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<p align="center">Par M. François GROSDIDIER,</p>
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<p align="center">Sénateur</p>
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<div align="center"><center><table border="1"><tbody><tr><td class="wborder"> <p align="justify"><em>(1) Cette commission est composée de : </em>M. Philippe Bas<em>, président ; </em>MM. François Pillet, Jean-Pierre Sueur, François-Noël Buffet, Jacques Bigot, Mmes Catherine Di Folco, Sophie Joissains, M. Arnaud de Belenet, Mme Nathalie Delattre, MM. Pierre-Yves Collombat, Alain Marc<em>, vice-présidents ; </em>M. Christophe-André Frassa, Mme Laurence Harribey, MM. Loïc Hervé, André Reichardt<em>, secrétaires ; </em>Mme Esther Benbassa, MM. François Bonhomme, Philippe Bonnecarrère, Mmes Agnès Canayer, Maryse Carrère, Josiane Costes, MM. Mathieu Darnaud, Marc-Philippe Daubresse, Mme Jacky Deromedi, MM. Yves Détraigne, Jérôme Durain, Mme Jacqueline Eustache-Brinio, MM. Jean-Luc Fichet, Pierre Frogier, Mmes Françoise Gatel, Marie-Pierre de la Gontrie, M. François Grosdidier, Mme Muriel Jourda, MM. Patrick Kanner, Éric Kerrouche, Jean-Yves Leconte, Sébastien Leroux, Henri Leroy, Mme Brigitte Lherbier, MM. Didier Marie, Hervé Marseille, Jean Louis Masson, Mme Marie Mercier, MM. Thani Mohamed Soilihi, Alain Richard, Simon Sutour, Mmes Lana Tetuanui, Catherine Troendlé, M. Dany Wattebled<em>.</em></p> </td></tr></tbody></table></center></div>
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<p align="left"><strong>Voir les numéros :</strong></p>
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<div align="left"><table border="2" cellpadding="2"><tbody><tr> <td align="left" valign="top"> <p align="left"><strong>Sénat</strong> :</p> </td> <td align="left" valign="top"> <p align="left"><strong>715</strong> (2016-2017) et 133 (2017-2018)</p> </td> </tr> </tbody></table></div>
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<div align="center"><center><table border="1"><tbody><tr><td class="wborder"> <h2><a name="_Toc500491330"></a><a name="_Toc500491964"></a><a name="toc0"></a> LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DES LOIS</h2> <p align="justify">Réunie le mercredi 6 décembre 2017, sous la présidence de <strong>M. Philippe Bas, président</strong>, la commission des lois a examiné le rapport de <strong>M. François Grosdidier, rapporteur</strong>, sur la proposition de loi n° 715 (2016-2017) visant à réhabiliter la police de proximité, présentée par Mme Éliane Assassi et plusieurs de ses collègues.</p> <p align="justify">Après avoir rappelé le bilan mitigé du dispositif de police de proximité mis en oeuvre sous la législature 1997-2002, le rapporteur a regretté que la proposition de loi, en se fondant sur le postulat erroné que la police de proximité aurait uniquement pâti d'un manque de moyens et de temps, <strong>reproduise les écueils du passé</strong>. </p> <p align="justify">Il a constaté un <strong>déséquilibre entre les fonctions préventive et répressive de la police</strong>, qui constituent pourtant les deux piliers indissociables d'une politique de sécurité. Tout en reconnaissant le besoin d'une politique de prévention coordonnée sur les territoires, engageant l'ensemble des acteurs étatiques, éducatifs et sociaux, il a considéré qu'une lutte efficace contre la délinquance ne pouvait se passer d'une <strong>politique ferme de lutte contre l'impunité</strong>.</p> <p align="justify">Malgré les créations d'emplois annoncées, le rapporteur a par ailleurs estimé que la mise en place d'une police de proximité serait <strong>illusoire dans le contexte budgétaire actuel</strong>. À cet égard, il a considéré qu'aucune réforme d'ampleur de la police nationale ne pourrait se faire sans conduire au préalable une réflexion sur une simplification de la procédure pénale. </p> <p align="justify">S'il a partagé l'objectif d'une territorialisation de l'action policière,<strong> </strong>il a<strong> regretté que la stratégie territoriale envisagée par la proposition de loi fasse fi de l'ensemble des dispositifs de sécurité existants</strong>,<strong> </strong>notamment des forces de police municipale et des forces de la gendarmerie nationale.</p> <p align="justify">Enfin, le rapporteur a constaté que la proposition de loi <strong>présentait d'importantes difficultés constitutionnelles</strong>, la plupart de ses dispositions relevant du domaine réglementaire ou étant dépourvues de portée normative. Il a néanmoins souligné qu'elle avait le <strong>mérite d'engager un débat utile sur la réorganisation des forces de sécurité sur notre territoire.</strong></p> <p align="justify">Sur son rapport, <strong>la commission des lois n'a pas adopté la proposition de loi. </strong></p> <p align="justify">En conséquence, et en application du premier alinéa de l'article 42 de la Constitution, la discussion portera en séance sur le texte initial de la proposition de loi. </p> </td></tr></tbody></table></center></div>
