès qu'il a faits depuis l'an dernier, bien que sa touche montre encore quelque mollesse. Nous ignorions que l'Ile Saint Denis présentât des sites aussi abandonnés que celui qu'a peint M. Dévé. On y trouve presque des landes plantées au hasard et traversées de chemins incertains. Il n'est donc besoin d'aller si loin pour être en pays sauvage. Ce qu'il y a de moins heureux dans les Falaises près Fécamp, ce sont les falaises, où la touche manque de vigueur. Mais les roches plates, tapissées de varechs verts qui s'étalent au pied entre les flaques d'eau qu'y laisse la mer, sont d'une grande vérité d'aspect et de couleur, surtout aux premiers plans. La mer est peut-être un peu lourde au fond mais le ciel est léger, bien à son plan, et s'étage mieux que ne le font souvent ceux des paysagistes le plus en renom. C'est toujours avec le même jaune clair et froid tirant sur le vert que M lle Eudes de Guimard, d'Argentan, colore des tableaux fort agréablement peints du reste et habilement composés. Le Milion dictant le Paradis perdu à ses Filles ne renferme que la dose de sensiblerie qu'une demoiselle devait trouver en un pa reil sujet et d'aspect theâtral qu'il faut en un tableau. La belle utilité que ce serait de peindre Milton morose, en robe de chambre et en pantoufles, dictant son poëme à ses filles prosaïquement assises devant une table ! Mais posez-le-moi en grande toilette, tout de noir habillé, dans un gand fauteuil, près de la fenêtre faites asseoir à ses pieds une de ses filles attentive appuyez l'autre, dont la tête est assez mal dessinée, sur la harpe qui se tait, et dont les préludes ont transporté l'es. prit du poéte aux pieds de l'Eternel, et vous aurez un tableau presque épique. M lle Eudes de Guimard aime tellement les tons verts, qu'elle a fait dorer en or vert le cadre de son second tableau les Femmes de la campagne de Rome. Cette bordure, d'un aspect si froid, a été, sans doute, choisie afin de faire paraître plus chauds les tons presque analogues qui se trouvent dans le tableau. En effet, la femme, debout près d'une fontaine, noyée dans la demi teinte, dont la silhouette seule est éclairée par les dernières Jueurs du jour, les deux autres femmes du fond et ces fonds eux-mêmes plus éclairés, forment un ensemble d'une coloration tempérée et presque blonde où nous voudrions voir persévérer Mlle E. de Guimard. La recherche de ce cadre, d'un ton si désagréable, vous prouve qu'elle entrevoit la couleur. Que dire du portrait de M me P. A..., par M. Finck, de Rouen ? Il est presque en pied, dans les dimensions du quart de la nature le violet y domine, et c'est tout. Notons le succès colossal qu'obtient le dimanche, et même tous les jours, Un Revers de Fortune , de M lle Amanda Fougère, de Coutances. Ils sont si jolis les trois personnages assis autour de cette table, et peints en demi-nature avec de si aimables couleurs la mère posée de profil et en noir, la petite fille en violet et plus loin le bon petit juif, tout rose, tout poupin, rasé de frais, sous son bonnet noir comme il pèse d'un air indifférent ces colliers et ces joyaux, qui sortent du coffret posé sur la table. Sans en avoir l'air, cette pauvre dame est bien affligée, et ce juif est bien avide. Ils ne sont guère en scène cependant, et le drame intime qu'ils jouent passe d'abord inaperçu mais le public, sensible, qui ne comprend pas à première vue compose tout de suite son petit roman et s'émeut dès que le livret lui a indiqué de quoi il s'agit. Puis le joli a tant d'attraits et remplace le beau auprès de tant de gens ! Le Portrait de M me Saint-Athanase, abbesse de Jouarre, bonne grosse femme placide, aux mains courtes, possède les mêmes qualités de sérénité et de modelé que les personnages d' Un Revers de Fortune. Nous avons vu mieux de M.A. Foulongne que son Silène endormi. Ce joyeux Fals aff des-bacchanales antiques cuve son vin assis au pied d'un tertre. Une nymphe, posée de profil et d'un assez bon style, lui barbouille le front avec des mûres. Au fond, des bergers préparent des liens. La scène, bien disposée, a le mérite de ne rappeler aucune des nombreuses compositions que l'on a faites sur le même sujet. Mais le Silène manque de force et d'ampleur dans sa musculature, et la couleur de ce ressort que nous avions trouvé dans d'autres peintures de M. A. Foulongne. C'est sans doute par espiéglerie que M lle Gallwey, du Havre, en compagnie de sa soeur, des Batignolles, a envoyé au salon son tableau de pensionnaire. Ces petits essais devraient rester dans la famille et en exciter la muette admiration, au lieu de venir affronter les moqueries des désoeuvrés dans les salles des refusés. La Notre-Dame-de-Pitié de M. Gislain, de Trun Orne , élève de trop de maîtres pour en avoir eu un bon, grand tableau placé dans la même section, nous semble peint d'après des gravures de l'école vénitienne et de l'école flamande. Ce sera d'un excellent effet dans quelque église de campagne mais, à côté des oeuvres étudiées sur la nature, cela ne compte réellement pas. Des deux paysages exposés par M. G. Guttinger, de Rouen, c'est le Sentier dans la fo rêt de Touques que nous préférons il est enlevé de verve et ne montre pas les défaillances que nous trouvons dans les Bords de la Seine, aux environs de Sèvres. Le sentier traverse un fourré que dominent quelques arbres sur la gauche. Le ciel couvert, chargé de nuages noirs et blancs en mouvement, est excellent. Un Portrait de Femme, de M. Hallot, de Caen, est parmi les refusés cependant il y en a peut-être de pires au salon. Cette peinture n'est pas gaie, mais elle est faite consciencieusement, bien que d'un modelé un peu rond. M. Georges Hébert, de Rouen, n'a point vu cette année re éguer ses tabbleaux dans la section non admise au concours. Nous doutons que, malgré quelques excentricités de couleur, un jury plus sévère les y eût envoyés. La Perle d'Orient est une jeune fille d'une physionomie très fine et d'une très agréable figure, habillée en costume mauresque et le sein découvert, qui, debout près d'un guéridon, remplit de café une tasse d'or. Les chairs ont revêtu une belle teinte ambrée et très montée de ton, comme c'est l'habitude chez M G. Hébert. La conséquence a été qu'il a fallu encore plus monter de ton les costumes, afin de donner aux chairs une couleur relativement blanche, et que les ors poussés eux mêmes aux limites du puissant ne sont plus de l'or à peine s'ils sont du métal. N'importe il y a un certain apaisement chez M. G. Hébert et un plus grand respect que jadis pour le dessin. Aussi a-t il pu faire un portrait assez individuel d'un grand mon sieur, à grand nez et à grandes mains, dont le grand cou sort d'un grand col rabattu, entre les grands revers d'un habit à grandes manches. Tout est grand et large dans ce portrait d'une couleur moins rissolée que la Perle d'Orient. Ils attendent, par M. Hellouin, d'Aunay-sur-Odon Calvados , représente un homme et une femme en costumes classiques assis au bord de la mer. Adspectabant mare flentes... Cette peinture vieillotte et malhabile, faite sans modèle fort probablement, est dans le salon annexe et y est à sa place. M. Louis Hénault, de Rouen, a beaucoup retravaillé et singulièrement amélioré le tableau intitulé l'Epoux et l'Epouse, que nous avions vu à la dernière exposition municipale. Nous rappellerons que ce tableau représente un homme et une femme debout, plus grands que nature et au repos. Les mérites d'une telle composition doivent résider surtout dans la science du dessin, l'harmonie de la ligne et la puissance du modelé. M. Louis Hénault a fait droit à plusieurs des critiques qu'on lui avait adressées à Rouen en effaçant quelques incorrections mais il est un certain bras, le bras gauche, que l'épouse appuie sur l'épaule de l'époux, dont il serait assez difficile de retrouver sur la nature les emmanchements et la forme. Enfin, tel qu'il est, ce tableau se soutient à un rang honorable et témoigne d'excellentes tendances chez M. L. Hénault. M. Hermann-Léon, du Havre, fait effeuiller à une grimaçante macaque la marguerite si souvent questionnée. Il est vrai que l'Oracle des Prés a été arraché dans un vase du Japon, posé sur un tapis de Turquie, et que maître singe n'obéit qu'à son esprit destructeur. Ce tableau, d'assez grandes dimensions, rappelle par sa couleur et par sa facture les toi es de M. Ph. Rousseau, le maître de M. Hermann Léon. Mais ce n'est encore qu'un reflet. Le Singe Guitariste est un petit panneau moins important, où, comme on le devine, le quadrumane s'acharne à gratter le ventre d'une guitare, en criant comme un possédé devant un cahier de musique appuyé à quelques bouquins recouverts d'une belle basane brune. C'est agréablement et très habilement peint, mais il faudrait que M. Hermann-Léon dégageât sa personnalité de celle de son maître. Les études de Pivoines de M lle Heuzé, de Rouen, sont très éclatantes et très vraies de ton, ainsi que ses Iris. Dans ces derniers la coloration verte des feuilles en lame de sabre est trop sacrifiée peut-être à l'éclat des fleurs. Il faut maintenant que M lle Heuzé s'essaie à assortir ces fleurs dont elle fait des portraits individuels si réussis. L'exposition de Rouen a eu la primeur d la Communion de Jeanne Darc dans sa prison , par M. Krug, de Drubec, tableau un peu fantasmagorique qu'éclaire une lumière de scupirail. Le portrait de M me V. Massé, que tout le monde s'obstine à vouloir être celui de M me Sand, montre beaucoup de caractère dans la physonomie, bien qu'on y puisse désirer un peu plus de fermeté. Un manteau en velours gris clair garni de fourrure grise, qui recouvre le buste par dessus une robe noire trop effacée, est un excellent accessoire, grassement peint, et qui, bien que très important, se subordonne aux carnations par ses tons neutres. La Nature morte de M. H. Lachèvre, de Rouen, représente un tapis kabyle accroché à un clou, en même temps qu'une casquette d'officier général, et tombant en plis sur une table où un chibouck est placé à côté d'un grand verre à pied, le tout d'une couleur très chaude et largement brossé. M. A. Lambert, de Darnétal, se rattache à l'école d'Anvers, dont M. Daubigny est le chef, et qui a pour muse la nymphe de l'Oise, nymphe coquette et bonne inspiratrice, comme le prouve M. Lambert lui même Des deux tableaux qu'il a exposés l'un, le Matin, peint évidemment sur les bords de l'Oise l'autre, le Soir, peint à quelques pas de la rive, dans le parc de M. de Lamoignon, c'est celui qui caresse de plus près la nymphe qui est le meilleur. Comme dans tous les tableaux où cette aimable rivière est et sera représentée, on la tff b hïà6çourGi, bordée sur une rive d'ar-cVquVtpes pent leurs feuilles dans l'eau, tandis que, sur l'autre rive, la plaine étroite chargée de moissons blondes s'étend quelque peu et ondule jusqu'à former un coteau qui domine un village. Les eaux sont encore plombées et dans l'ombre, mais l'horizon se colore, et la troupe des nuages légers s'irradie, affectant mille formes bizarres. Ce ciel est très original et très fin tous les terrains de la rive nue sont bien dessinés. Quant aux arbres de l'autre rive, ils sont un peu lourds, mais ceux du parc de M. de Lamoignon ne forment qu'une silhouette noire et maigre sur un ciel jaune. Supérieur à tous les artistes que nous avons eu à citer jusqu'ici, M. Laugée, de Maromme, a occupé cette année une des meilleures places au salon, bien que ses tableaux ne fussent point des plus grands. L'Episode des guerres de Pologne en 1863 est surtout un souvenir des atrocités commises par les Russes. Une jeune femme, entièrement nue, vue de dos, les pieds et les poings liés, gît au revers d'une route. Ses chairs blanches nacrées sont zébrées de bandes rouges, lacérations reçues pendant la lutte. Elle a subi, sans doute, les derniers outrages, et une fois morte, elle a été abandonnée à côté de quelques débris d'armes et de vêtements, vestiges d'un engagement. Les ravisseurs sont disparus, les paysans tiennent la campagne ou sont réfugiés dans la forêt, et les femmes seules sont accourues. Elles sont quatre la vieille grand'mère, qui s'est assise anéantie au beau milieu du chemin, les yeux fixes et les mains croisées sur les jambes la mère est debout les yeux au ciel, soutenant sa fille, qui s'appuie à son sein une dernière, moins abîmée dans la douleur, s'apprête à couvrir d'un drap le corps de la victime. Il est soir, quelques maisons basses dessinent leur silhouette sur un tertre, et un village brûle à l'horizon. Voici le théâtre, voici la scène. Peint d'une couleur plutôt soutenue qu'énergique et tout-à-fait appropriée au sujet, cet épisode de l'insurrection polonaise, dramatique sans emphase, montre le talent de M. Laugée sous un jour nouveau et avec des qualités qui ne lui sont pas habituelles. Nous le retrouvons tel que nous le connaissions déjà dans la scène champêtre intitulée le Repos. Une paysanne de l'Artois, fatiguée de la longue journée qu'elle vient de passer, courbée sur le sol, le dos chargé de glanes, se repose sur le talus d'un chemin creux. Sur la crête de l'autre talus, qui forme tout l'horizon, deux jeunes filles s'en vont portant sur leur tête la gerbe des épis ramassés. Leur corps se profile sur le ciel ardent du soir, et peut-être leur silhouette n'est-elle pas assez élégante ou vigoureuse. Tout est baigné dans une atmosphère lumineuse et chaude où voltige la vapeur des soirées d'été. La femme du premier plan, plus triste, est enveloppée dans la demi-teinte. Avec moins de force et de style que M. Breton, M. Laugée excelle, comme lui, à retracer les moeurs et le paysage nu de la Picardie ou de l'Artois. C'est la même inspiration que traduisent avec des qualités différentes deux artistes doués d'un grand talent tous deux. Saint Bernard méditant la Croisade, voilà un titre ambitieux. Comment savoir que c'est précisément la croisade qu'il médite ? Rassurez-vous, celui qu'a peint M lle de Launay, de Bellesme, ne médite rien, et ce titre est donné à une simple tête d'étude de vieillard barbu habillé d'un froc blanc, passablement peinte et d'une assez bonne couleur blonde. D'habitude, on représente la Madeleine expirante encore jeune et encore belle, malgré une longue pénience, le jeûne et les larmes. M lle Lefebure, de Falaise, n'a pas fait comme les autres, surtout commp. ceux qui font un bon tableau. Sa Madeleine expirante est vieille et larde, mal dessinée par dessus le marché, mais d'une couleur assez harmonieuse dans les tons bistrés. Après avoir peint, l'an dernier, une Prise de Voile, M. Legrain, de Vire, a peint, cette année, l'Inhumation d'une Religieuse, et nous ne supposons pas que ces deux compositions sévères servent jamais à illustrer le roman de l'abbé . Le cortége des religieuses habillées de noir et coiffées de voiles blancs descend de l'église, suivant la défunte, portée à découvert par huit soeurs. Le soir se fait, et le ciel, rouge à l'horizon, se dégrade peu à peu et devient vert. - C'est étonnant ce que nous avons déjà signalé de ciels verts et rosés ! - Les attitudes des religieuses sont habilement variées, sans cesser d'être enveloppées par une ligne sévère comme il convient au sujet, et, si la couleur en était moins sou de, ce tableau produirait une impression supérieure à celle qu'on en ressent. Le Livre d'Heures est le portrait largement fait et d'un aspect un peu métallique d'une petite fille assise à terre dans un beau désordre et déchirant fort méchamment un missel enluminé placé sur ses genoux. M. F. Legrio, de Rouen, a exposé deux tableaux. Un sujet de genre Philippe de Champaigne peignant le Portrait de sa fille Suzanne, religieuse a Port-Royal des-Champs, inspiré en grande partie des admirables portraits du Louvre. Un grand paysage la Grange de la Ferme d'Hautes-Isles, placée dans une des îles de la Seine, aux environs de la Roche-Guyon, et vue le soir. Après avoir essayé encore une fois de peindre des personnages grands comme nature, et après avoir enfin reconnu dans ces divers essais que son pinceau manque de force pour ces entreprises, M. Jacques Leman, de L'Aigle, devrait se résigner à ne représenter que de petites scènes, point trop nombreuses