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<div class="pager"> <ul> <li class="first"><a class="link-list" href="l17-132.html">Sommaire</a></li><li><a class="link-next" href="l17-1321.html">Page suivante</a></li></ul> </div>
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<h2><a name="_Toc469479516"></a><a name="_Toc469507189"></a><a name="_Toc469507643"></a><a name="_Toc484508965"></a><a name="_Toc484508979"></a><a name="_Toc484509031"></a><a name="_Toc484509926"></a><a name="_Toc495203984"></a><a name="_Toc495350369"></a><a name="_Toc495350410"></a><a name="_Toc495350432"></a><a name="_Toc495350542"></a><a name="_Toc495509485"></a><a name="_Toc495587952"></a><a name="_Toc495671749"></a><a name="_Toc495674027"></a><a name="_Toc500423138"></a><a name="_Toc500423153"></a><a name="_Toc500491331"></a><a name="_Toc500491965"></a><a name="toc1"></a> EXPOSÉ GÉNÉRAL</h2>
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<p align="justify">Mesdames, Messieurs,</p>
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<p align="justify">Le Sénat est saisi en première lecture de la proposition de loi n° 715 (2016-2017) <em>visant à réhabiliter la police de proximité, </em>présentée par Mme Éliane Assassi et plusieurs de nos collègues. </p>
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<p align="justify">La lutte contre l'insécurité et la délinquance de masse, qui gangrènent certains territoires de notre République, a été au coeur des politiques de sécurité intérieure conçues et mises en oeuvre au cours des dernières décennies. </p>
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<p align="justify">Qu'il s'agisse de la mise en place d'une police de proximité, de la création des unités territoriales de quartier ou encore des brigades spécialisées de terrain, toutes répondaient en effet au même objectif : mieux répondre aux besoins du terrain. </p>
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<p align="justify">Force est toutefois de constater que la multiplication des dispositifs policiers n'a pas permis d'enrayer le cercle de la délinquance, qui continue de se maintenir à un niveau élevé. La persistance de poches d'insécurité sur notre territoire, d'où les forces de l'ordre se sont elles-mêmes désengagées, est une situation indigne de notre République. </p>
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<p align="justify">Les forces de sécurité intérieure sont les premières à pâtir d'une telle situation. Souvent déconsidérées, elles sont l'objet, depuis plusieurs années, d'une recrudescence d'outrages et de violences, qui contribue au mal-être de leurs agents et nuit à l'efficacité de leur action. </p>
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<p align="justify">On peut regretter que l'exposé des motifs n'en fasse pas état, insistant davantage sur les « bavures » policières ou présumées « bavures », inacceptables et hautement condamnables si elles sont avérées, mais qui demeurent exceptionnelles, tandis que les outrages et violences contre agents sont quotidiens. Au demeurant, la médiatisation récente de certains faits de violences policières alimente l'image d'une police qui ne serait plus au service de la population.</p>
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<p align="justify">Face à ce constat, il apparaît urgent de repenser l'organisation et les modalités d'action de la police nationale.</p>
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<p align="justify">La proposition de loi soumise à l'examen de votre commission envisage, dans cette optique, de réorienter la police de sécurité publique vers une police de proximité. </p>
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<p align="justify">Elle assume, ce faisant, le retour à la doctrine de la « <em>pol prox</em> » développée et mise en oeuvre il y a une vingtaine d'années, sans toutefois tirer les conséquences ni des difficultés rencontrées lors de sa mise en oeuvre, ni de son bilan très mitigé. </p>
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<p align="justify">Mise en oeuvre à compter de 1998 par le Gouvernement de M. Lionel Jospin, la <strong>politique de police de proximité</strong> se présentait comme une réforme d'ampleur des modes d'organisation et d'intervention des forces de sécurité intérieure, qui visait à substituer à une police chargée principalement du maintien de l'ordre, <strong>une police ayant pour objectif premier d'assurer la sécurité quotidienne de la population et de lutter contre la délinquance de masse. </strong></p>
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<p align="justify">Selon les orientations définies par le ministre de l'intérieur de l'époque, M. Jean-Pierre Chevènement, lors du colloque de Villepinte en octobre 1997, l'objectif affiché de la police de proximité était triple. </p>