comme il les réussit à merveille, il y trouverait réputation et profit. Le Médecin malgré lui, spirituellement traité, présente dans le jeu des physionomies quelque chose des qualités de l'école anglaise, et ce quelque chose-là a déteint sur la facture et sur la couleur c'est la scène où Sganarelle, affublé de la grande robe noire et du bonnet de docteur, prononce ces mémorables paroles qui dénotent un diagnostic peu ordinaire Voilà un pouls qui mai que que votre fille est muette. On devine aisément la scène. Le fagotier Sganarelle, à la face vermillonnée, paysan matois, est gravement assis au centre la fille, assise à sa droite, lui tend modestement le bras le père, attentif, à sa gauche, s'émerveille de tant de science. La nourrice qui avait de si beaux seins, l'amant et le valet sont en arrière. Une tenture à personnages couvre les murs. Tous sont expressifs, bien en scène, et montrent chez M. J. Leman un esprit plus cultivé que n'est celui de la plupart des artistes qui, imitant à leur manière les chevaliers de jadis, qui se faisaient gloire de ne pas savoir lire, tirent quelque vanité de ne pas savoir grand'chose en dehors de la pratique de leur art. La Lecture qu'on fait à une jeune malade, couchée sur sa chaise longue et entourée d'un cercle d'amis, étant dans les dimensions de la nature, manque de tout ce qui fait le charme et l'intérêt de l'autre tableau, et nous préférons ne pas nous y arrêter. Il y a tant de paysages excellents cette année, que ceux qui ne sont que bons passent inaperçus tel est celui de M. Lepine, de Caen. Le Paysage à l'île Saint Ouen prouve que cette île est déidément plus sauvage qu'on ne croirait d'après les légendes qui ne la représentent qu'habitée de marchands de friture, que hantée par les bonnes d'enfants et les tourlourous. Là, fort heureusement pour les peintres, les ingénieurs des ponts et chaussées n'ont point songé à régulariser le lit du fleuve sans cela nous ne verrions point cette chaussée informe, qui, soutenue par une file de saules, chemine entre le fleuve et une flaque d'eau où s'etalent les nénuphars entre les sagittaires, à l'ombre des arbres de la berge. Cela est peint dans les tons gris clair, légers, d'une façon très habile mais cela aussi fait songer a M. Corot. C'est à Troyon que l'on pense en examinant le second tableau de M. Lépine. Les Chevaux de trait se reposent dételés, en avant du banneau bayé, et s'enlèvent lumineux, ainsi que tout le premier plan, sur un ciel de plomb. Une personnalité de plus qui ne s'est pas encore affirmée. Voici un talent nouveau qui se révèle et nous promet un habile animalier de plus en la personne de M. Lhuillier, de Granville. Dans le Départ pour le Pâturage, l'âne s'en va devant, portant un gamin et son petit frère. Deux paires de vaches rousses suivent accouplées, et cette chaîne pacifique suit tranquillement le chemin qui traverse la plaine nue. Un bout de hale et une flaque d'eau au premier plan en sont les seuls accidents. Le ciel, un peu rose et mon, est de même tein te que la plaine mais les animaux sont bien dessinés et bien peints et d'une bonne couleur claire. Une Granvillaise, commère haute en couleur et coiffee du petit bonnet qui sied si bien à celles qui sont jolies, doute sans doute des qualités viriles que l'on accorde à ses compatriotes, est une bonne étude, largement permie, mais trop négligée dans le reste du costume. Il y a beaucoup d'inexpérience chez M. Lesrel, des Genêts Manche , dont le tableau le Chant du Soir n'a pu concourir pour les récompenses. Cependant le contour de cette grande femme en costume antique, appuyée sur si harpe, montre quelque recherche mais ce contour vide et sans modèle indique que M. Lesrel a encore beaucoup à apprendre. Une jeune Femme portant un plat de fruits , de M. Loutrel, de Rouen, appartient à la famille des tableaux dont un seul personnage fait tous les frais. D habitude ce personnage est en costume du temps de Louis XIII. La jeune femme de M. Loutrel ne déroge point à l'usage. Elle est blonde et jolie, le satin blanc lui va si bien ! pourquoi ne serait-elle pas mise à la mole régnante ? Une casaque grise, un lévrier blanc, tout fait harmonie blanche sur un fond de bahuts et de tapisseries. La couleur de ce tableau, plus chaude que d'habitude, est une marque d'efforts chez M. Loutrel. M. Eugène Marc, de Rouen, n'a pas eu une petite ambition cette année il a peint un tableau religieux sur un sujet non connu et de grandeur naturelle. C'est la Conversion de saint Théophile. Laissons parler le livret pour expliquer le tableau de notre compatriote Comme sainte Dorothée allait au supplice et disait qu'elle allait trouver son divin époux, un jeune homme, nommé Théophile, lui demanda en raillant des fleurs et des fruits du jardin de cet époux la sainte, par un effet de la toute-puissance de Dieu, lui présenta réellement des fleurs et des fruits. Sainte Dore. the, debout, reçoit de la main des anges les fleurs qui tombent à terre, où les contemple Théophile agenouillé. C'est le ciel, ce nous semble, que devrait regarder le railleur et et non la terre, car il participerait au miracle en qualité de spectateur ému, tandis qu'il n'y figure que comme assistant indifférent. Rien n'unit les deux figures entre elles et n'explique le sujet moral caché sous le fait apparent que représente le tableau. Le dessin est suffisant la figure de la sainte ne manque pas de noblesse, la lumière qui éclaire les deux personnages vise aux grands effets, mais elle se trouve sans accord avec le ciel, qui est complé tement gris et d'où elle devrait venir, ainsi qu'avec les fonds, qui de vraient en recevoir un reflet et qui sont entièrement sacrifiés. On ne sait d'où tombent les rayons de lumière qui éclairent si vivement les personnages en les laissant à moitié dans une ombre vigoureuse, et un coloriste moins timide, à l'exemple de Murillo, y eût fait nager les anges, messagers des divines clartés. M. E. Marc, qui s'essayait pour la première fois dans la grande peinture, tentative hardie que nous avons voulu apprécier avec tout le soin qu'elle mérite, s'est senti plus à l'aise dans un tableau intitulé Convoitise. Un panier de fruits est renversé dans un agréable désordre sur la table de l'office, et une enfant montre à travers les barreaux de la fenêtre sa tête blonde où brillent des yeux animés par le désir. Il n'y a guère à dire encore du tableau de genre exposé par M.E. Martin, du Havre ce n'est ni bien ni mal. Deux troupiers en congé se sont arrêtés chez une paysanne et semblent écouter la lecture d'une lettre. Nous avons été longtemps avant que de comprendre comment cette action pouvait s'accorder avec ce titre Les Nouvelles du pays. Mais ici le mot pays possède un sens particulier et est le masculin de payse. Les deux soldats en congé apportent à la payse, qui la lit, une lettre de son pays resté au corps. M. A. Massé, d'Elbeuf, abandonnant les sujets actuels pour la peinture rétrospective, nous montre le Marquis de la Ferté arrivant au manége de M. de la Guérinière. Il y arrive sans doute pour apprendre à s'y bien coiffer et à se mettre mieux en selle, quoiqu'il fasse faire à son cheval au nez busqué une belle courbette, les quatre jambes en l'air. Si le cheval continue droit son chemin, il se cassera la tête contre le pilastre qui flanque la porte, au lieu d'entrer dans celle-ci, que M. de la Guérinière lui montre par précaution, et en le saluant avec cette politesse exquise qui est le privilège des professeurs d'équitation. Malgré cette faute de perspective aérienne et ces menues chicanes auxquelles il serait facile de faire droit, ce tableau de M. Massé est d'un homme habile et maître de son pinceau. Le Portrait de M me la baronne de L... est celui d'une jeune femme, de face, se promenant dans son parc en robe blanche de demi-toilette, son chapeau rond à la main. Peint dans des tons clairs et assez sommairement modelé, ce portrait est d'une facture fort agréable. C'est un bien beau site que celui que M. Merme, de Cherbourg, a choisi à la Guadeloupe. La Rivière des Galions tombe en casca. des au milieu des plaines vertes, où les palmiers en parasol se marient à la cime des chênes, en avant des montagnes vertes elles mêmes et du plus beau profit. La Rue Ravine Espérance , à Basse-Terre, est une assez vilame montée pierreuse, mais de charmantes villas blanches la dominent au milieu des arbres. Ces sites ont-ils la couleur froide que leur donne M. Merme ? M. Jules Michel étant devenu notre compatriote, nous devons nous occuper de son tableau, qui nous semble inachevé. Au Pied de la Croix est ce qu'en Italie on appelle une Pitié, c'est-à-dire la Vierge tenant sur ses genoux le corps du divin supplicié. Ce corps affecte les longueurs qui plaisent à M. J. Michel mais les chairs, encore peu modelées, sont de cette belle couleur blonde et lumineuse que nous avons souvent louée chez lui. La Vierge, à l'état de simple préparation, est remarquable par la belle coloration verte de son manteau. Enfin, M. J.-F. Millet, de Grévillé, a réussi à peindre un tableau qui réunit tous les suffrages ceux de ses amis, peut-être ? - mais certainement ceux de ses adversaires, des amis clairvoyants et du public tout entier. La Bergère avec son Troupeau sont aux champs par la fin d'une belle journées de septembre. Elle est-debout, point trop laide, en bonnet rouge et en mantelet gris par dessus une robe bleue et tricotant attentivement. Son troupeau gris et noir broute derrière elle. Au-delà s'étend la plaine dénudée, une charrette s'arrondit au loin sous son dôme de gerbées, et quelques arbres ferment l'horizon. Le soleil, encore haut et caché derrière un nuage, lance des clartés qui s'irradient en traînées plus blanches sur le fond rosé du ciel tout chargé d'electricité. Le temps est lourd, et les chaudes vapeurs qui se dégagent de la terre enflamment l'horizon. Cet horizon peut il être aussi rouge, alors que le soleil en est encore loin ? C'est une question que nous posons à M. J.-F. Millet, lequel ne fait rien qui ne soit pris sur la nature. Mais qu'il ait trouvé ou imaginé cet effet, le tableau n'en est pas moins un des meilleurs de son oeuvre, remarquable par l'harmonie colorée de tant de teintes diverses fondues dans l'unité d'un ensemble lumi neux, et par l'impression de chaleur lourde et énervante qui s'en dégage. M. J. F. Millet a été moins heureux dans l'autre tableau Des paysans rapportant à leur habitation un veau né dans les champs, et le portant avec autant de solennité qu'ils feraient du saint-sacrement. Là le dessin est simplifié au-delà du permis, la touche est cotonneuse et maladroite, et il est impossible de concevoir comment le même artiste a pu composer deux tableaux si dissemblables. Il faut pouvoir faire servir le trivial à l'expression du sublime c'est là la vraie force, a dit M. J.-F. Millet. Ou M. J.-F. Millet ne possède pas la vraie force, ou sa formule est fausse, car toutes les fois qu'il s'est trouvé en face d'un sujet trivial, il a produit des oeuvres manquées, et des oeuvres fortes et saines toutes les fois qu'il était en présence d'un sujet qui n'était que simple. Faire servir le trivial à l'expression du sublime, c'est la formule de la préface de Cromwell , si nous avons bonne mémoire. Mais V. Hugo ne met pas le sublime dans le trivial, bien qu'il l'y confonde un peu trop aujourd'hui. Il est pour lui une antithèse. Et d'ailleurs dans la littérature, où les choses n'ont de forme et de couleur que ce que l'auteur en met dans son style, ce style peut couvrir de ses magnificences les choses les plus vulgaires et les plus bizarres. Mais dans l'art, où la forme et les couleurs sont les seules modes d'expression, comment le trivial, - le trivial, entendez-vous ? ce qui est vulgaire par l'action ou le contour, pourrait-il devenir sublime ? Un artiste de talent pourra dégager l'âme des choses, que le spec tacle de chaque jour nous empêche d'analyser mais ce seront des choses habituelles et non triviales. Et puis la même action naturelle pourra être faite par deux hommes, trivialement par l'un, avec une certaine ampleur de gestes par l'autre, et parce qu'un artiste aura saisi ce qu'il y a de style dans l'action du second et l'aura accentué, pourra-t-on dire que l'action triviale du premier sera devenue l'élément de l'action, non pas sublime, mais pittoresquement belle du second ? La théorie de M. J.-F. Millet nous semble fausse en tous points, d'autant plus qu'il en a été la première victime ce que nous regrettons vivement, car nous avons un profond respect pour cet artiste courageux et tenace, qui poursuit sa voie, malgré la critique et parfois les sarcasmes. M. V. Mongodin, de Vire, aime toujours le monde des infiniment petits, éclairés d'une lumière blanche et froide sur des carnations rouges. Nonobstant, la Dînette et la Partie de Billes sont d'agréables petits panneaux bien étudiés et facilement peints. le port Pi, à Mayorque, de M. Morel-Fatio, de Rouen, nous rappelle certaines dés agréables matinées de Joseph Vernet. C'est la même mer Méditerranée, et ce sont les mêmes felouques, et le même soleil perçant un brouillard rosé mais la ressemblance s'arrête à la similutude des modèles. Il y a moins d'apprêt chez M. Morel-Fatio et un sentiment plus naïf de la vraie nature. Dans l'Hivernage devant Kinburn, nous retrouvons un autre brouillard mais celui ci plus froid et plus dense. Il estompe tout les canonnières emprisonnées dans les glaces et protégées par leurs filets d'abordage, ainsi que les hommes qui marchent sur les eaux solidifiées. M. Morel-Fatio a peut être eu tort d'exposer en même temps deux oeuvres à peu près semblables d'aspect, mais dissemblables cependant par la qualité du ton. Peut être aussi est ce une coquetterie d'artiste d'avoir voulu se montrer expert en ces finesses de la couleur. La Nature morte de M. X..., de Rouen, a le mérite d'être aussi facilement peinte qu'elle est simplement composée. Une bourriche renversée, d'où sortent, parmi le foin, un chapon et des pigeons, puis une soupière en faïence de Marseille, en font tous les frais. Peut-être les seconds plans en sont-ils trop négligés. L'Officier de Lansquenets sous Louis XIII, salade en tête et debout dans son costume rouge sous sa curasse noire dont quelques bandes brillantes réveillent les opacités, regardant par la fenêtre étroite d'un corps-de-garde, était trop haut placé pour que nous puissions en parler. M. E. Normand, de Rouen, sans maître connu, jouissait du triste privilège d'exciter au plus haut degré l'hilarité du public dans les salles annexées. Mais aussi jamais on n'avait vu au salon de couleurs plus violentes étalées sur une toile, sous prétexte de tableau, par une main plus inexpérimentée. Les Fleurs et les Fruits de M. Normand forment deux panneaux décoratils. Quelle décoration ! Dans chacun de ceux-ci, deux entants rouges accompagnent une corne d'abondance d'où tombent ici des grappes de fleurs, là des monceaux de fruits, et les imprudents flairent les unes, goûtent aux autres. Que l'on s'étonne, après cela, s'ils font la grimace ! Une clairière au fond d'une gorge isolée, bordée d'un côté par un éboulis de terres argileuses, montant de l'autre côté en pentes herbeuses où croissent de grands arbres, en avant d'un épais taillis pour premier plan, un peu d'eau, que protègent quelques arbres effilés, et sur la pente, une femme appuyée sur le coude et lisant sous un rayon de lumière, telle est la composition que M. A. Oudinot, de Damigny, appelle Solitude. Il y a, en effet, dans ce paysage, un calme et un recueillement qu'augmente encore une couleur un peu sourde, qui est ici plutôt une qualité qu'un défaut. Il n'en est pas de même dans l'autre paysage intitulé Bords de l'Oise. Quelques gaîtés de palette n'y messiéraient pas. Le portrait de M. L... , par M. Palix, de Sourdeval, posé avec aisance sur une chaise, au dossier de laquelle s'appuient les deux mains du modèle, deux mains point banales et bien étudiées, est exécuté avec soin et fait une oeuvre estimable. Mais que M. Palix évite l'écueil des tous violets. M. Théodule Ribot, de Breteuil, peut passer aujourd'hui pour un maître dans l'art de modeler en pleine pâte des chairs saines et solides, sortant avec la puissance de leurs colorations des fonds noirs, qu'il affectionne plus que de raison, et qui, nous le craignons pour. lui, noieront un jour ses demi teintes dans une nuit éternelle. Dans le Chant du Cantique, il y a quatre enfants habillées de noir ou de brun, - une seule porte une casaque rouge, - qui chantent guidées par une vieille femme, habillée comme elles, qui de sa tête ne montre presque que la nuque. Le fond est noir mais tous les costumes s'en détachent, et tous ces visages dont les carnations, un peu barbouillées, sont fouettées de vermillon, peints et modelés largement, ont un air de vie qui réjouit. Ils ne sont pas beaux, mais ils sont merveilleux d'exécution. Cette exécution est plus prestigieuse encore dans les Rétameurs. L'un, qui ne laisse voir du blanc qu'autour de son col, de ses bras nus et de ses pieds chaussés d'espadrilles - et quel blanc ! - fait jouer un soufflet de ses mains calleuses et rouges sous la couche de métal et de charbon qui les noircit. L'aide, placé en arrière-plan, gratte le fond d'une cafetière. Sur l'établi une bouilloire en cuivre jette quelques reflets rouges au beau milieu des outils et des fers à souder, noirs ainsi que le sol et le fond. Il est impossible, en présence de ces vigueurs de colorations et de cette franchise de facture, de ne point songer à Ribera et à Velasquez. M. Ribot est de leur école mais qu'il ne nous force point d'écrire si souvent le mot noir lorsque nous avons à parler de sa peinture et de son beau talent. C'est encore un coloriste, mais plus varié de ton et se rapprochant davantage d'Eugène Delacroix, que M. Julien de la Rochenoire, du Havre. Il aime l'action et la couleur en mouvement, dût le dessin quelque peu en souffrir. En 1820, la diligence de Dives à Caen fut surprise par la marée montante entre les basses falaises et la mer. Camille Roque-plan trouva dans cet accident assez extraordinaire un de ses meilleurs tableaux c'est celui que M. de la Rochenoire vient de refaire dans un autre sentiment La Diligence est lancée au galop de ses cinq chevaux, que les vagues effraient et dont quelques-uns se cabrent. Tout est agitation et mouvement dans cette toile, sur la terre et sur les flots. Ceux ci, incertains, peu dessinés, ne dressent-ils pas une muraille trop élevée contre la voiture ? Toutes les colorations sont elles assez également soutenues pour qu'il n'y ait pas une certaine dislocation dans l'ensemble ? Ainsi le cheval noir de limon disparaît entièrement et se perd dans le fond. Il en est de même dans les chevaux de l'autre tableau intitulé, le Bac. Destinés à faire valoir la belle robe soyeuse d'un cheval blanc qui fait un écart et se cabre, ils se confomderit avec le ciel sombre du fond et les eaux limoneuses qui clapotent contre le bac. C'est un point que M. de la Rochenoire devra surveiller en même temps qu'il lui faudra donner plus de précision à son dessin, parfois incorrect, pour vouloir exprimer le mouvement avec trop d'énergie. Dans une Matinée en Normandie, la muse de M.P. de Saint-Martin, de Bolbec, a chanté sur un mode moins élevé que d'habitude, mais elle a chanté aussi bien. Son paysage est un vrai paysage normand, un peu gris, sous un ciel moutonné, avec moins de relief peut-être que n'en a la réalité. C'est même un paysage cauchois. Sur le devant, un cours d'eau s'étale sur le sable au sortir vers la droite d'un ponceau en bois que traverse un chemin. Quelques arbres s'élèvent sur la berge du milieu d'une haie, en avant de chaumières en charpente garnie de bauge jaune. Au débouché du ponceau, s'enfonce une plaine peu étendue que termine un rideau d'arbres. Le jour arrive du fond, qui est en pleine lumière, tandis que le second plan est dans l'ombre, ainsi que les eaux, qui nous semblent un peu jaunes, soit qu'elles charrient du limon, soit plutôt qu'elles laissent trop voir le sable de leur lit. Il nous semble que quelques barres lumineuses comme savait en poser le bonhomme Watelet, dont on s'est tant moqué à cause de son éternel ruisseau sur un lit de galets, feraient cesser l'incertitude sans rompre le calme où M. Saint-Martin a voulu laisser ses premiers plans, afin de faire valoir ses fonds. M. Sebron, de Gaudebec, est toujours l'habile peintre d'intérieurs que l'on sait, et depuis longtemps il n'avait rien exposé d'aussi important que la Cartuja de Mira flores. C'est une chapelle à une seule nef, aux nervures en dentelles, vue du choeur, que garnissent des stalles en chêne noirci. Au centre s'élève une belle tombe gothique où sont couchées les effigies de Jean Il et d'Isabelle de Portugal. Un autre tombeau de même style garnit un arc creusé dans la muraille. La lumière arrive radieuse et blonde par la rose du portail et se distribue à merveille dans toutes les parties de l'édifice. Canaletti, et après lui Piazetta, et après ce dernier Joyant nous semblent les interprètes les plus fidèles de ce qui fait Venise, c'est à dire son ciel, sa lumière et ses eaux. Aussi, malgré ses mérites, la Vue de Venise par une matinée de Printemps de M. Sebron ne saurait nous rappeler autre chose que l'architecture de la Piazetta, qui occupe le pre mier plan, et de la Dogana, qui se voit au fond. M me H. Sélim, de Rouen, a peint un portrait quelque peu géométrique de Saïd-Pacha, le dernier vice-roi d'Egypte. Son Altesse, dont les yeux ne sont guère d'ensemble, est coiffée d'un fez rouge et vêtue d'une ample redingote bleue, large du corps et large des manches, carrée et sans plis, comme dans une gravure de modes. Les mains sont molles et la figure n'est guère modelée. Après cela peut-être, les Egyptiens ne tiennent ils pas beaucoup à posséder une image irréprochable d'un prince qui leur a coûté tant d'argent et légué de si grands embarras. Il y a du talent, et surtout la marque d'un coloriste dans la Suzanne de M.J. Sevestre, de Breteuil. Que ce soit Suzanne ou une autre, c'est une femme nue, debout et de face, dont les carnations colorées se détachent sur une draperie blanche, qu'elle étale et soutient derrière elle, rien que pour faire enrager les deux vieillards que l'on aperçoit par une trouée du feuillage sombre qui entoure la belle Juive. L'attitude est élégante, la silhouette est cherchée avec soin, et cette petite Vénus biblique est une des bonnes études de femme nue qu'il y ait eues au salon dans ces dimensions. M. Tesnière, du Havre, n'annoncerait point qu'il est élève de M.E Le Poittevin, qu'on le devinerait de reste à sa façon de peindre et de colorer. Un Bac sur la rivière d'Orne présente l'accumulation d'autant de choses diverses qu'il est possible d'en réunir sur une même toile. Il y a d'abord la rivière d'Orne, qui s'enfonce en tournant au pied de coteaux cultivés qui tournent comme elle. Puis, à droite et au centre, sur la berge accidentée, il y a une cabane, des barques échouées et un embarcadère en charpente sur les eaux, on voit le bac rempli de monde, et en arrière un allège, en arrière encore un brick à l'ancre, puis par dessus tout un ciel couvert de gros nuages blancs. M. Tesnière s'est habilement tiré de tout cet amas de choses. La Marée basse à Bernières sur Mer, où des paysans chargent du varech sur leurs voitures, est plus simple et forme peut-être un tableau plus individuel. Avec quelques gravures d'après Lesueur, M. Angel Thouin, d'Alençon, a peint un Ravissement de Saint Paul, tiré à deux anges, qui figurera sans doute un jour sur quelque bannière de village. C'est la seule place d'honneur que cela puisse ambitionner. Une orange ouverte forme une étoile jaune au milieu de raisins et de framboises pâles étalées sur une feuille de chou, en compagnie de pêches. Un melon trône au fond sous un dais de volubilis. Une épingle à cheveux perce de ses deux pointes noires une banderole qui porte ces mots HONY SOIT QUI MAL Y PENSE. Que diable M. Trébutien, de Bayeux, a-t-il voulu dire avec ce bizarre assemblage ? Au lieu de poser des énigmes, M. Trébutien ferait mieux de résoudre celle que la nature pose toujours à ceux qui s'essaient à la traduire, et de ne point se contenter d'à peu près. Le Christ en Croix, de M. Viger-Duvignau, est un honnête crucifié, qui n'a guère souffert, heureusement pour lui sa chair n'a point frémi, ses muscles n'ont point peiné, et il se tient droit contre le bois ignomineux le plus tranquillement du monde. Sa vue ne troublera point la solennité des audiences de la salle du Palais-de-Justice, où il est destiné. Le petit tableau qui accompagne cette grande commande officielle, très agréablement composé, est une de meilleures choses que M. Viger Duvignau ait encore exécutées. L'impératrice Joséphine reçoit à la Malmaison la visite de l'empereur Alexandre et lui recommande ses enfants , c'est-à-dire la reine Hortense, qui accompagne sa mère, et un petit prince, qui n'est autre que l'empereur actuel des Français. Il y a bien un certain combat de couleurs trop heurtées dans les costumes, fort bien peints du reste, des quatre acteurs de cette scène, dont nous louerons l'agencement. Mais ce que nous louerons surtout, c'est la façen dont sont traités les accessoires et les fonds composés avec un grand scrupule historique. Il y a notamment une cheminée garnie de ses bronzes dorés qui est peinte avec une légèreté et une précision très remarquables. Encore un effort vers la recherche de la couleur, qui est toujours froide et sans unité chez M. Viger-Duvignau qu'il peigne tout de la façon de cette cheminée, et il sera arrivé. Dessins, aquarelles, miniatures, porcelaines. Nous ne trouvons pas grand'chose à dire du dessin au fusain de M.G. Bellenger, de Rouen, qui représente une site rocheux dans la forêt de Fontainebleau, si ce n'est que tout y est sur le même plan. Le Paysage de M.G. Bouet, de Caen, n'est pas gai, mais c'est une fort jolie aquarelle, où des rochers roses, qui ont glissé le long des pentes de montagnes crayeuses, surgissent des eaux qui en baignent le pied et s'enlèvent sur un ciel gris bleu. L'habileté de M. Armand Cassagne, du Landin, dans le maniement de l'aquarelle, est devenue des plus grandes, et ses paysages, largement enlevés, sont pleins de soleil et d'ombres transparentes. L'Intérieur d'un bois, criblé de flèches d'or sur ses rochers et sur les troncs de ses arbres, est surtout d'un effet très vrai et très original. M. Chaplain, de Mortagne, premier grand prix de Rome, l'an dernier, pour la gravure en médailles, s'amuse à tracer à la mine de plomb des portraits d'amis, d'un dessin très précis et d'un modelé très serré, bien qu'exécutés avec une grande liberté de main. Le dessin au fusain, genre qui prend une grande extension aujourd'hui et auquel quelques artistes de talent savent donner de beaux tons veloutés et une transparence remarquable, n'est pas encore un mode d'expression dont M. Couraye du Parc, de Saint-Lô, soit devenu maître tout-à-fait. Ses deux dessins sont, en effet, de mérites inégaux. Dans la Vue de Mortain , amas de rochers en pente, qui descend en avant d'un rideau d'arbres, l'effet est lourd et sans lointains. Dans la Mare de Bouillon, au contraire, vaste étendue d'eau bordée sur ses deux rives de grands arbres qui forment promontoire au premier plan, les fonts sont lumineux et légers, et la perspective aérienne est habilement ménagée. Notons seulement les deux portraits en miniature de M. Desvaux, qui nous ont échappé dans nos recherches à travers l'exposition recherches assez pénibles pour que le temps passé à trouver tous les éléments de cette longue revue l'emporte peut être sur celui nécessaire pour l'écrire. M. André Durand, d'Amfreville-la-Mivoie, continue à exposer chaque année quelques-unes des études sur la Toscane qu'il exécute pour l'album que M. le prince Anatole Demi-doff lui a commandé. Cette année, ce sont deux spécimens de cette architecture toscane du moyen-âge, si originale avec ses assises alternées en marbre blanc et noir, et son style gothique, qui n'a jamais pu s'affranchir entièrement des souvenirs antiques. La facade de la Cathédrale de Sienne et son campanile sont un des plus beaux exemples du style fleuri qui régnait en Italie au commencement du treizième siècle. La façade de la cathédrale de Prato est plus sévère et appartient à ce qu'en France nous appellerions le style roman. Les dessins de M. André Durand, à moitié pittoresques, à moitié géométriques, donnent une idée suffisante de ces monuments pour qui ne veut pas les étudier en archéologue. Autrement, il faudrait quelque chose de plus. Parmi le nombre assez grand de fleurs en porcelaines qu'un certain nombre de dames et de demoiselles ont exposées, celles de M me Fontanes, de Caen, se font remarquer par leurs qualités de facture et de ton. M.F. Langée, de Maromme, dont nous nous sommes déja occupés avec tout le soin que mérite son beau talent, a exposé deux des cartons qui lui ont servi pour la décoration de l'église collégiale de Saint-Quentin. L'un représente le Christ debout montrant le Livre aux deux apôtres saint Pierre et saint Paul agenouillés de chaque côté de lui. L'autre nous montre Saint Pierre assis, figure d'un très beau caractère et d'un grand style. L'Etude d'Iris, aquarelle de M lle A. Laval, de Cherbourg, nous semble supérieure à l'Etude de Raisins, qui sont transparents et sans relief. Il y en a peu à l'exposition qui traitent l'aquarelle avec autant de furie que le fait M.J.C. Lefebvre, de Rouen. Le Souvenir du Vieux Rouen est un chaos de vieilles maisons à pans de bois, disloquées, ventrues et sombres, dont quelques échos de lumière éclairent de place en place les façades lépreuses. Les Moulins picards, mal assis sur leurs bases, avec leurs ailes édentées comme de vieux peignes, immobiles et ruinés sous un ciel tourmenté, offrent au soleil un truculent aspect d'abandon et de délabrement sous les lianes qui les tapissent. Tout ceci est très habilement exécuté mais où la nature offre-t-elle de pareils modèles ? Un fort joli portrait à la sanguine de M lle B..., grand comme nature, complète l'exposition de M.J. Léman, de l'Aigle. M. Marie Lebret, du Petit-Couronne, a fait deux copies, à l'encre de Chine rehaussée de couleurs, de la Nativité de la Vierge et de la Cuisine des Anges, deux tableaux de Murillo acquis il y a quelques années par le musée du Louvre. Il y aurait beaucoup à dire sur ces copies, qui, si elles rappellent à peu près les originaux par le dessin, s'en éloignent tout-à-fait par la couleur. Les porcelaines de M lle de Maussion, de Fa laise, interprètent toujours avec une couleu légère et agréable les originaux du Louvre, que ce soit un tableau monté de ton, comme le Sommeil de Jésus, de Sassoferato, ou un pastel blond, comme la Marquise de Pompadour de Quentin Latour. Que dire des deux portraits en miniature de M lle Eugénie Morin, que nous ne l'ayons dit déjà ? La médaille que le jury leur a décernée parle plus haut que nous ne pourrions le faire, et de ce jour notre jeune compatriote est classée parmi les artistes qui comptent et qui sont l'honneur des salons. On devine, à la grâce naturelle de ces portraits et au dessin un peu cherché des contours que leur auteur est une femme mais c'est un talent très viril qui les a si largement touchés et si scrupuleusement modelés. Nous avons loué les tableaux de M. Sebron cela nous dispense d'en faire autant pour ses pastels. Quand on a du talent, si l'on fait, par malheur, un portrait comme celui de M me Anna de la Grange, du Théâtre-Ita-Italien, on doit prendre garde de l'exposer. La copie à l'aquarelle du Saint François d'Assise, de Benouville, dénote chez M lle Wyatt de Vivefay, de Rouen, un plus juste sentiment de la couleur que du dessin. Les extrémités des personnages sont lourdes, mais let on général du tableau est bien saisi les fonds surtout sont d'une fort belle couleur. Une très grande franchise de ton fait également valoir le Portrait de l'Infante Marguerite, d'après le Velasquez du Louvre. Seulement ce ton nous semble plus rosé dans la copie que dans l'original. Sculpture. M. Chaplain, dont nous avons cité plus haut les portraits à la mine de plomb, n'a envoyé au salon que deux bustes en terre