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<p align="justify">Il s'agissait tout d'abord de développer au sein de la police une <strong>culture de l'anticipation et de la prévention</strong> plutôt que de réaction aux évènements. </p>
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<p align="justify">La réforme entendait, par ailleurs, favoriser <strong>l'ancrage de la police et une meilleure visibilité au sein des territoires et des quartiers</strong>, en augmentant la présence des forces de sécurité sur le terrain, afin de renforcer le sentiment de sécurité au sein de la population.</p>
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<p align="justify">Enfin, elle visait à mieux <strong>répondre aux attentes de la population par un dialogue constant et la mise en place d'un accueil personnalisé du public.</strong> </p>
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<div align="center"><center><table border="1"><tbody><tr><td class="wborder"> <p align="center"><strong>La police de proximité : la promotion de nouveaux modes d'action et d'organisation</strong></p> <p align="justify">Cette nouvelle doctrine d'emploi des forces de police s'est traduite par la définition de nouveaux modes d'action : </p> <p align="justify">- une <strong>action policière territorialisée</strong>, organisée autour de circonscriptions précisément définies, de manière à assurer une présence visible et un exercice des missions au plus près des habitants ; </p> <p align="justify">- une <strong>décentralisation des responsabilités</strong> et de la prise de décision au sein de chaque territoire ou chaque quartier ;</p> <p align="justify">- le <strong>développement de partenariats</strong> actifs avec l'ensemble des acteurs locaux ;</p> <p align="justify">- la <strong>polyvalence </strong>des agents de police de proximité, susceptibles d'assurer des missions de présence sur la voie publique tout autant que des activités de bureaux ;</p> <p align="justify">- un <strong>contact permanent avec la population</strong>, les agents de police de proximité étant chargés de l'accueil et de l'aide aux victimes, du soutien aux personnes fragilisées ou vulnérables, des secours, du traitement en temps réel des procédures judiciaires.</p> </td></tr></tbody></table></center></div>
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<p align="justify">La mise en oeuvre de la réforme de la police de proximité s'est établie en deux temps. </p>
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<p align="justify">Une <strong>première phase d'expérimentation</strong>, lancée au printemps 1999, a été conduite au sein de cinq circonscriptions pilote de sécurité publique<sup>1<a name="fnref1"></a>(<a href="#fn1">*</a>)</sup>, et étendue à compter d'octobre 1999 à 62 sites, situés au sein de 37 départements parmi les plus sensibles. </p>
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<p align="justify">La <strong>généralisation </strong>de la police de proximité s'est déroulée en trois phases successives, qui se sont étalées d'avril 2000 à juin 2002, de manière à couvrir l'ensemble des circonscriptions de sécurité sur le territoire national. </p>
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<p align="justify">Dans la pratique, la réalisation de cette politique s'est traduite par l'ouverture de bureaux locaux de police, ainsi que le redéploiement d'environ 3 000 gardiens de la paix au profit de la police de proximité. Afin de renforcer les effectifs de terrain, la réforme s'est par ailleurs très fortement appuyée sur le recrutement d'adjoints de sécurité. </p>
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<div align="center"><center><table border="1"><tbody><tr><td class="wborder"> <p align="center"><strong>Les adjoints de sécurité</strong></p> <p align="justify">Les adjoints de sécurité, dont le statut est défini aux articles L. 411-5 et L. 411-6 du code de la sécurité intérieure, sont des agents contractuels de droit public. Âgés de 18 à 30 ans, ils peuvent être recrutés pour une durée de trois ans, renouvelable une fois.</p> <p align="justify">La catégorie des adjoints de sécurité a été créée par la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 <em>d'orientation et de programmation relative à la sécurité</em>, avec la volonté de lutter contre le chômage des jeunes tout en améliorant la lutte contre la délinquance et en développant les fonctions d'assistance aux services de police. </p> <p align="justify">Les adjoints de sécurité, placés sous la responsabilité directe et permanente d'un encadrant, assistent les policiers dans leurs missions, y compris répressives, mais ils ne peuvent participer ni aux opérations de maintien de l'ordre, ni à des opérations d'arrestation programmées. </p> </td></tr></tbody></table></center></div>