cuite, exécutés probablement avant son départ pour la villa Médicis. Ces bustes, l'un d'homme et l'autre de femme, sont finement modelés et touchés avec une liberté de main qui laisse transpirer la vie dans ces esquisses sans prétention. M me Fortin, de Caen, a fait de son fils un buste en plâtre très estimable, mais qui pèche quelque peu par le défaut d'ensemble dans les traits. En 1861, nous avons assez longuement parlé, pour n'y point revenir dans cette revue du salon, du Colin-Maillard dont M. Lebarivel-Du-rocher avait alors exposé une épreuve en plâtre. Cette figure de jeune fille, traitée dans les dimensions de la nature, nous avait semblé être anti-sculpturale avec ses bras projetés en avant, ses jambes hésitantes et écartées et son visage à moitié caché. L'auteur semble avoir partagé notre avis, car il s'est contenté de faire couler en bronze sa statue, au lieu de l'exécuter en marbre. Ayant à faire une figure de Sainte Madeleine pour la nouvelle église Saint-Augustin, à Paris, M. Leharivel Durocher a choisi pour représenter la pécheresse le moment où celle-ci se retire d'auprès du Christ, le vase de par fums encore dans sa main gauche et tenant de la droite, réunies sur sa poitrine que seules elles vêtirent un jour, les ondes de l'opulente chevelure qui viennent d'essuyer les pieds de Jésus. La tête longue et étroite, et toute jeune, n'est point celle d'une courtisane, mais plutôt d'une femme sentimentale, pécheresse par tendresse de coeur. Le bras gauche à demi-nu ramène sur la poitrine, trop découverte apparemment, les plis nombreux d'un manteau qui enveloppe le corps et se drape un peu à la façon des sculptures gothiques. Cette statue, exécutée en pierre, avec un grand soin, appartient à ce genre religieux et doux qui caractérise le talent de M. Leharivel Durocher. M. Ed. Peau, du Havre, a modelé très largement et d'une façon un peu martelée un buste d'homme en terre cuite, qui rappelle le style et la facture des oeuvres similaires du dix-huitième siècle. Architecture. Des études très intéressantes sur les anciennes fortifications de l'entrée du port de la Rochelle, par M. Juste Lisch, d'Alençon, constituent tout l'apport de la Normandie à l'exposition d'architecture. Mais cet apport est important aussi bien par l'originalité des résultats où ses recherches ont conduit M. Jules Lisch que par l'exécution des nombreux dessins qui les justifient. On connaît par les gravures exécutées sous la direction de Le Bas, d'après le tableau de Joseph Vernet, les deux tours, l'une haute et carrée, l'autre ronde et basse, qui défendent l'entrée du port de la Rochelle, mais ce qu'on ignorait et ce que M. Jules Lisch a trouvé en étudiant avec soin la tour carrée, c'est qu'un arc immense, jeté par dessus l'entrée du port, allait de celle ci à son opposée. Les voussoirs de sommier existent encore et indiquent la forme de la courbe. Cet arc soutenait un chemin de ronde crénelé, de sorte que, tandis que les vaisseaux qui auraient voulu forcer l'entrée du port étaient arrêtés par la chaîne, dont la manoeuvre s'explique par les traces laissées dans le mur de la chambre qui lui était destinée dans la tour qui porte encore le nom de Tour-de-la-Chaîne, des projectiles incendiaires et des armes de jet pouvaient être lancés du chemin de ronde sur le pont du vaisseau. Un peu plus loin, une autre tour des forti-cations était coiffée d'une aiguille, comme un clocher, qui devait servir d'amers pour l'attérissage, d'autant plus qu'une tourelle, aujourd'hui décapitée, qui monte à côté du clocher et renferme un escalier à vis, ne pouvait avoir d'autre objet que de renfermer un fanal qui, pendant le nuit, guidait les navires. Toutes ces particularités sont indiquées et justifiées par M. Juste Lisch dans leurs plus petits détails, dans des dessins très habilement et très simplement faits, qui lui font le plus grand honneur et lui ont mérité une médaille. Gravure. La chalcographie du Louvre a confié à M.C. Chaplin, des Andelys, l'exécution d'une grande gravure à l'eau forte, d'après le célèbre tableau de Watteau, intitulé l'Embarquement pour l'île de Cythère. Soutenu par l'original, M. C. Chaplin a fait une planche spirituelle et colorée, qui rappelle la peinture de Watteau, aussi bien que peuvent le faire l'eau-forte et un artiste qui n'est pas un contemporain car il est à remarquer que chaque peintre a trouvé autour de lui les graveurs qui l'ont le mieux interprété, et qui, animés du même sentiment esthétique que le sien, ont su, de prime abord, se plier à ses idées et s'identifier à sa couleur et à son style. Moins heureux lorsqu'il travaille d'après lui-même que lorsqu'il lui arrive de vouloir traduire Watteau, parcequ'il est moins difficile pour ses propres oeuvres, M. C. Chaplin a produit une foule d'eaux-fortes et de lithographies dont nous ne parlerions pas, s'il n'en avait exposé des spécimens, et que nous regrettons, pour plusieurs motifs, de voir signer par un artiste de cette valeur. Le Paysage au soleil levant , eau-forte, par M. Ernest Lefebvre, président de la Société des Amis des Arts de Rouen, témoigne de très grands progrès, bien que le dessin y laisse encore à désirer. Ainsi les prairies du premier plan à gauche et les terrains boisés qui les limitent au pied d'un coteau sont mal assis et semblent placés au-dessous du niveau de la rivière qui les baigne. La futaie de droite, toute dans l'ombre, est plus solide et fait valoir à merveille l'effet brillant de la lumière matinale qui envahit les fonds et se répand sur les prés. M. C. Regnault, de Bayeux, qui dépense une grande somme d'habileté un peu à l'aventure, a exposé deux petits portraits, celui de Voltaire et la tête d'une jeune fille, exécutés de cette pointe légère qui effleure à peine le cuivre et y trace une image qu'un souffle semble pouvoir enlever. Il faudrait craindre qu'à ce jeu tant de talent ne s'évaporât, et nous voudrions que M. C. Regnault alternât ce qu'il appelle des improvisations sur acier avec quelques bons burins bien vigoureux, comme il a témoigné qu'il en savait faire. M. Ribot n'est pas de la même école, et c'est la légèreté qu'il faudrait souhaiter à ce peintre, lorsqu'il manie la pointe et attaque le cuivre avec l'eau-forte. Ses deux portraits de M. Cadart et de M. Vollon participent des défauts qui semblent spéciaux à la Société des aqua-fortistes, dont M. Cadart est l'éditeur. La touche en est quelque peu brutale, et l'effet est donné par l'opposition des blancs aux noirs absolus, sans l'intermédiaire des demi-teintes. Ce n'est pas ainsi que M. Ribot procède dans sa peinture, très énergique cependant, et si une eau-forte ne doit être qu'un croquis, encore faut-il que ce croquis soit léger et participe des qualités qu'aurait une oeuvre plus achevée. M. Julien de la Rochenoire, du Havre, a traduit à l'eau-forte le tableau de la Mort d'Hippolyte, qu'il avait exposé l'an dernier. Son travail, haché et tourmenté, rend d'une façon très juste l'effet du tableau. Nous lui reprocherons cependant des noirs trop absolus. M. Louis Sargent, de la ville d'Eu, est un de nos graveurs sur bois dont le talent est le plus souple. S'il n'a pas su donner un effet très accusé aux Fleurs et Fruits dessinés par M. A. de Bar sans grand caractère peut-être, il a su rendre dans une Matinée, d'après M. Corot, toute la légèreté et tout le charme de la couleur du maître, habilement traduit sur le pois par le crayon de M. Français. Lithographie. La lithographie se meurt, et personne, parmi les Normands qui la pratiquent encore, ne remplacera Eugène Leroux, qui fut un des derniers artistes qui l'ont soutenue de leur talent. Le Portrait de M. Cabanel, par M. G. Bellanger, de Rouen, est assez facilement traité, mais plutôt dur que monté de ton, et les Portraits inédits d'artistes, que M. Legrip lithographie pour l'oeuvre de M. le marquis de Chennevières, sont des fac similés. M. Loutrel, peintre aujourd'hui, a commencé par la lithographie, qu'il a quelque raison de délaisser, car il la traite comme on fait d'une chose ennuyeuse. Les Enfants d'Edouard sont exécutés assurément d'après la gravure de M. Forster et non d'après l'original de Paul Delaroche, car à distance ils rappellent l'aspect velouté du burin mais de près le travail est vide et sans finesse. Le Portrait de l'èvêque de Limoges confond dans la même tonalité grise la tête et le fond. Décidément M. Loutrel préfère le pinceau au crayon lithographique et montre trop ses préférences. Si nous résumons nos impressions, nous devons nous trouver satisfaits. Plusieurs de nos artistes normands sont placés hors de concours par les récompenses qu'ils ont obtenues, et trois médailles dans la section de peinture sont venues reconnaître les mérites de MM. J. F. Millet et Ribot, ainsi que ceux de Mlle E. Morin. Une dans l'architecture a récompensé les études de M. J. Lisch. En dehors de ces récompenses d'honneur, les acquisitions de l'Etat feront entrer dans les musées de Paris ou de la province les oeuvres des artistes suivants Berthélemy. - Le Vauban désemparé. Cabasson. - La Captivité de Saint Louis, oeuvre commandée. Chaplin. - Les Bulles de Savon. Couveley. - Le Port de Bordeaux. Lhullier. - Le Départ pour le pâturage. Saint-Martin. - Une Matinée en Normandie. Sebron. - La Cartuja de Miraflorès. La gravure de M. Chaplin lui était commandée, et la Sainte Madeleine de M. Leha-rivel-Durocher sera placée dans une église de Paris. Nous avons signalé les mérites des oeu vres de MM, Laugée, Ribot, Chaplin, J. Léman, J.-F. Millet, Saint-Martin, Berthelemy, de M lle E. Morin, du sculpteur Leharivel-Du-rocher, artistes dont le talent s'affirme de jour en jour davantage. Nous avons salué l'arrivée de M. Lhullier, sans omettre de faire apprécier ceux des artistes depuis longtemps parvenus à la réputation, comme MM. Morel-Fatio et Sebron, qui n'avaient point démérité d etjXSnêjntîs. L'exposition, ce nous semble, 'boqates pour les artistes normands, nous nous plaisons à le constater.
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CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 401 - Monsieur le comte, je suis sincère, soyez-le aussi. Oui, deux maîtres! vous savez bien que j'en ai deux. Dans tous les cas, vous seriez le seul à ne pas le savoir. Du haut en bas de la maison, qui l'ignore? Oui, deux maîtres, je le ré-pète à dessein, et le plus exigeant n'est pas celui qui a le droit de son côté. -En prononçant ces derniers mots, la jeune femme éprouva - une sorte de retour. - L'image hostile lui apparut elle tressaillit à ce souvenir. Son coeur se serra, des larmes lui vinrent aux yeux sans doute elle songeait aux douleurs qu'elle avait endurées. Sigismond se montra compatissant. - C'est de ma soeur que vous voulez parler? dit-il avec une bonhomie feinte. - Et de qui donc ? - Pulchérie 1 Elle vous aime tant 1 - Brisons là-dessus, monsieur le comte, reprit la jeune femme en maîtrisant tout à coup son émotion il y aurait trop à en dire. Je ne fais pas plus le procès aux vôtres que je ne vous le fais à vous. Votre soeur est ce qu'elle est vous pouvez la juger, et n'avez pas besoin qu'on vous éclaire. - Comme vous le prenez, Clémence! - Pardonnez-moi, j'y mets peut-être de la vivacité voici que j'achève. Il vous a plu, j'ignore pour quel motif, de tirer votre soeur du couvent où elle avait si longtemps vécu vous l'avez installée ici, vous lui avez donné le commandement de la maison, c'est bien 1 je m'incline mais, à mon tour, j'ai une prière à vous faire et une grâce à vous demander. Cette grâce est d'un si grand prix à mes yeux, qu'elle vous acquit-tera de tout ce que mon père a fait pour vous. -- Encore ! dit Sigismond avec un mouvement d'impatience et d'humeur. Et quelle est donc cette grâce? - La voici, monsieur le comte puisque votre soeur a pris ici ma place, permettez-moi d'aller prendre la sienne. - La sienne ! Comment cela? - Elle restera à l'hôtel ce qu'elle est elle y commandera comme elle y commande. - Et vous, Clémence? - Moi,-moDsieur le comte, j'irai au couvent c'est un échange où nous gagnerons toutes deux.
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 401 - Monsieur le comte, je suis sincère, soyez-le aussi. Oui, deux maîtres@! vous savez bien que j'en ai deux. Dans tous les cas, vous seriez le seul à ne pas le savoir. Du haut en bas de la maison, qui l'ignore@? Oui, deux maîtres, je le ré-pète à dessein, et le plus exigeant n'est pas celui qui a le droit de son côté. -En prononçant ces derniers mots, la jeune femme éprouva - une sorte de retour. - L'image hostile lui apparut elle tressaillit à ce souvenir. Son coeur se serra, des larmes lui vinrent aux yeux sans doute elle songeait aux douleurs qu'elle avait endurées. Sigismond se montra compatissant. - C'est de ma soeur que vous voulez parler@? dit-il avec une bonhomie feinte. - Et de qui donc ? - Pulchérie 1 Elle vous aime tant 1 - Brisons là-dessus, monsieur le comte, reprit la jeune femme en maîtrisant tout à coup son émotion il y aurait trop à en dire. Je ne fais pas plus le procès aux vôtres que je ne vous le fais à vous. Votre soeur est ce qu'elle est vous pouvez la juger, et n'avez pas besoin qu'on vous éclaire. - Comme vous le prenez, Clémence@! - Pardonnez-moi, j'y mets peut-être de la vivacité voici que j'achève. Il vous a plu, j'ignore pour quel motif, de tirer votre soeur du couvent où elle avait si longtemps vécu vous l'avez installée ici, vous lui avez donné le commandement de la maison, c'est bien 1 je m'incline mais, à mon tour, j'ai une prière à vous faire et une grâce à vous demander. Cette grâce est d'un si grand prix à mes yeux, qu'elle vous acquit-tera de tout ce que mon père a fait pour vous. -- Encore ! dit Sigismond avec un mouvement d'impatience et d'humeur. Et quelle est donc cette grâce@? - La voici, monsieur le comte puisque votre soeur a pris ici ma place, permettez-moi d'aller prendre la sienne. - La sienne ! Comment cela@? - Elle restera à l'hôtel ce qu'elle est elle y commandera comme elle y commande. - Et vous, Clémence@? - Moi,@-moDsieur le comte, j'irai au couvent c'est un échange où nous gagnerons toutes deux.
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 101 -@Monsieur le comte, je suis sincère, soyez-le aussi. Oui, deux maîtres ! vous savez bien que j'en ai deux. Dans tous les cas, vous seriez le seul à ne pas le savoir. Du haut en bas de la maison, qui l'ignore ? Oui, deux maîtres, je le ré-pète à dessein, et le plus exigeant n'est pas celui qui a le droit de son côté. @En prononçant ces derniers mots, la jeune femme éprouvava une sorte de retour.@@ L'image hostile lui apparut elle tressaillit à ce souvenir. Son coeur se serra, des larmes lui vinrent aux yeux sans doute elle songeait aux douleurs qu'elle avait endurées. Sigismond se montra compatissant. -@C'est de ma soeur que vous voulez parler ? dit-il avec une bonhomie feinte. -@Et de qui donc ? -@Pulchérie ! Elle vous aime tant ! -@Brisons là-dessus, monsieur le comte, reprit la jeune femme en maîtrisant tout à coup son émotion il y aurait trop à en dire. Je ne fais pas plus le procès aux vôtres que je ne vous le fais à vous. Votre soeur est ce qu'elle est vous pouvez la juger, et n'avez pas besoin qu'on vous éclaire. -@Comme vous le prenez, Clémence ! -@Pardonnez-moi, j'y mets peut-être de la vivacité voici que j'achève. Il vous a plu, j'ignore pour quel motif, de tirer votre soeur du couvent où elle avait si longtemps vécu vous l'avez installée ici, vous lui avez donné le commandement de la maison, c'est bien ! je m'incline mais, à mon tour, j'ai une prière à vous faire et une grâce à vous demander. Cette grâce est d'un si grand prix à mes yeux, qu'elle vous acquit-tera de tout ce que mon père a fait pour vous. @-@Encore ! dit Sigismond avec un mouvement d'impatience et d'humeur. Et quelle est donc cette grâce ? -@La voici, monsieur le comte puisque votre soeur a pris ici ma place, permettez-moi d'aller prendre la sienne. -@La sienne ! Comment cela ? -@Elle restera à l'hôtel ce qu'elle est elle y commandera comme elle y commande. -@Et vous, Clémence ? -@Moi, -monsieur le comte, j'irai au couvent c'est un échange où nous gagnerons toutes deux.