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<p align="justify">La <strong>police de proximité a été supprimée au printemps 2003</strong>, peu de temps après sa généralisation, par M. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, dans le cadre du <strong>retour à une police d'intervention</strong> plutôt que de prévention. </p>
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<p align="justify">Pour autant, et bien que la notion de « <em>police de proximité</em> » soit jusqu'à ce jour tombée en désuétude, la volonté de lutter contre le sentiment d'insécurité, notamment dans les zones les plus sensibles, et de rapprocher la police de la population n'a cessé, au cours des quinze dernières années, d'animer les réformes d'organisation de la police nationale. </p>
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47
<p align="justify"><strong>Ces politiques se sont toutefois concentrées, pour l'essentiel, sur les territoires les plus difficiles, se caractérisant par un niveau élevé de délinquance. </strong>Elles ont contribué, aidées en cela par la réduction significative, à compter de 2006, des effectifs des forces de sécurité intérieure, à privilégier une police d'intervention et à raréfier la présence policière sur l'ensemble du territoire national. </p>
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<p align="justify"><strong><em>· Les unités territoriales de quartier </em></strong></p>
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49
<p align="justify">En 2008, en réponse au développement des violences urbaines, a été mis en oeuvre un plan d'action orienté en direction des quartiers sensibles, qui prévoyait notamment la création d'<strong>unités territoriales de quartier (UTeQ)</strong>. </p>
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50
<p align="justify">Composées d'une vingtaine de policiers spécialement formés et placés dans les quartiers les plus difficiles, ces unités avaient pour mission de lutter contre la délinquance, de collecter du renseignement opérationnel et de développer un lien de confiance entre la police et la population. Elles marquaient ainsi un retour partiel à l'esprit qui avait guidé la politique de la police de proximité dix ans plus tôt. </p>
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<p align="justify"><strong><em>· Les brigades spécialisées de terrain</em></strong></p>
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52
<p align="justify">À la suite des conclusions d'un rapport d'inspection, ces unités ont été transformées, en septembre 2010, en <strong>brigades spécialisées de terrain (BST)</strong>.</p>
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53
<p align="justify">Cette évolution s'est principalement traduite par un <strong>changement de stratégie territoriale</strong> : contrairement aux UTeQ, ancrées dans des circonscriptions définies, les BST sont déployées dans des zones sensibles, au périmètre circonscrit mais susceptible d'évoluer en fonction de la délinquance. </p>
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54
<p align="justify">L'objectif de la réforme consistait à favoriser une adaptation permanente des dispositifs policiers sur la voie publique à l'évolution de la délinquance et aux attentes de la population, en vue d'une meilleure sécurisation des quartiers les plus difficiles. Elle s'est ainsi distinguée par son caractère plus interventionniste que les UTeQ qu'elles ont remplacées. </p>
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<p align="justify">Encore en activité, les BST sont aujourd'hui au nombre de 42. </p>
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<p align="justify"><strong><em>· Les zones de sécurité prioritaire</em></strong></p>
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57
<p align="justify">En juillet 2012, une nouvelle évolution de l'organisation territoriale a été engagée, avec la création des <strong>zones de sécurité prioritaire (ZSP)<sup>2<a name="fnref2"></a>(<a href="#fn2">*</a>)</sup></strong>. </p>
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<p align="justify">Cette nouvelle réforme visait à <strong>concentrer les efforts et les moyens sur un nombre restreint de territoires</strong>, définis sur la base d'une série de critères, liés notamment au niveau d'insécurité mais également aux déséquilibres socio-économiques. </p>
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<p align="justify">Initialement limitées à 15, les ZSP ont été progressivement élargies et concernent aujourd'hui 81 territoires. </p>
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60
<p align="justify">Contrairement aux précédentes réformes, cette nouvelle organisation ne se limite pas aux forces de sécurité publique, mais <strong>implique l'ensemble des acteurs de la police nationale</strong> (police judiciaire, compagnies républicaines de sécurité, police aux frontières, <em>etc.</em>), avec le souhait de mieux coordonner leurs interventions. Les BST font parties intégrantes du dispositif : actuellement déployées dans 26 ZSP, elles y assurent des missions de sécurisation de proximité. </p>
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<p align="justify"><a href="#fnref1">*</a> <sup><em>1</em></sup><em> Beauvais, Châteauroux, Nîmes, Les Ulis et Garges-lès-Gonesse.</em></p>
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<p align="justify"><a href="#fnref2">*</a> <sup><em>2</em></sup><em> Circulaire du ministre de l'intérieur du 30 juillet 2012. </em></p>
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<h4><a name="_Toc499543141"></a><a name="_Toc499759885"></a><a name="_Toc499759900"></a><a name="_Toc500423143"></a><a name="_Toc500423158"></a><a name="_Toc500491336"></a><a name="_Toc500491970"></a><a name="toc18"></a><a name="toc19"></a><a name="toc20"></a><a name="toc21"></a>B. UN RETOUR ASSUMÉ AU MODÈLE DÉJÀ EXPÉRIMENTÉ DE LA POLICE DE PROXIMITÉ </h4>
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<p align="justify">La succession rapide et la multiplication des dispositifs policiers, qui, de l'avis de votre rapporteur, nuisent tant à la lisibilité qu'à l'efficacité de la politique de sécurité intérieure, invitent aujourd'hui à <strong>la conduite d'une réflexion globale sur l'organisation territoriale des forces de sécurité, réflexion qui doit nécessairement s'appuyer sur une évaluation préalable des politiques existantes.</strong></p>
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<p align="justify">Si elle partage la volonté de repenser la politique de sécurité intérieure, la proposition de loi n° 715 (2016-2017), présentée par la Présidente Éliane Assassi et plusieurs de nos collègues, paraît toutefois opter davantage pour un retour aux expériences du passé que pour la mise en oeuvre de dispositifs rénovés.</p>
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<p align="justify">En effet, regrettant la multiplication des dispositifs et les changements doctrinaux au cours des deux dernières décennies et soucieuse de rompre avec les politiques dites du « <em>tout sécuritaire</em> », qui auraient « <em>contribué à distendre le lien de confiance entre population et force de l'ordre </em>» et « <em>parfois conduit à des dérives policières</em> », elle<strong> ambitionne de restaurer la doctrine de la police de proximité </strong>et s'attache, à cette fin, à <strong>préciser ses orientations </strong>ainsi que les missions qui lui seraient confiées, <strong>en leur conférant une portée législative. </strong></p>
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<p align="justify"><strong><em>· La définition de la doctrine de la police de proximité</em></strong></p>
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<p align="justify">L'<strong>article 1<sup>er</sup> </strong>de la proposition de loi vise à préciser les axes et principes de la police de proximité. Il complète à cet effet l'article L. 111-2 du code de la sécurité intérieure, qui fixe les orientations permanentes de la politique de sécurité publique, parmi lesquelles est déjà mentionnée « <em>l'extension à l'ensemble du territoire d'une police de proximité répondant aux attentes et aux besoins des personnes en matière de sécurité</em> ». </p>
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<div align="center"><center><table border="1"><tbody><tr><td class="wborder"> <p align="justify">Introduit par la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 <em>d'orientation et de programmation relative à la sécurité</em>, l'<strong>article L. 111-2 du code de la sécurité intérieure </strong>fixe les <strong>orientations permanentes</strong> de la politique de sécurité publique. </p> <p align="justify">Ces orientations sont actuellement au nombre de quatre : </p> <p align="justify">- l'extension à l'ensemble du territoire d'une police de proximité répondant aux attentes et aux besoins des personnes en matière de sécurité ; </p> <p align="justify">- le renforcement de la coopération entre la police, la gendarmerie et la douane dans leur action en faveur de la sécurité ; </p> <p align="justify">- l'affectation en priorité des personnels de police à des missions concourant directement au maintien et au renforcement de la sécurité ; </p> <p align="justify">- le renforcement de la coopération internationale en matière de sécurité, à partir des engagements internationaux et européens auxquels la France a souscrit. </p> </td></tr></tbody></table></center></div>
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<p align="justify">Chargée d'<em>« assurer des relations de confiance entre la police et les habitants »</em>, la police de proximité reposerait, selon l'exposé des motifs de la proposition de loi, sur plusieurs principes, très largement inspirés de la doctrine de la police de proximité développée dans les années 1990 :</p>