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 101 -@Monsieur le comte, je suis sincère, soyez-le aussi. Oui, deux maîtres ! vous savez bien que j'en ai deux. Dans tous les cas, vous seriez le seul à ne pas le savoir. Du haut en bas de la maison, qui l'ignore ? Oui, deux maîtres, je le ré-pète à dessein, et le plus exigeant n'est pas celui qui a le droit de son côté. @En prononçant ces derniers mots, la jeune femme éprouvava une sorte de retour.@@ L'image hostile lui apparut elle tressaillit à ce souvenir. Son coeur se serra, des larmes lui vinrent aux yeux sans doute elle songeait aux douleurs qu'elle avait endurées. Sigismond se montra compatissant. -@C'est de ma soeur que vous voulez parler ? dit-il avec une bonhomie feinte. -@Et de qui donc ? -@Pulchérie ! Elle vous aime tant ! -@Brisons là-dessus, monsieur le comte, reprit la jeune femme en maîtrisant tout à coup son émotion il y aurait trop à en dire. Je ne fais pas plus le procès aux vôtres que je ne vous le fais à vous. Votre soeur est ce qu'elle est vous pouvez la juger, et n'avez pas besoin qu'on vous éclaire. -@Comme vous le prenez, Clémence ! -@Pardonnez-moi, j'y mets peut-être de la vivacité voici que j'achève. Il vous a plu, j'ignore pour quel motif, de tirer votre soeur du couvent où elle avait si longtemps vécu vous l'avez installée ici, vous lui avez donné le commandement de la maison, c'est bien ! je m'incline mais, à mon tour, j'ai une prière à vous faire et une grâce à vous demander. Cette grâce est d'un si grand prix à mes yeux, qu'elle vous acquit-tera de tout ce que mon père a fait pour vous. @-@Encore ! dit Sigismond avec un mouvement d'impatience et d'humeur. Et quelle est donc cette grâce ? -@La voici, monsieur le comte puisque votre soeur a pris ici ma place, permettez-moi d'aller prendre la sienne. -@La sienne ! Comment cela ? -@Elle restera à l'hôtel ce qu'elle est elle y commandera comme elle y commande. -@Et vous, Clémence ? -@Moi, -monsieur le comte, j'irai au couvent c'est un échange où nous gagnerons toutes deux.
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 101 -Monsieur le comte, je suis sincère, soyez-le aussi. Oui, deux maîtres ! vous savez bien que j'en ai deux. Dans tous les cas, vous seriez le seul à ne pas le savoir. Du haut en bas de la maison, qui l'ignore ? Oui, deux maîtres, je le ré-pète à dessein, et le plus exigeant n'est pas celui qui a le droit de son côté. En prononçant ces derniers mots, la jeune femme éprouvava une sorte de retour. L'image hostile lui apparut elle tressaillit à ce souvenir. Son coeur se serra, des larmes lui vinrent aux yeux sans doute elle songeait aux douleurs qu'elle avait endurées. Sigismond se montra compatissant. -C'est de ma soeur que vous voulez parler ? dit-il avec une bonhomie feinte. -Et de qui donc ? -Pulchérie ! Elle vous aime tant ! -Brisons là-dessus, monsieur le comte, reprit la jeune femme en maîtrisant tout à coup son émotion il y aurait trop à en dire. Je ne fais pas plus le procès aux vôtres que je ne vous le fais à vous. Votre soeur est ce qu'elle est vous pouvez la juger, et n'avez pas besoin qu'on vous éclaire. -Comme vous le prenez, Clémence ! -Pardonnez-moi, j'y mets peut-être de la vivacité voici que j'achève. Il vous a plu, j'ignore pour quel motif, de tirer votre soeur du couvent où elle avait si longtemps vécu vous l'avez installée ici, vous lui avez donné le commandement de la maison, c'est bien ! je m'incline mais, à mon tour, j'ai une prière à vous faire et une grâce à vous demander. Cette grâce est d'un si grand prix à mes yeux, qu'elle vous acquit-tera de tout ce que mon père a fait pour vous. -Encore ! dit Sigismond avec un mouvement d'impatience et d'humeur. Et quelle est donc cette grâce ? -La voici, monsieur le comte puisque votre soeur a pris ici ma place, permettez-moi d'aller prendre la sienne. -La sienne ! Comment cela ? -Elle restera à l'hôtel ce qu'elle est elle y commandera comme elle y commande. -Et vous, Clémence ? -Moi, -monsieur le comte, j'irai au couvent c'est un échange où nous gagnerons toutes deux.
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-62 -nous donne de les faire rentrer en elle-mêmes et de leur inspirer des pensées de salut c'est à nous de faire ceque nous pourrons par tous nos soins, et Dieu fera le reste par sa miséri-corde. Le démon, qui sentit bien, par ces com-mencements, la perte qu'il allait faire si elle venait à bout d'exécuter son projet, lui susci-ta des contradictions de tous côtés. Mais comme elle savait que les traversés sont un caractère distinctif des oeuvres de Dieu, elle continua son chemin, et elle eut bientôt la consolation de voir son dessein approuvé par les deux puissances. Jean de Porcelets de Maillance, évêque de Toul, fit publiquement l'éloge de cette femme vraiment forte, qui sa-erifiait tout, et qui, selon saint Paul, se sacri-fiait elle-même pour peupler la bergerie de. Jésus-Christ et, par un acte de dernière vo-lonté, il légua dix mille livres pour ce nouvel établissement. Charles IV, duc de Lorraine, se fit un plaisir de le confirmer par ses lettres patentes du 40 de décembre 1627 et le ler janvier 1651, on donna l'habit de religion à treize novices, à la tête desquelles étaient no-tre vertueuse Elisabeth et ses trois filles mais elles ne firent profession qu'en 1654,
-62 -nous donne de les faire rentrer en elle-mêmes et de leur inspirer des pensées de salut c'est à nous de faire ce@que nous pourrons par tous nos soins, et Dieu fera le reste par sa miséri-corde. Le démon, qui sentit bien, par ces com-mencements, la perte qu'il allait faire si elle venait à bout d'exécuter son projet, lui susci-ta des contradictions de tous côtés. Mais comme elle savait que les traversés sont un caractère distinctif des oeuvres de Dieu, elle continua son chemin, et elle eut bientôt la consolation de voir son dessein approuvé par les deux puissances. Jean de Porcelets de Maillance, évêque de Toul, fit publiquement l'éloge de cette femme vraiment forte, qui sa-erifiait tout, et qui, selon saint Paul, se sacri-fiait elle-même pour peupler la bergerie de. Jésus-Christ et, par un acte de dernière vo-lonté, il légua dix mille livres pour ce nouvel établissement. Charles IV, duc de Lorraine, se fit un plaisir de le confirmer par ses lettres patentes du 40 de décembre 1627 et le ler janvier 1651, on donna l'habit de religion à treize novices, à la tête desquelles étaient no-tre vertueuse Elisabeth et ses trois filles mais elles ne firent profession qu'en 1654,
######### donne de les faire rentrer en elle-mêmes et de leur inspirer des pensées de salut c'est à nous de faire ce que nous pourrons par tous nos soins, et Dieu fera le reste par sa miséri-corde. Le démon, qui sentit bien, par ces com-mencements, la perte qu'il allait faire si elle venait à bout d'exécuter son projet, lui susci-ta des contradictions de tous côtés. Mais comme elle savait que les traverses sont un caractère distinctif des oeuvres de Dieu, elle continua son chemin, et elle eut bientôt la consolation de voir son dessein approuvé par les deux puissances. Jean de Porcelets de Maillance, évêque de Toul, fit publiquement l'éloge de cette femme vraiment forte, qui sa-erifiait tout, et qui, selon saint Paul, se sacri-fiait elle-même pour peupler la bergerie de@ Jésus-Christ et, par un acte de dernière vo-lonté, il légua dix mille livres pour ce nouvel établissement. Charles IV, duc de Lorraine, se fit un plaisir de le confirmer par ses lettres patentes du 10 de décembre 1627 et le ler janvier 1631, on donna l'habit de religion à treize novices, à la tête desquelles étaient no-tre vertueuse Elisabeth et ses trois filles mais elles ne firent profession qu'en 1634,
-62 -nous donne de les faire rentrer en elle-mêmes et de leur inspirer des pensées de salut c'est à nous de faire ce que nous pourrons par tous nos soins, et Dieu fera le reste par sa miséri-corde. Le démon, qui sentit bien, par ces com-mencements, la perte qu'il allait faire si elle venait à bout d'exécuter son projet, lui susci-ta des contradictions de tous côtés. Mais comme elle savait que les traverses sont un caractère distinctif des oeuvres de Dieu, elle continua son chemin, et elle eut bientôt la consolation de voir son dessein approuvé par les deux puissances. Jean de Porcelets de Maillance, évêque de Toul, fit publiquement l'éloge de cette femme vraiment forte, qui sa-erifiait tout, et qui, selon saint Paul, se sacri-fiait elle-même pour peupler la bergerie de@ Jésus-Christ et, par un acte de dernière vo-lonté, il légua dix mille livres pour ce nouvel établissement. Charles IV, duc de Lorraine, se fit un plaisir de le confirmer par ses lettres patentes du 10 de décembre 1627 et le ler janvier 1631, on donna l'habit de religion à treize novices, à la tête desquelles étaient no-tre vertueuse Elisabeth et ses trois filles mais elles ne firent profession qu'en 1634,
-62 -nous donne de les faire rentrer en elle-mêmes et de leur inspirer des pensées de salut c'est à nous de faire ce que nous pourrons par tous nos soins, et Dieu fera le reste par sa miséri-corde. Le démon, qui sentit bien, par ces com-mencements, la perte qu'il allait faire si elle venait à bout d'exécuter son projet, lui susci-ta des contradictions de tous côtés. Mais comme elle savait que les traverses sont un caractère distinctif des oeuvres de Dieu, elle continua son chemin, et elle eut bientôt la consolation de voir son dessein approuvé par les deux puissances. Jean de Porcelets de Maillance, évêque de Toul, fit publiquement l'éloge de cette femme vraiment forte, qui sa-erifiait tout, et qui, selon saint Paul, se sacri-fiait elle-même pour peupler la bergerie de Jésus-Christ et, par un acte de dernière vo-lonté, il légua dix mille livres pour ce nouvel établissement. Charles IV, duc de Lorraine, se fit un plaisir de le confirmer par ses lettres patentes du 10 de décembre 1627 et le ler janvier 1631, on donna l'habit de religion à treize novices, à la tête desquelles étaient no-tre vertueuse Elisabeth et ses trois filles mais elles ne firent profession qu'en 1634,
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32 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. puissante que celle-là. C'est au point que je m'étonnai moi-même de l'effet qu'elle produisit. - Une pension ! s'écria l'ancien concierge. Les voilà bien malades? Qu'est-ce que c'est qu'une pension pour eux? et après les services que je leur ai rendus? Comme si on payait ces choses-là avec dé l'argent! Une pension! une pension f ajoutait-il avec emportement. Un de ces jours, je la leur jet-terai au visage. Ce n'est pas une pension que je veux, c'est ma porte. A la suite de ces entretiens, souvent renouvelés, une en-tière confiance s'établit entre le père Vincent et moi. Com-mencée dans la rue, la conférence s'achevait presque tou-jours dans le débit de liquides le mieux achalandé et le mieux pourvu du voisinage. A tour de rôle nous nous fai-sions les honneurs, et le concierge ne s'y épargnait pas. On sait que le vin apaise les grandes douleurs. Ce fut ainsi, et après de nombreuses séances, que j'en vins à recueillir de la bouche d'un témoin et d'un acteur, l'histoire des Montréal, telle que je vais la raconter, en n'y ajoutant de mon fait qu'un peu de mise en scène et quelque ordre dans le récit. VU La résidence ordinaire et le berceau- des Montréal était un vieux château dé famille, situé dans le pays de Caux, entre Fécamp et Saint-Valery, et à une petite distance du bourg de Vittefleur. Rien de plus curieux que cet édifice rien de plus imposant que la perspective dont il jouit de niveau avec la falaise, il domine d'un côté les nappes étin-celantes de la mer de l'autre, le vallon boisé et discret que baigne la rivière de Dardène. A l'aspect des lieux, à ces beaux champs parsemés de pommiers, à l'aisance des villages envi-ronnants,- on reconnaît ur. point choisi d'une de nos plus riches provinces. Cultures, bétail, bâtiments, instruments de travail, tout repose et contente le regard, tout signale un de
32 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. puissante que celle-là. C'est au point que je m'étonnai moi-même de l'effet qu'elle produisit. - Une pension ! s'écria l'ancien concierge. Les voilà bien malades@? Qu'est-ce que c'est qu'une pension pour eux@? et après les services que je leur ai rendus@? Comme si on payait ces choses-là avec dé l'argent@! Une pension@! une pension f ajoutait-il avec emportement. Un de ces jours, je la leur jet-terai au visage. Ce n'est pas une pension que je veux, c'est ma porte. A la suite de ces entretiens, souvent renouvelés, une en-tière confiance s'établit entre le père Vincent et moi. Com-mencée dans la rue, la conférence s'achevait presque tou-jours dans le débit de liquides le mieux achalandé et le mieux pourvu du voisinage. A tour de rôle nous nous fai-sions les honneurs, et le concierge ne s'y épargnait pas. On sait que le vin apaise les grandes douleurs. Ce fut ainsi, et après de nombreuses séances, que j'en vins à recueillir de la bouche d'un témoin et d'un acteur, l'histoire des Montréal, telle que je vais la raconter, en n'y ajoutant de mon fait qu'un peu de mise en scène et quelque ordre dans le récit. V@U La résidence ordinaire et le berceau- des Montréal était un vieux château dé famille, situé dans le pays de Caux, entre Fécamp et Saint-Valery, et à une petite distance du bourg de Vittefleur. Rien de plus curieux que cet édifice rien de plus imposant que la perspective dont il jouit de niveau avec la falaise, il domine d'un côté les nappes étin-celantes de la mer de l'autre, le vallon boisé et discret que baigne la rivière de Dardène. A l'aspect des lieux, à ces beaux champs parsemés de pommiers, à l'aisance des villages envi-ronnants,- on reconnaît ur. point choisi d'une de nos plus riches provinces. Cultures, bétail, bâtiments, instruments de travail, tout repose et contente le regard, tout signale un de
32 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. puissante que celle-là. C'est au point que je m'étonnai moi-même de l'effet qu'elle produisit. -@Une pension ! s'écria l'ancien concierge. Les voilà bien malades ? Qu'est-ce que c'est qu'une pension pour eux ? et après les services que je leur ai rendus ? Comme si on payait ces choses-là avec de l'argent ! Une pension ! une pension ! ajoutait-il avec emportement. Un de ces jours, je la leur jet-terai au visage. Ce n'est pas une pension que je veux, c'est ma porte. A la suite de ces entretiens, souvent renouvelés, une en-tière confiance s'établit entre le père Vincent et moi. Com-mencée dans la rue, la conférence s'achevait presque tou-jours dans le débit de liquides le mieux achalandé et le mieux pourvu du voisinage. A tour de rôle nous nous fai-sions les honneurs, et le concierge ne s'y épargnait pas. On sait que le vin apaise les grandes douleurs. Ce fut ainsi, et après de nombreuses séances, que j'en vins à recueillir de la bouche d'un témoin et d'un acteur, l'histoire des Montréal, telle que je vais la raconter, en n'y ajoutant de mon fait qu'un peu de mise en scène et quelque ordre dans le récit. VII La résidence ordinaire et le berceau@ des Montréal était un vieux château de famille, situé dans le pays de Caux, entre Fécamp et Saint-Valery, et à une petite distance du bourg de Vittefleur. Rien de plus curieux que cet édifice rien de plus imposant que la perspective dont il jouit de niveau avec la falaise, il domine d'un côté les nappes étin-celantes de la mer de l'autre, le vallon boisé et discret que baigne la rivière de Dardène. A l'aspect des lieux, à ces beaux champs parsemés de pommiers, à l'aisance des villages envi-ronnants,@ on reconnait u@n point choisi d'une de nos plus riches provinces. Cultures, bétail, bâtiments, instruments de travail, tout repose et contente le regard, tout signale un de