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<p align="justify">- la <strong>territorialisation de l'action policière</strong>. Pour ce faire, la mise en oeuvre de la police de proximité s'appuierait sur une stratégie territoriale définie, pour chaque circonscription, au sein des conseils locaux ou intercommunaux de sécurité et de prévention de la délinquance, en partenariat avec l'ensemble des acteurs territoriaux ;</p>
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<p align="justify">- l'<strong>autonomisation et la polyvalence </strong>des agents de police ; </p>
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<p align="justify">- une <strong>gestion adaptée des effectifs</strong> en fonction des caractéristiques de chaque territoire. </p>
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<p align="justify"><strong><em>· La création d'agents de proximité</em></strong></p>
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<p align="justify">Le chapitre I<sup>er</sup> du titre I<sup>er</sup> du livre IV du code de la sécurité intérieure relatif aux missions et personnels de la police nationale, mentionne plusieurs catégories d'agents appartenant à la police nationale : non seulement les personnels actifs mais aussi les personnels administratifs, techniques et scientifiques, les adjoints de sécurité ainsi que les membres de la réserve civile. </p>
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77
<p align="justify">L'<strong>article 2 de la proposition de loi </strong>prévoit la création d'une nouvelle catégorie de personnels de la police nationale, les agents de police de proximité, distincte des catégories précédemment énoncées, dont les missions et les conditions d'évaluation seraient définies par décret en Conseil d'État. </p>
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<p align="justify">Selon l'exposé des motifs de la proposition de loi, les missions des agents de police de proximité s'articuleraient autour de trois grands axes, qui reprennent, pour l'essentiel, les modalités d'action de la police de proximité mise en oeuvre à la fin des années 1990 : </p>
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79
<p align="justify">- assurer un contact régulier avec la population et répondre à ses attentes en termes de sécurité. Les agents de proximité, de par leur polyvalence, pourraient être amenés à assurer une multitude de missions, <em>« de la pratique de l'îlotage à l'organisation d'opérations culturelles et sportives</em> » ; </p>
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<p align="justify">- entretenir des échanges constants avec les partenaires locaux pour mieux lutter contre la délinquance et l'insécurité ;</p>
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<p align="justify">- sensibiliser la population aux questions de sécurité, pour favoriser l'émergence d'une société vigilante. </p>
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<p align="justify"><strong><em>· La création d'une direction générale de la police de proximité</em></strong></p>
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<p align="justify">Enfin, l'<strong>article 3 </strong>prévoit la création, à l'issue d'une réflexion sur la réorganisation administrative de la police nationale, d'une <strong>direction générale de la police de proximité </strong>au sein du ministère de l'intérieur, indépendante de la direction générale de la police nationale et dotée de ses propres services support. Ses missions et son organisation seraient définies par décret en Conseil d'État. </p>
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<p align="justify">Avant même de s'interroger sur l'opportunité des dispositifs proposés, votre commission constate que la proposition de loi soulève plusieurs difficultés d'ordre constitutionnel. </p>
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<p align="justify">En premier lieu, <strong>la plupart des dispositions du texte ne relèvent pas du domaine de la loi, mais du domaine réglementaire. </strong></p>
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89
<p align="justify">Ainsi en est-il tout d'abord de son article 2, qui prévoit la création des agents de proximité. Ces derniers constitueraient, dans la pratique, une sous-catégorie des agents actifs de la police nationale, au même titre que les agents de sécurité publique, les membres des compagnies républicaines de sécurité, les agents de police judiciaire, <em>etc.</em> Or, si la définition des garanties fondamentales accordées aux fonctionnaires civils et militaires de l'État relève, en application de l'article 34 de la Constitution, du domaine de la loi, la définition des catégories d'agents publics est de nature réglementaire.</p>