32 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. puissante que celle-là. C'est au point que je m'étonnai moi-même de l'effet qu'elle produisit. -@Une pension ! s'écria l'ancien concierge. Les voilà bien malades ? Qu'est-ce que c'est qu'une pension pour eux ? et après les services que je leur ai rendus ? Comme si on payait ces choses-là avec de l'argent ! Une pension ! une pension ! ajoutait-il avec emportement. Un de ces jours, je la leur jet-terai au visage. Ce n'est pas une pension que je veux, c'est ma porte. A la suite de ces entretiens, souvent renouvelés, une en-tière confiance s'établit entre le père Vincent et moi. Com-mencée dans la rue, la conférence s'achevait presque tou-jours dans le débit de liquides le mieux achalandé et le mieux pourvu du voisinage. A tour de rôle nous nous fai-sions les honneurs, et le concierge ne s'y épargnait pas. On sait que le vin apaise les grandes douleurs. Ce fut ainsi, et après de nombreuses séances, que j'en vins à recueillir de la bouche d'un témoin et d'un acteur, l'histoire des Montréal, telle que je vais la raconter, en n'y ajoutant de mon fait qu'un peu de mise en scène et quelque ordre dans le récit. VII La résidence ordinaire et le berceau@ des Montréal était un vieux château de famille, situé dans le pays de Caux, entre Fécamp et Saint-Valery, et à une petite distance du bourg de Vittefleur. Rien de plus curieux que cet édifice rien de plus imposant que la perspective dont il jouit de niveau avec la falaise, il domine d'un côté les nappes étin-celantes de la mer de l'autre, le vallon boisé et discret que baigne la rivière de Dardène. A l'aspect des lieux, à ces beaux champs parsemés de pommiers, à l'aisance des villages envi-ronnants,@ on reconnait u@n point choisi d'une de nos plus riches provinces. Cultures, bétail, bâtiments, instruments de travail, tout repose et contente le regard, tout signale un de
32 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. puissante que celle-là. C'est au point que je m'étonnai moi-même de l'effet qu'elle produisit. -Une pension ! s'écria l'ancien concierge. Les voilà bien malades ? Qu'est-ce que c'est qu'une pension pour eux ? et après les services que je leur ai rendus ? Comme si on payait ces choses-là avec de l'argent ! Une pension ! une pension ! ajoutait-il avec emportement. Un de ces jours, je la leur jet-terai au visage. Ce n'est pas une pension que je veux, c'est ma porte. A la suite de ces entretiens, souvent renouvelés, une en-tière confiance s'établit entre le père Vincent et moi. Com-mencée dans la rue, la conférence s'achevait presque tou-jours dans le débit de liquides le mieux achalandé et le mieux pourvu du voisinage. A tour de rôle nous nous fai-sions les honneurs, et le concierge ne s'y épargnait pas. On sait que le vin apaise les grandes douleurs. Ce fut ainsi, et après de nombreuses séances, que j'en vins à recueillir de la bouche d'un témoin et d'un acteur, l'histoire des Montréal, telle que je vais la raconter, en n'y ajoutant de mon fait qu'un peu de mise en scène et quelque ordre dans le récit. VII La résidence ordinaire et le berceau des Montréal était un vieux château de famille, situé dans le pays de Caux, entre Fécamp et Saint-Valery, et à une petite distance du bourg de Vittefleur. Rien de plus curieux que cet édifice rien de plus imposant que la perspective dont il jouit de niveau avec la falaise, il domine d'un côté les nappes étin-celantes de la mer de l'autre, le vallon boisé et discret que baigne la rivière de Dardène. A l'aspect des lieux, à ces beaux champs parsemés de pommiers, à l'aisance des villages envi-ronnants, on reconnait un point choisi d'une de nos plus riches provinces. Cultures, bétail, bâtiments, instruments de travail, tout repose et contente le regard, tout signale un de
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CE QU'ON PEUT VOIR DANi UNE RUE. 47 les couleurs. Tous les baigneurs s'y groupèrent, suivant l'in-timité ou le goût, et y subirent la métamorphose accoutumée. Chacun prit la tenue de combat, succincte chez les hommes, plus compliquée chez les femmes, moins académique sur-tout et si austère, pour ne rien dire de plus, que la coquet-terie des néréides ne s'en fût point accommodée. La plage s'animait, les baigneuses arrivaient de toutes parts et s'essayaient déjà à la température de l'eau. Celles-ci ris-quaient leurs pieds, celles-là leurs jambes d'autres s'enga-geaient, en grelottant, jusqu'à mi-corps. Les plus hardies abrégeaient l'épreuve et commençaient par une immersion complète elles en sortaient ruisselantes, la bouche pleine d'eau salée et l'oreille de bourdonnements. Il en était qui prenaient leur rôle plus au sérieux encore et s'exerçaient à l'art difficile de la natation, soit isolément et sans auxiliaire, soit en se soutenant l'une l'autre le menton au-dessus de l'eau. Tout cela composait un spectacle varié, où ne man-quaient ni les épisodes bouffons, ni les physionomies origi-nales. Mais la scène allait bientôt tourner à de plus vives émo-tions. Afin d'écarter jusqu'à la chance d'un accident, on avait eu le soin d'indiquer, au moyen de piquets fixés dans la mer, la iimite que les baigneuses ne devaient pas dépasser, sous peine de voir le fond manquer sous leurs pieds. Il y a mieux des cordes tendues d'un piquet à l'autre, et au niveau même de la mer, avaient pour destination et pour effet de prévenir , toute distraction et toute imprudence. C'était un obstacle qu'on ne pouvait franchir autrement que de propos délibéré et à l'aide d'un certain effort. Tout donnait lieu de croire qu'il y avait là des garanties et une sauvegarde suffisantes. Clémence avait promptement achevé sa toilette et entraî-nait Claire par la main elle était, l'une des premières, entrée dans la mer comme dans un élément familier. Dès son en-fance, elle avait été bercée sur ces eaux et en avait éprouvé la vertu elle leur devait au moins quelque chose de sa santé et de sa fraîcheur. Aussi n'y eut-il de sa part ni hésitation ni contorsions, prélude obligé des novices elle gagna le large de l'air le plus naturel, et nagea avec aisance jusqu'à la limite fixée par les piquets. C'était d'instinct qu'elle nageait ainsi jamais elle n'avait eu de professeur. Toute petite, elle
CE QU'ON PEUT VOIR DANi UNE RUE. 47 les couleurs. Tous les baigneurs s'y groupèrent, suivant l'in-timité ou le goût, et y subirent la métamorphose accoutumée. Chacun prit la tenue de combat, succincte chez les hommes, plus compliquée chez les femmes, moins académique sur-tout et si austère, pour ne rien dire de plus, que la coquet-terie des néréides ne s'en fût point accommodée. La plage s'animait, les baigneuses arrivaient de toutes parts et s'essayaient déjà à la température de l'eau. Celles-ci ris-quaient leurs pieds, celles-là leurs jambes d'autres s'enga-geaient, en grelottant, jusqu'à mi-corps. Les plus hardies abrégeaient l'épreuve et commençaient par une immersion complète elles en sortaient ruisselantes, la bouche pleine d'eau salée et l'oreille de bourdonnements. Il en était qui prenaient leur rôle plus au sérieux encore et s'exerçaient à l'art difficile de la natation, soit isolément et sans auxiliaire, soit en se soutenant l'une l'autre le menton au-dessus de l'eau. Tout cela composait un spectacle varié, où ne man-quaient ni les épisodes bouffons, ni les physionomies origi-nales. Mais la scène allait bientôt tourner à de plus vives émo-tions. Afin d'écarter jusqu'à la chance d'un accident, on avait eu le soin d'indiquer, au moyen de piquets fixés dans la mer, la iimite que les baigneuses ne devaient pas dépasser, sous peine de voir le fond manquer sous leurs pieds. Il y a mieux des cordes tendues d'un piquet à l'autre, et au niveau même de la mer, avaient pour destination et pour effet de prévenir , toute distraction et toute imprudence. C'était un obstacle qu'on ne pouvait franchir autrement que de propos délibéré et à l'aide d'un certain effort. Tout donnait lieu de croire qu'il y avait là des garanties et une sauvegarde suffisantes. Clémence avait promptement achevé sa toilette et entraî-nait Claire par la main elle était, l'une des premières, entrée dans la mer comme dans un élément familier. Dès son en-fance, elle avait été bercée sur ces eaux et en avait éprouvé la vertu elle leur devait au moins quelque chose de sa santé et de sa fraîcheur. Aussi n'y eut-il de sa part ni hésitation ni contorsions, prélude obligé des novices elle gagna le large de l'air le plus naturel, et nagea avec aisance jusqu'à la limite fixée par les piquets. C'était d'instinct qu'elle nageait ainsi jamais elle n'avait eu de professeur. Toute petite, elle
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 47 les couleurs. Tous les baigneurs s'y groupèrent, suivant l'in-timité ou le goût, et y subirent la métamorphose accoutumée. Chacun prit la tenue de combat, succincte chez les hommes, plus compliquée chez les femmes, moins académique sur-tout et si austère, pour ne rien dire de plus, que la coquet-terie des néréides ne s'en fût point accommodée. La plage s'animait, les baigneuses arrivaient de toutes parts et s'essayaient déjà à la température de l'eau. Celles-ci ris-quaient leurs pieds, celles-là leurs jambes d'autres s'enga-geaient, en grelottant, jusqu'à mi-corps. Les plus hardies abrégeaient l'épreuve et commençaient par une immersion complète elles en sortaient ruisselantes, la bouche pleine d'eau salée et l'oreille de bourdonnements. Il en était qui prenaient leur rôle plus au sérieux encore et s'exerçaient à l'art difficile de la natation, soit isolément et sans auxiliaire, soit en se soutenant l'une l'autre le menton au-dessus de l'eau. Tout cela composait un spectacle varié, où ne man-quaient ni les épisodes bouffons, ni les physionomies origi-nales. Mais la scène allait bientôt tourner à de plus vives émo-tions. Afin d'écarter jusqu'à la chance d'un accident, on avait eu le soin d'indiquer, au moyen de piquets fixés dans la mer, la limite que les baigneuses ne devaient pas dépasser, sous peine de voir le fond manquer sous leurs pieds. Il y a mieux des cordes tendues d'un piquet à l'autre, et au niveau même de la mer, avaient pour destination et pour effet de prévenir @@toute distraction et toute imprudence. C'était un obstacle qu'on ne pouvait franchir autrement que de propos délibéré et à l'aide d'un certain effort. Tout donnait lieu de croire qu'il y avait là des garanties et une sauvegarde suffisantes. Clémence avait promptement achevé sa toilette et entraî-nait Claire par la main elle était, l'une des premières, entrée dans la mer comme dans un élément familier. Dès son en-fance, elle avait été bercée sur ces eaux et en avait éprouvé la vertu elle leur devait au moins quelque chose de sa santé et de sa fraîcheur. Aussi n'y eut-il de sa part ni hésitation ni contorsions, prélude obligé des novices elle gagna le large de l'air le plus naturel, et nagea avec aisance jusqu'à la limite fixée par les piquets. C'était d'instinct qu'elle nageait ainsi jamais elle n'avait eu de professeur. Toute petite, elle
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 47 les couleurs. Tous les baigneurs s'y groupèrent, suivant l'in-timité ou le goût, et y subirent la métamorphose accoutumée. Chacun prit la tenue de combat, succincte chez les hommes, plus compliquée chez les femmes, moins académique sur-tout et si austère, pour ne rien dire de plus, que la coquet-terie des néréides ne s'en fût point accommodée. La plage s'animait, les baigneuses arrivaient de toutes parts et s'essayaient déjà à la température de l'eau. Celles-ci ris-quaient leurs pieds, celles-là leurs jambes d'autres s'enga-geaient, en grelottant, jusqu'à mi-corps. Les plus hardies abrégeaient l'épreuve et commençaient par une immersion complète elles en sortaient ruisselantes, la bouche pleine d'eau salée et l'oreille de bourdonnements. Il en était qui prenaient leur rôle plus au sérieux encore et s'exerçaient à l'art difficile de la natation, soit isolément et sans auxiliaire, soit en se soutenant l'une l'autre le menton au-dessus de l'eau. Tout cela composait un spectacle varié, où ne man-quaient ni les épisodes bouffons, ni les physionomies origi-nales. Mais la scène allait bientôt tourner à de plus vives émo-tions. Afin d'écarter jusqu'à la chance d'un accident, on avait eu le soin d'indiquer, au moyen de piquets fixés dans la mer, la limite que les baigneuses ne devaient pas dépasser, sous peine de voir le fond manquer sous leurs pieds. Il y a mieux des cordes tendues d'un piquet à l'autre, et au niveau même de la mer, avaient pour destination et pour effet de prévenir @@toute distraction et toute imprudence. C'était un obstacle qu'on ne pouvait franchir autrement que de propos délibéré et à l'aide d'un certain effort. Tout donnait lieu de croire qu'il y avait là des garanties et une sauvegarde suffisantes. Clémence avait promptement achevé sa toilette et entraî-nait Claire par la main elle était, l'une des premières, entrée dans la mer comme dans un élément familier. Dès son en-fance, elle avait été bercée sur ces eaux et en avait éprouvé la vertu elle leur devait au moins quelque chose de sa santé et de sa fraîcheur. Aussi n'y eut-il de sa part ni hésitation ni contorsions, prélude obligé des novices elle gagna le large de l'air le plus naturel, et nagea avec aisance jusqu'à la limite fixée par les piquets. C'était d'instinct qu'elle nageait ainsi jamais elle n'avait eu de professeur. Toute petite, elle
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 47 les couleurs. Tous les baigneurs s'y groupèrent, suivant l'in-timité ou le goût, et y subirent la métamorphose accoutumée. Chacun prit la tenue de combat, succincte chez les hommes, plus compliquée chez les femmes, moins académique sur-tout et si austère, pour ne rien dire de plus, que la coquet-terie des néréides ne s'en fût point accommodée. La plage s'animait, les baigneuses arrivaient de toutes parts et s'essayaient déjà à la température de l'eau. Celles-ci ris-quaient leurs pieds, celles-là leurs jambes d'autres s'enga-geaient, en grelottant, jusqu'à mi-corps. Les plus hardies abrégeaient l'épreuve et commençaient par une immersion complète elles en sortaient ruisselantes, la bouche pleine d'eau salée et l'oreille de bourdonnements. Il en était qui prenaient leur rôle plus au sérieux encore et s'exerçaient à l'art difficile de la natation, soit isolément et sans auxiliaire, soit en se soutenant l'une l'autre le menton au-dessus de l'eau. Tout cela composait un spectacle varié, où ne man-quaient ni les épisodes bouffons, ni les physionomies origi-nales. Mais la scène allait bientôt tourner à de plus vives émo-tions. Afin d'écarter jusqu'à la chance d'un accident, on avait eu le soin d'indiquer, au moyen de piquets fixés dans la mer, la limite que les baigneuses ne devaient pas dépasser, sous peine de voir le fond manquer sous leurs pieds. Il y a mieux des cordes tendues d'un piquet à l'autre, et au niveau même de la mer, avaient pour destination et pour effet de prévenir toute distraction et toute imprudence. C'était un obstacle qu'on ne pouvait franchir autrement que de propos délibéré et à l'aide d'un certain effort. Tout donnait lieu de croire qu'il y avait là des garanties et une sauvegarde suffisantes. Clémence avait promptement achevé sa toilette et entraî-nait Claire par la main elle était, l'une des premières, entrée dans la mer comme dans un élément familier. Dès son en-fance, elle avait été bercée sur ces eaux et en avait éprouvé la vertu elle leur devait au moins quelque chose de sa santé et de sa fraîcheur. Aussi n'y eut-il de sa part ni hésitation ni contorsions, prélude obligé des novices elle gagna le large de l'air le plus naturel, et nagea avec aisance jusqu'à la limite fixée par les piquets. C'était d'instinct qu'elle nageait ainsi jamais elle n'avait eu de professeur. Toute petite, elle
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284 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. XXXIY Le premier mouvement de Ludovic, lorsqu'il entra dans la chambre de Marguerite, fut de jeter les yeux sur le lit, et, à l'aspect de ce corps inanimé, il ressentit un coup si violent qu'il crut que la vie allait le quitter. Le docteur, plus calme et plus maître de lui, était déjà près de la victime , touchait ses membres refroidis et cherchait à y découvrir quelque signe de vie. Il y eut là quelques secondes pleines d'une hor-rible anxiété, et un silence effrayant régna dans cette cham-bre. Le concierge levait les mains au ciel et Ludovic tenait les yeux attachés sur le praticien, comme si sa propre exis-tence eût dépendu de l'arrêt qu'il allait rendre. - Eh bien ? dit-il, avec un accent plein d'angoisse et un geste suppliant. Le front du docteur était couvert de nuages et ses mouve-ments indiquaient une grande préoccupation. Tantôt il tenait son oreille appuyée sur le coeur pour y surprendre quelque battement, tantôt il approchait une glace des lèvres et des narines pour voir si quelque souffle ne ternirait pas le poli du verre et ne lui fournirait pas d'indice satisfaisant. Enfin il parla, et ses premiers mots n'étaient pas de nature à don-ner de l'espoir. - On ne peut rien dire, répéta-t-il à trois reprises diffé-rentes. Jamais plus douloureuse scène ne s'offrit aux regards le concierge lui-même ne pouvait y assister d'un oeil sec. Sur cette couche, une jeune fiile, blanche comme le marbre, et plus belle dans la mort qu'elle ne l'avait été dans la vie puis ce jeune homme qui portait la douleur écrite sur le front et semblait frappé du même coup partout le deuil, un deuil sans limites comme sans remède. Cependant le docteur, tout sombre qu'il fût, ne négligeait aucun moyen pour ranimer dans ce cadavre l'ombre de vie qui pouvait y rester. Il semblait surtout en quête d'un ren-
284 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. XXXIY Le premier mouvement de Ludovic, lorsqu'il entra dans la chambre de Marguerite, fut de jeter les yeux sur le lit, et, à l'aspect de ce corps inanimé, il ressentit un coup si violent qu'il crut que la vie allait le quitter. Le docteur, plus calme et plus maître de lui, était déjà près de la victime , touchait ses membres refroidis et cherchait à y découvrir quelque signe de vie. Il y eut là quelques secondes pleines d'une hor-rible anxiété, et un silence effrayant régna dans cette cham-bre. Le concierge levait les mains au ciel et Ludovic tenait les yeux attachés sur le praticien, comme si sa propre exis-tence eût dépendu de l'arrêt qu'il allait rendre. - Eh bien ? dit-il, avec un accent plein d'angoisse et un geste suppliant. Le front du docteur était couvert de nuages et ses mouve-ments indiquaient une grande préoccupation. Tantôt il tenait son oreille appuyée sur le coeur pour y surprendre quelque battement, tantôt il approchait une glace des lèvres et des narines pour voir si quelque souffle ne ternirait pas le poli du verre et ne lui fournirait pas d'indice satisfaisant. Enfin il parla, et ses premiers mots n'étaient pas de nature à don-ner de l'espoir. - On ne peut rien dire, répéta-t-il à trois reprises diffé-rentes. Jamais plus douloureuse scène ne s'offrit aux regards le concierge lui-même ne pouvait y assister d'un oeil sec. Sur cette couche, une jeune fiile, blanche comme le marbre, et plus belle dans la mort qu'elle ne l'avait été dans la vie puis ce jeune homme qui portait la douleur écrite sur le front et semblait frappé du même coup partout le deuil, un deuil sans limites comme sans remède. Cependant le docteur, tout sombre qu'il fût, ne négligeait aucun moyen pour ranimer dans ce cadavre l'ombre de vie qui pouvait y rester. Il semblait surtout en quête d'un ren-
284 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. XXXIV Le premier mouvement de Ludovic, lorsqu'il entra dans la chambre de Marguerite, fut de jeter les yeux sur le lit, et, à l'aspect de ce corps inanimé, il ressentit un coup si violent qu'il crut que la vie allait le quitter. Le docteur, plus calme et plus maître de lui, était déjà près de la victime@, touchait ses membres refroidis et cherchait à y découvrir quelque signe de vie. Il y eut là quelques secondes pleines d'une hor-rible anxiété, et un silence effrayant régna dans cette cham-bre. Le concierge levait les mains au ciel et Ludovic tenait les yeux attachés sur le praticien, comme si sa propre exis-tence eût dépendu de l'arrêt qu'il allait rendre. -@Eh bien ? dit-il, avec un accent plein d'angoisse et un geste suppliant. Le front du docteur était couvert de nuages et ses mouve-ments indiquaient une grande préoccupation. Tantôt il tenait son oreille appuyée sur le coeur pour y surprendre quelque battement, tantôt il approchait une glace des lèvres et des narines pour voir si quelque souffle ne ternirait pas le poli du verre et ne lui fournirait pas d'indice satisfaisant. Enfin il parla, et ses premiers mots n'étaient pas de nature à don-ner de l'espoir. -@On ne peut rien dire, répéta-t-il à trois reprises diffé-rentes. Jamais plus douloureuse scène ne s'offrit aux regards le concierge lui-même ne pouvait y assister d'un oeil sec. Sur cette couche, une jeune fille, blanche comme le marbre, et plus belle dans la mort qu'elle ne l'avait été dans la vie puis ce jeune homme qui portait la douleur écrite sur le front et semblait frappé du même coup partout le deuil, un deuil sans limites comme sans remède. Cependant le docteur, tout sombre qu'il fût, ne négligeait aucun moyen pour ranimer dans ce cadavre l'ombre de vie qui pouvait y rester. Il semblait surtout en quête d'un ren-
284 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. XXXIV Le premier mouvement de Ludovic, lorsqu'il entra dans la chambre de Marguerite, fut de jeter les yeux sur le lit, et, à l'aspect de ce corps inanimé, il ressentit un coup si violent qu'il crut que la vie allait le quitter. Le docteur, plus calme et plus maître de lui, était déjà près de la victime@, touchait ses membres refroidis et cherchait à y découvrir quelque signe de vie. Il y eut là quelques secondes pleines d'une hor-rible anxiété, et un silence effrayant régna dans cette cham-bre. Le concierge levait les mains au ciel et Ludovic tenait les yeux attachés sur le praticien, comme si sa propre exis-tence eût dépendu de l'arrêt qu'il allait rendre. -@Eh bien ? dit-il, avec un accent plein d'angoisse et un geste suppliant. Le front du docteur était couvert de nuages et ses mouve-ments indiquaient une grande préoccupation. Tantôt il tenait son oreille appuyée sur le coeur pour y surprendre quelque battement, tantôt il approchait une glace des lèvres et des narines pour voir si quelque souffle ne ternirait pas le poli du verre et ne lui fournirait pas d'indice satisfaisant. Enfin il parla, et ses premiers mots n'étaient pas de nature à don-ner de l'espoir. -@On ne peut rien dire, répéta-t-il à trois reprises diffé-rentes. Jamais plus douloureuse scène ne s'offrit aux regards le concierge lui-même ne pouvait y assister d'un oeil sec. Sur cette couche, une jeune fille, blanche comme le marbre, et plus belle dans la mort qu'elle ne l'avait été dans la vie puis ce jeune homme qui portait la douleur écrite sur le front et semblait frappé du même coup partout le deuil, un deuil sans limites comme sans remède. Cependant le docteur, tout sombre qu'il fût, ne négligeait aucun moyen pour ranimer dans ce cadavre l'ombre de vie qui pouvait y rester. Il semblait surtout en quête d'un ren-
284 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. XXXIV Le premier mouvement de Ludovic, lorsqu'il entra dans la chambre de Marguerite, fut de jeter les yeux sur le lit, et, à l'aspect de ce corps inanimé, il ressentit un coup si violent qu'il crut que la vie allait le quitter. Le docteur, plus calme et plus maître de lui, était déjà près de la victime, touchait ses membres refroidis et cherchait à y découvrir quelque signe de vie. Il y eut là quelques secondes pleines d'une hor-rible anxiété, et un silence effrayant régna dans cette cham-bre. Le concierge levait les mains au ciel et Ludovic tenait les yeux attachés sur le praticien, comme si sa propre exis-tence eût dépendu de l'arrêt qu'il allait rendre. -Eh bien ? dit-il, avec un accent plein d'angoisse et un geste suppliant. Le front du docteur était couvert de nuages et ses mouve-ments indiquaient une grande préoccupation. Tantôt il tenait son oreille appuyée sur le coeur pour y surprendre quelque battement, tantôt il approchait une glace des lèvres et des narines pour voir si quelque souffle ne ternirait pas le poli du verre et ne lui fournirait pas d'indice satisfaisant. Enfin il parla, et ses premiers mots n'étaient pas de nature à don-ner de l'espoir. -On ne peut rien dire, répéta-t-il à trois reprises diffé-rentes. Jamais plus douloureuse scène ne s'offrit aux regards le concierge lui-même ne pouvait y assister d'un oeil sec. Sur cette couche, une jeune fille, blanche comme le marbre, et plus belle dans la mort qu'elle ne l'avait été dans la vie puis ce jeune homme qui portait la douleur écrite sur le front et semblait frappé du même coup partout le deuil, un deuil sans limites comme sans remède. Cependant le docteur, tout sombre qu'il fût, ne négligeait aucun moyen pour ranimer dans ce cadavre l'ombre de vie qui pouvait y rester. Il semblait surtout en quête d'un ren-
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UQU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 89 XX Mademoiselle Pulchérie occupait, dans le couvent, un pe-tit appartement situé dans une arrière-cour où elle n'avait ni voisins, ni vis-à-vis, rien en un mot qui pût lui porter om-brage. Trois -pièces le composaient et brillaient, sinon par le luxe, du moins par l'ordre le plus parfait chaque chose y était à sa place peu de meubles, mais si nets, si bien épous-setés qu'on aurait dit qu'ils sortaient de chez-le marchand. Quand Sigismond entra, sa soeur était dans un petit salon tendu de toile perse elle agitait l'aiguille en femme qui con-naît le prix du temps et la vertu de ce préservatif contre les embûches du démon. En attendant l'occasion d'exercer sa langue elle exerçait ses doigts c'était plus inoffensif. La vue de Sigismond parut lui causer plus de surprise que de satisfaction. Depuis longtemps il. s'était abstenu de venir, et, habituée comme elle l'était à tout prendre par le vilain côté, elle se demanda quel intérêt si fort le poussait à une dé-marche qui devait lui être peu agréable. Sur quoi elle se promit de garder la défensive et de lui faire payer avec usure les négligences dont il s'était rendu coupable à son égard. L'affaire s'engageait donc dans de mauvaises conditions, et aux premiers propos échangés le comte put bien le voir. - Ah 1 c'est vous, mon frère ! lui dit-elle, en. appuyant do la manière la plus significative sur ce mot. - Oui, Pulchérie, c'est moi, répondit-il en prenant une chaise et s'asseyant à ses côtés. - Qui l'eût imaginé, mon frère 1 Vous ici! Il y avait dans l'accent eL surtout dans la façon de pro-noncer ces mots mon frère quelque chose- de - si aigre, de si acariâtre, de si blessant, que Sigismond eût quitté dès lors la partie si une nécessité impérieuse ne l'eût obligé à aller jus-qu'au bout. D'ailleurs, il s'y attendait ses provisions de pa-tience étaient faites. - Cest que j'ai à causer sérieusement avec vous, Pulché-rie, très- sérieusement, dit-il, sans se laisser désarçonner.
UQU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 89 XX Mademoiselle Pulchérie occupait, dans le couvent, un pe-tit appartement situé dans une arrière-cour@ où elle n'avait ni voisins, ni vis-à-vis, rien en un mot qui pût lui porter om-brage. Trois -pièces le composaient et brillaient, sinon par le luxe, du moins par l'ordre le plus parfait chaque chose y était à sa place peu de meubles, mais si nets, si bien épous-setés qu'on aurait dit qu'ils sortaient de chez-le marchand. Quand Sigismond entra, sa soeur était dans un petit salon tendu de toile perse elle agitait l'aiguille en femme qui con-naît le prix du temps et la vertu de ce préservatif contre les embûches du démon. En attendant l'occasion d'exercer sa langue elle exerçait ses doigts c'était plus inoffensif. La vue de Sigismond parut lui causer plus de surprise que de satisfaction. Depuis longtemps il. s'était abstenu de venir, et, habituée comme elle l'était à tout prendre par le vilain côté, elle se demanda quel intérêt si fort le poussait à une dé-marche qui devait lui être peu agréable. Sur quoi elle se promit de garder la défensive et de lui faire payer avec usure les négligences dont il s'était rendu coupable à son égard. L'affaire s'engageait donc dans de mauvaises conditions, et aux premiers propos échangés le comte put bien le voir. - Ah 1 c'est vous, mon frère ! lui dit-elle, en. appuyant do la manière la plus significative sur ce mot. - Oui, Pulchérie, c'est moi, répondit-il en prenant une chaise et s'asseyant à ses côtés. - Qui l'eût imaginé, mon frère 1 Vous ici@! Il y avait dans l'accent eL surtout dans la façon de pro-noncer ces mots mon frère quelque chose- de - si aigre, de si acariâtre, de si blessant, que Sigismond eût quitté dès lors la partie si une nécessité impérieuse ne l'eût obligé à aller jus-qu'au bout. D'ailleurs, il s'y attendait ses provisions de pa-tience étaient faites. - Cest que j'ai à causer sérieusement avec vous, Pulché-rie, très- sérieusement, dit-il, sans se laisser désarçonner.
###### PEUT VOIR DANS UNE RUE. 89 XX Mademoiselle Pulchérie occupait, dans le couvent, un pe-tit appartement situé dans une arrière-cour, où elle n'avait ni voisins, ni vis-à-vis, rien en un mot qui pût lui porter om-brage. Trois @pièces le composaient et brillaient, sinon par le luxe, du moins par l'ordre le plus parfait chaque chose y était à sa place peu de meubles, mais si nets, si bien épous-setés qu'on aurait dit qu'ils sortaient de chez le marchand. Quand Sigismond entra, sa soeur était dans un petit salon tendu de toile perse elle agitait l'aiguille en femme qui con-naît le prix du temps et la vertu de ce préservatif contre les embûches du démon. En attendant l'occasion d'exercer sa langue elle exerçait ses doigts c'était plus inoffensif. La vue de Sigismond parut lui causer plus de surprise que de satisfaction. Depuis longtemps il@ s'était abstenu de venir, et, habituée comme elle l'était à tout prendre par le vilain côté, elle se demanda quel intérêt si fort le poussait à une dé-marche qui devait lui être peu agréable. Sur quoi elle se promit de garder la défensive et de lui faire payer avec usure les négligences dont il s'était rendu coupable à son égard. L'affaire s'engageait donc dans de mauvaises conditions, et aux premiers propos échangés le comte put bien le voir. -@Ah ! c'est vous, mon frère ! lui dit-elle, en@ appuyant de la manière la plus significative sur ce mot. -@Oui, Pulchérie, c'est moi, répondit-il en prenant une chaise et s'asseyant à ses côtés. -@Qui l'eût imaginé, mon frère ! Vous ici ! Il y avait dans l'accent et surtout dans la façon de pro-noncer ces mots mon frère quelque chose@ de @@si aigre, de si acariâtre, de si blessant, que Sigismond eût quitté dès lors la partie si une nécessité impérieuse ne l'eût obligé à aller jus-qu'au bout. D'ailleurs, il s'y attendait ses provisions de pa-tience étaient faites. -C'est que j'ai à causer sérieusement avec vous, Pulché-rie, très-@sérieusement, dit-il, sans se laisser désarçonner.