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<p align="justify">De même, l'article 3 de la proposition de loi, qui prévoit la création d'une direction générale de la police de proximité, est une mesure d'organisation interne au ministère de l'intérieur qui ne nécessite pas de fondement législatif. À titre d'exemple, la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), auxquels les auteurs de la proposition de loi font référence, a été créée par un décret en date du 30 avril 2014<sup>3<a name="fnref3"></a>(<a href="#fn3">*</a>)</sup>, mais ne dispose d'aucun fondement législatif.</p>
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<p align="justify">En second lieu, <strong>certaines dispositions de la proposition de loi paraissent susceptibles, en raison de leur faible normativité, d'être jugées contraires à la Constitution</strong>.</p>
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<p align="justify">Le Conseil constitutionnel fait preuve, à cet égard, d'une rigueur nouvelle. Depuis sa décision du 21 avril 2005<sup>4<a name="fnref4"></a>(<a href="#fn4">*</a>)</sup>, il considère en effet qu'il résulte de l'article 6 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, en vertu duquel « <em>la loi est l'expression de la volonté générale</em> », ainsi que de « <em>l'ensemble des autres normes de valeur constitutionnelle relatives à l'objet de la loi</em> », que « <em>sous réserve des dispositions particulières prévues par la Constitution </em>», « <em>la loi a pour vocation d'énoncer des règles et doit par suite être revêtue d'une portée normative</em> ». Ainsi, sauf lorsqu'il s'agit de loi de programme<sup>5<a name="fnref5"></a>(<a href="#fn5">*</a>)</sup>, le Conseil constitutionnel censure les dispositions ne définissant que des orientations<sup>6<a name="fnref6"></a>(<a href="#fn6">*</a>)</sup> ou ne présentant aucun caractère impératif. </p>
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<p align="justify">En l'espèce, votre commission éprouve des doutes quant à la normativité de certaines dispositions de la proposition de loi. Son article 1<sup>er</sup> définit en effet les objectifs et les grands principes d'une police de proximité, qui « <em>tend à assurer des relations de confiance entre la police et les habitants</em> », mais ne présente aucun caractère impératif. </p>
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<p align="justify"><a href="#fnref3">*</a> <sup><em>3</em></sup><em> Décret n° 2014-445 du 30 avril 2014 relatif aux missions et à l'organisation de la direction générale de la sécurité intérieure. </em></p>
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<p align="justify"><a href="#fnref4">*</a> <sup><em>4</em></sup><em> Décision n° 2005-512 DC du 21 avril 2005, loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école. </em></p>
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<p align="justify"><a href="#fnref5">*</a> <sup><em>5</em></sup><em> Décision n° 2016-745 DC du 26 janvier 2017, loi relative à l'égalité et à la citoyenneté. </em></p>
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<p align="justify"><a href="#fnref6">*</a> <sup><em>6</em></sup><em> Décision n° 2005-512 DC du 21 avril 2005, loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école, considérants 16 et 17, décision n° 2016-741 DC du 8 décembre 2016, loi relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique.</em></p>
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<h4><a name="_Toc499216793"></a><a name="_Toc499216808"></a><a name="_Toc499216878"></a><a name="_Toc499311834"></a><a name="_Toc499541940"></a><a name="_Toc499543015"></a><a name="_Toc499543030"></a><a name="_Toc499543144"></a><a name="_Toc499759888"></a><a name="_Toc499759903"></a><a name="_Toc500423146"></a><a name="_Toc500423161"></a><a name="_Toc500491339"></a><a name="_Toc500491973"></a><a name="toc31"></a><a name="toc32"></a><a name="toc33"></a><a name="toc34"></a>B. UNE PROPOSITION DE LOI QUI REPRODUIT LES ÉCUEILS DU PASSÉ</h4>
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100
<p align="justify">Si elle fait état de certaines difficultés rencontrées lors de la première mise en oeuvre de la police de proximité, la proposition de loi ne paraît pas en tirer toutes les leçons dans les orientations et la méthode envisagées. Elle se fonde en effet sur le postulat que le dispositif de police de proximité n'aurait pas produit tous ses effets uniquement faute de moyens et de temps, et comporte, à ce titre, le risque de reproduire les écueils du passé. </p>
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<h5><a name="_Toc499216794"></a><a name="_Toc499216809"></a><a name="_Toc499216879"></a><a name="_Toc499311835"></a><a name="_Toc499541941"></a><a name="_Toc499543016"></a><a name="_Toc499543031"></a><a name="_Toc499543145"></a><a name="_Toc499759889"></a><a name="_Toc499759904"></a><a name="_Toc500423147"></a><a name="_Toc500423162"></a><a name="_Toc500491340"></a><a name="_Toc500491974"></a><a name="toc35"></a><a name="toc36"></a><a name="toc37"></a><a name="toc38"></a>1. La nécessité impérieuse de sortir de l'opposition entre police répressive et police préventive</h5>
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102
<p align="justify">Les politiques de sécurité intérieure conduites au cours des vingt dernières années traduisent une fracture constante entre les tenants d'une police dite de prévention et les tenants d'une police d'intervention. </p>
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103
<p align="justify">La proposition de loi ne paraît pas faire exception sur ce point. En effet, si elle ne passe pas sous silence la fonction répressive de la police<strong>, elle insiste sur sa fonction préventive.</strong> Ainsi, la création des agents de police de proximité, dont l'article 2 de la proposition de loi définit le statut, aurait pour objectif principal « <em>d'anticiper et prévenir les troubles à l'ordre public</em> ». Pour ce faire, le panel des missions confiées à ces agents serait large, pouvant aller, comme le précisent les auteurs du texte dans l'exposé des motifs, jusqu'à la sensibilisation des citoyens aux questions de sécurité et à l'organisation d'opérations culturelles et sportives. </p>
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<p align="justify">Or, comme l'ont relevé à juste titre la plupart des personnes auditionnées par votre rapporteur, l'efficacité et l'efficience de la politique de sécurité nécessitent de dépasser cette opposition, la prévention et la répression constituant les deux piliers essentiels et indissociables des missions de la police nationale. </p>
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<p align="justify">Le retour d'expérience sur la politique de police de proximité conduite au cours de la législature 1997-2002 est, à cet égard, éclairant.</p>
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<p align="justify">L'objectif affiché de la politique de proximité était de lutter contre le « <em>sentiment</em> » d'insécurité, par une présence diurne plus voyante mais moins répressive, comme si ce sentiment était fantasmé par la population et ne s'appuyait pas sur une réalité de la délinquance.</p>
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<p align="justify">Or, selon les informations recueillies par votre rapporteur au cours de ses travaux préparatoires, la priorité donnée à la prévention aurait eu, dans un grand nombre de cas, un effet contre-productif. En effet, elle aurait conduit les agents placés en proximité à limiter leurs interventions et leurs interpellations de manière à apaiser les tensions dans les secteurs les plus difficiles, avec pour conséquence <strong>une augmentation de la réalité et donc du sentiment d'insécurité. </strong></p>
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<p align="justify">Les statistiques de la délinquance paraissent d'ailleurs le confirmer. Le quatrième et dernier rapport d'évaluation de la police de proximité<sup>7<a name="fnref7"></a>(<a href="#fn7">*</a>)</sup>, auquel votre rapporteur a pu avoir accès, constate que le niveau général de délinquance a augmenté de 5,2 % entre 1998 et 2002. Si la délinquance de voie publique a légèrement baissé (- 2,2 %), les violences aux personnes ont connu une très forte hausse, de 32 % sur la période. La délinquance juvénile a elle-même fortement progressé alors que la police n'avait jamais été aussi disposée au « dialogue ». </p>
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<p align="justify">Qui plus est, votre rapporteur constate que l'option choisie à l'époque de la mise en oeuvre de la police de proximité de renforcer les effectifs de police au cours de la journée, au détriment de la présence nocturne, n'allait pas dans le sens d'une action efficace contre l'activité délinquante, dont on sait qu'elle se déroule plus volontiers de nuit. </p>
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<p align="justify">Ce problème devra impérativement être traité dans le cadre de la future police de sécurité du quotidien annoncée par le Président de la République. La police est chroniquement en sous-effectif de nuit, notamment en raison d'une séparation rigide des équipes diurnes et nocturnes et du trop faible avantage financier consenti aux « nuitiers », avantage inférieur à un euro par heure. </p>
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<p align="justify">De l'avis de votre rapporteur, la restauration d'un sentiment de sécurité au sein de la population requiert une <strong>politique ferme de</strong> <strong>lutte contre l'impunité.</strong> Si la conduite d'une politique préventive est essentielle et fait partie intégrante des missions de la police, elle ne doit pas se faire au détriment d'une politique répressive et d'une réponse judiciaire ferme. La première mesure de prévention doit en effet reposer sur la présence sur le terrain de policiers potentiellement répressifs et sur la certitude de la réponse pénale en cas de violation de la loi.</p>
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