UQU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 89 XX Mademoiselle Pulchérie occupait, dans le couvent, un pe-tit appartement situé dans une arrière-cour, où elle n'avait ni voisins, ni vis-à-vis, rien en un mot qui pût lui porter om-brage. Trois @pièces le composaient et brillaient, sinon par le luxe, du moins par l'ordre le plus parfait chaque chose y était à sa place peu de meubles, mais si nets, si bien épous-setés qu'on aurait dit qu'ils sortaient de chez le marchand. Quand Sigismond entra, sa soeur était dans un petit salon tendu de toile perse elle agitait l'aiguille en femme qui con-naît le prix du temps et la vertu de ce préservatif contre les embûches du démon. En attendant l'occasion d'exercer sa langue elle exerçait ses doigts c'était plus inoffensif. La vue de Sigismond parut lui causer plus de surprise que de satisfaction. Depuis longtemps il@ s'était abstenu de venir, et, habituée comme elle l'était à tout prendre par le vilain côté, elle se demanda quel intérêt si fort le poussait à une dé-marche qui devait lui être peu agréable. Sur quoi elle se promit de garder la défensive et de lui faire payer avec usure les négligences dont il s'était rendu coupable à son égard. L'affaire s'engageait donc dans de mauvaises conditions, et aux premiers propos échangés le comte put bien le voir. -@Ah ! c'est vous, mon frère ! lui dit-elle, en@ appuyant de la manière la plus significative sur ce mot. -@Oui, Pulchérie, c'est moi, répondit-il en prenant une chaise et s'asseyant à ses côtés. -@Qui l'eût imaginé, mon frère ! Vous ici ! Il y avait dans l'accent et surtout dans la façon de pro-noncer ces mots mon frère quelque chose@ de @@si aigre, de si acariâtre, de si blessant, que Sigismond eût quitté dès lors la partie si une nécessité impérieuse ne l'eût obligé à aller jus-qu'au bout. D'ailleurs, il s'y attendait ses provisions de pa-tience étaient faites. -C'est que j'ai à causer sérieusement avec vous, Pulché-rie, très-@sérieusement, dit-il, sans se laisser désarçonner.
UQU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 89 XX Mademoiselle Pulchérie occupait, dans le couvent, un pe-tit appartement situé dans une arrière-cour, où elle n'avait ni voisins, ni vis-à-vis, rien en un mot qui pût lui porter om-brage. Trois pièces le composaient et brillaient, sinon par le luxe, du moins par l'ordre le plus parfait chaque chose y était à sa place peu de meubles, mais si nets, si bien épous-setés qu'on aurait dit qu'ils sortaient de chez le marchand. Quand Sigismond entra, sa soeur était dans un petit salon tendu de toile perse elle agitait l'aiguille en femme qui con-naît le prix du temps et la vertu de ce préservatif contre les embûches du démon. En attendant l'occasion d'exercer sa langue elle exerçait ses doigts c'était plus inoffensif. La vue de Sigismond parut lui causer plus de surprise que de satisfaction. Depuis longtemps il s'était abstenu de venir, et, habituée comme elle l'était à tout prendre par le vilain côté, elle se demanda quel intérêt si fort le poussait à une dé-marche qui devait lui être peu agréable. Sur quoi elle se promit de garder la défensive et de lui faire payer avec usure les négligences dont il s'était rendu coupable à son égard. L'affaire s'engageait donc dans de mauvaises conditions, et aux premiers propos échangés le comte put bien le voir. -Ah ! c'est vous, mon frère ! lui dit-elle, en appuyant de la manière la plus significative sur ce mot. -Oui, Pulchérie, c'est moi, répondit-il en prenant une chaise et s'asseyant à ses côtés. -Qui l'eût imaginé, mon frère ! Vous ici ! Il y avait dans l'accent et surtout dans la façon de pro-noncer ces mots mon frère quelque chose de si aigre, de si acariâtre, de si blessant, que Sigismond eût quitté dès lors la partie si une nécessité impérieuse ne l'eût obligé à aller jus-qu'au bout. D'ailleurs, il s'y attendait ses provisions de pa-tience étaient faites. -C'est que j'ai à causer sérieusement avec vous, Pulché-rie, très-sérieusement, dit-il, sans se laisser désarçonner.
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CE QU'ON PEUT VOIR bans UNE RUE. 293 monde, Ludovic n'eût troublé le charme de ce spectacle. Il commençait à croire que son ami le médecin avait mis les choses au pire, et qu'un maintien aussi tranquille ne se con-ciliait pas avec de funestes résolutions. 1 Ce fut Marguerite qui, la première, rompit le silence. En -rouvrant les yeux, elle aperçut Ludovic. - Toujours là, dit-elle en lui tendant lamain. Il la porta à ses lèvres avec ardeur et répondit - -C'est ma place, je n'en bouge plus. Un nuage voila les traits de Marguerite que se passait-il en elle? son langage n'en trahit rien, tant il avait de naturel et de douceur. - Ludovic, lui dit-elle, vous êtes bon entre les bons. Je le savais et n'avais pas besoin de cette nouvelle preuve. Mais Dieu me garde d'abuser ! - Quelle pensée 1 - Je vais bien maintenant, je me sens guérie, je me sens sauvée. Que me faut-il? un peu de repos, un peu de calme autour de moi. Ma tète ne sait plus où elle en est. J'ai vécu des siècles depuis deux jours. - Pauvre enfant 1 -- Oh 1 oui, pauvre enfant, répéta-t-elle avec un soupir. Pourquoi suis-je née? pourquoi vous ai-je connu? pourquoi vous ai-je écrit? pourquoi êtes-vous là? - Est-ce un reproche, Marguerite? - Pardon, je suis injuste c'est l'effet de mon mal ne m'en veuillez pas, Ludovic. J'ai tant besoin d'être seule. - Elle se trahissait le jeune homme comprit que le docteur avait frappé juste. Marguerite voulait l'éloigner. Il se promit de lui désobéir. -- Marguerite, lui dit-il, souffrez que je reste. Vous n'êtes pas bien encore, et qui veillerait sur vous, si ce n'est moi? Suis-je trop en vue ici? Aimez-vous mieux que je me tienne à l'écart? Dites, je le ferai mais pour rien au monde, je ne vous quitterai dans l'état où vous êtes. A cette déclaration formelle, et que l'accent rendait encore plus expressive, Marguerite se releva en sursaut et, les mains jointes, les y eux élevés vers le ciel - Mon Dieu! mon Dieu 1 s'écria-t-elle, c'est donc un nou-veau martyre ! N'avàis-je pas assez souffert?
CE QU'ON PEUT VOIR bans UNE RUE. 293 monde, Ludovic n'eût troublé le charme de ce spectacle. Il commençait à croire que son ami le médecin avait mis les choses au pire, et qu'un maintien aussi tranquille ne se con-ciliait pas avec de funestes résolutions. 1 Ce fut Marguerite qui, la première, rompit le silence. En -rouvrant les yeux, elle aperçut Ludovic. - Toujours là, dit-elle en lui tendant la@main. Il la porta à ses lèvres avec ardeur et répondit - -C'est ma place, je n'en bouge plus. Un nuage voila les traits de Marguerite que se passait-il en elle@? son langage n'en trahit rien, tant il avait de naturel et de douceur. - Ludovic, lui dit-elle, vous êtes bon entre les bons. Je le savais et n'avais pas besoin de cette nouvelle preuve. Mais Dieu me garde d'abuser ! - Quelle pensée 1 - Je vais bien maintenant, je me sens guérie, je me sens sauvée. Que me faut-il@? un peu de repos, un peu de calme autour de moi. Ma tète ne sait plus où elle en est. J'ai vécu des siècles depuis deux jours. - Pauvre enfant 1 -- Oh 1 oui, pauvre enfant, répéta-t-elle avec un soupir. Pourquoi suis-je née@? pourquoi vous ai-je connu@? pourquoi vous ai-je écrit@? pourquoi êtes-vous là@? - Est-ce un reproche, Marguerite@? - Pardon, je suis injuste c'est l'effet de mon mal ne m'en veuillez pas, Ludovic. J'ai tant besoin d'être seule. - Elle se trahissait le jeune homme comprit que le docteur avait frappé juste. Marguerite voulait l'éloigner. Il se promit de lui désobéir. -- Marguerite, lui dit-il, souffrez que je reste. Vous n'êtes pas bien encore, et qui veillerait sur vous, si ce n'est moi@? Suis-je trop en vue ici@? Aimez-vous mieux que je me tienne à l'écart@? Dites, je le ferai mais pour rien au monde, je ne vous quitterai dans l'état où vous êtes. A cette déclaration formelle, et que l'accent rendait encore plus expressive, Marguerite se releva en sursaut et, les mains jointes, les y eux élevés vers le ciel - Mon Dieu@! mon Dieu 1 s'écria-t-elle, c'est donc un nou-veau martyre ! N'avàis-je pas assez souffert?
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 293 monde, Ludovic n'eût troublé le charme de ce spectacle. Il commençait à croire que son ami le médecin avait mis les choses au pire, et qu'un maintien aussi tranquille ne se con-ciliait pas avec de funestes résolutions.@@ Ce fut Marguerite qui, la première, rompit le silence. En @rouvrant les yeux, elle aperçut Ludovic. -@Toujours là, dit-elle en lui tendant la main. Il la porta à ses lèvres avec ardeur et répondit@@ -C'est ma place, je n'en bouge plus. Un nuage voila les traits de Marguerite que se passait-il en elle ? son langage n'en trahit rien, tant il avait de naturel et de douceur. -@Ludovic, lui dit-elle, vous êtes bon entre les bons. Je le savais et n'avais pas besoin de cette nouvelle preuve. Mais Dieu me garde d'abuser ! -@Quelle pensée ! -@Je vais bien maintenant, je me sens guérie, je me sens sauvée. Que me faut-il ? un peu de repos, un peu de calme autour de moi. Ma tête ne sait plus où elle en est. J'ai vécu des siècles depuis deux jours. -@Pauvre enfant ! @-@Oh ! oui, pauvre enfant, répéta-t-elle avec un soupir. Pourquoi suis-je née ? pourquoi vous ai-je connu ? pourquoi vous ai-je écrit ? pourquoi êtes-vous là ? -@Est-ce un reproche, Marguerite ? -@Pardon, je suis injuste c'est l'effet de mon mal ne m'en veuillez pas, Ludovic. J'ai tant besoin d'être seule.e. Elle se trahissait le jeune homme comprit que le docteur avait frappé juste. Marguerite voulait l'éloigner. Il se promit de lui désobéir. @-@Marguerite, lui dit-il, souffrez que je reste. Vous n'êtes pas bien encore, et qui veillerait sur vous, si ce n'est moi ? Suis-je trop en vue ici ? Aimez-vous mieux que je me tienne à l'écart ? Dites, je le ferai mais pour rien au monde, je ne vous quitterai dans l'état où vous êtes. A cette déclaration formelle, et que l'accent rendait encore plus expressive, Marguerite se releva en sursaut et, les mains jointes, les y@eux élevés vers le ciel -@Mon Dieu ! mon Dieu ! s'écria-t-elle, c'est donc un nou-veau martyre ! N'avais-je pas assez #########
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 293 monde, Ludovic n'eût troublé le charme de ce spectacle. Il commençait à croire que son ami le médecin avait mis les choses au pire, et qu'un maintien aussi tranquille ne se con-ciliait pas avec de funestes résolutions.@@ Ce fut Marguerite qui, la première, rompit le silence. En @rouvrant les yeux, elle aperçut Ludovic. -@Toujours là, dit-elle en lui tendant la main. Il la porta à ses lèvres avec ardeur et répondit@@ -C'est ma place, je n'en bouge plus. Un nuage voila les traits de Marguerite que se passait-il en elle ? son langage n'en trahit rien, tant il avait de naturel et de douceur. -@Ludovic, lui dit-elle, vous êtes bon entre les bons. Je le savais et n'avais pas besoin de cette nouvelle preuve. Mais Dieu me garde d'abuser ! -@Quelle pensée ! -@Je vais bien maintenant, je me sens guérie, je me sens sauvée. Que me faut-il ? un peu de repos, un peu de calme autour de moi. Ma tête ne sait plus où elle en est. J'ai vécu des siècles depuis deux jours. -@Pauvre enfant ! @-@Oh ! oui, pauvre enfant, répéta-t-elle avec un soupir. Pourquoi suis-je née ? pourquoi vous ai-je connu ? pourquoi vous ai-je écrit ? pourquoi êtes-vous là ? -@Est-ce un reproche, Marguerite ? -@Pardon, je suis injuste c'est l'effet de mon mal ne m'en veuillez pas, Ludovic. J'ai tant besoin d'être seule.e. Elle se trahissait le jeune homme comprit que le docteur avait frappé juste. Marguerite voulait l'éloigner. Il se promit de lui désobéir. @-@Marguerite, lui dit-il, souffrez que je reste. Vous n'êtes pas bien encore, et qui veillerait sur vous, si ce n'est moi ? Suis-je trop en vue ici ? Aimez-vous mieux que je me tienne à l'écart ? Dites, je le ferai mais pour rien au monde, je ne vous quitterai dans l'état où vous êtes. A cette déclaration formelle, et que l'accent rendait encore plus expressive, Marguerite se releva en sursaut et, les mains jointes, les y@eux élevés vers le ciel -@Mon Dieu ! mon Dieu ! s'écria-t-elle, c'est donc un nou-veau martyre ! N'avais-je pas assez souffert?
CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 293 monde, Ludovic n'eût troublé le charme de ce spectacle. Il commençait à croire que son ami le médecin avait mis les choses au pire, et qu'un maintien aussi tranquille ne se con-ciliait pas avec de funestes résolutions. Ce fut Marguerite qui, la première, rompit le silence. En rouvrant les yeux, elle aperçut Ludovic. -Toujours là, dit-elle en lui tendant la main. Il la porta à ses lèvres avec ardeur et répondit -C'est ma place, je n'en bouge plus. Un nuage voila les traits de Marguerite que se passait-il en elle ? son langage n'en trahit rien, tant il avait de naturel et de douceur. -Ludovic, lui dit-elle, vous êtes bon entre les bons. Je le savais et n'avais pas besoin de cette nouvelle preuve. Mais Dieu me garde d'abuser ! -Quelle pensée ! -Je vais bien maintenant, je me sens guérie, je me sens sauvée. Que me faut-il ? un peu de repos, un peu de calme autour de moi. Ma tête ne sait plus où elle en est. J'ai vécu des siècles depuis deux jours. -Pauvre enfant ! -Oh ! oui, pauvre enfant, répéta-t-elle avec un soupir. Pourquoi suis-je née ? pourquoi vous ai-je connu ? pourquoi vous ai-je écrit ? pourquoi êtes-vous là ? -Est-ce un reproche, Marguerite ? -Pardon, je suis injuste c'est l'effet de mon mal ne m'en veuillez pas, Ludovic. J'ai tant besoin d'être seule.e. Elle se trahissait le jeune homme comprit que le docteur avait frappé juste. Marguerite voulait l'éloigner. Il se promit de lui désobéir. -Marguerite, lui dit-il, souffrez que je reste. Vous n'êtes pas bien encore, et qui veillerait sur vous, si ce n'est moi ? Suis-je trop en vue ici ? Aimez-vous mieux que je me tienne à l'écart ? Dites, je le ferai mais pour rien au monde, je ne vous quitterai dans l'état où vous êtes. A cette déclaration formelle, et que l'accent rendait encore plus expressive, Marguerite se releva en sursaut et, les mains jointes, les yeux élevés vers le ciel -Mon Dieu ! mon Dieu ! s'écria-t-elle, c'est donc un nou-veau martyre ! N'avais-je pas assez souffert?
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